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HEBDOMADAIRE ROYALISTE - NOUVELLE SERIE - 16 - 1 FRANC - 18-8-1971 LA HAUSSE DES PRIX EST-ELLE INEVITABLE ?

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HEBDOMADAIRE ROYALISTE - NOUVELLE SERIE - N° 16 - 1 FRANC - 18-8-1971

LA HAUSSEDES PRIXEST-ELLE

INEVITABLE ?

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REVUE DE LA PRESSELA RÉPUBLIQUE DES CHÈQUARDS

Excellent titre dans « Minute », cette se-maine : La République des chèquards. Brigneauy vitupère contre Sa chienlit démocratiquetelle qu'elle se révèle au travers du récentscandale de « ia Garantie Foncière ». Fren-Icel aurait en 1969 financé ia campagne élec-torale de Pompidou. On parle d'un chèquede 180 millions..,

« Nous avons beau savoir que le suf-frage — surtout à l'échelle de la nation -naît de l'argent nous avons beau savoirque celui qui n'en a pas n'aura pas d'élec-teurs et, par conséquent, que le candidatà l'élection ira finalement chercher, ici oulà, la garantie, foncière ou non, de son suc-cès ; nous avons beau savoir, depuis long-temps, que l'argent et la puissance poli-tique se mêlent intimement, que l'hommepolitique ne rend pas de service sans enattendre un soutien et que l'argent nele soutient pas sans en espérer de ser-vice... nous avons beau savoir tout cela,i! ne nous apparaît pas moins inacceptableque l'homme qui représente la France -mais pour qui, après tout ? -- ait reçudans sa caisse noire, 180 millions d'unecompagnie de larrons. •»

Brigneau a raison de s'indigner. Au passage,dasn sa juste colère, il met même l'accent surl'essentiel, c'est-à-dire sur le caractère fon-cièrement corrupteur de Ea démocratie. Maisc'est essentiellement là-dessus qu'il faudraitinsister. Par delà les hommes il y a l'institu-tion, le système. L'indignation qui ne mènepas à conspirer contre lui ne sert à rien.Et puis il faut savoir ce qu'on va mettre àsa place. Une république d'honnêtes gens ?Impossible ! Alors un régime totalitaire ? Voilàjustement le panneau dans lequel il ne fautpas tomber ! Entre l'anarchie des démocratiespourries et la tyrannie des fascismes blancsou rouges, il y a place pour une institutionqui concilie la justice et les libertés ! Contrela république des chèquards, la monarchie !CHINE -U.S.A.

Quelle est la signification exacte de lamission Kissinger en Chine et de l'entrevueannoncée entre Nixon et Mao ? Pour RaymondAron (« Figaro » du 12 août), c'est la findu bipolansme. Les Etats-Unis reconnaissentà la Chine sa place de troisième grand, etle Japon ne saurait attendre longtemps sapropre entrée dans le club des superpulssan-c e s !

Deux rôisons fondamentales expliqueraientla « bonne volonté s> chinoise. Première raison :

<( Mais si les dirigeants chinois, quiavaient interrompu les rencontres de Var-sovie au moment de l'entrée au Cambodgedes troupes américaines, se préparent àrecevoir le président américain en personne,ce n'est pas seulement parce que celui-cileur offre un éclatant succès diplomatique,c'est aussi qu'eux-mêmes ne doutent plusde la conversion américaine, non par retourà l'isolationnisme mais renonciation à lasuprématie mondiale. Le géant américain,auquel ses adversaires soviétiques attri-buaient plus de Jambes que de tête, aperdu de ses ambitions impériales. Il agagné, en contrepartie, de la conscience

ou plutôt de fa mauvaise conscience. »Les Etats-Unis seraient-Ils sur la pente du

déclin ? Les exploits des cosmonotes pourraientInfirmer cette opinion, mais la puissance d unpays se mesure surtout à son rayonnement età sa force d'emprise sur les pays du globe.

Une seconde raison pousse les Chinois, tou-jours selon Raymond Aron, à un rapprochementdiplomatique.

« En dépit des pourparlers conduits àPékin en vue de normaliser les relationsd'Etat à Etat, l'armée soviétique, aux fron-tières de la Chine, n'a été ni retirée, niréduite. Les dirigeants de la Chine popu-laire, depuis deux ans, ont multiplié lespréparatifs en fonction de l'éventualitéd'une guerre avec l'Union Soviétique.

« Alors qu'au sud, les soldats améicalnss'en vont, et qu'au nord, les soldats russes,divisions blindées et fusées à tête nucléairerestent sur place, comment s'étonner quel'Union Soviétique, le révisionnisme, selon lelangage idéologique, devienne provisoi-rement, selon le mot de M. Tatu, "l'en-nemi principal" ?»

Les données de la politique internationalesont donc en train d'être modifiées. L'Asieentre en scène.LA CRAINTE DU JAPON

11 ne faudrait pas croire pourtant quel'Asie présente un front uni. Toute son his-toire nous montre que les intérêts et lesappétits s'y sont toujours affrontés. Ainsi,face à la Chine, se dr&sse cette super-puis-sance économique : le Japon. Justement dansle « Nouvel Observateur» (9 août), JeanLacouture rapportait les propos de Chou Enlaï sur un éventuel réarmement japonais,propos tenus à lui lors d'une soirée à Pékin.

