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Rentrée scolaire LES SAMEDI 26 ET DIMANCHE 27 AOÛT 2017 CAHIER SPÉCIAL H PHOTO : ISTOCK Vers un nouvel élan en enseignement supérieur ? H 3 Petit guide pour éviter les stéréotypes sexistes H 7 POLITIQUE DE LA RÉUSSITE ÉDUCATIVE Le ministre de l’Éducation annonce des changements « concrets » La Politique de la réussite éducative, lancée en grande pompe par le gouvernement en juin dernier, a été applaudie par l’ensemble de la communauté. Mais un reproche persiste : si la politique vise juste dans ses objectifs, les moyens pour les atteindre, eux, restent à définir. À l’heure de la rentrée, Le De- voir fait le point avec le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx. JESSICA NADEAU L a nouvelle Politique de la réussite éducative doit marquer un « virage historique » dans le paysage scolaire québécois et promet des ré- sultats tangibles… en 2030. Pour y arriver, on va créer des groupes de travail, élaborer des stratégies et définir des plans d’action sur une multitude de su- jets. Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, se défend d’avoir présenté une politique remplie de « vœux pieux » et promet des changements très « concrets » dans les écoles, et ce, dès cet automne. « C’est clair qu’il y a des choses qui vont être différentes dès cette rentrée, répond Sébastien Proulx, au téléphone. Il y aura des nouveautés et je pense que ça va paraître. » Dans un premier temps, il y aura du personnel sup- plémentaire pour offrir des services directs aux élèves, promet-il. De l’argent a été dégagé dans le dernier bud- get pour permettre l’embauche de 7200 ressources supplémentaires dans les écoles sur 5 ans, dont 1500 dès septembre. Selon le ministre, ce chiffre est sur le point d’être atteint sur l’ensemble du réseau. « Ça, c’est extrêmement concret », affirme-t-il. Sébastien Proulx parle également des travaux ma- jeurs de rénovation et de modernisation qui ont été ef- fectués cet été dans plusieurs écoles du Québec. «Il y avait un rattrapage à faire, qui aurait dû être fait bien avant, tous gouvernements confondus. Et moi, au- jourd’hui, je ne peux penser faire mon travail correcte- ment si je ne mets pas l’accent sur l’importance de réno- ver nos écoles pour offrir des milieux de vie satisfaisants. » VOIR PAGE H 4 : MINISTRE

H Rentrée scolaire - Le Devoir...RENTRÉE SCOLAIRE LE DEVOIR, LES SAMEDI 26 ET DIMANCHE 27 AOÛT 2017 H 3 Le système d’éducation supérieur québécois est envié à tra-vers

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Rentrée scolaireLES SAMEDI 26 ET DIMANCHE 27 AOÛT 2017

CAHIER SPÉCIAL H

PHOTO : ISTOCK

Vers un nouvelélan enenseignementsupérieur? H 3

Petit guidepour éviter les stéréotypessexistes H 7

POLITIQUE DE LA RÉUSSITE ÉDUCATIVE

Le ministre de l’Éducationannonce deschangements«concrets»La Politique de la réussite éducative, lancée engrande pompe par le gouvernement en juin dernier,a été applaudie par l’ensemble de la communauté.Mais un reproche persiste: si la politique vise justedans ses objectifs, les moyens pour les atteindre,eux, restent à définir. À l’heure de la rentrée, Le De-

voir fait le point avec le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx.

J E S S I C A N A D E A U

La nouvelle Politique de la réussite éducativedoit marquer un « virage historique » dans lepaysage scolaire québécois et promet des ré-sultats tangibles… en 2030. Pour y arriver, on

va créer des groupes de travail, élaborer des stratégieset définir des plans d’action sur une multitude de su-jets. Le ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx, sedéfend d’avoir présenté une politique remplie de «vœuxpieux » et promet des changements très « concrets »dans les écoles, et ce, dès cet automne.

«C’est clair qu’il y a des choses qui vont être différentesdès cette rentrée, répond Sébastien Proulx, au téléphone.Il y aura des nouveautés et je pense que ça va paraître.»

Dans un premier temps, il y aura du personnel sup-plémentaire pour offrir des services directs aux élèves,promet-il. De l’argent a été dégagé dans le dernier bud-get pour permettre l’embauche de 7200 ressourcessupplémentaires dans les écoles sur 5 ans, dont 1500dès septembre. Selon le ministre, ce chiffre est sur lepoint d’être atteint sur l’ensemble du réseau. «Ça, c’estextrêmement concret », affirme-t-il.

Sébastien Proulx parle également des travaux ma-jeurs de rénovation et de modernisation qui ont été ef-fectués cet été dans plusieurs écoles du Québec. « Il yavait un rattrapage à faire, qui aurait dû être fait bienavant, tous gouvernements confondus. Et moi, au-jourd’hui, je ne peux penser faire mon travail correcte-ment si je ne mets pas l’accent sur l’importance de réno-ver nos écoles pour offrir des milieux de vie satisfaisants.»

VOIR PAGE H 4 : MINISTRE

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R E N T R É E S C O L A I R EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 6 E T D I M A N C H E 2 7 A O Û T 2 0 1 7H 2

De l’accompagnement pour les parentsAlloprof Parents, un nouveau service pour outiller les adultes

A L I C E M A R I E T T E

Collaboration spéciale

«L e parent est un élémentessentiel dans le succès

scolaire de l’enfant, c’est le mo-teur, l’idole, la première réfé-rence, il joue un rôle détermi-nant dans sa réussite », lanced’emblée Sandrine Faust, di-rectrice générale de l’orga-nisme. Celle qui travaille avecAlloprof depuis les débuts, en1996, remarque que les pa-rents ont toujours cherché àles contacter pour avoir desconseils. «Chaque année, envi-ron 7000 parents communi-quent avec nous pour des be-soins dif férents des jeunes », ex-plique-t-elle. Un constat qui apoussé l’organisme à étendreses services aux parents d’en-fants âgés de 6 à 17 ans. « Lesparents ont des interrogationspar rappor t à l’encadrement,au soutien, à la motivation, desquestions plus larges que lesjeunes, ils veulent de l’écoute ettrouver des trucs pour aiderleurs enfants », détaille-t-elle.Alors qu’il existe des plate-formes pour le préscolaire oupour accompagner les nou-veaux parents lorsqu’ils ont unbébé, aucune ressource n’estactuellement disponible pourles parents d’enfants en âgescolaire. Alloprof Parents veutpallier cette lacune en offrantune por te d’entrée uniquepour accompagner les élèves.

Un projet de longuehaleine

Alloprof travaille fort pourque le nouveau ser vice soit

prêt à l’automne. « Présente-ment, la production du maté-riel va bon train », expliqueAnne Dostaler, gestionnaired’Alloprof Parents. Ar ticlesd’experts, chroniques et outilstéléchargeables sont en coursd’élaboration, sur plusieursthématiques : devoirs, chemi-nement scolaire, orientationprofessionnelle, troubles d’ap-prentissage, développementde l’enfant et quotidien fami-lial. Pour la création et la révi-sion du contenu, l’organismea collaboré avec 17 000 profes-sionnels de dif férents ordreset fédérations québécoises, àl’instar de l’Association des or-thopédagogues, l’Ordre desor thophonistes et audiolo-gistes, l’Ordre des conseillerset conseillères d’orientationou encore l’Institut des trou-bles d’apprentissage. « Toutesles organisations et fédérationsqui gravitent autour du milieuscolaire ont été consultéesparce que nous voulons of frirun contenu validé, basé sur larecherche, des données pro-bantes pour que le parentpuisse avoir tout de suite labonne information » , décritMme Faust.

En plus de ces services, desvidéos seront aussi mises enligne. «Nous tournons actuelle-ment des vidéos qui reprennentle contenu des dif férents ar ti-cles d’experts dans le but de lesvulgariser et les rendre accessi-bles à tous », précise Mme Dos-taler. Les sujets sont multiples,des astuces pour la périodedes devoirs aux différentes fa-çons d’apprendre à son enfant

comment contrôler son hyper-activité. «Des fois, le parent n’abesoin que d’une seule astucepour que cela change sa vie »,glisse la directrice.

Ne pas se sentir jugéGraduellement, d’autres ser-

vices vont s’ajouter, comme unespace de discussion en ligne,du clavardage et des vidéocon-férences. « Parfois, les parentssont gênés d’aller poser des ques-tions à l’école parce qu’ils neveulent pas être identifiés, Allo-prof parents va leur permettrede les poser de façon anonymesans se sentir jugés, décritMme Faust. C’est vraiment unlieu où ils peuvent poser desquestions, on ne sait pas dans

quelle école est l’enfant, cela n’apas d’importance. »

Alloprof parents proposeraaussi une ligne téléphonique.« C’est la base d’Alloprof, lecœur », défend la directrice,rappelant qu’il y a 21 ans, leser vice a été lancé à par tird’une simple ligne télépho-nique. « Notre service s’adresseaussi aux parents de milieux al-lophones, issus de l’immigra-tion, le service téléphoniquepeut être plus accessible poureux », ajoute Mme Dostaler.Cette ligne va permettre de di-riger les parents, de les soute-nir et de leur donner des réfé-rences pour connaître les che-mins à suivre. «Un peu commeInfo-Santé, même s’il n’y aura

pas de diagnostics faits au télé-phone», explique-t-elle.

