Mobilités, flux, réseaux de communication dans la mondialisation

• Introduction

Définition des termes du chapitre :

• Mobilités : déplacements de populations à l’échelle locale, régionale, nationale, européenne ou mondiale. Concerne les circulations quotidiennes jusqu’aux migrations définitives.

• Flux : volume de marchandises (flux matériels), de populations (flux humains), de capitaux ou d’information (flux immatériels) en circulation.

• Réseaux : ensemble des liaisons qui relie des territoires (routes, voies ferrées, lignes aériennes, numériques…). Ces réseaux sont hiérarchisés et accueillent les flux.

• Faire apparaître l’importance des mobilités à toutes les échelles et donc des transports qui génèrent 4,5 % de la production en 2008 et un million d’emplois directs. Activité essentielle pour notre économie et au cœur du fonctionnement de notre société qui s’insère dans la mondialisation.

•• Problématique : Dans quelle mesure les mobilités et les flux français sont-ils connectés par les

réseaux à la mondialisation ?

I. Roissy, plate-forme multimodale et hub mondial

Étude de cas p. 158 à 161

A. La 1er hub aéroportuaire européen

1. Quels éléments font la puissance du hub de Roissy ?

Les capacités croissantes de l’aéroport (80 millions de pas- sagers après l’ouverture du S4), l’atout majeur des possibilités de correspondances (plus de trois fois Heathrow), la combi- naison de trois hubs (Air France-KLM, FedEx, La Poste) font la puissance du hub de Roissy, 1er hub aéroportuaire européen.

2. Comment le hub assure-t-il l’ouverture du territoire sur l’Europe et le monde ?

Roissy est d’abord un aéroport international avec la moitié de son trafic hors UE et l’essentiel de l’autre moitié avec les pays de l’UE. De même pour le fret. D’autre part, le nouveau terminal T2G facilite les correspondances avec des lignes régionales et avec celles de certains pays de l’UE.

3. En quoi Air-France-KLM est-il un acteur majeur et privilégié de Roissy ?

Air France-KLM est l’acteur majeur de l’aéroport, l’alliance Skyeam assurant plus de 60 % du trafic. C’est aussi un partenaire privilégié d’Aéroport de Paris qui a réalisé les extensions du T2, le hub d’Air France.

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B. Atouts et contraintes de la plateforme multimodale

4. Quels transports sont interconnectés à Roissy ?

La plate-forme assure l’interconnexion entre le réseau auoroutier (A1), le réseau LGV, le réseau parisien (RER B) et l’espace aérien international.

5. Quels rôles la gare joue-t-elle pour l’aéroport ?

La gare ferroviaire de Roissy nourrit le trafic aérien en assurant le transfert des voyageurs de province vers Paris et réciproquement (ex. : tgvair). Elle assure également les liaisons avec la capitale (RER) et prochainement avec les régions voisines (ex. : Picardie-Roissy) aussi bien pour le trafic aérien que pour le fonctionnement de la zone d’activité.

6. Quel est l’impact de la plate-forme multimodale sur l’organisation des territoires ?

L’impact de Roissy sur l’organisation du territoire est à plusieurs échelles avec une forte attractivité sur les actifs de la capitale et des régions voisines et une polarisation des mobilités internationales aux dépens des autres aéroports nationaux.

A. Comment assurer le développement durable de Roissy ?

7. Quelles sont les nuisances dénoncées par les riverains ?

Les riverains dénoncent la pollution et surtout les nuisances sonores, notamment la nuit.

8. Quels changements souhaitent-ils dans le fonctionnement de l’aéroport ? Quelles en seraient les conséquences pour l’activité de Roissy et le territoire national ?

Ils souhaitent un allégement du trafic de Roissy au profit d’autres aéroports et le report du trafic fret (surtout nocturne) sur le réseau ferroviaire grande vitesse pour les destinations européennes proches, plutôt que sur l’avion.

9. En quoi le projet Europ Carex peut-il être une réponse ?

Euro Carex est une réponse, puisqu’il s’agit d’organiser le report du fret sur le réseau LGV.

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Bilan/ transition.

L’exemple de Roissy permet de s’interroger sur les connexions de la France et de ses territoires avec le monde.

- Comment les réseaux de transport et le numérique connectent-ils le territoire français à l’Europe et au monde ?

- Comment les nouvelles politiques de transport entendent-elles assurer le développement durable du territoire ?

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II. La France intégrée à la mondialisation par les flux

Comment les flux insèrent-ils la France dans la mondialisation ?

A. Des flux d’immigration et d’émigration

• La France est, depuis longtemps, une terre d’accueil pour de nombreux immigrés. Chaque année, 160 000 personnes arrivent : c’est 2,5 fois plus que la moyenne européenne. Les immigrants viennent majoritairement d’Europe méditerranéenne et du Maghreb. Ils viennent aussi d’Afrique, d’Europe du Nord et de l’Est, du Proche-Orient et d’Asie du Sud-Est.