Atomique ou non, le réarmement japo-nais prend toute évidence selon no-tre h este, une ampleur que devraient luiinterdire les stipulations de la constitutionjaponaise. Mais ce qu'il dénonce main-tenant avec force, c'est l'évolution quis'opère chez les dirigeants américainsdans un sens clairement favorable auxmilitaristes de Tokyo. A ce sujet, le dis-cours de M. Melvyn Laird, secrétaire àla Défense, au retour de son voyage enCorée du Sud et au Japon, paraît, pourM. Chou En Laî, constituer un avertissementgrave. Tant en ce qui concerne la radi-calisation de la "doctrine de Guam"("Que les Asiatiques se chargent de luttercontre les Asiatiques") que le renforce-ment des alliances militaires entre Washing-ton et ses satellites asiatiques ou le réarme-ment accéléré du Japon, le ministre amé-ricain n'a cessé de faire planer des me-naces et de préparer un dispositif decombat, soutient M. Chou En Laï, quiajoute, non sans mélancolie, que ce n'estqu'en une sorte "d'appendice" de sondiscours que M. Laird a parlé de négocia-tion. »

Dans une série d'articles du « Monde »,Robert Guillaîn insistait lui aussi sur la vo-lonté chinoise d'éviter un encerclement ducôté du Japon et de l'Union soviétique. Laplanète conçue à Yalta a vécu...

Jacques BLANGY.

LAL'augmentation récente des tarifs des ser-

vices publics remet à l'ordre du jour de l 'ac-tualité, le problème de la montée des prix quise pose d'une façon aiguë depuis plusieurs dois.Déjà, au printemps dernier, le ministre desFinances avait tiré la sonnette d'alarme etdemandé que des efforts soient accomplistant pour réduire les coûts salariaux au ni-veau des entreprises que pour stabiliser tesmarges au stade de la distribution des pro-duits. Il ne semble pas, pour l'instant, queGiscard ait été entendu de nos concitoyens.En revanche, il est surprenant qu'un ministreprédicateur d'économies accepte allègrementdes hausses brutales de tarif dans le secteurpublic et nationalisé dont l'Importance, nel'oublions pas, est considérable dans l 'ensem-ble de l'économie. La place que l'Etat y aprisa depuis les nationalisations prolongéespar ses interventions multiples et grandis-santes est aujourd'hui telle qu'il serait vainde nier les répercussions qu'entraîné néces-sairement sur l'économie tout entière unevariation sensible des prix dans les servicesde l'Etat, On voit donc mal comment Giscardpeut freiner l'inflation dans le môme tempsque les prix des services publics s'accroissenten moyenne de plus de !0 %.

CONTINUITÉ DEPUIS 1968En vérité, il faut remonter au lendemain

des événements de mai pour découvrir ausein de nos instances dirigeantes du paysl'acceptation d'un climat inflationniste. Jus-qu'alors, en réaction d'ailleurs contre la IV*République, la doctrine officielle de la Ve

République professait le dogme de la stabilitédes prix, de la croissance modérée, des aug-mentations de salaires contenues dans leslimites étroites de la politique des revenu?.Cette préoccupation constante s'était traduitetant dans la lettre adressée en 1961 parMichel Debré au président du C.N.P.F. quedans l'application du Plan de stabilisation( 1963-1966) ou des contrats de programme( 1 9 6 6 - 1 9 6 8 ) . L'explosion de mai 1968 s'étantaccompagnée d'une élévation brusque des sa-

A NOS LECTEURSNous avons à présenter nos vives excu-

ses pour Terreur de pagination que noslecteurs ont pu constater dons notre pré-cédent numéro. Nous présentons nos excu-ses également pour la faute des pagescentrales : Christianisme et Romanité. Enpage 6, dans la suite de cet article, uneligne sautée rendait difficile la compréhen-sion du texte. Il fallait lire : D'AILLEURS,QUI PRONONCE LE NOM DE LA VILLEETERNELLE NE PEUT QU'ASSOCIER SA-GESSE ANTIQUE ET CHRISTIANISMEDANS UNE MEME EVOCATION.

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HAUSSE DES PRIX EST-ELLE INEVITABLE ?la ires, une masse monétaire importante rendueainsi disponible pour la consommation aété rapidement injectée dans le circuit éco-nomique et a grandement favorisé la relancede l'appareil productif malgré la paralysieet la perte consécutives aux semaines degrève. Depu;s, le mouvement s'est amplifié.

On peut le comprendre. La conjonctureinternationale presse è l'inflation. Aucun desgrands pays du monde occidental n'y échappeen ce moment. Au contraire iî apparaît mêmeparfois habile de laisser l'inflation se déve-lopper car la croissance économique quil'accompagne s'avère dans certains cas plusétendue que la précédente. Au reste, cha-cun y retrouve son compte : les entreprisesdont la capacité de production s'accroît sousl'effet d'une demande extensible, les salariés,plus sensibles à l'augmentation nominale deleur revenu qu'à l'amélioration réeile de leurpouvoir d'achat, les commerçants qui parti-cipent allègrement au climat de hausse etprofitent d'un contrôle des prix moins sévère,l'Etat enfin, qui a tout à gagner de cettesituation sur le plan de sa trésorerie puisqu'il« récupère » largement en impôts, tant surle revenu que sur la consommation, l'effet desélévations de salaires et de prix.

UN EXEMPLE: L'ANNÉE 1970Ainsi, si nous prenons le cas de l'année

écoulée, nous nous apercevons, seoln lesstatistiques officielles (I.N.S.E.E.) que la pro-gression de l'indice mensuel des prix à laconsommation a été légèrement inférieur à5 %. Or, ce chiffre a été calculé à partird'un certain nombre de postes dont plusieursconnaissent des baisses régulières depuis plu-

sieurs années (certains articles électro- ména-gers par exemple}. Il s'agit donc d'unemoyenne compensée, ce qui veut dire que, sil'on fait abstraction des variations de prix enbaisse, les hausses proprement dîtes sont par-ticulièrement marquées. L'opinîon publique nes'en émeut guère et, apparemment les acceptesans rechigner. Pourquoi ?

L'INFLATION, MYTHE SOCIALOn peut avancer les raisons techniques

en réponse à cette interrogation : meilleurequalité, service supérieur, contreparties diver-ses. Elles ne convaincront guère, car il sembleplutôt que le mythe de l'Inflation ait suc-cédé à celui de la stabilité.

