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Histoire de la pensée chinoiseby Anne Cheng

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EHESS

Histoire de la pensée chinoise by Anne ChengReview by: Françoise AubinArchives de sciences sociales des religions, 44e Année, No. 106 (Apr. - Jun., 1999), pp. 48-49Published by: EHESSStable URL: http://www.jstor.org/stable/30151751 .

Accessed: 18/06/2014 19:55

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ARCHIVES DE SCIENCES SOCIALES DES RELIGIONS

auteurs du prdsent ouvrage, en France, il y a encore quelques progras i faire en ce sens.

Jean-Paul Willaime.

106.15 CHENG (Anne).

Histoire de la pens~e chinoise. Paris, Seuil, 1997, 658 p. (bibliogr., index, caract. chinois).

Confucius est a la mode : n'a-t-il pas justifid le succas dconomique des petits << Tigres >> asia- tiques ? Le Livre des Mutations (le I-ching/Yi- jing) tout comme le zen (le ch'an chinois) font partie de la galaxie du New Age; et, si l'on a des lectures, on a entendu parler du ndoconfu- cianisme et de quelques philosophes chinois 6pars A travers les siacles. Or voici que le prd- sent ouvrage rdussit le pari, qu'on aurait ima- gind impossible, d'exposer la totalitd du ddveloppement des spdculations intellectuelles chinoises, depuis l'Antiquit6 jusqu'a l'arrivde du communisme, en installant chaque penseur dans le cadre culturel et politique d'une 6poque caractdrisde en quelques phrases bien frappdes, en dclaircissant les subtilitis de chaque con- cept, dans le systime propre a chaque auteur et a chaque mouvement d'iddes durant la p6- riode considdrde, et en discutant les interprd- tations que la sinologie en a ddja donndes. Auteurs, concepts, arriare-plan politique - tous les 616ments de l'histoire s'ajustent a la ma- nitre d'un puzzle agrdable a l'oeil. Ddpourvu de jargon nonobstant sa technicit6, illustr6 par de multiples citations des sources dans la tra- duction de A.C., passionnant a lire d'une traite pour qui veut se laisser prendre au vertige de la continuitd, depuis la rationalitd antique jus- qu'a la rdvolte du XXe siacle contre les tradi- tions, a travers les ruptures, les renaissances et les recompositions, c'est en mame temps un ouvrage de rdfdrence pour l'honnate homme autant que pour le philosophe et le sinologue. Y contribuent l'exposd clair, entrecoupd de sous-titres toutes les deux ou trois pages; les notes bibliographiques, en bas de page, suc- cinctes et essentielles, qui incitent a approfon- dir les themes (et qui manent la documentation jusqu'en 1996); les caractares chinois dans le texte, juste quand ils sont ndcessaires, pour ai- der le sp6cialiste a saisir l'identit6 des termes philosophiques fondamentaux; trois index splendidement opdrationnels : celui des notions - vocables frangais, termes chinois (avec ca- ractares d'dcriture, composds et traduction), termes sanscrits; celui des noms propres - to- ponymie, onomastique (avec dates des auteurs) et ddnominations des institutions; celui des ceuvres (avec traduction de chaque titre, outre les caractares chinois). Quand on se s6pare, a

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regret, de l'ouvrage, la derniare page achevde, deux visions restent dominantes: le lien que les spdculations philosophico-morales ont en- tretenu avec le politique tout au long de l'his- toire de la Chine; et le poids dont la figure de Confucius a pesd sur toute doctrine, onto- logique, 6thique, cosmologique ou politique, iddaliste ou rdaliste: oConfucius se confond avec la destinde de la civilisation chinoise , dit l'auteur, et pourtant son enseignement n'est fait que de << truismes >> (p. 55).

