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Pratiques Culturelles liées au fleuve Niger des sociétés riveraines du Mali RECHERCHE DOCUMENTAIRE (Ouvrages généraux) Yacouba Z. KONE Bamako, 3 février-3mars et 6mai-6juillet 2009 1

I- Présentation succincte des fonds bibliothécaires … · Web viewIl ressort de cette analyse que Sékou Ahmadou semble avoir été avant tout un mystique, redoutant les responsabilités

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Pratiques Culturelles liées au fleuve Niger des sociétés riveraines du Mali

RECHERCHE DOCUMENTAIRE(Ouvrages généraux)

Yacouba Z. KONE

Bamako, 3 février-3mars et 6mai-6juillet 2009

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I- Présentation générale

Dans le cadre du projet « Niger- Loire : Gouvernance et culture », la FLASH (Faculté des Lettres, Langues, Arts et Sciences Humaines) a engagé une équipe bibliographique composée de trois (3) étudiants, qui ont mené la recherche documentaire dans les Bibliothèques et Centres de documentation de la ville de Bamako.En effet, nous avons exploité du 03 février au 03 mars et du 06 mai au 06 juillet 2009, des documents sociologiques qui ont traité sur des pratiques socio culturelles liées au fleuve Niger des sociétés riveraines.

Ainsi, la tâche de notre équipe était donc d’exploiter :- les ouvrages généraux,- les mémoires, et- les rapports des Institutions publiques ou privées, relatifs bien

évidemment à notre thème de recherche : «Pratiques culturelles liées au fleuves Niger des sociétés riveraines du Mali ».

Etant le chargé des ouvrages généraux, nous présentons le contenu de nos rapports par la démarche suivante :I-) Présentation générale,II-) Présentation succincte des fonds bibliothécaires consultés à Bamako, III-) Résumé de chaque ouvrage exploité,IV-) Synthèse de l’analyse générale des ouvrages,V-) Références bibliographiques.

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II- Présentation succincte des fonds bibliothécaires consultés à Bamako :

Nous avons consulté au total treize (13) Centres de documentation et Bibliothèques dans la ville de Bamako :

- La Bibliothèque Nationale du Mali (BNM) : Elle possède un fonds bibliothécaire assez important. Notre recherche en son sein a été fructueuse, car elle nous a fourni la majeure partie de nos ouvrages exploités pour cette recherche.

Cependant la recherche se fait manuellement à l’aide des fiches de demande permettant de recenser des ouvrages au niveau des différents fichiers (auteurs, matières, titres).La consultation se fait sur place.

- La Médiathèque de la Bibliothèque Nationale du Mali : Elle se situe au sein de la BNM. Son fonds n’atteint pas celui de la BNM, mais la recherche est beaucoup plus facile car tout est informatisé.

Toutefois l’accès aux documents nous paraît protocolaire (l’enregistrement du document, l’inscription) et le document est aussi consulté sur place.

- La Bibliothèque du Centre Culturel Français (CCF) : C’est une bibliothèque qui fonctionne par base de données informatiques, ce qui rend évidemment la recherche beaucoup plus rapide et performante.

L’accès aux documents est impérativement conditionné à l’inscription.Cependant on peut sortir avec des ouvrage (deux au maximum) pour une durée de quinze (15) jours renouvelables.

- La cellule de documentation de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD).

En fait l’IRD est un institut de recherche scientifique qui a évidemment fait des publications (ouvrages, rapports, …) sur l’environnement de façon générale. Il a une cellule de documentation très importante, mais la recherche y demeure difficile car il n’existe aucun répertoire pouvant la faciliter.

- la Bibliothèque de l’I.S.F.R.A (Institut Supérieur de Formation et de Recherche Appliquée) : C’est une bibliothèque dont sa consultation n’a pas été fructueuse pour nous, car nous n’avons trouvé dans ses rayonnages aucun ouvrage concernant notre problématique de recherche.

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A l’instar de la Bibliothèque Nationale, la recherche se fait manuellement à l’aide des fiches de demande permettant de recenser des ouvrages au niveau des fichiers (auteurs, matières, titres.)- La cellule de documentation et d’information scientifique et technologique du C.N.R.S.T (Centre Nationale de Recherche Scientifique et Technologique) : Le C.N.R.S.T. fait des publications (ouvrages, rapports,…) sur plusieurs domaines. Il a une cellule de documentation assez riche ; mais la recherche y demeure très difficile car à notre passage, il n’existait aucun répertoire fiable pouvant la faciliter.La plupart des documents que nous avons recensés dans son répertoire manuel n’ont pas été retrouvés.

- La cellule de documentation de la Direction Nationale du Patrimoine Culturel (D.N.P.C) : Dans cette cellule, la recherche y demeure aussi difficile car elle ne possède pas de répertoire .Son fonds est essentiellement basé sur des rapports et des documents traitant du patrimoine matériel et immatériel du Mali.

- Le centre de documentation du Musée National du Mali : Ce centre fonctionne par base de données informatiques, ce qui rend la recherche beaucoup plus rapide et efficace .L’accès aux documents est libre car il n’exige la présentation d’aucune pièce d’identité ni d’inscription.Son fonds bibliothécaire est principalement axé sur les productions artistiques du Mali à travers sa culture.

- Le centre Djoliba : C’est un centre qui présente un fonds documentaire assez riche .La prospection se fait à base de données informatiques, mais l’accès aux documents est conditionné à l’inscription obligatoire. Le centre possède peu de documents pertinents par rapport à notre thème de recherche.

- La Bibliothèque de l’Ecole Normale Supérieure (ENSUP) : La recherche se fait manuellement par le biais de fiches de demande des différents fichiers (auteurs, matières, titres).Cependant son fonds est très fourni en mémoires de fin d’études, mais pauvre en ouvrages généraux surtout ceux traitant sur le fleuve Niger.

- La Bibliothèque de la FLASH (Faculté des Lettres- Langues- Arts et Sciences Humaines) :C’est une Bibliothèque centrale qui, à notre passage possédait un nombre important de mémoires de fin d’études sélectionnés dans les différents départements de la faculté (FLASH) .Son fonds bibliothécaire est très pauvre en ce qui concerne les ouvrages généraux, aucun d’entre eux n’a retenu notre attention.

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Toute fois c’est une bibliothèque qui venait d’être inaugurée et fonctionne par base de données informatique.

- La Bibliothèque de l’Institut des Sciences Humaines (I.S.H) : Elle a un fonds essentiellement basé sur des publications faites par des chercheurs maliens ou souvent en collaboration avec des chercheurs étrangers. La plupart des publications est consacrée sur le patrimoine immatériel malien à savoir les croyances, les rites, …A ce niveau des ouvrages assez intéressants ont été soumis à notre consultation.

- La Bibliothèque de l’Institut d’Economie Rurale (I.E.R) : La recherche est beaucoup plus rapide et efficace grâce à une base de données informatiques.Elle est beaucoup plus fournie par des mémoires et rapports présentés par des étudiants et chercheurs ; peu d’ouvrages généraux relatifs à notre problématique de recherche ont été trouvés.

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III- Résumé de chaque ouvrage exploité :

Retenons tout d’abord qu’ ils sont dans l’ensemble le fruit des publications faites de la période allant de 1889 à 2008, alors si certains datent plus longtemps d’autres sont néanmoins plus récents.Aussi, pour l’élaboration de notre document, nous avons adopté un classement non pas par ordre chronologique des publications mais plutôt par ordre alphabétique des noms d’auteurs Au total quarante-deux (42) ouvrages ont été exploités au cours de ces deux phases :

1- BA Amadou Hampaté, Amkoullel, l’enfant peul, Paris : ACCT : Actes sud, 1991, PP.17-20

1-1 Résumé :Cet ouvrage est un véritable récit qui retrace la jeunesse ; les vingt premières années de l’enfance de l’auteur au long de la Boucle du Niger.En nous racontant sa jeunesse Amadou H.BA nous introduit dans un monde qui sera particulièrement instructif pour nous : celui de la savane ouest africaine avec les paisibles immensités d’une brousse dévorée par le soleil ou battue par les tornades de la saison des pluies, avec ses plateaux gréseux et l’énorme fleuve qui reste la grande artère centrale de tout le pays.Le centre du récit restera cependant la petite ville de Bandiagara, on assiste au début du siècle, à l’installation en pays conquis de l’occupation militaire française, le pays demeure passionnément attaché aux grands souvenirs de son histoire et, bien entendu, aux deux principaux épisodes de celle-ci : le royaume peul de Sékou Amadou dans le Macina, et la conquête du pays par les Toucouleurs d’El Hadj Omar Tall.En effet il est évident que l’auteur fait appel à la fois à des souvenirs personnels et à des renseignements recueillis auprès d’informateurs traditionnels.A travers Amkoullel le surnom que portait Amadou H.BA quand il s’initiait aux traditions familiales séculaires; un enfant peul grandira dans une double fidélité : à un code de l’honneur et à un total respect de la volonté maternelle. Enfin il existe ici un matériel historique parlé d’une extrême richesse témoignant d’une véritable civilisation de l’oralité capable de conserver des récits souvent anciennes.

1-2 Les Peuls, un peuple riverain à origines complexes :

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Ce peuple pasteur nomade, qui a conduit ses troupeaux à travers toute l’Afrique de la savane au sud du Sahara depuis l’océan Atlantique jusqu’à l’océan Indien, et cela pendant des millénaires (comme en témoignent les gravures rupestres bovidiennes des grottes du Tassili découvertes par Henri LHOTE), constitue évidemment une énigme de l’histoire. C’est un peuple à origines complexes ; nul n’a encore pu percer le mystère de ses origines.Cependant les légendes et les traditions orales des Peuls font presque toutes références à une très antique origine orientale .Mais selon les versions, cette origine est parfois arabe, yéménite ou Palestine, parfois hébraïque, parfois plus lointaine… Quant aux traditions, elles évoquent plusieurs grands courants migratoires venus “de l’est” à des périodes très anciennes, certains traversant l’Afrique d’est en ouest, seraient arrivés jusqu’à la région du Fouta Toro, au Sénégal, région d’où beaucoup plus tard, à une époque plus proche, ils repartiront vers l’est en de nouveaux flux migratoires.

S’agissant des savants et chercheurs européens intriqués peut-être par l’apparence physique des peuls par leur teint relativement clair (qui, peu foncé selon le degré de métissage) leur nez long et droit et leurs lèvres souvent assez fines ; ils ont essayé, chacun selon sa discipline (histoire, linguistique, anthropologie, ethnologie) de trouver une solution à cette problématique .Ainsi ,chacun de son côté fonde son hypothèse en mettant parfois autant d’énergie à la défendre qu’à combattre celle des autresCependant aucun n’a apporté de réponse certaine et crédible à la question tant complexe .Notons, néanmoins qu’on s’accorde le plus souvent à donner aux peuls, sans préciser davantage, une origine plus ou moins“orientale” avec un degré très varié de métissage entre un élément non nègre, sémitique et les Noirs soudanais .En fait pour les historiens africains modernes, les peuls seraient d’origine purement africaine.Retenons également à cet effet, quoi qu’il en soit, c’est là que réside l’originalité profonde des peuls, à travers les migrations, les métissages, les apports extérieurs, sans oublier les inévitables adaptations aux milieux environnants. Les peuls ont su rester eux-mêmes et préserver avec fierté leur langue, leur fonds culturel très riche et, jusqu’à leur islamisation, leurs traditions religieuses et initiatiques, le tout lié à un sentiment aigu de leur identité et de leur noblesse.Sans doute au gré de multiples circonstances historiques plus ou moins connues, les peuls furent en effet éparpillés dans toutes les zones herbeuses de la savane africaine au sud du Sahara, ainsi « partout présents, mais domiciliés nulle part » .On comprend là que les peuls sont constamment à la recherche de nouveaux points d’eau et de riches pâturages pour leurs troupeaux.

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Toute fois, tantôt fixés par force dans les zones de concentration, tantôt opprimés, tantôt dispersés en diasporas, tantôt conquérants et s’organisant ainsi en royaumes, les peuls parviendront, après leur islamisation, à fonder de grands empires : Parmi lesquels on peut noter l’empire peul du Macina fondé au début du XIXe siècle par Sékou Amadou au cœur du Delta intérieur du Niger au Mali.Enfin, dans cette région de la rive droite du Bani (un affluent du Niger), entre Djenné et Mopti, les peuls y cohabitent avec une diversité d’ethnies, à savoir les Bozo, Somono, Marka, Bambara… (pp.17-20)

1-3 Les Peuls, une population dominante dans le Delta intérieur du Niger : En effet en 1818, lorsque Sékou Amadou fondait dans cette zone du fleuve Niger la « Dîna » ou l’Etat islamique, que les historiens ont appelée « l’Empire peul théocratique du Macina » ; la population de tout le Delta du Niger était déjà à dominante peule.

Ces peuls vont pratiquer principalement l’élevage comme une activité liée à leur vie socio-économique et culturelle. Ainsi l’auteur affirme « aucun peul digne de ce nom, même sédentarisé, ne saurait vivre sans occuper plus ou moins d’un troupeau, non point tant pour des raisons économiques que par amour ancestral pour l’animal frère, presque sacré, qui fut son compagnon depuis l’aube des temps ».En effet, la communauté de la Dîna, créée sur le modèle de la première communauté musulmane de Médine, prospéra pendant vingt huit ans sous la conduite éclairée de Sékou Ahmadou.Par sa puissance dans la région, celui-ci réussit à libérer les peuls de la domination des souverains locaux, à les regrouper et à les sédentariser plus ou moins au sein d’un Etat fort et indépendant. Alors la réglementation des dates et les transhumances des troupeaux en concertation avec les populations agricole et pêcheur n’étaient pas une chose facile pour le souverain peul. (PP. 17-20)

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2- BA Amadou Hampaté et DAGET Jacques, l’empire peul du Macina (1818-1853), Paris : Ed. de l’école des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 1984, pp.59-83

2-1 Résumé :L’objet de cet ouvrage est de retracer l’histoire de l’Etat peul du Macina au XIXe siècle, de sa naissance en 1818 à la conquête française en 1893.En trois quarts de siècle nous assisterons à la naissance de l’Etat dont les ruines d’Hamdallaye symbolisent aujourd’hui encore la solide organisation, aux luttes qui vont l’opposer presque que à tous ses voisins, Bambara, Maure, Touareg, etc., les uns animistes, les autres déjà musulmans, à la croissance et à l’apogée de l’empire. Bientôt, après la brillante période qui, après le règne de Sékou Ahmadou (1818-1845) va se clore avec celui d’Ahmadou Sékou (1845-1853), à la dissociation et au déclin.

En effet, le présent volume traitera seulement la période brillante, c'est-à-dire le règne de Sékou Ahmadou (1818-1845) et celui de son fils Ahmadou Sékou (1845-1853).

L’ouvrage est divisé en différents chapitres dont nous retenons essentiellement ceux consacrés non seulement sur l’organisation de la Dîna du point de vue religieux, militaire et administratif mais aussi sur la réglementation de la transhumance dans le delta intérieur du fleuve Niger.

2-2 L’Organisation de l’Etat théocratique musulman dans le Delta intérieur du Niger ; la Dîna :Par sa victoire rapide sur les animistes coalisés, Sékou Ahmadou avait acquis l’adhésion totale de tous les groupements musulmans à son parti, qu’il s’agisse de Peul, de Marka ou de Bozo.

Son nom était devenu, d’une part, synonyme de protecteur puissant et d’autre part, le titre de Cheik que lui avaient décerné certains, lui permit de doter le pays d’une solide administration théocratique, car tous ceux qui s’étaient ralliés à son parti, lui avaient juré fidélité et s’étaient placés sous son obédience religieuse.

De ce fait, dès qu’il fut à l’abri des intrigues intérieures et extérieures avec lesquelles, il eut d’ailleurs à compter durant les premières années de la Dîna, Sékou Ahmadou réunit un nombre important de marabouts et leur affirma : « je

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ne voudrais pas avoir seul la charge d’administrer la Dîna. Un tel pouvoir n’appartient qu’à Dieu.Vous me reconnaissez comme votre cheik, c’est-à-dire votre guide spirituel. Mais il faut que tous ensemble, nous unissons nos efforts pour donner au pays une organisation solide de manière à substituer au despotisme des Ardos et des autres chefs un organisme administratif et religieux qui puisse assurer à tous une vie économique et sociale meilleure ».

C’est pourquoi, après plusieurs mois de travail, les marabouts présentèrent individuellement des projets écrits et Sékou Ahmadou examina attentivement dans les moindres détails.Parmi ces marabouts, quarante, de par leur sagesse seront retenus par le chef à qui il confia une large part de ses pouvoirs. Sékou Ahmadou demanda à ces marabouts conseillers de se regrouper en commissions, par région d’origine dans le delta intérieur du Niger et sans distinction de race, afin de refondre les projets retenus et de les mettre en concordance avec les lois islamiques.

Il ressort de cette analyse que Sékou Ahmadou semble avoir été avant tout un mystique, redoutant les responsabilités du pouvoir. Ainsi toutes les décisions étaient prises en concertation avec l’ensemble de ses marabouts qui constituaient le grand conseil qui était pour lui la seule voie consultative, mais évidemment prépondérante.En vertu de son statut de Cheik, Sékou Ahmadou se plaçait toujours sur le plan spirituel et religieux et veillait à ce qu’aucune décision relevant de l’organisation sociale, pastorale et territoriale au bord du fleuve ne soit prise qui ne fut pas en accord avec la loi musulmane.Signalons également, qu’à la tête de chacune de ces régions du delta intérieur, le grand conseil avait sollicité l’existence d’un chef militaire ‘’Amiru’’ assisté d’un conseil religieux, judiciaire et technique. Les membres du conseil religieux et celui judiciaire avaient une certaine indépendance vis-à-vis du grand conseil. Le grand conseil siégeait à Hamdallaye et était chargé de la direction du pays et avait la haute autorité sur tout. Mais, le conseil privé de Sékou Ahmadou constitué de deux hommes sûrs (marabouts) pouvait demander et même exiger que le grand conseil révise une décision prise.

Enfin sur le plan de l’organisation militaire de l’Etat théocratique musulman on note essentiellement que l’armée était commandée par cinq chefs de guerre placés à la tête d’une région divisée de plusieurs provinces et cantons. Partant de cela ces chefs de guerre représentaient la Dîna et étaient responsables de la sécurité intérieure et extérieure de tous les peuples du Delta intérieur du Niger.(pp.59-68)

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2-3 Le rythme de l’eau et la réglementation de la transhumance par la Dîna :En effet, le grand conseil de la Dîna portait un intérêt particulier à l’élevage dans le Delta intérieur du Niger, en raison donc de l’atavisme peul et des ressources que cet Etat théocratique musulman pouvait retirer de cette industrie.La Dîna à travers le grand conseil avait dicté à tous ses secrétaires désignés ; les listes des différents campements, des zones de pâturages et des routes de transhumance. Alors à l’aide de ces renseignements, le grand conseil établit en même temps une réglementation pastorale assez puissante dans tout l’empire de Sékou Ahmadou au XIXe siècle sur les rives du fleuve Niger. Ainsi aucun pasteur, aucun sédentaire ne pouvait y contrevenir sans en courir une punition sévère. En réalité, on retient aussi en ce moment, la prise de nouvelles mesures visant à renforcer l’ancienne institution des passages de transhumance ou traversées de cours d’eau, des campements de bétail transhumant, des barrages de pêche dont l’approche est interdite aux animaux. Par la même, il y’a également des pâturages où il était interdit de défricher ou de cultiver ; ou tout simplement on remarquait des points d’eau uniquement réservés à l’abreuvage des animaux. Toute contestation soulevée au sujet de ces institutions devrait être régler par les Dioro qui assuraient la mise en application des principes de transhumance dans les zones de pâturages. Ces Dioro grâce à ce statut de surveillance et de réglementation des pâturages accordée par la Dîna, ils finiront par acquérir des droits sur les terres et les mares qui leur avaient été confiées. Notons également que sous la Dîna, ils devinrent des arbitres pour toutes les questions pastorales concernant la région soumise à leur contrôle.

Par ailleurs, signalons que du temps des Ardos, lesquels ont précédé les Dioro dans la gestion des pâturages ; percevaient des droits de pacage et de traversée des cours d’eau. Cependant, ces taxes ne furent pas reconnues par le grand conseil, mais aucune défense formelle visant à interrompre leur perception n’a été envisagée. Elles ne devaient toute fois, dépasser vingt cauris par tête de bétail, exceptés les veaux.Retenons aussi qu’au retour de transhumance, les animaux de passage pouvaient être repartis entre les champs agricoles pour but de les enrichir en fumier. Ce faisant le propriétaire du champ payait en contre partie quelques nombres de cauris relatifs à la taille du bétail.En effet, dans les territoires de la Dîna, les animaux effectuaient chaque année un cycle de transhumance étroitement conditionné par le rythme des eaux du fleuve.

Enfin, concernant le départ des animaux à la transhumance ; ils quittaient la zone inondable, chassés par la montée des eaux et allaient dans les zones sémi-

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désertiques où les pluies d’hivernage font apparaître mares et pâturages propices pour les animaux.

Pendant la saison sèche ils revenaient dans la zone d’inondation, pénétrant dans les pâturages de décrue et les bourgoutières au fur et à mesure du retrait des eaux. On comprend alors parfaitement que la réglementation de la transhumance par les Dioro, dans le Delta intérieur du Niger est faite bien évidemment en fonction du régime des eaux. (pp.81-83)

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3- BA Boubacar, Pouvoir, ressources et développement dans le Delta central du Niger, Bamako : la Sahélienne ; Paris : l’Harmattan, 2002, pp.26-65

3-1 Résumé :Ce document relativement récent embrasse d’une part plusieurs dimensions :sociales,culturelles et économiques des populations riveraines dans le Delta du fleuve Niger et d’autre part un accent est mis sur les pesanteurs ou conflits sociaux et les actions des projets de développement dans la région.En effet, l’approche de l’auteur qui est celui d’un opérateur en développement est documentée par son expérience vécue sur le terrain. Il avance dans cet ouvrage des pistes de réflexions et des schémas pour une action considérée utile aujourd’hui pour la problématique de développement de la région.Cependant, son projet n’était pas d’écrire à la suite des illustres devanciers une histoire du Delta, mais d’écrire après avoir agi, d’écrire pour témoigner son expérience afin de nous permettre de saisir des réalités actuelles de cette zone riveraine du fleuve Niger, habitée par une diversité d’ethnies.Car Amadou H. BA, le grand chantre de l’oralité, et son ami Jacques DAGET ont révélé dans l’ouvrage précédent l’histoire de la Dîna et l’organisation socio pastorale dans l’espace deltaïque.Aussi, Jean GALLAIS, dans sa très documentée description du Delta intérieur du Niger, a révélé les riches potentialités socio-économiques du Delta.

Enfin l’ouvrage est divisé en différentes parties subdivisées en chapitres dont nous retenons essentiellement celles relatives à notre problématique de recherche.

3-2 Un aperçu caractéristique du Delta central du Niger :A ce niveau, on retient que le Delta central du Niger est une vaste région de 30 000 km² environ, au cœur du Mali.Il est très marqué par des conflits fonciers récurrents, un faible taux d’alphabétisation, la pauvreté et le pastoralisme. Depuis toujours, le Delta a attiré les courants migratoires et a servi de base naturelle à la constitution d’entités politiques remarquables. Il est habité de plusieurs peuples dont nous retenons essentiellement trois types :

- les pasteurs Peuls ;- les pêcheurs Bozo, Somono et Sorko ;- les agriculteurs Bambara, Marka, Bozo, Rimaybé.

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Ainsi ces peuples ont appris à vivre ensemble. Les entités politiques qui se sont succédées ont édicté des règles qui les ont menées à coexister en respectant leurs spécificités et en se spécialisant dans les différents secteurs d’activités.

En effet, au cœur du sahel le Delta jouit d’un avantage comparatif majeur par rapport aux régions voisines : il est caractérisé par l’abondance de l’eau et de la verdure pendant la saison sèche et froide. A cet effet, les systèmes de production sont dans une relation d’interdépendance que renforcent les systèmes sociaux complexes que les hommes, ici ont élaborés dans le temps et dans l’espace. (p.26)

3-3 Les groupes ethniques et systèmes de production dans le Delta central du Niger :La coexistence ethnique dans le Delta est fondée historiquement sur la présence de trois systèmes de production que sont l’élevage, la pêche et l’agriculture. Evidemment, les groupes ethniques sont identifiables à travers ces systèmes de production. En réalité, l’élevage pratiqué par les Peuls est fondamentalement transhumant. En effet, les zones exondées accueillent les troupeaux pendant l’hivernage et la période des hautes eaux. Il s’agit principalement des zones du Seno, du Gourma et du Gondo à l’Est ; et des zones du Méma, du Farimaké… à l’Ouest. Quant au Delta intérieur inondé, il assure la survie des hommes et des animaux pendant la période sèche. Une partie importante des animaux réside de manière permanente près des groupements et des habitants afin de fournir du lait aux communautés sédentaires peules de la zone.

S’agissant de la pêche, pratiquée principalement par les Bozo et Somono, elle est également transhumante. Alors, les pêcheurs se déplacent non seulement en fonction du niveau de l’inondation mais aussi en fonction des migrations des poissons sur les rives du fleuve. Partant de leur maîtrise de cette activité et ses rituels liés au fleuve, ils sont ainsi les maîtres du fleuve et de ses défluents.

Par ailleurs, l’agriculture est une activité pratiquée dans tout le Delta fondamentalement par les Bambara. Il s’agit essentiellement de riziculture traditionnelle. En fait, la mise en valeur des terres agricoles a permis récemment le relèvement de la production et de la productivité par la submersion contrôlée et la création de petits périmètres irrigués dans le Delta intérieur du Niger.

En outre, la tenure foncière du Delta, qui fait la singularité du pays, a été influencée par les différents occupants et les modes d’organisation qui les ont caractérisés. Ainsi, il apparaît nettement que l’histoire et les processus politiques successifs ont marqué les coutumes et les traditions qui fondent le droit en la matière. (pp. 27-30)

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3-4 Aperçu historique du Delta et la tenure foncière :L’Etat théocratique musulman (la Dîna) fondée par Sékou Ahmadou au début du XIXe siècle a marqué un tournant décisif dans l’histoire du Delta. Tout en maintenant l’ordre pastoral antérieur instauré par les Ardos qui ont occupé la région à partir du XIVe siècle (droit du premier occupant), la Dîna a divisé l’espace du Delta en unités spatiales et foncières qui constituaient les territoires agropastoraux.

En effet, les structures mises en place par la Dîna vont subir de rudes assauts à partir du XIXe siècle. Aussi la conquête du pays par les Toucouleurs (1862-1890) provoquera une large restructuration, sinon des bouleversements sociaux dans certaines zones, essentiellement autour des modalités de succession des chefs de village et des détenteurs de droits fonciers coutumiers.

Signalons également que la colonisation va créer le canton, une nouvelle division territoriale et un nouvel ordre administratif que le Mali indépendant consolide et renforce.Cependant, chaque système politique a dû composer avec l’ordre mis en place par la Dîna.

Du point de vue de la tenure foncière, la Dîna ne crée pas seulement un ordre théocratique musulman imposé par le groupe peul ; mais elle marque l’avènement d’une codification des droits anciens sur les espaces de production et des groupes de producteurs en fonction bien sûr, des intérêts du groupe dominant. Cette codification organise une gestion de l’espace et des ressources par des structures dites aujourd’hui traditionnelles, mais dont les pouvoirs persistent. En effet, l’organisation de la tenure foncière de l’époque de la Dîna trouve sa justification dans la tenue en 1821 à Hamdallaye l’Assemblée des états généraux sur la gestion des ressources naturelles. De ce fait, la coexistence entre groupes ethniques et activités est ainsi assurée. Toute chose qui explique, pourquoi ce modèle a pu conserver une certaine permanence dans le temps. Notons alors que cette organisation de l’espace est donc fondée sur une répartition des systèmes de production pastorale, agricole et halieutique.

Du point de vue social, le domaine pastoral est ouvert à l’ensemble des groupes en présence. En règle générale, ce domaine se compose de villages de pasteurs détenteurs du pouvoir politique et assurant la maîtrise foncière de l’espace superposé entre plusieurs entités territoriales dans le Delta.Les territoires agricoles sont situés dans des localités occupées par plusieurs autres communautés dont l’activité est principalement l’agriculture. Il s’agit là des espaces gérés par des chefs coutumiers et des chefs de villages alliés des pasteurs ; ceux-ci sont appelés les Dioro ou gestionnaires traditionnels des

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pâturages. En fait, l’accès de ces groupes aux terres de cultures et zones de pêches est traditionnellement subordonné aux impératifs des activités pastorales dont l’expérience repose sur la mobilité du bétail entre les pâturages inondés du Delta et les parcours en zones exondées pendant la saison pluvieuse. En outre, les règles de gestion des ressources pastorales instituées par la Dîna garantissent aux usagers réguliers de l’espace des droits réciproques d’accès aux pâturages. Et pour les éleveurs étrangers, la possibilité d’exploiter les pâturages inondés (bourgou) est soumise au paiement d’une redevance symbolique (tolo) au départ, mais devenu une véritable rente pour certains Dioro de connivence avec l’administration et la justice locale.

Nous retenons enfin, que la tenure foncière instaurée par la Dîna a permis de créer des conditions de coexistence pacifique entre les différents groupes ethniques dont les systèmes de production sont hétérogènes, cela a été rendu possible par la délimitation d’espaces affectés à des usagers différents selon les périodes de l’année et par l’institution de règles d’accès aux ressources ainsi que de mécanismes de contrôle et de régulation des systèmes d’exploitation en vigueur dans le Delta central du Niger. (pp. 27-30)

3-5 La stratification sociale des Peuls dans le Delta du fleuve Niger:En effet, pendant la Dîna la société deltaïque est passée de la filiation matrilinéaire à la filiation patrilinéaire. Cette société a été beaucoup influencée par l’islam et par la sédentarisation caractérisée par une multiplication des activités primaires : pastorales, agricoles, halieutiques et commerciales.

Dans la société peule on distingue deux catégories sociales : les Rimbè (nobles) et les Rimaybè (captifs). Plus largement, la société était divisée en trois grandes catégories sociales :

- la noblesse : les Peuls guerriers, défenseurs de la cité, les premiers contribuables ;

- le clergé : il est constitué par les imams et les chefs spirituels ;- et enfin le tiers-état : les Diawambé, négociateurs et courtiers ; les Nyeïbè

ou Griots, maîtres de cérémonies et intermédiaires ; les Rimaybé ou esclaves, travailleurs agricoles, maçons, forgerons et cordonniers.

Il ressort de cette analyse que la société peule est une société traditionnellement hiérarchisée, dans laquelle chaque catégorie joue une fonction selon la place qui y est déterminée par les us et coutumes.

Cependant, le complexe d’infériorité inculqué aux groupes sociaux considérés comme non nobles, à savoir les Rimaybé (descendants d’esclaves), les Nyeïbé (griots) ou les Diawambé (commerçants ou courtiers), constitue non seulement

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une source de conflit entre les différents groupes sociaux mais également un frein à l’épanouissement individuel et collectif dans le Delta. (p. 40)

3-6 L’influence des perceptions historiques sur des réalités actuelles du Delta :Historiquement, trois clans ou groupes sociaux ont traditionnellement détenu le pouvoir dans le Delta :

- les Ardo : ce sont les familles de guerriers ayant conquis le Delta entre le IXe et XIXe siècles ;

- les Dioro : il s’agit là des gestionnaires traditionnels des pâturages ;- les Marabouts : ce sont les chefs religieux installés par le pouvoir de la

Dîna à partir de 1818.

En effet, au regard des mutations actuelles et des changements amorcés en 1991, c’est la question de la réceptivité et de l’adaptation à la démocratie et aux droits humains qui paraît être le sujet de préoccupation des populations riveraines du fleuve Niger. Il s’agit de tenir en compte un processus historique marqué par diverses ruptures qui nécessitent une analyse critique de cette évolution. En fait, des sujets considérés comme tabous restent encore d’actualité et continuent à porter un coup dur au processus de développement dans la zone deltaïque.Parmi ces sujets, on note essentiellement entre autres le phénomène du lévirat et du sororat, des comportements souvent négatifs à l’endroit des Rimaybé descendants d’anciens d’esclaves, du refus de l’établissement de pièces d’état civil, du refus d’aller à l’école au profit de l’enseignement coranique…Parlons ici singulièrement sur les comportements négatifs à l’endroit des Rimaybé grâce à leur statut social dans la société deltaïque. Ces comportements sont vécus par eux face à certaines situations :Pour les concertations et réunions villageoises d’intérêt commun, les propositions des Rimaybé ne sont pas souvent prises en compte par les peuls (nobles). En général, les familles dominantes pensent détenir seules les bonnes idées. Selon elles les Rimaybé sont considérés comme des sous-hommes et par conséquent ne sont pas censés d’avoir des idées plus meilleures que celles de leurs maîtres.S’agissant des relations matrimoniales, on note aujourd’hui beaucoup de cas de figure. Dans les familles peules considérées comme Rimbè ou nobles, le mariage est surtout endogamique. Il n’existe pas de liens de mariage avec d’autres groupes ethniques comme les Rimaybé, les Nyeïbé et les Dianwambé. On voit bien clairement apparaître la différenciation sociale entre les principaux groupes sociaux sur les rives du fleuve Niger.

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Concernant la gestion des ressources naturelles, la différenciation est visible entre les groupes ethniques. Ainsi, la vocation à la gestion des ressources pastorales est très affichée pour les peuls (nobles) alors que les Rimaybé sont portés sur la gestion des ressources agricoles. Quant aux Diawambé, ils sont orientés vers le commerce et le courtage tandis que les Nyeïbé sont restés conservateurs des coutumes et assurent aussi la négociation sociale. En fait les Diawambé et les Nyeïbé avaient une fonction sociale bien déterminée, les premiers sont considérés comme courtisans du pouvoir et les seconds comme les hommes de caste. Cependant,depuis plusieurs années, les rôles et les influences ont commencé à changer,entraînant des répercussions sur les relations sociales et familiales notamment les cérémonies de mariage,les relations commerciales,les modes de gestion du pouvoir local et les alliances sociales. Ainsi avec le temps, les familles Diawambé ont eu plus d'influence sur les plans politique, social et économique. Les familles de Nyeïbé, quant elles, sont restées très conservatrice et ont perdu leur influence, d’où leur marginalisation. En effet, beaucoup de familles sont victimes de cette marginalisation dans le Delta, à cause des rapports de classes entre les différents groupes sociaux. Enfin, ajoutons qu’avec les mutations socio-économiques actuelles, chaque groupe social défend ses intérêts ainsi que ses alliances ; d’où la naissance des rivalités entre les groupes sociaux deltaïques marqués par le fait de l’histoire. (pp.55-65)

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4- BARRIERE Olivier et Catherine, un droit à inventer : foncier et environnement dans le Delta intérieur du Niger (Mali), Paris : IRD, 2002, PP.14-157

4-1 Résumé : Le Delta intérieur du Niger au Mali étant un espace partagé entre plusieurs systèmes d’activités (pêche, élevage, agriculture), il est en même temps un espace conflictuel. En effet, la pression démographique et les sécheresses ont accru la compétition pour l’accès aux ressources naturelles dont dépendent les populations locales.Nous sommes dans une situation perplexe ; ainsi pour résoudre des conflits fonciers incessants et gérer l’ensemble de ces ressources, quel droit faut-il appliquer.Ni le droit étatique, directement issu d’une conception occidentale, ni les systèmes traditionnels, ni la pratique locale ne parviennent à apporter de solutions pertinentes et durables.En fait, la décentralisation, nonobstant ses promesses, n’a pas encore restitué aux acteurs locaux la maîtrise de leurs ressources naturelles. Dès lors, il faut repenser, et même inventer un modèle juridique qui soit à la fois légitimé par les populations et légalisé par l’Etat. Telle est alors l’ambition de ce document.Résultat d’un double travail juridique et anthropologique, il allie la connaissance des pratiques foncières et environnementales dans le Delta intérieur à l’analyse des droits existants.

Comparativement à l’ouvrage précédent, ils traitent tous les deux, les mêmes concepts d’espace- ressource et de foncier- environnement, mais à la différence du précédent celui-ci développe une approche juridique novatrice pour une gestion foncière et environnementale qui soit participative et responsable et enfin, retenons aussi que cet ouvrage est relativement récent et intéressant par rapport bien évidemment à notre problématique de recherche.

4-2 Construire un modèle juridique deltaïque issu des réalités plus locales qu’occidentales :En effet, le Delta intérieur du fleuve Niger est une zone où les mentalités des hommes, construites par les péripéties de son histoire restent fidèles à leurs traditions. Ainsi, la résolution des problématiques d’espace -ressource et de foncier -environnement est presque toujours liée à des pratiques culturelles et coutumières du milieu.

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Cependant, ces réalités locales sont souvent ignorées par des juges modernes du droit issu du colonisateur d’une part, et d’autre part ils (juges modernes) sont pris dans une situation perplexe entre le droit coutumier et moderne pour des litiges relatifs à la gestion des ressources environnementales. De ce fait, il conviendrait donc d’adapter le droit à des réalités locales en s’interrogeant ainsi sur la réponse qu’il apporte aux dégradations anthropiques ou naturelles du milieu. Cette démarche consistera à intégrer les pratiques, les schémas de conduite et les représentations qui concourent à la formation des modes de régulation des rapports sociaux vis-à-vis de la gestion des ressources environnementales.Il conviendrait également de transformer la confrontation du droit étatique en vigueur aux systèmes locaux en un système qui intègre la pluralité des contextes au sein d’un schéma juridique ; cadre initiateur d’espaces de négociations sociales locales.

Par ailleurs, le modèle de droit de propriété n’est pas inéluctable et par conséquent ne peut être considéré comme une solution universelle valable pour toutes les sociétés. On note ici que le régime général du droit des biens correspond à une culture juridique, il est le reflet d’une conception du monde, qui ne peut justifier une vocation à uniformiser les rapports société -nature.Le Delta intérieur du Niger n’est pas une région où il faut penser à une généralisation du système de l’appropriation de l’espace.En fait, pendant longtemps, le rapport de l’homme à la terre a été placé uniquement dans le registre agraire. Mais depuis quelques années, on commence à entendre parler de foncier pastoral, halieutique, et forestier. Il est nécessaire alors d’adopter une approche foncière moins restrictive qui se justifiera par les relations imbriquées qui caractérisent la dynamique spatio-environnementale. Les rapports fonciers sont évidemment pluriels dans la mesure où ils prennent en compte toutes les ressources naturelles à savoir le sol, l’eau, la faune, la flore, et les ligneux.

Pour clore ce chapitre, on retient enfin que le modèle juridique deltaïque dont il est question ici, est une proposition qui consistera à instaurer une innovation de droit visant à prendre en compte non seulement l’ensemble des particularités socioculturelles de la région mais également à saisir chaque ethnie dans ses particularités en matière de gestion des espaces agricole, pastorale et halieutique.(pp.14-17)

4-3 Le Delta intérieur du Niger, un espace multifonctionnel :En fait, le Delta intérieur du Niger est caractérisé principalement par trois systèmes d’exploitation à savoir : le pastoralisme, l’agriculture et la pêche.Au XIXe siècle pour sédentariser les peuls, la Dîna avait non seulement institué des espaces pastoraux purement villageois qu’on appelait les Harima mais

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également avait une ambition de développer l’agriculture dans la zone deltaïque. Ainsi les hommes razziés pendant des conquêtes, fournissaient la main d’œuvre pour l’agriculture. Il s’agit notamment des Rimaybé, parmi lesquels était choisi un Bessema (chef politique des agriculteurs) qui se trouvait placé sous la tutelle du Dioro. Il était chargé aussi de diriger le maître de terre (lignage du premier occupant), distribuait également les terres et organisait la collecte des récoltes, en guise d’impôt pour Hamdallaye ; le chef lieu de la Dîna.L’espace agricole comportait donc un chef des Rimaybé, leBessema, un chef des cultivateurs et un chef de terre qui contrôlait l’espace agraire. Signalons que tous les trois étaient placés sous la domination des Peuls.En outre, toujours dans le cadre de sa politique de développer l’agriculture sur les rives du fleuve Niger,Sékou Ahmadou fonda des hameaux de culture qu’on appelait les beeje(pluriel) ou debere(singulier) en peul ;qui devinrent par la suite des villages fondamentalement agricoles. Ainsi, dans ces villages, les chefs de village qui étaient nommés étaient souvent choisis parmi les familles qui détenaient la « maîtrise du couteau sacrificiel ». C’est ainsi que les maîtres de terre devenaient en raison de leur statut de captif,des sacrificateurs honorés du statut de chef de village et se trouvaient en même temps alliés de la Dîna. La tâche était donnée au Dioro de nommer le Bessema (chef des agriculteurs) pour contrôler tous les hameaux de culture.Cependant, actuellement il est difficile de dire que le Bessema a disparu dans le Delta intérieur du Niger car selon les enquêtes des auteurs, sur vingt six Dioro interrogés, neuf prétendent avoir un Bessema dans leurs espaces agricoles.Notons qu’avec la colonisation, le chef de village a accumulé trois (3) fonctions à savoir : chef de village, bessema et enfin maître de terre.

Par ailleurs, l’espace aquatique du Delta intérieur du fleuve Niger se compose d’une mosaïque d’écosystèmes variant en fonction du régime du fleuve.Ainsi, l’exploitation de la ressource halieutique a été organisée en fonction des potentialités du milieu et dans un souci de gestion durable ; mais depuis quelques années les nouvelles données économiques, climatiques, démographiques ont profondément transformé les rapports de production.Les espaces pastoraux, agricoles, halieutiques, forestiers et cynégétiques correspondent chacun à un type d’exploitation. Ainsi, le calendrier des usages du milieu rythme la vie des hommes du Delta au gré des conditions climatiques et des saisons. Aussi, la dynamique d’ensemble s’articule surtout autour de la crue et de la pluie dont dépend l’existence d’une diversité humaine.Le bétail commence à sortir du Delta dès les premières pluies ; au même moment les agriculteurs préparent leurs cultures et c’est également la fin de la pêche dans les mares.Quant au moment de la décrue du fleuve, on voit se multiplier les activités de toutes parts : pêche de barrage, filets et palangres récolte des variétés de riz, hâtives puis tardives, après celle des champs de mil et de sorgho.

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Retenons aussi que lorsque la décrue est suffisamment amorcée, le bétail entre dans le Delta afin de rejoindre les bourgoutières qui en ce moment sont accessibles.

En fait, le Delta supporte une pluralité d’usages simultanés ou successifs sur les mêmes espaces. En effet, chaque système d’exploitation se réfère à un espace dépendant de la ressource exploitée. Les espaces se chevauchent plus ou moins dans une dynamique géo hydrologique si bien que la présence des ressources varie selon les saisons. (pp.55-82)

4-4 L’influence des fondements historiques sur la structure actuelle des relations entre les groupes ethniques du Delta : Effectivement, dans le Delta intérieur du Niger cohabitent un nombre important de groupes ethniques dont la structure actuelle est liée bien évidemment au contexte historique. Les populations bozo, somono, sorko, songhay, peul, rimaybé, marka, bambara, dogon…se repartissent dans le Delta et entretiennent entre eux des relations sociales qui datent très longtemps. En effet, plusieurs auteurs ont écrit sur l’histoire du peuplement du Delta tels Jean GALLAIS (1967) ; Amadou Hampaté BA et Jacques DAGET (1984) ; dans cette rubrique, nous n’allons pas nous mettre à retracer de façon textuelle cette histoire de peuplement, mais nous nous intéresserons tout simplement à des parties consacrées sur les rapports sociaux historiques existant entre les différents groupes ethniques.