Sur le plan international d'abord. Cer-tes, la hausse des prix a été, pour 1970, infé-rieure en Allemagne et en Biegique à cellequ'a connue la France ( respectivement 3,7 %et 3 ,2% contre 4,7%). Par contre, elle aété plus nette, voire même beaucoup plusforte aux Etats-Unis (6 ,2%), en Italie ( 5 , 3 % ) ,aux Pays-Bas (6,3 %} et en Grande-Bretagne(8,5 %), Dans un environnement internationalausî significatif, comment les pouvoirs neseraient-ils as tentés d'apprécïier l'inflationnon pas en elle-même mais par rapport auvoisin ? L'interprétation actuelle des économiesy pousse ainsi qu'à la relativité des conceptséconomiques dans un système international oùia position vis-à-vis des autres a remplacé!a référence aux étalons.

Sur le plan interne ensuite. Les salairesont en moyenne .progressé de 10,7 % en1970. Peu importe que ce chiffre soit trèsdifférent de celui qui correspond à l'améliora-tion réelle du pouvoir d'achat. La réactionpsychologique normale du titulaire d'un revenuquel qu'il soit est de considérer a priori lavaleur nominale de ce qu'il reçoit. Aussi, iamontée des prix lui importe-t-il moins quecelle de sa propre rémunération. Tant quecette dernière croît régulièrement, l'inflation

lui paraît inoffensive. En revanche, le blocagedes salaires et des prix est très impopulairecar l'impression se répand vite que les revenussont plus facilement atteints par une mesurede ce genre que les prix dont le contrôlen'est pas toujours commode.

Ce n'est pas tout. Le développement ducrédit, qui a pris le relais de l'épargne chèreau XIX* siècle, a fondamentalement bouleverséles conditions matérielles d'existence du corpssccia! dans la quasi-totalité ,et provoqué unchangement de mentalité significatif. Acheterà crédit, c'est accepter l'inéluctabilité del'inflation qui permettra à l'emprunteur, pensecelui-ci, de rembourser le préteur en « monnaiede singe s>. Une opinion bien conditionnéeaccepte vite cette thèse séduisante et chacunse prend au jeu. Les taux d'intérêt sont ma-jorés en conséquence, les créanciers se garan-tissent contre la dépréciation monétaire, lesdébiteurs acceptant les taux élevés d'auiantplus voiontier qu'ils espèrent en une déva-lorisation plus rapide du nominal. Par dessusles uns et les autres, l'Etat prodigue sesencouragements et pousse à l'endettement gé-néralisé.

Dans ces conditions, comment stopper lamontée des prix ? Techniquement, des mesuresde combat anti-inflationniste existent et sontapplicables. Mais qui aurait !e courage de lesmettre en œuvre ? Un homme politique quia été astreint à trois ans de « purgatoire »après l'impopularité d'un plan de stabilisationne saurait s'y résoudre.

L'inflation compte au nombre des illusionssocio-économiques engendrées par la déma-gogie démocratique. Son élimination ne peutrésulter que d'un choix imposé par une vo-lonté politique responsable. Celîe-ci ne doitpas hésiter à braver l'opinion s'il le -faut. Cen'est pas ia démocratie parlementaire qui!e peut.

Jacques DELCOUR.

\CTÏM FRA^GIISIRestauration nationafe

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Le Franc dans latourmente monétaire

Aussi paradoxal que cela puisse paraître,le franc qui depuis 1968 était redevenuune monnaie faible fait actuellement l'ob-jet de convoitises des spéculateurs sur lemarché international des mouvements decapitaux. Après 'le rétablissement du con-trôle des changes en novembre 1968, etla dévaluation de 12,5 % en août 1969 onn'osait plus y croire. Que s'est-il doncpassé ?

La dévaluation d'août 1969 a permis derétablir l'équilibre des échanges extérieursque les séquelles des événements de maiavaient largement contribué à dégrader.Cependant, ses avantages vis-à-vis de l'étran-ger furent rapidement absorbés tandisqu'intérieurement une vive flambée desprix sonnait définitivement le glas du my-the de la stabilité du franc. Au dehors,le triomphe du dollar était universellementreconnu et les fourcades gaulliennes tom-bées dans l'oubli.

La situation est aujourd'hui renversée. Ledollar est au plus bas, alors qu'une vivedemande se porte sur le franc. Le francserait-il devenu une monnaie forte ?

Il serait présomptueux de vouloir l'af-firmer. Tout au plus peut-on tenter d'ex-pliquer certains aspects de la questionprésente.

Il convient en premier lieu de réfléchirau thème de la solidité d'une monnaie.Celle-ci ne s'apprécie point dans l'absolu.Elle est nécessairement relative et s'exprimetoujours par rapport à d'autres monnaies.Ainsi, en 1968 et en 1969, la confiancemise dans le franc était-elle, pour desraisons principalement politiques, infé-rieure à la confiance dont jouissaient d'au-tres monnaies.

Toutefois, ce n'est pas parce que lefranc était faible qu'ipso facto toutes lesautres monnaies étaient fortes. Le problèmede la crise monétaire internationale quitournait autour du dollarr restait entier.Or, les difficultés du franc à l'époque enont marqué la nécessité d'une solutionurgente. Faute d'avoir mis au point cettedernière dans les meilleurs délais, lacrise s'est à nouveau déclenchée au pre-mier moment favorable.

Comme par le passé, les Etats-Unis ontpréconisé la réévaluation du mark pouréviter la dévaluation du dollar. L'Allemagne, instruite par l'expérience malheureuse

de 1961, s'y est refusée et a préférélaisser « flotter » sa monnaie. Le francqui n'est lié pour l'instant ni au dollarni au mark peut apparaître temporaire-ment comme une « monnaie sûre.

