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I. Pelc – Drogues et société - 2007 Prof. Isy Pelc - CHU Brugmann - U.L.B. Drogues et société Université de Mons Hainaut 2007

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I. Pelc – Drogues et société - 2007

Prof. Isy Pelc - CHU Brugmann - U.L.B.

Drogues et société

Université de Mons Hainaut2007

Approche bio-psycho-sociale des assuétudes

Substances Individu

Environnement

I. PelcDrogues et société

2007

Concernant les assuétudes …

• Une assuétude n’est pas uniquement le résultat de l’usage d’une drogue, de son abus ou encore d’un état de dépendance.

• Un comportement d’assuétude nous confronte à des problèmes tels que l’autonomie et la dépendance, le plaisir et l’auto-destruction, la complétude et le manque, le pouvoir et la misère et, finalement, la vie et la mort. …

Isy Pelc in « Les Assuétudes: abus et états de dépendance – Alcool, Tabac, Médicaments, Drogues » Editions de l’Université de Bruxelles, 1983

I. Pelc – Drogues et société - 2007

Concernant les assuétudes …

A côté des facteurs biologiques et génétiques conduisant à l’émergence et au maintien d’une assuétude, l’éducation personnelle, l’adaptabilité sociale et le développement précoce de la qualité de vie seront extrêmement importants pour l’évolution de la personne en ce qui concerne son comportement d’assuétude ultérieur.

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Concept de dépendance

Assuétudes

De l’habitude...

Usage excessif

Dépendance psychologique

Dépendance physiologique

... à l’esclavage !!!

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Facteurs de dangerosité des « drogues »

Héroïne (opioïdes)

Cocaïne MDMA ("ecstasy")

Psycho-stimulants

Alcool Benzodia-zépines

Cannabi-noïdes

Tabac

Dépendance physique

très forte faible très faible faible très forte moyenne faible forte

Dépendance psychique

très forte forte mais intermit-

tente

? moyenne très forte forte faible très forte

Neurotoxicité faible forte très forte forte forte 0 0 0

Toxicité générale forte * forte éventuellement très forte

forte forte très faible très faible très forte (cancer)

Dangerosité sociale très forte très forte faible (?) faible(exceptions possibles)

forte faible ** faible 0

* Pas de toxicité pour la méthadone et la morphine en usage thérapeutique** Sauf conduite automobile et utilisation dans des recherches de "soumission" ou d' "auto-soumission", où la dangerosité devient alors très forte.

Source : B. Roques, La dangerosité des drogues, Odile Jacob, 1999, p. 298

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Les renforcements psycho-sociaux (1)

Gaetano Di Chiara & R. Alan Northin : TIPS – May 1992 (Vol.13)

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Les renforcements psycho-sociaux (2)

Questionnaire des habitudes de prise de boissons alcoolisées – I. Pelc

1. Lorsque je rencontre l’une ou l’autre personne

2. Lorsque j’ai des ennuis, pour les oublier

3. Par habitude

4. Pour le goût agréable

5. Par goût, qui est devenu une habitude

6. Ce sont des habitudes que l’on avait dans ma famille

7. Pour me stimuler

8. En compagnie de mon mari (femme)

9. Parce que j’aime bien boire un verre

10. Quand je me sens seul

Il m’arrive de prendre un verre :

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Les renforcements psycho-sociaux (3)

Drogues Exposition à des facteurs de stress

Sensibilisation comportementale

parstimulation des voies à

CRF

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Les renforcements neuro-biologiques

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Cannabis: une escalade vers l’abus d’autres drogues ?

• Relations entre récepteurs CB1 et opiacées• CB1 peut moduler certaines propriétés psycho actives

– CB1 peut être impliqué dans la dépendance physique

– CB1 n’est pas impliqué dans la modulation de la réponse à la douleur par les opiacées

• Sensibilisation croisées avec d’autres drogues– La prise de cannabis peut accroître la réponse aux

amphétamines ou à l’héroïne (seulement certaines souches de rats HR (“high-responder”)

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• Le cannabis serait-il un « modulateur » des autres neuro-transmetteurs concernant nos affects et nos cognitions ?

• De même qu’en ce qui concerne les autres neuro-transmetteurs endogènes ( sérotonine, dopamine…), nous utilisons de façon physiologique des cannabinoïdes endogènes produits naturellement.

• De même qu’en ce qui concerne les autres substances psychotropes, des problèmes apparaissent lors d’un usage de cannabis dépassant nos besoins personnels et naturels.

