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1 Guide des plantes médicinales du Jardin botanique de Fribourg A.J. Buchala A partir du printemps 2007 les plantes médicinales se trouveront à un nouvel emplacement, à côté du jardin des roses. Les plates-bandes ont été réorganisées, et vous devez y trouver toutes les plantes mentionnées dans ce fascicule, à l’exception des arbres.

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Guide des plantes médicinales

du Jardin botanique de Fribourg

A.J. Buchala A partir du printemps 2007 les plantes médicinales se trouveront à un nouvel emplacement, à côté du jardin des roses. Les plates-bandes ont été réorganisées, et vous devez y trouver toutes les plantes mentionnées dans ce fascicule, à l’exception des arbres.

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Pour les besoins de ce fascicule, on distingue volontiers les plantes médicinales ou vénéneuses par le type de substances actives qu’elles renferment (alcaloïdes, amers, anthraquinones, cardiotoniques, coumarines, flavonoïdes, glycosides cyanogénétiques, glycosides sénévoles, huiles essentielles, mucilages, phénols simples, saponines, tanins, etc.). Toutefois, il faut remarquer que la plupart de ces substances sont présentes chez les végétaux sous forme de glycosides. Les alcaloïdes et les huiles essentielles font exception. Il faut également remarquer qu’une plante peut renfermer plusieurs types de substances actives. Il ne faut pas négliger la toxicité potentielle d’une plante, mais il ne faut pas, non plus en exagérer le danger. A peu près 8% (1991) des intoxications enregistrées en Suisse sont dues aux plantes. Il ressort de toutes les données sur les incidents et accidents liés aux plantes: • qu’ils ne sont pas rares • qu’ils touchent essentiellement le jeune enfant • qu’il sont en général sans conséquences • que les conséquences éventuelles sont souvent d’ordre digestif • qu’il est exceptionnel qu’ils entraînent la mort • que cette relative inocuité est souvent due au fait que les quantités ingérées sont

négligeables La majorité des problèmes signalés chez l’enfant concernant l’ingestion, sont dus à la curiosité et ont pour cadre la maison, le jardin et éventuellement l’école. Chez l’adulte, il faut considérer en plus les manifestations que peut entraîner le contact de la peau ou des muqueuses avec les végétaux (urticaire, phototoxicité, irritation chimique, dermatite de contact d’origine allergique) le plus souvent consécutives à l’entretien de plantes d’appartement et au jardinage. Mise à part la curiosité, il se pose le problème supplémentaire de l’utilisation de plantes à des fins alimentaires ou pour leurs vertus thérapeutiques réelles ou supposées. Les problèmes découlent de l’erreur d’identification ou de l’ignorance du danger. Qu’il s’agisse de la cuisine ou d’une thérapie, il y a lieu de respecter le mode de préparation des plantes et leur dosage. Dans ce livret on ne trouvera ni modes d’emploi ni recettes pour la préparation de drogues. Leur emploi et dosage tombent dans le domaine de l’expert – consultez donc votre pharmacien ou droguiste. En cas de problème éventuel, le ToxZentrum à Zürich (01 251 66 66), votre pharmacien ou votre médecin peuvent vous renseigner, pour autant que l’on puisse identifier la plante (conserver le matériel végétal). Lexique des propriétés médicinales des plantes Analgésique: diminue la douleur Anesthésique: diminue la sensibilité, localement ou généralement Anti-inflammatoire: réduit les inflammations en s’opposant aux réactions de l’organisme Antiphlogistique: voir anti-inflammatoire Antipyrétique: combat la fièvre ou en prévient l’accès Antiseptique: tue les bactéries ou empêche leur développement Antispasmodique: décontracte certains muscles douloureux en agissant sur l’influx

nerveux qui commande le rythme de la contraction musculaire Antisudoral: diminue la sécrétion de sueur Antitussif: calme la toux et les irritations du pharynx

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Astringent: reserre et contracte les tissus, les capillaires, les orifices et tend à diminuer les sécrétions des muqueuses

Bactéricide: voir antiseptique Cardiotonique: renforce, ralentit et régularise les battements du coeur Carminatif: favorise l’expulsion des gaz intestinaux Cholagogue: contracte la vésicule biliaire, permettant ainsi l’évacuation de la bile par

le canal cholédoque dans l’intestin Cholérétique: stimule la sécrétion de la bile par le foie Diaphorétique: stimule la transpiration Diurétique: stimule la sécrétion de l’urine et augmente l’élimination des toxiques Emétique: provoque des vomissements Eupeptique: digestif Expectorant: favorise l’expulsion des sécrétions bronchiques et pharyngées Fébrifuge: voir antipyrétique Hémolytique: s’attaque aux globules rouges Hépatique: aide les fonctions digestives du foie et de la vésicule biliaire. Laxatif: facilite l’évacuation des selles Mucilagineux: contient des hydrates de carbone qui se gonflent à l’eau formant un

mucilage Narcotique: procure un sommeil lourd et artificiel accompagné d’une baisse de la

sensibilité Pectoral: exerce une action bénéfique sur les organes de l’appareil respiratoire Purgatif: très fortement laxatif Révulsif: en application externe provoque une rougeur de la peau, associée à un

échauffement Rubéfiant: produit une irritation et une rougeur de la peau Sédatif: calme et régularise l’activité nerveuse Stomachique: digestif Sudorifique: diaphorétique Vaso-constricteur: provoque le resserrement des vaisseaux sanguins Vaso-dilateur: dilate les vaisseaux sanguins Vésicant: très rubéfiant; provoque des ampoules Vomitif: émétique Vulnéraire: contribue à la cicatrisation des plaies

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Aperçu des structures chimiques mentionnées dans le texte Glycosides cardiotoniques, p.ex. digitoxine (un cardénolide) de Digitalis pupurea

(Dx)3O

OH

OO

Saponosides, p.ex. primulagénine A de Primula officinalis HO

OH

CH2OH

Glycosides sénévoles, p.ex. sinigroside de Brassica nigra

S–Glc

N–O–SO 3– K+H2C=CH-CH 2-C

Glycosides cyanogénétiques, p.ex. amygdaline de Prunus spp.

CHCN

O-gentiobiose

Anthraglycosides, p.ex. glucofranguline A de Rhamnus frangulae (Frangula alnus)

OHOGlc

CH3RhaO

O

O

87

65 4

3

2

1

Coumarines, p.ex. esculoside de Aesculus hippocastanum

OHO O

GlcO

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Phénols simples, p.ex. le sylicylate de méthyle de Filipendula ulmaria

CO2CH3OH

Flavonoïdes, p. ex. l’hypéroside de Crataegus monogyna

OHO

HO O

OHOH

OGal

Mono- et sesquiterpènes, p. ex. le menthol de Mentha spp. ou le bisabolol de Matricaria recutita

OH

OH

Tanins, p. ex. le procyanidol de Quercus robur

OHO

HO

OHOH

OH

OHO

HO

OHOH

OH

Alcaloïdes, p. ex. l’hyoscyamine d’Atropa belladonna

NH3C

O

O

CH2OH

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Glycosides cardiotoniques ou cardiaques Les glycosides cardiotoniques constituent un groupe bien individualisé et d’une grande homogénéité tant structurelle que pharmacologique. En Afrique et en Asie, des drogues de ce groupe entrent dans la composition de poisons de flèches qui associent souvent des substances cardiotoxiques et des substances irritantes favorisant la diffusion tissulaire des principes toxiques. Les glycosides cardiotoniques ont une distribution assez restreinte: quelques dizaines de genres répartis inégalement dans une douzaine de familles (Asclepiadaceae, Apocynaceae, Liliaceae, Ranunculaceae, Scrophulariaceae). Tous les organes peuvent en contenir, mais, sauf rares exceptions, les teneurs sont faibles (<1%). Ces composés sont exceptionnels chez les animaux. Il existe des bufadiénolides chez les crapauds (Bufo) et des cardénolides chez les lépidoptères. Dans le dernier cas, ils proviennent de la nourriture. Quelques coléoptères synthétisent leurs génines cardiotoniques à partir de phytostérols. Les génines ont en commun le squelette tétracyclique des stéroïdes, hydroxylé en C3 et en C14 et substitué en C17 par un cycle lactonique insaturé. La taille du cycle lactonique permet de distinguer deux groupes de génines: les cardénolides en C23 (γ-lactone) et les bufadiénolides en C24 (δ-lactone). Les glycosides cardiotoniques sont également caractérisés par la présence de didésoxy-2,6 hexoses, tels le digitose et le cymarose. Les glycosides cardiotoniques exercent leur activité sur le coeur à plusieurs niveaux: force et vitesse de contraction, fréquence, conductibilité. Chez les insuffisants cardiaques, la contractilité et le débit cardiaque diminuent, la consommation d’oxygène et la fréquence augmentent. En conséquence, le débit rénal diminue, il y a rétention d’eau et des oedèmes s’installent. Les glycosides cardiotoniques agissent contre ces effets, de sorte que le débit de sang augmente et la fréquence diminue. Les réactions aux glycosides cardiotoniques sont assez individuelles, et un traitement doit faire l’objet d’un suivi médical sérieux. Ces substances font partie des toxiques cumulatifs. Les premiers signes d’un éventuel surdosage sont d’ordre digestif (nausées, vomissements), puis visuel (coloration jaune de la vision), nerveux (confusion, névralgies) et rythmique (extrasystoles, tachycardie). La mort est le résultat d’un dérèglement total des fonctions cardiaques. Les drogues ne sont pas utilisées en tant que telles, du fait de leur activité inconstante et de la difficulté de dosage qui en découle. Les principes actifs sont extraits et purifiés. Scrophulariaceae (digitales) Le genre Digitalis comprend une vingtaine d’espèces dont toutes renferment des glycosides de cardénolides. Seules deux de ces espèces (D. purpurea et D. lanata) sont utilisées pour l’extraction des principes actifs.

