453
Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes Extrait de la convention établie avec les établissements partenaires : - ces établissements autorisent la numérisation des ouvrages dont ils sont dépositaires (fonds d'Etat ou autres) sous réserve du respect des conditions de conservation et de manipulation des documents anciens ou fragiles. Ils en conservent la propriété et le copyright, et les images résultant de la numérisation seront dûment référencées. - le travail effectué par les laboratoires étant considéré comme une « oeuvre » (numérisation, traitement des images, description des ouvrages, constitution de la base de données, gestion technique et administrative du serveur), il relève aussi du droit de la propriété intellectuelle et toute utilisation ou reproduction est soumise à autorisation. - toute utilisation commerciale restera soumise à autorisation particulière demandée par l'éditeur aux établissements détenteurs des droits (que ce soit pour un ouvrage édité sur papier ou une autre base de données). - les bases de données sont déposées auprès des services juridiques compétents. Copyright - © Bibliothèques Virtuelles Humanistes Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes Extrait de la convention établie avec les établissements partenaires : - ces établissements autorisent la numérisation des ouvrages dont ils sont dépositaires (fonds d'Etat ou autres) sous réserve du respect des conditions de conservation et de manipulation des documents anciens ou fragiles. Ils en conservent la propriété et le copyright, et les images résultant de la numérisation seront dûment référencées. - le travail effectué par les laboratoires étant considéré comme une « oeuvre » (numérisation, traitement des images, description des ouvrages, constitution de la base de données, gestion technique et administrative du serveur), il relève aussi du droit de la propriété intellectuelle et toute utilisation ou reproduction est soumise à autorisation. - toute utilisation commerciale restera soumise à autorisation particulière demandée par l'éditeur aux établissements détenteurs des droits (que ce soit pour un ouvrage édité sur papier ou une autre base de données). - les bases de données sont déposées auprès des services juridiques compétents. Copyright - © Bibliothèques Virtuelles Humanistes © Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

  • Upload
    hangoc

  • View
    222

  • Download
    0

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

Extrait de la convention établie avec les établissements partenaires :

- ces établissements autorisent la numérisation des ouvrages dont ils sont dépositaires (fondsd'Etat ou autres) sous réserve du respect des conditions de conservation et de manipulationdes documents anciens ou fragiles. Ils en conservent la propriété et le copyright, et les imagesrésultant de la numérisation seront dûment référencées.- le travail effectué par les laboratoires étant considéré comme une « oeuvre » (numérisation,traitement des images, description des ouvrages, constitution de la base de données, gestiontechnique et administrative du serveur), il relève aussi du droit de la propriété intellectuelle ettoute utilisation ou reproduction est soumise à autorisation.- toute utilisation commerciale restera soumise à autorisation particulière demandée parl'éditeur aux établissements détenteurs des droits (que ce soit pour un ouvrage édité sur papierou une autre base de données).- les bases de données sont déposées auprès des services juridiques compétents.

Copyright - © Bibliothèques Virtuelles Humanistes

Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes

Extrait de la convention établie avec les établissements partenaires :

- ces établissements autorisent la numérisation des ouvrages dont ils sont dépositaires (fondsd'Etat ou autres) sous réserve du respect des conditions de conservation et de manipulationdes documents anciens ou fragiles. Ils en conservent la propriété et le copyright, et les imagesrésultant de la numérisation seront dûment référencées.- le travail effectué par les laboratoires étant considéré comme une « oeuvre » (numérisation,traitement des images, description des ouvrages, constitution de la base de données, gestiontechnique et administrative du serveur), il relève aussi du droit de la propriété intellectuelle ettoute utilisation ou reproduction est soumise à autorisation.- toute utilisation commerciale restera soumise à autorisation particulière demandée parl'éditeur aux établissements détenteurs des droits (que ce soit pour un ouvrage édité sur papierou une autre base de données).- les bases de données sont déposées auprès des services juridiques compétents.

Copyright - © Bibliothèques Virtuelles Humanistes

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 2: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

»»

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 3: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

I w V* t:if ç

ru

.4c,

IL

I w V* t:if ç

ru

.4c,

IL © Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 4: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DIÀLOCVESDEIAQ_VES TAHVRFAy

G I » I 1 L B O M « E

D V M A W S,iVo» moins profitables ijmfiicititi/f.

Ou les vices â'va chacun font repris fortapremenc pour nous animer d'aiîan-rage à les fuir & fi/iure la vertu.

sï Aunjiettr M. François Picrrm.

A. Paris,Chis G.tlrM Buon, nu dos Sr»IKX¥

Avec P»,v11ege Dy Roy>

f*~*i

DIÀLOCVESDEIAQ_VES TAHVRFAy

G I » I 1 L B O M « E

D V M A W S,iVo» moins profitables ijmfiicititi/f.

Ou les vices â'va chacun font repris fortapremenc pour nous animer d'aiîan-rage à les fuir & fi/iure la vertu.

sï Aunjiettr M. François Picrrm.

A. Paris,Chis G.tlrM Buon, nu dos Sr»IKX¥

Avec P»,v11ege Dy Roy>

f*~*i

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 5: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

EXTRAIT DV PRI-VILE GE DV ROY.

X «fi permis de par le Roy, à Ga-I briel Buon , Libraire iuré en l'v-

niuerfité de Paris, de faire impri¬mer, & expofer en vente vn liure intitulé,Les Dialogues defeu Jaques Tabureau Gentil-homme du Mans . Et font faites inhibitions& defenfes à tous Imprimeurs , Libraires& autres 3 de n'imprimer ou faire impri¬mer, vendre, ou diïlribuer aux Royaume,pays,terres,& feieneuries dudit Seigneur,ledit liure, fi n'eft de ceux que ledit Buonaura fait imprimer : Et ce pour le temps &terme de neuf ans confecutifs,à commen-cer du iour que ledit liure fera paracheuéd'imprimer : Sur peine de confiscation desliures imprimez, & d'amende arbitraire:Ainfi qu'il eft plus à plain contenu au pri-uilege , Donné à Paris , le troifieûne iourdeluillet, i J 6 6.

ParleConfeil: Signé, Dccourlay.

EXTRAIT DV PRI-VILE GE DV ROY.

X «fi permis de par le Roy, à Ga-I briel Buon , Libraire iuré en l'v-

niuerfité de Paris, de faire impri¬mer, & expofer en vente vn liure intitulé,Les Dialogues defeu Jaques Tabureau Gentil-homme du Mans . Et font faites inhibitions& defenfes à tous Imprimeurs , Libraires& autres 3 de n'imprimer ou faire impri¬mer, vendre, ou diïlribuer aux Royaume,pays,terres,& feieneuries dudit Seigneur,ledit liure, fi n'eft de ceux que ledit Buonaura fait imprimer : Et ce pour le temps &terme de neuf ans confecutifs,à commen-cer du iour que ledit liure fera paracheuéd'imprimer : Sur peine de confiscation desliures imprimez, & d'amende arbitraire:Ainfi qu'il eft plus à plain contenu au pri-uilege , Donné à Paris , le troifieûne iourdeluillet, i J 6 6.

ParleConfeil: Signé, Dccourlay.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 6: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

#A MONSIEVR MFRANÇOIS PIERRON

Grand-vicaire de mon-feigneur l'Abbé de

Molefmcs.

O N S I e r \1i quelque tems dures queDieu eut appelle de ce

I mande ambroi se,D£ LA PORTE,

mon trefeher Cr bien aimépère (duquella mémoire fmr lagentillejfe defin ejfrit-mal-gn ledard iniurieus de la mort de~

V>newr4j>;rfetttelle)ic trouuaiparmi ce

ait il tenait lepluspretiens ces detts Dta-hgues, aufquds le Democritic remonfîreau Cofmopbile. ^dufquels di-ie lafolie de

<w quifont reputez^ en dits çr enfaits

#A MONSIEVR MFRANÇOIS PIERRON

Grand-vicaire de mon-feigneur l'Abbé de

Molefmcs.

O N S I e r \1i quelque tems dures queDieu eut appelle de ce

I mande ambroi se,D£ LA PORTE,

mon trefeher Cr bien aimépère (duquella mémoire fmr lagentillejfe defin ejfrit-mal-gn ledard iniurieus de la mort de~

V>newr4j>;rfetttelle)ic trouuaiparmi ce

ait il tenait lepluspretiens ces detts Dta-hgues, aufquds le Democritic remonfîreau Cofmopbile. ^dufquels di-ie lafolie de

<w quifont reputez^ en dits çr enfaits

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 7: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

EPIST&-E

les plusfdges,nom eîlpar lafeule couleurde l'encre f ndiuemest Àepemte , qu vnappellepremier de tous les peintres quit?maisfurent , auroit bien àfait* attecq

fis dmerfis couleurs,d'aufii viuemcnt de¬

dans le tableau nom la reprefenter - Deforte qu'en tceus auant l'tmprefiim, autrexhofi cnn eutpeu requérirfors le nom de

ï\yt'utheur, qui ou par oubliance ou fourl'tfyoïr qu'il auoit de les publierpendatfitiiiejiefeït infcrit enfi minute originaleMais (s ilfaut amfiparler) f enfant efijibien né, ey reffemble tellement afis frères

am lotir tems auant fi naijfarice ont .e-

Jljd'vrs chacun fauorifil ry humaine-ment recette* que le père qui l'a engendre,

psuïeftre aifitnent reconneu. ToMefifi'xquelques autres raifins encartspluspramniantes te déduirai ,outtc le certain je-moim.we que t'en puis perter efant ocit^

kiire loiutn: IfijueUss entendues te m'.tfi*Jtitreipus ihvsmiy.de tyittcsperfinntt

EPIST&-E

les plusfdges,nom eîlpar lafeule couleurde l'encre f ndiuemest Àepemte , qu vnappellepremier de tous les peintres quit?maisfurent , auroit bien àfait* attecq

fis dmerfis couleurs,d'aufii viuemcnt de¬

dans le tableau nom la reprefenter - Deforte qu'en tceus auant l'tmprefiim, autrexhofi cnn eutpeu requérirfors le nom de

ï\yt'utheur, qui ou par oubliance ou fourl'tfyoïr qu'il auoit de les publierpendatfitiiiejiefeït infcrit enfi minute originaleMais (s ilfaut amfiparler) f enfant efijibien né, ey reffemble tellement afis frères

am lotir tems auant fi naijfarice ont .e-

Jljd'vrs chacun fauorifil ry humaine-ment recette* que le père qui l'a engendre,

psuïeftre aifitnent reconneu. ToMefifi'xquelques autres raifins encartspluspramniantes te déduirai ,outtc le certain je-moim.we que t'en puis perter efant ocit^

kiire loiutn: IfijueUss entendues te m'.tfi*Jtitreipus ihvsmiy.de tyittcsperfinntt

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 8: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

«PISTRg

ie bon iugement , ilfera tduouè pourfutlégitime defeu IAQJES tahv-R E A v Gentil-homme du Mans , eytomme telfera bien venu- ey carejfé en

nos bibliothèques . il vousfaut doncfia*noir qùiceluy T A H Y R' Ë A v après a-itoir longuementfaitprofefiion des bonnes

lettres tant en la langue Latine que Gre-que, eydiceV.es ataintlaparfaitte con-?

twijfancei Jtiantaufii durant lesfimgla-fesguerres d'entre ncfire ^/, ry Charles

te quint" Empereur, volontairementfiluyles armes tourfairepfeuue defigenereu-fè vertu, «y affin défi contenter entière¬

mentpafie quelques années k voir tepais'kfion retour il s amufit a difiourîr de ta-fnoftr,dtntfidoBement (y mignariemctil s'acquita(commefis uures temoignet)qu dfimlloit entre lespoètes François e*

' ftrefiul vraiment amoureus . le me fai¬

de l oraifin qu'il dédia au I[oi,faifitnt m?pion de lagrandew defin fyiaume , la^

«PISTRg

ie bon iugement , ilfera tduouè pourfutlégitime defeu IAQJES tahv-R E A v Gentil-homme du Mans , eytomme telfera bien venu- ey carejfé en

nos bibliothèques . il vousfaut doncfia*noir qùiceluy T A H Y R' Ë A v après a-itoir longuementfaitprofefiion des bonnes

lettres tant en la langue Latine que Gre-que, eydiceV.es ataintlaparfaitte con-?

twijfancei Jtiantaufii durant lesfimgla-fesguerres d'entre ncfire ^/, ry Charles

te quint" Empereur, volontairementfiluyles armes tourfairepfeuue defigenereu-fè vertu, «y affin défi contenter entière¬

mentpafie quelques années k voir tepais'kfion retour il s amufit a difiourîr de ta-fnoftr,dtntfidoBement (y mignariemctil s'acquita(commefis uures temoignet)qu dfimlloit entre lespoètes François e*

' ftrefiul vraiment amoureus . le me fai¬

de l oraifin qu'il dédia au I[oi,faifitnt m?pion de lagrandew defin fyiaume , la^

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 9: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

EPIS TRS

'quêtefour » ejlre moinsfintentieufi quefaconde , donne ajfe7 k connaître l'excel¬

lence defin eljrit, qui enfantafis Dialo¬gues lors qu'il ejhit enfit plus bellefleur,(y volant les abus quifi commettent or¬

dinairement en ce monde , opiniâtrementapprouue7f>ar cemonfire tefiu, de iour en,

iour multiplier.Délibérantpartir de cefttville de Farts pour Je retirer enfin paisnatal, il en laijfa en ma brefince la coppie

k monfrerefitfinomméfepriât de la voir(y luy en manderfin aduis:Car nonfeu¬lement luy, ains lesplui doBes qui ont e-

crit en naître vulgaire, l'ejlimoient iugecompétent d'vne cempojîtio» Françoifi,Monfrèreaiantfàtufait kfit volonté, eyapperceu que la Utlure defin liure eUtitgrandement profitable , fignamment kcens qui de mille (y mitefines opinionsnt Uurpauure cerueau enfircelé,il le luyfeit entendre pour auecfin confintementle mettrefur laprejfe. U*tt d'autant que

EPIS TRS

'quêtefour » ejlre moinsfintentieufi quefaconde , donne ajfe7 k connaître l'excel¬

lence defin eljrit, qui enfantafis Dialo¬gues lors qu'il ejhit enfit plus bellefleur,(y volant les abus quifi commettent or¬

dinairement en ce monde , opiniâtrementapprouue7f>ar cemonfire tefiu, de iour en,

iour multiplier.Délibérantpartir de cefttville de Farts pour Je retirer enfin paisnatal, il en laijfa en ma brefince la coppie

k monfrerefitfinomméfepriât de la voir(y luy en manderfin aduis:Car nonfeu¬lement luy, ains lesplui doBes qui ont e-

crit en naître vulgaire, l'ejlimoient iugecompétent d'vne cempojîtio» Françoifi,Monfrèreaiantfàtufait kfit volonté, eyapperceu que la Utlure defin liure eUtitgrandement profitable , fignamment kcens qui de mille (y mitefines opinionsnt Uurpauure cerueau enfircelé,il le luyfeit entendre pour auecfin confintementle mettrefur laprejfe. U*tt d'autant que

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 10: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

*» ISTRH?/>*»> «tfw jfc»»« affa;res il ejprm;f 'j£dans peu de tems s'acheminerpar deçà, ilen feitfur-fioir l'imprefiion de laquelle ildefimit voir le commencement. Or comme

Ivney l'autre propofiient de nom don¬

ner U fuit de leur diligence &» labeur,la mort qui renuerfi k l'infant Us entre-pnfis des hommes, ey fm ratt'(t mfi tga

vne blonde leunefe qu'vne blanche vietLleffe, eut n efians encore*parvenus au xx-Viij. an de leur aage, prcfi^e erl vn m^rme tems trancha lefiUt de leur vie:Prin¬cipale caufie pour laquelle la copie du pre-fient hure efi demeuréefi longuement dansle coffre enfinelte, minutée de la propremam d'iceluy t a h v r e A v , ainfitjuilpeutejrre vérifiéparfis lettres mifi-fiues qmfint en mtpopfinn^rgwentperemptompom inférer ïceuure cfrefien,par ce qu il nefpoint vrai-fimbUU luyefiant Gentilhomme viuant défis rentes,

iHilt^voulufiçeutefiéle labeur d'à».*¤ iiij

\

*» ISTRH?/>*»> «tfw jfc»»« affa;res il ejprm;f 'j£dans peu de tems s'acheminerpar deçà, ilen feitfur-fioir l'imprefiion de laquelle ildefimit voir le commencement. Or comme

Ivney l'autre propofiient de nom don¬

ner U fuit de leur diligence &» labeur,la mort qui renuerfi k l'infant Us entre-pnfis des hommes, ey fm ratt'(t mfi tga

vne blonde leunefe qu'vne blanche vietLleffe, eut n efians encore*parvenus au xx-Viij. an de leur aage, prcfi^e erl vn m^rme tems trancha lefiUt de leur vie:Prin¬cipale caufie pour laquelle la copie du pre-fient hure efi demeuréefi longuement dansle coffre enfinelte, minutée de la propremam d'iceluy t a h v r e A v , ainfitjuilpeutejrre vérifiéparfis lettres mifi-fiues qmfint en mtpopfinn^rgwentperemptompom inférer ïceuure cfrefien,par ce qu il nefpoint vrai-fimbUU luyefiant Gentilhomme viuant défis rentes,

iHilt^voulufiçeutefiéle labeur d'à».*¤ iiij

\

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 11: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SPISTRS

tftoy, prendre vsepeine tant laboruufè de

laquelle vn défis firuiteurs on quelque

mercenaire c'criuam l'eut peu dcliui er.

D'auantage il s'en eft lien apertcment de-cLtré L'authcHr, quand vers lafin du pre¬mier Dialogue en la perfinne du Dimo~critic il mtiite le Cofinophde à difiier en

fia m.tifin , defignant au vray ( amfiqutl'ay entendu pargens dignes defoy ) l'afifiete ty le basttment du heu qu'il auoitau Maine . le ne m'aideray pointpour latanfirmation de ce que î ay prétendu vontprouuer de l'exemple çu'd allègue d'vnGuillaume , mefihe defin pais , traitantÀ* la médecine , m'afèurant que d'iceluynions cehgerés , tant les circonflancesfontSoutes bien décrites, ce qut vous efpar les

raifionsfi faites defaperfiudé . Puis donc

que l'tuurier vous e>l ores fuffifimmenttonneu , il neferapoint hors depropos qutie parle de l'vtilttéde l'uure,duquel(en-sere qu'il contienne vnefiuen ey mor-

SPISTRS

tftoy, prendre vsepeine tant laboruufè de

laquelle vn défis firuiteurs on quelque

mercenaire c'criuam l'eut peu dcliui er.

D'auantage il s'en eft lien apertcment de-cLtré L'authcHr, quand vers lafin du pre¬mier Dialogue en la perfinne du Dimo~critic il mtiite le Cofinophde à difiier en

fia m.tifin , defignant au vray ( amfiqutl'ay entendu pargens dignes defoy ) l'afifiete ty le basttment du heu qu'il auoitau Maine . le ne m'aideray pointpour latanfirmation de ce que î ay prétendu vontprouuer de l'exemple çu'd allègue d'vnGuillaume , mefihe defin pais , traitantÀ* la médecine , m'afèurant que d'iceluynions cehgerés , tant les circonflancesfontSoutes bien décrites, ce qut vous efpar les

raifionsfi faites defaperfiudé . Puis donc

que l'tuurier vous e>l ores fuffifimmenttonneu , il neferapoint hors depropos qutie parle de l'vtilttéde l'uure,duquel(en-sere qu'il contienne vnefiuen ey mor-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 12: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

EPISTRE

dante correction des vices, ou la facétiequelquefois induflrieufimcnt est entre¬

mêlée) d'y a peu de perfinnesfius la voû¬

te des cietix- prefèrans la raifin a. toute

pafiton , qui auec la confilation de leurefjnt n'en remportent beaucoup deproffit.Comment aufii les hommes fiauroit on

mieux tnfiruire ,que de leur apprendre lamanière de iiiure vertueufiment par le

blafine des chofis vitieufis qui les in tm-pefchent ? Quelprefèruatifmeilleurpour¬rait efire ordonnéaux ieunesgens contre

ï amour.eufiepoifin , que de leur découurirk l' la malice,fineffe,piptrie, de ce mé¬

chant, cauteleux ey trompeurfixefémi¬nin ? Quelles amiespluspropres en mainleur fi aurait an mettre , pour rcfifer eyvirilementfi défendre k ['encontre de cet

archer vénérien qui leur mené inceffam-ment laguerre, que de leur déclarer l'ijftiëmal-beureufie d'amour? Far lequel l'hom¬

me a cfiédt lafemme (de toutes créatures

EPISTRE

dante correction des vices, ou la facétiequelquefois induflrieufimcnt est entre¬

mêlée) d'y a peu de perfinnesfius la voû¬

te des cietix- prefèrans la raifin a. toute

pafiton , qui auec la confilation de leurefjnt n'en remportent beaucoup deproffit.Comment aufii les hommes fiauroit on

mieux tnfiruire ,que de leur apprendre lamanière de iiiure vertueufiment par le

blafine des chofis vitieufis qui les in tm-pefchent ? Quelprefèruatifmeilleurpour¬rait efire ordonnéaux ieunesgens contre

ï amour.eufiepoifin , que de leur découurirk l' la malice,fineffe,piptrie, de ce mé¬

chant, cauteleux ey trompeurfixefémi¬nin ? Quelles amiespluspropres en mainleur fi aurait an mettre , pour rcfifer eyvirilementfi défendre k ['encontre de cet

archer vénérien qui leur mené inceffam-ment laguerre, que de leur déclarer l'ijftiëmal-beureufie d'amour? Far lequel l'hom¬

me a cfiédt lafemme (de toutes créatures

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 13: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

EPISTRE.

la plus imparfaite ) fi follement encheue-

ftrêqu'il l'a receue four compagne , maiste diray pour maifire; Laquelle noflrefigetnere nature a dénuée tant deforce d'effntque de cors, preuoiant les abominables in¬tentions dont elle s'aide voulant exécuter

la rage de fit vengeance ey fitis-faireàfispafiions defirdonnées . Quieflaufiiceluy tant aiuifié , qui eut peu echaper UsfanHantes pâtes de cettefurieufe befie ,fifis cauteleufis ruTes eujfent efté accompa¬

gnées d'vn rafips iugement ? Et toutefoiso pitié ! nous volons la plufgrand' partdes ieunes hommes fiefius-mettre k milledangers pour ces belles fardées Dames,Ufquelks ils idolâtrent iufques k baifirNombre de leurspantoufles. Etfont encor

cesfimples pigeons tellement englués d'i-celles , qu'ilsfi perfùadent eflre cordiale¬

ment aimel quand ces traitrefiès, s'il ad¬

ulent qu ils aient pafié deus ou trois tours

Jàus les alUr muguettr , iettent auec leur

EPISTRE.

la plus imparfaite ) fi follement encheue-

ftrêqu'il l'a receue four compagne , maiste diray pour maifire; Laquelle noflrefigetnere nature a dénuée tant deforce d'effntque de cors, preuoiant les abominables in¬tentions dont elle s'aide voulant exécuter

la rage de fit vengeance ey fitis-faireàfispafiions defirdonnées . Quieflaufiiceluy tant aiuifié , qui eut peu echaper UsfanHantes pâtes de cettefurieufe befie ,fifis cauteleufis ruTes eujfent efté accompa¬

gnées d'vn rafips iugement ? Et toutefoiso pitié ! nous volons la plufgrand' partdes ieunes hommes fiefius-mettre k milledangers pour ces belles fardées Dames,Ufquelks ils idolâtrent iufques k baifirNombre de leurspantoufles. Etfont encor

cesfimples pigeons tellement englués d'i-celles , qu'ilsfi perfùadent eflre cordiale¬

ment aimel quand ces traitrefiès, s'il ad¬

ulent qu ils aient pafié deus ou trois tours

Jàus les alUr muguettr , iettent auec leur

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 14: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

EPISTRE.

feintes larmes quelques redonbUz^fônplrs,

ty quelles éclatetde hauts fianglots pourlespiper ey deceuoir . Toutes ces aïlucet(y trahfensfont auiourd huy enf claireemdenceque déformais la iettn.'Jpfurfiaitte d'aduertijfement nefi pourra excufir,lieu que les moiens luyfont donnez^ pournon feulement fi retirer de l'amoureus

bourbier quad elley eflt plongée,mais aufiiluy efl monfiré comme elle lepeut euiter,fuiant entre autres chofès ces bateUufis

danfis , fioM lefquelles eft couuée (y en¬

gendrée la paillardifi , s'adonnant k iceU

Us pour vnfol égard déplaire k ces des-

daigneufis caignes qui ne s'en font que

rire ey moquer . Les Princes (y gransSeigneursfint pareillement enfiigneTdene prefler l'oreille aus fans rapporteurs,par ce que le maunais raport eît le vray

'' poifinde cens quiy croient : Ni d'écouterces blandiffansflateurs , qui ne leur met¬

tent deuant ksytns que tesgrades^ richefi.

