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I La politique culturelle O en Roumanie par Ion Dodu Balan avec le concou!?s des directions du Conseil de la culture et de l’éducation socialistes Les Presses de l’Unesco Paris 1974

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I La politique culturelle O

en Roumanie par Ion D o d u Balan avec le concou!?s des directions du Conseil de la culture et de l’éducation socialistes

Les Presses de l’Unesco Paris 1974

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Politiques culturelles : études et documents ’

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Dans cette collection

Réflexions préalables sur les politiques culturelles L a politique culturelle aux Etats-Unis, par Charles C. Mark Les droits culturels en tant que droits de l’homme L a politique culturelle au Japon, par Nobuya Shikaumi Aspects de la politique culturelle française, par le Service des études et recherches du

La politique culturelle en Tunisie, par Rafik Saïd La politique Culturelle en Grande-Bretagne, par Michael Green et Michael Wilding,

La politique culturelle en Union des républiques socialistes soviétiques, par

La politique culturelle en Tchécoslovaquie, par Miroslav Marek, avec le concours de

L a politique culturelle en Italie. Etude effectuée par les soins de la Commission

L a politique culturelle en Yougoslavie, par Stevan Majstorovii: L a politique culturelle en Bulgarie, par Kostadine Popov L a politique cuburelle à Cuba, par Lisandro Otero, avec le concours de Francisco

Quelques aspects des politiques culturelles en Inde, par Kapila Malik Vatsyayan L a politique culturelle en Finlande. &tude effectuée par les soins de la Commission

L a politique culturelle en Êgypte, par Magdi W a h b a L a politique culturelle en Pologne, par Stanislaw Witold Balicki, Jerzy Kossak et

L a politique culturelle en Iran, par Djamchid Behnam L a politique culturelle au Nigéria, par T. A. Fasuyi L a politique culturelle à Sri Lanka, par H. H. Bandara Le rôle de la culture dans les loisirs en Nouvelle-Zélande, par Bernard W. Smyth L a politique culturelle au Sénégal, par Mamadou Seyni M’Bengue L a politique culturelle en République fédérale d’Allemagne L a politique culturelle en Indonésie. Etude réalisée par la Direction générale de la

L a politique culturelle en Israël, par Jozeph Michman La politique culturelle aux Philippines. Étude rédigée sous les auspices de la

Commission nationale des Philippines pour l’Unesco L a politique culturelle au Libéria, par Kenneth Y. Best La politique culturelle en Roumanie, par Ion Dodu Balan

Ministère des affaires culturelles, Paris

en consultation avec le professeur Richard Hoggart

A. A. Zvorykine, avec le concours de N. I. Goloubtsova et E. I. Rabinovitch

Milan Hromádka et Josef Cloust

nationale italienne pour l’Unesco

Martínez Hinojosa

nationale finlandaise pour l’Unesco

Miroslaw Zulawski

culture, Ministère de l’éducation et de la culture de la République d’Indonésie

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Publié en 1974 par les Presses de l’Unesco 7, place de Fontenoy, 75700 Paris Imprimerie des Presses Universitaires de France, V e n d ô m e

ISBN 92-3-201188-3 Ed. angl. : 92-3-101188-X

0 Unesco 1974

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Préface

L e but de cette collection est de montrer comment divers Etats membres planifient et appliquent leur politique culturelle.

Les politiques culturelles sont aussi diverses que les cultures elles- m ê m e s ; il appartient à chaque Etat m e m b r e de déterminer et d’appliquer la sienne, compte tenu de sa conception de la culture, de son système socio- économique, de son idéologie politique et de son développement techno- logique. Néanmoins, les méthodes de la politique culturelle (comme celles de la politique générale du développement) posent des problèmes univer- sels - principalement d’ordre institutionnel, administratif et financier - et l’on reconnait de plus en plus la nécessité d’échanges d’expériences et d’informations à leur sujet. Les publications de la présente collection - dont on s’est efforcé d’uniformiser autant que possible la présentation afin de faciliter les comparaisons - portent essentiellement sur ces aspects techniques de la politique culturelle.

En règle générale, les études traitent des questions suivantes : principes et méthodes de la politique culturelle, évaluation des besoins culturels, structures administratives et gestion, planification et financement, organi- sation des ressources, législation, budget, institutions publiques et privées, contenu culturel de l’éducation, autonomie et décentralisation culturelles, formation du personnel, infrastructure institutionnelle correspondant à des besoins culturels particuliers, préservation du patrimoine culturel, insti- tutions de diffusion culturelle, coopération culturelle internationale et ques- tions connexes.

Les études portent sur des pays représentant des systèmes sociaux et économiques, des régions géographiques et des niveaux de développement différents. Elles reflètent par conséquent une large variété de conceptions et de méthodes de la politique culturelle. Dans leur ensemble, elles peuvent fournir des modèles utiles aux pays qui n’ont pas encore mis a u point une politique culturelle, A tous les pays, et notamment à ceux qui cherchent de

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nouvelles formules pour leur politique culturelle, elles permettent de profiter de l’expérience acquise ailleurs.

Cette étude a été préparée pour l’Unesco par Ion D o d u Balan avec le concours des directions du Conseil de la culture et de l’éducation socialistes.

Les opinions qui y sont exprimées sont celles de l’auteur et ne sauraient engager l’Unesco.

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Table des matières

9 18 21

25 30 35 39 43 44 48 53

54 54 55 57 59 60 62

66 69

Coordonnées historiques et culturelles

Les principes de la politique culturelle

Organismes chargés des activités culturelles

Le livre

Publications culturelles et artistiques

Le théâtre

L a musique

Le cinéma

Les musées

Monuments historiques

Diffusion de la science et de la culture dans les masses

Foyers culturels, maisons de la culture, clubs

Les bibliothèques

Les universités populaires

Les groupes artistiques d’amateurs

Recherches sur la culture

Relations culturelles avec l’étranger

La formation et l’emploi

Fonds alloués à la culture et à l’art Annexe

et éducatives en Roumanie

des ressources humaines

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Coordonnées historiques et culturelles

Au nord-est de la péninsule des Balkans, le peuple roumain, descendant des anciennes populations géto-daciques et de tout le monde roumain, s’est imposé tout au long de son histoire comme un peuple ayant une physio- nomie morale distincte, qui s’exprime dans une culture riche et originale.

La variété du relief du pays, la richesse et la diversité des ressources de son sous-sol, le vaste réseau de ses voies naturelles ont permis l’établis- sement de relations permanentes entre les habitants de tout le territoire, dont le centre est constitué par le plateau de la Transylvanie. Dès les époques les plus reculées une civilisation homogène s’y est développée, capable d’assimiler les influences successives, scythes, celtiques, grecques et, plus tard, celles des populations migratrices. Au début du I I ~ siècle, après une longue et héroïque résistance, la Dacie est devenue une province romaine, bastion avancé de l’Empire romain contre les attaques du monde barbare, immense réservoir de richesses naturelles qui s’est trouvé sujet à une intense et systématique colonisation, les colons étant amenés de toutes les parties de l’empire. Cette intense colonisation et la vie en commun, pendant plus d’un siècle et demi, des Daces et des éléments romains ou romanisés entraînèrent la romanisation de la population dace et impo- sèrent l’emploi de la langue latine. En 271, les légions impériales, reculant devant les Goths, s’établirent sur les bords du Danube, mais le processus de romanisation se poursuivit dans les populations demeurées sur le ter- ritoire de l’ancienne Dacie, grâce aux multiples relations avec le puissant empire tout proche.

Au cours des siècles suivants, le latin vulgaire, daco-mésique, évolua graduellement, tout en gardant sa structure grammaticale et son fonds essentiel de mots. A partir du I X ~ siècle, il devint la langue roumaine commune, se divisant ensuite en dialectes daco-roumain, au nord du Danube, macédo-roumain, mégléno-roumain et istro-roumain, au sud du grand fleuve. Ultérieurement, l’évolution de l’un de ces dialectes, le daco- roumain, aboutit à sa transformation en une langue littéraire et nationale - la langue roumaine. Au cours de son histoire, la langue roumaine, (( la première et la plus importante création culturelle du peuple-roumain »l, a gardé les anciens moules latins. A la différence d’autres langues romanes, elle ne connaît que des variétés régionales et pas de dialectes très diffé- renciés, ce qui a permis au peuple roumain, dès les époques les plus reculées, de prendre conscience de son unité nationale et de développer une culture

1. Tudor VIANU, (( L’originalité de la contribution culturelle des Roumains D, Studii de Ziteraturó rorniná, p. 561, Bucarest, 1965.

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commune, et ce malgré la disparité des conditions sociales dans les diverses provinces historiques.

Les premières formes de vie féodale sont apparues sous l’influence tou- jours croissante du monde romain, qui s’étendait au sud du Danube et qui était représenté à ce moment-là par l’Empire byzantin, lequel avait établi des relations avec les populations chrétiennes du nord du Danube. La conscience de l’unité et de la latinité, attestée en premier lieu par le nom de Roumains que les Roumains eux-mêmes se sont toujours donné, mais aussi par les chroniqueurs de l’époque, tels que Flavio Biondo ou Ennea Silvio Piccolimini, et enfin par la dénomination du premier État féodal constitué au nord du Danube : la Tara Româneascä, est une des coordonnées fonda- mentales de l’existence du peuple roumain. La fin du XIII~ siècle et le début du X I V ~ siècle virent le déclin de l’influence et de la domination étran- gères sur le territoire des Roumains. Le long des Carpates apparurent des ébauches d’États, d’où naquirent en 1330 la Tara Româneascä (le pays roumain) et, en 1359, la Moldava (Moldavie) en tant que principautés indé- pendantes. En Transylvanie, les formations précédant les premiers États roumains étaient apparues dès le xe siècle.

La structure sociale de la population roumaine se caractérisait princi- palement par l’existence de l’objtea, communauté paysanne. C’est grâce à la permanence de ces communautés populaires paysannes durant le moyen âge que la culture populaire a exercé une grande influence pendant toute notre histoire. La lutte pour la défense de la terre des ancêtres et de la langue des aïeux contre les invasions a donné naissance à une solidarité dans l’action qui s’est concrétisée d’une admirable manière dans l’État, dont l’apparition est due, à l’origine, à la solide structure de l’organisation de la vie rurale en communauté économique et administrative. A l’abri des Etats féodaux, la culture roumaine, malgré de puissantes influences externes, a acquis des contours de plus en plus nets. La langue roumaine, expression de la pensée du peuple roumain, est devenue un puissant facteur de cohésion. Malgré des moments difficiles, quelquefois nuisibles à l’épa- nouissement de la création culturelle, le peuple roumain s’est, pendant de longs siècles, exprimé presque exclusivement par la création populaire : poésie, chant, danse, costume, poterie, outils, architecture paysanne, etc., bref, tout ce qui fait la beauté du folklore roumain, qui nous étonne encore aujourd’hui par son originalité, la richesse de son contenu, son charme et son inventivité. Si l’on ne peut parler d’une littérature écrite en langue roumaine qu’à partir du X V I ~ siècle, en revanche la littérature orale s’était déjà développée depuis des siècles, constituant un riche ensemble conservé et transmis d’une génération à l’autre. Le plus ancien témoignage sur le folklore roumain se trouve dans la Legenda Maior Sancti Gerardi, qui date du XI^ siècle. Des chefs-d’œuvre épiques en vers comme Miorita, Balada mîncistirii Argesului [La ballade du monastère d’hges], les doina (poésies lyriques anonymes) et les contes de fées attestent, des siècles après, la pureté de cette tradition. Le plus ancien document en langue roumaine,

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daté et conservé jusqu’à nos jours, est une lettre d’un boyard de Cimpulung adressée en 1521 à Hanas Bekner, maire de Brasov. D e la m ê m e époque ou presque datent les premières traductions en langue roumaine de quelques textes religieux, réalisées au nord du pays, événement qui s’explique sans doute par le fait qu’on avait compris, sous l’influence de la Réforme, la nécessité d’utiliser la langue du peuple pour le service divin.

En 1544 paraît à Sibiu le premier livre imprimé en langue roumaine, traduction d’un catéchisme luthérien. Une ère d’épanouissement s’ouvre tout de suite pour l’imprimerie roumaine. Les impressions parues vers le milieu du XVI~ siècle, dues à l’archidiacre Coressi et à des apprentis, sont largement diffusées et jettent ainsi les bases de la langue littéraire rou- maine. Pourtant, du X V I ~ au XVIII~ siècle, tandis qu’en Europe occidentale, sous l’impulsion de la Renaissance, les arts, les sciences et la littérature connaissent un grand essor, le développement de la culture roumaine se heurte à de très graves difficultés. Alors que Christophe Colomb découvre un monde nouveau, alors que les littératures espagnole, italienne, anglaise vivent 1’ (( âge d’or )) de leur histoire, les Roumains, eux, sont contraints d’affronter la volonté d’expansion et la rapacité de quelques empires hos- tiles, afin de pouvoir défendre et protéger un magnifique début de culture dont nous parlent les fresques de Voronet, l’architecture du monastère de Curtea de Arges, Irtva’täturile lui Neagoe Basarab cätre Jiu1 siu Teodosie [Conseils de Neagoe Basarab à son fils Téodosie], le poème Viata lurnii [La vie du monde] du chroniqueur moldave Miron Costin (1633-1691) ou encore l’œuvre du grand érudit Dimitrie Cantemir (1673-1723), le plus important philosophe et savant appartenant à la culture roumaine ancienne, membre de l’Académie de Berlin, et que Voltaire tenait en grande estime.

Ces temps de (( dures épreuves pour notre patrie et pour nous- mêmes », comme nous les décrit le chroniqueur Miron Costin, n’étaient guère favorables à la littérature, à la lecture ou à la sculpture. En défen- dant les frontières du pays contre de perpétuelles invasions, Ioan de Hunedoara (?-1456), prince de Transylvanie, et les voïévodes roumains, de Mircea ce1 BPtrîn [Mircea le Vieux] (1386-1418) à Stefan ce1 Mare [Etienne le Grand] (1457-1504) et Mihai Viteazul [Michel le Brave] (1593-1601), défendaient en m ê m e temps la civilisation de l’Europe occidentale en pleine Renaissance. On peut donc dire que beaucoup de mouvements qui mena- çaient d’anéantir les inestimables valeurs du génie européen se sont brisés sur les cimes des Carpates. En outre, les réflexes de défense ont créé un climat propice à la conservation et à la préservation des traditions cultu- relles, ainsi qu’à la création de nouvelles œuvres. Dès la fin du XVIII~ siècle et le début du XIX~, de nouvelles perpectives se sont ouvertes à la culture roumaine. Le poète IenPchitã Vãcärescu (1740-1797) dictait à ses descen- dants le devoir de faire progresser la langue roumaine et d’honorer la patrie D. ~ ’ 1 3 ~ ~ 1 ~ de Transylvanie, mouvement politique et culturel ins- piré du mouvement des lumières, représentée surtout par les érudits Samuil M i c m (1745-1806), Gheorghe Sincai (1745-1816) et Petru Maior (1761-1821),

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tous philologues et historiens qui avaient sérieusement étudié d’abord dans les villes de Transylvanie puis à Vienne et à Rome, démontrait par des arguments d’ordre scientifique les liens organiques de l’histoire et de la culture de notre peuple avec la latinité. Les générations suivantes de créa- teurs ont repris avec un acharnement passionné l’idée de la continuité et de l’unité de notre peuple et de notre culture, malgré les (( vides N dus aux vicissitudes de l’histoire.

Le X I X ~ siècle, qui a réveillé dans toute l’Europe la conscience nationale, a aussi été à l’origine de changements fondamentaux dans l’histoire et la culture du peuple roumain. Le développement du capitalisme dans les trois grandes provinces historiques roumaines - la Moldavie, la Transylvanie et la Tara Româneascä - l’influence des idées de liberté, d’égalité et de fra- ternité de la Révolution française, les révoltes populaires roumaines diri- gées par Horia (1784) en Transylvanie et Tudor Vladimirescu (1821) dans la Tara Româneascã, et surtout la révolution de 1848, qui a eu pour théâtre les trois provinces à la fois, ont constitué les principaux événements de l’histoire de la Roumanie à cette époque. Dans les principautés danu- biennes, la culture a pris un vigoureux essor dans tous les domaines : ensei- gnement, science, littérature, presse, théâtre, musique. Les intellectuels roumains de toutes les provinces historiques ont établi et développé entre eux d’intenses relations d’ordre politique et culturel. A Bucarest, à Jassy, à Brasov, à Craiova, à Oradea, à Blaj et dans d’autres localités, de véri- tables pléiades d’intellectuels militaient en faveur d’une culture roumaine unitaire, d’abord, puis de l’unité politique des Roumains.

L’union de la Tara Româneascä et de la Moldavie, en 1859, sous le règne d’Alexandru Ioan Cuza, a été l’accomplissement du rêve des combat- tants révolutionnaires de 1848 et d’un désir séculaire des masses. Cet événement, qui a trouvé un écho tout particulier chez les Roumains de Transylvanie, a marqué en m ê m e temps une étape fondamentale du pro- cessus de développement de la culture nationale. L’affranchissement du joug de l’Empire ottoman en 1877 et l’achèvement de l’unité nationale grâce à l’union de la Transylvanie et de l’ancienne Roumanie, en 1918, sont venus couronner les sacrifices consentis par les masses populaires et les actions patriotiques menées par un grand nombre de représentants de l’intelligentsia en vue de créer un État national. Pendant toute cette période, un grand rôle a été joué par Junimea [La jeunesse], société litté- raire, culturelle et politique fondée en 1863 et ayant à sa tête le critique Titu Maiorescu (1840-1917), personnalité remarquable qui a toujours milité pour le concept de la spécificité de l’art dans le contexte des valeurs culturelles.

Un autre groupe littéraire - preuve de l’affirmation grandissante de la conscience ouvrière - s’est formé autour de la revue Contemporanul [Le contemporain], revue de tendance socialiste et dont l’animateur était C. G. Gherea (1855-1920)’ critique de grand talent, qui soutenait des thèses proches du réalisme socialiste. C’est d’ailleurs sous le signe du réalisme que

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les plus importantes œuvres de cette époque ont été créées. Mais, en m ê m e temps, d’autres mouvements artistiques ont commencé à s’affirmer : le sym- bolisme, dont l’initiateur a été le poète Alexandru Macedonski (1845-1920) ; le sema‘na‘torismul [le semeur], mouvement social passéiste qui exaltait les vertus du traditionalisme rural et dont le théoricien et historien était Nicolae Iorga (1871-1940)’ l’une des figures les plus riches de la culture roumaine ; le poporanismul (du m o t popor qui signifie ((peuple )I), mouvement à tendance politique, idéologique et littéraire qui opposait d’une manière artificielle les réalités rurales aux citadines. Dépassant les limites poli- tiques de ce dernier mouvement, la revue Viata Româneascã [La vie rou- maine] (1906), dominée par la personnalité du critique Garabet Ibrãileanu, que séduisait notamment le positivisme de H. Taine, réunit dans ses pages les signatures des plus prestigieux écrivains et érudits de l’époque, presque tous patriotes et démocrates. En général, la période de l’entre-deux-guerres - période qui vit l’apparition dans l’arène politique et idéologique du influence humaniste et démocratique - s’est imposée c o m m e l’une des étapes de l’histoire roumaine les plus riches en réalisations importantes, marquée par des confrontations et des combats d’idées entre les représen- tants irréductibles de divers courants de pensée. Dans le domaine de la création proprement dite, à côté de l’orientation vers une littérature réa- liste, des tendances modernistes se sont également fait jour - I’impres- sionnisme critique, l’expressionnisme dans le théâtre et les arts plastiques, le surréalisme en poésie - et ont amené d’importantes innovations sur le plan de l’expression. L e principal théoricien de la modernisation de

teur qui, grâce à son Cénacle et à sa revue SburitoruP, a découvert et aidé à s’épanouir de nouveaux talents. Mais, au m ê m e moment, l’intelli-

que ContemporanuZ [Le contemporain] (1921)’ Cuwintul [Le mot] (1924), CuEtura proletasã [La culture prolétarienne] (1926)’ Bluze albastre [Blouses bleues] (1932), Era Noua [Ere nouvelle] (1936).

L e triomphe de l’insurrection antifasciste du 23 août 1944 a marqué le début d’une nouvelle ère dans l’histoire de la Roumanie, une ère de pro- fondes transformations économiques, sociales, politiques et aussi culturelles. C’est à partir de cette époque qu’on a mis en valeur les traditions les plus progressistes de la culture roumaine et universelle, et qu’on a créé les pré- misses d’une activité systématique de recherche, afin de découvrir les talents existants dans tous les domaines et de les aider à s’affirmer.

L’instauration du gouvernement de concentration démocratique le

l Parti communiste roumain, fondé en mai 1921, et qui exerça une profonde

I la culture a été le critique Eugen Lovinescu (1881-1943)’ grand anima-

gentsia progressiste de l’époque s’exprimait dans d’autres publications telles I

I 1. Littéralement, (( celui qui vole en l’air 1) ; au figuré, N celui qui s’envole vers d’autres sphères, vers d’autres horizons ». L e mot désigne également un personnage de la poésie et des contes de fées roumains, un génie nocturne qui guette les jeunes ales, les embrasse, leur donne le mal d’amour ...

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6 mars 1945, la réforme agraire du 23 mars de la m ê m e année, l’abolition de la monarchie et la proclamation de la république le 30 décembre 1947, la nationalisation des principaux moyens de production le 11 juin 1948, la mise en œuvre, en décembre, du plan qui devait conduire à la transformation socialiste de l’agriculture, le neuvième et le dixième congrès du Parti communiste roumain sont autant d’étapes qui ont profondément modifié la physionomie du peuple roumain. Parallèlement à ces transformations économiques et sociales, de très vastes changements se sont produits dans le domaine de la culture. L’enseignement a été adapté aux exigences de la société moderne, et la culture orientée vers les besoins des masses, grâce à quoi elle a p u jouer un rôle important dans l’établissement du nouveau régime social et politique.

