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N° 6 du 15 Juin 2017 - 6 pages Page 1 TERRE Infos Elevage 15 Juin 2017 03.29.83.30.30 [email protected] Infos Point sur les conditions météo Le bilan fourrager Annexe 1 : la paille dans les rations Annexe 2 : les dérobées fourragères Points abordés dans ce TIE Point sur les conditions météorologiques : les semaines se suivent mais ne se ressemblent pas… Après avoir atteint un pic de production grâce aux pluies tombées il y a 15 jours, les prairies ont quasiment stoppées leur croissance la semaine passée ! Hors prairies à très forte proportion de légumineuse, les températures élevées et le manque d’eau ont littéralement cassé la pousse des graminées. C’est le moment de desserrer au pâturage ! Malheureusement, la pluie n’a pas suffit pour sécuriser des situations fourragères tendues et bien souvent un état des lieux de vos stocks fourragers est nécessaire pour objectiver les déficits. D’ores et déjà, il est temps de faire votre bilan fourrager ! Au pâturage, pensez à diminuer les chargements. En pâturage tournant, affouragez ou bloquez les animaux sur une parcelle pour laisser le temps aux autres parcelles de repousser. Les repères pour gérer les prairies

I n f o s - Meuse - Meuse · potentiel grain de certaines parcelles a été affecté par les conditions météo et que les cours des ... La purée de pomme de terre: l’amidon lent

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N° 6 du 15 Juin 2017 - 6 pages

Page 1 TERRE Infos Elevage – 15 Juin 2017

03.29.83.30.30

[email protected]

Infos

Point sur les conditions météo

Le bilan fourrager

Annexe 1 : la paille dans les rations

Annexe 2 : les dérobées fourragères

Points abordés dans ce TIE

Point sur les conditions météorologiques : les semaines se suivent

mais ne se ressemblent pas…

Après avoir atteint un pic de production grâce auxpluies tombées il y a 15 jours, les prairies ontquasiment stoppées leur croissance la semainepassée ! Hors prairies à très forte proportion delégumineuse, les températures élevées et le manqued’eau ont littéralement cassé la pousse desgraminées. C’est le moment de desserrer aupâturage ! Malheureusement, la pluie n’a pas suffitpour sécuriser des situations fourragères tendues etbien souvent un état des lieux de vos stocksfourragers est nécessaire pour objectiver les déficits.D’ores et déjà, il est temps de faire votre bilanfourrager !

Au pâturage, pensez à diminuer les chargements.En pâturage tournant, affouragez ou bloquez lesanimaux sur une parcelle pour laisser le tempsaux autres parcelles de repousser.

Les repères pour gérer les prairies

Page 2 TERRE Infos Elevage – 15 Juin 2017

En cas de déficit constaté, plusieurs solutions et recommandations sont à considérer :

1. Ne pas réduire les surfaces de pâturage au profit de la fauche. Cette solution n’améliore en rienla production de fourrage sur l’exploitation, elle ne fait qu’augmenter vos charges d’exploitation! Ons’en passera donc dans la conjoncture actuelle.

2. Introduire de la paille dans les rations et finir les mauvais stocks d’herbe 2016. Vous trouverezen annexe 1 des exemples de rations pour bovins et ovins. L’apport de paille nécessitant un apportsupplémentaire de concentrés, pensez à fractionner vos apports de concentré et évitez les rationscomplètes à volonté qui favorisent le tri même avec une distribution en mélangeuse ! Ce conseilest d’autant plus vrai en période de grosses chaleurs favorables à l’acidose.

3. Ensiler les céréales immatures. Cette solution est d’autant plus envisageable cette année que lepotentiel grain de certaines parcelles a été affecté par les conditions météo et que les cours descéréales restent bas. Au moment de la récolte, le stade pâteux-laiteux ne doit pas être dépassé. Letableau ci-dessous permet de mettre en évidence que plus on repousse la récolte plus la valeur PDIN sedégrade. Dans le cas où on envisage l’implantation d’une culture dérobée fourragère, ensiler le plus tôtpossible est donc recommandé pour préserver la valeur alimentaire de l’ensilage et favoriser lerendement de la dérobée suivante.

Gérer le manque de fourrage

Source : Tables d’alimentation INRA 2007et ARVALIS

Quelle que soit la date de récolte choisie, vérifiez les délais avant récolte (DAR) des fongicidesépandus.

