IL ÉTAIT UNE FOIS LA GUERRE DE TROIE - Le … · IL ÉTAIT UNE FOIS LA GUERRE DE TROIE AVERTISSEMENT Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation

THÉÂTRE POUR JEUNES TROUPES

IL ÉTAIT UNE FOISLA GUERRE DE TROIE

petite mythologie pour 15 filles dégourdies

de

Agnès Echène

IL ÉTAIT UNE FOIS LA GUERRE DE TROIE

AVERTISSEMENT

Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation vous devez obtenir l’autorisation de l’auteur soit directement auprès de lui, soit auprès de l’organisme qui gère ses

droits (la SACD par exemple pour la France).Pour les textes des auteurs membres de la SACD, la SACD peut faire interdire la représentation le soir même si l'autorisation de jouer n'a pas été obtenue par la troupe. Le réseau national des

représentants de la SACD (et leurs homologues à l'étranger) veille au respect des droits des auteurs et vérifie que les autorisations

ont été obtenues, même a posteriori.

Lors de sa représentation la structure de représentation (théâtre, école, Centre de Loisirs, Ateliers-Théâtre, MJC, festival…) doit

s’acquitter des droits d’auteur et la troupe doit produire le justificatif d’autorisation de jouer.

Le non respect de ces règles entraine des sanctions (financières entre autres) pour la troupe et pour la structure de représentation.

Ceci n’est pas une recommandation, c’est une OBLIGATION, y compris pour les troupes amateurs, y compris pour les

représentations données gratuitement.

Merci de respecter les droits des auteurs afin que les troupes et le public puissent toujours profiter de nouveaux textes.

Agnès Echène [email protected]

2

mailto:[email protected]



petite mythologie pour 15 filles dégourdies

genre : comédie + ou - musicaledurée : 60 minutesnombre de comédiens : 15 filles/jeunes fillesdécors : ambiance mythologie grecque costumes : tuniques grecquesaccessoires : couronnes, casques, balles, épées ou sabres ou arcs, chaînes de captivesdistribution : modulable (on peut supprimer des scènes)public : tout public

on peut utiliser la musique d’Offenbach, avec quelques airs célèbres.

résumé de la pièce : La Guerre de Troie est déclarée. Les déesses ont décidé de la

mener à leur façon tandis que les femmes de la famille royale de Troie se retrouvent

face aux femmes et filles des grecs et que la Belle Hélène affronte la première épouse

de Pâris qui l’a enlevée. Elles voient ce qui se passe dans la plaine des combats et

connaissent les affres de la défaite avant les joies de la victoire. Heureusement les

Amazones viennent leur prêter main forte !

fond historique : Le prince troyen, Pâris a enlevé la belle Hélène, princesse grecque.

L’armée grecque attaque Troie pour la récupérer. Cette guerre dure 10 ans. Elle

s’achève par la victoire des grecs et l’incendie de la ville après la ruse de l’entrée du

Cheval de Troie. Les grecs retournent alors en Grèce, ramenant Hélène, et enlevant les

troyennes pour en faire des esclaves. Ulysse rentre chez lui et y retrouve Pénélope.


3



PERSONNAGES

JUNON : déesse du pouvoir, s’acharne contre les troyens – porte un diadème.

MINERVE : déesse de la guerre, soutient les grecs contre les troyens – porte un casque.

VÉNUS : déesse de l’amour , elle soutient les troyens contre les grecs – porte une magnifique ceinture, son emblème : la pomme (une balle)

IPHIGÉNIE : princesse grecque, fille d’Agamemnon, chef de l’armée grecque, aimée d'Achille

HÉLÈNE : princesse grecque, la plus belle femme du monde, épouse du guerrier grec Ménélas puis du prince troyen Pâris

ANDROMAQUE : princesse troyenne, épouse d’Hector, chef de l’armée de Troie

CASSANDRE : princesse troyenne, douée du pouvoir de prédire l’avenir, aimée d'Otrioné et de Mygdon

POLYXÈNE : princesse troyenne, amoureuse du guerrier grec, Achille

ENONE : bergère troyenne, épouse du prince Pâris

HÉCUBE : vieille reine de Troie, mère de Cassandre, Hector, Pâris et Polyxène – belle-mère d’Enone et Hélène

CHRYSÉIS : princesse troyenne, enlevée par le chef de l’armée grecque, Agamemnon

BRISÉIS : princesse troyenne, enlevée par le guerrier grec Achille

PÉNÉLOPE : épouse du guerrier grec Ulysse, mère de Télémaque

PENTHÉSILÉE : reine guerrière amazone, amoureuse du guerrier grec, Achille

HIPPOLYTÉ : princesse guerrière amazone, aimée du héros grec Hercule


4




SCÈNE 1 : JUNON , MINERVE, VÉNUS

elles entrent en discutant avec vivacité

JUNON Moi, Junon, déesse de la souveraineté, je lui promets le pouvoir ! et Pâris le boude !