• La France représente bien souvent un eldorado pour ces populations qui sont à la recherche d’un emploi et d’une vie meilleure. Le regroupement familial constitue aussi une des causes de l’immigration. D’autres facteurs y contribuent : proximité linguistique, cadre de vie agréable (pour les retraités européens), abolition des frontières avec l’espace Schengen (salariés et étudiants).

• L’émigration est importante. En 2007, 230 000 Français ont quitté le pays et 170 000 y sont revenus. Les émigrés sont surtout des étudiants et de jeunes cadres. On estime à 2,4 millions de Français vivant à l’étranger.

B. Déplacements professionnels et migrations touristiques

• La France occupe une place majeure dans le tourisme d’affaires :• 14 millions de visiteurs, la 2e destination mondiale derrière les États-Unis• Des Français qui voyagent à l’étranger pour leur travail• Majoritairement des voyages de quelques jours qui se font surtout en avion vers les autres

pôles de la Triade et les pays émergents.• Retombées économiques fortes : 7,8 milliards d’euros.

• Avec 82 millions de touristes, la France est la 1ère destination mondiale :• Clientèle issue des pays développés, puis émergents : 94% d’Européens, 5% d’Américains,

1% d’Asiatiques• 11,2 millions de Français ont voyagé à l’étranger (32% hors d’Europe).

C. Des flux de marchandises, d’informations et de capitaux

• La France, 5e rang mondial pour le commerce :• 2009 : 360 milliards d’euros pour les exportations• 2009 : 406 milliards d’euros pour les importations

• Une balance commerciale qui est donc déficitaire• Nature des produits échangés : manufacturés, agroalimentaire...• Principaux partenaires : Europe, Asie, Amérique du Nord.• Les produits passent par la route à l’échelle européenne et par bateau et avion à l’échelle

mondiale.• Les flux d’information et de capitaux (échanges téléphoniques, courriels, virements bancaires)

circulent sur internet, sur les lignes téléphoniques et via les satellites. Ces échanges avec les partenaires économiques de la France sont dématérialisés donc difficiles à quantifier, à localiser et à protéger. Cela dit, en 2008, les investissements français à l’étranger ont atteints 645 milliards d’euros et les investissements étrangers en France 877 milliards d’euros.

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III. Les outils de l’insertion internationale de la France

Quelles sont les portes d’entrée et de sortie du territoire français ?

A. Aéroports, ports et fleuves ; les points d’ouverture de la France au monde

• Des noeuds1 et des axes assurent la connexion de la France au monde et fonctionnent selon la stratégie des hubs2 : ils sont peu nombreux mais enregistrent un trafic important car ils sont situés près de Paris, Lyon et Marseille. Il s’agit de :

• L’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle (5e mondial, 60 millions de passagers en 2008)• Du port de Marseille (38e mondial, 96 millions de tonnes en 2008)• Du port du Havre (50e mondial, 74 millions de tonnes en 2008)

• De plus, la Seine et le Rhône font la connexion entre ces métropoles et l’espace maritime mondial.

• D’autres synapses3 ouvrent la France sur l’Europe. Elles sont plus nombreuses, proches des métropoles régionales mais enregistrent un trafic plus faible. Il s’agit :

• Des aéroports régionaux : Lyon, Nice• Des ports secondaires : Dunkerque, Saint-Nazaire.• Ces synapses assurent une desserte proche : celle du Nord de la France sont tournées vers

l’Europe du Nord et la mégalopole européenne alors que celles de la France du Sud regardent vers la Méditerranée et le Maghreb.

B. Des réseaux terrestres mieux reliés aux réseaux européens

• Longtemps, la France a développé ses réseaux de transport sans se soucier des connexions avec l’étranger. La politique européenne des transport a changé la donne : désormais, les États s’entendent sur le tracé et partagent le financement. La connexion routière entre la France et ses voisins est achevée. Dans les montagnes, des tunnels ont été percés : Fréjus et Mont-Blanc dans les Alpes, Somport dans les Pyrénées.

• La situation est plus complexe pour le réseau ferroviaire. • La connexion entre les réseaux classiques est, elle aussi, achevée, même avec l’Espagne, dont

l’écartement entre les rails est différent : des trains spécialement aménagés circulent entre Barcelone et Montpellier.

• Pour les réseaux à grande vitesse, la connexion est en cours : elle est achevée vers le Nord (avec le RU par le tunnel sous la Manche ; avec la Belgique et les Pays-Bas par des lignes nouvelles) mais elle débute vers le Sud (la LGV Perpignan-Figueras est en cours d’achèvement ; la LGV Lyon-Turin est prévue pour 2020).

C. Les réseaux numériques partout accessibles ?

• Le numérique fait partie de notre vie quotidienne : en 2009, 90% des Français possédaient un téléphone mobile et 63% des ménages disposaient d’une connexion à internet.

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1 Noeud : lieu où se croisent plusieurs axes de communication de nature souvent différente (autoroute, TGV....) et où ils sont mis en correspondance.