Réaliser son bilan fourrager permet d'évaluer l'adéquation entre les besoins du troupeau et lesfourrages disponibles. En d'autres termes, d’évaluer si les stocks de fourrages vont permettred'alimenter les animaux présents jusqu'à ce que d'autres sources d'alimentation soient à nouveaudisponibles (exemple: pousse de l'herbe au printemps, ensilage de maïs à la fin de l'été suivant…).

L’objectif est de réagir le plus rapidement possible en cas de déficit pour :

Adapter vos rations, Anticiper l’achat d'aliments (fourrages et/ou concentrés) avant que les cours n’explosent, Anticiper une vente d'animaux.

Que vous soyez éleveur de bovin, d’ovin, vous pouvez réaliser vous-même votre bilan fourrager enallant sur la page internet suivante :

http://www.meuse.chambre-agriculture.fr/productions-agricoles/elevage/les-outils-de-leleveur/

Pour tous conseils, notre équipe spécialisée en élevage est là pour vous aider et vous faire bénéficierdes références acquises sur votre secteur !

Le bilan fourrager : outil indispensable d’aide à la décision !

Page 3 TERRE Infos Elevage – 15 Juin 2017

5. Les achats extérieurs

Différents coproduits peuvent permettre d’économiser vos stocks fourragers. Parmi ce qui pourrait vousêtre proposé nous retenons les suivants :

Le corn gluten humide : malgré une légère hausse de son coût, son rapport qualité prixreste intéressant autour de 75€/T. C’est un aliment plutôt bien équilibré.

La drèche de brasserie : avec un coût autour de 45€/T pour 22% de MS, la drèche debrasserie est la source de protéine la moins chère du marché. Son indice de protection de laprotéine est élevé (0,7) la rendant particulièrement intéressante dans les rations à base deprotéine soluble comme celles corrigées avec du tourteau de colza (indice de protection 0.4).Elle est donc particulièrement intéressante pour les éleveurs livrant du lait « non OGM »

La purée de pomme de terre : l’amidon lent de cette matière première peut êtreintéressant en complément des ensilages d’herbe 2017 très riches en sucres fermentescibles,mais le risque de tri dans les rations même mélangées en fait un facteur d’instabilitéruminale*.

La pulpe de betterave : coproduit intéressant pour les rations riches en amidon (> 25%-30% d’amidon), elle a le défaut de ne pas être toujours disponible.

* Pour plus d’information sur ce phénomène, contactez nos conseillers.

6. Se séparer des animaux les moins rentables

Décapitaliser son cheptel pour faire face à une situation de déficit fourrager peut être tentantnotamment lorsque les trésoreries sont en difficultés. C’est la solution la plus simple et la pluséconomique. Cependant, elle ne doit pas affecter votre potentiel de production à venir et donc se limiteraux animaux les moins rentables. Pour soulager réellement vos stocks fourragers sans tropdécapitaliser, elle doit être réalisée le plus tôt possible.

Pour cela, il ne faut sélectionner que les animaux suivants :

animaux non rentables. Calculez votre coût alimentaire pour évaluer le seuil de rentabilité devos bêtes. Au besoin, faites appel à nos conseillers pour vous aider dans ce calcul.

animaux excédentaires par rapport au potentiel de vos bâtiments (surface de couchage,nombre de logette, places à l’auge). Ci-dessous, vous trouverez les références pour calculer lepotentiel de vos bâtiments.

4. Implanter des dérobées fourragères

Le rendement d’une dérobée restera toujours aléatoire, mais avec la période que nous connaissons,l’appoint de ce type de fourrage derrière céréale est le bienvenu ! Les conseils à suivre sont lessuivants :

A l’implantation, le moins d’intervention possible.

Semez le plus tôt possible (Pour atteindre 2 TMS / Ha, un couvert à besoin de 1200 °C) .

Privilégiez des mélanges (obligatoire en Zones Vulnérables).

Les mélanges avec les légumineuses sont souvent les plus productifs.

La fertilisation azotée est parfois nécessaire (40 à 60 unités).

Au niveau économique : du fourrage, oui, mais pas à n’importe quel prix. Des rendementsaléatoires, des coûts de récolte souvent élevés sont des éléments importants à prendre encompte dans le choix de votre itinéraire et notamment au niveau de la semence.

