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● La Revue d’Homéopathie ● Vol. 1 ● n° 4 ● Décembre 2010

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© Elsevier Masson SAS, Paris 2010

Madeleine Bastide, professeur honoraire des universités, professeur d’immunologie à l’université de Montpellier a été une des plus marquantes personnalités de la recherche expérimentale et fonda-mentale en homéopathie. Elle s’est éteinte à Montpellier le 10 juin 2007. Agnès Lagache, professeur de philosophie, épistémologiste de renom, nous a quittés ce printemps...

Hommage aux professeurs Madeleine Bastide et Agnès Lagache

René-Philippe Halm

Secrétaire général des Entretiens internationaux de Monaco

Président du Groupe international de recherche sur l’infinitésimal (Giri)

Madeleine Bastide, est née le 18 mars 1935 à Bourg-en-Bresse. Elle fait des études de

pharmacie à l’université de Montpellier dont elle est plusieurs fois lauréate. En 1958, elle devient assistante de microbiologie à la faculté de Pharma-cie et travaille sur le métabolisme des mycobacté-ries qui fera l’objet de sa thèse de doctorat d’État. Nommée en 1968 maître-assistant de bactériologie, puis d’immunologie, elle est brillamment reçue au concours d’agrégation en immunologie en 1975. Elle devient alors professeur titulaire des universi-tés en 1979 et se consacre avec une égale passion à l’enseignement et à la recherche. Elle développe l’enseignement de l’immunologie à la Faculté et présente des cours d’une rare qualité à son audi-toire estudiantin, subjugué par son enthousiasme et son dynamisme communicatif. Dans le domaine de la recherche, elle réalise de nombreux travaux en neuro-immunologie, en immuno-pharmacolo-gie et en mycologie médicale.Mais c’est dans le domaine de la recherche en homéo-pathie qu’elle réalise son œuvre la plus importante en donnant toute la mesure de son génie à la fois créatif et rationnel. C’est à l’aube des années 1980

que Madeleine Bastide s’est intéressée à la recher-che fondamentale en homéopathie. Et nous pouvons comprendre son évolution si l’on a à l’esprit à la fois son travail sur les hautes dilutions de l’immunologie et sa passion grandissante pour l’homéopathie.

Des travaux sur la thymulineTrès rapidement ses travaux sur la thymuline (un neuropeptide régulateur) diluée et dynamisée ont été publiés dans une revue internationale à comité de lecture (ce qui était une performance à l’époque).Pour la première fois, c’est un remède homéopa-thique nouveau qui est issu de la recherche expé-rimentale. La thymuline est aujourd’hui un remède fréquemment prescrit en médecine homéopathi-que humaine et vétérinaire.De nombreux autres modèles expérimentaux de premier plan ont été élaborés par Madeleine Bastide tout au long de sa carrière et mériteraient d’être repris aujourd’hui par de nouvelles équipes de chercheurs. Par exemple, celui où l’ablation d’un organe vital embryonnaire, entraînant la mort par immunodépression chez le jeune poulet, a pu être compensée par des dilutions homéopathiques de la sécrétion de ce même organe supprimé. L’“information” a été ainsi transmise aux jeunes poulets traités assurant leur survie.Le professeur Madeleine Bastide n’était pas qu’un chercheur expérimental : c’était avant tout quelqu’un qui maîtrisait parfaitement l’homéopathie sous tous ces aspects, jusqu’aux plus complexes.

Une théorie de compréhension des mécanismes d’action de l’homéopathieUne grande rencontre a été celle de la philosophe Agnès Lagache, grand prix de Rome dont les travaux lui avaient été présentés par la regrettée Jacqueline Barbancey, célèbre psychiatre homéopathe. Agnès et Madeleine ont élaboré ensemble une théorie de

Une personnalité scientifique toujours présentePour les professionnels de l’homéopathie mondiale, Madeleine Bastide est l’une des

rares personnalités scientifiques qui fut toujours présente lors des congrès de la Fédéra-

tion nationale des sociétés médicales homéopathiques de France. Avec Bernard Poitevin,

elle a contribué à l’explication de la recherche en homéopathie dans l’Abrégé d’homéo-pathie. De plus, cette année, son amie philosophe, Agnès

Lagache, avec laquelle elle a conceptualisé le message

homéopathique, le paradigme des signifiants corporels,

nous a quittés. Pour lui rendre cet hommage, nous avons

sollicité René-Philippe Halm avec lequel elle a organisé les

Entretiens internationaux de Monaco et les rencontres du

Groupe international de recherche sur l’infinitésimal. A. S.

