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1 IE Bercy n°24 – Novembre 2012 IE Bercy La lettre d’information de l’Intelligence Economique des ministères économiques et financiers N° 24 – Novembre 2012 EDITORIAL Bernard DECOMPS Membre de l’académie des technologies FOCUS HAUTE- NORMANDIE Pierre BOUSQUET DE FLORIAN Préfet de région Serge LEROY DIRECCTE Michel LE CLAINCHE DRFIP Gérard CANAL DIDDI INFLUENCE Entretien avec Bruno RACOUCHOT Communication & Influence LES CAHIERS DE LA VEILLE Veilleur : un métier… des compétences AGENDA IE Parmi les différents mutations et défis auxquels nous faisons face, ceux liés à la problématique du développement urbain justifient un intérêt tout particulier et représentent pour l’intelligence stratégique un terrain d’expérimentation particulièrement propice, en particulier sous sa composante d’analyse stratégique. Les enjeux économiques et sociaux des « villes vertes » sont, en effet, considérables. En France ou en Europe, pays pratiquement dépourvus de carburants fossiles ou qui s’interdisent d‘exploiter ceux qui sembleraient encore à portée de main, la course aux « villes vertes » est intimement liée à la problématique de sécurité énergétique. Cette approche est synonyme d’une diminution de la dépendance économique vis-à-vis des pays producteurs de gaz et de pétrole, poste qui pèse pour plus de 50 milliards d’euros par an dans le déficit du commerce extérieur. Elle intervient dans un contexte où un acteur majeur comme les Etats-Unis est en train de passer du statut d’importateur à exportateur d’énergie, d’abord pour le gaz, puis dans quelques années pour le pétrole, avec toutes les implications sous- jacentes en matière de réindustrialisation du territoire américain. Voici une perspective qui pourrait justifier à elle seule l’intérêt des institutions publiques et privées suscité par la « ville décarbonée », la ville qui – au stade ultime - ne consommerait plus de carburants fossiles. Sa réalisation requiert la coordination dans le temps et dans l’espace des ressources énergétiques, la récupération systématique des déperditions d’énergie au travers de l’isolation des bâtiments, les progrès de la motorisation et, pour finir, la mobilisation de toutes les énergies renouvelables disponibles. L’artisan majeur de cette coordination repose sur la capacité à ajouter de l’intelligence dans ce système, grâce à l’apport du numérique qui permet, à chaque instant, d’optimiser les ressources et les consommations. Le concours des villes décarbonées à la réduction des gaz à effet de serre et, de manière plus générale, à celle des atteintes à l’environnement urbain, apporte une dimension éthique aux systèmes urbains décarbonés, dès lors qu’ils savent gérer toutes les externalités. Ces perspectives sont des arguments très forts de diffusion des technologies françaises dans le monde. C’est dans les pays émergents actuels ou à venir, des pays soumis à une expansion urbaine considérable – la croissance démographique et les migrations climatiques attirent un million de nouveaux citadins chaque semaine - que les progrès de la ville décarbonée auraient l’impact le plus significatif au regard du changement climatique et de l’épuisement des hydrocarbures fossiles qui expliquent en partie l’explosion des prix. Or, dans nombre de ces pays, la dépendance énergétique des pays producteurs de carburants fossiles est rarement le défi dominant. Ce sont bien souvent les ressources en eau, le maintien et l’expansion des terres arables, la pollution de l’air, des sols et du sous-sol, la salubrité et l’amélioration des conditions sanitaires qui suscitent d’abord l’angoisse de l’avenir. Certes, la ville décarbonée apporte des solutions partielles, mobilisables pour affronter les autres défis. Mais la véritable chance à l’export pour les technologies et les entreprises françaises repose sur la capacité de démontrer que la « ville numérique », prolongement de la « ville décarbonée » est capable d’optimiser les réponses à ces différents défis à l’aide de moteurs numériques. En s’engageant dans la conception de tels moteurs numériques, en tissant des alliances avec des entreprises susceptibles de les mettre au point et de développer leur fabrication et en assurant leur expérimentation dans des systèmes urbains confrontés à plusieurs défis, le LCIE, l’un des rares laboratoires français d’intelligence artificielle qui met ses compétences au service des « éco-cités » souvent dénommées « villes vertes », s’est positionné sur une trajectoire d’excellence. Bernard Decomps, Membre de l’académie des technologies

IE Bercy n°24 (11/2012) : interview de Bruno Racouchot (page 10)

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1 IE Bercy n°24 – Novembre 2012

IE Bercy La lettre d’information de l’Intelligence Economique

des ministères économiques et financiers

N° 24 – Novembre 2012

� EDITORIAL Bernard DECOMPS Membre de l’académie des technologies

� FOCUS HAUTE- NORMANDIE Pierre BOUSQUET DE FLORIAN Préfet de région

Serge LEROY DIRECCTE Michel LE CLAINCHE DRFIP Gérard CANAL DIDDI

� INFLUENCE Entretien avec Bruno RACOUCHOT Communication & Influence

� LES CAHIERS DE LA VEILLE Veilleur : un métier… des compétences

� AGENDA IE

Parmi les différents mutations et défis auxquels nous faisons face, ceux liés à la problématique du développement urbain justifient un intérêt tout particulier et représentent pour l’intelligence stratégique un terrain d’expérimentation particulièrement propice, en particulier sous sa composante d’analyse stratégique. Les enjeux économiques et sociaux des « villes vertes » sont, en effet, considérables. En France ou en Europe, pays pratiquement dépourvus de carburants fossiles ou qui s’interdisent d‘exploiter ceux qui sembleraient encore à portée de main, la course aux « villes vertes » est intimement liée à la problématique de sécurité énergétique. Cette approche est synonyme d’une diminution de la dépendance économique vis-à-vis des

pays producteurs de gaz et de pétrole, poste qui pèse pour plus de 50 milliards d’euros par an dans le déficit du commerce extérieur. Elle intervient dans un contexte où un acteur majeur comme les Etats-Unis est en train de passer du statut d’importateur à exportateur d’énergie, d’abord pour le gaz, puis dans quelques années pour le pétrole, avec toutes les implications sous-jacentes en matière de réindustrialisation du territoire américain. Voici une perspective qui pourrait justifier à elle seule l’intérêt des institutions publiques et privées suscité par la « ville décarbonée », la ville qui – au stade ultime - ne consommerait plus de carburants fossiles. Sa réalisation requiert la coordination dans le temps et dans l’espace des ressources énergétiques, la récupération systématique des déperditions d’énergie au travers de l’isolation des bâtiments, les progrès de la motorisation et, pour finir, la mobilisation de toutes les énergies renouvelables disponibles. L’artisan majeur de cette coordination repose sur la capacité à ajouter de l’intelligence dans ce système, grâce à l’apport du numérique qui permet, à chaque instant, d’optimiser les ressources et les consommations. Le concours des villes décarbonées à la réduction des gaz à effet de serre et, de manière plus générale, à celle des atteintes à l’environnement urbain, apporte une dimension éthique aux systèmes urbains décarbonés, dès lors qu’ils savent gérer toutes les externalités. Ces perspectives sont des arguments très forts de diffusion des technologies françaises dans le monde. C’est dans les pays émergents actuels ou à venir, des pays soumis à une expansion urbaine considérable – la croissance démographique et les migrations climatiques attirent un million de nouveaux citadins chaque semaine - que les progrès de la ville décarbonée auraient l’impact le plus significatif au regard du changement climatique et de l’épuisement des hydrocarbures fossiles qui expliquent en partie l’explosion des prix. Or, dans nombre de ces pays, la dépendance énergétique des pays producteurs de carburants fossiles est rarement le défi dominant. Ce sont bien souvent les ressources en eau, le maintien et l’expansion des terres arables, la pollution de l’air, des sols et du sous-sol, la salubrité et l’amélioration des conditions sanitaires qui suscitent d’abord l’angoisse de l’avenir. Certes, la ville décarbonée apporte des solutions partielles, mobilisables pour affronter les autres défis. Mais la véritable chance à l’export pour les technologies et les entreprises françaises repose sur la capacité de démontrer que la « ville numérique », prolongement de la « ville décarbonée » est capable d’optimiser les réponses à ces différents défis à l’aide de moteurs numériques. En s’engageant dans la conception de tels moteurs numériques, en tissant des alliances avec des entreprises susceptibles de les mettre au point et de développer leur fabrication et en assurant leur expérimentation dans des systèmes urbains confrontés à plusieurs défis, le LCIE, l’un des rares laboratoires français d’intelligence artificielle qui met ses compétences au service des « éco-cités » souvent dénommées « villes vertes », s’est positionné sur une trajectoire d’excellence. Bernard Decomps, Membre de l’académie des technologies

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� L'INTELLIGENCE ECONOMIQUE EN HAUTE-NORMANDIE

ENTRETIEN AVEC PIERRE BOUSQUET DE FLORIAN PREFET DE LA REGION HAUTE- NORMANDIE PREFET DE SEINE-MARITIME

Quelles sont les principales caractéristiques de votre région en matière d'intelligence économique ?

