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12 PAYS DE NORMANDIE VIVRE ICI Histoire TEXTE ET PHOTOS : ANTHONY PAINE 2 3

Histoire 70

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Histoire du PDNorm 70

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12 PAYS DE NORMANDIE

VIVRE ICI Histoire

TEXTE ET PHOTOS : ANTHONY PAINE

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La Seine

Bon nombre d’embarcations naviguent sur la Seine : des céréa-liers, des chimiquiers, des péniches, des plaisanciers et même des voiliers. Tous ont un point commun : ils eff ectuent un voyage plus ou moins long, loin de leur base, en remontant ou descen-dant le fl euve. Seul les bacs dérogent à cett e règle. Coincés entre leurs cales, ils se rendent d’une rive à l’autre dans des va-et-vient incessants indispensables aux riverains. La Seine est d’ailleurs le seul endroit de France où la densité de bacs est aussi importante.

P asse le bac  »  ! Cett e expression, sou-vent utilisée par les riverains de la Seine, désigne non pas le fameux examen mais bien le fait de traverser le fl euve, qui a

toujours été une barrière naturelle diffi cile à fran-chir. La rive gauche est restée plus rurale et plus dépendante que la rive droite. Sur cett e dernière, on retrouve les principaux services  : écoles, mar-chés, commerces, gares… À l’inverse, on trouve généralement sur la rive gauche de petits villages vivant de l’agriculture. La tendance tend cepen-dant à s’estomper.Pendant de très nombreuses années (la construc-tion des ponts en aval de Rouen n’a commencé qu’en 1959 avec le pont de Tancarville), la solu-tion la plus adaptée et la moins onéreuse pour traverser la Seine est d’embarquer sur les bachots (barque à fond plat), les plus fréquemment utilisés et les bacs. L’importance des bacs est si grande que l’on trouve au début du siècle un passage d’eau tous les 4 à 5 kilomètres de telle sorte que, dans les années 30, il y avait entre Rouen et Le Havre à peu près vingt-cinq passages d’eau. De nos jours, il subsiste encore huit bacs en service sur la Seine, ils sont entièrement gratuits. Deux bacs mari-times (Duclair et Quillebeuf) dont l’équipage est

1 - Vue du premier bac à vapeur de Caudebec-en-Caux, l’« Union », dans les années 1870-1880.

2 - Le Bac n°21 en cale de Berville-sur-Seine. Il s’agit du plus grand bac de Seine.

3 - Vue sur La Bouille prise à bord du bac.

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PASSEZ LE BAC « De l’autre côté de l’eau »

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A la fi n du XIXe siècle, les traversées pouvaient durer jusqu’à 30 minutes !

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composé d’inscrits maritimes et six bacs fl uviaux (Dieppedalle, Petit-Couronne, La Bouille, Mesnil-sous-Jumièges, Jumièges et Yainville). Passage obligé pour traverser la Seine au plus court, le bac permet d’éviter un long détour vers les ponts car, quelle que soit leur taille, les passages d’eau sont indispensables aux riverains, même si à la belle saison, les touristes sont nombreux à les utiliser. Cett e mini croisière a un petit côté bucolique, surtout pour les bacs fl uviaux. D’une capacité de dix voitures ou cinquante personnes pour la plupart, ces derniers sont souvent en service accéléré pour faire passer le plus rapidement possible les usagers. Bon nombre de piétons et de cyclistes les empruntent quotidien-nement. Depuis 2005 et la gratuité des passages d’eau, le trafi c s’accroît régulièrement. Pour répondre à cett e demande et dans le but de renouveler la fl ott e vieillissante, un nouveau bac fl uvial a même vu le jour en 2006. Dénommé « Bac 22 », ce petit nou-veau est désormais en service sur le passage de Petit-Couronne. Chaque bac fl uvial fait passer d’une rive à l’autre entre mille à mille cinq cents véhicules par jour pour les plus petits et près de deux mille pour La Bouille.