La moitid, a peu pras, de l'ouvrage est con- sacrde a la mise en place des diffdrents dis- cours que les penseurs ont tenu sur l'homme, son destin social et son r61e dans un cosmos qui le prolonge, durant les 6poques formatives de la civilisation chinoise, jusqu'a l'unification de l'empire a la fin du IIIe siacle avant notre are. A Confucius (pp. 55-85) - la spdcialit6 premiare de A.C. (cf. Arch. no 56.323 et no 63.279), s'oppose Mo-tzu (pp. 86-101) et succident Mencius, l'intuitif iddaliste (pp. 148- 175) et Hstin-tzu, le r6aliste (pp. 200-220); la voie du Tao est saisie par Chuang-tzu (pp. 102- 131) et Lao-tzu (pp. 176-199); on trouve aussi les spdculations des logiciens (pp. 132-147), des Idgistes (pp. 221-236), de la cosmologie (pp. 237-253), du Livre des Mutations (pp. 254-275) - mais rien sur Sun-tzu et son art de la guerre, remarquons-le. La seconde moitid de I'ouvrage se partage, pour un tiers, entre les Han et les T'ang, et, pour deux tiers, entre l'dlaboration et la maturation de l'orthodoxie dite < n6oconfuc6enne et les oppositions qu'elle a suscitdes, du XIIe au XXe siacle. Sous les Han (IIe si&cle av. J.-C. - IIe siacle ap. J.-C.) s'oparent les premiares systdmatisations de la tradition; et les d6tenteurs du savoir disposent maintenant, par l'interprdtation des prdsages, d'un moyen de contr81er le pouvoir politique (pp. 276-306). Durant les siacles de ddsintd- gration du pouvoir unitaire, le bouddhisme, im-

port6 de l'Inde, s'assimile peu a peu (pp. 328-368), jusqu'a s'dpanouir sous les T'ang, entre les VIIe et IXe siacles, en des dcoles de- venues bien autochtones, ainsi le ch'an, ou

dhycdna, dit zen en japonais, I'dcole intuition- niste et subitiste de l'Esprit (pp. 369-398). Sous les Sung du Nord, aux Xe-XIe siacles, a la faveur de la prospdrit6 6conomique et grice aux possibilitds de diffusion de l'dcrit que per- met la popularisation de l'imprimerie, I'dtude du confucianisme revient en plein honneur, sous l'dgide impdriale, et la vie intellectuelle atteint alors un de ses plus hauts sommets de crdativitd (pp. 399-464). Lorsque l'invasion << barbare >, au d6but du XIIe siacle, rejette les Song dans le sud du pays, c'est la synthase opdrde par Chu Hsi (Zhu Xi, 1130-1200) entre

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l'6cole favorisant < le Principe >> (LI, que A.C. 6crit en majuscules afin de distinguer ce terme structurel de son homophone li, o<le rite >>) et l'6cole de << l'Esprit>> (hsin/xin), ainsi que son interpretation d'un corpus confuc6en fig6 d&- sormais en <<Quatre Livres >>, sa mithode de travail par ol'examen des choses> (ke- wu/gewu) et par l'autoperfectionnement, qui vont constituer, g partir de la dynastie mongole des Ytian, au XIVe siacle et pour six sidcles, l'orthodoxie officielle - que nous appelons ndoconfucianisme - imposde dans les examens mandarinaux.

A l'6poque Ming, du XIVe au milieu du XVIIe sidcle, I'6tude des Classiques devient plus que jamais un enjeu politique sous le cou- vert de ddbats philologiques. Mais, avec Wang Yang-ming notamment (1472-1529), la recher- che spirituelle par intuition individuelle et par la d6fense d'une conscience morale inn6e tire aussi le confucianisme vers le subjectivisme, aux d6pens de l'intellectualit6, et aide a l'af- firmation d'un esprit critique, voire icono- claste, vite r6prim6 par le gouvernement (pp. 496-530). L'invasion de la Chine par les Mand- chous, au milieu du XVIIIe siacle, et la fon- dation, par ces <<barbaresa>>, de celle des dynasties qui va 8tre la dernibre, sous le nom de Ch'ing (ou Qing, 1644-1912), disespirent les intellectuels qui en viennent a rejeter, pour cause d'inop6rance, les interpr6tations intuiti- ves conduites par le neoconfucianisme sur les ouvrages fondateurs de l'identit6 culturelle, et t rechercher aprement I'authenticite confu-