Les relations entre les Bozo considérés comme autochtones et les autres groupes Peuls et Marka arrivant dans le Delta furent considérables et font l’objet de récits de fondations de villages qui émaillent certainement l’histoire du Delta. Ainsi lorsque les nouveaux arrivant sont arrivés dans le milieu, ils ont découvert quelques Bozo déjà présents avec lesquels ils établissent un pacte. Notons que ce pacte dont il existe plusieurs degrés allant de la parenté à plaisanterie classique au pacte de sang (dagana en bozo, senankunya en bamana ou lasal ya en peul) eut des conséquences importantes dans l’histoire des rapports sociaux entre les différents groupes sociaux dans le Delta. En fait, ces groupes ethniques Peuls, Marka et Bozo qui étaient contraints à l’exploitation d’un même lieu devaient absolument s’entendre et leur cohabitation était liée par le respect de certains interdits (portant sur le mariage, les rapports sexuels, le fait de voir le sang d’autrui ou d’assister à ses funérailles). Ajoutons que cette relation était complétée par un interdit appelé tanaaji commun à plusieurs clans concernant la consommation ou la mise à mort d’une espèce animale.

Cette relation de respect et de protection mutuelle a maintenu le lien originel pendant plusieurs générations et elle a assuré aussi jusqu’à certains points l’harmonie des rapports sociaux existants entre les groupes ethniques sur les

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rives du fleuve Niger. Elle a également conféré à chaque groupe ethnique des valeurs authentiques permettant à l’identifier et qu’elle conserve avec fermeté.Signalons qu’à l’origine, la répartition du Delta, intérieur du Niger en zone d’activités s’est faite sur la base d’alliances destinées à assurer l’entente entre des groupes rivaux. Toute chose qui a été à l’origine d’une hiérarchie établissant les pouvoirs respectifs de chaque groupe. Ces contrats sociaux relatifs à l’usage du fonds ont été scellés par la reconnaissance des compétences particulières de certains groupes ethniques envers certains types d’espaces ou de milieu.

Ce faisant, les Marka seraient les spécialistes ou les maîtres de la culture du riz dans le Delta du fleuve Niger. Ils maîtrisent parfaitement les terres rizicoles, en partage cependant avec les Bozo pêcheurs et riziculteurs de longue date.Les Bambara sont considérés comme des agriculteurs de terres sableuses ou argilo –saleuses. Les Bozo, Tié et Sorko quant à eux, ils se considèrent comme ceux qui ont été les premiers à exploiter les ressources aquatiques et ont exercé la pêche comme activité principale. C’est pourquoi qu’ils ont instauré progressivement leur autorité sur les plaines inondées, les mares, les marigots, les lacs et les chenaux en tant que premiers et principaux exploitants.

Les Somono sont ceux qui ont régné sur le fleuve comme d’abord bateliers et par la suite pêcheurs impénitents du fleuve.

Les Peuls qui sont arrivés dans le Delta par de nombreuses vagues migratoires sont des pasteurs, qui seront attirés par des vastes prairies du Delta où abondent l’eau et l’herbe favorables pour la croissance du bourgou. Cet espace riverain du fleuve Niger, sera un endroit idéal pour les troupeaux du Peul migrant qui finit par sédentariser sous le règne de la Dîna de leur empereur Sékou Ahmadou. Les peuls après leur sédentarisation dans le Delta vont rendre maître de toute la région en attirant d’autres populations nomades. Ainsi, ils vont s’opposer aux groupes autochtones qu’ils finiront par expulser ou réduire en esclaves. De ce fait, les Bambara, les Bobo, les Dogon, les Nono qui n’avaient pas les moyens de s’opposer à eux seront pour la plupart des « captifs de terre » qu’on appelle aujourd’hui les Rimaybé.

Cependant, ces fondements historiques bien inculqués dans les mentalités des gens, continuent de nos jours à influencer les relations interpersonnelles entre les différents groupes du Delta. Bien évidemment au-delà de leurs caractères positifs (les rapports de cousinage à plaisanterie entre des groupes ethniques), certains sont dits maîtres ou nobles, détiennent le pouvoir et ont droit à tout ; d’autres par contre sont dits ex claves ou captifs, sont dépourvus de tout pouvoir et n’ont droit qu’à la soumission. Cet état de fait constitue aujourd’hui souvent

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un catalyseur qui occasionne des situations conflictuelles entre les différentes ethnies dans le Delta. (pp.25-31)

4-5 Le pâturage, un patrimoine foncier dans le Delta central du Niger :En effet, dans le Delta central du Niger (zones inondées et exondées), des types de pâturage sont traditionnellement identifiés. Chacun de ces types de pâturage correspond à un statut particulier. Il s’agit notamment l’espace pastoral lignager, villageois, commun ou public ; mais il faudrait retenir que l’espace pastoral n’a jamais fait l’objet de propriété privée ou personnelle.Signalons quelques caractéristiques de ces différents types de pâturage : -le pâturage lignager :Ce type de pâturage est essentiellement identifié dans les zones inondées :il s’agit là des bourgoutières familiales qui se composent du bourgou commun au lignage principal et du bourgou réservé à chaque lignage qu’ on appelle le bourgou du Dioro du fait que celui-ci représente la famille.Le pâturage lignager peut être aussi identifié dans les zones exondées. Il est commun aux différents segments de lignage qui composent le leydi (province pastorale constituée en territoire par la Dîna). On souligne que ce pâturage est géré par un Dioro ou à défaut cogérée avec un membre du lignage. -le pâturage villageois ou le hariima :Le hariima peut être défini comme étant le pâturage et le point d’eau réservés aux troupeaux villageois,situé pour la plupart à proximité des villages. La Dîna avait affecté ces types de pâturage aux vaches laitières et en avait fixé les limites, de telle sorte que les cultivateurs en éloignent leurs champs. Celui-ci est commun et libre d’accès pour les animaux du village ; cependant, il est interdit aux troupeaux étrangers et aux vaches non laitières. Les pâturages hariima échappent à la gestion des maîtres des pâturages ; mais gérés par le chef de village.

Le pâturage public : L’accès aux pâturages publics est libre à tous sans aucun contrôle. En fait, ces pâturages sont situés en bordure des zones inondées. Ils constituent les premiers bourgous qui reçoivent les animaux en provenance de la transhumance. C’est un point de départ, d’entrée, un lieu de convergence des couloirs de transhumance dans lequel le bourgou est accessible à n’importe qui. Il peut être considéré comme le lieu où commencent tous les processus de possession des bourgoutières par les lignages familiaux.

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4-6 Les manifestations antagonistes entre les Peuls et certains groupes ethniques du Delta :En réalité dans cette rubrique, on retient des rapports de rivalités entre les Peuls- Malinké et Peuls- Bozo. Toutes ces rivalités ou conflits existants entre les Peuls et Malinké ont pour objet principal, un espace pastoral disputé aux Peuls par les agriculteurs Malinké qui en sollicitent l’accès à titre provisoire ou définitif dans un but soit pastoral ou soit agricole. En fait, dans la plupart des cas l’objet du litige est une bourgoutière que les Malinké cherchent à posséder. Ces conflits se déroulent dans les zones du leydi et rendent difficile l’accès aux couloirs de transhumance, gîtes d’étapes et bourgoutières qui sont devenus des zones à problèmes dans le Delta central du Niger.Cette lutte territoriale entre ces deux groupes ethniques se traduit alors par un rapport de force entre deux communautés qui ont chacune une vision contradictoire de l’espace. Ainsi, les Peuls considèrent comme inadmissible de laisser les bourgoutières se transformer en espaces cultivés et restés sous la gestion exclusive des Malinké. Quant aux Malinké, ils estiment également impensable de céder une portion du leydi aux peuls comme bourgoutière. Ils ne reconnaissent pas le pouvoir des Dioro exercé sur les leydi. En revanche, la compétition pour l’accès aux bourgoutières est une conséquence de la rareté des ressources ; elle montre que le jeu politique s’appuie sur l’évolution du rapport homme –environnement. Notons également que la perte du pouvoir foncier du Dioro entraîne la diminution du poids politique de la communauté Peule,qui gère un espace de plus en plus réduit. Il ressort que le pouvoir des Peuls est fondé sur leur maîtrise de l’espace et sur leur aptitude à gérer la ressource pastorale. Concernant les rivalités existantes entre les Peuls et les Bozo, on retient qu’elles sont dues principalement au fait que les Bozo ; pêcheurs au départ se convertissent de plus en plus en agriculteurs.En effet, la diversité des activités ou la raréfaction des ressources aquatiques a conduit les Bozo qui se consacraient exclusivement à la pêche et qui n’exploitaient pas un grand terroir, à se tourner vers l’agriculture, de telle manière que l’extension des cultures pose une dynamique de rivalité ou de concurrence ethniques. En plus, ces pêcheurs Bozo se sont progressivement s’orientés vers l’élevage en achetant du bétail depuis plusieurs années. Ainsi, les animaux acquis ont également constitué une source de conflits fonciers ou environnementaux au bord du fleuve Niger, dans la mesure où le Dioro s’est opposé à les laisser accéder à la bourgoutière, alléguant du fait que traditionnellement, le Bozo n’avait pas ce droit de pasteur. (pp.117-124)

4-7 Le pouvoir des êtres du fleuve et le pouvoir de Dieu dans le Delta :

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Les populations riveraines du fleuve Niger et plus particulièrement celles habitant les zones inondées accordent une forte conviction aux êtres du fleuve et au pouvoir divin.En effet, dans les zones inondées les génies de l’eau sont là et manifestent des exigences particulières dont les hommes sont informés en entrant en communication ésotérique avec eux. Il faudrait retenir qu’en vertu de cette croyance ; certaines parties du fleuve sont interdites aux activités de pêche ou de culture et si par malheur quelqu’un transgresse, il est sanctionné de mort par les génies. La sanction des génies peut être, souvent sévère car elle peut entraîner la mauvaise récolte ou la mauvaise pluviométrie dans la zone.On souligne également que les pêcheurs communiquent avec ces génies en leur offrant des sacrifices propitiatoires. Ces sacrifices sont surtout effectués sur des parties inondées et arborées du fleuve qui semblent circonscrire la zone de pêche. Parmi ces sacrifices on note entre autres que c’est un bouc noir qui est abattu auprès d’un grand figuier,suivit d’un coq noir en faveur des génies de l’eau afin d’avoir leur accord ou de les implorer pour telle ou telle circonstance.En outre, la responsabilité des sacrifices est confiée au maître des eaux, aîné des descendants en ligne agnatique ; il est aussi chargé de l’ouverture de la pêche.

Cependant, il est noté que malgré cette reconnaissance tacite de l’existence des génies de l’eau qui se manifestent souvent en provoquant des circonstances malheureuses sur les rives du fleuve, c’est exclusivement à l’islam et à Dieu que les populations riveraines font référence quand ils sont interrogés sur les causes de la désertification et de la sécheresse du milieu. Pour ces populations, seul Dieu est à l’origine de toutes les calamités naturelles (la désertification, la sécheresse, la mauvaise pluviométrie…) et que par conséquent, l’homme ne peut rien contre un fait de Dieu.On voit ici clairement que les populations du Delta accordent au pouvoir divin une puissance particulière à tel point qu’elles soumettent l’existence de tous les phénomènes naturels à une volonté divine ; bien qu’ils soient la plupart des cas dus aux comportements malveillants des hommes.(pp.149-150)

4-8 Un accent sur les caractéristiques des conflits dans la zone deltaïque du fleuve Niger :

A ce niveau, on retient essentiellement que les conflits environnementaux recensés dans le Delta ont pour objet une ressource qui constitue une richesse, pour l’obtention de laquelle les populations riveraines entrent en litige. Notons que les ressources concernés sont pastorales (pâturage et points d’abreuvement), halieutiques (poisson), agricoles (sols cultivables) et forestières (arbres).En fait, dans le Delta, les conflits agraires sont plus nombreux que ceux qui relèvent du pastoralisme et de l’halieutique.En ce qui concerne l’aspect forestier, il demeure marginal en raison du fait que les villages ne se sentent pas responsabiliser par rapport à la gestion de cette

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ressource forestière. Cela s’explique par le fait que l’Etat s’implique davantage dans la gestion de cette ressource à travers la mission du Service des Eaux et Forêts. En outre l’ensemble de tous les conflits au bord du fleuve Niger se trouve dans la manifestation de la dynamique de la trilogie terre- herbe -poisson.Nous retenons aussi que dans certains conflits, plusieurs ressources liées à un même espace sont en cause. Il s’agit notamment le cas des espaces pastoraux qui sont cultivés, ou des espaces revendiqués de façon exclusive par certains exploitants intéressés par un seul type de ressource, alors que d’autres y seraient également exploitables. Aussi les bourgoutières qui, une fois inondées, offrent cependant une ressource halieutique de même que les champs récoltés abandonnés à la pâture font partie aussi de ce cas de figure.Enfin, on peut retenir que, plus le tiers des conflits du Delta relève du bourgou qui constitue la ressource deltaïque par excellence. Concernant les conflits relatifs au poisson et à la terre c'est-à-dire aux champs ; ils se classent respectivement en seconde et troisième position après le bourgou. En plus, l’eau, les herbes exondées et les arbres paraissent dans l’ensemble peu convoités par rapport aux autres ressources du Delta. (pp.156-157)

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5- BEDAUX R., POLET J., SANOGO K. et SCHMIDT A., Recherches archéologiques à Dia dans le Delta intérieur du Niger (Mali) : bilan des saisons de fouilles 1998-2003, Leiden : CNWS publications, 2005, pp.316-325

5-1 Résumé : Ce document est le résulta des recherches archéologiques menées à Dia dans le Delta intérieur du Niger au Mali ; il est le bilan des saisons de fouilles effectuées de 1998 à 2003.En fait, l’ensemble du Delta intérieur du Niger occupe une place centrale dans l’histoire des grands royaumes médiévaux de l’Afrique de l’ouest : le Ghana (Wagadu), le Mali et le Songhaï. Des milliers de sites archéologiques de cette région constituent évidemment les seuls témoins de cet essor. Cependant, ces sites sont menacés par un pillage systématique qui est en train de détruire l’histoire d’une dizaine de peuples. Toute chose qui constitue un véritable génocide culturel.Le projet international de fouilles archéologiques de 1998 à 2003 à Dia, un site menacé situé dans le Delta intérieur du Niger, fait l’objet de cette publication. En effet, conduit par le Rijksmuseum voorvolkenkunde de Leyde, il a associé des partenaires maliens de la Mission Culturelle de Djenné, du Musée National du Mali, de l’institut des Sciences humaines et de l’Université de Bamako et des partenaires des Universités de Bruxelles, Leyde, Londres et Paris (I et VI) et le CNRS (Centre National de Recherche Scientifique) de Paris.Toute fois, nous nous intéresserons dans cet ouvrage à des parties consacrées essentiellement sur l’identité des groupes socioprofessionnels à Dia dans le Delta intérieur du fleuve Niger. Enfin notons que ce document fait l’état des recherches archéologiques dans la zone deltaïque du fleuve Niger basées notamment sur les aspects de l’architecture, de la culture matérielle et de l’environnement…

5-2 Le statut socio -professionnel des potières à Dia dans le Delta intérieur du Niger :En effet, la poterie constitue l’un des aspects de la culture matérielle pratiquée par des peuples du Delta intérieur du fleuve Niger. En fait, elle est une activité culturelle exercée par les femmes de la localité.

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La langue parlée par toutes les potières dans la zone deltaïque du Niger est le « diaka » qui est une variante locale du bozo, langue du Mandé occidental (embranchement Soninké –Bobo).Cependant, bien que cette langue soit partagée par la majorité des habitants de la localité ; retenons qu’elle ne coïncide pas avec une identité sociale particulière.En ce qui concerne l’identité des potières, elles se disent « nama » ou « namaw »signifiant forgeronnes, une race distincte de celle des Bozo, des Griots, des Marka (cultivateurs -riziculteurs) et des peuls (pasteurs).

Elles résident dans un quartier particulier au sud-est de Dia, épousent des forgerons, naissent « potières », un statut qu’elles conservent même si elles ne pratiquent pas l’activité durant leur vie, et sont associées comme leurs maris forgerons à une série d’activités sociales et rituelles.Par ailleurs, toutes ces caractéristiques socio -culturelles évoquent évidemment les groupements socio -professionnels d’Afrique de l’ouest habituellement considérés comme des hommes de caste. (p.316)

5-3 L’existence des frontières socio -culturelles et hermétiques entre des groupes ethniques à Dia, ville riveraine du fleuve Niger :Effectivement, dans la pratique les « Nama » (Potières) se considèrent comme nettement différents des Bozo, des Marka et des Peuls.En effet, commençons d’abord par les pêcheurs avec lesquels ces « Nama » n’envisagent aucun échange matrimonial. On note qu’ils (Nama) affirment que : « la différence, c’est le travail. Nous travaillons l’argile, les Bozo pêchent. C’est ça qui fait qu’on est différent. La race est différente mais la langue est la même ». Du côté des Marka également, aucune relation matrimoniale n’est envisageable. Il semble que la distance sociale est plus importante à leur égard qu’elle ne l’est pas avec les Bozo.Les agriculteurs sont des « gens libres » qui se situent au dessus des autres groupes.Quant aux Peuls,ils restent non seulement en dehors du réseau matrimonial mais se différencient aussi par leur langue,leur principale activité(le pastoralisme) et leur concentration dans un quartier spécifique de Dia.Pour la situation concernant les Somono et les Griots, elle est plus complexe. Ainsi, les Griots sont considérés comme des captifs ou des esclaves d’origine exogène. Chaque famille possède les siens, dans l’ensemble des groupes y compris les Peuls

Cependant, si les « Nama » se considèrent comme supérieurs à tous ces groupes, il n’est pas interdit pour un homme de prendre une fille de Griot comme seconde ou troisième épouse dans la localité. Dans ce cas elle gardera son statut initial de

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Griot, mais ses enfants acquérront celui de « Nama ». Notons que l’inverse n’est pas possible, aucune potière n’a pas le droit de se marier avec un Griot.S’agissant des rapports de mariage avec les Somono, ils sont non seulement possibles, mais également très courants ; la différence entre les « Nama » et les Somono paraît être plus simples. Alors, les Somono sont considérés comme des pêcheurs ayant récemment adopté cette activité de pêche. On souligne aussi que les population interrogées par rapport à cette question affirmaient que les « Nama » et les Somono sont de la même « race » et soulignaient à cet égard qu’il existe des liens qui unissent les familles de forgerons de Dia à celles de Somono de Mopti ou de Diafarabé. Il est évoqué ici qu’il pourrait donc y avoir eu à Dia,un recoupement historique entre les « Nama » et les Somono ,toute chose qui expliquerait les intermariages et les partages des mêmes patronymes entre ces deux groupes ethniques.Il faudrait noter également qu’à Djenné, certaines femmes se déclarent d’origine « Numu » (forgeronne) ; d’autres se définissent comme Somono mais revendiquent aussi une origine « Numu », d’autres encore se présentant comme Somono affirment être entrées dans le groupe des « Numu »par les liens sacrés du mariage.

En revanche, l’identité Somono ne saurait se réduire par cette simple association d’éléments d’origines diverses. Les auteurs affirment que selon les sources disponibles pour le Delta intérieur du Niger ; on retient que l’identité des Somono se définit en effet surtout sur des bases professionnelles, autour des activités de pêche et de navigation sur le fleuve Niger. On souligne également que c’est un groupe qui est très perméable et qui s’est constitué sur un substrat de populations très diverses, parmi lesquels on retient essentiellement les Bambara, les Bozo, les Bobo, les Songhaï, les Mossi, les Soninké, les Peuls…Ce faisant, on retient clairement que les Somono ne témoignent pas d’une forme particulière d’ethnogenèse ou d’histoire, mais d’une multitude de processus locaux dont les traditions collectées à Dia sur les rives du fleuve Niger en sont évidemment une illustration parfaite.

Enfin, nous pouvons retenir toutefois qu’au Delta du fleuve Niger au Mali, l’existence des frontières sociales, parfois très saillantes et apparemment hermétiques entre les populations riveraines ne doit pas occulter les multiples liens économiques et rituels qui les unissent dans les rapports d’activités. En réalité, il y a certainement une interdépendance entre les différents groupes qui cohabitent, c’est dire que chacun a besoin de chacun dans le cadre de l’accomplissement d’une mission qu’elle soit sociale, économique ou culturelle. En un mot c’est l’approche du fonctionnalisme dans n’importe qu’elle société (traditionnelle ou technologique).

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A titre d’exemple, à Dia dans le Delta intérieur du Niger on souligne en effet que chaque groupe ethnique a une fonction spécifique pour le fonctionnement harmonieux de la société, ainsi : des griots pour animer les cérémonies, les agriculteurs pour assurer la production des denrées vivrières, des pasteurs pour produire le lait et la viande, des pêcheurs pour la provision en poisson et enfin les forgerons et les potières pour les besoins d’outils. (pp.316-321)

5-4 Organisation socio -culturelle du travail des potières à Dia :En réalité, la cohésion sociale et professionnelle des potières revêt une importance particulière dans la cité historique de Dia sur les rives du fleuve Niger. En effet, elle se manifeste géographiquement par l’occupation d’un quartier particulier de Dia, appelé « quartier des forgerons potières ». On souligne ici qu’il est symptomatiquement constaté chez les potières de Dia que lorsqu’une « Nama » doit se rendre à un endroit situé dans une autre partie de Dia, elle utilise autant que possible les chemins du quartier, même si cela occasionne d’importants détours. En vertu du même rituel, elle s’efforce toujours de ne jamais emprunter les artères principales, mais plutôt que les rues secondaires du village. Il semble évident que cette population est hermétiquement organisée du point de vue socioculturel.On constate que le quartier des potières se situe en périphérie du village et que les aires de cuisson sont situées à l’écart des habitations afin d’éviter tout risque d’incendie. Il est à noter ici que la potière, travaille en général à l’intérieur de sa famille et pratique l’activité toujours en compagnie de sa fille afin de l’initier à tous les mystères liés au métier.En vue de rendre le travail plus facile, plusieurs potières peuvent décider souvent de travailler ensemble. Mais cependant notons que la production demeure toujours individuelle et est considérée comme faisant partie des produits de l’atelier auquel la potière demeure attachée.Soulignons à cet effet que l’appartenance à un groupement socioprofessionnel comme des potières n’est pas incompatible avec l’expression d’identités plus individuelles.

Il est à retenir ainsi que la plupart des potières possèdent une marque distinctive qu’elles apposent comme signature sur leurs produits. Alors, parmi ces marques on peut retenir entre autres : points, croix, mélanges de traits et de points, formes géométriques, etc.Ces marques distinctives s’héritent de mère en fille, mais retenons aussi qu’elles peuvent faire souvent l’objet de légères modifications lors de la transmission.

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Il ressort de cette analyse que si ces marques distinctives ont peut-être pour fonction de matérialiser les filiations, elles permettent aussi surtout de distinguer les productions de chaque potière pendant la cuisson collective et de la vente de ces productions sur n’importe quel marché. (pp.324-325)

6- BERGOUNHOUX Didier, DEPAGNE Rinaldo, Mali : les maîtres du fleuve, Paris, Garde-temps, 2004, PP.9-49

6-1 Résumé : Au Mali, la vie du Delta intérieur du Niger est rythmée par les crues et les décrues du fleuve Niger. Les Bozos constituent évidemment l’ethnie régnant sur le fleuve Niger au Mali : transporteurs, passeurs, pêcheurs…, leur avenir est menacé aujourd’hui par la pollution du fleuve, la sécheresse et l’ensablement du Delta. Ayant été les premiers qui ont exploité le fleuve et avec leur connaissance étendue de l’eau, les Bozos demeurent non seulement les maîtres du fleuve mais aussi les maîtres de l’eau qui vivent encore dans la certitude d’une nature généreuse, immuable et éternelle.On soulignera enfin que cet ouvrage est fait de photographies accompagnées de petits commentaires reflétant la réalité des Bozos.

6-2 Le fleuve Niger, une source de vie : En effet, les Bozos sont les premiers qui ont exploité les richesses du fleuve Niger au Mali, c’est pourquoi leur nom signifie littéralement « les maîtres du fleuve ».En fait, Djenné est une ville riveraine qui a été créée à la fin du IXème siècle, tient elle aussi son nom « génie des eaux », de sa position stratégique aux confins du Bani affluent du Niger, et de la zone intérieure du Delta du fleuve Niger.Alors ces populations accordent une importance capitale à l’eau du fleuve qu’elles considèrent comme essentielle pour toutes les formes de vie.Cependant le fleuve Niger qui draine sur son parcours un habitat riche de ses multiples cultures est aujourd’hui menacé par des pratiques anthropiques.Le fleuve Niger est considéré ici comme une véritable richesse laissée aux populations riveraines qu’elles doivent nécessairement sauvegarder pour le bien de l’humanité tout entière. Ainsi tout développement humain commence indéniablement par la préservation de ce bien essentiel qu’est l’eau. (pp.9 -18)

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6-3 Le fleuve Niger, victime de l’homme et du désert :Plus de 100 millions de personnes reparties sur neuf pays vivent et dépendent de ce fleuve, et les prévisions démographiques en annonce 120 millions pour 2010.

Mais malgré cette importance capitale, le beau fleuve se meurt dans une confusion et un laxisme navrant.Effectivement ce fleuve est victime de plusieurs phénomènes :Les Bozos qui sont considérés comme les plus usagers du fleuve n’enlèveront pas le cadavre d’un boeuf laissé par les nomades peuls et qui souille par conséquent cette eau fluviale et la détruit.

A Djenné comme à Tombouctou les habitants font subir du fleuve toutes les formes de pratiques néfastes à son égard tandisque leurs enfants jouent dans la fange d’une eau propice aux moustiques porteurs du baiser mortel de la malaria.

A Diafarabé, cette partie du fleuve Niger que l’on comparait il y a longtemps avec le Nil est aujourd’hui menacée par une bande désertique et de l’ensablement. Cela est dû évidemment du manque de pluie que connaît la région depuis plus d’une trentaine d’années.

Beaucoup de cités ont disparu sous les dunes ; aussi les bras mineurs du fleuve ne sont souvent plus que des mares de boue où se réjouissent les batraciens et les maladies tropicales. Alors dans ces minces pellicules d’eau brunâtre plus rien n’est utile à la vie humaine. Les poissons n’y pondent plus suffisamment. Le fleuve n’a plus sa fluidité normale car des îles de sables, des rochers, des dunes…bloquent la circulation des pinasses qui servent au transport de toutes les marchandises à savoir : bois, animaux, vivres, etc. Ainsi donc le désert est entrain d’ensevelir tout et le beau fleuve se meurt dans l’indifférence quasi générale. (pp.9-18)

6-4 Les maîtres de l’eau :A ce niveau on notera que les Bozo naissent sur l’eau et que leur histoire celle des maître du fleuve ou de l’eau remonte depuis la nuit des temps : on a retrouvé des peintures rupestres représentants des pêcheurs bozo de plus de 6 000 ans. Les Bozo sont de véritables pêcheurs, ils suivent le poisson comme le chasseur suit le gibier. C’est pourquoi en vertu de cette quête perpétuelle des poissons, les Bozo se déplacent sur le fleuve à l’aide des pirogues. La pirogue constitue pour le Bozo une maison flottante où il peut mettre les filets et les paniers, emballer les ustensiles de cuisines, les lampes tempêtes, les nattes et les couvertures quand il se déplace d’un campement à l’autre au bord du fleuve. C’est pourquoi les auteurs affirment : « On vit, on dort, on mange sur le Niger ».

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Par ailleurs dans les villes du Delta intérieur comme à Mopti par exemple c’est autour de l’eau du fleuve que les femmes se tissent une grande part de leurs relations sociales. C’est dire que le fleuve est incontestablement un lieu stratégique pour les femmes riveraines. (pp.19-36)

6-5 Organisation sociale et mode de vie :Les temps se superposent et le mode de vie demeure ancien chez les peuples riverains (Bozo) car les hommes restent les mêmes depuis tant de siècles. Entourés de poissons, vivant encore dans la certitude d’une nature généreuse, immuable et éternelle ; ces peuples restent toujours coller à leurs coutumes, leurs us et traditionsAussi la vie du Delta intérieur se déroule toujours selon le rythme de la crue et de la décrue du fleuve.

Ce faisant les agriculteurs, éleveurs et pêcheurs se partagent le fleuve en fonction des saisons et des caprices de l’eau.

En outre, les maîtres de la terre (Bambara) et ceux de l’eau (Bozo) ont édicté, alors des règles, des limites, des arrêtés saisonniers, bref des conventions locales pour une meilleure organisation sociale. Cette organisation sociale sophistiquée demeure en dépit de la pollution et de la dégradation des ressources environnementales.Partant de toutes ces paramètres, l’homme s’accroche, résiste et tient peu compte du nouveau décor.

Dans une société archaïque, ils vivent très rattacher à un mode de vie ancien ; cuisinant ainsi dans de vieux pots de peinture, stockent de l’eau de pluie dans des fûts trouillés. Ces hommes travaillent avec les mêmes outils que leurs parents et grands-parents à l’époque.

Toutefois ils accomplissent même des miracles de labeur. Ils s’adonnent principalement à l’activité halieutique où ils capturent encore des poissons pour se nourrir et gagner quelques jetons.

Les habitants du fleuve n’ont pas encore atteint cette extrémité, ce basculement dans un monde autre c'est-à-dire contraire à nos vieilles civilisations. (pp.37-42)

6-6 Le désert, destructeur mais aussi protecteur du fleuve Niger : Effectivement, le désert mange le fleuve mais paradoxalement le protége de trop d’hommes car les conditions socio-économiques sont particulièrement façonnées et empêchent ainsi un nombre important d’individus d’entamer les rives du fleuve Niger.

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Les villages riverains demeurent des sociétés hermétiquement fermées dont les habitants n’aiment ni le tourisme ni la modernité.

En fait, les habitudes, le mode de vie de millions d’hommes et de femmes riverains sont toujours tributaires au fleuve.

Ils utilisent alors le bois comme l’unique source d’énergie. Ainsi n’ayant pas accès à d’autres combustibles, ils surexploitent le couvert végétal. Ce faisant, ce phénomène constitue sans nul doute un véritable danger pour le fleuve. C’est pourquoi les rives du fleuve Niger ne sont plus suffisamment boisées pour retenir le sol qui tombe dans l’eau.

Pour renverser cette tendance néfaste les auteurs proposent en guise de solution pour la protection du fleuve qu’il faudrait bouleverser le quotidien des populations riveraines du Niger en leur apportant une alternative industrielle au bois de chauffe. Par exemple, équiper une bonne partie des habitants du fleuve à l’aide de plaques solaires ou robinet de gaz dans leur cuisine.

Et ensuite construire près des rives, des digues afin de retenir le sol et contenir aussi les eaux de ruissellement. (pp.43-49)

6-7 Migration des hommes du fleuve : Les hommes du fleuve ne demeurent pas toujours sur place au bord du fleuve, parmi eux, il y en a qui décident de partir. Ainsi ils se déplacent en petits groupes à la recherche de fortunes et de meilleures conditions de vie.En effet les maîtres de l’eau dont leurs ancêtres menaient une vie immuable et harmonieuse sur les rives du fleuve Niger, sont aujourd’hui les premiers à abandonner le lit protecteur du fleuve et à devenir alors des aventuriers de pêche.

La tradition des Bozo se transmet de père en fils de façon authentique ; leur identité se confond avec la grande "saga" des Bozo, les seigneurs du fleuve.

Le Niger n’étant plus en mesure de les nourrir, les maîtres de l’eau décident parfois de le quitter et d’aller pêcher ou faire d’autres activités d’ ailleursLe fleuve qui avait fait vivre leurs ancêtres pendant tant de siècles n’assume plus aujourd’hui cette responsabilité vitale à l’égard d’une population assez ambitieuse, c’est pourquoi le fils du Bozo pêcheur devrait partir, c’est dire quitter sa terre natale pour un ailleurs peut être aléatoire. (pp.43-49)

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7-BUSSIERE A.G, traduction de LIUM Aase, MAMPOUYA David, SUREL Janine, Vallées du Niger, Paris : ed.de la réunion des musées nationaux, 1993, pp.134-169

7-1 Résumé :Cet ouvrage, étude multidisciplinaire est un catalogue d’exposition d’objets issus à des fouilles archéologiques dans les différents pays des vallées du fleuve Niger. C’est essentiellement une exposition d’objets artistiques et culturels faits de très belles images impressionnantes.L’exposition Vallées du Niger est l’aboutissement d’une coopération sud -sud entre six (6) Etats africains et d’un partenariat nord-sud entre la communauté européenne, la France et ces six pays.En effet, plus de deux cents objets recueillis au cours des fouilles archéologiques menées ces dernières années et conservés pour la plupart en Afrique,y sont présentés. Ils prouvent le rôle primordial joué par le grand fleuve africain et ses vallées anciennes dans la circulation des hommes, des marchandises et des savoirs et illustrent par leur beauté la profondeur des cultures souvent inconnues par les occidentaux.En fait, des exactions de tous ordres ayant depuis des décennies défiguré un nombre important de sites patrimoniaux de ces régions riveraines et font irrémédiablement disparaître quantité d’informations sur un passé révolu, il était nécessaire, pour assurer la protection de ce précieux héritage, de le faire connaître grâce à un élément culturel et scientifique de portée internationale.Ce document est beaucoup plus marqué non seulement par cette recherche archéologique mais également par une description géographique du fleuve en mettant un accent sur l’étude de quelques peuples riverains.Nous allons relever tout simplement dans cet ouvrage des rubriques consacrées sur des aspects socioculturels qui nous paraissent intéressants par rapport à notre problématique de recherche.

7-2 Etude socio -culturelle de quelques peuples dans la vallée du Niger :

- les Soninké :La société Soninké était une entité hiérarchisée au sein de laquelle demeurent encore aujourd’hui, certaines pratiques sociales très vivantes. A titre

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d’exemple, il serait difficile de nos jours encore à un descendant d’esclave de demander la main d’une fille dite noble.Nous notons ici que la société Soninké se divise en trois grandes classes à savoir : les nobles, les hommes de caste et enfin les esclaves. les nobles occupent le sommet de la pyramide sociale. Parmi eux, on

retient que des chefs qui appartiennent à l’aristocratie guerrière peuvent briguer le pouvoir.

les hommes de caste qui se classent au dessous des nobles sont aussi hiérarchisés au sommet desquels nous avons les Geseru. Ils sont attachés non seulement aux Wago, fondateurs de l’empire du Wagadu, mais aussi aux Nyakaté et aux Jawara.

Ils sont des hommes de la parole dont leur rôle dans la société est de chanter et de réciter les généalogies, les hauts faits des nobles pendant les cérémonies de mariage, de baptême …Autrefois, ce sont les hommes de caste qui accompagnaient les nobles à la guerre. Ils se trouvent dans toutes les sociétés Soninké, celles d’hier et d’aujourd’hui.Quant à leurs femmes, elles jouent le même rôle que leurs époux mais de façon particulière, elles sont potières et exciseuses.La dernière classe des hommes de caste est celle des cordonniers. Ceux-ci travaillent du cuir, fabriquent des sandales des talismans en peau…Ils sont considérés comme des grands bavards et lorsqu’ils arrivent dans une assemblée tous les nobles se taisent car selon eux ils ne méritent aucune confiance c’est-à-dire qu’ils sont indiscrets. les esclaves : les Soninké ont été de grands esclavagistes ; le noble qui avait à

sa disposition une main d’œuvre servile très importante ne cultivait pas.L’esclave travaillait durement dans les champs sous la surveillance d’un chef d’esclaves ou du fils du maître.En outre, il était la cheville ouvrière de tous les travaux champêtres.Par ailleurs, il pouvait parallèlement exercer d’autres fonctions dans la société comme celui de tisserand.

- les Songhay : On ne retient pas grand-chose par rapport à cette ethnie.Cependant, on nous signale que le sentiment d’appartenir à une communauté de culture (langue, coutumes, légendes d’origine…) donne aux Songhay une identité dont l’inspiration puise son essence au Mali, au Burkina, au Niger, en Mauritanie, au Bénin septentrional, au Nigeria nord –occidental.En outre, on souligne que c’est un peuple très complexe du point de vue à identifier et à localiser ; il est aussi très métissé avec les Zarma.

- les Touaregs :

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Nous retenons à ce niveau que les Touaregs sont beaucoup plus associés dans l’imaginaire collectif, aux montagnes du Sahara qu’aux eaux du Niger. Ils sont plus qualifiés comme de véritables nomades du désert que de riverains du fleuve Niger.Cependant, bien que les Touaregs soient présentés comme les gens du dromadaire et non comme ceux du poisson ; ils sont arrivés sur les rives du fleuve Niger en le traversant et se sont installés du coup sur sa rive droite appelé le Gourma qu’eux même dénomment Arabanda (du songhay : « hari-banda, au-delà de l’eau »).Les Touaregs ont participé évidemment à l’histoire compliquée de la Boucle du Niger comme des acteurs souvent violents, mais aussi comme des partenaires ayant établi des accords changeants selon les circonstances avec les populations voisines, alliées ou ennemies. Il s’agit notamment, les Bella, serfs de divers statuts, les Tamasheq noirs constituant une composante majoritaire sur les rives du fleuve Niger ; cultivent souvent au profit de leurs anciens maîtres.

Alors, les Touaregs ; un peuple aux facettes multiples demeurent rattachés au fleuve Niger.En effet, le fleuve Niger est connu de tous les Touaregs de loin ou de près.Dans tout le pays Touareg, de l’Ahaggar à l’Aïr, de l’Adrar des Iforas au pays des Iwellemmeden, un même terme (égéréou) désignant le fleuve Niger.Ce faisant, les Touaregs qui sont arrivés sur les rives du fleuve Niger ou qui ont pénétré sur la rive sud, dans le pays Gourma partagé entre le Mali, le Niger et le Burkina, sont entrés en contact avec d’autres pasteurs (Peuls et Maures) avec des paysans (Songhay) et avec des pêcheurs (Sorko). Ils vivent dans un pays pluriethniques où ils ne sont pas majoritaires et où leur langue est souvent inconnue par des autres qui utilisent comme langue véhiculaire le bambara ou le songhay.Cependant,sur les rives du fleuve Niger,la présence d’éleveurs qui font de l’agriculture et de paysans qui achètent du bétail est souvent source de conflits dans un espace qui n’est pas extensible et qui est tant convoité par des hommes et des troupeaux.Les Touaregs du fleuve c'est-à-dire ceux qui sont de la zone soudanienne comprennent un nombre important d’anciens serviteurs noirs à vocation agro-pastorale installés sur des champs beaucoup plus importants que les Touaregs du nord.En fait,le fleuve Niger et ses bordures attirent de plus en plus des touaregs de façon considérable ;ainsi les champs irrigués leur permettent de pratiquer un élevage de transhumance autour des campements de plus en plus fixes.En revanche, la compétition entre les diverses populations au sujet de l’utilisation de la terre et des pâturages provoquent des tensions et parfois mêmes des conflits sérieux sur les rives du fleuve Niger. (pp.134-169)

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8-COULON Gilles, DENORAY Marie-Laure, Delta : vivre et travailler dans le Delta intérieur du fleuve Niger au Mali, Paris, Alternatives, 1999, PP. 17- 83

8-1 Résumé : C’est entre Djenné, Mopti et Tombouctou, cités denses d’histoires que s’étend une vaste région d’eau habitée et exploitée par les hommes de différentes cultures (Bozo, Marka, Peul…) : le Delta intérieur du fleuve Niger au Mali.Abordant dans le même sens que BERGOUNHOUX, D., et DEPAGNE, R., cet ouvrage souligne aussi que les hommes du Delta organisent leur vie en fonction du rythme d’un fleuve tentaculaire.Immensité habitée et exploitée les hommes y sont mobiles. Tous ont leurs histoires et leurs métiers. Pourtant malgré cette dimension à la fois limpide et complexe chacun vie avec l’autre, en se partageant l’espace et le temps.Ainsi les Bozo sont maîtres des eaux, les peuls maîtres des terres. Des scènes de vie, arrêts sur images, portraits, réflexions, citations… Autant de pièces qui s’enchaînent et s’entremêlent, formant alors au bout du compte un tableau dynamique et vivant du Delta.Nous voyons dès lors qu’à la différence de l’ouvrage précèdent celui-ci nous ferra une étude plus approfondie des population riveraines embrassant ainsi leurs activités socio-économiques et culturelles liées au fleuve.

8-2 Force du Delta et relations sociales :Le Delta intérieur du Niger est la partie du fleuve où le temps joue avec l’espace ; où l’espace impose aux hommes leurs places, leurs mouvements et même souvent leurs destins ; où les hommes inventent au quotidien l’art de conjuguer avec les éléments ; où la terre et l’eau échangent et s’inter changent.Vivre dans le Delta c’est respecter sa loi, celle qui mène à vivre en harmonie avec l’environnement et ses échelles de changements ; c’est aussi être en contact avec ses voisins, avec son passé, son présent quasi incertain.Cette loi est évidemment celle qui est dictée par les mouvements de l’eau, aménagée par la "Dina" de Sékou Amadou au début du XIXème siècle, assurée aujourd’hui à la fois par les pouvoirs traditionnels et ceux de l’Etat actuel.Le Delta intérieur du fleuve Niger a certes ses villes, ses villages, ses campements d’éleveurs ou de pêcheurs.

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Ce sont des lieux que l’on pourrait auparavant croire perdus, où l’on ignorait que l’organisation était si complexe et fluide qui liait les hommes ainsi que leurs ressources et leurs espaces.

En réalité, le Delta déploie au cours de l’année des décors étonnants différents, ainsi dans quelques mois les Peuls et leurs troupeaux envahiront la terre là où règnent en période de crue la pêche et les Bozo.

En effet, accepter être du Delta c’est aussi accepter de se mouvoir de savoir bouger selon la cadence du fleuve. Face à cette situation d’aucuns alternent campement et village d’origine tan disque d’autres préfèrent abandonner le Delta durant une saison, une ou plusieurs années pour y revenir enfin.Aussi certains parmi eux se contentent de quelques voyages vers les villes pour tout simplement un changement d’air ou pour vendre, acheter ou pour échanger. Le Delta a ses personnages, ses pouvoirs, ses rouages, ses clans et parfois ses conflits.

Toute fois ici comme ailleurs, il faut composer, rechercher l’équilibre, cultiver l’harmonie car c’est incontestablement une question de vie.Le Delta intérieur du Niger est peuplé de plusieurs ethnies : Bozo, Bambara, Dogon, Peul, Songhaï, Touareg, auxquels il faut ajouter des entités culturelles non moins importantes telles que les Marka, Bella, Rimaïbé, Sorko. A chacun son art de vivre et de penser, son histoire, ses mythes, ses destinées.

Toutes ces différentes ethnies et entités culturelles se côtoient, s’accordent et même souvent collaborent.Partager le Delta entre ces différents acteurs paraît être un défi, c’est pourtant une réalité. Un défi en ce sens de garder le consensus ou de le retrouver, réconcilier tout le monde autour d’un même espace.

