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Il était une fois… au cœur de la ville un Grand Magasin – Copyright © 2000 Gérard Saleron

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REMERCIEMENTS

La réalisation de cet ouvrage n’a été possible que grâce à l’aide qu’ont bien voulu m’apporter Maître Alfred Alt, Mr. Jean Philippe Beckrich, Mme Hélène Blanc, Mme Bernadette Beinsteiner, Mme Amélie Bour, Mr. Robert Dietsch, Mr. Pierre Engelhardt, Mr.et Mme René Flach, Mme Solange Hamann, Mme Marie-Reine Higelin, Mr. Joseph Kling, Mr. Raymond Kraemer, Mr. Pierre Menant, Mme Annie Naget, Melle Caroline Naget, Mme Astride Neveux, Mme Noelle Rious, Mr. Alfred Saleron, Mme Marie-Rose Saleron, Mme Scarlett Saleron, Mr. Armand Schaller, Mme Marie-Claire Schwartz, Mr. Claude Vervin, Mr. et Mme Alphonse Weber, ainsi qu’aux nombreux commerçants sarregueminois qui ont répondu si aimablement à mes questions insolites. Ma gratitude s’adresse particulièrement à Mr. Didier Hemmert, Archiviste de la Ville de Sarreguemines, et à mon fils Nicolas qui a été tout au long de ces travaux un merveilleux complice.

Que tous acceptent mes sincères remerciements.

Gérard Saleron

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à mes Parents,

à Marc, Claude, Nicolas, mes fils à Hugo,

à Déborah et Laurent,

à tous ceux qui, dans ce magasin, comme moi ont donné une tranche de leur vie.

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AVANT-PROPOS

Il existe une multitude de raisons qui m'ont poussé à raconter la vie de ce magasin. La première, et certainement la plus forte, est la conséquence de ma visite à l'exposition sur le passé de notre ville à la bibliothèque municipale en juin 1999. Il m'a paru alors intéressant de laisser une empreinte écrite de ce qui a été durant une génération, au cœur de Sarreguemines, le grand magasin des NOUVELLES GALERIES. Mais encore, il importait, au plus vite, de profiter de la mémoire vivante de bon nombre des personnes impliquées dans l'évolution de cette entreprise. Ainsi cela permettra d'ajouter une pierre à l'édifice déjà important de l'histoire locale. Les quelques autres raisons découlent plus d'un ordre sentimental. En effet, si les NOUVELLES GALERIES se sont implantées à Sarreguemines, n'est ce pas l'émanation d'une idée, d'un projet, que nous devons à Alfred Saleron, mon père ? J'ai moi-même dirigé cette entreprise pendant 8 années. Mais si j'ai entrepris de narrer l'histoire des NOUVELLES GALERIES de Sarreguemines, c'est aussi pour tous ceux qui ont partagé avec ou sans moi des moments de joie et d’effort, qui ont donné de leur temps, de leur imagination, de leur créativité à cette entreprise. Et puis je n'oublierais pas tous nos amis clients qui bien évidemment contribuèrent à la pérennité du magasin pendant près de 25 ans. Nombreux sont ceux dont le visage est encore gravé dans ma mémoire. En plein centre de la ville, les NOUVELLES GALERIES furent non seulement un lieu où l'on faisait ses emplettes, mais aussi un lieu de rencontre, de promenade, en quelque sorte le forum de la ville, ainsi ce magasin au sein de notre cité reste pour une génération entière le symbole de moments incontournables de leur quotidien. Il est probable que le lecteur sera sans doute surpris de découvrir des détails qui de prime abord peuvent paraître futiles, néanmoins ils sont présents afin de mieux cerner les personnes, leurs éventuelles analyses ou motivations, actions ou options. Impliqué moi-même dans l'histoire de cette entreprise, un véritable dilemme c'est imposé à moi. Fallait-il que je retrace ce que j'y ai vécu à la première personne ou compte tenu du but historique de ces pages me conter à la troisième personne? J'ai finalement choisi d'écrire ce qui me concernait à la première personne afin d'apporter une note plus vivante qui atténuera le poids parfois rébarbatif de l'aspect historique. J'ai également tenu à évoquer par de petits clins d’œil l'environnement commercial de notre ville durant ces 25 années d'autant plus que le commerce local et les NOUVELLES GALERIES complémentaires à maints égards ont toujours cohabité en parfaite harmonie. Ceci dit, il m’a fallut étant néophyte dans le domaine de l’écriture me faire accompagner. Je tiens aux travers de ces lignes à réitérer mes remerciements à Madame Annie Naget et à Monsieur Raymond Kraemer.

Gérard SALERON

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Chapitre 1

De 1952 à Décembre 1975

IL ETAIT UNE FOIS .....

Au détour de ces multiples contacts professionnels Alfred Saleron, après avoir repris un commerce de chemiserie et de bonneterie en 1952 au 9 de la rue Pasteur à Sarreguemines, envisage de se lier avec la centrale d'achats des NOUVELLES GALERIES1. Alfred Saleron voit le jour le 21 mars 1917 à Saint Avold. Il a 36 ans, lorsqu’au printemps 1953 il se rend au 66 de la rue des Archives à Paris et signe avec la Société Française des Galeries Réunies2 ( S.F.N.G.R.)3 un contrat de fourniture de marchandises. Pour plus de compréhension il faut savoir que la S.F.N.G.R. avait pour rôle d'alimenter ses propres magasins, en général à l'enseigne NOUVELLES GALERIES, mais afin d'être plus puissante elle cherchait en permanence des commerçants indépendants appelés dans le jargon commercial soit affiliés, soit clients de la centrale d'achats. Ce partenariat entre la S.F.N.G.R. et Alfred Saleron durera toute sa vie de commerçant. Les signatures du Président de la S.F.N.G.R. Jean Demogé et de Alfred Saleron au bas de ce contrat seront le prélude d'un événement qui marquera de son empreinte la vie commerciale de notre ville à savoir, l'ouverture, 16 années plus tard d'un grand magasin4

à l’enseigne des

NOUVELLES GALERIES

1 La centrale d’achats a pour mission de centraliser les commandes des magasins (les siens propres ou ceux de ses affiliés) afin

obtenir auprès de ses fournisseurs référencés les meilleures conditions possibles. 2 Raison sociale de la centrale d’achats des Nouvelles Galeries. 3 Sigle de la Société Française des Nouvelles Galeries Réunies. 4 Aristide Boucicaud créa “ Au Bon Marché ” en 1852, Alfred Chauchard en 1855 ouvrit “ le Louvre ” (fermé en 1974), Xavier

Ruel fonda “ le Bazar de l'Hôtel de Ville ” en 1856 qui devint plus tard une filiale à plus de 40% des Nouvelles Galeries. Ils

furent avec Jules Jaluzot qui ouvra 7 ans plus tard le “ Printemps ” et Ernest Cognacq et son épouse Marie Louise Jay en 1870

“ La Samaritaire ”, les inventeurs et les pionniers du Grand Magasin. La surface (plus de 2500m²), la diversité des rayons, la

largeur des assortiments (plus de 25000 articles) et le libre choix caractérisent le Grand Magasin.

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Lorsque l'ancienne Poste, située au 11 rue Louis Pasteur, celle d'avant guerre bien sûr, déménage dans un nouveau bâtiment à l'emplacement actuel du cinéma LE FORUM, Alfred Saleron et son épouse agrandissent leur magasin qui jouxte les P.T.T. en occupant les locaux restés vacants. La rénovation terminée le magasin présente alors une façade commerciale de près de 25 mètres et une surface de vente d'environ 250 m², une

douzaine de salariés y travaillent. Aujourd'hui cette surface est occupée par deux affaires : Le glacier BOUNTY et un magasin à l'enseigne PRONUPTIA.

Caisse du magasin, 11 rue Pasteur.

Dans le magasin de Monsieur et Madame Saleron on trouve tout ce qui touche à l'habillement de l'homme, de la femme et de l'enfant excepté les grosses pièces tel que costumes, tailleurs ou manteaux vendus en ces temps par de grands confectionneurs spécialisés entre autre MAGASIN MODERNE, rue de la Chapelle, SIVA à l'angle de la rue Pasteur et de la rue Poincaré ou encore BLUM ET WEIL rue de Verdun, surfaces exploitées aujourd’hui respectivement par l'enseigne nationale DEVRED, SCHLOTTERBECK et depuis 1976 BECK DIFFUSION, lauréat du Mercure d'Or en 19791.

1 Mercure était le dieu Romain du commerce. Le Mercure d’Or récompense la performance individuelle d’un commerçant.

Magasin du 11, rue Pasteur, lors de son agencement.

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Puis en 1954 Alfred Saleron ouvre un second point de vente au 16 rue de l'Eglise, surface occupée actuellement par CYRILLE COIFFURE. Quelques années plus tard Monsieur et Madame Saleron vendent leurs deux commerces. Le magasin du 9 de la rue Pasteur au succursaliste pour jeunes mamans et enfants "MATERNA " et celui du 16 de la rue de l'Eglise qui prend comme enseigne "SILVER DIFFUSION". Deux décennies plus tard avant que ce local ne soit occupé par un salon de coiffure il le fut par un magasin de vêtements de cuir "STAN CUIR". Mr et Mme Saleron reprennent cette fois les locaux de la quincaillerie MEYER ET GOEPFER située au 14 de la rue Sainte-Croix qui n'est pas encore piétonnisée1 et ouvrent ce nouveau commerce en mars 1965. Une année passe et déjà Alfred Saleron comprend la nécessité d'agrandir cette surface. Avec trois de ses amis, Robert Kling qui dirige un grand magasin de chaussures à l’enseigne Klein et Bader dans la rue Sainte-Croix, Marcel Post, expert comptable, dont le cabinet

1 La rue Sainte-Croix sera inaugurée officiellement comme

rue piétonne le vendredi 13 juillet 1979 par le Maire R. Pax.

est situé 9, rue Pasteur à Sarreguemines et André Behra représentant de commerce qui réside à Mulhouse, il créé une société anonyme. Il entreprend alors des travaux très importants. De nombreuses entreprises Sarregueminoises participent à la réalisation de cette construction entre autres pour le gros œuvre l’entreprise Nicolas Dietsch, dirigée par Robert Dietsch, Aloyse Krémer pour les sols, Yvon Poinsignon pour les peintures, Marcel Mosbrucker pour

l'électricité. La surface de vente de ce magasin atteint les 1000 m². Elle se compose des 200 m² de

l'ancienne quincaillerie et de 800 m² de

nouvelle construction

érigée dans la cour de l'immeuble du

14 de la rue Sainte-Croix et qui s'étend jusqu'au terrain sur lequel se trouve encore l'école de la Sarre. Cet ensemble nouvellement construit par Alfred Saleron constituera plus tard ce long couloir de près

de 70 mètres sur 15 mètres où se

promèneront flâneurs et chalands dans

les NOUVELLES

GALERIES.

Magasin du 16, rue de l’Eglise.

Quelques personnalités présentes lors de l’inauguration du magasin du 14, de la rue Sainte-Croix. On reconnaît Monsieur le Maire Joseph

Massing. Monsieur Raymond Kraemer, Président de l’association des commerçants. C’était le 2 décembre 1965.

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Alfred Saleron conquit par les nouvelles méthodes commerciales d'alors, loue 400 m² de cette structure à un supermarché1 alimentation. Il négocie cette location avec le groupe Haeringer de Haguenau qui exploite des superettes2 et supermarchés à l'enseigne AGAM dont déjà existe un point de vente, place du marché, qui s’est ouvert le 18 juillet 1963. Le magasin de Alfred Saleron et de son épouse, affilié de la centrale d'achats des NOUVELLES GALERIES, présente à la clientèle des rayons d'habillement homme, dame et enfant, mais aussi de la parfumerie, de la bijouterie, du bagage, de la papeterie, du jouet, du camping, etc... L'ensemble des deux exploitations emploie une quarantaine de personnes. Sarreguemines a déjà son petit "grand magasin" au cœur de la ville. Nous sommes le 2 décembre 1965.

Vue du magasin 14, rue Sainte-Croix avec quelques invités lors de son inauguration.

Il est vrai que l'enseigne PRISUNIC sur deux niveaux faisait figure de précurseur en matière de grande surface commerciale à Sarreguemines mais sa situation, place du marché, était légèrement excentrée. Avec ses nombreux petits rayons, dont un rayon alimentation à l'étage, il représentait le magasin populaire3 type. Cependant il contrastait avec le magasin de la rue Sainte-Croix tout neuf et d’une surface de vente de plain pied de 1000m² et bien évidemment avec des assortiments plus larges. Cependant pour l’anecdote il faut savoir qu’en 1934 il existait déjà à Sarreguemines un magasin à rayons multiples. Willy Schroeder, commerçant à Forbach, ouvrait le 19 novembre de cette année là un magasin à l’enseigne UNIFIX, 4 rue des Vosges, à l’emplacement de l’ancien Hôtel Royal puis de la banque Barclay’s, aujourd’hui les locaux sont occupés par la Trésorerie Générale.