EPISTRE.

feintes larmes quelques redonbUz^fônplrs,

ty quelles éclatetde hauts fianglots pourlespiper ey deceuoir . Toutes ces aïlucet(y trahfensfont auiourd huy enf claireemdenceque déformais la iettn.'Jpfurfiaitte d'aduertijfement nefi pourra excufir,lieu que les moiens luyfont donnez^ pournon feulement fi retirer de l'amoureus

bourbier quad elley eflt plongée,mais aufiiluy efl monfiré comme elle lepeut euiter,fuiant entre autres chofès ces bateUufis

danfis , fioM lefquelles eft couuée (y en¬

gendrée la paillardifi , s'adonnant k iceU

Us pour vnfol égard déplaire k ces des-

daigneufis caignes qui ne s'en font que

rire ey moquer . Les Princes (y gransSeigneursfint pareillement enfiigneTdene prefler l'oreille aus fans rapporteurs,par ce que le maunais raport eît le vray

'' poifinde cens quiy croient : Ni d'écouterces blandiffansflateurs , qui ne leur met¬

tent deuant ksytns que tesgrades^ richefi.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 15: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

ï P IîTREr

fis qu'ils peflèdent pour Us induire k ri¬gueur ey lirannîe, eflimans celuy pnfiLUnime ey quafi indigne d tfirc appelle

Gentil homme , qui comme ce bonpaflewenuersfis ouailles effaiepar vne faciliteey difiretion tempérée gaigner U cueurdefiesfilets. Ke confiderans que lagran¬deur diceus prouient plus par casfortuitquepar leur mente , ey que l inconfiantefortune peut éleuer cens quifont de baffe

condition, ey tellement abatjfer lesgransSeigneurs, voire mefimes les j\ojs ey mo¬

narques de la terre ,. qu'elle leurfait auec

les biens perdre aucunefiis ignominteufi-ment la vie , o&raiant fis faueurs k quiluy plaifi , les reuocant aufii quand bon

luyfimble.Cela n'efïant inconeu k £Em¬pereur Tite,enquispourquoy ilfiupiroit klafin d'vn banquet auquel auecfort bon

vifitge il s'efioit comporté, refp'ondit ainfi:le ne me fiçauroi laffer de fiupirer , eyplaindre, mefinuenant que mon honneur

ï P IîTREr

fis qu'ils peflèdent pour Us induire k ri¬gueur ey lirannîe, eflimans celuy pnfiLUnime ey quafi indigne d tfirc appelle

Gentil homme , qui comme ce bonpaflewenuersfis ouailles effaiepar vne faciliteey difiretion tempérée gaigner U cueurdefiesfilets. Ke confiderans que lagran¬deur diceus prouient plus par casfortuitquepar leur mente , ey que l inconfiantefortune peut éleuer cens quifont de baffe

condition, ey tellement abatjfer lesgransSeigneurs, voire mefimes les j\ojs ey mo¬

narques de la terre ,. qu'elle leurfait auec

les biens perdre aucunefiis ignominteufi-ment la vie , o&raiant fis faueurs k quiluy plaifi , les reuocant aufii quand bon

luyfimble.Cela n'efïant inconeu k £Em¬pereur Tite,enquispourquoy ilfiupiroit klafin d'vn banquet auquel auecfort bon

vifitge il s'efioit comporté, refp'ondit ainfi:le ne me fiçauroi laffer de fiupirer , eyplaindre, mefinuenant que mon honneur

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 16: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

EPISTRE.dépend du vouloir defortune,ey que mes

éftatsfint commeenfiquefire,eyma viecomme déposée engaige. L'vne des rai-

fions qu'allégua Demetrius eflant interrè¬

gne pourquoi l'heur défit vieideffe ne cer-reffondoit a celny .défit ieunejfe,fut telle,

que trop il s efloit appuiefurfortune, la¬quelle lauoit affôtiparfis victoires , tyne luy auoit laifiefins aucun pourfi con¬

duire en fis aduerfites . Sans rechercher

d'auantage Us dits des anciens, nylescx-e'mpUs -d'icens quifont infinis , afie's tour-neilement à s en prefinte ,par le/quels on

voit ie.s muablcs effets de cefie moqueufe

fortune à l'endroit des grans Seigneurs:

JîiifqueU leureff motifre fèmbUbUmetk quelles cens ils.doiiiët commettre la icu-n\ffe de leurs enfans, pour d'icelU en après

moiffonner ey recueillir Us fluits qu'ilsen attendent re.ceuiir. Non k des laquait( comme l'on dit ) qui aiment miens Us

laiffvr vaine en t-out-e effrenéeliberte , que

EPISTRE.dépend du vouloir defortune,ey que mes

éftatsfint commeenfiquefire,eyma viecomme déposée engaige. L'vne des rai-

fions qu'allégua Demetrius eflant interrè¬

gne pourquoi l'heur défit vieideffe ne cer-reffondoit a celny .défit ieunejfe,fut telle,

que trop il s efloit appuiefurfortune, la¬quelle lauoit affôtiparfis victoires , tyne luy auoit laifiefins aucun pourfi con¬

duire en fis aduerfites . Sans rechercher

d'auantage Us dits des anciens, nylescx-e'mpUs -d'icens quifont infinis , afie's tour-neilement à s en prefinte ,par le/quels on

voit ie.s muablcs effets de cefie moqueufe

fortune à l'endroit des grans Seigneurs:

JîiifqueU leureff motifre fèmbUbUmetk quelles cens ils.doiiiët commettre la icu-n\ffe de leurs enfans, pour d'icelU en après

moiffonner ey recueillir Us fluits qu'ilsen attendent re.ceuiir. Non k des laquait( comme l'on dit ) qui aiment miens Us

laiffvr vaine en t-out-e effrenéeliberte , que

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 17: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

EPISTRE.Soffencer leurs délicates oreilles: ey aufild'autant qu'ils ne prétendent qu'àfaireleur main , eftant appelle's augouuerne-ment de la nobU ieunefii , fi font d'eus

mefmes aueugUs,fours, ey muets : Maisa cens quiaians plus £égard kl honnê¬

teté qu k Uur particulierproffit , mour¬raient plufioftqw de Us permettre fairechofi mal-feante k leurs perfinnes , Ufiquels toufiours ilsflimuUnt pour embrafi-

fier la vertu,comme Uplusfiuueratn bien

qu'ilsfieauroient acquérir , ne leurpropo-Jiint Us villes , chafleaus , grans renenus

ey ejlats qu ont Uurs parens , & Usfa¬neurs qiiih ont en cour', de peur d'enflerUurs cueurs de telles vanités mondâmes,

moiens plus propres pour émanciper vneimpatiente teimeffe , qu'à la contenir en

cffi;e ey deuoir. <Au nombre de ces ver-tuem ey mm mercenaires gouuerneurs,

MONSIEVR,/* trefinobU ey trefi-sMcienne maifin de Rgffey vous mettra

EPISTRE.Soffencer leurs délicates oreilles: ey aufild'autant qu'ils ne prétendent qu'àfaireleur main , eftant appelle's augouuerne-ment de la nobU ieunefii , fi font d'eus

mefmes aueugUs,fours, ey muets : Maisa cens quiaians plus £égard kl honnê¬

teté qu k Uur particulierproffit , mour¬raient plufioftqw de Us permettre fairechofi mal-feante k leurs perfinnes , Ufiquels toufiours ilsflimuUnt pour embrafi-

fier la vertu,comme Uplusfiuueratn bien

qu'ilsfieauroient acquérir , ne leurpropo-Jiint Us villes , chafleaus , grans renenus

ey ejlats qu ont Uurs parens , & Usfa¬neurs qiiih ont en cour', de peur d'enflerUurs cueurs de telles vanités mondâmes,

moiens plus propres pour émanciper vneimpatiente teimeffe , qu'à la contenir en

cffi;e ey deuoir. <Au nombre de ces ver-tuem ey mm mercenaires gouuerneurs,

MONSIEVR,/* trefinobU ey trefi-sMcienne maifin de Rgffey vous mettra

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 18: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

EPISTRE.

dés premiers : Principalement Monfii-gneur t^/tbbi de Molefines ( l'vn des

miens accoplis seigneurs que la terrefin-fiienne) quipour auoir efié devottsainfiàminement infiituê,vons a retenu ey re¬

tient encores defispins fidèles eyfauoris\fieruiteurs.Pour-autant aufii que Us Gen¬

tilshommesfont enclins naturellement kfitiure les armes , (y UurplaiflU clique¬

tis dtcelles,il Us admonefle,rcprenantfortaigrement cens quifont le contraire , quefour vne parolle legierementproférée , oitpour autrefiittole iniure ils ne pefient que

leur honneur en fiait offencc , ey que detelles imperfections aufiquellesfont fuietsUs hommes , ils n aient k demander Ucombat fins efferance certaine qu'à eus

comme innocens çy bUcés k tort la vi¬ctoire demeure . Car quandUurpartictt- '

Itère querellefiroit quitahl:,;fiant lafit-tteitr de Mars douteufi ey commune , en

icellene doiuet aito!rfiance,l'eut-ilpromit

EPISTRE.

dés premiers : Principalement Monfii-gneur t^/tbbi de Molefines ( l'vn des

miens accoplis seigneurs que la terrefin-fiienne) quipour auoir efié devottsainfiàminement infiituê,vons a retenu ey re¬

tient encores defispins fidèles eyfauoris\fieruiteurs.Pour-autant aufii que Us Gen¬

tilshommesfont enclins naturellement kfitiure les armes , (y UurplaiflU clique¬

tis dtcelles,il Us admonefle,rcprenantfortaigrement cens quifont le contraire , quefour vne parolle legierementproférée , oitpour autrefiittole iniure ils ne pefient que

leur honneur en fiait offencc , ey que detelles imperfections aufiquellesfont fuietsUs hommes , ils n aient k demander Ucombat fins efferance certaine qu'à eus

comme innocens çy bUcés k tort la vi¬ctoire demeure . Car quandUurpartictt- '

Itère querellefiroit quitahl:,;fiant lafit-tteitr de Mars douteufi ey commune , en

icellene doiuet aito!rfiance,l'eut-ilpromit

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 19: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

EPISTRE.

Hy ajpuréparfimg ryfiel autentique:(y pourfaire acte décent a nobUffe, doi¬

vent refiruer le hasard de leur vie, aufiulfiruice de leur Prince, eyfilut de larépublique. Fous aue%, amplement enten¬

du comme la Uclure de ce liure ne fierttpoint inutile indifféremment a tons ieunes

gens amonreus,puis ans Princes eygransSeigneurs , maintenant vous apperceue-

1 es qu'ellefera autant ou plus proffitallea cens , qui aians la connalffance des let¬

tres humaines, viennent a relie de laphi-lofiphie mère de toutes bonnesfiiences,Ufiquels noftre autheur exhorte a fie contenirdedans lesfins ey limites,d'i celle , ey de

ne s'arrefier a l'imitation des dtfiiples pi-thagoricits, ans particulières opinions des

plus dettes Pbîlofiphes fiaient anciens ou

nnder.n-s quifie putfint trottuer,fi la rai-fin -acompagnée de vente leur répugne.

Car quelle fôttifefirut-ce de vouloirfin-fientr auec Platon (sacoit que pour fin

emmentt

EPISTRE.

Hy ajpuréparfimg ryfiel autentique:(y pourfaire acte décent a nobUffe, doi¬

vent refiruer le hasard de leur vie, aufiulfiruice de leur Prince, eyfilut de larépublique. Fous aue%, amplement enten¬

du comme la Uclure de ce liure ne fierttpoint inutile indifféremment a tons ieunes

gens amonreus,puis ans Princes eygransSeigneurs , maintenant vous apperceue-

1 es qu'ellefera autant ou plus proffitallea cens , qui aians la connalffance des let¬

tres humaines, viennent a relie de laphi-lofiphie mère de toutes bonnesfiiences,Ufiquels noftre autheur exhorte a fie contenirdedans lesfins ey limites,d'i celle , ey de

ne s'arrefier a l'imitation des dtfiiples pi-thagoricits, ans particulières opinions des

plus dettes Pbîlofiphes fiaient anciens ou

nnder.n-s quifie putfint trottuer,fi la rai-fin -acompagnée de vente leur répugne.

Car quelle fôttifefirut-ce de vouloirfin-fientr auec Platon (sacoit que pour fin

emmentt

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 20: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

EPIS TKE.-

tmlnefttficauoir ait efié nomméd/uin ) itVefiai quelles imaginaires idées?Qm cmrafiltm Democrke ey Epicure , le monde

ey ce qu. efien-icelity contenu , aumr efhe

eompofix^ par l'affemblementfirtuit de

"fetis-cors mdiuifibles qu-ds appellent ato^-

mes ? Qui voudrait aufii réciterpar le

menu Ut- diuerfis cmleurs dont aucuns

dépeignent Vame, ey lapluralité des le*

gis que Us autres luy efialliffext dedans Ucors humain et nefinit iamais fiait- . Vnautre incomenient fi prefinte à-ces- pro*fiffettrsde philufiphie*, lequel mal aife-*

ment ilspemient échafer , lors qu'ilsfiontK

ruidez^ d'vne trop grande curiofîté; Cfcfh

que volontiers ils s adonnent à 1'^¤flrdo~tgie, de laquelle d'autant qu'ilspaffhtt coït-

ffumierement les bornes , tls- dcHienwtntt

magiciens, puis alqmmifies , air,fi 'pttfate-*

fians de marchem marche attfpremela^tif degré defolie. Pour en eejfê mfimitt\Usficonrir, Hkur monfire lis aUpaiem.

EPIS TKE.-

tmlnefttficauoir ait efié nomméd/uin ) itVefiai quelles imaginaires idées?Qm cmrafiltm Democrke ey Epicure , le monde

ey ce qu. efien-icelity contenu , aumr efhe

eompofix^ par l'affemblementfirtuit de

"fetis-cors mdiuifibles qu-ds appellent ato^-

mes ? Qui voudrait aufii réciterpar le

menu Ut- diuerfis cmleurs dont aucuns

dépeignent Vame, ey lapluralité des le*

gis que Us autres luy efialliffext dedans Ucors humain et nefinit iamais fiait- . Vnautre incomenient fi prefinte à-ces- pro*fiffettrsde philufiphie*, lequel mal aife-*

ment ilspemient échafer , lors qu'ilsfiontK

ruidez^ d'vne trop grande curiofîté; Cfcfh

que volontiers ils s adonnent à 1'^¤flrdo~tgie, de laquelle d'autant qu'ilspaffhtt coït-

ffumierement les bornes , tls- dcHienwtntt

magiciens, puis alqmmifies , air,fi 'pttfate-*

fians de marchem marche attfpremela^tif degré defolie. Pour en eejfê mfimitt\Usficonrir, Hkur monfire lis aUpaiem.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 21: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

EPISTRE.

'fébbus , de telles vainesficiences, il déclaré

lesfittesfitperflitios de leurs autheurs eyleurs ruTes, defiquelles ils pipent Us hom¬

mes k crédit,fi mélans après qu'ilsfi fontfollement amufiXfy abufila mefirer Ugrandeur ey le chemin qu'ify a d'iei anstiens,de prédire la mort desgrasfiigneurstu la Ungue vie d'tcens , afiigner Je temsque U mondefinera, eyparler des chofies

quifont k vnfeul D I E y cenneuës,co¬

rne s'ils en efltiient les mignonsficretaires;Et enfin que toute cette humeur de leurcerneau quintejfencéest difiillce,qu'ils ontfiuflé ey refiuflé an charbon ans defpens

de quelque mais, ty que de Uur auarici-eufè recherche s'est enfiuiuie vne multiplination de tout en rien> nefiçachant de quelbots faireflèche, ils demeurent coquins eyh.elfiret, Cens quipour efire confiillers oitstdmeats, eflnâient a la Loi , nefini anfiifitnj aduertiffement, leur renior.flrant co¬

rne ilsfi d-iurwnt contenter, tors qu'ils

EPISTRE.

'fébbus , de telles vainesficiences, il déclaré

lesfittesfitperflitios de leurs autheurs eyleurs ruTes, defiquelles ils pipent Us hom¬

mes k crédit,fi mélans après qu'ilsfi fontfollement amufiXfy abufila mefirer Ugrandeur ey le chemin qu'ify a d'iei anstiens,de prédire la mort desgrasfiigneurstu la Ungue vie d'tcens , afiigner Je temsque U mondefinera, eyparler des chofies

quifont k vnfeul D I E y cenneuës,co¬

rne s'ils en efltiient les mignonsficretaires;Et enfin que toute cette humeur de leurcerneau quintejfencéest difiillce,qu'ils ontfiuflé ey refiuflé an charbon ans defpens

de quelque mais, ty que de Uur auarici-eufè recherche s'est enfiuiuie vne multiplination de tout en rien> nefiçachant de quelbots faireflèche, ils demeurent coquins eyh.elfiret, Cens quipour efire confiillers oitstdmeats, eflnâient a la Loi , nefini anfiifitnj aduertiffement, leur renior.flrant co¬

rne ilsfi d-iurwnt contenter, tors qu'ils

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 22: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

EPI STRE

font en telle dignité confiitue^ , de Fargetqut leur est baillefinscontreditpour Uitrs

fialLttres (y vacations, tant par les gen-tilfhommes qui aurontpcfiible hasardéleur vie çr celle de Uurs enfans,aufimi-ce du Prmce,que par les autres perfinnes,defiquellesfinuentefiis ilstiennent la meil¬leurepartie de leur bien dedans vn fie,fans requérir doubUpaiement en reueren*

ces eygambades, ey U*rfaire confient*

mer U refie mifirablement k la pourfiiitede leur quereUnsprocès, lefiai qu'en cet

endroit tlfira troiméfort véhément pareeUy qui pour la confimation défis biens

n aurafréquentéU chateUtou U Palais,mais non de cens qui au lieu d'vn fie en

portent U biffac . De la Médecine ey des

Médecins ilparle en telUfirte , qu'ilfiem-ble , veu l incertitude de leurfiience , eyIcutreruidee inexpérience d'icens , eaufides infinis abus dont ils nous abufint, que

leur art ey leur pratiquefientplusJontB U

EPI STRE

font en telle dignité confiitue^ , de Fargetqut leur est baillefinscontreditpour Uitrs

fialLttres (y vacations, tant par les gen-tilfhommes qui aurontpcfiible hasardéleur vie çr celle de Uurs enfans,aufimi-ce du Prmce,que par les autres perfinnes,defiquellesfinuentefiis ilstiennent la meil¬leurepartie de leur bien dedans vn fie,fans requérir doubUpaiement en reueren*

ces eygambades, ey U*rfaire confient*

mer U refie mifirablement k la pourfiiitede leur quereUnsprocès, lefiai qu'en cet

endroit tlfira troiméfort véhément pareeUy qui pour la confimation défis biens

n aurafréquentéU chateUtou U Palais,mais non de cens qui au lieu d'vn fie en

portent U biffac . De la Médecine ey des

Médecins ilparle en telUfirte , qu'ilfiem-ble , veu l incertitude de leurfiience , eyIcutreruidee inexpérience d'icens , eaufides infinis abus dont ils nous abufint, que

leur art ey leur pratiquefientplusJontB U

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 23: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

EPISTRE

ttfdç-eaUes que necejfaires. il mefimuientd'auoir Un que la Médecine a fors en laGrèce du tems des dettes ey expérimen¬te'! Médecins, ey quepar l ignorance d'aucuns elle a cfièfitpprimee Four cefle mefime raifin en pourraitfaire Ufimblableence f{oiaitme,cù l'air efi totttobficurci d'igntxanfifiupeibes Médecins : lefijuels neant-moinsflnt reputeT^du populaire,trefifia-uans, pour auoir plus par vue fituorablebrigue, que.pareruditim obtenu des fie-Mids,tiers on quarts liens de Uur licence,

de laquelle ans quifont mit en l'ordrepe-nulttme ey dernier bienfilment lesfiir-paffenten doBrme ey expérience, l'ai Unpai e:\lement que les Médecins parle com-

maruliment du bon Empereur Titefurentchaff.7 de P^me comme ennemis de lafante'ity peur ofier occafien ans hommes d'e-ïlre 1/icitns. N tfiutt.aufit quetiop tndifieretement nous lâchons la bride k nos con-

citpifitnces, nfirefi.uucraine médecinefi-

EPISTRE

ttfdç-eaUes que necejfaires. il mefimuientd'auoir Un que la Médecine a fors en laGrèce du tems des dettes ey expérimen¬te'! Médecins, ey quepar l ignorance d'aucuns elle a cfièfitpprimee Four cefle mefime raifin en pourraitfaire Ufimblableence f{oiaitme,cù l'air efi totttobficurci d'igntxanfifiupeibes Médecins : lefijuels neant-moinsflnt reputeT^du populaire,trefifia-uans, pour auoir plus par vue fituorablebrigue, que.pareruditim obtenu des fie-Mids,tiers on quarts liens de Uur licence,

de laquelle ans quifont mit en l'ordrepe-nulttme ey dernier bienfilment lesfiir-paffenten doBrme ey expérience, l'ai Unpai e:\lement que les Médecins parle com-

maruliment du bon Empereur Titefurentchaff.7 de P^me comme ennemis de lafante'ity peur ofier occafien ans hommes d'e-ïlre 1/icitns. N tfiutt.aufit quetiop tndifieretement nous lâchons la bride k nos con-

citpifitnces, nfirefi.uucraine médecinefi-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 24: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

£ ? I S T R E.""

Ttit, nvfir de médecine. Q^mt 4lis tlfâmkgtens,ds neles touche quenpafimt, lorsquiltrattedelt variétédes religions, con¬

cluant h cathûiq-u estre la vtie, eycelle qm demeurera firme ey inuioUUcontre Us afians des minifas d.Satan,*»Ipueh fidle eîl UfiUtdu fileU chré¬tien, le vo>4s ai bien. v,du , m o n-S I £ y R , faire,ce long dfimrs de ce

m a fimbkpU notable & qMenplnsamplementdéduit en ces diw ^dogues,

*ffi"f>«foies affuréducontentemét queprendra vostre effrite* U Uctare d'icens,

Ufquelsfans les pentes occluions quide-puisle decesde mWfiert mf J(g

,ourmont de tous collés enuironné.eufntpluftofi efie rrns m lumièrefm vollre faituegarde g. definfi ;. Nt fijj, ^me au défaut de leur naturel protecteur,qm aie de meilleures firmes pmr rxLttreles coups de lenuie cout»tnim deblécer

i honneur de ans qui reprennent Us vices

tb

£ ? I S T R E.""

Ttit, nvfir de médecine. Q^mt 4lis tlfâmkgtens,ds neles touche quenpafimt, lorsquiltrattedelt variétédes religions, con¬

cluant h cathûiq-u estre la vtie, eycelle qm demeurera firme ey inuioUUcontre Us afians des minifas d.Satan,*»Ipueh fidle eîl UfiUtdu fileU chré¬tien, le vo>4s ai bien. v,du , m o n-S I £ y R , faire,ce long dfimrs de ce

m a fimbkpU notable & qMenplnsamplementdéduit en ces diw ^dogues,

*ffi"f>«foies affuréducontentemét queprendra vostre effrite* U Uctare d'icens,

Ufquelsfans les pentes occluions quide-puisle decesde mWfiert mf J(g

,ourmont de tous collés enuironné.eufntpluftofi efie rrns m lumièrefm vollre faituegarde g. definfi ;. Nt fijj, ^me au défaut de leur naturel protecteur,qm aie de meilleures firmes pmr rxLttreles coups de lenuie cout»tnim deblécer

i honneur de ans qui reprennent Us vices

tb

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 25: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

EPISTRE.

«y quieutaufiiefléplus aggreabU k tau*tbeur , duquel cens qui défirent la renom-ifiéeeftre immertelle, fifintiront entiers

vous perpétuellement oblige7 leur ottroiantceftegratieufiefi.ueur. De Paris ce 34. dtMars I 5 6 5.

Paître amy a-iamak

M. DE U PORTE,

EPISTRE.

«y quieutaufiiefléplus aggreabU k tau*tbeur , duquel cens qui défirent la renom-ifiéeeftre immertelle, fifintiront entiers

vous perpétuellement oblige7 leur ottroiantceftegratieufiefi.ueur. De Paris ce 34. dtMars I 5 6 5.

Paître amy a-iamak

M. DE U PORTE,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 26: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALOGVE'DV DEMOCRITIC

remontrant auCofmophilc.

I E DEMOCRITIC.

E ne trouue pointmoindre occafion dem'émerueiller, con-fiderant les gransabus&fottes inuen.

tions, qui font entre les autreshommes, que de rendre grâces à lahaute & puhTante nature, de m'a-uoir donné cette fincerité d'efprit,qui ne me laiflê aucunement fur-montçr par vne infinité de foies

B iiij

PREMIER DIALOGVE'DV DEMOCRITIC

remontrant auCofmophilc.

I E DEMOCRITIC.

E ne trouue pointmoindre occafion dem'émerueiller, con-fiderant les gransabus&fottes inuen.

tions, qui font entre les autreshommes, que de rendre grâces à lahaute & puhTante nature, de m'a-uoir donné cette fincerité d'efprit,qui ne me laiflê aucunement fur-montçr par vne infinité de foies

B iiij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 27: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALÔ.

opinions, & faits irrailbnnables,qu'ils obfcruent auiourd'huy entreeu>r,auecques aufsi grande fuper-ftiiiou , que fi c'eftoyent les choiesles plus parfaittes du monde. Maiscommet eft-il nofsible qu'ils s'ou-olient iufques a là,que les plus grasfors fout eftimez & tenus au rangdes plus fages! Comment font-ilstanc allongiez qu'ils ne crouucncrien ,parfaic, que ce qui eft digne, ,

d'efltfi le plus moqué! Bref tantplus l'en voy, & plus ils me donnéeoccafiort de rizée & de moquerie,le croy fermement que fi les Phi-jûfop.nes qui ont fait la condition.de l'homme tant grade & precicu-,fe, eulfent eu la cognoiflance deserreurs & foliés de l'âge ou nousfommes, au lieu de le dire, outretous les autres anima-ns (eu! parti¬cipant de raifon,luy tuïent. donné

PREMIER DIALÔ.

opinions, & faits irrailbnnables,qu'ils obfcruent auiourd'huy entreeu>r,auecques aufsi grande fuper-ftiiiou , que fi c'eftoyent les choiesles plus parfaittes du monde. Maiscommet eft-il nofsible qu'ils s'ou-olient iufques a là,que les plus grasfors fout eftimez & tenus au rangdes plus fages! Comment font-ilstanc allongiez qu'ils ne crouucncrien ,parfaic, que ce qui eft digne, ,

d'efltfi le plus moqué! Bref tantplus l'en voy, & plus ils me donnéeoccafiort de rizée & de moquerie,le croy fermement que fi les Phi-jûfop.nes qui ont fait la condition.de l'homme tant grade & precicu-,fe, eulfent eu la cognoiflance deserreurs & foliés de l'âge ou nousfommes, au lieu de le dire, outretous les autres anima-ns (eu! parti¬cipant de raifon,luy tuïent. donné

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 28: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC* -%,

rtoute autre définition, ou bien dit,que la plufgrand' partie d'entre-cux n'ont feulement que la forme& effigie de la créature raifonna-ble, lefqtids on peut conoittre,quand on leur voit dclaifler vn fer¬me & rafs-is iugen>ent,pour donnerplus de lieu à ce qu'on leur donneà entendre de main en main , qu'àla pure & nette veritc,aimâs mieuxpar ce moyen croire aux chofes lesplus faillies à credityqueparraifon

.aux véritables, l e c o s m o. Il mefemble auoir entendu quelcunence bocage,qui a merueilleufementles hommes en grand mépris : hâ'ile le voy, ou il fc pourmene tenanticne'fçay qtiel liure en fa main, icm'en vai l'abardcr,& fi ie peux, ic-aurai de luy refolution du propoique i'ai entendu : hau compagnonqu'à la 'bonne heure te puiife-ic

DV DEMOCRITIC* -%,

rtoute autre définition, ou bien dit,que la plufgrand' partie d'entre-cux n'ont feulement que la forme& effigie de la créature raifonna-ble, lefqtids on peut conoittre,quand on leur voit dclaifler vn fer¬me & rafs-is iugen>ent,pour donnerplus de lieu à ce qu'on leur donneà entendre de main en main , qu'àla pure & nette veritc,aimâs mieuxpar ce moyen croire aux chofes lesplus faillies à credityqueparraifon

.aux véritables, l e c o s m o. Il mefemble auoir entendu quelcunence bocage,qui a merueilleufementles hommes en grand mépris : hâ'ile le voy, ou il fc pourmene tenanticne'fçay qtiel liure en fa main, icm'en vai l'abardcr,& fi ie peux, ic-aurai de luy refolution du propoique i'ai entendu : hau compagnonqu'à la 'bonne heure te puiife-ic

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 29: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAlO.âuoir rencontré: comment! il fem-ble à t'ouyr parler qu'en méprifantla manière de faite de nous autres,tu approuues feulement ta façonde viure,& ton efprit, comme fi tueftois le plus grand ami de la natu¬re, & feul engendré d'elle, ayant Uconoiflance des chofes bonnes, &que tous les autres hommes auprèsde toi fuflènt baftards & illégiti¬mes en leur création : ce que le teprie ofter de ton entendement, àcclle-fin que tu ne fois veu cftretombé au vice que les Grecs appelJent<piAaJT<a,qui eftvnetrop gra¬de amour de foymefme,aufsiquetu ne dois faire la condition deshommes tant mifcrablc, que tu lespriucs ainfi de l'vfage de raifon.iï de m oc le neveux-pointme faire fi grand , ni tant abaillèrles autres; que ic me die titre feul

PREMIER DIAlO.âuoir rencontré: comment! il fem-ble à t'ouyr parler qu'en méprifantla manière de faite de nous autres,tu approuues feulement ta façonde viure,& ton efprit, comme fi tueftois le plus grand ami de la natu¬re, & feul engendré d'elle, ayant Uconoiflance des chofes bonnes, &que tous les autres hommes auprèsde toi fuflènt baftards & illégiti¬mes en leur création : ce que le teprie ofter de ton entendement, àcclle-fin que tu ne fois veu cftretombé au vice que les Grecs appelJent<piAaJT<a,qui eftvnetrop gra¬de amour de foymefme,aufsiquetu ne dois faire la condition deshommes tant mifcrablc, que tu lespriucs ainfi de l'vfage de raifon.iï de m oc le neveux-pointme faire fi grand , ni tant abaillèrles autres; que ic me die titre feul

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 30: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. fentre tous les hommes, qui aidaconoiflàncede ce qui eftneecflai-rc pour le contentement de fouefprit : & fi te veux bien aduertir,que fi tuas bien pris mes paroles& regardé de près à ce que iedi-foy , tu trouueras que ie n'ai pointtant anéanti la condition des horr»mes, comme tu penfes ,lefquels iete confefle bien n'eftre point fansraifon,mais trop bié te veux main¬tenir qu'elle ne leur fert non-plus,que s'ils n'en auoyét point:& toutainfi leur en aduient-il, comme à l2{*i*eduy qui porte audoi la pierre pre Klifan kcieufe& orientale, n'en fçachant la pi*aucunement la vertu:car autant P"ieuhluy feruiroit\n verre, ouftrin bien ZZ!acontrefait , s'il n'ena que le plaifir Uns.

de la veue.Et à celle fin de te le donlier encores plus familièrement àentendre, prens-en l'exemple fus

DV DEMOCRITIC. fentre tous les hommes, qui aidaconoiflàncede ce qui eftneecflai-rc pour le contentement de fouefprit : & fi te veux bien aduertir,que fi tuas bien pris mes paroles& regardé de près à ce que iedi-foy , tu trouueras que ie n'ai pointtant anéanti la condition des horr»mes, comme tu penfes ,lefquels iete confefle bien n'eftre point fansraifon,mais trop bié te veux main¬tenir qu'elle ne leur fert non-plus,que s'ils n'en auoyét point:& toutainfi leur en aduient-il, comme à l2{*i*eduy qui porte audoi la pierre pre Klifan kcieufe& orientale, n'en fçachant la pi*aucunement la vertu:car autant P"ieuhluy feruiroit\n verre, ouftrin bien ZZ!acontrefait , s'il n'ena que le plaifir Uns.