La raison est la suivante : toutes cesfluctuations monétaires sont l'expressiond'un climat de spéculation 'généralisée àl'échelle internationale. Les écarts enregis-trés dans la structure des taux d'intérêtentre les places financières incitent à d'im-portants et brusques mouvements de capi-taux que l'existence des eurodollars faci-lite. Dans ce contexte, la France n'estnullement à l'abri car ce n'est pas la soli-dité du franc en elle-même qui est recher-chée, mais sa relative indépendance parrapport aux monnaies fluctuantes. Un mini-mum de stabilité est en effet nécessairepour servir de référence à toute actionentreprise en vue de retirer des profitsdes variations enregistrées dans la valeurdes monnaies. Mais que demain les spécu-lateurs trouvent une autre monnaie suscep-tible de remplir ce rôle et le franc seraalors brutalement remis à sa place normale.

Dans ces conditions, le gouvernementtâtonne et l'on discerne très mal la poli-tique qu'il entend mener. La Banque deFrance achète massivement des dollars surle marché des changes. Nos avoirs endevises étrangères se reconstituent rapide-ment. Le danger de chute brutale n'endemeure pas moins réel pour autant.

On se doit d'être quelque peu inquiel,surtout si Ton considère que de fortestendances inflationnistes persistent à l'inté-rieur du pays. La France n'est pas àl'abri d'une nouvelle crise dont on nevoit guère comment elle pourrait la sur-monter sans secousses graves. Notre paysa perdu, en matière monétaire, une par-tie de sa liberté d'action : il doit tenircompte de ses partenaires européens etdes Etats-Unis, dont les intérêts sont par-fois contradictoires. Cette regrettable situa-tion découle directement de l'acceptationdu système économique libéral par lespays occidentaux ; la crise présente ap-porte au moins la démonstration supplé-mentaire, si besoin en était, que ce systèmecomporte en lui-même les germes de sapropre destruction et de la ruine des paysqui le supportent.

J. D.

Cinéma

FantEn 1966f une équipe de journalistes

cinématographiques travaillant sous la di-rection de Raymond Bellour et Jean-Jac-ques Brochier terminait un dictionnairedu cinéma peu enclin à la facilité. Lasortie de ce livre quelques mois plus tarddéchaînait les commentaires les ,-pius diversdans la presse parisienne. Je ne retient-droi que ceux du «eFigaro » qui s'étonnaitet même s'indignait de l'absence de réa-lisateurs comme Christian-Jacque, HenriVerneuil ou, crime grave, Claude Lelouch.A la place, on parfait de cinéastes incon-nus (des auteurs de l'article) commeDouglas Sirk ou Mauritz Stiller ; etl'on accordait une place importante àdeux grands créateurs du cinéma fantas-tique, Tod Browning et Terence Fîsher.C'était proprement déroutant pour les« conservateurs » du 7e art.

Aujourd'hui, les distributeurs semblentfaire un effort dans la 'même voie, maishélas à contretemps et avec un manquede discernement affligeant. Pendant desannées les films de Terence Fisher étaient« interdits de séjour » dans les salles desChamps-Elysées. Maintenant on y projetten'importe quel « Dracula » à partir dumoment où Christopher Lee se déguise envampire. La masse des spectateurs auraaprès ça une opinion toujours aussi mau-vaise sur le cinéma fantastique. Pourquoiprogrammer « Les nuits de Dracula », trèsmauvais remake du « Cauchemar de Dra-cula » ? ou « Les cicatrices de Draculae»qui ne vaut guère mieux ? Une rétrospec-tive Terence Fisher semblerait plus indiquée.Dans le même esprit, une excellente réa-lisation de Paul Wendkos, « Satan, monamour » (titre original « thé MephistoWaltz»), a tenu l'affiche seulement huitjours au Georges V, et cela du 23 au30 juillet !

Depuis « Rosemary's baby » de RomanPolanski, trois bons films de sorcelleriesont sortis à Paris. « Le grand inquisiteur »de Michael Reeves est certa inement leplus marquait par sa violence à la foisextériorisée et contenue. Pas une minuteoù l'on puisse reprendre son souffle danscette puissante évocation de l'inquisitionqui met les nerfs à vif. A travers uneœuvre originale qui devient fantastiqueparce que la réalité est poussée à l'ex-trême, Vincent Price peut enfin laisser li-bre cours à sa nature inquiétante. Entredeux prises de vue, Roger Cornnan, qui a

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istique et cinmatendance à uti I iser cet excel lent acteurd'une façon fantaisiste et peu réfléchie,ferait bien de se pencher sur le cas Mi-chaël Reeves et de se demander pourquoice cinéaste a fini par se suicider. Sans-doute CToyait-il à ce qu'il faisait et nemettait-il pas un point d'honneur à ré-duire au maximum les temps de tournage.

Sans arriver à cette extrémité, TerenceFisher est l'un" des rares réalisateurs del'après-guerre à avoir une véritable visionfantastique. Très classique dans sa forme« Les vierges de Satan » reste un modèledu genre par la description précise desrites de désenvoutement. Si le récit neprésente qu'un intérêt secondaire, la trèslongue séquence finale où Christopher Lee,pour une fois défenseur du bien, mon Jeavec toute la prudence et l'habileté re-quises les formules du grand livre de lamagie, vaut à elle seule que le film entiersoit vu. Pour accroître l'impression d'an-goisse profonde, Fisher introduit deux no-tions philosophiques fondamentales, letemps et la mort, donnant à l'ensembleune dimension essentielle et indiscutable.

Paul Wendkos, pour sa part, suit F iti-néraire inverse. C'est d'une mort purementphysiologique qui va naître le processusqui mènera au triomphe du mal. La magieintervient d'abord pour transmettre la spi-ritualité d'un mort à un vivant. Puis elledevient l'instrument de propagation du malen même temps qu'elle sert de protectionaux initiés vis-à-vis du monde extérieur.L'héroïne de « Satan, mon amour » nepourra échapper à son sort parce que saréaction première a été de lutter contreles forces diaboliques. Et son pouvoir ero-tique sera impuissant devant l'emprisede Satan.

Il faudrait ajouter à ce tableau un filmde Vernon Sewell, « La maison ensor-celée » : beaucoup de banalités, mais deuxatouts non négligeables, la présence deBarbara Steele, s'exprimant dans sa lan-gue maternelle ce qui est rarissime, et debonnes séquences, trop courtes hélas, derîtes sataniques.