Un renouvellementconstant

Depuis 21 ans, Alloprof sou-tient les élèves dans leur ap-prentissage. Selon l’orga-nisme, la croissance de la de-mande est forte : de 20% à 30%annuellement depuis 15 ans.Près de 400 000 élèves utili-sent chaque année les dif fé-rents services sur une base ré-gulière et, cette année, Allo-prof a réalisé quelque 18 mil-lions d’accompagnements.«Notre croissance suit notre no-toriété, croit Mme Faust. Les en-fants n’ont pas plus de dif ficul-tés, mais on développe des ou-

tils beaucoup plus stimulantspour eux. » Au fil du temps, denombreuses nouveautés sesont ajoutées à la ligne télé-phonique : textos, forums d’en-traide, bibliothèque virtuelle,exercices en ligne, chaînesYouTube… « Nous allons tou-jours dans les environnementsqui sont privilégiés chez lesjeunes», raconte la directrice.

En 2016-2017, parmi les ser-vices d’aide personnalisés né-cessitant une intervention di-recte avec un enseignant, c’estcelui des textos qui a le plusaugmenté, avec une hausse de44 %. Plus de 20 000 accompa-gnements par l’entremise de ceservice ont été effectués. Parailleurs, parmi les services enaccès libre sur le site Web, lesexercices en ligne ont connuune hausse fulgurante de 87%.

« On veut toujours avoir desnouvelles technologies et soute-nir l’attention des jeunes », dé-fend Mme Faust. À cette image,l’année passée, Alloprof a lancéune nouvelle série de vidéosavec animations. Elles durenttoutes moins de quatre mi-nutes pour garder l’attentiondes jeunes, et les animationspermettent une meilleure com-préhension de sujets com-plexes. Pour les deux profes-sionnelles, les vidéos ont unavantage majeur pour lesjeunes : ils en ont le contrôle.Ils peuvent faire pause, avancer,reculer et partager le contenu.Autre nouveauté : le service decyberprofs. Une véritableclasse vir tuelle privée avecéchanges vocaux, clavardage,tableau blanc commun et mo-dule graphique. «On va puiserdans le meilleur de la technolo-gie », assure Mme Faust. Encette période de rentrée, la di-rectrice promet encore de nom-breuses nouveautés.

Alors que les 115 enseignants d’Alloprof feront leur ren-trée le 5 septembre prochain, l’organisme lancera sa nou-velle plateforme destinée aux parents dès novembre. Unobjectif : outiller les parents d’enfants en âge scolaire.

ISTOCK

Chaque année, quelque 7000 parents communiquent avec Alloprof.

Page 3: H Rentrée scolaire - Le Devoir...RENTRÉE SCOLAIRE LE DEVOIR, LES SAMEDI 26 ET DIMANCHE 27 AOÛT 2017 H 3 Le système d’éducation supérieur québécois est envié à tra-vers

R E N T R É E S C O L A I R EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 6 E T D I M A N C H E 2 7 A O Û T 2 0 1 7 H 3

Le système d’éducation supérieur québécois est envié à tra-vers le monde, notamment en raison de son taux élevé dediplomation. Et ce, notent les acteurs du milieu, malgré lescoupes et un système de gestion qui l’ont « fragilisé » cesdernières années.

Vers un nouvel élanen enseignementsupérieur?

C L A U D E L A F L E U R

Collaboration spéciale

B ernard Tremblay cite unreportage de la BBC qui

présentait récemment le Ca-nada comme étant «une super-puissance mondiale en éduca-tion», reportage qui visait toutpar ticulièrement le Québec.«Nous sommes l’endroit au Ca-nada où on trouve le plus de di-plômés post-secondaires », in-dique-t-il. À ses yeux, on est unchef de file en éducation nonseulement au Canada, mais surla scène internationale. « Si leQuébec était un pays, nous fe-rions partie des dix meilleursau monde!», affirme-t-il.

Notre particularité, poursuitM. Tremblay, c’est l’existencedes cégeps, un réseau qu’onne trouve nulle par tailleurs au monde etqui fait l’admiration deplusieurs pays. « Onvient d’un peu partoutpour examiner notresystème», rappelle le p.-d.g. de la Fédérationdes cégeps, le regrou-pement volontaire des48 collèges publics duQuébec.

L’excellence du Qué-bec résulte de la miseen œuvre, il y a cin-quante ans cette année,d’un système d’éduca-tion accessible à tous etsur tout le territoire.« C’est l’arrivée des cé-geps qui a propulsé leQuébec dans la catégo-rie des premiers de classe en ma-tière de possession de diplômespost-secondaires », expliqueM. Tremblay.

Marchandisation de l’éducation

Jean Murdock, secrétairegénéral de la Fédération natio-nale des enseignantes et desenseignants du Québec, af fi-liée à la CSN (CNEES-CSN),est d’accord avec BernardTremblay. Tous deux s’inquiè-tent cependant de ce que, cesdernières années, le réseau del’enseignement supérieur —c’est-à-dire les cégeps et lesuniversités — a été malmené.

«Disons qu’avec les dernièresannées de compressions budgé-taires, les réseaux universi-taires et collégiaux ont été fragi-lisés, résume M. Murdock. Ilssont maintenant extrêmementvulnérables. »

Le représentant syndical dé-plore en fait que, depuis les an-nées 1990, l’enseignement supé-rieur a été transformé par une«gestion managériale» qui vise lamarchandisation de l’éducationselon des notions propres à l’en-treprise privée. «On parle désor-mais de concurrence, de perfor-mance, de redevabilité, fait-il re-marquer. On parle aussi de clien-tèle, d’utilisateur-payeur et deconsommation de services…»

Il déplore ainsi la transfor-mation de nos institutions d’en-seignement afin de répondreavant tout aux besoins du mar-ché plutôt que d’une formationgénérale et citoyenne afin de

répondre aux besoins de la so-ciété. Et ces dernières annéesse sont ajoutées d’importantescompressions budgétaires.

« Comme toute organisation,enchaîne Bernard Tremblay,on souhaite évoluer et progres-ser alors que, lorsqu’il y a despériodes de compressions, onstagne, sinon même on régresse— ce qui est très frustrant. »

Le p.-d.g. de la Fédérationdes cégeps se réjouit bien sûrdes réinvestissements en édu-cation annoncés ces derniersmois. Cependant, souligne-t-il,ceux-ci ne permettent que decouvrir les coûts de système,c’est-à-dire les incontournablesaugmenta t ions des coûtsd’énergie et d’achats de bienset de services. «Cela nous per-met de maintenir les services

que nous avons », in-dique-t-il, ainsi que deréinvestir un peu dansles ser vices aux étu-diants réduits ces der-nières années.

«Il nous faut toutefoisdavantage de conseillersen orientation et de spé-cialistes d’aide au fran-çais, et pour soutenir lesclientèles qui ont des dif-ficultés particulières »,explique M. Tremblay,en ajoutant que ce sontlà des services qui n’ontpas évolué au rythmede l’augmentation desclientèles qui en ont be-soin. M. Tremblay rap-porte d’ailleurs une aug-mentation de 700 % du

nombre d’étudiants qui ont desbesoins particuliers. «Ça prenddes services pour accompagnerces clientèles vers la réussite, dit-il, alors que les augmentations debudget allouées ne permettent quede parer au plus urgent.»

États généraux del’enseignement supérieur

Jean Murdock, de la Fédéra-t ion na t iona le des ense i -gnantes et des enseignants,rappor te qu’en mai derniers’est tenue une première ren-contre entre une douzained’organisations syndicales etétudiantes visant à faire lepoint sur l’état de l’enseigne-ment supérieur. Trois pointsen sont essentiellement res-sortis, indique-t-il.

Premièrement, la néces-sité d’un réinvestissementmassif et surtout prévisible.« L’État doit se réengager entant que maître d’œuvre del’éducation au Québec afind’en assurer une cohérencesur l’ensemble du territoire »,résume M. Murdock.

Deuxièmement, il faut luttercontre la précarisation dans lesréseaux d’enseignement supé-rieur. Le représentant syndicalrapporte que plus de 50 % desprofesseurs enseignant au pre-mier cycle universitaire sontdes chargés de cours, alorsque dans les cégeps, la préca-rité touche 40 % des profes-seurs. «Ça n’a pas de bon sens,tranche-t-il. Il faut mettre un

MICHAËL MONNIER LE DEVOIR

L’excellence du Québec vient notamment de l’accessibilité de son système.

POLITIQUE DE LA RÉUSSITE ÉDUCATIVE

De la parole aux actesLa CSQ et la FSE pressent le ministre de l’Éducation d’agir

É M I L I E C O R R I V E A U

Collaboration spéciale

Se déclinant en trois axes etcomportant sept objectifs

ambitieux, la nouvelle Politiquede la réussite éducative du gou-vernement québécois est lefruit d’une vaste consultationpublique qui a eu lieu à traversla province à l’automne 2016.