L a volonté du peuple roumain de conserver et de cultiver son identité constitue une caractéristique essentielle de son histoire spirituelle et cultu- relle. Dès la seconde moitié du X I X ~ siècle, on a commencé à étudier systé- matiquement le passé de la nation, on a mis en chantier la publication de documents d‘une importance capitale sur son existence et sa continuité, on a entrepris des recherches sur l’évolution de la langue roumaine au cours des siècles et édité des recueils de pièces appartenant au riche trésor de la créa- tion folklorique, dont Henri Focillon disait qu’à la différence d’autres ((il n’a rien d’un survivant archéologique ou, pour mieux dire, il ne survit pas, il vit n.

L’un des principaux objectifs de la politique culturelle actuelle de l’État est la mise en valeur du patrimoine culturel de la nation. Sur le plan de la création individuelle, on a vu paraître au cours des siècles des œuvres qui se rattachaient aux grands courants de la culture européenne, le classicisme, le préromantisme, le réalisme critique, le symbolisme et le modernisme, bref, à tous les mouvements littéraires et artistiques qui ont marqué l’évolution des autres cultures mais qui, en Roumanie, se sont manifestés d’une manière originale, quelquefois syncrétique, en ((brûlant les étapes ». Ce rythme dyna- mique a été particulièrement remarquable à partir de la seconde moitié du X I X ~ siècle, époque où des personnalités de premier plan ont fait leur apparition : Vasile Alecsandri (1819-1890), poète de l’union des principautés et de l’indépendance nationale ; Mihai Eminescu (1850-1889), dernier des grands romantiques de la littérature universelle, Ion Creangä (1837-1889), cet Homère o u ce Rabelais des Roumains, c o m m e on l’a surnommé, Ion Luca Caragiale (1852-1912), précurseur indubitable d’Eugène Ionesco. Après ceux-ci vint la pléiade des grands écrivains de l’entre-deux-guerres : Mihai Sadoveanu (1880-1961), Liviu Rebreanu (1885-1944), Tudor Arghezi (1880-1967), Camil Petrescu (1894-1957), Lucian Blaga (1895-1961), Ion Barbu (1895-1961). Quelques-uns des auteurs de cette période - Panait Istrati, Elena Väcaresco, B. Fundoianu, Ilarie Voronca, Tristan Tzara, Marthe Ribesco, Eugène Ionesco - se sont fait une place dans le cadre plus vaste de la littérature européenne. Pour les autres arts, il faut citer les peintres Nicolae Grigorescu (1838-1907), auteur de scènes de la vie populaire et de paysages, Stefan Luchian (1868-1916) et Ion Tuculescu (1910-1962),

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La politique culturelle en Roumanie

tous deux grands coloristes, le musicien Georges Enesco (1881-1955), dont on connaît les magnifiques rhapsodies, le sculpteur Constantin Brancusi (1876-1957), aux formes dépouillées, et beaucoup d’autres créateurs qui ont acquis une renommée mondiale.

Tous ces artistes sont entrés dans l’universalité par la porte de la culture roumaine. Dans ces conditions, il est naturel que le problème des rapports entre tradition et innovation, entre assimilation des influences étrangères et conservation du fond autochtone ait pris une importance primordiale. L’esthéticien Tudor Vianu (1897-1964) note que l’évolution de la culture roumaine moderne est caractérisée par un processus d’adaptation ration- nelle des formes de la culture aux nécessités du développement de la vie sociale : (c Tous nos penseurs de marque, dit-il, se sont interrogés sur ce problème. Ce qui est encore plus intéressant, c’est que, dans l’ensemble de notre vie sociale, un type d’intellectuel dont on ne peut pas trouver faci- lement l’équivalent dans d’autres cultures est apparu, à savoir le type de l’homme de culture qui ne se limite pas à une seule spécialité scientifique, mais qui réfléchit sur la culture dans son ensemble et estime avoir une responsabilité dans l’orientation de la civilisation de notre pays ... Vous reconnaîtrez dans cette définition beaucoup d’éminentes personnalités de la littérature et de la pensée roumaines récentes1. N

Ce qui est le plus significatif, c’est que des directives ayant un caractère de programme culturel général ont fait leur apparition en Roumanie dès la première moitié du X I X ~ siècle, lorsque l’historien et penseur Mihail Kogdniceanu (1817-1891) a formulé, dans la préface de la revue Dacia Literarü [La Dacie littéraire] (1840)’ le besoin d’un équilibre nécessaire entre les sources internes et étrangères. Des préoccupations analogues per- çaient aussi dans les œuvres d’autres inteuectuels, qu’il s’agisse de poètes c o m m e Vasile Alecsandri, Mihai Eminescu, Tudor Arghezi, Lucian Blaga, de théoriciens et de philosophes c o m m e Nicolae Bãlcescu (1819-1852)’ Titu Maiorescu (1840-1917)’ Constantin Dobrogeanu-Gherea (1855-1920)’ C. Rãdulescu-Motru (1868-1957) et N. Bagdasar (1898-1971), d’artistes tels que Constantin Brancusi et Georges Enesco, de mathématiciens tels que Spiru-Haret (1851-1912) et Grigore C. Moisil (1906-1973), de spéléologues tels qu’Emile Racovitza (1868-1947) o u de linguistes c o m m e Bogdan- Petriceicu Hasdeu (1838-1907)’ Ovid Densusianu (1873-1938)’ Sextil Pup cariu (1877-1948)’ etc.

Cette tradition se perpétue de nos jours dans la politique culturelle de l’État roumain. L a volonté de donner une expression aux nécessités de la vie sociale sur le plan de la culture, de trouver un équilibre entre Ia tradition et l’innovation et d’harmoniser dans une structure nationale unitaire les divers aspects de l’évolution de la culture contemporaine constitue l’une des données importantes de la politique culturelle roumaine d’aujourd’hui.

A cet égard, les paroles du président Nicolae Ceausescu sont révélatrices :

I

I

1. Tudor VIANU, Filosofia culturii, 2e éd., p. 287 et 288, Bucarest, 1945.

I 15

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L a politique culturelle en Roumanie

u ... nous désirons que le peuple roumain puisse bénéficier de tout ce que la pensée humaine, l’art et la littérature universels - du passé et de nos jours - ont produit de plus valable ; nous désirons importer les produc- tions littéraires et artistiques, les films, les pièces de théâtre qui aident à édifier l’homme, sont utiles au progrès de notre peuple, contribuent à son éducation dans un esprit d’humanisme et d’amitié mutuelle. Mais la société n’en a pas moins le devoir de prendre certaines mesures pour empêcher qu’à côté des créations de valeur ne pénètrent dans notre pays des œuvres pré- tendument artistiques ayant un contenu critiquable, des livres, des films et des pièces de théâtre qui font l’apologie du crime, du racisme, de la brutalité et qui peuvent empoisonner les âmes et ‘polluer’ les esprits ~ l .

L a politique culturelle de l’État roumain est adaptée au fond de remar- quable plasticité, à la capacité d’assimilation étonnante qui ont toujours caractérisé le peuple roumain et qui lui ont permis d’être réceptif aux apports les plus divers de l’extérieur, tout en demeurant lui-même et en offrant aux autres peuples ce qu’il y a de meilleur, de plus représentatif dans son expérience. Dans ce sens, notre histoire est riche d‘enseignements. Elle a donné naissance à un patriotisme tenace, mais opposé par principe au chauvinisme et à l’intolérance. Cet esprit de pondération et de compréhen- sion, de soumission des instincts à la raison qui se manifeste dans toute la culture roumaine explique les excellents rapports entre le peuple roumain et les nationalités cohabitantes, ainsi que ses bonnes relations constantes avec les peuples voisins ou éloignés.

C’est sur ce fonds particulièrement riche que s’est développée la culture socialiste de la Roumanie après la libération du joug fasciste et que la nation roumaine a pris place parmi les nations qui construisent le socialisme. C’est ainsi qu’on a aboli pour toujours dans notre pays l’exploitation de l’homme par l’homme, qu’on a liquidé l’analphabétisme et jeté les bases d’une ample diffusion de la culture parmi les masses, ainsi que celles d’une participation de plus en plus étroite de ces masses à la création culturelle ; les problèmes de nationalité ont été résolus dans l’esprit du marxisme et une harmonieuse collaboration entre le peuple roumain et les nationalités cohabitantes - Hongrois, Allemands, Serbes, etc. - a été établie. On a créé un système d’enseignement obligatoire de dix ans, qui élargit sensiblement les possi- bilités d’accès des jeunes générations aux plus hautes valeurs de la culture. L e nombre des étudiants a aussi sensiblement augmenté, de m ê m e que celui des institutions d’enseignement supérieur. On pourrait dire que le pays tout entier est devenu une immense école. L e tableau 1 présente quelques données éloquentes sur le développement de l’enseignement en Roumanie

1. Nicolae CEAUYESCU, (( Exposé sur le programme du Parti communiste roumain, en vue d’améliorer l’activité idéologique, d’élever le niveau général des connaissances de l’éducation socialiste des masses, afin d’établir les relations dans notre société sur le fondement des principes de la morale et de I’équité socialistes et communistes u, Séance plénière dy Comité central du Parti communiste roumain, 3-5 novembre 1971, p. 73, Bucarest, Editions politiques.

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La politique culturelle e n Roumanie

entre 1938139 - considérée c o m m e l’année la plus importante pour l’évo- lution de la Roumanie avant la libération - et 1972/73. TABLEAU 1 $holution de l’enseignement

Forme d’enseignement Nombre d’élèves et d’étudiants

1938139 1972173

Enseignement primaire et Secondaire général et enseignement secondaire spécialisé

Enseignement artistique Enseignement professionnel et technique,

spécialisation post-secondaire et formation pédagogique

Enseignement supérieur TOTAL

1 604 481 3 220 074 - 26 211

59 533 269 752 26 489 143 985

1690 503 3 660 022

En outre, l’gtat a assuré l’amélioration permanente des conditions maté- rielles et juridiques nécessaires pour que l’esprit créateur puisse s’affirmer de plus en plus pleinement, et augmenté le nombre des théâtres et des institutions musicales, celui des cinémas, des foyers et des maisons de la culture, des clubs, des formations artistiques d’amateurs, des bibliothèques publiques, des maisons d’édition, des revues, des journaux et des musées. On trouvera ci- après un tableau très instructif concernant le développement des établissements et activités culturels entre 1938 et 1973 :

TABLEAU 2

Type d‘institution

Théâtres et institutions musicales

Cinémas

Foyers culturels et maisons de la culture Formations artistiques d’amateurs dans les foyers et les

Éditions

Evolution des institutions culturelles ~~

Nombre de spectateurs (en millions)

Nombre de Spectateurs (en millions)

maisons de la culture

Total des titres (Euvres originales Traductions

CF,uvres originales Traductions

Bibliothèques publiques

Journaux, revues et publications périodiques (tirage annuel

Musées

Nombre d’abonnements radio (en milliers) Nombre d’abonnements télévision (en milliers)

Tirage total (en millions d’exemplaires)

Nombre de volumes (en millions d’exemplaires)

en millions d’exemplaires)

Nombre de visiteurs (en milliers)

1938 1973 ~

18

338

3 467

3 500

2 300 1900 400

1,6

41,4

8 8 6,s 1,s

1,1 3 100

650 83 875 252 -

145

6 170 177

8 006

22 303

4 200 3 580 620

12,5

72,2 56,2 16

7 939 50

1477 331

11 439 3 077 2 145

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La politique culturelle en Roumanie

Les principes de Ia politique culturelle

Dans le contexte de la construction du socialisme, déployer une activité politico-idéologique et d’éducation socialiste permanente, et élever conti- nuellement le niveau culturel des masses constituent des nécessités objec- tives, des composantes essentielles du processus d’édification de la nouvelle société. C’est pourquoi le Parti communiste et I’Etat, tout en se préoccupant de développer les moyens de production afin d’assurer à la population une abondance de biens matériels et tout en veilIant au perfectionnement des moyens de production, accordent une attention particulière aux travaux qui visent à former un h o m m e nouveau, à le doter d’une conscience poli- tique et morale, et s’emploient à faire régner un climat favorable à une riche activité intellectuelle, à l’essor de l’enseignement, de la culture, de l’art et de la littérature, pour pouvoir faire fructifier toutes les énergies créatrices du peuple.

L a Roumanie se trouve aujourd’hui dans une nouvelle phase de l’évo- lution de la société socialiste, phase dans laquelle les problèmes idéologiques acquièrent une importance particulière. Pour mettre en œuvre d’une manière créatrice les grands principes marxistes-léninistes énoncés par le dixième congrès du Parti communiste roumain en 1969, la séance plénière élargie du Comité central du PCR qui a eu lieu du 3 au 5 novembre 1971 a adopté un vaste programme visant l’amélioration de l’activité idéologique, l’élévation du niveau général des connaissances et de l’éducation socialiste des masses, la consolidation des relations sociales fondées sur l’éthique et la justice socialistes. Les actes de cette séance plénière constituent un document d’une grande valeur théorique et indiquent avec précision les tâches qu’impose le développement d’une culture à caractère démocratique et qui sont de nature à aider le peuple dans sa lutte pour la réalisation de ses idéaux humanitaires. A la lumière de ce programme, auquel le peuple tout entier a souscrit avec enthousiasme, apparaît d‘autant plus clairement la nécessité d’édifier une culture qui ait pour objectif principal de forger une personnalité humaine riche et harmonieuse, capable de contribuer, d’une manière active et consciente, au progrès de la société socialiste.

Cette politique culturelle est l’expression de l’intérêt tout particulier que 1’Etat attache à la diffusion de la culture parmi les masses populaires et à la création des conditions nécessaires à l’accession du peuple à toutes les formes de la culture. L a culture est présente partout ; elle n’est plus l’a anage d’une

ne peut pas être véritablement libre s’il ne donne pas au peuple, par des actions concertées, la possibilité d‘élever son niveau d’instruction et en m ê m e temps de prendre conscience de ses responsabilités sociales et morales.

élite, mais un bien des masses. Nous croyons en effet qu’un H tat moderne

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I La politique culturelle en Roumanie

Dans l’idéologie marxiste, l’être humain n’est pas une simple composante du processus de production, il représente une entité spirituelle en quête d’un perpétuel enrichissement et qui doit bénéficier de tout ce que les valeurs du système socialiste peuvent lui offrir. Notre politique culturelle s’assigne donc c o m m e suprême but le développement multiforme de la personnalité humaine. Elle se fonde sur une profonde confiance en l’homme et en ses capacités de perfectionnement. D’ailleurs ce nouvel humanisme correspond à l’étape historique actuelle de l’évolution du peuple roumain, à son idéal social, à sa conception de la vie. En m ê m e temps et par conséquent, notre politique culturelle s’inspire des plus authentiques valeurs culturelles du passé, conformément au principe marxiste-léniniste de la mise en valeur de

à notre attention. C’est ainsi que le présent s’allie au passé progressiste dans ses efforts pour édifier une nouvelle culture. Mais, tout en faisant fructifier les meilleures traditions du passé, la culture socialiste se veut novatrice et constructive. Elle s’ouvre aux innovations modernes qui reflètent les pro- blèmes de l’homme contemporain et de la vie de la société roumaine.

Les activités à entreprendre dans le domaine de la culture et de l‘art posent continuelIement de nouveaux problèmes, qui exigent des solutions répondant aux besoins de notre société en permanente évolution. C’est de cette idée fondamentale que découlent les traits de notre politique cultu- relle et la physionomie de l’art socialiste, destiné à présenter la réalité dans toute sa variété et sa complexité. Ni l’idéalisme, ni le nihilisme ne sont compatibles avec l’essence de l’art réaliste.

La création authentique saisit les contradictions de l’existence, tout en accentuant - et c’est là le plus important - le sens positif’ novateur du développement.

U n esprit critique constructif est un attribut essentiel de notre culture socialiste. L a culture et l’art en Roumanie sont orientés de manière à se situer à l‘avant-garde des conceptions scientifiques sur le monde, sur la société et la pensée, et par conséquent à adopter une attitude critique à l’égard de tout ce qui est anachronique.

L e souci permanent de faire triompher l’équité sociale et la justice trouve dans le domaine de l’art un puissant écho, parce que les relations entre les hommes, leur capacité de perfectionnement ont toujours constitué et consti-

tance m ê m e des authentiques œuvres d‘art. Rien de tout ce qui est humain ne demeure en dehors de la sphère de préoccupation de notre culture et de notre art socialiste.

Tout en s’attachant à exprimer les caractéristiques spécifiques natio- nales, la culture et l’art de chez nous se montrent accessibles à toutes les manifestations valables de la pensée, de l’art et de la littérature universels, à tout ce qui peut contribuer à l’éducation humaniste dans le sens de l’estime, du respect et de la collaboration entre les nations.

~

I I

l’héritage littéraire, rien de ce que le passé a produit de valable n’échappant

I

I

I I

tuent plus encore aujourd’hui une inépuisable source d’inspiration, la subs-

I

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I Nous attribuons une importance particulière aux activités visant à I l 19

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La politique culturelle en Roumanie

éduquer la jeunesse dans l’esprit de l’humanisme, à lui inculquer le culte de la justice et du travail, de l’équité sociale, du patriotisme et de la solidarité avec les peuples du m o n d e entier qui luttent pour la paix, pour leur souve- raineté et leur indépendance.

Dans notre politique culturelle, il n’y a pas de place pour un art éloigné de la vie, de l’homme, pour une création sans finalité sociale. Nous cultivons un art qui est l’expression de la vie, de l’espérance, de l’élan de l’homme vers quelque chose de meilleur. Nous voulons une culture réaliste, au centre de laquelle on trouve l’homme, avec ses tourments et ses préoccupations maté- rielles et intellectuelles. C’est pourquoi, répétons-le, il n’est pas de thème ni de problème intéressant l’homme que notre art et notre littérature ne puissent aborder.

Dans la diffusion des créations artistiques d‘une grande valeur éthique et esthétique, un rôle spécial est joué par la critique littéraire et artistique. Elle est appelée à juger les manifestations culturelles selon des critères scientifiques, objectifs et humanistes, à aider le public à apprécier les valeurs intrinsèques de l’art et de la culture.

Afin d’assurer le perfectionnement constant de la politique culturelle, l’État s’efforce, par l’entremise des instituts de recherche ainsi que par la presse, de définir, d’une manière toujours plus précise et plus souple à la fois, les différents concepts relevant du domaine de la culture et de l’art, et de les réinterpréter pour leur donner de nouvelles dimensions.

A cette fin, les formes de travail pesantes, bureaucratiques, peu efficaces dans le domaine de la culture ont été remplacées par de nouvelles méthodes, plus souples, qui tiennent compte de la spécificité de la culture et de sa fonction propre et qui sont plus favorables aux initiatives créatrices, à la participation des masses et des spécialistes aux activités culturelles. L e système d’organisation actuel vise de plus en plus à s’appuyer sur la parti- cipation de personnes capables, enthousiastes et passionnées pour cette noble tâche. D e grands efforts sont donc accomplis pour des animateurs culturels eacaces, bien informés, qui soient capables de répondre aux exi- gences de plus en plus grandes de l’école moderne.

L a transposition dans la pratique des principes de la politique culturelle a d’abord imposé la coordination de toutes les actions entreprises sur le front de la culture, accompagnée, ce qui est logique, d‘une décentralisation et d’un rejet de la bureaucratie. Par la suite, nous avons perfectionné les méthodes de travail, en remplaçant la routine et les préjugés de quelques fonctionnaires par l’initiative créatrice des masses éprises de beauté.

C’est à cette fin qu’a été créé le Conseil de la culture et de l’éducation socialistes, organe de 1’Etat directement rattaché au Comité central du Parti communiste roumain et du Conseil des ministres, dont le rôle est d’assurer l’application de la politique du Parti et de I’Etat dans le domaine de la culture et de l’éducation socialistes ainsi que de diriger et d‘orienter toute l’activité culturelle et éducative. L a création du Conseil de la culture et de l’éducation socialistes constitue une étape très importante dans la voie

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La politique culturelle en Roumanie

I d’une démocratisation aussi large que possible du principal organisme de coordination et de direction des activités culturelles. Pour le constituer, on a tenu compte du caractère particulièrement complexe de l’action cultu- relle, qu’on ne saurait diriger et orienter au moyen de méthodes et de pratiques administratives. La participation active des représentants les plus importants des diverses catégories de créateurs à l’élaboration de la poli- tique culturelle suppose Ia transformation de plus en plus complète du Conseil de la culture et de l’éducation socialistes en un organisme dyna- mique et représentatif qui, s’appuyant SUI les suggestions des créateurs et des propagateurs de la culture, puisse résoudre d’une manière efficace tous les problèmes liés à son activité multiple et complexe.

Dans un esprit de décentralisation et d’encouragement aux initiatives, et afin d’octroyer de plus vastes attributions aux unions et aux organisa- tions de créateurs, aux organes locaux de Parti et d’atat, le Conseil de la culture et de l’éducation socialistes exerce son action de manière qu’elle s’étende à tout le territoire national et bénéficie du soutien des forces locales compétentes. I1 a pour tâche d’élargir l’horizon culturel du peuple et de veiller à ce que celui-ci ait accès à tout ce que l’humanité a créé de plus précieux dans les domaines de la science, de la culture et de l’art. Le Conseil de la culture et de l’éducation socialistes milite pour la promotion de l’éthique humaniste et pour l’éducation des masses dans l’esprit des tradi- tions progressistes du peuple, des traditions révolutionnaires de la classe ouvrière, dans l’esprit de fraternité entre les travailleurs roumains, hongrois, allemands ou appartenant à d’autres nationalités qui composent notrc grande famille socialiste. I1 s’efforce de combattre les conceptions rétro- grades et déploie une activité intense en vue de propager la philosophie marxiste-léniniste et de cultiver l’esprit de solidarité internationale.

~

I

Organismes chargés des activités culturelles

et éducatives en. Rournanie

Les organismes compétents pour exécuter les activités culturelles et éduca- tives sont les suivants :

La Grande Assemblée nationale, en tant qu’organe suprême de l’État, exerce son contrôle sur toutes les autres instances de l’État.