Etre un habitant du Delta c’est obéir aux différents maîtres de la région ; aux garants traditionnels de l’ordre des choses. C'est-à-dire qu’ on doit obéir aux maîtres des eaux(Bozo), aux maîtres des terres(Peuls), mais également respecter les décisions des chefs de village, de quartier, de territoires ; sans pourtant ignorer ses devoirs de citoyens : c’est dire obéir aussi à la loi, à l’administration à travers ses représentants.

Nous voici en face d’un certain nombre de contraintes ou de pouvoirs sociaux qui méritent d’être décelés. Par ailleurs, le Delta nous parait quelques fois comme un pôle d’attraction pour un nombre important de personnes qui y arrivent comme étrangers, migrants ou même simples visiteurs.

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Le Delta intérieur du Niger est une terre d’accueil de vieilles traditions, en fait l’histoire de son peuplement en témoigne suffisamment. Les portes sont ouvertes à qui veut s’y installer.Cependant tous ceux qui y arrivent sont obligés de se conformer aux exigences des différents pouvoirs en place.

C’est pourquoi, les communautés, les maîtres des lieux, les droits coutumiers ont toujours intégré l’idée de cohabiter avec ces gens de passage, qui parfois s’éternisent. En outre de part et d’autre, le respect d’autrui et de ce qui vous entoure est la loi la plus sûre.Ainsi quand on est du Delta, on ne peut en aucune manière ignorer ce qui signifie être loin de chez-soi.Etre prêt à ouvrir ses portes à ceux qui pourraient bien vous ouvrir les leurs. Dans le Delta il faudra comprendre que la mouvance est un art, une envie et pourquoi pas une exigence. (P.17)

8-3 Opposition droit coutumier et droit positif : le conflit foncier, un casse-tête pour le juge moderne dans le Delta intérieur du fleuve Niger :

Trancher les conflits liés à la terre dans le Delta intérieur du Niger, cela constitue évidemment un véritable casse-tête pour le juge moderne du droit positif se trouvant en exercice dans cette zone. Un casse-tête pour lui parce qu’il se trouve dans un dilemme de droit positif et de droit coutumier face aux conflits fonciers.

La question est de savoir en quoi peut consister la loi coutumière qui est tant embrassée et comprise traditionnellement par les hommes du Delta. En effet, le propre de la coutume est non seulement l’oralité mais aussi la transmission des règles de père en fils.

Ainsi la règle change en fonction de l’ethnie, de la localité et bien souvent en fonction de critères très difficiles à appréhender de l’extérieur. C’est pourquoi dans ces conditions, il est difficile voire même impossible pour le juge du droit positif d’avoir une jurisprudence fiable.

Les agriculteurs du Delta intérieur du Niger en vertu du droit coutumier, n’immatriculent pas leurs terres alors que selon le code domanial et foncier article 127 “les terres non immatriculées détenues en vertu des droits coutumiers font partie du domaine privé de l’Etat’’.Cependant, en vertu du droit coutumier, les paysans du Delta se réclament toujours propriétaires de ces terres non immatriculées car pour eux ils sont déjà propriétaires ou utilisateurs de ces terres depuis que le monde est monde c’est à dire selon la loi de leurs ancêtres.

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C’est ainsi que ces paysans trouvent qu’il y a trop de lacunes ou d’insuffisances dans le droit foncier moderne émanant du colonisateur, trop de distance alors avec les réalités du milieu et par conséquent ils font beaucoup plus confiance en leur droit coutumier basé sur les mœurs et les coutumes qu’en celui issu du colonisateur. (p.32)

8-4 Vie socio-économique dans le Delta intérieur du fleuve Niger :L’élevage, la pêche et l’agriculture constituent les principales activités des hommes du Delta. A ce niveau on soulignera les soucis du berger, la gestion de la pêche, et les espoirs du paysan. On fera ressortir également les bienfaits et les peines de la cohabitation ainsi la morale qui défendra l’idée selon laquelle la nécessaire complémentarité des êtres, des choses et des lieux est source d’épanouissement social.

En effet mener sa vie dans le Delta signifie d’être pêcheur, éleveur ou agriculteur même si l’on a aujourd’hui plus qu’hier la volonté et l’obligation parfois, d’adopter parallèlement un autre mode d’existence ou bien de s’adonner librement à l’un de ces nouveaux métiers liés à l’essor du transport, de la consommation ou de la transformation. De ce fait le fleuve Niger est un facteur d’intégration et de désenclavement des peuples riverains. C’est une véritable voie qui casse toutes les frontières et instaure enfin un carrefour dynamique qui assure un bel endroit de passage, où cheminent et s’échangent hommes et biens de façon fluide.

Le fleuve Niger demeure incontestablement un lieu de vie, lieu d’échange où se crée évidemment de nouveaux services mais également de nouveaux besoins auxquels de nombreux commerçants tentent de satisfaire. C’est dire que le fleuve permet de relier les villes et par conséquent de les faire vivre.

Ainsi ces villes à leur tour offrent aux peuples riverains une finalité à leur travail, car c’est en ville qu’on achemine aujourd’hui une bonne partie de leur production. Et c’est à travers cette transaction citadine que les hommes du Delta ont pris goût de la valeur de l’argent.

C’est pourquoi la monétarisation est entrée dans les mœurs notamment chez les pêcheurs.

Aujourd’hui les filets s’achètent ce qui fait gagner à certains chefs de pêche de beaucoup d’argent.

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Il est fini pour le pêcheur du fleuve de nouer ou d’échanger ses produits de poisson avec l’homme du sud et contre les fils de coton pour en faire de filets de pêche.Le filet du pêcheur contemporain n’est plus sa propre fabrication mais venu d’ailleurs ce qui veut dire implicitement qu’il l’achète.

Par ailleurs les pêches collectives ne sont pas souvent au rendez-vous, une situation que déplorent les maîtres des eaux car ça constitue pour eux une perte de valeur culturelle.Les Bozo et autres pêcheurs du Delta intérieur du fleuve Niger investissent leur argent dans l’achat des pinasses à moteur pour la pêche et aussi dans l’achat des engins à deux roues, notamment les cycles à moteur pour assurer la livraison des poissons en période de décrue.

Quant aux agriculteurs, ils préfèrent acheter des charrues et bœufs et même des semences afin d’aider leur terre à bien produire et dont le surplus sera destiné à la vente pour l’achat des nouveaux produits de la ville.Une pyramide de l’économie moderne, les agriculteurs les plus nantis optent pour l’irrigation en investissant fortement dans les pompes à eau motorisées. Une pratique qui permet une meilleure production du riz, du mil, du blé durant toute l’année et aussi elle permet de faire le maraîchage, assure l’alimentation et augmente les revenus.

Vu l’importance de ces pompes à eau dans la vie socio-économique des populations riveraines, elles sont souvent bénéficiaires de ces pompes de la part des organismes étrangers voir internationaux pour assurer convenablement les différentes productions agricoles.

En réalité, dans cette région d’eau, d’herbes et de terre on s’abstient alors d’hiérarchiser les trois piliers pour déterminer concrètement le rôle ou la vie de l’homme dans la région. Certes la pêche, l’élevage et l’agriculture, vivent ici en étroite dépendance. Ainsi leur gestion, leur équilibre, leur développement sont solidaires depuis toujours.C’est une gestion naturellement intégrée. Ce faisant la vache laisse derrière de quoi nourrir la terre et l’on en offrant de bons élement nutritifs, le bourgou et le riz s’en réjouissent, le poisson attiré en ces lieux accueillants y prospère à son tour, fertilisant ainsi les fonds et participant évidemment au bien être du bourgou, qui offrira lui aussi à son tour une excellente pâture.

On comprend dès lors qu’il serait dérisoire d’imposer dans le Delta une séparation des biens par un aménagement filière par filière. De ce point de vue

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cette cohabitation des hommes du Delta constitue une véritable trame sociale complexe. (pp.41-42)

8-5 Femmes riveraines du Delta intérieur du fleuve Niger et développement économique :

Les femmes s’impliquent d’avantage dans la commercialisation des produits et leur place en est de plus en plus considérable dans l’économie locale.L’épanouissement de la famille exige à chacun d’apporter à la communauté ce qu’il peut pourvu de répondre ensemble aux besoins de la "marmite".Avec la monétarisation de la zone ces femmes ont alors pris conscience qu’il n’y a plus de place pour faire le troc légendaire ou pour se laisser uniquement au service du ménage.

C’est ainsi que les femmes du Delta bougent, créent et innovent toujours. C’est évidemment une véritable intuition qui les mène à de nouveaux créneaux, sur de nouveaux marchés. Ces femmes courageuses quittent les rives du fleuve, descendent vers le sud à des centaines de kilomètres pour vendre du poisson séché ou fumé, pour pouvoir se procurer des produits modernes qui améliorent conséquemment leur mode vie. (p.83)

8-6 Mouvements migratoires dans le Delta intérieur du fleuve Niger :En effet l’accès du Delta à d’autres peuples par le biais du fleuve Niger, ce contact interculturel a suscité chez l’homme du Delta l’envie de partir, de quitter de chez soi afin de découvrir. Alors il arrive aux jeunes de succomber au chant des sirènes des villes.C’est pourquoi, on décide d’aller savourer des lumières citadines.Cependant on ne déserte jamais le Delta intérieur, certes on le quitte parfois mais on y revient toujours. Ceux qui ont la force de voyager notamment les jeunes gens le quittent pour y retourner enfin, et raconter la modernité à ceux qui ne peuvent plus voyager. C’est dire que la ville n’est pas étrangère aux hommes du Delta.Le Delta l’a vraiment intégrée depuis déjà très longtemps, pôle d’attraction, lieu d’échange en tout genre.

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La Côte d’ivoire demeure aujourd’hui le principal pays d’accueil à l’excellence pour les gens du Delta. On y part quelques années, pêcher en eau salée ou s’adonner aussi à quelques petits métiers. (p.83)

8-7 L’islam au bord du fleuve :En réalité, les dieux et les génies continuent d’exister au bord du fleuve Niger et ont appris à faire bon ménage avec l’islam qui est considéré comme la religion majeure glorifié par deux cités savantes, deux phares du Delta : Djenné et Tombouctou.C’est au XIXème siècle que l’islam sera redoré par le règne de Sékou Amadou qui fonda un Etat théocratique dans l’empire Peul du Macina.Ce faisant la construction des mosquées dans ces villes riveraines sera au rendez-vous. C’est ainsi que certaines Sourates du "CORAN" et parfois même la terre de la prière, sont retenues par les fidèles pour résister aux agressions du vent et aux morsures de l’eau.

Toute fois à côté de l’islam on notera aussi les pratiques païennes surtout chez les Bozo. Pratiques ésotériques qui n’ont pas évidemment sans rapport avec l’eau du fleuve. (p.83)

8-8 Education scolaire et rythme du fleuve :

En effet, dans le Delta intérieur, le rythme du fleuve est peu compatible avec la cloche de l’école. Mais cependant les temps changent, surtout pour ceux qui ont tout perdu ou presque à cause de la sécheresse précédente dans la zone. Signalons d’abord le cas des éleveurs car, sans cheptel ils sont obligés d’envisager de nouveaux métiers en vue d’assurer l’avenir des enfants. C’est pourquoi l’école sera pour eux une nouvelle perspective.

En revanche pour les pêcheurs Bozo, l’avenir professionnel est plus serein : le poisson est bien là et avec le développement des transports, on peut écouler les produits. C’est ainsi que l’école apparaît pour eux comme une fantaisie plutôt qu’une nécessité.On comprend dès lors que ces hommes là préfèrent plutôt mettre leurs enfants à l’école du fleuve que celle des scolaires afin qu’ils (enfants) apprennent les techniques de pêche et les mystères liés à l’eau du fleuve. (p.83)

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9- CHAUVEAU Jean-Pierre, JUL-LARSEN Eyolf et CHABOUD Christian, les pêches piroguières en Afrique de l’ouest : pouvoirs, mobilités, marchés, Paris : Karthala, 2000, pp.125-246

9-1 Résumé :Cet ouvrage est une étude pluridisciplinaire qui traite les pêches piroguières ou artisanales en Afrique de l’ouest tout en mettant l’accent sur les dynamiques institutionnelles ; pouvoirs locaux, migration des riverains et une analyse économique de la filière pêche.Cependant, dans ce document nous consacrons nos notes de lecture essentiellement sur les rubriques traitant la dynamique des aspects socioculturels des pêcheurs sur le fleuve Niger au Mali.

9-2 Les pêcheurs du fleuve Niger au Mali ; les Tié :Fille du fleuve, l’âme des Tié (Bozo) est le reflet de leur vie ; leurs contes et leurs chants sont pleins de la mélancolie des eaux.Les Bozo sont une population qui croit fermement en sa culture, ainsi ils sont réfracteurs à tout processus pouvant déstabiliser leur fonds culturel.Les Tié ou Bozo forment le principal groupe de pêcheurs du Delta central du Niger au Mali.On note ici que le terme « bozo » est une appellation d’origine Bambara pour désigner les pêcheurs ou les gens du fleuve. Les intéressés se nomment eux-mêmes Tié.En fait, les premiers groupes Bozo ont constitué une des premières vagues de peuplement du Delta central du Niger. Ils pêche principalement dans les eaux peu profondes et chassent aussi les gibiers d’eau.Evidemment, le Delta central du Niger est une vaste plaine inondable en eau par le fleuve Niger.Ce faisant, un ensemble de conditions géo hydrologiques permet à des exploitants spécialistes des eaux de faible ou moyenne profondeur de se livrer, au long du cycle annuel, à des pêches successives sur les rives du fleuve, aux embouchures des chenaux et dans la plaine inondée (en début de crue puis de décrue) puis dans les mares, les lits des chenaux et du fleuve (à l’étiage).

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En fait, aux séries de bonnes pêcheries successives et distantes exploitables aux différents moments du cycle correspond un nomadisme saisonnier bozo, ainsi, les familles se dispersent et se regroupent en unités plus ou moins larges dans les campements successifs proches des lieux de production.Il est clair que dans la première moitié du XIXe siècle, la Dîna, l’empire peul de Sékou Ahmadou, fera du regroupement villageois un impératif et une condition à la reconnaissance des finages et terroirs.Par conséquent, une relative sédentarisation dans les limites des campements de pêche, ainsi, le village apparaît comme le lieu de regroupement le plus ample et, c’est principalement pendant la morte saison de pêche où se conjoignent l’hivernage et la crue du fleuve. (pp.125-126)

9-3 Les principes traditionnels de l’organisation de la pêche chez les Tié (Bozo) :A ce niveau, on retient essentiellement que dans chaque groupement territorial de pêcheurs, le maître d’eau bozo (djituu ou djitigui ou jeydo n’diyan dans les différentes langues) est le plus âgé des descendants (en ligne agnatique) de l’ancêtre fondateur (installé le premier sur un territoire) qui a contracté avec les divinités ou « génie » d’eau le pacte initial permettant la pêche.

Ainsi, ce maître d’eau est donc au centre du groupement de pêcheurs, et à trois (3) prérogatives essentielles : il reconduit annuellement le pacte sacrificiel avec les génies du fleuve, il décide de la mise en place des pêches annuelles les plus importantes, notamment les pêches collectives d’étiage, et il réglemente l’exercice de la pêche, aussi bien les éventuelles mises en défens locales que les engins permis ou prohibés.Le maître d’eau dispose de pêcheries spécifiques (sur lesquelles il a soit un droit exclusif, soit des privilèges ou des préséances.)Cependant, d’autres lignages sont également des « propriétés » qui sont obtenues par don (des maîtres d’eau, d’un empire) par héritage ou par alliance matrimoniale.

Notons également que pour certaines pêcheries (certains barrages de chenaux principalement) ; les propriétaires perçoivent de la part des étrangers au lignage ou au village qu’ils y laissent à accéder, le manga-ji (littéralement eau du maître) représentant un tiers des prises, gage de leur droit éminent, et qui est en partie “ renvoyé” aux divinités d’eau dans un grand sacrifice annuel. (pp.126-127)

9-4 Pouvoirs et traditions sur les eaux : En effet, on a plusieurs fois fait allusion à la multiplicité, des droits possibles sur les eaux ou les pêcheries. En fait, ces droits s’organisent en deux grands types, selon qu’ils sont attachés à des territoires ou à des pêcheries.

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1- Au niveau du territoire :- un droit sacrificiel sur un territoire aquatique, légitimé par le pacte originel contracté par le maître d’eau avec les génies, et transmissible en ligne agnatique.Ce faisant, ce droit lignager induit une exclusivité sacrificielle, le contrôle de l’accès d’étrangers aux eaux du territoire, le contrôle des grandes pêches collectives. Il détermine une série de droits d’exploitation pour les membres du groupement de pêcheurs structuré autour du lignage maître d’eau.Par ailleurs si le caractère central de ce droit est ce caractère sacrificiel,l’étendue du territoire concerné(ses limites avec celui du groupe adjacent) fait souvent l’objet de plusieurs luttes entre maîtres d’eau,luttes mystiques(par l’intermédiaire des génies ou des fétiches) et guerrières.

- des droits de surveillance et d’exploitation d’une partie du territoire, droits dévolus par le maître d’eau à des groupements particuliers de pêcheurs installés sur son territoire. Ceux-ci sont appelés « babaawgal » (« père », organisateur de la pêche) dans le Maasina au Delta du Niger, ou ils sont appelés « borngo » du nom qu’on donne aux cadets qui suivent le pêcheur en transportant ses engins.Toutefois, ces notions s’opposent clairement à celles de maître d’eau, et on pourrait en rendre approximativement l’esprit par le terme de « vassal de pêche ». Ainsi, cette procédure servait à intégrer sous forme dépendante de nouveaux groupements de pêcheurs et à assurer le contrôle d’un territoire trop vaste en déléguant des droits aux sous groupes qui allaient s’implanter sur les limites. C’est pourquoi, en vertu de ce privilège, les « borngo » effectuent généralement des sacrifices mineurs pour l’entretien courant des eaux.

- des droits supra ou para territoriaux attribués à des dépendants par les pouvoirs impériaux ayant dominé le Delta.

De ce fait, les « Arbé » du Macina, par exemple, avaient créé une fédération lâche de petits cantons qui recouvraient respectivement, pour leur partie aquatique plusieurs territoires de maître d’eau.Retenons que même si ces derniers conservaient leurs prérogatives rituelles et foncières, les Arbé initiaient l’organisation de pêches collectives auxquelles participaient certains de leurs dépendants (Macubé arbé, captifs des Arbé) qui les ravitaillaient en poisson.Les pouvoirs impériaux, tant sous le règne des Arbé que sous la Dîna de Sékou Ahmadou pouvaient également modifier le tissu des territoires liés aux maîtrises d’eau. Aussi, ils pouvaient donner de façon définitive une partie de ces territoires à des dépendants ou à des ralliés (qui pouvaient être d’anciens « borngo » des maîtres d’eau).

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Soulignons également que les maîtres d’eau qui perdaient quelques fois leurs prérogatives rituelles liées à des territoires, pouvaient ainsi soumettre les limites territoriales antérieures à celles de leurs propres subdivisions.On comprend alors évidemment que les territoires et les prérogatives se sont toujours modifiés au fil du temps sous la pression des péripéties de l’histoire dans le Delta central du fleuve Niger au Mali.

2- Au niveau des pêcheries : A ce niveau on note également une diversité de droits :- des droits (exclusivités, privilèges, préséances) dévolus par les maîtres d’eau à différents lignages du groupement. Il s’agit bien évidemment de droits lignagers, indifférents à la domiciliation des héritiers (à la suite de migrations, des lignages peuvent ainsi disposer de pêcheries très éloignées de leur lieu de résidence).

- des droits de mêmes types dévolus par les ayants- droits lignagers dans le cadre de l’alliance matrimoniale, soit que les preneurs de femmes les cèdent aux donneurs en guise de dot, soit que les donneurs les cèdent aux descendants de cette alliance (à leurs neveux utérins et à leur descendance).

- des droits donnés par les pouvoirs impériaux à des lignages dépendants ou ralliés, soit du fait du prince (après avoir été retiré à d’autres lignages), soit à l’issue de procédures plus complexes. Ainsi, on peut repérer souvent des pêcheries données comme « butins de guerre » (en reconnaissance par les Arbé d’une victoire guerrière) ou, inversement, comme « droits de sang » (don par les Arbé en guise de compensation de la mort d’une victime). Alors comme on le voit clairement la « tradition » concernant les eaux, était tissée d’histoire bien avant la colonisation et l’indépendance, définie par des conflits fondateurs mais aussi source de conflits potentiels entre principes légitimateurs différents qu’on avait l’habitude de voir conjuguer.

En outre, on peut penser sans risque de se tromper (en se basant sur les péripéties de l’histoire déjà évoquées) que les tensions structurelles affectant, au niveau du territoire, la relation entre maîtres d’eau et vassaux de pêche et, au niveau des pêcheries, la relation entre succession agnatique et droits des utérins, sont nécessairement, et quelque soit le pouvoir impérial catalyseur, productrices de conflits et de remaniements.

Par ailleurs, le nouveau pouvoir, l’Etat malien, va donc en un sens, n’être qu’un pouvoir impérial de plus mais, en un autre sens, va être un pouvoir très particulier. On va voir en effet, qu’il introduit de nouveaux types de droits, ce qui n’est pas nouveau, mais que certains de ces nouveaux droits déstabilisent des principes implicites fondamentaux, inaugurant surtout un mode nouveau de gestion de tous les droits possibles ainsi que des conflits existants.(pp.152-154)

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9-5 Les espaces sociaux de production halieutique : En fait, explicitons d’abord la notion de terroir, que l’on peut définir,dans ce cas précis, comme un espace halieutique relevant d’une communauté villageoise ou inter villageoise qui exerce des droits sur l’exploitation de la ressource, droits coutumiers fondés sur le principe à base religieuse de première occupation.Ainsi, le groupe de résidence des pêcheurs, à composante mono ou pluri- ethnique, abrite plusieurs ménages de dimension variable qui relèvent d’unités plus vastes,les segments de lignage,appelés « Faso » en bambara.On peut retenir aussi que la hiérarchisation entre les segments de lignage se manifeste par la prééminence de la lignée aînée des fondateurs sur les autres.De ce fait, l’aîné de ce groupe le (« Ka » ou patriarche) prend en charge la gestion du terroir en réglementant les droits d’usage des utilisateurs relevant de son autorité. On l’appelle « jidurama », c’est-à-dire le maître d’eau chargé de faire des sacrifices en vue du renouvellement de la ressource dont les hommes n’ont que l’usufruit. Les ménages sont constitués par des unités de production et de consommation que l’on appelle « Gwa » (marmite). La taille du ménage est très variable, elle peut se limiter à une famille nucléaire ou s’étendre à plusieurs foyers polygyniques regroupés sous l’autorité d’un chef qui est en même temps l’aîné de ce groupe domestique.Le principe général qu’on retrouve ici est celui de la gérontocratie. Alors, les aînés de chaque unité de production ou de lignée dirigent l’exploitation des plans d’eau aménagés que constituent les pêcheries.Cependant, les cadets constituent la principale force de travail.L’agencement des pêcheries forme évidemment le terroir de pêche villageois.Traditionnellement tout individu pêcheur relevait d’un « Faso » ou d’un village et jouissait librement de l’usufruit du terroir de son groupe social d’appartenance, selon les règles d’exploitation bien définies.On note également, que le terroir est composé d’un ensemble de plans d’eau (mares, portions de fleuve, ou de lacs, marigots, etc.)

En revanche, les droits de propriétés et d’exploitations (droits familiaux, lignagers, villageois, collectifs, d’exclusivité de préséance etc.) sont hétérogènes et dépendent du statut des exploitants.Aussi, soulignons que la propriété communautaire n’autorise pas la liberté d’accès à tout le monde.Ainsi, Certaines pêcheries, telles que les mares familiales chez les Bozo, les portions de fleuves chez les Somono, sont affectées aux «  Faso » et font l’objet d’un accès réservé à leurs seuls membres.En outre, d’autres espaces tels que les cours d’eau permanents, certains plans d’eau communautaires, sont exploités sous forme de pêche collective, ouverte en même temps aux pêcheurs et aux agriculteurs, l’accès y est libre à tous, après la levée du défens par le maître d’eau.

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Enfin, le terroir peut donc être considéré comme une zone d’exclusivité de pêche où la priorité est d’abord donnée aux ressortissants autochtones.(pp.232-233)

9-6 Le fil de l’eau et la spécialisation ethnique des pêcheurs : En effet, depuis des siècles, la pêche a fait l’objet d’une pluri- spécialisation ethnique.Ce faisant, les Bozo, les Somono, et les Sorko constituent les trois (3) groupes de pêcheurs professionnels qui exploitent les différents plans d’eau. La majorité de ces pêcheurs vit le long du fleuve Niger et de ses affluents, ainsi les Bozo et les Somono sont installés sur le moyen- Niger (zone de Ségou), dans la plaine d’inondation (zone du Delta central) et dans la zone lacustre (aval de Mopti).Notons que le groupe Bozo est constitué de trois (3) sous-groupes à savoir : les Sorogo, les Tié et les Kélinga.Ces groupes ethniques ont suivi des parcours historiques différents et se sont diversement spécialisés dans l’exploitation du milieu aquatique.De ce fait, les Somono et les Kélinga sont traditionnellement reconnus comme les spécialistes des filets (sennes et filets maillants), les Tié sont les adeptes des grandes nasses qu’ils utilisent sur les barrages.Quant aux Sorogo, pêcheurs des marais à l’origine, ils affectionnent les barrages- palissades, les engins- pièges et les palangres. Alors, au cours du temps, ces groupes de pêcheurs se sont entremêlés dans un réseau de rapports interprofessionnels intégrant du coup ces différentes pratiques dans le Delta central du Niger. (231-232)

9-7 Production halieutique et Nomadisme des pêcheurs :Evidemment, l’exploitation des pêcheries domestiques occasionne le nomadisme des pêcheurs qui s’installent dans les campements appelés « Daga », établis aux bords des cours d’eau pendant la campagne de pêche qui couvre plusieurs mois.

Toute fois, ces déplacements domestiques de pêcheurs autochtones à l’intérieur de terroirs socialement délimités ne peuvent être assimilés à des migrations de pêche.A ce niveau, il y a lieu de faire une distinction entre le terroir et le territoire : ainsi, le terroir apparaît comme un espace plus ou moins clos, socialisé, intériorisé et aménagé techniquement (emplacement d’engins, utilisation de techniques spécifiques : barrage, piège,…) dont la ressource est soumise à une exploitation intensive, selon les règles établies par la coutume et les us.

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Quant au territoire, celui-ci implique « une notion d’extensivité de l’espace aquatique ».Il est différent du terroir, car plus étendu et varié sur le plan physique, et socialement plus complexe.On peut retenir que le territoire se situe à l’extérieur des limites du terroir, là où le ressortissant du « Faso » ou du village est considéré comme un étranger par le milieu d’accueil.Cependant, il peut être considéré à certains égards « comme la somme de plusieurs terroirs, réunis sous une même autorité politique, ethnique ou religieuse » En fait, les paramètres de temps (durée de séjour) et d’espace (distance parcourue) sont avant tout basés sur les rapports de production et d’échange entre les différents groupes sociaux. (pp.233-234)

9-8 Les types de migrations des pêcheurs dans le Delta central du Niger :En effet, les grands déplacements des pêcheurs au-delà des limites de leur territoire d’origine ont profondément marqué la configuration du Delta central.Ainsi, on distingue plusieurs types de migrations liées à des contingences d’ordre politique, économique et social. - les migrations liées aux contraintes politiques :Comme son nom l’indique, elles sont liées par définition à des variables politiques. En effet, ce genre de migrations est caractérisé par des périodes précoloniales et coloniales de l’histoire du pays.

*la période précoloniale : nous retenons à ce niveau que les différents Etats qui se sont succédés au soudan occidental pendant la période médiévale ont été pour la plupart de nature tributaire. A cet effet, les pêcheurs furent vassalisés par les différents pouvoirs au même titre que les autres groupes de producteurs, et soumis au paiement de taxes, de tributs et à des prestations forcées. Ainsi, l’exemple des Somono est assez éloquent à cet égard ; on retient que leur installation sur le long du Niger à des intervalles réguliers est due aux prestations de batellerie qu’ils devaient fournir aux souverains du Mali.

En fait, cette période a été celle de grands bouleversements sociaux ayant entraîné des déplacements forcés de populations.Ainsi, les Kélinga actuels du moyen Niger (régions de Koulikoro et Ségou) partis du Delta central auraient remonté le cours du Niger pour venir s’installer sur les pêcheries Somono de l’amont. Mais la majeure partie de ces pêcheurs a été arbitrairement déportée dans la zone à partir du XVIIIe siècle par les « Fama » (rois de Ségou) pour des besoins économiques et guerriers.

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Aussi, les Toucouleurs en lutte contre les souverains des royaumes de Ségou et du Macina, déportèrent au cours du XIXe siècle une quantité importante de pêcheurs Somono et Bozo. Toute la population de la rive gauche du Niger fut ainsi transplantée par le chef Toucouleur (Tidiani), sur la rive droite de ce fleuve.

*la période coloniale : vainqueurs des Toucouleurs, les Français autorisèrent les populations déportées par ces derniers à retourner sur leurs emplacements d’origine. Ce faisant, on retient que ce nouveau déplacement des populations pour des raisons politico- administratives engendra de nombreux conflits relatifs aux nouveaux droits d’occupation de leurs anciens espaces de production.Toujours dans la même logique, après la prise de la ville, les Français autorisèrent les Somono de Ségou à suivre leurs anciens maîtres Toucouleurs contraints à rentrer au Sénégal. Lorsqu’ils sont arrivés à Kayes, la plupart de ces Somono a décidé de s’y installer d’où leur présence massive dans cette région. (pp. 235-237)

- les migrations de travail :Dans les premières années du XIXe siècle, on note chez les pêcheurs, un fort mouvement de colonisation dont le flux s’orienta vers la première région (Kayes) et se généralisa ensuite à l’ensemble de la zone Ouest africaine.A cet effet, l’époque des grandes migrations Somono est située dans le premier quart du XIXe siècle. A cette époque, on signale le départ de groupes importants de pêcheurs Somono de la vallée du Niger en direction de toutes les régions Ouest africaines. Ces Somono s’engageaient comme « laptots » sur les bateaux à vapeur coloniaux qui venaient jusqu’au port de Kayes. Ils se livraient aussi à la pêche sur le fleuve, ainsi Kayes leur servait de porte d’entrée au Sénégal.

Alors, arrivés au Sénégal, ils s’intègrent à la population locale qu’ils initient aux pratiques de pêche. De même, ce mouvement de pénétration se poursuit jusque dans les régions côtières de Côte d’Ivoire et de Guinée où s’installent des colonies de pêcheurs maliens ; surtout les Bozo sur le long du Niger et jusqu’à Conakry (Guinée).

En outre, à une époque plus récente, les vagues successives de sécheresse des années 1970 et 1980 ont provoqué le départ d’un nombre important de pêcheurs du Delta vers la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Ghana. Le parcours migratoire, établi sous la forme d’aller et retour annuel, se modifie pour tous les groupes et on observe un allongement de la durée de séjour à l’extérieur. Retenons que ces mouvements extra- deltaïques peuvent être considérés comme des migrations de travail qui, à la longue, ont conditionné

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l’installation temporaire ou définitive des partants sur de nouveaux lieux de pêche, où ils se sont intégrés aux groupes locaux ou ont crée de nouvelles colonies de pêche tout en conservant des rapports avec le milieu d’origine. (pp. 238-239)

- les migrations internes :On retient ici que la monétarisation de l’économie crée sans cesse des besoins nouveaux dont la satisfaction exige la possession de plus de numéraire.En effet, la pêche, grâce à ses nombreux débouchés, est intégrée dans l’économie marchande sans que disparaissent les pratiques traditionnelles : troc, relation interpersonnelle, clientélisme, etc.On note que la recherche de revenu monétaire pousse les pêcheurs à sortir hors du terroir et à intensifier les techniques de capture.

Par ailleurs, les migrations internes du Delta central, timides avant la période faste, finirent par drainer des unités entières (ménages) sur les lieux de pêche. A titre d’exemple on note que les migrants de Ségou, les pêcheurs de Diaka et du Macina, ceux de Djennerie se déplaçaient en groupes vers l’aval, tout en érigeant des campements le long des berges et en suivant le rythme de l’eau.

Cependant, dès l’annonce de la crue, les ménages retournaient dans leurs villages où ils se livraient à l’agriculture lorsque les disponibilités en terre le leur permettaient.Ainsi, les aînés rentraient pour cultiver au village en laissant les cadets continuer la pêche plus loin en aval.Quant aux Bozo du groupe Sorogo, ils n’avaient pas une tradition migratoire forte. Jouissant d’un écosystème riche (plaines d’inondation, mares, bras de fleuve) propice à l’accueil des migrants, ils se sont plutôt orientés vers une exploitation judicieuse de leur propre pêcherie.

On peut retenir à cet effet que les mares lignagères, qui sont leur propriété, sont pêchées grâce à un dispositif technique assez rudimentaire (barrages de clayonnage et nasses). L’exploitation est collective avec une appropriation familiale du produit. Ainsi une partie des gains est redistribuée entre les aînés de lignée ou de ménage et sert sous forme de « foroba » (bien commun) à assurer la survie du groupe familial. Aussi, la production repose sur la force de travail des cadets, tandis que la direction des opérations est assurée par les aînés. Il s’agit là d’une division générationnelle du travail. Ainsi à la fin de la campagne, la recette est versée au chef de ménage qui l’utilise comme « foroba » en vue de satisfaire les besoins de la famille.

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En grosso modo, on voit clairement que les différents types de migrations mis en œuvre par les pêcheurs du Delta révèlent l’importance cruciale de ce phénomène dans la reproduction de leur système de production. Le processus migratoire a généré au fil du temps la conquête de nouveaux espaces de production ; il a joué le rôle d’élément régulateur en période de crise aiguë. Aussi, à travers l’analyse des relations au sein et entre les différents groupes, nous voyons que c’est la nature des rapports de production et d’appropriation qui fondent le pouvoir des aînés. Ces aînés demeurent les maîtres d’œuvre qui assurent la gestion des pêcheries et le contrôle social des migrations de pêche. (pp.239-246)

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10- DAJET J., KONIPO M. et SANAKOUA M., la langue Bozo, Dakar, IFAN, 1953, pp.5-151

10-1 Résumé :Avant, d’introduire ce document, retenons d’abord cette citation de Westermann : « Une langue est l’expression fidèle de l’ensemble de l’état de civilisation d’un groupe.»Le présent document est essentiellement basé sur une étude grammaticale et lexicologique de la langue bozo à travers laquelle l’auteur met l’accent non seulement sur les traits essentiels qui caractérisent le groupe ethnique bozo mais aussi sur quelques aspects culturels propres à l’ethnie.On retient également dans cet ouvrage quelques contes bozo, une transcription du bozo en français et un point consacré sur l’origine de certains patronymes bozo.Il traite enfin, les différents dialectes du bozo (dialecte de Mopti, du Débo, du Korondougou, de Difarabé) accompagnés de devinettes et de proverbes.

10-2 Quelques traits essentiels qui caractérisent les maîtres du fleuve : En effet, les Bozo constituent un groupe ethnique de pêcheurs caractéristique de la zone d’inondation du fleuve Niger.En fait, les Bozo n’ont jamais prétendu descendre tous d’un même ancêtre commun, ni être tous originaires de la même région. De ce fait, à côté de familles qui déclarent que leurs ancêtres sont sortis de la terre, ce qui est peut être une façon de dire qu’elles sont autochtones, d’autres affirment sans ambiguïté être venues du Mandé, c'est-à-dire de l’amont, d’autres se disent provenir de l’aval, d’autres enfin se réclament aussi d’une origine Sarakollé etc.Recueillir les traditions des différentes familles bozo représente sans doute un travail à peine ébauché et il serait prématuré de formuler des conclusions relativement aux faits anciens et aux migrations dont elles ont fixé le souvenir.On note qu’avant l’arrivée de « race » blanche dans les régions sahéliennes et avant même la constitution des grands Etats soudanais, le pays qui s’étend depuis les bords du Sahara occidental au nord jusqu’à ceux de la zone forestière au sud, devait être peuplé de Noirs appartenant au groupe Mandé.Ainsi, la plupart de ceux-ci s’adonnaient à l’agriculture, de la chasse des gibiers d’eau et de la cueillette. Alors, ils pratiquaient le semi-nomadisme en fonction de leurs activités.

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On pourrait affirmer à cet égard que les Bozo peuvent être considérés comme les descendants de ces chasseurs du Mandé. On souligne que de nombreuses traditions de familles Bozo représentent l’ancêtre sous les traits d’un chasseur. A ce titre à l’heure actuelle encore certaines familles bozo conservent le titre de « Sòŋotuu » (maître de la brousse) et les prérogatives attachées à ce titre en ce qui concerne l’organisation des pêches collectives. Ajoutons à cela les rites de chasse ,le « Kesèmè », l’usage de vêtements teints en jaune bardés de gris-gris et doués de propriétés magiques, les incantations pour soigner telle ou telle maladie ou pour soigner ceux qui sont blessés à la chasse etc.Tous ces traits prennent un sens logique si l’on admet que les Bozo étaient à l’origine des chasseurs.Naturellement, installés dans une région où le poisson abonde, il est normal qu’ils se soient adonnés aussi à la pêche. Ce faisant, celle-ci fut d’abord pratiquée par les barrages et les harpons en période de crue.Cependant, la raréfaction du gibier terrestre, de l’hippopotame qui n’est plus tué aujourd’hui et du lamantin qui ne l’est plus guère que dans la région du lac Débo, d’une part, le perfectionnement des techniques de pêche, les filets et les pirogues clouées, d’autre part, ont conduit les Bozo à intensifier de plus en plus la pêche.Cette production halieutique leur permettait de subvenir à leur besoin alimentaire et d’assurer aussi un réseau commercial de poisson à l’extérieur de la région.Notons également que les Bozo faisaient le troc par lequel ils échangeaient du poisson contre le mil, riz,… auprès des cultivateurs.Toute fois, si le Bozo pratique aujourd’hui l’agriculture ; cela demeure évidemment une innovation dans le Delta, car traditionnellement le Bozo a toujours été hostile à l’agriculture, forme d’activité pour laquelle il affichait le plus grand mépris.Hommes riverains du fleuve Niger ou dans une brousse que la crue inonde chaque année et transforme en marécage tirant là des ressources pour leur survie, les Bozo seront frappés par la variété et la dynamique de ces ressources aquatiques. Ainsi, face à cette situation qui les transcende, les disposait à vouer un culte particulier aux génies d’eau et à adopter un rituel où les eaux et les poissons jouent le même rôle que la terre et ses produits chez les cultivateurs. Beaucoup plus qu’un critère racial, anthropologique ou linguistique, c’est le rituel qui caractérise le groupe ethnique bozo et le distingue des Somono et des autres groupes ethniques de la région.On souligne aussi qu’au cours de l’histoire du Soudan telle qu’elle nous est connue par celle des grands Etats qui s’y sont succédés, les Bozo n’ont jamais joué un rôle important. Vivant disséminés par petits groupes dans la brousse, ne s’intéressant qu’au gibier et aux eaux, par surcroît pacifique, ils n’ont jamais obéi à aucun chef politique ni militaire.En fait, depuis une époque très ancienne les Bozo évitent de se mélanger aux autres groupes ethniques. En outre, il est rare qu’un Bozo épouse une femme

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non bozo, rare également que les Bozo aient libéré leurs captifs pour les intégrer parmi eux.Ainsi, toutes ces circonstances les ont remarquablement protégés contre les influences extérieures.Moins évolués physiquement et intellectuellement que leurs voisins, ils sont quelques peu méprisés par ces derniers, mais malgré tout respectés parce que alliées aux génies de la brousse et des eaux et détenteurs de pouvoirs occultes.Ajoutons enfin que les Bozo sont maintenant presque tous islamisés ; mais convertis de fraîche date, la masse n’a rien délaissé de ses coutumes et croyances traditionnelles, elle y a seulement ajouté quelques détails d’inspiration islamique faciles à reconnaître.En ce qui concerne la langue bozo, il n’est pas étonnant que l’on retrouve dans le langage de nombreuses évidences d’archaïsme et d’originalité.Le bozo sous sa forme actuelle se rapproche à la fois du Sarakollé et du mandingue. Toute fois, s’il possède des analogies évidentes et très étroites aux points de vue grammatical et lexicologique avec l’une et l’autre de ces langues, il se différencie également de l’une et l’autre de façon nette et précise.(pp.5-8)

10-3 Langages hermétiques (conventionnels) et rituels chez les Bozo : Des langages hermétiques ou conventionnels et quelques pratiques de types rituels sont utilisés par les Bozo, dont parmi lesquels nous pouvons retenir entre autres le Baŋga et Kèsèmè :

- le Baŋga : en effet, le Baŋga est un langage spécial connu dans la région du lac Débo. Il consiste en une série de récits ou chants relatant la légende de Fano et de Faran. En fait, la langue utilisée est celle du Dendi c'est-à-dire un songhay archaïque qui n’est plus parlé ni compris couramment par les Bozo.On note que le mot Baŋga signifiant hippopotame en Songhay, il est probable qu’il s’agit là de rites primitivement liés à la chasse à l’hippopotame.Cependant, ce gibier n’étant plus chassé aujourd’hui, retenons que le Baŋga se fait lorsqu’un lamantin a été tué et que le corps est rapporté au campement. Il peut se faire aussi avant une battue ou lors de la tenue de certaines réunions célèbres en milieu Bozo.

- le Kèsèmè : comme le Baŋga, il est aussi un langage spécial connu dans tout le pays bozo. Le Kèsèmè se fait généralement la nuit qui précède les grandes chasses collectives.

Il est récité ou chanté par certains individus qui retirent de cet exercice de petits avantages. A titre d’exemple on note qu’il n’est pas rare de voir lors de cette cérémonie, que des jeunes gens sortent du groupe des chasseurs et fassent le serment de tuer tel ou tel gibier et d’en donner telle ou telle partie au chanteur, ou de dédommager celui-ci d’une autre façon s’ils venaient à manquer à leur serment.

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Mais toute fois, la langue utilisée est incompréhensible aux non initiés bien que l’on trouve ça et là des mots ou expressions bozo, Sarakollé, et malinké.Enfin, cette langue paraît en outre différer avec les régions ; mais le fonds des récits reste toujours le même en gardant le même sens culturel. (pp.150-151)11- Docteur QUINTIN I., Du Sénégal au Niger, souvenir d’un fleuve, (1863-1866), Bamako, le figuier, 1998.

Résumé : L’auteur dans cet ouvrage, nous fait le récit de son voyage avec son ami, dans le Sahel, effectué de 1863 à 1866, cette partie du Soudan situé entre les fleuves Sénégal et Niger.C’est un ouvrage qui revêt une faible importance, car il ne fait que la narration du parcours ou l’itinéraire du voyage de l’auteur et son ami tout en effleurant non seulement les activités des peuples sahéliens basées essentiellement sur l’agriculture et l’élevage, mais aussi les conquêtes des différents rois dans cette zone. De ce fait, il met un accent particulier sur la pénétration du roi Toucouleur, El Hadji Oumar Tall à Ségou.Enfin, nous affirmons réellement que cet ouvrage ne nous présente pas d’aspect relativement important par rapport à notre problématique de recherche ; toute chose qui limite là nos notes de lecture.  

