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Des témoignages de la ferveur royaliste, · Les ouvrages concernant la cristallocéramie (le ... terre cuite et en stéatite (un silicate naturel de magnésium, pierre onctueuse

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Parmi les innombrables objets réunis par le col-lectionneur bordelais, Raymond Jeanvrot – vingtmille sont inscrits à l’inventaire du musée des Artsdécoratifs de Bordeaux – figure un ensemble deverreries à décor de médaillons blancs auxquelsleur inclusion dans le cristal confère un caractèreprécieux en les parant de reflets argentés. Il y areflet argenté lorsqu’une mince couche d’air setrouve introduite entre la céramique incluse et lecristal, ce reflet est comparable à celui du sulfured’argent, d’où l’appellation de sulfure donnéeparfois au cristallo-cérame. Les cristallo-céramesde la collection Jeanvrot, au nombre de trente-neuf, décorent des verres-gobelets, des flacons detoilette, des plaques rectangulaires et des presse-papier arrondis, des médaillons, une tabatièreronde, des bonbonnières, un verre d’eau et uneveilleuse, et sont tous à l’effigie des souverains etprinces de la Restauration, de la branche aînée des

Bourbons, à l’exception de quatre représentationsdes souverains disparus particulièrement honorésdurant la Restauration, à savoir Henri IV etLouis XVI. Raymond Jeanvrot ayant été un roya-liste légitimiste convaincu, ardent partisan duretour des Bourbons de la branche aînée et par làdigne fils de Bordeaux, considérée comme la«Ville du 12 mars», pour avoir été la première en1814 à se rallier à Louis XVIII.

Les ouvrages concernant la cristallocéramie (leterme est utilisé pour la première fois, en français,semble-t-il par Florimon Boudon de Saint-Amansdans une lettre adressée à son fils Honoré en datedu 21 septembre 1821)1 sont relativement rares. Laplaquette publiée en 1909, par J.P. Empérauger,Verres et cristaux incrustés, demeure un texte deréférence, par sa pertinence et sa précision ; elle aété complétée en 1968 par deux articles publiésdans les Cahiers de la Céramique, du Verre et desArts du feu, respectivement dus au collectionneurPierre de Toulgoët-Tréanna2, et à Anne-MarieLabit, alors conservateur du musée d’Agen, etCharles Lasserre3, puis tout récemment, par l’ou-vrage exhaustif et abondamment illustré, L’Âged’or du verre en France, 1800–1830, de FernandoMontes de Oca, collectionneur lui aussi et savantspécialiste du verre au xixe siècle4.

Jusqu’à Empérauger, s’appuyant sur les ouvra-ges d’Edmond Pelouze publiés entre 1828 et 1840, etparlant à propos des incrustations, de figures enterre cuite et en stéatite (un silicate naturel demagnésium, pierre onctueuse au toucher, selon ladéfinition du Larousse) ou argile blanche, il n’yavait pas eu de texte de vulgarisation sur l’histoireni de véritables précisions quant à la matière et aumode de fabrication des camées incrustés et, pourpreuve de cette méconnaissance, Empérauger rele-vait ce qu’en disaient Chavagnac et Grollier, dans

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Des témoignages de la ferveur royaliste,les cristallo-cérames de la collection Jeanvrot

Jacqueline du Pasquier

1. En haut : Boîte en poudre d’écaille moulée dont lecouvercle présente une plaque ronde en cristal au profil deLouis XVIII, d’après la médaille de Gayrard dédiée auxgardes du corps en 1814. Marque en creux au revers duprofil : « Feuillet no 20 Rue de la Paix à Paris » (D. 80 mm,H. 22 mm). Au milieu : Médaillon ovale en cristal, bélièreen bronze doré, au profil de Henri IV, d’après unemédaille de Droz de 1817. Marque en creux au revers ducamée : « Montcenis » (85 × 67 mm). En bas : Médaillonrond en cristal, cerclé de laiton au profil de la duchessed’Angoulême en 1816. Marque en creux au revers duprofil : « Montcenis ». (Diam. 7 mm). Deux bonbonnièresen cristal taillé au profil du duc de Bordeaux, d’après lamédaille de Dubois de 1827 (Diam 65 mm, H. 30 mm).Plaque octogonale en cristal, encadrée de bronze doré, auprofil de Louis XVIII d’après la médaille d’Andrieu dontla signature est visible à la lisière du camée (75 × 65 mm)Plaque rectangulaire en cristal taillé en pointes dediamant, munie d’une bélière en bronze doré, au profil dela duchesse d’Angoulême, vers 1815–1820. (87 × 65 mm).Bordeaux, musée des Arts décoratifs, coll. Jeanvrot.