Lors de cette dernière, laCSQ et la FSE-CSQ ont cha-cune présenté une série de re-commandations visant à assu-rer la réussite éducative desQuébécois.

Elles ont notamment fait va-loir la nécessité de mettre enplace des politiques socialespermettant d’améliorer lesconditions de vie des jeunes etdes adultes fréquentant le ré-seau scolaire.

Elles ont aussi insisté surl’importance d’offrir aux élèvesune formation de base richeleur permettant de s’épanouir,et ce, dès la petite enfance. Demême, elles ont rappelé la per-tinence d’implanter des me-sures pour soutenir la réussitedes plus vulnérables, accessi-bles tôt dans leur chemine-ment et perdurant aussi long-temps que nécessaires.

Les deux organisations syndi-cales ont également formulé di-verses propositions pour amélio-rer les conditions d’exercice dupersonnel de l’éducation etcontribuer à la valorisation de laprofession enseignante.

En outre, elles ont dénoncéles pratiques qui stimulent laconcurrence entre les établis-sements d’enseignement etdéséquilibrent la compositiondes classes et des écoles.

Des manques significatifsSi la Politique de réussite

éducative déposée en juin tientcompte de plusieurs recom-mandations faites par la CSQet la FSE-CSQ, elle élude com-plètement cer taines d’entreelles pourtant jugées très im-portantes par les deux organi-sations syndicales. Ainsi, bienque ces dernières saluent glo-balement l’initiative du minis-tre de l’Éducation, elles consi-dèrent que celle-ci comportediverses lacunes.

«À nos yeux, ce qui est positif,c’est qu’elle incite à agir tôt et àvoir l’éducation dans une conti-nuité, c’est-à-dire dès la petite en-

fance jusqu’à l’université. Ellemet aussi beaucoup l’accent surles compétences en littératie, cequi nous réjouit, parce que,pour nous, c’est une des condi-tions clés de la réussite scolaire,observe Louise Chabot, prési-dente de la CSQ. Par contre,

elle ne traite pas du tout de lanécessité d’agir sur les condi-tions sociales pour améliorer laréussite éducative, ni du pro-blème de ségrégation scolaire.»

Josée Scalabrini, présidentede la FSE-CSQ, abonde dansle même sens que Mme Cha-

bot : « Toute la question de lagestion axée sur les résultats[GARE] nous préoccupe beau-coup. C’est devenu plus impor-tant de figurer au palmarès deL’Actualité pour la réussite de

Le 21 juin dernier, le gouvernement Couillard lançait sa très attendue Politique de la réussite éducative. Recensant plu-sieurs grands objectifs à atteindre d’ici 2030, mais demeurant vague sur les moyens d’y parvenir, elle n’a que partiellementrépondu aux attentes des différents acteurs syndicaux du réseau de l’éducation. À l’aube de la rentrée scolaire, la Cen-trale des syndicats du Québec (CSQ) et la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) pressent le ministre del’Éducation, Sébastien Proulx, de passer rapidement de la parole aux actes.

La nouvelle politique québé-coise de réussite éducative sedécline en trois axes :L’atteinte du plein potentielde tous.Le déploiement d’un milieu in-clusif, propice au développe-ment, à l’apprentissage et à laréussite.La mobilisation des acteurs et des partenaires pour laréussite.

Elle comporte sept grandsobjectifs à atteindre d’ici2030:Porter à 90% la proportiondes élèves de moins de

20 ans qui obtiennent un pre-mier diplôme ou une pre-mière qualification, et à 85%la proportion de ces élèves ti-tulaires d’un premier diplôme(DES et DEP).Réduire de moitié les écartsde réussite entre différentsgroupes d’élèves.Porter à 90% le taux de réus-site à l’épreuve ministérielled’écriture, langue d’ensei-gnement, de la 4e année duprimaire dans le réseau public.Augmenter de 5 points depourcentage la part de la po-pulation adulte du Québec

qui présente des compé-tences élevées en littératie se-lon les résultats du PEICA de2022.Faire en sorte que tous les bâtiments du parc immo-bilier soient dans un état satisfaisant.Réduire à 10% la proportiond’élèves entrant à 13 ans ouplus au secondaire, dans leréseau public.Porter à 80% la proportiondes enfants qui commencentleur scolarité sans présenterde facteur de vulnérabilitépour leur développement(d’ici 2025).

Zoom sur la politique éducative

IST

OC

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VOIR PAGE H 7 : ACTES

VOIR PAGE H 7 : ÉLAN

BernardTremblay

Jean Murdock

Page 4: H Rentrée scolaire - Le Devoir...RENTRÉE SCOLAIRE LE DEVOIR, LES SAMEDI 26 ET DIMANCHE 27 AOÛT 2017 H 3 Le système d’éducation supérieur québécois est envié à tra-vers

R E N T R É E S C O L A I R EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 6 E T D I M A N C H E 2 7 A O Û T 2 0 1 7H 4

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Le ministre poursuit son énumération desnouveautés pour la rentrée : il y a la centaine denouvelles classes de maternelle 4 ans en milieudéfavorisé, le nouveau cours d’histoire obliga-toire en 3e secondaire, le cours d’éducation fi-nancière, le retour du cours d’éducationsexuelle dans plusieurs écoles, de même quel’ajout d’un bloc de 60 minutes de sports parjour dans les écoles qui ont adhéré au projetForce 4, piloté par Pierre Lavoie.

De plus, la décentralisation fait en sor teque des sommes plus impor tantes sont en-voyées directement dans les écoles plutôtqu’à la commission scolaire, ce qui leur per-met de faire des choix qui leur sont propresen fonction de leurs valeurs et de leurs be-soins, ajoute le ministre.

La majorité de ces changements ont été an-noncés plus tôt cette année et ne découlentdonc pas directement de la nouvelle politique.Mais tout est lié, dans un « ensemble de dé-marches cohérentes », explique le ministre.

Horizon de 14 ansLa politique vise à faire passer le taux de di-

plomation de 74 % à 85 % d’ici 2030. Certains di-ront que c’est encore bien loin… « Je comprendsque, pour beaucoup de gens, on aimerait être ca-pable de connaître et de vivre les résultats main-tenant. Malheureusement, ce n’est pas possible,parce qu’il y a des choses qui doivent se fairedans le temps», se défend le ministre.

« J’ai inscrit l’ensemble des démarches sur unepériode d’à peu près 14 ans, parce que c’est la vied’un enfant de la maternelle à la fin de son se-condaire, précise-t-il. Ça va nous donner un por-trait plus juste de ce que nous avons fait et de ce

que nous devons faire pour avoir une réussitepour tous. »

Au-delà de la diplomation, la Politique vise unapprentissage « tout au long de la vie ». Le mi-nistre part du principe que tout se joue dès lapetite enfance et qu’il faut offrir des services etdu soutien à ceux qui en ont besoin le plus tôtpossible pour assurer « l’égalité des chances».

Il lancera une stratégie sur l’alphabétisationet la francisation, chapeautera des chantiers surla modernisation des encadrements pédago-giques et l’évaluation des apprentissages. Il sepenchera sur la valorisation de la profession en-seignante et l’autonomie professionnelle. Il sou-haite également créer un institut d’excellenceen éducation, réviser le modèle de financementdes élèves handicapés ou en difficulté d’adapta-tion ou d’apprentissage, développer des plansd’action sur la formation professionnelle et lenumérique, etc.

« Je ne peux pas réaliser tout ça en quelquessemaines ou en claquant des doigts, mais ce nesont pas que des vœux pieux, c’est en marche.Et ça va donner des résultats probants dans peude temps. »

Le ministre estime que cer tains dossiers« vont aller très vite », puisque la réflexion estdéjà bien entamée. « On connaît déjà les inten-tions et on connaît aussi pas mal les cheminspour y arriver», résume-t-il.

Égalité des chancesLe ministre parle beaucoup d’égalité des

chances. Pourtant, si la politique ratisse large,elle ne s’intéresse pas à l’écrémage de l’écolepublique vers les écoles à programmes particu-liers ou vers l’école privée, comme cela avaitété défini l’an dernier par le Conseil supérieurde l’éducation.

« C’est vrai que je n’avais pas, dans les pistesd’action, la fin des programmes particuliers. Parcontre, dans les messages publics que j’ai portés,j’ai toujours dit qu’il fallait plus d’égalité,convient le ministre. Je ne pense pas qu’on misedans la bonne direction si on se met à limiter lesaccès à certaines catégories de personnes. Main-tenant, ça ne veut pas dire qu’il faut prendre lesprogrammes qui ont été mis en place par les dif-férentes écoles pour les rendre inspirantes et inté-ressantes et mettre tout ça de côté pour revenircomme avant. Mais il faut s’assurer de ne pastomber de l’autre côté du spectre, c’est-à-dire derendre l’école inéquitable. »

À cet égard, il en convient, « il y a du travail àfaire».

ConfiantSébastien Proulx n’est pas le premier ni cer-

tainement le dernier ministre à proposer un« changement de paradigme» dans le réseau del’éducation pour favoriser la réussite. Mais leministre se dit « extrêmement confiant » et ilcompte bien réussir là où d’autres ont échoué.