MINERVEet moi, Minerve, déesse de la guerre, je lui promet la victoire et l’argent des pillages ! et bien non ! c’est pareil, Pâris le boude !

VÉNUSpas étonnant ! moi, Vénus, déesse de l’amour, je lui propose l’amour, et Pâris ne le boude pas ! comment résister ? ne trouvez-vous pas ça normal ? n’en auriez-vous pas fait autant ? qu’y a-t-il de plus beau, de plus fort, de plus grand sur terre, que l’amour !elle chantonne« On peut vivre sans la gloire qui ne prouve rienêtre inconnu dans l’histoireet s’en trouver bien …

JUNON L’amour, l’amour, toujours l’amour ! en fait, ma chère Vénus, tu biaises un peu quand même, ce n’est pas vraiment l’amour que tu lui as proposé !

MINERVEC’est vrai ! Junon a raison ! tu dis n’importe quoi,Vénus, tu es peut-être la déesse de l’amour, il n’y a pas de sot métier, mais …

VÉNUS tente de lui faire un croche-pied

VÉNUS chantonne, comme si de rien n’était« mais vivre sans amouron ne le pourrait pasnon non non nonon ne le pourrait pas ! »

MINERVETu es folle ou quoi ?

JUNON Oh ! Vénus, ça va pas la tête ?


5



VÉNUSmais vous m’énervez à la fin ! En fait vous êtes jalouses, voilà !

MINERVEjalouses ? et de quoi, s’il te plaît ?

JUNON oui, je me demande bien de quoi ! nous avons le pouvoir, puisque nous sommes déesses

MINERVEet la beauté, puisque nous sommes divines ! Que désirer de plus ?

VÉNUS, jouant avec sa ballemais la pomme, ce n’est pas à vous qu’il l’a lancée ! c’est à moi ! en chantantPâris m’a lancé la pomme, tra la la la lèreet c’est un fort beau jeune homme !tra la la la la !

MINERVE oui, il t’a lancé la pomme, et alors ? on sait très bien pourquoi ! tu lui as promis la plus belle femme du monde ! quel homme pourrait y résister ? tu l’as alléché, tu l’as … soudoyé !

JUNON c’est vrai … ce n’est pas l’amour que tu ne lui a promis, non pas du tout ! c’est une belle femme, il y a quand même une différence ! une belle voiture aurait peut-être fait aussi bien l’affaire ? et ce n’est pas parce qu’elle est belle

MINERVE, en apartéet encore ! il y en a qui la trouve … quelconque.

JUNON qu’elle va forcément aimer le premier … bellâtre … venu !

VÉNUSPâris ? un bellâtre ? mais, vous êtes folles, les filles, c’est … c’est … le plus beau garçon dont on puisse rêver ! le plus … le plus … (avec gourmandise) hum !

JUNON , faisant la moueah bon ? le plus beau ? tu as oublié Adonis ? Roméo ? Tristan ?

MINERVE, lui coupant la parole et riant sous capeet … il n’y a pas que les garçons dans la vie !

VÉNUS, avec méprisc’est bien ce que je disais, jalouses,vous êtes jalouses, et c’est tout !


6



MINERVEn’empêche que ta belle idée a déclenché une belle horreur !

JUNON et que le beau, le fort, le grand « amouououour » ça donne à l’arrivée, une belle, une forte, une grande guerre ! c’est quand même un comble !

IPHIGÉNIE entre en courrant

SCÈNE 2 : JUNON , MINERVE , VÉNUS, IPHIGÉNIE

IPHIGÉNIE au secours ! au secours ! aidez-moi ! sauvez-moi ! au secours !

JUNON , MINERVE, VÉNUSque se passe-t-il ? oh Iphigénie ! que fais-tu ici ?

IPHIGÉNIEils veulent me tuer ! c’est horrible ! sauvez-moi ! je ne veux pas mourir !

JUNON mais qui donc veut te tuer ? ma pauvre petite, ma douce enfant ! qui peut te vouloir du mal ?

IPHIGÉNIEcelui qui devrait m’aimer plus que tout être au monde, celui qui devrait me protéger, celui qui devrait être le premier à me secourir !

VÉNUSje parie que tu parles de ton père, ce vieux brigand, ce fripon d’Agamemnon !

