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Neuropsychologia, Vol. 17, pp. 119 to 124. Pergamon Press Ltd. 1979. Printed in Great Britain. H. L. TEUBER ET LA FONDATION DE LA NEUROPSYCHOLOGIE EXPERIMENTALE H. HI~CAEN Unit6 de Recherches Neuropsychologiques et Neurolinguistiques (U. 111) de I'I.N.S.E.R.M. 2ter, rue d'Al6sia, 75014 Paris, France L'OEUVRE de H. L. Teuber est aussi importante par ses apports directs h la mdthodologie et aux connaissances neuropsychologiques que par son retentissement sur les disciplines voisines. A suivre ses travaux sur le plan chronologique, trois p6riodes nous paraissent pouvoir y ~tre discerndes. La premiere est marqu6e surtout par des 6tudes de cas individuels ou de courtes s6ries de traumatisds craniens. Elles d6passent le plan de l'histoire naturelle, de la description ph6nom~nologique du trouble pour rechercher les conditions neurophysologiques de son apparition. Rappelons ainsi les analyses mendes avec M. B. Bender sur les illusions visuelles dans leurs rapports avec les alt6rations du champ visuel, 6videntes ou d6cel6es exp6ri- mentalement [1-4]. Les d6formations perceptives apparaissent comme polaris6es vers la pattie ddficitaire du champ. La modification des conditions d'examen (fixation prolong6e, exposition simultande dans diff6rentes aires du champ, exposition tachistoscopique) entraine un accroissement ou une r6duction des effets perceptifs. Cette variabilit6 des troubles selon les caract~res des stimulations les apparente aux d6formations perceptives d6termin6es par les sujets normaux sous des conditions expdrimentales, par exemple/t ces post-effets figuraux ddcrits par KOHLER et WALLACH (1944) [5]. I1 suffit de relire avec soin le travail paru en 1947-1948 [6] en collaboration avec M. B. Bender, sur l'organisation spatiale de la perception visuelle apr~s blessure c6r6brale pour juger des apports des mdthodes psychophysiques h l'6tude des diverses d6sorientations spatiales. Certes, l'influence de la Gestaltpsychologie entraine les auteurs 5_ n6gliger le r61e de la localisation et surtout celui de la lat6ralisation 16sionnelle que Teuber ult6rieure- merit d6montrera si bien. Mais les r6sultats exp6rimentaux gardent toute leur valeur. Une telle enqu6te ne passa pas inaperque. Quelle que soit la r6sistance que rencontre l'interpr6tation alors retenue, cette 6tude montre la n6cessit6 de compldter les 6tudes cliniques par des investigations d6taill6es et pr6cises de la fonction perturb6e et de ne plus 6laborer de thbse g6n6rale d'apr~s la seule description qualitative du trouble. En ne s6parant pas ph6nom~nes pathologiques et psychophysiologiques, de telles recherches ouvraient au contraire la vole ~t des interpr6tations susceptibles d'int6grer les d6veloppements ult6rieurs de la neurophysiologie. Les r6sultats de cette premibre p6riode ont influenc6 les neurologues, en les incitant 5. ne passe satisfaire de la simple constatation d'une perturbation fonctionnelle et de la ldsion qui l'a d6termin6e mais 5. explorer les conditions qui facilitent l'accroissement ou att6nuent la manifestation pathologique. En un certain sens, c'est une reprise mais avec des techniques plus fiables de certaines recherches mendes avant la 26me guerre mondiale par des chercheurs tels que POPPELREUTER [7], STEIN [8] et WEIZS~CKER [9]. 119

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Neuropsychologia, Vol. 17, pp. 119 to 124. Pergamon Press Ltd. 1979. Printed in Great Britain.

H. L. T E U B E R ET LA F O N D A T I O N D E LA N E U R O P S Y C H O L O G I E E X P E R I M E N T A L E

H. HI~CAEN Unit6 de Recherches Neuropsychologiques et Neurolinguistiques (U. 111) de I'I.N.S.E.R.M. 2ter,

rue d'Al6sia, 75014 Paris, France

L'OEUVRE de H. L. Teuber est aussi importante par ses apports directs h la mdthodologie e t aux connaissances neuropsychologiques que par son retentissement sur les disciplines voisines.