De la rame au DieselLes premiers passages d’eau dont l’existence est att estée da-tent du XIIe siècle. Les plus anciens sont ceux de Jumièges ou de Caudebecquet, lequel est déplacé par la suite à Caudebec. Les abbayes disposées le long du fl euve possédaient plusieurs passages d’eau. Par exemple, l’abbaye de Jumièges possédait des passages comme Jumièges, La Roche, Le Landin, le Port d’Yville…

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Itinéraire à suivreEn démarrant d’Heurteauville, rendez-vous sur la rive droite à Jumièges, via le bac n°17. Là, une petite auberge vous accueille avec un repas typique. Visitez ensuite l’abbaye de Jumièges. Après avoir traversé les vergers et être passé à proximité de la base de loisirs et du golf, dirigez-vous alors vers le bac du Mesnil-sous-Jumièges. En traversant la Seine à cet endroit (où elle y est plus large), vous arrivez à Yville-sur-Seine. En prenant sur votre gauche et en longeant le fl euve, vous découvrez le bac maritime de Berville-sur-Seine, situé à environ 8 kilomètres. Une traversée s’impose pour aller à Duclair et profi ter d’une promenade sur les quais. Prenez maintenant la route de Rouen, située juste entre la falaise et la Seine. Puis, bifurquez vers la droite en direction de l’abbaye de Saint-Martin de Boscherville et ses jardins. Continuez sur la rive droite jusqu’à Sahurs. Dernière traversée par le bac de La Bouille, patrie d’Hector Malot. Les lueurs matinales off rent un très beau spectacle : les rayons du soleil qui viennent frapper les façades des maisons se refl ètent dans la Seine. Finalement, vous pouvez ratt raper l’autoroute, à proximité, en profi tant une der-nière fois d’un beau panorama sur la Seine.

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La SeineLes passages sont rudimentaires, la plupart du temps il s’agit d’une ou plusieurs barques. Puis, progressivement, les embarcations s’améliorent. Les premiers bacs à rames apparaissent au XIXe, leurs deux tabliers (partie mobile permett ant l’em-barquement des usagers), un à chaque extrémité permett ent désormais d’éviter la manœuvre du demi-tour. Il faut att endre 1868 pour voir ap-paraître le premier bac à vapeur et à roues à aubes de France à Caudebec-en-Caux. Seuls les plus importants passages sont dotés de bacs à vapeur : Duclair en 1872, Quillebeuf en 1873 et La Mailleraye en 1892, alors qu’un ou deux bachots équipent en général les autres passages d’eau, moins fréquentés. Dans les années 20 les grands bacs à vapeur sont équipés d’hélices et les bacs remorqués par une vedett e font leur apparition. Il s’agit d’un bac en bois att elé à une vedett e. Une autre révolution voit le jour dès 1960 lorsque le premier bac entièrement propulsé grâce au diesel, le «  Bac n°10  » comme il se prénomme, entre en service à Caudebec. Là encore, c’est sur ce passage le plus important que l’on inaugure cett e nouveauté. Hélas, ce ne sera pas pour très longtemps car le passage d’eau ferme en 1977, à l’ouverture du pont de Brotonne.

La BouilleEnclavé entre la falaise et la  Seine, le charmant village de La Bouille se dévoile peu à peu. Son seul lien avec Sahurs sur la rive droite, c’est un bac qui eff ectue ses va-et-vient quotidiens et parcourt les quelque 240 mètres du fl euve le séparant de l’autre rive en moins de 5 minutes. Mais il n’en a pas toujours été ainsi…Avant la Révolution, le passage appartient à la Baronnie de Mauny. Puis, à partir de 1789, les privilèges abolis, le passage revient à l’État mais ce n’est qu’en 1876 qu’il devient départemental. À la fi n du XIXe, les traversées se faisaient grâce à un bac en bois mû par des rames. Elles pouvaient alors durer jusqu’à 30 minutes  ! Puis, dans les années 1925, sous l’impulsion des communes de La Bouille, Sahurs et Saint-Pierre-de-Manneville, un bac remorqué par une vedett e fait son apparition. Le bac est d’abord en bois dans les années 1925-1930, puis devient métallique dans les années 40. En 1960, le diesel apparaît sur ce bac maritime n°11 qui peut ainsi embarquer désormais des poids lourds. En 1988 le passage d’eau est rede-venu fl uvial à la mise en service du bac n°20, le dernier bac construit pour La Bouille, encore en activité aujourd’hui.

Ce bac, construit à Villeneuve-le-Roi en région parisienne, est actuellement le plus important des bacs fl uviaux.