Il revient sur la cohérence de sa démarche,évoque les liens qu’il a établis avec d’autres mi-nistères pour que l’éducation soit désormaisvue comme « un continuum », une démarchequi s’inscrit tout au long de la vie.

«Quand je mets tout ça dans la balance, avecles ressources financières disponibles et un plande match bien établi, je suis convaincu qu’on vaêtre en mesure de rehausser le niveau de diplo-mation. On va intéresser les gens à l’école, en im-pliquant leurs parents, l’entourage, la famille etla communauté autour de l’enfant. Si on réussitça, on va arriver à faire ce que d’autres n’ont pasréussi à faire avant. »

Le Devoir

SUITE DE LA PAGE H 1

MINISTRE

Dans la foulée du dévoilement de sa Politique de la réussite éducative, le ministre québé-cois de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Sébastien Proulx, a annoncé le 21 juin dernier lacréation d’une table nationale sur la réussite éducative des élèves autochtones, jeunes etadultes. Censée entamer ses activités au cours de l’automne, cette dernière aura notam-ment pour mandat de concevoir des mesures destinées à accroître la réussite scolaire desInuits et des membres des Premières Nations, en plus de faire en sorte qu’ils puissent at-teindre leur plein potentiel. À l’Association des employés du Nord québécois (AENQ), on at-tend avec impatience le début des travaux, car « les problèmes sont criants», indique sonprésident, Larry Imbeault.

Vers la réussite éducativedes élèves autochtones

É M I L I E C O R R I V E A U

Collaboration spéciale

A f filiée à la Centrale dess y n d i c a t s d u Q u é b e c

(CSQ), l’AENQ est une asso-ciation syndicale présentedans le Nord québécois de-puis 1971. Elle regroupe lepersonnel enseignant et desoutien des commissions sco-laires crie et Kativik, en plusdes travailleurs de Centres dela petite enfance d’Eeyou Ist-chee et d’enseignants de deuxécoles de conseils de bandeattikameks.

À l’automne 2016, lors desconsultations publiques te-nues par le ministère de l’Édu-cation, du Loisir et du Sporten vue d’élaborer une pre-mière politique sur la réussiteéducative, l’AENQ a recom-mandé au gouvernement qué-bécois d’organiser prestementun sommet sur l’éducation enmilieu autochtone afin d’éta-blir un plan d’action concertépour améliorer la persévé-rance scolaire et la réussitedes élèves inuits et des Pre-mières Nations.

Il faut savoir que, sur ceplan, les communautés au-tochtones font face à d’impor-tants défis. Par rapport à l’en-semble des élèves québécois,elles présentent un écar t deréussite préoccupant. En 2009-2010 par exemple, le taux dedécrochage se situait à 85,2 %dans les territoires conven-tionnés (commissions sco-laires crie, Kativik et ÉcoleNaskja), comparativement à17,4 % pour l’ensemble de laprovince. En outre, le taux denon-diplomation chez les Pre-mières Nations atteignait 38 %en 2011.

« Il y a plusieurs facteurs quiexpliquent ça ; c’est un pro-blème qui a différentes causes»,relève le président de l’AENQ.

Un amalgame de facteursAutant d’ordre conjoncturel

que structurel, les sources dedif ficultés vécues par lesélèves inuits et des PremièresNations sont multiples.

D’après l’AENQ, la formalitédu système d’éducation im-posé en contexte autochtoneconstitue l’un des principauxobstacles à la persévérancescolaire des élèves, car celui-cin’est pas bien adapté à leursbesoins éducatifs. Selon elle, ilne valorise que trop peu leuridentité culturelle, et cela setraduit autant dans les ma-n u e l s q u e d a n s l e s p r o -grammes et les calendriers

scolaires. Elle considère égale-ment que l’école n’accorde passuffisamment d’importance àl’apprentissage de la languematernelle et que certains re-lents des pensionnats autoch-tones subsistent toujours.

« S’il ne connaît pas ses ori-gines, c’est-à-dire l’histoire deson peuple, son système de va-l eur s , s e s c ou tumes e t salangue, l’élève n’arrivera ja-mais à une juste perception delui-même, de ses possibilités etde tout son potentiel humain.Les cours qu’il reçoit et, enfait, toute son expérience sco-laire doivent contribuer à ren-forcer l’image qu’il a de lui-même en tant qu’autochtone.Le système scolaire actuelplace les élèves autochtonesdans un milieu culturel quileur est étranger », indiquait

M. Imbeault lors du dépôt dumémoire de l ’AENQ à laconsultation gouvernemen-tale sur la réussite éducative.

Les problèmes socioécono-miques, la pénurie de loge-ments et l’état lamentable deces derniers pèsent égalementlourd dans la balance d’aprèsl’Association.

« Juste au Nunavik, pour unepopulation d’environ 12 000personnes, il manque environ1000 logements, souligne leprésident de l’AENQ. Pour unélève, c’est assez dif ficile d’étu-dier dans tout le brouhahad’une résidence surpeuplée.Ainsi, beaucoup de jeunes évi-tent la maison et traînent dansles rues jusqu’à tard le soir. Lelendemain, ils n’ont pas envied’aller à l’école. Il y en a aussiplusieurs qui ont des problèmesde consommation, que ce soitavec la drogue ou l’alcool. Par-fois, ce sont des membres deleur famille qui ont ces pro-blèmes, qui se répercutent sureux : violence, manque d’enca-drement, de discipline, etc. »

Par ailleurs, l’Associationjuge que l’insuffisance de ser-vices en éducation dans lescommunautés contribue au dé-crochage scolaire, car le fait dedevoir s’expatrier pour menerdes études postsecondaires ouen formation professionnelleen décourage plusieurs.

L’AENQ estime égalementque le sous-financement des

services dans les réserves en-gendre d’importantes consé-quences sur la réussite desélèves. À ce sujet, il faut spé-cifier que le financement del’éducation dans les réservesautochtones est assuré par leministère des Affaires autoch-tones et du Nord Canada,mais que ce dernier ne cou-vre pas le transpor t desélèves, ni le coût d’entretiendes écoles, les changementstechnologiques, les biblio-thèques scolaires, les régimesd’avantages sociaux du per-sonnel de l’éducation et lesactivités parascolaires et deloisirs.

«Mais il n’y a pas que le pro-blème de sous-financement, il ya aussi un manque importantde ressources humaines, notam-ment au niveau du personnel de

soutien spécialisé, re-marque M. Imbeault.Que ce soit dans les ré-serves ou ailleurs auNord, les jeunes sontbeaucoup laissés àeux-mêmes et plu-sieurs tragédies se pro-duisent chaque année.

Le taux de suicide est élevé. Ilfaut vraiment plus de res-sources. Le problème n’est pasréservé au système scolaire,mais est présent dans les com-munautés en général. Il y a unmanque criant de ressources auniveau de l’aide psychologique.»

À cela s’ajoute le taux deroulement élevé du personnelense ignant . Aux yeux del’AENQ, il s’avère probléma-t i q u e , c a r i l f r a g i l i s e l aconfiance des élèves autoch-tones et limite leur engage-ment scolaire.

Une initiative attendueConsciente qu’il y a énormé-

ment à faire, l’Association fondetout de même de larges espoirsdans la création de la table na-tionale sur la réussite éducativedes élèves autochtones.

« L’écar t de réussite éduca-tive, c’est un problème qui duredepuis trop longtemps, souligneM. Imbeault. C’est pour çaqu’on a recommandé au gou-vernement de créer un sommetsur l’éducation en milieu au-tochtone et qu’on est heureuxqu’il ait décidé de créer une ta-ble nationale. Ça va être l’occa-sion de s’asseoir une fois pourtoutes pour trouver des solu-tions, pour se fixer des buts et deprendre les moyens pour les at-teindre. Ça fait des annéesq u ’ o n a t t e n d d e s a c t i o n sconcrètes ; on espère que la ta-ble va donner des résultats. »

NATHAN DENETTE LA PRESSE CANADIENNE

La formalité du système d’éducation imposé en contexte autochtone constitue l’un des principaux obstacles àla persévérance scolaire des élèves, car celui-ci n’est pas bien adapté à leurs besoins éducatifs.

«Le système scolaire actuel place les élèves autochtones dans un milieu culturel qui leur est étranger»

ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR

Sébastien Proulx n’est pas le premier ni le dernierministre à proposer un « changement de paradigme »,mais il compte bien réussir là où d’autres ont échoué.

Ce cahier spécial a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, grâce au soutien des annonceurs qui y figurent. Ces derniers n’ont cependant pas de droit de regard sur les textes. Pour toute informationsur le contenu, vous pouvez contacter Aude Marie Marcoux, directrice des publications spéciales, à [email protected]. Pour vos projets de cahier ou toute autre information au sujet de la publicité,

contacter [email protected].

Page 5: H Rentrée scolaire - Le Devoir...RENTRÉE SCOLAIRE LE DEVOIR, LES SAMEDI 26 ET DIMANCHE 27 AOÛT 2017 H 3 Le système d’éducation supérieur québécois est envié à tra-vers

R E N T R É E S C O L A I R EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 6 E T D I M A N C H E 2 7 A O Û T 2 0 1 7 H 5

Depuis 1999, Academos Cybermentorat met des milliers dejeunes de 14 à 30 ans en contact avec des travailleurs detous horizons. En partageant leur vécu, les mentors aidentles mentorés à choisir le bon métier et leur donnent enviede persévérer.