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12- DUBOIS Félix, Notre beau Niger, Paris, éd. Flammarion, 1911.

- Résumé : Comme l’ouvrage précédent, celui-ci aussi est un carnet de voyage qu’a effectué Félix DUBOIS sur le Niger en traversant le Sahara.Il ébauche les activités socio- économiques des peuples riverains, basées essentiellement sur l’élevage, l’agriculture et la pêche.En réalité, c’est un ouvrage qui ne revêt pas d’importance, car l’auteur y consacre quasiment sur le récit de son voyage en nous racontant les différentes étapes du parcours de son trajet. Alors, par cette démarche il nous fait une description physique du fleuve Niger.C’est dire enfin, que ce document ne nous offre pas grand-chose à retenir hormis ce résumé.

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13- FROMENT Alain, le peuplement humain de la Boucle du Niger, ORSTOM, ORSTOM BONDY, Paris, 1988, pp.24-31

13-1 Résumé :La grande problématique de ce document consiste en une description de la morphologie corporelle des groupes ethniques vivant au voisinage de la Boucle du Niger. La comparaison, au sein de chaque groupe, entre hommes et femmes, permet de caractériser les chemins empruntés par les deux sexes dans leur adaptation au biotope tropical, pendant la croissance et à l’âge adulte. Puis la comparaison entre les groupes autorise à la lumière du contexte géographique et historique à esquisser un schéma de la diversification du peuplement dans la région.

13- 2 Quelques notes sur le peuplement de la Boucle du Niger : Les populations autochtones seraient dans l’ouest les Bwa et les Sénoufo, dans le sud, les Gourounsi (ce terme est un générique d’origine Mossi servant à désigner un ensemble de populations dont les descendants habitent des villages fortifiés le long de la frontière du Ghana), dans le centre les Nyonyosse, qui auraient refoulé vers le sud, les Kurumba (qui seraient les Tellem, prédécesseurs des Dogon dans les falaises de Bandiagara et Hombori) et dans l’est les Gourmantché.Dans l’ouest, de nombreuses invasions survenues par vagues depuis le XVIe siècle, notamment d’origine mandingue ont beaucoup compliqué le peuplement, mais le fait historique majeur est sans contexte, l’arrivée des conquérants Mossi, dont la date fait l’objet d’une querelle d’historiens, car si la généalogie des empereurs du Mossi est entièrement connue, leur longévité prête à la contestation. Il est certain qu’ils sont venus du sud, c'est-à-dire la région septentrionale du Ghana, où les habitants actuels gardent de nombreuses affinités avec eux. (p. 24)

13- 3 Le cadre culturel des différents peuples de la Boucle du Niger :- Les Mossi :

En fait, à ce niveau on retient essentiellement que si le Peul est l’homme de la vache et le touareg celui du dromadaire, le Mossi est certainement l’homme du cheval et plus encore celui du mil, soldat et paysan, bâtisseur d’empire et cultivateur patient.Enfin, notons que les contraintes géographiques, et notamment le climat et les sols délimitent assez clairement les modes de vie et les types d’exploitation du milieu.

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- Les Gourmantché : Les particularismes de ce groupe, négligés par les anciens auteurs comme Delafosse, ont été mis en lumière par les travaux plus récents. Ils se désignent en fait sous le nom de Bigurmantiéba.En fait, l’organisation sociale et l’idéologie religieuse, ainsi le mode de vie et la structure des villages, sont proches des Mossi mais le système monarchique est plus décentralisé et il n’y a pas de cloison entre pouvoir politique et religieux puisqu’il n’y a pas eu conquête étrangère des autochtones. Les pratiques divinatoires ayant pour support des fragments de calebasses ornées d’idéogrammes inspirés de la géomancie arabe, restent historiquement mal expliquées.Il est à noter que les Sonrhaï qui occupent une partie de l’ancien territoire Gourmantché, y perpétuent des sacrifices aux anciens lieux de culte, en prononçant des paroles en langue Gourmantché, dont la signification est oubliée.

- les Sonrhaï : Ce terme apparaît pour la première fois dans les chroniques arabes du début du XVIe siècle mais l’existence historique de ce peuple est attestée bien avant, il serait arrivé de la Bénoué et s’installe au long du Niger entre Tombouctou et Ansongo. Un peuple considéré comme musulman, le premier empire de Gao est conquis par le Mali vers la fin du XIIIe siècle, le second empire est bâti par Sonny Ali Ber (le Grand) à la fin du XVe siècle, face aux prétentions des peuls, des Malinké, des Mossi et de l’islam, mais son successeur, Askia Mohamed était un musulman convaincu. Aussi on retient qu’après la conquête marocaine de 1591, la prise de Tombouctou par les Bambara de Ségou de 1670 et l’annexion de Gao par les Touareg, l’empire Sonrhaï connaît ainsi sa décadence.

On nous distingue ici, quatre groupes de Sonrhaï dits « vrais » : les maîtres de la terre (Kadoli), les maîtres des eaux (Sorko), les maîtres de la brousse (Chasseurs Gow), et les descendants des Sonny et des Askia (Meyga).On note également l’existence de trois sous groupes assimilés à savoir : les Zerma venus de l’ouest, les Arma, descendants des Marocains et les Kurtey, d’origine peule.Il existe chez les Sonrhaï de nombreuses castes d’artisans : forgerons, menuisiers, potières, cordonniers, tisserands, etc. ainsi que des griots, des captifs de guerre et des serfs.

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Cependant, il n’y a pas de classe à proprement parler, mais il existe des interdits matrimoniaux, touchant notamment à la consanguinité et à la parenté à plaisanterie.L’islam est vivace mais fortement influencé par les cultes complémentaires et des danses de possession.Les Sonrhaï sont avant tout des agriculteurs (mil, sorgho, riz) mais aussi des éleveurs habiles, spécialistes du cheval, et de grands chasseurs ; autrefois commerçants, ils migrent maintenant volontiers vers le Ghana, de façon saisonnière. Enfin, la faune du fleuve Niger (hippopotame, crocodile, lamantins et nombreux poissons) est largement exploitée par les Sonrhaï.

- les Bella ou Iklan : En fait, les Bella sont les captifs des Touaregs (Imrad, hommes libres).Ces captifs, Iklan (Bella en Sonrhaï, Bouzou en Haoussa) sont très nombreux, razziés jadis chez les Sonrhaï puis les Kurumba et les Mossi, jamais chez les peuls qui entretiennent avec les Touaregs des rapports de tolérance mutuelle, constituent près de la moitié de la population.Quant aux Touaregs, ils appartiennent à trois catégories à savoir : les Imajaren, nobles guerriers maintenant éleveurs, Ineslemen, marabouts et Imrad, hommes libres, pasteurs vassaux de leurs Imajaren.Enfin notons, qu’ils parlent tous le Tamasheq, langue berbère.

- les peuls :Les Peuls, un peuple considéré jadis comme nomade va commencer à se sédentariser avec l’avènement de la Dîna de Sékou Ahmadou.Dans la région, ce peuple est distinctif par certains traits culturels : le vêtement, la coiffure, les pratiques d’exorcisme, la parure, l’habitat, etc.On distingue chez les Peuls une classe noble et une classe moins privilégiée, tributaire de la précédente, qui serait d’ascendance Kurumba ou Sonrhaï, mais ces différences sociales sont peu apparentes.

- les Rimaybé :On souligne que ces captifs des peuls sont dans un rapport de vassalité comparable à celui des Bella face aux Touaregs et constituent des villages parfois importants. Ils se consacrent essentiellement à l’agriculture et sont considérés comme leurs maîtres, un peuple musulman.

- les Dogon : Un peuple rendu célèbre par les travaux de Marcel Griaule, constitue évidemment une société complexe sans unité politique ni linguistique qui vit retranché dans les massifs gréseux de Bandiagara et du Hombori.En effet, le peuplement dogon empiétait autrefois largement sur l’actuel pays Mossi mais les invasions et notamment les guerres peules du XVIIIe siècle les

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auraient forcés à se retrancher à l’abri des forteresses rocheuses naturelles qui bordaient au nord leur territoire, en conservant leurs culte traditionnels. Les Dogon grâce à leur emplacement géographique sont principalement agriculteurs (mil, coton, arachide…).

- les Bwaba (Bwa, ou Bobo-Oulé) :Ce peuple d’agriculteurs produisant principalement le mil et le coton vit sur la frontière occidentale de l’empire Mossi, dont il a parfois eu à subir les agressions, l’obligeant à construire des villages fortifiés. Il a pour aire d’habitat le bassin moyen de la volta Noire, le seul fleuve a régime permanent de tout le Burkina Faso.Au Mali, ils n’occupent que les marges sèches au sud-est de la région du Delta central du Niger où ils sont minoritaires. (pp.27-31)

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14- GALLAIS Jean, hommes du Sahel, Paris, Flammarion, 1984, PP.23-212

14-1 Résume :Dans cet ouvrage, Jean GALLAIS étudie une région apparemment privilégiée, la plaine saisonnièrement inondée du Delta intérieur du fleuve Niger. Plusieurs peuples y vivent tout en conservant leurs techniques et leurs cultures propres.Le maintien d’une ethnicité aussi vigoureuse n’est compréhensible qu’en reconstituant pour chaque groupe sa perception particulière de l’espace et du temps.Ainsi « l’espace-temps » du pêcheur Bozo se glissant dans les labyrinthes des eaux n’a rien de commun avec celui de son voisin Peul, Pasteur sédentaire.Comparativement aux auteurs précédemment étudiés c'est-à-dire Didier BERGOUNHOUX, Gilles COULON, Marie-Laure DENORAY, l’auteur nous mène ici une réflexion assez approfondie sur les tensions traditionnelles et la concurrence entre les divers pouvoirs dans le Delta intérieur du Niger.

14-2 Delta intérieur du Niger, un peuple divers : En Afrique l’ethnicité commande non seulement la culture au sens le plus étroit du terme, mais aussi un grand nombre de composantes matérielles de l’existence à savoir : habitat, technique de production et l’organisation sociopolitique de l’espace.Le Delta intérieur du fleuve Niger est peuplé d’une variété d’ethnies : Selon les estimations de Jean GALLAIS, le groupe des Peul représente 35% de la population deltaïque regroupant les diverses classes de cette société à savoir les hommes libres, ceux des castes commerçants ou artisans et tous les hommes de statut servile, les Rimaïbé.Aussi avec ses différentes classes, le groupe des Peul constitue le plus important de la zone.

Ensuite le groupe des Marka est estimé à 17% de la population régionale. Les Marka sont à rapprocher ou à confondre aux Sarakolé et Soninké qu’on trouve plus à l’ouest du fleuve Sénégal à la région de Nioro au Mali.Les Bambara représentent environs 16%, ils se trouvent ici à la pointe septentrionale de leur peuplement avec ceux des localités un peu plus en aval dans l’erg de Niafounké et près des lacs de la rive droite du Niger.Le groupe du peuple Bambara est situé beaucoup plus en amont, approximativement entre Bamako et Ségou.

Quant aux Bozo, ils sont plus proprement des riverains du fleuve, mais ils sont nombreux aussi plus en amont, depuis Bamako.En aval du Delta, ils poussent quelques groupuscules dans la boucle du Niger.

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En fait l’aire géographique des Somono est à peu près la même.Les Bwa ou Bobo-oulé n’occupent que les marges sèches au Sud-est de la région où ils constituent 7% de la population. Ceux-ci aussi sont ici à la pointe d’une aire ethnique s’étendant principalement au Burkina-Faso et ne dépassant pas au Mali la vallée du Bani.

Cependant les autres groupes ont peu d’importances significatives : - Arma et Sonrhaï sont principalement concentrés et isolés dans la ville de

Djenné.- Les Dogon descendus de leur plateau occupent quelques villages anciens

ou nouveaux sur la bordure orientale du Delta.On note aussi la présence des Haoussa et Mossi provenant des colonies urbaines des commerçants de l’Afrique Occidentale.Il apparaît alors qu’aucune ethnie n’est spécifiquement régionale. Tout au contraire, pour un certain nombre : Marka, Bambara, Bwa, Dogon, Somono sont ici à l’extrême pointe de leur aire.Quant au groupe Peul, le plus important de la région est réparti de l’Atlantique au lac Tchad, Yaoundé à Conakry.Les Bozo et Somono sont sans conteste la population la mieux localisée dans le Delta du Niger sans être confinée.

Par ailleurs aucune ethnie n’est proprement parlé majoritaire dans le Delta intérieur du fleuve Niger.En effet pour dépasser la moitié de la population totale il faut réunir les deux peuples les plus importants c'est-à-dire les Peul et les Marka.En outre dans l’organisation humaine du Delta, on constate que les hommes sont d’une diversité étonnante et rare en Afrique Soudano sahélienne où les aires ethniques fournissent le plus souvent la base la plus appropriée à une division de l’espace.La coexistence des divers peuples du Delta est révélée fortement au simple paysage de l’habitat.On a des vastes paillotes hémisphériques des Peuls, des huttes exiguës des Bozo, des cases de terre cubiques et grossières des Bambara, des édifices plus ornementés généralement des Marka ou des Somono. Cette diversité d’architecture annonce également la diversité des ethnies dans un village ou même à l’intérieur d’un même quartier.Avec cette diversité ethnique, on note conséquemment une diversité linguistique.A ce titre la liste des langues parlées dans le Delta est longue : on note chez les Bozo quatre dialectes, trois dialectes Marka, les langues Peul, Bambara, cinq dialectes parmi le groupe Bwa, les multiples formes du Dogon. (pp.23-25)

14-3 Rapport entre groupe ethnique et milieu naturel :

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A ce titre on fait la classification suivante :- Les Bozo, pêcheurs du marécage et des rives : En effet le peuple Bozo signalé comme le plus régional du Delta est sans doute aussi le plus original. Issu du vieux « fonds » paléonégritique, ce peuple conserve avec fierté son particularisme. Un groupe ethnique qui donne une très forte impression de solidité, d’indépendance culturelle et de santé physique. Ce qui dénote leur accord avec le milieu.En réalité, le groupe Bozo possède les traditions d’un peuple habitant et exploitant les plaines inondées plutôt que les fleuves. Il possède un outillage de chasseurs avec une panoplie complète d’armes, de jets et de harpons de différents modèles.Les mythes et les rites de chasse sont bien conservés.Certaines chasses ont lieu dans les plaines inondées et celles des lamantins, des hippopotames, des caïmans et d’autres dans les levées où refugent à la crue les biches, les hyènes et les éléphants.Il faut noter aussi les grandes battues collectives qui ouvrent l’année traditionnelle Bozo pendant les hautes eaux.Aussi les Bozos ont des techniques traditionnelles de capture du poisson qui les rattachent à la savane inondée et aux petits bras du fleuve. Il s’agit là des chambres de capture, des pièges, des nasses et même des saignées creusées dans les plaines à partir des petits défluents.Alors partant de cette probable communauté culturelle, des différenciations résultent des dominations établies sur le fleuve depuis le temps des empires du Moyen Age au Mali. Ainsi les Sorogo demeurés dans les plaines autour de Djenné ont subi l’influence des Marka de cette ville. Les uns et les autres conservent un outillage élémentaire mais fort ingénieux. Certes l’exploitation de la plaine et des petits bras exclut les grands rassemblements permanents. C’est pourquoi les pêcheurs palustres sont contraints à la mobilité en groupes restreints.

Les Tié et les kelinga par leurs rites et à leur soumission aux autorités politiques successives ont leur fixation en unités importantes de bateliers devant assurer à la demande le transport fluvial. Ce faisant leur installation sur les rives des fleuves a engagé aussi une évolution technique vers des outils plus puissants et de manutention collective, grandes nasses réunies en barrage, et également de filets importants.(pp .27-28)

- Les Somono, les bateliers du fleuve : Les Somono constituent une caste plutôt qu’une ethnie. Ce sont les bateliers auxquels les chefs politiques de la région, les roi Bambara de Ségou, les souverains Peul avaient donné la charge des transports fluviaux et des passages d’une rive à l’autre.

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De ce fait ils ont reçu en échange les droits d’exploitation des grands fleuves. (pp.27-28)- Le groupe Marka, les Nono riziculteurs : Le peuple Marka constitue non seulement un groupe important régionalement mais aussi difficile à identifier et à localiser spécifiquement car il est presque présent partout dans le Delta.En effet les Marka sont particulièrement nombreux voire majoritaires dans les centres urbains tels que Mopti, Djenné, Dia et San où ils ont joué un rôle historique assez remarquable.Alors avec cette dispersion spatiale des Marka, il nous paraît difficile d’établir ici un lien entre l’ethnie et le milieu naturel.

Mais cependant cela ne doit pas mettre en cause l’hypothèse selon laquelle le fait ethnique est en étroite relation avec un élément du milieu naturel car les Marka ne constituent pas aussi une ethnie mais un groupe culturel et religieux, ainsi on est Marka si on est musulman.De ce fait il est intéressant de constater que le groupe est constitué de strates correspondant chacune à une couche de peuplement islamisée à une certaine époque parmi lesquelles on peut retenir entre autres : La plus ancienne les « Marka fing », Marka noirs, les « Marka diè », Marka blancs d’origine sahélienne qu’il faut rattacher aux populations Sarakollé de véritables commerçants.Puisque les Marka sont réputés musulmans, les Bambara, Bwa, Dogon, convertis à l’islam à l’époque Toucouleur ou de nos jours se disent Marka, mais « Marka dialan » localisés surtout dans la région de San.Evidemment cette diversité d’origine explique la difficulté de cerner leur milieu spécifique. En revanche le lien entre ethnie et milieu naturel se decouvre plus aisément avec le groupe ethnique Nono inclut dans le groupe culturel Marka. Ainsi si la diffusion Marka échappe à toute détermination naturelle, les aires géographiques Nono sont beaucoup plus liées à un milieu. En fait les Nono sont les habitants des cuvettes moyennes du Delta intérieur du fleuve Niger où ils pratiquent la riziculture traditionnelle, à côté de laquelle ils font la petite pêche recourant aux techniques les plus simples des Bozo. (pp.29-30)

- Les cultivateurs de mil sur les sables de bordure, les Bambara :Les plaines inondées sont évitées par les Bambara, mais préfèrent le rivage ou les bordures sèches du Delta où ils sont regroupés comme le dit Jean GALLAIS en petits « pays », les « Dougou » sur les plaines sableuses sèches, le grand ensemble Bambara de Ségou.En fait ces « Dougou » sont très engagés dans le Delta, ils occupent les pointes ou les grandes îles de terres exondées.

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Ainsi sur les levées d’alluvions limono argileuses, les villages sont installés de préférence au bord de certains défluents qui ont déposé des épandages sableux propices à la culture du mil. (p.30)

- Les Peuls, Pasteurs :Les Peuls, venus de l’ouest abordant le Delta à travers le Macina, constituent les plus nombreux dans la zone.En réalité le bourgou comme espèce herbeuse, dominant les cuvettes de savanes inondées sont très recherchées par le Peul éleveur.En effet cette présence abondante du bourgou a été l’objectif initial de la pénétration Peul dans le Delta intérieur du fleuve Niger. De ce fait il organise le déplacement de son troupeau en fonction de l’accessibilité du bourgou. C’est ainsi qu’il devient le plus grand nomade de la zone.Cependant les Peuls qui se sont sédentarisés depuis le XIXème siècle sont devenus en majorité des villageois, habitants de village « l’Ouro » (pl : « guré ») en peul et pratiquent toujours l’élevage en conservant le bourgou des cuvettes profondes pour le pâturage lors de la décrue.En outre, la combinaison la plus appréciée par le peul pasteur est celle d’un bourgou, et d’un séno. Le terme « séno » désigne le sol sableux, une dune, une région de plaine sableuse.Cette combinaison séno-bourgou est bien réalisée en de nombreuses régions du Delta. Les éleveurs trouvent aussi une association correcte entre le bourgou des cuvettes bien déprimées de la rive droite du Bani-Niger et les épandages sableux, recherchés également par les Bambara, au piémont ouest du plateau de Bandiagara.On comprend ici que cette convoitise commune du même lieu par ces deux groupes pourrait être supposée comme une cause de conflit entre eux.

En somme une observation à grande échelle des rapports entre ethnie et milieu naturel n’est pas décevante car on a pu définir avec une certaine précision des types de situations reflétant des choix d’environnement par les ethnies. Ainsi la clef de la distribution des habitants du Delta intérieur du fleuve Niger est à rechercher évidemment à ce niveau. (p .36)

14-4 Tentative d’organisation d’une société globale dans le Delta intérieur du fleuve Niger :

En effet, attirés par des conditions naturelles qui semblent exceptionnellement favorables, les hommes sont venus par vagues nombreuses dans le Delta. Le Delta dans le dernier millénaire aurait été pénétré, peuplé, exploité par les peuples commerçants du sahel qui ont admiré sa luxuriante prairie par les cultivateurs Bambara qui ont mis en culture ses sables.

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Dès lors le Delta va devenir un véritable pôle d’attraction qui sera marqué par des péripéties de l’histoire parmi lesquelles on peut retenir les plus importantes : - Le Mali médiéval dont beaucoup de structures demeurent en profondeur et - La Dina au XIXème siècle de souvenirs plus brillants.Ces deux constructions historiques ont tenté de façonner une société globale, soumettant les divers peuples à un pouvoir unique, à un projet social commun.C’est pourquoi la Dina avait comme ambition principale, l’érection d’une société idéale dans un Etat théocratique musulman. Quant à l’empire du Mali tout comme ceux du Ghana et du Songhaï ont annexé le Delta comme une province utile.

Mais cependant aucune de ces organisations n’a pu coulé les divers peuples dans un même moule politique ou culturel. Ainsi chacun des peuples attirés par le Delta est resté lui-même malgré quelques légères assimilations constatées chez certains. (p.122)

14-5 Stratégies locales et pouvoirs sociaux : pouvoir pastoral et pouvoir paysan :

Le contact, la collaboration des peuples divers dans le Delta intérieur du fleuve Niger a entraîné l’établissement d’une trame d’organisation traditionnelle de pouvoirs : le pouvoir pastoral et le pouvoir paysan.Ces pouvoirs sont établis dans le cadre de l’organisation de l’espace et le temps par rapport aux différentes cultures.Plus tard à côté de ces pouvoirs traditionnels, on assistera à l’émergence d’une autre forme de pouvoir appelé moderne ou colonial.On notera ainsi une dualité farouche entre pouvoir traditionnel et pouvoir colonial dans le Delta intérieur. - Le pouvoir pastoral : En fait, ce pouvoir est représenté dans la région par les maîtres de pâturages communément appelés « Dioro ».Le Dioro joue le rôle de fonctionnaire, ainsi à l’intérieur de chaque tribu peul se dégage un ou plusieurs Dioro dont la fonction principale est l’organisation pastorale et de la transhumance. En effet c’est à l’entrée du bourgou, quelques fois lors d’une traversée précise d’un cours d’eau que l’autorité du Dioro s’exerce avec plus de rigueur et de sagesse, tout en maintenant toujours l’ordre traditionnel selon lequel les différents troupeaux doivent se présenter.

Toute fois à propos de certains bourgou on note des conflits tenaces opposant les Dioro de différentes tribus ou groupes historiques peul d’une part et d’autre part ce sont des confits frontaliers d’autant plus compliqués, frontaliers car ils sont liés aux repères historiques délimitant les différents pâturages.(pp.197-207)

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- Le pouvoir paysan :A ce titre on soulignera que l’existence d’un pouvoir paysan est sans conteste conditionnée à la pluviométrie, à la terre et aux fils.Ces trois (3) éléments constituent tout d’abord le soubassement du pouvoir paysan, mais aussi la raison d’être du paysan.Le pouvoir paysan s’appuie essentiellement sur le contrôle d’un territoire, d’un finage villageois ou d’un territoire inter villageois à condition qu’il soit organisé à des fins paysannes. Retenons que l’existence d’un tel finage paysan dépend du groupe socio ethnique considéré.

Ainsi dans les villages riziculteurs Nono Marka aux finages précis, la communauté villageoise est maîtresse de sa terre.Il ressort de cette analyse que le pouvoir territorial villageois ou inter villageois, des paysans se fonde sur l’ancienneté relative d’un établissement proprement agricole. Cette ancienneté établit une éventuelle hiérarchie et un partage des rites entre les villages et elle les (rites) organise entre les clans à l’intérieur de chacun d’eux.Partant de cela, toute décision politique visant à déplacer la chefferie d’un clan à un autre est une opération affaiblissant du pouvoir villageois.Elle introduit en fait une autorité de nature nouvelle dont l’entente avec la première est rarement assurée.Ainsi en termes simples, les rapports traditionnels établis entre les hommes et la terre cultivée se ramènent à deux (2) niveaux :-La primauté historique agricole donne la maîtrise de terre avec son fondement rituel et sa fonction arbitrale, voire même ré distributive. -L’accord du maître de terre donné à une famille établit donc le droit de culture.Cependant dans la première moitié du XIXème siècle on notera l’émergence d’une certaine opposition entre cette administration traditionnelle et celle du colonisateur.En effet l’administration coloniale émet le principe du caractère domanial de tout bien, en particulier de toute terre vacante en déshérence. Elle n’accorde pas de priorité aux chefferies politiques traditionnelles dans la prise de décisions concernant la gestion de la terre. Ainsi tout semble se passer à l’encontre des maîtres traditionnels des terres. C’est pourquoi cette contradiction entre le pouvoir paysan et l’administration coloniale demeure toujours une réalité dans le Delta intérieur du fleuve Niger. (pp.208-212)

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15- GALLAIS Jean, le Delta intérieur du Niger : Etude de géographie régionale, (Tome II), Dakar : IFAN, 1967, pp.361-457

15-1 Résumé :Ce document est la suite des travaux entrepris dans le tome 1, auquel nous ne sommes pas parvenus à retrouver. En effet, cette étude a pour objectif de dégager l’originalité de la région. Celle-ci est marquée à tous les points de vue : difficultés du milieu naturel, complications humaines, problèmes techniques et foncier, vie économique et urbaine dans la région.Ainsi, dans ce document, nous retenons essentiellement les rubriques consacrées sur des activités des populations (pêche, élevage), les migrations des pêcheurs Bozo et Somono, le type d’habitat des Bozo, le Daga, nature et évolution.Enfin, c’est un document bien structuré en différentes parties et subdivisé en chapitres traitant des thèmes précis.

15- 2 La transhumance des Peuls : Au XIXe siècle si les éleveurs peuls furent sédentarisés par Sékou Ahmadou, ils le sont encore incomplètement, et leurs animaux ne le sont pas du tout. Les éleveurs restent nomades et utilisent à cet effet les plaines inondées. Les grandes transhumances dans le Delta sont régies par les rythmes saisonniers du fleuve Niger. En fait, les animaux s’éloignent en saisons des pluies alors par un mouvement centripète pour se rapprocher en novembre et pénétrer dans le bourgou au fur et à mesure de la décrue.C’est partant de ce mouvement que Sékou Ahmadou avait mis en place une organisation pastorale traditionnelle la plus stricte et la plus compliquée qu’on puisse trouver de l’Atlantique au Tchad.L’élevage est l’affaire du Peul, ainsi pour l’étudier et le comprendre, il faut impérativement le saisir dans sa vie errante.Par ailleurs, le berger peul a une toponymie d’éleveurs, dont les points d’eau et les pâturages en sont les clefs. Le point d’eau est précis ainsi que les mares et les puits ; quant aux pâturages, c’est une certaine surface correspondant à une cuvette, un plateau, un ensemble de dunes.Toute fois, la difficulté est souvent de rapprocher les noms donnés au même lieu par les divers peuples. Ainsi un marigot possède toujours au moins deux noms, l’un bozo, l’autre peul. (pp. 361-362)

15-3 L’organisation socio- culturelle des portions du fleuve : En effet, les hommes du fleuve Niger avaient scellé une organisation ancienne des portions du fleuve basée essentiellement sur des aspects socio- culturels.

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En fait, la collectivité tribale Bozo, ou un simple lignage patriarcal, le Kayama(Ka, père), anciennement installé dans une région, exerce sur elle undroit d’exploitation intégrale et exclusif. De ce fait, son chef, le chef du segment aîné du Kayama, est le gérant, l’administrateur du bien collectif. C’est le maître des eaux, le Dji-tuu. L’installation ayant été permise par alliance et accord avec les forces surnaturelles des lieux, le Dji-tuu conserve les traditions animistes et accomplit les rites sacrificatoires. On signale à ce niveau qu’il est fréquent que les femmes soient associées à ces rites. Il s’agit des femmes les plus âgées du lignage du Dji-tuu, assez souvent les sœurs de celui-ci. Elles préparent les mélanges rituels nécessaires aux sacrifices, aux bains des engins de pêche. Le Dji-tuu arbitre les droits d’usage entre les membres de son Kayama et il organise les pêches collectives, fixation des dates, convocation, surveillance directe. La dévolution des droits d’usage peut se faire aussi au profit d’étrangers moyennant le tiers des pêches, le mâ-dji. Cette maîtrise des eaux s’exerce dans des limites extrêmement précises, mares, sections de marigots, ou de fleuve limitée par des repères topographiques (arbres, banc de sable, extrémité d’une île, confluence…) ou par des repères artificiels (poteaux, pierres).

Cependant, cette organisation fut perturbée par les souverains du Delta. Ils dissocièrent les maîtrises exercées par les Dji-tuu de deux façons :En premier lieu, la sélection d’une corporation de laptots et bateliers, les Somono, s’accompagna d’une redistribution des domaines hydrographiques. Ainsi, les Somono reçurent la maîtrise des eaux des fleuves dont ils habitent les rives. C’est un droit d’exploitation intégral et exclusif et de perception du mâ-dji. Le chef de Somono joue ici le rôle de Dji-tuu. Les Bozo demeurés sur leur ancien domaine hydrographique, sont réduits à la maîtrise des mares et marigots, mais conservent les charges religieuses pour l’ensemble. Alors, une dignité purement rituelle se dégage, celle du Namu-tuu, le « possesseur du couteau » utilisé pour les sacrifices.En second lieu, le Diom-leydi peul revendique la « propriété éminente » de son territoire, terres et eaux tout en respectant les droits d’usage traditionnels moyennant une prestation symbolique. Il peut admettre des pêcheurs étrangers qui versent le Mâ-dji. Son représentant local, soit une famille Bozo, soit le Besséma des Rimaybé, exerce alors la fonction de chef des pêches. Ce dernier appelé amirou-aougal, perçoit ainsi des taxes, organise les pêches collectives et conserve aussi les fonctions rituelles.

Par ailleurs, cette dégradation de l’organisation ancienne est vivement ressentie par les Bozo. Elle a fractionné leurs domaines et les prive des meilleures pêcheries du fleuve. Promouvant certains personnages administratifs ou politiques aux fonctions de maîtres des eaux, elle introduit alors des intérêts opposés à ceux des usagers traditionnels : elle favorise l’admission de nombreux

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étrangers sur lesquels le Diom-leydi prélève le mâ-dji. Certaines conséquences heureuses découlent cependant de l’éclatement de l’organisation ancienne des eaux du fleuve, et il n’est pas certain que les Bozo y aient en définitive perdu.En outre, la partition de nombreux domaines hydrographiques a obligé les Bozo à élargir leur domaine de nomadisme. Se déplaçant davantage ils ont pu chercher, et trouver les régions éloignées les plus favorables.Les Bozo se sont souvent mis à l’école de ces concurrents étrangers et leurs techniques se sont enrichies et diversifiées. Ainsi, on note le passage de l’exploitation d’une petite unité autonome et fermée, à une économie plus ouverte dans l’espace deltaïque. (pp. 415-416)

15-4 Une synthèse de distinction faite entre le Bozo et le Somono : Le Somono est par nature un sédentaire. Placé en des points choisis pour assurer la fourniture d’une batellerie fluviale et le franchissement d’un fleuve, il doit être établi en villages solidement ancrés aux rives. En fait, pour que cette batellerie soit facilement utilisable il est nécessaire qu’elle soit concentrée et les collectivités Somono sont numériquement importantes. On conçoit que le Somono, pour des raisons étroitement liées à l’existence même du groupe est aussi sédentaire que le Bozo archaïque est nomade. Le Somono est aussi villageois et groupé alors que le Bozo est dispersé et insaisissable. La forte organisation collective des Somono se traduit par le fonctionnement actif de la société de jeunes gens qui est la corporation des bateliers, chargée des transports les plus éloignés. S’agissant de la spécialité technique des Somono, l’usage des grandes sennes, découle de la sédentarisation d’une colonie importante sur les rives du fleuve.

Cependant, pendant l’hivernage, le Somono immobilisé par ses fonctions de batelier, abandonne pirogue et filet pour la daba et la rizière. Cette activité agricole était et demeure beaucoup plus importante chez les Somono que chez les Bozo. Elle retient le Somono au village jusqu’à la crue. Villageois sédentaire, occupé alternativement à la pêche dans le chenal et à la riziculture dans les plaines, le Somono traditionnel a un genre de vie bien différent de celui du Bozo archaïque.

En effet, la distinction entre Bozo et Somono apparaît enfin très riche de sens. Le premier a comme finage l’ensemble des mares, marigots et bras, dont les génies ont été conciliés par une alliance lointaine et qui suffit à l’existence isolée de la tribu. Le second a comme lieu de séjour un point du fleuve dont la valeur ne se conçoit que par rapport à un système de relations fluviales à longue distance. Le Bozo est un errant, nomade perpétuel, vivant dans sa pirogue ou campant le rouf de celle-ci sur une rive pour une halte de quelques séjours ou de quelques semaines. Le Somono est un sédentaire, immobilisé d’autorité, dont

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l’agglomération est plus importante en moyenne et plus architecturale que les villages de paysans.

Le Bozo est un individualiste, sa collectivité est le groupe biologique où l’autorité appartient aux maîtres des rites religieux. Le Somono est un sujet discipliné, de condition demi- servile dont les chefs sont soumis à une autorité publique.Le Bozo capture le poisson grâce à la connaissance profonde qu’il a des mœurs de la faune aquatique, grâce à son ingéniosité, et à son habileté. Ses outils sont empruntés au milieu, nasses faites d’herbes croisées, harpons de bois auquel des innovations ont ajouté un fer. Le Somono pêche dans le fleuve en déployant la discipline solidaire d’un groupe puissamment outillé.Il est remarquable que ces deux groupes, partant de situations si différentes, évoluent vers une combinaison moyenne. Les oppositions s’atténuent ou du moins les deux groupes partagent dorénavant un certain nombre de traits.

En effet, Somono et Bozo ont maintenant le même horizon spatial, celui que fournit le Delta. Le long des fleuves qui coulent vers l’aval, Bozo et Somono se croisent et se suivent. Le premier élève son point de vue, agrandit son territoire de nomadisme… Quant au second, il est fluvial de tradition, suit les eaux jusqu’au Delta lacustre. Si le premier continue à être nomade et le second un migrant saisonnier, ils se retrouvent à certaines époques, ont affaire aux mêmes problèmes techniques, économiques, ressentent en face des éleveurs ou des paysans leurs communs intérêts de pêcheurs. Les uns et les autres ont été amenés à emprunter de communes techniques. L’outillage somono s’individualisant, « miniaturise ». Celui des Bozo s’enrichit d’engins nouveaux plus puissants et plus efficaces. Les uns et les autres ajoutent à leur outillage traditionnel un lot de filets et lignes utilisables au même moment.Enfin, Bozo et Somono ont dorénavant en commun le village. Pour les premiers le séjour villageois est une coupure momentanée de leur rythme, une morte période. Pour les seconds, le village est au centre de l’existence. Il est bien facile de reconnaître à l’apparence un village Bozo et un village Somono. Mais malgré des différences, les villages constituent maintenant dans la vie rythmée de la pêche, pour les uns comme pour les autres, le point d’ancrage.(pp.441-443)

15-5 Enjeux socio- économiques du yaya, pêches collectives : Les pêches collectives, qu’elles aient lieu dans les mares, marigots ou fleuves, sont toujours des moments importants du cycle annuel. Nombreux participants, caractère rituel et social, rendement élevé. On note que les plus importantes d’entre- elles ont lieu sur le Niger entre Mopti et le lac Débo, ce sont les pêches collectives. Elles se déroulent fin Mai, et début Juin, et intéressent, au premier plan, les villages somono et bozo riverains. En outre on souligne la présence d’un effectif important de pêcheurs locaux auxquels

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se joignent de nombreux cultivateurs de la région munis de filets à mains et autres engins de pêche.On retient également que les dates des yaya sont fixées par les divers maîtres du fleuve c'est-à-dire les Djituu exerçant leur autorité sur les portions du fleuve. Les dates fixées sont annoncées dans tout le pays et chacun est libre de venir et de pêcher, le Djituu ne conserve que la fonction organisatrice et rituelle.En effet, la pêche yaya est un exemple de l’exploitation communautaire du fleuve, les Djituu jouant le rôle de gérant pour le bien public. Il est une forme incontestable de l’unité des pêcheurs riverains.Le yaya du fleuve Niger est un foyer d’attraction pour les migrations saisonnières des pêcheurs d’amont mais, impliquant des déplacements quotidiens, il ne donne à aucun lieu daga. Les participants étrangers, accompagnés d’un petit nombre de femmes pour la préparation de la nourriture, passent la plus grande partie de leur temps à pêcher et s’endorment sur les nattes. Le yaya est une grande foire dont l’agitation fébrile passe le long du fleuve, pour s’éteindre aussi brusquement qu’elle s’est déclenchée. Son intérêt économique est considérable. Les participants se plaignent de la fatigue de l’opération mais ils s’en tirent d’importants profits économiques.En fait, dans le cadre de l’économie de la pêche deltaïque, le yaya a eu une conséquence de portée encore supérieure : elle amorce la migration vers le Débo. Les pêcheurs de l’amont, le yaya terminé, continuent vers l’aval et ont pris l’habitude de finir la campagne de pêche dans les plaines lacustres. Mais par un renversement des choses, les pêches du Débo concurrencent dorénavant celles du yaya. Pour finir on peut dire que le yaya engendre des fonctions socio- culturelles, économiques et d’unité, d’intégration ou de migration des pêcheurs riverains du fleuve Niger. (pp.448-449)

15-6 Le daga, camp bozo, nature et évolution :A ce niveau, on note que le terme daga est Sorogo et désigne à l’origine le camp de pêche, les Tié disent « la ».Les Bambara ont emprunté le mot sorogo mais quelques camps saisonniers de pêche sont désignés par la racine bambara bougou qui est le camp saisonnier de culture. Quant au peul, ils disent daka alors que le camp d’éleveurs se dit ouro, woro, ou wéré.Effectivement, le daga marque dans le paysage l’animation saisonnière. Le terme recouvre des unités d’habitat fort dissemblables de taille et de durée. Abri de paille isolé abritant un pêcheur et sa femme. Camp établi pour une semaine ou petit village en formation où les cases de terre dominent les paillotes.

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A l’origine, le daga correspond à l’unité sociale élémentaire, restreinte chez les Bozo à la famille conjugale ou au ménage de deux ou trois frères utérins. Il est situé en un point du finage hydrographique appartenant au kayama dont la famille aînée fournit le Djituu. Selon l’évolution générale des techniques qui, chez les Bozo multiplie les engins utilisables en eau dégagée, grands filets, des daga de plus en plus importants s’établissent autour des chenaux et des grandes mares.En outre, la dernière étape du daga est atteinte lorsque les migrations ne se limitent plus au finage hydrographique traditionnel. Alors le daga reçoit des pêcheurs étrangers versant le ma-dji au Dji-tuu. Ainsi, naissent les grands daga « cosmopolites ». Aux plus productifs d’entre eux la foule des non- pêcheurs afflue et le camp devient à cet effet un centre d’activités diverses. Cependant, la variété dans l’échelle de la durée est aussi grande que dans l’échelle dimensionnelle.En effet, le plus fugitif est le camp érigé pour une halte de quelques jours pendant une saison de pêche. Mais plus durables sont les daga installés pour une pêche particulière.On souligne aussi que les daga d’étiage ont des contenus sociologiques fort différents qui conditionnent leur évolution éventuelle vers la permanence. Certains sont les homologues saisonniers de villages situés à l’écart des grands chenaux. Ces genres de daga sont signalés dans la région lacustre mais beaucoup de villages du Delta moyen ou amont ont de semblables établissements fréquentés de février à avril. Ces daga portent souvent le nom du village auquel est ajouté le suffixe sa, la, qui signifie rive. Il arrive qu’une collectivité bozo ait plusieurs daga d’étiage.En fait, la transformation progressive des daga d’étiage, villages complémentaires, en villages permanents apparaît comme un réajustement aux données techniques nouvelles de la pêche.On retient que les Tié de Nouh sont les grands artisans de cette transformation.Par contre les Bozo de Dia, fort actifs et migrateurs au demeurant, n’ont pas établi de nouveaux villages depuis le XIXe siècle. Le caractère urbain de leur agglomération vénérable, les habitudes sociales raffinées et policées, le prestige et la présence religieuse de Dia, freinent non seulement les départs saisonniers, mais les fixations lointaines.

En fin, on conçoit l’extrême variété des daga Bozo. Par l’importance, la durée, la nature sociologique des groupes qui les fréquentent, comme par leur évolution discernable, ils sont les meilleurs révélateurs de l’animation saisonnière réalisée par les principaux pêcheurs du fleuve Niger.(pp.455-457)

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16- GALLAIS Jean, le Delta intérieur du Niger et ses bordures : étude morphologique, Paris : éd. du CNRS, 1967.

Résumé :A l’image de son ouvrage précédent, Jean GALLAIS fait ici également une étude géographique de la zone deltaïque en se basant essentiellement sur les aspects physiques du milieu : l’hydrographie, morphologie, climat, végétation, relief…Le document est structuré en différentes parties divisées en chapitres. Il fait la description détaillée des paysages régionaux. Son but est double :

- commenter les cartes morphologiques qui accompagnent le document. L’étude définit la nature des unités morphologiques qui ont été retenues pour la cartographie.

- décrire les processus et rythmes de l’inondation.En réalité, c’est un document absolument basé sur l’étude géographique des bordures du fleuve Niger, dans lequel aucune mention n’est faite sur les pratiques socio- culturelles des populations riveraines.Toute chose qui limite nos notes de lecture, ainsi l’intérêt de sa consultation nous paraît assez faible.

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17- GALLAIS Jean ; collab. de Jocelyne et Jérôme Marie, Pasteurs et Paysans du Gourma : la condition sahélienne, Paris : éd. du CNRS, 1975, PP.51-165

17- 1 Résumé :Ce document est une analyse hydro géographique et socio culturelle de la zone du Gourma qui dégage un certain nombre de contradictions profondes caractéristiques de nombreuses régions de même latitude et dans lesquelles résident les raisons du dénuement dramatique de la condition sahélienne.Entre ces contradictions régionales, les rapports sont évidents. L’enclavement régional contribue à enfermer les hommes du Gourma dans une situation et une attitude poussant au maximum la simple utilisation traditionnelle du milieu naturelle : recherche de la sécurité alimentaire à travers les emblavures accrues de céréales au médiocre rendement et un cheptel aussi nombreux que possible, faible incitation à une valorisation commerciale de leur production qu’elle soit agricole ou pastorale, absence d’une économie urbaine dynamique.

