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Histoire des arts Art Etat Pouvoir Dénoncer la guerre

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Histoire des arts

Art Etat Pouvoir

Dénoncer la guerre

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Le Dormeur du val

Arthur Rimbaud

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Présentation de l'œuvre

1. Qu'est-ce que c'est ?

2. Par qui cette œuvre a-t-elle été réalisée ?

3. De quand date-t-elle ?

4. Dans quel contexte s'inscrit-elle ?

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1. Le Dormeur du val est un poème : un sonnet en alexandrins.

2. Arthur Rimbaud.

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1. Le Dormeur du val est un poème : un sonnet en alexandrins.

2. Arthur Rimbaud. 3. Il est daté sur le manuscrit « octobre 1870 ».

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1. Le Dormeur du val est un poème : un sonnet en alexandrins.

2. Arthur Rimbaud. 3. Il est daté sur le manuscrit « octobre 1870 ».

4. Ce poème est sans doute inspiré au jeune Rimbaud, 16 ans à l'époque, par la guerre franco-prussienne de 1870, et plus particulièrement par la bataille de Sedan, scellant la défaite française le 3 septembre 1870 à moins de 100 kilomètres de Charleville, son lieu de résidence à l'époque.

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L'Auteur

● Ses idées marginales, anti-bourgeoises et libertaires le poussent à choisir une vie aventureuse, dont les pérégrinations l’amènent jusqu’au Yémen et en Éthiopie, où il devient négociant, voire explorateur. De cette seconde vie, ses écritures consistent en près de cent quatre-vingts lettres (correspondance familiale et professionnelle) et quelques descriptions géographiques.

● Bien que brève, la densité de son œuvre poétique fait d'Arthur Rimbaud une des figures considérables de la littérature française.

● Jean Nicolas Arthur Rimbaud est un poète français, né le 20 octobre 1854 à Charleville et mort le 10 novembre 1891 à Marseille.

● Arthur Rimbaud écrit ses premiers poèmes à quinze ans. Lui, pour qui le poète doit être « voyant » et qui proclame qu'il faut « être absolument moderne », renonce subitement à l’écriture à l'âge de vingt ans.

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Analyse

Thème et thèse du poème :

Mort d'un jeune soldat

Horreur de la guerre

Cette scène, qui présente un soldat mort au milieu d'une nature omniprésente et accueillante, suscite l'indignation de Rimbaud. Derrière ce poème se murmure un cri de révolte contre l'horreur de la guerre , l'assassinat des jeunes soldats, le massacre de toute une jeunesse. Une lente approche dans un vallon ensoleillé conduit peu à peu le lecteur devant une découverte macabre qu'on assimilerait à un sommeil paisible.

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Une nature animée omniprésente

La nature est une entité extrêmement présente dans ce poème, principalement dans les deux quatrains, c'est ce que traduit la récurrence du champ lexical correspondant (« verdure », « rivière », « montagne », « rayon »...). Mais cette nature apparaît bien particulière, très vive et active, comme le traduisent les nombreux verbes d'action utilisés (« chante », « accrochant », « mousse »...) qui contribuent à personnifier les différents éléments naturels : la « rivière », la « montagne », le « val ». Cette impression de foisonnement et de complexité est encore accentuée par l'utilisation de subordonnées (« où chante... », « qui mousse... ») et l'adverbe d'intensité « follement ».