A suivre ses travaux sur le plan chronologique, trois p6riodes nous paraissent pouvoir y ~tre discerndes.

La premiere est marqu6e surtout par des 6tudes de cas individuels ou de courtes s6ries de traumatisds craniens. Elles d6passent le plan de l'histoire naturelle, de la description ph6nom~nologique du trouble pour rechercher les conditions neurophysologiques de son apparition. Rappelons ainsi les analyses mendes avec M. B. Bender sur les illusions visuelles dans leurs rapports avec les alt6rations du champ visuel, 6videntes ou d6cel6es exp6ri- mentalement [1-4]. Les d6formations perceptives apparaissent comme polaris6es vers la pattie ddficitaire du champ. La modification des conditions d'examen (fixation prolong6e, exposition simultande dans diff6rentes aires du champ, exposition tachistoscopique) entraine un accroissement ou une r6duction des effets perceptifs. Cette variabilit6 des troubles selon les caract~res des stimulations les apparente aux d6formations perceptives d6termin6es par les sujets normaux sous des conditions expdrimentales, par exemple/t ces post-effets figuraux ddcrits par KOHLER et WALLACH (1944) [5].

I1 suffit de relire avec soin le travail paru en 1947-1948 [6] en collaboration avec M. B. Bender, sur l 'organisation spatiale de la perception visuelle apr~s blessure c6r6brale pour juger des apports des mdthodes psychophysiques h l'6tude des diverses d6sorientations spatiales. Certes, l'influence de la Gestaltpsychologie entraine les auteurs 5_ n6gliger le r61e de la localisation et surtout celui de la lat6ralisation 16sionnelle que Teuber ult6rieure- merit d6montrera si bien. Mais les r6sultats exp6rimentaux gardent toute leur valeur.

Une telle enqu6te ne passa pas inaperque. Quelle que soit la r6sistance que rencontre l'interpr6tation alors retenue, cette 6tude montre la n6cessit6 de compldter les 6tudes cliniques par des investigations d6taill6es et pr6cises de la fonction perturb6e et de ne plus 6laborer de thbse g6n6rale d'apr~s la seule description qualitative du trouble. En ne s6parant pas ph6nom~nes pathologiques et psychophysiologiques, de telles recherches ouvraient au contraire la vole ~t des interpr6tations susceptibles d'int6grer les d6veloppements ult6rieurs de la neurophysiologie.

Les r6sultats de cette premibre p6riode ont influenc6 les neurologues, en les incitant 5. ne passe satisfaire de la simple constatation d'une perturbation fonctionnelle et de la ldsion qui l 'a d6termin6e mais 5. explorer les conditions qui facilitent l 'accroissement ou att6nuent la manifestation pathologique. En un certain sens, c'est une reprise mais avec des techniques plus fiables de certaines recherches mendes avant la 26me guerre mondiale par des chercheurs tels que POPPELREUTER [7], STEIN [8] et WEIZS~CKER [9].

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Ce sera cependant avec les 6tudes qu'il mbne avec son groupe au Psychophysiology Laboratory, New York University, Bellevue Medical Center sur les blessds cdrdbraux de la guerre de Corde que H. L. Teuber posera les fondements de la Neuropsychologie expdri- mentale. C'est alors que les rdsultats qu'il obtient l 'orientent vers les probl6mes des local- isations fonctionnelles et de la latdralisation fonctionnelle hdmisphdrique, problbmes minimisds voire ndgligds dans ses premi6res recherches.

Si l ' importance des donndes receuillies au cours de ses recherches ne peut ~tre sous estimde, on dolt, semble-t-il, mettre surtout l'accent sur la mdthodologie qui y prdside.

Dans les domaines tactile, auditif, visuel, Teuber cr66 une sdrie d'dpreuves prdcises permettant d 'obtenir des donndes quantifides, en mfime temps qu'il s'efforce de rdduire au maximum les possibilitds pour les sujets de recourir h une verbalisation, explicite ou implicite, pour rdsoudre le probldme qui leur est posd.