MENTORAT VIRTUEL ACADEMOS

Donner du sens aux études

FÉDÉRATION AUTONOME DE L’ENSEIGNEMENT

La FAE revendique plus d’autonomie pour ses membres

S T É P H A N E G A G N É

Collaboration spéciale

E n devenant ministre del ’Éducation, Sébastien

Proulx avait promis de remet-tre l’éducation au cœur despriorités du gouvernementCouillard. Or, pour les profes-seurs, la nouvelle politiquen’est pas de bon augure au cha-pitre de l’autonomie profes-sionnelle des enseignants. Aucontraire. « En propo-sant que l’équipe école[qui comprend la direc-tion, les professeurs,les conseillers pédago-giques, etc.] choississeles meilleures approchespédagogiques, on dilueencore plus l’autonomiedes enseignants », af-firme M. Mallette. LaFAE a donc l’impres-sion de ne pas avoir été écou-tée par le ministre et déploreque les professeurs soient lesseuls à n’avoir rien obtenu.

Quelques jours après l’an-nonce de la Po l i t ique , le27 juin dernier, le ministreProulx a rencontré la FAEpour écouter ses doléances. LaFédération en a alors profitépour répéter ses revendica-tions qu’elle considère commenon satisfaites.

Une profession où il y a trop d’ingérence

Pour la FAE, il y a décidé-ment trop de monde qui inter-fère dans le travail des profes-seurs. Les directions d’écoles,les parents (par l’entremisedes conseils d’établissement),le ministère et les commis-sions scolaires. Tous ces gensont leur mot à dire sur la fa-çon dont est dispensé l’ensei-gnement et les approches pé-dagogiques. « Il y a trop de gé-rants d ’es trade », déploreM. Mallette.

Pour tant, les professeursont une obligation de résultat.«On fait des choix à notre placeet, lorsque le personnel ensei-

gnant ne réussit pas à atteindreles objectifs souhaités, on nousblâme, déplore Martin Lauzon,enseignant en histoire à la Po-lyvalente Sainte-Thérèse. Onne donne pas les moyens pourfavoriser la réussite des élèves. »

M. Lauzon trouve la tâcheenseignante trop encadrée. Ildonne des exemples. « Un en-seignant pourrait juger néces-saire d’avoir trois périodes derécupération par semaine pour

sa classe, mais celapourrait être refusé parla direction, qui possèdele dernier mot sur laquestion, dénonce-t-il.Il arrive aussi qu’onnous impose une forma-tion qui ne répond pasà nos besoins lors dejournées pédagogiques,alors que nous pour-rions faire des choses

plus utiles pour notre classe.»L’ingérence provient aussi

des conseils d’établissement,selon Sylvain Mallette. Cer-tains des pouvoirs de ces ins-tances nuisent à l’autonomieprofessionnelle du personnelenseignant, affirme-t-il, notam-ment au chapitre des enjeux denature pédagogique (par exem-ple : projet éducatif, temps al-loué à chaque matière).

Les entraves à l’autonomie

Ces ingérences dans la pra-tique de l’enseignement sontl’une des entraves, recenséespar la FAE, à la plus grande au-tonomie que souhaiterait obte-nir le corps professoral. Parmiles autres, mentionnonsl’alourdissement de la tâche.Un exemple bien connu: on de-mande souvent à l’enseignantd’intégrer dans sa classe desélèves en difficulté d’apprentis-sage sans lui of frir des res-sources supplémentaires pourmener à bien l’opération.

Comme autre entrave, il y ale non-respect du jugementprofessionnel. « Le professeurest le mieux placé pour savoir

ce qui est bon pour ses élèves auchapitre de l’enseignement, af-firme M. Mallette. Pour tant,trop de gens qui ne possèdentpas la compétence inter fèrentdans le programme.»

La bureaucratisation est unautre problème. Dans un docu-ment de la FAE, on mentionneà ce sujet que « l’accroissementde la bureaucratie pédagogiqueaccapare des ressources finan-cières au détriment du soutiendirect aux élèves et aux ensei-gnants qui en expriment le be-soin». On ajoute aussi que « lesmécanismes de reddition decomptes et de la gestion axée surles résultats détournent les com-missions scolaires et les écolesde leur mission d’instruction».

L’absence de balises clairesnuit aussi au travail des ensei-gnants. Ainsi, la Loi sur l’ins-truction publique ne définitpas clairement l’autonomieprofessionnelle des ensei-gnants, déplore le documentd e l a FA E . D e p l u s , e l l econfond les droits individuelset collectifs de l’enseignantavec ses obligations.

Les propositions de la FAE

Pour corriger ces lacunes, laFAE a déjà fait plusieurs pro-positions au ministre. Parmicelles-ci, mentionnons la ré-duction de la bureaucratie pé-dagogique au sein des com-missions scolaires, la recon-naissance du personnel ensei-

gnant comme premier expertde la pédagogie et la nécessitéde donner au corps professo-ral une réelle autonomie en luilaissant choisir notamment sesmodalités d’intervention, sesapproches pédagogiques etson matériel didactique.

Trop d’accent sur les cibles de réussite

Outre le problème de manqued’autonomie, le professeur Lau-zon croit aussi que la nouvellepolitique du ministre Proulx met

trop l’accent sur l’atteinte de ci-bles de réussite scolaire. «On ahaussé ces cibles sans mettre enplace des moyens qui permet-traient aux enseignants de les at-teindre», déplore-t-il.

Un de ces moyens concernele réinvestissement annoncédans le secteur de l’éducation,bien inférieur aux compres-sions des dernières années.En mars 2017, le gouverne-ment Couillard annonçait uneinjection de 270 millions dedollars en éducation, alors

que des coupes évaluées à unmilliard de dollars ont étéfaites au cours des cinq der-nières années.

Un chantier encore flouEn attendant le jour où le

personnel enseignant pourraespérer une plus grande auto-nomie, le ministre Proulx pré-voit donc un chantier. « Or, cechantier, on ne sait toujourspas quand il sera amorcé, niquelle sera sa composition», dé-plore Sylvain Mallette.

Le ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Sébastien Proulx, avait créé beaucoup d’at-tentes chez les professeurs en lançant une consultation publique sur le système d’éduca-tion, en septembre 2016. Or, la Politique de la réussite éducative, résultat de l’exercice, dé-voilée en juin dernier, a grandement déçu la Fédération autonome de l’enseignement (FAE),qui revendique depuis des années plus d’autonomie pour ses 32 000 membres. «La poli-tique ne contient aucune mesure concrète à ce sujet, déplore Sylvain Mallette, président dela FAE. On nous annonce un chantier pour discuter de la question. Encore une consultation.»

ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR

Outre le problème de manque d’autonomie, certains professeurs croient que la nouvelle politique du ministreProulx met trop l’accent sur l’atteinte de cibles de réussite scolaire.

depuis 50 ans !

SylvainMallette

J E A N - F R A N Ç O I S V E N N E

Collaboration spéciale

E n 2010, Kharoll-Ann Souf-f ran t é tud ie au cégep

Ahuntsic en techniques d’in-ter vention en délinquance.Elle se questionne. Devrait-elle poursuivre ses études àl’université ? Si oui, que choisirparmi les nombreuxprogrammes de forma-tion en relation d’aide?C’est alors qu’elle dé-couvre et essaie Acade-mos, un service de cy-bermentorat.

«J’ai vraiment appré-cié l’expérience, se remé-more-t-elle. J’ai échangéavec plusieurs profession-nels et mieux compris ceque les différentes carrières en re-lation d’aide représentaient auquotidien. Cela m’a grandementmotivée à poursuivre mes étudeset à sélectionner le bon pro-gramme.»

Le service lui plaît tellementqu’elle devient à son tour men-tore en 2013. À ce jour, nousconfirme Academos, elle aéchangé environ 200 mes-sages avec des mentorés. Latravailleuse sociale prend letemps de bien expliquer sonmétier aux jeunes, lesquels lecomprennent souvent mal oule craignent. « Ils demandentfréquemment comment on sup-por te la charge émotive d’un

travail auprès de gens vivant degrandes dif ficultés et aussi àquoi ressemble une journée ty-pique dans ce métier », résumeKharoll-Ann Souffrant.

Mentors recherchés«Academos offre du mentorat

vocationnel, explique la prési-dente fondatrice Catherine Lé-

garé. Le services’oriente vers le choix decarrière et l’entrée surle marché du travail. Jele compare souvent àun premier réseau pro-fessionnel, juste avantLinkedIn. »

Il ne s’agit pas des e s u b s t i t u e r a u xconseillers en orienta-tion, par exemple. Les

mentors d’Academos par ta-gent simplement leur expé-rience quotidienne du travailet répondent aux questionsdes jeunes de 14 à 30 ans. Au30 juin 2016, les quelque56 000 jeunes inscrits à la pla-teforme pouvaient accéder à2293 mentors. L’organisme arecensé 14 783 jumelages en-tre mentorés et mentors en2016.