leur ouvrage de référence, Histoire des manufactu-res françaises de porcelaine, publiée en 1906, «Nousne connaissons pas la matière employée parDesprez pour façonner ses camées, on a prétenduque c’était du sulfure d’argent ; mais nous ne lepensons pas, ils sont plutôt faits, croyons-nousd’une sorte de biscuit... » L’imprécision existaitdepuis longtemps, ainsi dans un rapport duComité consultatif des Arts et Manufactures endate du 23 janvier 1810, M. Ladouépe-Dufougerais(entrepreneur, c’est-à-dire directeur et coproprié-taire, de la Cristallerie de Montcenis, au Creusot,durant le Ier Empire) propose de fournir « 5 500médaillons de porcelaine incrustés dans le cristal»5.Un peu plus tard, en 1820, on retrouve encore dansle Journal des Modes no 55, la même informationassez vague concernant la matière des caméesincrustés, « ...Depuis quinze ou seize ans, nos mar-chands de cristaux placent, comme ornementsdans leurs gobelets... de petits bas-reliefs ou por-

traits, soit d’argile fine soit de pâte de porcelainequi, vus à travers une certaine épaisseur de cristal,paraissent être d’argent mat6. » Pourtant le 19février 1818, Honoré Boudon de Saint-Amans,après différents essais, avait déposé un Mémoire surle perfectionnement de l’incrustation dans le cristaldes camées, bas-reliefs de la plus grande dimensionetc., suivi de deux certificats d’addition7. CertesSaint-Amans n’était pas l’inventeur de ce procédémais son brevet de perfectionnement reste uniqueen son genre concernant cette fabrication qu’ilopéra au sein de la manufacture de Montcenis, detelle sorte qu’à la Cinquième exposition des pro-duits de l’industrie française qui eut lieu du 25 aoûtau 30 septembre 1819, c’est M. Chagot, le proprié-taire de la manufacture de Montcenis, qui reçut àsa place une mention très honorable « pour lesincrustations faites à sa manufacture de Montcenisqu’il a mises sous les yeux du public».

Les tous premiers cristallo-cérames, inventionfrançaise, précèdent de peu d’ années le « perfec-tionnement » apporté par Boudon de Saint-Amans. Montes de Oca et, avant lui, Empéraugerattribuent, dès 1798, à un certain Boileau tra-vaillant à la manufacture du Gros-Caillou, la réali-sation des premières incrustations de camées dansle cristal. Il y a dans les réserves du musée deSèvres quatre de ces incrustations, la première quiréunit Voltaire et Franklin est signée Boileau 1798(MNC 1310-2), un portrait de Rousseau, signé àson revers P.B. 1798 (MNC 1310-1) et un portrait deFranklin signé également à son revers P.B. 1798(MNC 1310-3), tous trois ont été offerts en 1830 aumusée céramique créé par Brongniart par l’auteurmême de ce travail ; la quatrième incrustation, unprofil de Jules César (MNC 13067), selon touteapparence également de Boileau, fut acquise en1906. Boileau avait utilisé pour déposer ses camées– tout petits, ne dépassant pas 2 à 3 cm de haut,modelés dans une pâte jaunâtre – un fond degobelet cassé assez épais sur lequel du cristalliquide ou pâteux fut versé puis aplati ensuite avecun outil. Il s’agissait là du premier procédé connude fabrication, dit «de la goutte».

Un des mérites, et non des moindres, de l’ou-vrage de F. Montes de Oca est de proposer un essaide chronologie socio-économique, mondaine etamusante, dans lequel figurent notamment lesextraits des rapports des Expositions des produitsde l’industrie française concernant le verre, maisaussi tout ce qui fut publié ailleurs sur ce sujet jus-

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2. Veilleuse en forme de vase ovoïde en cristal taillé degodrons tors, l’embouchure évasée est amovible,permettant de glisser le petit godet de la veilleuse àl’intérieur du vase, en l’adaptant sur une monture enlaiton maintenue par des petites chaînes (H. 211 mm,l. 125 mm). Profil de Louis XVIII d’après la médaille de Gayrard dédiée aux gardes du corps de 1814. Bordeaux,musée des Arts décoratifs, coll. Jeanvrot.

qu’en 1830. Ce recensement très large de la pressepermet ainsi d’établir une chronologie de l’appa-rition et du développemenent des différentestechniques de décoration du verre et couvre dansle cas qui nous intéresse, ce qui représente lagrande période des cristallo-cérames.

A la 4e exposition des produits de l’industrie,en 1806, M. Desprez, rue des Récollets à Paris estcité « pour ses camées en pâte de porcelaine par-faitement exécutés. Ce genre trouve son applica-tion dans la décoration des vases de porcelaine etdans la bijouterie ». Ce même Desprez, il s’agit dupère, Barthélémy, se dit en outre inventeur d’uneporcelaine qui va au feu. C’est un premier pas,mais les camées qui servent à la décoration nesont pas incrustés et il faut attendre 1809 pour liredans la Gazette nationale ou Moniteur universelno 286, en date du 13 octobre, la mention de« médailles et camées incrustés dans la masse ducristal et entièrement recouverts » que l’on trouve

à la manufacture de S.M. l’Impératrice, rue deBondy, seul dépôt à Paris de la cristallerie deMontcenis au Creusot dans le département de laSaône et Loire8. Cette nouvelle technique dedécoration, assez étonnante pour les contempo-rains, voire mystérieuse, on ne comprenait pasbien de quelle manière elle était obtenue, lamanufacture de Montcenis la devait au chimisteJacques Chapet, un père oratorien professeur aucollège d’Autun, arrivé à la cristallerie vers 1795.