Rôle hypothétique du cannabis et des substances cannabinoïdes endogènes

I. Pelc – Drogues et société - 2007

1714

2831

0

5

10

15

20

25

30

35

parentalitéoptimale

contrainteaffectionnée

contraintesans

affection

parentalitérelâchée

In : Pelc et Ledoux, 1995

Usage de cannabis chez les élèves de 5è secondaire en Hainaut occidental - n = 529

Selon le type de parentalité vécue%

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Pourquoi la communication à propos du « risque » échoue ?

évaluation « experts » du risque

probabilité scientifique durisque acceptable

connaissance en évolutiondu risque comparé

évaluation « publique » et intuitive du risqueoui / non

sécuritéoui / non

conséquence personnelle

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• la volonté de gagner qui caractérise tout sportif de compétition se transforme en rage, à la fois constructive et destructrice

• jamais le cerveau n’échappe aux messages incitants, cachés ou non, qui peuvent mener, par voie chimique, à un accroissement – minime mais essentiel – de la puissance physique...

d’après Carline Taymans in « Le Vif L’Express » 17 octobre 2003, p 110

Forts en tête ...

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grâce à leur caractère bien trempé, certaines personnalités n’ont besoin de personne pour se mettre en mesure de l’emporter

I. PelcDrogues et société

2007

D’autres, peut-être plus équilibrées, pour ne pas dire plus humaines, s’entourent de personnalités aptes à favoriser leur préparation mentale.

Suivies de près, tout au long de leur préparation physique, par des professionnels de leur entourage, elles sont aussi très attachées à l’équilibre de leur vie privée.

I. Pelc – Drogues et société - 2007

in Science et Avenir, septembre 2003

I. PelcDrogues et société

2007

in Science et Avenir,

septembre 2003

I. PelcDrogues et société

2007

Drogues : usage dur, usage doux ?

Drogue douce : définitions

• Par opposition à « drogue dure »

• Désigne habituellement le cannabis et ses dérivés

• Et en réalité ?

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Drogue douce

• Peu d’effet renforçant dans des modèles animaux

• Dépendance physique peu marquée

• Peut être consommée longtemps sans induire d’assuétude

• Peu toxique sur le long terme

• Peu toxique en usage aigu

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Profils des substances psychoactives

Alcool Opiacés Cannabis Hallucin. Psychost. Tabac

Modèles animaux

0 / + +++ ++ 0 / + +++ ++

Syndrome de manque

+++ +++ + / ++ 0 / + 0 / ++ + / ++

Assuétude 0 / +++ 0 / +++ + / +++ ++ +++ +++

Toxicité usage répété

+++ 0 ++ +++ +++ +++

Toxicité aiguë +++ +++ 0 +++ +++ +

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Le cannabis

• Ensemble de substances : les cannabinoïdes

• Action sur des récepteurs spécifiques dans le système nerveux central (CB1) et au niveau périphérique (CB2)

• Ligands endogènes (anandamide, …)

• Action comme les autres substances donnant lieu à assuétude sur le circuit de récompense

• Sensibilisation croisée entre cannabinoïdes et autres drogues

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mémoire

ataxie

pas de problèmes vitaux

Intoxication aiguë

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Influence du cannabis sur le risque de schizophrénie

• Risque multiplié par un facteur 2 à 10

• Dose-dépendant

• Âge-dépendant

• Gène-dépendant

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Interaction prise de cannabis dans l’adolescence - génotype COMT dans le

risque de schizophrénie à l’âge adulte

0

2

4

6

8

10

12

14

Met/Met Val/Met Val/Val

Contrôles

Cannabis

Caspi et al., 2005

Circuit de récompense

Syndrome de manque caractéristique

de la dépendance au cannabis

Nervosisme, irritabilitéTroubles du sommeil

Appétit augmenté ou diminuéTremblements

SudationDiarrhée

Nausées, vomissements

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Etude COGA

Cohorte de 5611 personnes

Aucune consommation 2300 41%Cannabis < 21 fois / an 1576 28.1%Usage fréquent 1735 30.9%

Jamais de manque 1465 26.1%Manque 270 4.8%

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SyndromeSyndromede manquede manque

CravingCravingConsommationConsommation

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« Cannabis clinic »

050

100150200

250300350

400450

2004 2005 2006(extrapolé)

Nb. consultations

I. Pelc – Drogues et société - 2007

Caractéristiques de l’échantillon

• Age moyen : 23 ans - range : 14 - 45 ans• 88 % hommes - 12% femmes• Consommation moyenne : 6 joints / jour - range :

0 - 15 joints / jour

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Schéma d’évaluation

• Interview menant à une évaluation multiaxiale– Consommation– Problèmes psychiatriques associés– Problèmes somatiques associés– Adaptation psychosociale– Analyse de la demande

