Harish Boodhoo : Une frayeur dans les yeux des Mauriciens

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  • 7/28/2019 Harish Boodhoo : Une frayeur dans les yeux des Mauriciens

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    Interview

    06No 109 03 MARS 2012

    CAMBRIOLAGE PLAINE DES PAPAYES

    Une femme ge de 70 ans, habitant rue Tagore, Morcellement St

    Andr sest fait cambriole alors quelle sjournait chez sa fille

    Congomah. Ce nest qu son retour quelle dcouvrit la porte force

    son domicile et le vol de tous ses bijoux dune valeur totale Rs50,000 .

    Elle souponnerait son propre fils.

    Harish Boodhoo, vousdnoncez rgulirement uncertain nombre daffaires.Pensez-vous que vos dnoncia-tions vont apporter des amlio-rations ?

    Dans un pays, sil ny a pas deprotestation, si les gens nednoncent pas, quand ilsnosent pas ouvrir la bouche,quils ont peur de parler, a veutdire que cest la dictature. Laprotestation a un rle impor-tant, cela informe les dirigeantssur ltat du pays. Et cest le tra-vail des bons samaritains.

    Vous vous dfinissez commeun bon Samaritain ?

    Je me dfinis comme un tra-vailleur social. Je ne fais pas depolitique. Si un rgime touffela protestation, cest dangereux.Le pays devient comme unebouilloire qui chauffe de lin-trieur, na p na ene simen sorti,comme La Runion, et arisque dclater.

    Vous dnoncez les poli-tiques, et pourtant vous con-

    sidrez que votre action nestpas politique ?Mon action nest pas poli-

    tique du tout. Moi je dnonceles maux de la socit : lesfraudes, la corruption.

    Vous aussi, vous avez t augouvernement.

    Alors, parce que jai t augouvernement avant, a veutdire que maintenant toutes lesactions que je fais, mme quandjternue, cest politique ? Re-marquez bien que quand lesautres ne dnoncent pas, ceuxqui auraient d le faire, par ex-emple, pour le Sales by levy, etbien moi, mo fine bizin pran saflambeau-l.

    Harish Boodhoo, avez-vousdes aspirations de retour enpolitique ?

    Ce nest pas ncessaire pourmoi de retourner en politique,et ce nest mme pas ncessairedtre politicien pour faire le tra-vail. Aprs tout, on trouve beau-coup de travailleurs sociaux,comme Salim Muthy, comme

    Eddy Sadien, comme tantdautres, quand lOpposition nefait pas son travail, ils descen-dent dans la rue pour protester.Pas besoin de regarder le nom-bre de personnes qui est aveceux. Eux au moins, ils en ont lecourage.

    En ce qui concerne mes pro-pres actions, prenez le Sales bylevy, jai fait la grve de la faim,et la loi est passe. Vous avezdj vu un politicien dormir surle coaltar avec ces pauvres gens ?Je pense que je suis plus fort,plus efficace quand je suis en de-hors de la politique. Et mme,je me sens plus laise.

    Et que pensez-vous desmouvements de mobilisationquon voit se lever en ce mo-ment ?

    Malheureusement, ce sontdes petites gouttes deau. Ilfaudrait que ces petites gouttesdeviennent un gros nuage noir.Malheureusement, a reste descas isols. Javais cru que cettelutte-l allait venir travers lessyndicats, mais le peuple naplus confiance en eux. Moi, landernier, avant de tombermalade, jai fait plusieurs activ-its, ene divan MBC TV, ene lotmeeting Casernes, aprs divanSun Trust, ces 3 activits-l autotal

    Disons, des actions de visi-bilit ?