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La politique culturelle en Roumanie

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L a politique culturelle en Roumanie

Dans le cadre de la Grande Assemblée nationale, il existe des commis- sions permanentes qui rédigent des rapports ou donnent des avis sur les projets de loi ou sur les problèmes que le président de l’assemblée soumet à leur examen.

L a Commission pour l’enseignement, la science et la culture s’occupe également des problèmes qui sont de la compétence du Conseil de la culture et de l’éducation socialistes.

L e Conseil d’Etat de la République socialiste de Roumanie, qui est subordonné à l’Assemblée nationale, exerce un contrôle sur l’application des lois et des décisions de l’Assemblée nationale, et aussi sur les activités des organes administratifs centraux et, implicitement, sur celles du Conseil de la culture et de l’éducation socialistes.

L e Conseil des ministres dirige, coordonne et contrôle les activités des ministères, y compris ceux qui s’occupent des activités culturelles.

Par décret no 30111971 a été créé le Conseil de la culture et de l’édu- cation socialistes, dont les attributions et les tâches ont été définies plus haut.

Les unions de création (l’Union des écrivains, l’Union des compositeurs, l’Union des artistes plastiques et l’Union des archivistes) sont des organi- sations publiques et professionnelles, librement constituées par les créateurs. Elles bénéficient de l’appui matériel de l’État et exécutent leurs activités sous la direction du Parti communiste roumain ; elles ont pour mission de soutenir les créateurs dans l’élaboration d’une œuvre militante ayant un riche contenu idéologique et une haute tenue artistique.

L’Association des cinéastes (ACIN), l‘Association des membres des insti- tutions théâtrales et musicales (ATM), l’Association des artistes photo- graphes (AAF) et l’Association des bibliothécaires sont également des organisations publiques. Elles sont appelées à contribuer, sur de multiples plans, au développement des activités dans leur domaine de compétence, à participer par l’intermédiaire de leurs représentants aux travaux des organismes internationaux correspondants et à faire connaître les réalités et les réalisations de notre pays.

Un rôle particulièrement important dans la vie artistique culturelle éducative incombe à la Radio-Télévision roumaine, dont les émissions s’adressent à un public de plus en plus nombreux. En effet, près de 85 yo du temps d’émission est réservé aux programmes artistiques, culturels et éducatifs.

L’Union générale des syndicats, dont dépendent les organes de presse et le vaste réseau des maisons de la culture et des clubs, a organisé des sociétés artistiques d‘amateurs dont le répertoire est très varié : théâtre, danses populaires, ballet, chant choral, musique, etc. Elle possède également un vaste réseau de bibliothèques.

L e Ministère de l’éducation et de l’enseignement assure la direction et le contrôle du système d’éducation. gtant donné que le livre, le film ou l’art du spectacle jouent un rôle important dans l’éducation, ce ministère

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La politique culturelle en Roumanie

collabore étroitement avec le Conseil de la culture et de l’éducation socia- listes. Au Ministère de l’éducation et de l’enseignement sont rattachés un grand nombre de bibliothèques scolaires et universitaires, de musées, de maisons de la culture appartenant aux étudiants et de clubs.

L’Union de la jeunesse communiste remplit également une fonction très importante dans le domaine de la culture. Dans presque toutes les maisons de la culture et dans les foyers culturels, l’activité des artistes amateurs est soutenue par la jeunesse locale. C e sont les jeunes qui constituent la plus grande partie du public du théâtre, du cinéma et des salles de concert, et ce sont eux qui visitent avec le plus d’assiduité les bibliothèques publiques et les musées.

L e Ministère du tourisme organise des manifestations culturelles et artistiques, des visites de monuments et de musées. Des programmes de visite destinés aux touristes leur permettent d’assister aux principales manifestations culturelles ou artistiques organisées chaque année dans notre pays (par exemple, le Festival musical international Georges Enesco). Depuis 1971, le Ministère du tourisme dispose d’une revue - L a Roumanie pittoresque - et d’une maison d’édition.

L e Ministère de la défense nationale et le Ministère de l’intérieur dirigent des maisons de la culture connues sous le n o m de casa armatei [maison de l’armée], ainsi v e des formations artistiques professionnelles.

L’Union centrale des coopératives artisanales (UCECOM) et l’Union centrale des coopératives de consommation (CENTROCOOP) ont égale- ment créé des maisons de la culture et des clubs, où se déroulent des acti- vités culturelles.

Les conseils populaires des districts, des municipalités et des communes exécutent d’importantes activités culturelles.

Afin que les activités culturelles et éducatives des organes d’lhat et des organismes populaires suivent une seule et m ê m e orientation, leurs repré- sentants font partie du Conseil de la culture et de l’éducation socialistes.

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Porte en boi?. dans la vali&? de la ri\~ikre Iza, dii départcuirnt de Maraniiirrch. zouc cthnogrnphiqne originale située dan.. le nord-ouest dc 11 Rouirianic.

L a ville de Piatra Neam!, (( Perle de 11 Moldavie n. On voit sur la photo le centre hietorique de la ville, avec la tour du c+her et l’église,

véritables monuments d’art fondés par le vaillant prince régnant Etienne le Grand (1457-1504).

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\fas<t Tmerii (la Table du Silrncr 'i), wuvre d e (:oristantin Ursricuci i SUpu Jiii.

Spctarle folhloriquc d'amateurs dans un rluh d'uqine (1cs usines chiniicliies de VictorÍu, dans IC district de BraPo\-).

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La politique culturelle en Roumanie

Le livre

Bien que les moyens de communication de masse se soient multipliés et diversifiés d‘une manière spectaculaire en Roumanie c o m m e ailleurs, le livre garde sa primauté grâce à son exceptionnelle force d’attraction, à son prestige traditionnel, à sa valeur éducative.

Plusieurs générations de créateurs ont contribué à l’épanouissement de la culture et de l’art selon les principes de l’humanisme socialiste. Les écri- vains de l’entre-deux-guerres se sont particulièrement illustrés dans ce domaine. A la place d’honneur figurent le romancier et conteur Mihail Sadoveanu, le célèbre poète Tudor Arghezi, à qui l’on doit le grand poème philosophique intitulé Chant l’homme et l’épopée consacrée à la révolte paysanne, L’année 1907, le poète et philosophe Lucian Blaga ainsi que les écrivains Al. Philippide et Geo Bogza.

Dans le domaine de la critique, de l’histoire de la littérature et de l’essai, des personnalités remarquables, telles que Mihai Ralea, George Cãlinescu, Tudor Vianu, Perpessicius, Serban Cioculescu, Vladimir Strãinu, Al. Dima, Liviu RUSSU, ont exprimé dans leurs œuvres leur pleine adhésion aux nouvelles réalités historiques.

Des écrivains qui ont commencé à écrire avant la seconde guerre mondiale s’affirment maintenant et produisent des chefs-d’œuvre : à côté du romancier et poète Zaharia Stancu, président de l’Union des écri- vains, auteur du roman Nu-pieds, traduit jusqu’à présent en vingt-quatre langues étrangères, il faut mentionner des poètes profondément originaux, dont quelques-uns furent à l‘origine adeptes des idées d‘avant-garde et du surréalisme, mais tout en ayant une orientation politique de gauche : Eugen Jebeleanu, MariaBanus, Virgil Teodorescu, Geo Dumitrescu, Emil Giurgiuca.

Les années qui suivirent la libération ont v u apparaître un grand nombre d’écrivains qui ont établi un pont entre les traditions de la litté- rature roumaine classique et la littérature contemporaine : Eugen Barbu, Marin Preda, Titus Popovici, Laurentiu Fulga, Sut0 Andras, Fãnus Neagu, Dumitru Popescu, A. E. Baconski, Nina Cassian, Ion Brad, Mihu Dragomir, Vasile Niculescu, Alexandru Andritoiu, Aurel Rau, et, dans le domaine du théâtre, Horia Lovinescu, Paul Everac, Aurel Baranga, Alexandru Mirodan, Vasile Rebreanu, M. R. Iacoban, Corneliu Leu.

A u cours des années soixante, un grand essor s’est produit dans le domaine lyrique de la poésie. Nicolae Labis en est le symbole mais, à côté de ce météore si prématurément éteint, il y a d’autres personnalités telles que Nichita Stãnescu, Gheorghe Tomozei, Ion Alexandru, A n a Blandiana, Ion Gheorghe, Dumitru M. Ion, Adrian Pãunescu, Marin Sorescu, ainsi que des prosateurs c o m m e D. R. Popescu et Al. Ivasiuc.

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L a politique culturelle en Roumanie

Contribuant à mettre en œuvre le vaste programme d’instruction et d’éducation de l’lhat, l’édition, qui, en fin de compte, donne la physionomie d’une culture, a enregistré de remarquables progrès en Roumanie au cours du dernier quart de siècle. L’importante augmentation du nombre des lecteurs et l’élévation du niveau de leurs connaissances non seulement impliquent une diversification des activités d’édition, mais aussi un soin tout particulier apporté au contenu idéologique du message humaniste et à sa large diffusion parmi la population. Nous faisons nôtre la devise de l’Unesco : (( L e livre pour tous ».

C o m m e le montre la bibliographie des ouvrages parus, les objectifs poursuivis dans le domaine de l’édition sont les suivants : d’abord faci- liter la publication d’œuvres inédites, mettre en valeur les résultats des recherches faites dans tous les domaines et assurer la concordance entre le programme d’édition et les besoins de lecture et d’étude, toujours plus diversifiés, du lecteur contemporain ; mettre en valeur le patrimoine scien- tifique roumain ; stimuler la création littéraire, artistique et scientifique parmi les écrivains et savants des nationalités cohabitantes ; faire paraître des traductions de grandes œuvres et de travaux scientifiques appréciés sur le plan mondial ; publier des textes techniques, des livres destinés au perfectionnement et au recyclage des spécialistes, pour leur permettre de satisfaire les besoins du développement de l’économie nationale ; développer une littérature de vulgarisation scientifique ; répondre à la demande de toutes les catégories de lecteurs et, par le m o y e n de collections et de séries, obtenir une meilleure circulation de l’information ; améliorer la présen- tation des livres ; diffuser la culture et la science roumaines à l’étranger.

L a diversité et Ia richesse des activités de création et de recherche, c o m m e nous l’avons déjà souligné, ont imposé l’adoption de mesures des- tinées à donner à l’édition les moyens de suivre le rythme de l’évolution économique et culturelle.

D e nouvelles maisons d’édition ont été créées à Bucarest et dans les grands centres universitaires du pays : Jassy, Cluj, Timisoara, Craiova, et les organes de presse les plus importants - Scînteia, Scînteia tineretului, Elöre, Neuer Weg - commencent à avoir des activités d’édition.

Les auteurs de toute catégorie qui désirent éditer leurs œuvres à leurs frais peuvent s’adresser aux gditions Litera. I1 existe en Roumanie vingt- quatre maisons d‘édition, outre les offices d’édition auprès des ministères, instituts de recherche, établissements culturels, journaux, etc.

L e rythme actuel du développement de l’édition est caractéristique d’une culture en plein essor, où le livre n’est plus l’apanage d’une mino- rité, mais constitue la nourriture spirituelle d’un nombre impressionnant de lecteurs. On sait que, si le nombre de titres indique la multiplicité des disciplines et des thèmes abordés et la capacité de création originale ou d’assimilation, par le moyen des traductions, des valeurs universelles, en revanche le tirage donne des indications sur la diffusion du livre. Or le nombre des exemplaires publiés chaque année par les maisons d’édition de

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La politique culturelle en Roumanie

I Roumanie augmente constamment. Tandis que, dans la période 1944-1948, la moyenne des titres publiés annuellement ne dépassait pas 1 400 et le tirage 3 300 O00 exemplaires, dans la période 1961-1966, la moyenne s’est élevée à plus de 3 O00 titres par an et le tirage à 6 millions d’exemplaires environ. Les chiffres enregistrés dans la période 1966-1973 montrent d’une manière encore plus convaincante la dynamique de cette évolution : 3 880 titres par an et 7 millions d’exemplaires. Dans la période 1944-1973, plus de 140 O00 titres ont paru, avec un tirage de presque 1 592 O00 O00 d’exem- plaires. En 1970, dernière année du dernier plan quinquennal, on a publié quatre livres par habitant, ce qui situe la Roumanie parmi les pays les plus avancés pour la production de livres.

Entre 1961 et 1973 plus de 45 O00 titres ont paru, avec un tirage global de 862 millions d’exemplaires. En 1973, on a enregistré, seulement dans le secteur éditorial, 4 200 titres avec un tirage global de plus de 72 millions d’exemplaires (à peu près 13 millions de plus qu’en 19701, sans compter la production extra-éditoriale.

Une place importante est occupée par la littérature sociale et poli- tique, qui a totalisé, dans Ia période 1966-1973, 1876 titres, avec un tirage de 40 418 O00 exemplaires. En 1973 seulement, ce genre de littérature a représenté 285 titres, et plus de 4 millions d’exemplaires. La publication d’ouvrages d’histoire, de philosophie, de sociologie, de logique a connu, elle aussi, ces dernières années, un développement rapide. Les ouvrages consa- crés à l’histoire contemporaine occupent une place très importante dans le secteur de l’édition.

Dans les domaines des sciences de la nature, de la technologie, des sciences agricoles et médicales, les maisons d’édition font paraître des ouvrages de caractère pratique et théorique qui représentent la contribution roumaine au développement de la science mondiale, des livres destinés à permettre aux travailleurs des différentes branches de se qualifier, aux cadres supérieurs de perfectionner leurs connaissances et de se tenir au courant des nouveautés dans leur domaine de spécialisation.

En ce qui concerne les ouvrages de référence et d’information, ce sont les ouvrages consacrés à l’histoire des différentes sciences et les diction- naires qui se situent au premier plan. Pour les élèves, les étudiants et les enseignants, on a imprimé, dans la période 1949-1973, 17 O00 manuels sco- laires, cours universitaires, ouvrages pédagogiques (soit au total 46 mil- lions d’exemplaires environ), etc. Si l’on compare ces chiffres à ceux de

tance croissante des ouvrages de référence et d’information. La publication d’ouvrages de littérature proprement dits enregistre

chaque année une progression spectaculaire. Entre 1949 et 1973, elle a représenté 19 288 titres (à peu près 457 millions d’exemplaires). La réor- ganisation du système d’édition en 1969, la diversification des maisons d’édition, la création de maisons d’édition spécialisées, toutes ces mesures ont provoqué une augmentation du nombre et de la variété des publications.

I I I

I

I

I l’année 1973 (954 titres et 26 818 O00 exemplaires), on remarque I’impor-

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~ I La politique culturelle en Roumanie

En 1970, dans le domaine des écrits littéraires, on a édité plus de 1300 titres, avec un tirage total de plus de 28 millions d’exemplaires. En 1973, le nombre des titres a atteint 1 444. L a littérature contemporaine marque d’importants progrès d’une année à l’autre. En 1970, première année d’activité des maisons d’édition nouvellement fondées, on a publié 537 livres - prose, poésie, théâtre, histoire et théorie littéraire - avec un tirage de 4 miIlions d’exemplaires.

Dans le cadre d’un plan à longue échéance, une action a été entreprise en vue de mettre en valeur l’héritage littéraire roumain par la publication systématique de séries d’œuvres accompagnées de notes critiques ou dans des éditions distinctes de niveaux divers.

Les livres pour la jeunesse et pour les enfants ont enregistré d’importants succès, non seulement sous le rapport quantitatif, mais aussi et sur- tout du point de vue de l’élargissement des centres d’intérêt, d’une orien- tation plus nette vers la littérature d’information et d’éducation morale, et vers l’applicati011 de nouvelles formules, plus adéquates, de présen- tation graphique et artistique. En 1973, les maisons d’édition spécialisées Albatros et Ion Creangã ont publié, à elles seules, 311 titres, avec plus de 9 273 O00 exemplaires.

En 1974, il est prévu d’accorder la priorité à la littérature contempo- raine : plus de 73 % des titres sont dus à des écrivains de notre siècle. Parallèlement, les rééditions diminueront sensiblement, représentant à peine 2,5 % du total des titres alors qu’en 1973 elles ont représenté 17 yo du total.

Les maisons d’édition roumaines ont traduit et publié, dans les années 1944-1973, des œuvres de tous les genres, appartenant à plus de 70 littératures étrangères, à savoir 15 O00 titres environ, avec un tirage de plus de 246 millions d’exemplaires.

Par rapport à l’année 1973, les projets des maisons d’édition qui publient des traductions sont plus rationnels pour 1974, dans la mesure où ils

avec leurs œuvres les plus représentatives, et où l’on évitera d’éditer des ouvrages qui ne correspondent pas à nos exigences idéologiques et artistiques.

Outre le critère de la valeur, Ia sélection des œuvres de la littérature universelle a été faite en fonction de l’intérêt porté aux créations pro- gressistes du monde entier. C’est ainsi que pour comprendre, d’une manière plus équilibrée, toutes les zones géographiques, les projets de publication pour l’année 1974 ont pris en considération certaines littératures des pays arabes et africains, des pays scandinaves, asiatiques, et de l’Amérique latine.

Une attention particulière est accordée au livre d’art. Dans les années 1960-1969, le livre d’art a été représenté par 1794 titres. En 1970, on a publié 116 ouvrages sur les arts plastiques en Roumanie et dans le monde (1 103 O00 exemplaires) et, en 1971, plus de 187 titres (804 O00 exem- plaires). La simple comparaison des chiffres est éloquente.

Les efforts faits par i’etat roumain pour stimuler et mettre en valeur la culture des nationalités cohabitantes se sont traduits par de remarquables

I comportent un plus grand nombre d’écrivains contemporains, qui y figurent

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La politique cuIturelIe en Roumanie

succès dans le domaine du livre. Au cours des années 1966-1973, on a édité 4 752 titres (soit plus de 26 millions d’exemplaires) en hongrois, en alle- mand, en serbo-croate, en ukrainien et dans d’autres langues encore. En 1973, 640 titres rédigés dans les langues des nationalités cohabitantes ont paru, avec un tirage de 4026000 exemplaires. En 1973, la maison d’édition Kriterion a publié, à elle seule, 166 titres, avec plus d’un million d’exemplaires.

L a culture roumaine s’affirme de plus en plus au-delà des frontières. Un grand nombre d’ouvrages scientifiques roumains sont publiés par de grandes maisons d’édition étrangères. D e même, les œuvres les plus repré- sentatives de la littérature classique et contemporaine sont traduites dans

traduits dans plus de 60 langues, ont paru à l’étranger. Des livres rou- mains traduits en langues étrangères et des livres sur la Roumanie ont été imprimés, ces dernières années, par 170 maisons d’édition de plus de 80 pays. Plus de 22 O00 bibliothèques, 1 500 librairies situées dans les villes et les villages, 6 700 magasins et coopératives, environ 13 O00 propagateurs des livres dans les entreprises, dans les institutions et dans les villages aident les lecteurs à se procurer les livres dont ils ont besoin.

En 1973, on a vendu dans les villes et les villages 12 fois plus de livres qu’en 1952. Durant la seule période quinquennale 1966-1970, la valeur des livres achetés par les lecteurs a de beaucoup dépassé le milliard de lei. Chaque année, des manifestations sont organisées pour informer les lecteurs et pour les mettre en contact avec les auteurs et les maisons d’édition : ce sont Le mois du livre dans les villages », (( L a décade du livre roumain D, le (( Salon national du livre ». Une attention toute particulière a été accordée à l’Année internationale du livre, le Comité national d’organisation pré- voyant plus de 40 actions à caractère national.

Le but final de l’activité d’édition est, sans doute, de répondre aux besoins d’information, de documentation et de lecture de toutes les caté- gories de lecteurs. Pour satisfaire ces besoins et pour assurer une meilleure circulation du livre, les maisons d’édition s’efforcent de systématiser la production de grandes collections, de séries ou d’éditions spéciales, et de situer les ouvrages dans le contexte de quelques ensembles thématiques.

Dans le domaine des sciences sociales, les collections et séries suivantes se sont imposées au cours des années : (( Idées contemporaines », Biblio- thèque de philosophie et de sociologie », (( Bibliothèque de l’organisation et de la direction scientifiques », (( Synthèses sociologiques », Peuples, cultures, civilisations D, a Bibliothèque historique ». Tout naturellement, la première place revient - surtout du point de vue des tirages - aux collections des- tinées aux masses. L a plus ancienne et la plus populaire des collections roumaines - (( L a bibliothèque pour tous )) - dans laquelle on publie de la littérature roumaine et universelle, a connu une diffusion sans précédent : 55 millions d’exemplaires pendant vingt ans (1950-1970). Destinée aux élèves, la collection (( Lyceum n, au profil assez complexe, connaît chaque

I

I de nombreux pays. Au cours des vingt dernières années, 1759 ouvrages,

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La politique culturelle en Roumanie

année des succès confirmés par les demandes, toujours plus nombreuses, de réédition. D e m ê m e que (( L a bibliothèque pour tous n, et la collection (( Lyceum », u L a bibliothèque Eminescou )) a été créée pour satisfaire les besoins de tous ceux qui étudient la littérature roumaine et elle s’est imposée dès le commencement par une rigoureuse sélection. Toujours aux écoliers sont destinées les collections Bibliothèque pour tous les enfants )) et (( M a première bibliothèque N. Destinée à mettre en circulation les œuvres les plus représentatives de la littérature universelle contemporaine, la col- lection (( L e roman du xxe siècle )) jouit d’une grande faveur parmi les lecteur s.

I1 existe aussi de nombreuses collections et séries d’ouvrages traitant de critique et d’histoire littéraires : (( Universitas », (c M oments et synthèses », (( Introduction à l’œuvre de ... », (( Rencontres n, Histoire des littératures )) (ont paru, jusqu’à présent, les histoires de la littérature grecque, latine, française, espagnole, allemande, anglaise, etc.).

