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1 infrastructures contaminations Dopages économique et agricole des sols

Guide de l'AlterTour 2010

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Ce guide traite du thème de l'AlterTour 2010 : l'artificialisation des sols

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Page 1: Guide de l'AlterTour 2010

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infrastructures

c o n t a m i n a t i o n sDopages

économique et agricole

des sols

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Ce petit guide nous invite notamment à repenser de fond en comble le devenir

de notre agriculture, de notre alimentation et de nos terroirs.

Force nous est de reconnaître que pour répondre aux exigences d’économies

d’échelle et de standardisation manifestées par les grandes firmes

semencières et agro-industrielles, nombreux sont aujourd’hui les systèmes de

culture et d’élevage qui ne répondent plus aux exigences du

" développement durable ", tant du fait de la dégradation

de l’environnement qu’ils provoquent, que par le

primat des logiques de concentration foncière

et de sous-emploi qui les sous-tendent.

Loin d’être le caprice de quelques

" bourgeois - bohêmes ", le fait de

vouloir développer une agriculture de

qualité et de proximité est devenu le

souhait partagé de nombreux

consommateurs, paysans et autres

citoyens, soucieux de bénéficier d’une

alimentation saine et désireux de se

protéger contre toute pollution majeure et de

préserver les potentialités productives de nos

terroirs sur le long terme.

Il existe d’ores et déjà des systèmes de production agricole alternatifs aux

conceptions agro-industrielles et standardisées actuelles. Ils ont été mis au

point par certains agriculteurs ayant su résister aux pressions des grandes

firmes et pourraient être davantage étendus si la Politique Agricole Commune

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(PAC) prenait davantage en compte les préoccupations relatives à l’emploi, à la

sécurité alimentaire, à l’atténuation du réchauffement climatique, à la

préservation de la biodiversité et à la gestion conservatoire des eaux et des

sols.

Ces systèmes de production "bios" ou "durables" font un usage intensif des

ressources naturelles renouvelables (l’énergie solaire, l’azote de l’air, les eaux

pluviales, etc.) et ont le moins possible recours aux ressources épuisables

(telles que les énergies fossiles) et aux techniques susceptibles de contribuer

aux émissions de gaz à effet de serre. Il ne s’agit pas d’un retour à la " lampe à

huile " mais de combiner savamment, sur nos parcelles, en circuits courts, les

cycles biochimiques de l’eau, du carbone, de l’azote, du phosphore et d’autres

éléments minéraux, pour produire l’alimentation et les

biens ou services dont notre société a le plus besoin.

Cette agriculture recentrée sur les spécificités de nos

écosystèmes vise aussi à ne plus produire en excès les

produits standards qu’il nous a fallu jusqu’alors brader à vil

prix moyennant des subventions à l’exportation. Les pays

déficitaires du Sud ne doivent plus supporter la

concurrence déloyale de notre agriculture

moto-mécanisée et chimisée et devraient avoir le

droit de s’en protéger par des droits de

douane conséquents, comme l’Europe l’a

fait avec succès au lendemain de la

deuxième guerre mondiale.

L’exigence de promouvoir une

agriculture de qualité sur nos

terroirs et le droit des pays

du Sud à recouvrer leur

souveraineté alimentaire sont

bien les deux facettes d’une seule

et même démarche : celle du " développement

durable " dans l’agriculture.

Marc DUFUMIEREnseignant-chercheur • AgroParisTech

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l ’ a r t i f i c ia l i sa t ion• édito 2 - 3

• l’artificialisation en question 4 - 5

• la connaissance sans la sagesse, est de l’intelligence artificielle. 6 - 7

Le sol : une richesse insoupçonnée

• de la cueillette à la culture 8

• pédologie 9

• les clés du sol 10

• microbiologie, une science exclue 11

• l’artificialisation et ses outils de mesure 12 - 13

• enjeux politiques 14

• la directive " Sol " européenne 15

Dopage économique

• " la France est moche " 16

• un exemple de cité-jardin 17

• urbanisation galopante 18

• comment aménager ? 19

• usages et mésusages 20

• circuit de Formule 1 ou... agriculture biologique ? 21

• silicon valley en île-de-France 22

• ensemble pour un accès à la terre 23

• quand inondation et urbanisation se rejoignent 24

• face à la mer 25

• enfouissement des déchets 26

• monsieur Poubelle 27

• relocaliser l’alimentation 28

• amours de légumes 29

en quest ion

" L'horizon est bouché à l'émeri et du sol poussent des lampadaires occupés à semirer dans un point d'interrogation. " (Marc Gendron)

" Concentration de capital destinée à accroître temporairement et artificiellement lepouvoir économique d’un organisme, mais qui engendre durablement une dépendancefinancière pouvant aller jusqu’à la ruine, ainsi qu’un déséquilibre de la répartition desrichesses. "

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Dopage agricole

• artificialisation agricole 30

• la méthode Pochon 31

• nitrates, ni contaminations 32

• objectif qualité des eaux 33

• abandon des terres agricoles 34

• vers une nouvelle PAC 35

• Terre agressée par les pratiques agricoles 36

• techniques de fertilisation 37

• herbes indésirables et perte de biodiversité 38

• permaculture 39

• artificialisation du vivant 40

• semences paysannes 41

• pourtant, un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse... 42 - 43

• ressourcez-vous... 44

• pour aller encore plus loin 45

• mes notes 46

• une Terre aux abois, et la caravane passe 47

• AlterTour 2010 : éloge de la lenteur à bicyclette 48

5

Dopage

mesure anti-Dopage

" Ensemble de procédés chimiques, technologiques et politiques destinés à accroîtretemporairement et artificiellement les rendements agricoles, mais qui engendrentdurablement une dépendance de l’agriculteur, ainsi que des retombées nocives pour lasanté, les sols et l’environnement. "

" Procédé destiné à accroître temporairement et artificiellementcertaines capacités, mais qui engendre durablement dépendances etdégradations. Le dopage est parfois volontairement masqué. "

" Procédé démocratique à finalité économique, agricole, sociétale et/ouenvironnementale. Une mesure anti-dopage doit assurer une répartition équitabledes richesses, protéger durablement les ressources naturelles et préserverl’avenir du vivant. Elle doit être l’émanation d’une volonté citoyenne participativeet éclairée. Souvent, l’observation et le bon sens suffisent à la déterminernaturellement. "

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L’éventualité que le fragile équilibre des sols puisse être rompu siège depuis

longtemps dans notre mémoire collective. 400 ans avant J-C, constatant la

dégradation des terres environnantes, Platon écrivait déjà : " Notre terre est

demeurée par rapport à celle d’alors, comme le squelette d’un corps décharné

par la maladie. Les parties molles et grasses de la terre ont coulé

tout autour, et il ne reste plus que la carcasse nue de la

région ".

Cependant, la connaissance de ce danger

potentiel est largement refoulée. Car l’homme

moderne urbanise et industrialise. Il exploite

et convoite. Il aménage et déménage.

De " Plan d’aménagement du territoire "

en " Plan Local d’Urbanisme",

l’artificialisation des sols s’accroît à la

vitesse d’un département comme la

Seine-et-Marne sur une décennie.

Produisant essentiellement des

quartiers résidentiels, des zones

commerciales et des voies de transport,

ce phénomène se poursuit à un rythme

soutenu. Selon les dernières études

européennes, les terres cultivables et les

milieux naturels sont les premiers à en pâtir,

en particulier sur le pourtour des grandes

villes et le long des voies de transport.

Ces données révèlent qu’aujourd’hui 60% du pays

est couvert de terres agricoles, 35% de forêts ou

d’espaces naturels, et 5% de surfaces artificialisées.

Non content de modeler la Terre, l’humain tente d’accroître

rapidement ses capacités de rendement sur de larges exploitations

agricoles. Engrais, pesticides, plantes génétiquement modifiées,6

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motorisation et informatisation des équipements sont encore trop

souvent encouragés par les subventions de la Politique Agricole

Commune (PAC), les primes et autres ficelles économiques dans le but

avoué de produire toujours plus. Ces dopages agricoles et économiques

constituent les deux mamelles d’une gestion dite " moderne " de

l’agriculture. Si leur contribution a montré une efficacité temporaire,

on en a découvert les revers sur le plan économique avec les problèmes

engendrés par une surproduction, ainsi que sur les plans sanitaire et

environnemental. Les crises économiques se succèdent et,

comme tout être vivant, la Terre finit malade, anémique,

stérile... de même que certains agriculteurs.

Pourtant, " des fous (éventuellement à vélo)

ouvrent les voies qu’empruntent ensuite les

sages ". Et de voix en voies, il n’y a qu’un

pas : des cris d’alarme s’élèvent et

ouvrent de nouveaux chemins. Les voix

alternatives aux dopages économique

et agricole existent et commencent à

être entendues, puis connues, et

enfin reconnues. Après une incursion

dans ce monde largement inconnu

qu’est notre sol, ce recueil présente

quelques-unes des voies alternatives

qui se développent en parallèle des

autoroutes économiques participant à

l’artificialisation des sols, tels que

l’extension des zones urbaines,

l’aménagement des voies de circulation,

l’enfouissement de déchets, sans oublier

les cultures de plantes non destinées à

l’alimentation.

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Le sol : une richesse insoupçonnée

8

Les historiens ont élaboré des théories diverses pour expliquer le passage de la

cueillette à l’agriculture. Tous s’accordent à considérer que " L’âge de pierre " fut une

période d’abondance, avant la sédentarisation de l’humanité et l’apparition de

l’agriculture. Au cours des siècles, la terre prend des rôles multiples. L’argile du sol

permet de confectionner les briques des habitations, des poteries qui conservent les

aliments, et des canaux d’irrigation qui guident l’eau toujours plus loin.

L’agriculture est à son apogée en même temps que l’empire Romain, jusqu’aux premiers

signes de leur décadence commune. Les cultures de blé de la période faste sont d’abord

remplacées par d’autres céréales moins dépendantes

de la richesse de la terre. Au fur et à mesure de la

dégradation des sols, des cultures de moins en

moins exigeantes se succèdent ensuite : arbres

fruitiers, olivier, jusqu’à la vigne.

à la cultureAu 19ème siècle, l’utilisation de

produits chimiques tend à rompre

l’équilibre des sols, jusqu’à la

période contemporaine qui voit

disparaître en moyenne en

France dix tonnes de sol

par hectare et par an.

Un calcul montre même qu’au

rythme actuel, il suffirait de trois siècles

pour que la France devienne un désert. Ce

que les écologistes ont avancé depuis trente

ans se vérifie et nous jouons à l’heure actuelle

l’avenir de notre civilisation. L’occident

pourrait donc s’éteindre comme l’empire

Babylonien, l’Empire Romain, les Mayas, sauf

si la question du sol devient une priorité

collective. Comme le dit Kant :

" Une chose est morale lorsqu’elle est

généralisable à l’ensemble des êtres

humains ".

o. R

ot

y

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Le sol : une richesse insoupçonnée

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carottage : sondage du sol, par extraction d’éléments cylindriques.

tarière : outil en forme d’axe creux, vissé dans le sol pour effectuer des relevés pédologiques.

