Histoire des idées politiques final 1.0

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    P ape). Tout le problme des cits est d'organiser le monde profane face aux prtentions de l'glise.

    LLee P P r r i i nnc c ee d d ee M M aac c hhi i aav v eel l ( ( 11446 6 99--115 5 2 2 7 7 ) )

    I l ne faut pas lire le texte de Machiavel comme s'il tait intemporel et indpendant de toute contexte. galement, il faut pas non plus en faire un produit de la crise florentine et donc l'touffer dans ce contexte.I l faut comprendre ce qui est nouveau, tenant compte du genre particulier de ce texte que Machiavel a rdig vers 1513, qui se prsente comme une so rte

    manuel, ouvrage de technique de gouvernement, adress aux Mdicis. En somme, Machiavel s'adresse auP rince, qui vient dereprendre le pouvoir de Florence, le conseillant sur les moyens de reconstruire une principaut durable. Son intention est de

    voir comment l'on acquiert et l'on garde les principauts, savoir les mcanismes de prise et de maintien du pouvoir. Cett proccupation technique pourrait tre anecdotique et pensante si l'on ne tenait pas compte d'un contexte trs particulier, le quconstitue une des cls de la lecture Machiavel.I l crit dans un contexte trs agit, trs troubl un moment o il a t cart du pouvoir et o l' I talie n'est pas unifie, partage entre des multiples souverainets qui se font souvent la guerre. Cette si tuationd'instabilit politique produit des souffrances infinies, engendre des douleurs, du malheur...D'emble, mme si son texte se mbletre crit par un technicien born , son soucis d'efficacit qui transparait est rapporter directement ce contex te.I l s'agit de penser l'efficacit d'un pouvoir.I l s'agit de pallier cette instabilit qui engendre tant de malheur, d'crire comme il di t auchapitre XV chose utile qui l'entend . Hobbes, quand il crira le Lviathan, a un peu prs la mme intention. Lviathan tombe entre les mains d'un Roi, gouvernant quelconque, et qu'il inspire la pratique.I l s'agit donc d'crire destextes qui produisent des connaissances qui ont un rapport direct avec l'action. Machiavel a vraiment l'ambition d'avoi r un livutilis par des gens au pouvoir, et propose en ce sens, une sorte de technique du pouvoir. Au Chapitre XV, il nonce d'emble son intention, tout en rappelant que le genre d'exercice auquel il se livre est un gendre dlequel il a eu beaucoup de prdcesseurs savoir les Miroirs princiers (qui sont les textes crits pour difier legouvernants), en expliquant que ce qu'il propose ne ressemble en rien ce qu'on dit ces prdcesseurs et prcise pourquoi : Mon intention tant chose utile qui l'entend etc. . Mon propos, dit Machiavel, consiste parler du rel : je ne vous dit pasqu'est une cit idale, ni quels sont les qualits d'me idales qu'il faut avoir, je ne vous parle pas d'un monde inexistant ; Mo propos consiste parler de vrit, de partir du rel et de vous apprendre l'efficacit. Une logique du rel est mise en avant.On parle non pas de ce qui tait mais de ce qui est . Cette logique sera pense comme une logique des effets . Machiavoppose la vrit technique de la chose et l'imagination. Cela renvoie l'opposition entre la faon dont on vit et celle dont odevrait vivre. Selon Machiavel, il ne sert rien de cultiver en politique des mondes utopiques, de ce qui n'est pas. Au chap XXV I l est ncessaire unP rince, s'il veut se maintenir [...] et d'en user selon la ncessit ( complter) . Soit unP rince veut se maintenir au pouvoir, et autant qu'il m'coute, soit il ne veut pas et il sera balay. Mais si c'est le premier cas, il fa ut quaccepte de comporter d'une manire entrave en rien par des contraintes morales, et au Chapitre XV II : Et, il faut comprendrececi : cest quun prince, et surtout un prince nouveau, ne peut observer toutes ces choses pour lesquelles les hommes sonttenus pour bons, tant souvent contraint, pour maintenir lEtat, dagir contre la foi, contre la charit, contre lhumanit, contrereligion. Aussi faut-il quil ait un esprit dispos tourner selon que les vents de la fortune et les variations des choses le lucommandent, et comme jai dit plus haut, ne pas scarter du bien, sil le peut, mais savoir entrer dans le mal,sil le fauMachiavel ne prconise pas l'immoralisme absolu mais dit que certains cas, quand la raison politique l'exige, il faut renoncetre bon.I l faut savoir entrer dans le mal, si besoin est... et, il va trs loin en disant contre l'humanit ! On pourrait commettredes crimes contre l'humanit si la raison politique l'indique.I l affirme le principe d'efficacit, au dtriment de tou te morale. Ensubstance, pour arriver certaines fins en politique, on peut se donner tous les moyens. Rien ne saurait entraver les moyens dla politique.I ci, Machiavel semble ressembler ce technicien born ( P aul Veyne), uniquement soucieux d'efficacit, tout lereste tant mis de ct. Machiavel a conscience qu'un pouvoir nouveau est plus fragile qu'un pouvoir ancien Un prince, surtout un prince nouveau etc. . Au Chapitre XV, Machiavel reprend la rflexion classique des miroirs princiers portant sur la qualit des princes, mais il appoune inflexion tout fait dterminante et modifie trs fondamentalement ces rflexions sur les vertus car il nous expliqu progressivement qu'unP rince, s'il veut se maintenir au pouvoir, doit avoir certain es qualits, mais lui, il ne demande pas de seconformer aux vertus de l'excellence humaine qui taient mis en avant par les miroirs princiers. Bien sur, ce serait bien que l'ne trouve pas de vices chez lui, mais dans certains, lorsqu'un prince se confo rme la vertu, cela ne lui permet de maintenl'tat, et peut mme entrainer la ruine de l'tat. Certains vices constituent les ingrdients d'une bonne politique, car efficaLes vertus morales (principalement religieuses) ne sont donc pas exactement les vertus politiques. La sphre de l'action politique ne vise pas en premier lieu obir la morale mais l'efficacit et que pour cette raison, la sphre politique adm et propre morale, qui n'est pas la morale courante. Un bonP rince est un prince qui russit, mais pas forcment de manirevertueuse (au sens de la moral courante). Un bonP rince a cette capacit de bien se comporter en politique, ce qui n'est pasd'agir en fonction du bien moral, mais dans le respect du principe d'efficacit qui assu re son entreprise politique. La dmarchde Machiavel a quelque chose de choquant car mme si nous sommes d'accord pour dire que la politique doit tre efficacon n'est galement d'accord pour considrer un certain nombre de considrations relevant d e l'humanit. Nous avons un doubsoucis : tre efficace et entreprendre des actions conformes nos exigences d'humanit. Mais, Machiavel s'emploie principalement dans ce livre, non pas moraliser l'action politique mais autonomiser la sphre de l'act ion en considrant qules entraves morales et religieuses qui psent sur la sphre politique, la rendent inoprante.I l faut autonomiser la sphre politique. Cet effort n'aurait aucun sens si on ne le remettait pas dans son contexte. Le problme de Machiavel est donl'efficacit de la politique qui a fait au bout du compte que la seule manire de sauver la politique est de l'arracher aux e ntravde la morale religieuse.On peut faire de Machiavel un cynique absolu, un technicien born, mais, si on veut se faire l'avocat du diable, il faut considqu'il opre une sorte d'inversion puisque avant Machiavel, notamment dans les miroirs princiers que la conformit la moratait la condition de possibilit de la russite en politique. Machiavel inverse ce raisonnement : il considre que les conditiode possibilits de la morale dans la Cit rsident dans l'efficacit de la politique . Le monde des rpubliques italiennes tait u

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    monde dchir continuellement, tellement violent qu'aucune morale n'est pos sible : nos discours moralistes ont donc bon dosMais, si vous voulez qu'un minimum de rgles puisse exister, il faut d'abord que le pouvoir se stabilise, il faut sortir de l a guecivile. A cette condition, on pourra peut tre faire de la moral : c'est une discours politique raliste.On peut galement dire que Machiavel nous met en garde contre l'anglisme de la belle me (Selon Jacques Hersch Attituqui consiste se procurer bon march des solutions moralement satisfaisantes et la conviction d' avoir bon c ur en sedissimulant les dures contraintes du rel ). L'exemple classique pourrait tre le pacifisme des annes 30 : il aurait fallu quHitler se fasse botter le cul :p, mais le pacifisme des annes 30, en disant que la guerre tait le mal ab solu, qu'on devait to prix la refuser, on se procurait une dcision alors moralement satisfaisante. Le fait d'tre pacifiste dans les annes 30 n'