En 1809 encore, une ordonnance du préfet de laSeine prescrit « l’achat de camées incrustés dansla cristal pour être déposés dans les fondationsdes établissements publics ». Et seront ainsi dépo-sés avec la première pierre de l’ancienne Cour descomptes, au milieu de pièces de monnaie et demédailles, trois camées incrustés représentantNapoléon d’après Andrieu et d’après Galle. Cetteutilisation très particulière des cristallo-céramestémoigne de l’importance qu’ils représentaient

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4. La duchesse de Berry. Camée sur fond bleu en biscuit de porcelaine, présenté et encadré ici comme une miniature. Ce même camée était destiné aux incrustations dans le cristal (voir photo précédente). Bordeaux, musée des Arts décoratifs, coll. Jeanvrot.

3. Sur une plaque taillée de carreaux de diamant disposés en plates-bandes (110 × 80 mm), le profil de la duchesse de Berryexécuté entre 1816 et 1820, est à rapprocher du camée en biscuitsur fond bleu de dimension identique. Bordeaux, musée des Artsdécoratifs, coll. Jeanvrot.

comme portraits numismatiques, à l’égal desmonnaies et... des médailles. Enfin, il convient deretenir ces noms de médailleurs, Andrieu et Galle,qui ne disparaitront pas avec l’Empire puisquel’un et l’autre seront plus tard les auteurs de nom-breux portraits des souverains et des princes de laRestauration.

En 1818, nous l’avons vu, Saint-Amans vendson brevet de perfectionnement à Montcenis, M.Chagot lui ayant offert toutes les facilités pourtravailler dans sa manufacture.

Avec le premier procédé dit « de la goutte »,c’est-à-dire celui qui fut utilisé la première fois à laverrerie du Gros-Caillou, et qui consistait à verserdu cristal en fusion sur le camée placé sur unepièce de cristal préalablement chauffée afin d’êtresuffisamment malléable, la difficulté tenait au faitde devoir incruster le camée en pâte de porcelaineou en terre cuite sans le casser au contact du verreliquide c’est-à-dire chaud et sans laisser de bulles

d’air emprisonnées dans la surface. Le procédé deSaint-Amans que voici permettait d’éviter cesinconvénients : «On a un moule de cuivre dont laprofondeur et la largeur dépendent du relief de lapièce que l’on veut incruster. Un premier ouvrier ycoule du cristal avec sa canne ; un second ouvrieren aplatit la surface avec une palette en cuivre,bien unie, et y enfonce son camée, le relief en des-sous, un troisième ouvrier verse d’autre cristal, surle derrière de la figure, qui se trouve entre deuxcristaux ; et celui qui tient la palette termine l’opé-ration en pressant, légèrement, la pièce dans lemoule. Un enfant la prend dans une pince chaudeet la porte à la recuite9.»

Ce procédé dit « de la poche de verre » serarepris l’année suivante par Apsley Pellat, avec quiSaint-Amans travailla également, à Londres.Quant au troisième procédé dit « par applica-tion», breveté par Apsley Pellat, il s’agissait d’ unefabrication mécanique, l’incrustation était préfa-

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5. Médaillon en cristal taillé à décor rayonnant,découpé en bordure, au profil du ducd’Angoulême couronné de laurier d’après lamédaille de Caunois, célébrant sa victoire enEspagne en 1823. (85 × 57 mm). Bordeaux, muséedes Arts décoratifs, coll. Jeanvrot.

6. Médaille de Caunois. À l’avers, « L. Ant.Generalissime des armées françaises. Caunois f. »(L. Ant. pour Louis Antoine, prénom du ducd’Angoulême). Au revers « Iberiae pacificatoroctobre 1823 ». Bordeaux, musée des Artsdécoratifs, coll. Jeanvrot.

briquée et se soudait à chaud avec la pièce lorsquel’on soufflait le verre dans le moule.

Par ailleurs, Saint-Amans donne la composi-tion de la pâte dans laquelle sont modelés lescamées à partir d’empreintes : « 2 parties de por-celaine en mesurage, 3 parties de porcelaine enmesurage fritté, 1 partie de terre de Dreux pure, 3parties de cristal bien porphyrisé ; compositionbroyée par voie humide, préparée et moulée parun procédé de moulage semblable à celui qu’onemploie ordinairement pour la porcelaine »10.Avant le moulage, l’empreinte concave faite à par-tir d’un modèle en relief, généralement unemédaille, avait été légèrement cuite et enduited’huile. Puis lorsque la composition, introduitedans le moule, était à moitié sèche et avait subi unretrait, on secouait le moule pour qu’elle s’endétache, la figure ainsi obtenue continuait desécher ; dès qu’elle était complètement sèche, àl’aide d’outils délicats, on en affinait les traits.

L’histoire des cristallo-cérames s’inscrit danscelle des petits portraits. Il est en effet intéressantde noter que la vogue des camées blancs incrustés,souvent désignés sous le nom de sulfures, nous l’avons mentionné plus haut, (expression rappor-tée par Boudon de Saint-Amans lui-même qui parle de « sulfures en France ou sulphides enAngleterre»), correspond assez exactement à celledes «petits portraits», miniatures sur ivoire et surpapier, où le profil tient, au tournant du siècle, uneplace prépondérante, et de l’ersatz du profil peintou dessiné, le physionotrace qui est une gravure.Cet engouement pour les petits profils se répandsous toutes sortes de formes : médailles frappéesdans le métal, moulées dans le cuivre pour orner lecouvercle des boîtes ou tabatières en bois de racine,médaillons de terre cuite, de plâtre, de biscuit oude porcelaine émaillée et enfin inclusions dans leverre. Le célèbre point de vue de David d’Angers :« Le profil du visage donne la réalité de la vie,

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7. Un autre et rare exemple de verrerie royaliste estce verre gobelet en cristal taillé et gravé, à l’effigiede Louis XVIII d’après une gravure de Morisset,graveur et imprimeur en taille-douce, rue du Caire,no 22. Par un procédé de décalcomanie, la gravureest transférée sur le verre et recouverte ensuited’une mince couche de vernis protecteur qui, avecle temps, lui a conféré une coloration jaunâtre.Tout autour du portrait royal, décor gravé de deuxbranches fleuries l’encadrant, de fleurs de lysstylisées et d’ étoiles, frise de petites olives enbordure. (H. 93 mm ; D. 73 mm). Bordeaux, muséedes Arts décoratifs, coll. Jeanvrot.