Les mentors occupent despostes très variés, de menui-sier ou ambulancier à spécia-liste de la balistique pour uncorps policier ou professeur à

VOIR PAGE H 6 : ÉTUDES

Kharoll-AnnSouffrant

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R E N T R É E S C O L A I R EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 6 E T D I M A N C H E 2 7 A O Û T 2 0 1 7H 6

l ’ un ivers i té . En p lus deséchanges virtuels, la plateformeAcademos comprend des mil-liers de groupes de discussion.L’organisme propose aussi, de-puis février 2017, des stagesd’un jour avec un mentor.

Le grand défi reste le recru-tement. En 2016 seule-m e n t , 1 6 1 0 8 n o u -veaux jeunes se sontinscrits. Academos està la recherche de plusde 500 nouveaux men-tors pour répondre àla demande en 2017.« Les gens pensent sou-vent qu’il faut être unexper t ou occuper untravail hors de l’ordi-naire pour devenir mentor, dé-plore Catherine Légaré. Nousrecherchons seulement des gensqui aiment leur travail et sou-haitent dialoguer avec desjeunes. »

Virage technoC’est dans le cadre de sa

thèse de doctorat en psycholo-gie, entreprise à la fin des an-nées 1990 à l’UQAM, que Ca-therine Légaré développe etlance Academos. Le cœur duprojet demeure celui des dé-buts en 1999: créer un lien vir-tuel entre des mentors et desjeunes. Mais l’évolution des

technologies de l’informationbouscule la livraison de service.

En 2014, Academos effectueun premier virage avec une re-fonte de la plateforme, trans-formée en réel réseau social.Puis, en 2016, l ’organismelance des applications pour té-l é p h o n e s e t t a b l e t t e s . I lcherche ainsi à s’adapter auxhabitudes de communicationdes jeunes et atteint largementson objectif. Déjà, la moitiédes accès à Academos pro-

vient d’appareils mo-biles et la proportionne cesse de grimper.Cela ne va pas sansconséquence pour leséchanges entre men-tors et mentorés. Audépar t, ces derniersenvoyaient un mes-sage au mentor, lequelpouvait répondre lon-guement, un peu à la

manière d ’un échange decour riels. Dorénavant, lescommunications raccourcis-sent et deviennent plus sponta-nées, sur le modèle des mes-sageries instantanées.

Academos met aussi Face-book Live à contribution, pourdes événements ponctuels. Enfévrier 2017, quelques se-maines avant la date limitepour s’inscrire au cégep, FredBastien, figure connue desjeunes, animait un événementsur le choix de carrière. Avecses témoignages d’adultes etses questions en direct avecdes experts, l’événement a été

une réussite. Jusqu’à mainte-nant, il a été vu 20 000 fois.L’expérience sera reconduiteen octobre 2017.

« Depuis nos débuts, plu-sieurs recherches universitairesont montré le lien entre ce typede mentorat et la motivationscolaire, rappelle CatherineLégaré. Avoir une idée plusclaire du métier que l’on occu-pera plus tard inspire et donneenvie de rester à l’école. Celaprocure du sens aux études etaux apprentissages .L’élève sait pourquoi ilest là. »

Les multiplesvisages du mentorat

La professeure encommunication socialede l’UQAM, NathalieLafranchise, supervisele programme court de2e cycle en mentorat. Elle croitfermement que le mentorat,qu’il soit vir tuel ou en per-sonne, peut contribuer à favo-riser la réussite scolaire. « Lesrelations interpersonnelles oc-cupent une place impor tantedans la réussite ou l’échec édu-catif, particulièrement à l’ado-lescence, explique-t-elle. Lementor provient de l’extérieur.Il n’est pas un parent, un ami,un professeur ou un interve-nant. Son regard neuf peutfaire du bien à un jeune, no-tamment s’il a des dif ficultés àl’école. Le mentor peut dévelop-per une influence très positive. »

Car le mentorat n’est pas quevocationnel. Il peut aussi êtrepsychosocial. Utilisé pour aiderles élèves à risque, le mentoratpsychosocial vise à renforcerdes facteurs contribuant à lapersévérance scolaire, commel’estime de soi, l’affirmation desoi, la personnalité, etc. Il peuts’ef fectuer en individuel oudans de petits groupes de six àhuit personnes. Il s’agit d’unmentorat en face à face, pluscomplexe à implanter que le

mentorat virtuel. Il fautqu’il y ait des affinitésentre le mentoré et lementor.

Ce dernier doit ac-cepter de consacrerplus de temps et decréer une relation plusintense avec le jeunequ’en cybermentorat.Le programme of fer tpar les Grands Frères

et Grandes Sœurs du GrandMontréal, par exemple, de-mande aux mentors de luiconsacrer 1 h par semaine pen-dant toute l’année scolaire.Mais le jeu en vaut la chandelle.Selon l’organisme, 88 % desmentorés de niveau primaire etsecondaire ont amélioré leurcompétence en alphabétisationet 64 % leur estime de soi enparticipant au programme.

« Le mentor devient uneinspiration pour le jeune etun soutien-clé dans ses ef fortsde persévérance et de réussiteà l’école », conclut NathalieLafranchise.

SUITE DE LA PAGE H 5

ÉTUDES

ISTOCK

On trouve « des parents qui sont de plus en plus éveillés à ce qui se passe. Pour eux, l’image de l’école évolue. Il est important d’encourager cette attitude et de les accompagner dans cette démarche », déclare Gérald Boutin,professeur associé au Département d’éducation de l’UQAM, qui ajoute que « dans le programme de formation des enseignants, on n’aborde que très peu les moyens d’établir ce lien parent-enseignant ».

Autrefois bien déterminée, la répartitiondes rôles des enseignants, des parents etdes élèves est aujourd’hui bouleversée.Même si des tensions existent au sein deces trois groupes, il serait malheureux de nepas miser sur ce trio gagnant.

M A R I E - H É L È N E A L A R I E

Collaboration spéciale

S i les enfants ressentent une certaine nervo-sité à quelques jours de la rentrée, il en va

de même pour certains parents qui n’avaientpas remis les pieds dans une école primaire de-puis leur enfance. De plus en plus, on voit l’im-plication des parents comme un grand avantageà la réussite scolaire. Mais comme les tout-pe-tits, ils doivent eux aussi apprivoiser l’environ-nement de l’école et le nouveau rôle qui leur estimparti entre l’enseignant et leur enfant.

« L’éducation de l’enfant, son développementphysique, af fectif, cognitif et social ne sauraitêtre segmenté : il s’agit d’un tout. Commentalors établir des cloisons étanches entre la fa-mille, l’école et la société tout en tenant comptedes spécificités de chacune de ces instances ?Toute entreprise de ce genre est vouée al’échec », affirme Gérald Boutin, professeur as-s o c i é a u D é p a r t e m e n t d ’ é d u c a t i o n d el’UQAM. Pourtant encore aujourd’hui, deuxconceptions s’affrontent ; une première très at-

tachée à l’école traditionnelle et une autre enmutation. « Ces pensées ont un impact sur la re-lation enseignant-élève ainsi que sur celle duparent et de l’école », ajoute-t-il.

Toutefois, Gérald Boutin déplore quel’école devienne de plus en plus « mar-chande et compétitive, des facteurs quimarquent la relation parent-enseignantet, par ricochet, l’élève. Ce sont des li-mites énormes. » Sans vouloir revenir àl’école d’autrefois, Gérald Boutin sou-haiterait une école critique de ce quise passe actuellement et non pas « uni-quement axée sur les résultats. Ça nousempêche de tenir compte du processusd’apprentissage ».

Par ailleurs, on assiste aujourd’hui à une ten-dance importante où la collaboration est pri-mordiale et doit s’établir dès la première annéed’école afin d’envoyer des signaux positifs auxparents. Si cer tains parents souhaitent uneécole parfaite, à l’autre bout du spectre il en

existe d’autres qui ont abdiqué. Mais au cen-tre, on trouve « des parents qui sont de plus enplus éveillés à ce qui se passe. Pour eux, l’imagede l’école évolue. Il est important d’encouragercette attitude et les accompagner dans cette dé-

marche », déclare le professeur, quiajoute que « dans le programme de for-mation des enseignants, on n’aborde quetrès peu les moyens d’établir ce lien pa-rent-enseignant ».

L’enjeu de la communication« De plus en plus, les parents souhai-

tent communiquer avec l’école, mais en-core faut-il que ces canaux de communi-cation existent », regrette Gérald Boutin.

De plus, très souvent la communication parent-enseignant doit nécessairement passer par l’en-fant, qui devient alors le messager. Ce rôlepourrait être enrichi afin d’amener l’élève àconstruire des passerelles entre son milieu fa-milial et ses apprentissages scolaires, à

construire sa réussite scolaire… La communi-cation ne peut consister qu’en une convocationà une rencontre de parents : «La remise des bul-letins est très stressante pour les parents. Il fau-drait qu’ils puissent se rendre à l’école non passeulement pour entendre ce qu’on va leur diresur leur enfant. Il faudrait développer un autrediscours, et c’est ce qu’on commence à faire», ra-conte le professeur.