La région Haute-Normandie présente la particularité d'être à la fois une grande région industrielle, où les industries sensibles au sens de l'intelligence économique sont particulièrement implantées, et le débouché fluvial et maritime de la vallée de la Seine et du vaste bassin d'activités et de consommation qu'elle dessert.

De nombreux sites industriels d'importance majeure, notamment deux centrales nucléaires de production électrique, à Penly et Paluel, les plus grandes raffineries françaises à Gonfreville et Port-Jérôme ainsi que de nombreuses plates-formes chimiques ou pharmaceutiques sont implantés dans la région. Eu égard à leur poids dans la production industrielle française, à l'enjeu en terme de protection de l'environnement et des populations qu'ils représentent, ainsi qu'au nombre d'emplois directs et indirects qu'ils induisent, ces sites appellent une attention particulière de la part des pouvoirs publics : au delà de la sécurité physique des installations, il leur faut anticiper les évolutions de la réglementation nationale et internationale qui pourraient déstabiliser ces industriels, et plus généralement assurer une veille attentive sur la conjoncture vécue par ces sites particulièrement sensibles.

En plus de ces industries de masse typiques des régions portuaires, la Haute-Normandie compte également des industries à très haute valeur ajoutée : une importante filière aéronautique, de l'espace et de la défense, s'est développée dans la région. Ces métiers demandent une attention spécifique compte tenu de leur importance stratégique, même quand ils ne relèvent pas de la souveraineté nationale. Mais d'autres industries demandent également un suivi particulier. On notera, de ce point de vue, les industries de la chimie et de la pharmacie, du luxe, ou encore de l'automobile. Ce sont des secteurs où l'innovation, comme la protection du patrimoine immatériel des entreprises, sont des enjeux majeurs de compétitivité qui permettent aux entreprises de se différencier de leur concurrents. Ce patrimoine prend bien sûr la forme de brevets, licences et savoir-faire particuliers sans négliger pour autant les actifs précieux que peuvent être une marque ou encore une base de données clients.

Comment est conduite la Politique Publique d'Intelligence Economique dans votre région ?

J'ai souhaité qu'un Comité Régional d’Intelligence Économique (CRIE) prenne le relais et élargisse les domaines couverts par l'ex-Comité Régional de Sécurité Economique (CRSE), conformément aux préconisations du Délégué Interministériel à l'Intelligence Economique, lors de son passage en région. Ce Comité, piloté par la Préfecture de région Haute-Normandie, coordonne l'action des pouvoirs publics en matière d'intelligence économique en région au-delà des seuls aspects sécuritaires. Présidé par moi ou mon représentant, il réunit les deux préfectures de départements, les correspondants régionaux concernés du Ministère de l'Intérieur (police et gendarmerie), la Direction de la Protection et de la Sécurité de la Défense (DPSD), les directions régionales des douanes (du Havre et de Rouen), la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi (DiRECCTE), la direction régionale des finances publiques (DRFiP) et la Banque de France. La Chambre de Commerce et d'Industrie de région Haute-Normandie, à qui est dévolu l'essentiel du volet offensif de la charte régionale sur l'intelligence économique en Haute-Normandie, y a pleinement trouvé sa place. L'Institut National de la Propriété Industrielle (INPI) et OSEO y sont également représentés, ainsi que le Commissaire au Redressement Productif.

La politique publique d'intelligence économique passe d'une part par la sécurité de l'information économique au sein des établissements qui la produisent ou l'utilisent, mais également par la valorisation et l'articulation de cette information entre les différents acteurs des filières industrielles et commerciales, qu'ils soient publics ou privés.

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� L'INTELLIGENCE ECONOMIQUE EN HAUTE-NORMANDIE

Dans une économie où les chaînes de valeur sont de plus en plus dissociées des flux physiques, il est impératif de maîtriser les aspects immatériels de la production économique. La propriété intellectuelle (brevets, licences...) ou encore les bases de données clients des entreprises commerciales sont des actifs dont la valeur d'usage pour les entreprises est souvent supérieure à celle des immobilisations corporelles. La plus grande importance doit dès lors être attachée à leur sécurité mais également à leur utilisation productive.

Dans cette optique, la mise en réseau des acteurs économiques en région est incontournable pour rassembler, analyser puis exploiter la masse d'informations produites, qu'elle soit scientifique, technique ou commerciale.

C'est l'objet de la politique des pôles de compétitivité, et plus largement de la Stratégie Régionale de l'Innovation déployée dans la région.

Les deux pôles de compétitivité dont le siège est en Haute-Normandie, Nov@log pour la logistique et Mov'eo pour l'automobile, sont des structures performantes qui, pour jouer pleinement leur rôle d'usine à projets, doivent réussir à tisser des liens étroits avec les producteurs d'informations techniques et économiques touchant à leur domaine de compétence.

Au-delà des domaines ciblés par les pôles, l'agence régionale de l'innovation Seinari, financée par l'Etat et la Région, a pour mission d'animer le réseau régional de l'innovation, afin de permettre la circulation de l'information économique entre les acteurs et l'émergence de projets innovants débouchant sur la création d'entreprises et d'emplois.

La cellule de Veille et d'Alerte, animée par le Commissaire au Redressement Productif, constitue également un lieu d'échanges autour de la sécurité économique des entreprises les plus fragiles. Au-delà de la protection du patrimoine immatériel de l'entreprise, des questions telles que la détention du capital social où l'évolution de la réglementation sur les marchés clefs d'une entreprise y sont abordées.

Quels types d’interventions (quelles actions concrètes) sont mené(e)s en région par les services de l’Etat ?

L'importance des flux logistiques qui transitent en région, par les deux grands ports maritimes du Havre et de Rouen, mérite une surveillance toute particulière de la part des services spécialisés, notamment les Douanes.

S'agissant des entreprises, les pouvoirs publics les accompagnent à tous les niveaux : pédagogie de la sécurité des locaux et des systèmes d'information, définition d'une politique de maîtrise de l'information au sein des entreprises et définition d'une stratégie de protection du patrimoine industriel.

Dans le domaine de la sécurité et de la prévention, la direction régionale du renseignement intérieur (DRRI) et la Gendarmerie Nationale mènent des actions de formation et d'audit auprès des chefs d'entreprise afin qu'ils améliorent l'intégrité de leurs locaux et de leurs systèmes d'informations, et pour les sensibiliser aux manipulations ou aux attaques dont ils peuvent être la cible. Avec ces services, la direction de la protection et de la sécurité de la défense (DPSD) assure un suivi spécifique des entreprises impliquées dans le secteur de la défense.

Les visites d'entreprises menées par la DiRECCTE, et notamment par le chargé de mission régional à l’IE, peuvent également servir à sensibiliser les chefs d'entreprise aux questions d'intelligence économique et à détecter les "pépites" justifiant un accompagnement particulier à ce titre.

Enfin des actions de diagnostic et de suivi, cofinancées par la DiRECCTE et les fonds structurels du FEDER, sont proposées aux entreprises pour évaluer puis améliorer entre autres la maîtrise de l'information au sein de leur organisation. L'Institut National de la Propriété Industrielle propose également des pré-diagnostics gratuits destinés à amener les entreprises à définir une stratégie de protection, et notamment de protection juridique, de leur patrimoine industriel.

De même, les services de la DRFIP ou de la Banque de France, permettent aux pouvoirs publics de suivre les montages juridiques et financiers, parfois complexes, qui peuvent définir les droits de propriété sur une entreprise et donc sur le patrimoine industriel, aussi bien matériel qu'immatériel, de celle-ci. Concourant au même objectif d'information et d'alerte des pouvoirs publics, la DiRECCTE assure une veille technologique et réglementaire dans les différents secteurs d'activité économique.