Pour les jeunes, à qui l’on veut donner une vaste culture moderne, il existe des collections et séries spécifiques : u H o m m e s illustres D, (( Les auda- cieux », (( Cogito D, (( Les colloques de l’adolescence », (( L a mémoire de la terre roumaine )I, etc.

Plus de 20 collections et séries paraissent en hongrois et en allemand (K Horizon », Teka », (( Les écrivains hongrois de Roumanie D, (( Écrivains roumains I), (( L a bibliothèque Kriterion », L e livre de vacances », (( L a bibliothèque des écoliers », etc.).

Les maisons d’édition, la Centrale du livre et la Direction littéraire édi- toriale du Conseil de la culture et de l’éducation socialistes ont mis en chantier des études destinées à déterminer l’évolution du livre à l’avenir, les genres de littérature à promouvoir, les types d’édition nécessaires, etc.

Dialogue »,

Publications culturelles et artistiques

Les publications culturelles et artistiques constituent un puissant instru- ment de mise en valeur de la culture et de stimulation des activités de création. Les périodiques culturels ont une longue tradition en Roumanie.

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La politique culturelle en Roumanie

Ils ont joué un rôle important dans l’édification culturelle de la Roumanie moderne, en suivant de près les grandes phases de la lutte pour la libération nationale et sociale du peuple roumain : le plus ancien, la Biblioteca Romû- neascã [Bibliothèque roumaine], date de 1821, année de la création du mou- vement révolutionnaire dirigé par Tudor Vladimirescu. Les luttes sociales qui ont marqué la révolution de 1848 ont renforcé leur influence. C’est ainsi qu’en plus du journal Curierul Românesc [Le courrier roumain] l’homme de mérite que fut Ion Heliade-Rãdulescu rédigeait également un Curier de ambe sexe [Courrier des deux sexes], qui se proposait surtout de faire connaître les écrivains nationaux et les traductions d’œuvres étrangères. En Moldavie, il y avait la Dacia Ziterarü [Dacie littéraire] (1840), liée au nom du grand homme politique Mihail Kogãlniceanu, et Romania Literarü [La Roumanie littéraire] (1855), rédigée par le célèbre poète Vasile Alecsandri ; en Transylvanie, Foaiepentru minte, inimä ,ri literaturd [Feuille pour l’esprit, pour le cœur et pour la littérature] était dirigée par Gheorghe Baritiu. Après l’Union de 1859, parut la prestigieuse Revista romûnä [Revue roumaine] (1861-1863) et, à partir de 1867, Convorbiri literare [Entretiens littéraires] qui ont énoncé toutes deux les principes de l’esthétique littéraire rou- maine élaborés par Titu Maiorescu, et où l’on trouve des poésies de Mihail Eminescu, des pièces de Caragiale, des textes de Creangã, de Slavici, de Duiliu Zamfirescu. L a revue Contemporanul [Le contemporain] (1881), dont le directeur fut le critique Constantin Dobrogeanu-Gherea, est liée aux débuts du mouvement ouvrier en Roumanie.

Les publications culturelles de l’entre-deux-guerres se caractérisent par une grande diversité, en particulier Viafa Româneascã [La vie roumaine], dirigée par le critique littéraire Garabet Ibrãileanu, Sburütorul, liée au n o m d’Eugène Lovinescu, et Adevürul literar Fi artistic [La vérité littéraire et artistique], dirigée par George Cãlinescu. I1 est à remarquer que beaucoup de revues culturelles de grand prestige qui paraissent aujourd’hui en Roumanie sont les héritières d’une longue tradition qui remonte - avec des interruptions quelquefois assez importantes, naturellement - jusque vers le milieu du siècle passé ou au début du siècle actuel : La Roumanie littéraire (1855), Familia [La Famille] (1866), Entretiens littéraires (1867), Albina [L’abeille] (1897), Luceafärul [L’étoile du matin] (1902), Viata Romûneascä [La vie roumaine] (1906), etc. L a plupart de ces revues se sont toujours intéressées aux grands problèmes culturels, esthétiques et sociaux du moment. De nombreuses revues culturelles ont été créées après 1944 pour

répondre à la diversification croissante des activités culturelles. A cet égard, on peut citer la revue Secolul XX [Le X X ~ siècle], qui vise à populariser en Roumanie la littérature universelle contemporaine. D e même, un rôle de plus en plus important est joué par les revues culturelles des districts. Leur nombre augmente sans cesse et elles contribuent puissamment à l’épanouis- sement de la vie culturelle locale. Elles combinent d’une manière harmo- nieuse leurs deux fonctions : refléter la vie culturelle locale en découvrant

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La politique culturelle en Roumanie

et en aidant les jeunes talents et participer à la vie culturelle du pays en faisant mieux connaître la littérature et l’art du monde entier.

Vingt-sept des publications culturelles et artistiques qui paraissent en Roumanie dépendent du Conseil de la culture et de l’éducation socialistes, 16 des unions de création et 10 des comités de culture et d‘éducation socia- listes des districts. Toutes reflètent la volonté d’équilibre de la politique culturelle de l’État roumain, qui s’efforce de stimuler la littérature en langue roumaine et dans les langues des nationalités cohabitantes. A côté des publications culturelles et artistiques en langue roumaine, on trouve en effet 7 publications culturelles et littéraires en langue hongroise, 2 en langue allemande et une en langue serbe.

Les revues culturelles peuvent être rangées dans les catégories ci- après : revues culturelles de caractère général, jouant un rôle extrêmement important dans la diffusion de la science et de la culture (Contemporanul, Flacira [La flamme], Veac Nou [Nouveau siècle], revues culturelles des districts) ; revues culturelles spécialisées (Cinéma, s u le cinéma roumain, Indrumitorul cultural [Le guide culturel], sur les activités des maisons de la culture, des foyers culturels, des universités populaires, Revista muzeelor [La revue des musées], etc.) ; revues ayant pour but de stimuler la création littéraire et artistique (Romania literari, Luceafirul, Viata Româneasci, Teatru, Conuorbiri literare, Muzica, Steaua [L’étoile], Arta [L’art], etc.).

L a littérature universelle contemporaine occupe une place également importante dans les revues roumaines, et surtout dans Secolul XX [Le X X ~ siècle], qui publie intégralement ou partiellement des auteurs contem- porains dont les œuvres ont acquis une grande popularité internationale. Mais, en dehors de Secolul XX, revue comparable aux publications simi- laires les plus modernes du m o n d e par la sélection des ouvrages, la qualité des textes, la présentation graphique et la critique, la littérature universelle contemporaine est amplement publiée dans les revues Luceafirul, Familia (Oradea) [La famille], Romania Literari (Bucarest), Orizont (Timisoara), etc. En réalité, il n’est pas un seul événement littéraire ou culturel important dont le public épris de littérature et d’art en Roumanie ne soit informé par les publications culturelles et artistiques.

Les revues sont subventionnées par l’fitat. Elles sont appelées à jouer un rôle important dans le développement de toutes les activités culturelles en découvrant et en stimulant les talents, en organisant des débats théo- riques, en exprimant les exigences de l’opinion publique en ce qui concerne l’épanouissement de la culture, le perfectionnement de la méthodologie du travail culturel, le développement du goût pour le beau parmi les masses des travailleurs.

I1 convient de remarquer que les quotidiens jouent un rôle également important dans la popularisation de la science et de la culture. Dans beau- coup de districts du pays les journaux locaux font paraître des suppléments culturels et littéraires particulièrement intéressants.

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La politique culturelle en Roumanie

L a création culturelle et artistique trouve également des moyens de s’exprimer grâce aux nombreuses revues d’étudiants et d’écoliers, aux col-

I lections des cercles et des cénacles littéraires et artistiques, etc.

PUBLICATIONS EDITEES PAR LE CONSEIL DE LA CULTURE ET DE L’ÉDUCATION SOCIALISTES

Tirage moyen par numiro

En roumain

Contemporanul [Le contemporain], hebdomadaire Tribuna [La tribune], hebdomadaire Albina [L’Abeille], hebdomadaire Flacára [La flamme], hebdomadaire, et Almanah Flaccira [L’almanach (( Flamme D] Veac Nou [Nouveau siècle], hebdomadaire Teatru [Théâtre], mensuel Cinema [Cinéma], mensuel, et Almanah Cinema [L’almanach du (( Cinéma D] Revista muzeelor [La revue des musées], mensuel Revista bibliotecilor [La revue des bibliothèques], mensuel jndzumätorul cultural [Le guide culturel], mensuel Cár#i noi [Nouveaux livres], mensuel Urzica [L’ortie], bimensuel Bibliografia RSR (seriile cãrfi, presá, note muzicale) [Bibliographie de la RSR (séries livres, presse, notes musicales)], bimensuel Manuscriptum (Cãrli românesti), trimestriel Livres roumains (in limbile : francezã, ru&, germanã, englezä) [dans les langues allemande, anglaise, française, russe], trimestriel Buletinul historiques n], trimestriel Poligrafia [Poligraphie], trimestriel

Monumente istorice 1) [Bulletin (( Monuments

En hongrois

A Hét, hebdomadaire Uj Elet, bimensuel Korunk, mensuel, et annuaire (( Korunk D Miivelödes (Indrumátorul cultural) [Le guide culturel], mensuel Köyvtari Szemle [Revue des bibliothèques], trimestriel

En allemand

Volk und Kultur [Peuple et culture], mensuel

En arménien

Nor Ghiank, hebdomadaire

1971

53 O00 8 200 52 O00

145 O00 40 O00 4 O00

196 400 3 O00 8 100 11 900 100 140 145 300

2 040 8 O00

8 O00

2 100 -

12 100 23 O00 4 700

2 900 880

1050

2 200

1913

55 198 8 353 45 758

134 938 41 O00 3 355

166 330 2 970 8 715 11 587 100 140 143 597

3 420 8 000

8 O00

3 O00 2 923

12 195 22 556 3 765

2 731 1100

1030

2 262

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La politique culturelle en Roumanie

Tirage moyen par numiro

1971 I973

Publications pour l’étranger

Revista romaná [La revue roumaine], trimestriel En allemand En anglais En français En russe

En russe En allemand En anglais En espagnol En français En chinois Supplément littéraire mensuel en russe

Romania azi [La Roumanie d’aujourd’hui], mensuel

Cahiers roumains d’études littéraires - 1973 (qui publient également des études rédigées dans d’autres langues de grande diffusion)

REVUES DES UNIONS DE CREATION

Union dea écrivains

Romania Ziterará [La Roumanie littéraire], hebdomadaire Luceafárul, hebdomadaire Viaja Romhneascá [La vie roumaine], mensuel Secobl XX [Le X X ~ siècle], mensuel Steaua-CZuj [L’étoile], bimensuel Orizont (Timisoara) [Horizon], hebdomadaire Convorbiri Ziterare (Iasi) [Entretiens littéraires (Jassy)], bimensuel Utunk (Cluj), hebdomadaire Igaz Szo (Tg. Mures), mensuel Neue Literatur, mensuel Knijevn Jivot (Timiyoara), semestriel Almanah U.S. [L’almanach de l’Union des écrivains] Almanah Utunk

Union dea compositeurs

Muzica [La musique], mensuel

Union dea artiatea plaatiquea

L’Arta [L’art], mensuel

L’architecture, mensuel

915 1170 1260 1400

52 O00 6 600 5 700 8 270 10 O00 5 O00 -

25 O00 9 O00 4 O00 11 O00 3 100 1600

2 200

4 O00

Union des architectes

1700 10 280 2 400 2 100

45 O00 11 100

-

3 200

837 1130 1235 140R

51 O00 6 495 3 694 7 636 10 584 5 082 2 109

26 O00 9 411 2 888

11 056 2 987 5 952

2 607 10 508 2 135 3 778 1500 45 O00 11 100

2 141

4 O00

3 391

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La politique culturelle en Roumanie

Tirage moyen par numéro

1971 1973

Union des associations des étudiants communietes de Roumanie

Amfiteatru [Amphithéâtre], mensuel 7 500 7 500

REVUES CULTURELLES APPARTENANT A U X COMITES DE CULTURE ET D’ÉDUCATION SOCIALISTES DES DISTRICTS

Sáptámina (Bucarest) [La semaine], hebdomadaire Cronica (Iasi) [La Chronique (Jassy)], hebdomadaire Argey (Pitesti), mensuel Astra (Brasov), mensuel Athénée (Bach), mensuel Familia (Oradea) [La famille], mensuel Ramuri (Craïova) [Rameaux], mensuel Tomis (Constanta), mensuel Vatra (Tg. Mures) [Le Foyer], mensuel Transilvania (Sibiu), mensuel

75 O00 5 O00 6 500 5 200 6 O00 4 800 5 500 5 500 6 800 -

75 O00 6 396 4 288 5 002 4 208 6 138 4 866 2 785 4 509 5 200

Le théâtre

L’histoire du théâtre roumain écrit - quoique relativement courte par rapport à celle du théâtre universel - témoigne des efforts constants des serviteurs de cet art pour soumettre à l’attention du public les plus nobles modèles moraux et les problèmes essentiels de la vie sociale. Depuis la fin de la guerre, la culture est considérée c o m m e un secteur important de la vie sociale, c o m m e un système complexe apte à modeler les consciences en vue de leur épanouissement. I1 est tout naturel que, dans le cadre de cette conception de la culture, le théâtre occupe une place importante et qu’il bénéficie d’un intérêt tout particulier et d’une aide matérielle et morale permanente de l’gtat.

L e théâtre roumain écrit prend racine dans le théâtre populaire tel qu’il est apparu à la fin du XVIII~ siècle et au commencement du XIX~, théâtre I

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qui est lui-même le fruit d’un long processus d’évolution d’un art populaire plus ancien. Parmi les formes de spectacle qui ont caractérisé les débuts du théâtre roumain et qui expriment son fond populaire - il convient de citer avant tout les représentations de marionnettes, toujours très appré- ciées. Ce sont ces manifestations embryonnaires qui ont rendu possible l’apparition de notre premier grand auteur de théâtre roumain, Vasile Alecsandri. Bogdan Petriceicu Hasdeu, Ion Luca Caragiale, AI. Davilla, Barbu Stefãnescu-Delavrancea ont également été des pionniers dans ce domaine. Pour la période d’entre les deux guerres, nous citerons G. M . Zamfirescu, M . Sebastian, Camil Petrescu, Mihail Sorbul, Victor Eftimiu, Lucian Blaga, etc.

Toutefois le théâtre a connu son principal essor pendant le dernier quart de siècle, car l’art du spectacle - qui reposait exclusivement sur des initia- tives particulières - s’est alors établi sur des bases rationnelles, grâce au soutien matériel de l’État. Une pléiade d’écrivains de grande valeur - entre autres Horia Lovinescu, Aure1 Baranga, Paul Everac, Titus Popovici, Al. Mirodan, Marin Sorescu, Dumitru Radu Popescu, Ion Bãiep - ont créé de remarquables œuvres dramatiques, inspirées par la vie du peuple roumain et par l’humanisme le plus élevé. A côté des auteurs, il faut citer les metteurs en scène Horea Popescu, Liviu Ciulei, Dinu Cernescu, Lucian Giurchescu, I. Taub, G. Harag, Ion Cojar, David Esrig, et, dans le théâtre de marionnettes, Margareta Niculescu et Florica Teodoru.

Les chiffres montrent abondamment les progrès accomplis au cours des vingt-cinq dernières années. Jusqu’en 1945, aucun théâtre de marionnettes n’était subventionné par l’État, alors qu’aujourd’hui 19 théâtres de marion- nettes ayant 24 troupes - théâtres dont certains comprennent deux sections, l’une parlant le roumain et l’autre une des langues des natio- nalités cohabitantes (le hongrois ou l’allemand) - donnent des spectacles. D e même, 16 théâtres seulement fonctionnaient en permanence dans la Roumanie d’avant guerre (parmi lesquels un petit nombre seulement était subventionné par l’État) tandis qu’actuellement le réseau se compose de 43 établissements avec une activité permanente et répartis d’une manière rationnelle sur tout le territoire du pays. Ce rapide développement est le résultat naturel de la politique culturelle de l’État, qui vise à satisfaire les besoins culturels des masses. En outre l’État a adopté une série de mesures destinées à assurer au théâtre une audience de plus en plus nombreuse, augmentant ainsi son influence morale. Ajoutons à cela que le prix des billets est très accessible, que, dans les villes où il n’y a pas de théâtre, les maisons de la culture ont une activité théâtrale permanente, que des tournées sont organisées dans les milieux ruraux et dans les centres ouvriers, que la radio et la télévision organisent des émissions théâtrales, etc. Les nationalités cohabitantes ne sont pas non plus privées de théâtre : sur 43 théâtres, 6 sont réservés aux spectacles en langue hongroise, 2 aux spectacles en allemand et un aux spectacles en yiddish.

On ne saurait omettre ici les 14 théâtres populaires qui, bien qu’ils

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doivent subvenir à leurs propres dépenses et qu’ils emploient des troupes d’amateurs non rémunérés, ont cependant une activité permanente et pré- sentent parfois des pièces quelquefois empruntées au répertoire des théâtres professionnels. L’intérêt des Roumains pour le théâtre est mis en évidence également par l’existence de nombreuses formations de comédiens amateurs dans les maisons de la culture, les clubs des usines ou les foyers culturels. Des cours spéciaux de mise en scène et d’interprétation sont organisés pour les membres de ces formations dans les écoles populaires d’art. Naturelle- ment, les frais entraînés par la création des théâtres populaires ou des troupes d’amateurs et par l’instruction de leurs membres sont également

Chaque année, l’État alloue d’importantes sommes aux établissements de spectacle. C’est ainsi qu’en 1972 les subventions accordées par l’fitat aux institutions théâtrales et musicales se sont élevées à 293 millions de lei environ. Pour former les cadres - comédiens, metteurs en scène, chroni- queurs dramatiques, secrétaires littéraires - un institut d’enseignement artistique supérieur fonctionne à Bucarest, ainsi qu’une classe de scéno- graphie à l’Institut d’art plastique de Ia capitale. En outre, un institut supérieur où le hongrois est la langue d’enseignement existe à Tg. Mures et l’Institut d’enseignement artistique supérieur de Bucarest a une classe où l’enseignement est donné en allemand. Des échanges avec les instituts simi- laires de l’étranger donnent aux étudiants la possibilité de se renseigner sur le théâtre dans les autres pays, et aussi de faire connaître au-delà de nos frontières leurs propres réalisations. Ceux qui ont suivi les cours d’un ins- titut supérieur de théâtre sont tout de suite répartis dans le pays par des commissions gouvernementales.

Les comédiens liés par contrat à un établissement peuvent jouer dans

de ce contrat, à condition, naturellement, que leurs activités ne nuisent pas à l’établissement avec lequel ils ont passé contrat.

Les metteurs en scène jouissent d’une égale liberté. Leurs obligations vis-à-vis des théâtres où ils sont engagés leur laissent le loisir nécessaire à la conception, ainsi que la possibilité de monter des spectacles dans d’autres théâtres du pays ou de l’étranger.

Un vaste programme de recyclage donne aux professionnels du théâtre la possibilité de suivre diverses formes d’enseignement postuniversitaire, en les libérant provisoirement de leurs fonctions mais en continuant de leur verser leur salaire intégral. Ces études sont destinées à leur permettre de se perfectionner, à les renseigner sur les succès récents et sur les méthodes et tendances de l’art du spectacle en Roumanie ou ailleurs. Le Conseil de la culture et de l’éducation socialistes prend à sa charge les frais de déplace- ment pour assister aux réunions, aux cours, etc., ainsi que la rémunération des enseignants, étrangers et roumains.

L’État encourage et aide matériellement les théâtres à créer des ateliers conçus comme des scènes ouvertes à l’expérimentation - dans le sens le

I supportés par l’État.

, d‘autres théâtres ou dans des films ou encore à la télévision pendant la durée I

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plus ample du terme, c’est-à-dire à la mise en scène d’œuvres originales ou représentatives des tendances du théâtre universel contemporain, et à la recherche de nouvelles formules de spectacle. Ces ateliers servent également à établir des rapports plus directs avec le public, dont la faveur détermine souvent le passage au théâtre de certains spectacles présentés en atelier. Un lien permanent et fécond est également réalisé grâce à des contacts orga- nisés avec les écoles, les organisations de masse, les entreprises et institu- tions, grâce aux saisons d’été, ainsi que par la méthode des abonnements aux premières, qui a donné de bons résultats. L e résultat de toutes ces mesures est qu’un public de plus en plus nombreux et intéressé afflue dans les théâtres : 12 500 O00 spectateurs en 1973 contre 1 577 O00 en 1938.

Pour chaque saison théâtrale, les directeurs, les metteurs en scène et les secrétaires littéraires soumettent des programmes de représentations aux comités d’employés, dont l’existence m ê m e montre le caractère profondé- ment démocratique de la vie théâtrale en Roumanie. Les programmes sont discutés et approuvés ensuite par les organes locaux et centraux du pouvoir d’fitat. Outre le programme de chaque saison, les théâtres se préoccupent continuellement d’élaborer leur répertoire futur, et celui-ci doit traduire l’apport spécifique de chaque théâtre à la vie théâtrale du pays.

L e théâtre des pays socialistes est richement représenté sur les scènes roumaines, à commencer par les classiques - Tolstoï, Gogol, Tchékov, Ostrovski, Maxime Gorki, M. Kalman, M. Zsigmond, Jokay Mor, Katona Jozsef, Madach Imre, B. Nusici - et jusqu’aux auteurs dramatiques contemporains, tels A. Arbuzov, V. Axionov, V. Kataev, L. Kruczkorosev, Jan Otcenasek, K. Capek, Bertolt Brecht, Gyarfas Miklos, Nemeth Laszlo et d’autres encore.