de la veue.Et à celle fin de te le donlier encores plus familièrement àentendre, prens-en l'exemple fus

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 31: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DÎAIO.

quelque gros afne, quime fçait rie,& neantmoins ne laiiïera d'auoiria bibliotecque, ou cabinet fortbien garni de liures excellans, def-quels il ne s'tn fçaura nullemét ai¬der: ainfi en eft-il de ceux que l'onpeut bien dire eftre-ïrraiionnables,quand ils "ignorent la grande vertu& puilTancede leur raifon,s'addonnans pluftoft à faire & croire millebadineries &'tours de Singes, queainfi queie difoy àfuyure la vrayevoye, qui les guide tout droit aufentierderaiibn. le cosmophi.ïecroyquetu voudras rantoft re-nouueler la façondu miferable Heraclite , lequel a niaiheureufemcntconfumé fes iours à pleurer la viedes hommes, fubiecle à vne infini¬té de mifercs : ou bien celle de De-mocrite,qui au contraire^pourrai-iên de leurs grandes folies , paifoic

PREMIER DÎAIO.

quelque gros afne, quime fçait rie,& neantmoins ne laiiïera d'auoiria bibliotecque, ou cabinet fortbien garni de liures excellans, def-quels il ne s'tn fçaura nullemét ai¬der: ainfi en eft-il de ceux que l'onpeut bien dire eftre-ïrraiionnables,quand ils "ignorent la grande vertu& puilTancede leur raifon,s'addonnans pluftoft à faire & croire millebadineries &'tours de Singes, queainfi queie difoy àfuyure la vrayevoye, qui les guide tout droit aufentierderaiibn. le cosmophi.ïecroyquetu voudras rantoft re-nouueler la façondu miferable Heraclite , lequel a niaiheureufemcntconfumé fes iours à pleurer la viedes hommes, fubiecle à vne infini¬té de mifercs : ou bien celle de De-mocrite,qui au contraire^pourrai-iên de leurs grandes folies , paifoic

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 32: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

ÎTV DEMOCRITIC. ~q.

le temps à s'en moquer, le d e-M o e r i t. l'aimcroy trop mieuxfliyure la vie du fécond que tu m'asallégué, que du premier, t'afieu-rant que ie me donc le moins d'en-nuy & de mélancolie , qu'il m'eltpofsible , aufsi que c'eft bien leplus grand plaifir du monde , fcvoir exent d'vne infinité de réue-ries & foies opinions , ou l'on voitla meilleure partie des hommes-«itre cnuelopéc : & en cela gift vngrand contentement- de l'hommede bonefpr»it, prenant vn fingu-lier plaifir d'en deuifer auec ceuxque Ton peut fans faillir dire rai*-fonnables, le cosmophile.Mai-s ic te prie bien fort m'en-feigner le chemin qu'il trie fau-d.»oit tenir pour parnenir au butde ce contentement , & quelleschofts font à fuyuredes bcirane%

ÎTV DEMOCRITIC. ~q.

le temps à s'en moquer, le d e-M o e r i t. l'aimcroy trop mieuxfliyure la vie du fécond que tu m'asallégué, que du premier, t'afieu-rant que ie me donc le moins d'en-nuy & de mélancolie , qu'il m'eltpofsible , aufsi que c'eft bien leplus grand plaifir du monde , fcvoir exent d'vne infinité de réue-ries & foies opinions , ou l'on voitla meilleure partie des hommes-«itre cnuelopéc : & en cela gift vngrand contentement- de l'hommede bonefpr»it, prenant vn fingu-lier plaifir d'en deuifer auec ceuxque Ton peut fans faillir dire rai*-fonnables, le cosmophile.Mai-s ic te prie bien fort m'en-feigner le chemin qu'il trie fau-d.»oit tenir pour parnenir au butde ce contentement , & quelleschofts font à fuyuredes bcirane%

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 33: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

'& quelles à euiter. le démo-critic. Vraiment puis que tuledefire fçauoir de moy, ie te ledirai. Ne me confefleras-tu pasque les hommes ne peuuent fail¬lir, finon qu'en donnant lieu auxchofes mauuailes & contraires àJeurconferuation, ou à celles, les¬quelles ne leur apportant aucunplaifir, font comme foies, fupcr-flue5 & inutiles? le çosmo-p h i l e. Cela eft vray. le de.M o c riti c. Puis doncq' que leschofes mauuaifes , & qui n'appor-tentauecquesfby aucun contentemet font à fuyr des hommes,il ^cnenfuit qu'aucune chofe ne doit«lire reccûe entrc-eux , qui ne (bitbonne ou plaifante: bonne, c'eftâdire.nccefiaire ou vtile pour la cô-ieruation de leur élire, cv entrete-fieinéc d'vne politique, qui figmfîç

PREMIER DIALO.

'& quelles à euiter. le démo-critic. Vraiment puis que tuledefire fçauoir de moy, ie te ledirai. Ne me confefleras-tu pasque les hommes ne peuuent fail¬lir, finon qu'en donnant lieu auxchofes mauuailes & contraires àJeurconferuation, ou à celles, les¬quelles ne leur apportant aucunplaifir, font comme foies, fupcr-flue5 & inutiles? le çosmo-p h i l e. Cela eft vray. le de.M o c riti c. Puis doncq' que leschofes mauuaifes , & qui n'appor-tentauecquesfby aucun contentemet font à fuyr des hommes,il ^cnenfuit qu'aucune chofe ne doit«lire reccûe entrc-eux , qui ne (bitbonne ou plaifante: bonne, c'eftâdire.nccefiaire ou vtile pour la cô-ieruation de leur élire, cv entrete-fieinéc d'vne politique, qui figmfîç

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 34: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D V DEMO CRITIC. J

. autant qu'en rendant le droitàvrichacun,on côfcrue en paix cefte fo-cieté & compagnie humaine, &pour le relais des trauaus, aufquelsoutre les autres animaus créez dela naturelles hommes font plus fu-iets.l'on fe relâche à quelque plai¬fir honnefte , & tellement modéré,qu'il ne nous face priuer de cela dequoi la nature nous a voulu pour-

la railon qui doit tant bien tenir la p., qHj

bride à ce plaifir, qu'elle ne lelache f'»t *allerà faire mille fottifes& linge-/"''' des

ries,lefquelles n'apportas auecques hcm.m">

loi aucun contentement ni profit^ ure,

nefcntent rien moins qu'vne con¬fiance & perfection virile. le ços-WoPHi.llme femblequc tondircn'eft point mauuais,cV: qu'il ne doitefircrien recea entre nous autres,qu'il ae l'oit bon ou pUifant , en U

D V DEMO CRITIC. J

. autant qu'en rendant le droitàvrichacun,on côfcrue en paix cefte fo-cieté & compagnie humaine, &pour le relais des trauaus, aufquelsoutre les autres animaus créez dela naturelles hommes font plus fu-iets.l'on fe relâche à quelque plai¬fir honnefte , & tellement modéré,qu'il ne nous face priuer de cela dequoi la nature nous a voulu pour-

la railon qui doit tant bien tenir la p., qHj

bride à ce plaifir, qu'elle ne lelache f'»t *allerà faire mille fottifes& linge-/"''' des

ries,lefquelles n'apportas auecques hcm.m">

loi aucun contentement ni profit^ ure,

nefcntent rien moins qu'vne con¬fiance & perfection virile. le ços-WoPHi.llme femblequc tondircn'eft point mauuais,cV: qu'il ne doitefircrien recea entre nous autres,qu'il ae l'oit bon ou pUifant , en U

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 35: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER ClALOi

manière que tu me l'as approuuc.n ijEMocRi. Encores n'es tupoint trop' elongné de bon ingé¬nient , moyennant qu'il te fouuien-ne de ce qu'à bon droit tu m'ascon-feflé,& nie faybien fort qu'en m'e-coutant parler ie te reueillerai d'vngrand & piofondfomme,auqucl laplufgrande partie de ceux que l'on

» appuie hommes,demeurent endoriuyuhai nus:& EC Ifmblera,ii tu veux, aprèste ejfre m'auoir entendu , aiouter plus defaufe. foi à la raifon& verrté,qu'àvnefoc

te opinion feulcmét appvouuee parvne longue ccnftume obferuee decette grand' befte de prufîcurs te¬ll es,quc ié t'aurai retiré d'vn grand"bourbier où ia cftois plongc',& misen vn beau & plein chemin, nonpoint encores batn ni hâté de», ceuxqui demeurent*: font arrefteacn lafëngedfclcurcerueau:î-'E c os M.

PREMIER ClALOi

manière que tu me l'as approuuc.n ijEMocRi. Encores n'es tupoint trop' elongné de bon ingé¬nient , moyennant qu'il te fouuien-ne de ce qu'à bon droit tu m'ascon-feflé,& nie faybien fort qu'en m'e-coutant parler ie te reueillerai d'vngrand & piofondfomme,auqucl laplufgrande partie de ceux que l'on

» appuie hommes,demeurent endoriuyuhai nus:& EC Ifmblera,ii tu veux, aprèste ejfre m'auoir entendu , aiouter plus defaufe. foi à la raifon& verrté,qu'àvnefoc

te opinion feulcmét appvouuee parvne longue ccnftume obferuee decette grand' befte de prufîcurs te¬ll es,quc ié t'aurai retiré d'vn grand"bourbier où ia cftois plongc',& misen vn beau & plein chemin, nonpoint encores batn ni hâté de», ceuxqui demeurent*: font arrefteacn lafëngedfclcurcerueau:î-'E c os M.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 36: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

Si, tu îîi'es du, nombre de ceux quel'on, -voit ordinairement plus, pro¬mettra que temr,ie me fentirai foreoblige à toi,& te promets bien, ne,

aVarrefter point tant à vnc opinion,du vulgaire, que ie ferai à vnc fer¬me raiibn. LE DEMOCRITIC^Ûs!en trouue allez , voir.ê, la pluf;part des aueuglez.,qui confelîencbien ce que tu me vies de dire:maisjquand ce vient à leur blâmer quel¬que folieou vice, qui de long temsa pris pic en leur elprit, ilferoit pi"aife de déraciner auecques les detsy_n fort chelhe,que de leur arrachercette premierp opinion, en laquel¬le, ils ont efté.ijqurris tV, entretenus.l^^osm'op^. Tu auras de mottelle fant,afi£ qu',jl re pla:jra,tant y *que ie t'en ai dit au pl^s prçs de macoaception,t'aflTeuraiH qiie'fitu mefais entendre le monde élire tan:a-

' C

Si, tu îîi'es du, nombre de ceux quel'on, -voit ordinairement plus, pro¬mettra que temr,ie me fentirai foreoblige à toi,& te promets bien, ne,

aVarrefter point tant à vnc opinion,du vulgaire, que ie ferai à vnc fer¬me raiibn. LE DEMOCRITIC^Ûs!en trouue allez , voir.ê, la pluf;part des aueuglez.,qui confelîencbien ce que tu me vies de dire:maisjquand ce vient à leur blâmer quel¬que folieou vice, qui de long temsa pris pic en leur elprit, ilferoit pi"aife de déraciner auecques les detsy_n fort chelhe,que de leur arrachercette premierp opinion, en laquel¬le, ils ont efté.ijqurris tV, entretenus.l^^osm'op^. Tu auras de mottelle fant,afi£ qu',jl re pla:jra,tant y *que ie t'en ai dit au pl^s prçs de macoaception,t'aflTeuraiH qiie'fitu mefais entendre le monde élire tan:a-

' C

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 37: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER BiIATt.0.1bùfé , comme tu dis, tu feras beau¬coup pour moi de me monftrer tel»les erretirs,encores qu'il me femblen'auoiriamais hanté que gens quifont reputez de bon efptit & acco-plis en toutes honnefteteZ& ciui-litez,requifes tant à ceux qui fonteleucz en quelque grand eitar, queaux autres que la fortune a tant a-baifTez, qu'ils font contraints faireoffice de fcruiteursjaufquels tant riches que pauures bien apris ie mefuis voulu régler , tachant par tousmoyens à les enfuiure,pour en eftremieux venu en toutes bonnes com¬pagnies: nié dépouillant au furplusd'vn tas defotteries & prtfumptu-eufes arrogances j'Séfcjôelleè com¬munément s'accoutrent ceux queVon eftime niais & outrecuidez, péfans plus içauoirque les autres.le d em o c . Tu te trouuerasbié

PREMIER BiIATt.0.1bùfé , comme tu dis, tu feras beau¬coup pour moi de me monftrer tel»les erretirs,encores qu'il me femblen'auoiriamais hanté que gens quifont reputez de bon efptit & acco-plis en toutes honnefteteZ& ciui-litez,requifes tant à ceux qui fonteleucz en quelque grand eitar, queaux autres que la fortune a tant a-baifTez, qu'ils font contraints faireoffice de fcruiteursjaufquels tant riches que pauures bien apris ie mefuis voulu régler , tachant par tousmoyens à les enfuiure,pour en eftremieux venu en toutes bonnes com¬pagnies: nié dépouillant au furplusd'vn tas defotteries & prtfumptu-eufes arrogances j'Séfcjôelleè com¬munément s'accoutrent ceux queVon eftime niais & outrecuidez, péfans plus içauoirque les autres.le d em o c . Tu te trouuerasbié

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 38: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D,VB,EMiOÇR:lTJÇ.; 7Jojnde to^CQflte^ayanç pj?aftfiij^ksp^sifagçs,tiiauô« fuiui Jes,

P^s-^feAjwuf te le rai^enteq7dre,ie te demanderai par quelpoinçtu as voulu commencer a te fairefemblable à ceux que tu dis cflre d«tant bori efprir. f j, h co.s^dp,Icçroiiquertune.me niera* pointque Uhartjrçflè dç bien'parkr , eftla ctyafe la,p)u>r rçquife à toute per-fpnW'A f J).5»QC Rffaqr* vrai, f * 5?mou ; * <e d hai d'auanuge , ^ £^ians ççlaplufiçurs.qmnekyTer^A- tetoutefois,* f^auoir quelque choie /""*'<de Jiop, font reputez pour fbçs & r»gparesjC^njiprJuez 4e cette alîeuJran.ce , &4u contraire,,, qu'elle f^çJe,pUis fomiep/ prefiimcf d'ya hpir»pie 4'rWntage;qu'H n'y en a- l £-

<; o s m p . Jç te dy donc , pujs quecette hardieffe & aiTeurancede p3-jole/pnt chofes qui font mieux efti

C ij

r

le

ie»

D,VB,EMiOÇR:lTJÇ.; 7Jojnde to^CQflte^ayanç pj?aftfiij^ksp^sifagçs,tiiauô« fuiui Jes,

P^s-^feAjwuf te le rai^enteq7dre,ie te demanderai par quelpoinçtu as voulu commencer a te fairefemblable à ceux que tu dis cflre d«tant bori efprir. f j, h co.s^dp,Icçroiiquertune.me niera* pointque Uhartjrçflè dç bien'parkr , eftla ctyafe la,p)u>r rçquife à toute per-fpnW'A f J).5»QC Rffaqr* vrai, f * 5?mou ; * <e d hai d'auanuge , ^ £^ians ççlaplufiçurs.qmnekyTer^A- tetoutefois,* f^auoir quelque choie /""*'<de Jiop, font reputez pour fbçs & r»gparesjC^njiprJuez 4e cette alîeuJran.ce , &4u contraire,,, qu'elle f^çJe,pUis fomiep/ prefiimcf d'ya hpir»pie 4'rWntage;qu'H n'y en a- l £-

<; o s m p . Jç te dy donc , pujs quecette hardieffe & aiTeurancede p3-jole/pnt chofes qui font mieux efti

C ij

r

le

ie»

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 39: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

T P«lMriER°DlVtbJ' * - *\ .

inçr1 &xlduYiôf les'ïdfnmés auxhôiln^rovts,q\?rîtfanrcercherl^oîSNotifies â-c'guérrr1, enhafttantbrdi-n'âir,en-ïecVtompagTi!&', $c prînci-1parHenïent de Dames & Darrioifel*res. te1 de Mo-cRiT- Tu ne dispâ^6ut:ii*èntcns-tu pas aulTi qtiMÎfatlîéi faire l'amour àquelqu^iié? *L E tô ^ÎM ofi C'eïHe point où iè

tV! voiïîorvçnirj entendu qlie- Partie tié&i fertpïusi inltttjtire vn-grbî&ldûrd* cerùeau, que nefonttbutes lés' au*

tresjnueritions cVàrtîfices ,_qui fepuiiïent trouuer: & pour^e iour*il'hnyerrtre toutes!^ perfonne* dét/oi.iefprif, hVeh TroiSUe p*eu, qui.tr^ây,erit?,bcautoup'ryp,rJfî's ,_ faifanïParaonr à quelque .geirt'ine'Danaei

A/.fr« t i p èrt-b jcJr. /YeOâftieJnli'chdA' far^è pUjsicîoncrair.èàli vérité qVïtfcftPWr ^o-llrble : car a«4icu d'inftmire va

^o'jEn-«iff,j30U9-yoip>^|;.<»B5fesiioufst. J

T P«lMriER°DlVtbJ' * - *\ .

inçr1 &xlduYiôf les'ïdfnmés auxhôiln^rovts,q\?rîtfanrcercherl^oîSNotifies â-c'guérrr1, enhafttantbrdi-n'âir,en-ïecVtompagTi!&', $c prînci-1parHenïent de Dames & Darrioifel*res. te1 de Mo-cRiT- Tu ne dispâ^6ut:ii*èntcns-tu pas aulTi qtiMÎfatlîéi faire l'amour àquelqu^iié? *L E tô ^ÎM ofi C'eïHe point où iè

tV! voiïîorvçnirj entendu qlie- Partie tié&i fertpïusi inltttjtire vn-grbî&ldûrd* cerùeau, que nefonttbutes lés' au*

tresjnueritions cVàrtîfices ,_qui fepuiiïent trouuer: & pour^e iour*il'hnyerrtre toutes!^ perfonne* dét/oi.iefprif, hVeh TroiSUe p*eu, qui.tr^ây,erit?,bcautoup'ryp,rJfî's ,_ faifanïParaonr à quelque .geirt'ine'Danaei

A/.fr« t i p èrt-b jcJr. /YeOâftieJnli'chdA' far^è pUjsicîoncrair.èàli vérité qVïtfcftPWr ^o-llrble : car a«4icu d'inftmire va

^o'jEn-«iff,j30U9-yoip>^|;.<»B5fesiioufst. J

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 40: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

j|u«4*aa^ur^ait.deiu<cnirra pprfoir-to^fcpjt;» d'efprâ,îple du toiitipu;-.^e'jquq <j'e&>ieiy la plus-grandsJott jle,|qu.i fçaurojtreiHrer dedansJe tçrueau des hqinrneSj de le ren¬dre, fujets^aux, i^rnmes 5 créature^i/ant impa? f^itte^îi.jqu'çlles nejéuït£r)g|$|rées 4e la parure kulemerijr,

jnj.moias ,^e^>Jpjne;s S^^qsbe| -m, iS ^

f^ipe/Puesne^ruéç qu.'à;ga't,er vo,ç »» A »îi^oxine terre , ainfi font la-plûiparf ",u "î^Jes femmes pour la confufion desjjprnmes^renten. jprincipaiemenj4c^cjhj*flui,fi| gjor-tfejit a^n vo.^yneiiboni^e,;partie.Jdjiççux par hynj

flii^Ue^,de/ i^iirj^qnner quejqxi^allégeance que^nat iieellemét Ço^tvmas tenus-deflartjir Fv,a à l'autr'ê^erjprennent v^trop grarn} $ dcW

C iij

j|u«4*aa^ur^ait.deiu<cnirra pprfoir-to^fcpjt;» d'efprâ,îple du toiitipu;-.^e'jquq <j'e&>ieiy la plus-grandsJott jle,|qu.i fçaurojtreiHrer dedansJe tçrueau des hqinrneSj de le ren¬dre, fujets^aux, i^rnmes 5 créature^i/ant impa? f^itte^îi.jqu'çlles nejéuït£r)g|$|rées 4e la parure kulemerijr,

jnj.moias ,^e^>Jpjne;s S^^qsbe| -m, iS ^

f^ipe/Puesne^ruéç qu.'à;ga't,er vo,ç »» A »îi^oxine terre , ainfi font la-plûiparf ",u "î^Jes femmes pour la confufion desjjprnmes^renten. jprincipaiemenj4c^cjhj*flui,fi| gjor-tfejit a^n vo.^yneiiboni^e,;partie.Jdjiççux par hynj

flii^Ue^,de/ i^iirj^qnner quejqxi^allégeance que^nat iieellemét Ço^tvmas tenus-deflartjir Fv,a à l'autr'ê^erjprennent v^trop grarn} $ dcW

C iij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 41: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

MtEM^ER blll/».futé plaifir;, pour voir^âinlî -tttéC-

fteursîes ambtirfcuv fottème'htpa{J-fiotmez i &cnx:eia nefont passaià blâmer le's -femmes p'a'n leur or¬gueil ôutretuidé , que ceux là les¬quels rVéftâns pas- dignes d'eftreappelles hmnrhe*, s'afleifUtrK con1trc todte raîfon a celle*, «tefqtrejte*

14 pem_ au contraire ils^leirroTent eftrleïer>me efite i»is?pow èftre les ^his %«f>â¥f*ïttèfeflui in- âfafi que \t te ^retouerài ^é fôijtst^f** poïnts.Premïercmeiît.regarde'fi laÎm. femme lçaurdtf. gonuerner «^en¬

tretenir vne République , rendantte-qui appartient à vn chàcQ com¬me fait Thomfrie. t s <?ô s A &.Pourquoi rie le-fcrôtélletf pas auffibien que lés hommes?N'en" 'Colonshbus pisîéfc exemples coutésr elii*dentés des Amazones , lesquellesont tant bien gouuemé leurs repu*bliquei » mené guerre*, & vainc»

MtEM^ER blll/».futé plaifir;, pour voir^âinlî -tttéC-

fteursîes ambtirfcuv fottème'htpa{J-fiotmez i &cnx:eia nefont passaià blâmer le's -femmes p'a'n leur or¬gueil ôutretuidé , que ceux là les¬quels rVéftâns pas- dignes d'eftreappelles hmnrhe*, s'afleifUtrK con1trc todte raîfon a celle*, «tefqtrejte*

14 pem_ au contraire ils^leirroTent eftrleïer>me efite i»is?pow èftre les ^his %«f>â¥f*ïttèfeflui in- âfafi que \t te ^retouerài ^é fôijtst^f** poïnts.Premïercmeiît.regarde'fi laÎm. femme lçaurdtf. gonuerner «^en¬

tretenir vne République , rendantte-qui appartient à vn chàcQ com¬me fait Thomfrie. t s <?ô s A &.Pourquoi rie le-fcrôtélletf pas auffibien que lés hommes?N'en" 'Colonshbus pisîéfc exemples coutésr elii*dentés des Amazones , lesquellesont tant bien gouuemé leurs repu*bliquei » mené guerre*, & vainc»

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 42: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

.PY^Mp.CfRI^f. 9Jeurs^.rçnernis.,& le feraient ,auJïï,bienJ^uLc»ijrd'huy--comme-elfrontfait,n'*ftoit le peji de liberté qu'el¬les ont de nous autres gommes?15 democr» Quant e&AesA- rjominuzones, «Jles ne pcuuent pas e- nement

fîre^bon droit louées du gouueç-''" AnM!

jHçmétdérlewrpaïs.comme de cho- f^"c1^fe qut ne Jeur eftoit aduenue , que autè en-

.pac trop m^cha-nte 1nuei>tion & «*« fe*

outrâgeufe çriîauté, de, laquelle cfT hommes.

vfoyent pour lors , comme ell' font- de tous temps coutumieres d'vlecenuers nous autres;ç'eft qu'à pei$eles pauuresenfaiïs malles auoyencle loifir d'eftre mis hors du v^ncre,qu'incontinent pat leurs cruellesTnainsils'ne f^nc pHuéik de j*Vie:chofe tanç deteu\able,& contre

- nature, que le plus cruel des hom¬mes auroiten grand' horreur,ie ne

.dira» pas de faire, mais feulçmepcC iiij

.PY^Mp.CfRI^f. 9Jeurs^.rçnernis.,& le feraient ,auJïï,bienJ^uLc»ijrd'huy--comme-elfrontfait,n'*ftoit le peji de liberté qu'el¬les ont de nous autres gommes?15 democr» Quant e&AesA- rjominuzones, «Jles ne pcuuent pas e- nement

fîre^bon droit louées du gouueç-''" AnM!

jHçmétdérlewrpaïs.comme de cho- f^"c1^fe qut ne Jeur eftoit aduenue , que autè en-

.pac trop m^cha-nte 1nuei>tion & «*« fe*

outrâgeufe çriîauté, de, laquelle cfT hommes.

vfoyent pour lors , comme ell' font- de tous temps coutumieres d'vlecenuers nous autres;ç'eft qu'à pei$eles pauuresenfaiïs malles auoyencle loifir d'eftre mis hors du v^ncre,qu'incontinent pat leurs cruellesTnainsils'ne f^nc pHuéik de j*Vie:chofe tanç deteu\able,& contre

- nature, que le plus cruel des hom¬mes auroiten grand' horreur,ie ne

.dira» pas de faire, mais feulçmepcC iiij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 43: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

* RE MïYRr &t*KÏO.'de pènfer^ir'ctfftertera iiecefsrté"qui les contraîgnoit,driesleuirertttous -payez dé tnefmé monnoye:toutesfois pour n'auoîr faute de

> leur fexe,eîles s'en relêruoyét quelques-vns qui n'en auoyent gueresmeilleurmarehéîcar outre qu'ellesleur coupoyent les bris,ilseftoyentcontrains -de demeurera iam'àjs c'a

pr/ifs dé miferàWes y aînfi les pay-iirétsrie iKHitians faftsfaire àl'ar}-petit 4nfatiable & defordonné de

' ces chieurcs enfagées,malheureu-lement finoyent leurs iours. Or re-

garde ie te pry' fi pour le cruel &«-Rbàominable gôuucrnement des* Amazones., les autres femmes en

«nfc occà-fl^rfjdîaucurîè louange: &->fi fti veu^dK'-ê qu'elles aytfnt va-i-

lamiftent -emporté la vjeloire furleurS'enncmisyÇ'a cftépluftoft par

; fortune & eafttelfluiiuahiiptijqHe

* RE MïYRr &t*KÏO.'de pènfer^ir'ctfftertera iiecefsrté"qui les contraîgnoit,driesleuirertttous -payez dé tnefmé monnoye:toutesfois pour n'auoîr faute de

> leur fexe,eîles s'en relêruoyét quelques-vns qui n'en auoyent gueresmeilleurmarehéîcar outre qu'ellesleur coupoyent les bris,ilseftoyentcontrains -de demeurera iam'àjs c'a

pr/ifs dé miferàWes y aînfi les pay-iirétsrie iKHitians faftsfaire àl'ar}-petit 4nfatiable & defordonné de

' ces chieurcs enfagées,malheureu-lement finoyent leurs iours. Or re-

garde ie te pry' fi pour le cruel &«-Rbàominable gôuucrnement des* Amazones., les autres femmes en

«nfc occà-fl^rfjdîaucurîè louange: &->fi fti veu^dK'-ê qu'elles aytfnt va-i-

lamiftent -emporté la vjeloire furleurS'enncmisyÇ'a cftépluftoft par

; fortune & eafttelfluiiuahiiptijqHe

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 44: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

3>t 'DEM8GR I TIC. IO

'"par feircejou grandeur de courage,' qui fufte-n elles* Çtqu'ilfoitivray,îJanatiircies. pr-eucyarn tant pleî-'Aesdcfazes & pernkieulèsfmtf- ^ '

~fes, les a dénuées du tout, tant deforced'efprit que de corps, & s'il t

f s'enltTOUûe a,uiourd'huy quelque,- dhfivfie qui fçache vn peucaqueterien »«. 'tores que ce foit fans liaifoiiî okx

-qui ah quelque addrefle- pafbrae " (

de bras,cela çû eftimé commecho'> fe monftrueufe,& qui adùient peu. fouuent : car fl elles auoyent tousles deux enfemble , c'eft à dire , Iâ