    pourtant pas empcher la guerre. Cette solution est insuffisamment politique et simplement morale. Elle ne tient pas compte dralits et besoins politiques du moment. Machiavel reprsente donc certains gards une critique de l'anglisme en politiqu eI l libre l'action politique de toute une srie d'entraves : pas de politique sans efficacit. Mais, en librant la politique, il ne pen pas aux limites de l'action : la dmesure.On peut dire dans un certain sens, que Staline et Hitler ont voulu tre efficace . Ladmesure est devenu un problme majeur au XXme Sicle. Jaspers pour dfendre la Bombe atomique, a repris Machiavel ralisme machiavlien tait la condition ncessaire de toute politique (on ne peut ngliger son apport). Mais il ne dit pas t out politique et devient ce moment-l faux. Les principes mis en avant par Machiavel ne sont pas suffisants.Le problme de Machiavel se situe en amont, il est celui de la constitution d'une entit politique stable, du maintien d'un p ouvstable, sans lequel il ne pourrait y avoir de morale dans la Cit.Machiavel opre donc une redfinition de la vertu, qu'il appelle la virtu.I l amorce un nouveau type de relation entre morale et politique.I l semble s'inscrire dans la tradition d'un genre qui le prcde trs largement, c'est dire les miroirs princiers qui, enmultipliant les ouvrages, les traits, avec l'imprimerie, considraient que la russite du prince reposait sur la virtu, Machiavsemble reprendre son compte ces prceptes.I l n'y a pas une opposition frontale toute la tradition des miroirs princiers :Dans les monarchies entirement nouvelles, on trouve les maintenir plus ou moins de difficults selon celui qui les acquierest plus ou moins vertueux . Machiavel ne laisse pas de dfinition cohrente de sa conception de la virtu princire (il faut dque ce n'est pas une uvre ayant l'ambition d'tre aussi complte que celle de Hobbes). Les moralistes latins avaient dit quel'homme vertueux devait avoir un certain nombre de vertus cardinales (modration, justice etc.). Ces hommes vertueux doive possder d'autres qualits qui sont considres comme spcifiquement princires (honntet, et tout ce qui se rapport l'honneur comme la magnanimit).Dans la tradition qui prcde Machiavel, les miroirs princiers considrent que le concept central de virtu devaient tre reli l'ensemble des vertus princires et cardinales.Machiavel semble rflchir sur les vertus, les vices, comme l'ont fait ses prdcesseurs, et pourtant, dans sa manire de par leon ressent une capacit de distanciation, d'abord parce que les auteurs anciens semblaient considrs qu'il y avait des vertusqui en toutes circonstances taient bonnes/mauvaises, alors que Machiavel introduit ce concept tonnant : il se rapporte laralit effective des choses.On se rend compte, de fait, que certaines choses peuven t paratre constituer des vices et pourtant dans l'ordre politique, ce sont des vertus. Machiavel n'incite pas violer la morale courante, si on peut s'y conformer, tan t miemais il ne faut pas s'attendre qu'elle nous dirige dans l'ordre politique.I l opre donc une critique de l'humanisme classique : si vous voulez atteindre vos objectifs politiques, alors vous vous rendrez compte qu'il n'est pas toujours raisonnable de seconformer aux rgles morales les plus couramment admises.D'o, la question centrale, qui irrigue ce texte : dans ce cas, si laboussole normale, la morale, n'est pas suffisante, alors comment lesP rinces doivent -ils procder? Si les rgles de la moraleconventionnelle sont insuffisantes dans l'ordre politique, o chercher ces points de repre dans l'action politique?Le domaine de l'action a t thmatis par les anciens (parfaitement connu de Machiavel), notamment par Aristote, et ils oconclus que dans le domaine de la praxis rien n'est jamais certain. Edgar Morin : Toutes actions entreprise dans l'ordr politique est toujours lance dans le cadre d'un environnement . En bref, une action rationnelle peut, dans un certain contextre irrationnel. Ce sont les effets pervers .Or, l'action politique est un domaine qui est soumis aux effets de l'environnement :rien n'est jamais sur dans le domaine de l'action, comme le disait les anciens.Machiavel est persuad de cela, et dveloppe alors sa rflexion sur un point essentiel : le rapport entre l'action politique et morale, qui, au moment o il crivait, tait gnralement en lien trs fort avec la morale religieuse.De fait, il frappe trs fort e ndisant au chapitre XV III Un prince nouveau ne peut s'observe toutes ces choses [...] tant souvent contraint pour maintenir l'tat, d'agir contre la foi : au fond, l'enjeu est clairement indiqu ici. C'est celui de l'autonomisation des principes rgissanl'action politique par rapport aux principes de la morale courante qui sont gnralement soumis aux principes religieux.Malgr tout ce qu'il peut dire de choquant, on ne peut le considrer comme un cynique. En effet, son propos n'est pas d'trmauvais etc., il crit simplement ce qu'est un bonP rince : sauf que le bonP rince n'a pas les yeux rivs sur les vertus clas siques,mais sur la vrit effective de la chose. Un bonP rince est soucieux des consquences de son action.De plus, s'il est comprhensible qu'il n'est pas bon de tuer un tre humain, il faut comprendre le contexte, et quelle est la bonne action dans ucontexte de violence? (Retour l'exemple du pacifisme des annes 30). Ce principe d'efficacit est donc central et primord pour leP rince, d'o les passages du livre de Machiavel qui concernent la ruse : il y a une rflexion constante dessus. Bien suque leP rince doit savoir entrer dans le mal, mais il doit se garder de ne pas avoir une rputation de cruel : il faut qu'il sedbrouille pour agir efficacement (donc parfois cruel), mais il n'est pas bon en politique d'avoir une image cruelle.Dans leP rince, il y a des passages qui font l'loge de la Terreur ( D ANS CERTAI NS CAS), car elle parat efficace (donc bonne). ChapitreV II : La Romagne prise par le duc [...] : en bref, une rgion n'est plus sous contrle, il y a donc toute sorte de troubles, et P rince confie a quelqu'un de cruel et expditif cette rgion.I l y rtablit la paix et en tire un certain prestige.I l s'agit de selivrer une politique cruelle tout en prservant sa rputation. Cette politique apparat donc bonne car remet de l'ordre dans pays, mais elle ne peut tre bonne que si le pouvoir n'est pas affaibli par la rputation de cruaut qui s'en suit. Elle est bonque si on parvient avoir l'air de ne pas tre cruel.Encore une fois, rien ne permet de penser que Machiavel soit plus indiffrent que n'importe qui propos de la question moraleI l considre juste que la russite en politique passe par une autonomie de l'action politique par rapport la morale.Chapitre V : Lorsque les pays qu'on acquiert sont accoutums vivre selon leurs lois , il y a 3 manires de faire seloMachiavel :

    y Le dtruire

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    y tre prsent sur les lieux y Les laisser vivre selon leurs lois

    P our conclure ensuite qu'il est absolument prilleux de devenir maitre d'une cit habituer vivre libre et de n e pas la dtrui Ni la longueur du temps, ni les bienfaits, ne font jamais oublis la mmoire de leur ancienne libert ne peut les laisser erepos si bien que la voie la plus sure est de les dtruire . ( vrifier).I l est intressant de voir que Ma chiavel voit la mmoire dela libert comme un provocateur potentiel d'effets politiques.On peut soumettre des individus qui ne connaissent pas la libe rtmais c'est plus difficile pour ceux qui la connaissent. Ce sens de la libert ne se laisse pas dtru ire. C'est pour cela que le seuremde cela est de dtruire les cits, selon Machiavel.

    Comme l'a crit P ierre Manent, il y avait l'poque de Machiavel un autre point de vue qui prtendait partir d'uneextriorit contrle. Adopter cette position dans le jugement des choses politiques tait pour Machiavel, concurrencer soennemi sur son propre terrain savoir le religieux. Le point de vue de l'glise ne l'intresse pas dans l'ordre politique. Lreligieux tait pens suprieur au politique. Machiavel ne refuse pas l'glise au nom de la morale mais au nom de l'efficacitDans le Chapitre V I , Les monarchies nouvelles qu'on acquiert par ses propres arts et ses talents , il oppose le destin des prophtes arms, au destin des prophtes dsarms.I l n'y a de chose plus difficile entreprendre que de s'aventurer introduire de nouvelles institutions.I l est donc prilleux de passer d'homme priv P rince. Machiavel introduit donc unevariable : le fait d'tre arm ou pas. Ces novateurs s'appuient-ils sur leurs propres forces, ou dpendent-ils d'autrui? S'appuienils sur des prires ou bien sur des armes/contraintes? Le jugement de Machiavel est sans ambigut : dans le premier cas, ilsfinissent toujours mal, et n'arrive bout de rien, mais dans l e second cas, lorsque ils sont en mesure de contraindre, c'est rarequ'ils soient en danger. Tous les prophtes arms triomphrent et les dsarms s'effondrrent . Affirmation univoque de supriorit de fait des prophtes arms sur les prophtes dsarms. Mais, premire objection : Jsus, tait bien dsarm et a plutt bien russi, et Machiavel ne peut l'ignorer.Deuxime objection :De plus, vu qu'il est dsarm, pourquoi Machiavel es preque ces maximes produisent un rsultat concret en tant reprise par unP rince qui les incarne dans son action politique.Revenons joyeusement ce gentil agneau de Machiavel, celui ci s'efforce de dfinir une pense politique autonome par rappo la morale, en vue de l'efficacit. Chapitre XXV Ce que peut la fortune dans les choses humaines et comment on peut rsister est un chapitre dcisif pour comprendre la fameuse virtu duP rince machiavlien. L'un des points de vue est que leschoses de ce monde sont gouvernes par la fortune, ou par Dieu, les hommes n'ont plus qu' se laisser gouverner, par cettesalope de fortune (point de vue fataliste). Machiavel va procder de manire logique et il considre que pour que le libre arbne soit pas aboli, je juge qu'il est peut tre vrai que la fortune soit arbitre de la moiti de nos actions mais aussi que l'autre moitou peu prs elle nous la laisse gouverner .I l est un fait qu'unP rince qui s'appuie totalement sur la fortune (sur le hasard et le cours des choses) s'effondre lorsque celle-ci varie . L dessus, Machiavel fait entrer dans son raisonnement, une autrevariable : unP rince peut tre circonspect ou il peut tre imptueux.I l conclut que la fortune est variable, mais les hommes semblent obstins dans leur faon d'tre : il est meilleur dtre imptueux que circonspect, car la fortune est femme, et il est ncessaire, qui veut la soumettre, debattre et la rudoyer . Exhortation l'action, critique de la passivit et du fatalisme. LeP rince machiavlien sait se prmunir contre les coups du sort par un effort de maitrise de la fortune. Ainsi, cette virtu est lie aux circonstances, les qualits duP rince doivent lui permettre de saisir le moment opportun, et d'unemanire rcurrente, il y a une exhortation l'action politique (pitoyable rptition du prof). La virtu, dans cette perspective,une manire de maitriser la fortune, de lui donner une forme, une forme son histoire, son destin. Le bonP rince doit avoi r sacapacit modeler, de maitriser, la contingence des choses, des ci rconstances pour retourner ces circonstances son profit etne pas sombrer avec le sort.Conception de la politique tout fait nouvelle et originale par rapport tout ce que les anciens pouvaient en dire :On ret rouvel'apprciation de ce gentil Lo Strauss, disant que Machiavel rejetait toute la philosophie politique, il parlait d'une rvolte ralide Machiavel. La philosophie politique classique prsentait la politique comme l'art du mimtisme de l'ordre naturel (politiqingalitaire des grecs, position hirarchique dans le corps social naturelle). Le projet de cette philosophie politique classiqutait, comme Strauss l'indique, une qute du meilleur rgime, tant entendu comme celui le plus favorable au mode de vie qules hommes devaient mener, et donc le plus favorable la vertu, laquelle tait pense comme la rfrence une norme, conucomme naturelle. Chez Machiavel, il n'est pas question d'ordre naturel. Le monde politique semble radicalement coup de cunivers l (artificialisme politique). La pense de Machiavel s'loigne d'une rfrence une nature humaine ni de limitesdcoulant d'une certaine conception de la nature humaine. Les repres traditionnelles de la politique sont donc mis de ct : est vain de rflchir au meilleur rgime, il suffit d'laborer une rflexion technique, sur la faon de se comporter en politiqsans qu'aucune norme ne soit pense en rfrence un ordre naturel.On a pu dire que la Cit de Machiavel n'est ouverte sur aucun au-del, mais juste sur l'action. Ce qui se passe dans la monde politique tel que Machiavel nous le donne voir n'esintelligible que par rapport l'action des hommes. Les hommes dans ce monde artificiel doivent choisir, et c'est l qu'inter vila virtu (supra).I l s'agit de penser les vertus politiques comme capables de maitriser la fortune et d'chapper au destin, efficace

    dans un monde soumis aux violences.Dans d'autres textes de Machiavel dit que quiconque veut penser la politique ou faire de la politique doit supposer l'avance lhommes (comme) mchants. Machiavel est -il un misanthrope dsespr? En fait, il ne suppose pas que l'homme est mchant,dit juste qu'il faut les considrer comme tel (c'est un prsuppos de mthode, car il ne dit pas que les hommes S ONT mc hants,il dit juste qu'il faut le prendre comme un postulat, une hypothse de travail) afin d'laborer une politique plus pertinente.P our Strauss, Machiavel reprsente la premire vague de la modernit en ce sens qu'il prcise que les caractristiques de cettvague furent la rduction des problmes moraux et thiques, un problme technique.L'effort principal de Machiavel consiste penser la question politique par rapport ce qui est, et non pas par rapport ce qdoit tre (merci de rpter, gentil prof... pitoyable! :p).O pposition l'idalisme des anciens : ce ralisme est particulier, il voudrait carter toute ide de hasard, tout du moins drduire son rle. Si on place la barre moins haut, en s'en tenant une pure efficacit, l'on a plus de chance d'atteindre le benvisag. Hasard et force sont rduits, et peuvent ventuellement tre vaincus par la force.On observe une rduction des

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    problmes moraux et politiques des problmes techniques.Deuximement, il y a une transformation de la connaissance humaine qui, t elle que Machiavel en parle dans ce texte, eentirement dirige vers la maitrise de la nature. La connaissance n'est pas du tout contemplative. Un savoir est ici li u pouvoir. La connaissance humaine implique ici est directement une action qui vise se soumettre, ce chaos dsordonn qudevient aux yeux de la science moderne la nature.