La formation du sol, son évolution et ses réactions chimiques sont étudiées par le

pédologue au moyen notamment de carottages réalisés avec une tarière. Une fois qu’un

échantillon de sol est extrait, on peut en observer les différentes couches qui

témoignent souvent d’une multitude de transformations biologiques.

De manière générale, l’activité biologique diminue avec la profondeur :

• en surface : la litière, riche en micro-organismes, est le support de la végétation.

Racines et eau y dissolvent la roche. Les feuilles mortes se décomposent pour

former la litière.

• en dessous : la litière se dégrade et se mélange à la couche minérale pour former

l’humus. Cette interface entre matière organique et minéraux constitue la source

de nourriture des végétaux.

• le sous-sol est constitué par la roche-mère. Dans des conditions spécifiques,

minéraux et matière organique se mélangent afin de former des hydrocarbures.

La pédologie nous apprend

qu’il ne suffit pas d’apporter

quelques éléments chimiques à

la litière d’un sol pour la

re-équilibrer. Généralement, ce

sont l’azote, le phosphore et la

potasse (N, P, K), conseillés par

tout agronome parce que les

plantes en sont fortes

consommatrices. Il existe en

fait plus de 28 autres

substances qui participent à

l’équilibre du sol et donc de la

végétation.

Lorsque la plante s’affaiblit du fait d’une carence de l’un de ces éléments, elle devient

plus susceptible d’être éliminée par des parasites. La réponse apportée habituellement

par les agriculteurs est d’utiliser encore plus de pesticides, entrant ainsi dans le cycle

infernal d’un dopage du sol, qui devient dépendant de produits chimiques pour en réduire

les conséquences.

Les différentes couches du sol

Végétation

Sol

Sous-sol

litièrehumus

couche minérale

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Le sol : une richesse insoupçonnée

les clés du solDans un écosystème terrestre naturel, les éléments nutritifs prélevés par les

organismes vivants retournent au sol sous forme de débris végétaux, d’excréments

et de cadavres d’animaux. Puis ils sont libérés plus ou moins rapidement, au cours

de plusieurs processus de décomposition – humidification et minéralisation - avant

d’alimenter à nouveau la faune et la flore.

Cet écosystème fonctionne en

circuit fermé et la

transformation de matière

dépend de différents facteurs

(eau, air, lumière, structure,

éléments toxiques, capacités

d’échange) qui suivent des cycles

biogéochimiques. Ces cycles sont

soumis à la notion d’évolution

décrite en écologie. On considère

qu’un écosystème peut se

développer jusqu’à atteindre un

état théorique d’équilibre, appelé

Climax. L’énergie et les

ressources servent alors à

maintenir une végétation stable.

La forêt primaire amazonienne

est un des exemples le plus

connu.

A l’échelle d’un paysage, c’est une

véritable mosaïque de zones

vieillissantes ou en régénération.

En effet, à la suite de

perturbations, qu’elles soient

climatiques ou tectoniques

(incendies, astéroïdes, éruptions volcaniques) les écosystèmes peuvent être

détruits mais de nombreux mécanismes d’adaptation aboutissent à la

reconstruction vers le Climax.

écosystème : ensemble formé de l’association d’êtres vivants et de leur environnement.

humidification et minéralisation : processus de transformation de la matière organique en humus sous l’influence dela microfaune et de la microflore.

cycle biogéochimique : ensemble des échanges au sein d’un écosystème entre différentes formes chimiques.

10

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Le sol : une richesse insoupçonnée

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microbiologie, Le sol est une matière vivante d’une grande complexité. De relativement faible

épaisseur (30 cm en moyenne), cet épiderme terrestre résulte de la fusion entre

le monde minéral et le monde organique. Il abrite une quantité insoupçonnée

d’êtres vivants. Ce sont notamment des bactéries, invisibles à l’oeil nu, et pas

toujours considérées à leur juste valeur dans notre société.

Les microorganismes du sol

travaillent en symbiose avec leur

milieu, au fur et à mesure des

besoins de la plante et en

fonction de contraintes

environnementales. Par exemple,

quand le sol est sec ou gelé,

l’activité des bactéries ralentit.

Un sol vivant est plutôt de

consistance spongieuse et peut

comporter jusqu’à quatre

tonnes/hectare de vers de terre.

Ainsi, sans vie animale pour aérer

la terre, le sol devient compact,

les racines pourrissent et la

plante ne se nourrit plus en

profondeur.

En réponse à cette perte de

vitalité, des engrais sont

répandus en surface, comme

pour un patient placé sous perfusion, qui ne s’alimente plus naturellement et dont

les muscles fondent. Cet apport de molécules chimiques fait peu de cas des

interactions naturelles entre minéraux et organismes, car le secteur de la

microbiologie des sols est peu considéré par une majorité d’agronomes :

le sol est considéré comme un simple support de culture.

Il conviendrait de favoriser la vie des bactéries et des animaux que le sol abrite,

plutôt que de l’épuiser précocement par une demande croissante et immédiate de

productivité.

symbiose : association intime et durable entre deux ou plusieurs organismes spécifiques que ce soit par déficit oubénéfice réciproque.

microbiologie : discipline de la biologie basée sur l’étude des micro-organismes.

agronome : spécialiste qui étudie l’ensembles des sciences naturelles, économiques, sociales et techniques destinéesà comprendre l’agriculture.

hectare (ha) : unité de mesure agraire de superficie équivalant à 10 000 m².

une science exclue

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Le sol : une richesse insoupçonnée

l’artificialisation etLe phénomène d’artificialisation prend de l’ampleur dans les années 1960.

Il se caractérise par un changement d’occupation des sols. C’est d’autant plus

problématique que les ressources biologiques (alimentaire, énergétique, écosystème)

sont touchées. Cela se répercute par exemple sur le recyclage de la matière organique,

la filtration de l’eau ou le maintien d’habitats.

Cette question épineuse a été abordée par des organismes officiels, telle que l’INSEE,

croisant les sources d ‘informations à différentes échelles. Tous s’accordent pour

attribuer une origine humaine à l’artificialisation

des sols, considérée comme une altération d’un

milieu dit " naturel ", participant à la notion

d’empreinte écologique (voir carte dernière page).

Ce concept développé dans les années 1990

exprime l’influence de l’activité humaine sur

l’environnement, qui se traduit notamment par

l’extension des villes, une agriculture industrielle,

le développement des infrastructures de

transport, l’aménagement des cours d’eau et des

côtes. Une analyse approfondie montre que le

qualificatif d’artificiel dont l’usage ne fait pas

l’unanimité est plutôt subjectif quand il concerne

les sols.

Parmi les questions soulevées par ces études,

on s’interroge sur l’extension de l’espace dévolu

aux habitations et aux zones commerciales, aux transports, à la production d’énergie,

souvent en contradiction avec la préservation de zones cultivables pour nourrir la

population.

Qui est le mieux placé pour orienter la gestion des sols ? L’agronome ? L’urbaniste ?

Le décideur politique ?

Quelle place donner à la terre dans notre société ? Est-elle simplement le support de

nos activités ou bien un élément essentiel de notre planète et à notre vie dessus ?

INSEE (Institut National de la Statistique et des Études Économiques) : institut chargé de la production, de l’analyseet de la diffusion des statistiques officielles en France.

12

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Le sol : une richesse insoupçonnée

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ses outils de mesure Mesurer et situer l’évolution de l’artificialisation est un enjeu majeur, pour un aménagement

durable des territoires. Cette évaluation est possible mais les résultats diffèrent selon les :

• acteurs : associations, collectivités, organismes de protection de l’environnement,

de gestion de l’urbanisation,...

• objectifs : mesurer l’emprise de l’urbanisation sur les terres agricoles, mesurer

l’imperméabilisation des sols,...

• territoires d’études : européen, national, régional, commune urbaine ou commune rurale

• sources d’informations : recensement de statistiques urbaines ou agricoles, images

satellites ou photos aériennes.

Corine Land Cover est un

programme européen réalisé en

France par l’IFEN en 1990,

2000 et 2006. Il permet de

décrire l’occupation des sols à

partir d’images satellites.

Les objets pris en compte

(forêts, tissus urbains, milieux

naturels,...) sont décrits à

partir d’une unité élémentaire

de 25 ha. Ainsi la description

est grossière mais les

résultats peuvent être fournis

pour des niveaux géographiques

relativement fins.

Teruti est une méthode statistique du SCEES conçue pour décrire l’occupation des

sols, notamment par l’agriculture. Fondée sur l’analyse de points distants de 6 km et

de relevés de terrain. Les résultats de cette étude réalisée entre 1992 et 2002

sont cependant significatifs pour des territoires départementaux.

Selon les méthodes utilisées, les résultats sont différents mais les tendances

identiques. L’étalement urbain remet en cause notre autonomie alimentaire d’ici

quelques décennies. Il est plus que nécessaire de réagir immédiatement.

CORINE : COoRdination de l’INformation sur l’Environnement

IFEN (Institut Français de l’Environnement) : issu du ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durableet de la mer chargé de l’observation et des statistiques en matière d’environnement.

SCEES (Service Central des Enquêtes et Etudes Statistiques) : issu du Ministère de l’Alimentation, de l’Agricultureet de la Pêche.

n et

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Page 14: Guide de l'AlterTour 2010

Le sol : une richesse insoupçonnée

enjeux politiques

drainage : opération qui consiste à favoriser artificiellement l’évacuation del’eau gravitaire du sol à la suite de précipitations. On utilise généralement des

fossés ou des drains.14

Dans une perspective de développement durable, parfois soutenue sur le plan politique,

la gestion maîtrisée du développement des villes devrait tenir compte de la quantité

de ressources consommée par la population, en particulier l’utilisation d’espaces, de

sols cultivables et de sources d’énergies.

L’activité agricole en zone périurbaine est compromise, puisque les sols les plus riches

sont aussi les espaces aux reliefs peu accentués, facilement constructibles et

accessibles par voie routière ou fluviale.

Les promoteurs immobiliers et les constructeurs sont aux aguets ; leurs intérêts à

court terme rejoignent parfois ceux d’élus locaux et nationaux. Dans le contexte actuel,

les agriculteurs doivent se replier sur des sols moins généreux, qui demandent

davantage d’investissement en drainage, irrigation et mécanisation. A l’inverse de

cette tendance, une urbanisation mieux raisonnée pourrait assurer la protection des

terres, une production agricole durable et préserver la qualité de l’environnement.

Les compétences en matière

d’urbanisme sont reléguées aux

communes. Or, beaucoup d’élus sont

d’ailleurs les premiers à prendre

conscience que l’étalement urbain est

sous la pression du marché et des

promoteurs. Cette consommation se fait

bien souvent de manière anarchique,

standardisée et anti-durable. Ils sont dans

l’incapacité de maîtriser tous ces effets alors

qu’ils en ont toute la responsabilité.

La prise en compte des potentialités agricoles

des sols dans les documents d’urbanisme paraît

primordiale dans un objectif de développement

durable des territoires et ceci, de l’échelle locale à

l’échelle nationale, voire européenne.

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Page 15: Guide de l'AlterTour 2010

Le sol : une richesse insoupçonnée

15

la directive " Sol " européenne

Directive Cadre : le parlement européen et le conseil proposé par la commission adoptent uncadre de protection qui découle d’un programme d’action.

transaction foncière : acte juridique de conciliation relatif à la propriété d’un terrain, et impliquant généralementdes concessions réciproques.