Les m ê m e s critères - recherche des valeurs artistiques et humaines authentiques et volonté de renseigner le public roumain sur les tendances actuelles du théâtre universel - président à la sélection opérée dans les œuvres occidentales. L e théâtre classique est constamment représenté sur les scènes roumaines, avec les classiques grecs et latins, Shakespeare, les néo-classiques et les romantiques. Des auteurs célèbres c o m m e H. Pinter, J. Osborne, J. Kilty, N. St. Grey, Fr. Dürrenmatt, M a x Frisch, J. Anouilh, A. Camus, E. Ionesco, P. Weiss, Ed. de Filippo, F. Garcia Lorca, E. O’Neill, Thornton Wilder, Tennessee Williams, A. Miller, W. Saroyan, E. Albee offrent au public roumain une vision d’ensemble du théâtre occidental contemporain. Dans un incessant effort pour promouvoir la création origi- nale et diffuser les œuvres classiques et contemporaines du m o n d e entier, les théâtres roumains présentent chaque année de 30 à 40 premières, dont une vingtaine de premières nationales.

Les œuvres originales écrites dans les langues des nationalités cohabi- tantes jouissent du m ê m e régime de protection et d’encouragement.

L e Conseil de la culture et de l’éducation socialistes et l’Union des écri- vains défendent de multiples manières les droits matériels et moraux des auteurs dramatiques, en faisant l’acquisition de leurs œuvres, en imprimant

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ou en faisant représenter leurs ouvrages, en organisant des concours, en décernant des prix, etc.

Les activités théâtrales sont coordonnées par la Direction des établis- sements de spectacles artistiques et des arts plastiques du Conseil de la culture et de l’éducation socialistes, qui assure l’orientation professionnelle et idéologique de tous les secteurs de la culture. Collaborant avec l’Asso- ciation des membres d’institutions théâtrales et musicales (ATM), dont les membres sont d’éminents artistes, des théoriciens et des publicistes, le Conseil de la culture et de l’éducation socialistes organise des échanges d’expériences - à l’intérieur du pays ou sur le plan international - des débats annuels sur l’évolution de part du spectacle dans notre pays, etc. L’Agence roumaine d’impresarios artistiques (ARIA) organise des échanges de troupes dans le cadre des accords culturels conclus avec un grand nombre d’atats.

La musique

Depuis un certain nombre d’années la vie musicale connaît un essor sans précédent, comme le prouvent le vaste réseau d’institutions musicales - orchestres symphoniques, théâtres lyriques et de ballet, théâtres d’opé- rette, théâtres de variétés, conservatoires, etc. - ainsi que l’ample mouve- ment d’amateurs et la présence de plus en plus fréquente d’œuvres et d’interprètes roumains dans les grands centres musicaux du monde.

La musique populaire roumaine, on le sait, se caractérise par une grande variété de mélodies et de rythmes et par la puissance expressive. Par suite des circonstances historiques peu favorables les tentatives de mettre en valeur le folklore en le transcrivant sont restées disparates, anonymes, et peu spectaculaires. Au XIX~ siècle, cependant, les conditions sociales et historiques se prêtèrent à la fondation d‘une (( école nationale )) qui a cherché à mettre en valeur la musique populaire. Quelques artistes se sont illustrés clans cette recherche : Alexandru Flechtenmacher et Eduard Caudella, Gheorghe Dima et Gavril Musicescu, George Ctephãnescu, Ciprian Porumbescu, etc. Le mérite de synthétiser les plus précieux résultats

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de cette quête devrait revenir à George Enesco, musicien polyvalent - compositeur, virtuose du violon, pianiste et chef d’orchestre - qui fut un infatigable animateur de la vie musicale roumaine.

Si la vie musicale, entre les deux guerres, s’est plus ou moins limitée à des initiatives privées enthousiastes mais sporadiques, elle a pris un élan inouï au cours des dernières décennies, grâce à la politique rationnelle mise en œuvre par l’État. Avant la guerre, il n’y avait en Roumanie que deux orchestres symphoniques (tous deux dans la capitale) et deux à Bucarest et à Cluj. A présent, il y a 15 sociétés philharmoniques et orchestres sym- phoniques, 5 théâtres lyriques et de ballet, 4 théâtres ayant un réper- toire composé d’opéras, de ballets et d’opérettes, un théâtre d’opérette et 9 théâtres de variétés. Pour stimuler le chant choral et le chant et la danse folkloriques, 43 ensembles et formations artistiques ont été fondés. I1 convient de mentionner que la Radio-Télévision et six sociétés philhar- moniques disposent d’importantes chorales. Toutes les institutions musi- cales énumérées ci-dessus sont financées sur le budget de l’État, qui leur alloue chaque année 293 millions de lei environ.

Une série de mesures ont été prises pour assurer le développement des institutions et de la vie musicale : tarifs réduits, concerts spéciaux (avec des programmes très populaires), concerts-leçons pour les élèves et les étu- diants, déplacements des orchestres dans le milieu rural et dans les grands centres ouvriers. A cela s’ajoute l’importante activité d’éducation musicale de la radio et de la télévision. On peut affirmer que la musique trouve aujourd‘hui en Roumanie un nouveau public, généreux et exigeant, qui a pris l’habitude de fréquenter assidûment les salles de concerts et les théâtres musicaux. Le répertoire des établissements de musique comporte les meil- leures œuvres des compositeurs roumains et du monde entier, classiques ou modernes.

On accorde une grande attention aux œuvres originales. Chaque pro- gramme de concert de musique symphonique ou de musique de chambre comprend au moins une œuvre roumaine, si bien qu’en une seule saison il se crée quelque 500 à 600 œuvres nouvelles.

Perpétuant une tradition riche en noms prestigieux, les interprètes rou- mains confèrent à la vie musicale un niveau élevé. Des solistes tels que Ion Voicu, Valentin Gheorghiu, Radu Aldulescu, Stefan Ruha ; des chanteurs d’opéra comme Nicolae Herlea, Elena Cernei, Ludovic Spiess ; des chefs d’orchestre comme Mircea Basarab, Iosif Conta, Ion Baciu, Mircea Cristescu, Mihai Brediceanu, Emd Simon ; des danseuses étoiles telles que Magdalena Popa et Ileana Iliescu, ainsi que beaucoup d’autres interprètes se sont depuis longtemps imposés sur le plan international. La chorale Madrigal, dirigée par Marin Constantin, est très appréciée dans le pays et à l’étranger. Toutes ces catégories d‘artistes font partie du personnel des établissements de musique et sont salariés. Les étudiants les plus doués des instituts d’enseignement artistique participent aux saisons de concert avant de finir leurs études.

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Trois conservatoires (instituts d’enseignement supérieur) et des collèges d’enseignement musical (où les élèves reçoivent, outre les fondements de leur future profession artistique, le m ê m e enseignement général que celui donné dans les écoles et lycées d’enseignement général) préparent les futurs musiciens.

Les soins dont sont entourés les jeunes musiciens ne cessent pas une fois qu’ils entrent dans la vie professionnelle. Ceux qui ont un talent de soliste sont dirigés de manière à pouvoir tirer parti de leurs aptitudes : on les fait jouer dans des concerts, ils suivent des stages de spécialisation sous la conduite des meilleurs pédagogues, on leur donne des bourses pour étudier à l’étranger, on les prépare en vue des grands concours interna- tionaux d’interprétation. D’après les dernières statistiques, la Roumanie se situe au troisième rang pour les prix obtenus dans les concours interna- tionaux.

Festivals et concours

En premier lieu, il faut rappeler le Festival international George Enesco, qui se déroule à Bucarest tous les trois ans et dont le sixième a eu lieu à l’automne de 1973, nous offrant l’occasion de présenter les talents musicaux de notre pays. Une série de manifestations transforment périodiquement diverses villes (dont quelques-unes ont une vieille tradition dans ce domaine) en puissants foyers culturels. C’est le cas de Cluj, avec (( L’homme musical de Cluj », de Timisoara, avec le festival (( L a Timisoara musicale », de Brasov, avec le festival de musique de chambre, de Sibiu, avec le festival (( Cibinium n, de Tîrgu-Mures, avec les (( Journées musicales de Tg. Mures n, de Craïova (festival et concours Maria Tanase), de Mamaïa (festival et concours annuels de musique légère roumaine).

L a maison de disques Electrecord s’efforce de satisfaire, par une pro- duction abondante et de qualité, les goûts du public, et de pourvoir aux exigences de l’enseignement musical. Electrecord est responsable de l’expor- tation et de l’importation des disques.

L’Union des compositeurs et des musicologues guide les efforts créateurs de ses membres, stimule l’activité artistique et favorise de diverses manières la vie musicale. Elle commande des œuvres, fait des acquisitions, organise des concours pour aider les créateurs. Les problèmes qui se posent aux compositeurs sont constamment discutés dans les réunions organisées par l’Union des compositeurs, dans les cercles des Amis de la musique et au milieu d’auditeurs de toutes sortes, par exemple dans les entreprises et les usines. La maison d’édition de l’Union des compositeurs assure la publi- cation des meilleures œuvres musicales et des livres de musicologie.

L a musique contemporaine roumaine se distingue non seulement par l’abondance des œuvres mais aussi par la diversité des styles. Après la dis- parition de quelques brillants représentants de la (( génération d’Enesco )) - Mihail Jora, Paul Constantinescu, Sabin Drägoi - un nombre important

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de personnalités marquantes se sont illustrées dans le domaine musical : Dimitrie Cuclin, Marti.an Negrea, Ion Dumitrescu, Theodor Grigoriu, Anatol Vieru, Wilhelm Berger, Pascal Bentoiu, Tiberiu Olah.

Les sociétés musicales d’amateurs

L’accès des masses aux formes organisées de l’activité musicale, chorales, orchestres, ensembles folkloriques ou groupes de musique légère, est assuré par les moyens que l’État et les syndicats mettent à leur disposition : clubs et maisons de la culture, fourniture d’instruments, enseignement par des professeurs qualifiés, impression et diffusion des matériels adéquats, orga- nisation de concours et de festivals de musique pour amateurs, participation des meilleures formations aux rencontres folkloriques internationales.

D’ailleurs, les activités des professionnels et celles des amateurs s’inter- pénètrent constamment. Les chefs d’orchestre et les compositeurs profes- sionnels mettent leur talent et leur maîtrise au service de certains ensembles d’amateurs, et des institutions musicales de l’État patronnent ces ensembles ainsi que les clubs des Amis de la musique dans les entreprises et écoles ; d’autre part, il n’est pas rare que, des rangs des artistes amateurs, sortent de futurs professionnels.

La préservation et l’étude du folklore populaire incombent à l’Institut d’ethnographie et de folklore, dont la phonothèque - la plus riche du Sud-Est européen - suscite l’intérêt légitime des spécialistes du monde entier. Le folklore roumain et celui des nationalités cohabitantes font l’objet d’une classification rigoureuse selon des méthodes scientifiques, ainsi que d’anthologies par genre et par région. Source inépuisable d’inspi- ration pour les compositeurs, les recueils de folklore alimentent réguliè- rement le répertoire des ensembles et des formations à vocation folklorique, les émissions de radio et de télévision et la discographie nationale.

L’un des traits les plus caractéristiques de la vie musicale de la Roumanie contemporaine est la participation active de musiciens hongrois, allemands ou appartenant à d’autres nationalités de notre patrie à la construction de l’unique édifice de la culture musicale roumaine. Quelques compositeurs et interprètes de marque viennent des nationalités cohabitantes. A Cluj, outre l’opéra roumain, il y a un théâtre d’État similaire, qui présente non seu- lement des opéras et opérettes dus à des compositeurs roumains de natio- nalité hongroise, mais également le répertoire lyrique traditionnel traduit en langue hongroise. Les ensembles artistiques de Tg. Mures et de Timisoara accueillent, à côté de la musique roumaine, des créations hongroises, alle- mandes, serbes. Au demeurant, le Conseil de la culture et de l’éducation socialistes, la direction de l’Union des compositeurs et d’autres institutions musicales, celles des maisons d’édition et de la maison de disques Electrecord ont parmi leurs membres, B côté de Roumains, des musiciens hongrois, allemands, ou appartenant à d’autres nationalités, et les émissions de radio et de télévision font également appel à eux.

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Le cinéma

Les activités professionnelles dans le domaine du cinéma sont coordonnées par la Centrale Româniafilm, organisme qui dépend du Conseil de la culture et de l’éducation socialistes. Elle s’occupe de la production et de la distri- bution des films. Les films roumains sont réalisés par quatre maisons de films (films artistiques), par le Studio cinématographique Alexandru Sahia (films d’actualité, films documentaires et scientifiques) et par le Studio ciné- matographique Animafilm (films d‘animation, diapositives et films publi- citaires). Dans la période 1949-1973, ces entreprises ont tourné 232 films artistiques, dont la plupart ont été exportés vers plus de 40 pays du monde entier. En 1973, 24 films artistiques de long métrage, et quelque 268 de court métrage ont été réalisés en Roumanie. Les studios réalisent également des coproductions avec des compagnies étrangères.

La production cinématographique réalisée par tous les studios roumains a un caractère avant tout éducatif. Citons quelques films : Michel le Brave, Les Daces, Jeunesse sans vieillesse, Dimanche à 6 heures, La forêt des pendus, Les jlots du Danube, L’étranger, Codin, La soirée, L a .force et la vérité, Les noces de pierre, qui se signalent par l’audace de leurs idées et par la fraîcheur de la vision artistique.

Le fait que, depuis vingt ans, le prix d’entrée dans les salles roumaines est le plus bas du monde entier montre à quel point le cinéma est considéré comme un moyen d’éducation.

Le m ê m e critère de la valeur éducative est appliqué pour la production nationale et la sélection des films étrangers destinés à être projetés dans les 615 cinémas des villes et les 5 555 cinémas des villages, pour un public qui compte 177 millions de spectateurs environ par an. En outre, ces cinémas organisent des cycles qui suscitent un grand intérêt dans le pays, par exemple le cycIe d’adaptations d’œuvres littéraires célèbres, le cycle de films consacrés à de grandes personnalités ou à de grands événements histo- riques, le cycle de films musicaux, le cycle des chefs-d’œuvre du cinéma mondial. En d’autres termes le cinéma est utilisé comme un moyen de formation du public et d’élévation du goût, mais aussi, en m ê m e temps, comme un moyen général d‘éducation. Les 6 O00 cinémas du pays don- nent encore, en plus du film de long métrage, un ou deux films de court métrage, sur des thèmes éducatifs, scientifiques ou artistiques. En outre, les lycées et les écoles sont dotés de plus de 3 O00 appareils de projec- tion qui leur permettent de montrer aux élèves quelque 1 O00 films de vulgarisation scientifique ou sur les voyages, sur l’art, sur la mkclecine et la santé, etc.

A côté des activités courantes d’éducation par le film, il faut mentionner

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les manifestations organisées dans le domaine du cinéma, dont les princi- pales sont les suivantes :

Le festival du film dans les villages se déroule chaque année pendant deux mois dans plus de 4 O00 cinémas et s’accompagne de nombreuses manifesta- tions éducatives - symposiums, conférences, concours, soirées littéraires. A l’occasion de ce festival, on projette aussi des films spécialement tournés pour aider les cadres de spécialistes de l’agriculture et des films concernant les nouveaux prockdés d’agriculture et de zootechnie, destinés à compléter les connaissances professionnelles des paysans. Ce festival du film dans les villages est régulièrement suivichaque année paronze millions de spectateurs.

D e même, un festival du film pour les élèves est organisé chaque année pendant les vacances d’hiver autour de thématiques établies d’avance.

La Centrale Româniafilm procède périodiquement à des sondages d’opi- nion dont les résultats sont interprétés par des services spécialisés afin d’orienter la production future.

Les musées

Les musées sont conçus comme ayant une triple fonction : connaissance, conservation et mise en valeur, à des fins d’éducation, du patrimoine artis- tique et naturel du pays. Les institutions muséologiques déploient une intense activité culturelle et éducative de recherche et de protection des biens culturels.

Entre les deux guerres, la muséologie a bénéficié de l’apport scientifique de quelques personnalités de marque, en particulier les historiens Nicolae Iorga et Vasile Pîrvan, le sociologue Dimitrie Gusti, et le naturaliste Grigore Antipa, mais c’est surtout au cours des trois dernières décennies qu’elle a pris une place de premier plan dans la vie culturelle du pays. Ce remarquable essor est fondé sur l’existence d‘un patrimoine dont la richesse a peu d’équi- valents dans le monde.

Il suffit à cet égard de rappeler la splendeur de la sculpture et de la peinture sur céramique de l’époque néolithique, par exemple Le penseur de Cernavodä (appartenant à la culture Hamangea), la céramique peinte du

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type Cucuteni et Gumelnita, etc., les trésors des Thraces et des Gètes ainsi que des Daces, les sculptures de l’époque romaine. Ces objets dépassent, par leur originalité et leur importance, les frontières de notre pays et font partie du patrimoine culturel universel.

Dans la période d’après-guerre, les musées déjà en place ont été réorga- nisés selon des méthodes scientifiques et se sont enrichis de nouvelles acqui- sitions : par exemple le Musée du village et le Musée de l’histoire naturelle Grigore Antipa, à Bucarest. En même temps, on a procédé à la constitution d’un réseau de musées faisant partie intégrante du système d‘institutions culturelles, judicieusement répartis sur tout le territoire et représentatifs du patrimoine de biens culturels et des traditions de chaque région. C’est alors qu’ont été créés le Musée d’histoire de la République socialiste de Roumanie, le Musée d’art, le Musée d’histoire du Parti communiste, ainsi que des musées d’histoire, d’ethnographie et art populaire, de sciences naturelles, d’art ou du souvenir. Dans le cadre de ce processus une série de musées à vocation particulière, par exemple les musées ethnographiques en plein air, ont également été fondés : le Musée de la technique populaire de Dumbrava Sibiului, le Musée de la viticulture et de la pomiculture de Golesti, etc. ; le musée Ingénieur Dimitrie Leonida de Bucarest, le Musée des mines à Petrosani, le Musée de l’or à Brad, le Musée de la marine à Constanta, etc. ; le Musée de la cité antique d’Histria, le Musée du complexe dace de Sarmisegetuza, le Musée du monastère Putna, le Musée du monastère Sucevita, le Musée du monastère de Cozia, etc. ; ou bien encore la série des musées de Bacãu, Focsani, Turnu Severin, etc., qui présentent la faune et la flore de notre pays.

Parallèlement, les efforts ont porté sur la définition de la structure des activités rnuséales et sur l’orientation des travaux d’acquisition et de recherche d’après des plans thématiques ; la formation de spécialistes a éga- lement été poursuivie sur la base de critères rationnels et conformément à des plans à long terme.

Le réseau des musées de Roumanie se compose de 331 unités se décompo- sant comme suit : musées d’art, 61 ; musées d‘histoire et d’archéologie, 66 ; musées de sciences naturelles, 32 ; musées techniques, 5 ; musées du SOU- venir, 70 ; musées d’ethnographie et d’art populaire, 38 ; musées à caractère mixte, 59. N e figurent pas dans ce tableau les musées de village, dont le nombre augmente sans cesse.

En 1973, les musées ont enregistré plus de 11 millions d’entrées. Les fonds alloués aux recherches et aux acquisitions dépassent aujourd’hui cinq millions de lei par an, et sont en constante augmentation.

Le Musée d’art de la République socialiste de Roumanie, qui occupe une aile du Palais de la république et possède plus de 80 O00 pièces, expose dans la Galerie nationale les trésors de l’art roumain ancien, icônes, frag- ments de fresques, orfèvrerie, broderies, céramiques, sculptures de bois ; on y trouve aussi des pièces médiévales, des œuvres de peintres et sculp- teurs appartenant à l’école nationale d’art plastique - Rosenthal, Aman,

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Negulici, Grigorescu, Andreescu, Luchian, Paciurea, Brancusi, Pallady, Petrascu, Tonitza, Steriadi, Baba, Ciucourencu et beaucoup d’autres. L a galerie universelle groupe des ouvrages de différentes écoles européennes et l’on y trouve des œuvres de grands maîtres, Rembrandt, le Greco, Titien et d’autres, et une collection d’objets d’art de l’Extrême-Orient, notamment de magnifiques jades chinois. Un cabinet d’art graphique organise périodi- quement des expositions de dessins, de gravures, etc.

Un autre musée d’importance nationale est le Musée d’histoire de la République socialiste de Roumanie, jeune institution mais qui possède une riche collection. I1 présente dans ses salles des découvertes archéologiques représentatives de la culture primitive de la Roumanie, des objets de la civilisation daco-romaine, des reliques de la civilisation grecque du littoral de la mer Noire et des vestiges d’autres civilisations anciennes découverts sur le territoire de la Roumanie. Pour les époques féodales et modernes, l’histoire politique, sociale et spirituelle est présentée de manière à mettre en évidence la lutte du peuple roumain pour la liberté, la justice sociale et l’unité nationale. La phase d’édification socialiste de la Roumanie est abon- damment illustrée. Une riche section lapidaire antique et médiévale, une collection de bijoux et d’objets précieux, ainsi qu’un cabinet de numisma- tique font également partie du musée.

Le Musée d’histoire du Parti communiste et du mouvement révolution- naire et démocratique présente une véritable fresque des mouvcments sociaux et politiques de la Roumanie moderne.

Un musée fameux dans le monde entier et qui est l’une des gloires de la capitale roumaine est le Musée du village. Sur une superficie dépassant 9 hectares, il présente plus de 300 constructions paysannes, groupées en 66 ensembles, et constituant à leur tour un ensemble rural. L’authenticité et la remarquable valeur artistique des constructions font de ce musée un véritable trésor d’architecture et de création artistique populaire et lui confèrent une valeur européenne, car il réunit des vestiges de la civilisation agraire qui, à un moment, domina l’Europe tout entière, mais qui a prati- quement disparu aujourd’hui.

Un musée similaire, mais illustrant une autre facette de la culture popu- laire, est le Musée de la technique populaire de Dumbrava Sibiului. Il présente en plein air des constructions, des installations et des aménage- ments illustrant l’ingéniosité et l’esprit inventif des artisans populaires, tels qu’ils se sont manifestés au cours de l’évolution historique du pays. Le Musée de la technique populaire fait partie du Musée Brukenthal de Sibiu, qui comprend aussi, outre la galerie d’art qui lui a donné son nom, une galerie d’art national, un musée d’art populaire du sud de la Transylvanie et un musée d’archéologie et d’histoire.