Dans un genre annexe mats intéressant,l'adaptatièn très libre d'une nouvelle d'Ed-gard Poe, intitulée « le cercueil vivant »,a été réalisé par Corgon Hessler avec unecertaine honnêteté et se laisse voir plutôtagréablement. Enfin, pour terminer, l'œu-vre d'un cinéaste français, André Farwagi,doit retenir l'attention. M s'agit du « Temps

de mourir », interprété par Anna Karina,Bruno Cremer et Jean Rochefort. Ce filmest repris régulièrement dans les sallesd'« Art et d'Essai », et il le mérite bien.Farwagi reprend les notions de temps etde mort que l'on évoquait plus haut ets'y consacre totalement. Jouant sur l'isole-ment que procure l'ascension sociale, Far-wagi cherche à démontrer que tout indi-vidu, aussi puissant soit-il, ne peut nonseujement échapper à sa mort, mais n'a

-aucune possibilité de la retarder, fut-ced'une seconde. Le facteur temps intervientpour renforcer la démonstration et luidonner une dimension universelle. En effetcelui qui va mourir sait ce qui l'attend,et chaque geste qu'il fait pour s'en pré-server le conduit inexorablement vers samort. Les forces du destin sont trop puis-santes pour qu'il arrive par sa volonté àdétourner le cours des événements. Onrejoint la tragédie grecque vue par l'es-prit moderne.

Dominique PAOLI.

Recommandons aux aoûtiens amateurs

de cinéma une certain nombre de reprises,venues à point pour compenser la quasinullité des films dernièrement sortis (àéviter surtout : « Quelqu'un derrière laporte » de Nicolas Cessner, avec C. Bron-son et A. Perkins) :

LE BAL DES VAMPIRESUne parodie draculîenne signée RomanPolanski. (Studio des Acacias, tous lessoirs à 22 heures.)

LE SAMOURAÏUn des meilleurs films de Jean-PierreMelville. (Avec Alain Delon.)

TOM JONESL'Angleterre à la fin du XVII* sièclevue par Tony Richardson.

FESTIVAL MARLENE DIETRICHA signaler en tout premier lieu « L'Im-pératrice rouge » de Joseph von Stern-berg.Et toujours en exclusivité :

MORT A VENISEDe Luch ino Visconti.

DES INSECTES ET DES HOMMESDocumentaire américain de W. Creen.

ExpositionsArts de l'Islam

Cela fait plus de mille ans que laFrance est en contact avec l'Islam : nonsans heurts violents, mais aussi avec desefforts communs, des amitiés vivaces, etune sourde admiration réciproque. Si onparcourt les salles de l'Orangerie où setient la première grande exposition d'artislamique à Paris depuis 70 ans, on estfasciné par le langage qu'a su se donnercette civilisation exceptionnelle.

De l'Atlantique jusqu'au Gange, des peu-ples entiers, aux traditions aussi ances-trales que la Perse ou l'Inde, ont étéamenés à constituer une originalité créa-trice commune. L'art de l'Islam est unart abstrait, qui proclame la primauté dela couleur sur le relief et de l'ornementsur la représentation. La calligraphie y

déploie le caractère sacré de l'écritureannonçant la parole prophétique. Les tapisorientaux, les céramiques, les bronzes per-sans et arabes, les ivoires, les brûle-par-fums témoignent pour une civilisation quia su allier la transcendance divine aubonheur de vivre.

Cette exposition ne doit pas être igno-rée. Elle vient poser, devant nos yeuxtoujours étonnés et souvent éblouis, l'im-mense question de l'ordre islamique.

C. F. E.

(« Arts de Vlslam ». Expositionà l'Orangerie • Paris jusqu'au

30 août.)

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LA STRATEGIE DU COUP DE FORCE EN 1971

2. Les mass-media dans le combat d'A. F.La semaine dernière, nous avons examiné les conditions nouvelles dans lesquelles

devaient s'appliquer tes principes de stratégie royaliste définis par Maurras dam« Sî le Coup de Force ». Et nous avions insisté sur le rôle déterminant que devaienttenir les «mass-media» dans toute propagande politique un tant soi r peu crédible.Il nous faut voir maintenant pourquoi et comment les utiliser.

Lorsqu'on parle de m a ss- média on pensetout naturellement à la télévision. De fait,celle-ci est un des principaux moyens decommunication de masse. Mais elle n'est posle seul. Dans le domaine des moyens audio-visuels existent aussi la radio, ie cinéma, lavidéo cassette, le théâtre populaire. Quantà la presse écrite, elle fait partie aussi desmass-media sous toutes ses "formes : quotidiens,journaux politiques, revues de culture géné-rale style Esprit ou Table ronde, hebdo lo-caux, journaux professionnels, de vulgarisationscientifique, historique ou ésotérique, jour-naux sportifs, publications se m! -pornographi-ques. S'y ajoutent les multiples éditions depoche depuis « Le livre de Poche » jusqu'auxcollections « Idées » «IO-I8 » « Politique (LeSeuil) et même jusqu'aux romans policierset d'anticipation. Dans cette gamme trèslarge de moyens, il convient donc de choisirceux qui peuvent mieux servir à notre pro-pagande car il ne s'agit pas de nous dispersercompte tenu de l'ampleur encore limitée denos possibilités.

LES MASS-MEDIASONT-ILS SUBVERSIFS?