Grfice ~ ces techniques d'examen, il peut non seulement comparer les effets des ldsions selon leur topograpbie intrahdmisphdrique ou selon leur latdralisation hdmisphdrique mais aussi dtablir la prdsence ou l'absence de ddficits it ces dpreuves lorsqu'il existe un symptome ddtermin&

Ainsi peut-il procdder/t des analyses inddpendantes des donndes recueillies, d'une part selon le sibge ldsionnel, d'autre part selon le c6td du corps atteint, ce qui lui permet, par exemple, de prdciser le caractbre ipsi- ou bilatdral du trouble. En ddmontrant des asso- ciations significatives de symptdmes, il devient possible de ddceler ou de suspecter le vdritable ddficit fonctionnel, responsable des diverses modifications comportementales.

Ces recherches s'effectuent sur de larges sdries de blessds cdrdbraux de la guerre de Corde sans autre sdlection que leur disponibilitd et dont les ddficits pouvaient fitre considdrds comme stabilisds; il soumet par ailleurs aux mdmes dpreuves une sdrie de sujets atteints seulement de blessures des nerfs pdriphdriques pour obtenir des donndes normatives sur les performances dtudides. Cette prdcaution introduite par Lashley en Psychologie animale expdrimentale avait dtd jusque 15. particuli6rement ndgligde par les neuropsychologues [10].

Pour rdpondre ~ la critique que les anatomo-cliniciens pouvaient dlever contre l'utilisation

de cas dont la vdrification du si~ge ldsionnel dtait relativement incertaine, H. L. Teuber introduit le principe de la double dissociation de symptomes: pour attribuer il la ldsion d'une zone particuli~re un ddficit particulier, cette ldsion doit ddterminer le ddficit ~ l'ex- clusion d'un autre type de ddficit ddtermind en revanche par une ldsion de si6ge diffdrent, n 'entrainant pas le premier ddficit. Ce principe est devenu trbs rapidement un des fondements mdthodologiques en Neuropsychologie animale ou humaine. II sera le test de la validitd des rdsultats expdrimentaux.

En 1960, au Symposium de Baltimore consacrd aux Relations interhdmisphdriques e t / t la Dominance Cdrdbrale, il prdsente l'ensemble des rdsultats de son enqu~te [11]. Non seulement, H. L. Teuber peut ainsi prdciser les caract~res de la spdcialisation fonctionnelle, mais aussi il peut envisager d'un point de vue plus large, ies principes de la localisation cdrdbrale. Ddfit en 1960, lorsqu'il reprenait avec M. B. Bender et Battersby l'analyse expdri- mentale des ddficits visuels apr6s ldsion corticale [12], il s'efforqait de ddmontrer par des moyens expdrimentaux que lcs ddficits s'dtendaient du spdcifique au non-spdcifique. Ainsi en est-il du scotome lid h la ldsion d'une zone stride prdcise par rapport aux altdrations se manifestant dans tout le champ visuel (par exemple, abaissement du seuil de fusion au flicker), et au ddficit apparaissant dans l'dpreuve des figures cachdes de Gottschaldt; cette derni~re tfiche marne, bien que perceptive, peut atre perturbde sans que l'atteinte du syst~me

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visuel soit n6cessaire; le d6ficit ~ cette 6preuve, qui existe lors de toute ldsion c6r6brale, est en effet maximal en pr6sence d'aphasie.

Dans ce rapport, il d6gageait aussi deux autres implications de ses recherches. D'une part, les 16sions h6misphdriques bilat6rales sont susceptibles d'entrainer des cons6quences qui ne sauraient 6tre consid6r6es comme les effets d'une simple addition des 2 16sions unilatdrales. D'autre part, les d6sordres de l'interaction h6misph6rique peuvent r6sulter des 16sions unilat6rales. On salt combien les 6tudes des malades ~ cerveau d6doubl6 ont permis depuis de mieux comprendre les faits d'interaction h6misph6rique, qu'il s'agisse des domaines moteur, sensoriel ou linguistique. I1 ne semble malheureusement pas que l'analyse des effets propres aux 16sions bilat6rales ait beaucoup progress6 malgr6 l'accent mis par H. L. Teuber sur cette importante question.