Autant que les parents, les enfants ont euxaussi besoin de soutien. «Pour y arriver, il fautprendre le temps de les écouter et bien leur fairesavoir ce qu’on attend d’eux ; pas trop, mais paspeu non plus. » On doit être en mesure de re-mettre l’enfant au centre de notre fameux trio,l’aider à se développer, faire en sorte qu’il de-vienne une personne responsable qui va plustard trouver du travail et non pas l’inverse en leformant pour qu’il puisse entrer sur le marchédu travail pour, seulement plus tard, évoluer entant que personne. Gérald Boutin précise :« L’enfant doit être au centre du projet éducatifpour montrer l’intérêt que nous lui portons etnon pas pour l’accabler de ce qu’il n’est pas enmesure d’accomplir. »

En terminant, Gérald Boutin suggère ceciaux parents lors de leur première journée : « Ilfaut d’abord démystifier l’école et ensuite se ren-dre compte que notre enfant nous observe ; alors,si comme parent nous stressons, notre enfantnous imitera. Il faut aussi profiter de cette pre-mière rencontre pour établir le contact avec l’en-seignant… C’est un apprivoisement mutuel. »

Le trio enseignant-élève-parent dans l’éducation

CatherineLégaré

ACADEMOS

Les mentors d’Academos partagent simplement leur expériencequotidienne du travail et répondent aux questions des jeunes de 14 à30 ans.

NathalieLafranchise

De plus en plus, les parents souhaitent communiquer avec l’école, mais encore faut-il que ces canaux de communication existentGérald Boutin, professeur associé au Département d’éducation de l’UQAM

«»

Gérald Boutin

Page 7: H Rentrée scolaire - Le Devoir...RENTRÉE SCOLAIRE LE DEVOIR, LES SAMEDI 26 ET DIMANCHE 27 AOÛT 2017 H 3 Le système d’éducation supérieur québécois est envié à tra-vers

R E N T R É E S C O L A I R EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 6 E T D I M A N C H E 2 7 A O Û T 2 0 1 7 H 7

nos élèves et celle de notre écoleque d’atteindre la réussite réelledes élèves. Ça, dans la poli-tique, on n’en parle pas ! »

Elle déplore aussi l ’ab-sence de deux autreséléments clés : « Onavait demandé qu’il yait un temps mini-mum prescrit pourchaque matière qui fi-gure au programme.Ça n’est pas dans lapolitique. On avaitaussi demandé qu’ons’attaque à la questionde la composition desclasses, qui est une préoccupa-tion très impor tante depuisquelques années. Ça n’y estpas non plus ! »

Des mesures trop vaguesMme Chabot et Mme Scala-

brini estiment également quela Politique de la réussite édu-

cative demeure trop vague surles mesures concrètes à adop-ter pour atteindre les objectifsambitieux qu’elle fixe.

«On trouve dans la politiquebeaucoup de références à des co-mités de réflexion, mais très peude concret, note la présidentede la FSE-CSQ. Il aurait fallu yinscrire des directives plus

claires et plusconcrètes surp l u s i e u r splans.»

« Les besoinsen éducationson t c r ian t s ,ajoute Mme Cha-bot. Le gouver-nement a coupéprès d’un mil-liard au cours

des dernières années et ça a eudes effets considérables sur le ré-seau de l’éducation. Oui, le gou-vernement a annoncé des inves-tissements et l’ajout de res-sources, sauf que ça ne viendramême pas combler le déficit queles politiques d’austérité ont créé.C’est bien beau de définir de

grandes orientations et de sefixer des objectifs, mais encorefaut-il se donner les moyens deles atteindre. Là, il est temps quele gouvernement agisse.»

Considérant l’imminence desélections provinciales, les pré-sidentes de la CSQ et de laFSE-CSQ craignent que les ré-cents engagements pris par

le gouvernement qué-béco i s ne s’avèrentque des promessesélectoralistes.

« On est à un an desé l e c t i on s , r a p p e l l eLouise Chabot. J’espèreque tout ça ne sera paséphémère et que la vo-lonté qui est inscritedans cet te poli t iquesaura trouver écho. »

« On connaît maintenantune por tion du programmeélectoral du Parti libéral, re-lève pour sa par t Mme Scala-brini. Si le gouvernement sou-haite vraiment faire de l’édu-cation une priorité, il va fal-loir qu’il passe de la paroleaux actes. »

SUITE DE LA PAGE H 3

ACTES

terme à la précarité !»Troisièmement, il faut briser

la tendance actuelle consistantà considérer les établissementsd’enseignement comme desentreprises privées et revenir àun système d’éducation en tant

que service public accessible àtous. « Le système d’éducationest en train de connaître unegrave dérive vers la marchandi-sation», déplore M. Murdock.

Pour sa part, Bernard Trem-blay considère que le principaldéfi du Québec en matièred’éducation est de développerune culture de la formationcontinue. «On parle d’une qua-trième révolution industrielle

— celle du numérique — et ilest essentiel qu’on perçoive laformation comme quelquechose qui se poursuit tout aulong de la vie», explique-t-il.

S’il est fondamental d’obtenirun diplôme d’études, poursuitM. Tremblay, il faut aussi quetous prennent conscience de lanécessité d’une formation conti-nue. «Il y va de la santé écono-mique du Québec!» lance-t-il.

SUITE DE LA PAGE H 3

ÉLAN

Louise Chabot

JoséeScalabrini

M A R I LY S E H A M E L I N

Collaboration spéciale

P as un, mais bien deux orga-nismes québécois ont re-

censé ces dernières annéesl’abondante littérature scienti-fique existante à propos desstéréotypes sexistes en milieuscolaire.

D’abord, le Réseau réussiteMontréal, un regroupement pi-loté conjointement par trente-trois organismes, dont les cinqcommissions scolaires de l’îlede Montréal, l’UQAM, l’Uni-versité McGill et la Fédérationautonome de l’enseignement,a publié au printemps 2016Persévérer dans l’égalité. Guidesur l’égalité filles-garçons et lapersévérance scolaire.

Ce guide nous apprend no-tamment que «les parcours de dé-crochage et de raccrochage sontinfluencés par une socialisationdifférente des filles et des garçons»et que «les élèves qui adhèrent leplus aux stéréotypes sexuels sontceux qui décrochent le plus».

Quelques mois plus tard, leConseil du statut de la femmepubliait à son tour un Avis offi-ciel au gouvernement du Qué-bec intitulé tout simplementL’égalité entre les sexes en mi-lieu scolaire.

Extrêmement documentés,les deux rapports s’appuientsur de nombreuses recherches.Voici donc quelques conseilspour une rentrée égalitaire.

Prendre conscience de ses propres préjugés

Si enseigner est une voca-tion exigeante, rendue encoreplus dif ficile par les nom-breuses compressions ré-centes et moins récentes dansle milieu de l’enseignement, ils’agit aussi d’un métier fasci-nant. Celles et ceux le prati-quant ont la chance de chan-ger la vie de certains jeunes,de les influencer individuelle-ment et, plus globalement, defaire une énorme dif férencepour les générations futures.

Or, selon un sondage menépar le Conseil du statut de lafemme et cité dans son avispar u l’an dernier, 76 % ducorps enseignant québécoisestime que les garçons préfè-rent naturellement les activi-tés mobilisant les habiletéstechniques et mathématiquestandis que 73 % sont convain-cus que les filles sont plus ap-

pliquées et disciplinées. Enfin,70 % sont d’avis que les fillesréussissent mieux que les gar-çons en français.

Évidemment, ce sont là desstéréotypes de genre, quiconsistent en l’attribution derôles, de comportements ou decaractéristiques à des per-sonnes en fonction de leur sexe,sans égard à leur individualité.Or ces stéréotypes «entraventle libre développement des indivi-dus », peut-on lire dans le rap-port du Réseau réussite Mont-réal, qui ajoute que le fait de«diminuer l’adhésion aux stéréo-types sexuels et sexistes, c’est pro-mouvoir des rapports plus égali-taires, favoriser le plein potentieldes jeunes et la réussite».

Ainsi, à titre d’enseignant, ilimporte d’abord et avant toutde prendre conscience de sespropres préjugés, par fois in-conscients, pour ensuite mieuxles terrasser.

Déconstruire les stéréotypes sexuels

Les recherches internatio-nales citées par le Regroupe-ment tendent à démontrer queles chances de réussite sco-laire s’améliorent lorsque lesjeunes cessent d’adhérer auxstéréotypes sexuels.

« Les normes sociales amè-nent des garçons à être moinsengagés à l’école : une culturedu jeu très présente, la trans-gression perçue comme virile,la forte préoccupation de s’affir-mer par rappor t aux pairs etaux filles. Des recherches ré-centes montrent que les troublesde comportement et d’apprentis-sage des garçons à l’école sonten lien avec la construction deleur identité masculine. »

Autrement dit, il impor ted’en parler, d’échanger et dedéconstruire ce clivage entrece qui est considéré comme fé-minin ou masculin, que ce soitdes activités, des centres d’in-térêt, des comportements oumême des matières scolaires.

À ce titre, l’auteur québécoisSteve Gagnon a publié un es-sai toujours d’actualité intituléJe serai un territoire fier et tudéposeras tes meubles. Pour-quoi ne pas en lire des extraitsen classe avec les élèves du ni-veau secondaire?