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Digitalis purpurea (digitale pourpre): Espèce herbacée, bisannuelle, spontanée sur les terrains siliceux de l’Europe occidentale, où elle se développe dans des endroits mi-ombragés; elle est absente des régions méditerranéennes. La teneur en cardénolides des feuilles oscille entre 0.1 et 0.4%. Bien que près d’une trentaine de glycosides aient été caractérisés dans la drogue, elle sert de source de glycosides (purpureaglucoside A, digitoxine), dont la génine est la digitoxigénine. Quoique cette plante soit l’une des plus toxiques de la flore suisse, les cas d’empoisonnement chez l’homme sont rares, car elle est bien connue, et les feuilles sont très amères, donc très dissuasives.

Digitalis lanata (digitale laineuse): Espèce vivace, calcicole, originaire des régions centrales et méridionales de l’Europe, où elle pousse sur les pentes ensoleillées. La teneur en cardénolides peut être supérieure à 1%, et l’espèce est celle qui est utilisée le plus souvent par l’industrie pharmaceutique. Ses glycosides (lanatosides) ont l’avantage d’être accumulés moins vite et sont indiqués pour un traitement à long terme. La plante est tout aussi toxique que la digitale pourpre.

Ranunculaceae Les espèces dangereuses ne sont pas rares dans cette famille. Certaines se classent parmi les plus toxiques de la flore terrestre. Les hellébores et les adonis renferment des glycosides cardiotoniques, mais sont rarement impliqués dans des intoxications.

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Adonis vernalis (adonis de printemps): Espèce vivace, calcicole, qui pousse sur les pentes ensoleillées. Les parties aériennes de cette espèce constituent la drogue qui renferme 0.2-0.5% de cardénolides de composition très complexe, mais également des flavonoïdes. L’action de ces cardénolides est plus rapide, et il y a moins de danger d’accumulation. On constate également un effet diurétique.

Helleborus niger (héllebore, rose de Noël) Plante vivace, cultivée à des fins ornementales et ayant une certaine toxicité due à la présence de bufadiénolides, mais également à la présence de saponines (voir ci-après).

Liliaceae Le nombre de Liliaceae dangereuses pour l’homme ou certains animaux est important. Cette toxicité est due à la présence de glycosides cardiotoniques (Urginea maritima, Convallaria majalis), d’alcaloïdes (Veratrum album, Colchicum autumnale) ou de saponines (Polygonatum multiflorum, Paris quadrifolia). Convallaria majalis (muguet) Petite plante herbacée des sous-bois de l’Europe, de l’Amérique du Nord et de l’Ouest de l’Asie, largement cultivée pour sa valeur ornementale. Toutes les parties de la plante, sauf la pulpe des fruits, renferment des cardénolides en mélange très complexe.

Apocynaceae Cette famille très vaste, comprenant plus de 180 genres et 1300 espèces, est caractéristique de la zone intertropicale. En Europe, elle n’est représentée que par quelques espèces - les pervenches (Vinca minor et V. major) et le laurier-rose (Nerium oleander) sont les plus connus et ce dernier renferme des glycosides cardiotoniques. On peut également mentionner les espèces de Strophanthus de l’Ouest africain, dont les graines contiennent entre autres un glycoside cardiotonique, l’ouabaïne.

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Nerium oleander (laurier-rose): Originaire du Proche-Orient, il croît spontanément sur les berges rocailleuses des rivières, parfois même dans les zones littorales, habituellement dévolues aux espèces halophiles. De très nombreux cultivars à fleurs roses, rouges, blanches ou jaunes, sont disponibles sur le marché des plantes ornementales. Pendant un certain temps, on l’a utilisé pour des préparations galéniques et l’industrie a commercialisé l’oléandrine (cardénolide), actuellement abandonnée. Bien que les feuilles soient assez toxiques, le danger d’intoxication chez l’homme est faible, car elles sont très coriaces et amères. Le danger d’intoxication est plus grand chez l’animal.

Saponosides Les saponosides constituent un vaste groupe de glycosides très fréquents chez les végétaux. Ils sont caractérisés par leurs propriétés tensio-actives: ils se dissolvent dans l’eau, pour former des mousses, et quelques plantes ont été utilisées en tant que détergent ménager (sapo = le savon). La plupart des saponosides, mais pas tous, sont hémolytiques (interaction avec les membranes, dont ils augmentent la perméabilité) et donc toxiques. Ils irritent également les muqueues. Plusieurs drogues trouvent leur propriétés anti-inflammatoires et anti-oedémateuses à des saponosides et beaucoup sont traditionnellement utilisées pour leurs propriétés antitussives ou expectorantes (même si le mécanisme de cette action reste mal expliqué). Les génines sont de nature stéroïdique ou triterpénique et ont trouvé une utilisation dans l’hémisynthèse d’hormones sexuelles, p.ex. pour la “pilule”. Les saponosides à génine triterpénique sont de loin les plus nombreux, pour l’essentiel, chez les angiospermes dicotylédones.

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Primula veris et P. elatior (Primulaceae, primevère): Les parties souterraines contiennent de 5 à 10% de saponosides. Traditionnellement, la fleur et les racines sont utilisées dans le traitement symptomatique de la toux et, localement, en bains de bouche pour l’hygiène buccale et comme trophique protecteur dans le traitement des crevasses, écorchures, et gerçures. On n’a observé aucun problème de toxicité. Saponaria officinalis (Caryophyllaceae, saponaire): La drogue est constituée des tiges ou d’un mélange de racines et de rhizomes (2-5% de saponosides). A part son effet expectorant, elle est réputée diurétique et dépurative.

Glycyrrhiza glabra (Fabaceae, réglisse): Les différentes variétés de réglisse proviennent d’Espagne, de Russie, du Proche et du Moyen-Orient. La racine est utilisée en Orient, aussi bien pour son pouvoir sucrant que pour ses vertus médicinales; le saponoside (3-5%) principal est la glycyrrhizine. Traditionnellement, la réglisse est considérée comme antitussive. L’extrait de réglisse est un anti-ulcéreux gastrique, dont l’action serait due à une augmentation de la sécrétion de mucus et un effet anti-inflammatoire. La consommation abusive de réglisse peut entraîner l’apparition d’oedèmes, d’hypokaliémie et d’hypertension, de troubles de la contractilité musculaire, d’anomalies cardiaques.

Hedera helix (Araliaceae, lierre):

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L’extrait de bois de lierre est traditionnellement utilisé comme expectorant, mais c’est surtout l’effet antiparasitaire de l’extrait de feuilles qui retient actuellement l’attention. Les préparations à base de lierre sont surtout utilisées dans les produits cosmétiques. L’ingestion accidentelle de baies serait dangereuse, mais l’amertume et la sécheresse du fruit mûr dissuadent habituellement le consommateur. On a également observé des dermatites allergiques de contact avec les feuilles.

Aesculus hippocastanum (Hippocastanaceae, marronnier d’Inde): Les graines fraîches de cette espèce sont utilisées en phlébologie et proctologie pour leurs propriétés anti-inflammatoires, anti-oedémateuses et anti-exsudatives. Les graines sont réputées toxiques, mais étant donné que les saponosides pris par voie orale ne sont que très faiblement absorbés, la toxicité est réduite.

Glycosides sénévoles Les glycosides sénévoles ou glucosinolates sont des composés anioniques responsables des odeurs fortes et caractéristiques dégagées par de nombreuses Brassicaceae, ainsi que par diverses espèces appartenant à d’autres familles botaniquement proches (Capparidaceae, Tropaeolaceae). Lorsque les tissus des plantes à glucosinolates sont lésés, ces composés sont hydrolysés par une myrosinase, toujours présente dans ce type de plante, pour libérer des génines qui produisent des substances très réactives, volatiles et d’odeur forte, responsables des effets physiologiques, tels la rubéfaction ou la vésication de la peau et l’irriation des muqueuses. Plusieurs espèces de Brassicaceae, absorbées en très forte quantité, provoquent chez les animaux un hypofonctionnement thyroïdien entraînant goître et avortements.

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Brassica nigra (Brassicaceae, moutarde noire): Les graines de la moutarde noire et d’autres espèces de moutarde (B. juncea) renferment 1-2% de glucosinolates. Appliquées sur la peau en cataplasmes (à base de farine) elles augmentent la circulation sanguine périphérique. Des traitements prolongés de ce type peuvent provoquer des lésions de la peau.

Nasturtium officinale (Brassicaceae, cresson de fontaine): La drogue est constituée par les parties aériennes récoltées pendant la floraison. Son utilisation (contre le catarrhe, pour le blanchiment de la peau) n’est pas importante. On l’emploie encore comme diurétique, dépuratif et hypoglycémiant. L’abus de la plante fraîche peut provoquer de légères coliques.

Glycosides cyanogénétiques Il s’agit de glycosides de hydroxy-2 nitriles générateurs de l’acide cyanhydrique. L’hydrolyse de ces glycosides par des glycosidases endogènes a lieu quand un tissu végétal est lésé (broyage, mastication, infestation fongique, etc.) mettant en contact le glycoside de la vacuole avec les enzymes du cytoplasme. Le produit libéré est aussitôt transformé en HCN et un autre composé. Le premier est très rapidement absorbé par les voies respiratoires et les muqueuses, et l’intoxication résulte de la formation d’un complexe stable avec les ions fer d’une enzyme (cytochrome c oxydase) nécessaire pour l’utilisation d’oxygène par les cellules. Les symptômes sont ceux consécutifs à l’anoxie cytotoxique (le rythme respiratoire s’accélère et s’amplifie, puis suivent des troubles de conscience, puis un coma profond et une dépression respiratoire). Toutefois, on ne doit pas perdre de vue que l’absorption par voie orale de drogues cyanogènes ne provoque pas obligatoirement une intoxication sévère. La concentration critique (0.5-3.5 mg/kg) ne peut être atteinte que par une ingestion importante de plantes riches en glycosides

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cyanogénétiques. Il faut en plus que ces glycosides soient hydrolysés dans le tube digestif. On rencontre ces glycosides le plus souvent chez les Rosaceae, mais également chez quelques Fabaceae, ainsi que chez le sorgho (Sorghum vulgare), le manioc (Manihot esculenta) et le lin (Linum usitatissimum). Prunus laurocerasus (Rosaceae, laurier-cerise): C’est la seule drogue à glycosides cyanogénétiques qui a une application pharmaceutique. Un distillat de feuilles fraîches sert à la préparation d’une solution aromatique qui stimule la respiration et qui fonctionne en tant qu’antispasmodique (contrebalance l’effet dépresseur respiratoire des opiacés présents dans les sirops pour le traitement d’affections broncho-pulmonaires). La pulpe des fruits a une teneur très faible en glycosides cyanogénétiques, d’où le faible risque d’intoxication, car on crache ou on avale le plus souvent les graines intactes. Les graines d’autres espèces (pêche, prune, abricot) de Prunus à fruits comestibles contiennent, bien entendu, des glycosides cyanogénétiques et ne sont pas sans danger. Plus dangereuses sont les graines de la variété amère de l’amandier (Prunus amygdalus), qui peuvent être confondues avec celles de la variété douce. La dose létale se situe aux environs de 50 graines pour les adultes et de 5-10 pour les enfants.

laurier-cerise

amandier

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Trifolium repens (Fabaceae, trèfle): Le trèfle et d’autres Fabaceae, tels que Lotus corniculatus (lotus corniculé) renferment des glycosides cyanogénétiques, mais les cas d’intoxication d’animaux par le fourrage qui en contient sont rares.