17-2 La gestion coutumière de l’espace pastoral du Gourma par les Tamasheqs : En effet, l’espace tamasheq du Gourma est régi par un corps de coutumes extrêmement légères et libérales. Le droit coutumier tamasheq semble refuser le principe de l’appropriation de la nature. Les mares, les bas-fonds où l’on creuse les puisards sont ouverts à tout le monde. Il en est de même des pâturages et des terres salées.L’exclusivité du droit d’usage ne peut être fondé que sur le travail. C’est par le biais des droits acquis sur les puits et puisards que l’on peut reconnaître des espaces pastoraux reconnus traditionnellement à des collectivités : tribus, fractions ou familles. Mais rien ne s’occupe en principe à l’utilisation d’un pâturage des non-usages traditionnels, si ceux-ci n’utilisent pas les points d’eau artificiels, comme rien n’interdit au Gourma le forage de puits voisins par des groupes différents. Les droits sont plus précis en ce qui concerne l’emplacement des campements. Une collectivité qui plante ses tentes quatre années de suite dans le même lieu acquiert un droit définitif et incessible sur cet emplacement et tout autre occupant devra lever le camp s’il lui est demandé. En dehors de ces lieux, chacun peut planter sa tente là où il le désire et il est l’usager exclusif du lieu tant qu’il y restera. Notons que le « lieu » signifie l’espace minimum pour qu’il n’y ait pas de gêne entre les troupeaux. Pour les savanes à « astral » dont les graines sont cueillies dès le milieu de l’hivernage un droit d’exploitation prioritaire est reconnu à certaines collectivités, fractions ou familles. Si les ayants droits sont absents au moment de la maturité un étranger peut cueillir, mais il s’effacera si les premiers surviennent.

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Ce corps de coutumes ne contribue que très légèrement au contrôle territorial dont on note que par la suite qu’il répond néanmoins à certains arrangements bien définis. Cependant, cet espace tamasheq apparemment « ouvert » est exploité selon un mode traditionnel relativement stable. Mais à part quelques migrations constatées dans la zone, les aires de nomadisme définies au début du siècle par groupe sont encore valables. (pp.51-52)

17- 3 La condition sahélienne et les exploitants de l’espace :Les différents ensembles régionaux qui ont été décrit dans ce document illustrent avec vigueur la variété des humanités sahéliennes et des types d’organisation de l’espace. On retient que les nomades pasteurs tamasheqs, les paysans dogon (véritables cultivateurs du mil) etc. partagent ici l’espace. Pour résumer cette situation, on parle évidemment de paysans sédentaires (Dogon) et de Pasteurs nomades (Tamasheqs).Mais il a été vérifié chemin faisant que ceux-là, les paysans sédentaires, sont pour la plupart des colons, des migrants saisonniers ou très banalement des voyageurs impénitents et il a été fait mention de leur cheptel. De l’autre côté, parmi ces nomades pasteurs, le gradient de situation est si fort que dans une simple description de cas on n’a pu évité la comparaison, la classification et l’interprétation des différences ; soit qu’à l’intérieur de la même organisation tamasheq on se réfère à des types économiques, soit qu’entre petits nomades liés aux sédentaires on évoque l’influence saisissante des structures politiques de ceux-ci pour expliquer la situation de ceux-là.Il paraît bien nécessaire de réfléchir sur chacune des notions de paysans sédentaires et de pasteurs nomades dans le cadre sahélien où se focalisent très souvent les observations des chercheurs. (p. 165)

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18- GALLAIS Jean, Stratégies pastorales et agricoles des sahéliens durant la sécheresse 1969-1974, élevage et contacts entre pasteurs et agriculteurs, Bordeaux, centre d’étude de géographie tropicale, 1977.

Résumé : Ce document est une étude pluridisciplinaire. La sécheresse qui a frappé le Sahel entre 1969 et 1974 a retenu l’attention pas mal d’auteurs.En effet, l’objectif du document est la reconstitution des stratégies des groupes, de dresser un inventaire des réactions « spontanées », de constater le degré d’efficacité de l’ « immunologie » pratiquée par les populations sahéliennes.Cet aspect de la sécheresse occupe la quasi-totalité de ce document.On constatera à la lecture des contributions faites par chaque auteur que chacun a abordé le problème en fonction des réalités régionales et selon son optique personnelle.On ne s’est pas proposé non plus d’analyser avec précision la surexploitation du milieu, sa dégradation et les causes multiples qui concourent à cette situation. Sur ces différents points des notations régionales sont cependant apportées par les différents auteurs.Enfin, fruit d’une étude pluridisciplinaire, cet ouvrage retrace l’histoire de la sécheresse vécue par les peuples pasteurs et agriculteurs de 1969 à 1974 dans les pays sahéliens (Sénégal, Mauritanie, Haute-Volta, actuel Burkina-Faso et le Niger).En outre, il fait état des stratégies pastorales et agricoles mises en œuvre par les Sahéliens durant la sécheresse.De ce point de vue il présente un intérêt faible par rapport à notre problématique de recherche.

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19- GIBBAL Jean-Marie, les génies du fleuve, Paris : Presses de la Renaissance, 1988, pp.38-184

19-1 Résumé :Cet ouvrage est le fruit de son voyage sur les rives du fleuve Niger où il avait été conquis par le charme étrange des cérémonies nocturnes que les hommes de la haute Boucle du Niger, au Mali célèbrent en l’honneur des génies du fleuve.Ainsi, l’auteur s’est rendu en pirogue au berceau de ce culte, entre Mopti et Tombouctou, là où le fleuve se ramifie en une multiplicité de bras, de canaux, de lacs et de mares. Là où il a découvert des prêtres et des fidèles qui résistent aux coups conjugués d’un islam dominateur et d’une famine endémique, au sein des villages et terre blottis entre l’eau et les dunes. Très vite ses relations avec eux ont pris une tournure digne de la tradition épique de cette région chargée d’histoire.Il a compris que les Ghimbala, les génies du fleuve, exprimaient l’âme de cette contrée perdue, les basses terres inondables cernées par le désert et l’identité du peuple qui l’habite.

19-2 Les vertus thérapeutiques des génies du fleuve : On note ici que les génies ont des pouvoirs thérapeutiques, mais pour Sékou Ahmadou fondateur de l’empire théocratique musulman et les marabouts et oulémas de son conseil voyaient en cette tendance une menace ou un obstacle pour l épanouissement de l’islam dans la région. Ainsi ils avaient entrepris de mettre fin à cette pratique ; pour ce faire Sékou Ahmadou avait décidé de vérifier si réellement ces génies d’eau ont des vertus thérapeutiques. Alors, il convoqua un Gaw, c’est à dire un maître adorateur des génies qui va lui démontrer effectivement que les génies du fleuve ont des vertus thérapeutiques.Pour nous illustrer cela l’auteur nous propose le récit suivant : « ainsi Sékou Ahmadou avait une fille unique, Balkissa Sékou. Elle avait été attaquée par les génies qui l’avaient rendue folle. Tous les guérisseurs païens du voisinage avaient essayé en vain de la libérer. Sékou Ahmadou dit à Waada Samba, le maître de génie « s’il est vrai que tu es allié des génies qui ont rendu folle ma fille, peux-tu la guérir ? »Waada Samba lui répondit :« Bien sûr ! Il faut pour cela que j’organise un batou(cérémonie du culte) dans la ville »Mais les Marabouts s’indignèrent :« Comment ! Tu vas laisser encore ce païen danser dans la ville sainte d’Hamdallaye où il va faire descendre tous ses diables. »Ils voulurent que le Gaw et sa suite s’en allassent très loin en brousse pour leur fête, le batou. Le Gaw refusa. On trouva finalement un compromis : le batou se déroulerait en dehors mais tout près de la ville.

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Le soir arriva, les gens de Waada Samba commencèrent à chanter et à danser devant la maison où était enfermée Balkissa. Cette dernière, quand elle entendu la musique et les chants enfonça la porte de la pièce où elle était tenue recluse, se précipita en hurlant au milieu de la cérémonie et se traîna jusqu’aux pieds du Gaw. Alors, elle fut prise par son génie et entra en transe. Le maître de génie la soigna en une nuit, et chassa ainsi définitivement son génie en faisant subir à Balkissa un autre rituel. »

C’est depuis lors que Sékou Ahmadou reconnut les biens faits de l’activité des Gaw sinon les vertus thérapeutiques des génies du fleuve et décida enfin qu’on cesse de les persécuter.Ainsi dans ce récit fondateur sont affirmés avec force les deux traits dominants du culte de la populations de la Boucle du Niger : sa vocation thérapeutique et sa dépendance vis-à-vis de l’islam. Alors le culte des génies est toléré par les musulmans grâce à ses succès thérapeutiques.On souligne que les Gaw existent d’abord pour mettre de l’ordre dans les relations que les génies et les hommes entretiennent. Il convient enfin de noter que cette pratique coutumière liée aux génies du fleuve dans la Boucle du Niger menace l’islam et hante la conscience des fidèles partagée entre leurs anciennes croyances païennes et leur obédience à la religion musulmane. (pp. 38-41)

19-3 Rapports entre les génies du fleuve et les hommes : En fait, on souligne ici que le monde des génies et celui des hommes se ressemble, même si les capacités extraordinaires des premiers sont sans commune mesure avec ce qui peut être normalement accompli, mais la magie fait le pont, et la frontière entre le normal et l’exceptionnel est toujours très poreuse grâce à elle. Les génies reproduisent donc les traits du caractère des hommes et l’organisation de leur monde. Les génies du fleuve incarnent toute la gamme des sentiments humains. En effet, suivant les circonstances et suivant les individus, ils sont tour à tour bons, calmes, courageux ou coléreux, menteurs, violents etc. Ils forment une société féodale avec ses nobles, ses marabouts, ses serviteurs, ses captifs, ses gens de castes, à l’image de la société locale. Notons que les grands génies ont des comportements très marqués par leur position dominante. Ils sont impulsifs et passent facilement de leurs pulsions à des actes criminels.

Cependant, les génies sont plus justes, d’une certaine façon plus prévisibles. On note également qu’on peut faire cesser leur domination, leur violence par les actes appropriés car il existe une loi, des règles. Il suffit de les appliquer au cours des rituels, de connaître les incantations, d’établir un débat avec eux dont ne seront pas absents la ruse et le bon sens paysan. Par chance, les hommes qui

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les connaissent bien, les Gaw par exemple, sauront conclure un accord équitable entre les deux parties (hommes- génies)En outre, les génies alertés par le rappel de leurs devises, flattés par la répétition des louages habituelles, comblés par les offrandes et les sacrifices, relâchent leur pression, cessent de tourmenter les hommes, regagnent leurs demeures.Mais il faut que soient dites les bonnes paroles et que la bête sacrifiée soit belle et bien portante. Au fond, les génies sont justes alors que l’arbitraire humain est sans limite. On retient également que les génies continuent d’expliquer le monde en train de se faire. Ils ont incarné et incarnent encore le conflit islam- paganisme.Enfin, il ressort que leur existence permet de donner un sens à ce qui advient. (pp.73-74)

19-4 Les maîtres des génies du fleuve, les Gaw :« Gaw veut dire connaisseur. Un grand pêcheur est un gaw des poissons. Un grand chasseur qui connaît les animaux de la brousse est un gaw de la chasse. Quand tu deviens maître dans ton travail, tu deviens gaw, les enfants du fleuve sont les gaw des génies » Alors, les gaw des génies sont les maîtres des eaux et du monde aquatique ; ainsi tous ceux qui désiraient y descendre pour pêcher sur ses rives devaient demander l’autorisation à ces maîtres.En fait, les gaw sont les intermédiaires entre les hommes et les génies, ils sont familiers avec l’eau.Presque tous les gaw sont nés dans des familles qui depuis des générations entretiennent une relation intime avec le monde des génies du fleuve. On souligne aussi que le commerce avec les génies naît ainsi de l’ancienneté d’établissement dans le Delta intérieur du Niger, de la proximité familière du fleuve, d’une longue pratique de l’univers aquatique.Les gaw sont très généralement les descendants des anciens maîtres des eaux ou les Sorko, donc des pêcheurs qui passent leur vie sur le fleuve.En plus, dans le sud de la région on retient que là où l’hégémonie peule fut marquée, de nombreux maîtres des génies sont descendants d’anciens captifs, probablement parce que les chefs dont ils proviennent n’ont pas voulu renoncer à leurs relations privilégiées avec les génies dues à leurs positions antérieures de maîtres des eaux Wakorey, Baranké ou Sorko.

Par ailleurs, un gaw bénéficie en fait d’une triple formation : son père écarte momentanément les génies, lui prodigue les premiers soins, lui transmet les premiers rudiments de connaissance. Mais c’est auprès de quelqu’un d’autre qu’il subira le traitement décisif et la formation définitive. Pendant tout ce temps ses initiateurs, invisibles au commun des mortels ne le lâchent pas et il acquiert auprès d’eux des composantes essentielles de sa future maîtrise.

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Le gaw qui dirige l’apprentissage du jeune homme sait assez vite qu’il a affaire à quelqu’un dont le destin est exceptionnel parce que les génies l’aiment et sont venus jusqu’à lui. Il fait ces remarques à travers les comportements de son élève qui s’isole, qui parle souvent tout seul et se rend des fois en brousse ou au bord du fleuve. C’est le moment où il commence à avoir confirmation de ses institutions par les génies.

Enfin, pour l’apprenti gaw, le milieu familial favorable, son propre désir de devenir prêtre et la reconnaissance par son maître renforcent l’inspiration primordiale, insufflée par les génies qui le poussent à découvrir de nouvelles plantes, à fabriquer de nouveaux instruments de culte, à inventer de nouvelles techniques de soins. Ainsi, se constitue le patrimoine du nouveau gaw où la part héréditaire, transmise par le père, celle enseignée par le maître et celle acquise directement auprès des génies forment évidemment un tout indissociable. (pp.79-89)

19-5 Le pacte entre les génies du fleuve et les gaw :En effet, l’accès inégalitaire aux génies, le fondement de la hiérarchie entre les prêtres, reposent sur le principe selon lequel qu’il y a des gaw simplement choisis par les hommes et d’autres élus par les génies, venus à eux sans qu’ils aient eu à les chercher. Ceux-là ont passé une sorte de pacte avec le monde des génies et demeurent en relations étroites avec eux. Retenons cette affirmation d’un gaw recueillie par l’auteur : « Je les appelle, ils me répondent ». Un autre présente de la façon suivante les relations que son assistant et lui même entretiennent avec eux : « Nous remercions les gangi (génies) de nous envoyer beaucoup de malades et, quand ils ne nous en envoient pas assez, nous leur faisons des cadeaux pour qu’ils attaquent beaucoup d’hommes et de femmes qui viendront se faire soigner chez-nous ». Si les patients ne suivent pas à la lettre les recommandations du gaw et s’ils ne satisfont pas ses exigences, la cure ne sera pas complète et les génies ne manqueront pas de renvoyer leurs victimes chez leurs alliés.

Enfin, on note aussi qu’ à l’intérieur du groupe des grands gaw lié aux génies par ce pacte implicite, certains sont plus chanceux que d’autres et obtiennent à égalité de moyens, de meilleurs résultats que leurs concurrents. A cet effet, on dit qu’ils sont choyés des génies qui apprécient particulièrement leurs qualités, leur accordant sur-le-champ ce qu’ils avaient refusé à d’autres. (pp.152-153)

19-6 Les maîtres des génies du fleuve, les gaw face à l’islam : L’islam comme religion monothéiste est aujourd’hui dominante dans la région de la Boucle du Niger.Toute fois, en privé comme en public, les gaw manifestent leur exaspération à l’égard d’un islam de moins en moins accommodant.

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Au cours de leur longue coexistence avec lui (islam), les gaw avaient pourtant su trouver une position de repli diplomatique. Ils reconnaissent l’hégémonie de la religion monothéiste et ils ratifiaient la supériorité qu’ils lui conféraient en offrant de multiples preuves de leur dépendance. Ainsi, ils soutiennent que les génies ne descendent pas sur les hommes ni le vendredi, jour de la mosquée, jour de Dieu, ni durant le Ramadan.

En outre, on souligne que les hommes entament chaque cérémonie de culte par le bismilaye (au nom de Dieu) pour la placer sous la protection divine. Ils ne demandent qu’après aux génies de descendre puis, à la fin de la séance, ils les congédient toujours au nom de Dieu. « La ilaha illahou ! La ilaha illahou ! », psalmodient les gaw et toute l’assistance : « vous n’avez qu’à monter et disparaître ! Il n’y a qu’un seul Dieu ! » .On note également d’autres signes d’obédience à l’islam : les bêtes immolées au cours des divers sacrifices qui scandent les activités culturelles sont tournées vers l’Est en position de la Mecque. Beaucoup plus éloquente encore lui (l’auteur) paraît l’infiltration de l’arabe dans les paroles ritualisées que les agents du culte prononcent au cours des différentes activités cérémonielles. Ces phrases, ces lambeaux de sourates, ces mots qu’émaille le discours religieux, ont été appris oralement par les paysans de la Boucle du Niger qui ne savent ni lire ni écrire. Ainsi, l’arabe utilisé est souvent déformé ou ceux qui l’emploient ne comprennent pas toujours le sens des paroles qu’ils profèrent.Il ressort de cette analyse que les hommes de la Boucle du Niger entretiennent une certaine diplomatie entre la religion monothéiste, l’islam et les pratiques culturelles païennes à l’endroit des « génies » du fleuve Niger. (pp.183-184)

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20- GIBBAL Jean-Marie, Tambours d’eau, Paris : éd. Le sycomore, 1982.

Résumé :Au Mali, les génies des Tambours d’eau sont le double de la société humaine. Il leur arrive de s’incarner dans leurs fidèles lorsque ceux-ci les honorent par les chants et par les danses de leur culte. Chaque élu s’identifie alors à la personnalité du dieu qui est censé le posséder. Contrairement à son livre précédent, qui traite précisément sur les génies du fleuve, l’auteur, dans ce document raconte l’histoire d’un culte de possession, organisé en une véritable religion populaire, qui prend naissance dans le Haut Sahel et se développe dans les régions de Bamako et de Kayes.

Il aborde le monde fascinant de la possession, ses rites d’initiation et ses pouvoirs thérapeutiques, magiques et religieux en adoptant deux approches successives :La première partie essaie de restituer le mouvement du réel et prend la forme d’un journal d’enquête : évocation subjective du climat physique et mental des séjours de l’ethnologue, vie au jour le jour avec sa galerie de personnages et sa succession d’événements quotidiens, intensité et poésie des Tambours d’eau.La seconde partie est consacrée à l’étude systématique de l’institution magique et religieuse du culte.Nos notes de lecture sont très limitées car le contenu de l’ouvrage est essentiellement consacré sur la narration des danses de possession de ce culte qui n’a réellement pas un rapport avec l’eau du fleuve.Enfin, on peut dire que le Jinè-don, la danse du culte des génies est une institution inscrite dans le tissu magico- religieux. C’est un culte de possession populaire à clientèle majoritairement féminine.

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21- GALLAY Alain, HUYSECOM Eric, Ethnoarchéologie africaine, Genève : Université de Genève, Département d’Anthropologie et d’Ecologie, 1989, pp.17-38

21-1 Résumé :Ce document définit les grandes lignes d’un projet de recherches sur la dynamique de la céramique dans le Delta intérieur du Niger au Mali dans une perspective ethnoarchéologique.L’étude de la production potière de cette région et des réseaux de diffusion de la céramique doit permettre de jeter les bases d’une meilleure compréhension des données fournies par l’archéologie locale pour des périodes allant du début de notre ère à l’époque actuelle.

Ce faisant, nous retiendrons essentiellement dans cet ouvrage, les réflexions portées sur le Delta intérieur : le Delta intérieur du Niger dans l’histoire médiévale ; le Delta intérieur du Niger, point de rencontre de diverses ethnies.

21- 2 Le Delta intérieur du Niger dans l’histoire médiévale : En effet, le rôle joué par le Delta intérieur du Niger dans l’histoire de l’Afrique de l’ouest apparaît clairement si l’on prend en considération les points suivants :

- C’est probablement dans cette zone qu’a été domestiquée pour la première fois une espèce africaine de riz qui reste actuellement la base de l’alimentation régionale.

- Le Delta intérieur du Niger a été successivement englobé dans tous les grands empires de l’Afrique occidentale médiévale et jouait un rôle de premier plan dans le commerce international de l’or.

- Cette région a été au XIXe siècle le centre d’un renouveau particulièrement brillant de la culture islamique avec la création par Sékou Ahmadou l’empire peul du Macina. (p.17)

21-3 Le Delta intérieur du Niger, point de rencontre de diverses ethnies :Le Delta intérieur du Niger présente une diversité ethnique qui témoigne clairement de l’attrait exercé par les ressources naturelles de la région : possibilités rizicoles, riches pâturages pour les troupeaux, pêche, communication faciles par voie fluviale. Plusieurs ethnies distinctes possédant chacune un mode de vie propre et une histoire particulière s’y côtoient. En fait, les remarques qui précèdent cette mosaïque ethnique montrent que le découpage présenté ne peut être qu’une première approximation de la complexité ethnique du Delta. Ainsi cette recherche s’attachera notamment à préciser et à nuancer cette complexité.Nous distinguons ici grossièrement comme dans le premier rapport avec Jean GALLAIS, 1984 :

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-les Peuls éleveurs de bovidés dont les parcours de transhumance ont été fixés au début du XIXe siècle par Sékou Ahmadou, fondateur de l’empire peul du Macina.

A ce niveau, on souligne que les Peuls présentent une société stratifiée complexe comprenant, outre les hommes libres, plusieurs castes professionnelles ainsi qu’une classe d’anciens esclaves, les Rimaïbé, essentiellement riziculteurs ou sur les marges du Delta, cultivateurs de mil.- les Bambara agriculteurs céréaliers ayant longtemps conservé leurs traditions païennes, liés aux cultures du riz dans les zones sableuses hautes situées à l’abri des inondations.- les Bwa(ou Bobo Oulé) d’origine voltaïque partageant les zones de culture de mil avec les Bambara.- les Marka d’origine Soninké. Liés historiquement à l’empire du Mali, ces Marka sont des marchants islamisés majoritaires dans les centres urbains comme Djenné.Certains d’entre eux (Nono) s’adonnent par contre à la riziculture.- les Bozo pêcheurs comprenant plusieurs groupes hétérogènes notamment les Sorogo habitant les zones de marais ; les Tiés et Kélinga concentrés le long des bras des grands fleuves.- les Somono également pêcheurs, assurant le trafic fluvial le long des bras du fleuve Niger à bord de longues pirogues de planches cousues.- les Songhaï concentrés dans les zones fluviales dans la partie aval du Delta.- les Tamasheqs limités aux zones septentrionales, chameliers assurant le trafic caravanier vers le nord.Les tribus Bella subordonnées aux Tamasheqs gardent actuellement vis-à-vis de leurs anciens maîtres, une certaine autonomie.Enfin, notons que ces diverses ethnies coexistent largement dans un même espace à l’intérieur duquel elles sont liées à des niches écologiques propres. Il ressort également que plus les milieux naturels d’une région sont diversifiés, plus la mosaïque ethnique est fine et son peuplement aussi est plus dense. (pp.37-38)

21-4 Origines et classes des ethnies : -Les bozo, pêcheurs du Delta présentent un « noyau » considéré soit comme autochtone soit en relation avec le clan Malinké des Keita.Une première étape aurait vu se constituer des groupes tels que les Sorogo, les Pondo Sorogo, les Tié, les Bozo du Diaka.

Dans une seconde étape le terme bozo utilisé par les Bambara pour désigner des populations spécialisées dans la pêche aurait servi pour désigner ces populations d’origines relativement hétérogènes.

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-Le terme Marka désigne essentiellement des marchands islamisés tirant leur origine de l’organisation économique de l’empire du Mali. Il recouvre trois ensembles liés à des contingences historiques distinctes :- les Marka fing(Nono) forment le groupe le plus ancien. - les Marka dié sont d’origines Soninké mais présentent un fort métissage avec les Peuls et les Maures.- les Marka dialan sont des Bambara ou des Bwo islamisés à l’époque de la conquête Toucouleur.Par ailleurs, s’agissant de la dynamique des castes ou classes des ethnies, on note que l’organisation de la société Malinké s’est vue codifiée de la formation de l’empire du Mali.Les clans alliés des Keita se sont regroupés dans la classe des hommes libres alors que les populations soumises provenant notamment du démantèlement de l’empire Sosso ont été reparties dans diverses castes et dans la classe des esclaves.D’une manière générale, les classes serviles des diverses populations forment par définition des ensembles d’origine ethnique hétérogène. Ces classes serviles ont parfois acquis la suppression de la traite, une véritable autonomie (au niveau de l’habitat) et peuvent presque être considérés comme des groupes ethniques à part entière. C’est le cas notamment des Rimaïbé, esclaves des Peuls, des Bella, esclaves des Touaregs (Tamasheqs) et des Aratine esclaves des Maures.

Les Somono liés au fleuve trouvent leur origine dans l’organisation économique de l’empire du Mali. Il s’agit à l’origine d’une caste servile formée de Bozo à laquelle on a adjoint des captifs divers Bambara, Bwo ou Dogon. On retient à cet effet que leur statut caste ou ethnie demeure incertain.

Les Peuls noirs constituent l’aristocratie de la société peule du Delta sédentarisée par Sékou Ahmadou. Ils résultent de nombreux mariages entre Peuls et des épouses d’origine servile provenant de diverses ethnies étrangères. (p.37)

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22- JAIME G. Lieutenant de Vaisseau, Niger, fleuve, exploration, Corbeil : Ed. de crété, s.d. 1889, pp.105-114

22- 1 Résumé :A la fin du dernier siècle les militaires, avant ou au moment de la conquête française, reconnaissent les possibilités de navigation. Ainsi tour à tour le lieutenant de Vaisseau Caron (1981) et G. Jaime (1891) descendent en canonnière le Niger et traversent le Delta.C’est un ouvrage d’exploration dont son objectif principal était d’entrer en relations amicales avec les peuplades qui habitent les rives du Niger. L’ouvrage bien qu’il ait des ambitions plutôt politiques que scientifiques nous présente des aspects intéressants du point de vue des dimensions ethniques et culturelles.

22-2 Peuples riverains et principales activités : Les peuples qui habitent les bords du Niger, de Koulikoro à Tombouctou, (rive gauche du Niger) sont pêcheurs ou agriculteurs ; les Touaregs et les peuls sont nomades, mais tous ont des animaux domestiques. Ce sont notamment : les chevaux, les ânes, les moutons, les bœufs, les chameaux…La vie pastorale oblige les Touaregs et les Peuls à la vie nomade.En ce qui concerne les principales activités soulignées par l’auteur, on note :- la chasse : elle ne fournit pas à ces peuplades les principaux moyens d’existence qu’il y ait des chasseurs de profession. Les animaux qu’ils chassent de préférence sont le gros gibier : éléphant, hippopotame, girafe, biche, antilope, caïman etc.

- la pêche : les Somono pêchent aux filets et aux barrages, à la main et à l’hameçon. Ils pêchent en tout temps, mais le poisson « donne » principalement en juin et en octobre c'est-à-dire quand le fleuve commence à monter et au moment précis où il baisse. Les poissons font des mouvements migratoires selon la crue et la décrue du fleuve et en font suivre ainsi les Somono. On retient que pendant les jours de pêche tous les Somono d’un même village partent ensemble, les cases sont abandonnées à la garde des vieillards et des infirmes, les enfants aident les hommes pour la manœuvre des pirogues ; les femmes s’occupent à nettoyer et à faire sécher sur place le produit de la pêche.

- l’agriculture : les agriculteurs sont beaucoup plus nombreux que les nomades et les pêcheurs ; les plantes qu’ils cultivent sont non seulement destinées à l’alimentation mais aussi utilisées pour la satisfaction d’autres besoins tels : vêtements et objets divers ; ils sèment et récoltent pour vivre : le riz, le maïs, le mil, le manioc, la patate etc.Les travaux des champs ne font pas en commun, mais par famille ; chaque chef de case emploie des hommes, des femmes libres et des esclaves de l’un et de l’autre sexe pour cultiver son champ. (pp. 105-114)

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23- KAWADA Junzo, Boucle du Niger- approches multidisciplinaires, volume 1, Institut de Recherches sur les langues et cultures d’Asie et d’Afrique, (Tokyo), 1988, pp.137-180

23-1 Résumé :Effectivement, étude multidisciplinaire, le présent volume est le fruit du rapport de la première mission effectuée d’août 1986 à mars 1987 au Mali, dans le cadre du projet intitulé : « Recherches multidisciplinaires sur les sociétés de la Boucle du Niger » leurs fondements écologiques et leurs rapports dynamiques.Ce faisant, nous retiendrons essentiellement de ce document les articles consacrés entre autres sur :

- la dynamique de la pêche dans le Delta intérieur du Niger de la période précoloniale à nos jours.

- Les rapports existants entre le maître des eaux et l’islam : changements sociaux et changement religieux chez les Tié.

23-2 La dynamique de la pêche de la période précoloniale à nos jours :

a- La période précoloniale :En effet, la communauté des pêcheurs du Delta intérieur comprend les professionnels de la pêche dont l’activité est centrée principalement sur la pêche : ce sont les Bozo et les Somono. La spécialisation socio- professionnelle issue de l’exploitation de l’espace aquatique a généré ces deux groupes ethniques qui n’en demeurent pas moins distincts pour autant.Nous pouvons mentionner l’existence d’un troisième groupe plus ou moins hétéroclite d’agro- pêcheurs constitué de Marka, Bamanan, Rimaïbé dont l’activité principale repose sur l’agriculture mais qui exploite à des degrés divers les eaux riveraines sur lesquelles il exerce sa maîtrise consacrée par la tradition païenne dans le cas des Markas et Bamanan ou dévolue par les anciens maîtres du Delta dans le cas des Rimaïbé.

- Le peuple de l’eau : les Bozo  Le contrôle d’une importante portion de l’espace aquatique, lié au droit de première occupation plaide pour la primauté d’installation des Bozo dans le Delta intérieur, ils se disent autochtones nés du sol.Loin de constituer un groupe homogène ils se repartissent au moins en trois sous groupes qui se différencient surtout par les dialectes parlés : ce sont les Kélinga, les Tié et les Sorogo.Cependant, on se pose la question suivante : Existe-t-il une identité ethnique bozo ?De prime abord on est tenté de répondre par l’affirmative, car il existe un terme générique pour désigner l’ensemble des sous- groupes (Tié, Kélinga, et Sorogo) c’est celui de bozo.

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Cette appellation est d’origine bamanan, elle a été reprise et officialisée par les colons français pour désigner une catégorie socio- professionnelle s’adonnant exclusivement à la pêche, ayant un mode de vie, des techniques et des caractéristiques biologiques communs dans un but purement classificatoire.Les intéressés eux-mêmes ; les Bozo ne reconnaissent pas d’emblée cette appellation bamanan.La pratique de la pêche avec tout le rituel qu’elle englobe, le mode d’exploitation uniforme des ressources halieutiques suivant des techniques similaires, les contacts fréquents au cours des migrations saisonnières, les alliances sont autant de facteurs d’intégration qui ont fait naître chez ces différents sous- groupes la conscience de leur identité ethnique consacrée officiellement par le terme générique bozo. (p.168- 169)

- Les maîtres du fleuve : les SomonoA ce niveau, on note que le terme Somono d’origine bamanan signifiait pêcheur au sens large du terme, au fil de l’histoire l’adjonction forcée ou volontaire de plusieurs groupes (bamanan, bobo, marka, malinké etc.) aux Bozo a donné naissance au processus de formation d’une « ethnie » Somono surtout le long du Niger moyen entre Koulikoro et Ségou et progressivement dans tout le Delta central. Les Somono se sont spécialisés dans la batellerie depuis le temps des grands royaumes médiévaux (Ghana, Mali, Songhay, Ségou) et pratiqué les activités halieutiques au même titre que les Bozo auxquels les lie un pacte d’alliance (sinankuya).Cependant, ils demeurent distincts de ces derniers sur le plan ethnique et actuellement ils se présentent comme une ethnie sans langue propre.En fait, le signe de leur identité se retrouve plutôt au niveau de leurs techniques de pêche, leur mode de vie et surtout par leur esprit frondeur et leur dynamisme en matière d’innovations techniques sur le plan halieutique.

Ayant joué des rôles importants auprès des divers souverains soudanais, ils se sont vus attribuer par ces derniers les grandes portions de fleuves : Niger, Bani, Diaka etc.Contrairement aux Bozo, ils font preuve d’une grande mobilité socio- professionnelle, c’est ainsi qu’ils s’adonnent souvent au commerce, à l’agriculture ou à l’artisanat en fonction de la conjoncture. Cet état d’esprit leur permet une plus grande souplesse d’adaptation sociale et une plus grande réceptivité aux innovations techniques dans le domaine aquatique.Enfin, on retient que la majorité des Somono se trouve en bordure des grands cours d’eau : Niger, Bani, Diaka, lac d’où la spécialisation en matière de pêche fluviale. Si certains sont devenus maîtres du fleuve (batigi) par ancienneté d’occupation ou par alliance, la plupart se sont vus confier l’exploitation et la maîtrise des portions de fleuves par les souverains médiévaux au service desquels ils étaient rattachés ; et plus d’une fois la jouissance du fleuve fut

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accordée au gré des souverains locaux à de nouveaux lignages Somono en fonction des alliances contractées et de la situation géopolitique dominant dans le Delta.

Pour terminer retenons que si la formation des groupes Somono apparaît plus récente que celle des Bozo, il n’en demeure pas moins que le terme recouvre une réalité ethnique qui malgré sa diversité, son manque d’identité linguistique se pose comme une entité vivante et dynamique consciente de sa spécificité. (pp.169-170)

- Les agro- pêcheurs :A côté des deux groupes principaux de pêcheurs professionnels ci-dessus évoqués, une partie importante des activités halieutiques est réalisée par les populations agricultrices du Delta riveraines des cours d’eau ou installées dans les plaines d’inondation ; en tant qu’activité secondaire, mais capable d’assurer leurs besoins d’autoconsommation en poisson pendant une période importante de l’année. Il s’agit notamment :

Les Marka : témoignant d’une très grande ancienneté d’installation dans le Delta (surtout les Marka-nono) ils partagent avec les Bozo la maîtrise de plusieurs cours d’eau (chenaux, mares, portions de fleuves) dont ils assurent la pêche résiduelle en compagnie de ces derniers. Riziculteurs en général pour certains ils apparaissent comme les maîtres du riz ; ils ne dédaignent pas la pêche qui leur procure pendant une partie de l’année leur subsistance. Mais le nombre limité de leurs instruments ainsi que la pratique intensive de l’agriculture en font des pêcheurs occasionnels.

Les Bamanan : plusieurs d’entre eux ont la jouissance des cours d’eau de leur finage qu’ils pêchent collectivement avec les autres pêcheurs au moment de la levée des défens. Installés depuis 3 à 4 siècles dans le Delta ils se sont spécialisés en culture de terres sèches (mil, sorgho, tubercules) loin des abords immédiats des grands cours d’eau.

Les Rimaïbé : ce sont les autochtones, réduits par la force en captifs par les Peuls et les Funtankobé dans leurs occupations successives de l’espace intra- deltaïque. L’Etat théocratique du Macina dans son souci hégémonique de contrôler les populations vassales, procéda à un nouveau découpage du territoire en leydi, ce qui eut pour conséquence la fixation des nomades (Peuls, Bozo) en des endroits fixes.

En effet, le nouveau droit d’usage collectif ou privé des terres, pâturages, points d’eau, consécutif à cette sédentarisation des peuples vassaux n’abolit pas fondamentalement les droits d’usage lignagers et villageois

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du terroir, mais furent l’objet d’une stricte réglementation visant à assurer la prépondérance des intérêts de Hamdallaye dont la survie était assurée par une production régulière des sujets.Si le monde des pêcheurs ne subit pas les mêmes rigueurs que celui des agriculteurs, il n’en continua pas moins à subir les rigueurs de la Dîna (prestation en nature, batellerie, traversée des troupes etc.). Mais pour ce qui est de la maîtrise de l’eau le droit lignager persista sauf dans le cas où certains espaces aquatiques furent alloués à des Rimaïbé pour leur exploitation au profit des maîtres. Soulignons enfin, qu’à la suppression de l’esclavage par les français en 1905, beaucoup de captifs eurent la jouissance des espaces qu’ils exploitaient au détriment de leurs maîtres, d’où la maîtrise actuelle d’une partie importante de l’aire intra- deltaïque par les Rimaïbé sur laquelle ils exercent leur droit (contrôle de l’accès au territoire, payement de maadji, fixation des dates de mises en défens et des pêches collectives etc.). (pp.171-172)

b- La période coloniale : Elle marque la rupture entre la pêche de subsistance et la pêche professionnelle comme activité lucrative avec accumulation fiévreuse d’un surplus monétaire ; le passage du troc et des cauris au papier monnaie. A ce niveau on note essentiellement les rubriques suivantes :

- Monétarisation de l’économie :En effet, il est à retenir qu’avant l’arrivée des Français le commerce de poisson transformé, sec et fumé se pratiquait sur une vaste échelle dans le Delta central et jusqu’à l’intérieur du pays. Djenné, Tombouctou, Konna, Sofara étaient de grands centres commerciaux, au niveau des transactions effectuées à l’aide des cauris, le troc revêtait une importance non négligeable.Avec la colonisation, l’introduction du papier monnaie et l’obligation de payer les impôts en numéraires sont autant de facteurs qui contribuèrent à révolutionner la pêche tant dans ses techniques que dans son organisation sociale et à créer une mentalité nouvelle orientée vers le profit. L’accroissement du rendement résulta du perfectionnement des engins et techniques de pêche. L’introduction de matériaux plus performants pour la confection des filets, la vulgarisation de l’hameçon, ainsi que l’apparition des premières pirogues à moteur appelées pinasses sont autant de facteurs qui ont accru le dynamisme de la pêche à cette époque au point qu’on peut le qualifier de boom économique. Enfin notons que l’une des conséquences du boom halieutique s’est traduite par l’intensification du processus migratoire dans le Delta et son amplification spatiale. Assurément il existait depuis la période précoloniale une tradition migratoire dans le Delta. Les Tié depuis le 18e siècle déjà avaient investi les

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abords des principaux fleuves jusqu’au lac Débo et avaient fini par y installer des colonies entières. Les autres groupes ont toujours été des semi-nomades amateurs de migrations latérales. (pp.172-173)

- Le conflit des droits :On souligne essentiellement que l’amalgame entre droit coutumier et droit « moderne » étatique en matière de réglementation de la pêche a donné naissance à une situation conflictuelle dans le Delta. En fait, chaque village possède un terroir géré selon la réglementation traditionnelle chargée de circonscrire les conflits inhérents au non respect des coutumes locales (emploi d’engins prohibés, violation des réserves, non respect des dates ou de priorité d’emplacement lors des pêches collectives) sous la direction du chef des pêcheurs locaux assisté des notables. Très rarement le recours à l’administration était sollicité. La domanialité des eaux impliquant la libre circulation des pêcheurs munis de permis de pêche sur toute l’étendue des eaux à l’exception des zones mises en défens ou jouissant de restrictions particulières d’ordre administratif, porte un coup sérieux au droit traditionnel d’accès au terroir qui est sensé avoir disparu en principe mais qui demeure vivace dans tous les esprits et dans les faits.En fait, cette situation sera incidemment exploitée par les différents protagonistes pour la sauvegarde de leurs intérêts. Pour les allogènes, le permis donne le droit de pêche partout, d’où le recours fréquent en cas de conflits avec les autochtones à l’administration qui très souvent sanctionne cette pratique par l’octroi d’une autorisation officielle aux plaignants. De leur côté les autochtones évoquent la surcharge démographique comme facteur direct de dégradation de l’écosystème thème cher à l’administration soucieuse de maintenir l’équilibre entre effort de pêche et potentialités ichtyologiques.

En cas de conflits entre locaux, source d’embarras pour l’administration, le recours aux normes traditionnelles pour la transmission généalogique de la maîtrise ou sa dévolution dans le cadre matrimonial ou autre est sollicité pour clarifier la situation. Pour terminer on note que la mise en place des conseils et comités de village en tant que processus décisionnel ne donne toujours pas de résultats escomptés (p.177).

- Le flux migratoire : En effet, obéissant jusque là à tout un réseau de pratiques s’articulant sur le droit coutumier pour l’accès au terroir et l’exploitation rationnée des ressources halieutiques, il subit de profondes distorsions suite à l’affolement des pêcheurs face à la raréfaction de l’eau et du poisson.Traditionnellement le mouvement débutait au sud en période de décrue pour déboucher sur les lacs, réservoirs naturels d’eau en période d’étiage. En période

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de crue normale la pêche de finage (érection de barrage par les Bozo à l’entrée des eaux dans les plaines, emploi d’engins passifs : maillants, palangres etc.) occupaient les autochtones pendant un long moment, la décrue se faisait lentement et les pêcheurs se déplaçaient au même rythme pour la chasse aux poissons qui avaient eu le temps de se reproduire dans la plaine et de redescendre dans les lits des cours d’eau.La modification brutale du rythme de l’eau : crue insuffisante, décrue rapide, restriction des zones inondées va influer sur le rythme des activités halieutiques qui va s’accélérer en conséquence et se traduire par une occupation différentielle des territoires de pêche.

Le premier type de migration de type circulaire avec descente des grands migrants au Diaka aval jusqu’aux lacs et retour par le Niger en période d’étiage.On retient aussi que depuis les années 1970, on observe une plus grande accélération du processus avec fixation autour des lacs ou du Niger, d’unités migratoires gelées dans des campements saisonniers devenus permanents avec construction de cases en banco à la place des huttes s’apparentant de plus en plus à des villages. D’autres retournent au village d’origine pour participer aux travaux champêtres en période de crue.Quant au deuxième type de migration, il comporte plusieurs séquences. Par exemple les pêcheurs du Bani, Jenneri, et Mopti amont, descendent le fleuve jusqu’aux lacs, pendant la décrue, remontent assez tôt chez eux pour converger sur Sélingué, la Côte d’ivoire ou le Burkina Faso ; reviennent en période d’hivernage pour les labours et recommencent le cycle à la décrue.