Une Directive Cadre sur la protection des sols est en train de voir le jour. Elle préconise

une action européenne pour une meilleure gestion locale. L’objectif étant d’unir les

multiples réglementations (agriculture, gestion des déchets, protection des eaux).

Historiquement, la stratégie date de 2002, mais le premier texte a été refusé en

2007 par la commission européenne. En effet, sous la pression de lobbies industriels,

la France et l’Allemagne ont voté contre cette Directive Sol. Une version amendée,

laissant plus de libertés aux Etats et des échéances moins strictes pour la dépollution,

est en cours de rédaction.

D’après une déclaration officielle en Janvier 2010, la France ne s’opposerait plus à

cette Directive qui sera négociée au sommet de Mexico en Décembre 2010. Le concept

de " sol de grande valeur " implique des mesures qui consistent à :

• répertorier les sites pollués : ceux ayant connu des activités affectant les sols,

que ce soient les accidents industriels, anciennes mines ou décharges,...

• lister les zones prioritaires et les classer selon

8 risques : érosion, tassement, salinisation,

perte en matière organique, glissement de

terrain, désertification, perte de biodiversité,

acidification.

• dépolluer les sols : dans un intervalle de

sept ans (à partir de 2010), sachant que

les états gardent une liberté d’initiative.

Ils peuvent donc décider des méthodes de

prévention et de remise en état des sols

pollués, avec obligation de résultats.

• informer les acquéreurs : Au cours de

transactions foncières, une mention

obligatoire indiquera l’historique

des activités menées sur le

site, ainsi que la présence

d’éventuelles concentrations

en substances dangereuses.

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Dopage économique

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" la France est moche "L’urbanisme raconte ce que nous sommes. Aux villes fortifiées, avec des ruelles

commerçantes concentrées autour de la cathédrale, ont succédé de grands boulevards

reliant zones périurbaines et commerces.

A partir des années 60, la généralisation de l’utilisation de la voiture couplée aux

prémices d’une consommation de

masse s’est traduite par un

développement effréné du réseau

routier national : itinéraires de

contournement des villes,

échangeurs, bretelles et rocades le

long desquels se sont installés des

supermarchés puis des zones

commerciales, façonnant des

paysages bitumeux. La loi Pasqua de

1998 indique d’ailleurs que tout

citoyen doit se trouver à moins de 45

minutes d’une entrée ou sortie

d’autoroute. Ce quadrillage de bitume

diffuse les consommateurs vers de

nouveaux opérateurs commerciaux.

Les années 1970 voient le rêve

pavillonnaire prendre de l’ampleur et

se mettre en place. En périphérie des

villes, fleurissent les maisons

individuelles, parfois groupées en

lotissements. L’habitat se banalise, les maisons standardisées des quatre coins de la

France se ressemblent toutes.

Conçue par un promoteur constructeur, la maison est un produit à commander sur

catalogue. Le marché fournit des lotissements aux rues parallèles, des parcelles de

taille identique, des maisons posées au milieu de la parcelle, sans aucun lien,

ni ressemblance avec la ville ancienne. Les grands îlots de commerces cernés par des

mers de bitume, les maisons identiques le long des routes composent une France moche !

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anti-Dopage économique

17

un exemple de cité-jardin La ville de Fribourg-en-Brisgau est située au pied de la Forêt noire, au sud-ouest de

l’Allemagne. Détruite en 1945, elle a depuis gagné le statut de " capitale écologique ".

Véritable laboratoire du développement durable stimulé par de nombreux projets,

elle est aujourd’hui réputée pour sa richesse industrielle, commerciale et touristique.

En 1993, tout un quartier est mis en place sur le modèle de " cité-jardin " qui propose

une synthèse entre vie citadine et vie

rurale.

A l’origine, la " cité-jardin " est

imaginée par E. Howard en réaction à

la croissance désordonnée des villes,

engendrée par la révolution

industrielle du XIXème siècle en

Angleterre. Le modèle mis au point en

1989 est limité en taille et en

population : une vraie communauté

peut ainsi se former. Une ceinture

verte regroupe les producteurs

chargés de nourrir la cité, tandis que

son centre réunit les fonctions

administratives et les édifices

publics.

A Fribourg, dans ce " quartier Vauban ",

le sol est dépollué, la municipalité

maîtrise le marché du foncier, et

certaines normes sont mises en

place : mixité sociale, habitats énergétiques d’au plus quatre étages, des places de

parking en nombre limité... Les habitants de toutes origines sociales et culturelles vivent

de manière écologique et conviviale. Les anciennes casernes côtoient les bâtiments

contemporains. Cette diversité architecturale laisse aussi la place aux petites parcelles

non clôturées, aux couloirs de biodiversité et aux arbres centenaires. Des experts

(juristes, biologistes, urbanistes, physiciens, géographes, économistes, techniciens de

l’environnement) restent en relation avec les habitants, et collaborent sur des sujets

tels que l’imperméabilisation des sols.

g. d

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Page 18: Guide de l'AlterTour 2010

urbanisation galopanteDopage économique

18

L’étalement urbain est un phénomène qui a pris son essor dans les années 1960.

Entre 1982 et 2004, les surfaces urbanisées ont progressé de 40% alors que la

population a seulement augmenté de 10%. Les deux tiers des espaces artificialisés

sont dévolus à l'habitat (500 000 ha entre 1992 et 2008) - et plus

particulièrement aux maisons individuelles, et le tiers restant aux zones

commerciales et industrielles, ainsi qu’aux infrastructures de transport.

Comment en sommes nous arrivés là ? Les causes sont multiples :

• l'aspiration à la propriété et à la maison individuelle avec jardin, avec une

consommation d’espace par habitant qui a augmenté en moyenne de 7 m².

• des besoins en

logements dus à la

croissance de la

population et au

desserrement des

ménages (divorces,

jeunes qui quittent

le foyer parental…) .

On constate une

diminution du nombre

de personnes par

logement.

• une société fondée

sur la mobilité

avec une gestion dispendieuse de l'espace ouvrant à l'urbanisation des terrains,

ainsi qu’une forte dépendance à l'automobile.

• l’appât du gain, dans un contexte de forte demande en terres constructibles.

L’accroissement de la valeur du foncier implique que, pour le propriétaire agricole,

il devient nettement plus rémunérateur de vendre ses terrains pour la construction.

Un spécialiste du cabinet d’études Solagro, Philippe Pointereau, s’inquiète même pour

l’autonomie du pays : " Au rythme actuel de perte des terres agricoles, la France

pourrait devenir franchement importatrice de denrées agricoles en 2050, et perdre

son indépendance alimentaire ".

Surface construite

1990 1995 2000949698

100102104106108110

(ann

ée d

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fére

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pour

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100

: 199

0)

Population totale

Rapport entre démographie et artificialisationen Europe

Source : EEA - 2005

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Page 19: Guide de l'AlterTour 2010

anti-Dopage économique

19

comment aménager ?

décentralisation : l’état octroie le statut de personne morale de droit public àdes collectivités territoriales qui disposent alors d’un pouvoir de décision surdes affaires locales.

Depuis les lois de décentralisation, ce sont les communes qui disposent des

compétences en matière d’urbanisme : c’est à travers les Plans Locaux d’Urbanisme

qu’elles autorisent et définissent les terrains à bâtir.

Le PLU détermine le droit du sol et établit un projet de territoire à l’échelle communale.

Il contient :

• Une carte délimitant les zones constructibles (U), les zones agricoles (A) et

naturelles (N). Son incidence est considérable car il peut démultiplier la valeur d’un

terrain en le rendant constructible. Selon la réflexion menée en amont et la

localisation des secteurs (U, A et N), il peut protéger des terres agricoles ou

inversement ouvrir des terres fertiles à l’urbanisation. Il définit notamment les

surfaces à urbaniser.

• un rapport présentant ces enjeux que constituent la démographie et l’évolution

de l’urbanisation.

• un règlement qui définit les règles d’implantation,

la hauteur des constructions pour chaque zone…

• un projet d’aménagement et de développement

durable (PADD) qui reflète la volonté politique

locale. Malheureusement, ce document n’a

pas de valeur contraignante et se retrouve

donc souvent réduit à un " catalogue de

bonnes intentions ".

Selon sa conception et la réflexion menée en

amont, le PLU peut soit être un outil au

service d’un aménagement durable, soit au

contraire, favoriser un aménagement qui gaspille

l’espace et favorise la banalité.

Face aux pressions de toutes natures, les élus locaux, qui

manquent souvent de compétences dans le domaine de

l’urbanisme, ne parviennent pas toujours à mettre en

oeuvre ces outils performants et réalisent parfois trop

tard le pouvoir dont ils disposent.

Livret AlterTour_Artificialisation_ 2010-29_Livret Alternative 28/06/2010 11:46 Page 19

Page 20: Guide de l'AlterTour 2010

usages et mésusages La définition du mot " territoire " employée au XIX ème siècle reste bien d’actualité :

" Etendue limitée considérée comme objet de possession ", et donc de litige. Si nous

ne nions pas que le sol soit indispensable pour se nourrir, se déplacer, se loger, produire

de l’énergie, en extraire des matières premières et y enfouir des déchets, ces divers

usages se valent-il pour autant ?

La concurrence entre ces divers usages se situe aujourd’hui sur le plan économique :

produire des agro-carburants serait ainsi devenu plus avantageux que des céréales

nécessaires à l’alimentation !

La définition de l’usage et du mésusage ne saurait être ni objective ni moraliste et il

revient aux citoyens et à leurs représentants de se prononcer démocratiquement.

Pour juger si un usage est " meilleur " qu’un autre, considéré comme " mésusage ",

il faut tenir compte, d’un côté des rapports de force et des choix politiques, et de

l’autre de l’état de la planète et des ressources naturelles. En intégrant les intérêts

sociaux, un débat politique pourrait mettre en question la légitimité d’un pouvoir

accaparé actuellement par l’économie. La gratuité du bon usage serait associée au

renchérissement du mésusage, avec des tarifs progressifs selon le niveau de

consommation et la nature du mésusage (par exemple un impôt foncier différent pour

une résidence principale et une maison de campagne).

Dans un nouveau système, le principe d’usage/mésusage n’est possible que s’il est

associé à une dotation inconditionnelle d'autonomie, couplée au revenu

maximum autorisé. Et inversement. Serait-ce la condition d’une agriculture

saine et viable pour la population et les

paysans ?

g. de CROP

Dopage économique

20

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Page 21: Guide de l'AlterTour 2010

anti-Dopage économique

21

circuit de Formule 1 ou

... agriculture biologique ?

Parmi les ouvrages consacrés au sport de compétition, un circuit de course automobile

implique, d’une part, la couverture de larges étendues de terres, et, d’autre part,

des nuisances environnementales.

Dans les Yvelines, un projet de circuit de

Formule 1 auquel s’opposait un collectif

(" Flins sans F1 "), vient d’être abandonné.

Créé en décembre 2008 pour préserver

des terres initialement dédiées à

l’agriculture biologique, ce collectif s’est

battu contre le classement des terrains

en " zone d’aménagement différé ", malgré

le fort soutien financier du Conseil

Général.