II n'est pas trop de dire que l'approche ainsi conduite par H. L. Teuber des problbmes du comportement dans leurs rapports avec le fonctionnement nerveux constituait une vdritable r6volution en 6tablissant sur des bases r6ellement scientifiques les principes d'une neuropsychologie exp6rimentale chez l 'homme; cette approche devait recueillir rapidement l'adh6sion de la quasi totalit6 des neuropsychologues.

La neuropsychologie prend alors sa sp6cificit6 en se situant au carrefour de la psychologie exp6rimentale et de la psychophysique d'une part, des neurosciences d'autre part. Les concepts utilis6s, les hypoth6ses sous-tendant les recherches prennent d6sormais en compte les r6sultats comportementaux ou physiologiques des travaux sur l'animal sans bien entendu identifier le fonctionnement nerveux de l 'homme /~ celui des espbces animales, m6me s'il s'agit des espbces les plus proches sur l'6chelle phylog6n6tique.

ka 3~me phase de l'oeuvre de H. L. Teuber intervient lorsque ses recherches s'orientent autour d'une hypoth6se fondamentale, l'hypoth~se de la d6charge corollaire, pour rendre compte de la stabilit6 et de l'unit6 de nos perceptions. Grfice ~t cette hypoth~se qu'il a 61abor6e progressivement h partir des th6ories de VON HOLST et MITTELSTAEDT [13] OU de SPERRY [14], il r6envisage les probl6mes de la perception et de ses corr61ats c6r6braux de telle sorte que s'ouvrent des voles de recherches particulibrement fructueuses tant en neuropsychologie humaine qu'en neurophysiologie [15]. Dans le D6partement de Psycho- logie du M.I.T., qu'il cr66 h cette 6poque, nombreux seront les apports exp6rimentaux qui d6couleront de l'application de cette hypoth6se.

Pour sa part, il s'applique h construire une th6orie neurologique des troubles perceptifs en interpr6tant ainsi les diverses illusions visuelles produites par les 16sions corticales ou par les drogues hallucinog~nes [16]; il souligne combien ces interpr6tations s'accordent avec les exp6riences de r6arrangement ou de privation sensorielle. Enfin, les d6couvertes de HUBEL et WIVSEL [17, 18] sur le syst~me hi6rarchis6 d6tecteur de traits lui permettent d'en- richer et de donner des bases neurophysiologiques ~t ses hypothbses.

Dans les critiques qu'il porte alors ~_ la notion d'agnosie, il souligne le psychologisme abusif qui a pr6sid6 h son 6tablissement alors que les donn6es empiriques sont trop im- prgcises pour permettre la distinction qu'elle implique entre niveaux sensoriels sup6rieur et mf6rieur. I1 d6montre enfin, en particulier pour les d6sorientations spatiales, que le d6ficit n'est pas !imit6 ~ une modalit6 sensorielle comme le voulait la th6orie classique.

Les donn6es nouvelles s'accumulant, H. L. Teuber en 1968 [19] reprend la question des d6ficits perceptifs. S'il insiste sur l'importance des troubles de la d6nomination lors des diverses agnosies dues aux 16sions gauches (dyslexie, agnosie des couleurs, voire agnosie d'objets), il reconnait qu'il existe certaines formes plus directement perceptives; il est alors plausible d'envisager une atteinte du syst~me d'extracteur de traits.

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I1 admet la r6alit6 d'un trouble de la reconnaissance des visages humains li6 aux atteintes de l'h6misphbre droit; tout en 6tant plus favorable 5. l'existence d 'un trouble perceptif plus g6n6ral, i l n'exclut pas que ce d6ficit puisse 6tre sp6cifique, l'identifi.cation des visages pouvant impliquer 'some innate schemata onto which the subsequent perceptual differen- tiations are merely super imposed'. Des travaux ult6rieurs de son Laboratoire ou n6es en partie de discussions des auteurs avec H. L. Teuber, qu'ils portent sur le sujet normal, sur des malades atteints de 16sion h6misph6rique unilat6rale, ou sur le d6veloppement chez l 'enfant de la discrimination des visages [20-24] apporteront des arguments en faveur d'une telle interpr6tation. En revanche, il restera toujours trbs sceptique sur la r6alit6 d'une agnosie d'objets d6finie classiquement comme 'a normal percept that has somehow been stripped of its meaning'. Aucun cas pr6sent6 jusqu'alors ne lui apparait d6monstratif et il lui parait n6cessaire de multiplier les t'~ches de d6tection de patterns 616mentaires avant d 'admettre que l'agnosie en tant que perte des traces mn6sique sp6cifiques d'une modalit6 puisse 6tre admise.

