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Le blé et le pain font partie de l'histoire de l'humanité et l'ont soutenu depuis des milliers d'années. En moyenne, 20% des calories de l'alimentation humaine viennent du blé. C'est l'aliment qui domine notre alimentation, du déjeuner au souper, en passant par les en-cas. C'est aussi une plante qui domine notre art, notre culture et même nos Ecritures. Le pain est une métaphore pour l'abondance et le Salut. Il existe par exemple l'adoration de l'hostie, ce n'est pas le pain biblique, néanmoins l'hostie est composée de blé. Le blé domine donc aussi les coutumes et mêmes les pratiques religieuses. Revenons en arrière, le blé était déjà cultivé par les Natoufiens, ce qui remonte bien avant l'ère de l'Empire Romain, Egyptien, Grec ou même Mésopotamien. Les Natoufiens étaient des chasseurs-cueilleurs, ils faisaient la cueillette de fruits, de baies et d'autres plantes, et chassaient : sangliers, gazelles... Mais ils remarquèrent qu'il se présentait cette herbe, qui poussait à l'état sauvage sur les coteaux dans les zones semi-arides, qu'ils pouvaient faucher avec leurs faucilles à silex. En délogeant le grain des épis, et en le moulant à la main à l'aide de pierres, cela pouvait entrer dans la composition de bouillies. Le pain n'avait pas encore été inventé, il le sera 5000 ans plus tard par les Egyptiens. Ainsi, nous consommons du blé, sous une forme ou une autre, depuis plus de 10 000 voire 20 000 ans. Comparons le blé que les Natoufiens consommaient à celui que nous consommons aujourd'hui. Ce blé ancien, qui était récolté à la main et poussait à l'état sauvage au Moyen-Orient, puis qui fut domestiqué, s'appelle l'engrain. Tous les blés actuels ont donc pour ancêtre commun l'engrain, une plante possédant 14 chromosomes. Qu'en est-il du blé décrit dans les Ecritures ? Lorsqu'un produit à base de blé est mentionné, il est presque toujours question de l'amidonnier, une plante possédant 28 chromosomes. Il est le résultat du croisement naturel d'un engrain sauvage avec une autre herbe sauvage, un aegilops, ayant apporté 14 chromosomes supplémentaires, croisement qui a donc donné naissance à l'amidonnier sauvage avec ses 28 chromosomes. L'amidonnier domestiqué, les blés Poulard et les blés durs ont pour ancêtre commun cet amidonnier sauvage. Lors de l'Exode, les Hébreux avaient du pain azyme, fait avec la farine d'amidonnier. Quand Moïse parle du pain, c'était aussi celui fait avec l'amidonnier.

Histoire rapide du blé

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propos du Dr W. Davis

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Page 1: Histoire rapide du blé

Le blé et le pain font partie de l'histoire de l'humanité et l'ont soutenu depuis des

milliers d'années. En moyenne, 20% des calories de l'alimentation humaine viennent du

blé. C'est l'aliment qui domine notre alimentation, du déjeuner au souper, en passant par

les en-cas.

C'est aussi une plante qui domine notre art, notre culture et même nos Ecritures. Le pain

est une métaphore pour l'abondance et le Salut. Il existe par exemple l'adoration de

l'hostie, ce n'est pas le pain biblique, néanmoins l'hostie est composée de blé. Le blé

domine donc aussi les coutumes et mêmes les pratiques religieuses.

Revenons en arrière, le blé était déjà cultivé par les Natoufiens, ce qui remonte bien

avant l'ère de l'Empire Romain, Egyptien, Grec ou même Mésopotamien. Les Natoufiens

étaient des chasseurs-cueilleurs, ils faisaient la cueillette de fruits, de baies et d'autres

plantes, et chassaient : sangliers, gazelles... Mais ils remarquèrent qu'il se présentait cette

herbe, qui poussait à l'état sauvage sur les coteaux dans les zones semi-arides, qu'ils

pouvaient faucher avec leurs faucilles à silex. En délogeant le grain des épis, et en le

moulant à la main à l'aide de pierres, cela pouvait entrer dans la composition de

bouillies. Le pain n'avait pas encore été inventé, il le sera 5000 ans plus tard par les

Egyptiens.