    Dans leP rince, il n'y a aucune rflexion sur les finalits du pouvoir.

    La question du mal chez Machiavel. Strauss sur Machiavel mettait en avant la rvolte raliste de Machiavel : on ddsormais partir, si lon suit Machiavel, de la faon dont les hommes vivent effectivement.On doit rajuster le point de mir e et lecorrolaire immdiat de cette interprtation est la vertu. La vertu chez Machiavel existe excl usivement en vue de la Rpubliquemoralit nest pas possible en dehors de la socit politique, elle prsuppose la socit politique. La socit politique ne petre tablie et prserve quen restant dans les limites de la moralit pour la simple raison que les faits ne peuvent prcder cause.On a ici un renversement fondamental de lapproche traditionnelle de la politique qui considrait chez les Anciens que morale tait quelque chose de substantiel, qui devait chaque pas guider laction de tous les hommes et duP rince en particulier.I ci, cest linverse : la moralit ou la vertue peut tre pense par Machiavel comme un rsultat, un effet. Elle est limite ce que la politique permet de raliser : elle est seconde.Du coup, on comprend pourquoi Machiavel a eu cette rputationsulfureuse : sa manire de concevoir les liens entre morale et politique est probablement une manire qui aurait choqu les Anciens ; cest une manire qui nous semble souvent aller de soi, mme si nous reculons de vant un certain nombre dconsquences.I l y a lide que la morale ne dsigne plus un ordre naturel, substantiel, objectif. La morale dsigne quelquechose qui est lorigine de laction politique. Au dpart, on a pas un ordre naturel mais lide dune v olont subjective quconstruire un ordre politique. A partir de l, faut-il considrer que Machiavel est un homme immoral ou moral ? leP rince deMachiavel serait-il un homme immoral ou amoral ? immoral non ( aucun moment, Machiavel dit quil ne faut pas suivrrgles morales, il ny a pas de volont den dcoudre), en revanche Machiavel donne auP rince le Conseil de faire prcder larflexion sur la morale par la rflexion sur lefficacit. La morale nest pas une cause mais un effet. Machiavel n ignore pquestion du mal et de la morale, mais lui donne simplement un autre statut. Machiavel dit quil ny a pas de constitution par fil y a simplement des tentatives pour organiser le monde humain sachant que le Mal, la violence, sont toujour s dj l danmonde humain, politique. Ce nest pas immoral au sens o il ignore la morale et voudrait en dcoudre, mais il dit que leP rin cedevant agir dans un monde qui est ce quil est (brutal, violent), son premier objectif est dtre efficace et de russir sentreprise politique.I l nest pas de se conformer en premier lieu aux rgles morales. Cest lide que le problme central d e lCit ou de la Rpublique est dtre toujours confront une srie dvnements destructeurs, la destruct ion du temps pexemple. Cette srie dvnements destructeurs aurait pour nom selon Machiavel la fortune. La Cit est constamment confron la constance. Le rle premier duP rince est de retrouver une capacit dagir et daction, de ne pas se laisser s ubmerger par lesvnements.I l nonce sans illusion selon un effort conscient pour retrouver la capacit daction politique sans penser un seulmoment que lon puisse un jour imaginer un monde politique qui en est fini avec le problme du Mal et de la v iolence. hommes sont bons mais peuvent aussi tre mchants et peuvent aller dans toutes les directions tout comme la fortune. La premire considration duP rince, le premier prsuppos, cest considrer que les hommes peuvent tre mchants.I l faut toujours compter avec cette considration. En revanche, il peut changer cet tat des choses en se dotant de moyens efficacesen politique : cest une invitation, une exhortation laction politique. Le machiavlisme est donc une thorie sur les moyens se maintenir au pouvoir, dans toutes les circonstances. Comme son enseignement porte sur la capacit dagir, on peutconsidrer quil y a l un 1er effet positif parce quil va en quelque sorte donner aux hommes la capacit dagir selon dmoyens intellectuels.I l faut prsupposer les hommes mchants, mais ce nest pas une rflexion sur la nature humaine dans lesens o peut-tre la mchancet est plus pertinente et plus significative dans lenseignement politique. Machiavel est celui q jette le soupon sur le plan stratgique de la vie des hommes.I l jette un soupon sur ce quest leur vie politique au mme titreque dautres auteurs nous claireront plus tard sur les sous-bassements conomiques de la vie sociale (pour Marx par exemple

    Ce faisant, on peut dire quil est un auteur qui, rduisant la politique lefficacit et les problmes de la morale et de politique des questions techniques, est un auteur dangereux.I l nous libre en mme temps mais il nen reste pas moinsdangereux.On peut dire ainsi quil libre les actions humaines de toutes les entraves et ouvre la voie de la dmesure en politique (pas de limites en politique). Mais que pourrait nous dire de Staline en 1952 : tait-il unP rince Machiavelien, tait-il conforme ses enseignements ? nanmoins, on ne peut pas ne pas reconnatre quil y a aussi quelque chose dindpassablechez lui, quand il dit que lorsquil ny a pas un pouvoir stable quelque part, si lon ne se donne pas les moyens efficaces d on a aucune chance de sortir de la violence et de vivre dans la paix.De fait, la morale est un vain mot dans cette situation. Lerenversement par rapport aux Anciens est l mais dans leP rince il ne se prononce jamais sur la finalit de la Cit : il ne dit pas il faut se maintenir au pouvoir, pour raliser ceci ou cela .On a limpression quil ny a pas dautres finalits que la prise et lemaintien du pouvoir.Dans ce cas l, alors oui : Staline est unP rince Machiavlien : Staline ralise lEnfer, mais Machiavel ne se prononant pas sur les finalits du pouvoir, il ny a aucune raison de penser que le pouvoir stalinien ne serait pas conforme auconseils que Machiavel donne auP rince. Ce nest pas lavis du prof toutefois qui pense que Machiavel ntait pas contre lalibert ou un ami des tyrans, mais le texte peut se conformer tous les usages.On ne peut pas dire que Machiavel est responsable de ce quont fait les fasciste italiens de la lecture de son texte. Machiavel revalorise laction humaine dun auct.On comprend pourquoi Karl Jaspers estime quaucun penseur politique moderne ne peut tre vrai sans Machiavel, maicette pense raliste est trop courte et devient fausse si elle prtend tout dire. La situation dans laquelle nous faisonsaujourdhui de la politique dans la modernit est peu prs celle que dcrit Machiavel : on na plus notre disposition uconception normative de la nature telle quelle pourrait fournir les limites de laction, ni une conception finalise du cosm os premier abord, notre libert dagir nest jamais entrave par des considrations morales mais il ne faut jamais oublier que l part du rel pour transformer une action et quau sicle dernier, lutopie en politique peut tre aussi mortifre. Lutopie d etotalitaire si elle nie la ralit et broie sur son passage tout ce qui nest pas conforme son idal. Une formule assez connu

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    existe : il faut avoir loptimisme du c ur (idal ou aspirations morales, ce qui manque auP rince finalement mais pas totalement)et le pessimisme de lintelligence (ralisme). Le plus difficile en politique est de conjuguer les deux. Comment faire pour trefois dans le ralisme politique sans renoncer lidal ?P ourtant si lon renonce lidalisme, on va droit dans le mur, et si lonrenonce au c ur, on devient cynique, presque Machiavlien : tout devient possible (sil ny a que les questions des moyens) cest la dmesure en politique.P our en revenir la citation de Jaspers, le ralisme machiavlien est ncessaire dans la ra litmais nest pas suffisant.

    DDi i ssc c oouur r ss d d ee l l aa S S eer r v v i i t t uud d ee V V ool l oonnt t aai i r r ee d d ee LLaa BBoot t i i ee ( ( 115 5 330 0 --115 5 6 6 33 ) )

    P arce que ctait lui, parce que ctait moi - Montaigne.I l sadresse lami, le thme de lamiti doit tre compris dans le sens ancien, cest de lamiti politi que. A travers le dialque lon met le monde en sens, et quon dfinit des projets politiques communs. Sil y a de lmotion, elle se fait jours a t rala proccupation politique ou la vise politique commune.

    I l laisse un texte dont on nest pas sr de sa date, il semble quil la crit entre lge de 16 -18 ans.Dans les ditions des Essaisde Montaigne, Montaigne dira quil ncrivit par manire dessai en sa 1e jeunesse mais nayant pas atteint le 18 e de son age ,les critiques saccordent pour dire que leDiscours a t crit vers 1548.

    La question centrale : oh grand dieu qu'est ce donc que cela ?, comment appellerons-nous ce malheur ?, quel est ce vicehorrible de voir un nombre infini d'hommes non seulement obir mais servir, non pas tre gouverns mais tyranniss, n'ayant biens ni parents ni enfants ni leur vie mme qui soit eux ?.

    P our le moment, je voudrais seulement comprendre comment ils se peut que tant dhommes, tant de bourgs ta nt de villes tade nations supportent quelques fois un tyran seul qui na de puissance que celle qui lui donne, qui na de pouvoir de leur nuquautant quils veulent bien endurer, et qui ne pourrait lui faire aucun mal sils naimaient mieux souffrir de lui que contredire. Chose vraiment tonnante de voir un million dhommes misrablement asservis la tte sous le joug, non quils y soiencontraints par une force majeure, mais parce quils sont fascins, pour ainsi dire ensorcels par le seu l nom dun seul. Quilsdevraient pas redouter, puisquil est seul .

    Selon Weber, la domination nest pas la violence pure, la domination suppose la croyance en sa lgitimit, on peut pense plusieurs types de lgitimit.Domination charismatique par exemple, on a faire a quelqu'un qui a la grce, et des qualits horsdu commun, et qui pour cela mrite dtre obi. Tout repose sur la subjectivit, le charisme suppose quil y ait une croyancsubjective dans notre qualit extraordinaire.