Madeleine Bastide

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compréhension des mécanismes d’action de l’ho-méopathie étonnamment compatible avec toutes les approches de cette discipline. L’utilisation des isothé-rapiques, des molécules endogènes et des grands remèdes classiques a trouvé une logique globale d’utilisation. Jamais cette théorie des “signifiants corporels” n’a pu être infirmée, ni par la recherche fondamentale, ni par la recherche clinique.Le recours à un nouveau paradigme nécessaire à la compréhension des mécanismes d’action proposés n’a pas même été critiqué par les scientifiques les plus éminents comme le professeur Henri Atlan, bio-physicien de renommée internationale et membre fondateur du comité consultatif d’éthique médicale, lors de nos derniers Entretiens de Monaco. Ce cher-cheur a admis, comme d’autres, les limites de notre connaissance actuelle et l’impossibilité d’avancer dans certains domaines de la connaissance si nous restons enfermés dans notre structure de pensée actuelle qui se limite à un paradigme mécaniste. Tout en reconnaissant les difficultés liées au concept.Madeleine Bastide a parcouru inlassablement le monde pour présenter ses travaux et ses concepts dans les congrès les plus prestigieux ou elle était régulièrement invitée. Son courage et sa ténacité ont été récompensés par plusieurs distinctions dont le 1er Prix international Rafael Lopez Hinojosa sur la recherche en homéopathie qui lui a été remis à Mexico le 13 décembre 1994.

La création du GiriElle a pu créer avec notre aide une association pour la recherche en homéopathie, le Giri (Groupe inter-national de recherche sur l’infinitésimal), qu’elle présida pendant de nombreuses années. Plus de 120 chercheurs venant de plus de 20 pays diffé-rents, médecins et scientifiques d’origines diverses composent le Giri qui se réunit tous les ans. Les plus éminents scientifiques s’y retrouvent, comme, cette année, le professeur Luc Montagnier, pour de fructueux échanges. Cela n’a été possible qu’en profitant des structures et du cadre international des Entretiens de Monaco présidés par Son Altesse Sérénissime, la princesse Antoinette de Monaco. Les réunions du Giri sont ouvertes à tous les méde-cins et scientifiques intéressés par le sujet.La volonté et le courage à toute épreuve de Made-leine Bastide se sont manifestés dans tous ses actes et jusque dans ses derniers moments. Elle avait en effet promis de faire une conférence sur les différen-tes théories interprétatives du mode d’action des

médicaments homéopathiques le 1er avril 2007 aux Entretiens de Monaco. Pourtant très fatiguée par sa maladie, elle se fit transporter sur place et donna très brillamment et courageusement sa conférence.

Une œuvre scientifique très importanteSon œuvre scientifique, très importante, comporte plus de 300 publications et communications ; elle a donné 145 conférences sur invitation dans des congrès ou instances officielles nationales et inter-nationales dont l’Agence du médicament, l’Agence française de sécurité sanitaire et de prévention (Afs-sap), l’Assemblée nationale, le Parlement européen de Bruxelles, l’OMS-WHO... et dirigé 35 thèses de doctorat de l’université. L’ampleur et la qualité de ses recherches lui ont valu de nombreuses distinc-tions scientifiques, mais celle qui lui est allée droit au cœur est celle de la médaille de vermeil de la Société d’encouragement au progrès qui lui a été remise au Palais du Luxembourg, le 13 janvier 2001, par Yves Coppens, professeur au Collège de FranceSa notoriété et ses compétences lui ont permis d’être nommée expert auprès de la Commission nationale de la pharmacopée, expert de l’Homeo-pathic medicine research, auprès de la Direction générale XII (science, recherche et développement) du Parlement européen de Bruxelles, expert du Groupe de travail homéopathie auprès de l’Afssap, expert du Groupe de travail allergènes auprès de l’Afssap... Par ailleurs Madeleine Bastide était mem-bre de nombreuses sociétés savantes : Society for in vitro biology, Société française de mycologie médi-cale, International society of immunopharmacology, International society of neuroimmunology, Interna-tional society of neuroimmunomodulation...Pour nous tous, Madeleine Bastide fut une collègue attachante, au sourire tendre et à la gentillesse com-municative, chaleureuse, qui suscitait une profonde sympathie, mais rigoureuse et exigeante dans le travail. Nous garderons dans nos cœurs l’exemple lumineux de sa générosité, de son courage, de sa volonté et de son honnêteté intellectuelle.Il m’est difficile de trouver d’autres mots pour Agnès Lagache tant l’harmonie entre ces deux chercheurs était parfaite ; grâce à elles, un pont entre notre médecine, sa complexité et la science expérimentale s’est établi loin de toute pseudo science ou paras-cience. Deux belles âmes s’en sont allées.

L’essentiel des travaux de Madeleine Bastide et d’Agnès Lagache sont

accessibles sur ces sites web ou dans les publications qui en relèvent.

Agnès Lagache

Bibliographie sommaire

Bastide M. L’évolution de la recherche

en homéopathie. 1re partie.

Des diathèses à l’immunomodulation :

200 ans d’homéopathie, l’évolution

de la recherche en homéopathie.

Similia; 1990.

Cahiers du groupement

hahnemannien, 2008, n° 2-3,

45e série, numéro spécial consacré

à Madeleine Bastide.

Lagache A, Bastide M. Le paradigme

du sens, un nouveau modèle rationnel.

Alpha bleue; 1992.

Rabanes O, Sarembaud A.

Dictionnaires des auteurs

d’homéopathie en langue française.

Boiron; 2003.

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