Dans une économie ouverte et mondialisée, la recherche et l'innovation sont les meilleurs atouts de nos entreprises. La protection physique, organisationnelle et juridique des fruits de leurs efforts est donc impérative afin de leur permettre de se différencier, de conserver leurs avantages concurrentiels, et de se développer sur les marchés domestiques et internationaux.

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� L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE A LA DIRECCTE

ENTRETIEN AVEC SERGE LEROY

DIRECTEUR REGIONAL DES

ENTREPRISES, DE LA

CONCURRENCE, DE LA CONSOMMATION, DU

TRAVAIL ET DE L'EMPLOI

Vous dirigez la DiRECCTE de Haute-Normandie depuis quelques mois après avoir eu la responsabilité de celle de la région Lorraine. Comment percevez-vous cette nouvelle région ?

La Haute-Normandie, au-delà de son apparente petite taille - elle ne compte que deux départements, la Seine-Maritime et l’Eure - est la 6ème région industrielle française. L’Eure, à elle seule, occupe le 7ème rang parmi les départements. Sur le plan démographique, avec un peu plus de 1,8 million d’habitants, la Haute-Normandie occupe le 5ème rang pour ce qui est de l’emploi salarié industriel. Ce qui correspond à son passé économique fortement marqué tant par l’industrie que par le commerce international.

Sa position exceptionnelle, notamment entre la mer (la Manche) et la capitale par la vallée de la Seine, de même que des infrastructures importantes telles que les deux grands ports maritimes du Havre et de Rouen, en font naturellement une région privilégiée pour les flux économiques et la logistique. Pour autant, ce n’est pas une région principalement de transit.

C’est, tout au contraire, une région qui demeure fortement industrielle avec ses activités pétrolières et de pétrochimie, mais aussi dans les domaines de l’automobile (Renault compte ici deux sites importants, Cléon et Sandouville) et de l’aéronautique … Elle présente également des particularités avec son industrie verrière et du flaconnage et la production d’un lin d’excellente qualité.

C’est du reste la première région énergétique de France, ce qui nous vaut de figurer également aux tous premiers rangs en matière de risques industriels.

Comment la politique publique d’intelligence économique s’inscrit-elle au sein des services de la DIRECCTE ?

Nous avons bien évidemment inscrit cet axe fort de la politique économique au profit du développement et de la compétitivité des entreprises comme du développement et de l’attractivité des territoires dans notre action, conformément aux priorités définies par le Premier ministre dans sa circulaire du 15 septembre 2011.

Tous les axes qui s’y trouvent développés, la veille stratégique, le soutien à la compétitivité des entreprises, l’enjeu présenté par des transferts accrus des établissements ou des organismes de recherche publique vers le secteur productif et des services, comme la sécurité économique trouvent leur place naturellement dans une région qui n’échappe pas aux difficultés du moment et à des évolutions plus de fond.

Le service du développement économique régional, sous l’impulsion du chef du pôle 3E et de son chef de service, œuvre à améliorer la compétitivité de nos PME/PMI et à structurer les filières qui ont besoin de notre expertise et de notre accompagnement.

Au-delà de la panoplie classique des modalités d’intervention dont dispose ce service, nous avons voulu nous doter d’un secteur en charge des mutations économiques et des restructurations, sans omettre les incidences en matière de gestion des compétences et des emplois.

Enfin, l’intelligence économique trouvera un levier particulier au sein de la DiRECCTE par le biais du plan régional de veille stratégique et de la plate-forme collaborative e-veil qui permettra concrètement de le mettre en œuvre. Nous devons trouver là un outil de mise en cohérence et en perspective de notre action, car si l’heure est malheureusement davantage au curatif, nous n’oublions pas pour autant l’anticipation, porteuse de la croissance de demain.

Y a-t-il selon vous, en région Haute-Normandie, des objectifs particuliers qui méritent d’être poursuivis dans le domaine ou sous couleurs d’intelligence économique ?

Si l’on veut mettre l’accent, en parlant d’intelligence économique, comme je l’évoquais il y a un instant sous un jour prospectif, je mettrai d’abord en avant le secteur de la logistique. Celui-ci est à lier grandement à des réalisations et à des projets que nous devons considérer comme structurants pour le territoire et le devenir de cette région.

Le sort de la logistique normande est intimement lié au projet de l’Axe Seine et du Grand Paris de même que ce secteur tire profit des réalisations havraises au titre de Port 2000. Nous avons dans ce domaine, au Havre notamment, des lieux de formation et des compétences avérées.

D’autres secteurs sont également très prometteurs, l’aéronautique notamment, dont la filière s’est structurée sous le nom de NAE (Normandie AeroEspace) autour de grands acteurs. Cette filière est à l’origine de la création d’un nouveau centre de formation supérieure afin de couvrir ses propres besoins en compétences.

Enfin, sans que ceci soit exhaustif, une filière comme celle de l’automobile nécessite de notre part une veille toute particulière en raison de l’emploi qu’elle représente en région et de la présence de pôle d’excellence et du pôle de compétitivité MOV’EO, à vocation mondiale.

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� L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE A LA DRFIP

ENTRETIEN AVEC MICHEL LE CLAINCHE

DIRECTEUR REGIONAL DES

FINANCES PUBLIQUES

Quel est exactement le rôle de la DRFIP en matière de veille économique ?

La DRFiP a hérité du rôle exercé traditionnellement par les trésoreries générales en matière économique, notamment à travers l’animation des CODEFI et des CCSF. Mais la fusion des services du trésor public et des impôts, effective à Rouen depuis décembre 2009, a élargi le champ de connaissances et d’intervention de cette administration : la gestion de la fiscalité des entreprises, le soutien aux entreprises en difficulté et le rôle du conseil du préfet en matière économique et financière entrent en synergie pour améliorer qualitativement la fonction de veille qui est un des éléments constitutifs d’une démarche d’intelligence économique. Ainsi une cellule de veille économique a été mise en place par la Division de l’expertise et de l’action économique (DEAE). Elle s’appuie sur le réseau des services d’imposition des entreprises qui suivent de près l’assiette et les encaissements de taxe sur la valeur ajoutée et de contribution économique territoriale des entreprises, et sur le réseau des trésoreries qui ont une bonne connaissance des entreprises soumissionnaires des marchés des collectivités territoriales. Cette position peut permettre, avec l’importante limite du secret fiscal, d’alerter très en amont sur les difficultés d’un secteur (exemple les sous-traitants de l’automobile), ou d’une zone économique (exemple, les prestataires du service d’une usine en liquidation). D’un point de vue plus global, la ²DEAE a mis au point un suivi de la conjoncture à partir des déclarations de taxe sur la valeur ajoutée : quinze jours après la fin du mois, ce service met à la disposition des décideurs des tableaux indiquant l’évolution des chiffres d’affaires, des achats, des investissements et des exportations par secteurs d’activité. Ces données, croisées avec le résultat du recouvrement des autres impôts, ceux des enquêtes de la Banque de France auprès des chefs d’entreprises, les informations de l’URSSAF et celles de la Direccte permettent au DRFiP de fournir une analyse mensuelle de conjoncture au Comité de l’action régionale (CAR) et aux commissions départementales de suivi de l’économie.

Quels sont de votre point de vue les forces et les faiblesses de l’économie en Haute-Normandie ?

Le tissu des entreprises de Haute-Normandie est très diversifié, ce qui est un atout. Les filières s’organisent de mieux en mieux (automobile, logistique, énergie, aéronautique ...) et se tournent résolument vers l’avenir (mobilité « verte », transports fluviaux, moteurs hybrides, éolien maritime...). Les ports et les pôles de compétitivité (Moveo et Novalog) et de nombreuses grappes d’entreprises constituent de bons points d’appui. Une part non négligeable est cependant liée à des secteurs traditionnels (raffinage, automobile) qui restent importants mais qui doivent encore accomplir des mutations importantes. La région souffre également encore de l’éloignement des centres de décision, d’une qualification insuffisante et d’une fuite de sa jeunesse. Cependant, la réflexion sur l’Axe Seine commence à porter ses fruits et devrait donner une nouvelle impulsion pour faire émerger des projets de développement à l’échelle de la grande région normande et, mieux encore, à l’échelle européenne comme peut le préfigurer le groupement des ports Haropa (le Havre, Rouen, Paris). Ces atouts devraient permettre de passer le cap d’une conjoncture particulièrement difficile marquée par la stabilisation des chiffres d’affaires depuis plusieurs mois et par une perte d’emplois importante.