8. Médaillon en cristal taillé à décor rayonnant,riche bélière en bronze doré, au profil de LouisXVIII d’après la médaille de Gayrard, en 1814,marqué en creux, au revers « Desprez à Paris ». Ilest curieux de constater ici que le décor rayonnantconfère à ce camée, un des premiers célébrantLouis XVIII, une sorte d’aura sacrée. Bordeaux,musée des Arts décoratifs, coll. Jeanvrot.

tandis que la face n’en donne qu’une fiction» prendtoute sa signification dès cette époque. De plus, il ya entre ces différents supports de profils miniaturi-sés toutes sortes d’interférences et d’échanges, ainsides miniaturistes comme Bouchardy, Sauvage,Jean-Baptiste Hoin, Ferdinand De Meys et biend’autres imitèrent-ils, en peignant sur l’ivoire, lespierres gravées dont le moulage était devenu unevéritable industrie encouragée par les voyageursanglais, à partir de la seconde moitié du xviiie siè-cle. Et Montes de Oca a raison de souligner à cesujet l’importance de l’invention en 1763 d’une pâtevitreuse se prêtant au moulage de camées et d’in-tailles. Mise au point due au graveur anglais JamesTassie à qui Wedgwood demanda quelques modè-les pour ses célèbres médaillons en biscuit sur fondsde couleur. En France, Sèvres et d’autres manufac-tures fabriquèrent à leur tour des camées sur fondbleu et ces camées de différentes tailles se retrouve-ront aussi incrustés dans le cristal. Enfin dans cecontexte d’engouement pour le profil numisma-tique, ce sont évidemment les médailles qui, dansles premières années du xixe siècle, se multipliè-rent, célébrant en France les grands évènementsglorieux et dynastiques, qui eurent un rôle détermi-nant dans l’art de la cristallocéramie. C’est à partirde l’oeuvre des graveurs médaillistes qui réalisèrentdans le métal, tour à tour, les portraits de Napoléon,de Louis XVIII, de Charles X et de leurs proches,que furent créés la plupart des camées incrustés.Toutefois, il existe aussi des portraits incrustés deface ou de trois-quart mais ils sont beaucoup plusrares. Nous n’en avons relevé que six, sur un total decent vingt six pièces, dans la collection Toulgoët-Tréanna, Montes de Oca n’en présente qu’un seuldans son ouvrage, et il n’en existe pas dans la collec-tion Jeanvrot.

Avec la fabrication du cristal de plomb qui segénéralise en France sous la Restauration, le verrefrançais connait un succès qui ne se démentiraplus. Et ce n’est sans doute pas par hasard qu’ aumilieu d’autres types de décoration et d’inventionsverrières, la France donne alors naissance à la cris-tallocéramie. Mais, et c’est là un autre point deconvergence, l’existence des profils dans le verre nedépassera pas celle des miniatures. Après avoirconnu leur apogée sous l’Empire et surtout aumoment de la Restauration11, leur déclin s’amorceavec la monarchie de Juillet, exactement comme laminiature qui, à partir de 1840 environ, commencede ressentir les effets de la photographie.

La majeure partie des cristallo-cérames resteanonyme. Sur la petite quarantaine de la collec-tion Jeanvrot, six seulement, et d’une très bellequalité, sont marqués à leur revers ; deux deMontcenis sur un portrait de la duchessed’Angoulême, et sur un médaillon ovale au profilde Henri IV, d’après la médaille de Droz de 1817 ;la marque Desprez apparait deux fois au revers dedeux médaillons au profil de Louis XVIII, unemarque est : « Desprez à Paris », l’autre : « Desprezrue des Récollets No 2 à Paris »12. Une tabatièreronde en poudre d’écaille moulée, présentant surson couvercle Louis XVIII d’après la médaille deGayrard, dédiée aux gardes du corps en 1814, pré-sente à son revers : « Feuillet No 20 rue de la Paix àParis »13. Jean-Pierre Feuillet, dès le retour desBourbons, le 20 juillet 1814, avait reçu un brevetdu prince de Condé et installé son magasin rue dela Paix, à l’enseigne Aux armes de Condé14. Laquatrième marque « À l’Escalier de cristal de

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9. Flacon de toilette en cristal taillé, quadrillé àl’épaule donnant l’impression de petits diamants.Profil droit du comte d’Artois. vers 1814–1815. Lecorps du flacon n’est pas cylindrique comme lesont généralement les flacons de toilette maislégèrement oblong, ce qui permet de bien mettreen valeur le portrait. (H. 170 mm, l. 110 mm).Bordeaux, musée des Arts décoratifs, coll. Jeanvrot.