Linum usitatissimum (Linaceae, lin): Une plante plutôt cultivée pour ses fibres et son huile (voir ci-après). Les semences contiennent également un glycoside cyanogénétique, la linamarine. Celle-ci ne pose aucun problème lors de l’utilisation des graines comme laxatif, car son hydrolyse est très lente dans le tractus gastro-intestinal.

Anthraglycosides Les différentes drogues de ce groupe sont caractérisées par la présence de glycosides dérivés de l’anthracène d’un degré d’oxydation variable (anthrones, anthranols, anthraquinones). Ces substances sont utilisées pour leur effet cholagogue, laxatif ou purgatif - l’action est liée aux structures. La cible est le colon où les glycosides sont hydrolysés par la flore intestinale et les anthraquinones libérées sont réduites. Les formes actives sont les anthrones libérées in situ, ce qui explique le temps entre la prise de la préparation et l’effet laxatif. La présence de glycosides des anthrones monomères dans la drogue pose des problèmes, car trop actifs. La drogue doit toujours être entreposée pour un certain temps, afin de permettre des modifications structurelles en des formes moins actives. L’action de ces composés implique une augmentation du péristaltisme et une diminution de la résorption d’eau au niveau du colon. L’usage quotidien et prolongé de laxatifs peut entraîner des troubles non négligeables! La distribution botanique des espèces est très restreinte: Liliaceae, Polygonaceae, Rhamnaceae et Caesalpiniaceae.

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Rhamnus frangula (Rhamnaceae, bourdaine): La bourdaine et l’espèce d’Amérique du Nord (Rhamnus purshianus) sont couramment utilisées. La première est très commune dans les bois humides et les taillis de l’Europe occidentale et centrale. La drogue récoltée au moment de la floraison est constituée par l’écorce de jeunes branches. Elle est ensuite séchée pendant une année avant l’emploi. La drogue est parfois associée à un spasmolytique et un laxatif mécanique. Rheum palmatum et R. officinale (Polygonaceae, rhubarbe médicinale): Les racines des deux espèces, récoltées avant la floraison, sont utilisées. Leur contenu en tanins les rende moins irritantes et efficaces que la bourdaine. La racine de la rhubarbe comestible (R. rhabarbarum) renferme beaucoup moins d’anthraglycosides. Les feuilles et pétioles des trois sortes contiennent, par contre, de l’acide oxalique, et leur ingestion en quantités importantes se traduit par des douleurs abdominales et des vomissements abondants. On n’atteint presque jamais la dose létale de 10-15g d’acide oxalique.

Glycosides des coumarines Les coumarines sont très toxiques, voire même carcinogènes, et leur intérêt thérapeutique très limité. Elles attaquent le foie et provoquent des maux de tête; certaines d’entre elles ont une activité anticoagulante. Un effet spasmolytique et une dilatation des vaisseaux sanguins ont été observés. Certains types de coumarines sont phototoxiques et provoquent des dermatites; une hyperpigmentation peut avoir lieu. Ce dernier effet peut également être exploité pour le traitement du psoriasis et dans des produits solaires (augmentation du nombre de mélanocytes). On rencontre des glycosides des coumarines chez les Poaceae, Apiaceae, Rubiaceae, Fabaceae, Asteraceae, mais, en fait, elles sont largement distribuées dans tout le règne végétal.

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Melilotus officinalis (Fabaceae, mélilot): La sommité fleurie séchée est utilisée médicalement pour des cas d’insuffisance veino-lymphatique (hémorroïdes), et traditionnellement pour le traitement des troubles circulatoires mineurs, digestifs et du sommeil. L’odeur forte de cette plante, quand il fait chaud, est due en partie aux coumarines.

Galium odoratum (Rubiaceae, aspérule odorante): L’aspérule (anciennement Asperula odorata) contient environ 1% de coumarines et est traditionnellement utilisée dans les troubles mineurs du sommeil et de la digestion. A forte dose, l’aspérule peût entraîner des vertiges, des vomissements et des maux de tête.

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Ruta graveolens (Rutaceae, rue): Plante herbacée, spontanée sur les coteaux arides, surtout méditerranéens, dont la drogue est constituée par les sommités fleuries. Elle provoque des dermatites aiguës dues à sa teneur en furanocoumarines qui sont phototoxiques, mais trouve un emploi en tant que révulsif (rubéfaction) contre le rhumatisme et dans des préparations homéopathiques. Cette phototoxicité se retrouve chez de nombreuses Apiaceae (Angelica archangelica, Pimpinella saxifraga, Petroselinum crispum, Apium graveolens, Levisticum officinale, Heracleum sphondylium), dont la teneur en huiles essentielles est plus importante et qui seront mentionnées plus tard.

Fraxinus excelsior (Oleaceae, frêne): Le frêne est spontané dans toute l’Europe, surtout dans les bois et près des cours d’eau. La feuille est traditionnellement utilisée pour faciliter les fonctions d’élimination rénales et digestives et dans le traitement des manifestations articulaires douloureuses, mineures. Il n’est pas exclu que les propriétés anti-inflammatoires et analgésiques attribuées au frêne soient dues aux coumarines. Fraxinus ornus (orne à manne) fournit la manne, suc épaissi à l’air qui contient le mannitol, utilisée un tant que laxatif doux.

Glycosides des phénols simples La distribution dans la nature des ces substances (ici, on utilise le terme simple pour désigner une structure simple) varie selon le type. Les dérivés de l’hydroquinone s’accumulent seulement chez les Ericaceae et les Rosaceae; les dérivés de l’acide benzoïque sont très communs, ainsi que les dérivés de l’acide cinnamique.

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Arctostaphylos uva-ursi (Ericaceae, busserole ou raisin d’ours): Cette plante pousse dans les régions montagneuses de presque toute l’Europe. Les feuilles contiennent des dérivés de l’hydroquinone et des tanins galliques, (voir ci-après). Ces deux substances sont fortement bactériostatiques et également diurétiques, ce qui convient à un traitement des infections des voies urinaires.

Vaccinium vitis-idaea (Ericaceae, airelle): Cette plante pousse surtout en montagne, dans les terres siliceuses. Ses feuilles contiennent les mêmes types de substances que celles du raisin d’ours et trouvent la même utilisation traditionnelle. Les fruits, comme ceux de la myrtille (V. myrtillus), contiennet beaucoup de tanins et des pigments anthocyanes; ils sont utilisés en cas de diarrhée.

Filipendula ulmaria (Rosaceae, reine des prés): Plante herbacée, vivace, qui pousse bien dans des zones humides et dont les sommités fleuries constituent la drogue. Celle-ci contient, outre des flavonoïdes, des dérivés de l’acide salicylique, comme c’est aussi le cas des différentes sous-espèces (Salix purpurea, S. fragilis) du saule blanc (S. alba). L’aspirine est une substance synthétique (ester) de l’acide salicylique. La drogue est traditionnellement utilisée dans le traitement de douleurs articulaires mineures, dans les états fébriles et grippaux et comme analgésique.

Glycosides des flavonoïdes

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Le terme flavonoïde pris dans le sens le plus large s’applique à des structures très diverses basées sur le phényl-2 chromane. Il s’agit pour la plupart de pigments jaunâtres (flavus = jaune). Les flavonoïdes sont des ubiquistes, et on se borne ici à indiquer quelques plantes riches en ces substances, qui ont trouvé une application pharmaceutique. Les flavonoïdes ne sont pas toxiques. L’activité principale qu’on leur attribue est une propriété “vitaminique P” (facteur P) qui augmenterait l’action de la vitamine C. Les flavonoïdes diminuent la perméabilité des vaisseaux sanguins, sont diurétiques et souvent anti-inflammatoires. Betula pendula, B. pubescens (Betulaceae, bouleau): La drogue est constituée par les feuilles récoltées au printemps, qui renferment environ 3% de flavonoïdes, mais également une huile essentielle. Son emploi principal est celui d’un diurétique.

Crataegus oxyacantha, C. monogyna (Rosaceae, aubépine): Les aubépines sont des arbustes épineux, communs dans presque toutes les zones tempérées de l’hémisphère nord. Les plantes se distinguent par leurs feuilles ayant 3 à 5 lobes obtus peu profonds (C. oxyacantha) ou 3 à 5 lobes aigus plus profonds et écartés (C. monogyna). La drogue est constituée de corymbes de fleurs portant quelques feuilles (parfois des fruits). Outre les flavonoïdes, elle contient également des triterpènes et des tanins. L’ensemble augmente le flux coronarien, améliore l’activité du muscle cardiaque, abaisse la pression artérielle et agit sur les troubles du rythme - un tonique cardiaque sans grand risque.

Crataegus oxyacantha

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Prunus spinosa (Rosaceae, épine noire): Elle se distingue de l’aubépine par son écorce plus foncée et par ses fruits noirs (prunelles). La drogue, constituée par les fleurs, est utilisée comme diurétique. Les fruits sont riches en tanins, et l’on peut les employer en cas d’affections de la vessie et des voies urinaires.