Ce " mésusage " de terres agricoles était

incompatible avec de nombreux

documents d’urbanisme, de santé

publique ou de protection des eaux,

puisque la zone concernée se situait sur le

deuxième plus grand captage d’eau

d’île-de-France. Or, d’après la loi Grenelle2 :

" Sur les périmètres de captage d’eau

potable, la priorité sera donnée aux

surfaces d’agricultures biologiques afin

de préserver la ressource en eau et de

réduire ses coûts d’épuration ".

Les 140 ha de terres agricoles initialement acquis par le Conseil Régional dans la

perspective d’un circuit de Formule 1 seront partagés entre trois exploitants bio.

Fruit, légumes et céréales vont remplacer les grosses cylindrées. La région

Île-de-France peut ainsi espérer atteindre son objectif de 20% de productions

biologiques d’ici à 2020.

Zone d’Aménagement Différé (ZAD) : secteur où une collectivité publique titulaire d’une convention d’aménagementdispose pour une durée de 14 ans, d’un droit de préemption sur toutes les ventes et cessions de biens immobiliers ousociaux.

g. d

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silicon valley en île-de-FranceL’Île-de-France est l’une des plus petites régions françaises. C’est également la

plus urbanisée et celle où vit un habitant de l’hexagone sur cinq. Malgré tout, elle

reste majoritairement rurale, avec 23% de forêts et 45% de sa surface

consacrée à l’agriculture. Cependant, l’artificialisation continue année après

année de grignoter la surface agricole avec 1000 km² perdus au

cours des 50 dernières années. Le dossier

d’aménagement du plateau de Saclay illustre bien

ce problème.

Deux projets sont actuellement à l’étude. En

2005, sur demande ministérielle, une

opération d’urbanisme d’intérêt national (OIN)

a été lancée dans le but de créer un genre de

" Silicon Valley " à la française : un pôle

scientifique s’appuyant sur la forte

concentration actuelle de laboratoires,

d’entreprises " High-Tech "

et de grandes écoles

voisinant l’université

d’Orsay, associé sur 30

ans à la construction de

150 000 logements et de

voies de communication.

L’État serait maître

d’œuvre, sans tenir compte

de l’avis des élus locaux, au

moyen d’un Projet d’Intérêt

Général (PIG).

En réponse à ce projet gouvernemental, un collectif s’est créé en 2006,

proposant de développer un " pôle agri-urbain des Pays de Saclay ". Cette

alternative légitimise le maintien de terres fertiles, la sauvegarde d’une des plus

grandes réserves d’oiseaux d’île de France, la remise en état du système

d’alimentation en eau potable, dans la perspective d’une agriculture périurbaine

insuffisamment développée à l’heure actuelle.

PIG : prescription du code de l’urbanisme qualifiant un projet d’utilité publique, permettant d’éviter que des dispositionsprises dans d’autres documents d’urbanisme ne compromettent le projet.

Dopage économique

22

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Page 23: Guide de l'AlterTour 2010

anti-Dopage économique

ensemble pour Le lancement de projets alternatifs est susceptible de contrer l’extension des

" sols artificiels ". Se plaçant dans cette dynamique, le mouvement " Terre de Liens "

favorise la réalisation de projets en agriculture biologique.

Comment ?

• Par la collecte d’épargne citoyenne, afin d’acquérir des terres destinées à

l’installation de paysans : c’est la " Foncière ".

• En recevant l’argent, les bâtiments ou terrains agricoles de donateurs souhaitant

préserver la terre : c’est le " Fonds ".

• Par le soutien des porteurs de projet et la sensibilisation des acteurs du territoire

à la problématique du foncier agricole : c’est l’" Association ".

Au niveau national, l'association pilote la cohérence du mouvement et le respect de sa

charte. Localement, elle se consacre aux partenariats, à l’accompagnement de projets

d’installation et à la sensibilisation des élus et du grand public.

" En Ile-de-France, la problématique foncière est très

présente. Pour un grand nombre d'élus, les terres

agricoles ne représentent que des réserves

foncières pour l'urbanisation (logements, zones

d’activités, centres commerciaux...). " Terre de liens "

mène des actions concrètes qui permettent de

sensibiliser les acteurs du territoire et de lutter, à son

niveau, contre la spéculation foncière et une

artificialisation excessive des terres. En proposant des

contre-projets au développement incontrôlé des villes - comme par exemple

l'installation d'un maraîcher bio en AMAP - on cherche à donner un sens au territoire

et à créer des liens entre les citadins, les paysans et les autres acteurs (élus,

associations...)."

épargne citoyenne : prend en compte la rentabilité des placements et la finalité de l’argent épargné. Ce placementéthique respecte les normes internationales concernant le travail, les droits humains et le développement durable.

la parole à...

un accès à la terre

23

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Page 24: Guide de l'AlterTour 2010

Dopage économique

quand inondationLes inondations par ruissellement se produisent lors de pluies exceptionnelles, quand

la capacité d’absorption ou d’évacuation des sols est insuffisante. Les sols peuvent

être rendus imperméables par l’étalement urbain. La gestion inadaptée des

infrastructures gêne l’écoulement des eaux et peut même les transformer en

véritables barrages.Les villes se sont développées à proximité des cours d’eau pour

satisfaire leurs besoins, tout en gérant au mieux les risques d’inondations.

Cette tendance a culminé en France au cours des " Trente glorieuses " avec un fort

développement urbain en zone inondable, dans l’illusion d’une maîtrise des risques.

A partir des années 1980, à la suite de plusieurs inondations catastrophiques, une

nouvelle attitude est adoptée, à la fois sur les plans technique et réglementaire.

Il s’agit de s’appuyer sur les fonctions naturelles des cours d’eau pour valoriser les

zones inondables. Les crues transportent des sédiments qui peuvent par exemple

fertiliser les champs. Ces zones humides, exceptionnellement riches par leur faune et

flore aquatiques ont aussi une fonction écologique primordiale. Par ailleurs, si elles

sont bien gérées, ces zones en bordure de villes deviennent des espaces de loisirs.

Au sein de ce contexte d’artificialisation, il ne s’agit pas de

" faire la part de l’eau ", comme on fait la part du feu mais de

reconquérir des espaces délaissés, appauvris, dégradés, au mieux

ignorés. Toute la difficulté consiste à passer d’une opposition entre

l’urbanisation et les inondations à une réconciliation entre la gestion des

territoires et celle des risques. Les évènements graves accélèrent

la modification de la réglementation sur l’utilisation des sols en

zone inondable, accompagnant les changements d’opinion.

et urbanisation

se rejoignent

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MA

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ÊT

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anti-Dopage économique

25

face à la merAu niveau du littoral, des inondations maritimes arrivent dans des circonstances

exceptionnelles de grande marée et de tempête. Les conséquences de ces

événements accidentels dépendent de l’efficacité des barrières naturelles

(dunes) et artificielles (digues), mais aussi des politiques d’urbanisme.

Phénomène influencé par le climat et la présence de l’homme, l’érosion du littoral

concerne les trois-quarts des côtes en Europe. La mobilité des dunes est

naturelle, puisque le déplacement des sédiments dépend des vagues, du vent et

des végétaux présents, mais les aménagements d’origine humaine tendent à

déséquilibrer la relation entre terre et mer.

Différentes stratégies permettent de lutter contre cette érosion des côtes :

soit on tente de combler artificiellement les zones dégradées par des apports

en sédiments, soit on adapte au mieux les structures côtières (quais, digues,...).

La solution la plus évidente consiste à implanter loin du littoral les zones

d’aménagement, et, dans la mesure du possible, à maintenir une lisière de

végétaux. La loi littorale préconise d’ailleurs le respect d’une bande

inconstructible de 100 m depuis le rivage.

Il existe aussi depuis 1995 un Plan de Prévention

du Risque Inondation (PPRI). Ce document vise

à prévenir et limiter les conséquences de

fortes crues. Soumis à enquête publique, il

délimite les zones inondables et fixe les

règles applicables. Mais cette solution

législative connaît ses limites sur le terrain.

Certes, elle réduit le risque pour le préfet d’être

poursuivi en justice après une catastrophe

naturelle, mais elle donne lieu à des projets

insuffisamment étudiés. Certaines mesures,

concernant les barrages par exemple, sont

abandonnées pour des raisons financières.

érosion : processus de dégradation et de transformation du relief causé par des facteurs tels que le climat, la pente,les caractéristiques du sol, la présence de végétaux et l’action de l’homme.

ent

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ELivret AlterTour_Artificialisation_ 2010-29_Livret Alternative 28/06/2010 11:47 Page 25

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déchets ultimes : déchets qui ne sont plus valorisables,ni par recyclage, ni par valorisation énergétique.

Dopage économique

26

enfouissement des déchetsParmi les différentes techniques de gestion des déchets, l’incinération et

l’enfouissement soulèvent de nombreuses protestations. Bien que les normes aient

beaucoup évolué, ces deux techniques majoritaires demeurent en effet les plus

polluantes. Les centres d’enfouissement, suivant leur classification, accueillent

des déchets plus ou moins dangereux : déchets nucléaires, ultimes ou ménagers.

Le pourtour de ces installations détourne plusieurs hectares de terres de leur

fonction agricole. Cependant, ce périmètre de sécurité est souvent insuffisant pour

mettre les riverains à l’abri de nuisances. Ces sites s’étalent sur plusieurs hectares,

portent atteinte aux terres agricoles environnantes, peuvent polluer les eaux

souterraines et attirer des espèces véhiculant des maladies. L’implantation d’un

tel site nécessite des études géologiques et hydrologiques préalables, visant à

limiter le transfert des produits toxiques dans l’environnement.

Pour ce qui est des déchets radioactifs le confinement doit être respecté de bout

en bout de la chaîne. Actuellement le stockage se fait en surface mais des

recherches de sites souterrains sont en cours. Les stratégies ne sont

pas comparables. En surface ce sont les générations présentes

qui en subissent les conséquences alors qu’en

profondeur ce seront celles du future.

Les déchets artificialisent le sol sur une durée plus

ou moins longue. Plutôt que de développer des

techniques pour recycler certains produits, la

rentabilité économique à court terme reste

prioritaire. Ainsi, l’extraction de matières

premières défigure-t-elle deux fois la terre,

puisque l’extraction proprement dite

aboutit en définitive à l’enfouissement de

ses produits dérivés.

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Page 27: Guide de l'AlterTour 2010

anti-Dopage économique

27

monsieur Poubelle

gadoues : déchets issus des matières fécales et d’ordures dont on se sert comme engrais.

En 1884, le Préfet de Police de Paris, Eugène Poubelle, signe un arrêté obligeant les

Parisiens à sortir leurs ordures ménagères sur la voie publique. Cette initiative marque

le déclin de toute une économie de la récupération de déchets, à laquelle contribuaient

notamment les chiffonniers et les gadoues qui

fertilisaient les champs aux alentours.

Par souci d’hygiène, le citoyen a perdu la

responsabilité du traitement de ses

déchets sans pour autant perdre bonne

conscience, malgré le gaspillage

engendré. C’est ainsi qu’aujourd’hui

chaque habitant d’un pays dit

" économiquement développé " produit

annuellement une moyenne de 7 tonnes

de déchets.