La plus importante ramification du réseau de musées roumains est, sans doute, constituée par les musées d’histoire et d’archéologie. I1 s’agit de grands musées d’archéologie, dont le développement est dû non seulement à la richesse des vestiges archéologiques trouvés à l’occasion de fouilles, mais

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à des activités déjà anciennes de recherche (musées de Constanta, Deva, Piatra-Neamt, Drobeta-Turnu Severin) et de musées d’histoire qui pré- sentent l’évolution du pays depuis les époques les plus reculées jusqu’aux jours de la construction du socialisme (Musée d’histoire d’Oradea, Musée d’histoire de la Transylvanie, à Cluj, Musée d’histoire de la Moldavie, à Jassy, Musée d’histoire de Brasov). I1 existe également des musées consacrés à un seul aspect de l’histoire du moyen âge ou de l’histoire contemporaine, notamment le Musée de la civilisation médiévale moldave à Suceava, le Musée de l’Union - 1859 à Jassy, le Musée de l’Union - 1918 à Alba-Iulia.

Tout aussi florissants sont les musées d’ethnographie, parmi lesquels les plus remarquables sont ceux de plein air - qui diffèrent. d’une zone ii l’autre. D e véritables bijoux d’architecture et d’art populaire sont présentés dans les musées ethnographiques de Craïova, Suceava, Satu-Mare, Vîlcea, Timisoara, Baia Mare, qui mettent en relief les caractères spécifiques des populations de leur région. Vu les changements que l’industrialisation entraîne dans les villages,

l’État roumain mène une politique active afin de sauvegarder et de conserver les créations populaires traditionnelles, soit en assurant la conser- vation in situ de quelques résidences anciennes, soit en groupant des objets dans des musées-pavillons ou en plein air.

Les plus sensibles progrès, en matière de muséologie, ont été faits dans le domaine des musées d’art. Après la constitution d’un réseau relativement équilibré du point de vue géographique, les collections ont été regroupées et des unités représentatives - tel le Musée d’art de Bucarest - ont fait leur apparition. Par une politique systématique d’acquisition, ces musées ont réuni un patrimoine de grande valeur, ce qui leur confere une valeur éducative de tout premier plan, après quoi l’on s’est attaché à compléter le réseau par des unités spécialisées - tels le Musée d’art moderne de Galati, le Musée d’art décoratif de Buzãu, le Musée d’art naïf de Pitesti - ou bien par de petites unités, fondées sur une collection particulière évoquant une personnalité, une époque ou un milieu social et culturel.

Les sciences naturelles doivent faire face à deux tâches difficiles : pré- senter la nature dans toute sa beauté et sa variété, et contribuer à l’édu- cation scientifique du public. A cet égard, la plus intéressante réalisation est peut-être le complexe des musées de Constanta, réunissant un bassin pour dauphins, un bassin avec des phoques, un planétarium, un ohservatoire astronomique populaire et un delta en miniature. A l’avenir, un aquarium et un parc y trouveront place.

Le Musée de la littérature roumaine est une remarquable réalisation car 11 parvient à donner une image extrêmement détaillée de la littérature natio- nale depuis ses origines. En même temps, un ensemble de musées de moindres proportions présentent l’œuvre et l’activité de quelques grandes personnalités littéraires : le Musée de littérature de Jassy, le Musée Mihai Sadoveanu dans le village de Vinatori (district de Neamf), le Musée Mihai Eminescu à Ipotesti (district de Suceava), le Musée Tudor Arghezi à

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Bucarest, le Musée Ion Creangã de Neamf, le Musée Octavian Goga à Ciucea, près de Cluj, le Musée Ady Endre à Oradea, etc.

L’un des objectifs principaux de la politique en matière de musées est de transformer ces institutions en moyens actifs d’éducation patriotique, civique, esthétique et scientifique ; à cette fin sont organisés des expositions temporaires, des conférences et des symposiums ; la production d‘ouvrages, de diapositives, de films et d’émissions de télévision est stimulée par l’État et l’on fait appel à toutes les techniques d’éducation : démonstra- tions, moyens audio-visuels, leçons dans les musées pour les élèves et les étudiants, etc.

A l’avenir’ pour que le patrimoine soit pleinement mis en valeur, on centralisera tout ce qui concerne ce patrimoine - et il s’agit ici aussi bien des collections de musées que des biens culturels sur le terrain - et l’on s’efforcera de mieux structurer, du point de vue thématique et par ordre d’urgence des recherches, les activités, dans le cadre de plans à long terme.

Le musée devient, de plus en plus, une forme d’expression de la conscience collective des communautés, qui conduit à la création de nom- breux musées locaux. C’est le signe d’une vitalité et d’une maturité remar- quables des masses, résultat de la politique du Parti communiste roumain.

Monuments historiques

La politique de protection et de mise en valeur des monuments historiques de la République socialiste de Roumanie fait partie intégrante de la poli- tique culturelle de l’État, les monuments étant considérés comme les prin- cipaux témoignages de l’histoire de la création populaire. Le patrimoine monumental de notre pays se caractérise par une grande diversité, à laquelle ont contribué des facteurs historiques, socio-politiques et géographiques, de sorte que l’art roumain ancien se présente comme l’une des plus originales synthèses des courants artistiques occidentaux et de la tradition byzantine. L’originalité et la force expressive propres à l’art roumain ont été reconnues et soulignées par des savants de renommée mondiale : Charles Diehl, Henri Focillon, Puig y Gadafalch, André Grabar, Viktor Lazarev et d’autres

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encore, mais sa mise en valeur est due, en premier lieu, à l’école nationale d’historiens à la tête de laquelle se trouvaient Nicolae Iorga et G. Bals.

Les plus anciens monuments découverts sur le territoire de la Roumanie sont sans doute les ensembles architecturaux des cités daces : Sarmisegutza, Costesti, Piatra Rosie, au sud des Carpates. Ils témoignent de techniques de construction et d’une vision uniques dans la civilisation européenne.

Dans l’étape suivante, les monuments romains de Transylvanie (Ulpia Trajana, Porolissum, Apulum), d’Olténie (Drobeta, Romula) et de Dobroudja (Adamclissi, Histria) se caractérisent surtout par leur aspect mixte dû au fait qu’ils se situent au carrefour des deux grands foyers des civilisations antiques : le bassin de la Méditerranée de l’Est et le centre de l’Europe. Cet aspect syncrétique fait apparaître l’importance de la civili- sation romaine de la zone carpato-danubienne dans la culture gréco- romaine, et son caractère original, qui en a fait un véritable réservoir de formes et d’idées plastiques dont les siècles suivants ont hérité.

I1 suffit de rappeler l’exceptionnel épanouissement des arts du temps des premiers Basarab, au XIV~ siècle, lorsque furent érigés des monuments imposants, ornés d’admirables peintures murales (Curtea de Arges, Cozia). En Moldavie, dans la brillante époque de Stefan ce1 Mare (1457-1504), naquit, de la symbiose entre l’architecture byzantine et l’architecture gothique, le style moldave (Pätrauti, Botosani, Neamt) ; c’est aussi à cette époque qu’une vigoureuse école de peinture s’est épanouie. Développant l’héritage de cette école, le X V I ~ siècle construira ces splendides édifices peints à l’extérieur qui confèrent à l’ancien art roumain un prestige uni- versel. Les peintures des monastères Humor, Vatra Moldovitei, Arbore, Voronef et Sucevifa - pour ne citer que les exemples les plus connus - étonnent non seulement par leur beauté, mais également par leur état de conservation en dépit des pluies, du vent et des durs hivers de la région. C’est justement à cause de leur valeur que ces peintures font aujour- d’hui l’objet d’une grande attention de la part de l’Unesco et qu’il est prévu de les protéger et de les restaurer. I1 faut encore signaler les monu- ments édifiés du temps de Neagoe Basarab (1522-1520) et de Constantin Brâncoveanu (1688-1714), les robustes cités paysannes de la Transylvanie et surtout les églises en bois de Maramures, que Iosef Strzgowski classait parmi les principales réalisations de l’architecture en bois du monde entier. Tout en se rattachant à l’art européen, ces monuments témoignent de l’ori- ginalité du peuple roumain et, en m ê m e temps, constituent un facteur essentiel de la conscience nationale.

Les monuments roumains attirent chaque année de nombreux touristes étrangers. C’est pourquoi 1,011 étudie présentement les moyens d’aménager des itinéraires touristiques spéciaux pour mettre les visiteurs de tous les pays en contact direct avec ces réalisations d’intérêt universel.

Le contrôle de toutes les activités de protection, de conservation et de restauration des monuments historiques est confié par décrets et règlements à la Direction des monuments historiques et artistiques, institution placée

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sous la tutelle du Conseil de la culture et de l’éducation socialistes. L a charge d’exécuter ces activités incombe aux conseils populaires des dis- tricts où se trouvent les monuments. L a Direction des monuments histo- riques et artistiques comprend les sections suivantes :

Section des avis, de la direction et du contrôle. Cette section signale tous les travaux effectués sur les monuments historiques, dans leur zone de pro- tection et dans les zones de réservation des centres historiques. Dans les centres historiques c o m m e dans les zones réservées, il est indispensable d’obtenir l’accord de la Direction des monuments historiques et artistiques pour toute démolition, construction, modification de la voirie, illumination nocturne, réparation de la façade et des toits, plantation, etc. L e périmètre des zones réservées est établi avec l’accord des conseils populaires intéressés. L’autorité dont émanent les avis est le Conseil technico-scientifique des monuments historiques.

L a section conseille les autorités locales sur l’organisation de la pro- tection des monuments à l’échelon local, la répartition des fonds alloués à la restauration dans le budget du district, etc. ; elle accorde une assistance technique pour la préparation et l’exécution des travaux de restauration ; elle contrôle la façon dont la protection des monuments est assurée sur le plan local ; elle propose la répartition des fonds d’intervention urgente de la Direction des monuments historiques et artistiques entre les différents bénéficiaires, en fonction de la gravité des dégradations subies par un monument.

Toutes ces activités sont exécutées avec le concours des autorités du district, et en premier lieu avec les comités pour la culture et l’éducation socialistes et avec les directions de systématisation, architecture et contrôle des districts, chacune de ces directions comprenant un responsable de la protection des monuments sur le plan local. L a Direction des monuments historiques et artistiques donne son avis sur les travaux à effectuer après avoir examiné les propositions du district concerné ou de la Direction de systématisation.

Section d’études et de recherche. Elle est chargée de tenir à jour l’inventaire des monuments historiques, au fur et à mesure du progrès des recherches. L a première liste des monuments historiques approuvée par le gouver- nement en 1955 comprenait 4 327 monuments. Actuellement, une nouvelle liste est mise au point ; elle recense environ 5 800 monuments et 19 zones réservées d’architecture médiévale. Les critères d’après lesquels un monu- ment est inclus dans cette liste sont l’ancienneté, la valeur historique et la valeur artistique. L a plupart des monuments sont antérieurs à l’année 1850, mais cette date ne constitue pas une limite, car on accorde une grande attention à l’architecture populaire, aux constructions industrielles du X I X ~ siècle et aux édifices qui datent de 1900 environ.

On envisage aussi de faire un inventaire très minutieux des monuments

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taurer aussi des façades de rues entières, voire tout un quartier (par exemple le quartier de Curtea Veche à Bucarest). Outre les fonds de la Direction des

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de l’architecture civile du X I X ~ siècle et de la première moitié de notre siècle, et d‘y inclure des édifices modernes. Les monuments historiques ne sont pas classés en catégories suivant l’importance, parce que l’on considère que la subjectivité intervient fatalement dans toute classification.

L’inventaire établi au cours des dernières années a conduit à l’inclusion dans la nouvelle liste de 480 zones réservées, sélectionnées de préférence dans la catégorie des villes médiévales à enceinte fortifiée.

L a Section d’études et de recherche s’acquitte également des tâches ci-après : publication de l’inventaire des monuments historiques, avec une brève description des caractéristiques de chaque monument (excepté l’inventaire du mobilier) ; rédaction et publication d’un répertoire des monuments par unités administratives et territoriales, comprenant toutes leurs caractéristiques et aussi un inventaire du mobilier ; recherches scien- tifiques sur les monuments, dans la phase antérieure à la restauration, du point de vue de l’histoire, de l’histoire de l’art et de l’archéologie ; étude des nouvelles données apparues au cours de la restauration ; présentation scientifique de la restauration terminée. Les recherches doivent porter de préférence sur les restaurations figurant dans le plan de la Direction des monuments historiques et artistiques, mais un appui est également apporté aux plus importants travaux de recherche réalisés sur le plan local.

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monuments historiques et artistiques et des comités populaires de district, les restaurations sont financées par les moyens suivants : ressources du Département des cultes pour la réparation d’églises classées comme monu- ments historiques ; ressources des usagers de ces monuments (ministères, diocèses, propriétaires privés, etc.).

La politique de la Direction des monuments historiques et artistiques vise à transformer n’importe quel travail de réparation en une œuvre de restauration, orientée - quelle que soit son ampleur - vers la mise en valeur du monument. A cette fin, 1’Etat s’emploie à stimuler l’intérêt des masses pour la conservation et la mise en valeur du patrimoine monu- mental. La restauration est seulement un aspect de cette action, qui prend aussi la forme de publications, de conférences, d’émissions radiophoniques et de télévision, etc. Les autorités locales et tous les usagers des monuments prennent part aux activités de conservation et de mise en valeur des monuments, activités qui sont exécutées d’une manière coordonnée et conformément aux directives de la Direction des monuments historiques et artistiques, établies après consultation des autorités locales. Les centres historiques sont considérés - du point de vue fonctionnel et économique - comme des témoignages d’une époque ou d’une région données et des élé- ments de liaison avec le passé historique, pour le développement de la ville moderne. Comme les centres historiques constituent un capital irrempla- çable pour le développement du tourisme, leur mise en valeur s’est vu accorder une grande priorité dernièrement. On s’efforce d’intégrer les monu- ments et les centres historiques à la vie contemporaine en leur attribuant des fonctions qui correspondent aux nécessités sociales actuelles. En d’autres termes, on veut réanimer les centres historiques et non pas les garder comme des reliques. Enfin l’on applique aux restaurations des méthodes scientifiques en évitant le subjectivisme et l’improvisation, conformément aux principes directeurs de la Charte de Venise.

En résumé, toute la politique de la République socialiste de Roumanie en matière de monuments historiques est mise au service de la cause de la culture populaire, de l’éducation patriotique et socialiste des masses. N’étant pas regardés comme des valeurs intrinsèques, mais comme des valeurs actives, exerçant une puissante influence, les monuments sont soigneusement préservés pour tout ce qu’ils représentent en tant que documents concrets sur le passé du peuple.

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Diffusion de la science et de la culture dans les masses

Les activités culturelles ont pour but d’aider le Roumain à se tenir au cou- rant des progrès enregistrés dans tous les domaines de la connaissance humaine et, en premier lieu, dans la sphère de ses préoccupations pro- fessionnelles, ainsi que dans celle de ses préférences politiques, cultu- relles, scientifiques ou artistiques, à participer, activement et d’une manière consciente, à la vie sociale, à cultiver ses capacités de création, et à employer au mieux les moyens techniques et matériels de la civilisation moderne.

Sont chargés de poursuivre ces objectifs des organes centraux ou locaux, qu’il s’agisse d’organes de l’État tels que le Conseil de la culture et de l’éducation socialistes, le Ministère de l’éducation et de l’enseignement, le Ministère de la santé, etc., ou d’organismes sociaux (Union générale des syndicats, Union de la jeunesse communiste, Union des associations d’étudiants communistes, Union nationale des coopératives agricoles de production, Conseil national des femmes, Unions de création, sociétés scien- tifiques, etc.). Ainsi, parallèlement à l’école il y a un ample processus de développement des moyens de propagation de la culture dans les masses, moyens dont tous les citoyens du pays - sans considération d’âge, de sexe, de profession, de nationalité ou de localité - peuvent disposer.

L’etat ne cesse d’intensifier son action dans ce sens, comme le montre la progression des dépenses culturelles : 1955, 6 992 millions de lei ; 1960, 14 103 ; 1965, 22 361 ; 1970, 35 942 ; 1971, 38 861 ; 1972, 42 591 ; 1973, 45 000. On voit qu’en 1973 les dépenses culturelles de l’État ont été deux fois

plus élevées qu’en 1965, représentant plus de 2 200 lei par habitant ; à quoi il faut ajouter les fonds mis à la disposition du développement culturel par les diverses organisations de masse ou ceux réunis par les établissements culturels dans leur propre activité.

Un signe éloquent de ce progrès est la mise en place d’un vaste réseau d’établissements culturels de divers genres, soit environ 8 O00 foyers cultu- rels et maisons de la culture, et de 22 O00 formations artistiques d’amateurs.

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Foyers culturels, maisons de la culture, clubs

Les foyers culturels, installés dans le centre de chaque c o m m u n e et dans la plupart des localités rurales, et les maisons de la culture et les clubs, qui fonctionnent dans toutes les villes, animent puissamment la vie culturelle locale et sont désormais très populaires. Au cours de l’année 1973, par exemple, quelque 46 millions de citoyens ont participé aux 600 O00 mani- festations culturelles organisées par les maisons de la culture et les foyers culturels, et les cinémas des villages, qui fonctionnent également dans le cadre des foyers culturels, ont enregistré environ 65 millions d’entrées.

En m ê m e temps, les foyers culturels et les maisons de la culture corres- pondent de plus en plus aux besoins et aux intérêts des (( micro-groupes )) humains, car des cercles, des clubs ou des associations culturelles y sont organisés.

Les bibliothèques

U n e contribution de premier plan est apportée à l’instruction et à la formation intellectuelle de la population par les bibliothèques, au nombre de plus de 22 500 et qui occupent une place essentielle dans la politique d’éducation de l’État roumain. Après guerre, un vaste réseau de biblio- thèques a été mis en place; il comprend les bibliothèques publiques d’gtat (8 O00 environ), les bibliothèques des syndicats et d’autres orga- nisations de masse (4 807), les bibliothèques scolaires (10 300) ainsi que les bibliothèques nationales (la Bibliothèque de l’académie et la Bibliothèque centrale d’État).

A la fin de l’année 1973, les bibliothèques roumaines disposaient d’un fonds de livres d’environ 124 millions de volumes. Entre 1965 et 1973, les bibliothèques publiques ont reçu plus de 30 millions de volumes. A la fin

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de 1973, on a évalué à plus de 8 millions le nombre des lecteurs dans toutes les catégories de bibliothèques et ils ont consulté plus de 81 millions de volumes. Le pourcentage des lecteurs dans la population totale - 10 yo des habitants en milieu urbain et 22 yo dans les villages - atteste un pro- cessus actif d’intégration des bibliothèques publiques aux préoccupations multiples et aux besoins de la société contemporaine.

En outre, les bibliothèques exécutent de nombreuses activités à carac- tère éducatif : édition de catalogues, de bibliographies, études des besoins en matière de lecture, etc. Ces activités sont confiées aux 3 O00 bibliothé- caires actuellement en fonction, la formation en matière de bibliothéco- nomie faisant l’objet depuis peu d‘un enseignement spécialisé.

Les universités populaires

En Roumanie, l’éducation des adultes prend une grande variété de formes et s’appuie sur une multitude de moyens. D’ailleurs, des lois récentes viennent d‘établir un système harmonieux de qualifications, de perfection- nement et de recyclage tant pour les cadres directeurs du secteur écono- mique et de toute la vie sociale que pour les employés des entreprises et autres institutions.

Parmi ces formes d’instruction et d’éducation des adultes, qui com- prennent notamment des cycles de conférences ou des lectures sur les sujets les plus divers, des (( brigades 1) scientifiques dans les villages, des (( brigades )) de spécialistes de différents domaines, des consultations scien- tifiques, des brochures et des films de vulgarisation scientifique, des expo- sitions, des (( photogazettes », des diapositives, etc., une place spéciale est occupée par les universités populaires, ouvertes à tous ceux qui désirent enrichir leurs connaissances et fonctionnant, pour la plupart, dans les mai- sons de la culture et les foyers culturels. En 1970/71, 302 universités popu- laires ont fourni 2 064 cours à 120 O00 étudiants ; en 1971/72, les chiffres correspondants sont 401, 2 919 et 152 229.

En outre, une série d’indices d’ordre qualitatif révèlent la consolidation et le perfectionnement de l’enseignement populaire.

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Les programmes d’études des universités populaires traduisent non seu- lement la volonté d’aborder tous les grands thèmes du savoir, mais aussi celle de répondre d’une manière adéquate aux besoins des diverses caté- gories d’étudiants. A cet égard, la liste des disciplines enseignées dans les universités populaires, assorties de leur pourcentage et classées par ordre d‘importance, est édifiante : sciences sociales, 35 yo ; économie, 16 ; langues étrangères, 15 ; sciences naturelles, 14 ; art et littérature, 9 ; enseignement pratique et professionnel, 7 ; enseignement scolaire, 4.

L’adhésion de plus en plus manifeste des différentes catégories de la population à cette forme de diffusion des connaissances peut être vérifiée aussi par la pénétration des universités populaires dans le milieu villageois. Par rapport à l’année 1968/69, date à laquelle des universités populaires ont été ouvertes dans quelques villages à titre d’expérience, un progrès sen- sible a été fait. D e 56 en 1969/70 le nombre des universités populaires en milieu rural est passé à 212, soit plus de la moitié du nombre total des uni- versités populaires. Le phénomène doit être retenu, d’autant plus qu’actuel- lement 59 yo des Roumains vivent et travaillent en milieu rural. D’autre part, en pénétrant plus profondément dans la vie culturelle des villes et des villages, les universités populaires attirent un nombre de plus en plus grand de membres des nationalités cohabitantes. Ainsi 67 universités populaires fonctionnant dans les localités en partie habitées par des membres des nationalités cohabitantes organisent 192 cours dans les langues de ces nationalités (164 en langue hongroise et 28 en langue allemande). La plus prestigieuse des universités populaires est celle de Bucarest, qui a donné 104 cours et cycles de conférences fréquentés par plus de 10 O00 étudiants.