Il est à noter que depuis plusieurs années la migration extra deltaïque a pris de l’ampleur en direction de Sélingué et des pays limitrophes du Mali (Burkina Faso, Côte d’Ivoire etc.). Généralement les cadets y vont en groupes, reviennent la première année pour chercher leur famille (femmes et enfants) et finissent par s’y installer définitivement rompant progressivement les obligations envers les aînés. Il ressort enfin de cette analyse que l’étude du processus migratoire s’avère difficile en égard à la complexité et à l’anarchie qui le caractérisent et toute génération serait abusive au détriment d’une analyse fine et détaillée qu’on ne pourrait réaliser dans cette rubrique.A côté des grands migrants, on signale des unités restreintes dépourvues d’engins performants. Les difficultés d’approvisionnement en céréales ont restreint l’ampleur du processus et les gens du sud ne remontent presque plus au-delà des lacs vers Gao et Tombouctou. Certaines unités ont abandonné la pêche au profit d’autres activités (agriculture, artisanat, etc.) suite au manque d’eau et à la raréfaction progressive du poisson, d’autres dotés d’engins modernes suite aux prêts bancaires ont acquit un dynamisme nouveau.(pp.179-180)

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23-3 Changements sociaux et religieux chez les Tié du Niger : Nous récapitulons cette rubrique par les points essentiels suivants :

- Les Tié et le génie de l’eau : Les Tié se prétendent les premiers habitants du Delta intérieur du Niger. Mais d’après leur pensée mythologique, il y avait des êtres qui leur préexistaient : ce sont les génies de l’eau, nyènèn, qui sont selon eux, les vrais maîtres des eaux. On note toujours dans cette rubrique que la vie des Tié s’est fondée depuis longtemps sur le lien qui les unit à ces génies.Notons à cet effet quelques images qu’ils se font des génies de l’eau :Ces génies seraient, avec le Niger, les premières créatures de Dieu. Etres omniprésents, ils se trouvaient à tous les endroits trempés par les eaux du Niger. Chaque génie de l’eau aurait un siège propre : un endroit profond dans le lit mineur leur est souvent attribué comme siège. Mais de là, ils pourraient se déplacer facilement et librement. Ils pourraient également aller n’importe où, où il y a de l’eau du Niger. Etres invisibles, ils vivaient toujours au fond des eaux ; mais dans certains cas, ils pourraient être aperçus par les hommes : avec leur peau toute blanche et leur longue chevelure noire, ils apparaîtraient alors très beaux. Leur apparition sous cette forme se réaliserait toujours dans un objectif précis : ce serait pour prédire l’avenir ou initier certains personnages élus au savoir profond.Maîtres des eaux, les génies seraient également les maîtres de tous les êtres aquatiques, tels que les poissons, les hippopotames, les crocodiles, et les lamantins. Ils seraient généralement les bons patrons des pêcheurs qui vivent des eaux : ils permettent à ces derniers de capturer les poissons et les animaux dans l’eau et dans la brousse ; ils leur offriraient la protection dans et sur l’eau. Mais dans certains cas, ils deviennent redoutables ; ils couleraient les pirogues ; ils noieraient les gens, ils feraient attaquer les pêcheurs par les animaux aquatiques. C’est normalement quand ils sont mécontents des activités humaines qu’ils deviendraient méchants de telle manière.On retient que postérieurement dans le Bassin du Niger certains hommes auraient dû leur demander la permission d’occuper le terrain et d’y pêcher. Ceux à qui cette permission aurait été accordée directement furent qualifiés de « dji tuu » c'est-à-dire maîtres des eaux. Cette qualification peut être transmise jusqu’à aujourd’hui par la lignée paternelle. Ainsi tous les membres de ce lignage sont appelés nonyan « les autochtones » et considérés comme ayant un pouvoir spécial issu de leur relation étroite avec les génies de l’eau.Ce faisant, le personnage le plus âgé de ce lignage est désigné à la fonction de « dji tuu » et respecté non seulement par les membres de son lignage mais aussi par les autres pêcheurs du même village.(pp.137-138)

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- Les fonctions sociales du maître des eaux : En fait, dans chaque village Tié, il se trouve en principe un lignage de dji tuu dont l’ancêtre aurait acquis cette qualification directement du nyènè (génie) du lieu.Le dji tuu signifie littéralement « le propriétaire des eaux ». Ce mot implique une notion « juridique » : le droit exclusif de pêche d’une certaine zone que commanderait le génie auquel chaque dji tuu est attaché. Le dji tuu jouit d’un droit exclusif concernant chaque pêcherie qui lui est affectée. Mais quand il s’agit du dji tuu de chaque village, qui est en liaison intime avec le génie de l’eau, son autorité et ses prérogatives ne se bornent pas à ce droit de pêche. Il joue des fonctions importantes et indispensables au maintien de la vie sociale et religieuse de tous les villageois.En effet, dans chaque village Tié, les pêcheurs tiennent des réunions (ton) pour discuter les problèmes sociaux et moraux. Société acéphale, la société Tié n’à d’autres organisations politique que les tons auxquels tous ses membres prennent part. Ces ton se tiennent à plusieurs niveaux ; un ton pour les hommes de la génération des « pères » ; un ton pour ceux de la génération des « fils » ; et un ton pour les femmes. Et dans le cas d’un gros village, ces tons peuvent être subdivisés en ton du quartier ou du sous- quartier.Parmi ces ton celui qui a le plus d’autorité est le ton des vieux au niveau du village. L’autorité de ce ton est considérée comme suprême, or c’est généralement le dji tuu principal qui préside le ton au niveau du village ; c’est lui qui annonce au public l’ouverture du ton ; c’est aussi lui qui prononce le dernier mot à chaque séance. En général le dji tuu ne parle pas pendant la séance, sachant que ses paroles ont trop d’influence sur les autres. En plus de ces fonctions, le dji tuu jouait autrefois un rôle social inégalable : c’était lui qui nommait symboliquement le chef du village le « nôun tu »Enfin, il ressort de cette analyse que toutes ces fonctions et prérogatives ont été bouleversées par la pénétration de l’administration coloniale, toute chose qui indigne le dji tuu. (pp.138-141)

- Le système rituel chez les Tié : A ce niveau, notons que c’est le sacrifice offert au génie de l’eau qui constitue la base de la vie religieuse des Tié. Ce sacrifice, qui est effectué par le dji tuu principal de chaque village, se répète trois fois par an : au moment de la crue, au moment de la décrue et avant la grande pêche collective. C’est donc à ces trois moments importants de la pêche que le dji tuu offre le sacrifice au génie en lui demandant de garantir le succès de la pêche et la protection des pêcheurs. On signale cependant que ce sacrifice n’est pas le seul rite des Tié concernant la pêche : quand surgit un accident malheureux tel qu’une noyade ou une attaque par les animaux aquatiques, un autre genre de rite s’effectue immédiatement après à l’endroit des génies afin de pallier le malheur.

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En fait, tous les rites Tié sont étroitement liés à la pêche dont le dji tuu en est le garant spirituel. (pp.144-145)

- Les Tié et la religion monothéiste : l’islamL’islamisation chez les Tié a une longue histoire, ainsi on note que ceux-ci affirment en effet qu’elle a commencé au moment de la domination Toucouleur qui a lancé la « guerre sainte » dans les vastes régions de l’Afrique occidentale. En fait, si l’islamisation a une longue histoire chez les Tié, il s’ensuit que coexistaient depuis longtemps les deux systèmes religieux : l’islam et le système religieux traditionnel. Si l’on tient compte de l’importance de ce dernier dans la vie des pêcheurs Tié, on peut sans doute dire que l’islam restait marginal par rapport à l’autre. Avec les changements sociaux intervenus pendant la colonisation où l’administration a confisqué les pouvoirs des dji tuu on note une certaine conversion des membres du dji tuu à l’islam.On souligne que dans cette conversion des membres du dji tuu, il faut reconnaître que c’est un essai désespéré de mise à jour. Frappée par des événements sociaux inouïs, leur vie en a été perturbée de façon catastrophique. Pour qu’ils puissent recouvrer leur moral et rétablir leur autorité dans la vie villageoise, il leur fallait se trouver un fondement moral autre que leur lien avec le génie de l’eau.Enfin notons que nous sommes ici en face d’un phénomène général dans toute l’Afrique occidentale :L’islamisation apparaît comme un accélérateur du processus d’intégration dans le système mondial de sociétés qui en restaient à distance jusqu’à aujourd’hui grâce à l’existence d’une organisation sociale et religieuse qui leur était propre.(pp.148-151)

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24- KAWADA Junzo, Boucle du Niger- approches multidisciplinaires, volume 2, Institut de Recherche sur les langues et cultures d’Asie et d’Arique, Tokyo, 1990, pp.101-274

24-1 Résumé : Cet ouvrage, second volume est la suite du programme de recherches entrepris dans le 1er volume intitulé « Boucle du Niger ».Evidemment comme le 1er volume, c’est une recherche basée sur les sociétés de la Boucle du Niger, effectuée entre 1988 et 1989 à laquelle ont participé plusieurs chercheurs maliens et japonais.A cet effet, on retient essentiellement les chapitres consacrées sur la course des pirogues dans le Delta central du Niger : aspect économique et social ; le peuplement actuel de la Boucle dans la zone lacustre du Delta intérieur.

24-2 Le peuplement actuel dans la zone lacustre du Delta intérieur :Les populations actuelles de cette région en fonction de leur genre de vie peuvent être regroupées en deux principales catégories à savoir les sédentaires, les semi-nomades et les nomades.

- Les peuples sédentaires : Ils regroupent trois unités ethniques : les Songhay, les Bambara- Soninké, et les Bozo.. Les Songhay : ils sont considérés comme étant le premier peuple sédentaire au sud du désert, qui édifia à partir du XVe siècle le plus puissant empire du Soudan occidental.Pendant leur hégémonie, des colonies songhay ont dû se fixer dans la partie nord de la zone lacustre, pour exploiter les vallées fertiles du fleuve et des lacs.(p. 269) . Les Bambara- Soninké : originaires des pays de savane, les Soninké ont migré dans le Sahel nord pour des raisons démographiques et politiques. L’occupation soninké est sans doute liée à la chute du Ghana vers les Xe, XIe siècles. Suite à plusieurs années de sécheresse consécutives des vagues de populations soninkés ont déferlé dans la région du Méma, d’où elles furent refoulées par les Maures et contraintes de s’installer sur les hautes terres sèches de la zone lacustres et même dans le Delta intérieur.Quant aux Bambara, leur installation date de la 2e moitié du XVIIIe siècle avec la naissance du royaume Bamanan de Ségou. En effet, les Fama de Ségou, afin de contrôler l’importante voie commerciale sur le Niger, ont installé plusieurs colonies de peuplement sur l’axe Ségou- Tombouctou. (pp.269-271)

. Les Bozo : on les désigne aussi sous les noms de Koroko Sorko. D’après la tradition orale, ils sont considérés comme les premiers habitants du pays. Leurs

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habitats sont en général perchés sur les rives du fleuve de même que sur les abords des lacs importants. Les campements constitués de constructions rudimentaires en paille, sont dressés sur les buttes exondées. Il s’agit d’habitats temporaires où ils pratiquent souvent une migration saisonnière dans la région, leur activité essentielle demeure la pêche. (p.271)

- Les peuples nomades et semi- nomades : Ce sont les Peuls, les Touaregs et les Maures. Ces populations mènent une vie marginale dans les confins sahariens. On assiste depuis les sécheresses successives des dernières années à la semi- sédentarisation d’une grande partie de ces peuples.

. Les Peuls : on souligne que d’après la tradition orale (A.H.BA), ils seraient installés dans le Delta intérieur vers le XVe siècle.Eleveurs par excellence, ils sont restés depuis dans cette région très riche en pâturages. Ils ont vite débordé le Delta pour occuper, dans la zone lacustre, une bande comprise entre les lacs et le fleuve Niger.Eleveurs nomades par tradition, un événement politique survenu au XIXe siècle contribua à leur semi- sédentarisation dans l’ensemble du Delta central Nigérien : il s’agit de la naissance du royaume peul du Macina fondée par Sékou Ahmadou. (p.272)

. Les Touaregs : au Mali, ils sont appelés ‘‘Tamasheqs’’ c'est-à-dire du nom de leur langue. Ils mènent une vie très marginale dans les confins sahariens et ont probablement migré dans la zone lacustre à la recherche de pâturage et d’eau. A l’opposé de la plupart des groupes ethniques de la sous- région, les Tamasheqs n’ont pas forgé un Etat fondé sur l’unité politique. On a assisté à l’existence de plusieurs groupes ou tribus, qui au fil des siècles ont toujours été des éléments de stabilisateurs des formations politiques existantes. (pp. 272-273)

. Les Maures : dispersés sur les hautes terres semi- arides au nord-ouest (Méma) de la zone lacustre, ils mènent pratiquement une vie errante dans la nature. L’habitat est caractéristique par de petites paillotes rudimentaires. Une petite agriculture sèche est assurée par une population servile (les Harratin) composée essentiellement de Soninké.Les Maures pratiquent un petit élevage de caprins et d’ânes. Ils vivent essentiellement de chasse, mènent plusieurs incursions dans le Sahel sud et même dans la savane à la recherche du gibier. Ils s’occupent aussi d’artisanat et font du commerce. (pp.273-274)

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24-3 La pirogue : aspect économique et social dans le Delta central : Il ressort essentiellement de l’analyse de cette rubrique les réflexions suivantes :

Sur le plan économique on retient que la pirogue a joué un rôle important dans l’essor de la civilisation urbaine du Delta en tant que moyen de transport et principal outil de communication au carrefour des échanges marchands. Elle a fait du Delta central un foyer de brassage de populations diverses et y a fait connaître une civilisation originale. Les différentes phases technologiques qu’elle a franchies symbolisent le génie de ses promoteurs. Enfin, face au système colonial et à la navigation moderne, elle a su puiser dans la tradition ce qui pouvait s’intégrer le mieux à la dynamique du progrès.

Sur le plan culturel, le rôle joué par la pirogue dans la vie des pêcheurs est loin d’être négligeable. Si le cheval a caractérisé à un moment donné la civilisation des peuples de la savane soudanienne, la pirogue est devenue depuis sa création un élément de base de la société des pêcheurs. La pirogue est la monture du Bozo. A l’instar des pistes caravanières qui drainaient le flux des marchandises aux quatre points cardinaux, le Niger grâce à la pirogue a joué le même rôle de liaison entre les peuples du désert de la savane et de la forêt. Si la course de pirogue nous est parue signifiante dans l’appréhension de l’idéologie villageoise, il est une dimension ineffable et incommunicable à autrui, qui est incrustée dans ‘’l’être intime’’ des participants sous le signe du vécu quotidien et que ne saurait épuiser un travail de ce genre. Ceux qui ont la passion de la course pourraient le comprendre plus facilement car une course est un événement qui ne se raconte pas mais se vit, selon l’auteur.

Quant au plan des réalités sociales, la course de pirogue garde encore un pouvoir d’attraction mais aussi de coercition. C’est ainsi qu’elle parvient à faire revenir au bercail les jeunes candidats à la migration en rupture de ban à l’égard de la hiérarchie traditionnelle instaurée par l’ordre ancien. Elle renforce l’autorité des aînés sur les cadets à travers le processus de sélection et semble perpétuer l’ancienne forme de mariage préférentiel chez les Bozo par méthode discriminatoire conduisant au choix des fils authentiques du village pour la garde de la pirogue. En outre dans le domaine des relations sociales elle joue un rôle ambigu : d’un côté elle exacerbe jusqu’au paroxysme les tensions inter- villageoises antagonistes, et de l’autre renforce la cohésion au sein des groupes. L’état de guerre temporaire qu’elle instaure entre les adversaires semble défier les règles sacro- saintes de l’hospitalité, (caractérisées par l’accueil, l’amabilité, l’assistance et le respect de l’autre) qui prévaut dans le milieu en période de calme : c'est-à-dire la plus grande partie de l’année.

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Cependant, on peut retenir également que la course devient un exutoire collectif où se déchargent toutes les tensions et les pulsions agressives. A l’état de guerre se substitue l’état de paix où les bonnes relations suspendues à l’espace d’un mois reprennent leur cours normal. Ainsi l’auteur soutient que la course est comparable en ce sens à la tornade dont l’explosion fait disparaître la tension antérieure, purifie l’atmosphère et nettoie la terre de son eau bienfaisante. (pp.101-103)

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25- KAWADA Junzo, Boucle du Niger- approches multidisciplinaires, volume 3, Institut de Recherches sur les langues et cultures d’Asie et d’Afrique, Tokyo, 1992, pp.262-276

25-1 Résumé :Evidemment, étude multidisciplinaire, ce 3e volume est la suite du projet de recherche ‘’Boucle du Niger’’Il (3e volume) s’articule autour de quatre (4) rubriques qui traduisent déjà la perspective de recherche que partagent les chercheurs maliens et japonais, partie prenante de ce projet multidisciplinaire, mais on retient essentiellement celle consacrée sur l’organisation sociale des bozo notamment celle du sous- groupe Tié, dans une perspective historique.

25-2 Rôle de la parenté dans la vie sociale et économique des Bozo :En effet, la parenté joue un rôle primordial dans la vie sociale et économique des Bozo. On peut y discerner trois notions locales qui s’emboîtent l’une dans l’autre : Kaxo, Jan et Tuma, par ordre de dimension.

Le kaxo correspond à la notion de lignage, en vocabulaire anthropologique. Il recouvre tous les membres liés, par la filiation patrilinéaire, à un ancêtre remontant à environ cinq générations. Les femmes appartiennent au kaxo de leur père, même si elles ont quitté leur village natal pour se marier avec des hommes étrangers à leur kaxo ; mais leurs enfants ne sont plus inclus dans leur kaxo. Les femmes étrangères ne peuvent pas être incorporées dans le kaxo de leur mari, même si elles viennent s’installer dans la maison de celui-ci.En fait, cette notion de kaxo semble avoir eu une importance majeure dans la vie sociale des Bozo, en ce sens que kaxo servait autrefois, d’unité de production et de consommation : c’était dans ce cadre que les pêcheurs travaillaient ensemble pour la pêche collective qui était à ce moment la forme de pêche la plus rentable ; c’était dans ce cadre également que les poissons capturés étaient distribués entre les pêcheurs qui y avaient collaboré. Mais on souligne que le kaxo a perdu son efficacité sur le plan social, au fur et à mesure que le morcellement de l’organisation du travail des Tié a progressé dans le but de mieux s’adapter aux changements socio- économiques.

La deuxième notion fondamentale de la parenté Bozo est le Jan. En effet, jan signifie littéralement une concession qui se constitue, en général, d’une ou de plusieurs cases, d’une cour clôturée avec le mur et d’un ou des foyers pour préparer les repas quotidiens. Il représente également l’ensemble des membres qui habitent dans la même concession ; d’où le fait que les femmes qui le quittent pour se marier ne comptent plus parmi les membres du jan.Par contre, les femmes qui viennent s’y installer après le mariage font partie intégrale de jan. Le jan constitue ainsi une unité d’habitation. Il correspond,

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dans la plupart des cas, à l’unité de production et de consommation, qui détient ses propres moyens de production et dispose de ses revenus.

La troisième notion est le tuma, qui signifie littéralement le foyer pour la cuisine journalière. De là, il représente, de façon collective, les membres qui mangent ensemble les plats préparés avec le même foyer. Le tuma constitue ainsi une unité de consommation au sens étroit du terme. (pp.262-264)

25-3 Rapport entre les trois (3) notions fondamentales de la parenté Bozo :A propos de ces trois notions fondamentales de la parenté Bozo, on peut remarquer que :- le jan coïncide généralement avec le tuma : cela veut dire que l’unité d’habitation correspond à l’unité de production et de consommation. Mais il arrive, très rarement d’ailleurs, qu’un jan se compose de plusieurs tuma c'est-à-dire que les membres du même jan se divisent entre plusieurs unités de production ; dans ce cas, c’est chaque tuma qui possède les moyens de production et qui dispose de tous les revenus. Mais même dans ce cas, tous les membres qui dorment dans la même concession mangent ensemble les plats préparés avec des foyers différents.- le kaxo est généralement supérieur par sa dimension à jan, qui peut l’être à tuma mais très rarement, un kaxo est équivalent à tuma.- kaxo sert de cadre dans lequel sont transmis les droits légaux et religieux, tels que les droits de la pêcherie et les droits du sacrifice au génie d’eau. Mais c’est uniquement le plus âgé de ses membres, qui peut en disposer de façon exclusive ; il en résulte que le kaxo n’entraîne pas nécessairement une cohésion dans un kaxo. Sur le plan économique, le kaxo peut fonctionner comme unité de travail ; mais d’autres organisations sociales peuvent en tenir lieu. De plus, en ce qui concerne les biens économiques, ce n’est jamais le kaxo mais en général le jan qui sert de cadre dans lequel ils se transmettent. C’est dans ce sens qu’on dit que le kaxo est moins un principe d’intégration des éléments qui lui sont étrangers par la descendance.- c’est le jan par contre, qui a la capacité d’intégrer des éléments nouveaux et étrangers. Les femmes qui viennent s’installer dans le jan de leur mari après le mariage sont considérées comme un de ses membres, tant qu’elles y restent. Les étrangers qui se trouvent momentanément ou définitivement dans un jan sont appelés sumu par rapport au chef de la concession et peuvent être traités comme un des membres. Les esclaves, achetés notamment au moment de la guerre d’El-Hadji Oumar, habitaient dans le jan de leur maître ; ils ne pouvaient quitter leur statut social inférieur durant leur vie ; mais leurs enfants pouvaient gravir l’échelle sociale, une fois intégrés dans le jan de leur maître et, par la suite, dans le kaxo de ce dernier.

Par ailleurs s’agissant des caractéristiques du kaxo nous pouvons retenir que :

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-Tous les membres d’un kaxo ont le même patronyme. Mais le mariage entre cousins parallèles étant le type de mariage préféré, le kaxo ne constitue pas l’unité exogamique des Bozo. C’est ainsi que des échanges matrimoniaux ne servent pas à renforcer la cohésion de kaxo.

-Tous les membres d’un kaxo ont, par définition, un ancêtre commun. Mais l’influence croissante de l’islam a anéanti le culte des ancêtres à tel point que celui-ci n’a aujourd’hui aucune importance dans la vie religieuse des Bozo.- Tous les membres d’un kaxo ont, en principe, un animal ou un poisson interdit (le tana). Mais la plupart des gens ne respectent plus cette règle ; ils ont même oublié le nom de leur tana.- Le kaxo constituait autrefois, l’unité d’exploitation pour la pêche ; c’était dans ce cadre que les pêcheurs ont concouru à travailler pour la pêche collective qui était en ce temps la pêche la plus rentableCependant, pour mieux s’adapter aux changements socio économiques provoqués depuis l’indépendance ; les Bozo n’ont pas cessé de diviser leur unité de travail. Ce n’est plus le kaxo mais le jan ou le tuma qui fonctionne actuellement comme unité d’exploitation.- Le kaxo garde exclusivement les droits de la pêcherie et de la chefferie : c’est uniquement dans ce cadre que sont transmis ces droits. Mais à la suite du bouleversement social et économique qui a ébranlé la société Bozo, ces droits n’ont plus actuellement qu’une valeur quasi-nominale.Ainsi, le kaxo ne peut être considéré comme correspondant à une entité sociale effective. On souligne que cette impuissance résulte non seulement des changements socio- économiques de la société Bozo, mais encore du développement d’une institution sociale se basant sur un principe autre que celui de la parenté. (pp.264-266)

25-4 Le saxo, institution sociale chez les Tié face au développement social :S’agissant d’abord de la formation du saxo, retenons qu’un saxo se constitue généralement d’une certaine catégorie d’hommes adultes qui ont dormi, en principe, dans la même maison des jeunes, saxo au sens étroit, quand ils étaient de jeunes célibataires. Quand le nombre des membres augmente à tel point que leur réunion devient difficile, un saxo peut se diviser en deux. Association volontaire, les membres de saxo peuvent le quitter à leur gré. Mais l’intimité entre eux nourrie depuis l’enfance, les empêche de le faire de sorte qu’ils resteront dans le même saxo durant leur vie. Par contre, les jeunes gens qui viennent de subir la circoncision, peuvent choisir le saxo dans lequel ils vont s’intégrer. Ils choisiront généralement celui qui se trouve à proximité de leur jan. Le saxo constitue ainsi une sorte de groupe local.

Quant au rôle joué par le saxo dans le développement de la société Tié, on peut noter essentiellement :

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D’abord il doit avoir contribuer à la réalisation d’une stabilisation villageoise parmi les Tié. Ensuite il doit avoir contribué à l’augmentation de la population de chaque village. Enfin, il doit avoir contribué à l’accroissement de la possibilité économique des Tié.

En effet, le kaxo peut rétablir la paix, quand il s’agit de problèmes entre les membres du même kaxo ; c’est le chef du kaxo qui tâche de prendre les mesures nécessaires.Cependant, pour les problèmes qui dépassent son cadre, le kaxo est inefficace, puisqu’il ne peut exercer aucune influence sur des membres appartenant à d’autres kaxo. C’est pourquoi les différends entre des hommes appartenant à des différents kaxo risqueraient d’entraîner une rupture irrémédiable au sein du village, s’il n’existait pas de saxo destiné à la fonction médiatrice entre les kaxo.La stabilité et le développement du village Tié réalisés grâce à l’efficacité politique de saxo se traduisent par la taille des villages qui dépassent largement celle des autres sous- groupes Bozo.

Le saxo qui est une institution extra- parentale peut servir également de ‘’récipient’’ pour les étrangers qui veulent s’installer dans le village. Cette fonction d’intégration de saxo n’est pas seulement destinée aux Bozo étrangers, mais encore à ceux qui n’ont pas la même origine sociale que les Bozo. En effet, y peuvent être intégrés les Somono qui constituaient, sous la domination de l’Etat bambara de Ségou, une sorte de ‘’caste’’, c'est-à-dire un groupe professionnel assujetti de bateliers ou pêcheurs.

En outre, on signale que la coexistence avec les Somono dans le même saxo doit donc avoir permis aux Tié de mieux s’adapter aux changements socio- économiques. En fait, les Tié ont abandonné, depuis presque un demi- siècle, leur pêcherie traditionnelle pour se livrer à la migration saisonnière à la poursuite des poissons ; ils sont également considérés comme les spécialistes des engins nouveaux et plus efficaces derrière les Somono.Enfin, on note que si les Tié sont considérés aujourd’hui comme les pêcheurs les plus actifs et les plus dynamiques du Delta central du Niger, s’ils ont réussi à dominer les autres pêcheurs dans beaucoup de pêcheries concurrentes, c’est très probablement grâce à cette institution (le saxo) qui les a rendu plus sensibles aux influences extérieures. (pp.271-276)

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26- KAWADA Junzo, Boucle du Niger- approches multidisciplinaires, volume 4, Institut de Recherches sur les langues et cultures d’Asie et d’Afrique, Tokyo, 1994, pp.181-182

26-1 Résumé : Etude multidisciplinaire, le présent volume (4e) est le dernier à présenter les résultats des recherches accomplies dans le cadre du projet ‘’Boucle du Niger’’.Ainsi, les différents articles de ce volume sont essentiellement basés sur la céramique à travers les âges dans le Delta central ; les modes d’inhumation dans la Boucle du Niger. A ce niveau, nos notes de lecture seront basées sur l’article consacré sur la pêche ,qui est ici une étude des techniques d’innovation des moyens de pêche chez les Kélinga, les Tié, les Sorogo, les Bozo et les Somono.

26- 2 Les techniques d’innovation des moyens de pêche : de la grande senne (Joba) au filet recouvrant (birijo) :Evidemment, le Delta central du Niger est l’une des principales zones de pêche au Mali.En effet, trois (3) groupes de pêcheurs professionnels y exercent leur activité, le groupe le plus important est constitué par les Bozo qui se répartissent aussi en trois (3) sous- groupes qui sont les Kélinga, les Tié et les Sorogo.Le second est constitué par les Somono dont une frange importante réside en amont du Delta central sur le Moyen Niger.Le troisième groupe formé de Sorko occupe la zone lacustre et l’aval du Delta central jusqu’à la frontière nigérienne.Les Sorogo qui se trouvent au centre de la plaine d’inondation et dans la zone lacustre reçoivent à l’étiage le plein des pêcheurs lancés à la poursuite du poisson venu se réfugier dans les fosses et les dépressions lacustres. Une longue tradition migratoire lie entre eux ces différents groupes de pêcheurs. Ainsi, le processus migratoire entamé dès le début du siècle s’est fortement accentué dans les années d’après guerre suite à un développement remarquable des activités halieutiques ; il apparaît comme le principal vecteur de propagation de l’innovation technique dans le Delta central, grâce aux relations inter- professionnelles qu’il établit entre les différents groupes de pêcheurs.

Cependant, la crise généralisée du système de pêche révélée par la grande sécheresse des années 1970 a contraint les pêcheurs à adopter des stratégies alternatives afin de s’adapter aux changements intervenus : pratique complémentaire de l’agriculture, longs déplacements, pluri- activités etc. C’est dans ce contexte qu’apparaît le ‘’birijo’’, au détriment de la grande senne (joba), fruit d’une grande ingéniosité technique, il est parfaitement adapté aux conditions nouvelles du milieu. (pp.181-182)

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27- KUPER Marcel, TONNEAU Jean-Philippe, l’Office du Niger, grenier à riz du Mali, Montpellier, Cirad / Karthala, 2002, PP.21-207   27-1 Résumé :Cet ouvrage est une analyse de synthèse des différentes recherches menées dans la zone Office du Niger depuis les débuts du XIXème en même temps qu’un itinéraire de découverte originale pour une situation sociale complexe et profondément humaine.Découvrir pour comprendre, en premier lieu comment les citoyens de Niono et de toute la zone irriguée voient désormais eux mêmes le passage du premier essor de leurs activités économiques à spirale vertueuse du développement global et durable. Et ensuite un regard sur le fil de l’eau et la part des hommes. Cet ouvrage est une étude essentiellement basée sur les programmes de développement agricole dans la zone Office du Niger.

27-2 Vie socio économique des peuples riverains dans la zone Office du Niger avant Emile Belime :En réalité, depuis la nuit des temps les rives du fleuve Niger ont toujours été de véritables pôles d’attraction pour les hommes.En effet bien avant l’arrivée de l’ingénieur Emile Belime dans la zone qui s’appellera plus tard l’Office du Niger, elle était occupée et habitée par des hommes de cultures différentes.

Les marigots étaient bien occupés par de nombreux villages dont les chefs de terre avaient de très grands champs, bien identifiés, et des droits reconnus sur beaucoup de terres sèches des plateaux.Evidemment le Macina était entre les mains des Peuls, hérité de Sékou Amadou et ils tenaient tous les bas-fonds et les pâturages. Ils avaient également des champs cultivés.Les Bozo étaient probablement là avant tout le monde, établis depuis toujours dans les campements de pêche au bord du fleuve.Quant aux Bambara, ils cultivaient le mil dans l’ouest du Macina et le riz flottant, le long du fleuve. En fait, juste à l’entrée du Delta, Sansanding était un gros bourg Bambara chargé d’histoires, dont Markala n’était qu’un campement rattaché à quelques kilomètres en amont.Niono elle-même n’allait être crée qu’en 1937, en tant que base de l’Office du Niger, mais déjà les Bambara avaient de nombreux hameaux le long du marigot jusqu’à Molodo où ils tenaient aussi beaucoup de terres.

Par ailleurs, dans ces régions, les chefferies historiques des villages sont souvent détenues par les Sarakolé bien que la majorité de la population soit généralement Bambara ou Peul, parfois même Mossi.

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En réalité, cela est dû au fait que les Sarakollé ont toujours été de grands voyageurs et ils ont souvent été les premiers occupants.Aussi, plus au nord, les éleveurs Touaregs, qu’on appelle aujourd’hui Tamasheq, avaient leurs campements de bas-fonds, leurs parcours et leurs droits de pâturages.

Retenons qu’à cette époque, l’esclavage était perceptible dans la société, c’est pourquoi les Bambara avaient toujours eu des captifs de case pour les travailler avec eux, sinon à leur place. Ainsi, les Ardos, les Peuls issus de grandes familles d’éleveurs alliées à de puissants guerriers du XIXème siècle, faisaient travailler leurs champs par les Rimaïbés.Concrètement les Rimaïbés étaient les esclaves des Peuls et les Bella ceux des Touareg.Voilà en quelques lignes l’essentiel de la vie socio économique des peuples riverains dans la zone pré office du Niger. (pp21-22)

27-3 L’exploitation abusive du bois sur les rives du fleuve par la population dans la zone Office du Niger :

Les hommes de l’Office du Niger pour la satisfaction de leurs besoins usent de plusieurs voies parmi lesquelles on peut retenir essentiellement la coupe abusive du bois sur les rives du fleuve. En fait dans ces villages riverains l’exploitation du bois est leur première activité rémunératrice de revenus après le maraîchage durant la saison sèche.Toute chose qui n’est vraiment pas sans impact sur le fleuve.Ces bûcherons sont en majorité des hommes originaires des villages proches du fleuve Niger. Ils sont d’abord cultivateurs de céréales ou de riz, mais leur implication dans l’exploitation du bois est motivée par un déficit permanent en production des céréales.Le transport du bois du site d’exploitation vers les centres urbains est assuré par des charrettes à âne, des semi-remorques, camions, voitures bâchées, par les piétons…Par exemple à Niono le bois arrive en charrettes par l’axe routier de Niono à Molodo.En effet l’hypothèse retenue est que les bûcherons exploitent en priorité le bois mort et ne commencent à exploiter le bois vert que lorsque le bois mort devient difficilement accessible.

Aussi dans chaque zone, les conditions écologiques, sociologiques et économiques d’exploitation des ressources ligneuses sont semblables. L’ensemble des sous bassins dispose d’un stock de bois mort très important, qui diminue naturellement année après année et dont son exploitation est prioritaire pour les riverains. (pp.177-181)

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27-4 Rôle socio économique des femmes dans la zone Office du NigerLe rôle socio économique des femmes dans les villages Office du Niger est considérable.Les femmes ont accès à la terre, au crédit et participent même souvent au conseil rural. Elles font du maraîchage, notamment la culture de l’échalote. En fait l’éclatement des familles et la division des terres ont entraîné une diversification d’activités tan disque les problèmes financiers des chefs d’exploitation ont sans doute favorisé l’autonomie des budgets des membres de la famille. Autrefois dans la zone Office du Niger c’est le chef d’exploitation qui prenait en charge toutes les dépenses de la famille, mais aujourd’hui il s’en tient à l’approvisionnement en céréales.

Avec le désengagement de l’Office pour l’approvisionnement en engrais, le battage et la commercialisation a favorisé du coup la monétarisation de l’exploitation et ainsi le recours aux prestations de services des femmes et des jeunes est sollicité notamment pour le repiquage. De ce fait le paiement de ces prestations se fait en nature et le paddy ainsi accumulé, majoré de la part qui revient traditionnellement à la femme, sert aux propres dépenses de la femme et, de plus en plus à l’alimentation de la famille en période de soudure. (pp.207)

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28-LHOTE Henry, le Niger en Kayak, Paris, J.susse, 1946, PP.10-96 :28-1 Résumé : Depuis les temps les plus reculés de l’histoire de l’humanité, le fleuve Niger a retenu l’attention des explorateurs ou chercheurs parmi lesquels figure Henry LHOTE. Ainsi dans cet ouvrage, l’auteur nous raconte son histoire de navigation, de chasse, de pêche et ses aventures sur le fleuve Niger au Mali. Il nous fait également un récit sur la vie socio-économique et culturelle des populations riveraines qu’il appelait les « indigènes riverains ». Il ressort ici que la pirogue déterminait essentiellement toute l’histoire de la vie socio-économique de ces peuples riverains. Enfin dans cet ouvrage il y a beaucoup de photographies avec de petits textes qui relatent les activités socio-économiques des riverains 28-2 Pratiques socioculturelles des « indigènes riverains » liées au fleuve : Les habitants du fleuve fabriquaient leurs pirogues à l’aide de confortables troncs d’arbres méthodiquement creusés .On comprend dès lors pourquoi il y a une absence presque totale d’arbres de grande taille sur les rives du fleuve Niger et c’est cette absence de bois d’œuvre qui a obligé les <<Koro-boro>> c'est-à-dire les Sonrhaï à utiliser des arbres de taille moyenne plutôt petite à les débiter en planches et à utiliser celles-ci au mieux pour se construire des embarcations.Ainsi ce déboisement qui donne à la vallée du Niger une allure de semi-désert, est dû à deux causes principales :-La première est que les bords du fleuve constituent un champ continu exploité par les « indigènes »ou peut être laissé en jachère.Si on analyse l’histoire du paysannat au bord du fleuve Niger, on découvre la clef du mystère.Cette clef se résume en deux mots à savoir :-Les cultures pratiquées le long du fleuve se font à la limite de la zone d’inondation et celle du riz dans la zone même de l’inondation-Les surfaces cultivables sont de ce fait limitées en largeur. Alors le travail du cultivateur riverain a donc été tout d’abord de procéder comme partout au défrichage.En effet lorsqu’on saura que ce phénomène dure depuis des siècles, on comprendra aisément pourquoi il n’ y a plus presqu’un arbre sur les rives du Niger qui ont subi évidemment un défrichement total de la part des cultivateurs riverains.

Aussi la deuxième qui est d’importance moindre, mais toute fois loin d’être négligée, il s’agit là du déboisement résultant en fait des besoins en bois de chauffage et de construction d’habitats.C’est pourquoi qu’on observe autour de chaque ville ou village riverain(e) il y a un petit désert.

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On peut aussi ajouter l’action des nomades éleveurs qui viennent abreuver leurs troupeaux au fleuve. (pp.10-18)

-Le fleuve et la préparation du « Koundou » chez les Sonrhaï :Le « Koundou » est la boisson traditionnelle des sonrhaï préparée pendant la période de décrue du fleuve.C’est en effet, lorsque les eaux se retirent que les Sonrhaï de Tosaye venaient couper les tiges du bourgou, les font fumer légèrement en les entassant sur un lit de braise, les hachent ensuite et laissent sécher en attendant de les ébouillanter dans les filtres.Alors on comprend que la préparation du « Koundou » est conditionnée à la présence du bourgou, lequel à son tour à celle du fleuve.(pp.68-69)

28-3 Les Sorko, les maîtres de la pêche : Les Sorko sont des gens appartenant à un clan qui n’a rien de commun avec les sédentaires cultivateurs Bambara et qui ne se livrent qu’à la pêche partageant cette activité avec un autre qu’on appelle les Somono.Selon l’auteur le nom « Somono » est une appellation Bambara, sinon ils sont appelés les « Korongoy » par les Sonrhaï.Les Somono sont des immigrants, en se faisant pêcheurs ont adopté la langue Sonrhaï.S’agissant les campements des pêcheurs Sorko, ils dépassent la mesure courante dû à son architecture extraordinaire.Les Sorko sont de véritables navigateurs, les as du fleuve, si l’on peut dire ainsi, et surtout grands constructeurs de pirogues. En fait les Sorko vivent comme leurs ancêtres il y a des siècles, chez eux le côté social est ainsi très développé.

Parlons un peu de la journée des femmes Sorko :Le matin, les femmes Sorko vont laver les calebasses et les marmites au fleuve. En suite après cette corvée, c’est la baignade générale pour elles pendant que les hommes vont relever leurs pièges et filets.Pendant les périodes de crue, les hommes Sorko sont plus fréquents dans le fleuve.C’est pourquoi les zones d’inondation peut profondes sont virtuellement clôturées par les clayonnages de roseaux, les chenaux profonds sont laissés ouverts afin de permettre aux poissons d’y pénétrer.Ces poissons pêchés sont séchés ou fumés par les femmes, bien attachés pour pouvoir les transporter en pirogues vers les centres urbains comme Gao ou Tombouctou où se fera la vente ou le troc contre du riz ou du mil. (pp.87-93) 

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28-4 Le crocodile, totem des Bozo :En effet, en amont de Tombouctou, il y a d’autres populations de Pêcheurs qu’on appelle les Bozo dont leur champ de pêche est surtout le Bani.L’aliment de base de ces Bozo est le poisson. Les Bozo utilisent en principe les petits harpons pour la pêche et les gros spécialement pour la capture des hippopotames.Cependant le Bozo ne capture jamais le crocodile car c’est son totem.Le crocodile est son totem pourquoi ? De ce fait l’auteur nous rapporte l’histoire ainsi :Les ancêtres du Bozo habitaient autrefois le pays de Macina qui se trouve à l’ouest de l’autre côté du fleuve Niger. Une fois ils furent en guerre avec une autre tribu aux membres innombrables, qui les chassèrent de leur village et les poussèrent jusqu’aux rives du Niger.Acculés au fleuve, ils allaient être massacrés lorsqu’un crocodile vint près d’eux et s’offrit à les sauver en leur faisant passer le Niger sur son dos. Il les prit un à un, les mena ainsi sur l’autre rive, si bien que lorsque les ennemis arrivèrent, ils ne trouvèrent plus personne. Alors les Bozo ont été sauvés par ce crocodile.C’est pourquoi depuis ce temps, les Bozo ont établi un pacte de sang avec le crocodile et dès lors chacun a juré de ne jamais faire du mal à l’autre.Ainsi en vertu de ce pacte, lorsqu’un Bozo capture un crocodile dans ses filets de pêche, il ne le tue jamais mais le remet à l’eau, et les crocodiles, lorsqu’ils voient des Bozo, ne les attaquent jamais aussi.

Cette histoire nous paraît assez amusant, mais n’oublions pas que les croyances religieuses des primitifs sont très respectables et ces croyances sont profondément ancrées dans le comportement des Bozo de nos jours. (pp.93-96)

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29- MARIE Jerôme et TEME Bino, gestion des ressources et aménagement du fleuve Niger, des connaissances scientifiques pour la décision publique, IRD, Paris, 2002, pp.49-89

29-1 Résumé :Le présent document est le fruit d’une étude pluridisciplinaire issu de l’atelier scientifique sur le fleuve Niger organisé à Bamako par l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD- France) et l’Institut d’Economie Rurale (IER- Mali).En effet, il fournit une synthèse des résultats scientifiques obtenus dans le cadre de différents programmes de recherches (pêche dans le Delta central du Niger, gestion des ressources naturelles). Il fournit également des éclairages analytiques sur la nature des ressources et la diversité des intérêts en jeu selon les types d’activités.

29- 2 Les différents types de pêcheur dans le Delta intérieur du Niger :Les exploitants se répartissent en trois groupes :

- les agriculteurs- pêcheurs, composés de Bambara, Marka, Rimaïbé, etc., chez lesquels la pêche est une activité occasionnelle par rapport à l’agriculture.

- les pêcheurs professionnels sédentaires, constitués par le groupe Somono (Marka, Bambara, Bobo, Sonrhaï etc.) et une frange de l’ethnie Bozo.

La riziculture, ainsi que d’autres occupations (petit commerce, petit élevage, etc.) complètent l’activité de ces groupes et leurs revenus. - les pêcheurs professionnels migrants, qui n’ont aucune autre source de revenu que la pêche. C’est la raison pour laquelle ils migrent le long du fleuve à la recherche du poisson. Il s’agit essentiellement des Bozo.Ainsi, ce sont ces deux groupes de pêcheurs professionnels qui assurent la transformation du poisson (séchage, fumage) et qui font la commercialisation sur les lieux de pêche. (p.49)

29-3 La superposition des modes de gestion modernes sur les réglementations traditionnelles des bourgoutières :En fait, la pâture et la fauche constituent des formes d’exploitation des bourgoutières à fins de fourrage. Même dans les années d’abondance en ressources pastorales, les bourgoutières étaient gérées selon les modes et règlements locaux.

En effet, au XIXe siècle, pendant la Dîna, les lois coraniques régissaient l’exploitation des bourgoutières. Ainsi, le Delta était divisé en une trentaine de leydi, territoires dont la gestion pastorale était confiée aux Dioro ; plusieurs bourgoutières pouvaient se trouver sur un même leydi. Cette forme de gestion est restée en vigueur jusqu’à l’indépendance. Les trois grands groupes de

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producteurs (pêcheurs, éleveurs et agriculteurs) cohabitent et se partageaient les ressources dans l’espace et dans le temps, et parvenaient à s’entendre sur les modalités d’une gestion efficace.S’agissant des ressources pastorales, chaque troupeau était enregistré, les itinéraires étaient parfaitement définis. L’ordre d’entrée des troupeaux était fixé avec soin, les petits ruminants venant toujours après les grands. A la sortie, à l’inverse, les petits ruminants précédaient toujours les gros ruminants. Les vaches, les animaux de trait et les autres animaux de case avaient des espaces pastoraux réservés, les harima. Telles sont les catégories qui étaient utilisées pour la gestion des espaces pastoraux et des parcours.