-«aucéle accompagnée de iugemet: rafsis & force de corps,, il s'en em-

-iuynroit mille inconneniens dom-; mageablesàlacaferuation de no-* ftrefexe. le ccsm o.U femblé-»roit prefquc à t'ouyr parler queDieu faillit , quand il créa la fem-

5 me ,qui feroit*allcctoucau cou*

3>t 'DEM8GR I TIC. IO

'"par feircejou grandeur de courage,' qui fufte-n elles* Çtqu'ilfoitivray,îJanatiircies. pr-eucyarn tant pleî-'Aesdcfazes & pernkieulèsfmtf- ^ '

~fes, les a dénuées du tout, tant deforced'efprit que de corps, & s'il t

f s'enltTOUûe a,uiourd'huy quelque,- dhfivfie qui fçache vn peucaqueterien »«. 'tores que ce foit fans liaifoiiî okx

-qui ah quelque addrefle- pafbrae " (

de bras,cela çû eftimé commecho'> fe monftrueufe,& qui adùient peu. fouuent : car fl elles auoyent tousles deux enfemble , c'eft à dire , Iâ

-«aucéle accompagnée de iugemet: rafsis & force de corps,, il s'en em-

-iuynroit mille inconneniens dom-; mageablesàlacaferuation de no-* ftrefexe. le ccsm o.U femblé-»roit prefquc à t'ouyr parler queDieu faillit , quand il créa la fem-

5 me ,qui feroit*allcctoucau cou*

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 45: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

il .URBMÎBRHD tAf.rj.

traire delà verké,car fèlog Diçu{ïla femme n'eft plu* p^rfaitte que

l'homme , pour le moins elle doitla fem- égaler, le d e m o c. Puis que *u*f . Pf-cs entré fus les termes de la Theo-Aïoit ai- , . , r«mefi m l°gle» encore que teiie m y ioysfrxplm pas beaucoup rompu la tefte, fiimfat** cih-ce queie te prouuerai bien par""'"f. icellc là femme eftrc plus impar-mtm rame quelhome:ce quel on peut

^rifemenc conoiftre pat les dçfcn-fes, qui lui font faites au nouueauteftamét, de prêcher publiquemétla parole de Dieu, ce qui aefté <ô-mandé & permis aux hommes: pa¬reillement. Dieu parlât d'vn péchéénorme , ne lui donne autre fimiU-

-tude, que celle de la ftipecfluité deLà femme , que nature luy a vouludoncr exprès pour témoignage defa grande vilte & imperfection.Or"ToU-tu ««idcmmctla femme, eftrç

il .URBMÎBRHD tAf.rj.

traire delà verké,car fèlog Diçu{ïla femme n'eft plu* p^rfaitte que

l'homme , pour le moins elle doitla fem- égaler, le d e m o c. Puis que *u*f . Pf-cs entré fus les termes de la Theo-Aïoit ai- , . , r«mefi m l°gle» encore que teiie m y ioysfrxplm pas beaucoup rompu la tefte, fiimfat** cih-ce queie te prouuerai bien par""'"f. icellc là femme eftrc plus impar-mtm rame quelhome:ce quel on peut

^rifemenc conoiftre pat les dçfcn-fes, qui lui font faites au nouueauteftamét, de prêcher publiquemétla parole de Dieu, ce qui aefté <ô-mandé & permis aux hommes: pa¬reillement. Dieu parlât d'vn péchéénorme , ne lui donne autre fimiU-

-tude, que celle de la ftipecfluité deLà femme , que nature luy a vouludoncr exprès pour témoignage defa grande vilte & imperfection.Or"ToU-tu ««idcmmctla femme, eftrç

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 46: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV &ffïlCVC'R.ITÏ*3 IIJpllte jmparfattte» rrVtoutèV forte*que i'hcsmrrle* & par ïonfcquent»4'hôihme^ltre dVtant plusfotJuyïariaiitî'almoûty s'y rendre fuict &«fdau'e. ii ê tosMO .<^ueme dt-ïas^u doliq detit de fçauans , ve<-tueux^g grands pefformages, lef-*1-*qUèh£ftéV«n font trouués moins ^c*''exen-tW qtte 1er mitres , entre 4eC-

<qnèliftnS faire rflêtioa d^rie ififi-tf4te"d'àHft^4e hoft*e*e»»3 ^ ww»salléguons communément , le pxif f-iant-Dauid, le fage Salomon, & lefort 8erûule,iefqwels nous voyons^uoîf'excëdéiesi aqmsr homme»,"en-TîchèiTe.-fçâtfok^t forcèic*: hon-TQWla^tHstfortl'point taîieatédai-gtteTàmWïf devînmes* comme4t»fals,«yfeitdar|4<lu tout leur* fec*iiteurs-&fu'iets.L e d &m ô c.-Ta"nefoie dis )dhofé qui ne foie du touc-cotçe toi,catenwres que plufieu*s

DV &ffïlCVC'R.ITÏ*3 IIJpllte jmparfattte» rrVtoutèV forte*que i'hcsmrrle* & par ïonfcquent»4'hôihme^ltre dVtant plusfotJuyïariaiitî'almoûty s'y rendre fuict &«fdau'e. ii ê tosMO .<^ueme dt-ïas^u doliq detit de fçauans , ve<-tueux^g grands pefformages, lef-*1-*qUèh£ftéV«n font trouués moins ^c*''exen-tW qtte 1er mitres , entre 4eC-

<qnèliftnS faire rflêtioa d^rie ififi-tf4te"d'àHft^4e hoft*e*e»»3 ^ ww»salléguons communément , le pxif f-iant-Dauid, le fage Salomon, & lefort 8erûule,iefqwels nous voyons^uoîf'excëdéiesi aqmsr homme»,"en-TîchèiTe.-fçâtfok^t forcèic*: hon-TQWla^tHstfortl'point taîieatédai-gtteTàmWïf devînmes* comme4t»fals,«yfeitdar|4<lu tout leur* fec*iiteurs-&fu'iets.L e d &m ô c.-Ta"nefoie dis )dhofé qui ne foie du touc-cotçe toi,catenwres que plufieu*s

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 47: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

feraues 5c raillais h«*r»n»hft fqyé*rantoublieZjique'de foflaiiïér fori-^nointr à^ctte foie palyon^e n'ji^fté qu'à. hnirgfand' rc^nfufion £V

dommage , ainfi que nous voyonsparles exéples de ceux que" ta m'as

z*/«..'alléguez t oarpar cette, frçnefie a-datiMur. «rnoiweufe^celuy qni'a'fftécftimé

-Icplus fage» autant perd* de /op- éfprn i. qu'il ejf s.fait de* aéUs duztvtit contiaire'ïà-fa-éoélrine.Çon*-l>ic-n il eo arriua de perte à Dauid,da. pteu«e en. eft aûes cogneûe esi'écrttjure, cpmbien la force & gra¬veur-do idottrage, d'Hercule en fjitabâtardi CiJioiï5 Je voyons alfés cle-riejtienfl aux. p©mpian#es angouS-

fmrfesu lefqHcHe* il fift àfa jfin mirferaWe!, Scelle qu,e; frètent,. tous«ceux qui<s'aflfeurent , contre toute/aifons è ce fexe tant fragile , muai-ible à tous, ypus,, renjp|i.s d'orgueil

feraues 5c raillais h«*r»n»hft fqyé*rantoublieZjique'de foflaiiïér fori-^nointr à^ctte foie palyon^e n'ji^fté qu'à. hnirgfand' rc^nfufion £V

dommage , ainfi que nous voyonsparles exéples de ceux que" ta m'as

z*/«..'alléguez t oarpar cette, frçnefie a-datiMur. «rnoiweufe^celuy qni'a'fftécftimé

-Icplus fage» autant perd* de /op- éfprn i. qu'il ejf s.fait de* aéUs duztvtit contiaire'ïà-fa-éoélrine.Çon*-l>ic-n il eo arriua de perte à Dauid,da. pteu«e en. eft aûes cogneûe esi'écrttjure, cpmbien la force & gra¬veur-do idottrage, d'Hercule en fjitabâtardi CiJioiï5 Je voyons alfés cle-riejtienfl aux. p©mpian#es angouS-

fmrfesu lefqHcHe* il fift àfa jfin mirferaWe!, Scelle qu,e; frètent,. tous«ceux qui<s'aflfeurent , contre toute/aifons è ce fexe tant fragile , muai-ible à tous, ypus,, renjp|i.s d'orgueil

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 48: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

»*v- ûÈMo'caiY'jes i %

it -méchantes inuemionsrïiû poirtëfeulement faut pour attirer ifoy»les hommes, q«e pour-leûr pb-ur-*ehâlTeir après-toute h'bnte,!mocrue4rie &. deshonneur. Tu vois donq*bien quel fôyble apptiy tu auois-pris pstit foticenir l'amour, la pen-fonfrbien*erap«ret4*TOc brauefoarereflè, «ieirtvettant a» deuantcesvaillants fagtb-feùx perfonnagesiferfqutls h ruine & finmalheuretwfê nous dWfèruir d'.exemple pousftenous laiflar aucunement tranf-tporter pat cette larronnefie fol!*,quenotis voyons auoii dérobé les- ,f(eceuïs des hommes, voire'des plus. i""»ZpjaïfaitS < Combien yjjyionsHiousi *»«»> 9w

p©urjcette occafionenicltre futue-n fr*"<l*twu« de perctetck Edyaiiraes? çç^ra*/**"""'b-ienii» braufis. & vailkms hom¬mes *n auoir elle tuez? combiende vi.lk*JEazéûs,îecre!i^epcitplié£Si

Les ma-

»*v- ûÈMo'caiY'jes i %

it -méchantes inuemionsrïiû poirtëfeulement faut pour attirer ifoy»les hommes, q«e pour-leûr pb-ur-*ehâlTeir après-toute h'bnte,!mocrue4rie &. deshonneur. Tu vois donq*bien quel fôyble apptiy tu auois-pris pstit foticenir l'amour, la pen-fonfrbien*erap«ret4*TOc brauefoarereflè, «ieirtvettant a» deuantcesvaillants fagtb-feùx perfonnagesiferfqutls h ruine & finmalheuretwfê nous dWfèruir d'.exemple pousftenous laiflar aucunement tranf-tporter pat cette larronnefie fol!*,quenotis voyons auoii dérobé les- ,f(eceuïs des hommes, voire'des plus. i""»ZpjaïfaitS < Combien yjjyionsHiousi *»«»> 9w

p©urjcette occafionenicltre futue-n fr*"<l*twu« de perctetck Edyaiiraes? çç^ra*/**"""'b-ienii» braufis. & vailkms hom¬mes *n auoir elle tuez? combiende vi.lk*JEazéûs,îecre!i^epcitplié£Si

Les ma-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 49: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

; *R;g 1*1 E.R ï> I A L p.

& dégarnies detome habitationcombien deregr-ets & lamentable*crisfe forit épandus ,en-vair» pat5

l'air, & tout pour cette rage d'a¬mour? Combien y en a il , quipour cette fottife ont miferable-ment,& en folitude> coflfumé leursiours : tellement que beaucoup nepouuans plus fupporter. telles par¬iions » fe font ( de leurs propre?mains ) donné la mort? Combien.de nouuelles inuentipi» de cruau¬té fe font trouuées , & s'inuentençencore* de iour en iour, pour fevenger dei ceux que ces fots enra-igés penfcnt auoir plus qu'eux , defaueur enuers leur* belles- Deef-

\ fes? En corn nie n dehaza?ds,perils' '& dangers, fe font fournis &ibu-

rnetrent ceux, qui s'adonnent à faïre telles Carelics? Ht encores ne

. fuffirpit-ilpas à ces nicfaeursJi.,il»

; *R;g 1*1 E.R ï> I A L p.

& dégarnies detome habitationcombien deregr-ets & lamentable*crisfe forit épandus ,en-vair» pat5

l'air, & tout pour cette rage d'a¬mour? Combien y en a il , quipour cette fottife ont miferable-ment,& en folitude> coflfumé leursiours : tellement que beaucoup nepouuans plus fupporter. telles par¬iions » fe font ( de leurs propre?mains ) donné la mort? Combien.de nouuelles inuentipi» de cruau¬té fe font trouuées , & s'inuentençencore* de iour en iour, pour fevenger dei ceux que ces fots enra-igés penfcnt auoir plus qu'eux , defaueur enuers leur* belles- Deef-

\ fes? En corn nie n dehaza?ds,perils' '& dangers, fe font fournis &ibu-

rnetrent ceux, qui s'adonnent à faïre telles Carelics? Ht encores ne

. fuffirpit-ilpas à ces nicfaeursJi.,il»

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 50: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

dv DîMocsir ie. . ijn'en faifoient vn Dieu, ca-nt qu'il;s'éiveft leué vne infinité dé cettefecTe , qui ne fe font iamais trotnuez cotens,iufques à ce qu'ils nousayent donné à entendre , par leursgentils barbouillements & fottesfictions , leur belle vie , & foie fu-perftition: Lesvns appelons leurs,amies Deefles& non femmes îles,autres Jes faifans vaguer, & faire,des gambades en l'air auecquesjles efprirs : les autres les fituans^ Vaines

uecqueslesétoilles aux deux, au-/a'"Mcuns les eleuansauecques les An-./j,tges pour leur vouer de belles pf-rfrendes, tellement que ie croy,fion ,leur veut d'auantage prefter l'or 4 " ;reille , ils s'efforceront de les met- . »

tre au deffus des Dieux , & tant efi:creuë cette folie entre us ruines»que le Courtifan du iourd'huy , ouautre tel faifant cftatdc feruirles

dv DîMocsir ie. . ijn'en faifoient vn Dieu, ca-nt qu'il;s'éiveft leué vne infinité dé cettefecTe , qui ne fe font iamais trotnuez cotens,iufques à ce qu'ils nousayent donné à entendre , par leursgentils barbouillements & fottesfictions , leur belle vie , & foie fu-perftition: Lesvns appelons leurs,amies Deefles& non femmes îles,autres Jes faifans vaguer, & faire,des gambades en l'air auecquesjles efprirs : les autres les fituans^ Vaines

uecqueslesétoilles aux deux, au-/a'"Mcuns les eleuansauecques les An-./j,tges pour leur vouer de belles pf-rfrendes, tellement que ie croy,fion ,leur veut d'auantage prefter l'or 4 " ;reille , ils s'efforceront de les met- . »

tre au deffus des Dieux , & tant efi:creuë cette folie entre us ruines»que le Courtifan du iourd'huy , ouautre tel faifant cftatdc feruirles

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 51: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

t F RBM I ER T> I AtO,CDaroes,ne fera eftimé laierfappris',5s-'îl-ne fçait,en dechifrant pan lemenu fcs fadezcs* fonges Çc follespabions > fe pafsioner à l'Italien¬ne, foupireràl'EfpagTiole, frapecà la Napolitane , & prier à la mo¬de de cour , & qui eft Je pis pen-fant bie«-voir & Louer" ie nsiçaiquoi de beauté qtf'rlelVHiie eftre;tn s'aniic', il ne la voit le plus fou-,tient qu'en peinture, i'coten pein-

' ^ twede fard ou d'autre telle îuaG-que , dequoi ne fe fçauent que,trop reparer fes vieux idoles re-uernis auenf:JEccou,t cclanefiif-

S,ts efcr'u firoitiS'ih rfy eptreméloieu^quel-dcs*mo»- ques triolets, virelais prondea-ux,,rmx. ballade* & autre telle" e-fpeoe de

vieille quinquaille rouillée, dot ils.

empêchent à toute heure lesprekfes dtsiinprimeries,& en raptafsétie nëfçai quelles que l'or»

peut

t F RBM I ER T> I AtO,CDaroes,ne fera eftimé laierfappris',5s-'îl-ne fçait,en dechifrant pan lemenu fcs fadezcs* fonges Çc follespabions > fe pafsioner à l'Italien¬ne, foupireràl'EfpagTiole, frapecà la Napolitane , & prier à la mo¬de de cour , & qui eft Je pis pen-fant bie«-voir & Louer" ie nsiçaiquoi de beauté qtf'rlelVHiie eftre;tn s'aniic', il ne la voit le plus fou-,tient qu'en peinture, i'coten pein-

' ^ twede fard ou d'autre telle îuaG-que , dequoi ne fe fçauent que,trop reparer fes vieux idoles re-uernis auenf:JEccou,t cclanefiif-

S,ts efcr'u firoitiS'ih rfy eptreméloieu^quel-dcs*mo»- ques triolets, virelais prondea-ux,,rmx. ballade* & autre telle" e-fpeoe de

vieille quinquaille rouillée, dot ils.

empêchent à toute heure lesprekfes dtsiinprimeries,& en raptafsétie nëfçai quelles que l'or»

peut

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 52: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

f êvAg?M«*3»ïfïe; T^£*« MM^Ffélite quelles fowc*>««'& ftWeflues^imuilé 3 Et De a*

*e fééier«iJl èr/.fe«jJentîawmJïr,aB ""»»»*

Bures d* i^p^rs Lenteufi £f £«Jayts, ^cHitfrioW étirer en* ***-

ëdeurj èeqtié'téus qnr<JrJr" cdgibïff ftee* **.*«£<* Jwfcfltt*, Ly.itert(-vb.jr.^k gTofàreuï^e Féîrar».juer^îiiyfoârph^dlrê^cho*.^£îJpar;eurs.cbmmènts& &tt¤s in*.

cônfefïerCvorreluydomiaft-oni'a.«rapadeée corde) sîiîeftoit'vhiâV -

Joh-que te vuéille toutefois tant^.ner'les ama{eurs delà poëfielqneienappronue bien leurs écrisj«f P^ncpalément quand ils refen¬dit quelque chofe dé l'ail, iquiré,pardonnant biemauffi à ceux qui

D

f êvAg?M«*3»ïfïe; T^£*« MM^Ffélite quelles fowc*>««'& ftWeflues^imuilé 3 Et De a*

*e fééier«iJl èr/.fe«jJentîawmJïr,aB ""»»»*

Bures d* i^p^rs Lenteufi £f £«Jayts, ^cHitfrioW étirer en* ***-

ëdeurj èeqtié'téus qnr<JrJr" cdgibïff ftee* **.*«£<* Jwfcfltt*, Ly.itert(-vb.jr.^k gTofàreuï^e Féîrar».juer^îiiyfoârph^dlrê^cho*.^£îJpar;eurs.cbmmènts& &tt¤s in*.

cônfefïerCvorreluydomiaft-oni'a.«rapadeée corde) sîiîeftoit'vhiâV -

Joh-que te vuéille toutefois tant^.ner'les ama{eurs delà poëfielqneienappronue bien leurs écrisj«f P^ncpalément quand ils refen¬dit quelque chofe dé l'ail, iquiré,pardonnant biemauffi à ceux qui

D© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 53: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

>.*' T?Rï**iJR> BJAfr q.jmi don^né «n Jenrçcf-u^res quet-

5- -% i qu e,louange .aux dsmçs «Jn-'ilsj a>

"- « t âcïcôt.afffi&éesi ^ elW> /e.rner^-* ^ «cfitj^noyennan^a.niîiqpescelafoy:

_, ^ ^ fait delfortcqu'aueçquefe le plaifir,i J'inftrufiiô&doétrin^n'çti foienc

point élôgfipz, & que-pour ce faireon n!y empjoïe pas |ant 4ejfyp.in-'idufbïieSi labeur, quej;onflç.pcn£bietp faire quelque «hofif #]*§*<¤?&-

«llénte que cela"". Mais,-pqu{ qe-nous écarter, ppin&t£op dp nos prer«ijeres erresf entrât en la trace quejious auiôs delauTée?nuus fuyuionsJe mépfisde ceux, lefqticls ayajispçrdu toute* cognoiflance de leurperfeâiô $t bpn Cens naturel^i'ont|>o'mi dédaigné de^'abaûàrdir iuf-^uçsàdire qu'jls ba-ifônt l'qmbredesifouliera de le«fp.anie,^ppellasjfôur ame chambrière & efclaus d'irpç|lp,youlâ.r,a(^.a]^ailfer & ancarir

C

>.*' T?Rï**iJR> BJAfr q.jmi don^né «n Jenrçcf-u^res quet-

5- -% i qu e,louange .aux dsmçs «Jn-'ilsj a>

"- « t âcïcôt.afffi&éesi ^ elW> /e.rner^-* ^ «cfitj^noyennan^a.niîiqpescelafoy:

_, ^ ^ fait delfortcqu'aueçquefe le plaifir,i J'inftrufiiô&doétrin^n'çti foienc

point élôgfipz, & que-pour ce faireon n!y empjoïe pas |ant 4ejfyp.in-'idufbïieSi labeur, quej;onflç.pcn£bietp faire quelque «hofif #]*§*<¤?&-

«llénte que cela"". Mais,-pqu{ qe-nous écarter, ppin&t£op dp nos prer«ijeres erresf entrât en la trace quejious auiôs delauTée?nuus fuyuionsJe mépfisde ceux, lefqticls ayajispçrdu toute* cognoiflance de leurperfeâiô $t bpn Cens naturel^i'ont|>o'mi dédaigné de^'abaûàrdir iuf-^uçsàdire qu'jls ba-ifônt l'qmbredesifouliera de le«fp.anie,^ppellasjfôur ame chambrière & efclaus d'irpç|lp,youlâ.r,a(^.a]^ailfer & ancarir

C

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 54: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV- PEJ19CJJTI.C, IJ

tir chofe fi haute & tant precieufe,&ce qui n& doit eftre e«iployé,qu'àla contemplation dés.chofes gran¬des, & fecrets dénature, l'adonneriufques auferuicedechofefi peti¬te , & tant vile , comme eft la fem¬me, animant de tous ceux de la na¬ture le .plus pernkieux'& abomina¬ble. Et qu'il foie vray,cft il pofïïble *"£&de vois vn animant plus remply de '^"Jt^,tromperie f calomnies &menfon- me ieges,ny adonné d'auantage aux cho marnaitfes les plus vilaines du monde, que g>uuemt

u femme, qui le veut mal gouuen-ner? Elle ne pardonnerait pas md-mement aux poifons y aux aftres &planettes coniurées, ny àvne infi¬nité d'autres telles exécrables in-uentiôs,lars qu'elle a defir de faon*1er la rage de fa vengeance , ou fantisfaire àfon appétit infatiable, &^Icfordôné.Et outreplus fi elle.pen-

V ij

DV- PEJ19CJJTI.C, IJ

tir chofe fi haute & tant precieufe,&ce qui n& doit eftre e«iployé,qu'àla contemplation dés.chofes gran¬des, & fecrets dénature, l'adonneriufques auferuicedechofefi peti¬te , & tant vile , comme eft la fem¬me, animant de tous ceux de la na¬ture le .plus pernkieux'& abomina¬ble. Et qu'il foie vray,cft il pofïïble *"£&de vois vn animant plus remply de '^"Jt^,tromperie f calomnies &menfon- me ieges,ny adonné d'auantage aux cho marnaitfes les plus vilaines du monde, que g>uuemt

u femme, qui le veut mal gouuen-ner? Elle ne pardonnerait pas md-mement aux poifons y aux aftres &planettes coniurées, ny àvne infi¬nité d'autres telles exécrables in-uentiôs,lars qu'elle a defir de faon*1er la rage de fa vengeance , ou fantisfaire àfon appétit infatiable, &^Icfordôné.Et outreplus fi elle.pen-

V ij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 55: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

* . PRrWtEK "DI ALO.

feqtle les malins efprîts luy pnif-'fent aidef ou donner quelque fe-Coursen fa méchanceté , en méprl-fant & Dieux & toute religion^cHene fc faindra aucunement de lesinupquer, leurfaifant hommage,& de fé foumettre du tout à leurpuiffanCe. Qu'elle foie ©plntaitreàî'cxtremiré,& plus eruellequèn'eft*n Tigre; il n'en faut point douter,quand nous en aironstes. exemplestoutes cuidtntes deuanuiosyeux,& aux hiftoires infinies autrcs,cotnme celles de Medée & Agrippine,Jefquellesàl'occafion de leur paii-lar dife, ont cofpfrc la marr de mil¬le perionnes - Que diray-ie de lapernicieufo Clitemaeitre, laquellefluecques l'aide de fon ruffienEgi-fie , tua fon loyal & innocent maryAgamemnon? Or il n'y a foy aucu¬ne, & moins encores de confiance,

* . PRrWtEK "DI ALO.

feqtle les malins efprîts luy pnif-'fent aidef ou donner quelque fe-Coursen fa méchanceté , en méprl-fant & Dieux & toute religion^cHene fc faindra aucunement de lesinupquer, leurfaifant hommage,& de fé foumettre du tout à leurpuiffanCe. Qu'elle foie ©plntaitreàî'cxtremiré,& plus eruellequèn'eft*n Tigre; il n'en faut point douter,quand nous en aironstes. exemplestoutes cuidtntes deuanuiosyeux,& aux hiftoires infinies autrcs,cotnme celles de Medée & Agrippine,Jefquellesàl'occafion de leur paii-lar dife, ont cofpfrc la marr de mil¬le perionnes - Que diray-ie de lapernicieufo Clitemaeitre, laquellefluecques l'aide de fon ruffienEgi-fie , tua fon loyal & innocent maryAgamemnon? Or il n'y a foy aucu¬ne, & moins encores de confiance,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 56: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D V .'nSMCrCRÏTIjC/, ïcïen ce mal-heureux ^abominable}fexej 4OÙ rre-tachenous îes iours aiautre chofe»que à ttoiwierquclquermaudite inuenrJon., par laqiiélle.iltpuiffe, ou du tout ruiner cettuy-ci,'ou deceuoir cettuy-la, fans égardd'aucune pitié naturelle. Et *f il ad.-Iuierrt d'auanture qli^aucune"'dc^eilèxe-malin-ait' quelque pauuJe hon\me ûmple. & de* bonne foy poudîruty* Dieu fçait comme .elle eniouëraala pellotte: Luy donnanc1neantmoins roufiours à entendre?qu'elle efl: la plus femme de biendu "monde, puis le flattant &mi-ngnardant «antoft.commes'il eftojft»fonpluâ grand mignon, fon bien?aimé, ell' l'appellera fon Dieu* fou.ame,& toute ion efperanee:maisla.traitreffc,& ruzée paillarde ne laif-,fera de luy faire la moue en derrie-KjferrAtH & preffaotjlç plus iccret-

V iij

D V .'nSMCrCRÏTIjC/, ïcïen ce mal-heureux ^abominable}fexej 4OÙ rre-tachenous îes iours aiautre chofe»que à ttoiwierquclquermaudite inuenrJon., par laqiiélle.iltpuiffe, ou du tout ruiner cettuy-ci,'ou deceuoir cettuy-la, fans égardd'aucune pitié naturelle. Et *f il ad.-Iuierrt d'auanture qli^aucune"'dc^eilèxe-malin-ait' quelque pauuJe hon\me ûmple. & de* bonne foy poudîruty* Dieu fçait comme .elle eniouëraala pellotte: Luy donnanc1neantmoins roufiours à entendre?qu'elle efl: la plus femme de biendu "monde, puis le flattant &mi-ngnardant «antoft.commes'il eftojft»fonpluâ grand mignon, fon bien?aimé, ell' l'appellera fon Dieu* fou.ame,& toute ion efperanee:maisla.traitreffc,& ruzée paillarde ne laif-,fera de luy faire la moue en derrie-KjferrAtH & preffaotjlç plus iccret-