Un tel mouvement ne pouvait évidemment être réalisé sans une ample participation de tous les intellectuels (à cet égard, le chiffre enregistré actuellement est significatif : 25 O00 intellectuels, membres du corps ensei- gnant, membres des conseils scientifiques des universités, directeurs et secrétaires de cours). I1 faut ajouter que, dans la majorité des cas, il s’agit d’une activité volontaire et que plusieurs de ces intellectuels sont d’émi- nentes figures de la science, de l’art, de la culture, de l’économie et de la vie sociale.

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L e Musée du village à Bucarcst. L’architecture pt les arts populairef d e toutes les région* de R o u m a n i e y sont représentrs.

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Mihail Eminescu, le plus grand poète national, bronze de Gheorge Anghel. Jardin de I'Atheneul Roman.

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Le nouvel édifice du Théâtre national de Bucarest.

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La maison de la culture des syndicats à Oradea.

[Photos : Commission nationale roumaine pour l’Unesco.]

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La politique culturelle en Roumanie

Les groupes artistiques d’amateurs

La Roumanie a hérité d’un vigoureux et authentique trésor artistique, fruit de la création populaire accumulée au cours des siècles. Aujourd‘hui, le mouvement artistique d’amateurs, vaste terrain pour l’affirmation du talent populaire, a acquis un caractère de masse, comme en témoignent les 24 O00 formations existantes, qui réunissent des centaines de milliers d’interprètes. Elles donnent périodiquement des spectacles, des concerts, organisant des expositions, etc., devant le grand public des villes et des villages. Des concours viennent stimuler ces activités : au X e Concours des formations de musique et de danse en 1971, 8 500 formations totalisant 200 O00 membres environ se sont affrontées et au VIe Festival de théâtre amateur (1971), qui porte le n o m du grand auteur dramatique roumain I. L. Caragiale, plus de 5 O00 troupes théâtrales, groupant 100 O00 inter- prètes, se sont produites. La IVe et la Ve Exposition républicaine d’art populaire ont été précédées d’expositions locales, auxquelles 25 O00 créa- teurs ont participé ; la VIe Exposition républicaine d’art plastique des amateurs a été précédée par plus de 270 expositions des cercles locaux, auxquelles ont participé plus de 4 800 artistes amateurs qui ont présenté 18 O00 œuvres environ.

La gamme des manifestations et des compétitions destinées aux ama- teurs s’est enrichie dernièrement d’un Festival des cinéastes amateurs, d’expositions d’amateurs de la photographie, d’un Festival de théâtre de marionnettes, ainsi que de festivals régionaux de chorales et de fanfares. Chaque année, sur le littoral de la mer Noire, un Festival du chant, de la danse et du costume populaires se déroule avec la participation de 40 ensembles folkloriques et les spectacles sont donnés devant plus de 100 O00 spectateurs roumains et touristes étrangers. I1 faut mentionner également les nombreuses initiatives locales, qui se matérialisent, presque dans chaque district, par des manifestations culturelles et artistiques de grande envergure, mettant en valeur les traditions et les talents des diverses régions du pays.

Le théâtre d’amateurs est puissamment stimulé par l’État et les organi- sations de masse. Outre les formations créées dans les maisons de la culture, pour les villes, et dans les foyers culturels, pour les villages, 14 théâtres d’amateurs fonctionnent en permanence, montant des pièces dues à des auteurs roumains et des pièces du répertoire universel. Les 36 écoles popu- laires d’art, qui comptent 800 professeurs forment des milliers d’interprètes amateurs (12 O00 environ en 1969/70), ainsi que des metteurs en scène, des chefs d’orchestre et des chorégraphes amateurs.

L’gtat accorde un appui tout particulier aux créateurs et aux maîtres

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populaires, en les aidant à perpétuer les traditions de l’art populaire rou- main, à trouver de nouvelles formes d’expression et à transmettre les secrets de leur maîtrise à la nouvelle génération. Les broderies populaires, la céra- mique, les pyrogravures, beaucoup d’autres créations dues au génie artis- tique populaire font l’objet d’expositions, de foires d’art populaire et d’autres manifestations toujours très bien accueillies.

L a réputation de la création populaire roumaine a dépassé les frontières du pays et le nombre des ensembles artistiques invités à l’étranger s’accroît continuellement : 4 en 1966,12 en 1968, 34 en 1969,35 en 1970,50 en 1971, 50 en 1972. L’appréciation des spécialistes et du public s’est concrétisée notamment par des prix et des trophées attribués aux représentants de la création populaire roumaine : le Collier d’or (Dijon, France, 1968), la Hachette d’or (Zakopane, Pologne, 1969, 1970), la Déesse d’or (Ephèse, Turquie, 1969, 1970, 1972), la Croix d’or, San Mateo (Oviedo, Espagne, 1969)’ le Disque d’or (France, 1969, 1970), le Prix spécial de la ville de Cracovie (Pologne, 1972), la Cornemuse d’or (Erice, Italie, 1968, 1969)’ premier prix et la L a m p e du mineur (Belgique, 1972), la Coupe de cristal et le Grand Prix (Tampere, Finlande, 1972), le Disque d’or et la Grappe d’or (Dijon, France, 1972), la Coupe de cristal (Zielona Gora, Pologne, 1972), le Trophée Achille, médaille et diplôme d’honneur (Agrinion, Grèce, 1972).

C’est l’Institut d’ethnographie et de folklore de Bucarest qui s’occupe de la création populaire et plus généralement du patrimoine culturel, ainsi que des modalités de leur mise en valeur et de leur insertion dans la vie intellectuelle contemporaine. Son action est axée principalement autour de quelques problèmes fondamentaux tels que l’Atlas ethnographique de la Roumanie, la création populaire contemporaine, la mise en valeur de la tradition dans les produits artisanaux contemporains, la collection nationale de folklore, etc., mais en m ê m e temps il s’efforce d’orienter le développement de la culture populaire en participant concrètement aux diverses activités menées dans les districts du pays. En outre, l’institut remplit l’importante mission qui consiste à collecter et enregistrer les trésors folkloriques et ethnographiques d’intérêt national. L’institut possède actuellement dans ses dépôts plus de 14 O00 cylindres sonores en cire, plus de 8 500 bandes enregistrées, à peu près 11 O00 disques et matrices, plus de 90 O00 textes - informations recueillies sur le terrain, partitions musicales (environ 40 000), photos et documents scientifiques (55 O00 pièces). L a remarquable valeur scientifique, culturelle et historique des collections de l’institut ne vient pas tant du nombre de documents accumulés, mais de leur parfaite authenticité et de la méthodologie scientifique qui a été employée pour compléter et conserver la documentation

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Recherches sur la culture

1,’activit.é éducative devient de plus en plus un objet de recherches sociolo- giques, pédagogiques, psychologiques, anthropologiques, etc., en un mot un objet de recherches multidisciplinaires répondant à des critères scientifiques.

Un symposium national qui a eu lieu en décembre 1968 sur le thème (( L’éducation des adultes - recherche scientifique et action générale )) a fourni l’occasion d‘amples discussions sur la théorie de l’éducation des adultes et la méthodologie de la recherche, les recherches concrètes, la tradi- tion dans l’activité éducative, d’où s’est dégagée la conclusion que le déve- loppement futur des formes d’éducation des adultes ne peut plus être conçu sans un fondement scientifique et que m ê m e dans ce domaine tellement complexe de l’activité humaine les tâtonnements empiriques doivent faire place, de plus en plus fréquemment, à des méthodes rationnelles. Une série de revues spécialisées, parmi lesquelles la Revue de pkdagogie, le Guide culturel, avec ses versions en langue hongroise (Müvelödes) et en langue allemande (Volk und Kultur), Le club et d’autres encore étudient les pro- blèmes d’éducation des adultes, ainsi que ceux des fondements théoriques et méthodiques de l’action culturelle.

Depuis 1971, dans le cadre d’un plan quinquennal établi en étroite coopération entre le Conseil de la culture et de l’éducation socialistes et les instituts de recherches spécialisées, des recherches sont effectuées sur le phénomène de la culture, tant en ce qui concerne les problèmes fondamen- taux, relatifs au rôle de la culture dans le système d’éducation permanente, d‘éducation civique, esthétique et scientifique, le réseau d’établissements culturels, l’économie de la culture, etc. - qu’en ce qui concerne les pro- blèmes spéciaux - la fonction du foyer culturel, de la maison de la culture, du musée, de la bibliothèque, du théâtre, du cinéma, de l‘université popu- laire, le rôle du mouvement d’amateurs et de la création populaire dans le monde contemporain, le statut de l’animateur culturel, etc.

L’activité culturelle de masse ne peut être conçue et organisée qu’en tenant compte des nécessités sociales, du progrès de la nation roumaine et des exigences toujours plus grandes de la population. C’est justement pour- quoi, dans le contexte du plan de développement de la Roumanie pour les cinq années à venir, les coordonnées de la culture de masse sont, elles aussi, définies et précisées, le but visé étant à la fois de moderniser les activités dans ce domaine et de les perfectionner en accentuant le caractère scienti- fique des actions, en enrichissant leur contenu et en évitant les aspects stric- tement divertissants, idylliques et formels.

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Relations culturelles avec l’étranger

La politique extérieure de la Roumanie, qui découle des coordonnées essen- tielles de notre régime social et politique, a pour objectif le développement multilatéral des échanges économiques, techniques, scientifiques et cultu- rels, sans aucune discrimination, avec tous les pays du monde, dans l’esprit de la coexistence pacifique entre les nations. Préoccupée de réaliser un vaste programme d’édification économique et de forger une culture progressiste, la Roumanie est sincèrement attachée aux idéaux de paix et de progrès et met tout en muvre pour répondre aux aspirations principales de l’huma- nité : le désarmement, la sécurité, la pais et la collaboration entre les fitats fondée sur les principes du respect mutuel, de la souveraineté et de l’indé- pendance nationales et de l’égalité dans les droits. L’État considère que, dans le contexte des rapports internationaux, de la révolution technique et scientifique et de l’essor général de la culture, la participation active aux échanges des valeurs scientifiques, culturelles et artistiques est la condition du progrès de chaque peuple. Pour forger une société harmonieusement développée, but que la Roumanie s’est fixé, il est indispensable de connaître et d’assimiler tout ce que le monde a réalisé d’authentique dans tous les domaines.

I1 va sans dire qu’en adoptant son grandiose programme d’édification socialiste du pays, l’État n’entend pas s’isoler des autres peuples; au contraire, nous nous proposons d’élargir le plus possible notre collaboration avec eux, parce que, à notre avis, chaque peuple, grand ou petit, a contribué et contribuera i l’enrichissement du patrimoine de la culture et de la civi- lisation universelles.

A l’heure actuelle, la Roumanie entretient des relations culturelles avec plus de 111 Rtats et a conclu des accords de coopération culturelle avec 63 &tats. En 1973, 137 ensembles musicaux et troupes de théâtre, pro- fessionnels et amateurs, ont fait des tournées à l’étranger. Beaucoup de formations folkloriques professionnelles et d’amateurs ont obtenu des prix aux meilleurs festivals folkloriques de tous les continents. Des formations musicales telles que la chorale Madrigal, les orchestres symphoniques de Bucarest, Cluj, Timisoara, et l’orchestre de la Radio-télévision roumaine ont donné des représentations, ces dernières années, dans beaucoup de salles de concert du monde entier. Des chefs d’orchestre ou interprètes roumains ont participé à plusieurs saisons musicales et d’opéra, parmi lesquels le violoniste Ion Voicu, et les chanteurs Ludovic Spiess, Nicolae Herlea, Elena Cernei et Ion Buzea. Plusieurs compagnies théâtrales, parmi lesquelles le Théâtre national de Bucarest I. L. Caragiale, le Théâtre Lucia Sturdza Bulandre de Bucarest, le Théâtre national de Cluj, le Théâtre national

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de Jassy et d’autres encore, ont présenté, à l’occasion de leurs tournées à l’étranger, des chefs-d’œuvre du répertoire national et universel. Des troupes de théâtre roumaines ont été invitées à divers festivals internatio- naux et les metteurs en scène roumains ont été sollicités de monter des pièces de théâtre dans différents pays. Dans le courant de l’année 1973, notre pays a accueilli, à son tour, 43 ensembles artistiques étrangers, parmi lesquels des troupes de théâtre et des formations musicales et de ballet venues de France, d’URSS, de Chine, de la République démocratique alle- mande, de la République fédérale d’Allemagne, de Grèce, de Hongrie, d’Italie, du Japon, de Tchécoslovaquie et d’autres pays encore. Grâce aux échanges organisés dans le domaine des arts plastiques, soit dans le cadre d’accords culturels ou d’accords entre les unions de créateurs, soit par le moyen d’expositions, les publics du monde entier ont pu voir des œuvres roumaines. Dans la seule année 1973, à peu près 120 expositions roumaines ont été organisées à l’étranger, tandis que 30 expositions d’art plastique consacrées à des artistes étrangers ont eu lieu en Roumanie.

Les productions du cinéma roumain ont été présentées dans de nom- breux pays du monde, notamment à l’occasion de festivals internationaux du film de long et de court métrage, du film pour enfants, du film didac- tique et scientifique ou du film d’animation, à Cannes, Moscou, Vienne, Bruxelles, Montréal, Karlovy-Vary, L a Plata, Sydney, etc. En 1973, 12 films ont obtenu 14 prix, parmi lesquels le Diplôme d’honneur du jury du Festival international de MOSCOU, le Grand Prix du Festival de Gijon (Espagne), etc.

La littérature roumaine est de plus en plus traduite. D e même, les albums d’art circulent dans le monde entier, ainsi que les ouvrages à carac- tère scientifique et technique qui reflètent les succès de la pensée scientifique roumaine. Presque tous les grands écrivains roumains classiques et contem- porains ont été édités dans de nombreux pays soit individuellement, soit dans des anthologies. Quelques-uns ont remporté des prix internationaux : Tudor Arghezi, Alexandru Philippide, Zen0 Vancea, Zaharia Stancu, Mihai Pop, Constantin Daicoviciu, Virgil Vãtäsianu, Franyo Zoltan, Eugen Jebeleanu. Pour assurer une meilleure connaissance des caractéristiques de la littérature roumaine actuelle, on organise, depuis 1971, des colloques pour les traducteurs de langue roumaine en d’autres langues. Trente-neuf traducteurs de 16 pays ont participé au colloque de 1971.

Dans le cadre de l’intensification des échanges culturels, on a organisé dernièrement de nombreuses manifestations groupées en (( semaines )) et ((jours )) de la culture roumaine à l’étranger ou des autres pays en Roumanie : expositions, galas cinématographiques, spectacles de théâtre et représen- tations folkloriques, concerts de solistes. L a contribution des responsables de la culture et des artistes roumains à la vie culturelle internationale se traduit à la fois par leur présence dans divers jurys de concours et de fes- tivals internationaux et par leur participation active au dialogue contem- porain, aux échanges d’idées et de valeurs scientifiques et culturelles, à

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l’occasion des réunions et congrès internationaux. Actuellement, 18 person- nalités culturelles roumaines remplissent des fonctions dans les organes directeurs de quelques grands organismes internationaux non gouverne- mentaux dans les domaines du théâtre, de la musique, des arts plastiques, de la littérature, du cinéma. L’artiste du peuple Radu Beligan préside l’Institut international de théâtre et le professeur Mihai Pop, la Société internationale d’ethnographie et de folklore.

La Roumanie désire diversifier ses échanges culturels et notamment entretenir des relations plus étroites avec quelques pays d‘Afrique, d’Asie et d‘Amérique latine, régions qui exercent une influence de plus en plus puissante sur le développement de la création artistique mondiale et sur l’évolution du monde contemporain en général.

D’autre part, l’État s’efforce de diffuser en Roumanie des œuvres et des réalisations d’autres peuples. Ainsi, en 1971, 448 ouvrages littéraires, scien- tifiques, socio-politiques et artistiques avec un tirage de 12 627 O00 exem- plaires ont été traduits et édités en Roumanie. En 1972, 157 films étrangers de long métrage et 71 de court métrage ont été projetés en Roumanie ; en 1973, 182 longs métrages et 97 courts métrages. Depuis le début de la saison théâtrale 1971/72 figurent au répertoire de nos théâtres 240 pièces étrangères, classiques et contemporaines.

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La formation et l’emploi des ressources humaines

L’application de toute politique culturelle est conditionnée au premier chef par la manière dont les ressources humaines sont engagées dans cette entreprise, par le nombre de ceux qui y participent, mais surtout par leur valeur professionnelle, intellectuelle et morale. L’expérience acquise par la Roumanie ainsi que par d’autres pays montre à l’évidence le lien complexe qui existe entre le développement culturel et le niveau du système d’ensei- gnement et d’éducation. Grâce à la généralisation, dès les années 1950-1952, de l’enseignement élémentaire, aux dix années d’études obligatoires et au fait que presque le quart de la population bénéficie d‘une forme gratuite d’enseignement, il s’est créé un public instruit, accessible aux valeurs de la

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culture authentique et, par conséquent, une ambiance propice tant à la dissémination de la culture qu’à l’affirmation de nouvelles valeurs. D’autre part, le système d’enseignement, adapté aux nécessités du développement social, a acquis la capacité de former les spécialistes nécessaires, tant dans le domaine de la création culturelle et artistique que dans celui de la diffu- sion de la culture et de l’animation culturelle. Les grands principes qui guident la politique de l’atat en ce qui concerne la formation et l’emploi des ressources humaines dans le domaine de la culture sont les suivants : éliminer l’accidentel dans la formation des cadres et appliquer dans ce secteur des méthodes de développement planifié ; adopter, dans le cadre du système d’enseignement, des structures pluralistes capables d’assurer l’épanouissement des talents populaires, conformément à l’esprit profon- dément démocratique qui anime tout le système d‘enseignement ; attirer vers l’action culturelle, à côté des spécialistes, un grand nombre d’anima- teurs culturels bénévoles ; appliquer les principes de l’éducation permanente afin de mettre à jour continuellement les connaissances, de modeler les aptitudes et de développer les capacités de chaque individu de s’instruire.

L’enseignement artistique occupe une place de premier plan parmi les moyens qui assurent la formation des cadres nécessaires au développement culturel. Organisé en vue de stimuler les qualités artistiques de l’enfant, de l’adolescent, puis de l’adulte, ce type d’enseignement est donné dans des écoles de tous les degrés. En 1972/73, 62 écoles d’art ont fonctionné, parmi lesquelles 34 écoles de musique et d’arts plastiques, 28 lycées de musique, arts plastiques et chorégraphie et 11 facultés d’enseignement artistique.

Réparties d’une manière rationnelle sur tout le territoire du pays, les écoles de musique et d’arts plastiques offrent aux enfants ayant des dons artistiques la possibilité de développer leurs aptitudes pendant les huit années d’études qu’elles comportent. Beaucoup de ces écoles ont des classes de maternelle, où les enfants d’âge préscolaire reçoivent une éducation artistique spéciale. L a plupart de ceux qui ont suivi les cours de ces écoles continuent leurs études dans les lycées de musique et d’arts plastiques durant quatre ans ; ils y suivent des cours spécialisés et reçoivent en m ê m e temps une culture générale correspondant 5 celle donnée dans les lycées classiques.

L’enseignement artistique de niveau supérieur est donné : dans deux instituts du théâtre (l’un ayant le hongrois comme langue d’enseignement), qui comprennent des sections d’art dramatique, de cinéma, de mise en scène de théâtre et de cinéma ; dans deux instituts d’arts plastiques ayant des sections de peinture, de sculpture, d’art graphique, d’histoire et de théorie de l’art, de peinture monumentale, de scénographie, de céramique, de travail du verre et du métal, d’art du textile, de décoration et d’esthé- tique industrielle ; dans trois conservatoires ayant des sections d’interpré- tation, de chant, de composition, de musicologie, de formation des chefs

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d’orchestre, et des sections pédagogiques. En 1972173, les cours d‘enseigne- ment supérieur ont été suivis par 3 065 étudiants, dont la plupart (1 700 environ) avaient choisi la musique, On assure aux étudiants une formation théorique multilatérale, fait qui se reflète dans les dépenses par étudiant : en 1972/73, presque 39 O00 lei par étudiant dans les instituts de théâtre et plus de 25 O00 lei dans les instituts d’enseignement des arts plastiques, contre 11 O00 lei environ en moyenne pour un étudiant d’université, ce dernier chiffre étant lui-même assez élevé.

L’enseignement artistique, surtout au niveau supérieur, a un caractère pratique et vise, dès les premières années d’études, à confronter les élèves et les étudiants aux problèmes de la profession à laquelle ils se préparent. On accorde une grande attention aux talents précoces en les stimulant par des concours, des participations 5 des spectacles publics et des bourses à l’étranger.

Le dessin et la musique sont enseignés dans toutes les classes de l’ensei- gnement obligatoire. Les futurs professeurs de musique et de dessin des écoles fréquentent des instituts pédagogiques pendant trois ans. L’ensei- gnement des disciplines artistiques dans toutes les classes élémentaires et moyennes joue un très grand rôle dans l’éducation du goût public et permet de dépister les talents et d’orienter les enfants doués vers les écoles spécialisées.

Une place à part est occupée dans l’enseignement artistique par les 30 écoles populaires d’art qui accueillent des jeunes gens et des adultes, de n’importe quel niveau, afin de les aider à cultiver leurs aptitudes artis- tiques. Fréquentées par des milliers de personnes, ces écoles, dans le cadre desquelles on enseigne gratuitement plus de 40 disciplines artistiques, repré- sentent un important facteur dans l’éducation esthétique des masses, dans le processus de stimulation du mouvement artistique d’amateurs, et dans la conservation des traditions artistiques populaires. Nombre d’artistes importants y ont fait leurs premiers pas.

