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Imprimer cet article date de publication : lundi 20/03/2006 En 2012, la mention « contient des OGM » devient obligatoire CARPENTIER Steve ENVIRONNEMENT. La réunion des pays membres du protocole de Carthagène sur la biosécurité s'achève sur un accord a minima. , Curitiba (Brésil), correspondance spéciale. Un texte a minima. Tel est le sentiment qui prévaut à la lecture de l'accord trouvé à Curitiba au Brésil sur l'étiquetage des OGM, le point le plus épineux du protocole de Carthagène sur la biosécurité, puisqu'il vise à établir des règles élémentaires communes pour l'importation et l'exportation des organismes génétiquement modifiés. Après cinq jours d'intenses tractations, les 96 pays (sur les 131 nations ayant ratifié le protocole souscrit en 2000 dans le cadre des Nations unies) participant à cette troisième réunion sont parvenus à un consensus sur les exigences relatives à la documentation accompagnant les cargaisons d'OGM destinés à l'alimentation humaine, animale ou à la transformation. Un accord en demi-teinte. La mention « contient des OGM » adoptée ne sera apposée qu'à compter de 2012 (le Brésil s'étant prononcé pour 2010) sur les produits transgéniques importés et exportés, une période d'adaptation de six ans permettant aux producteurs et aux transformateurs de se mettre en conformité avec les nouvelles règles. En 2010, les pays qui auront réussi à mettre en place leur étiquetage pourront passer de la mention en vigueur « peut contenir des OGM » à « contient des OGM ». De plus, les pays n'ayant pas ratifié le protocole de Carthagène et les pays signataires pourront entre eux importer et exporter sans obligation d'étiquetage. États-Unis, Argentine et Canada, plus gros producteurs mondiaux d'aliments transgéniques et non signataires du protocole pourront donc négocier au cas par cas. C'est une victoire pour le Mexique qui a bataillé ferme pour l'adoption de cette clause, en vertu de son alliance avec les États-Unis dans le cadre de l'Alena (Alliance de libre-échange nord-américaine) et par ailleurs gros importateur de maïs transgénique américain (trois millions de tonnes chaque année). Mais c'est surtout une concession de taille à un texte qui se voulait au départ beaucoup plus ambitieux. Pour Braulio Dias, directeur de la conservation de la biodiversité au ministère de l'environnement, « une brèche importante » s'est ouverte dans le texte final. Pour les ONG et les mouvements écologistes qui dénonçaient le lobbying des grands producteurs céréaliers, cet accord timide ne permet pas de mettre en place un système sécurisé d'identification pour le commerce des produits transgéniques. Même si pour Benedikt Haerlin, chef de la délégation de Greenpeace International, « ce compromis de dernière minute vaut mieux que l'échec, mais il demeure insuffisant pour protéger les pays et principalement ceux en développement d'importations illégales et non identifiées d'OGM ». Les producteurs de céréales, pour leur part, s'opposaient à l'étiquetage « contient des OGM », synonyme pour eux de barrières douanières déguisées et d'augmentation des coûts de production. L'Association des producteurs de soja du Mato Grosso (Aprosoja) évoque le coût des tests pour certifier que des plantations de soja traditionnelles sont exemptes de matériel transgénique. « Nos études ont montré que le coût de production de soja et de maïs à la tonne sera quatre fois supérieur à ce qu'il est aujourd'hui », a tenté d'argumenter Marcos da Rosa, vice-président de l'association. Avec la mention « peut contenir des OGM », le producteur de céréales traditionnelles se voyait finalement lavé de toute responsabilité en matière de sécurité alimentaire. STEVE CARPENTIER Page 1 of 1 - la-Croix.com 17/2/2009 http://www.la-croix.com/sdx/alc/imprimer.xsp?id=20060320-X20OGMBR.xml&base=c

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date de publication : lundi 20/03/2006

En 2012, la mention « contient des OGM » devient obligatoire

CARPENTIER Steve ENVIRONNEMENT. La réunion des pays membres du protocole de Carthagène sur la biosécurité s'achève sur un accord a minima. , Curitiba (Brésil), correspondance spéciale.

Un texte a minima. Tel est le sentiment qui prévaut à la lecture de l'accord trouvé à Curitiba au Brésil sur l'étiquetage des OGM, le point le plus épineux du protocole de Carthagène sur la biosécurité, puisqu'il vise à établir des règles élémentaires communes pour l'importation et l'exportation des organismes génétiquement modifiés. Après cinq jours d'intenses tractations, les 96 pays (sur les 131 nations ayant ratifié le protocole souscrit en 2000 dans le cadre des Nations unies) participant à cette troisième réunion sont parvenus à un consensus sur les exigences relatives à la documentation accompagnant les cargaisons d'OGM destinés à l'alimentation humaine, animale ou à la transformation.

Un accord en demi-teinte. La mention « contient des OGM » adoptée ne sera apposée qu'à compter de 2012 (le Brésil s'étant prononcé pour 2010) sur les produits transgéniques importés et exportés, une période d'adaptation de six ans permettant aux producteurs et aux transformateurs de se mettre en conformité avec les nouvelles règles. En 2010, les pays qui auront réussi à mettre en place leur étiquetage pourront passer de la mention en vigueur « peut contenir des OGM » à « contient des OGM ».

De plus, les pays n'ayant pas ratifié le protocole de Carthagène et les pays signataires pourront entre eux importer et exporter sans obligation d'étiquetage. États-Unis, Argentine et Canada, plus gros producteurs mondiaux d'aliments transgéniques et non signataires du protocole pourront donc négocier au cas par cas. C'est une victoire pour le Mexique qui a bataillé ferme pour l'adoption de cette clause, en vertu de son alliance avec les États-Unis dans le cadre de l'Alena (Alliance de libre-échange nord-américaine) et par ailleurs gros importateur de maïs transgénique américain (trois millions de tonnes chaque année). Mais c'est surtout une concession de taille à un texte qui se voulait au départ beaucoup plus ambitieux. Pour Braulio Dias, directeur de la conservation de la biodiversité au ministère de l'environnement, « une brèche importante » s'est ouverte dans le texte final.

Pour les ONG et les mouvements écologistes qui dénonçaient le lobbying des grands producteurs céréaliers, cet accord timide ne permet pas de mettre en place un système sécurisé d'identification pour le commerce des produits transgéniques. Même si pour Benedikt Haerlin, chef de la délégation de Greenpeace International, « ce compromis de dernière minute vaut mieux que l'échec, mais il demeure insuffisant pour protéger les pays et principalement ceux en développement d'importations illégales et non identifiées d'OGM ».

Les producteurs de céréales, pour leur part, s'opposaient à l'étiquetage « contient des OGM », synonyme pour eux de barrières douanières déguisées et d'augmentation des coûts de production. L'Association des producteurs de soja du Mato Grosso (Aprosoja) évoque le coût des tests pour certifier que des plantations de soja traditionnelles sont exemptes de matériel transgénique. « Nos études ont montré que le coût de production de soja et de maïs à la tonne sera quatre fois supérieur à ce qu'il est aujourd'hui », a tenté d'argumenter Marcos da Rosa, vice-président de l'association. Avec la mention « peut contenir des OGM », le producteur de céréales traditionnelles se voyait finalement lavé de toute responsabilité en matière de sécurité alimentaire.

STEVE CARPENTIER

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