La reine des prés (Filipendula ulmaria) est également riche en flavonoïdes et possède une action diurétique. Tilia cordata, T. platyphyllos (Tiliaceae, tilleul): Le tilleul à petites feuilles (T. cordata) et celui à grandes feuilles (T. platyphyllos) se différencient par la taille et la forme des feuilles et grâce aux inflorescences. Les fleurs, récoltées en été, constituent la drogue. Leur odeur est liée à une faible teneur en huiles essentielles responsables d’un effet sédatif et antispasmodique. La drogue contient également des mucilages (voir ci-dessous) et surtout des flavonoïdes, qui exercent une action diurétique et sudorifique, d’où l’effet bénéfique lors des états grippaux.

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Sambucus nigra (Caprifoliaceae, sureau), S. ebulus (yèble): Les fleurs du sureau noir, récoltées au début de l’été, ont une composition assez semblable à celles des fleurs du tilleul. Elles ont, pour ainsi dire, le même effet et sont souvent utilisées ensemble. Les fruits servent à la confection de sirops et de confitures qui ont un effet légèrement laxatif. Les rhizomes de S. ebulus contiennent un principe amer et un saponoside avec effet diurétique et diaphorétique. En cas d’excès, ils provoquent des vertiges et des vomissements.

yèble

Glycosides amers Plusieurs types de substances ont un goût amer - les glycosides des flavonoïdes (p.ex. dans la peau d’une orange), les tanins et les alcaloïdes (voir ci-dessous), ainsi que certains terpénoïdes qui font l’objet de ce chapitre. Ce sont en fait les substances naturelles les plus amères que l’on connaisse. Le goût amer stimule la production de salive, la fonction de l’estomac et facilite donc la digestion.

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Gentiana lutea (Gentianaceae, gentiane jaune): Une plante vivace à fleurs jaunes, qu’il ne faudrait pas confondre avec le vératre à fleurs blanches, vénéneux (voir ci-dessous). Les deux plantes se différencient par la disposition des feuilles (opposées pour la gentiane et alternées pour le vératre) et par les racines (massives chez la gentiane et bulbeuses chez le vératre). On récolte les racines des plantes relativement âgées. L’amertume est due à des glycosides d’iridoïdes (terpènes).

Menyanthes trifoliata (Gentianaceae, trèfle d’eau): Plante des zones humides, elle est assez commune en Europe, sauf dans la zone méditerranéenne. Les feuilles, qui constituent la drogue, renferment des glycosides d’ iridoïdes, des tanins et d’autres substances phénoliques. Le trèfle d’eau est utilisé comme la gentiane jaune.

Artemisia absinthium (Asteraceae, absinthe): La tige feuillée contient une huile essentielle, dont l’un des composants, l’absinthine, est responsable de son amertume. La toxicité de la drogue (troubles psychiques, crises épiletiformes) est due à la présence du monoterpène thujone, également présent, mais en quantité bien plus faible, dans la sauge (voir ci-après).

D’autres Asteraceae, p.ex., le bleuet (Centaurea cyanus), dont on récolte les sommités fleuries, et le pissenlit (Taraxacum officinale) contiennent des substances amères et sont utilisées pour leur action cholagogue et leurs effets stomachiques.

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Crocus sativus (Iridaceae, safran): Le stigmate a une odeur aromatique et une saveur légèrement amère et piquante. L’amertume est due à la picrocrocine, glycoside d’un monoterpène, tandis que la couleur de la drogue est due à la présence de caroténoïdes. Le safran a été utilisé en tant que calmant lors de crampes d’estomac. La dose toxique est de l’ordre de 20g pour un adulte.

Humulus lupulus (Moraceae, houblon): La drogue, constituée par l’inflorescence femelle (“cônes”), contient une huile essentielle et une résine riche en substances amères qui ne sont pas présentes sous forme de glycosides. L’utilisation la plus courante est dans la fabrication de la bière (amertume caractéristique). On admet une activité sédative, sans qu’on sache exactement quelles substances sont responsables. On note également un effet diurétique et désinfectant.

Huiles essentielles Il s’agit d’une série de substances volatiles, souvent des mono- ou sesquiterpènes, mais parfois des phénols, qui sont responsables de la plupart des arômes des plantes. Leurs effets physiologiques dépendent en partie des caractéristiques physico-chimiques et en partie des caractéristiques chimiques. Leur nature liposoluble facilite la pénétration dans la peau et les muqueuses, et leur volatilité facilite l’absorption par les voies respiratoires, assurant ainsi une distribution rapide dans le corps par le sang. Elles peuvent irriter la peau, donnant une sensation de froid ou de chaud, peuvent être diurétiques, antiseptiques ou bactériostatiques, spasmolytiques, carminatives, sédatives et expectorantes. Certaines sont connues pour leur toxicité. Les huiles essentielles n’existent que chez les plantes supérieures. Elles sont très répandues et, dans certaines familles, presque toutes les espèces en contiennent (Pinaceae, Lauraceae, Rutaceae, Apiaceae, Lamiaceae, Asteraceae). La formation et l’accumulation des huiles essentielles sont généralement associées à la présence de

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structures cytologiques spécialisées, souvent localisées sur ou près de la surface du tissu végétal (poils et canaux sécréteurs, poches sécrétrices) et sensibles au toucher. Les substances volatiles sont ainsi facilement libérées. Il faut également noter que la composition de l’huile essentielle d’une seule espèce peut varier selon son environnement. Lamiaceae (Labiatae) Bon nombre des espèces citées ci-après sont surtout connues pour leur intérêt dans diverses industries (parfumerie, cosmétique, confiserie) et beaucoup d’entre elles sont considérées davantage comme épices que comme plantes médicinales. Elles sont caractérisées par des poils sécréteurs typiques. Salvia officinalis (sauge): Ce sous-arbrisseau très rameux est originaire des régions méditerranéennes où son usage est connu depuis l’Antiquité, et qui jouit d’une réputation de panacée. Outre les huiles essentielles, la drogue (les feuilles séchées) contient des flavonoïdes. Traditionnellement, la drogue est utilisée contre les affections gastriques et intestinales, en cas de diarrhée, contre les ballonnements et contre la transpiration excessive. En usage externe, la sauge est employée pour l’hygiène buccale et les angines (gargarismes). L’huile pure est neurotoxique, ce qui est probablement dû à la thuyone et au camphre, et la quantité de drogue utilisée par jour ne devrait pas dépasser 10g

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Rosmarinus officinalis (romarin): C’est une espèce spontanée dans la région méditerranéenne, qui se reconnaît à distance par son odeur pénétrante. On récolte, par temps chaud et ensoleillé, les sommités fleuries et les feuilles sur les pousses les plus jeunes. La drogue renferme 1-2.5% d’huile essentielle, ainsi que des flavonoïdes et des phénols plus simples; elle est utilisée traditionnellement comme cholagogue et chlorétique, pour favoriser les fonctions d’élimination rénale et digestives. Elle trouve une utilisation dans la cuisine, surtout en Italie et en France.

Mentha piperita (menthe poivrée), M. spicata (menthe crépue), M. arvensis (menthe des champs): Mentha piperita ou plutôt Mentha x piperita est un hybride de M. aquatica x spicata très vivace, qui se propage par stolons. La récolte des sommités fleuries et des feuilles a lieu à l’époque de la pleine floraison. Elle renferme une huile essentielle, des flavonoïdes et des phénols plus simples. La drogue, dénuée de toxicité, est traditionnellement utilisée dans le traitement de troubles digestifs (ballonnements, flatulences, éructations), en tant que spasmolytique, pour l’éliminationn rénale et pour l’hygiène buccale. L’huile essentielle de la menthe crépue a un arôme différent de celle de la menthe poivrée (elle contient peu de menthol), mais la drogue trouve plus ou moins la même utilisation.

mentha piperita

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Melissa officinalis (mélisse): Les feuilles de la mélisse contiennent une faible quantité d’une huile essentielle à odeur citronnée, censée être antibactérienne, antifongique et spasmolytique. Elle est utilisée en cas de troubles digestifs (mêmes indications que pour la menthe poivrée). En médecine populaire la mélisse s’emploie comme sudorifique et tonique nerveux.

Lavandula angustifolia (lavande) C’est une espèce originaire de l’ouest du bassin méditerranéen. La composition de son huile essentielle varie selon le mode de culture et selon l’environnement. On emploie la drogue comme sédatif léger, mais plus souvent en application externe ou en bains et compresses, légèrement révulsifs. La plus grande consommation se fait dans l’industrie cosmétique, où l’huile essentielle est un des composants principaux de l’eau de Cologne etc..

Hyssopus officinalis (hysope): Plante méditerranéenne, fréquente dans les rocailles. On récolte les sommités au début de la floraison; la drogue renferme des composés phénoliques et une huile essentielle. L’hysope sert à traiter les affections de l’appareil respiratoire (toux, coqueluche, asthme). L’huile pure est neurotoxique.

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Origanum vulgare (origan commun): Espèce européenne et asiatique que l’on trouve sur les coteaux secs et ensoleillés. On récolte les sommités au début de la floraison pour confectionner une drogue qui contient une huile essentielle riche en thymol et des tanins. Elle entre dans la composition de tisanes antitussives, car elle est désinfectante, expectorante et antispasmodique. L’origan est couramment utilisé dans la cuisine italienne.

Thymus vulgaris (thym) et T. serpyllum (serpolet): Le thym est originaire du bassin méditerranéen. Toute la plante est aromatique, et on en récolte toute la partie aérienne, jeune. La drogue renferme une huile essentielle composée de monoterpènes et de phénols (surtout le thymol) qui a des propriétés antibactériennes et antifongiques prononcées. Elle a également un effet spasmolytique. L’essence de thym est utilisée en dentisterie, dans l’hygiène buccale, en cas de troubles digestifs et pour le traitement des petites plaies. Quoique son activité soit moindre, le serpolet possède les mêmes indications que le thym. Le serpolet s’emploie souvent en balnéothérapie dans les douleurs rhumatismales et musculaires.

thym

serpolet

Apiaceae

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Il s’agit souvent, mais pas toujours, d’espèces possédant dans leurs graines des huiles essentielles anisées. Font notamment exception Angelica archangelica et Levisticum officinale dont la racine ou le rhizome est d’intérêt thérapeutique. Pimpinella anisum (anis vert): L’anis est une herbe spontanée au Proche-Orient. Le fruit sec contient au moins 2% d’huile essentielle (env. 90% d’anéthole) de nature phénolique, ayant l’arôme typique de l’anis. L’essence entre dans les préparations carminatives, expectorantes et spasmolytiques. Elle a un effet insecticide et bactéricide et est abondamment utilisée en confiserie.