Avec le tri sélectif, couplé à une évolution

des comportements de consommation,

le citoyen redevient un acteur-clé dans la

réduction et le traitement des déchets,

qu’il est possible d’orienter vers de nouvelles

utilisations. Des bourses d’échange voient ainsi le jour

partout sur le territoire ; même un objet ancien peut ainsi

être détourné de sa fonction d’origine pour une nouvelle utilisation. Le classement

dans une déchetterie de matériaux éventuellement recyclables pourrait être complété

par des ateliers de démontage, de réparation et de ré-assemblage, suivant le concept

émergeant de " recyclerie ".

La réduction en quantité et nocivité des déchets nécessite l’implication de tous les

acteurs, y compris dès la conception pendant laquelle la question du recyclage des

produits devrait être abordée.

Moins de produits industriels pour plus de services et d’usages différents :

c’est en réalité un véritable bouleversement des modes de vies qui devrait avoir lieu,

puisque le déchet le plus facile à éliminer reste en définitive celui que l’on n’a pas produit.

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Page 28: Guide de l'AlterTour 2010

relocaliser l’alimentationDes yaourts dont les différents composants et conditionnements parcourent plusieurs

milliers de kilomètres avant d’arriver sur nos tables, des cargos de soja venus d’Amérique

du sud pour alimenter le bétail européen, du bio qui vient de loin : l’agriculture n’est pas

restée en dehors du phénomène de globalisation des échanges économiques. Mais l’ère

de l’énergie bon marché se termine, et avec elle, les bénéfices des entreprises

multinationales dont les produits sont issus de différents endroits du globe.

Relocaliser l’économie, ce serait d’abord réduire les consommations d’énergie, créer de

l’emploi local, ainsi que valoriser les savoir-faire locaux. On peut alors repenser les

équilibres mondiaux des échanges et mettre en avant le droit des peuples à se nourrir de

manière autonome. La libéralisation des échanges des produits alimentaires ruine les

paysans du sud et paupérise la majorité des agriculteurs du nord.

L’industrie agro-alimentaire justifie par le respect de la sécurité alimentaire une

banalisation de produits hors saisons et conditionnés, qui ont perdu de leurs saveurs et

qualités nutritives.

Les dérives du système alimentaire mondial prennent de l‘ampleur et même l’agriculture

biologique peut être touchée par cette intensification des échanges. Seulement 2% de la

surface agricole française est consacrée à l’agriculture biologique. Un quart de la

production de lait bio est importée et pour ce qui est de l’épicerie, fruits, légumes et

produits de la mer, les taux dépassent 60 %.

A un niveau individuel, la solution semble simple :

manger des produits frais et de saison

issus des circuits courts de

distribution, et

retrouver le plaisir

de cuisiner.

Dopage économique

28

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Page 29: Guide de l'AlterTour 2010

anti-Dopage économique

amours de légumesUne AMAP (Association pour le Maintien de l’Agriculture Paysanne) est un partenariat

entre un groupe de consommateurs et de producteurs, fondé sur la distribution de

" paniers " de produits fermiers.

C’est un contrat solidaire, reposant, entre autres, sur un engagement financier des

consommateurs, qui règlent à l’avance une part de la production sur une quantité et une

période définies d’un commun accord. Pour le paysan, c’est donc l’assurance d’un revenu,

quel que soit le niveau effectif de sa production.Ce système permet le maintien d’une

activité agricole de proximité, la garantie de prix équitables et le respect des saisons.

La charte des AMAP est inspirée de l’agriculture paysanne et de l’agriculture biologique,

contribuant à la lutte contre les

pollutions et les risques

de l’agriculture industrielle.

En définitive, il s’agit d’une

gestion responsable et

collective du sol, considéré

comme un " bien commun ".

L’AMAP participe ainsi au

maintien d’une agriculture

de proximité qui valorise la

terre dans le temps.

Ce partenariat entre producteur

et consommateur favorise le

dialogue social entre ville et

campagne. Il facilite aussi la

coexistence entre la

production et l’usage

des espaces

agricoles.

29

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Page 30: Guide de l'AlterTour 2010

artificialisation agricoleLa révolution agricole des années 1950 visait à nourrir une population appauvrie par six

ans de conflit international. L’industrialisation de la production devait répondre à une

large demande tout en minimisant le prix de revient. Cette stratégie a fonctionné

correctement jusqu’aux premières surproductions des années 70.

Après avoir trouvé un débouché militaire

grâce à la guerre, les grandes entreprises

internationales de la chimie se

reconvertissaient dans l’agriculture.

Des contrats commerciaux remplaçaient

les cultures conventionnelles autonomes

(herbes, légumineuses) destinées à

l’élevage hors-sol de volailles et de porc (en

Bretagne), par du maïs complété avec du

soja importé. Les surfaces sont alors

considérablement étendues pour exploiter

au mieux les grands engins agricoles,

acquis grâce aux crédits par les nouveaux

entrepreneurs. Souvent, ils se regroupent

en coopératives développées dans un

partenariat avec les industriels vendant

engrais, pesticides, aliments et matériels.

Et enfin, c’est la politique agricole

commune qui fixe alors les prix et oriente

la spécialisation des exploitations.

On est véritablement entré après la seconde guerre mondiale dans une double spirale de

dopage économique et agricole. Mais comme pour d’autres formes de dopage, on débouche

à long terme sur un déséquilibre qui provoque la pollution de l’air, du sol et de l’eau, comme

le montre bien le phénomène des algues vertes, particulièrement visible en 2009.

Les agriculteurs bretons produisent beaucoup, mais aux dépens de l’environnement. La

Bretagne est la région de France la plus polluée par les nitrates, mais elle produit 60 %

des porcs français, 40% de la volaille et 20% des bovins. Première région en productivité,

mais dernière en revenu par agriculteur !

légumineuse (trèfle, luzerne) : plante qui contribue à enrichir le sol en azote, tout en fournissant une alimentationcomplète grâce à ses protéines (contrairement au maïs qui demande à être complété par du soja riche en protéines)

élevage hors sol : type d’élevage intensif qui utilise des aliments pour animaux issus de l’industrie agroalimentaire etnon des produits de l’exploitation agricole. Les animaux sont élevés dans des bâtiments où les fonctions sont

généralement automatisées.

Dopage agricole

30

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Page 31: Guide de l'AlterTour 2010

anti-Dopage agricole

31

la méthode PochonPour faire face à l’appauvrissement des sols dû à la pénurie d’engrais pendant les

années de guerre et d’après guerre, on expérimente un système plus autonome dans

lequel l’élevage nécessite moins de fourrages, donc moins d’engrais et où l’herbe est

consommée sur place. C’est la " méthode Pochon ", appelée aussi : système fourrager

à faible usage d’intrants.

A partir de la fin des années 60, ce modèle à forte valeur ajoutée, qui avait sorti la

Bretagne de sa pauvreté, est balayé par l’arrivée du productivisme. Pourtant, quelques

agriculteurs des côtes d’Armor ne sont pas satisfaits par le nouveau système et

fondent en 1982 le Centre d’Etude pour un Développement Agricole Plus Autonome

(CEDAPA), faisant le pari de produire autant en dépensant moins, sans polluer et en

confortant les petites exploitations. Les vaches sont nourries le plus longtemps

possible au pâturage. Mais ce qui est inédit, c’est d’associer l’herbe aux trèfles plutôt

que de mettre des engrais azotés coûteux et polluants. En effet, le trèfle est une

légumineuse capable de capter l’azote de l’air et de le transformer en éléments

nutritifs pour la prairie. De plus, comme le dit plaisamment André Pochon, " la vache est

une barre de coupe à l’avant et un épandeur à l’arrière ". Elle participe donc toute

seule à l’engraissement du sol !

Le débat est amorcé depuis près de 20 ans et relancé par

différentes crises liées à la sécurité sanitaire, aux atteintes à

l’environnement et au développement des biotechnologies.

Le CEDAPA a notamment permis la reconnaissance en

1992 de la mesure " Système Fourrager Économe en

Intrant " (SFEI). L’agriculteur qui s’engage à respecter

le cahier des charges SFEI pendant cinq ans peut obtenir

une subvention européenne.

fourrage : plante ou mélange de plantescultivées pour leurs feuilles, tiges et racinesutilisées pour l’alimentation des animaux.

barre de coupe : organe mécanique équipantcertaines machines agricoles pour couper lestiges de certains végétaux.

épandeur : machine agricole employée pourrépartir régulièrement les effluents

d’élevages.

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Page 32: Guide de l'AlterTour 2010

nitrates,

pesticides : insecticides, fongicides, herbicides, parasiticides : ensemble des substances émises dans une culturepour lutter contre des organismes indésirables.

molécule mère : présente dans toutes les cellules vivantes, renferme l’ensemble des informations nécessaires audéveloppement et au fonctionnement d’un organisme.

Dopage agricole

32

En 1909, un chimiste Allemand

(F. Haber) mit au point un procédé

afin de transformer l’azote

atmosphérique en ammoniac

liquide. Cette découverte permit

dans un premier temps à

l’Allemagne de fabriquer des

bombes à partir d’explosifs

puissants comme le TNT et la

nitroglycérine. Dans un second

temps, à la sortie de la 1ère

guerre mondiale, les mêmes

usines servirent à créer des

engrais azotés synthétiques à

partir d’ammoniac.

Bien que la dose d’épandage d’azote préconisée soit de 20 à 30 kg à l’hectare, les

quantités ont progressivement augmenté pour atteindre actuellement 250 kg.

Les nitrates représentent évidemment une part importante de la pollution des sols due

à l’agriculture, mais cette pollution est engendrée également par tous les traitements

à base de pesticides, ainsi que les amendements organiques (de type fumier, lisier,

compost, boue…) sans oublier les rejets d’exploitations minières ou industrielles.

Cela représente un risque pour la chaîne alimentaire, et donc pour la santé humaine.

Cette toxicité varie selon la concentration et la forme des polluants :

• vers les plantes et organismes vivants : c’est la biodisponibilité.

• vers les eaux de surface et souterraines : c’est la mobilité.

Certaines molécules sont stockées pendant un temps, puis libérées dans le milieu,

souvent de manière inattendue. S’il sont dégradés, les polluants peuvent disparaître,

mais dans certains cas, les produits intermédiaires issus de cette dégradation sont

plus toxiques encore que la molécule mère initiale.

ni contaminations

Livret AlterTour_Artificialisation_ 2010-29_Livret Alternative 28/06/2010 11:48 Page 32

Page 33: Guide de l'AlterTour 2010

anti-Dopage agricole

33

objectif qualité des eaux

principe pollueur payeur : issu du code de l’environnement, " Les frais résultant des mesures de préventions, de réductionet de lutte contre la pollution doivent être pris en charge par le pollueur ".

substances actives : éléments chimiques et leurs composés tels qu’ils se présentent à l’état naturel ou tels qu’ilssont produits par l’industrie, incluant les impuretés résultant du procédé de fabrication.

Le

s o l

p e u t

ê t r e

considéré

comme un

réservoir où

l’eau se déplace

c o n t i n u e l l e m e n t .

R u i s s e l l e m e n t s ,

évaporations, infiltrations,

constituent autant de flux

susceptibles de transporter des

produits polluants. Avec l’évolution des

pratiques agricoles, la composition des eaux se

trouve modifiée. L’irrigation artificielle qui pompe

l’eau des nappes phréatiques représente le plus gros

consommateur d’eau avec 70% des prélèvements français.