Tout d'abord certains mass-media doiventêtre éliminés comme intrinsèquement contrai-res aux buts que nous cherchons à attein-dre. Les romans de la Série Noire qui fontappel dans un savant cokfail aux pulsionssexuelles et aux pulsions sadiques ne peuventse transformer en véhicules de la penséed'A.F. ( I ) pas plus que les journaux pornos.Dans ces deux cas, le moyen de communi-cation a pour finalité d'ahurir, de décérébreret de pourrir et II serait stupide de préten-dre grâce à eux -former des Français actifsdestinés à lutter contre le désordre établi !Mais il serait non moins aberrant d'éliminerpour cette raison tous les mass-media enconfondant leur nature propre et l'usage quel'on en fait actuellement. Prenons l'exemplede la télévision : Selon certains, elle seraitprofondément révolutionnaire dans la mesureoù elle crée un univers artificiel et provo-que une véritable accoutumance qui finit parabrutir et masslfler les télé-spectateurs. N'est-ce pas prendre l'effet pour la cause ? N'est-ce pas le contenu des programmes qui est

en partie responsable de cet état de fait ?En outre, l'éclatement de toutes les cellulessociales, l'avènement des mégalopoles qui dé-truisent toute cité organique et enfermentl'homme dans sa solitude ne le conduisent-elles pas à s'absorber dans la télévision ou lejournal à sensation comme uniques dérivatifs ?SI l'on admet les thèses des « téléphobes »la tribune de l'Histoire de notre ami Jean-Françols Chiappe est un dangereux instru-ment de pourrissement Intellectuel au mêmetitre que <s Cinq colonnes à la une » ou lesémissions de Jean-Christophe Averty ! Ef en al-lant plus loin, on peut dire que l'Action Fran-çaise, dans la mesure où elle est une société vo-lontariste et contractuelle dont la structure peutse comparer aux sociétés de pensée du XVIIIe

siècle, est fondamentalement perverse : elleprétend en effet assurer ta régence du natio-nalisme et ramener la monarchie en se sub-stituant provisoirement aux sociétés naturelles(familles, communautés locales et profession-nelles) dominées, muselées et souvent anéan-ties par l'Etat démocratique. Il est d'ailleursbien connu que Maurras, par ses méthodesde propagande s'est montré le digne ancêtrede ces nouveaux prêtres qui, en voulantcopier les méthodes de l'ennemi se sontfaits absorber par lui : n'a-t-il pas été ledirecteur d'un quotidien et l 'auteur d'ouvra-ges qui les uns et les autres ont été impri-més, tout comme les écrits ds Calvin et deLuther, tout comme l'Encyclopédie ? Cet aban-don du parchemin médiéval non contaminélui, par la Révolution a été bien entenduune trahison du combat contre-révolution-naire. Ces conclusions, si délirantes soient-elles sont pourtant dans la ligne logiquedes pourfendeurs systématiques des mass-me-dia.

Ceux-ci ne se rendent pas compte quedans la plupart des cas, les moyens decommunication sont de simples techniquesaussi dépourvues en elles-mêmes de signifi-cation politique que la machine à vapeurou l'ordinateur.

LES VOIES POSSIBLES

Le travail que nous nous sommes efforcésde réaliser à G!en a donc consisté à classerles différents mass-media en fonction de leur

rapidité d'information, de leur impact surle public, de leur effet multiplicateur (dansquelle mesure un individu touché par telou tel mass-media répercute-t-il autour delui ce qu'il a entendu ?) enfin, de leurcaractère plus ou moins accessible. Comptetenu de nos moyens , un certain nombred'actions sont déjà possibles. Il nous fautentre autres liquider le mythe du mur dusilence dressé tout autour de nous. Cesvingt dernières années, la prétendue conspi-ration du silence a été surtout le résultat denotre atonie et de notre manque d'Imagi-nation. Ainsi, partout où nos sections ontcherché à faire passer des communiqués dansla presse, elles ont en règle générale, at-teint leur but. Cet effort sera systématisé àla rentrée. Mais il y a plus important : nousdevons en permanence être présents dans lapresse d'Idées, même si elle est tenue pardes groupes qui sont éloignés de nous.Gérard Leclerc a réussi déjà à inscrire plu-sieurs articles et Tribunes libres dans « Com-bat ;». L'auteur de ces lignes est parvenuégalement à faire passer une « Tribune li-bre » dans « le Monde » Dans ce domaineaussi, une action systématique et non spora-dique doit être entreprise.

De même, PC us devons tenter une percéeen règle dans le domaine de l'édition. Un« Manifeste royaliste » verra cette année iejour. I! sera suivi d'autres ouvrages tel celuide Francis Bertln sur la décomposition dumarxisme. Les deux opuscules « Mao Maurras »et « Politique au lycée » ne seront plus l'ex-ception mais la règle.

La meilleure manière d'être crédible dansie monde de <s l'intelligentsia 2> est encore deprendre le maximum de postes dans l'Uni-versité .Ceci est moins difficile qu'on ne lecroit habituellement dans ie mesure où lapagaille et la confusion qui régnent dansles conseils d'U.E.R. et d'universités permet-tent toutes les tentatives. A cet effet, unbureau d'orientation devrait s'efforcer de gui-der les jeunes étudiants indécis vers lescarrières les plus rentables peur nous, ensei-gnement en tête, et notamment enseignementsupérieur (2).

De la même manière, l'A.F. a sa partie àjouer dans les maisons de jeunes et de laculture pour lesquelles des municipalités sou-vent de « centre-droit » font appel à desanimateurs P.S.U. par suite de l'inexpériencede cadres contre-révolutionnaires.

Pour ce qui est de la télévîsoin, si sonintérêt est grand, II ne faut pas se cacherque la percée sera beaucoup plus difficile

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par suite de la mainmise de la maffia gaullo-progresslste sur l'O.R.T.F. Il serait cependantinadmisible d'abandonner cette voie. Quel-ques exemples sont là pour nous montrer qu'ilexiste en ce domaine une porte étroite pourles contres-révolutionnaires.

Percer dans les mass-medîa n'est cepen-dant pas suffisant. Encore faut-il apporter aupublic touché par eux, des thèmes susceptiblesde le sensibiliser ei de l'amener à faire lacritique de la démocratie. Ce sujet a faitl'objet des travaux d'une commission de lasession dont les conclusions ont été fort nettes :la critique des mécanismes institutionnels nesuffit pas ; nos campagnes doivent être moinsabstraites et se pencher sur le «cadre de vie »démoli par la politique de l'Etat bureau-techno-cratique.