    La Botie apporte une rflexion qui ouvre sur le phnomne de la domination charismatique qui se dveloppe au 20 e sicle.Onsent quil y a un sentiment de scandale insupportable, qui est la mme que celle que lon ressent quand on assiste une serv ilchez ceux qui ne sont pas contraints par la violence pure.La question de Boetie ne porte pas sur la servitude exige par la violence pure, le titre est Discours de la servitude volontaire, la servitude volontaire est un concept inconcevable, forg par un accouplement de mots qui rpugne la langue .Cest une dnaturation, ce sentiment de rvolte que lon prouve face a la servitude volontaire se trouve dans une srie dtextes. Lcole de Frankfort Adorno, Horkheimer qui ont crit ensemble un livre qui porte sur la dialectique de la raison, quand ils questionnent cette disposition quont les masses de se laisserSi les tyrannies modernes se staient imposes par la force, notre situation serait intellectuellement simple et moralemenapaisante.

    I l se trompe fort, celui qui pense que le tyran ne tire sa force que de la force arme.

    Le texte de la Boetie de la 16 e , na pas t lu pendant longtemps.P endant la rvolution, Marat fait un pastiche de ce texte, et met en circulation revient ensuite dans les annes 30 du 19e sicle.P uis il est rdit quelques fois dans les annes 1930-1940.

    Dans les moments de pression, ce texte revient. Ce texte est souvent mobiliss par des historiens quand ils sefforcent deremarquer les vnements terrifiants au 20 e sicle. La question de la Boetie nous hante depuis 4 sicles, et cette question nousblesse. Si elle ne se cesse de nous hanter, cest quelle plonge au c ur de la socit politique en posant la question de la libertet celle de lasservissement. Cette question hante les socits divises (division entre Etat et socit civile).La Boetie ouvre une rflexion radicale sur le fondement mme de lobissance, et pose une question qui renvoie chacun question de soumission et de la servitude. Quest ce qui fait qu un moment on consent la servitude ? Sa questio prsuppose que la question de la lgitimit du pouvoir naille plus de soi, quelle ne soit plus vidente. Au 16 e sicle, la domination peut de moins en moins se prvaloir de fondement naturel, le bon pr ince nest plus a limage Dieu. Lvidence se dnaturalise progressivement, et du coup il y a cette question qui se dvoile qui est pourquoi un hommedevrait-il obir un autre homme ? .On est confront a la question centrale dont vit notre socit qui est la libert des hommes. La question nous blesse car elleheurte frontalement notre conception de ltre humain moderne, car selon cette conception, lhomme a la capacit de pouvodevenir libre et autonome.

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    complication, entre lhomme et le malheur du monde, il y a la socit.

    partir de l la Boetie se confronte cette question, pourquoi cette dnaturation ? comment expliquer cette dnaturation ?I l fait appel lide de la chane de servitude.

    Lenjeu de la mmoire de la libert, Machiavel prvient le prince de prendre une cit accoutume a vivre en libert. La liber te si elle envient disparatre par dnaturation, par une forme doublie.Orwell (1984) : La diminution de la mmoire travers de la perte de la langue qui fait asseoir le pouvoir du tyran.

    Le questionnement de la Boetie et son tonnement ne sont comprhensibles que sur le fond de cette nouvelle manire dconcevoir la libert. La nouveaut est rendue possible par la nouvelle conception de ltre humain (libre par nature).C'est une question qui se profile travers tous les textes que nous allons travailler. Comment penser lobissance moderne P as de servitude chez Hobbes, lhomme a le pouvoir absolu, les raisons du consentement lobissance ne vont pas a laservitude. Rousseau imagine quil faut contraindre les individus tre libres.Le 19e sicle va poursuivre les questions de matre et de lesc lave chez Hegel, et la notion dalination.

    De quelle faon La Boetie, une fois remis la question de la libert sur ses pieds, il en pense ?On ne regrette jamais ce quon na jamais eu. Le chagrin vient quaprs le plaisir La proccupation de lducation : il y aurait-il une ducation autre que la libert ?On peut avoir une ducation autre que lalibert ? Les fins de lducation ?Dilemme : duquer pour produire les individus ou pour produire les citoyens ?

    P our regretter quelque chose, il faut lavoir connu. La 1e raison de la servitude volontaire cest lhabitude ou la coutume ou latradition (davoir traditionnellement servi). Acceptation de servir, pourtant les annes ne donnent jamais le droit de mal faire.Si on sert par habitude, si on se conforme sur la lgitimit traditionnelle de nos anctres, on est dans un cas limite par rapport la servitude volontaire, car on ne voit pas le volontarisme, cet individu se soumet une attitude habituelle traditionnelle, considre que la seule volont est de se conformer a des modles de comportements qui sont ceux de ces prdcesseurs. Laseule conduite bonne pour lui est de se conformer a la tradition.Un certain nombre de tyrans se sont rendu compte que les livres sont source de la haine de la tyrannie.I l constate que certa inshommes se remmorent les choses passes pour prvoir lavenir, qui juge le prsent la lumire de ce pass, ils reprsentent lhomme oppos a lhomme dtemporalis qui a accept la servitude.

    La libert est un sentiment qui renvoie un sujet, mme si ce sujet est priv de libert, on ne pourra pas radiquer son fointrieur qui est son souvenir de libert.On peut savourer la libert dans ce for intrieur mme si on est priv de libert. Lalibert renvoie au projet.On peut nous empcher dcrire nos penses, mais on ne peut pas nous empcher de penser ce quil dveloppe en 1e lieu est lide que lon consent avec moins de souffrance a la servitude que lon na jamais savourer lalibert. La raison pour laquelle on ne repousse pas la servitude est :I ls naissent serf, et ils ont t levs comme tel. Sous lestyrans les gens deviennent aisment lches, il est certain quavec la libert on perd aussitt la vaillance, les gens nont palardeur au combat. Les gens soumis ont le c ur bas et mou et sont incapables de toute grande action. La perte de libert par violence pure dbouche sur une perte de vaillance et de courage. Moins on est habitu a vivre dans llibert, plus on est habitu a vivre sous la tyrannie et plus on devient lche. La servitude produit lacceptation de la serv itudela dnaturation de la dchance.Dun cot, on a linsistance sur la coutume et de lautre cot, les tyrans savent ce mcanisme et en profitent pour maintenir lesujets dans un tat de servitude qui renforce la servitude.Jen arrive maintenant un point qui est, selon moi, le ressort et le secret de la domination, le soutien et le fondement de totyrannie.I l souligne une fois de plus que la force n'explique pas tout. Celui qui penserait que les hallebardes, les gardes et leguet garantissent les tyrans, se tromperait fort [...] Ce ne sont pas les bandes de gens cheval, les compagnies de fantassi ns, cne sont pas les armes qui dfendent un tyran, mais toujours (on aura peine le croire dabord, quoique ce soit lexacte vritquatre ou cinq hommes qui le soutiennent et qui lui soumettent tout le pays .Cinq ou six ont eu loreille du tyran et sen sont approchs deux-mmes, ou bien ils ont t appels par lui pour tre complices de ses cruauts, les compagnons de ses plaisirs, les maquereaux de ses volupts et les bnficiaires de ses rapines .[...] Ces six cents en tiennent sous leur dpendance six mille, quils lvent en dignit.Grande est la srie de ceux qui les suivent. Et qui voudra en dvider le fil verra que, non pas six mille, mais cent mille et dmillions tiennent au tyran par cette chane ininterrompue qui les soude et les attache lui [...] On en arrive ce point qu'ils setrouvent aussi nombreux ceux auquel la tyrannie profite que ceux auxquels la libert plairait.- Ainsi, si la chane de la servitude s'tend l'chelle de la socit cela veut dire que chaque individu a un certain gain qu i vide la participation cette chane. C'est ce qui fait qu'il y a une volont de servir : il est incroyable de voir comme le peuple, quil est assujetti, tombe soudain dans un si profond oubli de sa libert [...] il sert si bien, et si volontiers, quon dira it le quil na pas seulement perdu sa libert mais bien gagn sa servitude.=>I l gagne donc quelque chose dans cette dnaturation.- Ce qui sont tout en bas de la chane ne gagne par consquent absolument rien car ceux l n'asservissent personne. Mais tousles autres, cd l'immense majorit, gagnent quelque chose ils ont donc une bonne raison d'entrer dans la chane de la servitude.=>Le pouvoir doit se comprendre par le fait qu'une toute petite poigne de privilgis tiennent dans leurs mains de fer tout peuple.- On ne peut pas s'empcher de songer la description que Hobbes donne de l'tat de nature.P ar exemple, il parle des favorisqui ont gagn beaucoup auprs des tyrans donc de ceux qui ont accept d'entrer dans la chane de la servitude et se sont trouvs proches des tyrans. Ainsi, il dit : il en est peu ou presque pas qu'il n'est prouvs la cruaut du tyran.

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    =>Autrement dit, soit on produit de la haine ou de la cruaut contre quelqu'un, soit on en est soit mme l'objet.On est constamment dans une sorte de transaction, en contact.- Hobbes s'attarde sur la dimension d'amiti : le tyran n'aime jamais et n'est jamais aim.I l y a une dimension projective chez La Botie l'autre, que chacun sera tent par le fait de prendre sa place, de s'emparer de sebiens.- Le tyran se mfie parce qu'il n'ignore pas que la plupart des tyrans ont t tus par un favori. Ainsi, l'amiti implique le regard, la connaissance mutuelle et la reconnaissance de l'un par l'autre, autrement dit cette capacque l'autre a de confrer une identit.P ar ailleurs, il prcise que son modle a montr qu'il ne voulait pas tant nous faire tous

    unis que tous uns. A) La notion d'alination- La notion d'alination joue un rle assez important dans la pense politique. tymologiquement, l'alination renvoie processus de dpossession, perte ou sparation. En effet alienus signifie "tranger" en latin, et au fond dans sa plus simpleexpression quelqu'un d'alin est quelqu'un qui devient en quelque sorte tranger lui-mme et il y a videmment lconnotation psychiatrique du terme, cd qu'un alin est un fou.- Cest une notion ensuite dveloppe dans la philosophie marxiste dans sa thorie gnrale de l'humanit, dans son analyse d proltariat, parce que le proltariat est le groupe dont l'alination est la plus tendue et la plus intense . Ainsi, chez Marx on trouve 3 formes d'alination :

    y L'alination par l'argent : elle renverse les choses et met les moyens la place de la fin cd que l'homme alin par l'argenest un homme qui ne va plus seulement considrer l'argent comme une mdiation, un moyen mais comme un but, une fin.

    y L'alination par la religion : elle obit la mme logique cd lorsqu'on est accabl par le poids de ses souffrance on atendance chercher une compensation particulire, une chappatoire pour rendre supportable sa condition.