Quel est le rôle de la DRFIP en matière de soutien aux entreprises en difficultés ?

Le rôle traditionnel de soutien aux entreprises en difficultés est assuré dans le cadre des différentes instances : CODEFI, CCSF, commissions de suivi de l’économie. Depuis le début de la crise financière en 2008, la DEAE est insérée dans un réseau d’acteurs très efficace qui comprend outre la Préfecture et la Direccte, les parquets (qui sont membres du CODEFI), la Banque de France et la médiation du crédit, OSEO, la Région (qui consulte la DEAE sur les aides qu’elle accorde aux entreprises), le Conseil général ... Le fonctionnement de ce réseau est renforcé par la création récente du Commissaire au redressement productif qui personnifie l’action de l’Etat, ce qui lui donne une fonction de communication, d’alerte et de coordination qu’il accomplit avec beaucoup d’efficacité. Le fait qu’il soit issu, en Haute-Normandie, de la DRFiP où il était responsable de la DEAE, facilite les rapports. La division participe activement à la cellule régionale de veille et d’alerte précoce qui se réunit tous les quinze jours et la commission des chefs de services financiers et des organismes de sécurité sociale (CCSF), pour ce qui relève de sa compétence, complète son action auprès des autres partenaires. Les fonctions sont très complémentaires d’autres missions économiques de la DRFIP telles que l’assistance du Préfet en matière de tutelle financière des chambres consulaires ou la coopération étroite et constante qu’elle entretient avec la Banque de France et la Caisse des dépôts.

Quel est le rôle de la DRFIP en matière de sécurité économique ?

Il faut tout d’abord rappeler qu’en cas de crise, le directeur régional des finances publiques doit, d’une part, contribuer à la gestion de la crise pour assurer la continuité économique et sociale de la région en exerçant un rôle de conseil auprès du préfet dans son domaine de compétences et d’autre part, assurer la continuité de ses propres services.

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� L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE A LA DRFIP

A ce titre, il a été demandé à chaque département d’élaborer un Plan de Continuité de l’Activité en l’adaptant aux configurations locales afin de le rendre le plus opérationnel possible. En lien avec la Direction Départementale du Territoire et de la Mer, il a été possible d’identifier le risque inondation pour la plupart des sites placés en Seine-Maritime. Ainsi sur les 65 implantations de la DRFiP, à ce jour, six sites ont été identifiés en zone inondable par la DDTM. De même, la prise en compte du risque nucléaire et industriel a permis d’identifier les sites situés dans des zones à risque (32 en zone « Seveso » et 3 en zone « nucléaire »). Des sites de repli seront déterminés d’ici peu afin d’assurer, en cas d’accident majeur, la protection des agents et la continuité des missions de la DRFiP. De plus, chaque année des exercices de crise sont organisés par la préfecture associant les différents acteurs parmi lesquels figure la DRFiP : en 2010, exercice de crise autour de la centrale nucléaire de Penly et en 2011 autour de la centrale nucléaire de Paluel. Plus généralement, la correspondante pour la sécurité économique qui est membre de la DEAE participe pour ce qui la concerne aux réflexions et actions en matière d’intelligence économique impulsées par le chargé de mission régionale à l’intelligence économique, d’ailleurs lui aussi, issu de cette division.

� UNE DOUANE PERFORMANTE POUR FAVORISER LA COMPETITIVITE DES ENTREPRISES

GERARD CANAL

DIRECTEUR INTERREGIONAL

DES DOUANES ET DES DROITS

INDIRECTS

- Une administration de régulation entre facilitations et sécurisation des échanges.

La mission de régulation des échanges internationaux se concrétise à la fois par un soutien apporté aux entreprises pour favoriser leur compétitivité à l'international, une sécurisation de leurs opérations, une lutte sans relâche contre la fraude et le crime organisé.

Dans la région Haute-Normandie, les directions régionales des douanes de Rouen et du Havre participent activement à cette action. Elles s'attachent à concevoir des procédures visant à simplifier les formalités liées aux opérations douanières, notamment sur les plates-formes portuaires.

C'est ainsi que pour les deux grands ports maritimes normands du Havre et de Rouen, plusieurs axes de travail ont été engagés portant notamment sur la dématérialisation des procédures et l'harmonisation des pratiques.

Aujourd'hui, les opérateurs réalisent le dédouanement de leurs marchandises de manière totalement informatisée grâce à l'application Delt@, accessible 24h/24 et 7 jours/7. Le temps moyen de dédouanement est désormais de moins de 6 minutes sur les deux places portuaires, participant ainsi à l'amélioration du temps de passage de la marchandise et à sa libération.

En outre, des simplifications visant à mieux organiser les échanges de conteneurs par voie fluviale sur l'axe Seine, ont été mises en œuvre tant à l'importation qu'à l'exportation, entre Le Havre, Rouen, et les ports franciliens, afin de fluidifier le pré et post acheminement des marchandises.

Elles s'articulent sur la base d'une véritable association des communautés portuaires havraise et rouennaise, concrétisée par un rapprochement technique très poussé au sein du "Cargo Community System AP+", système informatisé de gestion commune du frêt, utilisé sur ces deux ports. Ces procédures simplifiées permettent d'assurer une traçabilité et un suivi en temps réel des mouvements de marchandises.

- Une administration à vocation internationale.

La connaissance des acteurs du commerce international, le recours à l'audit et l'établissement de partenariats, permettent d'apporter un soutien sur mesure aux entreprises tout en distinguant les opérateurs fiables des opérateurs à risque. Les services douaniers accompagnent ainsi les entreprises normandes à l'international dans le cadre d'une démarche de conseil personnalisée.

A ce titre, les avantages douaniers et concurrentiels du statut d'opérateur économique agréé (OEA) leur sont présentés. Plus d'une centaine d'entreprises ont d'ores et déjà obtenu ce statut en Haute-Normandie. Cette certification leur permet d'acquérir un label de confiance concernant les processus douaniers et de sécurité / sûreté qu'elles mettent en œuvre, garantissant une maîtrise de leurs risques et permettant la mise en œuvre de facilitations ainsi que des contrôles adaptés en fonction d'un ciblage pertinent des flux de marchandises.

Le statut d'OEA délivré après audit au sein de l'entreprise par la douane française est reconnu par tous les pays de l'Union Européenne et par les pays signataires d'accords de reconnaissance mutuelle (Japon, États-Unis, Suisse, Norvège…). Ces accords permettent donc une fluidification des opérations douanières dans les pays de destination pour les opérateurs qui ont investi dans la sécurisation de leur chaîne d'approvisionnement internationale.

Service, Simplicité, Sécurité : tels sont les engagements pris par la douane en faveur notamment des opérateurs économiques accrédités.

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� LA DEMARCHE IE A LA SOCIETE JACQUES DUBOIS

ENTRETIEN AVEC NICOLAS VOIRIOT

DIRECTEUR GENERAL DE LA

SOCIETE JACQUES DUBOIS

M. Voiriot, vous êtes Directeur Général de la société Jacques DUBOIS, implantée à Barentin en Seine-Maritime. Pourriez-vous nous présenter cette société ? Jacques DUBOIS est une PMI familiale, créée en 1937, dont les dirigeants sont restés jusqu’à ce jour les principaux actionnaires. Son cœur de métier, son métier historique, est le tricot métallique. Avec une quarantaine de collaborateurs, elle produit des pièces composites et des produits spécifiques de haute technologie pour une clientèle dans les domaines de l’aéronautique, du spatial, de la défense, des télécoms et de l’automobile. Notre activité va de la protection et du blindage électromagnétiques, des kits électriques en basse et moyenne tension jusqu’aux dispositifs anti-intrusion en passant par les jonctions d’échappement pour l’automobile. Nous développons des produits spécifiques, à la demande de nos clients, pour résoudre des problèmes complexes, notamment pour l’aéronautique.

Comment êtes-vous venu, personnellement, à l’IE ?