MINERVEtu veux dire ce grand roi, ce vaillant chef de guerre !

JUNON , n’exagère rien, Minerve ! quand même !chantant avec ironie« le barbu qui s’avance, bu qui s’avance, bu qui s’avance c’est Agamemnon, Aga Agamemnon

JUNON & MINERVE« ce seul nom nous dispense, seul nous dispense, seul nous dispensed’en dire plus long, oui d’en dire plus long »

IPHIGÉNIE, tapant du piedJe suis en danger !et vous chantez !


7



LES 3 DÉESSES un peu penaudesoh ! pardon !

IPHIGÉNIE, hystériqueet vous savez pourquoi il veut ma mort ? pour plaire aux dieux !

LES 3 DÉESSES en apartéces vieilles canailles !

IPHIGÉNIE, pleurnichantme faire mourir ! oui, pour plaire aux dieuxpour que les vents soient favorables à la flotte pour que les bateaux puissent lever l’ancrepour qu’ils puissent quitter le portet voguer sur la haute mer !et tout ça pour quoi ? pour que les hommes puissent faire la guerre !

VÉNUSne t’inquiète pas ! on va trouver le moyen de le tromper, ce vieux grigou d’Agamemnon ! sur l’autel du sacrifice … allez ! ne te tracasse pas plus que ça ! Viens plutôt avec nous !

elles sortent toutes – on entend un cliquetis d’armes – puis PENTHÉSILÉE & HIPPOLYTÉ entrent

SCÈNE 3 : PENTHÉSILÉE, HIPPOLYTÉ

PENTHÉSILÉE moi, Penthésilée, reine des amazones et farouche guerrière, je déclare mon entrée dans la guerre ! avec ma valeureuse compagnie, nous défendons Troie, la belle et grande ville amie !

HIPPOLYTÉet moi, Hippolyté, grande guerrière amazone, je proclame mon soutien aux gens de Troie, à vous toutes mes amies, à vos parents, à vos enfants !

PENTHÉSILÉEnous venons d’Anatolie, pas loin d’ici, et nous sommes réputées pour notre bravoure et notre hardiesse au combat !

HIPPOLYTÉque les troyens et les troyennes se rassurent ! nous sommes les reines de la victoire !

PENTHÉSILÉE d’accord, c’est une guerre archi nulle ! mais puisque nos amies sont attaquées …


8



HIPPOLYTÉoui, se faire la guerre parce que deux amoureux se bécotent ! on ne peut pas imaginer une guerre plus nulle !

PENTHÉSILÉE elle a beau s’appeler la belle Hélène, ce n’est qu’une petite femme amoureuse comme les autres !

HIPPOLYTÉil a beau s’appeler Pâris ! ce n’est qu’un amoureux comme un autre !

PENTHÉSILÉE mais bon … puisque les grecs ont attaqué, unissons-nous pour les repousser ! HIPPOLYTÉen avant ! sus aux grecs !

elles sortent en combattant - CHRYSÉIS et BRISÉIS entrent en discutant

SCÈNE 4 : CHRYSÉIS , BRISÉIS

CHRYSÉISoh Briséis ! quel temps merveilleux ! il fait si beau ! et je me sens amoureuse !

BRISÉISamoureuse, toi, Chryséis ? et de qui ?

CHRYSÉISje ne sais pas, c’est une impression, comme ça, je suis amoureuse de la terre entière !

BRISÉISmoi c’est pareil, j’ai envie d’aimer tout le monde, et ça me rend tellement heureuse !

CHRYSÉIScomment tu les trouvais, les gars de tout à l’heure ?

BRISÉISles grecs ? Achille, Ajax, Patrocle, Diomède … ?

CHRYSÉISévidemment, je ne parle pas de ceux qui nettoient les rues de la ville de Troie ni de

BRISÉIStrop beaux ! des yeux à se noyer dedans, des bras musclés à se jeter dedans, des bouches …


9



CHRYSÉISbon arrête, de toute façon tout le monde les admire, tu penses, des stars de la guerre !

BRISÉISlequel tu préfères ?

CHRYSÉISeuh … Achille, comment il se tient sur son cheval, comment il hoche la tête avec son panache …

BRISÉISalors, ne rêve pas, il aime Polyxène, pas nous !

CHRYSÉISpourtant, il te regardait … avec des yeux …

BRISÉIStais-toi ! ce n’est pas vrai ! c’est Polyxène, pas moi !

CHRYSÉISde toute façon, ce sont des grecs, ils nous sont interdits ! tu ne vas pas tomber amoureuse d’un ennemi ! quand même !