1 Magasins en libre service à prédominance alimentaire de 400 à 2500 m² 2 Magasin en libre service à prédominance alimentaire de 120 à 400 m² 3 Magasin à rayons multiples mais à assortiment réduit (2500 à 5000 articles) et de moins de 2500 m² de surface de vente. Les

plus représentatifs dans les années 1960 / 1970 : Monoprix (groupe Galeries Lafayette), Prisunic (groupe Printemps), Uniprix

(groupe Nouvelles Galeries).

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UN GRAND PROJET

Au printemps 1966, la municipalité décide de rénover le secteur qui s'étend du pont des Alliés jusqu' au niveau de l'écluse et qui inclut entre autres la Chaussée de Louvain, l'école de la Sarre, la rue Utzschneider, la rue du Moulin. La circulation devient de plus en plus dense et le centre ville doit être désenclavé. Une voie sur berge et un pont sur la Sarre créent deux axes: nord–sud et est–ouest. C’est un grand pas vers un urbanisme hardi. C'est alors qu'un projet ce fait jour dans l'esprit de Alfred Saleron : Sarreguemines doit avoir son grand magasin1. De plus il se situera en plein cœur de la ville. Ce sera le poumon de la vie commerciale, au croisement de ces deux axes. Alfred Saleron n'est pas dupe des difficultés qu'il va rencontrer. Comment financer un tel projet ? Comment convaincre la S.F.N.G.R. d'implanter un magasin NOUVELLES GALERIES à Sarreguemines sachant parfaitement que c'est le privilège d'agglomérations plus importantes ? Mais il est résolu. Alors commence pour lui un véritable parcours du combattant qui durera près de trois ans. Sa détermination à la réalisation de son projet n'entamera jamais sa volonté d'aboutir. Alfred Saleron souhaite un magasin à l'enseigne NOUVELLES GALERIES, ce qui va dans le droit fil de ce qu'il a déjà entrepris depuis son arrivée en 1952. Il se tourne logiquement vers sa propre centrale d'achats. Les rendez-vous se succèdent sans répit car la S.F.N.G.R. ne compte pas investir à Sarreguemines dans la mesure où elle est à cette période bien engagée dans la construction de son centre commercial de

1 Grand Magasin à l’image des grandes enseignes

représentative de ce type de commerce à savoir

le “ Printemps ”, les “ Galeries Lafayette ” et les “ Nouvelles

Galeries ”.

CAP 3000 à Saint Laurent du Var et dans son magasin de Annecy. La S.F.N.G.R. par l'intermédiaire de son vice-président met Alfred Saleron en contact avec un investisseur en l’occurrence Invesco S.A. dont le siège se situe rue Lincoln, dans le 8ème arrondissement à Paris puis plus tard au 72 de l'avenue des Champs Elysées. Ainsi Alfred Saleron rencontre au courant de l'année 1966 André Dreyfus et Robert Haas, successivement Président Directeur Général de Invesco S.A. et de Intercime S.A., étant toutes deux des filiales de Républics Enterprise, société ayant son siège à New-York, 40 West 57 street 10019. Si Invesco S.A. a un rôle financier, Intercime S.A. a quant à elle la lourde tâche de gérer. Intercime S.A. connaît le monde de la distribution. En effet cette société a par le passé déjà géré à l'étranger des magasins à l'enseigne MONOPRIX2. Ces deux Présidents seront pour de nombreuses années les patrons parisiens des NOUVELLES GALERIES de Sarreguemines

2 Ces magasins, type magasin populaire, se situaient au

Maroc.

1964 : Alfred Saleron entouré de gauche à droite par J. Kling, A. Tabutaud, R. Flach, G. Saleron.

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De cette rencontre, de multiples interrogations connurent très vite leurs réponses. Le projet fut clairement défini. Le financement de la réalisation projetée proviendrait de capitaux américains appartenant à Républic Enterprises Inc., ainsi on formera une société en commandite simple du nom de Intercime et Cie entre Invesco S.A. et Intercime S.A. agissant tous deux comme associé commandité. Dans un deuxième temps Invesco S.A. absorbera Intercime S.A. pour adopter sa nouvelle raison sociale qui sera Intercime S.A. (deuxième du nom) ainsi Intercime et Cie aura 2 associés Républic Enterprises Inc. associé commanditaire et Intercime S.A.(deuxième du nom) associé commandité. Intercime S.A. (deuxième du nom) assurera la gérance de Intercime et Cie.

Cette dernière aura à charge le financement et la gestion du futur magasin NOUVELLES GALERIES de Sarreguemines. Avec la S.F.N.G.R. cette même société signera un contrat d'enseigne et de fourniture de marchandises, ces deux éléments étant bien distincts l'un de l'autre. Cette précision est importante, en effet le contrat d'enseigne autorisait d'utiliser moyennant une redevance le nom "NOUVELLES GALERIES". (26 ans plus tard Intercime et Cie résiliera son contrat d'enseigne) une

commission supplémentaire permettait de bénéficier pleinement des assortiments de la S.F.N.G.R. S'il était impossible d’obtenir un contrat d'enseigne sans contrat de fournitures, le contraire était monnaie courante. Intercime et Cie aurait donc un statut de magasin affilié ou de client de la S.F.N.G.R.

Alfred Saleron ayant construit 800m² sur le terrain loué au consortium Meyer et Goepfer, les murs reviennent à ces derniers. Alfred Saleron négocie son fonds avec Intercime et Cie. Il reste cependant un problème épineux à résoudre: que va-t- on faire du supermarché alimentaire AGAM qui occupe 400 m² ? Alfred Saleron se charge pour Intercime et Cie des négociations qui s'avèrent particulièrement ardues mais on finit par conclure son éviction au bout de plusieurs mois de discussion au travers d'un accord financier. Un bail emphytéotique de 18 ans est ensuite négocié avec Maître Roland Meyer représentant le consortium Meyer et Goepfer. Maintenant la route est ouverte pour entamer les négociations avec la Ville de Sarreguemines.

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NEGOCIATIONS AVEC LA VILLE DE SARREGUEMINES

Imposante, l'école de la Sarre veille encore pour quelques temps sur les grands marronniers qui font de la Chaussée de Louvain avec ses larges trottoirs une véritable avenue. On peut facilement imaginer la maîtresse surveillant une double rangée d'élèves, mais voilà que bientôt va sonner le glas de la destruction. Depuis un moment déjà, nos élus songent à moderniser ce quartier. Il est question de réaliser une voie sur la berge, de construire un nouveau pont, d'ériger un grand parking. Ainsi chacun sait que l'école de la Sarre doit disparaître sous peu. Les P et T sont les premiers à solliciter le terrain. En effet le 28 Novembre 1966 Monsieur le Maire Joseph Massing fait une communication lors de la réunion des adjoints. "Monsieur le Maire rend compte que les P et T envisagent uniquement la construction d'un bâtiment à un niveau pour la nouvelle poste. D'autre part, cette administration ne peut donner aucune information quant à l'époque à laquelle il lui sera possible de financer la construction en question. Aussi, et compte tenu qu'il n'est pas pensable de réaliser sur l'emplacement actuel de l'école de la Sarre une construction à un seul niveau, il est décidé que le terrain en cause doit être réservé pour la réalisation d'un projet comportant rez-de-chaussée plus quatre étages et s'harmonisant avec les constructions prévues tant à l'angle de la Chaussée de Louvain et de la rue Utzschneider que dans la rue du Moulin." (Extrait du compte rendu des Adjoints du 28/11/66).

Décembre 1966

Le 12 décembre se tient une réunion à la Mairie en présence de Maître Roland Meyer, représentant les intérêts des copropriétaires

de l'immeuble de la rue Sainte-Croix, Monsieur Alfred Saleron et les services de la mairie concernés par le projet. Les services de la Ville de Sarreguemines fournissent des précisions relatives à la parcelle, au prix de vente qui doit être fixé par les domaines et qui serait de l'ordre de 20.000 fr. l'are, de la façade du futur bâtiment qui devra quant à elle s'harmoniser avec celle envisagée par la Société Générale Alsacienne de Banque, l'immeuble sera d'autre part grevé d'une servitude de passage qui profitera à la Congrégation Sainte Chrétienne. Dans son courrier de confirmation du 12/12/66 en plus de ce qui précède, Monsieur Le Maire appelle l'attention de Monsieur Saleron sur le fait que le propriétaire d'un immeuble tombant dans le présent projet de rénovation urbaine est disposé à céder cet immeuble à l'amiable à la condition cependant qu'il lui soit donné la possibilité de réaliser un bowling dans le cadre dudit projet. Les dimensions d'une telle installation sont d'environ 40 mètres de longueur sur 8 mètres de largeur.

Derrière les rangées de marronniers : l’Ecole de la Sarre.

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Personne n'entendit plus jamais parlé de ce bowling.

Le 21 décembre, Monsieur Saleron accompagne Monsieur Mary, directeur des services techniques de la S.F.N.G.R. à la mairie afin de rencontrer les différents directeurs des services de la Ville habilités à traiter ultérieurement le projet. Monsieur Mary présente le dossier technique de la conception du magasin, l'éventuel timing des travaux et ce qu'il attend des services de la Ville.

Janvier 1967

Dès le mois de janvier 1967 les pourparlers s’accélèrent et prennent donc une nouvelle dimension. Le 4 janvier Monsieur le Maire écrit au directeur technique de la S.F.N.G.R. Léon Mary, en lui rappelant l'entrevue à la mairie avec Monsieur Saleron du 21 décembre dernier, mais aussi les prévisions des travaux, à savoir : commencement des travaux début 1969 et ouverture du magasin début 1971. Maître Massing mentionne également le fait que l'immeuble sera grevé d'une servitude de passage au profit de la Congrégation Sainte Chrétienne. La réalisation fut bien plus rapide puisque les travaux démarreront en 1968 et le magasin ouvrira ses portes à la clientèle le 20 mars 1969.

Février 1967

Le 9 du mois, certainement après des échanges téléphoniques où de part l'intervention de Monsieur Alfred Saleron, le Maire et Conseiller Général écrit à Robert Haas, Président de Intercime S.A. “ Vous souhaitez commencer les travaux du magasin dans un avenir rapproché. Si tel est effectivement le cas, je vous demande de bien vouloir m'en avertir suffisamment à temps afin de prévoir le relogement des installations de la MAISON des JEUNES ”. La réponse ne tarde pas. En effet le 17 février, Intercime et Cie demande à la Ville de Sarreguemines un délai pour se prononcer jusqu'à fin avril et surtout que la Ville accepte de ne pas prospecter d'autres acquéreurs en attendant cette date. Le 21 février la mairie répond par l'affirmative. En mars et avril 1967, il ne se passe presque rien, en effet la dernière lettre de Intercime S.A. mentionne qu'elle ne se prononcera que fin avril. Dans les faits il faudra attendre le mois de juin.

Juin 1967

Monsieur André Dreyfus P.D.G. de Invesco S.A. confirme dans son courrier du 14 courant l'offre

d'acquérir pour 200 fr. le m2 la parcelle de terrain, donne son accord pour la réalisation d'un

gymnase de 240 m2 ainsi que pour la servitude de passage au profit de la Congrégation Sainte

Chrétienne. Monsieur Dreyfus fait également état de la nécessité d'obtenir un accord du ministère des finances afin de rapatrier des Etats-Unis les sommes indispensables à la réalisation du projet en France. Le 19 Juin, Monsieur le Maire prend acte du courrier de Invesco, à savoir que seuls restent à régler les problèmes inhérents aux fonds de commerce de Monsieur Saleron, de la société exploitant le supermarché Agam et à obtenir l'accord du ministère des finances après quoi le dossier pourra alors être entériné par le Conseil Municipal.

Les mois d'été passèrent.…

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On peut visualiser à partir des parcelles initiales le découpage des nouvelles parcelles affectées à la Société Générale Alsacienne de banque et à Intercime et Cie et ainsi deviner le déplacement de la Chaussée de Louvain le long des futures façades de la banque et du grand magasin.

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PLAN DE SITUATION

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Septembre 1967

Le 8 Septembre la Société Prisunic pose sa candidature. Elle renouvelle et confirme cette dernière le 25 du même mois. Le 28 Septembre Invesco fait savoir à la Ville de Sarreguemines que le ministère des finances n'émet aucune objection quant au transfert des U.S.A. des moyens financiers provenant de Républic Enterprise Inc.