Pimpinella saxifraga (boucage) et P. major (grand boucage): Les racines des deux espèces renferment une huile essentielle contenant des phénols et des sesquiterpènes, mais également des coumarines. Elle est utilisée en tant qu’expectorant dans le traitement des bronchites et pour soigner les troubles gastriques.

Pimpinella saxifraga

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Angelica archangelica (angélique): Plante bisannuelle du Nord de l’Europe qu’on reconnaît à ses tiges cannelées, rougeâtres. On en récolte les racines et les graines, les premières en automne de la deuxième année, quand elles sont le plus riches en huiles essentielles. Les deux parties sont riches en huiles essentielles, tanins, coumarines et principes amers. Les racines sont utilisées pour stimuler l’appétit, en tant que calmant du système nerveux, expectorant, antiseptique et diurétique. Comme avec toute drogue qui contient des furanocoumarines photosensibles, on devrait éviter de s’exposer beaucoup au soleil.

Petroselinum crispum (persil): On récolte les racines et les graines du persil qui contiennent toutes deux une huile essentielle ayant des composants de nature terpénique et phénolique, des flavonoïdes et, dans le cas des racines, des furanocoumarines également. L’huile essentielle irrite les reins et est utile en tant que diurétique. A très faible dose, la drogue s’emploie comme stimulant de l’appétit et pour combattre certains troubles digestifs. A forte dose, les deux drogues sont toxiques.

Carum carvi (cumin des prés): Le cumin des prés est spontané en Europe et en Asie. La drogue est constituée par les semences, qui renferment 3-7% d’une huile essentielle composée principalement de carvone et de limonène et utile en tant que carminative et spasmolytique. Un effet antifongique a aussi été constaté. Le fruit est utilisé en grandes quantités dans l’industrie alimentaire.

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Levisticum officinale (livèche): Une plante ayant l’odeur pénétrante de son huile essentielle, qui contient principalement des phthalides. Elle est aussi appelée “Herbe à Maggi”. On en récolte surtout les racines, qui sont utilisées en tant que diurétique, cholagogue, carminatif et, bien entendu, comme épice.

Foeniculum vulgare (fenouil): Plante bisannuelle, que l’on reconnaît facilement à ses feuilles découpées, filiformes, mais dont il existe deux variétés - amère et douce. Les graines des deux variétés possèdent une huile essentielle anisée riche en anéthole. L’amertume est due à la présence de fenchone (env. 20%), et c’est surtout la variété amère qui est utilisée en tant que spasmolytique, calmant et carminatif

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Asteraceae Le métabolisme terpénique est généralement intense chez les Asteraceae; les sesquiterpènes, qui entrent souvent dans la compostion des huiles essentielles, sont très répandus dans la famille. Chamomilla recutita (= Matricaria recutita; matricaire, camomille vraie): Plante herbacée, annuelle, dont on récolte les capitules 3 ou 4 fois par an. Ils contiennent des flavonoïdes et environ 1% d’huile essentielle riche en sesquiterpènes, qui, après distillation, devient bleuâtre par la formation de chamazulène. La matricaire est réputée anti-inflammatoire (effet dû au chamazulène?). La drogue et ses préparations sont traditionnellement utilisées par voie orale pour le traitement de troubles digestifs et pour stimuler l’appétit. Pour l’usage local, elle entre dans la composition de préparations destinées au traitement d’appoint adoucissant et antiprurigineux des affections dermatologiques.

Chamaemelum nobile (camomille romaine): La camomille romaine est une plante vivace, dont les capitules constituent la drogue. Comparée à la matricaire, ceux-ci contiennent plutôt des flavonoïdes et des phénols plus simples, mais également une huile essentielle renfermant des lactones sesquiterpéniques, qui lui confère son amertume, des esters d’acides et d’alcools aliphatiques et une faible quantité de monoterpènes. Les azulènes ne sont présents qu’à l’état de traces. La camomille romaine est traditionnellement utilisée comme la matricaire, mais il est difficile d’en attribuer l’action aux faibles quantités d’huile essentielle; on pense plutôt aux lactones qu’elle contient.

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Artemisia vulgaris (armoise), A. dracunculus (estragon): L’armoise est commune dans toute la zone tempérée - c’est une des plantes “médicinales” les plus anciennes au monde. On en récolte les sommités qui contiennent relativement peu d’huile essentielle, mais dont la composition est assez complexe; la teneur en thuyone est négligeable (voir A. absinthium). Traditionnellement, l’armoise a été utilisée dans la plupart des affections décrites à la rubrique des huiles essentielles. Toutefois, son efficacité n’a pas été démontrée. L’estragon, dont la tige feuillée constitue la drogue, renferme une huile essentielle et des tanins. Si elle est traditionnellement utilisée en tant que spasmolytique et pour soigner les troubles de la digestion, son emploi principal se trouve dans l’industrie alimentaire.

armoise

Achillea millefolium (millefeuille, achillée): Une espèce commune en Europe et en Asie, où on la trouve en lisière des champs, dans les prairies et sur les coteaux secs. La drogue est composée de la sommité fleurie et renferme un mélange de subtances assez complexe - des flavonoïdes, des lactones sesquiterpéniques (principes amers) et une huile essentielle un peu semblable à celle de la matricaire et contenant des azulènes. La millefeuille est, par voie orale, traditionnellement utilisée dans les troubles digestifs et pour faciliter les fonctions d’élimination rénale. L’usage local est identique à celui de la matricaire.

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Arnica montana (arnica des montagnes): C’est une espèce des régions montagneuses. La drogue, constituée surtout par les fleurs, est rare, et dans quelques pays européens, on utilise pour la préparation de la drogue une espèce voisine (A. chamissonis). La coloration de la drogue est due aux caroténoïdes, l’odeur, à une huile essentielle et l’amertume, à des lactones sesquiterpéniques. On note également la présence de coumarines et de flavonoïdes. La drogue et ses préparations sont réservées à l’usage externe: par voie orale, elles peuvent provoquer des céphalées ainsi que des troubles moteurs et respiratoires. Elle est couramment utilisée sous forme de teinture pour les soins des entorses, foulures, etc.. Ses propriétés anti-inflammatoires et analgésiques sont probablement dues aux sesquiterpènes.

Inula helenium (grande aunée): La racine est récoltée en automne, après 2 à 3 ans de culture, et contient jusqu’à 50% d’un polysaccharide (l’inuline) et une huile essentielle riche en lactone sesquiterpénique, responsables de l’effet d’expectorant, antiseptique, diurétique, cholagogue et carminatif. Toutefois, ces mêmes substances irritent les muqueuses et peuvent provoquer une dermatite allergique de contact.

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Autres familles – Juniperus communis (Cupressaceae, genévrier commun), J. sabina (genévrier sabine): Le genévrier est un arbrisseau buissonnant, à ramure serrée ou un arbuste rabougri, commun dans les régions montagneuses et les landes de l’hémisphère nord. La drogue est constituée par les pseudo-fruits ou “baies” qui renferment jusqu’à 2% d’une huile essentielle (monoterpènes), des flavonoïdes, des tanins et des diterpènes. Réputée diurétique et antiseptique, la drogue est utiliseé pour stimuler l’appétit et pour favoriser l’élimination rénale. Elle est également utilisée pour aromatiser le gin. L’huile essentielle qui provient du genévrier sabine a une autre composition et est très toxique.

genévrier

sabine Pinus sylvestris (Pinaceae, pin sylvestre) et autres: C’est un grand arbre résineux, répandu en plaine, sur des sols légers et sablonneux. On récolte les jeunes bourgeons au printemps, quand ils ont encore leurs écailles brunes. Ils contiennent une huile essentielle (térébenthine), des acides gras et une résine. Peu employée de manière interne, à cause de la toxicité des monoterpènes on utilise l’huile pour traitements externes en tant que révulsif (cataplasmes) et en inhalation en cas d’obstruction nasale. La térébenthine et l’essence de térébenthine sont obtenues industriellement par la distillation des extraits du bois.

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Valeriana officinalis (Valerianaceae, valériane): La valériane est une herbe vivace, à tige creuse, commune dans les bois humides, les fossés et au bord des cours d’eau de toute l’Europe. La drogue, dont l’odeur désagréable laisse rapidement déceler l’identité, comprend le rhizome, les racines et les stolons. La valériane est traditionnellement utilisée en tant que neurosédatif (troubles mineurs du sommeil) et spasmolytique. La première activité est attribuée aux valépotriates (esters de sesquiterpènes). L’odeur désagréable est due à la présence de l’acide isovalérique.

Asarum europaeum (Aristolochiaceae, asaret): L’asaret est une plante vivace basse et rampante. Toute la plante dégage une odeur camphrée. La drogue est constituée principalement par les rhizomes, qui contiennent une huile essentielle de nature phénylpropanique, que l’on emploie en tant qu’émétique et, en plus faible quantité, en tant que diurétique. Son utilisation est déconseillée, car la drogue est assez toxique. Récemment, on lui a découvert une propriété servant à l’anesthésie locale.

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Allium sativum (Liliaceae, ail): Plante herbacée, vivace, dont le bulbe a été employé depuis l’Antiquité comme antiseptique. La drogue renferme des fructanes, mais elle est surtout connue pour ses composés soufrés, p.ex. l’alliine. Lorsque le tissu végétal est lésé, il se forme à l’air un produit soufré volatil qui est le constituant majeur de l’”essence” d’ail. Traditionnellement l’ail est utilisé comme hypotenseur et désinfectant intestinal - ces propriétés ont été vérifiées médicalement.