    => C'est videmment une mystification puisque c'est quelque chose qui contribue produire de l'illusion (fausse conscience) mac'est aussi parfois une mauvaise comprhension.

    y L'alination par la politique : pour l'essentiel, Marx souligne que l'Etat reprsentatif ne modifie pas la condition politiqrelle des hommes mais tend produire une mystification qu'il rige comme une nouvelle divinit au dessus d'eux, nouvelldivinit qui se prtend la reprsentante de l'intrt gnral.La libert politique, selon Marx, est une libert fantasmatique qui n'affranchit pas vritablement les hommes mais qui masque contraire leur exploitation et qui leur permet de la maintenir. Ainsi, l'Etat reprsentatif cre une illusion d'galit d'mancipation.- Chez La Botie, l'alination est autre chose. En effet, il ne le fait pas intervenir quand il parle de ce qui constitue le princressort de la servitude volontaire mais il est vrai que quand il examine les raisons la marge, il semble qu'il voque quelquchose que nous pourrions comprendre comme une forme d'alination lorsqu'il parle de l'habitude pour justifier le fait qu'on trouve dans la servitude volontaire.=>Cela renvoie une rflexion sur le souvenir de la mmoire et sur la tradition.- La nature de lhomme est dtre libre et de vouloir ltre , souligne La Botie, certes, mais il prend facilement un autrelorsque lducation le lui donne.I l raconte ainsi comment les tyrans ont effectivement intrt supprimer certains souvenir dela conscience de leurs sujets mais comme videmment lhomme est n libre, seule lducation peut le faire.=>L'ducation vise ici le dcervelage et produit l'oubli.

    y Le rapport matre/serviteur par Tocqueville- Tocqueville, reprenant sa manire tout ce questionnement sur le rapport du matre et du serviteur dans la dmocratie (cf. Ldmocratie en Amrique). Ainsi, pour lui, un certain moment, le serviteur en vient parfois s'identifier la personne du made telle sorte qu'il en devient l'accessoire. Autrement dit, il se dsintresse, se dtache de lui-mme, se dserte en quelque sortou plutt il se transforme tout entier dans son tre en se crant inconsciemment une personnalit imaginaire par identification.- Cest une certaine manire de penser lalination, mais Tocqueville nemploie pas ce mot, car les individus semblent dserter pour se transporter par limagination dans la personne du tyran, ou du tyranneau (de l'homme qui est juste au dessudeux).- I ls veulent servir pour amasser des biens mai s en mme temps on peut lenvisager sous une forme moins matrialiste.I l y aquelque chose comme du gain, du bnfice comme le disait La Botie au dbut de son texte : non seulement ces individusemblent perdre leur libert mais aussi gagner leur servitude.I ci, en certain sens, ces individus qui ont le sentiment davoir gagn quelque chose, La Botie nous les montre comme des individus qui ont tout perdu car ils se sont perdus eux -mmes evivant dans la dpendance, dans la complaisance.Est-ce dire que le tyran, lui, bnficie de tout ? Ce nest pas non plus le point de vue de La Botie parce quil nous dcrittyran comme quelquun qui naime pas et qui nest jamais aim donc qui vit dans une immense solitude.

    y L'amiti chez le tyran- Quand il est question de la solitude du tyran, La Botie introduit le thme de lamiti. En effet, lamiti est une chose sa

    elle nat dune mutuelle estime, elle sentretient moins par les bienfaits que par lhonntet . Ainsi, ce qui rend un ami slautre cest la connaissance de son intgrit : I l ne peut y avoir damiti l o se trouve la cruaut, la dloyaut, linjustice.Entre mchants, lorsquils sassemblent, cest un complot, et non une socit.I ls ne saiment pas mais se craignent , ils ne sont pas amis mais complices.- On voit ici que le tyran, nous dit La Botie, tant au dessus de tous, n'a pas de pairs, il est dj au -del des bornes de l'amit parce que l'amiti fleurit dans l'galit. Ainsi, cet tat des choses, cette mfiance gnralise, c'est la condition de tous maseul le tyran doit se mfier de tout le monde car il cumule probablement le plus grand nombre d'ennemis.=>I l a le maximum d'avantages mais vit dans la solitude et connat la mfiance, l'hostilit.I l faut avoir l' il aux aguets, l'oreille aux coutes pour pier d'o viendra le coup, pour dcouvrir les embches [...] poudominer le traitre.- La Botie nous fait valoir cette chane de la servitude en opposition un autre type non pas de socit mais de lienreprsents par l'amiti. Et l, quand on parle de lamiti chez La Botie (et dans les textes politiques aussi), il faut avo ir prs

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    lesprit non pas la rencontre de deux tres dans une forme de sentimentalit mais la capacit de partager le monde avedautres travers le dialogue et une vise politique commune. C'est lamiti politique.- Chez La Botie, il y a la question de la reconnaissance, notion fondamentale dans la philosophie contemporaine et moderneCette nature nous a tous log en mme maison, nous a tous figur mme patron afin que chacun puisse se mirer et sereconnatre lun dans lautre, comme dans un miroir. Ainsi, il y a la fois de la connaissance, de lentre-connaissance, dereconnaissance et du regard cd une rciprocit.- Ainsi, une socit totalitaire est une socit qui serait atomise et dans laquelle les individus nauraient pas de liens les u par rapports aux autres.I l y a une dpendance, une concurrence, une absence de reconnaissance, bref c'est lenfer sur terre car

    il n'y qu'obissance et servitude ce qui soppose une socit horizontale qui fonctionne sur lamiti politique base sulobissance mais sans tyrannie.B) Sur la notion d'alination- En un mot, nous avions introduit plus haut la notion dalination dabord parce quelle traine dans la littrature mais au parce que cest en quelque sorte la catgorie de pense qui nous vient en tte de faon plus vidente quand on essaie dcomprendre pourquoi les gens se soumettent ou entrent dans des relations de servitude cd de dire quils sont alins.- Chez La Botie, l'alination tient l'oubli cd que les individus ne se souviennent plus de ce qui se passait avant et perdeaussi le dsir de reprendre cet tat. Autrement dit, leur temporalit tout d'un coup est fige car ils n'ont plus le souvenir de leancienne libert.Mais partir de quand considrer qu'une personne est aline ? A partir de quels critres ?y L'analyse deP rvost P aradol : humiliation et historicisme

    - AnatoleP rvost P aradol, qui a publi un article sur La Botie dans le journal intitul Les dbats dans lequel il traite de l aquestion de savoir de quelle manire on peut avoir la conviction qu'on a franchit la limite de l'obissance pour entrer danl'ingrate servitude.- P our lui, les tyrans auraient intrt ne jamais pos de limites l'obissance cela mme quand elle devient de la servitude cl'art de la tyrannie consiste confondre cette obissance avec la servitude au point que les 2 choses paraissent n'en faire pluqu'une chose et que le vulgaire devient incapable de les distinguer.- Dans quelle mesure une socit a besoin d'un pouvoir pour se maintenir comme socit ?Certaines socits ont besoin dun pouvoir fort, dautres fonctionnent d une manire suffisamment cohrente ou intgre pquon nait pas besoin dun pouvoir fort.- I l y a un signe intrieur qui nous dit quon a bascul, et pour lui ce signe c'est lhumiliation que nous ressentons en accorda notre semblable plus dobissance quil ne lui ait du, selon lordre de la nature et selon la raison. Ainsi, cette humiliatressentie et prouve, cette exprience de lhumiliation est pour ainsi dire dordre divin au sens o elle est invitable involontaire cd qu'on n'a pas de prise dessus, elle s'impose nous.- Elle est invitable et rien ne peut lempcher de paraitre et de crier linconscience de lhomme quil est dsormais esclaquil se rsigne ltre. Ainsi,P rvost P aradol ne parle pas d'alination puisquil y a toujours quelque part cette petite voix delinconscience qui se manifeste travers lhumiliation et qui permet de se mpriser soi mme si on laccepte.=>Cette petite voix qui raisonne c'est la voix de la dignit humaine mortellement blesse.- Cela veut dire que le sentiment dhumiliation qui semble compltement subjectif, relatif, variable selon les socits, lpoques, les cultures, nous apprend toujours quelque chose car il ne renvoie pas seulement la pure subjectivit ou au psychisme de lintress. Ainsi, il a une valeur heuristique non seulement pr les savants mais aussi pour les principauconcerns, cd pour tout un chacun qui en vient en prouver un certain moment.- Autrement dit ce sentiment dhumiliation permet de discerne r le seuil que lon doit refuser de franchir si on ne veut pas endans la rgion de la servitude. Cest dautant plus intressant quil arrive souvent que les logiques humiliantes devienneinsidieuses, invisibles, quasiment imperceptibles et se jouent dans des comportements, des gestes, des regards.- Dans un 2eme temps,P rvost P aradol suggre que si on prte attention cette petite voix de la conscience blesse, que lonrepre ce sentiment dhumiliation et que lon comprend quoi il se rapporte, cela peut servir de point dappui en quelque svers une transformation, voire mme vers lmancipation . Cela semble faire de lhumiliation un sentiment moral car on pexpliciter, si lon parvient les saisir, les raisons de lhumiliation.=>Toutes les raisons ne sont pas valables, ce qui veut dire que bien sur il y a toute sorte dimposture possible avec lessentiments moraux car on peut feindre lhumiliation.

    y La notion de conscience historique- La notion de conscience historique, dans un sens trs gnral, dsigne le sentiment de la relativit, la prise de conscience dufait que les socits se produisent elles-mmes dans le temps, qu'elles voluent, se transforment, ne pensent pas, ne jugent pas,ne valorisent pas la mme chose dun moment lautre de leur histoire.- Ainsi, ce que lon trouvait bon au 17 e on le trouve mauvais au 19e sicle par exemple et le dveloppement de cette conscience

    se fait de manire trs progressive, variable, contraste mais lapprofondissement de cette conscience historique dbouche sule sentiment de la relativit qui imprgne trs fortement les sensibilits du 19e et du 20 e sicles.- Lhistoricisme est, dans un sens trs gnral, la position qui consiste prendre pour norme ce qui est historiquementconstitu, parfois mme au point de disqualifier lopposition entre la norme et le fait.- On se rend compte que les normes, les valeurs, changent en fonction des poques, des socits, des cultures, bref elles sont variables dans le temps et dans lespace. Le problme que cela fait naitre cest de savoir de quelle faon russira-t-on penles valeurs indpendamment de ce qui est historiquement constitu.- Ainsi, si tout est historiquement constitu, cela veut dire que tout est valable titre de moment historique, par ex ctaitvaleur dun moment donn de pratiquer le cannibalisme mais aujourd'hui il appartient aux normes et aux valeurs de notrpoque de le condamner.=>Donc, nos jugements sont relatifs mais du coup, sont-ils encore des jugements ? Si on pratique lhistoricisme, il ny a plumoyen de les distinguer, cest relatif, un point cest tout.