    Non. Ce sont des actions d-ducation de la masse, et enmme temps pour leur donnerun warning. Je nai pas dargentmoi, mais je galvanise la masse.La plupart de mes actions, cest

    surtout pour les pauvres.Et l du coup, les intellectuelsvous sous-estiment. Ils se per-mettent de faire des jokes survous, pour vous humilier, vousridiculiser Parce quils aimentsous-estimer les gens. Mais lamasse, il faut lduquer. Cestimportant, et nous avons faitbeaucoup de travail dans cesens. Cest la tte qui doit don-ner le bon exemple.

    Vous disiez, gro nyaz bizinlev,vous navez pas peur desdbordements ?

    Non. Les Mauriciens sontune race responsable. Mais kanMorisyen li fin araz, kan li lev,bizin fer atansyon. Je crois quel, comme cest arriv, kan enaabus cest l que le peuple se r-volte. Sinon, normalement lesgens ferment les yeux.

    Trop de pourriture sest in-stalle dans ce pays. Partout, lesagents politiques, les nominspolitiques dilapident les fondspublics. Ils ne font aucune dif-frence entre leurs poche et lesfonds publics. Si a continue, a

    va tre la faillite du pays. Jedonne deux ou trois ans cepays, avant que a deviennecomme le Zimbabwe de RobertMugabe. Si a continue, ce paysva tre genoux, avec la famine nos portes.

    Mais pensez-vous que cestune solution que les gens de-scendent dans la rue ?

    Il faut des manifestationspour que les dcideurs prennentconscience. Les travailleurs soci-aux, malgr leurs moyens ex-trmement limits, alertent djlopinion, mais ce nest pas suff-isant.

    Les Mauriciens ne les suiv-ent pas.

    Il y a une frayeur qui sest in-stalle dans les yeux desMauriciens. Mme des hautsgrads de la police me disent,"bhai Harish, sa tlphone la pakapav koze". Mme aux Tl-coms, on vous dit de faire at-tention quand vous parlez autlphone. Est-ce que cest jus-tifi ou non ? Je ne sais pas, maisil y a cette perception, et la per-ception cest encore plus dan-gereux que la ralit. Quand onarrive ce stade-l, cest bienmauvais et cest mme dan-gereux pour le PM lui-mme.

    Pourquoi ?

    Parce que a veut dire que cergne-l, il ne va pas durerlongtemps. A Maurice, on aune culture azir dernye ler .Tant que a naffecte pas leurpropre poche, que a naffectepas leur propre famille, leur pro-pre frigidaire, les Mauriciens

    vont dire, "and so what ?"Maissi a les affecte, cest l quilsvont se lever. Je pense quequand on est arriv un stade,o les gens ont peur de parler autlphone, o dans chaque bu-reau il faut mettre la photo duPremier ministre et du Prsi-dent, o comme en Core duNord, quand on est politicien,il faut parler de "our leader"sinon vous dgagez, quand onarrive ce stade, le leader enquestion doit raliser que cestdevenu dangereux pour lui-mme.

    Et vous pensez quevous tes crdible dans ce quevous dites ?

    Si je ntais pas crdible, est-ce que vous alliez venir jusquicipour prendre une interview avecmoi ? Si je ntais pas crdible,vous pensez que jallais arriver 86 000 lecteurs sur Facebook ?Et si je ntais pas crdible, vouspensez quon allait venir brlerma maison et fermer mon jour-nal ? Ils ont peur de moi. Lacrdibilit, cest quelque chose

    qui est juge par le public. Avectout le travail que jai accomplijusqu prsent, je suis rest dansmon village, mo pane koup molombri avec la masse. Donc, biensr, la crdibilit est l.

    HARISH BOODHOO :

    Une frayeur dans lesyeux des Mauriciens

    En marge de son appel, mercredi, pour le bouclage de lenqutepolicire sur lincendie de sa maison, survenu le 1er mars 2011,Harish Boodhoo sest exprim sur ltat du pays. Il estime que lapeur sest installe chez les Mauriciens, mme sils ne la montrentpas. Selon lui, il y aurait une dilapidation des fonds publics, cequi conduirait le pays la faillite.

    C.B.