V iij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 57: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

tt PUÎ-MIER DIJCU.'1cernent > qu'elle pourraja maîn ot»

le pied à fon aimé ruffîen , luy pro¬mettant parcela,ou par tels autresfcmblables Agnes comme d'impu¬diques ceilladcs,quc de bref ils coucheront enfemble en dépit du vi¬lain ialoux.Et fi elle eft par cas for¬tuit , furprinfe fus le fait auecquesfan ruffien elle aura bien encorescette cautelle & effrontée audacede lvofer contredire & nier ce quifera tanteuident&manifcfte, queles aueugles mefmele pourroientvoir clerement . Quant eft de pro¬mettre Si nier fa parole , ce ne luyeft qu'tn paiTè- temps tant elle eftnaturellement encline, & eft gran¬de fbn affccl ion de tromper & de-»

ceuoie.Ie ne re raconte point com¬bien elle ieéte de feintes larmes,s'eclatam en hauts fanglots & fou-pirs«ontinne]s,lors qu'elle* entre¬

nt >*

tt PUÎ-MIER DIJCU.'1cernent > qu'elle pourraja maîn ot»

le pied à fon aimé ruffîen , luy pro¬mettant parcela,ou par tels autresfcmblables Agnes comme d'impu¬diques ceilladcs,quc de bref ils coucheront enfemble en dépit du vi¬lain ialoux.Et fi elle eft par cas for¬tuit , furprinfe fus le fait auecquesfan ruffien elle aura bien encorescette cautelle & effrontée audacede lvofer contredire & nier ce quifera tanteuident&manifcfte, queles aueugles mefmele pourroientvoir clerement . Quant eft de pro¬mettre Si nier fa parole , ce ne luyeft qu'tn paiTè- temps tant elle eftnaturellement encline, & eft gran¬de fbn affccl ion de tromper & de-»

ceuoie.Ie ne re raconte point com¬bien elle ieéte de feintes larmes,s'eclatam en hauts fanglots & fou-pirs«ontinne]s,lors qu'elle* entre¬

nt >*

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 58: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

pri*dettômpeF$HfoH amoureux^

Wb(bfl^«5y »J&«f fo»? P0*"?^'^fojspout plW¤«l4kfe changera,incontinent et"» toutes ,affeclions,rreftât pas moinajîiuable, qn'eft la,fueille de forke fcquflée ,d'v^forj;i©jrfbiHmi AM#tf '&.» W <^?jftqiùslle f0ufiftidopne.r«iljard,pouçdeliufcef for»amy;-pu:m^rygd'.¥Jî dar^ger extrême** &&§»/$, ft!% bècrvtfçla piec^êf douceur naturelle fon;étdnee£ eq jfon.cueur $< tant au côntra!ir,e fe feu.d'auaricpy eft enflam,mé,quilibr«flc>wfqPJîs ë» dedan$des «uratJlpK Nea^trnotfis qtfejlqnîçfpa^gw.rtenT, qtiand d#,ft que-jftioijjle-fes^abit^.pompes,^ bta-juerksii entendu, q»i'4lej;Cf«uerpi-de defpw & derage*6 c$le ep voioit,maïchw vne a*»«e P)uS brauc ^lk, & après s'eftre ainfi pompeufeT

D iiij

pri*dettômpeF$HfoH amoureux^

Wb(bfl^«5y »J&«f fo»? P0*"?^'^fojspout plW¤«l4kfe changera,incontinent et"» toutes ,affeclions,rreftât pas moinajîiuable, qn'eft la,fueille de forke fcquflée ,d'v^forj;i©jrfbiHmi AM#tf '&.» W <^?jftqiùslle f0ufiftidopne.r«iljard,pouçdeliufcef for»amy;-pu:m^rygd'.¥Jî dar^ger extrême** &&§»/$, ft!% bècrvtfçla piec^êf douceur naturelle fon;étdnee£ eq jfon.cueur $< tant au côntra!ir,e fe feu.d'auaricpy eft enflam,mé,quilibr«flc>wfqPJîs ë» dedan$des «uratJlpK Nea^trnotfis qtfejlqnîçfpa^gw.rtenT, qtiand d#,ft que-jftioijjle-fes^abit^.pompes,^ bta-juerksii entendu, q»i'4lej;Cf«uerpi-de defpw & derage*6 c$le ep voioit,maïchw vne a*»«e P)uS brauc ^lk, & après s'eftre ainfi pompeufeT

D iiij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 59: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

T i>-RïWiî&<>:ff-frtt.cy.ctderfirrVn* rueflHë?6t5<#hâ«rai-j»e i^fc'rïliembîé elicor'éS'qwfWfoit"hien3ehâdètfly-à«c't ftHt^4isdreuerènoes-, '& fipa* "fdrTtutte il^5»frouue Quelque 'paruuR*ffo'f>!qufWytéorm'è'd'vne Màda"nfc'&v^4r*ic©m.âJatafilcitét, -vbftr^htfi^te&ioheïffirtVfÀui^ettr'#îl'vè*sf^kift,îtiiïeicpqneS ftfree< pied4 Hç- VeàïA Wit^ai6ertr,Vo u rfa teirà-attoteaîfor d'opgueil, enfîamiiièf h^'plus'nyriîOinsCqu'vnc chienne enragécî ouViiTiigre . Iemetai du icmtf que tellesciigne* (éôiÎHirnent à te mitér , & v«fêVSé fàt'dèSt vrtguensV^oiitTem-p1ir1ettr%Vidé$i'5tirfafquetieur vi«fige faleSc deshonnctte'.-Eteiïco»Jès àpreftôi&e «eftefafôelàj -cui-Jflési Vous ftèlfe fè-troâuentjetvvr*ebiidy, qu'elles! facèrrt femblant detèiiiriconrje-dé-Ia -famptupfité &mSgiîihVèiWéUtf $atfqi9<î(?& Vousf

T i>-RïWiî&<>:ff-frtt.cy.ctderfirrVn* rueflHë?6t5<#hâ«rai-j»e i^fc'rïliembîé elicor'éS'qwfWfoit"hien3ehâdètfly-à«c't ftHt^4isdreuerènoes-, '& fipa* "fdrTtutte il^5»frouue Quelque 'paruuR*ffo'f>!qufWytéorm'è'd'vne Màda"nfc'&v^4r*ic©m.âJatafilcitét, -vbftr^htfi^te&ioheïffirtVfÀui^ettr'#îl'vè*sf^kift,îtiiïeicpqneS ftfree< pied4 Hç- VeàïA Wit^ai6ertr,Vo u rfa teirà-attoteaîfor d'opgueil, enfîamiiièf h^'plus'nyriîOinsCqu'vnc chienne enragécî ouViiTiigre . Iemetai du icmtf que tellesciigne* (éôiÎHirnent à te mitér , & v«fêVSé fàt'dèSt vrtguensV^oiitTem-p1ir1ettr%Vidé$i'5tirfafquetieur vi«fige faleSc deshonnctte'.-Eteiïco»Jès àpreftôi&e «eftefafôelàj -cui-Jflési Vous ftèlfe fè-troâuentjetvvr*ebiidy, qu'elles! facèrrt femblant detèiiiriconrje-dé-Ia -famptupfité &mSgiîihVèiWéUtf $atfqi9<î(?& Vousf

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 60: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

Dv^èEW'oé'iCf-rn'-c. s 18

dîriîèz'-à-vWleur'cÔiKeWance ,' fa^tfrêufe'Sf 'dëgi»ifée,cjiîâ ttnftèsviârt^dèS § et mefoiement l'es pliis- exquVfes & deliCaiteSj'leùr vie-mient àeorft*ë-^cëur i^ou 1* pki$ fouûent les»

rrtayes fules^ ittfe<5tes,font bié ai-»

fë* ï leu<4#&îffgé,fi elles ont*qlie£qlieip-étiïden1êUr& ^è[îtjbîé lours^fiÀit foger aue^qy^sleùr grdS-pair»nolplïe nfdy^a§ quefïelle"& "ont!ar'g&QqW^lki'ftef^rafcte^ à fot«Jhaiti-ft*'ellâ&ne bpiiicnt-du rrieil-teik-àt la5¥ilâe>Veri"g!orgeaflt dé vla-[Ae-s^r&de^mi-de telle forte que'IfeUrslm'âtlsiefiàwestfchéï là"nuic>i-upfrësrd'elle^^e'h' Wont autreehof* 'qif^vl«_f*tflm:d'vririe & deVa^iU^myfJt^^dinièllesftêi^plkôilotit feli6V}ïê¥qui-èftle>pts^eW#-tèvhè fe eenfcénteront^eMeS' pas âtimatin d'a^uoir- â-infi- aiïduftré IcipatWtesdUW^é'thatfU, i'ù faudra

Dv^èEW'oé'iCf-rn'-c. s 18

dîriîèz'-à-vWleur'cÔiKeWance ,' fa^tfrêufe'Sf 'dëgi»ifée,cjiîâ ttnftèsviârt^dèS § et mefoiement l'es pliis- exquVfes & deliCaiteSj'leùr vie-mient àeorft*ë-^cëur i^ou 1* pki$ fouûent les»

rrtayes fules^ ittfe<5tes,font bié ai-»

fë* ï leu<4#&îffgé,fi elles ont*qlie£qlieip-étiïden1êUr& ^è[îtjbîé lours^fiÀit foger aue^qy^sleùr grdS-pair»nolplïe nfdy^a§ quefïelle"& "ont!ar'g&QqW^lki'ftef^rafcte^ à fot«Jhaiti-ft*'ellâ&ne bpiiicnt-du rrieil-teik-àt la5¥ilâe>Veri"g!orgeaflt dé vla-[Ae-s^r&de^mi-de telle forte que'IfeUrslm'âtlsiefiàwestfchéï là"nuic>i-upfrësrd'elle^^e'h' Wont autreehof* 'qif^vl«_f*tflm:d'vririe & deVa^iU^myfJt^^dinièllesftêi^plkôilotit feli6V}ïê¥qui-èftle>pts^eW#-tèvhè fe eenfcénteront^eMeS' pas âtimatin d'a^uoir- â-infi- aiïduftré IcipatWtesdUW^é'thatfU, i'ù faudra

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 61: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

encores {pour fa-tisfaite à la defpé->ce& menus plaifir^ dç Jtyadarne )»védreloIiél,xhalit §c pai]l*:dïap«»Yaiffelle, taffes §£ coupes d'or Sid'argent,, s'il y en a, à celle.fin dlei*entretenir les roaqtierelles &Ruf-jfif ns»& 4'a*ioir le moyen-de hant^fles (compagnies & lieux- de plaUîrfCpmrne les baings des. çftuues «sleSj

ieux publics,, les danje* 5tji0"ern-.blécsj principalement celle* qui fefont au foir, pour mieux continuerla rubrique, faifant vn peu branlerles upiftéries^^jecartant en quelque cojfyàl* d^rpWeg & auffi peurlaflîgrjcr lie^iqiyr^c jieUJ-fjaux pangrès, parties attendaatesySid'auen»SUr^elles harjtenc l<js)Çgljfesapu le»SermpnSi ce nveft à autre intentionque pour attirera foypar regard*lafeifs & contenances impudiquesqueJ,que,ieiis*cJfrjr;Qiu«K¤ «oui-

encores {pour fa-tisfaite à la defpé->ce& menus plaifir^ dç Jtyadarne )»védreloIiél,xhalit §c pai]l*:dïap«»Yaiffelle, taffes §£ coupes d'or Sid'argent,, s'il y en a, à celle.fin dlei*entretenir les roaqtierelles &Ruf-jfif ns»& 4'a*ioir le moyen-de hant^fles (compagnies & lieux- de plaUîrfCpmrne les baings des. çftuues «sleSj

ieux publics,, les danje* 5tji0"ern-.blécsj principalement celle* qui fefont au foir, pour mieux continuerla rubrique, faifant vn peu branlerles upiftéries^^jecartant en quelque cojfyàl* d^rpWeg & auffi peurlaflîgrjcr lie^iqiyr^c jieUJ-fjaux pangrès, parties attendaatesySid'auen»SUr^elles harjtenc l<js)Çgljfesapu le»SermpnSi ce nveft à autre intentionque pour attirera foypar regard*lafeifs & contenances impudiquesqueJ,que,ieiis*cJfrjr;Qiu«K¤ «oui-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 62: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DW DïMOCR!Tte,i \tf

ceécarmoucheursde cottes qui.f«|monftrera à le voir difpds de mem¬bres » frais &de bonne taille pourbien fournir au contant , & fatis-faireàleur paillardife demefurée: '

Et ainfi fera pipé Monfieur le ieu-sne homme qui pcfeta, incontinentcftre quelque umre Adonis^ ionpour le moins vn fécond CbenalieCdel'ardente épée, d'auojr fait vn figrand coup que d'entrer enlafa-Jueur & s'infinuer en la grâce decette gentilleMa dame,qui ne tendsà autre fin qu'après auoir fucétou-*te la fuftebce de fon corps, & de fajhouree, tirer lalâgue fur luy & k'en|moquer apertement deuantvnch*cun.Et fi d'auanture elles tnettenéleur affection en'qiielque perfon-nage, & qu'elles luy portent amitiénon diflïmuléc & fons que l'auarice«n foit caufe , «'cil le plus gentil

DW DïMOCR!Tte,i \tf

ceécarmoucheursde cottes qui.f«|monftrera à le voir difpds de mem¬bres » frais &de bonne taille pourbien fournir au contant , & fatis-faireàleur paillardife demefurée: '

Et ainfi fera pipé Monfieur le ieu-sne homme qui pcfeta, incontinentcftre quelque umre Adonis^ ionpour le moins vn fécond CbenalieCdel'ardente épée, d'auojr fait vn figrand coup que d'entrer enlafa-Jueur & s'infinuer en la grâce decette gentilleMa dame,qui ne tendsà autre fin qu'après auoir fucétou-*te la fuftebce de fon corps, & de fajhouree, tirer lalâgue fur luy & k'en|moquer apertement deuantvnch*cun.Et fi d'auanture elles tnettenéleur affection en'qiielque perfon-nage, & qu'elles luy portent amitiénon diflïmuléc & fons que l'auarice«n foit caufe , «'cil le plus gentil

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 63: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

$ î PREMISR -DTAIO.

pafletemps dumonde'que devoir»io lfî. totitce niiftere là: L'vRO^'enamou«nesbeau rera id'vo torgoe ou d'vn chafïi-'««'««-cûXjiette-cy df'vnboyteux ou d'vn!ks"fêm- Preftre j cette-là d'vn punais,ou de<««. quelque gros valet qui fentira fon

eHpâutedemotitoyl'aotred'vn bof-ifuou-d'vn vibin to-ut ïcniply de û-sfiwlesj & qui tombe def-ia par piè¬ces tantil eftpourrydev-eroLc &de-ladrertej. Ie*ne veux; pas dire ques'il fê trou aoit -quelque teigneusfouuercde farfin, portant l'effigiede la mort emprainte en fon vifa-ge,< les> yeux enfoncez de demi-pied enla ïelie, la gueule tortecomme vn Jv-ilain qui renie Dieu,*fi deffaitque lesoz luy perçaf&ntkpcatiquVn tehhonnefîe hommeine chatouillait bien tint le coura-»ge-de ces vertueufes dames qu'il'aelesjjiteftre deflayallcs auxpre-*

$ î PREMISR -DTAIO.

pafletemps dumonde'que devoir»io lfî. totitce niiftere là: L'vRO^'enamou«nesbeau rera id'vo torgoe ou d'vn chafïi-'««'««-cûXjiette-cy df'vnboyteux ou d'vn!ks"fêm- Preftre j cette-là d'vn punais,ou de<««. quelque gros valet qui fentira fon

eHpâutedemotitoyl'aotred'vn bof-ifuou-d'vn vibin to-ut ïcniply de û-sfiwlesj & qui tombe def-ia par piè¬ces tantil eftpourrydev-eroLc &de-ladrertej. Ie*ne veux; pas dire ques'il fê trou aoit -quelque teigneusfouuercde farfin, portant l'effigiede la mort emprainte en fon vifa-ge,< les> yeux enfoncez de demi-pied enla ïelie, la gueule tortecomme vn Jv-ilain qui renie Dieu,*fi deffaitque lesoz luy perçaf&ntkpcatiquVn tehhonnefîe hommeine chatouillait bien tint le coura-»ge-de ces vertueufes dames qu'il'aelesjjiteftre deflayallcs auxpre-*

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 64: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DT "DE-jffOCRtTrdi. T 19miers efleirs. Tu peux voir quelsfont les beausAdouis de ces'cagneslefquelles n'ont pas encores la" pa*ticnee ^d'attendre qu'ils. viennentpar deuers elles, ains de four & denuit elles les vont voir, à celle fiftd'éteindre lafurfe&fe rage de leurpaillardife: Et puis-eftant retour¬nées àleur maifon * fi elles font en*-

quifes par lemary onqtielcun desparcns ou elles ont eflé fi long tem*abfentes-, elles viendront de dorf-ner confolatioH à quelque pait-ure malade : Ennamenda c'eftoitgrand pitié que de le voir", DieuJk ftoftre Dame luy auront fait befc-

4c grâce, ou bien elles viendrontdevi-fiteT letirvoifine de nagUeresacouchée,ainfi qu'elles ont debotv-ne coutume faire entre elles. Et fion les penfe chafiier,ou par mena-ccs^ouparbawirtijelïes endeuietv-

DT "DE-jffOCRtTrdi. T 19miers efleirs. Tu peux voir quelsfont les beausAdouis de ces'cagneslefquelles n'ont pas encores la" pa*ticnee ^d'attendre qu'ils. viennentpar deuers elles, ains de four & denuit elles les vont voir, à celle fiftd'éteindre lafurfe&fe rage de leurpaillardife: Et puis-eftant retour¬nées àleur maifon * fi elles font en*-

quifes par lemary onqtielcun desparcns ou elles ont eflé fi long tem*abfentes-, elles viendront de dorf-ner confolatioH à quelque pait-ure malade : Ennamenda c'eftoitgrand pitié que de le voir", DieuJk ftoftre Dame luy auront fait befc-

4c grâce, ou bien elles viendrontdevi-fiteT letirvoifine de nagUeresacouchée,ainfi qu'elles ont debotv-ne coutume faire entre elles. Et fion les penfe chafiier,ou par mena-ccs^ouparbawirtijelïes endeuietv-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 65: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

r £ PJS-E-»! JBR BIAtO.

«iront «ent fois pires ; fi au contrai-reon les flatte, & que l'or» eftime4e$auoir par douces paroles, ellessen prendront vne liberté trop plusgrande qu'elles n'auoyent fait aucommencement. Si on les veut cô-mindre &retirer des compagnies,Jes renfermant comme prifonnie-res, elles fe communiqueront pluf-/toftà des bcftes,ou à des valets,tcl-jemét qu'il eft impoffible, quelque.reniedc qu'on s'efforce d'y trou-uer, d'empefcher ny donter la vo¬lonté impudique & éfrenée de cesaudacieufes belles, quiiotientduxhéualéchapé.Iehe te dy point dequelles fortes d'iniures- elles acou-Arent leurs pauurcs maris abfcns»Se principalement s'ils font du ti¬tre des froids cVmaleficiez.ou bienque par modeftie ilsfoyent retar¬dez, de la fréquente réitération du

r £ PJS-E-»! JBR BIAtO.

«iront «ent fois pires ; fi au contrai-reon les flatte, & que l'or» eftime4e$auoir par douces paroles, ellessen prendront vne liberté trop plusgrande qu'elles n'auoyent fait aucommencement. Si on les veut cô-mindre &retirer des compagnies,Jes renfermant comme prifonnie-res, elles fe communiqueront pluf-/toftà des bcftes,ou à des valets,tcl-jemét qu'il eft impoffible, quelque.reniedc qu'on s'efforce d'y trou-uer, d'empefcher ny donter la vo¬lonté impudique & éfrenée de cesaudacieufes belles, quiiotientduxhéualéchapé.Iehe te dy point dequelles fortes d'iniures- elles acou-Arent leurs pauurcs maris abfcns»Se principalement s'ils font du ti¬tre des froids cVmaleficiez.ou bienque par modeftie ilsfoyent retar¬dez, de la fréquente réitération du

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 66: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV :DE;HOj£ *,%Sr|.Ç-i 21

^u,des Venus,* JJrefquelque çh,ofequfil y ait , japiais elles ne y^uÉent<iu£ Jbn,lçs fruftre,4? SÇ ,raprceau|r;und3-c«s infc,hai>5e^ & mauditesvipères . TVur ce qu'elles penfent»tout ce qu'elles machinent,tout cequ'elles fqnj, ne tjend q«$ trouuejjemoyen de/çon-tenter Içué paillar-difo t .QMan^JÏ d/ûormefteté, de,fpodefhe, dç <$i$lç\4, iajnaisjjousn'en oire^ vttep-arole fartirçde.leut£ou,çhe;~tpus 4eiirs deui^ ae-fqnr.«l'autre chofç que^de louer çelle*f-|à,qomme bicnheureufçsraufquel-JLe&.il el) tçfcheu 4'aMW v* Rary,»ouyn ruffien te&fV&cWtd Jeur.«h>-fpuijle foy«et Ici as. Et Dfei*. fçair,ja-clifre &,vie qu/gUss mènent, en^abfencéjde J^urs maçjs,^ riet},-»'//eft çfpargné,pour lf rra-itternent deJçurç rumens 8c mignons, de cou-çhstt&y tout ce que peut a«Hffcr H

DV :DE;HOj£ *,%Sr|.Ç-i 21

^u,des Venus,* JJrefquelque çh,ofequfil y ait , japiais elles ne y^uÉent<iu£ Jbn,lçs fruftre,4? SÇ ,raprceau|r;und3-c«s infc,hai>5e^ & mauditesvipères . TVur ce qu'elles penfent»tout ce qu'elles machinent,tout cequ'elles fqnj, ne tjend q«$ trouuejjemoyen de/çon-tenter Içué paillar-difo t .QMan^JÏ d/ûormefteté, de,fpodefhe, dç <$i$lç\4, iajnaisjjousn'en oire^ vttep-arole fartirçde.leut£ou,çhe;~tpus 4eiirs deui^ ae-fqnr.«l'autre chofç que^de louer çelle*f-|à,qomme bicnheureufçsraufquel-JLe&.il el) tçfcheu 4'aMW v* Rary,»ouyn ruffien te&fV&cWtd Jeur.«h>-fpuijle foy«et Ici as. Et Dfei*. fçair,ja-clifre &,vie qu/gUss mènent, en^abfencéjde J^urs maçjs,^ riet},-»'//eft çfpargné,pour lf rra-itternent deJçurç rumens 8c mignons, de cou-çhstt&y tout ce que peut a«Hffcr H

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 67: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

1* p- â ifWï "e *<>£>! A l,ôVT

panure bôrfinieJ,''^n^ft' an «tfaWî-ïamVJo-ur & ritriét.elt'deuofc* ei£$lotr¥reVvfl-iduf!. ElictffrtntfefrSiffla tSa-s*de aép^dréainfi ie%?endesp"aiuifes cocuîifîelles ne les te^iraient Tus îé s- Partes, durant leurs'feftins & baTrquc-tsfttL'vnê dKantdu-fiefi ejuë cVrfeftqiïVn gras fourdàut,qtn ttèTuy fcâufèit rien faire',ïfc qi/etoure la' rrtricT il né fait- qtfè1*iy tôtu'nfef Ie^dPs,r6fter& craclieKtomè^'ïl auoit vtoe phtrïîcqui1 luyfift tëcTeV fes-pommoris : C-ttee-cyquelle vtyudrolr que le fiert n'euft'fanimiét étudie, cVcinlleft iropffauattr!, «riceâda cju'il bhféfuélefc6gr#de4â Lune ,''lês~<rcîipfes f&stëotAiemens desaftre's, pe'ur'fça-Xie>ii* -quand il'ëftbon ou -matiùais^'hi^bkel3à'uecê]ues, les femmes , &tjifil nepâne' fcphïaine qu'il1 rte luyftUe-ls Croire que1 les: iottrs «aiiku*

Jiers

1* p- â ifWï "e *<>£>! A l,ôVT

panure bôrfinieJ,''^n^ft' an «tfaWî-ïamVJo-ur & ritriét.elt'deuofc* ei£$lotr¥reVvfl-iduf!. ElictffrtntfefrSiffla tSa-s*de aép^dréainfi ie%?endesp"aiuifes cocuîifîelles ne les te^iraient Tus îé s- Partes, durant leurs'feftins & baTrquc-tsfttL'vnê dKantdu-fiefi ejuë cVrfeftqiïVn gras fourdàut,qtn ttèTuy fcâufèit rien faire',ïfc qi/etoure la' rrtricT il né fait- qtfè1*iy tôtu'nfef Ie^dPs,r6fter& craclieKtomè^'ïl auoit vtoe phtrïîcqui1 luyfift tëcTeV fes-pommoris : C-ttee-cyquelle vtyudrolr que le fiert n'euft'fanimiét étudie, cVcinlleft iropffauattr!, «riceâda cju'il bhféfuélefc6gr#de4â Lune ,''lês~<rcîipfes f&stëotAiemens desaftre's, pe'ur'fça-Xie>ii* -quand il'ëftbon ou -matiùais^'hi^bkel3à'uecê]ues, les femmes , &tjifil nepâne' fcphïaine qu'il1 rte luyftUe-ls Croire que1 les: iottrs «aiiku*

Jiers

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 68: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. i%

liers fonten règne : Ccfte-là quele fien eft pareillemét trop fuper-ftitieuxences affaires là, d'auoirfait vfu de ne toucher point auxfémes certains iours de la fepmaine, & principallementaux ioursmeigres, & bonnes feftes de l'an:L'autre que le fien n'en a pas figrand que le petit doi , encores,qu'il eft fi niais qu'il ne fçauroittrouuer le permis, fi elle ne luymet elle mcftne. Et ainfi font dé¬peins les maris abfens lefquels nefont point pluftoft retournez deschamps, qu'incontinent elles neleur viennent faire la reuerenceiles affeurant du grand ennuy &:fâcherie qu'elles ont fouffert du¬rant leur trop longue abfence. Ets'il échape allors quelque foupirde leur eftomac pour la fraiche.mémoire qu'elles ont encores ds" E

DV DEMOCRITIC. i%

liers fonten règne : Ccfte-là quele fien eft pareillemét trop fuper-ftitieuxences affaires là, d'auoirfait vfu de ne toucher point auxfémes certains iours de la fepmaine, & principallementaux ioursmeigres, & bonnes feftes de l'an:L'autre que le fien n'en a pas figrand que le petit doi , encores,qu'il eft fi niais qu'il ne fçauroittrouuer le permis, fi elle ne luymet elle mcftne. Et ainfi font dé¬peins les maris abfens lefquels nefont point pluftoft retournez deschamps, qu'incontinent elles neleur viennent faire la reuerenceiles affeurant du grand ennuy &:fâcherie qu'elles ont fouffert du¬rant leur trop longue abfence. Ets'il échape allors quelque foupirde leur eftomac pour la fraiche.mémoire qu'elles ont encores ds" E

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 69: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

F-ft. fi M ï E R D I A I O.'

leurs «moureus elles feront acrol-re au panure, iobet , que ce ferapour l'amour de luy. Elles fe tien-dront-tout vn long tems pendan¬tes à fon col, lè.baifant puis aufront, puis aux yeux,.puis en la.bouche:Mais les traitrefles &mércrûtes qu'elles font, levoudroyétauoir ia b'aifé-mort, pédu & étran ;

glé à quelque gibet , n'en faifàiitpas moins de tout cela à l'endroitde leurs amourcus , voire eacoresplus qu'à leurs maris. Qui feradonq'deformais celuy tât elongnéde tout bon iugement,' qui fe vou >

dra afferuirà vn animât tant per-rnicieu-s > tant villain & deteftablècomme eft cettui-cy? Mais -non-obftant tout cela vn tas dé gentilsmignons ne delaiflent point d'ef-fàyerà.co'plàire par mille moyen?àxesileres b£ftes,fè foubmettans.