Allium ursinum (Liliaceae, ail d’ours): L’ail d’ours est commun en Europe et en Asie du Nord, dans les forêts des zones humides. L’odeur de la drogue (parties aériennes de la plante) indique qu’elle contient le même type d’huile essentielle que l’ail. Traditionnellement, la drogue trouve les mêmes utilisations que l’ail.

Diterpènes Les diterpènes ont une origine semblable à celle des composants terpéniques des huiles essentielles; ils ne sont pas volatils. Leur intérêt thérapeutique est limité; en revanche, plusieurs d’entre eux sont des toxiques violents, et les espèces qui les élaborent sont donc un danger pour l’homme (espèces des familles Thymelaeaceae, Euphorbiaceae, Ericaceae...). Le rôle physiologique des diterpènes est mal connu. Ils sont particulièrement abondants chez les Asterales et Lamiales.

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Taxus baccata (Taxaceae, if): L’if est un arbre de croissance lente et de longévité exceptionnelle. A part l’arille (la chair du fruit), tous les organes, y compris les graines, sont toxiques. Les substances toxiques sont des diterpènes, dont le taxol est un cytostatique qui trouverait une application dans le traitement de certains types de tumeurs. On a utilisé l’if pour fabriquer du poison de flèches.

Daphne mezereum (Thymelaeaceae, bois-gentil): Cet arbuste des bois clairs, qui fleurit tôt au printemps, est spontané dans la plupart des pays d’Europe et en Asie. Toute la plante est toxique. Les diterpènes qu’elle contient sont des purgatifs violents et déclenchent par contact avec la peau ou les muqueuses une réaction inflammatoire intense. Le danger pour l’homme vient souvent de l’ingestion accidentelle de ses baies rouges.

Teucrium chamaedrys (Lamiaceae, germandrée petit-chêne): Plante herbacée, héliophile, qui pousse sur les versants rocheux, surtout calcaires. On en récolte les sommités en pleine floraison, pour obtenir une drogue qui contient des flavonoïdes, une huile essentielle et des diterpènes (surtout lactoniques). Traditionnellement, on l’utilise contre les diarrhées légères, pour stimuler l’appétit, pour soigner les hémorroïdes et pour l’hygiène buccale.

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Tanins Historiquement, l’importance des drogues à tanins est liée à leurs propriétés de conserver le cuir. Il s’agit de substances phénoliques, de structure plus ou mois compliquée, ayant un nombre important de groupements hydroxyles qui peuvent se lier avec les protéines du cuir, ce qui lui confère une résistance à l’eau, à la chaleur, à l’abrasion et aux microorganismes. Ce même pouvoir de se lier à d’autres molécules (alcaloïdes, protéines de la peau, protéines des micro-organismes, etc.) explique également leur intérêt médical. Ce sont des astringents au goût amer. Ils favorisent la régénération des tissus en cas de blessure superficielle ou de brûlure et ont un effet vasoconstricteur. Il s’agit d’ubiquistes, mais certaines plantes en sont plutôt riches et ont ainsi suscité l’intérêt. Les tanins sont dépourvus de toxicité et sont utilisés en tant que remède dans certains cas d’empoisonnement. Rosaceae Au point de vue phytothérapie, les rosaceae sont connues pour leur contenu en tanins et fournissent la majorité de ces drogues. Alchemilla vulgaris (alchémille), A. conjuncta et A. alpina: L’alchémille est une plante herbacée, pérenne, largement établie dans les régions tempérées de l’hémisphère nord. On trouve, surtout en montagne, deux espèces voisines, dont la surface inférieure des feuilles a un aspect argenté, A. conjucta (calcicole) et A. alpina (plutôt calcifuge). Elles contiennent sensiblement le même type de tanin. Traditionnellement, la drogue est utilisée pour soigner les diarrhées légères et, en application externe, pour soigner les plaies et les affections furonculeuses.

Alchemilla vulgaris

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Rubus fructicosus (ronce): La drogue est constituée par les jeunes feuilles, parfois les boutons floraux, et également par les fruits. Elle trouve les mêmes applications que l’alchémille.

Rosa canina (églantier), R. gallica (rose de France), R. centifolia (rose cent-feuilles): Les feuilles de ces trois rosiers renferment beaucoup de tanins et peuvent être employées en tant qu’astringent pour la peau et en cas de diarrhée légère. Toutefois, les fruits de l’églantier sont également riches en vitamines C et sont employés sous forme de tisane ou de confiture. Les fleurs de R. centifolia contiennent une huile essentielle, utilisée dans la parfumerie (eau de rose).

Rosa centifolia

Potentilla erecta (tormentille): Plante herbacée, pérenne de l’Europe du Nord, possédant un fort rhizome que l’on utilise comme drogue. Sa teneur en tanins peut dépasser 20% et constitue un moyen efficace contre la diarrhée et même contre les hémorragies gastro-intestinales. On l’utilise également pour soigner les maux de gorge et les affections buccales.

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Hamamelis virginiana (Hamamelidaceae, hamamélis): L’hamamélis est un arbuste qui ressemble au noisetier très commun dans les forêts d’Amérique du Nord. La drogue est constituée par les feuilles, qui renferment une faible quantité d’une huile essentielle, des flavonols et des tanins. La drogue est utilisée traditionnellement par voie orale dans les cas d’insuffisance veineuse et d’hémorroïdes, pour l’hygiène buccale et pour soigner la peau des mains.

Juglans regia (Juglandaceae, noyer): Le noyer est originaire du Moyen-Orient et du Sud-Est de l’Europe. Les feuilles et le brou des fruits (bien entendu, les noix sont également exploitées) sont récoltés. Les feuilles contiennent env. 10% de tanins, des flavonoïdes, des phénols plus simples et des naphtoquinones. Ces dernières sont peu stables et se polymérisent facilement, de sorte que les feuilles sèches n’en contiennent que des traces. La drogue est traditionnellement utilisée dans les cas d’insuffisance veineuse et d’hémorroïdes, de diarrhées légères, d’ affections dermatologiques, de brûlures superficielles et peu étendues et pour réduire la transpiration des pieds. Dans les trois dernières applications, il faut tolérer le fait que la peau devienne fortement colorée. Le brou est également riche en tanins et renferme davantage de naphtoquinones.

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Quercus robur (Fagaceae, chêne) et autres Quercus spp.: On récolte l’écorce des jeunes rameaux du chêne pédonculé (Q. robur) et du chêne sessile (Q. petraea). Ils fournissent essentiellement la même drogue, riche en tanins, utile en cas de diarrhée, dans l’hygiène buccale (utilisation interne), et comme vulnéraire et désinfectant (application externe), pour soigner les hémorroïdes, les brûlures et les engelures. Les chênes sont aussi une source industrielle de tanins.

Vaccinium myrtillus (Ericaceae, myrtille): La myrtille est particulièrement abondante dans les sous-bois aux sols acides des régions montagneuses de l’hémisphère Nord. On en récolte les baies et les feuilles; les premières sont riches en pigments anthocyaniques, ainsi qu’en tanins et trouvent un emploi dans le traitement de l’insuffisance veineuse et des hémorroïdes; les deuxièmes contiennent des flavonoïdes, des phénols simples et des tanins, qui servent d’astringent (application externe), et au traitement de la diarrhée et du diabète (Diabetes mellitus), car ce sont des substances hypoglycémiantes.

Alcaloïdes Le nombre de produits caractérisés, leur diversité structurale et l’éventail de leurs activités pharmacologiques font des alcaloïdes l’un des groupes les plus importants de substances naturelles d’intérêt thérapeutique. Le terme alcaloïde vient de l’arabe al kaly (la soude). Les alcaloïdes sont particulièrement intéressants, car ils agissent sur le système nerveux central et le système nerveux autonome; ils ont des effets curarisants, peuvent être utilisés pour l’anesthésie local et sont aussi antitumoraux, antifibrillants, antipaludiques, etc.. Ces multiples effets laissent prévoir un danger certain lors de la phytothérapie utilisant des drogues qui en contiennent. Les alcaloïdes sont assez rares chez les champignons, les plantes inférieures et les gymnospermes. Ils sont essentiellement présents chez les angiospermes et certaines familles ont une tendance marquée à en élaborer.

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Papaveraceae La toxicité des Papaveraceae est due essentiellement à celle de la morphine du pavot (Papaver somniferum) et de son dérivé diacétylé de synthèse, l’héroïne. Les autres Papaveraceae indigènes ne posent aucun problème réel à ce sujet, mais il faut remarquer que des alcaloïdes toxiques sont présents dans tous les genres de Papaveraceae. Papaver rhoeas (coquelicot): Le coquelicot ne jouit pas de la même notoriété que P. somniferum, source des opiates. Les pétales de cette plante constituent la drogue, qui contient en très faible quantité de la rhoeadine (une tétrahydrobenzazépine, qui n’est pas une opiate). Traditionnellement, elle est utilisée pour soigner les cas de troubles mineurs du sommeil et comme antitussif.

Chelidonium majus (chélidoine): C’est une herbe vivace, commune dans les murailles, les décombres et les fossés. La rupture des tissus donne lieu à l’écoulement d’un latex orangé et caustique, qui contient des alcaloïdes. Dans la médecine populaire, ce latex est un remède contre les verrues - effet qui n’est pas encore prouvé et qui n’est pas sans danger! On constate toutefois, qu’il a un effet antibactérien et antiviral. Des tisanes confectionnées avec la drogue (les sommités récoltées avant la pleine floraison) sont utilisées comme antispasmodique et sédatif en cas de douleurs intestinales et vésiculaires.

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Solanaceae Les Solanaceae passent pour l’une des familles les plus riches en espèces dangereuses. Les alcaloïdes tropaniques sont très fréquents chez les Solanaceae, mais le nombre d’espèces utilisées en thérapeutique est faible. Atropa belladonna (belladone): Plante vivace qui pousse en Europe, en bordure des forêts, dans les décombres et dans les lieux abandonnés, de préférence sur un terrain calcaire. Tous les organes de cette plante contiennent des alcaloïdes tropaniques toxiques. Les romaines utilisaient le suc des baies pour dilater leurs pupilles, d’où le nom “bella donna”. Les feuilles et les racines constituent la drogue, qui contient de l’hyoscyamine (atropine), utilisée pour ses propriétés diverses - spasmolytiques (gastralgies, spasmes intestinaux, mal du voyage, asthme, incontinence), antisécrétoires (toux), mydriaques (examens ophtalmologiques). L’ingestion (c’est souvent le cas chez les enfants qui trouvent les baies) provoque une sécheresse de la bouche, une soif intense, une accélération des pulsations, des nausées, de l’incoordination motrice, le coma et éventuellement la mort.