• Évaluation somatique– Résistances pulmonaires (VEMS)– Examen sanguin

• Evaluation neuropsychologique– Batterie de tests (mémoire, fonctions exécutives)– Potentiels évoqués cognitifs (P300, VCN, PES)

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Origine de la demanden = 42

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20

spontanée parent juge hôpital institution médecin

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Motifs de la consultation

41%

32%

27%

raison sociale

santé physique

santé psychique

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Seriez-vous prêt à arrêter ou diminuer votre consommation si :

• Présence de problèmes physiques : 93%• Absence de problèmes physiques : 55%

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Anomalies dans les bilans, en % de l’effectif

0

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

Problèmespsychiatriques

Problèmessomatiques

Anomalies bilancognitif

Anomalies VCN

Problèmespsychosociaux

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Consommation de cannabis et troubles endocriniens

• 41 patients sur 50 (82%) ont un cortisol élevé

• 16 hommes sur 34 (47%) ont une testostérone inférieure à la normale

• Anomalies de la régulation centrale ou périphérique ?

I. Pelc – Drogues et société - 2007

Débits sanguins cérébraux régionaux(en % de l’activité cérébrale moyenne

par pixel ± écart à la moyenne)

Régions corticales

Alcooliques N = 50

Sem 1 Sem 3 Sem 8

Contrôles N = 50

Frontale Gauche Droite

93.3±0.9** 92.9±1.0**

92.8±0.9** 91.5±0.9**

101.1±1.3 102.1±1.4

106.7±2.0 104.4±2.5

Pariétale Gauche Droite

94.9±1.0 91.1±0.9

93.6±0.9 91.3±1.1

96.1±1.6 93.7±1.6

97.2±1.4 96.9±1.5

Temporale Gauche Droite

101.9±0.7 101.4±0.7

101.8±0.7 102.8±0.8

104.7±1.1 106.7±1.5

104.8±1.2 104.0±1.3

Occipitale Gauche Droite

107.2±0.9 107.1±0.8

107.9±0.9 106.7±0.9

110.6±1.6 108.4±1.5

109.6±1.4 109.8±1.8

(Mampunza, Verbanck et Pelc, 1995)

Fonctions exécutives

• Mémoire

• Attention

• Inhibition

• Flexibilité

• Planification

• Raisonnement abstrait

• Rapidité des performances

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Fonctions exécutives spécifiquement localisées au niveau frontal

• Alpha span : – Doubles tâches

– Substratum anatomique : région frontale dorsolatérale (BA 10 et BA 46)

• Test de Hayling :– Inhibition

– Substratum anatomique : partie moyenne du gyrus frontal moyen (BA 47)

Noël, Van der Linden, Pelc et Verbanck, 2001

Alpha span

0123456789

10

Rappel sériel Rappel alphabétique

Contrôles

Alcooliques

Noël, Van der Linden, Pelc et Verbanck, 2001

Test de Hayling(penalty score)

0

1

2

3

4

5

6

7

8

Initiation Inhibition

Contrôles

Alcooliques

Noël, Van der Linden, Pelc et Verbanck, 2001

0

10

20

30

40

50

Score Alpha Span

Contrôles Alcooliques (R-) Alcooliques (R+)

Fonctions exécutives et prédiction de la rechute

0

2

4

6

8

10

12

Score Hayling

Contrôles Alcooliques (R-) Alcooliques (R+)

Noël, Pelc et Verbanck, 2002

Sensibilisation comportementale

• Augmentation progressive de la réponse motrice lors de l ’administration répétée de drogues

• Augmentation parallèle de la libération de dopamine dans le « circuit de récompense » avec pour conséquence une augmentation de l ’effet renforçant des produits et une perte de contrôle de la consommation

• De longue durée (irréversible ?)

• Consécutive à une modification durable de l ’expression génétique et des mécanismes de neurorégulation

• Croisée entre psychostimulants, alcool, opiacés, cannabinoïdes, etc....

• Rôle des facteurs de stress

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Impulsivité et prise de décision

• Impulsivité liée à l’amygdale

• Prise de décision liée au cortex orbito-frontal

I. Pelc – Drogues et société - 2007

Apprentissage au bien-être

• Guidance individuelle ou « Counselling »

• Débats de morale et d’éthique

• Invitation de personnalités, ressources humaines de la Communauté

• Amélioration de l’environnement écologique de l’école

• Participation des élèves et de l’école aux activités de la Communauté

• Organisation de groupe d’entraide entre élèves

• Discussions de groupe. Amélioration de l’assertivité des élèves

• Guidance économique et occupationnelle. Création de mini entreprises

• Voyages et excursions pédagogiques

• Activités sportives

I. Pelc – Médecine scolaire – 2006

Programme prévention de l’usage des drogues – Thaïlande, 1993