F-ft. fi M ï E R D I A I O.'

leurs «moureus elles feront acrol-re au panure, iobet , que ce ferapour l'amour de luy. Elles fe tien-dront-tout vn long tems pendan¬tes à fon col, lè.baifant puis aufront, puis aux yeux,.puis en la.bouche:Mais les traitrefles &mércrûtes qu'elles font, levoudroyétauoir ia b'aifé-mort, pédu & étran ;

glé à quelque gibet , n'en faifàiitpas moins de tout cela à l'endroitde leurs amourcus , voire eacoresplus qu'à leurs maris. Qui feradonq'deformais celuy tât elongnéde tout bon iugement,' qui fe vou >

dra afferuirà vn animât tant per-rnicieu-s > tant villain & deteftablècomme eft cettui-cy? Mais -non-obftant tout cela vn tas dé gentilsmignons ne delaiflent point d'ef-fàyerà.co'plàire par mille moyen?àxesileres b£ftes,fè foubmettans.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 70: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV ES E rf O C RI t I C.: 2 jî

âla merci du froid & humide fe*reih,de l'afpre & forte gelée,de la?'

pluyc,desven's &orâgc,& fouuéVd'vn parfùrïd'Viïpot à piffer fusleur teftc, pour recompenfe de lapeine qu'ils premier à fonn-er des 'aubâdes,auecques luts,guitérnesjfîuttes,- chantres accords 8j racle-rnents de boyaux^ati1 denant de lafeneftre de Madame: laquelle, cependât que ces pauures niais font :

là à trembler legrelotjépandre fou1pirs,8c baifer le crouïllet delà poote, eft '011 dormant à fonaïfe de*dans vn lict1, onà fon "réueil éteiv» -

dantla cutlTc, & prenant -pins de ;

plaifir à fe moquer de' la- folie de ;

ces fols importuns',qù''àouyrîar-monte de leur mofiqué r & ainfi '

font' acôùftrez'' ces amoureux de ;

Carèfinc.' Or côgnoïs-tû'mâinïe- -

nânt'iffez-lés'-imp.èrfeéliôïis de-EPij;

DV ES E rf O C RI t I C.: 2 jî

âla merci du froid & humide fe*reih,de l'afpre & forte gelée,de la?'

pluyc,desven's &orâgc,& fouuéVd'vn parfùrïd'Viïpot à piffer fusleur teftc, pour recompenfe de lapeine qu'ils premier à fonn-er des 'aubâdes,auecques luts,guitérnesjfîuttes,- chantres accords 8j racle-rnents de boyaux^ati1 denant de lafeneftre de Madame: laquelle, cependât que ces pauures niais font :

là à trembler legrelotjépandre fou1pirs,8c baifer le crouïllet delà poote, eft '011 dormant à fonaïfe de*dans vn lict1, onà fon "réueil éteiv» -

dantla cutlTc, & prenant -pins de ;

plaifir à fe moquer de' la- folie de ;

ces fols importuns',qù''àouyrîar-monte de leur mofiqué r & ainfi '

font' acôùftrez'' ces amoureux de ;

Carèfinc.' Or côgnoïs-tû'mâinïe- -

nânt'iffez-lés'-imp.èrfeéliôïis de-EPij;

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 71: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DtAIO.

sesbeftesque tuauoistantrecô-mandçes, & pareillement le mai-ère pafletemps & pauure recom*-penfequi enftiyt de cette fottifeamoureufe, n'emportât auecquesfjy que mocquerie, vray guerdor»à ces plaifaiis mefsieurs, pour lesfoulagcr des grandes peines &|ongs trauaux , qu'ils ont endure^à cette occafion. Et fi tuvouloisretourner en ta première herefiede dite qu'ils apprennent beau¬coup à parler, faifant l'amour àyne Madame , tu en pourras aifé-rnent cognoiftre la vérité , par lesrefponces qui leurs font faites , &principalement de Mefdamesdeyille,dont ie t'en diray après nouseftre afsjs fys cette herbe verte,quelques vues pour nous recréer§c de celles qi'ay autres-fois en-f fîdi.gs dire £ la 4érob,ée,c?eft que

PREMIER DtAIO.

sesbeftesque tuauoistantrecô-mandçes, & pareillement le mai-ère pafletemps & pauure recom*-penfequi enftiyt de cette fottifeamoureufe, n'emportât auecquesfjy que mocquerie, vray guerdor»à ces plaifaiis mefsieurs, pour lesfoulagcr des grandes peines &|ongs trauaux , qu'ils ont endure^à cette occafion. Et fi tuvouloisretourner en ta première herefiede dite qu'ils apprennent beau¬coup à parler, faifant l'amour àyne Madame , tu en pourras aifé-rnent cognoiftre la vérité , par lesrefponces qui leurs font faites , &principalement de Mefdamesdeyille,dont ie t'en diray après nouseftre afsjs fys cette herbe verte,quelques vues pour nous recréer§c de celles qi'ay autres-fois en-f fîdi.gs dire £ la 4érob,ée,c?eft que

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 72: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

em*

mest

Î>V DEMOCRITIC. i^pluftoft ce fot tranfporté n'auraacofté Madame la Bourgeoife , 8c

cômerïcé à découurir le pot aux rdfes qu'elle ne luy faéevne de ces petit.es fottes refpôces telles qu'elless'enfuyuent.Enda ouy:Enda voireMonficur: vous nous en voulez cô ftttes ^tcr,vQus venez de Blays:vons voir- comunes

lez rire : vous faiétes bonne mines "foncesie croy que vous venez d'Angers, feVous en auez bien veu ceux qui envenoienttvous en fçauiezdedéuxvous nous en auez baillé d'vne: iecroy qvous cftes fils de bouchervoustatez bien la chair: Cobiertme voulez vous acheter que vousme tatez ainfi? ie n'ay garde d'af-fondrer,iefuis bié arriuéc:cettuylà ne vous coufte gueres monfieurileftcreu en vos iardins : vouse-ftes trop chaut , vous ne dureriezpas: hà vous cftcs trop blanc,il y a

" E iij

em*

mest

Î>V DEMOCRITIC. i^pluftoft ce fot tranfporté n'auraacofté Madame la Bourgeoife , 8c

cômerïcé à découurir le pot aux rdfes qu'elle ne luy faéevne de ces petit.es fottes refpôces telles qu'elless'enfuyuent.Enda ouy:Enda voireMonficur: vous nous en voulez cô ftttes ^tcr,vQus venez de Blays:vons voir- comunes

lez rire : vous faiétes bonne mines "foncesie croy que vous venez d'Angers, feVous en auez bien veu ceux qui envenoienttvous en fçauiezdedéuxvous nous en auez baillé d'vne: iecroy qvous cftes fils de bouchervoustatez bien la chair: Cobiertme voulez vous acheter que vousme tatez ainfi? ie n'ay garde d'af-fondrer,iefuis bié arriuéc:cettuylà ne vous coufte gueres monfieurileftcreu en vos iardins : vouse-ftes trop chaut , vous ne dureriezpas: hà vous cftcs trop blanc,il y a

" E iij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 73: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

Ï"R E MI E.R D IAIO.

,-pkis de faueur en vn grain depoiure qu'il n'y a en vn nruy.de<haux:cc font des pommes de muzart , nul n'y touche qu'il n'y aitpartivousdicles mieux. qu'vnchaJumeau de blé : reuenez demainvous ferez cerclé : q cerchez vouslà Monfieur?vousn'y auez rté mis;,dea,vous éftes moût priué pour lapremière fois: hc Dieu, que vouseftes endemené:vousauez la mainterriblement legiere: vous eftesmoût importun :.vous eftes fa-cheusdes filles de.voftre cartier felaiffênt ell'ainfi tater? Tous ceuxqui m'ont abbayée ne m'ont pasmordue : le baifer qui au cceur netouche ne fait .qu'affadir la bou-che:il vaut mieus auoir bonne te-ftequemauuais cul: Ainfi dit leRenard des meures: ce feroit bientoft faiét qui yous voudtou .erpi-

Ï"R E MI E.R D IAIO.

,-pkis de faueur en vn grain depoiure qu'il n'y a en vn nruy.de<haux:cc font des pommes de muzart , nul n'y touche qu'il n'y aitpartivousdicles mieux. qu'vnchaJumeau de blé : reuenez demainvous ferez cerclé : q cerchez vouslà Monfieur?vousn'y auez rté mis;,dea,vous éftes moût priué pour lapremière fois: hc Dieu, que vouseftes endemené:vousauez la mainterriblement legiere: vous eftesmoût importun :.vous eftes fa-cheusdes filles de.voftre cartier felaiffênt ell'ainfi tater? Tous ceuxqui m'ont abbayée ne m'ont pasmordue : le baifer qui au cceur netouche ne fait .qu'affadir la bou-che:il vaut mieus auoir bonne te-ftequemauuais cul: Ainfi dit leRenard des meures: ce feroit bientoft faiét qui yous voudtou .erpi-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 74: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

'D'Y DEMOCRITIC. tft

-re:la nuit nous donnera confeihiçm'ébahi cornent vous eftes fi grasveu que vous auez tant d'affaires:voftre amie n'eft pas fi noire:ceusqui me verront-de iour ne fe rom-prôt pa s le col pour me venir voitla nuit. Il s'en trouueravne autreïplus fucrée & qui voudra contre¬faire de la bien apprife qui dira,jQuc vous fçaues biendire,ieerpyque vous aués bien leules liuresqui en parlent : cela vous plaift à

xlire, Monfieur,x'eft du.bien devous: on s'entr'aime-mieus deuâcqu'ons'entr'ait quequâdon s'en-tr'a: voftre ciuilitéme rendrufti-que;il y a long téps qu'on ne bai-fe plus : il ne fut .iamais moins derefponces , on les a toutes mâgéesen falade:vous pouuez bien men¬tir , vous venez de loing : vous neme voulez pas tuer, vous me bail-

E iiij

'D'Y DEMOCRITIC. tft

-re:la nuit nous donnera confeihiçm'ébahi cornent vous eftes fi grasveu que vous auez tant d'affaires:voftre amie n'eft pas fi noire:ceusqui me verront-de iour ne fe rom-prôt pa s le col pour me venir voitla nuit. Il s'en trouueravne autreïplus fucrée & qui voudra contre¬faire de la bien apprife qui dira,jQuc vous fçaues biendire,ieerpyque vous aués bien leules liuresqui en parlent : cela vous plaift à

xlire, Monfieur,x'eft du.bien devous: on s'entr'aime-mieus deuâcqu'ons'entr'ait quequâdon s'en-tr'a: voftre ciuilitéme rendrufti-que;il y a long téps qu'on ne bai-fe plus : il ne fut .iamais moins derefponces , on les a toutes mâgéesen falade:vous pouuez bien men¬tir , vous venez de loing : vous neme voulez pas tuer, vous me bail-

E iiij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 75: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAtO.

liez du platm'y penfez plus,voftrepart en eft gelée: vous vous trom¬pez, ce n'eft pas ainfi que vouspenfez : vous fçauez mieus quevous ne dites, vous n'en feriez riefi vous ne vouliez:ie fuis telle queDieu m'a faitte: vous auez puif-fance de dire de moy tout ce qu'ilvous plaira,Monfieur,tantyaqueienecognoi rien en moy des lou¬anges que vous me donnez : vousme faites trop d'honneur, Mon-lïeur,ilne m'apartiét pas :ie vousremercie du grand bien que vousme defirez, Monfieur, ie n'ai pastant mérité en voftre endroit: Ilfaut cognoiftre deuant que d'ai¬mer. Vous autres hommes eftestoufiours couftumiersde dirc.&promettre telles chofes , maisquand vous auez fait des femmesvous n'en tenez plus de cote, vous

PREMIER DIAtO.

liez du platm'y penfez plus,voftrepart en eft gelée: vous vous trom¬pez, ce n'eft pas ainfi que vouspenfez : vous fçauez mieus quevous ne dites, vous n'en feriez riefi vous ne vouliez:ie fuis telle queDieu m'a faitte: vous auez puif-fance de dire de moy tout ce qu'ilvous plaira,Monfieur,tantyaqueienecognoi rien en moy des lou¬anges que vous me donnez : vousme faites trop d'honneur, Mon-lïeur,ilne m'apartiét pas :ie vousremercie du grand bien que vousme defirez, Monfieur, ie n'ai pastant mérité en voftre endroit: Ilfaut cognoiftre deuant que d'ai¬mer. Vous autres hommes eftestoufiours couftumiersde dirc.&promettre telles chofes , maisquand vous auez fait des femmesvous n'en tenez plus de cote, vous

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 76: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 26perdez allors le fouuenir de tousles grands ferméts que vous leursauiez faiéts en la chaleur de vo*ftre amour, foudain vos foupirs &promeffes s'euanoiffent par l'aiesMais, Monfieur, que diroit-on fil'on vous voioit vfer de fi grandepriuauté en mon endroit?vous fçauez que les gens font auiourd'huytant mal parlans : Il n'y a remède,il faut quelque-fois diffimuler &faire des chofes tant contre fortvouloir pour euiter au fcandalc:vraiment il s'en trouueordinaircrment aux compagnies, ie ne fçaifî cela leur procède de ialouzieou de quelque autre emùe qu'ilsayent fus les perfonnes, mais ilsne font autre chofe que notertout ce qui s'y fait , pour médireaprès des vns &des autres: ieneycus pas dire, Monfieur quant à

DV DEMOCRITIC. 26perdez allors le fouuenir de tousles grands ferméts que vous leursauiez faiéts en la chaleur de vo*ftre amour, foudain vos foupirs &promeffes s'euanoiffent par l'aiesMais, Monfieur, que diroit-on fil'on vous voioit vfer de fi grandepriuauté en mon endroit?vous fçauez que les gens font auiourd'huytant mal parlans : Il n'y a remède,il faut quelque-fois diffimuler &faire des chofes tant contre fortvouloir pour euiter au fcandalc:vraiment il s'en trouueordinaircrment aux compagnies, ie ne fçaifî cela leur procède de ialouzieou de quelque autre emùe qu'ilsayent fus les perfonnes, mais ilsne font autre chofe que notertout ce qui s'y fait , pour médireaprès des vns &des autres: ieneycus pas dire, Monfieur quant à

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 77: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

P R E M I E R D I A l O.

vous que vous ne vousyfceulîlezgouuernerfagemét: ilappercbienque vous auez efté en plus d'vn

-endroit, vous fçauez bien autrechofe que voftre pain manger. Etfi par cas fortuit il s'adreffoit quelqu'vn à elle qui fans vfer de toutesces petites harengues deffaléeivoufift aller de droit fil donner dedans l'aneau: Madame la ruzéea-wecques fes fourcis rabaiffez, &comme bien remplie de eourousluy relpondra: Quel gentil perro¬quet, iccroi que vous auez eftéen cage pour apprendre à parler:vraiment c'eft dommage que l'onne vous a préparé vne chaire vousprefcheriez bien, vous auriez tan-toft le bec iaune : vous diètes dor:ie cioi que vous ne.dictes pas à

bonefeient: à fotte demande il nefaut point de refponce : fçauez

P R E M I E R D I A l O.

vous que vous ne vousyfceulîlezgouuernerfagemét: ilappercbienque vous auez efté en plus d'vn

-endroit, vous fçauez bien autrechofe que voftre pain manger. Etfi par cas fortuit il s'adreffoit quelqu'vn à elle qui fans vfer de toutesces petites harengues deffaléeivoufift aller de droit fil donner dedans l'aneau: Madame la ruzéea-wecques fes fourcis rabaiffez, &comme bien remplie de eourousluy relpondra: Quel gentil perro¬quet, iccroi que vous auez eftéen cage pour apprendre à parler:vraiment c'eft dommage que l'onne vous a préparé vne chaire vousprefcheriez bien, vous auriez tan-toft le bec iaune : vous diètes dor:ie cioi que vous ne.dictes pas à

bonefeient: à fotte demande il nefaut point de refponce : fçauez

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 78: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

'D-V DEWOCRITIC. irj

-vous que c'eft qu'il y a , Monit¬eur, ievous prie nevous moquezpoint de moy , i'en ai bien veud'autres :vous me deuiez regarderàdeus fois & penfer toutàloifîtdeuant que deme parler tellangage :cen?eft pas à moy qu'il vousfalloit adreffer pour vfer de tellesparolles : ie ne fuis pas telle quevous penfez: vous délieriez vousaddreffer ailleurs pour parueflir àvoftre intention : il .ne, faudraitguereside tels .propos pour vouseffranger d'vne bonne compa¬gnie: addreffez hardiment ces let¬tres àd'autres : Monfieur ie vousfupplieffivous me voulez faireplaifir) ne me tenez plus telspro-pos: comment! il femblc. à vousouyr parler que ie reifemblc vuegarce publique:vous pouuez bjenaller chaflér ailleurs, ce n'eft pas

'D-V DEWOCRITIC. irj

-vous que c'eft qu'il y a , Monit¬eur, ievous prie nevous moquezpoint de moy , i'en ai bien veud'autres :vous me deuiez regarderàdeus fois & penfer toutàloifîtdeuant que deme parler tellangage :cen?eft pas à moy qu'il vousfalloit adreffer pour vfer de tellesparolles : ie ne fuis pas telle quevous penfez: vous délieriez vousaddreffer ailleurs pour parueflir àvoftre intention : il .ne, faudraitguereside tels .propos pour vouseffranger d'vne bonne compa¬gnie: addreffez hardiment ces let¬tres àd'autres : Monfieur ie vousfupplieffivous me voulez faireplaifir) ne me tenez plus telspro-pos: comment! il femblc. à vousouyr parler que ie reifemblc vuegarce publique:vous pouuez bjenaller chaflér ailleurs, ce n'eft pas

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 79: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER D l'Ai O.

ky voftre gibier,ce n'eft pas viarf-depourvozoyfeaux, ce n'eft paspour vous que Ion frit ces ceufs:addreffez hardiment ailleurs vozoffrandes, ie fuisàvn autre faintvouée, il y a bien vn autre qui s'yattend , vous perdez voz pas*vous vous tourmentez en vain.Comment ! eft-ce la le peu deconte que vous faites de l'hon¬neur des Darnes ? Mais ce dont ieme fâche le plus eft, dequoy cespauures fottes eftiment leur hon¬neur cftre caché entre leurs cuif-fe3, le logeant en vn lieu tant fa-le & deshonnefte , & croy quec'eft la raifon pour laquelle elle*en font le plus fouuent part à

quelque gros vilain & lourdaut devalet, & pluftoft qu'à vn honne*fte gentil-homme qui le mente-toit , & voila par le corps-Dieu

PREMIER D l'Ai O.

ky voftre gibier,ce n'eft pas viarf-depourvozoyfeaux, ce n'eft paspour vous que Ion frit ces ceufs:addreffez hardiment ailleurs vozoffrandes, ie fuisàvn autre faintvouée, il y a bien vn autre qui s'yattend , vous perdez voz pas*vous vous tourmentez en vain.Comment ! eft-ce la le peu deconte que vous faites de l'hon¬neur des Darnes ? Mais ce dont ieme fâche le plus eft, dequoy cespauures fottes eftiment leur hon¬neur cftre caché entre leurs cuif-fe3, le logeant en vn lieu tant fa-le & deshonnefte , & croy quec'eft la raifon pour laquelle elle*en font le plus fouuent part à

quelque gros vilain & lourdaut devalet, & pluftoft qu'à vn honne*fte gentil-homme qui le mente-toit , & voila par le corps-Dieu

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 80: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 28(i'en iure ) dequoy ic me fcanda-life le plus . Mais ie te veux bienicy aduertir d'vne chofc, que tune te frotte pas d'aller harenguerny prefcher le moins du mondede la charité à ces Dames lour¬des ruzées de Genéue, fi tu neveux fermement continuer tesCoups , car il m'aduint vne-foisen allant en voyage à faint Clauded'en parler à deux ou trois feule¬ment de gayeté de cmur , maispourceqgeie n'en fis après plusde conte, ie me donne au Diablefi elles ne difoyent tout razementque ie ne croyois pas en Dieu;Ce qu'elles auoyent bien inijentéfaulfemenc & du tout contre lavérité, veu que ie ne leur parloyd'autre choie, par ce que i'etoybienaneuré qu'elles aiment fortcela, àraifon de l'air de Laufanne

DV DEMOCRITIC. 28(i'en iure ) dequoy ic me fcanda-life le plus . Mais ie te veux bienicy aduertir d'vne chofc, que tune te frotte pas d'aller harenguerny prefcher le moins du mondede la charité à ces Dames lour¬des ruzées de Genéue, fi tu neveux fermement continuer tesCoups , car il m'aduint vne-foisen allant en voyage à faint Clauded'en parler à deux ou trois feule¬ment de gayeté de cmur , maispourceqgeie n'en fis après plusde conte, ie me donne au Diablefi elles ne difoyent tout razementque ie ne croyois pas en Dieu;Ce qu'elles auoyent bien inijentéfaulfemenc & du tout contre lavérité, veu que ie ne leur parloyd'autre choie, par ce que i'etoybienaneuré qu'elles aiment fortcela, àraifon de l'air de Laufanne

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 81: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

î'RE MI'ER DI'A'lcf.atù leur foufflela belle paroll'e de-Dieu (m'amie) toute déliée com¬me fleur de farine p'affée au pl'us"

menu fas. le c o s m o f"h île."Par-Dieu ie megarderây doncq*bien de leur en parler, aumoins fi"

ié+i'ay moyen de les pourfuyure '

après de court : Cancre de direqu'on ne croit pas en Dieo, fi dépar le Diable fi, par lé Dieu quin'eft qu'vn ie prendroy pluftoftdesCantharïdes,& leur fermeroytant le bas que leur empecheroybien le haut de caqueter : Maispour retourner au propos de cesgracieufes & diuines réponcesque tu as recitées au parananc,vrayment tu ne m'en as raconteaucune qui ne m'ait' aiitre-foisefté dicte ou que ie n'aye-ouy di¬re à d'autres. Et iete prie de gra~-cc^puis-que- tu m'as tant-bitn;

î'RE MI'ER DI'A'lcf.atù leur foufflela belle paroll'e de-Dieu (m'amie) toute déliée com¬me fleur de farine p'affée au pl'us"

menu fas. le c o s m o f"h île."Par-Dieu ie megarderây doncq*bien de leur en parler, aumoins fi"

ié+i'ay moyen de les pourfuyure '

après de court : Cancre de direqu'on ne croit pas en Dieo, fi dépar le Diable fi, par lé Dieu quin'eft qu'vn ie prendroy pluftoftdesCantharïdes,& leur fermeroytant le bas que leur empecheroybien le haut de caqueter : Maispour retourner au propos de cesgracieufes & diuines réponcesque tu as recitées au parananc,vrayment tu ne m'en as raconteaucune qui ne m'ait' aiitre-foisefté dicte ou que ie n'aye-ouy di¬re à d'autres. Et iete prie de gra~-cc^puis-que- tu m'as tant-bitn;

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 82: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRt TI C. 2j->

fceu déchifrer les répliques comJmimes de ces Bourgeoifes, fi tuen fçais quelqrjes-vnés dé ces Damoifelles de Cour, ne m'en foispoint chiche, i'e democ ri-tic N'efïoic que le parlértou--fîours graue & Philofophic fanseftre emremeflé de quelque cho-fe ioyeulè, ennuïe plus à l'écou-»tant qu'il ne luyapporte d'inftru*éf ion, ie ne mefuffe daigné arre*fter àces fots propos,neantnioinstant pour nous contenter l'efpritpar la moquerie de ceux qui fe péfent eftre bien difdrets, que pourraïfonde ta prière, ie ne laîfferayà poitrfuiure en cette gracieufeméfiée. Et quant eft des Courti-fannes pour en cognoiftre lesre-^fponces affeétueufemêc fardces^ie t'enuoiïai àces beaus hures cielqtielsic t'ay parlé ici'" deuant^,&<.

DV DEMOCRt TI C. 2j->

fceu déchifrer les répliques comJmimes de ces Bourgeoifes, fi tuen fçais quelqrjes-vnés dé ces Damoifelles de Cour, ne m'en foispoint chiche, i'e democ ri-tic N'efïoic que le parlértou--fîours graue & Philofophic fanseftre emremeflé de quelque cho-fe ioyeulè, ennuïe plus à l'écou-»tant qu'il ne luyapporte d'inftru*éf ion, ie ne mefuffe daigné arre*fter àces fots propos,neantnioinstant pour nous contenter l'efpritpar la moquerie de ceux qui fe péfent eftre bien difdrets, que pourraïfonde ta prière, ie ne laîfferayà poitrfuiure en cette gracieufeméfiée. Et quant eft des Courti-fannes pour en cognoiftre lesre-^fponces affeétueufemêc fardces^ie t'enuoiïai àces beaus hures cielqtielsic t'ay parlé ici'" deuant^,&<.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 83: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

principallement au Seigneur desE(Tars,lequel ie nommerai toutesfois auecques reuerence & hon¬neur, tant pour vn coulant langa¬ge, liaifon de propos, que pourvne douceur & fluidité de parolesdont il a vfc outre tous ceux quife font méfiez deuant luy d'écri¬re en noftre vulgaire, & encoresauiourd'huy s'en trouue-il peude ceux qui écriuent en pareilleschofes, qui approchent de la grâ¬ce & naïue beauté de fon ftile.Oren ces autheurs là tu pourras co-gnoiftre le peu d'érudition quinous vient par leurs mignardes &affectées refponces. le c o s m o9 ui le. Il eft bien vrai qu'vnebonne part des Courtifannes dé¬

rober leurs refpôces en ces liuresd'amour,& nô pas tou i es,car cel¬les-là qui ontl'cfprit meilleur ne

veullent

PREMIER DIALO.

principallement au Seigneur desE(Tars,lequel ie nommerai toutesfois auecques reuerence & hon¬neur, tant pour vn coulant langa¬ge, liaifon de propos, que pourvne douceur & fluidité de parolesdont il a vfc outre tous ceux quife font méfiez deuant luy d'écri¬re en noftre vulgaire, & encoresauiourd'huy s'en trouue-il peude ceux qui écriuent en pareilleschofes, qui approchent de la grâ¬ce & naïue beauté de fon ftile.Oren ces autheurs là tu pourras co-gnoiftre le peu d'érudition quinous vient par leurs mignardes &affectées refponces. le c o s m o9 ui le. Il eft bien vrai qu'vnebonne part des Courtifannes dé¬

rober leurs refpôces en ces liuresd'amour,& nô pas tou i es,car cel¬les-là qui ontl'cfprit meilleur ne

veullent

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 84: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. j-ôveullet point eftre veuës rien em¬prunter de l'autruy , ains de leurpropre efprits'en forgent de tou¬tes nouuelles .le seuocri.Pas ie ne veuil reprouuer l'inuer»tion qui vient de foymefme , tropbien veus-ie blâmer celles lefqueîles neveullent eftre veuës parlerque de leur cerueau, entendu quece font ordinairement celles qutfont dignes de plus grande mo¬querie, aufsi que la prefonrptioneft trop grande de fe fier tant enfon naturel que Ion ne tienne conte de l'artifice ; car tout ainfi quenous voyons la forterefle de quel¬que ville on autre place, ne confi-fter pas feulement au fort dont lanature l'a voulu munir , mais quele meilleur de ù defenee&fauue-garde gift en ce qui y a efté adiotité par la main & induftrie des hô-

F

DV DEMOCRITIC. j-ôveullet point eftre veuës rien em¬prunter de l'autruy , ains de leurpropre efprits'en forgent de tou¬tes nouuelles .le seuocri.Pas ie ne veuil reprouuer l'inuer»tion qui vient de foymefme , tropbien veus-ie blâmer celles lefqueîles neveullent eftre veuës parlerque de leur cerueau, entendu quece font ordinairement celles qutfont dignes de plus grande mo¬querie, aufsi que la prefonrptioneft trop grande de fe fier tant enfon naturel que Ion ne tienne conte de l'artifice ; car tout ainfi quenous voyons la forterefle de quel¬que ville on autre place, ne confi-fter pas feulement au fort dont lanature l'a voulu munir , mais quele meilleur de ù defenee&fauue-garde gift en ce qui y a efté adiotité par la main & induftrie des hô-

F

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 85: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

-PREMIER DIAtC. *.

mes, autant en eft-il de l'efprithumain, car encores que naturel¬lement il foit fort de la raifon , fi-eit-ce que s'il n'eft remparé -& poly par ce qu'il peut retenir del'in-ltruétion des autres, non pas tantfeulement en les écoutant parler,mais en voiant leurs Cuures di¬gnes de mémoire , il#demeureratout ainfi qu'vn tableau de cireou de marbre tout groffier & fansaucune forme laquelle foit digned'eftre regardée'. Aces prefom-ptueufes il en prend tout ainfiqu'au difciple qui veut corrigerfon niai'ftre deua'nt que de fçauoirîe moindre point de fa doctrine,«outesfois que fi ces outrecuidéesiefquelles péfent toutfçauoir d'dles mefmcs,font à rc prendre en cecas îcyjes autres qui en apprei*fient par l'tnftrucrio» d'autruy ne

-PREMIER DIAtC. *.

mes, autant en eft-il de l'efprithumain, car encores que naturel¬lement il foit fort de la raifon , fi-eit-ce que s'il n'eft remparé -& poly par ce qu'il peut retenir del'in-ltruétion des autres, non pas tantfeulement en les écoutant parler,mais en voiant leurs Cuures di¬gnes de mémoire , il#demeureratout ainfi qu'vn tableau de cireou de marbre tout groffier & fansaucune forme laquelle foit digned'eftre regardée'. Aces prefom-ptueufes il en prend tout ainfiqu'au difciple qui veut corrigerfon niai'ftre deua'nt que de fçauoirîe moindre point de fa doctrine,«outesfois que fi ces outrecuidéesiefquelles péfent toutfçauoir d'dles mefmcs,font à rc prendre en cecas îcyjes autres qui en apprei*fient par l'tnftrucrio» d'autruy ne