Octobre 1967

Dans la première quinzaine de ce mois d'octobre, un événement inattendu se produit. Maître Massing, Maire de Sarreguemines, démissionne de son poste de premier magistrat. Monsieur Pax est appelé par le Conseil Municipal afin de prendre la succession.

Novembre 1967

Monsieur Dory, architecte à Paris, présente le projet de construction.

Décembre 1967

Bien évidemment le nouveau Maire souhaite connaître l'avis des commerçants de sa commune sur le projet. En effet, ne sont-ils pas les premiers concernés ? Il réunit donc à cet effet une commission le 27 décembre 1967 à laquelle est invité Monsieur Raymond Kraemer en sa qualité de Président de l'association des commerçants. Interrogé sur la future implantation du grand magasin en centre ville, le Président déclare" que la date

fatidique est le 1er Juillet 1968, date de

l'ouverture des frontières au marché commun, il reconnaît que dans ces conditions un magasin type NOUVELLES GALERIES ne peut raisonnablement être refusé à Sarreguemines malgré les avis partagés des commerçants locaux". (extrait du compte rendu de la commission) A cette même période la direction générale des impôts, en particulier le service des domaines, évalue le terrain entre 425.000 et 430.000 francs, frais d'arasement de l'école de la Sarre à la charge de l'acquéreur.

Janvier 1968

Le 11 Janvier 1968, le Conseil Municipal décide par 26 voix pour, seul un conseiller vota contre, de céder un terrain d'environ 19 ares Chaussée de Louvain à la société Invesco S.A. Le Prix : 430.000 Francs dans son état actuel, Invesco faisant son affaire des démolitions des vestiges de bâtiments et autres.

Maquette présentée aux élus.

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Les Conditions : Invesco implantera sur les terrains cédés un grand magasin genre "NOUVELLES GALERIES". L'aspect et le volume de cette construction seront conformes à la préfiguration présentée en novembre 1967 par M. Dory, architecte à Paris. L'immeuble acquis sera grevé d'une servitude de passage qui profitera à la Congrégation Sainte Chrétienne, en contrepartie de la possibilité donnée par cette Congrégation de construire jusqu'à la limite séparative de propriété.

D'autre part Invesco permettra à la Congrégation la réalisation d'un gymnase type A au 1er étage et

au 2ème étage de l'immeuble à construire. Pour le cas où le rayon "alimentation" du grand magasin comporterait un rayon "viande", Invesco confirmera son accord afin que tous les achats respectifs s'effectuent à l'abattoir municipal de Sarreguemines. Voilà en résumé les conditions imposées par la Ville à la société Invesco dans le cadre de cette vente. Le Conseil Municipal ayant entériné le projet, les discussions se poursuivent.

Février 1968

Lors de la réunion en mairie du 5 février, Monsieur Trécul, ingénieur des Ponts et Chaussées, soulève le problème de parking. Le 22 février Bernard Gauthier, Sous-préfet, fait état de la réunion du 5 courant et mentionne que le projet est donc conditionné par l'étude du bilan des places de stationnement.

Mars 1968

Le 23 mars, Intercime S.A. informe la Ville de Sarreguemines qu'un parking de 60 places environ, dont le coût s'élèvera à 700.000 francs est envisagé. Il sera également à charge de cette société de financer 30 places de stationnement à un endroit du domaine public restant à désigner par la Ville de Sarreguemines1. Le 29 mars la Congrégation Sainte Chrétienne fait savoir à Intercime S.A. qu'elle renonce au projet d'installation d'un gymnase dans le corps du bâtiment "NOUVELLES GALERIES".

Juillet 1968

Monsieur Reich, adjoint, se rend à Paris le 23 juillet 1968 afin de signer en l’étude de Maître Bailly, notaire, (successeur de Maître Bucaille au 104 du Faubourg Saint Honoré) l’acte de ventre du terrain municipal Chaussée de Louvain sur lequel Intercime et Cie implantera un grand magasin du type NOUVELLES GALERIES.

1 Ces places de parking furent aménagées entre la brasserie Kronenbourg et le grand immeuble du boulevard des Faïenceries.

Elles sont encore utilisées de nos jours.

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Républicain Lorrain, édition de Sarreguemines du 24 juillet 1968.

Une anecdote est cependant à signaler. En effet en 1925 et jusqu’en 1940 les Sarregueminois pouvaient déjà se rendre dans un magasin à l’enseigne Nouvelles Galeries. Ce magasin situé au numéro 3 de la rue de la Chapelle était alors exploité par une commerçante de Forbach, Madame Emma Brull. On pouvait y trouver du tissu et des voilages. Ce fonds de commerce fut ensuite successivement exploité par les chausseurs Ackermann et Claude Cahn ensuite par les enseignes Arts de la Table et Manoukian. Aujourd’hui ce fonds de commerce port l’enseigne Elle et Lui.

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LA CONSTRUCTION

Dès le mois d’avril 1968, les appels d’offre sont lancés. Le marché du gros-œuvre est attribué à la société Léon Grosse de Versailles.

Aussitôt on entreprend de détruire l’école de la Sarre dont les gravats serviront à la réalisation de la voie sur berge. En juin le chantier prend alors une toute autre dimension car il s’agit d’atteindre le niveau inférieur de la Sarre, c’est à dire au dessous du lit de la rivière pour s’appuyer sur le plateau de grès afin de sceller les fondations. Pour cela on fore puis on plante 18 piliers en béton armé pour soutenir le futur bâtiment. Pour des raisons essentiellement économiques un tel magasin ne peut envisager une ouverture qu’au printemps ou à l’automne. La décision d’ouvrir au printemps 1969 est définitivement fixée par l’ensemble des décideurs et des partenaires du projet. La société Léon Grosse comprend très vite qu’elle va devoir se battre contre un adversaire insaisissable, invisible, incontournable et imprévisible : le temps. A la fois le temps qui passe et le temps qu’il fait ! Face à l’enjeu, elle demande à l’entreprise sarregueminoise Nicolas Diestch, dirigée par Robert Diestch, de la soutenir et de devenir son partenaire pour

atteindre l’ambitieux objectif d‘ouvrir le magasin avant la fin du premier trimestre de 1969. Le chantier fourmille de contremaîtres, d’ouvriers, de manœuvres. Au plus fort de

l’avancement des travaux, Monsieur Suchet, chef de chantier de l’entrepreneur principal, dirige environ 65 personnes en permanence, son sous-traitant près de 45 ce qui porte à plus de 100 le nombre d’ouvriers travaillant sur l’aire de construction. On s’active déjà tôt le matin, souvent tard le soir, des projecteurs puissants diffusent la lumière. Tous ces hommes accomplissent un véritable exploit. Le bâtiment de quatre niveaux et tout le second œuvre sont réalisés en moins de 9 mois, période hivernale comprise, avec comme chaque année, quelques semaines d’inactivité dues aux habituelles intempéries. Le bâtiment Chaussée de Louvain, propriété d’Intercime et Cie, représente une surface développée de 8800 m². La surface totale développée, exploitée par les NOUVELLES GALERIES, atteindra 11800 m²

en incluant

la partie locative du 14 de la rue Sainte-Croix appartenant au consortium Meyer et Goepfer. La surface de vente à l’ouverture sera de 3600 m² pour atteindre les 4550 m² dont plus de 700 m² d’alimentation à la fin des années 80.

Les travaux de démolition de l’Ecole de la Sarre sont entrepris.

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L'OUVERTURE

Alfred Saleron prend dès 1968 ses fonctions de directeur, il est chargé de la mise en œuvre de l'ensemble des activités afin d'aboutir à l'ouverture des NOUVELLES GALERIES. La préparation de cet événement nécessitera près d'une année de travail. Au printemps 1968 en collaboration avec les acheteurs de la centrale d'achats il commence par visualiser les collections et déterminer à la fois les assortiments et les quantités indispensables pour la réalisation des objectifs fixés pour le futur magasin. Dans le même temps il faut songer au recrutement, non seulement de l'encadrement dont la formation s'avère indispensable mais aussi au personnel de vente, administratif ou celui encore des coulisses (entretien, décoration, service après vente, étiquetage, etc.). L'effectif à l'ouverture frôle les trois cent salariés. Des grèves à répétitions entraînent la fermeture le 31 janvier, place du marché, de PRISUNIC, après quinze années d'activité. Ce sera l'événement commercial majeur de ce début d'année 1969. Soixante-dix employés travaillaient dans ce commerce. Quelques uns retrouveront un emploi peu de temps plus tard aux NOUVELLES GALERIES. On approche de la date fatidique du 20 mars 1969 retenue comme jour d'ouverture des NOUVELLES GALERIES à la clientèle. Les problèmes inhérents à la mise en route du magasin s'intensifient. Depuis le début de l'année les articles commandés affluent. On est vite débordé car si des dizaines de colis débarquent chaque jour au quai de réception, il reste à déballer les marchandises, les reconnaître, les vérifier, les étiqueter puis les diriger vers un lieu de stockage avant de les acheminer sur leur lieu de vente. Ce travail véritablement colossal, dans des conditions plus que difficiles dans la mesure où l'on travaille sur un chantier qui n'est pas terminé, se déroule heureusement dans une ambiance euphorique à la hauteur de l'énergie déployée par chacun. Enfin, courant février les spécialistes chargés du montage du mobilier prennent d'assaut la surface de vente et en un temps record transforma ce hall de béton en magasin. Une agitation sans précédent règne dans le bâtiment. Les peintres donnent de la vie par les couleurs. Les électriciens accrochent les derniers néons pour faire jaillir la lumière. Les frigoristes vérifient leurs machines afin qu'elles soient au top. Les chefs de rayons et leur équipe implantent les marchandises en suivant les conseils des promoteurs1 de la centrale d'achats. Les camions se succèdent au quai de réception pour livrer les produits frais. Le magasin commence à avoir fière allure. L'équipe de décoration ajoute la dernière touche qui conférera au magasin l'image qu'il se doit d'avoir pour mériter l'épithète si convoitée, pour un grand magasin, celle du titre du roman d'Emile Zola "Au Bonheur des Dames". Le commerce local vient de commencer sa mutation, la première démarche de ce que sera la distribution de demain est entamée.

1 Professionnel de la distribution dont le rôle essentiel consistait à implanter les marchandises en fonction des derniers critères

de marchandisage.

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Le 19 mars à 16h l'objectif est atteint. Les NOUVELLES GALERIES de Sarreguemines sont prêtes à recevoir les personnalités invitées au cocktail d'inauguration. Ces derniers accueillis par les Présidents d'Invesco et d'Intercime ainsi que par Mr et Mme Saleron se dirigent au 1er étage du magasin pour prendre la traditionnelle

collation après avoir entendu les discours de circonstance si important pour ceux qui les prononcent et si rapidement oubliés pour ceux qui les écoutent. Robert Pax, Maire de Sarreguemines depuis quelques mois et Joseph Massing, ancien Maire, tous deux artisans incontournables du projet alors réalisé, sont présents. Le lendemain 20 Mars 1969 Alfred Saleron, Directeur du magasin, accueille Robert Pax, Maire de Sarreguemines, qui à 9h coupe le ruban symbolique. Dans une véritable ambiance de fête la foule agglutinée aux entrées aussi bien Chaussée de Louvain que rue Sainte-Croix parcourt en tous sens les allées du magasin. Ce dernier se transforme en un clin d’œil en une ruche en pleine effervescence. Cela durera plusieurs jours, avant qu'au soulagement de beaucoup, l'affluence quotidienne ne prenne son rythme de croisière. Si l'année 1969 marque de son empreinte le commerce sarregueminois, il importe de souligner l'ouverture la même année du premier hypermarché en Moselle, à Mondelange, à l'enseigne RADAR. Plus tard il deviendra CORA.

Monsieur le maire Robert Pax coupant le ruban symbolique.