J’ai tenu différentes responsabilités dans différents secteurs de l’industrie, y compris à l’étranger, aux USA notamment. Tout acteur économique, tout industriel a conscience du monde qui l’entoure et de ce que les mots concurrence et compétitivité veulent dire. Il y a pour moi une nécessité à faire tout ce que l’on peut pour protéger le savoir-faire et le capital intellectuel de l’entreprise. Mais avoir conscience de cela et agir, ou en prendre le temps et en avoir les moyens, sont deux choses différentes.

Venons-en à la société Jacques DUBOIS et à l’IE !

L’IE faisait bien sûr partie de mes préoccupations, mais le manque de ressources en interne constituait un véritable obstacle. Non seulement pour les motifs que j’évoquais précédemment mais aussi pour mettre en place une détection un peu structurée de nouvelles opportunités de croissance dans un contexte global. La rencontre avec Florian Brémaud, Conseiller Intelligence Economique de la Chambre de Commerce et d'Industrie régionale, a été déterminante.

Voulez-vous souligner par là le besoin réel des dirigeants de PME/PMI à être accompagnés, mais à l’être de façon efficace ? D’entrée de jeu, j’ai posé mes conditions. Les PME ont effectivement besoin de rompre leur isolement, mais elles ont plus encore besoin de pouvoir s’appuyer sur des compétences externes, sous réserve d’efficacité dans les démarches préconisées, de propositions d’actions concrètes et de résultats ! Dans le cas qui nous concerne, mes premières réserves ont été vite levées par ce qui a été proposé en allant au-delà de l’identification des points faibles et des difficultés soulignées dans le diagnostic. L’intérêt de l’action collective à laquelle nous avons participé tient aussi au fait que nous avons bénéficié de solutions « sur mesures » avec la capacité de nous fournir les contacts qui vont bien à la clé.

Sans entrer dans les détails, quelles actions ou quelles mesures concrètes avez-vous prises ? Effectivement, notre culture de la discrétion ne me permet pas de vous répondre en détails ! J’ai commencé à vous dire précédemment que notre force tient à notre savoir-faire technique, industriel, à la qualité de nos collaborateurs et à notre bonne utilisation de l’outil plus qu’à notre capacité de production. Nous avons logiquement commencé à protéger ce savoir-faire, les connaissances, tout en restant discrets sur ce que nous faisons et sur le « comment » nous le réalisons. Nous avons remplacé en totalité le système informatique qui présentait trop de vulnérabilités, et nous avons organisé des campagnes de sensibilisation de nos salariés. Et, bien sûr, nous sommes encore plus à l’écoute de ce qui se passe et se fait à l’extérieur avec une sensibilité accrue et plus de volontarisme dans la recherche de l’information mais aussi de sa restitution. Il est même très vraisemblable que tout ceci va influer plus qu’avant sur les choix de nos investissements, notamment ceux qui visent à accroître notre savoir-faire.

Il semble, à travers les propos que vous nous avez tenus, que vous avez une satisfaction certaine à avoir suivi cette démarche ? Nous avions bien sûr mis en œuvre quelques actions que nous jugions prioritaires parce qu’elles nous permettaient une réaction rapide. Il nous reste encore beaucoup de chemin à parcourir et des actions à mener qui sont atteignables à moins court terme. L’essentiel est que nous avons pris conscience grâce à cette action de l’urgence à agir, des points de vulnérabilité, de certaines critiques pour notre business, et de choix à opérer que nous ne pouvions plus différer. En fin de compte, nous serions devenus plus vulnérables si nous n’avions rien fait ou remis ceci à plus tard, en dépit de la difficulté à influer sur les comportements. Je ne peux qu’encourager les PME à faire cette démarche telle que l’a conduite la CCIR de Haute-Normandie.

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� LA CCI DE REGION HAUTE-NORMANDIE SOUTIEN DE L’ETAT EN MATIERE D’INTELLIGENCE ECONOMIQUE

ENTRETIEN AVEC JEAN PIERRE DESORMEAUX

Photo : Jacques-Olivier GASLY

PRESIDENT DE LA CCI DE REGION HAUTE-NORMANDIE

Monsieur Jean Pierre DESORMEAUX, pouvez-vous nous présenter le dispositif de votre institution en matière d’Intelligence Économique Entreprises ?

Dans le cadre de la politique publique d’Intelligence Économique initiée depuis 2003 avec la nomination d’un Haut Responsable chargé de l’Intelligence Économique, les Chambres de Commerce et d'Industrie interviennent en soutien de l’État. En effet, de par leur maillage territorial, elles constituent un relais essentiel tant au niveau de la sensibilisation, que de l’accompagnement ou de la diffusion du message auprès des entreprises situées en région. Le réseau des chambres de commerce et d’industrie de Haute-Normandie a fait de l’Intelligence Économique l’une de ses thématiques d’actions prioritaires depuis 2007. Dans le cadre de la présente mandature, ce choix stratégique a été matérialisé par l’adoption, le 21 juin 2012, d’un Schéma Sectoriel Innovation et Intelligence Économique Entreprises dédié à la sensibilisation et à l’accompagnement des entreprises en matière d’Intelligence Économique. Les initiatives actuelles des chambres de commerce et d’industrie de Haute-Normandie s’articulent essentiellement autour de trois opérations : • Une action opérationnelle à destination des entreprises régionales (269 entreprises accompagnées depuis 2007) ; • La création et l’animation d’un club régional des bonnes pratiques en partenariat avec la Gendarmerie Nationale ; • La participation au Comité Régional d’Intelligence Économique piloté par la Préfecture de Région Haute-Normandie.

Comment abordez-vous concrètement cette thématique avec les entreprises de votre région ?

Premièrement nous proposons un accompagnement individuel à nos entreprises dans le cadre d’un pré-diagnostic qui aborde aussi bien les aspects offensifs que défensifs de l’Intelligence Économique. Une première phase permet à l’entreprise d’évaluer son degré de maîtrise de l’information grâce à la remise d’un rapport de préconisations personnalisées définissant les principales marges de progrès. Une deuxième phase de suivi (optionnelle) permet à l’entreprise d’être mise en relation avec un expert afin de concrétiser ses priorités d’actions (coût de 1500 € HT pour l’entreprise grâce au cofinancement DIRECCTE & FEDER). Deuxièmement nous proposons un échange collectif aux entreprises dans le cadre du club des bonnes pratiques en Intelligence Économique. Conjointement organisé par la Gendarmerie Nationale et la CCI de Région Haute-Normandie, cet outil permet aux chefs d’entreprises d’échanger entre eux et avec des experts (DCRI, experts, institutionnels) sur des problématiques et des cas concrets relatifs à l’Intelligence Économique en entreprise.

Pouvez-vous nous expliquer comment vos services travaillent en réseau pour faire gagner en compétitivité les PME de votre territoire ?

Nous partons du principe que l’Intelligence Économique constitue un préalable pour favoriser l’Innovation, le développement à l’international et le travail en réseau de nos entreprises.

C’est pourquoi nos conseillers Intelligence Économique et Innovation travaillent au sein d’un même service - Service Réseaux, Innovation et Intelligence Économique.

Les liens sont également très étroits avec notre service spécialisé dans le développement des entreprises à l’export - CCI INTERNATIONAL NORMANDIE®.

Les chefs d’entreprises peuvent être également accompagnés par le Pôle Normand des Echanges Electroniques®. Ce service des CCI de Haute-Normandie spécialisé dans les nouvelles technologies de l'information et de la communication permet aux entreprises de mieux appréhender les nouvelles technologies et ainsi gagner en compétitivité. Pour mieux collaborer et échanger, la CCI de Région met également à disposition des acteurs économiques le site web MEREZO NORMANDIE® permettant à ces structures de travailler en mode collaboratif.

Nous portons également une attention toute particulière aux entreprises membres des filières et des pôles de compétitivité car elles sont au cœur des futurs enjeux de développements (recherche, innovation...).

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� L’INTELLIGENCE ÉCONOMIQUE A LA CCI DE REGION HAUTE-NORMANDIE

La CCI de Région Haute-Normandie s’est également engagée dans une démarche d’Intelligence Économique Territoriale. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Depuis 2008, le réseau des CCI de Haute-Normandie s’est engagé dans une démarche d’Intelligence Économique Territoriale sous le pilotage du Pôle Etudes et Aménagement Territorial. L’objectif affiché pour notre institution est de produire de l’information économique pertinente et stratégique aux acteurs économiques locaux et régionaux, pour les guider dans leur prise de décision et le pilotage de leur stratégie de développement.