2 Hub : noeud de communication vers lequel des flux sont concentrés avant d’être redistribués.

3 Synapse : zone de contact entre deux territoires.

• Cela s’explique par les progrès technologiques et par la baisse des prix (en moyenne, 38 €/mois pour la téléphonie mobile ; 35€/ mois pour la téléphonie fixe-internet en 2011).

• Les usages du satellite dans la vie quotidienne sont encore limités : géolocalisation et navigation dans les véhicules, réception des chaînes de télévision, conversations téléphoniques. À la différence des réseaux téléphoniques, la réception est partout possible : il suffit d’être abonné.

IV. Des territoires inégalement connectés à l’Europe et au Monde

Comment assurer le développement durable et ouvrir plus équitablement les territoires français sur l’extérieur ?

A. Des difficultés en termes de développement durable

• Le développement des infrastructures conduit :• au mitage (parcellisation) des campagnes à la périphérie des agglomérations• à un grignotage de l’espace agricole• à une congestion automobile• au développement des pollutions

• Divers acteurs tentent d’apporter des solutions :• À l’échelle nationale, des initiatives comme le Grenelle de l’Environnement. Mais aussi :

• Des mesures fiscales et réglementaires : alourdissement des taxes d'atterrissage et/ou interdiction des avions les plus bruyants et polluants...

• Un encouragement du ferroutage mais des résultats limités.• À l’échelle locale :

• Amélioration des transports en commun• Développement des circulations dites douces : tramway à Nantes, Grenoble ou Bordeaux,

métros automatiques à Lille ou Lyon, vélos à la location à Lyon (Vélov’) et Paris (Velib’), voitures électriques en location...

B. Des territoires bien intégrés à la mondialisation

• Les métropoles les grandes vallées (Seine, Rhône), les littoraux densément peuplés (côte d’Azur, côte d’Opale) sont les espaces les mieux insérés dans la mondialisation. Ils se situent au coeur des flux internationaux et le trafic qu’ils enregistrent est important.

• L’insertion de ces zones et leur connexion au Monde s’expliquent par la présence de fortes densités qui génèrent un trafic élevé. Ces espaces sont souvent en périphérie du territoire, ce qui facilite leur ouverture sur l’étranger. C’est le cas des métropoles régionales, qui sont toutes à moins de 100 km de la mer ou d’une frontière (sauf Toulouse, Clermont-Ferrand et Limoges).

C. Des territoires en marge de la mondialisation

• D’autres espaces s’insèrent mal dans la mondialisation et constituent les « angles morts »4 du territoire français.

• Les espaces ruraux, situés au centre du pays ou à l’écart des grands axes de transport• Les espaces de montagne (sauf dans les grandes vallées alpines et les zones de sport d’hiver)

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4 Angles morts : espaces enclavés, isolés d’autres espaces (souvent plus dynamiques).

• Les DROM 5-COM 6.• La configuration des lieux explique le faible degré d’insertion dans la mondialisation.

• Être au centre du territoire métropolitain ou au coeur d’un massif montagneux nécessite de se déplacer vers les frontières ou les synapses pour aller à l’étranger.

• Le peuplement discontinu explique que les investissements en infrastructures n’aient pas été jugées prioritaires (car peu rentables).

• Et même lorsqu’une autoroute ou une LGV est construite, les échangeurs et les gares ne sont pas aménagés du fait de la faiblesse du trafic : ces régions sont victimes de l’effet tunnel (nombreuses communes de la vallée du Rhône pourtant traversées par l’autoroute A7 et la LGV Méditerranée, la Bretagne à l’écart de l’essentiel du trafic maritime, l’Oise et la Somme traversées par l’autoroute A1 et A16 !).

D. Mieux insérer la France dans la mondialisation et promouvoir le développement durable

• Dans ce contexte, il s’agit de mieux connecter ces « angles morts » aux axes et aux noeuds ouvrant la France sur l’étranger. L’État, dont les ressources financières se réduisent, cofinance les infrastructures avec les collectivités locales et l’UE. Les débats sont parfois houleux : c’est le cas du débat sur la LGV Sud-Europe-atlantique où chaque département veut une ou plusieurs gares faute de quoi ils menacent de ne pas financer.

• Pour le numérique, il s’agit aussi de réduire les inégalités d’accès aux réseaux. L’État et les collectivités se sont lancés dans une campagne de réduction de la « fracture numérique » et continuent avec les opérateurs l’extension des zones de couverture de téléphonie mobile. Mais les entreprises rechignent à investir dans ces espaces marginaux peu rentables.

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5 DROM : département et régions d’outre-mer. Nouvelle appellation donnée à la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et la Réunion depuis la réforme constitutionnelle de 2003 car elles sont à la fois département et région. Mayotte est également un DROM depuis mars 2011.

6 COM (collectivité d’outre-mer) : nouvelle appellation donnée aux « territoires d’outre-mer » depuis la réforme constitutionnelle de 2003. Y figurent la Polynésie, Saint-Pierre-et-Miquelon, Wallis-et-Futuna, les TAAF (Terres australes et antarctiques françaises)...

• Conclusion.

Croquis. Organisation des réseaux et dynamiques spatiales dans le contexte de la mondialisation

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