BRISÉISje veux bien, moi, mais ça ne se commande pas !

CHRYSÉISmieux vaut se tenir tranquilles si on ne veut pas d’ennuis !

elles sortent tandis que POLYXÈNE & CASSANDRE entrentla déesse VÉNUS entre comme un ange gardien ou l’ombres d’un personnage, elle se place tantôt derrière POLYXÈNE tantôt derrière CASSANDRE, deux troyennes qu’elle protège.

SCÈNE 5 : POLYXÈNE, CASSANDRE (+ DÉESSE )

POLYXÈNEdis, Cassandre ! j’en ai assez de cette guerre !on ne peut plus rien faire, plus sortir, plus se baigner, plus s’amuser !

CASSANDREla guerre, ma petite Polyxène, ce n’est pas une partie de plaisir !


10



POLYXÈNEj’en ai assez de tout ! de ces coussins qu’il faut fabriquer … pour que les cavaliers n’aient pas trop mal aux fesses ! de ces genouillères qu’il faut coudre, pour que leur armure ne les blesse pas aux genoux ! et des

CASSANDREbon, ça t’ennuierait d’arrêter de râler ? ce n’est pas vraiment la peine d’en rajouter ! tout est si compliqué !

POLYXÈNEOh toi, la rabat-joie, ça va, ça va !

CASSANDRE, très théâtraletu ne vois pas le monde en train de mourir ? et notre pays bientôt saccagé par les armées des grecs ? et notre mort prochaine ? moi, sous le couteau de … et toi, sur

POLYXÈNE, en colèrearrête ! c’est horrible ce que tu dis ! je ne veux rien de tout ça ! et nous vivrons ! et nous aimerons !

CASSANDREtu ne peux rien contre la violence des hommes

POLYXÈNEtu me dis d’arrêter de râler, mais ce que tu dis est pire que tout ! alors, si nous n’y pouvons rien, eh bien à quoi bon se décarcasser pour les soldats ? ces coussins, ces genouillères …

CASSANDREil faut bien vivre, quand même, et souffrir le moins possible

POLYXÈNEquelle perspective ! c’est vraiment très excitant !

HÉLÈNE entre – protégée par JUNON

SCÈNE 6 : HÉLÈNE , POLYXÈNE , CASSANDRE (+ DÉESSES)

HÉLÈNEmais pourquoi m’a-t-il donc enlevée ? je ne comprends absolument rien à cette histoire.c’est vrai ! j’étais bien tranquille, à Sparte avec mon mari, Ménélas et voilà qu’un beau gars débarque, et c’est Pâris. Mais qu’avait-il donc besoin de venir chez nous ? il ne manquait quand même pas de filles, à Troie ? il n’était pas bien, ici ? chez vous ?

CASSANDRE on savait qu’il nous causerait des malheurs, alors mon père l’avait éloigné.


11



HÉLÈNE vraiment, quelle idée ridicule ! parce qu’en l’éloignant de chez vous, votre père l’a jeté dans mes bras !

POLYXÈNEvous n’allez pas dire qu’il ne vous plaisait pas !

HÉLÈNE bien sûr, je l’adore ! mais enfin, ce n’était pas une raison pour mettre la terre à feu et à sang !

CASSANDRE c’est vrai, et les grecs n’étaient pas obligés de se mettre en rage pour une histoire d’amour.

HÉLÈNE surtout que Pâris aurait pu rester à Sparte au lien de m’amener ici !

POLYXÈNEvous ne vous plaisez pas, ici ?

HÉLÈNE ce n’est pas le problème ! oui, je suis bien, ici, mais j’étais très bien chez moi ! et même mieux, parce que j’avais ma famille avec moi ! ici je suis quand même une pièce rapportée, ce n’est pas pareil !

CASSANDRE sûr que si Pâris était resté à Sparte, le monde ne connaîtrait pas tant de misères.

elles continuent de parler sans qu’on les entende - PÉNÉLOPE & IPHIGÉNIE entrent

SCENE 7 : PÉNÉLOPE , IPHIGÉNIE (+ DÉESSES)

PÉNÉLOPEalors ma petite Iphigénie, comment cela s’est-il passé ?

IPHIGÉNIEoh Pénélope ! vous n’êtes pas au courant ? c’est Vénus qui m’a aidée !

PÉNÉLOPEcomment ça ? tu devais mourir sur l’autel du sacrifice … pour que le vent se lève et que les bateaux puissent partir vers Troie … ton père Agamemnon devait te sacrifier aux dieux …

IPHIGÉNIEoui, ma mort était la condition de leur départ pour la guerre de Troie ! n’est-ce pas horrible ?