La Boucle de JumiègesDans cett e boucle recouverte de vergers, l’abbaye de Jumièges surplombe les méandres de la Seine. L’importance de cett e abbaye a été telle qu’il a fallu très tôt des passages d’eau pour la desservir et l’approvisionner. Pas moins de onze passages ont été recensés à diverses périodes dans cett e boucle de la Seine entre Le Trait et Anneville. L’abbaye de Jumièges possédait à peu près la moitié de ces passages et ce, jusqu’à la Révolution. La Vicomté de l’eau assurait alors la police fl uviale et enregistrait les baux.Désormais, il ne reste plus que trois passages d’eau en activité  : Mesnil-sous-Jumièges, Yainville et Jumièges. Les deux premiers ont vu leur empla-cement actuel fi xé en 1882. À cett e époque, ils sont assez peu fréquentés et munis chacun d’un bac en bois à rames. Seul le passage de Jumièges, plus important, est muni d’un bac du même type depuis fort longtemps. L’une des principales amé-liorations de ces trois passages est l’adjonction d’une vedett e automobile att achée au bac en bois, vers la fi n des années 20. Cett e confi guration oblige alors la vedett e à se détacher d’un côté du bac pendant la traversée afi n de lui permett re de faire demi-tour. Cela était assez impressionnant. Ce type de bac reste en activité jusqu’en 1976 au Mesnil-sous-Jumièges. Enfi n, la mise en service à

1 - Bac à rames en bois de La Bouille au début du XXe siècle.

2 - Bac n°20 de La Bouille, emblème de la commune. En arrière-plan la mairie de cette localité.

3 - Heurteauville, le bac accosté à marée haute.

4 - Les ducs d’albe le long desquels le bac vient s’accoster.

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la fi n des années 70 de bacs automoteurs au diesel s’avère être la dernière révolution technique. Ils sont équipés de deux propul-seurs, répartis en quinconce.Le bac du Mesnil devait être supprimé dès la mise en service des deux autres bacs de Jumièges et de Yainville. Seulement, c’était sans compter sur l’acharnement du Conseiller général du canton de Duclair. Il obtient fi nalement la construction d’un bac supplé-mentaire pour le Mesnil.

Le Bac 23Cett e année le « Bac 23 », un nouveau bac, entre en service sur la Seine. Dernier-né d’une longue lignée, il vient remplacer l’un des bacs maritimes n°13 ou 14 qui fêtent leurs 40 ans. D’une longueur quasi équivalente à l’actuel « Bac n°21 », il peut embar-quer vingt-huit voitures réparties non pas sur cinq mais quatre rangées. Toutefois, les automobilistes pourront aisément sortir des véhicules car la largeur entre chaque fi le est augmentée. Autre avancée, l’accès pour les personnes à mobilité réduite a été pris en compte. Les « trott oirs » sur lesquels les cyclistes et les piétons avaient l’habitude de stationner ont été abaissés.La construction de sa coque a commencé à Dieppe. Une fois ache-vée, remorquée jusqu’à Boulogne-sur-Mer, la Société Socarenam

fi nit son armement. Une att ention toute particulière a été portée sur l’économie de carburant. Une partie de la structure en alumi-nium en réduit le poids et il peut, lors des faibles courants, fonc-tionner avec seulement trois de ses quatre moteurs diesel pour éviter toute surconsommation inutile.

Pratique - Les bacs fonctionnent entre 6 h et 22 h pour la plupart. Deux coupures quotidiennes ont lieu vers 9 h - 9h30 et vers 15 h - 15h30 sur les bacs fl uviaux, et le midi sur les bacs maritimes. Attention, pas de bac le 1er mai.- Aux alentours : Route des Abbayes, Route des Chaumières, Route des Fruits et le Parc naturel régional des Boucles de la Seine normande.- Le musée de la Marine de Seine, à Caudebec-en-Caux, retrace l’histoire de la Seine et des bacs. Tél. : 02.35.95.90.13.- À l’occasion du festival Normandie Impressionniste il est possible de faire une croisière sur la Seine entre Rouen et Duclair, les mardis et samedis jusqu’au 28 septembre 2010. Une bonne occasion de découvrir les bacs de Seine. Tél. : 02.32.08.32.40 ou www.rouentourisme.com

Passerelle du Bac 22, le plus moderne

des bacs fl uviaux, en service à Petit-

Couronne

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