Paris », est visible au revers d’un camée de LouisXVI, inclus dans un médaillon ovale, lourdementencadré de bois doré et sculpté. Ce portrait estfait d’après la médaille de Duvivier, légendée à l’a-vers : « Louis XVI restaurateur de la liberté fran-çaise », au revers : « Abandon de tous lesprivilèges. Assemblée Nationale. 4 Août 1789 ». Ilest difficile de ne pas voir dans la reprise au débutde la Restauration, de cet hommage à Louis XVIprésenté comme un souverain libéral, une inten-tion politique favorable au maintien desBourbons sur le trône. Cette même incrustationfigure une seconde fois, dans un médaillon rond,cette fois sans marque et d’une qualité bien infé-rieure, une fêlure nettement visible s’étant pro-duite entre le haut du nez et le menton. Lemagasin de cristaux et de porcelaines, l’Escalier decristal, installé d’abord au Palais-Royal et men-tionné à partir de 1810, sous le nom deCharpentier – la seconde propriétaire sera MmeDésarnaud née Charpentier – avait obtenu en1818 le brevet de fournisseur de cristaux du Roi15.

On peut attribuer à Saint-Amans les cristallo-cérames qui sont aujourd’hui réunis au muséed’Agen et qui furent donnés par Saint-Amans lui-même à la Société d’Agriculture d’Agen en décem-bre 1831, c’est-à-dire juste après avoir quitté avecéclat la manufacture de faïence fine bordelaise diri-gée par les négociants Lahens et Rateau avec quiSaint-Amans venait de se brouiller et à qui, aupara-vant, il avait apporté, comme preuve de son savoir-faire, quelques’unes de ses incrustations16. D’aprèsles fiches du musée d’Agen, Saint-Amans aurait faittous ces cristallo-cérames lorsqu’il travaillait à lamanufacture de Montcenis en 1819 et quoiqu’aucunne soit marqué. C’est également à Montcenis queSaint-Amans décora trois grands vases en cristal etbronze doré de camées incrustés, représentant lesmembres de la famille royale d’après les médaillesde Galle, Gayrard et Andrieu, vases qui furent pré-sentés, parmi d’autres merveilles verrières, àl’Exposition des produits de l’industrie de 1819, quivalurent à Chagot une médaille d’or17.

Il faut rappeler aussi, en 1821, la participation deSaint-Amans à la manufacture de Sèvres, dans l’é-laboration, particulièrement délicate, des vases«Théricléens», en porcelaine, cristal, bronze doré,conservés au musée de Sèvres et présentés lors del’exposition de 1991, Un Âge d’or des arts décoratifs1814–184818. Chacun de ces grands vases est ornéde six cristallo-cérames représentant, sur l’un, les

« grands rois » : entourant évidemment Henri IV,le modèle suprême, on trouve Saint Louis,Louis XII, François I, Charles V et Louis XIV; tan-dis que sur l’autre vase, figurent entourant LouisXVIII, le comte d’Artois, futur Charles X, le duc etla duchesse d’Angoulême, le duc et la duchesse deBerry. Depuis cette exposition, le musée de Sèvresa reçu en don la grande coupe sur pied qui accom-pagne ces vases et au pourtour de laquelle sontincrustés dix médaillons représentant de grandsnoms français : La Fontaine, Molière, Mezeray,Corneille, Poussin, Malherbe, De Thou, Jeannin,L’Hospital, Montaigne.

Dans la collection Jeanvrot, nous serions tentésd’ attribuer également à Boudon de Saint-Amansles deux médaillons à la marque de Montcenis19,représentant, nous l’avons dit, la duchessed’Angoulême et Henri IV. En ce qui concerne leportrait de la duchesse d’Angoulême, d’une exé-cution particulièrement fine et précise dans lesdétails, il semble que le modèle en ait été unmédaillon de Sèvres de 1816. Ce même camée toutaussi parfait apparait sur une plaque ovale en cris-tal biseauté, également à la marque de Montcenisdans la collection de Pierre de Toulgoët-Treanna,(no 153 du catalogue de vente) ; il apparait égale-ment au fond d’un gobelet en cristal taillé de lacollection Paul Jokelson, à New York, et Montes deOca en signale trois autres identiques, semble-t-il,dans la même collection,20, mais Montes de Oca nesignale pas de marque à leur revers.

Si la physionomie de Madame la Dauphine estici bien identifiable, selon la qualité du camée quipeut ne pas être aussi lisible, il est parfois difficilede faire la distinction entre la duchessed’Angoulême et la duchesse de Berry, identique-ment parées des collerettes très montantes et deslourdes coiffures en diadèmes, agrémentées deplumes et de longs voiles, du début de laRestauration. Montes de Oca lui-même, pourtantconnaisseur averti, présente un médaillon (p. 356)qu’il attribue à la duchesse d’Angoulême alorsqu’il s’agit de la toute première médaille de laduchesse de Berry à son arrivée en France, datantde 1816. C’est parfois en se référant au médaillonreprésentant le prince, pendant de celui de sonépouse, que l’on est le moins sûr de se tromper,Angoulême et Berry étant plus facilement recon-naissables que les princesses, le premier par sonprofil caprin très caractéristique, le second plusjoufflu, avec un nez plus relevé.