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 86: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

BV DEMOCRITir. 31

le font encores moins,car en quelque manière qu'elles en veullentvfer, elles ne foauroient dire cho-fe touchât cette fottife -d'amour,fi ce n'eft en la blâmant, qui me-rite'louange . Ne conraoi-ru pasmaintenant ton erreur d'auoire-ftiméquel'onappriftàbien par¬ler en faifant l'amour ?le c o s-MofH i.Tu ne m'asfatisfaitqued'vn coflé, car encores qu'il foitvray que les hommes ne puiifentrien apprendre par ce que leur re-fpondencles femmes, cela n'em-pefche pas qu'ils ne s'eftudient à

bien parler pour leur complaire.le de M o . D'apprendreà bienparler c'eft vne choie fort louable&biea feante à toute perfonne,Bon pas pour cebutque tu -as ditde plaire aux feaimes,mais à celle-finqi;e l'on donne plus aifeiuent

F ij

BV DEMOCRITir. 31

le font encores moins,car en quelque manière qu'elles en veullentvfer, elles ne foauroient dire cho-fe touchât cette fottife -d'amour,fi ce n'eft en la blâmant, qui me-rite'louange . Ne conraoi-ru pasmaintenant ton erreur d'auoire-ftiméquel'onappriftàbien par¬ler en faifant l'amour ?le c o s-MofH i.Tu ne m'asfatisfaitqued'vn coflé, car encores qu'il foitvray que les hommes ne puiifentrien apprendre par ce que leur re-fpondencles femmes, cela n'em-pefche pas qu'ils ne s'eftudient à

bien parler pour leur complaire.le de M o . D'apprendreà bienparler c'eft vne choie fort louable&biea feante à toute perfonne,Bon pas pour cebutque tu -as ditde plaire aux feaimes,mais à celle-finqi;e l'on donne plus aifeiuent

F ij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 87: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALCU

à entendre fes propos, & que l'onface mieux croire ce qu'on a intention de prouuer ; & à cclle-fin quenous ne nous égarions fus la vrayelignification de bien parlcr,il faut

Çne t'efl fçauoir en quoy il côfifte. Le biende bien parkrnegift pas feulement à vfetprier. ^e termes &mots bien françois,

nyàdtfgorgcr mille petites folies& vaines raptafferies de patellesfans propos , mais à dire des cho¬fes defqu elles (outre l'ornement& la grâce des dictions, dont ellesftrot enrichies) nousenpuiffionsauecques le plaifir rapporter quelque fruit & inftrucliô,cequi n'aduient aucunement à ceus qui ferompent le cerueauà des chofestant legieres & friuolcs , commedefaireramôur.&àctile-fin qu'ilne t'en refte aucun doute, ie temonftreiay de toutes les fortes de

PREMIER DIALCU

à entendre fes propos, & que l'onface mieux croire ce qu'on a intention de prouuer ; & à cclle-fin quenous ne nous égarions fus la vrayelignification de bien parlcr,il faut

Çne t'efl fçauoir en quoy il côfifte. Le biende bien parkrnegift pas feulement à vfetprier. ^e termes &mots bien françois,

nyàdtfgorgcr mille petites folies& vaines raptafferies de patellesfans propos , mais à dire des cho¬fes defqu elles (outre l'ornement& la grâce des dictions, dont ellesftrot enrichies) nousenpuiffionsauecques le plaifir rapporter quelque fruit & inftrucliô,cequi n'aduient aucunement à ceus qui ferompent le cerueauà des chofestant legieres & friuolcs , commedefaireramôur.&àctile-fin qu'ilne t'en refte aucun doute, ie temonftreiay de toutes les fortes de

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 88: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. £i

faarengues auecques le gouuerne-mentdeceuxqui s'encheueftrentà tel ioug. Premièrement viendral'homme de guerre &pourlefa-lut de la Dame la chauffera de premiere abordée,l'vn auecques bra- Harigutue parle corps-Dieu, parlefang- derinm-Dieu, ie renie-Dieu, Madame, ie me ~

r 1 i r i i m" *"*nelçacrie nomme ious le ciel tant ci,ant v^brauefoit-ilque s'eftant auanta- mour.

gé de faire tort au moindre pointde voftre honneur que ie nefiffemourir ou recognoiftre fa folie, &oferoi* aiant la faueur de voftrebonne grâce entreprendre le cornbat cotte luy tout armé, bien queie nefuffe qu'en chemife, car cefeul point de me voir fauorizé d'v-ncfibraueDame, me haufferoietant le courage &merendroitaf-fezfort, pour ne redouter pointvn Caefar s'il eftoit deuant moy.

ï iij

DV DEMOCRITIC. £i

faarengues auecques le gouuerne-mentdeceuxqui s'encheueftrentà tel ioug. Premièrement viendral'homme de guerre &pourlefa-lut de la Dame la chauffera de premiere abordée,l'vn auecques bra- Harigutue parle corps-Dieu, parlefang- derinm-Dieu, ie renie-Dieu, Madame, ie me ~

r 1 i r i i m" *"*nelçacrie nomme ious le ciel tant ci,ant v^brauefoit-ilque s'eftant auanta- mour.

gé de faire tort au moindre pointde voftre honneur que ie nefiffemourir ou recognoiftre fa folie, &oferoi* aiant la faueur de voftrebonne grâce entreprendre le cornbat cotte luy tout armé, bien queie nefuffe qu'en chemife, car cefeul point de me voir fauorizé d'v-ncfibraueDame, me haufferoietant le courage &merendroitaf-fezfort, pour ne redouter pointvn Caefar s'il eftoit deuant moy.

ï iij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 89: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER tri AX 0%

Et vfera de tant d'autres fots &vaillans propos que tu dirois à

l'ouyr parler qu'il' doit aller tuerCarefme-prenant pour en auoirla vefTie.Ie t'en veux faire à ce prapos vn petit difcours d'vn certain;feigneur qui n'eftoit pas encoreshorsdepagedumeftier de gentil¬homme , & combien qu'il ne foiepas touchant l'amour, Une laifle-ra pourtant à te donner à cognoi-ftre que volontiers tous ceux quifont tant braues & mauuais de par-olles reffemblent aux grades mo-taign-es qui doiuent enfanter mec«cilles & defquelles ne s'en engendreàlafinqu'vnepetitefourisferuâtderizécà vn chacun. Or pourtomber à mon point, tu dois en¬

tendre quececapprenti de nobleffe eftant logé en vue hoftelene &volant au fuir qu'on ne luy appor-

PREMIER tri AX 0%

Et vfera de tant d'autres fots &vaillans propos que tu dirois à

l'ouyr parler qu'il' doit aller tuerCarefme-prenant pour en auoirla vefTie.Ie t'en veux faire à ce prapos vn petit difcours d'vn certain;feigneur qui n'eftoit pas encoreshorsdepagedumeftier de gentil¬homme , & combien qu'il ne foiepas touchant l'amour, Une laifle-ra pourtant à te donner à cognoi-ftre que volontiers tous ceux quifont tant braues & mauuais de par-olles reffemblent aux grades mo-taign-es qui doiuent enfanter mec«cilles & defquelles ne s'en engendreàlafinqu'vnepetitefourisferuâtderizécà vn chacun. Or pourtomber à mon point, tu dois en¬

tendre quececapprenti de nobleffe eftant logé en vue hoftelene &volant au fuir qu'on ne luy appor-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 90: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

0 V DEMOCRITIC' $ftoit pas affez toft à fon gré vn couurechef, aprës'auoirlong tempsrenié Dieu & pris parles tripes Se

par toutjcommença à;dke qu'il feroit cecy, que par la mort-Dieu illeur môftrcroit comme il s'en fe-roit faché,qu'il leur en feroit fouj.wenir, àquiilsfepenfoient ioucr'& que par le fangDieu, il eftoicgentil- homme & homme de bien& de bonnes gens-j qu'il en- auoiebié veu d'autres & bien tué. Ceuxde la rnaifon penfans qu'il deuftmettre le feu dedans y ©u pour lemoins les froiffer en poudre tousles vns après les autres fans mercytant il renaquoit & frapoit despiez biauementjincontinent fe diligenterent luy en apporter nonpas feulement vn,mais vne demiedouzaine. Et après auoirvn peur-appaifé fa frenaifie,ils s'enhardi-

E iiij,

0 V DEMOCRITIC' $ftoit pas affez toft à fon gré vn couurechef, aprës'auoirlong tempsrenié Dieu & pris parles tripes Se

par toutjcommença à;dke qu'il feroit cecy, que par la mort-Dieu illeur môftrcroit comme il s'en fe-roit faché,qu'il leur en feroit fouj.wenir, àquiilsfepenfoient ioucr'& que par le fangDieu, il eftoicgentil- homme & homme de bien& de bonnes gens-j qu'il en- auoiebié veu d'autres & bien tué. Ceuxde la rnaifon penfans qu'il deuftmettre le feu dedans y ©u pour lemoins les froiffer en poudre tousles vns après les autres fans mercytant il renaquoit & frapoit despiez biauementjincontinent fe diligenterent luy en apporter nonpas feulement vn,mais vne demiedouzaine. Et après auoirvn peur-appaifé fa frenaifie,ils s'enhardi-

E iiij,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 91: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAÏ.O.

rentdeluydemâdercequ'il auoîtdélibéré de faire s'ils ne fe fuffcnthaftez de luy apporter des cou-urechefs : Alors encores tout en¬flamme de colère foufflant & mar¬chant à pas defreglés par fa chambre de la mefme forte que faifoiétles coribansquâd ils fortoient fraichemet de belle rage diuine , vintàrefpondreen hauffant fon bon¬net delamaingauche,&fecoua.ntles oreilles comme vn chat mouil¬lé : Que i'euffe fait ! ventre Dieu,que i'euffe faitlpar la digne mort-Dieu ie me fuffe coiffé de-ma che-mife.ll en furuient volontiers vnepareille fin en ces grandes bra-uades comme à ceux qui fe mon-ftrent tant vaillans en harenguesauprès des Damoifellesicar s'il eftqueftion d'exécuter leurs hautai¬nes & fieres promeffes vous les

PREMIER DIAÏ.O.

rentdeluydemâdercequ'il auoîtdélibéré de faire s'ils ne fe fuffcnthaftez de luy apporter des cou-urechefs : Alors encores tout en¬flamme de colère foufflant & mar¬chant à pas defreglés par fa chambre de la mefme forte que faifoiétles coribansquâd ils fortoient fraichemet de belle rage diuine , vintàrefpondreen hauffant fon bon¬net delamaingauche,&fecoua.ntles oreilles comme vn chat mouil¬lé : Que i'euffe fait ! ventre Dieu,que i'euffe faitlpar la digne mort-Dieu ie me fuffe coiffé de-ma che-mife.ll en furuient volontiers vnepareille fin en ces grandes bra-uades comme à ceux qui fe mon-ftrent tant vaillans en harenguesauprès des Damoifellesicar s'il eftqueftion d'exécuter leurs hautai¬nes & fieres promeffes vous les

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 92: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. J4.

verrez plus couards cV plus crainltifs que n'eft vn canard voiantlefaucon , tellement qu'vne fimplcfemmelette les pourroit batreai-fémét auecques fa quenouille , oubien comme fift l'autre qui en rangeav ne demie douzaine auecquesla naiëdu four. Encores feroit-cequelque chofefîpour tous leursiuremens ils en auoient quelquetecompence, mais le plus fouuentils n'en reçoiucnt que de la mo¬querie, voire fe fufîent ils defuoiéle filet de la langue à force de re¬nier Dieu, ou rompu bras & iam-bes en maniant & piquant leurscheuaux au deuant de leurs mai-treffes .ie cosmophue.Voire-mais tu ne pren que ceuxqui font les plus vicieux en haren-gues: Nefe trouue-ilpas vne in¬finité de perfonnes de bon efprit

DV DEMOCRITIC. J4.

verrez plus couards cV plus crainltifs que n'eft vn canard voiantlefaucon , tellement qu'vne fimplcfemmelette les pourroit batreai-fémét auecques fa quenouille , oubien comme fift l'autre qui en rangeav ne demie douzaine auecquesla naiëdu four. Encores feroit-cequelque chofefîpour tous leursiuremens ils en auoient quelquetecompence, mais le plus fouuentils n'en reçoiucnt que de la mo¬querie, voire fe fufîent ils defuoiéle filet de la langue à force de re¬nier Dieu, ou rompu bras & iam-bes en maniant & piquant leurscheuaux au deuant de leurs mai-treffes .ie cosmophue.Voire-mais tu ne pren que ceuxqui font les plus vicieux en haren-gues: Nefe trouue-ilpas vne in¬finité de perfonnes de bon efprit

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 93: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER D I A L 0>.

hantans la Cour qui tiennent defort bon propos auxDamoifelles?i e democri. Quant eft duCourtifan ie confefferai fon lan¬gage eftre plus affecté que de nulautre : mars que pour cela il parlebien, ie te le nierai du tout par ladéfinition que ie t'en ay donnéeicy deuantj&principalemét deui-

1,'amour fant de cette fottife d'amour : en-rf» Cour- tendu que de tousfes propos ne*ifi». s'eH trouuepas vn qui ne tende à

offrir fon feruice : & tat s'eft abâ¬tardi l'efprit de l'homme, que ce-luy qui le fera autrement , ne ferapas moins eftimé inciuil , ou malappris, qu'eftoic au temps pafféccrtui-Iàjlequel en compagnie re-fufoitàiouerdel'inftrument mu-fical qui luy eftoit prefenté . Orme dis de grâce, ou le Courtifan a

appris,foit par raifou naturelle,©!*

PREMIER D I A L 0>.

hantans la Cour qui tiennent defort bon propos auxDamoifelles?i e democri. Quant eft duCourtifan ie confefferai fon lan¬gage eftre plus affecté que de nulautre : mars que pour cela il parlebien, ie te le nierai du tout par ladéfinition que ie t'en ay donnéeicy deuantj&principalemét deui-

1,'amour fant de cette fottife d'amour : en-rf» Cour- tendu que de tousfes propos ne*ifi». s'eH trouuepas vn qui ne tende à

offrir fon feruice : & tat s'eft abâ¬tardi l'efprit de l'homme, que ce-luy qui le fera autrement , ne ferapas moins eftimé inciuil , ou malappris, qu'eftoic au temps pafféccrtui-Iàjlequel en compagnie re-fufoitàiouerdel'inftrument mu-fical qui luy eftoit prefenté . Orme dis de grâce, ou le Courtifan a

appris,foit par raifou naturelle,©!*

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 94: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. JÇ:

autre telle que tu la voudras- for¬ger en ton cerneau, de donner à fibon marché la chofe qui doit te¬nir la plus chere,& foy priuer tantkgierementdeceque toute per-fonne eft tenue d'auoir en plusÊrande recommendation, qui eft

i liberté? Ouure maintenant lesyeux, & regarde fi de tontes cesharengues qui tendent à vne fintant fotte & de fi peu de confide-ration, s'en fçMuroit tirer aucuncontentement à l'homme raifon-nable & de fon bo efprit,& moinsencores d'inftructiô à aucune perfonne . Mais ce qui- en eft bien le-

plus excellent Monfieur du- mu¬guet Courtifan. ne penferoit paseftre le bienvenu , s'il ne contre¬faisait fa grace,remachant braue-snent le petit fétu parmy fa bou¬che, tenant fon bonet d'yne mai»

DV DEMOCRITIC. JÇ:

autre telle que tu la voudras- for¬ger en ton cerneau, de donner à fibon marché la chofe qui doit te¬nir la plus chere,& foy priuer tantkgierementdeceque toute per-fonne eft tenue d'auoir en plusÊrande recommendation, qui eft

i liberté? Ouure maintenant lesyeux, & regarde fi de tontes cesharengues qui tendent à vne fintant fotte & de fi peu de confide-ration, s'en fçMuroit tirer aucuncontentement à l'homme raifon-nable & de fon bo efprit,& moinsencores d'inftructiô à aucune perfonne . Mais ce qui- en eft bien le-

plus excellent Monfieur du- mu¬guet Courtifan. ne penferoit paseftre le bienvenu , s'il ne contre¬faisait fa grace,remachant braue-snent le petit fétu parmy fa bou¬che, tenant fon bonet d'yne mai»

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 95: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAtO.

fus le genou , quelque-fois desdeux au derrière de foy auecquesvne tefte mal arreftée, & vne voisçontrefaitre. Et ainfi s'écarmou-chant il badinera plus de toursaudeuant de Madamoifelle, quene feroit vn chien de bafteleurpour fon maiftre. le ne di pas ques'il fe vouloit effuier le front auecques le mouchouef ouuré,ou frapper fa botinc d'vne petite baguette, que cela ne luy aidaft fort à af-feurer fa grâce, &qu'vne perru¬que, non pas trefséeàlaLudoui-que (car la mode n'en eft plus)mais braucment rehaufféc à la fortune, & fubtilement frifée auec¬ques artifice , ne le fift trouuerplus gaillard entiers les Dames,ioint aufïî qu'elle ne fuft point duxxij.Piéaume deDauid,c'eft adirécSfitte en huille d'olif, Mais pau-

PREMIER DIAtO.

fus le genou , quelque-fois desdeux au derrière de foy auecquesvne tefte mal arreftée, & vne voisçontrefaitre. Et ainfi s'écarmou-chant il badinera plus de toursaudeuant de Madamoifelle, quene feroit vn chien de bafteleurpour fon maiftre. le ne di pas ques'il fe vouloit effuier le front auecques le mouchouef ouuré,ou frapper fa botinc d'vne petite baguette, que cela ne luy aidaft fort à af-feurer fa grâce, &qu'vne perru¬que, non pas trefséeàlaLudoui-que (car la mode n'en eft plus)mais braucment rehaufféc à la fortune, & fubtilement frifée auec¬ques artifice , ne le fift trouuerplus gaillard entiers les Dames,ioint aufïî qu'elle ne fuft point duxxij.Piéaume deDauid,c'eft adirécSfitte en huille d'olif, Mais pau-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 96: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D V DEMOCRITIC. 36urc fol qu'il eft,cômét fe rompt-ill'efprit,s'amufant à tant de legie-res folies ? Ne fçauroit-il cognoi-ft re à quoy peuuent feruir tant detapifferies, tantd'efcaliers, tantde longues galleries,tant de petisgarderobcsjtant d'huys de derric-re,&de retraittes egarées,veu quetout Cela n'eft inuentépour autreôccafion que pour les commodi-tez d'entrer de l'vn en l'autre ? Etoutre toutes les folies fufdites àcelle fin d'eftre eftimé mieux par¬lant, il ne cherchera autre chofe»qu'à trouuer le moyen de faire ve¬nir à propos aucun de ces mots,comme folâtre, fat, acofter, abor¬der, il n'y manque rien , efcorte,endurer vne brauade,aconche, galante,l'efcarpe, acort.vn fort bienà tous bouts de champ , difgrace,

' de grâce, vn poltron,vn faquin,&

D V DEMOCRITIC. 36urc fol qu'il eft,cômét fe rompt-ill'efprit,s'amufant à tant de legie-res folies ? Ne fçauroit-il cognoi-ft re à quoy peuuent feruir tant detapifferies, tantd'efcaliers, tantde longues galleries,tant de petisgarderobcsjtant d'huys de derric-re,&de retraittes egarées,veu quetout Cela n'eft inuentépour autreôccafion que pour les commodi-tez d'entrer de l'vn en l'autre ? Etoutre toutes les folies fufdites àcelle fin d'eftre eftimé mieux par¬lant, il ne cherchera autre chofe»qu'à trouuer le moyen de faire ve¬nir à propos aucun de ces mots,comme folâtre, fat, acofter, abor¬der, il n'y manque rien , efcorte,endurer vne brauade,aconche, galante,l'efcarpe, acort.vn fort bienà tous bouts de champ , difgrace,

' de grâce, vn poltron,vn faquin,&

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 97: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DÏALO.

ainfi auecques ie ne fçai combiend'autres femblafales mots apo-ftez, il entretiendra enfembleMadamoifelle auecques fa grâce , lesredifant en vne mefnae heure plusde cent fois, pour-autant qu'ilsfonnent mieux ce luy femble, auxoreilles, & emphflent d'auantagela bouche ,-qneces autres vulgai¬res dictions : ioint que volontiersles plus braucs & les mieux par¬lans, en vfent ainfi . Neantmoinstout cela ne vaudrait rié,filebrâf-lement dételle Italieonizé ne fer-uoit de fauce pour luy douer plusgradgouft. le ne veux pas toutes-fois reietter beaucoup de bonsmots, qu'il nous a efté de befoin& neceffaire d'inuenter,ou d'em¬prunter des autres langues , puis¬que defia ils font receuz. tn la ti9-ûrej-mais quel'vfage en fokplus

PREMIER DÏALO.

ainfi auecques ie ne fçai combiend'autres femblafales mots apo-ftez, il entretiendra enfembleMadamoifelle auecques fa grâce , lesredifant en vne mefnae heure plusde cent fois, pour-autant qu'ilsfonnent mieux ce luy femble, auxoreilles, & emphflent d'auantagela bouche ,-qneces autres vulgai¬res dictions : ioint que volontiersles plus braucs & les mieux par¬lans, en vfent ainfi . Neantmoinstout cela ne vaudrait rié,filebrâf-lement dételle Italieonizé ne fer-uoit de fauce pour luy douer plusgradgouft. le ne veux pas toutes-fois reietter beaucoup de bonsmots, qu'il nous a efté de befoin& neceffaire d'inuenter,ou d'em¬prunter des autres langues , puis¬que defia ils font receuz. tn la ti9-ûrej-mais quel'vfage en fokplus

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 98: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. $7

Tare & modéré . Encores n'eft-cepas tout, car ceux qui de-uroienteftre faits fages & prudens,par lesexemples d'autruy,& les bons ad- }*"">"*

£ ,/, ' , de l'Eia-uertillemens qu ils voient en la ^meilleure partie de leurs liures,cefont Mefïieurs les Ecoliers , & au¬tres clercs tonfurez , qui en fontencore plus à reprendre qu'aucunde ceux, dont iet'ay défia parlé.Car tu verras le plus fbiiuent M5-fieur le petit braueEcolier,qui nefera pas à grand' peine encores é-clos hors de la coque , qui fe vou¬dra def-ia-faireinfcrke au papier& regiftre, des Dames,& -infinuerfes nominations au diocefe d'a¬mour, l'ay dit notamment braue,car les Dames qui demeurent auxlieux aufquels communément freq-uentent les Ecoliers, font bien laplufgrâd'part de ce çceur-là,qu'ci-

DV DEMOCRITIC. $7

Tare & modéré . Encores n'eft-cepas tout, car ceux qui de-uroienteftre faits fages & prudens,par lesexemples d'autruy,& les bons ad- }*"">"*

£ ,/, ' , de l'Eia-uertillemens qu ils voient en la ^meilleure partie de leurs liures,cefont Mefïieurs les Ecoliers , & au¬tres clercs tonfurez , qui en fontencore plus à reprendre qu'aucunde ceux, dont iet'ay défia parlé.Car tu verras le plus fbiiuent M5-fieur le petit braueEcolier,qui nefera pas à grand' peine encores é-clos hors de la coque , qui fe vou¬dra def-ia-faireinfcrke au papier& regiftre, des Dames,& -infinuerfes nominations au diocefe d'a¬mour, l'ay dit notamment braue,car les Dames qui demeurent auxlieux aufquels communément freq-uentent les Ecoliers, font bien laplufgrâd'part de ce çceur-là,qu'ci-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 99: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALd.

les ne fauorifent ny reçoiuét , queceux, qui font miftcs, poupins, &brauement accouftrez: tellementqu'ily en auoi t vne(ie ne nomme-lay point pour cette heure l'vni-uerfité ouc'eftoit) laquelle n'euftiamais permis à fon Pamphile demonter fus elle pour voir de plushaur,s'il n'euft eu fon cafaquin deDamas. Et ne faut point trop s'e-bahir de cela , car penfez-vousqu'il n'y ait pareillement plus deplaifir à euetcr ces verdugades delatin ou de vtlours cramofi, qu'àleuer vn tas de cottes fimplemencrepliées de rouge ?L e c o s m o.le ne fçay commet en font les au¬tres, mais quant eft de moy toutm'eft de gucire:i'aimerois autanteu plus vne belle & jeune bergèredes champs fans aucune brauerie,que ie.ne feroy vue vieille mule de

Ville

PREMIER DIALd.

les ne fauorifent ny reçoiuét , queceux, qui font miftcs, poupins, &brauement accouftrez: tellementqu'ily en auoi t vne(ie ne nomme-lay point pour cette heure l'vni-uerfité ouc'eftoit) laquelle n'euftiamais permis à fon Pamphile demonter fus elle pour voir de plushaur,s'il n'euft eu fon cafaquin deDamas. Et ne faut point trop s'e-bahir de cela , car penfez-vousqu'il n'y ait pareillement plus deplaifir à euetcr ces verdugades delatin ou de vtlours cramofi, qu'àleuer vn tas de cottes fimplemencrepliées de rouge ?L e c o s m o.le ne fçay commet en font les au¬tres, mais quant eft de moy toutm'eft de gucire:i'aimerois autanteu plus vne belle & jeune bergèredes champs fans aucune brauerie,que ie.ne feroy vue vieille mule de

Ville

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 100: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 3$ville au frein doré, le demkj.Si eft-ce qucMeffieurs les écoliersnefontpasdecetaduis, cVenco-res moins leurs fnaiftrefTes,qai eft £"'"*?*lacaufe pour laquelle le plus fou- mourrce,

uenteft contraint le bon eftudiat ufikfn,de vendre tous Ces liures , pour enemploier l'argent en change d'habits,petites affemblées, & colis fhperSiis , à celle-fin d'entrer s'ilpeut, àia grâce de quelque Ma¬dame. Et nonobftant le peu dehardiefïê que luy caufe faute d'ex¬périence, ne laiffera à s'aprochetd'elle, & apresauoirlôg rems dé¬libéré en foimefmc, maniéles ve-ftemens, conté & reconté les pa~

tcnoftres de laDame,ietté vne in¬finité de foupirs en l'air,baaillé vndemy-iour, après lespcrfonnagesd'vne tapiffèrie , il commencera à

refuichir la mémoire de quelque

DV DEMOCRITIC. 3$ville au frein doré, le demkj.Si eft-ce qucMeffieurs les écoliersnefontpasdecetaduis, cVenco-res moins leurs fnaiftrefTes,qai eft £"'"*?*lacaufe pour laquelle le plus fou- mourrce,

uenteft contraint le bon eftudiat ufikfn,de vendre tous Ces liures , pour enemploier l'argent en change d'habits,petites affemblées, & colis fhperSiis , à celle-fin d'entrer s'ilpeut, àia grâce de quelque Ma¬dame. Et nonobftant le peu dehardiefïê que luy caufe faute d'ex¬périence, ne laiffera à s'aprochetd'elle, & apresauoirlôg rems dé¬libéré en foimefmc, maniéles ve-ftemens, conté & reconté les pa~

tcnoftres de laDame,ietté vne in¬finité de foupirs en l'air,baaillé vndemy-iour, après lespcrfonnagesd'vne tapiffèrie , il commencera à

refuichir la mémoire de quelque

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 101: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

plaifant difcours de la belle ïlort-pes,ou deBic tris,de Pierre de Pru>

uence & de Maguellonne,d'Artus& Couain.des grandes vaillancesdu Cheualier à l'ardente épée,desloyalles amours d'Amadis & d'O-liane , corne il paffa fous l'arc desJoyaux amans,& qu'elle endura lacouronne fans eftre brufîée. Il ra¬contera pareillemét les grans plaiiîrs qu'on a en la pourfuyte amouleufe, tefmoins les cheualiersqtiimuguetount vne grille toute al¬térée- de fanglots& foupirs degorgés à la cafiiUane. Lncorts faut- ilqueceluy qui entrera fi auant enmatiere,foit des mieux jppris:car-quant eft de la plus grand' partd'entre-eux , ce leur eft beaucoupde s'enhardir tant feuleiwerk dedire à leur Dame qu'vn tel danfebien^qu'il auroit bonne grace^s'il

PREMIER DIALO.