Ainsi, nous consommons du blé, sous une forme ou une autre, depuis plus de 10 000

voire 20 000 ans.

Comparons le blé que les Natoufiens consommaient à celui que nous consommons

aujourd'hui. Ce blé ancien, qui était récolté à la main et poussait à l'état sauvage au

Moyen-Orient, puis qui fut domestiqué, s'appelle l'engrain. Tous les blés actuels ont

donc pour ancêtre commun l'engrain, une plante possédant 14 chromosomes.

Qu'en est-il du blé décrit dans les Ecritures ? Lorsqu'un produit à base de blé est

mentionné, il est presque toujours question de l'amidonnier, une plante possédant 28

chromosomes. Il est le résultat du croisement naturel d'un engrain sauvage avec une

autre herbe sauvage, un aegilops, ayant apporté 14 chromosomes supplémentaires,

croisement qui a donc donné naissance à l'amidonnier sauvage avec ses 28

chromosomes. L'amidonnier domestiqué, les blés Poulard et les blés durs ont pour

ancêtre commun cet amidonnier sauvage. Lors de l'Exode, les Hébreux avaient du pain

azyme, fait avec la farine d'amidonnier. Quand Moïse parle du pain, c'était aussi celui fait

avec l'amidonnier.

Page 2: Histoire rapide du blé

L'amidonnier s'est à son tour croisé spontanément avec une autre herbe sauvage, encore

un autre aegilops, qui a apporté encore 14 chromosomes supplémentaire. Cela a donné

le blé que l'on a utilisé à partir du premier millénaire, du Moyen-Age jusqu'à très

récemment : les blés tendres et autres triticales de variétés dites population. Ces derniers

possèdent 42 chromosomes.

Le blé n'a donc pas été toujours le même à travers les siècles, il a énormément changé. Il

a tellement changé qu'il se présente une différence au niveau du nombre de

chromosomes. Pour comprendre à quel point ces changements sont profonds, il est

intéressant de prendre un exemple : En prenant deux personnes très différentes, par

exemple une femme Occidentale et une femme Aborigène se promenant à moitié nue

dans l'outback Australien, la différence physique est énorme. Leurs nombre de

chromosomes ? Il est le même pour les deux : 46. Puis ces deux dernières comparées à

une femme se promenant dans la jungle Brésilienne car elle fait partie de la tribu des

Awá-Guajá, combien de chromosomes ? Toujours le même nombre de chromosomes,

elles ont toutes 46 chromosomes malgré ces grandes différences physiques. Il en va de

même pour chacun d'entre nous, malgré des apparences qui diffèrent radicalement d'un

individu à un autre, tous les êtres humains ont le même nombre de chromosomes, 46.

Alors que le blé lui varie de manière formidable rien que du point de vue du nombre de

chromosomes.

Jusque dans les années 50, le blé était encore cette plante à 42 chromosomes, des

variétés paysannes cultivées par les humains, transformées en pain, etc. La plupart

d'entre nous sommes trop jeunes pour nous rappeler cette époque, mais dans les

années 60, les gens furent terrifié par l'explosion démographique, au point qu'on a pu

parler de la bombe P, la bombe population. En d'autres termes, tout le monde avait eu

peur qu'il survienne une augmentation de la population mondiale si brutale que des

milliards de personnes allaient être frappées de famine. Aux Etats-Unis et dans les autres

pays, les gouvernements, les universités, les fondations et les industriels se mirent à

investir massivement dans la recherche génétique, dans l'objectif de créer des variétés

de maïs, de soja et de blé dites "à haut rendement".