Viennent ensuite l’industrie (20%) et les besoins domestiques

(10%). La gestion de l’eau est devenue en vingt ans une affaire sociale,

commerciale et institutionnelle. La loi sur l’eau date de 1992, et a

permis d’établir un compromis entre acteurs, usagers et lobbies

industriels. Mais certaines règlementations sont plus ou moins respectées,

telles que le principe " pollueur payeur ". La redevance pour pollution de l’eau

est variable selon l’usage, qu’il soit domestique ou non. On distingue ainsi les

industriels distributeurs d’intrants (taxés selon la quantité de substances

actives contenues dans les produits vendus), les pêcheurs, et enfin les

éleveurs. Pour cette dernière catégorie, la redevance est établie par rapport

à la taille du troupeau. Mis à part cette adaptation des tarifs, des

mesures ont été prises pour améliorer la gouvernance, faire des

économies, utiliser des techniques innovantes, et subventionner plus

largement les systèmes agricoles durables. Au niveau européen,

de nombreux acteurs visent l’objectif d’un " bon état des

masses d’eau " d’ici 2015. Après un premier bilan,

cet objectif a finalement été repoussé

à l’année 2021.

Livret AlterTour_Artificialisation_ 2010-29_Livret Alternative 28/06/2010 11:48 Page 33

Page 34: Guide de l'AlterTour 2010

abandon des terres agricolesChaque recensement agricole évalue en particulier l’évolution de la Surface Agricole

Utile (SAU), qui est sujette aux changements d’usages et à une évolution naturelle

vers des landes et des bois. Ces surfaces sont différentes des friches urbaines qui

peuvent servir de réserves foncières. Dans ces conditions, on estime à 50 000 ha par

an la quantité de terres agricoles abandonnées.

L’artificialisation concerne

l’évolution vers un usage non

agricole et non forestier

des terres agricoles. Cela

totaliserait aux environs de

78000 ha par an (Solagro,

2007). Par ailleurs, bien que la

règlementation protège les

surfaces forestières, une

tendance historique vient de

s’inverser en 2008, avec le recul

des sols boisés.

Pour inverser la tendance

générale, il faudrait par exemple

convertir les friches urbaines

en espaces " productifs " de type

jardins familiaux, pâturages,

apicultures... Rappelons que le

phénomène d’abandon des terres

avait été freiné dans les années

90 par la mise en place d’une politique adaptée : prime à l’herbe, aides compensatoires

pour les handicaps naturels, soutien aux produits AOC. Cependant, l’avenir des

territoires agricoles reste incertain. Au point que certains s’inquiètent même pour

l’autonomie alimentaire du pays.

SAU (Surface Agricole Utile) : concept statistique destiné à évaluer le territoire consacré à la production agricole.

friches urbaines : zone qui n’est ni cultivée ni entretenue ; il s’agit souvent d’anciens quartiers industriels abandonnésaprès une faillite d’usine ou l’exode de populations.

prime à l’herbe ou Prime Herbagère Agro Environnementale (PHAE) : cette mesure Agri Environnementale récompenseles producteurs qui élèvent leurs animaux à l’herbe.

indemnité Compensatoires de Handicaps Naturels (ICHN) : indemnité versée pour les surfaces fourragères situéesen zone défavorisée (montagnes, handicaps spécifiques).

Appellation d’Origine Contrôlée (AOC) : label officiel qui garantit l’origine de produits alimentaires traditionnelsfrançais.

Dopage agricole

34

50%

40%

30%

20%

10%

0%

Types de sols affectéspar l’artificialisation en Europe

48,6%Culture

35,9%Pâturage

6%8,7%Forêt

Eau 0,8 % Pelouses naturelles

Source : EEA - 2000 - données Corine Land Cover

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Page 35: Guide de l'AlterTour 2010

anti-Dopage agricole

35

" Il va falloir nourrir 9 milliards d’Hommes en

2040. Pour faire face à la pénurie alimentaire mais aussi au manque d’eau et à la

demande en biocarburant, les prix vont obligatoirement augmenter. Comme l’a déjà

fait remarquer Edgard Pisani, signataire de la PAC en 1962 : " Le monde pourra-t-il

nourrir le monde ?". Certes l’Europe garantit le revenu des agriculteurs en soutenant

les prix par la protection du marché européen (avec des taxes aux frontières,

appelées " prélèvement ") et, ce qui est très contestable, par des subventions aux

exportations. Depuis 1992, cette politique est progressivement remplacée par

des primes directes versées aux agriculteurs. Ceci permet de compenser la baisse

des prix due à la diminution des protections et des subventions aux exportations.

Mais de plus en plus, la priorité en Europe est d’aider les agriculteurs qui produisent

de la qualité en respectant l’environnement sur de petites surfaces. On passe donc

de primes sans condition, où l’on touche des aides même si on est le roi des pollueurs,

à des subventions ciblées sur l’agriculture durable."

MAE : mesures misent en place dans l’union européenne en contrepartie de versements aux agriculteurs volontaires.Elles permettent de protéger les paysages.

la parole à...

vers une nouvelle PACLa Politique Agricole Commune (PAC) façonne depuis plus de 40 ans l’existence de

millions d’agriculteurs européens au moyen d’incitations économiques. Au fil des années,

le contexte international et les attentes des consommateurs ayant évolué, la vision

productiviste de l’agriculture évolue aujourd’hui vers un usage

moins artificiel des sols.

Actuellement, la PAC s’appuie sur deux piliers :

• les aides directes qui visent à compenser la

baisse des prix du marché agricole, représentant les

trois-quarts du budget dédié à l’agriculture.

• les aides indirectes qui valorisent les

Mesures Agro-environnementales (MAE) et le

développement rural, soit le quart restant.

A l’aube de l’élaboration d’une nouvelle stratégie

européenne, cette répartition bascule à l’avantage

du deuxième pilier.

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Page 36: Guide de l'AlterTour 2010

Terre agressée

par les pratiques agricoles

adventices : espèces végétales étrangères à la flore indigène d’un territoire dans lesquels elles sont accidentellementintroduites et peuvent s’installer.

intrants : engrais, amendements organiques, produits phytosanitaires, semences... Ensemble des éléments apportésaux terres et aux cultures.

La perte annuelle de sol cultivable est considérable, puisqu’elle s’élève en moyenne à

10 tonnes par hectare. C’est un problème d’autant plus préoccupant que la couche

d’humus est à la source de toutes nos productions agricoles. Un sol fertile est plus

résistant à l’érosion et permet de nourrir les plantes tout en diminuant les risques de

sécheresse. Face aux changements climatiques, notre meilleure arme consiste donc à

préserver la diversité végétale, animale et bactérienne.

Pour autant certaines techniques agricoles font encore défaut :

• Le couvert végétal : contrairement à un sol nu, la présence de plantes couvrantes

favorise la stabilité du sol. Une parcelle couverte, que ce soit par des adventices ou

des cultures, retiendra les nutriments du sol.

• Le travail du sol : un labour trop profond mélange les

différents organismes qui agissent en symbiose pour

transformer les éléments. Si la structure est

désorganisée, alors la circulation de l’eau et des

particules est aussi perturbée. Par analogie, les

sillons des tracteurs dans le sens de la pente

augmentent le ruissellement.

• L’usage excessif d’intrants : La volonté

d’optimiser les rendements d’une culture

ne prend pas toujours en compte les

besoins de la plante et les impacts sur

l’environnement. Une mauvaise gestion

des produits (chimiques ou non)

détruit des populations d’insectes,

d’adventices, de champignons ou de

bactéries.

Parmi les nombreuses pratiques qui

remettent en cause la fertilité de nos sols,

citons le surpâturage, le tassement du sol par

les engins agricoles, la monoculture.

Dopage agricole

36

Livret AlterTour_Artificialisation_ 2010-29_Livret Alternative 28/06/2010 11:48 Page 36

Page 37: Guide de l'AlterTour 2010

anti-Dopage agricole

techniques de fertilisation

compost : mélange de matières carbonées, de matières azotées, d’humidité et d’air, transformé en matière organiqueau cours d’un processus de décomposition.

fumier : excréments d’animaux additionnés de paille.

lisier : mélange de déjections d’animaux d’élevage (urine et excrément) et d’eau dans lequel domine l’élément liquide.

boues de STEP : les eaux usées sont transformées dans les STations d’EPuration pour donner des boues urbaines.Elles peuvent cependant contenir des métaux lourds, des micro-organismes nuisibles ainsi que des résidus de pesticidesou de médicaments.

Le dopage augmente temporairement l’activité, mais provoque dépendance et

dégradations sur le long terme. A l’opposé, la sieste offre une diminution de l’activité

apparente mais favorise les actions futures. Au dopage agricole, on peut ainsi opposer le

repos de la terre, considéré comme une préparation à la fertilité : " Un an sur deux, la moisson

faite, tu laisseras ton champ paisible dormir

et s’endurcir, oisif, à ne rien faire ", Virgile.

Le repos du sol est l’intervalle de temps laissé

entre l’apport de fertilisant et la disponibilité

des nutriments pour les végétaux. Ainsi

l’amélioration constante de la fertilité du sol

passe par de nombreuses techniques :

• Apport azoté organique : pour une bonne

assimilation des végétaux on compte une

part d’azote (N) pour dix parts de carbone

(C). Le rapport C/N varie selon l’origine des

fertilisant organiques. Que ce soit du

compost, du fumier, du lisier ou des boues

de STEP, c’est autant de compositions

différentes qu’il faut utiliser à bon escient.

• Engrais vert : aussi appelé " culture

intermédiaire piège à nitrate ".

Les légumineuses (trèfle, luzerne,...)

possèdent la particularité de fixer l’azote atmosphérique, de le " stocker " sur la parcelle

et d’être disponible pour la culture suivante.

• Bois Raméal Fragmenté (BRF) : rameaux de branches d’arbres qui sont broyés pour une

meilleure dégradation, puis répandus sur le sol pour en favoriser l’humidité et la fertilité.

Cette liste non-exhaustive ne saurait rendre compte de la difficulté à équilibrer apports et

besoins en fertilisants, car chaque sol abrite une microbiologie spécifique. Certaines plantes

interagissent entres elles, suivant des mécanismes encore largement inconnus.

37

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Page 38: Guide de l'AlterTour 2010

herbes indésirables

chaulage : apport d’un produit fertilisant ou d’un matériaux déstiné à améliorer la qualité des sols (en terme de structureet d’acidité).

messicoles : plantes annuelles à germination préférentiellement hivernale habitant dans les moissons.

produit phytosanitaire : produit utilisé pour soigner ou prévenir les maladies des organismes végétaux.

Dopage agricole

38

L’apparition des herbicides dans les années 1950 et l’intensification des pratiques

culturales correspondent à la chute de la richesse floristique. Au nom du rendement

économique et de la mécanisation, la nature a été depuis cette époque continuellement

façonnée à nos besoins. Certaines herbes ont été " artificiellement " considérées

comme indésirables, selon l’endroit où elles poussaient.