12



PÉNÉLOPEoui, horrible ! moi aussi j’ai souffert, mais je n’étais pas menacée de mort. C’est Ulysse, mon mari … ton père Agamemnon voulait absolument qu’il parte avec eux pour Troie, mais Ulysse ne voulait pas. Il n’aime pas la guerre !

IPHIGÉNIEil est parti quand même ?

PÉNÉLOPEhélas oui. Et je n’ai plus de nouvelles. Est-il mort ? est-il en vie ? je ne sais pas. Mais toi, alors, comment as-tu échappé à l’autel du sacrifice ?

IPHIGÉNIEc’est grâce à Vénus ! elle a mis sur l’autel, à ma place, une biche qui avait mon apparence ! le prêtre a cru que c’était moi ! il a égorgé la biche ! et le vent a soufflé, et les bateaux ont levé l’ancre ! et voilà comment la guerre a été déclarée à la belle ville de Troie !

PÉNÉLOPEcette guerre est interminable ! et autour de moi, les gens profitent de l’absence d’Ulysse pour me tourmenter ! ils disent qu’Ulysse est mort, qu’il ne reviendra jamais ! ils disent qu’il faut que je me remarie ! qu’il me faut épouser un prétendant.

IPHIGÉNIEet comment faites-vous pour les repousser ? ça doit être pénible !

PÉNÉLOPEc’est très désagréable ! je dois sans cesse me défendre d’eux. Le seul moyen que j’ai trouvé, c’est avec mon métier à tisser !

IPHIGÉNIEc’est un piège ? vous les emprisonnez dedans ?

PÉNÉLOPE, riantje n’y ai pas pensé ! non ! j’ai trouvé autre chose. J’ai promis à tous mes prétendants que je choisirai un mari quand j’aurai terminé la toile que je tisse.

IPHIGÉNIEet … quand vous l’aurez finie ?

PÉNÉLOPEje ne l’aurai jamais finie !

IPHIGÉNIEah bon ? et comment ferez-vous ?

PÉNÉLOPEje tisse le jour. Et la nuit, je défais ce que j’ai tissé le jour !


13



IPHIGÉNIEvous êtes habile, Pénélope ! mais ne s’en rendent-ils pas compte, les prétendants ?

PÉNÉLOPEils sont tellement occupés à se battre entre eux ! c’est eux qui auraient du partir faire la guerre !

IPHIGÉNIEet s’ils s’en rendent compte ?

PÉNÉLOPEc’est impossible : le tissage est si bien enroulé qu’ils n’en voient pas la dimension.

IPHIGÉNIEet si Ulysse ne revient pas ?

PÉNÉLOPEje tisserai jusqu’à ma mort.

IPHIGÉNIEvous l’aimez vraiment !

PÉNÉLOPEpeut-être … mais surtout, on dit que je suis un modèle de fidélité.

IPHIGÉNIEmoi, je ne marierai jamais ! je ne supporte pas ces histoires ! quand je vois mes parents, Agamemnon et Clytemnestre, ça me donne envie de fuir le mariage ! PÉNÉLOPEtu es bien jeune encore ! mais je parle, je parle ! et je dois tisser !à bientôt !

elles sortent - HÉCUBE entre – les 3 déesses sont derrières leurs protégées

SCÈNE 8 : HÉLÈNE , CASSANDRE, POLYXÈNE, HÉCUBE puis POLYXÈNE, HÉCUBE (+ DÉESSES)

HÉCUBEPolyxène, j’ai à te parler. Hélène, Cassandre, vous pouvez nous laisser seules un moment ?

elles sortent

HÉCUBE ma chère fille, j’ai quelque chose de grave à te dire

POLYXÈNEun malheur ?


14



HÉCUBE non. Il s’agit d’un grand guerrier grec

POLYXÈNEAgamemnon, ce vieux grigou ?

HÉCUBE non, un jeune guerrier, le plus vaillant parmi les grecs

POLYXÈNEAchille ?

HÉCUBE Tu le connais ?

POLYXÈNEj’étais tout à l’heure sur les remparts à me promener avec Chryséis et Briséis. Nous nous sommes arrêtées pour regarder en bas, dans la plaine, et il y avait là, un groupe de beaux soldats grecs en train de prendre l’air entre deux batailles. Ils nous ont fait des signes de la main, nous leur avons répondu.

HÉCUBE Et il y avait Achille ?

POLYXÈNEoui, et Patrocle, Ajax, Diomède … on a dit nos noms, eux aussi !