Beaucoup de fonds furent levés pour modifier le blé en particulier. C'est à l'Est de la ville

de Mexico qu'eut lieu le plus célèbre et le plus poussé des programmes de modification

du blé, dans un centre appelé l'IMWIC (plus connu sous l'acronyme espagnol de

CIMMYT). La création du blé nanifié à haut rendement est créditée au Dr. Norman

Borlaug généticien à l'Université du Minnesota, quelqu'un de très brillant et assidu qui a

consacré sa vie à la création d'un blé à haut rendement. La raison pour laquelle le centre

fut installé à Mexico tient au fait qu'il se présente là-bas un climat tout à fait unique. Il

est possible de faire pousser du blé deux fois par an, et de transférer les blés des basses

terres aux hautes terres, et inversement, pour avoir des conditions de croissance très

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contrastées. C’est en répétant l'opération des dizaines de milliers de fois que furent

développées des variétés extrêmement résistantes et adaptables. Jusque dans les années

50 les blés arrivaient encore à hauteur d'épaule. Avec cet énorme travail d'hybridation,

c'est à dire de prendre deux plantes, de les croiser, puis de croiser le résultat avec une

autre plantes, et de continuer de croiser sans arrêt jusqu'à obtenir l'ensemble des

caractéristiques désirées, telles qu'une hauteur médiocre, de gros épis, le blé fut

profondément modifié.

Puis en 1970, Borlaug fait la couverture du magazine Life, tenant dans ses mains ses blés

demi-nains "anti-famine" à haut rendement qui lui ont valu le prix Nobel de la paix de

cette même année. Il est le créateur de ce blé de maintenant seulement 60 cm, aux tiges

et aux épis inhabituellement gros, qui permettent de répondre et d'avoir besoin

d'importants apports en azote, et ce sans verser, sa petite taille lui permettant aussi de

pousser plus vite. Du fait des conditions de cultures traditionnelles, les variétés à longue

tige étaient très susceptibles à la verse, qui est le fait de voir les blés se coucher, ce qui

empêche la récolte.

Ce blé demi-nain issu du génie de Borlaug donnait réellement de hauts rendements,

introduit partout en Amérique du Nord, en Asie, en Europe il donnait quelque chose

comme 8 voire 10 fois plus de grain à l'hectare que ses prédécesseurs. C'étaient donc

des rendements inhabituellement hauts, alors que la moyenne dans les années 60 était

de 5 ou 6 quintaux à l'hectare, on passa rapidement à 60 voire même 80 quintaux. C'était

donc une augmentation incroyable de la productivité, pour un cultivateur, comment

refuser cette nouvelle variété de blé qui vous donnerait 10 fois plus à l'hectare, même s'il

fallait acheter plus d'engrais ? Par conséquent ce blé fut rapidement adopté partout

dans le monde, et dans les pays frappés de famines tels que l'Inde, le Pakistan, la Chine.

En une année, grâce à ces variétés demi-naines modernes, la famine laissa place au

surplus. C'est ce pourquoi le prix Nobel fut décerné à Borlaug, il était surnommé "le père

de la révolution verte" et considéré comme un héros, il n'avait certes pas accompli tout

cela seul, mais il c'était lui qui était derrière la création de ce blé à haut rendement.

Partout dans le monde, tous les blés cultivés sont maintenant des descendants des blés

demi-nains créés par Borlaug.

Donc Dr Borlaug et tous les généticiens utilisent ces techniques de croisement multiples,

rétro croisement, croisement du blé avec d'autres espèces d'herbes, pour modifier par

toutes les manières possibles le génome de cette plante. D'ailleurs tout cela pré date les

modifications génétiques à proprement parler, par transgénèse et autres techniques

d'ingénierie génétique. Les techniques utilisées par Borlaug et les autres n'ont rien à voir

avec la création de plantes transgéniques. Le blé a été modifié génétiquement sans

l'utilisation de la transgénèse, par des techniques bien plus grossières, bizarres, et

efficaces. Tels que les techniques utilisées pour créer le blé Clearfield. Clearfield ("Champ

propre") est cultivé sur maintenant plus d'un demi-million d'hectares aux Etats-Unis, il a