Certains éleveurs se posent la question de réaliser des dérobées non gélives pouvant être récoltées enplusieurs coupes à l’automne et au printemps pour produire davantage de fourrage. Si les rendementsseront effectivement plus élevés et les risques climatiques plus faibles, il faudra rester vigilant sur lescoûts de semences pour que l’opération reste rentable.

En annexe 2, vous trouverez les principales caractéristiques des espèces fourragères adaptées auxdérobées. Nos fiches techniques sur les mélanges fourragers en dérobées sont disponibles surdemande.

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Annexe 1

Annexe 1 : la paille, le fourrage passe partout lors des années

exceptionnelles

Pour combler un déficit fourrager, lapaille en association avec d’autresaliments est souvent utilisée.Différentes valeurs alimentairescaractérisent les types de paille, il fautl’intégrer dans votre rationnement.(Tableau comparatif avec valeur INRA 2010).

Plus généralement, vous trouverez ci-dessous une complémentation à prévoir avec la paille pour retrouver l’équivalent d’un foin.

Exemple de ration à base de paille et foin (en Kg brut)

Génisse race à viande 400 kg – GMQ 600gr/j.

Vache allaitante 700 kg sans veau

Vache allaitante 700 kg –lactation 8 kg

Paille orge 4 2.5 7.5 4 5 4Foin 5Ensilage maïs 8 10 20

Concentré« sécheresse» 16.5% MAT,0.85 UF min

4 1 3.2 4

Tourteau decolza

1 1.1 2.6

Source : DECELAIT -

Chambre d'agriculture et

réseaux d’élevage

Source: Chambre d'Agriculture de Dordogne

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Tour d’horizon des principales espèces. Les doses de semis en pur ne sont là qu’à titreindicatif. Hormis, sorgho et ray grass, toutes les autres espèces gagneront à être semées enmélange pour sécuriser la production de biomasse.

Les espèces gélives

Avoine : L’avoine diploïde (70kg/ha en pur) est une avoine européenne qui a été sélectionnée auBrésil pour en faire une avoine fourragère. Comparable aux avoines françaises, elle se distingue parune grande précocité à l’épiaison, un petit pmg (15 à 25 g) et une remarquable résistance aux viroseset à la rouille couronnée. On peut également utiliser de l’avoine de printemps « classique » (100 kg/haen pur pour un pmg de 25 – 35) dont les résultats seront comparables à l’avoine diploïde.

Trèfle d’Alexandrie : 25 kg/ha en pur. Espèce facile d’implantation et à couverture du sol assezrapide. C’est un trèfle annuel non météorisant et très appétant. Bonne capacité à pousser sans azoteet en résistant à la sécheresse : adapté pour un semis derrière ensilage de céréales immatures.Préférez une association avec une graminée.

Pois protéagineux : 100-120 kg/ha en pur. Espèce facilement disponible « en ferme »; bonneproduction de biomasse indépendante du statut azoté de la parcelle. A associer avec une graminée.Eviter dans les rotations à base de pois.

Pois fourrager : 100 kg/ha en pur. Il a montré un développement comparable au pois de printempsdans nos plateformes mais avec un port plus « étalé ». Plus petit pmg que le pois protéagineux deprintemps.

Féverole : 150 kg/ha en pur. Légumineuse bien adaptée aux semis estivaux et que l’on retrouvefacilement en ferme. Racine pivotante, végétation érigée. Profondeur de semis de 3 cm minimum.

Moha : 25 kg /ha graminée estivale tropicale de type Sétaire résistant très bien à la sécheresse,encore mieux que le sorgho. Germination rapide et croissance moyenne (levée délicate si nombreusesrepousses ou adventices). Floraison 50-60 jours après semis. Sensible au stress hydrique en début decycle.

Sorgho : Plante peu exigeante en eau mais levée délicate ; germination et installation du couvertmoyenne. Sorgho fourrager : Plutôt pâture. Ne produit pas d’amidon. Il existe deux types de sorghosfourragers : les Sudan grass (plus précoces pâturables dès 40 cm) et les hybrides (rendements plusélevés, pas de pâture avant 70 cm de hauteur, plus tardifs). Sorgho sucrier : Plutôt ensilage. Serapproche plus du maïs en terme de développement mais élabore peu d’amidon dans notre régionfaute de température.