Datura stramonium (stramoine): La stramoine est une plante herbacée annuelle, que l’on reconnaît facilement à ses fleurs en forme de trompettes et ses fruits en forme d’oursins. Elle est abondante en Europe, où elle affectionne terrains incultes et bords de chemins. Les feuilles (au début de la floraison) et les graines sont récoltées pour leur contenu en hyoscyamine et en scopolamine. Cette dernière présente les mêmes types d’activité que la première, mais moins marqués. La stramoine, moins utilisée que la belladone, est surtout employée dans le traitement de la gêne respiratoire (asthme, bronchites) et de la maladie de Parkinson. La scopolamine provoque des hallucinations.

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Hyoscyamus niger (jusquiame): La jusquiame pousse de préférence sur les sols sablonneux, dans les terrains vagues et les talus de toute l’Europe et de l’Amérique du Nord. Moins riche en alcaloïdes que la stramoine, elle contient également de l’hyoscyamine et de la scopolamine. Son odeur nauséabonde, qui empêche la consommation accidentelle, est due à la présence de la tétraméthylputrescine. La drogue a les mêmes propriétés que celle des deux Solanaceae ci-dessus et trouve les mêmes applications.

D’autres Solanaceae que l’on trouve couramment contiennent des alcaloïdes. La pomme de terre (Solanum tuberosum), la morelle (S. nigrum), une mauvaise herbe, et la douce-amère (S. dulcamara) renferment des alcaloïdes stéroïdiques (semblables aux saponines) qui n’ont pas d’utilité thérapeutique et qui sont le plus souvent toxiques. Chez la pomme de terre, ils sont présents dans les feuilles, les tubercules et surtout les fleurs. Ils sont concentrés dans la peau du tubercule et ont tendance à s’y accumuler lors de la germination, de l’exposition prolongée à la lumière ou consécutivement à des traumatismes; l’épluchage en élimine jusqu’à 95%. Ces alcaloïdes sont stables à la cuisson et toxiques. Liliaceae La toxicité des Lilaceae est principalement due aux glycosides cardiaques ou aux alcaloïdes, et ces derniers sont soit du type tropolone, soit du type stéroïdique. Veratrum album (vératre, ellébore blanc): Le vératre est une plante herbacée robuste, vivace par le rhizome, qui croît dans les prairies humides des régions montagneuses de l’Europe et de l’Asie septentrionale. Cette plante est très toxique, étant donné la présence d’alcaloïdes stéroïdiques. Le danger principal vient du fait que l’amateur non averti peut facilement le confondre avec la gentiane jaune (voir ci-dessus). La drogue est constituée par le rhizome et a été utilisée pour traiter l’hypertension artérielle et l’insuffisance cardiaque, mais cet emploi a été abandonné à cause de la toxicité.

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Colchicum autumnale (colchique): Plante herbacée pérenne, que l’on trouve partout en Europe, dans les prés humides, produisant en automne, après la chute des feuilles, une fleure mauve à rosée. Au printemps, apparaissent des feuilles lancéolées, en touffe, et des fruits ovoïdes. Toute la plante contient des alcaloïdes très toxiques, mais ce sont les semences qui constituent la drogue. L’alcaloïde principal est la colchicine, un poison mitotique qui bloque la division cellulaire, mais dont la toxicité empêche l’utilisation en tant que drogue antitumorale. Elle possède également des propriétés anti-inflammatoires spécifiques des arthrites microcristallines provoquées par des cristaux d’urate de sodium; elle est donc particulièrement utile dans le traitement des crises aiguës de goutte.

Autres familles – Aconitum napellus (Ranunculaceae, aconit): L’aconit est une plante herbacée, vivace par sa racine tubérisée, spontanée dans les bois ombragés. On récolte les tubercules latéraux, qui contiennent jusqu’à 1.5% d’alcaloïdes terpéniques. La drogue est particulièrement toxique et a été utilisée dans la fabrication de poison de flèches, mais elle peut aussi être employée comme anticongestif en cas de toux sèche.

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Borago officinalis (Boraginaceae, bourrache): Plante annuelle originaire de la Méditerranée, fréquente dans tous les lieux incultes. Les graines sont récoltées pour leur teneur en une huile, contenant des acides gras insaturés, tandis que les sommités fleuries renferment des mucilages, des saponines et des alcaloïdes pyrrolizidiniques. La drogue est utilisée traditionnellement comme diurétique et sudorifique et ne pose pas de problèmes de toxicité.

Symphytum officinale (Boraginaceae, consoude): Plante herbacée vivace, très commune en Europe qui affectionne les sols lourds et humides. La drogue est constituée par les racines, qui contiennnent des fructanes, de l’allantoïne (un diuréïde) et des alcaloïdes pyrrolizidiniques. On l’emploie le plus souvent en application externe pour ses effets antiphlogistiques et parfois sous forme d’infusion, pour soigner les ulcères d’estomac et la diarrhée. Toutefois, on a constaté chez le rat l’apparition de tumeurs du foie après administration prolongée d’un extrait aqueux par voie orale.

Tussilago farfara (Asteraceae, tussilage): C’est une plante, commune en Europe, en Asie et en Afrique. La drogue, constituée par les capitules floraux, renferme des mucilages, des flavonoïdes, des alcools terpéniques et quelques alcaloïdes pyrrolizidiniques. En Allemagne, les feuilles, qui contiennent des mucilages, des flavonoïdes et des alcaloïdes pyrrolizidiniques sont également utilisées. Traditionnellement, la drogue est utilisée (comme le suggère le nom) en tant que tisane pectorale expectorante. On discute encore le danger éventuel concernant son hépatotoxicité due aux alcaloïdes.

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Capsella bursapastoris (Brassicaceae; bourse-à-pasteur): Espèce adventice, répandue dans le monde entier. Les parties aériennes constituent la drogue, qui contient des flavonoïdes, des amines et des alcaloïdes. La drogue a un effet vasoconstricteur et diurétique et a été utilisée en tant qu’antihémorragique (saignements de nez).

Conium maculatum (Apiaceae, grande ciguë): Cette plante célèbre pour avoir causé la mort de Socrate est une grande herbe bisannuelle, que l’on rencontre dans les décombres et au bord des chemins, en Europe. Elle dégage une odeur désagréable, due à la présence d’un alcaloïde volatil - la coniine. La drogue, constituée par les fruits, en contient et paralyse entre autres les muscles respiratoires. A doses faibles, on emploie la drogue contre certaines névralgies et, en application externe, pour soigner des douleurs aiguës. On notera que la ciguë vireuse (Cicuta virosa), également toxique, ne doit pas sa toxicité aux alcaloïdes, mais à des polyines.

Vinca minor (Apocynaceae, petite pervenche): C’est une plante herbacée, vivace, que l’on trouve dans les sous-bois de toute l’Europe. La drogue est constituée par les feuilles, qui contiennent des alcaloïdes indoloterpéniques, dont la vincamine, et n’est utilisée que comme source de tels alcaloïdes. La vincamine améliore l’oxygénation cérébrale et trouve un emploi en gériatrie et pour le traitement de traumatismes crâniens.

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Mucilages et plantes à fibres Il s’agit de polysaccharides présents dans la paroi végétale, ou exsudés par certaines cellules végétales ou encore stockés dans les vacuoles. Quand il est question de fibres végétales, on entend des fibres cellulosiques, mais la notion de fibres alimentaires est plus difficile à cerner et mieux définie pour inclure les polysaccharides qui résistent à la digestion dans le tractus humain. Mises à part les fibres cellulosiques, la plupart des polysaccharides gonflent fortement dans l’eau, pour former un colloïde visqueux ou des gels. L’effet thérapeutique n’est pas spécifique, et les polysaccharides peuvent être utilisés pour protéger les muqueuses en cas de diarrhée ou de gastrite, pour protéger la peau lors de blessures, comme antiphlogistiques, expectorants, laxatifs mécaniques, émulsifiants, pour ralentir l’absorption d’autres médicaments et pour favoriser le transit intestinal. Malva sylvestris (Malvaceae, grande mauve), M. neglecta (petite mauve): La mauve est une plante herbacée, bisannuelle, courante en Europe, en Asie et en Afrique, dans les prairies et les clairières. On en récolte les feuilles et les fleurs qui contiennent un mucilage acide et des tanins. Elles sont utilisées traditionnellement, en tant qu’expectorant, antispasmodique, laxatif léger et, en application externe, pour soigner les plaies. La petite mauve peut être utilisée avec les mêmes effets.

grande mauve

petite mauve

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Althaea officinalis (Malvaceae, guimauve): Plante vivace, spontanée dans toute l’Europe, principalement dans les lieux humides. Tous les organes renferment du mucilage, mais ce sont les racines et parfois les feuilles qui sont couramment employées pour les mêmes effets que les mauves essentiellement.

Plantago lanceolata (Plantaginaceae, plantain lancéolé), P. major (grand plantain): Ce sont des plantes vivaces, répandues en Europe et en Asie, que l’on trouve au bord des champs et sur les terres en friche. On en récolte les feuilles, qui contiennent des mucilages, mais aussi des flavonoïdes et des phénols plus simples. Traditionnellement, la drogue est employée comme expectorant dans le traitement de la toux, de la coqueluche et de la bronchite. Les graines sont utilisées comme laxatif mais, pour cet usage on préfère les graines des espèces de plantain non indigènes, telles que P. ovata (ispaghul) et P. psyllium (psyllium).

Pulmonaria officinalis (Boraginaceae, pulmonaire): Plante herbacée, pérenne, dont on récolte les sommités utilisées pour soigner les poumons et la tuberculose. La drogue contient des tanins, des saponines et des mucilages, responsables de son effet expectorant.