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Sur un beau presse-papier rectangulaireouvragé de carreaux de diamants disposés en pla-tes-bandes, apparait parfaitement précis un por-trait de la duchesse de Berry de 1816, qui nesemble pas avoir été inspiré par une médaille21,en effet toujours dans la collection Jeanvrot, lemême profil existe sous la forme d’un médaillonen biscuit, camée blanc sur fond bleu, ainsiqu’une lithographie anonyme, qui pourrait avoirinspiré ces profils, même robe, mêmes bijoux,même coiffure, toutefois enrichie sur la lithogra-phie de deux longues plumes supplémentairesdescendant jusqu’au cou, qui ont été suppriméessur les camées blancs.

Une des pièces les plus spectaculaires de la col-lection Jeanvrot est une veilleuse de 21 cm dehaut, en cristal et bronze doré, au corps taillé degodrons tors « en pétales », à large embouchureévasée, godronnée et découpée en bordure, amo-

vible et maintenue par des petites chaînes ; aumilieu de la panse, dans un médaillon rond, enca-dré de bronze doré, le camée de Louis XVIII, d’a-près la médaille de Gayrard dédiée aux gardes ducorps en 1814. L’harmonie de la forme et la grandepureté du cristal mettent particulièrement envaleur le profil du roi très net dans ses détails etdélicatement irisé. La veilleuse intérieure allu-mée, l’effet devait en être assez surprenant.

La médaille d’Andrieu de 1814, au profil deLouis XVIII «à l’antique» avec de longues bouclesretombant sur son épaule, apparait souvent dansles incrustations. Nous la retrouvons quatre foisdans la collection Jeanvrot, dans un cadre octogo-nal en bronze doré, en médaillon rond, et sur laparoi de deux gobelets. Un de ces deux gobeletsprésente en outre, sur son fond, Henri IV, consi-déré à juste titre comme le père de la dynastie maisaussi comme le modèle des souverains, « Le bon

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10a, 10b. Paire de vases en cristal taillé, de forme ovoïdedite « pointe en bas », aux profils du duc et de la duchessede Berry. Entre 1816 et 1820. (H. 355 mm ; H. dumédaillon ; D. médaillon, 5,5cm). Coll.privée.

11a, 11b. Détails des médaillons.

roi Henri », et cela dès avant la Révolution, plusfréquemment encore durant la Restauration.L’effigie de Henri IV est ici modelée d’après lamédaille de Puymaurin. Signalons aussi que sur cemême verre, sur la coupe du camée de LouisXVIII, on peut exceptionnellement distinguer lasignature du graveur-médailliste, Andrieu.

En 1823, la guerre d’Espagne dont le succèsrapide revint largement au duc d’Angoulême, etque Mme de Boigne signale dans ses mémoirescomme « un très joli fait de guerre », est l’occasiond’une belle médaille de Caunois représentant leduc d’Angoulême, « Iberiae pacificator octobre1823 », couronné de laurier ; médaille reprise enincrustation dans un médaillon ovale à décorrayonnant et bordure dentelée, pourvu d’unebélière en bronze, fixée par une palmette.

Deux bonbonnières, un verre gobelet et, autrepièce plus rare, un verre d’eau, ont comme

incrustations le profil du jeune duc de Bordeauxd’après la médaille de Dubois de 1827. Le duc deBordeaux est alors âgé de sept ans et porte l’uni-forme de cuirassier de la garde royale. Le verred’eau était un accessoire obligé de la table de nuit,composé d’un plateau rond sur lequel reposentune grande carafe pour l’eau, une plus petitepour l’eau de fleur d’oranger connue pour sesvertus sédatives, un sucrier et un verre à pied. Laforme de ces pièces révèle les années 1830–35.Même date pour le verre gobelet sur six pieds envolute, à l’effigie du duc de Bordeaux. Le verred’eau et le gobelet ne sont pas taillés mais moulés,ce qui leur enlève de la qualité mais à l’Expositiondes produits de l’industrie de 1834, le jury souli-gnait les avantages du procédé industriel dumoulage permettant une baisse des prix22.

Mais c’est avec six boules presse-papier,dont trois sur fond vert, au profil du comte de

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Chambord, d’après la médaille de Gayrard, légen-dée «Henri de France Gayrard F. Prague 1842», quela décadence du cristallo-cérame devient évidente.On sent ici la pièce de série et ce n’est pas par hasardqu’il en existe six exemplaires dans la collectionJeanvrot. La qualité n’est plus là. La forme même dela boule presse-papier est banale et le profil désor-mais blafard n’offre ni éclat, ni netteté dans sesdétails. Cette médaille qui fut exécutée lorsqueGayrard vint à Prague, où se trouvait le prétendantau trône de France fut la plus souvent frappée dansles jours qui suivirent et demeura « le portraitmétallique officiel que le prétendant durant biendes années encore distribua à ses fidèles, en diversescirconstances amicales» constate Henry Bauquier23.Empérauger lui aussi avait eu entre les mains plu-sieurs exemplaires de ce presse-papier dont, dit-il,la mise en circulation dès 1842, «aida à vulgariser lestraits du chef de la branche aînée des Bourbons,lequel fit précisément en 1843, pour la première foisacte de prétendant en recevant à Belgrave-Square,les notabilités du parti légitimiste». Ajoutons quece presse-papier fut multiplié à l’attention des par-tisans de la branche aînée au même titre que lesmédailles évoquées par H. Bauquier et que, plustard, les innombrables croix, insignes, boites enpapier mâché et images à l’effigie de Henri V, sur lethème d’une fidélité indéfectible: «de près, de loin,