Cependant, aujourd’hui, la détérioration du climat (sécheresse endémique), l’opacité créée par la superposition de lois modernes sur les réglementations traditionnelles, ont bouleversé les modes de gestion coutumiers et la hiérarchie traditionnelle des activités du Delta : pastoralisme, pêche, agriculture. Il en est résulté une exploitation anarchique des bourgoutières, avec comme corollaire une multitude de conflits. (p.89)

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30- MELACCA Christiane et Vincent, Une grande ville- Marché de l’Afrique de l’ouest vers 1860, Paris, Albin Michel jeunesse, 1987, pp.40-41

30-1 Résumé :Dans cet ouvrage, l’histoire de la ville de Djenné nous est relatée comme une extraordinaire ville, baignée par les eaux du Niger et du Bani. C’est à cet effet, une monographie de la ville de Djenné.Ainsi, le chantier des pirogues, l’univers coloré des commerçants, l’art de faire des artisans, la superbe architecture de terre de la vieille cité sont entre autres des rubriques développées dans cet ouvrage.

30-2 Quelques aspects essentiels de l’architecture de Djenné :Construites sur un plan rectangulaire, les maisons de Djenné sont de grands bâtiments en forme de parallélépipèdes. Au dessus du rez-de-chaussée, s’élèvent un ou deux étages. Les façades sont colorées, très caractéristiques. Percées d’une seule porte, elles sont en effet richement décorées.D’abord dans les angles se terminent par une poterie couverte d’un cône en terre. Ensuite au dessus de l’auvent de la porte d’entrée on trouve toujours une ouverture surmontée d’un panneau décoratif typique, appelé potiche. Celui-ci comporte deux motifs en reliefs arrondis, que l’on retrouve sur les créneaux qui couronnent toute la partie centrale de la façade. Sous ce panneau ornemental, les constructeurs laissent dépasser des faisceaux de branches d’arbres : ils serviront de points d’appui en cas de réparation.On note également que les fenêtres sont pourvues de grillages, d’inspiration marocaine. La porte est en bois décorée de ferrures et de gros clous.Mais dans les maisons les plus pauvres, on se contente d’une natte suspendue à un clou. Quant aux bancs en terre qui encadrent l’entrée, ils sont eux aussi réservés aux demeures des notables. Soulignons aussi que pour construire ces superbes maisons, les bâtisseurs n’utilisent que deux matériaux, à savoir le bois et surtout la terre. Celle-ci provient directement du sol ou des ruines d’autres maisons.Après l’avoir foulée, les ouvriers modèlent à la maison de grossiers cylindres de 10 à 12cm de hauteur et de diamètre séchés au soleil ; ces éléments deviennent de véritables briques que l’on appelle ‘’tufa ‘’. Le toit de la maison, très faiblement pentu, permet aux eaux de pluie de s’écouler par les gargouilles en terre cuite. Il est constitué de quatre couches différentes : d’abord, des lattes de bois, ensuite, un lit de morceaux de briques puis un terreau très léger sur une épaisseur de 20 à 30 cm. Ce dernier provient de la composition des ordures ménagères et il sert pour l’isolation de la toiture. Il sera recouvert enfin d’un enduit imperméable, que l’on applique aussi à l’intérieur et à l’extérieur des mures. Mélange de terre pourrie, recueillie au fond des mares, et de balles de riz, cet enduit est fréquemment réparé.

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Enfin notons également que l’ossature des plafonds est faite avec des branches d’arbres. On les recouvre d’une première couche de terre grossière, d’une deuxième couche tassée et aussi d’un enduit en glaise spéciale.Pour terminer on peut retenir que l’architecture de cette ville riveraine du Niger, incarne non seulement des aspects techniques qui relèvent bien évidemment de l’ingéniosité de la population et de son contact séculaire avec le peuple marocain , mais aussi des aspects socio culturels hermétiquement construits. (pp.40-41)

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31- MONTEIL Charles, La langue des Bozo, population de pêcheurs du Niger, LEROUX, 1919, pp.262-265

31-1 Résumé :Cet ouvrage, comme celui de J. DAGET, M. KONIPO, et M. SANAKOUA est essentiellement basé sur une étude de grammaire et de lexicologie de la langue Bozo à travers lequel, l’accent est mis sur la transcription phonétique du bozo.Cependant, nous allons axer notre réflexion ici sur la seule rubrique suivante.

31-2 Les Bozo, un peuple sans hégémonie historique :Ils sont essentiellement bateliers et pêcheurs, mais certains d’entre eux sont aussi cultivateurs et, parfois même, ne sont plus du tout pêcheurs, ni bateliers.Les Bozo qui s’établissent dans le Pondo méridional, c'est-à-dire dans la région entre le Niger et le Bani, provenaient originairement du « trou » de Dia, tandis que ceux qui occupèrent le Pondo septentrional, c'est-à-dire entre le Niger et le marigot de Dia, vinrent de Wotaka.On retient également que le nom de famille le plus ancien est Sétao, pour ceux de Dia, et Karapata, pour ceux de Wotaka.Le fait certain est que de nos jours, les Bozo sont considérés par tous, les indigènes de ces régions, comme les plus anciens ; maîtres du sol et des eaux, non pas par droit de conquête, mais au titre de premiers occupants.Il est à noté aussi que les Bozo n’ont pas d’histoire même légendaire, en dehors de ces bribes.Ils ne font, en tout cas, jamais allusion à un passé où ils auraient exercé une hégémonie quelconque.Toute fois, il importe de remarquer qu’ils s’appellent eux-mêmes Sorogo, terme qui, chez les Songhay, désigne des pêcheurs du Niger ayant joué un certain rôle politique sur les rives du grand fleuve vers Koukia et Gao.Par contre, ils ont nécessairement été associés au sort des empires successifs qui ont dominé sur les rives du Niger.Leur habitat présente, en effet, ce caractère particulier que pendant de longs mois, il n’est praticable qu’en pirogue ; force est donc de recourir à leurs bons offices puisque la batelerie est entre leurs mains.Ils ont ainsi joué dans l’ombre, un rôle capital dans le carrefour du Soudan qui est le Pondo où s’élèvent depuis tant de siècles, ces deux métropoles à savoir Dia et Djenné. (pp.262-265)

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32- MONTEIL Charles, Une cité soudanaise, Djenné, métropole du Delta central du Niger, Paris, Société d’éditions géographiques, maritimes, et coloniales, 1932, pp.158-203

32-1 Résumé :Ce document est le fruit des années que l’auteur a passées en Afrique Occidentale en tant qu’administrateur des colons et membre correspondant de l’académie des sciences coloniales.En effet dans ce document comme celui de Christiane et de Vincent MELACCA, on note également l’historique de la ville de Djenné et une description physique du Delta central.En outre, il embrasse presque tous les domaines de la vie socio- économique et culturelle des indigènes dans le Delta central bien avant les indépendances, tout en évoquant les différentes activités des populations riveraines (pêche, élevage, agriculture), l’organisation sociale et l’architecture locale.

32-2 L’organisation sociale de type soudanais à Djenné : - La famille : Toute l’organisation sociale repose sur la famille, et celle-ci est basée sur une manière de communisme qu’il importe d’analyser.En effet, durant la vie de la famille le ‘’Fa’’, c'est-à-dire le chef de la famille, exerce un pouvoir absolu sur les hommes et les biens sous son autorité. Il s’entoure, cependant, de quelques familiers plus ou moins attachés à sa fortune et dont les avis et les conseils influencent ses décisions. Parmi ces familiers figure d’ordinaire, un esclave faisant fonction de majordome et divers gens de caste ou clients.

En fait, le Fa a pour protecteurs des idoles dont il est le grand prêtre, mais parfois il abandonne ce rôle à un esclave, ou à quelqu’un de son entourage, à qui cette charge confère une certaine autorité domestique.Après sa mort, le Fa est honoré d’un culte et rien d’important n’est décidé sans au préalable, qu’il lui soit fait des offrandes et que l’on ait interprété sa volonté. Il continue de la sorte, à gouverner les siens : c’est ce qui explique que tous ses biens demeurent indivis entre ses fils. Ainsi, l’aîné de ceux-ci est appelé à devenir le nouveau Fa, mais non pas obligatoirement. Le conseil des familiers du défunt, assisté des parents que désigne la coutume, vérifie la légitimité de ses droits et s’assure qu’il continuera dignement le défunt ; s’il est déclaré indigne il est exclu avec ses descendants.

Le nouveau Fa n’est qu’une manière d’administration délégué de la communauté, ‘’Ton’’ (réunion, association) dont ses frères consanguins et lui forment le conseil d’administration ; il a d’ailleurs un petit conseil privé formé par ses intimes. Les membres de ces deux conseils se livrent à de réciproques intrigues, que compliquent encore celles des communautaires et de leurs gens.

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La communauté comprend les descendants mâles du Fa fondateur et ceux qui à un titre quelconque se rattachent à ce Fa par les mâles. De tous ces gens le Fa défunt est honoré par l’intermédiaire du Fa vivant en exercice et ce culte est un lien très fort entre ceux qui y adhèrent.

Enfin, l’autorité du Fa, la ‘’Faya’’ se transmet de mâle à mâle et, en principe, dans l’ordre de primogéniture, sous réserve de légitimité et de dignité reconnues. (pp.158-159)

- Les esclaves : pris à la guerre ou achetés, les esclaves introduits dans la famille étaient répartis à demeure hors de la maison et chargés des exploitations rurales ; les autres gardés dans la maison y formaient un personnel domestique. Les premiers étaient des exploitants diversement dirigés et surveillés, mais le plus habituellement menés par certains esclaves domestiques, chargés de fonction de confiance. En principe, ces chefs étaient tenus d’une redevance fixe annuelle, représentant par tête, la quantité de mil réputée nécessaire pour la nourriture d’un adulte pendant un an. En fait, ils étaient soumis à certaines corvées et réquisitions. Leur condition n’était pas malheureuse en temps normal ; ceux qui étaient travailleurs et industrieux jouissaient de l’aisance et parfois de la fortune.Certes, leurs biens comme leurs personnes étaient, en droit, à la disposition du maître, en fait, au moins par intérêt, le maître ne tourmentait pas l’esclave.On souligne que ce qui constituait l’aléa le plus sérieux, c’était la guerre et les calamités qui frappaient d’ailleurs aussi les maîtres, mais alors ceux-ci se servaient souvent de leurs esclaves pour se tirer d’affaire.

Les esclaves domestiques avaient une existence étroitement liée à celle de la famille des maîtres et surtout, ceux d’entre eux nés dans la maison du maître, d’où leur nom de ‘’Woloso’’ (né dans la famille). Ceux-ci étaient traités en fait comme les enfants du maître avec lesquels ils vivaient en grande familiarité. Les Woloso étaient les gens de confiance du ‘’ton’’ (association) familial dont ils constituaient la richesse et la force. Les Woloso témoignaient d’ailleurs souvent d’un dénouement à toute épreuve pour leurs maîtres. Il était admis que les esclaves pouvaient se libérer du travail personnel lorsqu’ils avaient des enfants en âge et en état de les remplacer pour le service du maître.

Ainsi, par le jeu de cette combinaison, l’esclave bénéficiait à la troisième génération d’une quasi liberté et devenait d’une manière d’affranchi dit ‘’Djonkoro’’. Dans cet état il demeurait en étroite relation avec son maître : les deux familles celle du maître et celle du ‘’Djonkoro’’ se trouvaient liées par des droits et des devoirs mutuels qui les associaient dans toutes les épreuves et

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obligatoirement dans toutes les cérémonies traditionnelles (naissance, circoncision, mariage, funérailles).On note également que ces Djokoro ou bien les Woloso à un certain degré pouvaient assurer à la mort du Fa l’intérim jusqu’à l’installation du nouveau Fa et dans l’élection de ce nouveau Fa, leur rôle était primordial. Enfin, on note donc qu’il ne faut pas s’étonner que les esclaves ayant joué un rôle considérable dans la société soudanaise : leurs métis ont perverti les races ; provenant de toutes les régions, ils ont adultéré toutes les langues ; assujettis à tous les travaux, ils étaient les seuls artisans chargés des offices et des postes les plus éminents, ils ont souvent même dirigé la politique des grands Etats. (pp.165-166)

32-3 La pêche à Djenné sur le Niger :En fait, le pays de Djenné est la parie des pêcheurs du Niger connus de nous sous le nom bambara de Bozo, alors qu’ils se désignent eux-mêmes sous celui de Sorko. On en trouve partout dans le pays de Djenné, où l’une de leurs plus grosses agglomérations est le village de Nouh.Les Somono sont une autre population de pêcheurs que dans le pays de Djenné on trouve surtout dans le Pondo septentrional et sur les bords du Niger, notamment à Kouakrou, Koulenzé, Diafarabé etc. Presque partout où ils voisinent avec les Bozo, les Somono savent accaparer le pouvoir et bien qu’isolés en petit nombre au milieu de ces congénères, ils sont chefs de village et de canton. Notons également qu’à la pêche, ils sont plus entreprenants et leurs procédés sont plus destructeurs ; ils font de la pêche un métier rémunérateur qui souvent les enrichit. Les Bozo ont une langue propre tandis que les Somono parlent le bambara et leur grande ville est Ségou.Les Bozo et les Somono pêchent dans le Niger, dans le Bani, dans les innombrables marigots du Pondo, tant septentrional que méridional. Ces divers lieux de pêche sont d’ordinaires divisés en sections nettement délimitées dont l’exploitation est soumise à des règles imposées par la coutume.

Par ailleurs, les périodes de pêche sont commandées par les phases du Niger et les migrations que ces phases déterminent chez les poissons. Ces migrations ont leur point de départ en ce qui concerne le pays de Djenné, dans le lac Débo, vaste expansion du Niger.Pour terminer retenons que les époques et les procédés de pêche sont nécessairement en relation étroite avec ces divers mouvements de migration et l’état des eaux. (pp.200-203)

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33-QUENSIERE Jacques, la pêche dans le Delta central du Niger, Paris : Orstom / Karthala, 1994, PP.81-205

33-1 Résumé :Entre les villes légendaires, Djenné et Tombouctou en bordure du Sahara s’étend une plaine alluviale que les crues du fleuve Niger inondent, il s’agit là du Delta central du Niger dont son intérêt réside non seulement dans un passé historique prestigieux mais également dans un ensemble de richesses naturelles précieuses.En réalité dans cet ouvrage on nous décrit essentiellement l’histoire du peuplement humain dans le Delta central du Niger à travers laquelle on relate celle des ancêtres des pêcheurs actuels, le processus par lequel la pêche est devenue une activité socialement organisée. On nous parle aussi de l’organisation sociale et culturelle de l’espace en aires de production et enfin un accent est mis sur la réorganisation des espaces de production et leur subordination aux sphères de pouvoirs, ainsi que l’analyse de quelques conflits liés aux pêcheries.

33-2 Revue historique du peuplement des riverains dans le Delta central du Niger :Selon les sources historiques le peuplement du Delta central du Niger remonte depuis le premier millénaire.Cependant malgré une diversité des sources, l’histoire du peuplement ancien du Delta demeure toujours confuse.La mémoire collective de ses habitants reste orienter par les légendes et mythes. C’est pourquoi toute tentative d’explication scientifique de son peuplement pose problème.Par le poids d’une migration humaine notoire, le Delta central sera au rendez-vous d’une grande diversité de peuplement avec une pluralité de cultures et de civilisations qui se sont fondues successivement dans le même moule (Bozo, Nono, Bambara…).Ainsi a cause de ce métissage culturel propre à toute terre de rencontre, il semble alors très difficile dans la période actuelle d’établir avec précision l’identité ethnique première et d’origine exacte des groupes qui y sont installés et qui se distinguent pourtant les uns des autres grâce à des caractéristiques propres plus ou moins accentuées ou atténuées et ainsi par l’action du milieu, des éléments culturels et des activités de production.(p.81)

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33-3 Mode de peuplement et spécialisation socio professionnelle :Dans toutes les sociétés, les premières activités des hommes pendant l’époque paléolithique se résumaient à la chasse, la collecte des fruits, des tubercules, des plantes sauvages et la pêche. En effet la nature offrait généreusement toutes les conditions nécessaires à la production de ces différentes activités dans un cadre de vie archaïque.

Il ressort de cette analyse que la plupart des sources traditionnelles du Delta reconnaissent l’antériorité de l’installation des Bozo chasseurs, collecteurs dans la zone. Ils chassaient une diversité d’animaux parmi lesquels on peut citer entre autres les hippopotames, les crocodiles, les éléphants… Ainsi dans cette période de chasse, il apparaît trop tôt de considérer les Bozo comme une entité ethnique. Mais on ne pouvait les considérer en ce temps comme un groupe différencié formé à partir d’une intégration successive d’individus provenant de divers horizons au courant des siècles et s’adonnant naturellement à la chasse.Cependant l’émergence du groupe de pêcheurs ne se réalisera que par suite d’une spécialisation spécifique de l’écosystème transformé en différents domaines de production mais demeurent complémentaires, il s’agit là des domaines de l’eau, de la terre, du pâturage…

En réalité l’ethnie ne pourrait être définie par la réalité sociale des inter actions permanentes des groupes sociaux. En fait elle n’apparaît que comme un résultat de ce processus et non comme un point de départ, ainsi elle émerge après coup et circonscrit la réalité dans un cadre sémantique plus ou moins figé qui finit par en occulter la dimension historique.C’est dire que l’étude du système de production cynégétique nous aidera ici à mieux saisir les fondements du système de production halieutique commune sur le plan du mode d’appropriation des ressources et de l’exploitation de l’espace.

Mais cependant malgré ce parallèle il faut se garder d’une explication à tendance évolutionniste en ce qui concerne la genèse et l’évolution des systèmes de production selon laquelle le système halieutique dériverait du système cynégétique et dont les systèmes agricole et pastoral seraient alors les formes ultérieurs encore plus complexes et achevées. Cette hypothèse peut être contestée car on retrouve des pêcheurs agriculteurs, des agriculteurs chasseurs encore aujourd’hui dans le Delta central du Niger.(p.84)

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- Les Bozo/Sorko : pêcheurs/chasseurs du fleuve : Depuis la nuit des temps il a existé des sociétés organisées de chasseurs qui seraient même à la base de la création de plusieurs empires. Ces sociétés sont hermétiquement organisées basées sur des systèmes de production cynégétique traditionnelle dont les Bozo du Delta central et les Sorko de l’aire Songhaï apparaissent aujourd’hui comme des témoins incontestables avec des principes fondamentaux parmi lesquels nous pouvons retenir entre autres : la pratique de la chasse collective, rite d’ouverture de la brousse, itinéraires claniques, rituel magique, code de la chasse…

On note également que contrairement à ce qui se passait pendant la période historique où le chasseur était inséré dans un réseau complexe de relations sociales qui impliquait que son activité ne peut s’exercer que d’une façon temporaire, ainsi il sort le plus souvent seul en brousse et ramène le gibier abattu au village, les chasseurs collecteurs du Delta central se déplacent plutôt en groupe à la poursuite du gibier.Les Bozo chasseurs passent la majorité de leur journée en brousse à la quête perpétuelle des Hippopotames, des lamantins, sauriens…

C’est pourquoi ils deviennent nomades et décident par la suite la sédentarisation au bord du fleuve par la construction d’habitat approprié à leur mode de vie. C’est ainsi que les trous apparaissent pour eux comme le meilleur habitat commode non seulement au milieu et à l’activité mais aussi favorable aux stratégies adoptées pour guetter et abattre facilement les gibiers et pouvant les servir aussi de moyens de défense efficaces contre des fauves redoutables.En fait nous retenons de ce document que plusieurs sources écrites ou orales affirment que la majeure partie des groupes Bozo indiquent que leurs ancêtres vivaient dans des trous, mais d’autres aussi ont affirmé qu’ils sont venus des différents points cardinaux. Cela pourrait être une réalité acceptable pour les nomades Bozo.

Par ailleurs l’existence de certains éléments culturels permet de supposer que cette société depuis une époque ancienne de l’histoire de l’humanité avait une technologie avancée. Parmi ces éléments culturels on peut retenir entre autres l’existence du harpon en fer qui révèle déjà l’existence de la métallurgie du point de vue technologique et de la caste des forgerons du point de vue d’une organisation de la division sociale du travail.

En outre selon des sources l’architecture des Bozo aurait subi les évolutions suivantes : passage du tronc d’arbre à l’hypogée, puis à la hutte, ensuite aux différentes formes de paillotes, à la pirogue et enfin aux habitations en banco dont le sabo serait la forme architecturale la plus achevée.

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Les Bozo à une étape de leur évolution seront en contact avec d’autres groupes plus nombreux, plus « civilisés » qu’eux, il s’agit des Marka, des Peul… Mais cela marquera le début d’une vie communautaire villageoise.

Le Delta central du Niger étant une cuvette d’inondation où l’eau est réellement dominante en période de crue, les premiers chasseurs pouvaient ainsi donc se livrer à la chasse ou la pêche selon le rythme du fleuve.Partant de cela les outils tels que les armes de jet (harpons, lances) les filets fabriqués en fibres végétales pouvaient servir indistinctement à la chasse comme à la pêche Pour clore donc ce chapitre, retenons que les premiers groupes Bozo étaient

tantôt des chasseurs, tantôt des pêcheurs. (p.84)

33-4 Répartition des aires d’activités : Droit de pêche, droit de chasse dans le Delta central du Niger :

Elle se caractérise par la pratique symbolique et religieuse d’appropriation de l’espace en vue de l’exercice de la pêche considérée comme l’activité principale de nos jours.En effet les premiers groupes de chasseurs collecteurs pêcheurs tiraient l’essentiel de leur subsistance évidemment de la brousse, qui était en même temps leur cadre naturel de vie. C’est ainsi que plus tard en guise d’une répartition de cette aire d’activités on notera le marquage des territoires où s’exercent les activités des groupes, suivant les rapports de force ou d’alliance.Aussi l’exploitation des territoires se déroule en fonction du cycle saisonnier et suivant les disponibilités de l’écosystème en ressources animales, végétales ou halieutiques.Mais à cette forme de répartition des aires d’activités se superpose une pratique d’ordre super structurel conditionnant du coup l’accès à la ressource basée sur le droit de première occupation. Ce faisant la maîtrise de l’espace aboutit à une codification des rapports entre les groupes, sanctionnée par la force de la coutume et des us.Plus tard les groupes vont se différencier dans l’exercice des activités, la répartition des espaces par le nouage des touffes d’herbes, le jet des galets au fond de l’eau, les repères naturels ou artificiels ainsi que les alliances matrimoniales.Le droit de la pratique de la pêche donne lieu au paiement de redevances symboliques au maître de l’eau par les exploitants étrangers à son domaine.Certes le maître de l’eau aura comme fonction d’assurer la pérennité de la ressource garantie par le renouvellement du pacte conclu avec le génie de l’eau appelé « Faro ou Yégu ». Le génie purifie l’eau du fleuve avant la pêche et assure aussi la sécurité des pêcheurs.

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Le maître de l’eau sert d’intermédiaire entre les hommes et le génie de l’eau, il veille au respect des traditions et des pratiques culturelles liées à l’eau sinon au fleuve.Retenons que l’émergence des droits de pêche s’est effectuée sensiblement de la même manière que pour la chasse. C’est pourquoi ces deux droits (droit de pêche et droit de chasse) gardent évidemment une origine commune ainsi qu’un caractère mystico religieux qui en garantit le respect par les différents usagers.

Par ailleurs la formation des principales entités ethniques du Delta central résulte de la diversification des activités productives et de leur monopolisation par des groupes sociaux dont elle va accentuer naturellement des particularismes pour chaque groupe ethnique. Evidemment cette diversification des caractéristiques biologiques et naturelles concerne tout d’abord les chasseurs collecteurs pêcheurs, ainsi donc la chasse et la cueillette vont peu à peu céder le pas à la pêche qui devient du coup une activité prépondérante pour la majorité des composantes du groupe, suite aux modifications de l’environnement ou du contact prolongé avec d’autres groupes.

En effet c’est l’inondation de la zone qui aurait mis fin à l’habitat souterrain des chasseurs collecteurs devenu donc impraticable et provoque ainsi leur établissement en surface. Aussi les eaux moins profondes de leur milieu de vie ; comme à Dia par exemple leur milieu aurait permis de focaliser leurs activités sur la chasse aux gibiers d’eau et que leurs principales aires d’activités halieutiques et cynégétique seraient les zones d’inondation.(pp.85-86)

33-5 Rapports socio culturels entre les différents groupes Bozo : En réalité il existerait une dissymétrie chronologique dans le mode de peuplement et la spécialisation socio professionnelle entre les groupes du Delta central et ceux du Delta amont. En fait cela se démontre lorsqu’on explore les aires d’extensions primitives des groupes Bozo actuels qui correspondent évidemment à des aires linguistiques et culturelles différentes.

Ainsi le groupe Tié se retrouve le Diagana originel dont l’îlot de Dia fut le centre de la domination des Marka sur la région. Sur le Niger on les retrouve de Ké-Bozo à Nouh et aussi dans le Macina.Quant aux Sorogo, ils occupent la majeure partie de la zone d’inondation : Kotia, Macina, Djenneri, et du Korondougou au lac Debo.

Mais toutefois un élément commun semble être le point de jonction entre ces deux groupes, c’est l’exploitation des plaines inondées peu profondes appelées « Pondo » en langue Sorogo.

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En suite en amont de la zone d’inondation, de Kayo à Sansanding, se trouve naturellement le berceau du troisième groupe appelé Kélinga, exploitant le fleuve comme les Somono et une partie des Tié installés, contrairement aux traditions Bozo, sur le Niger. On retient également des similitudes notoires liant les groupes Sorogo et Tié du Delta central à travers l’exploitation de milieux similaires avec des engins et des techniques identiques.

En outre on décèle une parenté linguistique entre eux, tandisque tous deux paraissent plus éloignés des Kélinga de l’aire Bambara de Ségou, qui se rapprochent beaucoup plus des Somono et cela par leur tradition de pêche.Cependant en aval du lac Debo et jusqu’au-delà des frontières du Mali, les pêcheurs de langue Songhaï sont appelés Sorko et constituent alors le quatrième groupe de pêcheurs. Certes ils se distinguent des trois autres sur le plan linguistique, mais l’analyse historique atteste qu’ils ont été en contact étroit avec les groupes Sorogo et Tié du Delta et que leur influence s’est exercée jusqu’à Djenné. Notons aussi que parmi eux on distingue deux sous-groupes à savoir : les Sorko faran et les Sorko fono. (p.86)

33-6 La gestion traditionnelle des eaux chez les Bozo : La gestion des eaux chez les Bozo est depuis longtemps basée sur un mode traditionnel qui se repose sur l’alliance contractée par l’ancêtre fondateur d’une communauté de pêcheurs avec les divinités ou "génies" d’eau.Cette alliance permet la pêche du groupe sous l’égide du, maître d’eau (djituu ou djitigi), aîné des descendants en ligne agnatique du fondateur.En vertu de ses fonctions, le maître d’eau reconduit annuellement, par des sacrifices appropriés le pacte initial avec les génies, fixe les conditions générales de la pratique halieutique (dates des mises en défens et des grandes pêches collectives, interdiction de certaines pêches en certains lieux, rejet des alevins dans l’eau etc.).En fait certaines pêches sont communes à tous les membres d’un groupe donné, dans les limites des périodes de pêches autorisées. Ainsi on note que des pêcheries déterminées relèvent impérativement de droits lignagers et cela sous forme de préséances, de privilège, ou d’exclusivité dans telle ou telle pêche. Ces pêcheries au départ sont attribuées par les maîtres d’eau ou c’est le fruit d’une appropriation collective.

En outre pour certaines de ces pêches (barrages principalement), un tiers de la production était remis aux propriétaires de la pêcherie par les étrangers au finage ou au lignage qui désiraient y pêcher en vertu de la "manga-dji" communément désigné par les Bozo comme la « part de l’eau ». Cependant certaines pêches sont accessibles à tout le monde, aux étrangers, agriculteurs ou autres.

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Par ailleurs pour plus de précision parlons un peu de la genèse de ce système traditionnel. En effet comme toute tradition celle-ci n’a rien d’intemporel. Pour les premiers chasseurs pêcheurs Bozo comme déjà souligné, vivant dans des hypogées, pêchant la nuit, l’appropriation de l’espace était seulement virtuelle, approximativement dessinée par les rapports de force entre les groupes, dans une logique du rayonnement (mystique et guerrier) plus ou moins intensif des "fétiches" (Toru) de chaque groupe. Ainsi on pêchait aussi loin que la force de son fétiche le permettait et la limite mouvante de cette force était évidemment celle du fétiche du groupe voisin. C’est pourquoi ces premiers pêcheurs, à l’intérieur de ces limites, procèdent donc à des "marquages" sacrificiels de lieux de pêche jusqu’à la "délimitation" de territoires.

Ainsi les pouvoirs impériaux successifs, en fixant des limites plus stables qu’ils contrôlent permettent l’apparition d’une série de finages homologues appliquant une réglementation homogène définie par la maîtrise de l’eau, les propriétés de pêcheries et les droits attenants. Et voilà, ce système dit traditionnel en est le résultat. En réalité il fixe certains principes dont on peut retenir entre autres :

- L’articulation entre des pêcheries de différents types, respectivement attribuées par l’histoire à des groupes ethniques ou ethnico professionnels.

- La distinction de l’articulation des pêcheries lignagères dans le finage de chaque groupe et celles des finages entre eux ainsi que les moments d’effacement relatifs de ces distinctions établies.

En revanche l’accès traditionnel aux pêcheries n’était donc pas globalement libre ou égalitaire. En effet, il relevait de l’ordre lignager historiquement construit par chaque groupe, de délimitations aussi historiquement construites entre les groupes, des inventions autoritaires de pouvoirs externes.Partant de cela on voit alors que la problématique des conflits n’est pas une donnée nouvelle dans l’histoire de la pêche deltaïque au Mali.(pp.195-197)

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33-7 Pouvoirs traditionnels - Pouvoir moderne dans le Delta central du Niger :

Dans le cadre de l’organisation des activités halieutiques l’Etat met en place des organes participatifs, les comités et conseils de pêche au niveau du cercle , de l’arrondissement, qui ont pour mission la surveillance et la gestion des pêcheries par des mises en défens, et des règlements. Ces organes sont composés de responsables administratifs de divers niveaux (Service des Eaux et Forêts, Opération Pêche, Action Coopérative, Elevage, Gendarmerie) et de représentants des pêcheurs, et le tout sous la houlette des Préfets et Sous-préfets.Aussi au niveau des villages riverains nous avons des comités de surveillance et gestion de la pêche qui sont évidemment une courroie de transmission des décisions de ces conseils et comités.

En effet, toutes ces instances ont à trancher des conflits quasi permanents dans le Delta central du Niger.Certes ces conflits tournent essentiellement autour de trois grands problèmes à savoir :

- L’appropriation traditionnelle des pêcheries.- La présence de groupes de pêcheurs allochtones (oppositions entre

allochtones et autochtones, ou autochtones entre eux)- Le type d’engins utilisés (éperviers, mailles trop fines…)

Ces conflits sont de nature très complexes car très difficiles à analyser et embrassent évidemment plusieurs dimensions parmi lesquelles nous pouvons retenir entre autres :

Un conflit peut masquer un autre :En effet, la contestation des engins considérés comme pouvant compromettre la reproduction des stocks ou faire fuir les poissons peut masquer la contestation de la présence des allochtones, comme aussi le plaidoyer pour ces mêmes engins peut masquer le désir pour les autochtones d’accueillir des étrangers généreux qui versent une rente pour eux (autochtones).

Une diversité de droits :Dans le Delta central du Niger tous ces droits : ancêtres fondateurs, don par un maître de l’eau, don en dot…peuvent en toute contradiction se conjuguer pour la revendication d’une même pêcherie. (pp.203-205)

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34- ROUCH Jean, le Niger en pirogue, Paris, F.Nathan, 1954, PP.5-25

34-1 Résumé :Le fleuve Niger a depuis longtemps retenu l’attention des explorateurs ou chercheurs. Ainsi dans cet ouvrage Jean ROUCH comme Henry LHOTE nous fait ici la narration de son voyage d’exploration en pirogue sur le fleuve Niger qu’il a effectué avec ses collègues Pierre Ponty et Jean Sauvy.Un voyage sur les rives du fleuve Niger au Mali, au Niger, en Guinée qui lui a permis de découvrir les populations riveraines. En effet l’auteur dans cet ouvrage met un accent sur la vie socio culturelle et des principales activités de ces populations mais cela de façon superficielle. Cependant l’ouvrage est prédominé par des photographies et une description géographique du fleuve qui ont par conséquent limité notre note de lecture.

34-2 Vie socio culturelle de ces populations riveraines :

En effet, l’auteur accompagné de son équipe s’arrêtaient à chaque village ou ville riverain (e) pour interroger et observer les populations riveraines afin de comprendre leur mode de vie socio culturelle.En fait partout sur les rives du Niger les populations ont fait part à l’auteur des passages réputés sacrés ou interdits ainsi :A Kouroussa (Guinée) : l’interdiction de descendre dans les rapides réputés dangereux est à notée.A Niamey (Niger) on note aussi la traversée du fleuve qui était réputée dangereuse car selon les populations, à la moindre erreur la pirogue serait entraînée, renversée et broyée. Quant aux passagers, ils seraient écrasés contre les rochers, noyés, ou finiraient dans le ventre des magnifiques caïmans qui habitent en nombre le grand rapide.Selon ces riverains les eaux écumantes, les crocodiles et surtout les divinités du fleuve se chargeaient d’interdire certains passages dits sacrés.En outre dans les villages riverains, les hommes menaient une vie relativement simple avec des établissements humains modestes et humbles. Ainsi à Macina (Mali), l’architecture perceptible était les huttes de paille.(pp.5-25)

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34-3 Les principales activités retenues :

En réalité dans cet ouvrage l’auteur n’a pas donné les détails de ces activités, c’est pourquoi on se contentera ici de les citer : Ainsi parmi les activités des populations riveraines on peut retenir principalement :

- La pêche était pratiquée presque chez tous les peuples riverains.- La chasse avait pris une dimension particulièrement importante chez les

Songhaï de l’empire de Gao car ceux-ci étaient réputés comme des grands chasseurs du fleuve.

- Le transport sur le fleuve à l’aide des pirogues.- L’agriculture était aussi pratiquée par des peuples riverains. (pp.5-25)

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35- SELLATO Eric, Niger, la magie d’un fleuve, Paris, P.L.A.G.E, 2005, PP.12-17

35-1 Résumé :Le fleuve Niger a toujours attiré et fasciné les hommes, il est source de vie, voie de communication et lieu de commerce. Cependant le fleuve a aussi ses mystères, et les dangers que recèlent ses eaux ont suscité croyances et légendes chez les peuples riverains.Cet ouvrage retrace l’histoire des génies du fleuve au Mali, au Niger, au Bénin ainsi qu’au Nigeria.Il traite essentiellement des thèmes suivants : les chasseurs du fleuve, les prêtres pêcheurs, les génies du fleuve.Aussi tout au long de l’ouvrage, on notera également des photographies reflétant concrètement les activités et la vie socio culturelle des hommes et des femmes au bord du fleuve Niger.

35-2 Le fleuve Niger, source de vie, voie de communication et lieu de commerce :

Effectivement dans les régions septentrionales, le Niger demeure la principale source de vie et regroupe ainsi autour de lui un nombre considérable de populations.En fait sur son cours moyen beaucoup de ces populations riveraines pratiquent la pêche qui est une activité traditionnelle chez certaines d’entre elles tels que les Bozo, les Somono, et les Sorko. Ainsi dans ses plaines d’inondation, ses cuvettes, et le long de ses rives, le fleuve permet par ses crues la culture de céréales, de tubercules, de légumineuses et de légumes divers ; ce qui constitue une véritable source de revenus pour les hommes du fleuve. Le fleuve stimule aussi la croissance du bourgou favorable pour la pratique de l’élevage. Ainsi durant l’hivernage, d’immenses troupeaux de bovins, moutons et chèvres partent en transhumance avec leurs bergers et ne reviennent dans la plaine qu’à la saison sèche pour brouter le bourgou et les résidus de cultures.

Dans le Sahel, le fleuve Niger demeure une importante voie de circulation et de commerce permettant alors le transport en bateau ou en pirogue des passagers et des marchandises. Jadis le fleuve fut un passage favorable et un débouché naturel pour les caravanes, qui y firent naître et y développèrent ses plus grandes cités telles que Tombouctou, Gao et Djenné. Par conséquent l’or, l’ivoire, les peaux, les noix de cola et les esclaves s’échangeaient contre le sel et les dattes du Sahara, ou bien les étoffes et les perles du monde méditerranéen.C’est par cette intégration ou communication interculturelle que l’islam s’est pénétré dans ces centres urbains.

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En outre autour de ces villes on notera la formation des royaumes et des empires pour lesquels l’existence du fleuve constituait incontestablement une stratégie importante pendant les périodes de crue.(pp.12-13)

35-3 L’empire du fleuve :En effet, c’est au XVème siècle que s’imposa dans l’Afrique de l’Ouest un des plus vastes empires que le continent noir ait connus, il s’agit là de l’empire Songhaï qui devait sa force au fleuve Niger. En fait à son apogée au XVIème

siècle il s’étendait du Fouta-Toro (Sénégal) au massif de l’Aïr (Niger) et de Tombouctou (Mali) à Kano (Nigeria), et Gao était sa capitale fondée dès le VIIIème siècle. Un territoire très organisé administrativement, sera découpé en cités, provinces et régions, chacune administrée par un gouverneur émanation du pouvoir central.En réalité durant la phase de conquête, sous la dynastie des Sonni puis des Askia, les armées du Songhaï s’étaient affranchies de l’empire Mandingue du Mali et avaient affronté victorieusement, celles des Touareg, des Peul, des Maures, des Mossi…Partant de cela les villes de Gao Tombouctou et Djenné au Mali étaient conquises. Ainsi grâce à son armée, sa cavalerie et son infanterie, l’Etat avait agrandi son territoire dans l’Afrique des savanes et contrôlait les grands axes commerciaux transsahariens, tirant profit des échanges entre la forêt, le désert et côtes méditerranéennes. Mais l’empire Songhaï devait sans doute sa puissance à ses forces navales, une importante flottille de grandes pirogues qui faisait du fleuve Niger, la voie d’accès privilégiée aux régions les plus éloignées et une voie royale de son expansion.C’est pourquoi grâce à ces pirogues de guerre, les armées se déplaçaient en toute sécurité pendant les périodes de crue, mais sous le commandement d’un de ses plus hauts dignitaires du régime appelé chef des piroguiers.

Par ailleurs avant même de construire l’empire, les Songhaï habitaient sur le fleuve à Koukia une ville située plus au sud dans une île proche de la frontière du Niger. En effet Koukia était devenue en ce temps la capitale d’un petit royaume où les Songhaï ont entrepris de conquérir toutes les grandes cités riveraines.En fait fondée au VIIème siècle, Koukia fut la capitale originelle des Songhaï à la fois le centre dynastique où les premiers souverains de la dynastie des Dia furent couronnés, et le centre religieux d’un culte ancien, aux rites animistes. En outre c’était une ville de référence où la religion traditionnelle demeurait bien ancrée dans la vie des hommes.

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C’est depuis cette époque que l’existence du royaume, puis de l’empire Songhaï dependait des embarcations que manoeuvraient à la rame ou la perche, les descendants des pêcheurs Sorko.Les Sorko de par la tradition étaient piroguiers, mais aussi chasseurs d’hippopotames et Koukia fut tout d’abord un de leurs camps de base.Les Sorko sont également des pêcheurs nomades qui se déplacent sur le Niger selon le rythme du fleuve. (pp.13-16)

35-4 Les chasseurs du fleuve : les Sorko et leur ancêtre :En réalité, les Sorko et avec les premiers Songhaï ne sont pas natifs de Koukia. Certes elle (Koukia) a constitué un jalon sur le fleuve mais le véritable berceau de la civilisation Songhaï se situe dans la région des Gorges et méandres du fleuve. En fait cette contrée des confins du Niger, du Bénin et du Nigeria qui s’étend en amont et en aval de la ville de Gaya (Niger) est le Dendi c'est-à-dire « le fil du fleuve ».C’est là, à Karé Kopta, petit village du W(Niger) sur la rive gauche du fleuve est né selon le récit, un personnage primordial, homme autant que mythe que les pêcheurs Sorko d’aujourd’hui considèrent comme leur ancêtre : il s’agit de Faran Maka Boté.Né dans le village Sorko de Karé Kopta, Faran fut le fruit des amours d’un pauvre pêcheur Nassili Boté qui lui apprit son art (ses techniques de pêche et de chasse), et d’un djinn, Maka, qui lui transmit sa magie. C'est-à-dire donc que :-Nassili Boté, le pauvre pêcheur est le père de Faran et-Maka, la femme djinn est sa mère.Faran affronta les hommes et les djinns et chassa les animaux du fleuve : hippopotames, crocodiles, lamantins…Détenteur du premier harpon, il devient ainsi le maître incontesté du fleuve Niger, grand pêcheur et redoutable chasseur, il était aussi un magicien du fleuve et l’interlocuteur des génies.Pour les Songhaï, Faran fut le fondateur de la ville de Gao, qui devint la capitale de l’empire du fleuve. (pp.13-16)

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35-5 Le culte des Pêcheurs :En effet comme tout homme, Faran est mortel. Ainsi sa mort semble témoigner par l’érection d’une pierre tombale à Bamba Sorko dans la boucle du Niger à mi-chemin entre Tombouctou et Gao et toujours révérée par les pêcheurs qui viennent toujours y frotter leurs harpons et recueillir un peu de son courage et sa science. Ainsi suivant sa voie et son enseignement, héritiers de ses pouvoirs, de sa prêtrise et de sa maîtrise du fleuve, les pêcheurs Sorko se sont dispersés tout au long du fleuve Niger.En réalité, ces descendants de Faran se rencontrent aujourd’hui sur la portion du fleuve comprise entre le lac Debo au Mali et celui de Boussa au Nigeria.

Par ailleurs le Songhaï est devenu aujourd’hui une langue véhiculaire qui relie autour du fleuve un nombre important d’hommes venus de divers horizons. Ainsi cette communauté de langue réunit évidemment les descendants des aristocrates et des tributaires de l’empire et des populations d’adjonction plus récentes, comme les Zarma du Niger.Ces hommes se composent en majorité d’agriculteurs mais aussi de pêcheurs et de petits éleveurs vivant au bord du fleuve dans les régions semi-arides du nord et en brousse dans les zones plus tempérées du sud.On notera également que ces peuples ont aussi en commun une grande religion, l’islam à côté duquel les croyances les plus anciennes existent.Il ressort de cette analyse aussi que les pêcheurs Sorko furent évidemment un constituant essentiel de l’histoire des Songhaï. Ils formèrent alors le socle de cette civilisation, qui s’appuya sur leur connaissance du fleuve et du culte des génies.Aussi le culte des génies va s’adapter aux grands événements qui affecteront cette partie du Soudan (guerre, djihad, occupation…) en assimilant peu à peu, les éléments ethniques ou religieux.Par conséquent les Songhaï, Touareg, Peuls…sont pris en compte. C’est ainsi que la tradition va donner des races aux génies, qui arborent les traits et suivent les coutumes des hommes. Alors l’islam lui-même s’est glissé dans ces croyances.Enfin on soulignera que ces réalités sont toujours bien présentes aujourd’hui dans l’imaginaire des populations riveraines.(pp.16-17)

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35-6 Les génies du fleuve : La reine du fleuve : Dikko

Dikko est le fruit de l’union de sa mère, le djinn Alahawa qui serait issue d’une noble famille Peule de la région du W et son père Sizaberi, un chef originaire de Bandya (Niger) sur la rive droite du fleuve. En fait elle était la première née et la première fille de ce couple qui se divorcera plus tard comme le veut la tradition des génies. Ainsi elle sera abandonnée par eux sur le rocher de Gambou, une petite île escarpée dans le défilé qu’a percé le fleuve dans les plateaux rocheux de l’ouest nigérien. De là son père possédait des animaux, elle devint la jeune bergère qui déplaçait ses bêtes à travers les herbages des berges du Niger.