HÉCUBE il te plaît ?

POLYXÈNEje l’adore, il est si beau ! mais c’est un ennemi, et je sais que je n’ai pas le droit de l’aimer.

HÉCUBE au contraire ma fille, cet amour est peut-être notre chance ! la guerre peut s’arrêter grâce à lui !

POLYXÈNEcomment ça ?

HÉCUBE Achille est venu nous voir. Il a demandé ta main. Nous avons a exigé la paix en échange. Qu’ils rentrent chez eux, en Grèce, et laissent Hélène ici. Achille n’a pas dit non.

POLYXÈNE, sautant de joievraiment ? c’est possible ? nous pouvons nous aimer ?


15



BRISÉIS & CHRYSÉIS entrent

SCÈNE 9 : POLYXÈNE, HÉCUBE, BRISÉIS , CHRYSÉIS (+ DÉESSES)

BRISÉIS, à POLYXÈNEqui est-ce que tu vas épouser ?

POLYXÈNEAchille ! le beau guerrier !

CHRYSÉISAchille ? tu as le droit ?

BRISÉISmais … c’est un ennemi !

HÉCUBE vous ne pouvez pas comprendre ! ce mariage peut nous apporter la paix !

CHRYSÉISalors … la guerre sera finie ?

BRISÉISet nous pourrons de nouveau nous amuser ?

HÉCUBE allez-vous en ! j’ai à parler à Polyxène ! filez !

elles sortent

POLYXÈNEje vous rejoins sur les remparts !

HÉCUBE l’affaire n’est pas conclue, mais si tu es d’accord, c’est déjà une bonne chose !

POLYXÈNE, battant des mainsoh maman ! que je suis contente !

HÉCUBE si ce mariage pouvait vous rendre heureux ! et si cela pouvait faire cesser la guerre ! et nous faire vivre en paix ! pour toujours !

POLYXÈNEpour toujours !

HÉCUBE que dois-je dire à ton père ? que doit-on dire à Achille ?


16



POLYXÈNEque je l’aime !

elle se sauve en courant

HÉCUBE , en apartéc’est un peu simple, mais bon ! c’est la jeunesse !

ANDROMAQUE entre – VÉNUS les protège

SCÈNE 10 : HÉCUBE, ANDROMAQUE (+ VÉNUS)

ANDROMAQUEah ! belle-maman, vous voilà ! je suis effondrée !

HÉCUBE ma chère Andromaque ! Que se passe-t-il ? … ton mari ?

ANDROMAQUEnon, Astyanax, mon fils !

HÉCUBE eh bien ?

ANDROMAQUEil ne cesse de pleurer ! il a peur ! il a de la fièvre !

HÉCUBE qu’a-t-il donc ?

ANDROMAQUEil appelle sans cesse son père, mais bien sûr son père ne répond pas, puisqu’il se bat !

HÉCUBE il l’a vu hier soir, quand même ?

ANDROMAQUEoui, Hector est venu embrasser son fils ! oui ! mais Astyanax l’a tapé !

HÉCUBE il ne faut pas le quitter, retourne auprès de lui !

ANDROMAQUE sort - on entend la voix d’HÉLÈNE

HÉLÈNE Belle-maman ! belle-maman !


17



HÉLÈNE entre en courant

SCÈNE 11 : HÉCUBE, HÉLÈNE (+ DÉESSES)

HÉLÈNE ah ! vous voilà !

HÉCUBE qu’y a-t-il, ma fille ?

HÉLÈNE essouffléelà, en bas, dans la plaine …

HÉCUBE oui, quoi donc ?

HÉLÈNE ils … ils se battent

HÉCUBE hélas, je le sais bien ! ce n’est pas nouveau !

HÉLÈNE non, vous ne comprenez pas ! c’est … c’est …

HÉCUBE parle, ma fille, parle !

HÉLÈNE c’est mes maris ! ils se battent !

HÉCUBE que dis-tu ?

HÉLÈNE en combat singulier ! Pâris, Ménélas … tous les 2, tout seuls au milieu de la plaine ! entre les 2 armées ! face à face

HÉCUBE enfin un peu de sagesse ! c’est normal qu’ils soient seuls à s’affronter puisque la guerre vient de leur dispute !

HÉLÈNE vous avez raison, belle-maman, mais quand même ! ça me fait de la peine !

HÉCUBE espèce de sotte ! tu aurais pu y penser plus tôt !


18



HÉLÈNE pleurnichantmais je n’ai rien fait, moi ! j’étais juste amoureuse !

HÉCUBE allez, va dans ta chambre ! et arrête tes jérémiades !