c6enne premiere. Les XVIIe et XVIIIe sidcles vont done etre marqu6s par un examen critique des textes antiques, qui va jouer le r6le d'une resistance politique au despotisme mandchou. Dor6navant, ce ne sont plus les <<Quatre Li- vres >>, impos6s par le n6oconfucianisme offi- ciel dans le programme des examens mandarinaux, qui mobilisent la riflexion, mais <<les Cinq Classiques >>, consid&rds comme des oeuvres historiques qu'il faut authentifier, dater et interpr6ter en y appliquant des disciplines scientifiques, certaines d'entre elles d6velop- p6es sous l'influence des jdsuites, ou en reac- tion a leur apostolat par les sciences, telle l'astronomie math6matique (pp. 531-573). L'aventure du retour aux sources spirituelles s'enrichit d'un nouvel 6pisode, au tournant du XVIIe-XVIIIe siacle, lorsque des groupes de lettr6s de la region du bas Yangtzu d6cklent des apocryphes dans la version des Classiques en 6criture dite <ancienne>> (kuwen/guwen), qui forme la base de la tradition ex6g6tique depuis le d6but de notre bre environ, I1gitimde t l'6po- que T'ang, et lorsqu'ils redonnent valeur h la version en 6criture < moderne > (chin-wen/jin-

BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE

wen) de ces mimes Classiques. Leur lecture des Annales des Printemps et des Automnes (le Ch'un-chiu/Chunjiu) se fait dans un esprit par- ticulibrement contestataire, nationaliste et r&- formiste, face t la d6cadence du r6gime et, plus encore, A l'impirialisme agressif des puissan- ces occidentales. Au XIXe sibcle, K'ang Yu-wei (1858-1927) voudrait transformer Confucius en un fondateur religieux, h l'dgal du Bouddha ou du Christ. mais, dans les premieres dicennies du XXe sidcle, I'6rudition critique des Classi- ques aboutit i disacraliser ceux-ci, et, le 4 mai 1919, A rejeter d6finitivement les valeurs cul- turelles qui avaient soutenu l'ordre politique traditionnel (pp. 574-603). L'dpilogue (pp. 605-610) se cl~t sur la question inevitable: que doit maintenant faire la Chine de sa tra- dition ?

Cette somme monumentale renvoie, pour chaque point traits, i la bibliographie essen- tielle. On regrettera que l'A., si habile i sch6- matiser l'esprit d'une 6poque en quelques lignes, n'ait trait6 que par allusion superficielle les examens mandarinaux et la doctrine offi- cielle sous les Ch'ing (p. 558); qu'elle n'ait pas 6voqu6 les entreprises d'endoctrinement villageois a l'dpoque mandchoue par la diffu- sion de 1'<< idit Sacr >> de l'empereur Kang-hsi ou les icoles des communautds rurales du bas Yangtzu aux XVIIe-XVIIIe sibcles. Le grand absent reste, enfin, le taoi'sme sous sa forme communautaire, pass6 le IVe sidcle : il faudra se r6fdrer ? l'Histoire du tao'sme d'I. Robinet (1991) (cf. Arch. no 80.63), cite dans la biblio- graphie finale, si l'on veut entendre parler de l'dpanouissement des grandes 6coles taoistes a partir du XIIe sibcle, notamment de l'6cole Ch'iian-chen (Quanzhen), <la Pldnitude du vrai >>, h l'6poque des dynasties << barbares >> de Chine du Nord du XIIe au XIVe siacle. Ce temps est, d'ailleurs, le point faible de la do- cumentation d'A.C.: ses auteurs, qu'ils soient chinois ou sinologues, sont des sinomanes, qui n'entendent rien aux dynasties 6trangares des Jtirchen et des Mongols, et ne veulent rien y entendre. Ce qui explique la vue tronqu6e qu'on en trouve p. 497.

Mais, finalement, ne d6couvrir a critiquer que quelques lignes par-ci par-la dans un tra- vail d'une telle ampleur et d'un tel souffle est rendre un hommage indirect a son excellence.

Frangoise Aubin.

106.16 COMBES (Andre).

Histoire de la Franc-Ma~onnerie au XIXe siicle (Tome 1). Monaco-Paris, Editions du

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