Dikko grandit ainsi près de son île. Grâce à sa beauté, les djinns de toutes les contrées et de toutes les races se précipitèrent pour la voir et pour l’épouser. C’est ainsi qu’elle va avoir un enfant (fille ou garçon) avec chacun de ces génies qui deviendront redoutés.Ainsi, ils formeront avec leur mère la puissante famille des génies (Torou) qui incarnera à elle seule, tous les peuples présents aux abords du fleuve Niger. Il s’agit là des Peul, Songhaï, Touareg, Haoussa, Gourmantché ou Bella. Ces génies métissés seront mobiles et leur pouvoir va s’étendre ainsi sur d’immenses espaces et touchera une large population.Les Peul s’identifient beaucoup plus à Dikko comme elle-même selon ce récit aurait eu tous les traits physiques et culturels d’une Peule.C’est pourquoi il n’est pas rare de voir chez les Peul baptiser leur première fille Dikko.Aussi en vertu de ce génie, les hommes n’hésitent pas aujourd’hui encore à aller verser dans l’eau du fleuve des offrandes de lait pour attirer sa bienveillance.(p.39)

Le génie de l’eau : KodaEn effet selon la légende, lorsque Dikko était devenue la maîtresse du fleuve à laquelle tous les autres génies doivent rendre compte, elle investit les eaux en compagnie de sa dernière enfant Koda, Touarègue par son père, un djinn originaire de Gao. Ce faisant si les djinns de l’eau sont devenus ses représentants et régissent en son nom le cours du fleuve, Dikko est considérée comme la reine du monde aquatique, qui ordonne les courants et les crues, qui commande aux poissons, aux crocodiles et aux hippopotames. Alliée de Faran, l’ancêtre des pêcheurs Sorko, elle a réservé à ses descendants l’usage et les ressources du fleuve. Ainsi s’ils respectent les règles et les formes, elle leur accorde aussi le droit de pêcher et de chasser et les protégera contre les mauvais animaux du fleuve et guidera leurs harpons du bon sens et s’ils transgressent ils verront toutefois le contraire se manifester en leur défaveur.

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Aussi pour que les harpons soient plus efficaces, pour que l’esprit de l’animal blessé ne se retourne pas contre le chasseur, le lait, les noix de cola, la bouillie de mil…sont versés pour elle dans l’eau du fleuve en guise d’offrandes par les chasseurs car pour eux Dikko est à l’origine des grands événements bénéfiques comme maléfiques qui affectent la vie du fleuve.Mais notons aussi que Dikko est accompagnée de sa fille Koda qui demeure redoutable car celle-là aime jouer sous l’eau, où elle provoque des petits accidents sur le fleuve.En effet le petit génie Touareg perturbe constamment la vie des gens du fleuve en retournant leurs barques et celle des riverains en faisant tournoyer le sable de façon atroce. (pp.161-170)

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36- SIVADJAN Eve, Fleuves du monde, éditions Solar, Paris, 2004, pp.70-71

36-1 Résumé : Cet ouvrage, fruit d’une étude multidisciplinaire, présente de façon succincte des fleuves du monde en leur faisant la classification suivante :

- fleuves sacrés, fleuves sauvages (parmi lesquels le Niger) ;- fleuves de légende, fleuves romantiques (parmi lesquels la Loire) et

fleuves glacés.Ainsi, il fait une description physique et historique de chacun de ces fleuves tout en mettant un accent particulier non seulement sur les activités des peuples riverains du Niger (basées essentiellement sur l’agriculture, l’élevage et la pêche), mais aussi sur leurs pratiques culturelles liées au fleuve (appel aux génies des eaux dans le « Ghimbala » comme déjà évoqué chez Jean-Marie GIBBAL dans son ouvrage « les génies du fleuve »)

36-2 L’impact du fleuve Niger sur la vie socio- économique des peuples riverains :Paysans et éleveurs attendent avec impatience les crues d’hivernage du fleuve indispensables aux cultures et à la reconstitution des pâturages aquatiques, dont le bourgou est l’indispensable plante fourragère. Le barrage de Markala est la trace la plus visible des aménagements pharaoniques prévus lorsque la France voulait faire de la Vallée du fleuve son grenier à riz.

En outre, on retient que sur le Moyen Niger, la navigation est encore active entre Ségou et Gao. La darse de Mopti y est le centre d’un trafic très important pour toute l’Afrique de l’Ouest.Sur l’eau, l’activité est intense : ainsi, une pinasse décharge du fourrage, de fines embarcations de pêcheurs bozo glissent pour aller relever des nasses, tendre des lignes de fond ou lancer l’épervier.De la berge monte le chant des laptots, piroguiers, qui ramènent dans leur senne des alestes, des capitaines, des poissons- chiens etc. Multitude scintillante et grouillante de près de deux cents cinquante espèces de poissons, parmi lesquels figurent aussi, entre autres, carpes, saumon, poissons- chats et poissons- éléphants.Toutes ces variétés de poissons assurent non seulement les provisions alimentaires, mais aussi tiennent une place importante dans l’économie des riverains. (p.70)

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36-3 Le fleuve Niger, fleuve des villes, fleuve de brousse :On souligne à ce niveau que les petites villes riveraines sont des lieux de rencontre privilégiés pour tous les peuples de la Boucle du Niger : Touaregs, Maures, Songhay, Peuls, Bellas, Bozos…Ils arrivent en bateau jusqu’au port, en chameau, à pied, en pirogue, à cheval, sur des ânes… Les turbans colorés, les parures des femmes aux cheveux tressés ornés de boucles d’ambre envahissent le centre des villes riveraines.Ce fleuve qui, en brousse, n’a guère changé depuis les temps lointains, est tout autre à proximité des villes.Le joyau est devenu dépositoire. Tout s’y déverse : produits chimiques des teinturières, des fabricants de savon, pesticides, ordures…Aussi, la pression démographique, l’érosion des berges, l’ensablement du lit, tout cela met ainsi la vie du fleuve en danger.

Les difficultés de navigation entraînent des modifications dans la vie des riverains.Ainsi, on retient que dans les années soixante-dix, les aménagements en casiers agricoles, dans le lit majeur, n’ont pas eu les résultats escomptés mais ont provoqué des effets pervers, comme la diminution des ressources halieutiques, l’accentuation de la désertification par surpâturage, en repoussant les troupeaux sur des terres plus fragiles. Enfin, il faut noter que depuis plus de vingt ans, l’affaiblissement progressif du débit du fleuve concentre ces divers problèmes. (p.71)

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37- THOMAZI A., Histoire de la pêche, des âges de la pierre à nos jours, Paris, éd. Payot, 1947, pp.9-10

37-1 Résumé :Dans ce document, l’auteur nous retrace l’histoire de la pêche tout en se basant principalement sur la pêche maritime où il fait ressortir les principales étapes évolutives de la pêche depuis des âges de la pierre jusqu’à nos jours.Le document est divisé en différentes parties basées essentiellement sur la pêche maritime dans les pays occidentaux, certains pays africains et asiatiques. Effectivement, il retrace l’histoire des techniques évolutives de la pêche maritime. Ainsi, l’intérêt de ce document paraît être relativement faible par rapport à notre problématique de recherche.

37-2 Origine de la pêche : On a parfois discuté si l’homme a chassé avant de commencer à pêcher, ou inversement. La question est insoluble, et d’ailleurs n’a guère d’intérêt.Vraisemblablement on note que nos plus lointains ancêtres ont mangé ce qu’ils trouvaient, fruits incultes, racines, bêtes mortes rendues plus tendres par un début de décomposition ; puis la faim excitant leur courage et leur ingéniosité, ils ont attaqué aux animaux vivants. Les points d’eau étaient les lieux propices pour avoir de quoi à manger. On ne peut douter que la faune aquatique ait contribué à assurer leur subsistance dès l’époque la plus reculée.A défaut de preuve matérielle, le fait que la plupart des vestiges des premiers âges de l’humanité ont été trouvés au bord des cours d’eau suffiraient à nous en convaincre, selon l’auteur.Ainsi, c’est de ces vestiges, dont l’étude raisonnée a commencé vers le milieu du siècle dernier que les paléontologues tirent principalement leur déduction sur l’origine des arts en général, et de la pêche en particulier. Mais, si l’histoire n’est qu’une science conjecturale, la préhistoire est bien plus incertaine encore. (pp.9-10)

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38-VANDER STAPPEN Xavier, l’Afrique du fleuve Niger : le Dioliba en canoë, Paris, l’Harmattan, 1996, PP.13-363

38-1 Résumé : Dans cet ouvrage l’auteur nous décrit son parcours (voyage) d’exploration sur le fleuve Niger, le Dioliba au Mali.En effet, l’auteur a accompli durant deux (2) ans (1985-1987) une aventure exploratoire en canoë sur le Dioliba en traversant le désert du Mali et la savane du Niger. Certes comme Jean ROUCH et Henry LHOTE, l’auteur nous raconte son parcours de voyage, mais à la différence de ceux-ci il consacre sa littérature essentiellement sur son passage à Niamey et à Gaya (Niger).Ainsi il nous mentionne les inquiétudes des populations riveraines face aux sécheresses, à la désertification et fait ressortir aussi leur espérance de solidarité, leur cohésion sociale à travers la religion ; enfin leurs activités relatives au fleuve sont évoquées.

38-2 Le fleuve à Niamey : activités socioculturelles :A Niamey, le fleuve apparaît comme une source inaltérable de surprises et de bien être. On note un spectacle séculaire de l’activité humaine.Pêcheurs et agriculteurs se partagent quotidiennement les rives du fleuve. En fait des pinasses chargées d’hommes et de femmes gagnent les berges opposées du fleuve.Des agriculteurs au pied des hautes dunes rougeâtres irriguent à la calebasse les carrés de cultures. Aussi plongés jusqu’aux hanches dans l’eau du fleuve, des hommes armés de machettes coupent les hautes plantes aquatiques afin de baliser une voie pour les pirogues.

(pp.13-28)

38-3 Le fleuve à Gaya : vie sociale et activités économiques :A Gaya où le fleuve est menacé de disparition c’est dire qu’on peut sans peine le traverser à pied (l’eau atteint rarement les genoux), la population pratique misérablement la pêche, l’élevage et l’agriculture.

- La pêche : Elle est pratiquée principalement par les Sorko. Ces gens sillonnent le lit du fleuve à l’aide des pirogues garnies de nasses à la quête des poissons mais ils en gagnent insuffisamment. A côté de la pêche ils pratiquent aussi la chasse et l’agriculture sur les rives d’un fleuve qui meurt.

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- L’élevage :Les peuls sont les éleveurs de la zone.Certes les campements peuls sont situés à proximité du fleuve pourvu que l’accès au pâturage qui constitue indéniablement les rivages du fleuve soit facile. Les peuls constituent la population nomade qui déplace toujours leurs campements selon le rythme de l’eau du fleuve.Ainsi les distances deviennent longues à mesure que l’eau du fleuve se retire. Alors il apparaît évidemment que cette population n’a pour seules ressources que ce que l’eau du fleuve peut lui permettre de produire.

- Le poids de la religion à Gaya :La principale religion pratiquée à Gaya est l’islam. Ce faisant en vertu de cette religion la communauté se retrouve unie. Les hommes se rassemblent en communion malgré une diversité ethnique pour accomplir leur devoir religieux avec tant de conviction.Cependant l’islam, un facteur de cohésion sociale, peu importe la manière ou les moyens, pourvu que la communauté se retrouve unie. On n’a pas toujours besoin d’être croyant pour l’admettre. (pp.362-363)

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39- YATTARA Almamy Maliki, SALVING Bernard, une jeunesse sur les rives du fleuve Niger, Brinon / Sauldre : Grandvaux, 2000, PP.403-407

39-1 Résumé :Dans ce livre, l’auteur retrace sa jeunesse dans la boucle du Niger. Une jeunesse parsemée de contes et de rites autour du fleuve au Mali.En fait Almamy nous apporte ici des informations précieuses sur les diverses cultures de la boucle du Niger et aussi sur la coexistence ou la fusion dans celles-ci de nombreuses représentations d’origines différentes.

39-2 L’influence des civilisations anciennes de la vallée du Niger : En effet, dans cette zone où eurent lieu de longue date de grands brassages de population est constituée de milieux différents :

- La zone inondable du Niger, avant tout rurale, où la population vit en conformité avec les rythmes de la crue et de la décrue du fleuve et s’adonne à de multiples activités : ainsi les Peuls à l’origine éleveurs sont aussi cultivateurs aujourd’hui, les Bambara cultivateurs, les Bozo pêcheurs, les Marka ou Sarakollés commerçants.

- Les grandes cités commerçantes et islamiques, comme Djenné,

Tombouctou ou Dia, qui toutes jouèrent un rôle important dans l’histoire et l’islamisation de l’Afrique de l’Ouest et sont peuplées essentiellement de Marka et de Songhaï héritiers lointains de grands empires médiévaux, de descendants des conquérants marocains du XVIème siècle, de Maures ou de Touaregs venus du désert où ils existent toujours aujourd’hui.

On note aussi dans la zone, le mouvement de la grande reforme islamique de la "Dina" menée par Sékou Amadou au XIXème siècle.Toutes ces grandes cités de la vallée du Niger (Djenné, Tombouctou et Dia) vont subir cette loi islamique.Ainsi toutes ces vieilles civilisations ont jouée un rôle considérable dans la vie socio culturelle des populations riveraines.(pp.403-404)

39-3 Fleuve Niger et calendrier d’activités des riverains :On soulignera la multiplicité des activités liées au fleuve et conditionnées par l’alternance régulière des périodes de crue et de décrue, qui permettent de faire coexister dans le temps ou dans l’espace des milieux très divers.Dans la zone inondée, l’eau est omniprésente dans les différents bras du fleuve ou dans les multiples mares d’étendues diverses :Ainsi dans cette zone croît en abondance une végétation nourricière pour le bétail, dont la forme la plus caractéristique demeure le bourgou.La montée et le retrait des eaux conditionnent les activités agricoles, bien mises en valeur.

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Ainsi coexistent une culture liée à l’inondation du fleuve (effective d’août à février) et une culture liée au régime des pluies, attendues surtout de juillet à septembre pendant l’hivernage. Alors ces activités sont différentes de celles de la saison froide (novembre-début février) et de la saison des grandes chaleurs (fin février-avril) qui se termine par la saison des semailles (mai-juin).Donc les champs peuvent occuper suivant le mode de culture des situations différentes par rapport au fleuve.Aussi à côté de cette culture apparaît alors l’importance de l’élevage de différentes espèces d’animaux parmi lesquelles on peut retenir notamment :

- Les animaux de prestige comme le cheval utilisé pour les déplacements et autrefois pour la guerre par les couches supérieures de la société.

- Les ovins et caprins élevés essentiellement pour la production de la viande.

On retient aussi que la pêche est pratiquée par les parents en compagnie de leurs enfants en vue d’une socialisation adaptée de l’enfant qui lui permettra ainsi d’avoir une connaissance traditionnelle de toutes les formes de pêche dans le fleuve. Il est remarqué ici que l’exercice de ces différentes activités dépasse sans doute les spécialisations ethniques. Certes les Bozo sont présentés avant tout comme pêcheurs, les Peuls sont éleveurs, les Markas sont commerçants, les Bambara cultivateurs.

Par ailleurs les Songhaï, les Dogon, les Touaregs et les Maures sont épisodiquement rencontrés dans la zone.Cependant on remarquera que dans l’ensemble, ces différents groupes ethniques coexistent pacifiquement et s’influencent réciproquement évidemment sur plusieurs plan, notamment social et culturel. (pp.405-406) 39-4 Le mythe des animaux sauvages liés au fleuve :En réalité, dans ces récits les animaux sauvages ne sont pas seulement décrits comme des proies pour la chasse. Ils ne sont pas uniquement objet d’intérêt de naturaliste pour les hommes attentifs à comprendre leurs habitudes.Dans cet ouvrage, un lien très fort existe entre les hommes et certains animaux sauvages sinon aquatiques dont nous retiendrons quelques exemples : Pensons alors au varan sacré des Bambara et au pacte entre les hommes et les crocodiles (entre le Bozo et le crocodile).En fait, la dimension du merveilleux est souvent présente, à travers par exemple les multiples métamorphoses des animaux, liées souvent à leurs relations avec les génies.

- Dans la boucle du Niger on note le cas du reptile de Dia, dont son pouvoir est détruit seulement au XIXème siècle en vertu des lois de la Dina sinon des principes islamiques.

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Enfin, il ressort de cette analyse qu’il existe effectivement des pactes entre les humains qui s’installent dans tel ou tel lieu et des animaux différents des animaux ordinaires : c’est dire que ces animaux, qui peuvent également porter des ornements et des colliers, permettent d’avoir de l’eau dans les fleuves, les marigots, les mares…mais cependant toute rupture du pacte entre eux et les hommes est sanctionnée par des sécheresses que seuls des sacrifices permettent de faire interrompre pour le bien de la société. (pp.406-407)

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40- YOSHIHITO Shimada, Djenné morte, le Delta intérieur du Niger et les problèmes de sécheresse, Shizuoka : S. University : Hiroshima, 1997, pp.74-98

40-1 Résumé :En effet, Djenné jadis considérée comme ville de paradis est pourtant aujourd’hui presque morte, à cause de la sécheresse ou de la désertification qui sévit en Afrique sub-Saharienne depuis 1969, surtout dans les zones soudano sahéliennes. En fait, ce document a donc pour but principal d’éclairer ce phénomène, cette grave sécheresse à laquelle s’expose la ville de Djenné en particulier et le Delta central du Niger en général.Par ailleurs, on retient dans ce document, certaines rubriques essentielles consacrées sur les divers peuples qui habitent dans cette zone deltaïque.

40-2 La stratification sociale peul sédentaire du Macina :Il est assez connu que l’une des plus importantes conséquences du ‘’Jihad peul’’ est la sédentarisation des pasteurs peul. Mais ce qui importe plus est que la société peule soit devenue plus globale et plus complexe.La société peule sédentaire comprend non seulement les Peuls eux-mêmes au sens étroit, mais également d’autres groupes concernés : Jaawanbe, groupes artisanaux dits de castes (nyeebe), anciens captifs affranchis (rimaybe ou maccube), et autres. A partir de cette base sociale, les Peuls ont développé des sociétés bien stratifiées et multi ethniques.De nombreuses discussions portant sur le Jihad peul ont été consacrées à cette question : Le Jihad a- t-il été vraiment religieux ou simplement politique ; « politique » signifie une conquête ethnique menée par les Peuls en tant que groupe ethnique sur les autres Peuls. Par conséquent, une organisation des sociétés peules étatiques en terme d’ethnie : la hiérarchisation ou la stratification de la société peule est considérée alors dans son essence comme une hiérarchisation ethnique au sommet de laquelle se situent les Peuls conquérants. (pp.74-77)

40-3 Divisions écologiques et rivalités écologiques entre les différentes ethnies du Delta :

- Rivalité écologique entre les Peuls et les Bambara :Les terres exondées du Delta ne sont pas larges et n’apparaissent que sous forme de presqu’îles allongées le long des fleuves et de leurs bras ou comme des archipels de dunes.Mais elles représentent l’une des zones de densité de population les plus importantes ; ceci sans doute est dû à l’existence de sols riches en alluvions, aussi bien qu’à la position privilégiée pour l’habitation.

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L’agriculture pratiquée y est donc très intensive. L’agriculture permanente et fixe l’emporte ici sur l’agriculture itinérante d’usage sur les terres du plateau hors du Delta.L’intensité de la production agricole de cette région, fait rare en Afrique Soudano sahélienne, et manifeste à la fois la rareté de la terre et la haute valeur de productivité territoriale. Ceci aboutit inévitablement à un rapport de tension entre les groupes ethniques différents, Peul et Bambara, mais qui cherchent à exploiter une même terre. (pp.94-95)

- Division écologique entre les Peuls et les Marka- Bozo : Entre les Peuls et les Marka, Bozo, le rapport de concurrence écologique apparaît nettement moins fort. Ce rapport est plutôt réciproque comme l’est celui des Marka- Bozo ; il n’y a d’ailleurs pas de concurrence pour l’habitat. Ensuite, bien que les troupeaux peuls fréquentent le bourgou en saison sèche, c’est une fois faite la récolte du riz sur les champs Marka ; ce faisant on n’enregistre aucun dégât de la part de ces animaux peuls chez ces Marka riziculteurs. Bien au contraire les engrais naturels laissés en grande quantité par ces animaux nourrissent non seulement les rizières marka mais aussi les poissons du bourgou destinés aux Bozo.Sur le plan des échanges vivriers, un échange de lait et de riz ou poisson est possible entre ces différentes ethnies.

Par ailleurs, concernant les Marka et les Bozo, on note un rapport de cohabitation entre eux. Ainsi, des villages situés dans le Pondori, où ces deux peuples se mêlent et parlent la même langue. A cet effet, on retient que le mode de cohabitation marka-bozo reflète l’existence d’un rapport de réciprocité ou de solidarité entre les deux peuples, appuyé sur un rapport de division du travail écologique, les uns exploitant la terre comme riziculteurs d’une part et les autres utilisateurs de l’eau comme pêcheurs d’autre part. (pp.94-95)

- Division écologique entre les Peuls et les Rimaybé : Le troisième rapport écologique établi entre les Peuls et les Rimaybé appartient essentiellement à la nature de rapport que celle liant les Peuls et les Marka, car les Rimaybé sont également riziculteurs et leurs villages (Saare ; plur. tahé) se situent très souvent sur les terres à peine exondées et sensiblement plus étroites que les terres où se trouvent les villages Marka.Or selon l’auteur, Jean GALLAIS n’a pas pu saisir ce rapport de division écologique, puisque s’appuyant sur la statistique du nombre des villages ségrégatifs des Rimaybé (Saare) beaucoup plus important que celui des villages mixtes Peuls et Rimaybé (Wuro). Il remarque que : « la tendance profonde du groupe peul est la séparation en unités villageoises distinctes, selon le statut social » (1967). Même si on peut constater une forte tendance au régime ségrégatif, la vraie question consiste à savoir si cette ségrégation est déterminée

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selon le statut social ou non. A ce propos l’auteur la considère comme écologique plutôt que comme sociale, car selon lui les peuls ne peuvent pas loger leurs habitats permanents sur des terres aussi étroites que celles des « tahé »D’ailleurs, on note que si le régime ségrégatif avait été dominé par le statut social, il faudrait aussi trouver certains villages peuls purs sans Rimaybé. Mais ceux-ci n’existent pas ; autrement dit, les Peuls sédentarisés acceptent toujours les Rimaybé dans leurs villages.Les peuls sédentarisés eux-mêmes ne constituent pas, à la différence des Peuls nomades, une communauté villageoise ethniquement pure.Ce qui importe ici encore est de bien reconnaître les spécialisations différentes que les Peuls et les Rimaybé ont élaborées dans leur mode de vie matérielle ; de ce point de vue, le village rimaybé construit, à l’écart du village peul, au milieu de la plaine d’inondation peut être saisi comme une forme d’habitation bien adaptée à leur mode de vie rizicole.Plus généralement, ce qui importe, quand on essaie de comprendre la société peule sédentaire, surtout dans le rapport des Peul- Maccube, est de bien saisir les deux modes de vie sédentaires peuls et maccube, dans leurs particularités, à fortiori quand on examine le régime d’habitat largement conditionné par la situation écologique. Car les Peuls étant éleveurs nomades à l’origine, leur vie sédentaire n’est évidemment pas de même nature que celle des peuls cultivateurs authentiques. Ceci est valable aussi pour les Maccube ; bien qu’ils soient essentiellement sédentaires et assument généralement une vie de cultivateurs, leur mode de vie n’est pas identique à celui d’autres groupes de cultivateurs, étant déterminé largement en fonction de leur rôle économique et social dans le système social peul.On souligne également qu’une généralisation risquerait de trop simplifier le fait, leurs modes de vie sédentaires pouvant être différemment déterminés selon les régions, voire en fonction de leurs aménagements stratégiques vis-à-vis de milieux donnés très variés, qu’ils soient écologiques ou socio- historiques. Pour clore cette rubrique on peut noter néanmoins comme une tendance réelle que le choix du site de sédentarisation se fait de préférence notamment dans un endroit favorable au pâturage hivernal, donc dans une plaine d’inondation de la Vallée du grand fleuve. (pp.96-98)

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41- WAGENAAR K.T., DIALLO A. et SAYER A. R., Productivité des bovins peuls transhumants dans le Delta intérieur du Niger au Mali, Addis-Abeba- CIPEA, 1988.

Résumé :Cet ouvrage traite de l’évaluation des paramètres de production et des performances de bovins peuls soudanais élevés par les pasteurs peuls transhumants dans le Delta intérieur du Niger au Mali.En effet, les interventions proposées en vue d’améliorer la productivité globale des bovins peuls soudanais du Delta du Niger se fondent essentiellement sur l’amélioration des pâturages ‘’Harima’’ par irrigation et fumure. Elles devraient permettre de produire du fourrage de haute qualité à proximité du village afin d’accroître les performances des vaches laitières, et les taux de service et de croissance des veaux. C’est dire donc que ce document est exclusivement consacré sur l’élevage des bovins, sa productivité et les méthodes de croissance de veaux, l’itinéraire de la transhumance etc. sont entre autres des rubriques qui y sont développées.Par conséquent, il n’y existe pas de chapitre relatif à notre thème de recherche, toute chose qui limite là nos notes de lecture.

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42- WYMENGA, Eddy, KONE Bakary, VANDER KAMP Jean, ZWARTS Léo (éds), Delta intérieur du fleuve Niger, Ecologie et gestion durable des ressources naturelles, Mali- publication 2002-01, Wetlands international, Sévaré/ RIZA, 2002, pp.65-84

42-1 Résumé :Le présent document est le fruit du rapport du projet ‘’Wetlands International (W.I)’’ qui a démarré en 1998 avec l’appui des gouvernements maliens et néerlandais, un nouveau projet dans le Delta intérieur du fleuve Niger, qui figure parmi les plus grandes plaines inondables du monde.En fait, avec l’initiation du présent projet, a commencé un processus participatif sur l’utilisation et la gestion durable des ressources naturelles dans le Delta intérieur avec l’implication de toutes les parties prenantes : populations locales, autorités maliennes et certaines ONG.L’enjeu de ce projet ‘’Wetlands International’’ constitue évidemment une approche de développement intégrée dans laquelle les populations locales jouent un rôle capital.Nous retenons essentiellement dans ce document des rubriques importantes, relatives à l’organisation socio- économique du Delta intérieur, et la gestion des ressources naturelles.

42-2 Organisation socio- économique du Delta intérieur du Niger :On note ici que presque un million de personnes de différents groupes ethniques vivent dans le Delta du fleuve Niger. Cette population est d’un côté, partiellement concentrée dans les grands villages et de l’autre partiellement dispersée en campements temporaires et en petites colonies.Les habitants partagent un lien étroit avec les ressources naturelles présentes, et dépendent de ces ressources pour leur survie grâce à la pêche, l’élevage, et l’agriculture du riz. Depuis mémoire d’homme, les habitants du Delta ont toujours trouvé un moyen propre et harmonieux pour l’utilisation des ressources présentes, cela, bien qu’ils aient rencontrées de sévères sécheresses et des conditions de vie extrêmes. Au cours des siècles, le Delta connaît le développement, entre les différents groupes ethniques, d’un complexe système d’utilisation du territoire (Dina) visant l’exploitation des ressources naturelles. On retient que jusqu’à présent, le système reste crucial dans le sens où il contribue à une gestion rationnelle des ressources naturelles du Delta. C’est pourquoi l’une des activités principales de ce projet était d’en savoir plus sur l’organisation socio- économique, sur la structure des villages et sur l’utilisation du territoire au sein du Delta. Parce qu’il est difficile de couvrir le Delta dans son entier, Wetlands International a obtenu la participation d’un certain nombre de village comme partenaires au centre et au sud du Delta.

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Ainsi, dans ce chapitre, l’organisation socio- économique de ces villages de même que les ressources naturelles environnantes sont décrites par le biais d’interviews avec les villageois. Une attention particulière est aussi portée sur les contraintes rencontrées par ces villageois dans le Delta. (p.65)

42-3 Les organisations socio- économiques dans les villages riverains :Il est à retenir que depuis l’époque de la Dîna, jusqu’à nos jours, les populations qui vivent dans le Delta intérieur du Niger se sont toujours organisées soit par groupes socio- professionnels, sexe, ethnies, soit par lignage pour vaincre l’adversité de la nature (faible pluviométrie, sécheresses endémiques, faible crue) et survivre aux dépends des ressources naturelles. Ainsi, depuis l’indépendance du Mali, certaines structures étatiques ont eu comme tâche d’aider les populations locales dans leur développement socio- économique en général et à la meilleure gestion des ressources naturelles en particulier (service des Eaux et Forêts). L’intervention de ce dernier a été un échec, du fait de s’être occupé plus d’action de police forestière que de celles de sensibilisation. En plus de ces organisations traditionnelles et des structures étatiques pour aider les populations pour l’amélioration de leurs conditions de vie sont venues s’ajouter les actions des ONG (années 1980) et les structures décentralisées rurales ou urbaines (1994). (p.66)

42-4 Synthèse sur la gestion des ressources :- Zones de pêche :Dans l’ensemble, la gestion des zones de pêche est sous la responsabilité de la famille Bozo ou Somono la plus ancienne du siècle.L’accès à ces zones par les pêcheurs migrants est conditionné à une demande d’autorisation de pêche au chef (Bozo ou Somono) qui mandate un comité de surveillance pour vérifier de la conformité des engins de pêche.La redevance, si elle est payée, c’est en huile de poisson, dans la majorité des cas ; elle n’est pas obligatoire. L’utilisation de certains engins de pêche (filet, épervier, barrage de pêche) est interdite sur certains territoires.

- Zones de culture :Les zones de culture sont gérées par le chef de village et ses conseillers. La redevance est facultative. Cependant, on note que dans certains villages chaque paysan est tenu à payer des redevances au chef de village. Aussi, dans d’autres un non- résidant ne peut pas obtenir une parcelle de culture.

- Zones de pâturage :La gestion de chaque bourgoutière relève de la compétence du ou des Dioros qui la contrôlent. Une redevance coutumière, dénommée ‘’Tolo’’, instaurée depuis la Dîna est généralement payée par les éleveurs étrangers. Le ‘’Tolo’’ est versé

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au Dioro qui le perçoit au nom de la famille Dioro. Il est versé soit en nature (un taurillon de 2 à 3 ans et une vache à traire pendant toute la période de séjour du troupeau) ou en espèce (5.000 à 10.000 F CFA) selon la taille du troupeau. L’entrée dans les bourgoutières se fait selon les préséances traditionnelles définies qui constituent un instrument pour le maintien de l’ordre dans le mouvement de transhumance. Ainsi, les dates d’entrée sont annuellement discutées au niveau du haut commissariat de la région.On retient aussi que dans le passé, l’accès aux pâturages était conditionné au payement d’une redevance forfaitaire (Kola). Aujourd’hui, à cause de l’appauvrissement des Dioro, les redevances ont augmenté, ce faisant, on note également que certains Dioro vendent très chère l’herbe des parcours naturels.

- Zones forestières : La gestion et le contrôle des forêts au niveau de certains villages sont assurés par les jeunes qui rendent comptent au chef de village. Il n’existe pas de règles spéciales au niveau des villages pour verbaliser les mauvais exploitants des forêts, sinon que de les signaler au service local de la conservation de la nature. Enfin, on signale que certains villages disposent de comités de gestion des forêts. (pp.81-82)

42-5 Les contraintes et solutions liées aux principales activités des populations locales :On souligne que les résultats obtenus dans l’utilisation des ressources naturelles sur les différents terroirs montrent l’importance du Delta intérieur du Niger dans la survie des populations et du bétail, qui vit à l’intérieur et des populations des zones avoisinantes. Les populations sont composées de Peuls, Bozo, Sarakollés, Sonrhaï, Bella, Dogon, Somono, Bambara, etc. Chacune d’entre elles vit aux dépens des ressources naturelles en fonction de leur ethnie et de leurs activités :

- Elevage : Le Delta intérieur est indispensable dans la pérennisation du système d’élevage dans le Sahel. Les mouvements de transhumance, juin- décembre, dans les zones exondées du Méma et du Gourma. On note également des petites transhumances, janvier- mai à l’intérieur des bourgoutières qui sont les clés du succès de cet élevage.Ces mouvements se heurtent aujourd’hui à de nombreux conflits agriculture- élevage et surpâturage.

Depuis les années de l’indépendance bien que le Mali ait déclaré que les terres et les ressources naturelles appartiennent à l’Etat, les Dioro continuent à gérer les bourgoutières du Delta en percevant des redevances. Mais cette gestion se trouve confrontée à plusieurs difficultés, notamment les conflits entre les Dioro et la dégradation ou disparition de certaines bourgoutières.

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Avec l’avènement de la décentralisation qui a donné des pouvoirs réels aux communes, les inquiétudes des Dioro se sont multipliées.Cependant, pendant longtemps encore les Dioro resteront incontournables dans la gestion des pâturages du Gourma.

- Pêche : La pêche dans le Delta fait vivre encore beaucoup de populations. Les Bozo, grands pêcheurs restent les maîtres des eaux et gèrent tous les aspects liés à la pêche (zones de pêche, ouverture et fermeture de la pêche, autorisation de pêche aux pêcheurs étrangers).

Notons qu’après les années de sécheresse, les potentialités halieutiques sont entrain de se reconstituer, compte tenu de l’inondation des nombreuses mares, chenaux, affluents et forêts inondées et des plaines inondées couvertes de Bourgou. Les poissons sont auto- consommés ou vendus dans les centres urbains (Mopti). Les quantités pêchées sont fonction du régime hydrologique du fleuve. Les principales contraintes de la pêche dans le Delta intérieur sont aujourd’hui la surexploitation due aux matériels de pêche inadaptés et au nombre croissant des pêcheurs, la mauvaise organisation de la filière, l’endettement des pêcheurs, les lâchers d’eau des barrages de Markala et de Sélingué et les fluctuations des régimes hydrologiques du fleuve. Les conséquences de ces problèmes sont l’appauvrissement des pêcheurs et la disparition de plusieurs espèces de poissons. Le processus de décentralisation doit tenir compte des rôles importants que jouent les maîtres des eaux.

- Activités agricoles : La principale culture agricole du Delta demeure le riz dans les plaines inondées. Le mil et le sorgho se cultivent dans les zones exondées et autour des lacs périphériques. Certains villages pratiquent le maraîchage, surtout les femmes.Pendant les années de sécheresse beaucoup de forêts inondées et de bourgoutières ont été détruites au profit de la riziculture.Les principales contraintes à cette agriculture sont : le manque de matériel agricole, dégâts des oiseaux granivores et même de certains oiseaux d’eau et faiblesse de l’encadrement technique des paysans. (pp.83-84)

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IV- Synthèse de l’analyse générale des ouvrages :

La revue de littérature ébauchée lors de la première phase dans l’offre de consultation sur les ouvrages généraux a été approfondie à la deuxième phase à travers la collecte et l’analyse de plusieurs documents.Il s’agit en grosso modo des documents traitant sur des aspects socio- culturels du fleuve Niger où nous avons analysé essentiellement des rubriques consacrées sur : - Des rapports entre les différents groupes ethniques vivant dans le Delta intérieur ou central du Niger, leurs diversités culturelles et professionnelles : les Bozos, Somonos et Sorkos (« maîtres » du fleuve « Djituu », pêcheurs, bateliers et chasseurs) ; les Bamanans, Markas, etc. (agriculteurs « maîtres » de la terre) ; les Peulhs/transhumants (éleveurs, « maîtres » des pâturages) (KAWADA Junzo : 1990 et1992, QENSIERE, J., 1994, SELLATO, E. 2005, etc.). Ainsi, les principales activités retenues dans la zone sont l’agriculture, la pêche et l’élevage.Cependant, face aux changements climatiques, cette thèse d’ « ethnicisation » de l’activité ne fait plus d’unanimité.Aussi, dans la logique de l’analyse des groupes ethniques, il apparaît donc des groupes apparentés tels que les Bozos, Somonos et Sorkos (même si leurs origines diverses).

- Des structures d’organisation sociale et le mode de vie des peuples riverains ainsi que leurs rites et croyances ancestrales « Bâ faro » qui rythment avec le cours du fleuve. (YATTA, M. A. 2000, GIBBAL, J.M, 1988, etc.).- Une attention particulière a été accordée aux documents traitant sur des relations foncières (conflictuelles) entre éleveurs et agriculteurs : la problématique de la transhumance et le rôle de la « Dîna » de Sékou Ahmadou au XIXe siècle dans sa réglementation. (BAH, B. 2002, BAH, A.H. et DAGET, 1984, BARRIERE O. C., 2002, etc.).

- La mobilité des hommes (notamment Bozos et peulhs) sur le long du fleuve à la poursuite des ressources halieutiques et pastorales (KAWADA, J. 1988, GALLAIS, J. 1967, etc.). - La gestion traditionnelle et administrative des ressources naturelles (notamment des pêcheries et des bourgoutières) : l’opposition des droits, local et moderne. (BEGOUNHOU, D., DEPAGNE, R., 2004, COULON, G., DENORAY, M., L. 1999, etc.).

Par ailleurs les difficultés rencontrées au cours de ces différentes phases de recherche documentaire se résument essentiellement de deux ordres :

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- les difficultés liées à l’accès aux documents dans certains Centres de documentation et Bibliothèques (des ouvrages répertoriés mais n’existent plus dans les rayonnages…) ; - le problème d’horaire (certains Centres de documentation et Bibliothèques s’ouvrent très tardivement et paradoxalement se ferment tôt, toute chose qui réduisait malheureusement notre temps de recherche).

Cependant, nous osons croire enfin, que cette recherche documentaire, sans être exhaustive, pourrait contribuer évidemment à asseoir une véritable base de données pour le projet « Anthropologie de l’eau ».

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V- Références bibliographiques : - BA Amadou Hampaté, Amkoullel, l’enfant peul, Paris : ACCT : Actes sud, 1991, 409p.

- BA Amadou Hampaté et DAGET Jacques, l’empire peul du Macina (1818-1853), Paris : Ed. de l’école des Hautes Etudes en Sciences Sociales, 1984, 306p.

- BA Boubacar, Pouvoir, ressources et développement dans le Delta central du Niger, Bamako : la Sahélienne ; Paris : l’Harmattan, 2002,174p.

- BARRIERE Olivier et Catherine, un droit à inventer : foncier et environnement dans le Delta intérieur du Niger (Mali), Paris : IRD, 2002, 474p.

- BEDAUX R., POLET J., SANOGO K. et SCHMIDT A., Recherches archéologiques à Dia dans le Delta intérieur du Niger (Mali) : bilan des saisons de fouilles 1998-2003, Leiden : CNWS publications, 2005, 544p.

- BERGOUNHOUX,  Didier. DEPAGNE, Rinaldo. Mali : les maîtres du fleuve, Paris, Garde-temps, 2004, 79P. - BUSSIERE A.G, traduction de LIUM Aase, MAMPOUYA David, SUREL Janine, Vallées du Niger, Paris : ed.de la réunion des musées nationaux, 1993, 573p.- COULON, Gilles. DENORAY, Marie-Laure. Delta : vivre et travailler dans le Delta intérieur du fleuve Niger au Mali, Paris, Alternatives, 1999, 113P.

- CHAUVEAU Jean-Pierre, JUL-LARSEN Eyolf et CHABOUD Christian, les pêches piroguières en Afrique de l’ouest : pouvoirs, mobilités, marchés, Paris : Karthala, 2000, 392p.

- DAJET J., KONIPO M. et SANAKOUA M., la langue Bozo, Dakar, IFAN, 1953, 276p.

- Docteur QUINTIN I., Du Sénégal au Niger, souvenir d’un fleuve, (1863-1866), Bamako, le figuier, 1998, 60p.

- DUBOIS Félix, Notre beau Niger, Paris, éd. Flammarion, 1911, 299p.

- FROMENT Alain, le peuplement humain de la Boucle du Niger, ORSTOM, ORSTOM BONDY, Paris, 1988, 194P.

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- GALLAIS, Jean. Hommes du Sahel, Paris, Flammarion, 1984, 289P.

- GALLAIS Jean, le Delta intérieur du Niger : Etude de géographie régionale, (Tome II), Dakar : IFAN, 1967, 259p.

- GALLAIS Jean, le Delta intérieur du Niger et ses bordures : étude morphologique, Paris : éd. Du CNRS, 1967, 153p.

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- GALLAIS Jean, Stratégies pastorales et agricoles des sahéliens durant la sécheresse 1969-1974, élevage et contacts entre pasteurs et agriculteurs, Bordeaux, centre d’étude de géographie tropicale, 1977, 281p.

- GIBBAL Jean-Marie, les génies du fleuve, Paris : Presses de la Renaissance, 1988, 257p.

- GIBBAL Jean-Marie, Tambours d’eau, Paris : éd. Le sycomore, 1982, 354p.

- GALLAY Alain, HUYSECOM Eric, Ethnoarchéologie africaine, Genève : Université de Genève, Département d’Anthropologie et d’Ecologie, 1989, 126p.

- JAIME G. Lieutenant de Vaisseau, Niger, fleuve, exploration, Corbeil : Ed. de crété, s.d. 1889, 426p.

- KAWADA Junzo, Boucle du Niger- approches multidisciplinaires, volume 1, Institut de Recherches sur les langues et cultures d’Asie et d’Afrique, (Tokyo), 1988, 356p.

- KAWADA Junzo, Boucle du Niger- approches multidisciplinaires, volume 2, Institut de Recherche sur les langues et cultures d’Asie et d’Afrique, Tokyo, 1990, 420p.

- KAWADA Junzo, Boucle du Niger- approches multidisciplinaires, volume 3, Institut de Recherches sur les langues et cultures d’Asie et d’Afrique, Tokyo, 1992, 397p.

- KAWADA Junzo, Boucle du Niger- approches multidisciplinaires, volume 4, Institut de Recherches sur les langues et cultures d’Asie et d’Afrique, Tokyo, 1994, 418p.

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- KUPER, Marcel. TONNEAU, Jean-Philippe. L’Office du Niger, grenier à riz du Mali, Montpellier, Cirad / Karthala, 2002, 251P.

- LHOTE, Henry. Le Niger en Kayak, Paris, J.susse, 1946, 174P.

- MARIE Jerôme et TEME Bino, gestion des ressources et aménagement du fleuve Niger, des connaissances scientifiques pour la décision publique, IRD, Paris, 2002, 117p.

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