toujours», dont la fabrication puis la distributionaux fidèles se prolongèrent à Frohsdorf, jusqu’à lamort du comte de Chambord en 1883. Et l’onrejoint ici l’idée d’Empérauger attribuant aux cris-tallo-cérames «une action politique». Rôle que leurdénie Montes de Oca, arguant du fait qu’il s’agissaitde produits de luxe destinés pour cette raison à unpublic restreint. Produit de luxe peut-être mais pasau-delà de 1830 et de toutes façons durant laRestauration, c’est-à-dire la période des plus beauxcristallo-cérames, le choix des profils numisma-tiques n’était jamais neutre, ils avaient une signifi-cation et un rôle bien précis, nous l’avons vu avecles médaillons décorant les vases et la grande coupe«Théricléens».

Il y eut, certes, dans les incrustations, sousl’Empire comme sous la Restauration, bien dessujets abordés, mythologiques ou tirés del’Antiquité, religieux (surtout après 1830) ou sim-plement anecdotiques mais les portraits y ont laplus belle part, portraits de souverains français etétrangers amis de la France, d’hommes célèbres etd’écrivains morts ou vivants, d’acteurs à la mode.Sous la Restauration, il est incontestable que lafamille royale française, élargie aux rois martyrs,Louis XVI et Marie-Antoinette, et à l’ancêtreBourbon, Henri IV, fut le sujet de prédilection desincrustations. Et les beaux objets si précisément

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12. Verre en cristal taillé à la décoration duBrassard de Bordeaux. Le médaillon présente deuxfaces semblables, les lettres LL enlacées sur fondémaillé blanc, entourées de la légende : « Bordeaux12 mars 1814 » sur fond émaillé vert24. Le blanc deslys et le vert de l’espérance furent les couleurs de la Restauration. C’est à l’exposition de 1819que le bijoutier-joailler-orfèvre Alexandre Parisprésenta – et en fut récompensé – l’art des émauxsur feuille d’or qui lui permit de créer les verrescontenant des décorations militaires.

13. Verre d’eau en cristal moulé, comprenantquatre pièces réunies sur un plateau rond (D. 270 mm), une grande carafe (H. 270 mm),une petite carafe (165 mm), un sucrier (H. 170mm), un verre à pied (138 mm), au profil droit du duc de Bordeaux, d’après une variante de lamédaille de Dubois de 1827, portant au pourtourde la médaille, la légende suivante « Henry(inhabituellement écrit avec un y) duc deBordeaux ». Vers 1830–1835. Bordeaux, musée des Arts décoratifs, coll. Jeanvrot.

connotés de la collection Jeanvrot, veilleuse, verred’eau, flacons de toilette, vases ou bonbonnières,sans oublier les médaillons pouvant être suspendusau mur parmi les miniatures de la famille, quiavaient leur place dans le salon mais plus encoredans la chambre à coucher, sur la table de chevet oude toilette, peuvent-ils être considérés commeautant de pièces de ralliement de l’idéologie roya-liste. Il fallait aimer la famille régnante pour vouloiren acquérir le portrait et l’ avoir sous les yeux dansses appartements privés. La politique y trouvait soncompte mais plus encore le sentiment. Après 1830,l’attachement des légitimistes à la famille royale exi-lée en firent des témoignages de fidélité et les cris-tallo-cérames rejoignirent alors ces pièces ditesséditieuses qui avaient commencé de circuler aprèsla mort de Louis XVI et Marie-Antoinette maisdont la vogue fut relancée durant le règne deLouis XVIII, ainsi que les nombreux objets et gra-vures consacrés aux «Petits Ecossais» évoquant demanière pittoresque et touchante, puisque les petitsEcossais étaient les Enfants de France, le duc deBordeaux et sa soeur, Mademoiselle d’Artois, lepremier exil de la famille royale, à Edimbourg.

Les plus beaux cristallo-cérames, en raison deleur fascinant éclat, furent aussi offerts par lesprinces à des proches ou à des fidèles, comme entémoigne la paire de vases à l’effigie du duc et de

la duchesse de Berry, toujours présente chez lesdescendants de la famille Guestier à Bordeaux,grande dynastie des Chartrons, et avec lesquelsnous concluerons. Nous avons insisté plus hautsur l’engagement politique de Bordeaux, « Villedu 12 mars ». Le duc et la duchesse d’Angoulême,la duchesse de Berry y vinrent à de nombreusesreprises et d’abord, le Dauphin et Madame laDauphine le 12 mars 1815, pour célébrer le pre-mier anniversaire du retour des Bourbons. Plustard sous la Monarchie de Juillet, l’emprisonne-ment de la duchesse de Berry, tout près deBordeaux, à Blaye, renforça cet attachement dontfaisait état le journal, La Guyenne, organe du légi-timisme livrant une guerre acharnée au Mémorialbordelais progouvernemental.

Cette paire de vases pieusement conservée ettransmise, en pérennisant le souvenir du princeassassiné et de l’intrépide Marie-Caroline, rap-pelle le loyalisme d’une famille bordelaise enversles souverains de la Restauration, et au-delà,témoigne du rôle de la cristallocéramie dans lasensibilité romantique.