Entrée du magasin rue Sainte-Croix

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AU CŒUR DE LA VILLE

Pendant les six années qui suivent Alfred Saleron conduit l'entreprise avec tout le sérieux qu'on lui connaît. La connaissance des besoins de ses clients et son écoute des autres au sein de l'affaire dont il assume la direction permet au magasin de monter en charge régulièrement, les chiffres d'affaires comme les résultats progressent continuellement. Ce sont incontestablement les années fastes des NOUVELLES GALERIES de Sarreguemines. Devenu le pôle d'attraction commercial de la ville, sinon de la région, le magasin joue pleinement son rôle. Il est aidé en cela à la fois par la qualité des commerçants locaux et la diversité des commerces qu'ils représentent. Cet ensemble puissant renforce définitivement l'attractivité de Sarreguemines et donc sa vocation de première ville commerçante de la Moselle Est. Les NOUVELLES GALERIES deviennent rapidement un lieu incontournable. On y trouve de tout. Cela va de la boîte d'anchois en passant par la fermeture éclair ou encore les tringles à rideaux. Lorsqu'on choisi de s'engouffrer dans les NOUVELLES GALERIES par la rue Sainte-Croix, la volée de portes s'ouvre sur le rayon bijouterie. Colliers, bagues, bracelets, boucles d'oreilles attirent les regards curieux et envieux des clientes. La lumière des spots rend tout son éclat à la bimbeloterie parisienne et lui donne bien souvent l'aspect du vrai. La maroquinerie et le bagage avec leurs odeurs caractéristiques de cuir et les colifichets avec leurs couleurs chatoyantes entourent la bijouterie. Un pas de plus et les senteurs des parfums et des eaux de Cologne du rayon parfumerie caressent les narines. On peut s'attarder aux stands des grands parfumeurs

afin que leurs démonstratrices prodiguent leurs éminents conseils. Face à ce secteur consacré à la beauté on découvre la lingerie, paradis de l'intimité féminine. Tout à côté le rayon confection dame, sur des podiums, baignés par la lumière des spots, les mannequins très accessoirisés et groupés soit en duo ou en trio, souvent plus vrais que nature, présentent la mode du moment.

Quand les mamans quittent les portants de robes, de jupes, de pantalons, elles découvrent le royaume des tous petits: la puériculture, les poussettes et landaus, tout le textile de l'enfant jusqu'au rayon des jouets. Tout à côté se situe la caisse centrale, avant d'atteindre enfin les confections et petites pièces

pour l'homme mis en situation par des mannequins et des bustes décorés par le savoir faire des étalagistes. La mercerie, mais aussi la laine présentée à même un mur dans un dégradé de couleurs remplissent en quelque sorte le rôle d'intermédiaire entre la partie textile du magasin et les secteurs des loisirs et de la maison. On peut alors côtoyer les rayons photo, livres, disques, radio télévision mais aussi la papeterie. Plus loin la boulangerie – pâtisserie mais aussi les bonbons, qui ne laissent jamais les enfants indifférents, puis, quelques pas de plus et on découvre les rayons cadeaux, articles de table et vaisselle qui donnent sur la Chaussée de Louvain, entourés par les luminaires en vitrine mais aussi le bricolage et les arts ménagers. L'alimentation occupe les 600 m² restant avec ses dix caisses libre-service.

Façade Chaussée de Louvain en période de fête.

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Quant au premier étage, très petit, les rayons blanc, ameublement et tapis séduisent les clients en mal de décoration d’intérieur. Le directeur du magasin se rend vite compte de la disproportion des deux niveaux et du peu d’intérêt que portent les clients au 1er étage d'autant plus qu'il faut gravir un escalier. La mise en place d'un escalator est alors décidée. C'est au printemps 1970 que les travaux sont entrepris. Un semi-remorque livre ce monstre d'une seule pièce et de plus d'une tonne, il stationnera à l'entrée côté Chaussée de Louvain. Son déchargement, son transport jusqu'à sa destination définitive prévue par les hommes de l'art restent des instants mémorables. Cela n'a pas été sans mal. On commence par démonter les portes vitrées et on déplace ensuite les meubles chargés de marchandises afin de créer un cheminement possible. La mise en place est effectuée de nuit par une dizaine d’hommes. C'est le premier escalier roulant de Sarreguemines. L'escalator comme les rayons jouets et friandises deviennent rapidement un lieu de prédilection pour les enfants comme pour les adolescents. Alfred Saleron en profite aussitôt pour agrandir cet étage de 200 m² afin de disposer d'une surface polyvalente notamment pour y présenter le rayon jouets en fin d'année. L’entreprise Nicolas Dietsch est chargée bien évidemment des travaux de gros œuvre.

Aux NOUVELLES GALERIES, on fait ses emplettes, mais c'est aussi un lieu de rencontre. Dès la sortie des cours les potaches se rendent très souvent aux "NOUGA" comme ils se plaisent à le dire avant de prendre le bus ou le train. C'est aux "NOUGA" que de nombreuses amourettes prennent leur envol. C'est aussi un endroit où il fait bon se promener. Les jeunes mamans conduisent souvent leurs bébés enfouis dans leur poussette au travers des allées du magasin. Les nouveaux nés pleurnichent, quelques fois effrayés par des bruits insolites, mais plus souvent impatients car maman n'arrive pas à s'arracher d'une rencontre amicale. Toujours aux mêmes horaires, tels des métronomes, les retraités flânent dans le magasin. Tout comme les personnels de bureau ou encore les fonctionnaires qui quittent leur service à 17 ou 18 heures. Une ambiance particulière

règne les mardis et vendredis matin, jours du marché. Les promeneurs plus nombreux et plus chargés que d' habitude, souvent pressés, parcourent rapidement les rayons pour chercher la bonne affaire ou pour glaner la dernière information mais aussi pour entendre les derniers cancans. Ces jours là, les NOUVELLES GALERIES sont la continuité du marché avec l'avantage d'être à la fois couvertes par temps de pluie ou de neige et surtout chauffées en hiver. Les jours de pluie ou par grand froid compte tenu de sa configuration, on traverse le magasin plutôt que d'emprunter les rues parallèles Pasteur et Utzschneider. Lors des trois grandes foires annuelles, forains et

Les stands de parfumerie à l’ouverture du magasin en 1969.

L’escalator traverse le magasin avant de rejoindre sa destination définitive. (Photo Annie Naget)

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camelots occupent toutes les rues du centre ville. La foule bigarrée des badauds s’agglutine alors autour des stands plus hétéroclites les uns que les autres. Il suffit alors d'une averse pour que le magasin soit envahi par une

marée humaine. A côté du rayon des luminaires une porte permet d’accéder au sous-sol qui tient lieu de parking. Soixante dix neuf places sont disponibles. Difficile d'accès et mal éclairé, il est cependant souvent complet. Le grand magasin, en plus de sa fonction essentielle : proposer et vendre des marchandises, remplissait un rôle social évident. Une année s'est déjà écoulée depuis l'ouverture des NOUVELLES GALERIES. La fréquentation quotidienne est en moyenne de 2000 clients. Près de 3500 visiteurs parcourent chaque jour cette surface de vente. Un événement important va dynamiser la vie économique et commerciale de toute la région. Claude Vervin met sous presse en mars 1970 dans notre région le premier journal gratuit "TELEX 57". D'abord mensuel puis rapidement bimensuel, il permet à la fois aux commerçants les plus entreprenants de se faire mieux connaître et aux consommateurs d’être mieux informés. La conjonction de l'ouverture des NOUVELLES GALERIES et un an plus tard

le lancement de ce journal gratuit crée une spirale ascendante qui tire encore plus vers le haut la notoriété commerciale de notre ville. Les rues Sainte-Croix, Nationale, des Généraux Crémer et de la Chapelle forment "Le Carreau". C'est l'épicentre de la vie commerciale de Sarreguemines. Le centre commercial de notre cité se compose bien évidemment du "Carreau", mais aussi des rues Pasteur, Utzschneider, de Verdun, de l'Eglise, de France ainsi que des places du Marché et Sibille sans oublier l'avenue de la Gare Les NOUVELLES GALERIES perpendiculaires à la rue Sainte-Croix et parallèles aux rue Pasteur et Utzschneider occupent une place de choix dans cet environnement et renforcent l'attrait déjà puissant du nombre important et bien diversifié des commerces de notre cité.

Le rayon mercerie-tissus, au fond à droite on devine le secteur Radio-Télévision.

La 1ère page du Ier TELEX avec une publicité concernant le 1er anniversaire des Nouvelles

Galeries en mars 1970.

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Les commerçants sarregueminois sont plus d'une centaine. Dès 1968 quelques uns créent un premier groupement appelé "Client Roi", puis d'autres un second groupement appelé "Club Orange" sans pour autant se détacher de l'Association des Commerçants présidée alors par Monsieur Raymond Kraemer, photographe, dont le commerce était situé au N° 1 de la rue de la Chapelle. Entraîné par une activité commerciale peu commune, le centre ville de Sarreguemines est alors particulièrement vivant. Les NOUVELLES GALERIES de Sarreguemines serviront également de décor au 7ème art. Jean-Pierre Mocky tourna, de nuit, plusieurs séquences pour son film policier L’ALBATROS qui sortit dans les salles en 1971. Jean-Pierre Mocky, réalisateur et acteur de ce long métrage, interpréta le rôle de Steff Tassel, un évadé de la prison de Marstein, au coté de Marion Game, dans le rôle de Paula, et de Paul Muller.

Publicité du Club Client Roi parue dans TELEX 57 d'octobre 1978.

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DIVERSES "RECLAMES" DE COMMERÇANTS SARREGUEMINOIS PARUES DANS TELEX 57

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Chapitre 2

de Janvier 1976 à Mai 1978

COURT INTERIM

Dès les premiers jours de l'absence de mon père, due à des problèmes de santé, Paris fit comme si de rien était, et de manière toute naturelle me chargea de le remplacer. Cette situation se prolongea pendant plusieurs mois. Je pris de l'assurance et incontestablement j'étais fier de la tâche que j'assumais, à un point tel que je croyais dur comme fer qu'on finirait bien par me nommer directeur si la santé de mon père ne se rétablissait pas: et malheureusement pour lui, il s'est vu contraint d'interrompre toute activité. Ainsi je continuais avec toute mon équipe à poursuivre notre mission. Cela se passait plutôt bien, même si bon nombre de salariés regrettaient l'absence de leur vrai patron et montraient quelques réticences à se laisser diriger par un jeune homme. Cependant grâce à mes adjoints dont j'aurais encore l'occasion de parler, Messieurs Kling et Neveux et plus tard Berthet, je pus faire face à cette situation. Il faut aussi souligner que je bénéficiais de circonstances favorables. Je travaillais entouré par une équipe de cadres qui connaissait parfaitement les rouages de ce type de commerce, un personnel de vente et plusieurs dizaines de personnes œuvraient dans les coulisses comme dans l'administration, tous forts compétents et parfaitement aguerris à leurs tâches. Il est vrai que si pendant cette période les scores du magasin étaient plutôt bons, nous le devions certainement au travail accompli par celui que je tentais de remplacer au mieux. En quelque sorte nos performances résultaient du fruit de l'héritage. De plus, au bout de quelques mois, compte tenu du fait que j'occupais la fonction de directeur et que mon poste initial restait vacant, Paris nous détacha un jeune attaché de direction, Jean Michel Berthet, à qui je confiais la division habillement. Un jour, alors que je prêtais attention au rayon de confection pour dame avec son responsable, la regrettée Alice Muller, décédée accidentellement à moto il y a quelques années et que j'appréciais particulièrement, un appel provenant de la sonorisation du magasin m'avisa de rappeler le standard. La secrétaire de direction, Carmen Gangloff, me mit en relation téléphonique avec notre directeur général Robert Hass qui me dit d'un ton cassant: "Vous aurez très bientôt un nouveau directeur, on vous tiendra au courant". Si le ciel m’était tombé sur la tête, l'effet eut été bien moindre. En cette journée de printemps 1976 (année mémorable pour sa sécheresse) une chaleur écrasante rendait l'atmosphère du magasin étouffante. A l'origine les investisseurs n'avaient pas jugé utile d'installer la climatisation, certainement trop onéreuse pour notre région, seul des aérothermes remplissaient le rôle de ventilateur, ainsi si l'air était brassé, il n'était pas refroidi. C'était très pénible pour tout le monde. Après ce coup de téléphone, pour moi, ça l'était d'autant plus. Il me fallait au plus vite prendre un peu le frais. Je m’en souviens parfaitement, je décidais d'entreprendre un tour de ville avant d'annoncer la nouvelle à Joseph Kling, Christian Neveux et Jean Michel Berthet, mes adjoints. Lors de cette ballade imprévue, rue de la Chapelle, une fois de plus la devanture du bijoutier Henri Billot-Morel m'interpella de part l'originalité de ses décors et de la recherche de présentation des bijoux. C'était un ravissement. Henri et son épouse Christiane avaient un goût hors du commun pour réaliser leurs deux vitrines qui souvent me fascinaient.

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Cette pose me permit de surmonter le choc de la nouvelle et de retour au magasin je réunis l'encadrement qui diffusa la nouvelle de l'arrivée prochaine d'un nouveau directeur à l'ensemble du personnel. La situation était claire, je reprenais ma fonction initiale de sous-directeur et serai pour la première fois dirigé par quelqu'un qui ne m'était pas proche. Je ressentais un sentiment d'amertume et pensais que le poste de directeur s'éloignait à tout jamais. J’étais angoissé à cette idée. La traversé du désert durera deux ans. Il va s'en dire que quelques semaines auparavant Messieurs Dreyfus et Haas avaient certainement jugés que le trop jeune directeur par intérim manquait d'expérience pour diriger ce gros navire. Dommage!