Afin de répondre à cet objectif, nous avons déployé plusieurs outils qui sont à l’heure actuelle parfaitement opérationnels :

• Un Système d’Information Économique qui constitue un outil d’aide à la décision pour les acteurs du développement économique (entreprises, institutionnels, filières et fédérations professionnelles, élus…). • Des observatoires socio-économiques régionaux (export, TIC…) pour répondre aux besoins en information des services opérationnels du réseau des CCI de Haute-Normandie

� ORECO®, l'Observatoire Régional de la Compétitivité ;

� OREFI®, l'Observatoire Régional des Filières ;

� OREXPORT®, l'Observatoire Régional de l'Export.

• Le Panorama économique 2012 : « La Normandie en chiffres et en cartes »

Que ce soit pour un territoire, ou pour une entreprise, la maîtrise de l'information devient un élément de compétitivité nécessaire dans un environnement en constante mutation. C’est pourquoi le réseau des CCI de Haute-Normandie s’attache à faire passer les bons messages et à mettre en œuvre des outils opérationnels pour maximiser le développement des entreprises et des territoires.

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� INFLUENCE

COMMUNICATION & INFLUENCE

ENTRETIEN AVEC BRUNO RACOUCHOT

DIRECTEUR DE LA LETTRE

MENSUELLE COMMUNICATION & INFLUENCE www.communicationetinfluence.fr ET DE LA SOCIETE COMES

COMMUNICATION www.comes-communication.com

PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE GERARD

En novembre, vous avez ouvert le site www.communicationetinfluence.fr ? Quelle est son utilité pour les entreprises ?

D'une part, les sensibiliser aux enjeux du « smart power », et d'autre part, les encourager à engager concrètement des stratégies d'influence dans la guerre économique. Une communication d'influence bien menée soutient et amplifie la stratégie définie par la direction. Elle lui permet de manœuvrer au mieux au sein de son écosystème, souvent complexe et mouvant, afin d'optimiser ses objectifs. L'influence doit être appréhendée simultanément de manière théorique et pratique. Notre Lettre mensuelle Communication & Influence, lancée en juillet 2008, favorise la réflexion sur la durée, loin des modes et du prêt-à-penser. Elle est une plate-forme de réflexion, d'informations et d'échanges, qui recueille les témoignages des décideurs du public comme du privé, des hauts fonctionnaires et des chercheurs, des experts civils et militaires, français ou étrangers. Leurs contributions ouvrent des perspectives nouvelles, à la confluence de la communication classique et de l'intelligence économique. Le site lancé en novembre 2012 a déjà une solide assise puisqu'il intègre la collection complète de la Lettre. Tous les thèmes et les auteurs - dont beaucoup de noms prestigieux - sont répertoriés (le SCIE y a été à l'honneur en janvier 2012). Une rubrique Actualités permet également de signaler au jour le jour les sujets et les sources dignes d'intérêt.

Et pour la partie concrète portant précisément sur les actions d'influence au quotidien ?

Nous avons commencé très tôt, en créant Comes communication dès 1999. A cette époque, peu de gens en France exploraient la sphère de l'influence. C'est Alain Juillet, ancien Haut Responsable à l’Intelligence Economique, qui, le premier, nous a encouragé à travailler sur cet axe. Pionniers, nous avons mis au point une méthode visant à engager ces stratégies de communication d'influence, au profit d'entreprises, de collectivités territoriales, d'ONG, de grandes écoles, fédérations, fondations ou think tanks... Implantée à Paris, Toronto, São Paulo et bientôt Rabat, Comes communication œuvre dans le domaine des « public affairs », proposant des stratégies et des vecteurs de communication d'influence aux organisations publiques et privées, pour optimiser leur identité et les accompagner dans leur positionnement stratégique.

Comment s'articulent les rapports entre communication et influence ?

Dans ce cadre des communications indirectes et transverses, on ne parle ouvertement ni du cœur de métier ni des produits ou services. L'entreprise se positionne au-delà de son savoir-faire, afin d'attirer l'attention de ceux qui "font l'opinion" (leaders d'opinion et parties prenantes). Comment ? Par des messages récurrents, établissant en permanence un lien entre son identité, les valeurs qu'elle affiche, et les questions d'actualité qui valident son positionnement. Elle développe ainsi un discours cohérent, porteur de sens. Apparaissant progressivement comme une structure proactive et responsable, elle devient de facto un interlocuteur privilégié pour ceux qui l'observent. Ainsi, elle s'impose peu à peu comme LA source de référence dans sa sphère d'activité et sur son marché. Grâce à sa forte identité, elle peut rayonner en douceur et favorablement en direction de ceux qui l'observent, la jaugent et souvent la jugent. Les Anglo-saxons assimilent d'ailleurs l'influence à du « high and branding », du branding haut de gamme, fondé sur l'adhésion à des valeurs.

Concrètement, quels sont les retours sur investissement d'une stratégie d'influence ?

Il faut d'abord que l'entreprise ait une stratégie clairement définie et assumée. Sur le plan communicationnel, les vecteurs d'influence vont ainsi lui permettre de : • Se montrer proactive (à la différence de ses concurrents, elle observe les réalités du monde bien au-delà de sa seule expertise technique), • Inspirer la confiance (face à la crise, elle veille pour optimiser sa démarche stratégique), • Susciter l'intérêt (elle préempte des champs nouveaux de communication, ce qui intéresse les relais d'opinion, en particulier la presse), • Renforcer son identité, afficher les valeurs "maison", (donc se différencier des concurrents), • Conforter sa notoriété (sa stratégie réaliste s'inscrit sur le long terme, prenant en compte les nouveaux enjeux du business et du management). • D'autres retours sur investissement peuvent être observés : • Sur le plan commercial (entretenir le lien permanent avec les clients), • Sur le plan des ressources humaines (attirer et fidéliser les talents, conforter l'adhésion à la culture d'entreprise).

Enfin, sur le plan financier, la démarche vise également ceux qui font l'évaluation de l'entreprise. Car ils se fondent non seulement sur les bilans, mais aussi en grande partie sur les analyses produites par les relais d'opinion. Une communication d'influence permet d'optimiser le Goodwill, le capital immatériel de l'entreprise, (particulièrement sensible lors d'un transfert de propriété), en termes de potentiel de développement, d'ouverture d'esprit, de faculté d'adaptation, de rayonnement, d'intelligence, de culture, de qualité de recrutement, d'image...

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SUPPLEMENT Les cahiers de la Veille

VEILLEUR : UN METIER… DES COMPETENCES Dans un environnement fortement concurrentiel, toute organisation se doit d’anticiper les évolutions, d’où le rôle essentiel du veilleur dont le métier se situe au cœur de l’information. D’une manière générale, la pratique de la veille nécessite de détenir les qualités et les compétences requises pour la recherche de l’information pertinente.

UNE MISSION … Le veilleur fournit toutes informations utiles au décideur en vue de l’éclairer, de l’aider dans ses prises de décision et de l’alerter sur de potentiels changements de paradigme dans son environnement. Il conçoit, met en œuvre et fait évoluer le dispositif de veille afin de répondre au mieux aux demandes des utilisateurs

Le concept de veilleur regroupe différents métiers avec des appellations telles que chargé de veille, veilleur, analyste, chef de projet de veille etc.

Le veilleur dit « stratégique » mène des opérations de surveillance afin de détecter des tendances. Il s’agit pour lui d’identifier les grands enjeux et de les traduire en problématique informationnelle. Il est à l’affût de la bonne information en détectant aussi bien les opportunités que les risques.

NECESSITANT UNE DEMARCHE ADAPTEE … Dans ce contexte, le veilleur définit les objectifs de la veille en déterminant des axes qu’il concrétise dans un plan de veille, véritable cartographie des thématiques à surveiller. Cette phase en amont est essentielle car elle permet d’identifier quels sont les sujets à prioriser.

Le veilleur recense les ressources utiles, écrites ou orales, numériques externes (Internet, bases de données etc.) ou internes (Intranet, GED etc.).

Dans ce cadre, le veilleur peut être amené à créer, animer ou participer à des réseaux ou des communautés ciblées internes ou externes.