Cette critique vase r6v61er particuli6rement fructueuse puisque dans les ann6es suivantes plusieurs observations d'agnosie visuelle d'objets [25-28] seront pr6sent6es mais cette lois pour r6pondre h ses critiques, elles comporteront des pr6cisions suffisantes sur l'6tat des fonctions sensorielles 616mentaires et sur les capacit6s verbales.

I1 faudrait naturellement envisager bien d'autres sujets que ses travaux ont influenc6s non seulement dans le domaine sp6cifiquement neuropsychologique mais aussi dans le cadre plus g6n6ral des neurosciences. Je ne citerai que ses remarques sur les m6canismes c6r6braux sous-tendant le langage [29], sur les d6ftcits de la m6moire ou de l 'apprentissage [30-32] et sur l 'enigme du lobe frontal et de sa pathologic chez l 'homme [33-35].

Enfin, il faut rappeler les deux thbmes plus g6n6raux qui s'inscrivent dans nombre de ses 6crits, la n6cessit6 de conna~tre comment s'6tablissent les fonctions au cours du d~- veloppement, sur quel 6quipement innd propre ;t l'espbce, intervient l'exp6rience et darts quelles limites le systbme nerveux peut s 'adapter soit aux privations et aux r6arrangements exp6rimentaux soit aux ldsions que la maladie lui inflige.

Certainement, son oeuvre 6crite, livres, articles de revues, chapitres de trait6s ou com- munications ~l des symposiums fait de H. L. Teuber la fondateur et l 'animateur de la Neuropsychologie contemporaine. Mais son influence ne s'est-elle pas encore plus exerc6e auprbs de nombre de jeunes et de moins jeunes, gr'~ce aux discussions et conversations amicales au cours desquelles il suggdrait moyens et techniques, pour recueillir les donn6es, concepts et hypothbses pour en apprdhender les mdcanismes.

Son r61e au Symposium Neuropsychologique International fut considdrable, qu'il ait organis6 les sessions ou y air particip6 par des communications ou de simples discussions. Elle le fut 6galement au Comit6 dans le choix des thbmes de travail ou dans l'invitation de chercheurs dont la participation permettait d'dlargir les d6bats.

Neuropsychologia enfin t6moigne, je le crois, pour une grande part de ses orientations. Non seulement parce que depuis sa cr6ation en 1963, ~l laquelle il participa activement, 10 articles de lui y furent publids, mais surtout parce qu'il s 'appliqua h en maintenir la ligne gdn6rale darts le sens d'une dtroite confrontation entre les donn6es de la neuropsycho- logie humaine et les donndes expdrimentales et ;t exiger toujours plus de rigueur rant darts les concepts et les modbles que darts les conditions d'observations ou d'exp6riences.

Gr~'lce h H. L. Teuber, la neuropsychologie h acquis sa spdcificit6 et son units non point en s'isolant mais bien au contraire par une intdgration constante des apports des domaines scientifiques voisins. Son oeuvre montre aussi que le Neuropsychologie n'est

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pas s eu l emen t le c h a m p d ' a p p l i c a t i o n des t echn iques des modu les des neurosc iences ou

des sciences de l ' h o m m e , mais qu 'e I le a cr66 sa m 6 t h o d o l o g i e p r o p r e et qu ' e l l e a su bfitir

s e s th6ories . P a r f a i t e m e n t au c o u r a n t des d6ve loppemen t s scient if iques actuels , il lui 6tait pa r a i l leurs

poss ib le de pu iser dans son ex t r6me 6rud i t ion et de ne pas n6gl iger les a p p o r t s des p6r iodes

ant6r ieures . Si H. L. T e u b e r a fond6 une nouve l l e N e u r o p s y c h o l o g i e , il a su auqsi ne pas

la c o u p e r de ses rac ines d6j~ anc iennes .

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