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UN NOUVEAU DIRECTEUR

Bien évidemment, ces messieurs, le mois précédent avaient pris contact avec le 66 de la rue des Archives à Paris, siège de la Société Française des Nouvelles Galeries Réunies et demandé à rencontrer le directeur des ressources humaines: Alexis Lacaille. Alexis Lacaille est un homme grand et maigre, affable et mielleux, d'allure bon chic bon genre, souvent en costume gris, chemise fil à fil et cravate de soie, quelque fois il porte le nœud papillon. Redouté de tous les cadres de la S.F.N.G.R. car il lui incombe, en fonction des desiderata des directeurs généraux ou plus encore du Président, de procéder aux mutations. Il propose donc à mes patrons le sous-directeur du magasin NOUVELLES GALERIES de Toulouse : Robert Strauss. Robert Strauss avait déjà accompli une belle carrière aux NOUVELLES GALERIES. Après avoir exercé à Blois, chez un affilié, comme nous l'étions à Sarreguemines, il avait été nommé attaché de direction puis sous directeur à Bordeaux. Il fut affecté ensuite à Toulouse, la ville rose, aux mêmes fonctions. Ces deux magasins représentaient en soi une référence. Robert Strauss est donc convoqué par A. Lacaille qui lui annonce sa mutation pour l'affilié de Sarreguemines, sa nomination comme directeur et lui demande de se rendre au 72, avenue des Champs Elysées afin de rencontrer A. Dreyfus et R. Haas. J'appris plus tard de la bouche même de Robert Strauss que tous ces entretiens ne s'étaient pas très bien passés. En effet Robert Strauss ne désirait à aucun prix s'expatrier dans l'est de l'hexagone, ni travailler chez un affilié, ni devoir collaborer avec moi dans la mesure où il avait le sentiment qu'il prenait ma place (sentiment que je partageais) et que notre cohabitation pourrait être conflictuelle, donc délicate. Dans le cadre des différents entretiens liés à cette mutation A. Lacaille lui fit certainement comprendre qu'il allait de son intérêt d'accepter cette direction de magasin et qu'on lui renverrait un jour l'ascenseur. Robert Strauss, contraint, accepta. A compter de cet instant les rapports entre les deux hommes se dégradèrent rapidement. D'ailleurs A. Lacaille ne lui fit pas de cadeau car à son départ de Sarreguemines Monsieur Strauss fut nommé directeur à Avignon en centre-ville, un des plus petits magasins de la chaîne NOUVELLES GALERIES et de surcroît très veillôt. Robert Strauss méritait mieux. Heureusement, la satisfaction de retrouver le soleil et se rapprocher de sa belle famille qui demeurait à Nice, le réjouissait. Si je n'ai plus un souvenir exact de la date de notre première rencontre, très certainement en mai ou juin 1976, j'ai par contre le parfait souvenir de ce que nous nous sommes dit. Après les quelques mots d'usage dans ce qui était encore pour quelques jours mon bureau directorial, cet homme de dix ans mon aîné me mit immédiatement à l'aise. “ Venez, allons prendre un café ” me dit-il. Nous nous rendons au Bar Central, tout à coté du magasin et là il me fit part de ses états d'âme, me racontant sa vie, sa carrière, son désagrément de venir à Sarreguemines et se lance dans une tirade amère à l'encontre de sa hiérarchie sans ménager d'ailleurs sa nouvelle direction. Il ne faisait aucun doute qu'il n’appréciait pas sa mutation à Sarreguemines et me dit ensuite qu'il souhaitait que je m'installe à coté de lui dans la pièce même ou se situait le bureau que j'occupais à titre provisoire depuis quelques mois. Cela me fit bien sûr chaud au cœur et vis à vis de l'ensemble du personnel j'avais le sentiment de n'être pas totalement évincé.

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Ainsi avec beaucoup de talent il réussit à me faire avaler la pilule et à se faire immédiatement accepter de moi afin que nous cohabitions pleinement dans l’intérêt du magasin. L'entretien terminé j'étais soulagé mais aussi un peu plus optimiste quant à mon avenir. Tout ce que Robert Strauss a pu me dire ou me promettre a été tenu, sans exception aucune. Il était homme de parole. En deux ans il réalisa un travail considérable dans un contexte des plus difficile. Enthousiaste peut-être, mais peu expérimenté je n'avais fait que poursuivre le travail accompli par mon père. Avec le recul aujourd'hui j'en suis gré à l'ensemble du personnel des NOUVELLES GALERIES de l'époque qui d'un regard, j'imagine amusé, a laissé faire sans broncher ce jeune homme plein d'ambitions. Il faut également comprendre la démarche d'une direction générale à la recherche d'un dirigeant plus compétent. Curieusement dès la prise en main de l'entreprise par Robert Strauss, lentement mais sûrement les revendications sociales ont vu le jour. A ce niveau depuis l'implantation des NOUVELLES GALERIES à Sarreguemines peu de chose avaient été entreprises. Il était de bon ton dans un esprit légaliste d'appliquer les règles fixées par le droit du travail. Huit ans s’étaient écoulés depuis Mai 68, le souffle de cette mini révolution avec ses accords de Grenelle avait ralenti les revendications, et, pour peu que l'on ne s'écartait pas des règles établies, le calme régnait. Quelques années écoulées, un nouveau patron, de nouvelles méthodes plus rigoureuses, ces quelques ingrédients ont suffi pour qu'un léger vent perturbe les esprits. Robert Strauss entreprend alors un travail colossal et remarquable qu'il réalise en grande partie avec Joseph Kling et qui aboutit le 12/12/77.Monsieur Strauss, pendant plusieurs mois, à partir de la

convention nationale des grands magasins à rayons multiples et la convention de la S.F.N.G.R., se met à rédiger puis à négocier une convention collective propre à notre petite société. Il signe cette convention avec la centrale syndicale C.G.T représentée dans l'entreprise par le délégué syndical Monsieur Claude Petitmangin et Mesdames Bernardette Beinsteiner et Brigitte Kern.

Depuis bientôt dix ans et ce sera encore le cas pour plus d’une décennie l’ambiance dans l’entreprise peut être qualifiée de chaleureuse. De l’ensemble du personnel se dégage un sentiment de dévouement qui s’accompagne de l’effort indispensable afin d’améliorer son professionnalisme au service de la clientèle. Mais aussi, pendant toute cette période la vie sociale s’exprime

pleinement à travers de multiples activités. Chaque année les salariés attendent la soirée du comité d’entreprise. Elle se déroule début décembre à la salle polyvalente de Neufgrange. Un bon repas, de la musique et de la danse sont l’occasion de se détendre avant le rush des fêtes de fin d’année. De plus magiciens, conteurs et artistes présentent

leur numéro. Le lendemain la fête continue, cette fois c’est celle des enfants du personnel, autour d’un sapin, le Père Noël distribue friandises et jouets. Des excursions sont organisées et surtout on joue au football. Les NOUVELLES GALERIES de Sarreguemines ont leur propre équipe entraînée et dynamisée par René Flach, le chef du département homme. Grâce à la création d’un tournoi inter- entreprises, on se rend à Epernay, Reims, Metz et Thionville. Autant de belles sorties en bus avec joueurs, familles et supporters. L’équipe participe au challenge corporatif Robert Pax, mais la compétition est d’un niveau trop élevée, nos sportifs ne sont pas de taille à rivaliser avec des équipes telles que celle de la Sesa ou de Continental. Cependant l’essentiel n’est-il pas de participer ?

Lors d’un match de football : quelques joueurs et leurs supporters.

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PROFONDS CHANGEMENTS

Excellent commerçant mais aussi très bon technicien Robert Strauss appréciait les problèmes inhérents, par exemple, à l'entretien des machines et en effet, nous n'en manquions pas. Cela allait de la caisse enregistreuse N.C.R. ou Sweda, en passant au rayon alimentation par les meubles de froid Bonnet ou le groupe électrogène Pauyot dont le rôle consiste à faire face aux coupures de courant, les impressionnantes chaudières, la machine à presser les cartons, le système de protection incendie qui avait son propre local et bien d’autres encore . Monsieur Strauss se plaisait également dans tout ce qui touche les transformations de mobilier de rayon. Monsieur Weber chef du service technique et son adjoint Monsieur Andres avaient tous deux fort à faire. Mais ce n'étaient pas ses seuls domaines de compétence. En effet par son passage à l'école des hautes études commerciales, tout ce qui pouvait approcher le domaine administratif était dans ses cordes, sauf peut être la comptabilité, matière dans laquelle excellait notre collaborateur Joseph Kling. Ainsi notre directeur avait une capacité incroyable pour traiter la mise en place de nouvelles structures ou encore par exemple pour rédiger un accord d’entreprise. La difficulté pour nous tous, du sous- directeur aux veilleurs de nuit, résidait dans le fait que Strauss, toujours en costume de ville gris sombre, très sombre, chemise blanche et cravate presque noire, avait une structure d'esprit méthodique, influencée par des méthodes hiérarchisées qui étaient la conséquence de sa carrière au sein d'une entreprise de plus de 20000 salariés. Il se caractérisait par son profil d'aigle et ses cheveux poivre et sel, sans effort il dégageait un air sévère, qui lui accordait une autorité naturelle. C'était un homme bon, juste, social, à l'écoute de tous. Mais aussi particulièrement intelligent et d'une grande stabilité de caractère, de plus, il s'est beaucoup consacré à notre formation à tous les échelons de l'entreprise. Il s'appliquait à nous apprendre à rechercher l'amélioration de tout principe établi, à étudier à fond tout problème posé, à suivre et contrôler l'exécution de décision prise. Il va s'en dire qu'il laissait à ses cadres peu de répit. Tous les matins nous parcourions chaque rayon, il nous apprenait à avoir l'esprit critique, à donner des instructions précises et il n'oubliait jamais de nous rappeler de vérifier que les travaux programmés étaient bien réalisés. Il éditait régulièrement des notes de service et contrôlait leurs applications. Ainsi de nouvelles méthodes de travail strictes s'établissaient peu à peu, souvent mal acceptées, mais à terme terriblement efficaces. Au détriment quelque peu du commercial ce type de management a permis à l'entreprise de prendre une autre dimension. Cette période termine de compléter efficacement ma formation d'autant plus facilement que notre entente était parfaite, bien qu'à l'origine compte tenu du contexte on aurait pu en douter. Dès sa prise de fonction le nouveau directeur envisage de réaliser un escalier central et d'agrandir

le 1er étage de 200m² .C'est là le minimum de surface indispensable afin d'obtenir des résultats

sérieux. Il les prend au premier étage en abattant un mur derrière lequel on stocke les produits qui touchent aux articles de table, à la vaisselle, au cadeau mais aussi à l'alimentation. Comme de coutume on fait appel à l’entreprise Nicolas Dietsch qui réalise les travaux d’extension mais aussi l’escalier central suspendu. Il y avait dans ce choix plusieurs avantages à savoir que cette

augmentation de volume du 1er étage allait lui donner un meilleur attrait commercial mais aussi

permettrait de bénéficier d'une issue de secours déjà existante qui s'ouvrait sur un toit. De plus,

d'un point de vue esthétique, l'escalator qui menait au 1er étage sortirait enfin d'une espèce de

couloir dans lequel à l'origine on l'avait inséré. Un travail colossal nous attendait. En effet, nous étions dans l’obligation de réduire la surface de réserve et donc de réaménager une grande partie des coulisses. Il avait été convenu que les rayons disques, livres et papeterie quitteraient le rez-de-chaussée pour prendre place sur cette

nouvelle surface et libérer 200 m2 qui permettraient d'étendre les rayons à vocation textile,

générateurs de meilleures marges. Si d’un côté Robert Strauss s’investissait pleinement dans le développement et l’amélioration du magasin d’un autre côté les rapports quotidiens avec Intercime et Cie étaient constamment conflictuels.