Il qualifie et sélectionne les sources numériques (flux RSS, page ou site Internet) avant de les paramétrer, d’appliquer des filtres et des équations de recherche dans un outil de veille qui assurera une collecte automatisée de l’information. Cette étape nécessite une bonne connaissance des outils de veille et de recherche de l’information. Le veilleur valide les informations pertinentes qu’il analyse, recoupe, met en perspective afin de les organiser pour en faciliter l’interprétation. Il pourra s’aider, dans cette opération, d’applications d’analyse graphique pour affiner ses choix, la compréhension des différentes méthodes d’analyse de l’information est alors un plus.

Des connaissances méthodologiques faciliteront la bonne exécution de certaines tâches telles que : � l’identification des producteurs d'informations de sources payantes et non payantes ; � l’évaluation de la fiabilité des sources ; � la détection d’informations au sein des réseaux ; � l’élaboration d’une stratégie de recherche avec la maîtrise des fonctions avancées des outils ; � la mise en œuvre d’outils d'analyse de données ; � la rédaction d’un cahier des charges fonctionnel ; � la coordination des moyens et des acteurs etc.

La diffusion de l’information est une étape primordiale. Les destinataires des résultats sont sélectionnés avec soin afin de transmettre l’information aux bonnes personnes au bon moment et par le moyen les plus adapté : portail de veille, bulletin d'alertes, lettre d’information, rapport d'étonnement etc.

Une connaissance des bonnes pratiques documentaires est souhaitable pour la création d’un plan de classement des résultats et sa mise à disposition sur un portail de veille adapté au besoin des utilisateurs. A ce stade de publication, il faut être particulièrement vigilant à la prise en compte des préoccupations en matière de droits de propriété intellectuelle.

Enfin, le veilleur doit savoir se remettre en question et instaurer un dialogue permanent avec le décideur afin de vérifier que l’information diffusée est utile. Des outils statistiques ou des enquêtes de satisfaction peuvent permettent de vérifier l’adéquation des résultats de la veille avec les besoins de l’utilisateur final.

AVEC UN VASTE PERIMETRE D’ACTIONS … Le métier de veilleur s’applique à un grand nombre de domaines : technologique, commercial, concurrentiel, économique, scientifique, juridique, règlementaire, veille image etc. La veille est dite « stratégique » dès lors que les analyses qui en découlent ont une importance vitale. Les analystes en charge de ce type de veille peuvent être des personnes confirmées capables d’intégrer leurs recherches dans un plan de développement stratégique. La dimension prospective est alors très importante.

À contrario, les veilleurs plus spécialisés peuvent être de jeunes professionnels à qui l’on confie des missions précises.

Les veilleurs peuvent également être acteurs comme dans le domaine des ressources humaines ou de la veille sanitaire etc. En définitive, il existe autant de type de veilles que de domaines « métier ».

UN POSITIONNEMENT CENTRAL … La place du veilleur est centrale pour capter et surtout pour diffuser l’information utile à chaque utilisateur en fonction de ses besoins et permettre ainsi une décision adaptée au problème en cours.

Compte tenu de la finalité stratégique de la veille, cette fonction s'exerce auprès des décideurs. Suivant son positionnement, le veilleur par son interactivité est moteur.

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SUPPLEMENT Les cahiers de la Veille

VEILLEUR : UN METIER… DES COMPETENCES (SUITE)

Il est au cœur des différents métiers et activités de l'organisation et tout comme l’ensemble des acteurs, soumis aux mêmes contraintes. Le veilleur doit appréhender les différentes façons de penser et de raisonner de ceux-ci.

C’est un accompagnateur qui va guider le décideur dans sa démarche d’analyse en lui apportant une aide à la recherche et à l’interprétation de l’information.

Dans certaines structures, il est parfois un simple technicien de la recherche d’informations mais détient néanmoins une position centrale en captant des signaux qu’il regroupe et exploite.

DES COMPETENCES SPECIFIQUES Pour réaliser ses différentes tâches, le veilleur doit être en mesure de développer des compétences de compréhension des besoins et présenter des facultés d’analyse et de synthèse.

Le veilleur doit connaître les problématiques de son périmètre d’activité, développer des expertises dans ses domaines cibles et acquérir des compétences méthodologiques adaptées au recueil, au traitement et à l’analyse de l’information, des capacités d’interprétation et de communication ainsi que des compétences relationnelles pour le travail en réseau. Il sait appréhender de manière efficace le Web et ses usages.

Dans la pratique, il définit et met en œuvre un plan de veille, exploite au mieux les différentes ressources numériques (bases de données, outils collaboratifs …) et documentaires, est apte à analyser, traiter l’information, à rédiger des documents d’aide à la décision et à créer, animer un réseau humain.

Le veilleur, placé au centre de deux processus de l’information : recherche et diffusion, détient des capacités d’adaptation pour maîtriser rapidement les nouveaux domaines et une grande réactivité pour répondre aux demandes. Il est à l’écoute, a le sens de la communication tout en étant discret en raison de la confidentialité de certaines informations traitées. Il est organisé, créatif et autonome. Polyvalent, il est capable de dialoguer avec des spécialistes. Il est force de proposition tout en restant en dehors du processus de décision.

De par ses fonctions, le veilleur est animé d’une curiosité intellectuelle naturelle l’incitant à creuser son sujet à la recherche de nouvelles pistes et de signaux faibles tout en conservant son esprit critique et une approche méthodique et rigoureuse. Il n’est pas directement dans l’opérationnel, mais son expérience professionnel dans ce domaine lui sera particulièrement utile.

Le veilleur, astucieux, utilise tout ce qui pourra lui faire gagner du temps pour le consacrer à donner de la valeur ajoutée à son produit.

Il est un producteur d’idées possédant un savoir-faire dans la recherche informationnelle et un savoir-être favorisant les communications et les échanges.

EN CONCLUSION Le statut qui est accordé au veilleur définit non seulement son rôle, mais aussi sa crédibilité et son influence.

Pour plus d’informations, une fiche « métier » de veilleur stratégique est accessible dans le répertoire des métiers ministériels actualisé en août 2011 en ligne, lien : http://www.economie.gouv.fr/files/repertoire-metiers-ministeriels.pdf La norme « Management de l’intelligence stratégique » FD X 50-052 de l’Afnor décrit, par ailleurs, le rôle des acteurs d’un système d'intelligence stratégique. Bercy (IGPDE) propose deux modules de formation à la Veille : « initiation à la veille » et « comment réaliser un plan de veille ». Par ailleurs, les veilleurs désignés leur direction/service, dans le cadre de la mise en œuvre de l’outil de veille « e-veil » déployé à Bercy, bénéficient d’une formation professionnelle spécifique à cet outil. Dominique Sabatté

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SUPPLEMENT Les cahiers de la Veille

EN BREF…

METHODOLOGIE Les outils numériques pour les chercheurs Cette page sensibilise les doctorants à l’usage des outils de veille numériques dans le cadre de leurs pratiques de recherche d’informations. Elle renvoie vers différents sites offrant des formations et des guides en ligne. Lien : http://cursus.edu/dossiers-articles/articles/18823/doctorat-2-0-les-outils-numeriques/

Anticiper et gérer les crises sur les médias sociaux L’ouvrage d’Antoine Dupin et de Ronan Boussicaud s’intéresse aux mécanismes communicationnels à travers les réseaux sociaux. A l’usage des entreprises, il comprend notamment des cas pratiques et des retours d’études. L’un des interviewés en assure la présentation sur son blog. Lien : http://intelligences-connectees.fr/2012/11/07/la-veille-en-entreprise-pour-faire-face-aux-crises/

Réussir son projet de veille

La veille, c’est quoi et pourquoi, le cycle de la veille, le lien entre veille et innovation, le rôle et les limites de la technologie sont autant de points abordés dans ce billet. Lien : http://espaceb.bibliomontreal.com/2012/10/24/comment-reussir-son-projet-de-veille/

Evaluer la crédibilité d’une ressource sur Internet

L’URFIST de Rennes vient d’actualiser ses supports de formation sur l’évaluation d’une source Web. Lien : http://www.sites.univ-rennes2.fr/urfist/ressources/evaluer-la-credibilite-dune-ressource-sur-internet

Rechercher dans les bases de données documentaires

Ce tutoriel vidéo de l’Infothèque HESGE (Haute Ecole de Gestion de Genève) donne un aperçu des méthodes de recherche dans les bases de données professionnelles payantes telles que Factiva, LexisNexis, ABI/Inform, Business Source Premier etc. Lien : http://www.hesge.ch/heg/infotheque/actualites/detail.asp?id=372