C'est un trou de verdure où chante une rivière,Accrochant follement aux herbes des haillonsD'argent ; où le soleil, de la montagne fière,Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Personnification de la nature  : La rivière chante, la montagne est fière

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Un cadre enchanteur dans une féerie de couleurs et d'illuminations

C'est un trou de verdure où chante une rivière,Accrochant follement aux herbes des haillonsD'argent ; où le soleil, de la montagne fière,Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Le premier quatrain dresse un cadre enchanteur dans une féerie de couleurs et d'illuminations. Le vallon parcouru par un cour d'eau est ici présenté par une périphrase « un "trou de verdure" endroit généralement propice aux idylles, aux rêves. Le mot "trou" du premier vers prépare déjà le dernier pour lui faire écho. La rivière, discrètemen t personnifiée comme la montagne, chante comme en signe de joie, d'allégresse. La joie de vivre de la rivière se manifeste en accrochant des objets aux herbes comme des guirlandes. L'audacieux rejet, "D'argent" met l'accent sur la richesse des jeux d'eau et de lumière. L'apparition du soleil, symbolise, avec l'eau, la vie pour la nature. La montagne est "fière" d'observer à ses pieds ses bienfaits comme ceux d'une mère nourricière. Le second rejet "luit" donne une sorte de gros plan, de vertige des mouvements que la nature personnifiée fait éclater : l'eau mousse sous les rayons de soleil. Les rimes croisées, et non pas embrassées, les nombreux enjambements ou rejets, l'assonance en "ou" participent à ce bouillonnement visuel et sonore.

Quatrain.Périphrase.Rejet.Rimes.Assonance.

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Une nature bienfaisante et harmonieuse

C'est un trou de verdure où chante une rivière,Accrochant follement aux herbes des haillonsD'argent ; où le soleil, de la montagne fière,Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant commeSourirait un enfant malade, il fait un somme :Nature, berce-le chaudement : il a froid.

C'est une nature bienfaisante et harmonieuse : elle réunit l'eau, le soleil et la végétation. « la Nature » du vers 11 se change en allégorie maternelle et protectrice, comme le montre le lexique de la maternité (« berce-le chaudement ») et plus généralement de la douceur (« lit », « baignant »). La périphrase « trou de verdure » du vers 1 évoque de plus un refuge. L'emploi de l'adjectif « petit » traduit dans la même ligne d'idée une certaine familiarité.

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Des jeux sur les sensCette description fait appel à plusieurs sens, principalement la vue (présente par exemple à travers les adjectifs de couleur : « bleu », « vert », « pâle ») sur laquelle on insiste par des rejets aux vers 2/3 (« D'argent ») et 3/4 (« Luit »), l'odorat (« sa narine »), le toucher (qui passe par des prépositions marquant des positions : « dans son lit vert », « étendu dans... », « la main sur la poitrine »), l'ouïe (« chante »). Finalement, bien qu'agréable et vigoureuse, cette nature familière revêt aussi des aspects plus mystérieux et étranges : images paradoxales, liant de façon inhabituelle les sensations : « un petit val qui mousse de rayons » (reliant éléments solides, liquides à des radiations), « la lumière pleut » (liquide et radiations encore ici).

C'est un trou de verdure où chante une rivière,Accrochant follement aux herbes des haillonsD'argent ; où le soleil, de la montagne fière,Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant commeSourirait un enfant malade, il fait un somme :Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

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L'intégration d'un personnage : le soldat

Un soldat très jeuneL'auteur évoque, au vers 5, un « soldat » étendu dans l'herbe. C'est cependant sa jeunesse qui frappe le poète, on le voit au déplacement de l'adjectif « jeune », juste avant la virgule, et à la place faite au lexique de l'enfance même, plus que de la jeunesse (« berce », « enfant »), et ce militaire est d'ailleurs comparé à un « enfant » aux vers 9 et 10 (« comme / Sourirait un enfant malade »).

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant commeSourirait un enfant malade, il fait un somme :Nature, berce-le chaudement : il a froid.