Entre autres, nous avons choisi de privilé-gier trois types de campagne : au niveauuniversitaire, ia critique du contenu de l'en-seignement, du système de la sélection parl'échec, de l'absence de politiques de dé-bouchés ; au nîvsau de l'environnement, ladénonciation d'une politique d'urbanisme aber-rante et des conséquences qu'elle entraîne surle plan des transports et de lapollution ; auniveau européen le dépistage de toutes lesmainmises du capital étranger sur notre indus-trie et notre agriculture avec les retombéesqu'elles provoquent (chômage, exode de po-pulations) .

nous ne sommes pas de ceux qui promet-tons des miracles. L'année qui vient neverra sans doute pas se réaliser la royal î-satîon du pays et le coup de force se profilerà l'horizon .Du moins, l'Action Française, dé-barrassée de ses éléments sclérosés, devrait-elle redevenir ce qu'elle n'aurait jamais dûcessé d'être : une force conquérante, attirantprogressivement à elle les éléments les plusdynamiques du pays.

Arnaud FABRE.

( I } Encore que Pierre Nord ait réussi àatteindre îes gros tirages en faisant des ro-mans d'espionnage qui n'ont guère de rapportavec les techniques employées dans les « Sé-rie Noire 2> et contiennent un certain nombrede vérités salutaires.

(2} Par aiileur, a été proposée la créationd'un institut de recherches d'A.F. .destinéà armer intellectuellement nos militants quise spécialiseraient dans certaines disciplines-clés (histoire, sociologie, lettres, sciences éco-nomiques, etc.}.

ATTENTION

Effectuer tous vos règle-ments à l'un des C.C.P. sui-vants en précisant la naturedu versement :

— Nouvelle Action Fran-çaise : Paris 642-31.

— A. F. Université : Paris1918-59.

— Dossiers d ' A c t i o nFrançaise :Paris 1898-45.

EN OCTOBRENOTRE 1er CONGRES

R O Y A L I S T EUNIVERSITAIRE

EN OCTOBRE, NOTRE PREMIERCONGRES ROYALISTE UNIVERSI-TAIRE

Comme nous Pavons déjà annoncé ily a quinze jours (AL4.F. n° 14 du4 août 1971), notre premier Congrèsroyaliste universitaire se tiendra à Parisà ïa fin du mois d'octobre.

Quel est le but de ce Congrès ?Il correspond à trois préoccupations

majeures.

1. EXTENSION DE NOTRE ACTIONUNIVERSITAIRE A L'ENSEMBLEDES UNIVERSITES DE PARIS ETDE PROVINCE.

Déjà un Secrétariat national univer-sitaire permet de coordonner les tra-vaux. En mai, un « Rassemblement étu-diant » réunissait tous les délégués etjetait les bases du Congrès, étape essen-tielle de sensibilisation à la nécessitéde donner une dimension nationale ànotre combat universitaire.

2. EXPOSE DES TRAVAUX DE RE-CHERCHE SUR LE «MILIEU UNI-VERSITAIRE.

Une stratégie n'a de chances de réus-site que si elle s'adapte correctement

au terrain. Qu'est-ce que le milieu uni-versitaire en 1971 ? Quelle est la placeque la société actuelle donne à l'étu-diant ? Pour préciser les lignes deforce de notre action, une étude des-criptive des réalités universitaires s'avèrenécessaire. Les travaux mis en routecet été révèlent l'importance d'une tellerecherche qui se prolongera au-delà duCongrès pendant les années à venir.

3. DETERMINATION DES THEMESD'ACTION.

L'insertion de la contre-révolutiondans la vie universitaire rend indispen-sable la définition de thèmes communsd'action. C'est à cette seule conditionque s'accroîtra notre audience dans lesuniversités.

La Nouvelle Action française présen-tera régulièrement à ses lecteurs lestravaux préparatoires de ce Congrès.

Adresser toute correspondanceconcernant le Congrès au :

SECRETARIAT NATIONALUNIVERSITAIRE

NOUVELLE ACTION FRANÇAISE17, rue des Petits-Champs

75 - PARIS (1e r)

S E R V I C E L I B R A I R I E

Charles MAURRAS

Critique et poésie . . 22 FMes idées politiques 20 F

Marie-Madeleine MARTIN

Le Roi de France 1 5 FH i s t o i r e de l'Unité

Française 14 FLe Latin immortel . 24 F

CAHIERS CHARLES MAURRAS

On nous prie d'annoncer la paru-tion du numéro 38 des Cahiers Char-les Maurras, édités par la SDEDOM,13, rue Saint-Florentin - Paris (8e)comprenant plusieurs textes de Maur-ras peu connus.

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Une anthropolitique maurassienne ?GÉRARD LECLERC.

UNIVERSALISME ET HUMANISMEL'Humanisme a mauvaise presse à droite.

Il y a quelques mois, je me voyais re-procher une certaine propension à parlerde l'homme avec un grand H, au nomde la priorité des intérêts de la collec-tivité. Un peu plus tard, un pamphletanonyme dénonçait chez moi un univer-salisme confus. Mes deux contradicteursse targuaient évidemment d'une parfaiteorthodoxie maurrassienne pour me repro-cher une déviation gauchisante, car c'estbien connu, l'Humanisme, les grands prin-cipes et les grands sentiments sont àgauche ! De là à parler de progressisme,bientôt de gauchisme, le pas fut vitefranchi. On m'habilla en mouniériste eton dénonça mon personnalisme chrétien...

Ces petites histoires personnelles neprésenteraient pas d'intérêt si elles n'il-lustraient une impuissance radicale à ré-fléchir aux fondements de la philosophiepolitique par delà quelques schémas sim-pliste. C'est presque un réflexe à droite,compréhensible dans une certaine mesure :tous les ^mots à majuscules y sont honnis.L'abus qu'en fit le Père Teilhard de Char-din pourrait expliquer cette phobie. Ega-lement la volonté de garder les piedssur terre et de ne pas sombrer dans levertige des idéologies. Comme on opposéles libertés concrètes à la Liberté majus-culaire de la Révolution, on oppose lesréalités concrètes aux « nuées s>. On seméfie par principe des abstractions.