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J'ai souvenir qu'avec un rare plaisir il s'évertuait à pousser à bout ou alors à mettre en porte à faux sa direction. Par principe il entretenait le désaccord, il en éprouvait une satisfaction évidente. Il devait considérer qu'on avait appliqué à son encontre une forme de chantage afin de l'inciter à prendre la direction du magasin de Sarreguemines, il ne l'a jamais acceptée. Cette situation de mésentente permanente décide alors certainement, Messieurs Dreyfus et Hass à engager des démarches pour faire de moi au plus vite leur prochain directeur. Alexis Lacaille1 est mis aussitôt à contribution avec comme objectif de parfaire au plus vite mes connaissances en entrant pour quelques temps dans le giron des NOUVELLES GALERIES. Par la même occasion des avis autorisés seront émis sur mes possibilités de diriger à mon tour les NOUVELLES GALERIES de Sarreguemines et conforteront Messieurs Dreyfus et Hass dans leurs convictions. Bien entendu, pour ces Messieurs de Paris, l’attitude de Robert Strauss était inconfortable, d’autant plus redoutable qu’à l'horizon apparaissait la perspective de l'implantation d'un hypermarché à l'enseigne CORA. La pérennité passait, certainement, dans l'esprit de notre direction par un sang neuf et ambitieux. Je quittais mon poste de sous-directeur des NOUVELLES GALERIES de Sarreguemines en Juin 1977 pour prendre une fonction équivalente à Châteauroux tout d'abord, à Caen ensuite.

1 A. Lacaille remplissait les fonctions de directeur des ressources humaines à la Société Française des Nouvelles Galeries

Réunies.

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Chapitre 3

de Juin 1978 à Juin 1986

LE TROISIEME DIRECTEUR

André Dreyfus, Président d'Invesco, me convoqua à 8 heures du matin le mercredi 21 Juin 1978, jour de l'été, dans une brasserie parisienne située Porte Maillot. Fébrilement assis devant une tasse de café noir et deux croissants, le Président m'apprend officiellement ma nomination au poste de directeur des NOUVELLES GALERIES de Sarreguemines. André Dreyfus, comme à son habitude passe rapidement à l'essentiel. Il avait le sens de l'efficacité. Il commence par me fixer ma rémunération annuelle et me dit “ Le pot d'adieu de votre prédécesseur et votre prise de fonction officieuse sont fixés au mercredi 28 Juin à 19h. Robert Hass, Président d'Intercime, et moi-même seront présents. Officiellement vous prendrez vos fonctions le 1er Août. Vous aurez à affronter l'ouverture de l'hypermarché CORA. Bon retour sur Sarreguemines ”. L'entretien dura à peine une petite heure.

L’encadrement à l’apéritif.

Robert Strauss et Gérard Saleron.

Le mercredi 28 juin, jour de mes 32 ans, en salle de réunion sont invités tout l'encadrement, mais aussi les chefs de file, les membres du comité d'entreprise, les délégués du personnel, sont également présents Mr et Mme Alfred Saleron ainsi que les épouses des directeurs entrant et sortant, Mme Strauss souffrante est excusée. Monsieur A. Dreyfus prononce les quelques mots d’usage, le champagne se met à couler et l’événement est dignement fêté. Nombreux sont ceux qui encore aujourd’hui gardent un souvenir de la nuit qui fut longue. Quant à Robert Strauss il avait été affecté au magasin NOUVELLES GALERIES d’Avignon centre-ville. Il était particulièrement heureux de quitter Sarreguemines car ayant fait carrière entre autre à Bordeaux, Toulouse et Marseille, il repartait vers le soleil. Il négocie plus tard son départ de la S.F.N.G.R. dans le cadre d'une retraite prématurée et s'installera alors à Ramonville Saint Agne dans la banlieue de Toulouse.

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CORA

Depuis le 1er Août je dirige les NOUVELLES GALERIES de Sarreguemines, dès le 15 il faut bien

me rendre à l'évidence, à l'horizon se précisent de nombreuses difficultés. Je me demande par moment si ma nouvelle fonction n'est pas un cadeau empoissonné. Je me dois de réagir au plus vite afin de ne pas succomber au doute. En effet jeudi 23 Août, Cora ouvre son hypermarché. La concurrence se précise. Nous sommes avec mon staff dans un attentisme empreint d'incertitude. Nous dirigeons nos interrogations vers les plus hautes instances de la S.F.N.G.R. qui ont déjà vécu de telles situations. Les responsables des NOUVELLES GALERIES laissent entrevoir une perte de chiffre d'affaires de l'ordre de 25%. Or, je suis intimement convaincu que la perte sera bien plus importante. Depuis plusieurs années le poids de l'alimentation se situait à près d'un tiers de ce que réalisait l'ensemble du magasin. Si le non alimentaire se classait sur la soixantaine de magasins NOUVELLES GALERIES environ à la 40ème place, la division alimentation se situait quant à elle dans les 20 meilleures. Compte tenu de toutes ces considérations l'ouverture de l'hypermarché, dans mon esprit, nous amputera de plus de 30% de nos recettes. Sur cette base de réduction du chiffre d'affaires, pour maintenir les résultats de l'entreprise, il est nécessaire de réduire les frais dans les mêmes proportions, ainsi les effectifs doivent baisser de 30%. Sachant que nous sommes près de 180 salariés, il faut envisager plus de 50 départs. La pression monte très vite lorsque notre Président me fait part de cette éventualité. Je décidais que je ne pratiquerai pas de licenciements secs, mais il importe alors de mettre au point une stratégie afin de convaincre nos patrons. Mon adjoint, Joseph Kling, détermine de par l'historique que nous pouvons compter en moyenne sur une dizaine de départs naturels par an. Avec mon sous-directeur nous sommes arrivés à persuader André Dreyfus et Robert Haas en arguant sur le fait qu'il est impératif d'éviter des renvois. En effet, dans mes discutions avec ma direction parisienne je fais valoir qu'un licenciement serait très mal perçu par la clientèle et cela ne pourrait qu'amplifier la baisse du chiffre d'affaires. Sachant d'autre part que Paris préférait éviter un éventuel conflit social je n'hésite pas à noircir la situation à savoir qu'un tel conflit pourrait être engagé par une majorité des salariés sitôt les licenciements envisagés. Je dois dire qu'à ce niveau Joseph Kling a été plus qu'un collaborateur efficace. Il est vrai aussi que la situation de trésorerie permettait de voir venir. Cette stratégie défendue auprès de ma direction a parfaitement fonctionné. En tout état de cause grâce à une détermination farouche, à la compétence de mes collaborateurs les plus proches, à la compréhension et aux efforts de tous, un licenciement économique a bien été évité lors de l'ouverture de l'hypermarché CORA...

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L ' EXPANSION

Nous sommes en Août 1978 et je resterai directeur en exercice jusqu’en Juin 1986. Je ne m'étendrai pas sur la vie commerciale au quotidien qui comme tout le monde le sait vit au rythme des saisons, ni sur celle du chef d'entreprise qui chaque jour se heurte à une multitude de problèmes qu'ils soient d'ordre commerciaux, techniques, sociaux, juridiques où que sais-je encore. Néanmoins pendant ces huit années quelques points forts ont émergé et marqué l'évolution de l'entreprise sur lesquels je ne manquerai pas de m'attarder. Depuis le 23 Août, jour de l'ouverture de CORA, comme un aimant, le premier hypermarché de Sarreguemines attire à lui clients et curieux. Une ambiance de fête et d'achat règne à Neunkirch. Les drapeaux claquent au vent, la musique résonne, les animations hautes en couleurs abondent. Le parking de la nouvelle grande surface ne peut accueillir tout le flot incessant des véhicules. Les bouchons font leur apparition route de Bitche, du jamais vu dans ce faubourg de Sarreguemines. Quant au centre ville, le silence est roi. Les commerçants s'arment de patience dans l'attente que l'orage passe. Comme nous l'avions imaginé avec mon encadrement les premiers jours de l'arrivée de CORA sont catastrophiques. Le chiffre d'affaires subit une perte de 30% en alimentation et près de 20% dans le reste du magasin. Il s'agit de stopper au plus vite cette hémorragie. Une augmentation conséquente du budget publicité, des actions commerciales ciblées, un travail énorme au niveau de l'offre produit, permettent dans un premier temps de stabiliser cette perte de chiffre d'affaires aux alentours des 25% sur l'ensemble de l'entreprise. Le magasin ne retrouvera jamais plus ses résultats d'antan. Les responsables de notre centrale d'achats avaient prédit ce score, maintenant il faut se rendre à l'évidence et tenter de vivre avec ce nouvel environnement commercial. Dès le printemps 1979 on procède au ravalement de la façade de la Chaussée de Louvain. L'investissement est important: plus de 80.000 francs. Mais aussi après de nombreux conciliabules avec le Président André Dreyfus il est décidé d'investir également dans

l'agrandissement du 1er étage. En effet ce 1

er niveau n'est toujours pas commercial malgré les

efforts de mes prédécesseurs. L’inconvénient majeur réside dans le fait qu'à chaque manifestation commerciale nécessitant 300 ou 400 m2 on se doit de supprimer des rayons afin de céder la place à l’événement du moment. On décide donc de frapper un grand coup. La réserve alimentation déménagera au sous-sol et l'étage s'agrandira de 400 m². Il a enfin belle allure mais cela ne s'est pas réalisé sans mal. En effet compte tenu que notre magasin est considéré comme un établissement recevant du public il doit se conformer à la législation qui régit ce type de locaux. La Direction Départementale de la Sécurité que je rencontre à différentes reprises à Metz m'indique qu'elle se refusera à toute autorisation d'agrandissement si nous ne pratiquons pas une issue de secours supplémentaire au rez-de-chaussée. Nous n'avions qu'une solution: rencontrer notre propriétaire (le consortium Meyer et Goepfer) et le propriétaire voisin afin d'entrevoir une telle possibilité. Je dois dire aujourd'hui que la compréhension de tous a largement facilité ma tâche. Dès mai 1979, alors que la rue Sainte-Croix en travaux commence à prendre son aspect de rue piétonne, on entreprend les discussions avec notre voisin, Monsieur Bertrand Huber. Dans le même temps des contacts avec la Ville nous amènent à envisager une extension du parking souterrain existant vers la propriété de Monsieur Huber. Ce dernier accepte de nous louer la partie rez-de-chaussée de sa propriété. Compréhension également de nos bailleurs qui acceptent cette servitude.

Le 10 Mars 1980 je présente à la Mairie à Monsieur Pax, le projet d'agrandissement, l’extension de 56 places de stationnement, afin qu'il accorde un avis favorable à notre demande de permis de construire. La réalisation de ce projet n'aurait pu aboutir sans les avis éclairés des services techniques de la Ville et surtout de Maître Didier, notre conseil, qui comme à l'accoutumé fit une fois de plus état de tout son professionnalisme.

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Douze années auparavant au courant de l'hiver 1968, quelques mois avant l'ouverture des NOUVELLES GALERIES, Alfred Saleron s’était chargé de trouver un dépôt. En effet, il fallait un lieu de stockage pour recevoir la marchandise, la reconnaître et l'étiqueter car le chantier du futur magasin de centre ville était en pleine activité. Il loua en dernier recours le tiers d'une usine de meubles de bureau désaffectée qui se situait à Grosbliederstroff sur son annexe de Gungling. Depuis cette période ce "dépôt", nous l'avons toujours appelé ainsi, avait été au fil du temps transformé en une petite surface de vente. L'activité se réduisait à présenter un peu de meubles, quelques pièces d'arts ménagers. Néanmoins au printemps et en été sur les extérieurs de bonnes ventes étaient réalisées en produits de jardin, de camping et même de caravaning. Bien évidemment la surface de présentation aussi bien pour les produits bruns (meubles) que les produits blancs (arts ménagers) faisait piètre figure à côté des remarquables spécialistes tel que Adolphe Gougenheim qui après l'incendie mémorable de son magasin de meubles rue du Maréchal Foch le dimanche 5 août 1973, déplaça son activité sur le ban de Grosbliederstroff. D'abord à l'enseigne SERENA, puis GLOBAL, avant de devenir ayant changé de propriétaire, GEANT du MEUBLE, mais aussi Freddy Gosse à l'angle de la rue Utzschneider et de la rue du Moulin à l'enseigne TELE GOSSE devenu depuis un commerce d'animalerie et de jardinage. En périphérie, dans des villes plus importantes que Sarreguemines, se développaient des magasins à vocation "tout pour la maison". La centrale d'achats des NOUVELLES GALERIES ouvrait avec une certaine réussite des magasins de ce type sous l’appellation de "C.M.J." c'est à dire Centre Maison et Jardin. C'est alors que l'idée germa de transformer notre "dépôt" et la friche industrielle voisine en Centre Maison et Jardin. Nous compenserions, dans notre esprit, ainsi une partie du chiffre d'affaires laissé à l'hypermarché CORA. Je pris donc contact avec le propriétaire allemand de cet ensemble immobilier vétuste. Maître

Hauser, conseil de Mickael Becker, industriel à Sarrebrück, nous réunit le 1er octobre 1979 en son

étude rue de la Chapelle. On aboutit à un accord le 5 Mai 1980. Au courant du printemps de cette même année je soumets notre projet à Monsieur Jung, Maire de Grosbliederstroff. Au niveau commercial mon sous-directeur François Hoeffler fut le grand artisan de cette réalisation. Avant de prendre son poste à Sarreguemines comme sous directeur il supervisait déjà le Centre Maison et Jardin de Metz et de Thionville qui se situait à Richemont. Cette surface commerciale, fleuron de la nouvelle chaîne de magasin en périphérie des NOUVELLES GALERIES, réalisait un gros chiffre d'affaires. Quand il quitta son poste comme un de mes plus proches collaborateurs il prit en charge au plus haut niveau à Paris la gestion commerciale de tous les C.M.J. de l'hexagone, puis fut entre autre nommé directeur du MAGMOD à Strasbourg, aujourd'hui il dirige Les GALERIES LAFAYETTE de Nice.