ENONE entre – les déesses les protègent

SCÈNE 12 : HÉLÈNE, ENONE, HÉCUBE (+ DÉESSES)

ENONE, en colère, à HÉLÈNEalors, tu es contente ?

HÉLÈNE mais … de quoi, Enone ? de quoi je serais contente ?

ENONE, se moquant d’ellede quoi ! non, mais tu t’entends ? de quoi !… eh bien voyons ! de tout ce qui se passe ! mon mari, Pâris, en face du tiens, Ménélas ! bravo !

HÉLÈNE mais, Pâris … ce n’est pas ton mari !

ENONE parce que tu me l’as pris, tiens !

HÉCUBE oh ! Enone, je t’en prie, n’en rajoute pas !

ENONE je ne rajoute rien du tout ! non seulement elle me pique mon mari, mais en plus elle déclenche la guerre ! et c’est moi qui « en rajoute » ? vous exagérez, belle maman !

HÉCUBE je ne suis plus ta belle maman, ça suffit !

HÉLÈNE boudeusej’en ai assez ! tout le monde s’acharne contre moi !

HÉCUBE tu ferais mieux de te taire ! tu ferais moins de dégâts !

on entend un bruit d’armes - PENTHÉSILÉE & HIPPOLYTÉ entrent


19



SCÈNE 13 : HÉCUBE, HÉLÈNE, ENONE , PENTHÉSILÉE , HIPPOLYTÉ (+ DÉESSES)

PENTHÉSILÉE, joyeusementça y est ! la guerre est finie ! on va signer la paix ! moi, la reine des amazones, je le proclame haut et fort, nous allons négocier la paix !

HIPPOLYTÉ, fâchéeCe n’est pas drôle ! moi, Hippolyté, grande guerrière amazone, je n’aime que la bagarre! une bonne bataille et je suis la plus heureuse des femmes ! en plus, on a perdu !

HÉCUBE mais que dites-vous là ?

ENONE qui a gagné ?

HÉLÈNE qui a perdu ?

PENTHÉSILÉEHélas, les troyens ont perdu, les grecs ont donc gagné ! mais c’est la paix !

HIPPOLYTÉ à cause de cet idiot de Pâris ! Ménélas l’a désarmé, Pâris est tombé, Ménélas a gagné !

HÉCUBE alors ?

PENTHÉSILÉEalors, vous devez rendre la belle Hélène à son mari !

HÉLÈNE lequel ?

ENONE au vainqueur, tiens ! mais alors … ! zut et zut ! je vais devoir reprendre Pâris ? c’est que … il n’en est pas question ! ce goujat ! ce bêta !

HÉCUBE nous n’en sommes pas là, ma fille !

HÉLÈNE il faut que je retourne … en Grèce ?


20



HÉCUBE nous verrons cela plus tard. Viens avec moi sur les remparts, nous allons voir ce qui se passe.

HÉCUBE & HÉLÈNE sortent

SCÈNE 14 : PENTHÉSILÉE , HIPPOLYTÉ , ENONE

ENONE quelle gourde, quand même !

PENTHÉSILÉEtu crois que tu vaux mieux qu’elle ?

ENONE plutôt, oui !

PENTHÉSILÉE, méprisanteà ce que je sais, tu t’es bien mariée avec Pâris ?

HIPPOLYTÉet tu as maudit la terre entière quand il est parti avec la belle Hélène! nous, les amazones, ce n’est pas du tout notre truc !

ENONE vous n’êtes pas amoureuses, vous ?

PENTHÉSILÉE & HIPPOLYTÉ, riant aux éclatspas amoureuses ? nous ?

HIPPOLYTÉpeut-être plus que vous !

PENTHÉSILÉEmais nous, au contraire de vous, nous ne les laissons pas commander notre vie ! nous les aimons sans les épouser !

HIPPOLYTÉnous voulons rester libres ! et les hommes ne laissent pas leur liberté aux femmes !

PENTHÉSILÉEet pourtant, ils nous aiment aussi !

HIPPOLYTÉpeut-être même plus que vous, parce que nous, ils nous respectent !


21



ENONE en fait, je pense comme vous ! et quand Pâris est parti avec la belle Hélène, je n’étais pas fâchée ! c’est pour ça que, même si elle s’en va, je ne veux pas retourner vivre avec lui !

les 3 déesses entrent - les 3 jeunes filles continuent à discuter sans qu’on les entendent

SCÈNE 15 : VÉNUS, MINERVE, JUNON

VÉNUSvoilà, j’ai bien travaillé ! mon cher Pâris a bien failli y passer ! Ménélas l’a attrapé par son casque et a commencé à le tirer, affreusement ! mais j’ai discrètement coupé l’attache du casque qui est resté dans la main de Ménélas et … et voilà ! Pâris était sauvé ! je l’ai enveloppé dans un nuage de poussière et il a disparu du champ de bataille ! ni vu ni connu !