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Verbascum thapsiforme (Scrophulariaceae, bouillon blanc/molène),V. phlomoides: La molène est une plante robuste, bisannuelle, distribuée dans toute l’Europe. Les fleurs contiennent des tanins, des saponines et des mucilages. On lui connaît des effets diurétiques, expectorants et spasmolytiques, qui conviennent aux tisanes pectorales.

Cydonia oblonga (Rosaceae, cognassier): Arbre originaire du Caucase, portant des fruits duveteux en forme de poire. Ce sont surtout les graines qui sont riches en mucilages provenant des cellules externes de l’épiderme et utilisés en cosmétologie et dermatologie. Le fruit est amer, riche en tanins et, à ce titre, utilisé en cas de diarrhée et de troubles gastriques. Il est à noter que la gelée de coing ne réussit pas si l’on ne cuit pas les semences avec la pulpe des fruits.

Orchis morio (Orchidaceae, Orchis bouffon) et autres Orchis spp: Plante herbacée, spontanée en Europe et en Asie, qui croît sporadiquement dans les prairies sèches ou dans les bois clairs. On en récolte les tubercules fils, qui contiennent environ 50% d’un mucilage (salep mannan) utilisé parfois encore dans les troubles intestinaux.

Orchis militaris

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Iris germanica (Iridaceae, iris commun) et autres Iris spp: Une espèce vivace, originaire de la zone méditerranéenne, dont on récolte les rhizomes des plantes âgées de 3-4 ans. La drogue renferme une faible quantité d’huile essentielle, des tanins, des flavonoïdes et des mucilages. Elle est employée en tant que diurétique (flavonoïdes) et expectorant (mucilages).

Trigonella foenum-graecum (Fabaceae, fenugrec): Plante herbacée, calcicole, de la région méditerranéenne. Les graines sont riches en mucilages, mais contiennent également des saponines. Elles sont connues pour leur effet antidiabétique et hypocholestérolémiant. Autres plantes à mucilages déjà mentionnées: Linum usitatissimum (Linaceae, lin): Plante herbacée, annuelle, cultivée pour ses fibres et son huile. La drogue est constituée par les graines, dont les cellules externes de l’épiderme sont riches en mucilages, gonflant fortement au contact de l’eau. L’huile agit en même temps comme lubrifiant, de sorte que les graines sont un laxatif mécanique efficace. Les graines contiennent également un glycoside cyanogène (voir ci-dessus). Tussilago farfara (Asteraceae, tussilage) Le tussilage, qui figure à la rubrique alcaloïdes, contient des mucilages et est traditionnellement employé comme antitussif. Taraxacum officinale (Asteraceae, pissenlit): Plante herbacée, vivace, à racine pivotante. Les feuilles contiennent des principes amers, mais les racines sont également riches en fructanes. Elles sont utilisées traditionnellement en tant que cholérétique et diurétique.

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Table de matières absinthe 22 Achillea millefolium 32 achillée 32 aconit 45 Aconitum napellus 45 Adonis de printemps 8 Adonis vernalis 8 Aesculus hippocastanum 11 ail 36 ail d’ours 36 airelle 18 Alchemilla alpina 38 Alchemilla conjuncta 38 Alchemilla vulgaris 38 achémille 38 Alcaloïdes 41 Allium sativum 36 Allium ursinum 36 Althaea officinalis 49 amandier 13 Angelica archangelica 17, 29 angélique 29 anis vert 28 Anthraglycosides 14 Apium graveolens 17 Arctostaphylos uva-ursi 18 armoise 32 arnica 33 Arnica chamissonis 33 Arnica montana 33 Artemisia absinthum 22 Artemisia dracunculus 32 Artemisia vulgaris 32 asaret 35 Asarum europaeum 35 aspérule odorante 16 Atropa belladonna 43 aubépine 19 belladone 43 Betula pendula 19 Betula pubescens 19 bleuet 23 bois-gentil 37 Borago officinalis 46 boucage 28 bouillon blanc 50 bouleau 19 bourrache 46 bourdaine 15 bourse-à-pasteur 47

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Brassica juncea 12 Brassica nigra 12 busserole 18 camomille romaine 31 camomille vraie 31 Capsella bursapastoris 47 Carum carvi 29 Centaurea cyanus 23 Chamoemelum nobile 31 Chamomilla recutita 31 chélidoine 42 Chelidonium majus 42 chêne 41 Cicuta virosa 47 ciguë vireuse 47 cognassier 50 Colchicum autumnale 45 colchique 45 Conium maculatum 47 consoude 46 Convallaria majalis 8 coquelicot 42 Coumarines 15 Crataegus monogyna 19 Crataegus oxyacantha 19 cresson de fontaine 12 Crocus sativus 23 cumin des prés 29 Cydonia oblonga 50 Daphne mezereum 37 Datura stramonium 43 digitale laineuse 7 digitale pourpre 7 Digitalis lanata 7 Digitalis purpurea 7 Diterpènes 36 douce-amère 44 églantier 39 ellébore blanc 44 épine noire 20 estragon 32 fenouil 30 fenugrec 51 Filipendula ulmaria 18, 20 Flavonoïdes 19 Foeniculum vulgare 30 Fraxinus excelsior 17 Fraxinus ornus 17 frêne 17 Galium odoratum 16 genévrier commun 34 genévrier sabine 34

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Gentiana lutea 22 gentiane jaune 22 germandrée petit-chêne 37 Glycosides amers 21 Glycosides cardiotoniques 6 Glycosides cyanogénétiques 12 Glycosides sénévoles 11 Glycyrrhiza glabra 10 grand boucage 28 grand plantain 49 grande aunée 33 grande ciguë 47 grande mauve 48 guimauve 49 hamamélis 40 Hamamelis virginiana 40 Hedera helix 11 héllebore 8 Helleborus niger 8 Heracleum sphondylium 17 herbe à Maggi 30 houblon 23 Huiles essentielles 23 Humulus lupulus 23 Hyoscyamus niger 44 hysope 26 Hyssopus officinalis 26 if 37 Inula helenium 33 iris commun 51 Iris germanica 51 ispaghul 49 Juglans regia 40 Juniperus communis 34 Juniperus sabina 34 jusquiame 44 laurier-cerise 13 laurier-rose 9 lavande 26 Lavandula angustifolia 26 Levisticum officinale 17, 30 lierre 11 lin 14, 51 Linum usitatissimum 14, 51 livèche 30 Lotus corniculatus 14 Malva neglecta 48 Malva sylvestris 48 marronnier d'Inde 11 Matricaria recutita 31 matricaire 31 mélilot 16

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Melilotus officinalis 16 Melissa officinalis 26 mélisse 26 Mentha arvensis 25 Mentha piperita 25 Mentha spicata 25 menthe crépue 25 menthe des champs 25 menthe poivrée 25 Menyanthes trifoliata 22 millefeuille 32 molène 50 morelle 44 moutarde noire 12 muguet 8 Mucilages 48 myrtille 41 Nasturtium officinale 12 Nerium oleander 9 noyer 40 Orchis bouffon 50 Orchis morio 50 origan commun 27 Origanum vulgare 27 Papaver rhoeas 42 Papaver somniferum 42 Paris quadrifolia 8 pavot 42 persil 29 petite mauve 48 petite pervenche 47 Petroselinum crispum 17, 29 Phénols simples 17 Pimpinella anisum 28 Pimpinella major 28 Pimpinella saxifraga 17, 28 pin sylvestre 34 Pinus sylvestris 34 pissenlit 23, 51 Plantago lanceolata 49 Plantago major 49 Plantago ovata 49 Plantago psyllium 49 plantain lancéolé 49 Polygonatum multiflorum 8 pomme de terre 44 Potentilla erecta 39 primevère 10 Primula elatior 10 Primula veris 10 Prunus amygdalus 13

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Prunus laurocerasus 13 Prunus spinosa 20 pulmonaire 49 Pulmonaria officinalis 49 Quercus petraea 41 Quercus robur 41 raisin d'ours 18 réglisse 10 reine des prés 18, 20 Rhamnus frangula 15 Rhamnus purshianus 15 Rheum palmatum 15 Rheum officinale 15 Rheum rhabarbarum 15 rhubarbe médicinale 15 romarin 25 ronce 39 Rosa canina 39 Rosa centifolia 39 Rosa gallica 39 rose cent-feuilles 39 rose de France 39 rose de Noël 8 Rosmarinus officinalis 25 Rubus fructicosus 39 rue 17 Ruta graveolens 17 sabine 34 safran 23 Salix alba 18 Salix fragilis 18 Salix purpurea 18 Salvia officinalis 24 Sambacus ebulus 21 Sambucus nigra 21 saponaire 10 Saponaria officinalis 10 Saponosides 9 sauge 24 serpolet 27 Solanum dulcamara 44 Solanum nigrum 44 Solanum tuberosum 44 stramoine 43 sureau 21 Symphytum officinale 46 Tanins 38 Taraxacum officinale 23, 51 Taxus baccata 37 Teucrium chamaedrys 37 thym 27 Thymus serpyllum 27

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Thymus vulgaris 27 Tilia cordata 20 Tilia platyphyllos 20 tilleul 20 tormentille 39 trèfle 14 trèfle d’eau 22 Trifolium repens 14 Trigonella foenum-graecum 51 tussilage 46, 51 Tussilago farfara 46, 51 Vaccinium myrtillus 41 Vaccinium vitis-idaea 18 Valeriana officinalis 35 valériane 35 vératre 44 Veratrum album 44 Verbascum phlomoides 50 Verbascum thapsiforme 50 Vinca minor 47 yèble 21

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Remerciements: L’auteur remercie Madame Dr N. Jakimow de son aide généreuse pour le texte. En grande partie, les images ont été digitalisées et modifiées à partir de l’Atlas der officinellen Pflanzen de O.C. Berg et C.F. Schmidt (Verlag von Arthur Felix, 1893-1902, 4 vols) ou, dans quelques cas, de Kräuterbuch de F. Losch (Verlag von Schreiber, 1905) ou de Die Giftpflanzen Deutschlands de P. Esser (Vieweg, 1910), après consultation avec la maison d’édition.