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beaucoup de succès depuis quelques temps, donne de très hauts rendements, et ce qu'il

a d'inhabituel est sa capacité d'être résistant à l'herbicide Beyond ("Au-delà"). Cet

herbicide est vendu par BASF, la plus grosse firme chimique du monde, également

détentrice de la variété Clearfield. Il est donc possible d'appliquer cet herbicide à

volonté, d'en imbiber le blé sans qu'il ait le moindre dommage, tuant seulement les

adventices.

Comment ont-ils fait pour rendre ce blé résistant à cet herbicide ? La société vendant

Clearfield explique : "Clearfield n'est pas le produit de modifications génétiques, il est le

produit de technique de sélection traditionnelles". Donc en croisant quelques plantes on

obtiendrait ce blé résistant à un herbicide comme par miracle ? Non, en réalité ils ont

pris des variétés demi-naines de blés, ils ont pris les graines et leur embryon, et les ont

exposé à un produit chimique appelé azoture de sodium, NaN3. Qu'est-ce que c'est ?

C'est un produit utilisé dans les procédés industriels et les airbags, extrêmement toxique.

Il y a déjà eu des cas d'ingestion de ce produit, c’est 100% mortel. Un centre antipoison

vous dira : « si vous voyez une personne qui a ingéré de l'azoture de sodium

accidentellement, n'effectuez pas les premiers secours, laissez là mourir. Car si vous

faites les premiers soins, vous mourrez aussi. Si la victime vomi, ne jetez pas ce dernier

dans l'évier sinon il y aura explosion. »

Donc graines et embryons de blé ont été exposés à de l'azoture de sodium pour générer

des mutations aléatoire, c'est la technique appelée mutagenèse chimique par les

généticiens. Ils utilisent aussi des radiations gamma, pour ce qui est appelé mutagenèse

par rayon gamma. La mutagenèse aléatoire par rayons X concentrés est aussi utilisée.

Si vous êtes un savant fou que vous appliquez ces techniques aux humains, que vous

exposiez intentionnellement le fœtus à l'intérieur de l'utérus à des rayons gammas, des

poisons, ou des rayons X concentrés pour induire des mutations, est-il possible de

contrôler ce qu'il va se passer ? Non, c'est impossible. Vous allez avoir un individu

bizarre, cancéreux, petit ou gros, avec de drôles de couleurs ou d'apparence, et

impossible de savoir ce qu'il va arriver. C'est avec cette technique que le blé Clearfield a

été obtenu. Azoture de sodium. Mutagenèse chimique. Et la société proposant cette

plante de dire qu'elle a été obtenue par des techniques de « sélection traditionnelle ».

C'est donc le jeu auquel veulent jouer les généticiens avec vous et moi. Là est l'ironie,

tout le monde s'indigne des modifications génétiques par voie de transgénèse, du maïs

et du soja transgénique, mais personne n'a rien à redire aux techniques de modification

bien plus brutales qui sont là depuis bien plus longtemps que les quelques années de

transgénèse. Ces techniques sont encore moins contrôlables, encore pire que la

transgénèse, qui sont appliquées depuis 40 - 60 ans, et qui continuent de l'être, sans que

personne ne pose de question ! Est-ce que la moindre agence de régulation vient dire,

"hé Dr Untel, qu'est-ce que vous faites là-dedans ? Vous avez intérêt à faire des tests sur

animaux ou même sur les humains pour vous assurer de l'innocuité du matériel." Rien de

cela. La plante subit des modifications extrêmes, au niveau de sa physiologie, son

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apparence, sa forme, sa taille, sa composition, doit-elle faire l'objet d’un contrôle

sanitaire ? Pas le moins du monde. Vous pouvez aller la vendre directement, pour qu’elle

soit consommée le lendemain.