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La Loi Royer imposait de présenter un dossier à la C.D.U.C.1, un passage obligé puisque notre future surface commerciale dépassait largement 1000 m². Le 15 juillet 1980 à 10 heures 30 la commission se réunit à Metz et nous accorde l'avis favorable indispensable pour réaliser notre projet. Les investissements franchirent allègrement la barre du million de francs. Les entreprises sarregueminoises Nicolas Dietsch et Hantz prirent en chargent les extérieurs, Mosbrucker pour l'électricité, Yvon Poinsignon pour les peintures et Nicolas Prinz pour les sols se partagèrent les principaux travaux dans le futur magasin. Le chantier commença dès le feu vert de la C.D.U.C. car nous avions fixé la date d'ouverture au 28 Janvier 1981, premier jour de notre action commerciale la plus performante : LES BONNES AFFAIRES.

Centre Maison et Jardin était une enseigne trop longue, il est décidé de nommer le magasin NG Nord. En façade un parking d'une vingtaine de places permet le stationnement. Le magasin est découpé en deux grandes parties à gauche le meuble (produits bruns) à droite les arts ménagers (produits blancs) qui côtoient les cuisines par éléments. Au fond toujours à droite les moquettes et plus tard on y ajoute un rayon télé-hifi. En été, on présente sur les extérieurs les produits du jardinage tel que les tondeuses à gazon mais aussi du mobilier de jardin.

1 Commission Départementale d’Urbanisme Commercial.

Le caravaning est supprimé, mais le camping est toujours là. Les journées d'ouverture sont un énorme succès. Notre moral est dopé par les résultats obtenus par cette implantation. Nous en avions besoin dans la mesure où en centre ville notre chiffre s'effrite lentement mais sûrement. Le

premier mois à Grosbliederstroff le chiffre de 1.700.000 francs est atteint. Sachant que le magasin de centre ville ne

retrouvera jamais plus sa capacité de chiffre d'affaires d'avant août 1978 le Président André Dreyfus et

moi-même sommes

convaincus de la nécessité d'une

stratégie expansionniste

afin d'assurer la pérennité de l'entreprise. Le succès obtenu par l'ouverture du magasin NG Nord nous conforta dans ce sens.

Publicité d’ouverture NG Nord.

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Une opportunité se présente à Bitche par l'intermédiaire de Jean Fabing, agent immobilier à Sarreguemines, en mars 1982. La négociation s'étire tout au long de l'année pour finalement aboutir le 22 décembre. L’acte de vente est signé le 7 février 1983 à Bitche en l'étude de Maître Schaefer. Intercime et Cie acquiert un magasin de 250 m² au centre de Bitche au 4 de la rue du

maréchal Foch. On entreprend des travaux de rénovation et surtout de mise en conformité. Les services techniques et étalage dirigés respectivement par Alphonse Wéber et Philippe Charf du magasin de Sarreguemines accomplissent avec brio ce travail. Quelques entreprises locales et surtout celle de Jean Marie Gambs de Siltzheim assurent les travaux qui nécessitent une technicité particulière. Le mardi 16 août 1983 les personnalités locales et les partenaires d'Intercime et Cie sont conviés au cocktail d'inauguration. Le lendemain Edmond Fierling, responsable de ce point de vente ouvre les portes à la clientèle. On espère 3 millions de recette par an. Ce magasin n'atteindra jamais cet objectif. Mais comme les petits ruisseaux font les grandes rivières André Dreyfus ne veut pas en rester là.

Dès le début de 1984 il me demande de prospecter dans le secteur de Morhange, Dieuze, Château Salins afin de dénicher un fonds de commerce du type de celui de Bitche. Mais rien de concret ne se présente. Le Président André Dreyfuss me demande également de prendre contact avec la société qui exploite le magasin SCHROEDER situé en centre ville, rue Nationale à Forbach. Le

jeudi 20 septembre 1984 un premier contact a lieu. A mon grand regret ce sera aussi le dernier. Dans la même période RECORD obtient l'accord de la C.D.U.C. d'implanter un hypermarché dans la zone commerciale de Gungling qui s'agrandit de plus en plus. En effet CASTORAMA s'y était déjà installé, Monsieur et Madame Clément avaient ouvert leur magasin GEDIMAT. Cette zone devient le pendant de celle de Neunkirch sans pour autant en atteindre la même dimension. L'arrivée imminente de RECORD freine alors les velléités expansionnistes de notre Président pour lesquelles il a en permanence le souci qu'elles restent discrètes. Il craint surtout que le fait d’engager des investissements pourrait, compte tenu de l'arrivée d'un nouvel hyper, poser à court terme de sérieux problèmes de trésorerie.

Façade du magasin Nouvelles Galeries de Bitche.

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L'année 1985 fût en quelque sorte une année de transition marquée essentiellement par un grand chantier. La centrale d'achats (S.F.N.G.R.) afin de réduire les stocks en magasin créé une nouvelle structure chargée d’approvisionner les magasins en produits basiques. La société de manutention et de vente (S.M.V.) basée près de Lyon reçoit nos commandes et nous livre la semaine suivante alors qu’auparavant au travers des fournisseurs les délais de livraison s'échelonnaient entre 4 et 6 semaines. La mise en place de ce nouveau système d’approvisionnement nécessite une belle dépense d'énergie avant de devenir véritablement efficace. La zone commerciale en périphérie de Forbach et l'ouverture en particulier de DARTY met un coup d'arrêt net au chiffre d'affaires de NG Nord qui accueillait beaucoup de clients de cette région. On décide sans toucher à la surface de vente du magasin de supprimer les réserves et de céder cette surface locative. Claude Isaac, chargé d'affaires à Sarreguemines, trouve un repreneur allemand, la société Cafil. Maître Claude Brock, notre conseil depuis le décès de Maître Didier, nous fait profiter une fois de plus de ces qualités de l'exceptionnel négociateur qu'il sait être et auxquelles se joignent toutes ses compétences de juriste. La fin de l'année 1985 est surtout marquée par les attentats du 7 décembre au PRINTEMPS et aux GALERIES LAFAYETTE à Paris. Nous étions évidemment inquiets dans la mesure où la période de Noël battait son plein, aussi nous prîmes de nombreuses mesures de précaution afin d'éviter un éventuel accident. A plusieurs reprises nous avions déjà été victime d'alerte à la bombe et donc la prudence s'imposait. Le 5 Mars 1986 RECORD ouvre ses portes. La répercussion de cette ouverture n'eut pas les mêmes effets dans l'immédiat que celle de CORA, heureusement ! Fin juin je suis hospitalisé, je ne vois pas passer les mois d'été. Les séquelles de ma maladie laissent présager une convalescence très longue. Dans cette optique, Intercime et Cie décide de me remplacer temporairement.

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Intercime et Cie

Nouvelles Galeries

Organigramme au 16.10.1984.

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Chapitre 4

DE JUILLET 1986 au 30 JUIN 1992

LE QUATRIEME DIRECTEUR

Après avoir fait ses armes à UNIPRIX, filiale des NOUVELLES GALERIES dans les magasins de Lorient et Avignon, Pierre Menant, est chargé d’assurer les intérims des directeurs des magasins de Argentan, Bernay, Evreux, Fécamp, Issy les Moulineaux, Bressuires, Le Havre, mais aussi Annonay et Moulins, il se retrouve enfin aux NOUVELLES GALERIES de Lens aux fonctions de sous-directeur puis est nommé au même poste à Thionville. Dans ce magasin il est chargé de gérer tous les rayons qui touchent le secteur habillement mais aussi de superviser l'alimentation, département très important de ce magasin. De plus les étalages, c'est à dire tout ce qui concerne l'ambiance et la décoration du magasin comme la division maison et loisirs sont rattachés également à ses responsabilités. A Thionville depuis avril 1985, Pierre Menant est convoqué au cours de l'été 1986 par Jean Paul Sicot qui remplace A. Lacaille à la retraite au poste si convoité de directeur des ressources humaines de la S.F.N.G.R. Dans cette vénérable maison on pratiquait avec insistance le culte de la hiérarchie et du pouvoir attribué au titre de la fonction de chacun. C'est pourquoi après un court entretien dans le bureau de Jean Paul Sicot, ce dernier dirige Pierre Menant vers la direction des affiliés1 où son nouveau directeur, Marc Fineltin, le reçoit. Le directeur des affiliés de la S.F.N.G.R. fait savoir à Pierre Menant que le directeur du magasin de Sarreguemines, hospitalisé pour plusieurs mois, est à remplacer temporairement. Marc Fineltin argumente en prétextant que Pierre Menant est l’homme de la situation. Monsieur Menant refuse catégoriquement. Il comprend très mal que l'encadrement de direction sur place (2 sous-directeurs) n'est pas en mesure d'assumer cet intérim. On lui répond que cela n'est en rien son problème et que Monsieur André Dreyfus l’attend au 72 de l'avenue des Champs Elysées. La rencontre est cordiale, mais Pierre Menant n'hésite pas à renouveler son incompréhension sur la nécessité de devoir assurer le remplacement du directeur absent compte tenu de la présence de deux sous-directeurs.

La conversation est habilement détournée. On lui signifie que compte tenu de ses qualités, de sa personnalité, la Direction des Affiliés de la S.F.N.G.R. a proposé Pierre Menant à Intercime et Cie qui estime ce choix judicieux. On lui indique que son rôle consiste à poursuivre les travaux de transformations de l'entrée du magasin sur la rue piétonne engagés par Gérard Saleron, mais aussi à régler au plus vite des problèmes restés en attente, comme négocier le déplacement d'un fleuriste locataire où encore aboutir au règlement d'un bail avec un autre partenaire distributeur de bretzel auquel Gérard Saleron avait cédé quelques mètres carrés en façade rue Sainte-Croix et dont une partie de la somme négociée reste toujours due. Finalement Pierre Menant accepte le poste de Sarreguemines et dès les premiers jours de septembre se rend à Sarreguemines. Il est accueilli par Joseph Kling. Il poursuit immédiatement le travail que j’avais entrepris à savoir le mouvement engagé des rayons parfumerie, maroquinerie, bijouterie et rentra rapidement dans le cycle commercial classique ponctué par les saisons et les habituelles manifestations afin d'accomplir sa mission.

1 La direction des affiliés de la S.F.N.G.R. avait à charge de gérer toutes les relations contractuelles de cette société avec ses

clients. (Tel par exemple Intercime et Cie).

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Le nouveau directeur qui chaque jour fait la navette Thionville - Sarreguemines ne reçoit la visite de sa nouvelle direction parisienne qu'à deux reprises dans les quatre mois qui suivent sa prise de fonction. L’ouverture d'un second hypermarché sur la zone de Gungling situé sur le ban de la commune de Grosbliederstroff depuis le printemps n'avait pas arrangé la trésorerie d'Intercime. Le combat entre Record et Cora afin de s'assurer au niveau clientèle l'ascendant de l'un sur l'autre désertifiait le commerce de centre ville qui souffrait considérablement. André Dreyfus entame des discussions avec la société mère aux U.S.A. en réclamant 3.000.000 de francs à Républic Enterprises Inc. Mais les actionnaires ne sont pas enclins à répondre positivement. C'est pourquoi n'ayant pas obtenu satisfaction, A. Dreyfus demande à P. Menant

début décembre de procéder pour le 1er janvier 1987 à 20 licenciements. Pierre Menant refuse en

invoquant le fait qu'il n'est pas à même compte tenu du peu de temps de présence dans ce magasin de juger de l’opportunité d'une telle décision. De plus il estime qu'il n'a pas encore assez d'éléments statistiques et surtout qu'il ignore tout de la situation sociale des salariés. Cependant André Dreyfus donne l'ordre d'entamer cette procédure de 20 licenciements. Nous sommes alors au mois de décembre.

NOEL 1986

Cette veillée de Noël ne ressembla à aucune autre car Joseph Kling, Pierre Menant et moi-même apprenons ce soir là le décès de Monsieur André Dreyfus, des suites d'une banale intervention

chirurgicale.