Pour les plus jeunes, le Ré-seau recommande d’encoura-ger les jeux réunissant lesfilles et les garçons, de faire la

promotion d’activités mixtesnon compétitives, de mêmeque de présenter des modèlesde femmes et d’hommes quisortent des rôles stéréotypés.

Aider les filles à avoirconfiance en elles

Le système scolaire étantainsi fait, les élèves obtenantles meilleures notes sont lesplus valorisés et récompensés.Chez plusieurs jeunes, et plusparticulièrement les filles, celainduit l’idée que tout travailsera récompensé à sa juste va-leur, qu’il suffit d’y mettre lesef for ts nécessaires. Or unetout autre réalité les attend surle marché du travail, où le faitde travailler for t n’est qu’undes facteurs de réussite, à l’ins-tar de la capacité à se vendre,se signaler, de même qu’unecertaine dose d’audace et deleadership, notamment.

Mais comment bien se ven-dre lorsque la confiance n’estpas au rendez-vous ? Le rap-p o r t d u R é s e a u r é u s s i t eMontréal nous apprend que« 24 % des filles ont un niveaufaible d’estime de soi contre14 % des garçons ».

Il s’agit donc ici de mettreen sourdine le concept de laméritocratie. À titre d’ensei-gnant, s’il demeure essentielde valoriser la réussite et lapersévérance scolaire, il im-porte tout autant de veiller às t i m u l e r l ’ e s t i m e e t l aconfiance en soi des élèves,plus particulièrement chez lesfilles, en organisant des activi-tés stimulant leur autonomieet leur esprit d’initiative.

«Les garçons sont turbulents.» «Les filles sont studieuses.»« Les garçons sont doués pour les mathématiques. » « Lesfilles sont bonnes en français. » Qui n’a jamais entendu cegenre d’affirmations ? Les stéréotypes sexuels ont la viedure et influent — consciemment ou non — sur les interac-tions entre le personnel enseignant et les élèves. Malheu-reusement, cela nuit au développement du plein potentielde ces derniers. Pire, ces attitudes peuvent parfois contri-buer au décrochage scolaire. Comment y remédier? Suivezle guide!

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ANNIK MH DE CARUFEL LE DEVOIR

Pour les plus jeunes, le Réseau recommande d’encourager les jeux réunissant les filles et les garçons, de faire la promotion d’activités mixtes noncompétitives, de même que de présenter des modèles de femmes et d’hommes qui sortent des rôles stéréotypés.

Les normes sociales amènent des garçons à être moinsengagés à l’école : une culture du jeu très présente, la transgression perçue comme virile, la forte préoccupationde s’affirmer par rapport aux pairs et aux filles. Des recherches récentes montrent que les troubles de comportement et d’apprentissage des garçons à l’écolesont en lien avec la construction de leur identité masculine.Persévérer dans l’égalité. Guide sur l’égalité filles-garçons et la persévérance scolaire

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Page 8: H Rentrée scolaire - Le Devoir...RENTRÉE SCOLAIRE LE DEVOIR, LES SAMEDI 26 ET DIMANCHE 27 AOÛT 2017 H 3 Le système d’éducation supérieur québécois est envié à tra-vers

R E N T R É E S C O L A I R EL E D E V O I R , L E S S A M E D I 2 6 E T D I M A N C H E 2 7 A O Û T 2 0 1 7H 8

LES ÉLÈVES NE SONT PAS TOUS PAREILS

PASSONS DE LA PAROLE AUX ACTES

Une approche plus humaine de l’éducation est essentielle. Au-delà des statistiques, il faut penser réussite éducative. Le gouvernement

doit soutenir par des moyens concrets les élèves et le personnel.

P I E R R E V A L L É E

Collaboration spéciale

C es dernières années, le sort des commis-sions scolaires a été plutôt incertain ; d’au-

cuns allant jusqu’à proposer leur abolition. Maisrécemment, le ministre de l’Éducation, Sébas-tien Proulx, a tranché : les commissions sco-laires demeureront. Cette épée de Damoclèsmaintenant levée est certes un soulagement,mais cela n’est pas pour autant une permissionpour que cette institution, qui célèbre cette an-née ses 70 ans, reprenne le ronron d’antan.

«Nous n’avons pas lâché un très gros ouf de sou-lagement, souligne André Fortier, président nou-vellement élu de la Fédération des commissionsscolaires du Québec (FCSQ). Les interrogationssoulevées lors de cette remise en question nous ontinterpellés sérieusement et nous en prenons acte.Le gouvernement a choisi de nous faire confiance;

à nous maintenant de lui démon-trer qu’il a fait le bon choix.»

Mieux faire connaître les commissaires

L’une des critiques que l’onadresse souvent aux commis-sions scolaires est le déficit dé-mocratique qui les sous-tendent— seulement 5 % des électeursse présentent aux urnes —,

preuve aux yeux des détracteurs que le rôle ducommissaire scolaire indiffère une grande par-tie de la population.

« Il faut moderniser le rôle du commissaire sco-laire, soutient M. Fortier. Le premier défi est deprendre les moyens pour mieux le faire connaî-tre. Il faut le rapprocher du citoyen et faire ensorte qu’il devienne aussi accessible que l’est ledéputé ou le conseiller municipal. Il faut que lecitoyen perçoive le commissaire scolaire commeun acteur important de sa communauté. »

Une meilleure compréhension du rôle du com-missaire scolaire et un rapprochement avec le ci-toyen est certes un pas dans la bonne direction,mais est-ce suffisant pour combler le déficit élec-toral? D’autres mesures ne sont-elles pas néces-saires, comme celle de tenir les élections sco-laires le même jour que pour les élections muni-cipales? «Par le passé, lorsqu’on a pu tenir une

élection scolaire en même temps qu’une électionmunicipale, par exemple, lors d’une élection par-tielle, on a vu le taux de participation augmenter.C’est donc une mesure que la Fédération soutient.»

Mais même avec la mise en place de cettemesure, pourquoi un citoyen qui n’a pas d’en-fants à l’école devrait-il s’intéresser à l’éduca-tion ? André Fortier avance cette réponse. « Il

faut remettre en avant le principe que, dansune société comme la nôtre, l’école appartientaux citoyens. Aujourd’hui, les enfants qui fré-quentent l’école de votre quar tier seront de-main peut-être votre médecin ou votre plom-bier, et ce, que vous ayez des enfants ou non.N’est-ce donc pas dans l’intérêt de tout citoyende s’assurer que tous les enfants reçoivent lameilleure éducation possible ? »

Moderniser le fonctionnementAndré Fortier entend aussi moderniser le

fonctionnement des commissions scolaires. Ildonne en exemple le nouveau comité de répar-tition des ressources, une mesure contenuedans la Politique de la réussite éducative duministre Proulx. « Présentement, la répartitiondes ressources parmi les écoles d’une commis-sion scolaire est uniforme, mais elle est aussiinéquitable. » Il donne en exemple l’aide auxdevoirs. « Il y a de fortes chances qu’une écoleen milieu favorisé nécessite moins de ressourcesen aide aux devoirs qu’une école située en mi-lieu défavorisé. La répartition des ressources de-vrait tenir compte de cette réalité. Mais pour cefaire, il faut accorder davantage d’autonomieaux décideurs locaux, ici les directeurs d’école,et accepter le principe qu’un directeur d’écoleest aussi responsable des autres écoles de sacommission scolaire. »

Politique de la réussite éducativeLa FCSQ a accueilli favorablement la Poli-

tique de la réussite éducative. « C’est un docu-ment mobilisateur et fédérateur », avance AndréFor tier. Deux principes, souhaités par laFCSQ, et qui se retrouvent aujourd’hui dans laPolitique de réussite éducative, justifient à sesyeux l’appui de la FCSQ. « La Politique de laréussite éducative permet la mise en place d’unemultitude de moyens adaptés aux dif férents mi-lieux. Les acteurs locaux ont plus d’autonomieet la prise de décision se rapproche de ceux quisavent faire l’école. » Le fait que la Politique dela réussite éducative s’étend sur une périodede 15 ans est le second principe. « De cette fa-çon, la Politique de la réussite éducative va au-delà des modes spontanées qui apparaissent enéducation. L’horizon de 15 ans permet d’assurerune certaine pérennité. »

COMMISSIONS SCOLAIRES

Un nouveau souffleLe nouveau président entend moderniser les pratiques

JACQUES NADEAU LE DEVOIR

L’une des critiques que l’on adresse souvent aux commissions scolaires est le déficit démocratique qui les sous-tend — seulement 5 % des électeurs se présentent aux urnes —, preuve aux yeux des détracteurs que le rôledu commissaire scolaire indiffère une grande partie de la population.André Fortier

Les enfants qui fréquentent l’école de votre quartier serontdemain peut-être votre médecin ou votre plombier, et ce, que vous ayez des enfants ou non. N’est-ce donc pas dansl’intérêt de tout citoyen de s’assurer que tous les enfantsreçoivent la meilleure éducation possible ?André Fortier, président de la Fédération des commissions scolaires du Québec

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