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    - Cependant, dans ce cas l, on peut aussi bien dire que tout est normal titre de moment historique et qu'aprs tout le nazis mtait normal titre historique. En ralit cest un exemple extrme car nous sommes aujourd'hui convaincu de la relativit normes et des valeurs, et il ne viendrait lide de personne de dire que lesclavage vaut la dmocratie ou encore de dire que tolrance comme valeur vaut le fanatisme comme pratique.Est-ce dire que cette valeur est rductible au contexte mme qui lui a donn naissance ? Ny a-t-il pas dans le processuhistorique des productions de valeurs comme la tolrance qui sont, en mme temps quelles sont produites historiquement, devaleurs transhistoriques ? Ny a-t-il pas au sein mme de la relativit de lternit, des choses ternelles ?- Ainsi, La Botie pose une question importante que Machiavel ne posait pas (car ce ntait pas du tout son problm e) qui p

    sur ce qui nous fait consentir la servitude, cd non pas pourquoi une domination parvient ses fin mais, en partant du bas pourquoi on consent.I l ne faut pas oublier et ne jamais oublier, dans ces rflexions, la dimension de violence pure qui accompagne souvent, parfola domination. Ainsi, il ne faut pas se demander pourquoi un homme qui est un individu cloitr chez lui, priv dexistenaccepte la situation desclavage moderne dans laquelle il se trouve car il lest videmment parce quil subit une violence tat brut, priv de toute ressource faisant le vide de tout ce quil y a autour de lui . Nanmoins se poser la question dconsentement la servitude est un apport fondamental de La Botie et cest quelque chose qui est pertinent dans denombreuses situations.C) Les quatre fonctionnaires pendant la Seconde guerre mondiale- On prend lexemple de 4 personnages historiques, de hauts fonctionnaires, au 20 e sicle qui actualisent la problmatique de LaBotie. Eichmann, le spcialiste de l'migration d'Hitler et P apon, ancien secrtaire gnral de la prfecture de Gironde ont obit des ordres injustes.=>I ls ont t obissant et ont commis des choses horribles.- Si on rflchit ce quest un haut fonctionnaire, on se dit que c est tout fait normal qu'il obisse et qu'il considre que ordres qu'il reoit rpondent ses convictions.D'ailleurs, mme s'il n'est pas d'accord il se doit d'excuter les ordres. A insi, on peut dire qu'il y a de l'obissance par respect des impratifs d'une fonctions cd que les gens obissent parce qu'ils sont dansl'thique ou la dontologie du fonctionnaire qui, par nature, obit.- P ourtant, la mme poque, pendant la guerre, on trouve des hauts fonctionnaires dsobissants, par exemple on p eut citer lconsul gnral duP ortugal Bordeaux Aristide de Sousa Mendes et le consul du Japon Kaunas en Lettonie Chiune Sugihara.=>Le paradoxe du temps cest quon a lesprit des types obissants comme Eichmann et P apon, mais on ne connait pas le sautres, les dsobissant.- Concernant le consul Aristide de Sousa Mendes : Bordeaux tait devenue une ville de rfugie pendant la guerre, autrement il tait trs intressant en tant que rfugi davoir un visa portugais car cela permettait de s'ch apper. Le consul qui n'ava jamais dsobit son gouvernement, a, un jour, a accord des visas de transit aux rfugis sans en demander l'autorisation a ugouvernement de Salazar. La scne est dcrite par son fils : le consul devient blme, quitte le repa s et disparat pendant 3 jouet lorsqu'ils revient dcide de signer des visas la chane de 8h du matin 2h du matin suivant.I l a ainsi sauv 30 000 personnes.- Concernant le consul japonais Chiune Sugihara : Les rfugis pouvaient quitter la prison europenne par latlantique maussi par l Oural, via lURSS et le Japon.I ls pouvaient alors obtenir un visa de transit par le japon dlivr par le consul japonais Kaunas. A cette poque, le Japon faisait partie des puissances de laxe mais le consul dcide d'accorder des milliers de visas dtransit aux juifs polonais qui fuyaient les nazis. En effet, il avait vu les rfugis et en avait perdu le sommeil ce qui l'a basculer un jour dans la dsobissance.- On a ces cas absolument contrasts :P apon et Eichmann sont plutt en haut de la pyramide (sorte de tyrannie moderne, Vichy,ou Allemagne), et y restent alors queDe Sousa Mendes et Chiune Sugihara, aprs une crise, dcident den sortir. Ainsi, dans les4 cas, il sagissait de fonctionnaires obissant au dpart cd socialiss, intrioriss.=>Deux vont se considrer comme dpendants de la situation, de ce quils diront a chaque fois dans leur procs (je ne faisquobir, je ne pouvais pas faire autrement), deux autres ont dcids quils taient responsables et ont dsobit.- Ainsi, Eichmann et P apon diront quils navaient aucun choix et quils n'taient que les rouages dun mcanisme, autrement diils se dcrivent eux-mmes comme ntant plus sujet de leur action (nous navons fait quobir, nous ne sommes presponsables, ce qui philosophiquement est trs difficile penser), et les deux disent quils ne voyaient pas vraiment lsituation ( P apon prtendait ne pas voir la situation de surmortalit). Aucun remordsy En revanche, les deux consuls, non seulement ont vu quelque chose mais il semble quils taient incapables de ne pasvoir, de ne pas entendre.I ls ont dsobit et ont vcu une crise de conscience terriblement violente. Ainsi, ils ont convers avec leur conscience, ils se sont demand sils allaient couter cette petite voix qui leur disait quils taient dans la servitude sobissaient ou si au contraire ils allaient lignorer.I ls ont t trs violemment dchirs entre deux exigences morales, qui sont toutes les deux vraies et devaient choisir entre 2 valeurs que sont l'obissance qui dcoule de leur mtier de fonctionnaire et ladsobissance qui dcoule des impratifs de la conscience.

    Le Lviathan de Thomas Hobbes (1588-1679)- Avec le Lviathan de Hobbes, on a un monument de la pense politique. Sagissant du contexte de cet ouvrage, il sagit dguerres civiles anglaises. Ainsi, l uvre de Hobbes, pas seulement ce livre mais vritablement sa pense, montre un nouveasavoir politique de manire clairer les hommes non seulement sur le fonctionnement de la socit, de la politique, mais aussur la ncessit de lEtat et sur sa structure interne.- On a souvent dit propos de Hobbes que sa philosophie qui tait marque par la peur.En effet, dans Le bhmoth, Hobbes dit que le moment historique dans lequel il se situe reprsente sans aucun doute le momenle plus noir, le plus violent, le plus terrible de lhistoire de lhumanit et I l crit ce sentiment de vivre un moment inou delextrme violence.P lus aucun fonctionnement social, plus aucun instinct, ne fonctionne rellement car rien nest plus traumatique pour un

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    conscience individuelle et une socit entire quune guerre civile. Ainsi, il sagit dlaborer sur le plan thorique un savoir qui aurait des effets ou une utilit, une efficacit pratique et de ce pde vue ce nest pas sans rappeler la perspective de machiavel qui voulait faire uvre utile en s'adressant directement au pri ncL aussi, avec Hobbes, il y a une ambition ou une conviction trs comparable parce qu la fin de la 2e partie du Lviathan1re partie traite de lhomme, la 2e partie de la rpublique), Hobbes crit la chose suivante : ni P laton ni jusquici aucun philosophe nont mis en ordre ou prouv dune faon adquate [ ] et je me remet esprer qua un moment ou un autre mon prsent travail pourrait tomber entre les mains dun souverain.Lambition du savoir thorique de Hobbes est pratique et a a t le cas par la suite dun certain nombre dauteurs modern

    commeD

    urkheim qui nous disait (dans la prface de sa thse de doctorat sur la division du travail social) que la sociologie nemriterait pas grand-chose si elle ne devait avoir quun seul intrt spculatif car cest un savoir efficace, pratique et traductibun savoir qui devient action ou qui se constitue en savoir dagir.Dans la lecture du Lviathan de Hobbes, nous partirons dune remarque incidente faite par Leo Strauss : sil nous est permisdappeler libralisme la doctrine politique pour laquelle le fait fondamental rside dans les droits naturels de lordre popposition ses devoirs et pour laquelle la mission de lEtat consiste protger ou sauvegarder ces mmes droits, il nous fadire que le fondateur du libralisme fut Hobbes. comment penser en mme temps un thoricien de lEtat absolu et un fondatdu libralisme ? C'est un dfi intellectuel.- Jean Terrel (philosophe fr) a crit un petit livre intitul Les thories du parti social dans lequel il affirme que Hobbes a invendoctrine moderne du contrat social. Ainsi, pour lui, Hobbes est le premier thoricien de l'tat de nature qui ralise une rvolutau sein du droit naturel moderne en montrant que l'existence mme de la souverainet dpend entirement des volontshumaines, que son essence est dpendante de ces volonts.- Machiavel nous avait dj incits penser la catgorie politique comme une catgorie autonome en nous mettant sur la voqu'une socit, pour qu'elle existe et se maintienne, ncessite une unit politique qui soit prserve par un pouvoir stable. C'ed'ailleurs cela que Jean Bodin a ajout, peu aprs, les prmisses d'une thorie de souverainet.- Avec Hobbes, on a affaire une thorie politique de plus grande ampleur, une thorie anthropologique au sens propre qutraite dans la 2e partie du Lviathan. Mais, de manire plus significative cest dans la 3e partie quil est question de rpubliquechrtienne (royaume des tnbres, mort, au-del) ce qui veut dire quau fond Hobbes crit 380 pages sans jamais se soucides questions religieuses.=>Hobbes est un auteur qui tire toutes les consquences et les apports du dveloppement de la science de son temps(Copernic, Galile).P enseur matrialiste, il construit une thorie de l'homme qui correspond cette nouvelle mcanique.1. L'anthropologie hobbsienne- P our comprendre, il faut simaginer quelqu'un qui (un peu comme les enfants qui veulent dmonter leur jouer) met tou t p Ainsi, Hobbes considre que le mouvement de la pense et de lintelligence, doivent fonctionner de la mme faon cd essade penser lordre politique, lordre humain, lordre social (anachronique) en mettant tous ces lments plat.- Finalement, les atomes quil aura disposition seront les individus et il va tout remonter pour nous renseigner sur les rouagede lensemble et sur ce quil faut savoir pour sunir, autrement dit la proccupation centrale est vraiment la dsunion deshommes et la guerre. Comment procder donc pour pouvoir coexister, pour pouvoir faire fonctionner lensemble de la machqui est finalement la cit ?I l considre que cest travers cette opration de mise plat et de reconstruction quil va no usenseigner les principes de l'tre ensemble, autrement dit de la politique.- Ainsi, au dpart, il va considrer les tres humains travers leur mouvement cd qu'il considre que c'est du mouvement qva natre la sensation d'apptit, de dsir (bien) ou au contraire de haine, d'aversion, de rpulsion (mal).Dans ce monde des corps physiques, rien n'est donc vritablement bien ou mal, bon en soi ou mauvais en soi car Hobbes va caractriser l'homme par sodsir, lui-mme caractris par l'illimitation autrement dit rien n'interdit aux hommes de dsirer l'infini.- Dans le chapitre 11 du Lviathan, il dclare : je mets au premier rang titre dinclination gnrale de toute lhumanit, un dsir perptuel et sans trve dacqurir pouvoir aprs pouvoir, dsir qui ne cesse qu la mort. L, au fond, on voit que chaqindividu se caractrise par un dsir qui ne cesse jamais, qui vise videmment un pouvoir de plus en plus grand, et ce dsir porsur la recherche de ce pouvoir accru.Cela veut dire que le dsir vise le pouvoir et laccroissement de ce pouvoir pour s'assurer de la capacit de possder plus t ardans l'avenir. Autrement dit, c'est la recherche d'une garantie et Hobbes dcrit ce dsir avec une sorte d'inquitude pour l jouissance non seulement du prsent mais aussi de l'avenir.- Dans ce mme chapitre 11, Hobbes parle de la flicit, du bonheur et dclare qu'elle est une continuelle marche en avant dudsir dun objet lautre, la saisie du premier ntant encor e que la route qui mne au second. Autrement dit, il sagit, poutre humains, de sassurer en permanence la route de leurs dsirs futurs et on peut penser que ce dsir hobbsien a quelquechose d'angoissant par rapport aux temps venir, devant l'avenir.- Ainsi, on peut imaginer que ce penchant universel du genre humain, ce dsir d'acqurir, dcoule le plus souvent d'une trgrande rivalit pour la richesse, l'honneur, le commandement ou bien d'autres puissances encore. Cela conduit alors desformes de lutte, d'hostilit puis incidemment la guerre et partir de cette caractrisation Hobbes dcrit une situation erelation avec l'anxit de l'avenir, situation extrmement instable faite de dsirs et de rivalits incessants .- Hobbes nous dit simplement qu'il faut caractriser les hommes par une anthropologie lmentaire, sur laquelle il stend u peu plus dans le chapitre 13 (tout fait fondamental), intitul de la condition naturelle des hommes en ce qui concerne leur flicit et leur misre.Dans ce chapitre, il dit quen ralit il ne sagit absolument pas, dans cette description assez cruel deshommes ltat de nature, de considrer que les dsirs et les autres passions de lhomme sont en tant que tels et pour euxmmes des pchs. Hobbes se rendait compte quune telle caractrisation de lhomme, suppos cr limage de dieu, pouvait pas passer facilement sans susciter de ractions fortes, et il disait que ces hommes incrdules navaient qu mditeleur propre exprience, rflchir ce quils font eux-mmes.=>En bref, dans la fiction de ltat de nature, dans cette mise plat de la cit, pour linstant rien ne saurait tre juste ou moranous sommes en de du bien et du mal. Aucune loi ne peut tre faite tant que les hommes ne se sont pas entendu sur la personne qui doit les faire.