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UN NOUVEAU PRESIDENT

Immédiatement Pierre Menant arrête la procédure de licenciement. Pendant la quinzaine qui suit le décès de Monsieur Dreyfus tout fonctionne au ralenti si ce n'est l'action commerciale. Le personnel de l'entreprise surpris et sans nul doute attristé a vécu cette période dans le plus grand calme.

Le rayon boucherie-charcuterie en 1989.

Jusqu'au 28 Janvier même Robert Haas, garde un relatif silence. Il est vrai que depuis un moment il est quant à lui question d'un retrait prochain des affaires. Cette perspective avait engendré la nomination de l’ex directeur des affilié de la S.F.N.G.R. Monsieur Marc Dreyfus, homonyme du Président décédé mais n'ayant aucun lien de parenté avec ce dernier, à la fonction de Président d’Intercime S.A. Le nouveau Président vient à Sarreguemines le mercredi 28 janvier 1987, accompagné de Marc Fineltin, son successeur à la direction des affiliés de la S.F.N.G.R.

Le rayon cadeaux-vaiselle en 1989.

En ce début d'année Pierre Menant est pressenti pour assurer la direction du magasin NOUVELLES GALERIES de

Limoges. Son départ de Sarreguemines est imminent. Lors de ce premier entretien Marc Dreyfus fait savoir à son directeur de magasin qu'il viendra dorénavant régulièrement chaque mois à Sarreguemines et qu'il souhaite fixer dans l'immédiat deux objectifs, d’ une part donner un nouveau look au magasin, d'autre part faire une remise à niveau de tout le domaine administratif. Contraint et forcé par son nouveau Président, Pierre Menant, en avril 1987 entame une procédure de licenciement économique de 10 salariés. A cette époque étant dans l'incapacité de convaincre la société mère, Républic Enterprise aux U.S.A. qui refuse d'accorder 3 millions de francs à Intercime et Cie, Marc Dreyfus envisage la fermeture du magasin.

Le rayon confection dame en 1989.

C'est alors que Pierre Menant émet l'idée de vendre le petit magasin de Bitche. L'affaire se conclue le 5 Juin 1987 pour un prix de 520000 francs auxquels se rajoute la valeur du stock. L'acte est signé en l'étude de Maître Schaefer à Bitche. Ainsi Intercime et Cie ayant cédé une part de son actif permit en ces temps difficiles de soulager la trésorerie. Marc Dreyfus, ayant fait une brillante carrière à la S.F.N.G.R., imprime de plus en plus la culture de cette société au magasin. Il propose alors un contrat de cinq ans à Pierre Menant qui accepte. En effet, les séquelles résultant de mes problèmes de santé de me

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permettront jamais de reprendre ma fonction de directeur. Pour rester dans l'esprit des deux objectifs que le Président avait fixé lors de son premier contact à Sarreguemines, on tente de repositionner le magasin selon le poids du chiffre d'affaires réalisé par chacun des rayons. Marc Dreyfus et Pierre Menant pour mener à bien cette tâche collaborent alors avec la cellule de recherche, étude et développement, de la centrale d'achats des NOUVELLES GALERIES et afin de travailler les nouvelles idées mises en place par cette cellule un suivi de formation dispensé par la S.F.N.G.R. est prodigué au personnel. Néanmoins il faut trouver le moyen de diminuer les charges de l'entreprise et en 1988 Marc Dreyfus trouve opportun de changer l'enseigne commerciale afin de ne plus devoir la commission d'enseigne due à la S.F.N.G.R. Ainsi Les NOUVELLES GALERIES deviennent simplement Les GALERIES de SARREGUEMINES. On peut encore aujourd'hui reconnaître les traces anciennes laissées sur la façade et lire sans équivoque NOUVELLES GALERIES.

Le rayon Jouets en 1989.

Depuis le décès de André Dreyfus à Noël 1986, l'entreprise vit dans une spirale descendante et prisonnier de cette spirale en 1989 le Président Marc Dreyfus prend l'initiative de rompre cette fois le contrat de fourniture avec la S.F.N.G.R. Le moment est historique. Le cordon ombilical qui liait dans un premier temps Alfred Saleron dans son petit commerce, qu'il transmis ensuite comme un bâton témoin à Intercime et Cie, est alors définitivement coupé avec la Société Française des Nouvelles Galeries Réunies (S.F.N.G.R.).

Marc Dreyfus

demande également à Pierre Menant d’entamer une troisième procédure de licenciement qui concernera une dizaine de personnes dont quelques cadres.

Le rayon radio-hifi en 1989.

Marc Dreyfus crée alors une sàrl du nom de CLESA, un membre de sa famille en assure la gérance et son épouse se charge d'approvisionner tout le magasin.

Le rayon parfumerie en 1989.

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LE COUPERET

Le 28 juin 1989 Maître Hervé Pommery, notaire à Paris au 104 de la rue du Faubourg Saint Honoré enregistre la cession des 8695 parts d’Intercime et Cie appartenant à Républic Enterprises Inc. à la société Saulnes Chatillon investissement participation s.n.c. au capital de 50000 francs 12, rue de Castiglione à Paris moyennant la somme de 2.600.000 francs. La société Saulnes Chatillon filiale du banquier Paribas prend ainsi le relais de Républic Enterprises Inc. qui se désolidarise de Intercime et Cie et donc de son magasin de Sarreguemines.

Pendant cette même année Monsieur Menant a pour mission de trouver un repreneur pour le supermarché alimentation. Après de nombreux contacts et notamment avec les GALERIES GOURMANDES déjà implantées aux NOUVELLES GALERIES de Metz et de Strasbourg (MAGMOD) qui estiment Sarreguemines trop petit pour s'y implanter, c'est finalement avec la société qui exploite les magasins LIDL qu'un accord intervient.

Le loyer versé par ce nouveau locataire négocié par P. Menant est aussi élevé que celui versé au consortium Meyer et Goepfer, propriétaire de la partie du 14 de la rue Sainte-Croix. Le directeur Pierre Menant, fort de son succès avec Lidl poursuit dans cet esprit les démarches. Lidl ne traitant que l'épicerie et les liquides, Pierre Menant conclu avec Kamin l'exploitation de la boucherie, avec Morin la boulangerie-pâtisserie, avec Heintz de Forbach le rayon des fruits et légumes. Au 1er étage on cède également une surface pour la location- vente de cassettes vidéo.

Ainsi la surface commerciale des ex NOUVELLES GALERIES devenue depuis Les GALERIES de Sarreguemines ressemble de plus en plus au niveau de son exploitation à un véritable patchwork.

Cependant le chiffre d'affaires d'Intercime et Cie qui s'est amputée d'une partie de son exploitation continue à baisser. L'argent manque, il faut des fonds. Dès 1990 on demande à l'agent d'affaire Sarregueminois Robert Delus d'évaluer la valeur immobilière du bâtiment de la Chaussée de Louvain appartenant toujours à Intercime et Cie. Marc Dreyfus cherche un repreneur. Pierre Menant prend contact avec des sociétés exploitant de grands magasins spécialisés aussi bien français qu'étrangers tel que Monoprix, Fnac, C&A ou encore Ikea. Les réponses sont toujours identiques: ville trop petite, surface trop grande, magasin trop vétuste. Nous sommes en 1991, la situation devient chaque jour plus critique. Marc Dreyfus demande au promoteur immobilier Werner Rulland de Sarrebruck de plancher sur un projet de galerie marchande type Saint Sébastien à Nancy ou encore Saint Jacques à Metz. Pierre Menant se charge de la mise en œuvre de ce projet qui aboutit sur une idée originale. La partie rue Sainte-Croix abriterait des cellules indépendantes proposant surtout de l'habillement, de la para pharmacie, mais aussi un salon de thé. Au centre un secteur lié aux services: halte-garderie avec manège, des modules avec des services tel que développement de photos, photocopies, talon minute, secrétariat trilingue à la disposition de la clientèle, mais aussi une surface alimentaire spécialisée. Au premier étage le projet proposait une zone destinée à l'électroménager, télévision, informatique, téléphonie ainsi qu'une surface pour des expositions de peinture, de brocante, pour y présenter des mini-conférences, des animations de guignol, une agence de voyage et une billetterie. Toujours dans cette étude il était envisagé au second étage une

Le rayon maroquinerie en 1989.

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"Clinique d'un jour". Il s'agissait d'un concept existant déjà dans certains centres commerciaux. La clinique d'un jour consiste à regrouper un ensemble de professions médicales réunies autour d'un médecin généraliste, d'un dentiste, d'un radiologue d’un cabinet d'infirmières etc... Pierre Menant lors de ce projet fort sérieux en son temps rencontra le Docteur Boujenah, frère de l'artiste bien connu, qui avait déjà créé de telles cliniques, afin de mener à bien cette étude. Pour présenter ce projet, Pierre Menant se rend place Vendôme à Paris le 7 avril 1992. A cette réunion assistent Pierre Schmidt, Président de la Financière Saulnes Chatillon, son directeur administratif et financier Jean Tama et Marc Dreyfus. La présentation terminée Pierre Menant s'entend dire :

“Oui, c'est bien, mais on a décidé de cesser définitivement l'exploitation pour le 30 juin 1992” Dès son retour à Sarreguemines Pierre Menant engage à la fois la procédure de licenciement dans le cadre d’une cessation d’activité et la liquidation des marchandises et du matériel. Le mardi 14 avril dans le numéro 662 du journal gratuit TELEX 57 le directeur du magasin annonce –50% sur tout le magasin excepté sur le rayon alimentation et quelques autres secteurs à faible marge. On peut imaginer sans peine la foule des clients se précipiter sur l’aubaine. C’est la cohue pendant toute cette période. Dans son édition du 19 mai une double page paraît dans TELEX 57, elle annonce cette fois la vente massive du matériel et décline tout le mobilier proposé. On y trouve aussi bien des mannequins homme, dame ou enfant, que des congélateurs, une machine à glaces ou encore des caisses enregistreuses, des escabeaux, des miroirs etc… La vente de tout ce matériel atteindra la modique somme de 75.000 francs. Finalement le mardi 23 juin 1992 la presse gratuite dans son numéro 672 annonce pour cessation d’activité jusqu'à -70% sur tous les articles habillement et maison et loisirs, –50% sur les disques laser, vidéo enregistrée, cassettes et audio. C’est la dernière “ réclame ” du magasin. La surface de vente rétrécie régulièrement de par l’importance des ventes de marchandises réalisées depuis le mois d’avril et plus tard celles concernant le matériel. Le mardi 30 Juin 1992 les NOUVELLES GALERIES

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devenues depuis 4 années les GALERIES de Sarreguemines ferment définitivement leurs portes à la clientèle1. Qu’elle est loin déjà l’époque où sous le regard d’Alfred Saleron, mon père, Robert Pax, le 20 mars 1969, soit 23 ans plus tôt avait coupé le ruban symbolique inaugural ! Nous sommes déjà le lundi 13 juillet 1992. Noëlle Rious, chargée de clôturer les derniers éléments administratifs pose sur son bureau gris, son feutre à pointe noire. Il est 18 heures. L’atmosphère est étouffante. Elle se lève, enfile son blazer, ajuste d’un geste sûr le col de son chemisier. D’un pas hésitant traverse le magasin sombre et désert devenu en quelque sorte un hall de gare afin de sortir par le long couloir réservé au personnel. Dans un éclair de mémoire elle se souvient de son embauche, en mars 69, au cours des quelques jours qui précédaient l’ouverture de ce grand magasin dont tout le monde parlait. J’avais 23 ans se dit-elle. Elle se ressaisit et comprend en passant le seuil de la porte qui se rapproche qu’elle est le dernier salarié à le franchir. Calmement elle pousse la porte de fer, entre la clef dans la serrure à peine huilée et ferme à double tour. Elle vacille légèrement et se retourne, désemparée. Elle fixe d’un regard nostalgique la coupole de l’observatoire de la maison des jeunes qui se reflète dans le courant de la rivière et songe… Il était une fois…

1 Seul le supermarché alimentation LIDL et les autres locataires alimentaires poursuivront leur exploitation encore quelques

temps par les entrées de la Chaussée de Louvain.

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TABLE DES MATIERES

Chapitre 1 De 1952 à Décembre 1975

− Il était une fois

− Le projet

− Négociation avec la Ville

− La construction

− L'ouverture

− Au cœur de la ville

Chapitre 2 De Janvier 1976 à Mai 1978

− Court intérim

− Un nouveau Directeur

− Profonds changements

Chapitre 3 De Juin 1978 à Juin 1986

− Un troisième Directeur

− Cora

− L'expansion

Chapitre 4 De Juillet 1986 à Juin 1992

− Le Quatrième Directeur

− Noël 1986

− Un nouveau Président

− Le couperet

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