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Une apparente tranquillité

La position allongée de cet homme l'assimile à un simple « dormeur », comme veut nous le faire croire le titre du poème. Son aspect est peu règlementaire : il est la tête nue, sans casque ou képi. Il y a donc l'idée d'un certain relâchement dû à la sieste du soldat. Cette atmosphère d'inactivité est particulièrement travaillée : lLes champs lexicaux du sommeil et de la passivité sont bien développés (« bouche ouverte », « étendu », « berce »...), les métaphores (« dans son lit vert », « baignant dans le frais cresson... »), la répétition de termes de même étymon que le verbe dormir (« dort » aux vers 7, 9 et 13, « dormeur » dans le titre), ainsi que les rejets (« dort » au vers 7, « tranquille » au vers 14, qui est en plus mis en valeur par l'apposition). On peut même parler de béatitude lorsque Rimbaud répète aux vers 9 et 10 le verbe sourire. Toutefois, ce calme est trompeur.

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Une place ambigüe au sein de la nature

Même si la nature semble être accueillante, ce soldat y occupe une place difficile à qualifier. D'un côté ce jeune homme apparaît très différent de la nature qui l'entoure, lui est « pâle » et inactif, au contraire de la nature qui est animée, vivace. Et pourtant, il semble y avoir trouvé sa place, entouré de toutes parts (« dans son lit vert », « sous la nue »), et on remarquera essentiellement la répétition de la préposition « dans » (au vers 6, 8, 9, 13), qui peut montrer que ce soldat s'intègre finalement au paysage qui l'a accueilli, mais aussi suggérer l'inhumation de sa dépouille.

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Une progression dramatique

Nous pouvons de même remarquer la manière singulière qu'a choisi l'auteur de présenter le personnage. En effet, celui-ci utilise un « zoom » comparable à celui d'une caméra. On commence ainsi sur le paysage « c'est un trou de verdure », puis sur le soldat dans son ensemble « un soldat jeune », puis on se rapproche de lui encore « souriant », pour ainsi se focaliser sur les « deux trous rouges au côté droit ».

Par un procédé habile, Rimbaud essaie de nous mettre sur une fausse piste, mais il nous laisse une foule d'indices qui recouvrent le thème de la mort. Le "trou" nous l'avons dit peut être assimilé à une tombe creusée, les "glaïeuls" qui ne sont pas des fleurs aquatiques mais celles que l'on dépose dans les cimetières, puis les "haillons" qui sont des vêtements hors d'usage, qui ont fini leur vie, et enfin la nuque qui baigne généralement dans le sang, contribuent à nous mettre sur la voie, celle d'un soldat mort.

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La découverte macabre

Ce n'est qu'au dernier vers que Rimbaud évoque explicitement le décès du soldat : les deux trous rouges, qui sont les marques de la baïonnette ou de l'arme à feu, rappellent le « trou de verdure » du vers 1, au sens ou celui-ci serait un tombeau, on peut donc dire que dès le début du poème, il y a une préparation à cette triste réalité. À ce propos on remarque que certaines expressions contribuent à amorcer cette thématique de la mort (vers 6) « la nuque baignant dans le frais cresson bleu ». C'est un sommeil éternel. La description du visage annonce la morbidité. « il a froid », le corps est déjà sans vie. Au fil du poème se crée une impression de malaise comme au vers 12 « Les parfums ne font pas frissonner sa narine » qui montre qu'il ne respire plus. Enfin, Rimbaud a placé un rejet au dernier vers du mot « Tranquille ».

C'est un trou de verdure où chante une rivière,Accrochant follement aux herbes des haillonsD'argent ; où le soleil, de la montagne fière,Luit : c'est un petit val qui mousse de rayons.

Un soldat jeune, bouche ouverte, tête nue,Et la nuque baignant dans le frais cresson bleu,Dort ; il est étendu dans l'herbe, sous la nue,Pâle dans son lit vert où la lumière pleut.

Les pieds dans les glaïeuls, il dort. Souriant commeSourirait un enfant malade, il fait un somme :Nature, berce-le chaudement : il a froid.

Les parfums ne font pas frissonner sa narine ;Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine,Tranquille. Il a deux trous rouges au côté droit.

Chute.

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Conclusion

Rimbaud dresse un tableau très coloré et vivant qui frappe l'imagination pour en faire ressortir toute l'horreur, sans jamais prononcer le mot "mort."