Les plantes cultivées ont été au contraire

particulièrement soignées : au moindre écart

de rendement, l’agriculteur répond par du

drainage, de l’irrigations, du chaulage et autres

amendements. Les espèces caractéristiques

des milieux tendent à disparaître au profit

d’une flore universelle, peu robuste, devenue

dépendante de l’agriculteur et de son arsenal

de produits phytosanitaires.

Actuellement, 20 espèces - 30 tout au plus -

assurent la quasi-totalité de notre

alimentation d’origine végétale, alors que plus

de cinquante espèces messicoles sont en

situation précaire. Ces herbes sauvages dites

" mauvaises herbes " intègrent pourtant une

biodiversité à protéger. Mais leur protection

peut sembler dérisoire dans une société très majoritairement favorable à une nature

dominée et domestiquée. Officiellement, les champs cultivés sont d’ailleurs exclus des

territoires sur lesquels s’applique la législation de protection des espèces.

Avouer la disparition des milieux naturels cautionne des pratiques d’aménagements

mutilantes et excuse notre ignorance de la flore et de la faune. Comme l’a bien fait

remarquer le botaniste Yves Baron : " Avant même de disparaître sur le terrain, la

nature est en train de disparaître des esprits ".

et perte de biodiversité

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Page 39: Guide de l'AlterTour 2010

anti-Dopage agricole

39

permacultureIntroduit dans les années 1970 par deux universitaires australiens ce terme est alors

une contraction de " agriculture " et " permanente ". Pour ces auteurs, la forêt

représente le système le plus évolué au niveau de la gestion énergétique. Puis le concept

évolue en " culture permanente " et le côté social prend de l’ampleur. On fait alors

référence à un mode de vie qui intègre alimentation, habitat et travail de la terre à

l’écosystème.

En s’inspirant de la forêt, on peut lutter contre les problèmes d’érosion et obtenir une

couche d’humus suffisante. Mais il est aussi possible de

pailler le sol pour attirer les champignons et

autres organismes de dégradation.

La recherche d’harmonie entre

l’homme et la planète passe avant

tout par l’observation. Tout est

dans la nature, il suffit

d’apprivoiser les interactions

naturelles, ainsi les déchets

deviennent des ressources.

" La culture sans labour permet d’éviter

la déstructuration de la terre, de plus,

quand la pluie tombe, moins de minéraux sont

emportés et il y a moins de pollution des nappes

phréatiques. La protection du sol permet de faire vivre la vie du sol pour une meilleure

fertilité. Je fais aussi des semis à la volée donc les graines ne sont pas enterrées et

elles germent plus vite. Un verger-poulailler a été testé. Les poules jouent le rôle

d’insecticide et cela augmente la production de surface puisque je vends des œufs et

des pommes. Pour répondre au challenge économique et écologique, il faut rentabiliser

l’usage de la terre par la diversité de production. Sous les arbres il peut y avoir des

cassis, des artichauts, des fleurs, … Le permaculteur est avant tout un

expérimentateur. "

sité

la parole à...

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Page 40: Guide de l'AlterTour 2010

artificialisation du vivantL’artificialisation des sols ne se limite pas à recouvrir des terres cultivables de béton

et bitume. La production à grande échelle et en plein champ de plantes OGM

artificiellement modifiées par génie génétique y contribue aussi.

Alors que les grandes entreprises agro-semencières avaient déjà su imposer les

plantes hybrides rendant l’agriculteur dépendant, les plantes OGM constituent

l’aboutissement d’une logique productiviste de l’agriculture. La plupart de ces plantes

artificielles ont été " dopées " pour être insensibles aux herbicides fournis par la même

entreprise. Souvent réalisé par moyen

aérien, l’épandage de cet herbicide

détruit, au gré du vent, bien plus que les

champs visés. En Amérique du sud, la

forêt laisse la place aux plantations de

soja transgénique. En 10 ans, une

surface de l’Amazonie équivalente à celle

de la France a disparu, majoritairement

au profit de ces cultures artificielles qui

nourrissent vaches, moutons, poules ou

cochons d’élevage des pays riches.

Parlons du cochon justement... Le monde

animal n’est pas en reste côté OGM.

Des laboratoires travaillent, par exemple,

sur un porc transgénique rejetant moins

de nitrates dans le but avoué d’intensifier

encore l’élevage hors-sol : l’artifice génétique au service de l’artificialisation des terres.

L’arme juridique du brevet permet aux multinationales d’être les propriétaires exclusifs

d’OGM et exigent le versement de royalties. Au nom du profit, ces multinationales

encouragent toujours plus la production uniforme à grand renfort de pesticides. Cela

réduit d’autant la " biodiversité cultivée ". Point d’orgue de cette dérive : fabriquer des

plantes productrices de molécules chimiques et de carburant, détournant encore plus

la terre de sa fonction première : nourrir.

OGM : Organisme Génétiquement Modifié

plante hybride : première génération d'un croisement entre deux variétés, bénéficiant d’un haut rendement et d’unehomogénéité qui disparaît à la génération suivante. De nouvelles semences hybrides sont donc rachetées chaque année.

royalties : redevances, sommes versées au titulaire d'un brevet en contrepartie de l'exploitation de son invention.

Dopage agricole

40

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Page 41: Guide de l'AlterTour 2010

anti-Dopage agricole

" Je me suis retrouvé avec du soja

OGM résistant au Round Up dans

mes champs. La société Allemande

qui transformait le soja en Tofu a

eu la visite des fraudes, ne pouvant commercialiser du tofu bio avec des traces d'OGM,

la société a fait faillite. Deux plaintes ont été déposées : une contre X, en France, en

1998 pour connaître l'origine de la contamination, et l'autre en 1999, contre

Monsanto, aux USA. La piste de la contamination des semences étant la seule valide.

Par la suite, j’ai décidé de témoigner en faveur des faucheurs parce qu'ils ont le courage

de porter les choses publiquement par des actions symboliques de désobéissance.

C’est ce qui a permis la prise de conscience et le moratoire qui interdit les OGM en

France depuis janvier 2008. Un autre moyen d’agir consiste à utiliser des semences

paysannes ; elles ne sont pas inscrites au catalogue, donc on n’a pas le droit de les

vendre pour un usage commercial. Mais dans le cadre expérimental et à des fins de

conservation de la biodiversité cultivée, on peut les diffuser et les conserver à la

ferme. C’est une réponse de terrain à la confiscation du vivant, car les grands groupes

semenciers tentent de racheter toutes les semences. Tout est fait pour limiter ces

variétés qui ont le " défaut " de se reproduire seules. Nous travaillons pour conserver

le plus possible de variétés de populations et les remettre en vie dans les champs. La

diversité génétique permet de s’adapter au climat et de garder des sols vivants plutôt

que d’apporter des béquilles chimiques, artificielles et toxiques. "

sélection massale : simple et peu coûteuse, elle consiste à choisir les plantes qui semblent les plus intéressantesdans une population (meilleurs épis, meilleurs fruits, etc...), puis d’utiliser leurs graines comme semence pour la culturesuivante. C'est la plus ancienne méthode.

Round Up : marque déposée d’herbicides produits par la compagnie américaine Monsanto, cet herbicide total à basede glyphosate est utilisé en agriculture depuis les années 1990.

Monsanto : entreprise basée aux Etats-Unis et premier dealer mondial de semences transgéniques.

moratoire : terme de droit, qui désigne une décision d’accorder un délai ou une suspension volontaire d’une action.

la parole à...

41

semences paysannesLes Semences Paysannes se distinguent des graines certifiées produites par des

entreprises semencières et inscrites dans un Catalogue Officiel. Par la

sélection massale, certains paysans remettent en culture des variétés

anciennes et se réapproprient ces semences en principe interdites

à la vente, à l’échange et au don, puisqu’elles ne figurent pas dans le

Catalogue Officiel.

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Page 42: Guide de l'AlterTour 2010

42

pourtant, un arbre qui tombe Partant d'une description de cet organe vital - et pourtant peu connu - que constitue

le sol, nous avons présenté certaines atteintes qui lui ont été infligées par l'Homme

durant ces dernières décennies, ainsi que des alternatives destinées à préserver

toutes ses richesses.

Artificialisation des sols ? Une expression

difficile à prononcer pour un constat alarmant

face à l’indifférence générale : parkings,

zones d'habitation, zones technologiques

et industrielles, voies de TGV, autoroutes,

aéroports, …

Dans une société délocalisée, les distances

séparant nos diverses activités demandent

beaucoup de moyens de transport, dont les

supports couvrent le territoire. Dans une

société de consommation où la qualité et le

prix de l'alimentation ont longtemps été

négligés, les terres agricoles industrialisées

sont épuisées à force d'engrais artificiels, de

pesticides et d'engins au poids écrasant.

Dans cette société compétitive, motivée par

les enjeux de la finance, le sol qui nourrit

compte moins que les profits immobiliers, la

production d'agrocarburant ou la construction

d'une technopôle impressionnante. qu’une forêt

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Page 43: Guide de l'AlterTour 2010

43

fait plus de bruit

En réponse au dopage économique, nous proposons une relocalisation des activités

humaines, la diminution et le recyclage des déchets, la ré-évaluation du principe des

subventions qui orientent la politique agricole, la remise en question des brevets sur

le vivant, de la taxation du "mésusage" des ressources naturelles et d’une propriété

devenue un droit absolu, exclusif et perpétuel. Et si nous redevenions enfin des Etres

Vivants plutôt que des Avoir Vivants... en voie d’extinction ?

En réponse au dopage agricole, nous proposons le droit au repos du

sol, le respect de ses équilibres internes, la liberté de cultiver des

semences anciennes adaptées à chaque terroir, le retour à l'herbe

et aux légumineuses dans un élevage moins productif, et bien

entendu l'aide à la reconversion en " bio " des cultures.

En cette période particulièrement marquée

par les accidents météorologiques qui

favorisent l'érosion, tels que les inondations

aux effets amplifiés par les couvertures

artificielles ou la suppression de barrières

naturelles, nous réalisons en effet combien la

gestion du sol doit être envisagée de manière

globale, en essayant de placer les enjeux

économiques à court-terme d’une société de

la " croissance illimitée " loin derrière les

enjeux écologiques et humains.

Heureusement, le manque de moyens stimule

l’imagination collective : ces feux de vrais

artifices mettent - à leur insu - en lumière des alternatives qui se développent dans

l’ombre, infailliblement.

qui pousse...