Une telle attitude peut être un signede santé pour l'intelligence, mais à lalimite, elle peut servir également de mas-que à une totale carence intellectuelle,quand elle ne conduit pas à une étrangeaberration à la mort de l'intelligence.C'est ainsi que Ton pouvait lire récemmentdans une publication d'extrême droite cespropos ahurissants : < Nos adversaires vi-sent toujours au général, et pour cetteseule raison ils doivent s'évader de laréalité, car la nature ne connaît que leparticulier. Elle ignore < l'arbre » maisconnaît cet arbre qui pousse, cet autre quivégète et qui meurt. Les universalistesgrâce aux facilités de langage, substantentn'importe quoi. Le droit n'est plus le codede la chose jugée, mais une notion abso-lue ; Part ne reflète plus l'idéal d'unpeuplé, il € n'a pas de frontière ». Lesmêmes pitres disent € la musique estuniverselle > ou bien parlent de « civili-

sations humaines. » Le rédacteur de cechef d'œuvre ne s'aperçoit même pas queses propres paroles contredisent sa démons-tration. S'il refuse toute notion général,si tout est particulier, pourquoi parlerd'arbre, de cet arbre. Il faut dire: cecipousse, ceci végète et meurt. Si tout estparticulier, il n'a aucun droit à généra-liser, il n'a pas le droit de parler d'ungenre « arbre ».

Ces propos stupides ne sont pas gra-tuits. Ils sont destinés à étayer une thèse :« Lorsque nous préférons T'Apollon duBelvédère aux visages distendus du Boud-dha, nous nous référons à un profil debeauté qui trouve son origine dans unesynthèse des caractéristiques de notre com-munauté. » Ainsi, nous n'admirons pasl'Apollon parce qu'il est beau, mais parcequ'il est grec... ou occidental... ou... indo-européen.

Ainsi donc, si la subversion selon nosbons jeunes gens si farouchement anti-gauchistes, ee définit comme une volontéd'affirmer partout une «t conscience univer-selle mythique ». Au risque de leur fairequelque peine, nous leur répondrons qu'en cecas le plus grand penseur subversif de notretemps a nom Charles Maurras : C'est poureux, écrivait-il des Grecs, un jeu familieret délicieux que de passer en le sachantdu même au même, du même à l'Autrede l'Autre au même encore. L'un est dis-cerné. Ce qui n'est pas un, rapporté àrUn. » Et le malheureux les louait de pra-tiquer ce jeu < délicieux » qui consiste àpenser et donc de passer du sensibleparticulier . à l'idée générale. Le mêmesubversif osait également dire : « Ce queje loue n'est point les Grecs, mais l'ou-vrage des Grecs et je loue non d'êtreGrec, mais d'être beau. Ce n'est pointparce qu'elle est grecque que nous allonsà la beauté, mais parce qu'elle est belleque nous courons à la Grèce. » Et pourclore le tout : « 72 nous reste de la Grècel'humanité. Oui : tout ce que les mœursde nos arts et de notre esprit ont laissésurvivre d'humain. »

La thèse de nos « empiristes logiciens »(c'est comme cela qu'ils se nomment) n'estpas neuve. Maurras le subversif l'avaitdéjà dénoncée dans le nationalisme alle-mand : « Avec l'Allemagne tout change :elle commence par dire moi et tout ce

à quoi les autres peuples se subordon-

naient, beauté, civilisation, science ou re-ligion, elle se les subordonne à elle. »Les pseudo « empiristes logiciens » procè-dent de la même façon : la beauté del'Apollon n'est pas une donnée qui s'im-pose au goût parce qu'elle est simplementbelle, elle trouve son origine dans unesynthèse de caractéristiques de notre com-munauté. » La beauté est donc subordonnéeà un peuple, une race. Maurras auraitdénoncé là les germes de la pire des bar-baries, la barbarie qui s'oppose à la Civi-lisation, à l'humanité.

N'en déplaise donc à certains, Maurrasest un humaniste. Il n'a pas peur de parlerde l'Humanité et de l'Homme avecun grand H. Ce n'est pas pour rien qu'ildéfinit le nationalisme français commeouvert à l'universel et comme sauvegardedes idées générales qu'élabora le genrehumain au cours d'un mouvement civili-sateur qui trouva ses formules les pluscomplètes dans le catholicisme romain.

Je ne connais pas d'entreprise plusaberrante que celle qui consiste à ramenerl'œuvre du maître du nationalisme fran-çais aux dimensions d'un cours de droitconstitutionnel. Plus aberrante me paraîtencore la tentative qui consiste à faire duthéoricien de l'empirisme organisateur unesorte d'Althusser de la réaction ayantréussi à fonder véritablement la sciencepolitique en réduisant tout à des struc-tures. Un certain abus du mot < scienti-fique » m'a toujours à ce sujet paru sus-pect, car il me semblait précisément don*ner une idée fausse de l'empirisme orga-nisateur dont les deux mots recèlent àla fois plus d'humilité et plus de conve-nance à leur objet.

Maurras est avant tout un humaniste.Sa science de l'Homme, lui permet d'êtrel'initiateur de cette science ou de cettediscipline : l'empirisme organisateur, lascience politique. Car la science de l'hom-me, l'Humanisme précédent toutes les ten-tatives des sciences humaines. Ceux qui lenient n'ont rien compris à Maurras, eteont en tout cas les véritables subver-sifs. Subversifs et donc ennemis de l'in-telligence, d'abord puisqu'ils se montrentnominalistes et supjectivastes. Ennemis éga-lement de la civilisation, car refusantd'admettre l'identité du genre humain etsa spécificité, ils nous menacent de lapire des barbaries. (à suivre.)