MINERVEc’est de la triche ! Ménélas a gagné, quoi que tu ais fait ! et il n’est pas question que les troyens l’emportent !

JUNONjamais les troyens ne gagneront ! jamais, tu m’entends ? jamais, jamais, jamais ! elle tape du pied

VÉNUSmais vous êtes folles ! ces soudards de grecs qui attaquent une belle ville tranquille ! pourquoi gagneraient-ils ? ce sont des brigands, des pillards, des monstres ! et vous voudriez qu’ils gagnent ? vous êtes vraiment injustes !

MINERVEtu oublies l’offense ! l’enlèvement de la belle Hélène !

JUNONtu oublies le geste infâme de Pâris ! qu’avait-il besoin d’enlever cette gourde d’Hélène ?

VÉNUSdécidément, votre jalousie est pire que la violence des hommes !

JUNONdis ce que tu veux, cela ne changera rien à notre volonté !

VÉNUSà votre volonté de destruction ! à votre infernale méchanceté !


22



MINERVEnous savons ce que nous avons à faire ! et tes belles paroles n’y changeront rien !

JUNONviens, Minerve, retournons au champ de bataille !

VÉNUSnon, non ! arrêtez ! ils sont prêts à signer la paix ! laissez faire les gens ! guerriers et amazones savent mieux que vous ! ils font la paix ! oui, la paix ! restez tranquilles !

JUNON à MINERVEfais quelque chose, Minerve !

MINERVEje vais pousser un troyen à attaquer Ménélas ! pour que la trêve soit rompue !

JUNON & MINERVE sortent

VÉNUSvous êtes infâmes ! vous êtes des criminelles, des tueuses, des monstres !mais je vais bien trouver un moyen de vous empêcher de nuire !

elle sort

SCÈNE 16 : HIPPOLYTÉ, PENTHÉSILÉE

HIPPOLYTÉentendez-vous ? ces clameurs ! ce .. cliquetis !

PENTHÉSILÉEla guerre a repris ?

ENONEalors … la paix … ?

PENTHÉSILÉEvite ! trêve de parlotte ! il faut retourner sur le champ de bataille ! tu viens Hippolyté?

ENONEhep ! attendez-moi ! je veux y aller avec vous !

HIPPOLYTÉ, s’esclaffanttu es folle, ou quoi ?

ENONEnon, je veux me battre avec vous !


23



PENTHÉSILÉEimpossible ! tu n’as pas appris ! tu es totalement incapable ! tu n’as rien à faire sur un champ de bataille ! allez, à la guerre comme à la guerre !

PENTHÉSILÉE & HIPPOLYTÉ sortent

ENONEma ville est attaquée, et je vais rester plantée là, loin de tout, à garder les moutons ? oui, je suis bergère, d’accord, mais s’il faut prendre les armes, je saurai le faire ! allez, je vais m’entraîner ! et rejoindre les amazones !

elle sort - puis revient en courrant

ENONEils arrivent ! ils arrivent ! maman j’ai peur !

elle sort de l’autre côté et croise CASSANDRE qui entre

SCÈNE FINALE : CASSANDRE , HÉCUBE, POLYXÈNE , ANDROMAQUE, IPHIGÉNIE, PENTHÉSILÉE, HIPPOLYTÉ, PÉNÉLOPE , HÉLÈNE, ENONE, VÉNUS, MINERVE, JUNON, BRISÉIS, CHRYSÉIS,

CASSANDRE à ENONEqui donc arrive ?

ENONE est partie - CASSANDRE hausse les épaules - HÉCUBE entre

HÉCUBE encore un malheur ! un rapt cette fois, Briséis et Chryséis. C’est affreux !

CASSANDREje le savais

HÉCUBE ces petites sottes sont descendues jusqu’à la poterne ! bien sûr, il y avait des grecs dans les parages ! c’est Achille et Agamemnon qui les ont enlevées !

CASSANDREje suppose que le mariage de Polyxène avec Achille …

pour la suite et fin contacter l’auteur


24


Documents

IL ÉTAIT UNE FOIS LA GUERRE DE TROIE - Le … · IL ÉTAIT UNE FOIS LA GUERRE DE TROIE AVERTISSEMENT Ce texte est protégé par les droits d’auteur. En conséquence avant son exploitation