Je remercie vivement pour leur accueil et leurdisponibilité, Bernadette de Boysson, conserva-teur du musée des Arts décoratifs de Bordeaux ettout particulièrement sa collaboratrice, Valérie de

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Raignac ainsi que la photographe LysianeGauthier ; Marie-Dominique Nivière, conserva-teur du musée des Beaux-Arts d’Agen, et à Sèvres,Antoinette Hallé et Martine Beck Coppola.J’adresse également mes plus vifs et amicauxremerciements à Mme Guy Schÿler.

Jacqueline du Pasquier, conservateur honorairedu musée des Arts décoratifs de Bordeaux.

Notes

1 Apsley Pellat dans son ouvrage Curiosities of GlassMaking, publié en 1849, parle de « crystallo-ceramie »,cité par Montes de Oca, L’Âge d’or du verre en France1800–1830, Paris 2001, p. 344. La lettre de Florimon deSaint-Amans est citée par A.-M. Labit et Ch. Lasserre,Un maître des arts du feu, le chevalier Boudon de Saint-Amans (1774–1858) 1- ses sulfures, p. 19.

2 « Verres et cristaux incrustés dits sulfures », Cahiers de laCéramique... no 40, p. 238–250. La collection de Toulgoët-Tréanna a été dispersée après sa mort. La vente parRieunier et Bailly-Pommery a eu lieu le 16 octobre 2000et a fait l’objet d’un catalogue, obligeamment signalé etcommuniqué par Mme Régine de Plinval de Guillebon.

3 « Un maître des arts du feu, le chevalier Boudon deSaint-Amans (1774–1858) 1- ses sulfures », Cahiers de laCéramique... no 41, p.14–31

4 Citons encore de Régine de Plinval de Guillebon, «Notesur Despréz fabricant de camées de porcelaine Paris finxviiie début xixe siècle», Cahiers de laCéramique...no 46/47, 1970.

5 Fernando Montes de Oca, op. cit, p. 462.6 F. Montes de Oca, op. cit. p. 465.7 A.-M. Labit et Ch. Lasserre, op cit. p. 31.8 Le 21 juillet 1806, Ladouèpe-Dufougerais devient

« fabricant des cristaux de l’Impératrice » et Montcenis« Manufacture des cristaux de S.M. l’Impératrice etReine ». Montes de Oca, op. cit., p. 37.

9 Le brevet de Saint-Amans est reproduit in extenso parEmpérauger, op.cit. p. 25–30.

10 A.-M. Labit et Ch. Lasserre, op.cit. p. 23.11 Empérauger précise : « Ils (les incrustés) commencèrent

à être répandus vers la fin du xviiie siècle, furent asseznombreux sous l’Empire, très nombreux, artistiquesdurant la Restauration, rares et médiocres sous Louis-Philippe ; et disparurent pendant le second Empire ».

12 Barthélémy Desprez était établi rue des Récollets (écrittantôt avec deux l, tantôt avec un seul l) dès avant l’anIV, son fils Nicolas lui succéda vers 1815. Régine dePlinval de Guillebon, Faïence et porcelaine de Parisxviiie-xixe siècles, Dijon, 1995, p. 320.

13 Ce même camée inclus au fond d’une tasse en porcelainede Darte frères, vers 1815, est reproduit par R. de Plinvalde Guillebon, op. cit. p. 320.

14 Cf. R. de Plinval de Guillebon, op. cit. p. 360.15 R. de Plinval de Guillebon, op. cit. p. 359 ; rectification

apportée par Montes de Oca, op.cit., p. 266.16 Anne-Marie Labit et Charles Lasserre, op.cit. p. 28.17 Cf. Montes de Oca, op. cit. p. 362.18 Cf. le catalogue, p. 113, la description que Pierre Ennes

donne de ces vases.19 Nous n’avons pu retrouver dans les réserves du musée de

Sèvres les pièces de Saint-Amans offertes par lui-même,parmi lesquelles A. M. Labit et Ch. Lasserre signalentprécisément un Henri IV et une duchesse d’Angoulême...

20 Montes de Oca, op. cit. p. 359.21 Aucune médaille semblable ne figure dans Henry

Bauquier, Album numismatique et souvenirsiconographiques de S.A.R. Marie-Caroline de Sicileduchesse de Berry, Paris 1951

22 Cf. catalogue Un Âge d’or des arts décoratifs 1814–1848,Paris, 1991, p. 281.

23 Bauquier, Henry, et Cavalier, Gaston, Histoirenumismatique du comte de Chambord, 2e volume, de 1830à 1883, Paris, 1929, p. 43.

24 Le 12 mars 1814, les royalistes de la Gironde constituèrentune garde d’honneur au duc d’Angoulême lors de sonarrivée à Bordeaux, ils portaient un brassard vert et blancattaché au bras gauche; le 12 juillet suivant, ils furentautorisés à remplacer ce brassard par la décoration quel’on aperçoit dans ce verre. (La Légion d’honneur et lesdécorations françaises, Charles-Mendel ed., Paris 1911).Cette décoration fut supprimée par la Monarchie deJuillet.

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14. Boule presse-papier au profil droit du comte deChambord, d’après la médaille de Gayrard de 1842.(D. 90 mm ; H. 60 mm). Bordeaux, musée des Artsdécoratifs, coll. Jeanvrot.