Les autres professionnels de la culture sont formés soit dans des établisse- ments d’enseignement professionnel, soit dans les universités. Pour la vaste catégorie de ceux qui travaillent dans les bibliothèques, il y a une école, postsecondaire, une école de bibliothécaires où les cours sont donnés le jour, ainsi qu’une section de bibliologie à l’université de Bucarest.

La plupart de ceux qui travaillent dans les domaines de la création culturelle et de la propagation de la culture (hommes de lettres, éditeurs, sociologues, animateurs culturels) sont formés dans les universités. Les études supérieures sont obligatoires pour occuper un poste de spécia- liste dans l’activité culturelle. Le programme d’enseignement de quelques facultés (surtout de lettres, de philosophie et d‘histoire) est conçu de manière à faire une place aux disciplines théoriques, mais également aux stages pratiques, de sorte que les étudiants sont ensuite immédiatement capables de s’adapter à un travail spécifique.

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Depuis 1971, l’éducation permanente est codifiée. Toute personne engagée par l’État, quelles que soient ses fonctions et la formation qu’elle a reçue, doit s’astreindre, dans les cinq ans qui suivent, à une forme ou une autre de perfectionnement professionnel. Selon le cas, ce perfectionnement est obtenu par un approfondissement des connaissances par l’apprentissage d’un autre métier (recyclage), ou par l’acquisition d’une qualification qui vient s’ajouter à celles exigées pour la profession initiale (polyqualification). On espère ainsi faire en sorte que chaque individu s’insère dans les circuits contemporains d’idées et corriger les imperfections du système scolaire. A cette fin, les programmes sont établis de manière à faire place aux innova- tions dans toutes les disciplines et à faciliter l’assimilation des nouveaux courants de pensée et des techniques modernes. A la suite de l’intégration au processus de perfectionnement professionnel de ces 58 O00 employés dans le cadre des activités culturelles et artistiques, employés dont la profession, les fonctions et le niveau culturel sont d’une extrême variété, il a fallu différencier les programmes et m ê m e établir des plans d’études individuels, les formes d’étiides collectives étant adoptées seulement pour les catégories de personnes ayant des intérêts communs. On tient compte également du fait que les programmes d‘enseignement professionnel s’adressent à des gens ayant déjà une expérience professionnelle, ce qui impose d’éviter la routine et les formes classiques d’enseignement et de recourir à l’emploi de la métho- dologie et des techniques modernes.

On prévoit que tous ceux qui travaillent dans les institutions culturelles et artistiques suivront d’ici à 1975 le premier cycle de perfectionnement pro- fessionnel et m e m e qu’une partie, assez réduite, suivra le second cycle. Les résultats obtenus se refléterodt dans les promotions et les augmentations de salaire.

Les animateurs culturels bénévoles constituent une importante catégorie d‘agents du développement culturel. Qu’il s’agisse des 4 500 directeurs de foyers culturels et des bibliothécaires (en nombre égal) travaillant dans des localités rurales qui ne sont pas des centres de commune, des maîtres de conférence des universités populaires ou des instructeurs s’occupant des formations d’amateurs, tous ces intellectuels - professeurs, écrivains, médecins, ingénieurs, fonctionnaires et m ê m e étudiants - encouragent le développement de la création culturelle locale dans le milieu urbain, et sur- tout dans les d e u x ruraux. L e transfert d’idées, de connaissances et de données d’expérience qui se réalise ainsi est profitable à tous. Pour ces caté- gories d‘instructeurs culturels on organise des stages périodiques de courte durée siir la méthodologie de l’action culturelle, qui leur permettent de contribuer d’une manière plus efficace à l’épanouissement culturel de leur communauté.

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Fonds alloués à la culture et à l’art

Les dépenses culturelles sont inscrites tant dans les plans annuels ou les plans à plus longue échéance que dans le budget de l’État.

Ces dépenses visent à assurer le fonctionnement normal des établisse- ments existants, ainsi que le développement harmonieux de ce réseau dans tous les districts du pays, surtout dans ceux qui étaient naguère privés d’institutions de culture et d’art. Les fonds alloués par l’État au dévelop- pement de la culture augmentent chaque année, c o m m e le montrent les chiffres ci-après : 1955, 327,l millions de lei (base 100) ; 1960, 529,3 (162) ; 1965, 738,2 (226) ; 1970, 921,7 (282) ; 1971, 981,l (300) ; 1972, 998,8 (305) ; 1973, 1002 (306) ; 1974 (prévision), 1039,6 (318).

L a plupart des établissements culturels et artistiques sont financés par l’État, intégralement ou partiellement, à partir du budget national ou des budgets des organismes administratifs locaux. D’autres établissements, qui tirent des revenus de leurs activités, sont financièrement autonomes.

L’État finance intégralement au m o y e n de son budget (budget national ou budgets locaux) les frais entraînés par : L a construction de théâtres, de salles de concert et de cinéma, de locaux à

usage de bibliothèques, de musées, de salles d’exposition, etc., l’équi- pement des établissements culturels et artistiques, ainsi que les dépenses encourues pour les réparations importantes des constructions et de l’outillage. (Dans la seule année 1973, les nouveaux bâtiments du Théâtre national I. L. Caragiale de Bucarest, du Théâtre national de Craiova et du Théâtre de Tg. Mures ont été inaugurés) ;

L a Bibliothèque centrale, appartenant au Conseil de la culture et de l’édu- cation socialistes, la Bibliothèque de l’Académie de la République socia- liste de Roumanie (la plus grande de tout le pays), les bibliothèques centrales universitaires, les bibliothèques scolaires et celles des institu- tions d’enseignement supérieur, ainsi que le vaste réseau des biblio- thèques municipales, des villes et des communes, ces dernières ayant des filiales dans les villages composant les communes ;

Les musées de tous genres, les maisons du souvenir, l’organisation des expo- sitions d’art dans le pays et à l’étranger, la participation de la Roumanie aux foires et expositions internationales ;

Les droits d’auteur, l’installation de statues, bustes et monuments sur les places publiques, la décoration des constructions importantes, la four- niture d’œuvres d’art plastique dues à des créateurs roumains contem- porains aux musées et aux autres institutions d’État et de masse ;

Les recherches et la mise en valeur - du point de vue scientifique et tou- ristique - des monuments historiques et artistiques, profanes et reli-

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gieux, dans tout le pays et les interventions urgentes nécessaires pour la préservation de ces monuments ;

Le Centre spécial de perfectionnement des cadres de l’Institut d’ethno- graphie et de folklore et le mouvement artistique de masse, ainsi que les écoles populaires d’art de chaque district, les centres de formation d’amateurs dans les districts et les centres de radiodiffusion des villes et des villages ;

L’organisation des manifestations culturelles et artistiques nationales et internationales et la participation aux différentes manifestations cultu- relles et artistiques organisées dans d’autres pays ;

Les maisons de la culture et les foyers culturels (salaires, entretien, meubles).

Les établissements suivants sont financés partiellement par l’État : Les théâtres, les théâtres lyriques et d’opérette, les philharmonies, les

orchestres symphoniques, les ensembles folkloriques, les théâtres de marionnettes, les théâtres musicaux et de variété, le Cirque d’gtat, qui reçoivent la différence entre les recettes provenant de la vente des billets et les dépenses qu’ils encourent pour les salaires de leur personnel et les honoraires de leurs collaborateurs (ce qui représente 80 % des dépenses), pour les décors, les costumes, l’entretien des salles de spectacle et pour les tournées et déplacements. I1 faut mentionner que la subvention allouée par l’État représente de 75 à 90 yo du total des dépenses, ce qui permet aux troupes d’avoir un répertoire de qualité et de présenter des spectacles d’un haut niveau artistique. L’importance accordée aux éta- blissements susmentionnés se mesure au fait que les subventions qu’ils reçoivent représentent le tiers de la somme totale des dépenses cultu- relles financées à partir du budget de l’État.

Les publications culturelles et artistiques du Conseil de la culture et de l’éducation socialistes et des comités locaux pour la culture et l’éduca- tion socialistes reçoivent des subventions pour les dépenses auxquelles elles ne peuvent pas faire face à l’aide de leurs revenus. I1 convient de souligner que, parallèlement à l’augmentation du nombre des publi- cations culturelles et artistiques, on enregistre un accroissement global de leurs tirages, ce qui permet à l’gtat de diminuer progressivement les crédits alloués.

Les établissements suivants sont autofinancés : studios de cinéma, cinémas et entreprises de distribution des films, radiotélévision, maison de disques Electrecord, Agence roumaine d’impresarios artistiques (ARIA).

Si l’on se souvient que le prix d’entrée au cinéma est, en moyenne, de 2 lei, on se demande comment les cinémas peuvent survivre avec leurs propres fonds. C’est possible grâce aux facilités accordées par l’État dans le domaine de l’impôt, grâce aux investissements qu’il prend à sa charge, etc.

Quelques catégories d’établissements - les musées, les maisons de la culture, les foyers culturels - tout en étant financés entièrement par l’État, bénéficient d’une autre source de revenus, à savoir les revenus de leurs

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propres activités (billets d’entrée dans les musées, vente de publications, billets d’entrée aux manifestations artistiques, location de salies, etc.), qu’ils peuvent utiliser directement pour réaliser leurs tâches dans les meil- leures conditions.

Certaines unions de création (l’Union des écrivains, l’Union des compo- siteurs) ne sont pas subventionnées par l’État, alors que l’Union des artistes plastiques reçoit une subvention. Les unions de création dépensent beau- coup pour l’édition de leurs revues (par exemple, l’Union des écrivains publie 11 revues), pour les pensions de vieillesse et d’invalidité et les pensions versées aux descendants de personnalités marquantes, pour déve- lopper la documentation, pour des maisons de repos, des ateliers de créa- tion, etc. Les fonds des unions de création proviennent des cotisations de leurs membres, des droits d’auteur réalisés, mais aussi d’une certaine aide de l’État. Ainsi, l’Union des écrivains touche 0,70 lei sur chaque exemplaire de livre vendu (cette s o m m e étant incluse dans le prix de vente), et 10 yo des droits d’auteur qui lui sont versés par les maisons d’édition et par les établissements de spectacles.

I1 faut encore noter que, en dehors des constructions à destination culturelle qui sont exécutées au m o y e n des fonds d’investissement alloués par l’etat, un grand nombre d’établissements culturels sont édifiés chaque année grâce à la contribution de la population sous forme d’argent et de travail.

C’est ainsi qu’au cours des dix dernières années, on a construit dans les milieux ruraux 2 170 foyers culturels, au titre des travaux d’intérêt social, à caractère local, que les citoyens effectuent volontairement pour moder- niser et embellir leur cadre de vie. U n e commission du Conseil de la culture et de l’éducation socialistes établit actuellement des plans de dévelop- pement culturel jusqu’en l’an 2000 en tenant compte du niveau culturel souhaité pour la population à la fin de ce millénaire et des efforts que l’État devra faire pour atteindre les objectifs visés.

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Annexe

Constitution de la République socialiste de Roumanie (extraits)

(( Dans la République socialiste de Roumanie, toute l’activité de l’État a pour but de consolider le régime, d’assurer le renforcement de la nation socialiste, d’accroître le bien-être matériel et d’élever le niveau culturel du peuple, d’assurer la liberté et la dignité de l’homme et d’aider la person- nalité humaine à s’affirmer. A cette fin, l’etat socialiste roumain :

Article 13 Développe l’enseignement de tous les degrés, assure les conditions néces- saires au développement de la science, de l’art et de la culture, et veille à la protection de la santé publique.

Article 17 Les citoyens de la République socialiste de Roumanie, sans distinction de nationalité, de race, de sexe ou de religion, sont égaux en droits dans tous les domaines de la vie économique, politique, juridique, sociale et culturelle.

L’État garantit l’égalité des droits des citoyens. Aucune limitation de ces droits n’est autorisée et aucune discrimination n’est admise dans l’exer- cice desdits droits pour des raisons de nationalité, de race, de sexe ou de religion.

Toute action ayant pour but d’établir de telles limitations, ainsi que la propagande nationaliste et l’instigation à la haine raciale ou nationale sont punies par la loi.

Article 22 Dans la République socialiste de Roumanie, la libre pratique de leur langue maternelle est assurée aux nationalités cohabit antes ainsi que l’accès aux livres, journaux, revues, théâtres, et à l’enseignement de tous les degrés dans cette langue. Dans les unités administratives habitées par une popu- lation d’une autre nationalité que la nationalité roumaine, tous les organes et institutions utilisent oralement et par écrit la langue de la nationalité intéressée et n o m m e n t des fonctionnaires de cette nationalité ou connais- sant la langue et le m o d e de vie de la population locale. ))

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Thèses du loe congrès du Parti communiste roumain, 1969 (extraits)

(( Promoteur d’une politique ouverte à la connaissance de toutes les valeurs de la culture universelle, notre parti estime que les créateurs roumains d’art et de littérature ont le devoir de demeurer constamment les inter- prètes du génie de notre peuple, de refléter dans leurs œuvres ce qui fait la spécificité de la société socialiste. C’est ainsi qu’ils pourront apporter une contribution effective à l’affirmation des valeurs nationales dans la culture mondiale ...

)) ... L e parti et l’État tiennent en haute estime l’art et la littérature, facteurs essentiels de connaissance et d’influence sur la pensée et la sensi- bilité humaines, et leur attribuent un grand rôle dans le progrès social, dans le développement de la conscience socialiste et l’élévation du niveau spirituel des hommes. ))

Discours de Nicolae Ceausescu, président du Conseil d’État de la République socialiste de Roumanie, secrétaire général du Parti communiste roumain

u ... en établissant les grandes lignes du développement de l’enseignement, de la science et de la culture ... le parti prend en considération les parti- cularités de notre pays. L’expérience montre qu’ignorer ce facteur a des conséquences négatives pour le développement de la vie intellectuelle de la société. )) (1967.)

u ... Accomplissant sa mission historique en Roumanie, notre Parti c o m m u - niste a pour principe que la science et la culture sont des parties compo- santes du processus d’édification socialiste et communiste du pays. L a propagation de la science et de la culture dans les masses, l’élévation du niveau des connaissances générales de tout le peuple sont des conditions nécessaires pour que notre société accède au stade supérieur que représente le communisme, et pour donner aux h o m m e s la possibilité de faire jaillir, d’une manière de plus en plus abondante, les sources de la richesse maté- rielle et spirituelle de notre patrie. C’est seulement par le renforcement constant de l’art et de la culture et par leur propagation dans les masses qu’on peut accélérer le processus de liquidation des anciennes mentalités et élever la conscience socialiste des travailleurs. )) (1968.)

(( L’homme de la société socialiste désire agir en pleine conscience dans la sphère de la création intellectuelle, il entend créer une culture qui ne soit pas le fruit d’une activité accidentelle, mais de la nécessité bien comprise, une nouvelle culture inspirée du réalisme de la nouvelle société,

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de l’humanisme socialiste, une culture vouée au peuple et uniquement au peuple. )) (1968.)

I (( ... le parti et l’État encouragent le libre progrès de tous les artistes et favorisent de vastes activités de recherche et d’expérimentation artis- tique ... destinées à enrichir la palette de notre art contemporain.

)) ... L e problème de l’activité culturelle et artistique dans la langue mater- nelle doit être considéré du point de vue du contenu de cette activité. Nous devons créer toutes les conditions nécessaires pour que les h o m m e s organisent leurs activités culturelles et artistiques dans la langue qu’ils comprennent le mieux ; mais il nous revient de faire en sorte que ceci soit un m o y e n de rapprochement et non de séparation, un m o y e n de consolider l’amitié entre les travailleurs, dans les entreprises et les institutions, dans les villages et les villes, indépendamment de leur nationalité. I1 faut que notre activité culturelle, bien qu’elle emprunte des langues différentes, nous donne la possibilité, si l’on peut dire, de tenir à la fin un seul langage : celui du communisme ... 1) (1971.)

(( Nous voulons importer les productions littéraires et artistiques qui sont de nature à enrichir l’horizon des travailleurs, qui contribuent à nous faire connaître la lutte et la volonté de progrès social et de paix des autres peuples. Nous voulons exporter à l’étranger notre création artistique pour faire connaître notre travail et notre vie nouvelle. Ainsi, l’échange des valeurs culturelles avec d’autres pays contribuera à une meilleure connais- sance des peuples, au développement de la collaboration et de l’amitié entre eux, à l’instauration de la paix au monde. Telle est la mission de l’art authentique et nous approuvons de tels échanges culturels ; de cette manière, nous servons à la fois les intérêts de notre peuple et la cause du progrès dans le monde. )) (1971.)

Décret 301 du 15 septembre 1971, sur la création, l’organisation et le fonctionnement du Conseil de la culture et de l’éducation socialistes

Article 1 I1 est créé un Conseil de la culture et de l’éducation socialistes, organe du parti et de l’État, immédiatement dépendant du Comité central du Parti communiste roumain et du Conseil des ministres, afin d’assurer l’application de la politique du parti et de l’fitat dans le domaine de la culture et de l’éducation socialistes, de diriger et d’orienter toutes les activités culturelles et éducatives entreprises dans la République socialiste de Roumanie.

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Article 3 L e Conseil de la culture et de l’éducation socialistes a les attributions suivantes :

a) I1 prend l’initiative des actions destinées à stimuler la création dans le domaine de la littérature et des arts, en mettant en valeur des œuvres littéraires, cinématographiques, théâtrales, musicales et plastiques qui, ani- mées par l’esprit militant, répondent aux intérêts du peuple, et de la société socialiste et il assure la mise en valeur critique du patrimoine ;

b) I1 est responsable de la politique des institutions d’art de tous genres, sur tout le territoire du pays, conformément aux exigences de l’éducation de notre société ;

e) I1 est responsable de l’orientation idéologique et artistique de la pro- duction nationale cinématographique et de la distribution des films dans la République socialiste de Roumanie, conformément à la politique culturelle du parti et de l’atat ;

d) I1 approuve les plans thématiques des maisons d’édition et contrôle leur activité ; il est responsable de l’orientation et de l’organisation de la production et de la diffusion des livres dans notre pays, en vue de l’élargis- sement de l’horizon culturel socialiste des travailleurs ;

e) I1 dirige tous les établissements culturels (clubs, maisons de la culture, foyers culturels, bibliothèques, etc.) quelle que soit leur appar- tenance (conseils populaires, syndicats, Ucecom, Centrocoop, etc.), de manière qu’ils exécutent de vastes activités d’information auprès des masses de travailleurs des villes et des villages sur la politique intérieure et exté- rieure du parti et sur les succès obtenus dans l’édification du socialisme, qu’ils diffusent largement tout ce qu’il y a de nouveau et d’avancé dans le domaine de la culture, de la science et de la technique contemporaines, qu’ils militent pour les principes de la philosophie et de l’éthique socialistes et pour une attitude civique progressiste dans le dessein de former la conscience socialiste des masses ; il stimule le développement de la création artistique populaire, du folklore nouveau et assure la mise en valeur du trésor artistique populaire ; f) I1 oriente, guide et contrôle l’action de toutes les publications cultu-

relles, littéraires et artistiques, pour qu’elles agissent en tant que moyens efficaces de promotion de la philosophie et l’esthétique matérialistes- dialectiques et de la politique du Parti communiste roumain dans le domaine de la culture ; il stimule la participation des artistes à la vie sociale et politique du pays ;

g) I1 organise et oriente les activités de nature à favoriser la connais- sance, la conservation et la protection des monuments historiques et des monuments d’art plastique et d’architecture sur tout le territoire du pays, et assure leur mise en valeur sur le plan de la recherche scientifique, de l’éducation patriotique des masses et du développement du tourisme ;

h) Dans l’esprit de la politique extérieure de l’atat roumain, qui est une politique de paix et d’amitié avec tous les peuples, le Conseil de la culture

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et de l’éducation socialistes s’emploie à développer la coopération culturelle entre la Roumanie et les pays socialistes, les pays en voie de développement et tous les autres pays du monde, afin d’étendre les contacts et la coopé- ration des responsables culturels de notre pays et les milieux intellectuels progressistes de partout et d’assurer la participation active de notre pays à la vie culturelle et artistique internationale. Le Conseil de la culture et de l’éducation socialistes fait connaître dans le monde entier la création culturelle, le génie artistique de notre peuple, les œuvres représentatives de tous genres, les grandes réalisations de la culture dans la Roumanie socia- liste ; en m ê m e temps, il assure la diffusion et la connaissance, dans notre pays, des réalisations culturelles et artistiques des autres peuples, des œuvres progressistes, véhicules de grands idéaux humanistes, qui sont créées dans le monde entier. A cette fin, il organise des échanges artistiques et culturels avec les organes et les établissements similaires de l’étranger, ainsi que l’activité des impresarios artistiques ;

i) I1 applique une juste politique de sélection et de promotion des cadres dans son domaine d‘action, de formation idéologique et professionnelle du personnel des établissements culturels et, avec le Ministère de l’éducation et de l’enseignement, il est responsable des activités des institutions d’ensei- gnement artistique ; j) Avec le concours des unions de création, des ministères et d’autres

organes administratifs centraux et locaux, il veille à ce que les fonds à desti- nation culturelle soient employés pour la promotion d’un art socialiste, révolutionnaire et progressiste, ainsi que pour l’acquisition et la diffusion d‘œuvres répondant aux intérêts et aux besoins de notre société socialiste ;

k) I1 approuve la création ou la suppression d’établissements culturels et artistiques dépendant des ministères, des autres organisations centrales et des comités exécutifs des conseils populaires de district et de la munici- palité de Bucarest.

Article 4 Le Conseil de la culture et de l’éducation socialistes organise et contrôle les activités visant la mise en œuvre sur tout le territoire du pays des déci- sions du parti et de l’État qui concernent la culture ;

Article 5 Le Conseil de la culture et de l’éducation socialistes élabore des études et des analyses relatives à son domaine d’activité et présente au Comité central du Parti communiste roumain et au Conseil des ministres des propositions en vue du perfectionnement de l’activité culturelle et éducative, et du déve- loppement du réseau d’établissements artistiques et culturels ainsi que des suggestions relatives à la base matérielle de la culture dans notre pays.

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SHC. 74/XIX.29/F