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    fait intressantes analyser en ce quelles signifient selon Hobbes la rupture de ce que lon peut appeler le pacte hobbsien, slequel nous reviendrons. En effet, en anticipant sur le propos, le pacte hobbsien peut sexpliquer dune manire simple cd q pour viter une vie solitaire, quasi animale et brve, les hommes vont accepter d'aliner une partie de leur libert en chand'une scurit.- En sens inverse, si on veut rendre les perspectives hobbsiennes pertinentes pour notre analyse des situations politique etnotamment de celles o se manifestent la violence dans lordre intrieur (et non entre les Etats), on peut se demander danquelle mesure la violence nexprime pas chaque fois ou tendanciellement une certaine rupture du pacte hobbsien.- Encore une fois, il faut prendre des exemples historiques : parfois les individus nacceptent plus de renoncer leur liber

    parce quil peut arriver un certain moment quils naient plus la scurit qui doit en principe leur tre confre aux terme pacte hobbsien. Autrement dit, le pacte rpond la situation de violence de ltat de nature, mais le retour de la violence daltat politique, dans ltat civil, dans lhistoire, peut galement exprimer ou signifier que quelque chose ne se passe plcorrectement, dans le pacte hobbsien.- Ainsi, je me rvolte lorsque lEtat nest plus capable dassurer ma scurit, ou jagis de manire violente lorsque lEtat neconfre plus la scurit. Ce pacte hobbsien est donc un instrument danalyse ou de rflexion qui considre quil y a ucertaine rationalit dans le fait d'accepter l'alination d'une part de sa libert pour se protger .- Au chapitre 8 du Lviathan, Hobbes dit que les passions qui causent des diffrences desprit sont principalement le dsir d pouvoir, la passion du pouvoir mais il nen reste pas moins quau chapitre 13, Hobbes les dcompose et ne la laisse en rien srduire lide que toutes les sources de conflit dans la cit sont ramener au jeu des intrts conomiques.

    y La mtaphore du bois tordu de l'humanit chez Kant - Kant, dans la 4e proposition deI de dune histoire universelle au point de vue cosmopolitique, parle de linsociablesociabilit des tres humains, du bois tordu de lhumanit. En effet, il prend comme mtaphore l'exemple d'un arbre q pousse tout seul au milieu d'un pr, il peut se dployer librement ou tre tordu cela n'a pas d'importance car il trouvera to ujoula lumire. Au contraire, si on prend une fort toute entire, les arbres sont obligs de pousser droits s'ils veulent avoir unechance d'atteindre la lumire sinon il sont recouverts et ne peuvent survivre.- Ainsi, de la mme faon, l'homme reoit la socit comme une contrainte absolument affligeante et la seule manire de survivest de pousser droit en quelque sorte. Cela signifie que les hommes sont contraints (terme important) de vivre ensemble, et dcoup ils sont tenus d'instituer entre eux des relations pacifiques.P ourtant, et nous lavons vu, leurs passions naturelles font obstacles cette institution politique, et la dtruisent mme parfois.- Cela est en dsaccord avec la fameuse phrase l'homme est un animal politique (Aristote) qui sous-entend que l'homme enaturellement port vivre en socit ou plus exactement qu'il est indissociable de la politique, sa nature tant directemen t li sa capacit de communiquer pour s'organiser en socit. Cependant, pour Hobbes (et dj pour Machiavel), l'homme n'ecertainement pas un animal politique car il est naturellement en proie des passions qui sont fondamentalement anti -politiququi font obstacle la politique.

    y La critique de la philosophie des anciens par Hobbes- Hobbes considre que la grande tradition philosophique des anciens s'est trompe sur des choses absolument fondamentalesnotamment sur la condition naturelle des hommes car pour lui, l'tat de nature de l'homme est achet par toutes sortes de passions terriblement dangereuses, sources de conflit et de guerres. Sa conception de la condition naturelle de l'homms'loigne ainsi des vertus de l'homme qui serait tendues vers l'excellence.- Hobbes reproche donc aux anciens de proposer une image trompeuse de l'homme qui ne permet pas du tout de pense laralit humaine (contexte de guerre civile l'poque) cd de comprendre pourquoi les hommes se dchirent en permanence.=>Ainsi, lune de ses ambitions est prcisment dessayer de mener bien la tradition s ocratique et de russir l o elle avchoue.- La philosophie politique traditionnelle postulait, nous dit Lo Strauss, que lhomme est par nature un animal politique et somais Hobbes va rejeter ce postulat car il est non seulement faux mais peut tre totalement pernicieux (nuisible) sur le pla politique.- Autrement dit, Hobbes se donne pour projet dinventer une science politique nouvelle pour rsoudre ce problme politique que, pour lui, les hommes doivent vivre correctement et se rassemb ler mme si tout les les pousses vivre en sens inverse. Acet gard, la seule chose que Hobbes reprend aux anciens, est quil acceptait en toute confiance lide que la philosophie ouscience politique est possible ou ncessaire (Strauss).- Ainsi, il conserve des anciens lide que la philosophie peut nous aider rsoudre concrtement les problmes de la citquelle a une efficacit politique. En ralit, ce quil reprend des anciens, de manire plus prcise, cest la ncessit de philosophie et il va se proposer, tout en restant philosophique, de remettre sur pied lentreprise des anciens sans ritrer leurserreurs.=>Hobbes va alors se doter dinstruments de travail efficaces parmi lesquels cette fameuse fiction de ltat de nature.B) La dangerosit de l'tat de nature

    - Hobbes constate que dans ltat de nature on vit dans une situation qui quivaut un tat de guerre, puisque la guerre estoujours possible et pour rsoudre le problme politique sans tomber dans les piges ou les erreurs des anciens, il va poursuivre la perspective raliste de Machiavel en considrant qu'il faut quitter l'ordre normatif (partir de ce qui est et n on pasce qui doit tre) cd quitter l'idal pour le rel =>L'objectif est de restaurer les principes moraux de la politique notamment la loi naturelle mais partir, non plus du point dpart des anciens mais du ralisme machiavlien.- Donc, il y a une rupture totale avec les anciens puisque la tradition dominante des anciens dfinissait la loi naturelle parapport la perfection de lhomme, en tant quanimal politique et rationnel alors que Hobbes va faire sienne les objections autopiques de Machiavel en conservant l'ide de la loi naturelle mais en la dissociant de la perfection humaine.- I l va dduire cette loi naturelle non pas d'une vertu, car ce serait partir de l'idal, mais d'une passion dterminant lecomportement de fait des hommes, mobile puissant de leurs actes. Ainsi, pour lui, les passions qui inclinent les hommes paix sont la crainte de la mort, le dsir des choses ncessaires une vie agrable et l'espoir de les obtenir par leur industrie .

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    y La supriorit de l'emprise de la passion sur la raisonCe qui a le plus demprise sur les hommes la plupart du temps, pour Hobbes, ce nest peut -tre pas la raison comme on aimerle croire, mais cest la passion.- P armi les passions, il faut donc trouver la plus puissante parce que cest d'elle quil faud ra dduire la loi naturelle et ce passion doit videmment tre un fait naturel, en l'occurence dans le texte hobbsien, la peur d'une mort violente, inspiratinaturelle du dsir de sa propre conservation. Ainsi, Hobbes va construire sa rflexion politique non pas sur l'homme tel qudevrait tre mais tel qu'il est, tel qu'on ne l'a jamais vu ou trop rarement.- Lhomme voulant raliser ses dsirs ne peut pas vivre dans la crainte perptuelle de la mort violente, il ne peut pas vivre da

    le combat incessant et c'est de cette contradiction que va surgir ltat civil, ltat de socit. Et logiquement, Hobbes constaque finalement les hommes ont en quelque sorte un ennemi commun, savoir la mort et peuvent saccorder l -dessus.- Mais, que faire de la ncrophilie, non pas comme perversion sexuelle mais comme passion de la mort. Erich From(psychanalyste humaniste nord amricain d'origine allemande) disait que la ncrophilie n'est pas quelque chose de premiecontrairement Sigmund Freud (psychanalyste autrichien) qui faisait de l'instinct de mort quelque chose de constitutif, caselon lui, il y a des conditions sociales, culturelles et politiques dans lesquelles le got de la mort se dveloppe donc il faus'interroger sur les conditions mmes dans lesquelles elle nat.- Au chap. 14, Hobbes va se livrer une rflexion sur les premires lois naturelles en oprant une distinction entre la loi en tqu'elle renvoie l'obligation et le droit en tant qu'il renvoie la libert cd le droit de natur e qu' chacun d'user comme il le vde son pouvoir propre. Ainsi, on comprend que si l'on dfinit le droit comme une libert alors le droit naturel n'est pluspcifiquement humain car, comme Hobbes le disait dans Le citoyen, les btes tuent les hommes par droit naturel et donc peur de la mort violente n'a rien d'uniquement humain.=>Nimporte quel animal a envie de se conserver et a peur de la mort violente mais ce moment l on peut se demander si lanimaux se suicident comme les hommes.- Le chapitre 14 commence par une rflexion sur la loi et le droit. Ainsi, la reconstruction rationnelle de la cit va passer plinstitution juridique chez Hobbes car cette loi napparait jamais comme drive dun principe religieux ou dun prinmtaphysique.- I l sagit, pour lui, dans le contexte des guerres religieuses anglaises, de penser la coexistence des hommes et de la penser dmanire rationnelle sans jamais passer par des postulats ou des dogmes religieux. Ainsi, au chapitre 14, il va dfinir la lnaturelle comme un prcepte, une rgle gnrale dcouverte par la raison par laquelle il est interdit au gens de faire ce qumne la destruction de leur vie ou leur enlve le moyen de la prserver. =>Autrement dit, c'est une pure libert.