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Page 44: Guide de l'AlterTour 2010

44

les clés du sol (p.10)PESSON P. La forêt : son climat, son sol, ses arbres, sa faune. " Ecologie forestière ". 1975, n° 465 Disponible surwww.persée.fr

microbiologie, une science exclue (p.11)• BOURGUIGNON Claude et Lydia. Le sol, la terre et les champs. C. Bourguignon, Ed. Sang de la terre. Sang de laTerre, 2008, 222 pages. (Les dossiers de l’écologie)

• LABORATOIRE D’ANALYSES MICROBIOLOGIQUES DES SOLS. LAMS. Un concept unique : un audit, des analyses,un conseil, un suivi... Disponible sur www.lams-21.com

l’artificialisation et ses outils de mesure (p. 12 - 13)• LAROCHE B., THORETTE J. et LACASSIN J-Cl. " L’artificialisation des sols : pressions urbaines et inventaires dessols ". Etude et Gestion des sols [en ligne], 2006. Disponible sur : www.inra.fr

• Teruti-Lucas [base de données en ligne]. Montreuil sous bois. Ministère de l’alimentation, de l’agriculture et dela Pêche. Disponible sur www.agreste.agriculture.gouv.fr

• Corine Land Cover [base de données en ligne]. La défense. Service de l’Observation et des Statistiques. Disponiblesur www.stats.environnement.developpement-durable.gouv.fr

" la France est moche " (p. 16)• DE JARCY Xavier et REMY Vincent. " Comment la France est devenue moche ", Telerama [en ligne], 2010, n°3135. Disponible sur www.telerama.fr

un exemple de cité-jardin (p. 17)• PETIT Damien. " Quartier Vauban ". Ecoquartiers. [en ligne] Disponible sur www.ecoquartiers.developpement-durablegouv.fr.

comment aménager ? (p.19)• RESEAU INTER-REGIONAL DE L’HABITAT GROUPE. Le réseau inter-régional [en ligne]. Disponible surwww.habitatgroupe.org

• CONSEIL D’ARCHITECTE, D’URANISME ET DE L’ENVIRONNEMENT. " agrandir le bourg ", Bilan du concours d’idée" La ville à la campagne ", 2004. Disponible sur www. caue47.com.

usages et mésusages (p. 20)• ARIES Paul. Le Mésusage : Essai sur l'hyper capitalisme. Parangon, 2007.

• ARIES Paul. " Décroissance ou barbarie ". Non-Violence. [en ligne] Disponible sur www.nonviolence.fr

• ARIES Paul. " La révolution par la gratuité ". A l’encontre. [en ligne] Disponible sur www.alencontre.org

circuit de Formule 1 ou agriculture biologique ? (p. 21)• " Chronique de la lutte des riverains contre le circuit de Formule 1 à Flins ". Tome 1 : septembre 2008 au 9novembre 2009

• COLLECTIF FLINS SANS F1. Développement Seine-Aval, pour une citoyenneté active et vigilante. [en ligne].Disponible sur www.collectif-sansf1.fr

ensemble pour un accès à la terre (p. 23)• TERRE DE LIENS. Une richesse à cultiver. [en ligne]. Disponible sur www.terredeliens.org

quand inondation et urbanisation se rejoignent (p. 24)• A. F. " Quand urbanisation rime avec inondation ", l’Humanité. [en ligne]. 2001. Disponible sur www.humanite.fr

enfouissement des déchets (p. 26)• FARCY P. " L’enfouissement des déchets est aussi nocif que l’incinération ". Univers Nature. [en ligne]. 2007.Disponible sur www.univers-nature.com

monsieur Poubelle (p. 27)• RESEAU DES RESSOURCERIES. Acteur du Réemploi. [en ligne]. Disponible sur www.ressourcerie.fr

relocaliser l’alimentation (p. 28)• MARECHAL Gilles. " Les premiers pas de l’agriculture vers la relocalisation de l’économie ". Dossier Transrural.[en ligne] n° 359, 2008. Disponible sur www.transrural-initiatives.org

amours de légumes (p. 29)• ASSOCIATION POUR LE MAINTIEN D’UNE AGRICULTURE PAYSANNE. " Site national des AMAP ". [en ligne].Disponible sur www.reseau-amap.org

artificialisation agricole (p.30)• POCHON André. " Le bon sens d’un paysan ". Dirigeant durables. [en ligne]. Diponible sur www.dirigeants-durables.com

ressourcez-vous...

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méthode Pochon (p. 31)• CENTRE D’ETUDE POUR UN DEVELOPPEMENT AGRICOLE PLUS AUTONOME. " CEDAPA ". [en ligne]. Disponiblesur www.cedapa.com

• ALARD V., BERANGER C., JOURNET M. " A la recherche d’une agriculture durable. Etude de système herbagerséconomes en Bretagne ". par Inra Editions, 2002. 340 p.

objectif qualité des eaux (p. 33)•VIE PUBLIQUE. " Politique de l’eau : vers une bonne qualité de l’eau en 2015 ? " Dossier d’actualité. 2007. [en ligne].Disponible sur www.vie-publique.fr

vers une nouvelle PAC (p. 35)•POCHON A. " Les vingt ans de l’agriculture durable " Les entretiens de la missions Agrobiosciences. 2003. [enligne]. Disponible sur wwww.agrobiosciences.org

herbes indésirables et perte de biodiversité (p. 38)• JAUZEIN Philippe. " L’appauvrissement floristique des champs cultivés ". Dossier de l’environnement de l’INRA.Disponible sur www.inra.fr.

permaculture (p. 39)• UN ECOLIEU. " Au petit Colibri ". [En ligne] . WALLNER Richard. Disponible sur

www.aupetitcolibri.free.fr

Etudes artificialisation• " Abandon et artificialisation des terres agricoles " - PONTEREAU P.et COULON F. .

Courrier de l’environnement de l’INRA. Juillet 2009. n° 57, 109 p.

• " Indicateur agro environnemental - Artificialisation des espaces agricoles " - PONTEREAU P. COULON F etGIRARD P. Mars 2008. 7 p

• " L’utilisation de territoire en 2008 - Teruti-Lucas " - AGRESTE. Série Agriculture. Octobre 2009, n°208.

• " Le prix des terres en 2009- analyse des marchés " - FNSafer. Espace rural. Mai 2010

• " De plus en plus de maisons individuelles " - JACQUOT A. - INSEE Première. Février 2003, n° 885.

• " Soixante ans de changement de l’utilisation des sols " - POIRON O. Etudes foncières. Mars/Avril 2008, n° 132.

Ouvrages• " Pratiques Agricoles et Qualité de l’Eau, Dégradation des sols Agricoles" - D. Aran (professeur de pédologie),Université de Metz

• " Urbanisme raisonné en milieu rural, 2008, Prise en compte du patrimoine " sol " - P. Chery, A. LEE et M-F Slack.

• " OGM, tout s’explique" - Christian VELOT. Ed Goutte de sable. 2009 . 240 p.

• Courrier de l’environnement de l’INRA n°57, juillet 2009.

• " Un éléphant dans un jeu de quilles - L’homme dans la biodiversité " - R. Barbault. Ed. Seuil, imprimé en Normandie,jan 2006, 265 p.

• "Gestion durable des sols" - L. Citeau, A. Bispo, M. Bardy, D. King, Ed Savoir Quae. imprimé à Peyrac, 320 p.

• " Les enjeux internationaux du compostage. Nos ressources alimentaires et en eau. " Climat. B. K. Martin. EdL’Harmattan. Imprimé à Bonchamp-lès-laval en 2000. 299 p.

• " L’érosion entre nature et biodiversité ". A. Gamblin et Y. Veyret. Ed. Sedes, imprimé à St-Just-la-Pendue ; Fev1998. 337 p.

Vidéo• "Solutions locales pour un désordre global" - Coline Serreau . (2010). [DVD]. Paris, FRANCE : Memento FilmsDistribution

• "Le Monde selon Monsanto" - Marie-Monique Robin . (2008) . [DVD]. FRANCE : Arte France

• "Le temps des Grâces" - Dominique Marchais . (2009). [DVD]. FRANCE : Capricci Films

• "On revient sur terre" - Suzanne Körösi . (2008) . [DVD]. FRANCE : Les films du réveil

• "L’Age de tous les Dopage " - AlterCampagne . (2010) . [DVD]. FRANCE

s...

pour aller encore plus loin...

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mes notes...

Laura MÉ

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Même si toute reproduction de ce recueil est vivement conseillée,

vous pouvez soutenir l’Altertour en vous le procurant sur www.altertour.net

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une Terre aux abois,

et la caravane passe...Laura MÉVELLEC

Gilbert BELGRANO • Nolwenn BOUILLAUDDominique MÉVELLEC • Marie-Aude CORNU

Michel LEFORESTIERGuillaume de CROP

maquette

Imprimerie 34sur papier recyclé

avec encres végétalesElsa MROZIEWICZ : Couverture • 4-5

Lidwine : 6-7 • 10 • 32 • 37 • 38SAMSON : 35, mise en couleurs dessin p.30

Breizh PASCAL : 30Marcel : 41

Avez-vous déjà assisté à une compétition cycliste ?

Au simple niveau régional, il n’est pas rare de croiser plus de 3 véhiculesmotorisés pour 1 cycliste. Si l’on fait abstraction des moteurs dissimulésdans le cadre des vélos(*) des participants, la caravane est bien souventimpressionnante entre la sécurité, les journalistes, les coachs et lespartenaires. Le bilan carbone d’une telle équipée est effarant.

Si vous croisez la route de l’AlterTour cet été, vous serez en mesured’apprécier la différence. Tout simplement parce que cet Autre Tour deFrance est celui de la coopération. Vous remarquerez rapidement l’absencede podium, de classement, de chronomètres, de sponsors, …

L’AlterTour est un temps pendant lequel la compétition n’existe pas. Pournous, elle incite l’être humain à repousser sans cesse ses limites et cellesde son environnement. Nous avons conscience de la finitude du monde, nousne pouvons donc croire au mythe du record infini. Nous sommes convaincusque la recherche du rendement optimal du corps humain, de la productionagricole, du placement financier, de l’énergie, de la communication, participeà l’artificialisation de notre monde, donc à notre propre déclin.

Le temps des vacances nous avons décidé d’enfourcher nos vélos pour allerà la rencontre des acteurs d’une autre société : faucheurs d’OGM,adhérents d’AMAP, paysans boulangers, maraîchers bio et biodynamistes, éco-constructeurs, semeurs volontaires, entrepreneurs autogestionnaires,militants contre les paradis fiscaux ou la pollution de l’eau, …

Ces acteurs du quotidien détiennent les clés du changement de notresociété, leurs actions doivent être connues et reconnues ! Je remercieégalement tous les bénévoles qui se sont investis (sans dopage) de près oude loin dans l'organisation de l'AlterTour 2010.

Mathieu Fromont(coordinateur AlterTour)

(*) Affaire "Fabian Cancellara" • avril 2010 • http://www.lemonde.fr/sport/video/2010/06/02/cyclisme-y-a-t-il-un-moteur-cache-dans-le-velo_1366445_3242.html

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En cette année 2010, le circuit de l’AlterTour a pris la forme d’un escargot, en éloge à lalenteur et en contradiction avec le dopage généralisé de la société. Se relayant pendantsix semaines sur ce parcours, les " altercyclistes " y rencontrent des alternativesdestinées notamment à préserver nos ressources naturelles.

Alors que l’artificialisation de notre territoire prend des proportionsinquiétantes, certaines de ces alternatives constituent desremèdes éventuels à une urbanisation mal maîtrisée et à uneagriculture polluante.

Ecoutons donc avec les altercyclistes le chant qui nousinvite à " Tout quitterMais tout emporter,Avec sa maison sur le dos, Comme un escargot "…

…et munis de ce petitouvrage qui aborde en termes dedopages économique et agricole laquestion de l’artificialisation dessols, en y proposant quelquesréponses.

Enfin une véritable opération escargotqui ralentira durablement

la circulation.

éloge de la lenteurà bicyclette

Alter ur :T 2 10

2 juillet 2010

15 août 2010

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