Attention aux risques d’intoxication si la récolte est réalisée avant 60 cm de hauteur !! Contactez votretechnicien pour les variétés de Sorgho adaptées à votre situation.

Source: Chambre d'Agriculture de Dordogne

Annexe 2 : les dérobées fourragères

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Radis fourrager : 12 kg/ha en pur. Crucifère à germination et croissance très rapide, floraison 50 à 60jours après semis. Eviter les semis très précoces car le radis craint les stress hydriques (sécheresse)provoquant la floraison, puis la montée à graine. A éviter en rotation colza.

Colza fourrager : 10 kg/ha. Le cycle de végétation du colza est très court : suivant les variétés, 60 à 80jours suffisent entre le semis et la récolte. Exploitation en pâturage au fil, il faut disposer d'un frontd'attaque suffisant et d'un sol portant. A éviter en rotation colza.

RGI : 15 à 20kg en pur. Permet d’effectuer de bons rendements sur plusieurs coupes jusqu’au printemps.En pur, nécessite l’apport d’azote pour exprimer son potentiel. Se conserve très bien en ensilage grâce à sateneur en sucres fermentescibles. Attention cependant au risque d’assèchement du sol avant l’implantationd’un maïs.

D’autres solutions de mélanges existent aussi, ces deniers pouvant être plus ou moins complexes.

Mélange double : 1 graminée (avoine ou Moha) + 1 légumineuse (vesce ou pois)Attention, si une espèce se développe peu, la production peut être très réduite.Avoine 200 grains/m²: 50 kg/ha (diploïde pmg 25) ou 70 kg/ha (printemps « classique » pmg 35)Moha 15 kg/haVesce commune 50 grains/m² soit 30 kg/ ha (pmg de 60 à 70)Pois 60 grains/m² :130 kg/ha (protéagineux printemps - pmg de 220) ou 85 kg/ha (fourrager - pmg de 145)

Mélange triple : 1 graminée (avoine ou Moha) + 2 légumineuses (vesce, fèverole, pois, trèfle alex.)

On sécurise la production en augmentant le nombre d’espèces.Avoine 120 grains/m² (30 kg/ha avoine diploïde ou 45 kg/ha avoine de printemps)Moha 10 kg/haVesce commune 30 grains/m² : 20 kg/ha (pmg de 60)Pois 40 grains/m² : 80 kg/ha en pois protéagineux printemps ou 60 kg/ha pois fourrager.Féverole 20 grains/m² : 95 kg/ha (pmg de 520).Trèfle Alexandrie : 10 kg/ha

Mélange multiple : diversifiez vos mélanges en restant vigilant sur le coût/ha.Nombre de légumineuses = 30 à 50% du nombre des espèces du mélange.Quantité de chaque espèce = (Quantité en pur/nombre d’espèces du mélange) x 1.2On peut alors introduire d’autres espèces : Moutarde (12 kg/ha en pur), Tournesol (50 kg/ha en pur), orge deprintemps (150 kg/ha en pur), lentille (80 kg/ha en pur)...

Colza et radis fourragerIls s’utilisent sous forme de pâturage rationné ou se récoltent en vert. La récolte en ensilage est délicate du fait de leurtrès faible taux de matière sèche (12 à 13%). Ils ne doivent pas représenter plus de 40% de MS de la ration et êtreassocié à des aliments énergétiques (0,75 à 0,85 UFL- 95 à 120g PDIN- 80 à 95g PDIE).

Ne pas oublier pour tous ces mélanges de tenir compte, surtout derrière céréales de la rémanence decertains produits phyto sanitaires.

Source : CDA 54 & CDA 55.

Vesce commune : 50 kg/ha en pur. Germination et installation du couvert lente. La vesce commune est lalégumineuse la plus utilisée en inter-culture, souvent en association avec des graminées. La vescecommune doit impérativement être semée tôt.

Trèfle incarnat : 20 à 25 kg/ ha en pur. Vitesse d’implantation très rapide mais sensible à la sécheresse, ilvaut mieux l’implanter à l’automne. S’associe très bien avec le RGI et est non météorisant. Très bonrendement en première coupe, mais peu présent ensuite.

Les espèces non gélives