DU COTE DE GOOGLE Les nouvelles pages de résultats de Google

Les fonctionnalités de la précédente colonne d'outils de Google affichée sur la gauche sont maintenant regroupées dans différents menus moins visibles et moins explicites, c’est ce que note Béatrice Foenix-Riou dans cette présentation. Lien : http://blog.recherche-eveillee.com/2012/11/google-modifie-les-pages-de-resultats.html

Google Panda 22

Cette nouvelle modification de l'algorithme de recherche de Google impacte 0,4% des requêtes dans le monde. Google Panda 22 été lancé le 21 novembre dernier. Il vise à réduire la place des sites de faible qualité dans les résultats du moteur. Lien : http://www.abondance.com/actualites/20121202-12085-google-panda-22-lance-le-21-novembre-dernier.html

OUTILS GRATUITS Twitter, ressource informationnelle

Alors que le volume des conversations sur Twitter ne cesse de s’accroître, l’outil réduit ses fonctionnalités de gestion des informations utiles dans le cadre d’un usage de veille. Lien : http://caddereputation.over-blog.com/article-vers-la-fin-de-twitter-comme-ressource-informationnelle-110749988.html

Cinq applications mobiles pour la veille

L’outil, Tweetbot, de suivi Twitter assure la gestion multicomptes. Le service ergonomique Readability se synchronise avec les différents navigateurs. Evernote en compte premium assure la sauvegarde de ses contenus en mode Cloud. Reeder, doté d’une bonne ergonomie, se synchronise notamment avec Google Reader. Le service de veille sur l’actualité Zite détecte les affinités de lecture. Lien : http://www.demainlaveille.fr/2012/11/13/quelles-sont-vos-applications-mobiles-pour-la-veille/?utm_source=feedburner&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+DemainLaVeille+%28Demain+la+veille%29&utm_content=FeedBurner+user+view

Mention, un nouvel outil d’alerte sur mots clés

Cet outil permet d’être averti en temps réel de ce qu’il se dit sur un mot clé aussi bien sur les réseaux sociaux que sur les blogs. Lien : http://www.blogdumoderateur.com/interview-mention-la-veille-a-portee-de-tous/

RESSOURCES Books at JSTOR

JSTOR complète sa plateforme de revues en ligne avec plus de 15 000 ouvrages d’éditeurs universitaires ou scientifiques. Lien : http://about.jstor.org/news/new-chapter-begins-books-jstor-launches

Guide des sources d’information pour une étude de marché

La CCI de Rennes liste dans ce guide une série de ressources utiles pour appréhender une étude de marché. Lien : http://www.rennes.cci.fr/fr/creer/etude-marche/atelier-etude-marche.aspx

Wikipedia dopée avec Sémanticpédia et DBpédia

Lancé en 2011, le projet Sémanticpédia regroupe des chercheurs qui développent des programmes destinés à mieux exploiter les contenus produits sur Wikipédia. Lien : http://www.archimag.com/article/wikipedia-dop%C3%A9e-par-le-web-s%C3%A9mantique

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14 IE Bercy n°24 – Novembre 2012

Parution du Guide lorrain de l’intelligence économique Afin d’aider les entreprises dans leur démarche d’intelligence économique, cet ouvrage collectif des membres du CRIET lorrain propose des outils permettant de rechercher des données sur des marchés, de suivre ses clients, de se faire une idée de la stratégie de ses concurrents, d’anticiper les évolutions technologiques, de suivre l’élaboration d’une norme, d’identifier et de protéger ses vulnérabilités, son patrimoine technologique et son savoir-faire… autant d’enjeux qui sont au cœur de tout projet d’entreprise, quel que soit le domaine d’activité et indépendamment de la taille. Il est téléchargeable (PDF / 1.8 Mo), lien : http://www.lorraine.direccte.gouv.fr/IMG/pdf/DIRECCTE-Lorraine-_16_novembre_2012.pdf

� AGENDA IE

Rencontre GESICO

Henri DOU, Docteur d'Etat en Sciences Physiques et Chimiques, Ingénieur en pétrochimie, Directeur d'Atelis, l'atelier Intelligence Economique de l'ESCEM, a été un des pionniers de la Veille et de l'Intelligence Compétitive en France. Il se propose au cours de cette rencontre de nous livrer ses réflexions sur les PME-PMI françaises et le développement à l'International. Lieu : CCI du Mans et de la Sarthe, Maison de l'International Le 4 décembre, au Mans

Le défi français de l’Intelligence stratégique

Cette rencontre sera ouverte à l’Assemblée Nationale par Jean-Jacques Urvoas, Président de la Commission des Lois. Arnaud Montebourg, Ministre du Redressement productif introduira le programme de la journée sur la thématique de “l’Intelligence économique au service des entreprises françaises”. Jean-François Roubaud, Secrétaire général de la CGPME et Bertrand Warusfel, Professeur à l'Université Lille2, avocat au barreau de Paris lui succéderont autour de cette même thématique. “La nouvelle place de l’État et des territoires” fera l’objet des interventions suivantes d’Alain Rousset, Député, Président de l’Association des Régions de France, d’Alain Juillet, ancien Haut Responsable pour l’Intelligence Économique et de Jean-Louis Levet, Conseiller auprès du Commissaire général à l'investissement. Le troisième sujet de cette journée “La France à l’international » sera débattu par Philippe Clerc, conseiller en charge de la “Global Competitive Intelligence” à l’Assemblée des Chambres Françaises de Commerce et d’Industrie, Claude Revel, spécialiste d’intelligence stratégique internationale, auteur de La France : un pays sous influences ? Lieu : Assemblée Nationale, salle Colbert, 126, rue de l'Université Le 11 décembre, à Paris Lien : http://www.portail-ie.fr/agenda/details/93-Le%20défi%20français%20de%20l’Intelligence%20stratégique.html

Deuxième Comité Compétitivité Veille Influence

Piloté et animé par la DIRECCTE dans le cadre du Schéma Régional d’IE de la Région Centre, il coordonne les actions mises en œuvre dans la région en matière de promotion de la veille stratégique, entre autres par des actions de sensibilisation auprès des groupements d'entreprises (pôles de compétitivité, clusters, syndicats professionnels, agences des collectivités territoriales) et par des visites assurées par les chargés de mission « développement économique » de la DIRECCTE, le CRIE et les partenaires. Il se réunit 2 à 3 fois par an. Le 13 novembre, à Orléans

Usages émergents en matière de veille et de traitement avancé de l'information et des données

Cette première journée d'étude DIXIT 2012, organisée par le GFII en partenariat avec l'Ecole de Guerre Economique (EGE) sera consacrée aux usages émergents en matière de veille et de traitement avancé de l'information et des données. Les journées DIXIT (Données - Informations - eXpériences - Intelligence - Traitement) auront vocation à illustrer, sur une périodicité annuelle, les évolutions de l'offre et des usages sur le marché de l'information spécialisée à travers des retours d'expériences, des études de cas et des présentations de projets innovants portés par des éditeurs de solutions, membres du GFII Le 13 décembre, à Paris Lieu : Amphithéâtre Grenelle de l'EGE, groupe ESLSCA Business School, 171 rue de Grenelle Lien : http://www.gfii.fr/fr/evenement/dernieres-tendances-et-usages-de-la-veille-et-du-traitement-avance-de-l-information-et-des-donnees-le-jeudi-13-decembre-2012?symfony=dnc59g4o70oog1imbcqblen222

Page 15: IE Bercy n°24 (11/2012) : interview de Bruno Racouchot (page 10)

15 IE Bercy n°24 – Novembre 2012

Conception et réalisation SCIE – Département outils de veille et e-communication Abonnement par courriel [email protected]

Publication mensuelle du Service de Coordination à l’Intelligence Economique des ministères économiques et financiers. IE Bercy présente au fil des mois le dispositif national et régional d’intelligence économique. La publication aborde également des thématiques liées à l’influence ou à l’international. Enfin, IE Bercy comprend tous les deux mois un feuillet spécifique dédié à la veille. IE Bercy est une lettre interne aux ministères de Bercy et aux réseaux partenaires. Directeur de la publication Jean-Michel Jarry, Coordonnateur ministériel à l’intelligence économique par interim Rédaction du numéro Christian Munier Jean-Louis Tertian Dominique Gerard Claudine Mesnard Dominique Sabatté http://www.economie.gouv.fr/intelligence-economique/