    y Le jus in omnia- A partir du moment o on considre que tous les tres humains ont peur de la mort violente et ont besoin de se conserver euxmmes alors on peut en dduire, de manire rationnelle, tout un ensemble de lois dites naturelles.- I l sagit dviter tout point dappui normatif, toute ide utopique de ce qui est et tout de suite, ds le dbut du chapitre 1Hobbes nous dit que, par nature, lhomme a droit sur toute chose. Ainsi, il y a dans ltat de nature quelque chose que lon pappeler le jus in omnia cd le droit sur tout et prcisment si lon veut sortir de cet tat invivable qu'est ltat de guerre, il faufinir avec ce jus in omnia, parce que ce nest pas vivable, ce nest pas possible.- Cest pourquoi, aussi longtemps (paragraphe 4, chapitre 14), que dure ce droit naturel de tout homme sur toutes choses, naussi fort ou sage fut-il, ne peut tre assur de parvenir au terme du temps de vie que la nature accorde ordinairement auxhommes. Ainsi, tout le raisonnement de Hobbes va consister prcisment limiter ce droit de nature.- Les hommes doivent, selon Hobbes, renoncer pour une part ce qui fait leur libert naturelle et c'est l qu'il fait interven ir l'du dessaisissement.Or, il apparat assez logiquement qu'aucun homme, connaissant l'tat de nature, n'acceptera de sedessaisir d'une partie de son droit naturel si les autres hommes n'acceptent pas en mme temps de s'en dessaisir car cela leu rsemblera aberrant de se dsarm si l'autre ne se dsarme pas.3. Les lois de nature chez Hobbes- I l y a chez Hobbes une manire de penser rationnellement la politique qui linscrit dans une perspective sloignant de celdAristote car pour lui lhomme n'est pas un animal politique.- Hobbes fait ainsi naitre lordre politique de limpuissance humaine car il y a des effets rationnels de la peur et les hommvivant dans ltat de nature, cette vie quasi animale, laborieuse, solitaire, trs brve, vont prendre conscience du fait qu une tvie nest pas possible, quil faut trouver une solution.- Autrement dit, le passage de ltat de nature ltat civil nait dune prise de conscience qui est une prise de conscienrationnelle cd que tout se passe comme si ces hommes dans un tat de nature se dcouvraient un ennemi commun, s avoir lmort violente, brutale.- Ltat de nature est caractris par le fait que les hommes disposent dun droit naturel sur tout, et on avait vu que, concomme une pure libert, ce droit naturel ntait pas spcifiquement humain puisque les animaux aussi pouvaient tuer posurvivre. Ainsi, ce peut tre quelque chose qui caractrise tous les tres vivants et du coup, dune manire de nouveau tr

    rationnelle, Hobbes ne fait que constater que tant que tous les individus de cet tat de nature jouiront d e ce droit naturel infsur tout, il sen suivra que chacun continuera de vivre dans la peur permanente que lautre face fasse usage de son droit naturde le tuer. A) La premire loi naturelle- Hobbes va considrer que la 1re loi naturelle est que tout homme doit s'efforcer tendre vers la paix aussi longtemps qu'ilun espoir de l'obtenir. Ainsi, quand il ne peut pas l'obtenir, il lui est loisible d'utiliser et de rechercher tous les secours del'avantage de la guerre.- Hobbes affirme donc par la raison que tout homme s'efforce se prserver physiquement pour conserver la flicit et pconsquent s'efforce la paix aussi longtemps qu'il peut rationnellement penser que l'autre ne va pas l'agresser ou le tuer.- A partir de cette 1re loi de nature, on peut se demander si cela signifie que Hobbes accorde une valeur suprme la vihumaine. En effet, au chapitre 11, Hobbes dcrivait la vie comme une course sans fin, incessante, vers la recherche de la fl icdu bonheur, de la satisfaction. Autrement dit, il ny a pas seulement une perspective vitaliste dans cette constructio

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    hobbsienne qui repose sur la scurit physique des individus.=>Hobbes nonce immdiatement la seconde loi naturelle.B) La deuxime loi naturelle- La 2e loi naturelle concerne lensemble du droit de nature cd le droit de se dfendre par tous les moyens dont on dispos Autrement dit, si on a trop peu de chance d'obtenir la paix par un calcul rationnel alors il doit chercher l'obtenir par d' autmoyens.Logique du pacte hobbsien : je renonce une partie de ma libert, cd une partie de mon droit naturel, ce fameux jus inomnia, si en change on me donne la garantie de ma scurit.

    - Ainsi, ce que Hobbes dit, c'est que si vous donner la scurit vous aurez peu de chance de subir une rvolte mais si vous leuretirer cette scurit il y aura plus de probabilit qu'ils prennent les armes de nouveau par manque de garantie de scurit.=>La question de la scurit nest pas une question secondaire dans lordre du politique, cest LA question fondamentaletoute la construction de ltat civil chez Hobbes rpond ce problme de violence, dinscurit ou de guerre civile.- Ce que dit Hobbes c'est que que lon consente, quand dautres y consentent aussi, se dessaisir dans toute la mesure o lo pensera que cela est ncessaire la paix et sa propre dfense, du droit que lon a sur toute chose, et quon se contentedautant de libert lgard des autres quon en concderait aux autres lgard de soi -mme.- Autrement dit, on ne renonce jamais tout mais seulement la partie alinable de son droit naturel et cela signifie que chaqfois, et Hobbes insiste beaucoup, quun homme transmet ou renonce une partie de son droit naturel, cest soit enconsidration de quelque droit qui lui est rciproquement transmis, soit cause de quelque autre bien quil espre pour ce mo[...] il existe certains droits tels que l'on ne peut concevoir qu'aucun homme les ait abandonn ou transmis par quelque paroque ce soit ou par d'autre signes.- Hobbes ajoute cependant que un homme ne peut pas se dessaisir du droit de rsister ceux qui l'attaquent de vive force poului enlever la vie et cela pour la raison lmentaire qu'on ne saurait concevoir que cet homme vis e quelque bien pour lui-m Ainsi, on ne peut pas y renoncer par contrat car on ne peut pas renoncer ce qui fait l'intrt mme du contrat savoir lscurit physique et donc renoncer se dfendre si on se fait attaquer.- Hobbes va encore plus loin en disant que on peut en dire autant propos des blessures, des chaines et de lemprisonnemen pour lessentiel parce quil nest pas possible de dire si les gens qui usent de violence votre gard sils recherchent vot re mou non.P ar exemple, si un homme, par la parole ou par dautres signes, parvient se dpossder lui-mme de la fin laquellceux-ci sont destins, autrement dit si un homme parvient passer un contrat en oubliant le pourquoi fondamental de tous lesignes et de tous les contrats, on ne doit pas le comprendre comme si ctait bien ce quil voulait dire et que telle fut sa volonmais conclure quil ignorait comment ses paroles et ses actions devaient tre interprts .=>I l ne sagit donc plus de penser la rsistance par rfrence la lgitimit du pouvoir parce que la seule chose que Hobbefasse intervenir est seulement c'est lindividu et son droit de vivre ou de survivre pour poursuivre sa flicit.- A aucun moment, dans la construction rationnelle de Hobbes, il nest question dun dessaisissement total qui ferait que lindividus, les citoyens, tomberaient dans la servitude.I ls ont renonc une srie de droits fondamentaux mais ne renoncent jamais tout.- Les tres humains, tant quils resteront des tres mtap hysiques, continueront davoir des conceptions du bien et du mal, penser quil y a des choses qui ont beaucoup de valeur et dautres un peu moins et on peut appeler cela le sacr, labsolu.P ar consquent, les hommes continueront de se dchirer au nom de ces conceptions.- Cest ce que Max Weber, au 20 e sicle, appelle la guerre des dieux : cest la guerre que les hommes ne se font pas seulement au nom de leur Dieu mais essentiellement au nom de leur conception axiologique cd de ce quils considrent c omme relevantdu bien absolu. Hobbes n'est pas aussi pessimiste puisquil apporte une solution, savoir le Lviathan cd lEtat.=>Les lois de nature sont donc les thormes dclenchs par la raison et qui concerne tout ce qui permet la conservation deshommes cd qui permet l'tre ensemble dans une socit.C) La troisime loi naturelle- La troisime loi de nature, c'est la justice et elle dcoule logiquement de la deuxime sur laquelle Hobbes crit : de cette lonature par laquelle on est oblig de transmettre autrui les droits qui lorsqu'on les conserve nuisent la paix du genre humainil en dcoule une troisime qui est que les hommes s'acquittent de leurs conventions . Ainsi, sans cette ide de justice, leconventions n'auraient aucune valeur et ne seraient que des paroles vaines, cela nous poussant vivre l'tat de nature : c'esune loi selon laquelle les hommes s'acquittent de leurs conventions une fois qu'ils les ont passes.- Cependant, Hobbes rappelle que lorsque aucune convention n'a t passe, chacun continue d'exercer son droit naturel dansa dimension illimite car sans convention rien n'est injuste.Donc, la dfinition de l'injustice n'est rien d'autre que la nonexcution des conventions.D ) La quatrime loi naturelle- Hobbes introduit la quatrime loi de nature, savoir la gratitude : de mme que la justice dpend dune convention antrieula gratitude dpend dune faveur antrieure, autrement dit dun don gracieux antrieur . Ainsi, un homme qui reoit dun autbienfait gracieux va sefforcer ce qu'il n'y est pas de motif raisonnable lui faisant regretter cette bienveillance.- Hobbes nonce ensuite une proposition qui semble assez contestable : nul ne donne, en effet, si ce nest en vue de se procurer un bien lui-mme car le don est chose volontaire et l'objet que poursuit chaque homme en tout acte volontaire est sobien propre. Est-ce dire que lon donne par gosme et de quelle faon penser laltruisme si ctait le cas ?=>Cf. l'article de Michel