plaifant difcours de la belle ïlort-pes,ou deBic tris,de Pierre de Pru>

uence & de Maguellonne,d'Artus& Couain.des grandes vaillancesdu Cheualier à l'ardente épée,desloyalles amours d'Amadis & d'O-liane , corne il paffa fous l'arc desJoyaux amans,& qu'elle endura lacouronne fans eftre brufîée. Il ra¬contera pareillemét les grans plaiiîrs qu'on a en la pourfuyte amouleufe, tefmoins les cheualiersqtiimuguetount vne grille toute al¬térée- de fanglots& foupirs degorgés à la cafiiUane. Lncorts faut- ilqueceluy qui entrera fi auant enmatiere,foit des mieux jppris:car-quant eft de la plus grand' partd'entre-eux , ce leur eft beaucoupde s'enhardir tant feuleiwerk dedire à leur Dame qu'vn tel danfebien^qu'il auroit bonne grace^s'il

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 102: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. $$t

ne branfloit tant la tefte, &lesmains, & demander comment onappelle vne telle, & qui elle eft,qu'il n'auoit point .acoutume dela. voindifant auffi que cette-là eftplus braue que de coutume $ qu'ila ouy dire qu'on parle delà fian¬cer, qu'il s'ébahit comment vnetelle a pris vn mary qui eft fi niais*& ialoux enfemble : foromej tousces beaux pe'tis difeours appaifés,après auoir changé dix ou douzefois de couleur, il s'ébranlera tantqu'il luy fera à la fin entedre auec¬ques fes paro'les dottcettes,,acc6-pagnées d'vne contenance & voixmal a 1 urée, lamerneilleivie affe-ctiôqu'illuy porte,&fcruice qu'ilJuy voudroit faire. Et s'il aduientqaela.Daraecauteleufé ^ ruz.ee,feigne luy porter pareille anîtié»ibjiatant rue cçillide de trauers»

G ij

DV DEMOCRITIC. $$t

ne branfloit tant la tefte, &lesmains, & demander comment onappelle vne telle, & qui elle eft,qu'il n'auoit point .acoutume dela. voindifant auffi que cette-là eftplus braue que de coutume $ qu'ila ouy dire qu'on parle delà fian¬cer, qu'il s'ébahit comment vnetelle a pris vn mary qui eft fi niais*& ialoux enfemble : foromej tousces beaux pe'tis difeours appaifés,après auoir changé dix ou douzefois de couleur, il s'ébranlera tantqu'il luy fera à la fin entedre auec¬ques fes paro'les dottcettes,,acc6-pagnées d'vne contenance & voixmal a 1 urée, lamerneilleivie affe-ctiôqu'illuy porte,&fcruice qu'ilJuy voudroit faire. Et s'il aduientqaela.Daraecauteleufé ^ ruz.ee,feigne luy porter pareille anîtié»ibjiatant rue cçillide de trauers»

G ij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 103: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIA10.

auecques vnfouris entre-meflé de.quelque foupir,vdila Mofieur l'a¬moureux du tout acheué de pein¬dre, & luy tardera beaucoup qu'ilnefoirhors.de-là, pour en fairedefiaèerapportàfes compagnos,leur racôtât qu'il a trouué la plusbelle ce-cy , la plus belle-ce-là , de3a meilleure grace,ia mieux parlâtte,la plus braue , enuers laquelleil eft le mieux venu , le plus aimé.Mais helasld'autant qu'il péfc e-itre près de fon but,il en eft loingttoutesfoisdecepasneiaiffera defe retirer en fon étude,ou quelque.autre lieufecret, pour baftirvnelettre à fa fauorite , laquelle il luyfera tenir le plus fecrettemét qu'ilpourra, & pour -en auoir meilleurmoyen, gâignera s'il peut , la fille«de chambre par quelque petit prefè-nt, & belles pro ,& Dieu

PREMIER DIA10.

auecques vnfouris entre-meflé de.quelque foupir,vdila Mofieur l'a¬moureux du tout acheué de pein¬dre, & luy tardera beaucoup qu'ilnefoirhors.de-là, pour en fairedefiaèerapportàfes compagnos,leur racôtât qu'il a trouué la plusbelle ce-cy , la plus belle-ce-là , de3a meilleure grace,ia mieux parlâtte,la plus braue , enuers laquelleil eft le mieux venu , le plus aimé.Mais helasld'autant qu'il péfc e-itre près de fon but,il en eft loingttoutesfoisdecepasneiaiffera defe retirer en fon étude,ou quelque.autre lieufecret, pour baftirvnelettre à fa fauorite , laquelle il luyfera tenir le plus fecrettemét qu'ilpourra, & pour -en auoir meilleurmoyen, gâignera s'il peut , la fille«de chambre par quelque petit prefè-nt, & belles pro ,& Dieu

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 104: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D V* DEMOCRITIC^ Jp$

fçait âpres que Madame aura re«-

«eu la lettre,fi elle en fera fon proffit, & le paffetemps qu'elle en tirsra , la communicant à fes compa¬gnes, qui ne prendront pas moinsde plaifir-àla lire, que d'ébahiffe-nient à cofiderer la grande folie &/implicite de ce gentil beneft. Etvoila Monfieur l'Ecolier, acouftréde mefmes ,'. pour recompehfe dubon vouloir qu'il a d'emploier fonferuice, & de recouurer fa libertéen pleurant, le c o s m o^Sansrompre ton propos, tu m'as faitfbuuenir me parlantde fes Eco¬liers, que paffaiK quelquefois parOrléans & Poitiers,ie me trouuai,en copagrùe de Dames &Damoi-felles,& les aiantmifes fur le pro¬pos d'amour , ie ne vi iamais blâ¬mer larron de la forte, que ces Dames faifoiet ces pauures écoliers>

G iij

D V* DEMOCRITIC^ Jp$

fçait âpres que Madame aura re«-

«eu la lettre,fi elle en fera fon proffit, & le paffetemps qu'elle en tirsra , la communicant à fes compa¬gnes, qui ne prendront pas moinsde plaifir-àla lire, que d'ébahiffe-nient à cofiderer la grande folie &/implicite de ce gentil beneft. Etvoila Monfieur l'Ecolier, acouftréde mefmes ,'. pour recompehfe dubon vouloir qu'il a d'emploier fonferuice, & de recouurer fa libertéen pleurant, le c o s m o^Sansrompre ton propos, tu m'as faitfbuuenir me parlantde fes Eco¬liers, que paffaiK quelquefois parOrléans & Poitiers,ie me trouuai,en copagrùe de Dames &Damoi-felles,& les aiantmifes fur le pro¬pos d'amour , ie ne vi iamais blâ¬mer larron de la forte, que ces Dames faifoiet ces pauures écoliers>

G iij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 105: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIA10.

tant qu'vnc fe print à dire:l'auroigrâd* enuie de faire vn amy deuâcque ie le fiffe d'vn écolier: L'autre,fi i'étoi femme de péché, iê n'au-roi garde de m'abandonner à Ces

écoliers; vrayment ce dit la plusgaillarde de la compagnie , fi i'er»auoicent, ie ne leur en prefteroipas vn:Les écoliers dit l'autre,parfaintIean,ou c'eft qu'à grâd peineils ont receu la moindre faueurde nous , ils fc vantent d'en auoirfait à leur plaifir.Et voila.refpondvneDamoifelle (i'enté d'vne aul¬ne de velours) dont procède queplufieurs honneftes Dames fontainfi fcandalizées,& à grand tort:En bonne foy (dit vnc des plus re-braflées) ces gentils galans-là lesvoyez vous bié, s'ils onc efté deuxfois en vne maifon, ils ne trouue-ront perfonne à qui Us n'affeuréc

PREMIER DIA10.

tant qu'vnc fe print à dire:l'auroigrâd* enuie de faire vn amy deuâcque ie le fiffe d'vn écolier: L'autre,fi i'étoi femme de péché, iê n'au-roi garde de m'abandonner à Ces

écoliers; vrayment ce dit la plusgaillarde de la compagnie , fi i'er»auoicent, ie ne leur en prefteroipas vn:Les écoliers dit l'autre,parfaintIean,ou c'eft qu'à grâd peineils ont receu la moindre faueurde nous , ils fc vantent d'en auoirfait à leur plaifir.Et voila.refpondvneDamoifelle (i'enté d'vne aul¬ne de velours) dont procède queplufieurs honneftes Dames fontainfi fcandalizées,& à grand tort:En bonne foy (dit vnc des plus re-braflées) ces gentils galans-là lesvoyez vous bié, s'ils onc efté deuxfois en vne maifon, ils ne trouue-ront perfonne à qui Us n'affeuréc

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 106: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 41

d'auoir eu la iouïffarice desmai-treffes,mais ils fe tiédroienc tropheureux de s'eftre feulement éga¬yez auecques vnfimplc fouillôdechambrière entre deux portes.Laplus nuée de la troupe ayât chauffe fon chaperô à l'enuers , toute é-»

nieue de colere,& iettant vne ba-ueécumeufedes deuxcoiiez delàbouche,cômêça ainfi fon propos»Que ne s'adrefient-ils à moy , païDuus'ily eneftoit venu vn,ie luynioftreroi bien fon bcc-iaunagei

- cela ! ils font tant ieunes: vraimétc'eftraifon, baillez leur pour le/perdre: quoy ! fi quelque preudc-femme leur a fait cet hôneur quede les receuoiren fa compagnie,iln'y aura celuy qui n en foit abreu-ué,les petis enfans en irôr incôtï-nét à la moutarde:ha merci-Diéuditlojsla plus âgée, ie fuis bien

G iiij

DV DEMOCRITIC. 41

d'auoir eu la iouïffarice desmai-treffes,mais ils fe tiédroienc tropheureux de s'eftre feulement éga¬yez auecques vnfimplc fouillôdechambrière entre deux portes.Laplus nuée de la troupe ayât chauffe fon chaperô à l'enuers , toute é-»

nieue de colere,& iettant vne ba-ueécumeufedes deuxcoiiez delàbouche,cômêça ainfi fon propos»Que ne s'adrefient-ils à moy , païDuus'ily eneftoit venu vn,ie luynioftreroi bien fon bcc-iaunagei

- cela ! ils font tant ieunes: vraimétc'eftraifon, baillez leur pour le/perdre: quoy ! fi quelque preudc-femme leur a fait cet hôneur quede les receuoiren fa compagnie,iln'y aura celuy qui n en foit abreu-ué,les petis enfans en irôr incôtï-nét à la moutarde:ha merci-Diéuditlojsla plus âgée, ie fuis bien

G iiij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 107: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PR EMIER DUlOt

vieille & bïé chetiue,fi eft-ce quefile plus haut huppé d'entre euxm'en ven.oit parler,ie le renuoiroibienàcesliures ... l e democ.Et ainfi peus-tu voircomnie fontacoutrez ces pauures fots qui era-ploycnt la plus grande partie deleur efprit& de leur tems pourfefaire moquer d'eux-mefmes, &c'eft bié vn pauure exemple pourç.n faire venir l'enuie à ceux quivoudrot vnpeu fonder le gué de-uant que d'y entrer plus auant.le c o s m o.Mais toute raillerieoftcej& à celle-fin de parler auec¬ques raifon, il inefemble qu'enblâmât ainfi les homes en leur in-conftance &fottes pricres,que tuen fais les femmes beaucoup di-=

gnes de plus grand' louange,entéqu qu'elles fe môftrent en amour,t.rop plus collantes qu'eux,ne fal-

PR EMIER DUlOt

vieille & bïé chetiue,fi eft-ce quefile plus haut huppé d'entre euxm'en ven.oit parler,ie le renuoiroibienàcesliures ... l e democ.Et ainfi peus-tu voircomnie fontacoutrez ces pauures fots qui era-ploycnt la plus grande partie deleur efprit& de leur tems pourfefaire moquer d'eux-mefmes, &c'eft bié vn pauure exemple pourç.n faire venir l'enuie à ceux quivoudrot vnpeu fonder le gué de-uant que d'y entrer plus auant.le c o s m o.Mais toute raillerieoftcej& à celle-fin de parler auec¬ques raifon, il inefemble qu'enblâmât ainfi les homes en leur in-conftance &fottes pricres,que tuen fais les femmes beaucoup di-=

gnes de plus grand' louange,entéqu qu'elles fe môftrent en amour,t.rop plus collantes qu'eux,ne fal-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 108: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

OV DEMOCRITIC. 41

fans point l'office de requérir &fupplier corne ils font, le démo.le te côfeffe bien en cela l'incon-ftance des hommes & folies eftregrandes , ainfi que i'ay toufioursdit, mais pour ce ie n'approuue-rai aucunemét les femmes en eftreplus fagesou confiantes, car ellesfe font tât fortes.de la folie & fimplicité des hômes,dot la plufgrâd'part font badaux iufques àlà,qu'elles fe peuuent tenir affeurées den'en eftre que trop requifes : Etqui doute files homes eftoiét telsqui doiuenteftre,& quivoufiffenttenir bo de leur cofté , qu'elles nefiffent leur office : Et fi fcroientfi,Yray eft qu'elles n'enfcroyent pasY.n peu fi promptes quand elles lescognoiftroicnc n'eftre pas touf¬iours fi prefts à payer leur dette côme elles font à prcfter,&cette feu?

OV DEMOCRITIC. 41

fans point l'office de requérir &fupplier corne ils font, le démo.le te côfeffe bien en cela l'incon-ftance des hommes & folies eftregrandes , ainfi que i'ay toufioursdit, mais pour ce ie n'approuue-rai aucunemét les femmes en eftreplus fagesou confiantes, car ellesfe font tât fortes.de la folie & fimplicité des hômes,dot la plufgrâd'part font badaux iufques àlà,qu'elles fe peuuent tenir affeurées den'en eftre que trop requifes : Etqui doute files homes eftoiét telsqui doiuenteftre,& quivoufiffenttenir bo de leur cofté , qu'elles nefiffent leur office : Et fi fcroientfi,Yray eft qu'elles n'enfcroyent pasY.n peu fi promptes quand elles lescognoiftroicnc n'eftre pas touf¬iours fi prefts à payer leur dette côme elles font à prcfter,&cette feu?

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 109: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

îe occdGô feroit affez fuffifante deles empefcher d'eftre tant impor¬tunes: neatmoins quâd elles fe verroieten fi peud'eftime , eu égarden celle-là , qu'elles font pour leiourd'huy, elles accorderoient à

peu de peine ce que les longuesprieres,fottes harengues.dons fu-perflus, & autres telles careflesqu'elles ont acoutumé de rece-uoir,ne peuuét faire , fi d'auâtureil ne s'en trouuoit quelques-vnes,qui euîTent le ciur tant vertueux,& alfis en fi bo lieu qu'elles aimaffent mieux en vfer à la tribadique.i e c o s M.Ceuxquiont efté maltraitiez des femme!!, & qui n'ontfçeu paruenir à leur intention, enparler corne toy, n'aians autre re-cours,finon à blafmer celles qui nele merirêt rât,& à peine me peus-ie perfuader qu'il t'en foit arriuc

PREMIER DIALO.

îe occdGô feroit affez fuffifante deles empefcher d'eftre tant impor¬tunes: neatmoins quâd elles fe verroieten fi peud'eftime , eu égarden celle-là , qu'elles font pour leiourd'huy, elles accorderoient à

peu de peine ce que les longuesprieres,fottes harengues.dons fu-perflus, & autres telles careflesqu'elles ont acoutumé de rece-uoir,ne peuuét faire , fi d'auâtureil ne s'en trouuoit quelques-vnes,qui euîTent le ciur tant vertueux,& alfis en fi bo lieu qu'elles aimaffent mieux en vfer à la tribadique.i e c o s M.Ceuxquiont efté maltraitiez des femme!!, & qui n'ontfçeu paruenir à leur intention, enparler corne toy, n'aians autre re-cours,finon à blafmer celles qui nele merirêt rât,& à peine me peus-ie perfuader qu'il t'en foit arriuc

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 110: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV TJE MOCRTTIC. 4^

autrement .le d s m o. le ne tenierai point, que fi i'euffe voulufuyure mon fot appétit defordon-né,quequelquesfois ne me ftifletrouuéempcftré d'vn tel lié, neât-moins la raifon m'a tant iufques àprcfcnt cônunJé, & commâdcra,que pluftoft i'auroi le defir de n'elire point , que de biffer affaillirmon cceurd'vne folie tac fotteSccontre toute raifon. Quant eft de R^H nece que tu m'accufesblalhicr celles tef^ ÎM

. 1 - - > bhfmerqui ne le meritet, tu n en as aucu- les jmiae

ne,ou que bien peu d'occafiô, cary?ej jya,comme i ay'toufiours dit, ie n'en- mer,

ten parler qu'aux fortes & outre-cuidées,&nô à celles,lefquelles(e-ftans corne Monftres encre les au¬tres ) la nature a voulu pouruoirau lieu d'vne mechaceté, cauteleufe inuentiô, & fottife outrecuidée(vices communs eu la plus grand'

DV TJE MOCRTTIC. 4^

autrement .le d s m o. le ne tenierai point, que fi i'euffe voulufuyure mon fot appétit defordon-né,quequelquesfois ne me ftifletrouuéempcftré d'vn tel lié, neât-moins la raifon m'a tant iufques àprcfcnt cônunJé, & commâdcra,que pluftoft i'auroi le defir de n'elire point , que de biffer affaillirmon cceurd'vne folie tac fotteSccontre toute raifon. Quant eft de R^H nece que tu m'accufesblalhicr celles tef^ ÎM

. 1 - - > bhfmerqui ne le meritet, tu n en as aucu- les jmiae

ne,ou que bien peu d'occafiô, cary?ej jya,comme i ay'toufiours dit, ie n'en- mer,

ten parler qu'aux fortes & outre-cuidées,&nô à celles,lefquelles(e-ftans corne Monftres encre les au¬tres ) la nature a voulu pouruoirau lieu d'vne mechaceté, cauteleufe inuentiô, & fottife outrecuidée(vices communs eu la plus grand'

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 111: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAIÔ.-

partie deleurfexe) d'vne bonté,douceur amiable,& honefteté gracietife:vertus helasltât rates en vntant petit nombre d'entre-elles,que la plufgrâd' partie des autresfe peut dire pour le tout.Et outre-plus celles que ie blafine tant , cefont pareillemét vn tas de mefchâtes ruzées, lefquelles font femblatd'auoir en horreur. & haïr le plus,cela qu'elles aiment le mieux prar

Vaillate t'<luer-L E c o s m o.Il me fembleejrvertu- que tout ce que tu m'as tant pêfée»fe de- prouuereft droittemêt contrairefenfe de ;> ja premiere propofîtion,que i'ai

entendue de toy peu après que iet'ay rencétré , fouftenat que nousne deuions receuoir aucune chofequi ne fuû bonne ou plaifante, Se

que rie n'eftoit bô qu'il ne fut vti-le,ou ncçeffaire.L e de m o.Il eftîtay. le ç-osm o.Puisdôq'que

PREMIER DIAIÔ.-

partie deleurfexe) d'vne bonté,douceur amiable,& honefteté gracietife:vertus helasltât rates en vntant petit nombre d'entre-elles,que la plufgrâd' partie des autresfe peut dire pour le tout.Et outre-plus celles que ie blafine tant , cefont pareillemét vn tas de mefchâtes ruzées, lefquelles font femblatd'auoir en horreur. & haïr le plus,cela qu'elles aiment le mieux prar

Vaillate t'<luer-L E c o s m o.Il me fembleejrvertu- que tout ce que tu m'as tant pêfée»fe de- prouuereft droittemêt contrairefenfe de ;> ja premiere propofîtion,que i'ai

entendue de toy peu après que iet'ay rencétré , fouftenat que nousne deuions receuoir aucune chofequi ne fuû bonne ou plaifante, Se

que rie n'eftoit bô qu'il ne fut vti-le,ou ncçeffaire.L e de m o.Il eftîtay. le ç-osm o.Puisdôq'que

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 112: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 44

l'amout fe peut dire bonne eftantvtile,cVqui plus eft,neeefTarre à noftre coferuatiô, entendu que fansl'amour qui a efté en nospremiersparés, nousne fuffions pas,il s'encnfuyt par vn mefme ruoyé,qu'cl-le doit eftre à bone occafio receuëde nous autres:ioint que naturel-lemêt nous fommes tenus & obli¬gez , d'aimer tout ce qui nous ai¬me , outre que fans cela nous au¬rions perdu lacognoilfance d'vnebeauté & honnefte maintien d'a--uecques vne laideur & mauuaifegrâce , qui feroit eftre pis que lesbeftes.. LE DEM O. SitU n'as au- Solution

rrechoiéà dire ie t'aurai tantoft .d'icellede

folu ce que tu m'as fi 16g tems gar <> m'e'

dé, Se rédray le plus foible ce que'tu péfes eftre le plus fort de ta eaufe. Et à celle-fin d'y tenir meilleurordre,ie te prédray par le premier

DV DEMOCRITIC. 44

l'amout fe peut dire bonne eftantvtile,cVqui plus eft,neeefTarre à noftre coferuatiô, entendu que fansl'amour qui a efté en nospremiersparés, nousne fuffions pas,il s'encnfuyt par vn mefme ruoyé,qu'cl-le doit eftre à bone occafio receuëde nous autres:ioint que naturel-lemêt nous fommes tenus & obli¬gez , d'aimer tout ce qui nous ai¬me , outre que fans cela nous au¬rions perdu lacognoilfance d'vnebeauté & honnefte maintien d'a--uecques vne laideur & mauuaifegrâce , qui feroit eftre pis que lesbeftes.. LE DEM O. SitU n'as au- Solution

rrechoiéà dire ie t'aurai tantoft .d'icellede

folu ce que tu m'as fi 16g tems gar <> m'e'

dé, Se rédray le plus foible ce que'tu péfes eftre le plus fort de ta eaufe. Et à celle-fin d'y tenir meilleurordre,ie te prédray par le premier

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 113: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

rREMIER DIALO.

point de ta réplique , auquel tum'as dit que fans l'amour de î'hô-niç à la femme, ne fe pouiroic fai¬re aucune gencratiô:parquoy c«-la

eftre necefla ire pour coferuer no-ftre efpece-Ie te cofeffe bié qu'vne

- amitié moderée,& telle que la nature l'a dônéeàchafq'animai'u del'vn à l'autre fexe, & qui n'excèdepoint les limites de raifon, eft bô-ne,&celle qui eft ainfi gouuerncc,tât s'en faut q le l'entcde blafmtrque ie l'approuue la meilleure dumonde & trcfneceflaire. Maisde-quoy fert cette cômunefottife quifait tâtelogner l'home de toutbôitigcmc*,qu'il en cornet des actesdu tout indignes de la creatuie raifonnabîe? Ainfi q tu peux cognoi-ûte, au -moins s'il tt fou.uict de ceque ie t'en ai dit ici ju paraoât;dejquoy feiuêt a noitre piucreauon

rREMIER DIALO.

point de ta réplique , auquel tum'as dit que fans l'amour de î'hô-niç à la femme, ne fe pouiroic fai¬re aucune gencratiô:parquoy c«-la

eftre necefla ire pour coferuer no-ftre efpece-Ie te cofeffe bié qu'vne

- amitié moderée,& telle que la nature l'a dônéeàchafq'animai'u del'vn à l'autre fexe, & qui n'excèdepoint les limites de raifon, eft bô-ne,&celle qui eft ainfi gouuerncc,tât s'en faut q le l'entcde blafmtrque ie l'approuue la meilleure dumonde & trcfneceflaire. Maisde-quoy fert cette cômunefottife quifait tâtelogner l'home de toutbôitigcmc*,qu'il en cornet des actesdu tout indignes de la creatuie raifonnabîe? Ainfi q tu peux cognoi-ûte, au -moins s'il tt fou.uict de ceque ie t'en ai dit ici ju paraoât;dejquoy feiuêt a noitre piucreauon

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 114: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 4J

vne infinité de fingertes,fottes harengues,paffionsdt-mefurées-)poï-gnâtes ialoufiesjfoles & outrecui-déesentreprifes, & vne infinité detât d'autres badineries, (defquel-les nous enauôs touché quelquesvnes) finonpourmonftrerle peud'efprit de celuy qui s'y adonne,&pour toute recompefe , n'en rece¬voir à la fin que toute hôte & mo-querie?Dôqùes tu peux défia voirton premier argumêtne faire riecotre moy. Et quat eft d'aimer naturetlement les créatures qui nousportét affectiô,enGO' es l'approu-uai-ied'auantage que le premier»& reputeroi l'homme bien inhu¬main & ingrat,fi fe voiat aimé d'vne perfonne,au lieu de la ictope»fer d'vne amitié reci-p oqi e , \ aM

uoit en haine:ainfi dôques s'y doitient gouucrner ks homes de boa

DV DEMOCRITIC. 4J

vne infinité de fingertes,fottes harengues,paffionsdt-mefurées-)poï-gnâtes ialoufiesjfoles & outrecui-déesentreprifes, & vne infinité detât d'autres badineries, (defquel-les nous enauôs touché quelquesvnes) finonpourmonftrerle peud'efprit de celuy qui s'y adonne,&pour toute recompefe , n'en rece¬voir à la fin que toute hôte & mo-querie?Dôqùes tu peux défia voirton premier argumêtne faire riecotre moy. Et quat eft d'aimer naturetlement les créatures qui nousportét affectiô,enGO' es l'approu-uai-ied'auantage que le premier»& reputeroi l'homme bien inhu¬main & ingrat,fi fe voiat aimé d'vne perfonne,au lieu de la ictope»fer d'vne amitié reci-p oqi e , \ aM

uoit en haine:ainfi dôques s'y doitient gouucrner ks homes de boa

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 115: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMÏETt DIAL O.

higemét , lefq'ueîles fe voias afle-u-rémét aimez d'vne femme, &r principaleniét fi elle eft de bon efprit( chofe toutesfois rare en leur fe-xe) la doiuët pareillement aimer,no pas cômc ces fors pafliôneza-moureux,mais ainfi que la naturecondiritte auecques la raifon nousle cômâde : Et quat eft de moy neme pelé pointStoiqtie iufq-ues àlàque ie voufifle mefprifer vne telleamour,& fi t'afïure biéqu'aiât rencôtré vne mignarde de mefme en-tcdant le vray & naturel but de lacouple amoureufe, ie ne façhe home qui s'y donnaft plus de plaifirne qui fe baignait d'auâtage à procréer fon femblableque ie feroy.Quât à ton dernier point qui tou¬che la différence des beautez,tants'en faut q ce fol amour nous ou-ucetat les yeux qu'ilnous facere-

cognoi-

PREMÏETt DIAL O.

higemét , lefq'ueîles fe voias afle-u-rémét aimez d'vne femme, &r principaleniét fi elle eft de bon efprit( chofe toutesfois rare en leur fe-xe) la doiuët pareillement aimer,no pas cômc ces fors pafliôneza-moureux,mais ainfi que la naturecondiritte auecques la raifon nousle cômâde : Et quat eft de moy neme pelé pointStoiqtie iufq-ues àlàque ie voufifle mefprifer vne telleamour,& fi t'afïure biéqu'aiât rencôtré vne mignarde de mefme en-tcdant le vray & naturel but de lacouple amoureufe, ie ne façhe home qui s'y donnaft plus de plaifirne qui fe baignait d'auâtage à procréer fon femblableque ie feroy.Quât à ton dernier point qui tou¬che la différence des beautez,tants'en faut q ce fol amour nous ou-ucetat les yeux qu'ilnous facere-

cognoi-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 116: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 40*'

cognoiftre & prédre plus de plai¬fir à vtiet).elle& honnefte femmequ'à vne laide & mal ap.prifè, quec' eft tout àl'oppofite : Etdcoea.-uôs affez d'exéples (fans tant d'autrès que nous voyôs encores adu&nir plus fouuét que cousles iours)de ceux lcfquels s'eftas biffez fi lâ¬

chement furmonter par vne choie,tât vile&ridicule,fans aucunemétauoiroppofé la moindre eft-incel-vle de raifon, pourdefenfe,cn fontderaeurez tant aueuglez & abêtisqu'au lieu de choifir vne beautéfe font énamourez de laplus lai--de,fansiamais anoir efté contensque premiereméf ils ne nous aïctdecouuert leur fbttife & aueugle--ment par leurs écris & fictions ri¬dicules,ainfi que ie-difois nague-res:tftimant.nous la faire trouuerbslle,encore5 qu'elle foit plus laW

EL

DV DEMOCRITIC. 40*'

cognoiftre & prédre plus de plai¬fir à vtiet).elle& honnefte femmequ'à vne laide & mal ap.prifè, quec' eft tout àl'oppofite : Etdcoea.-uôs affez d'exéples (fans tant d'autrès que nous voyôs encores adu&nir plus fouuét que cousles iours)de ceux lcfquels s'eftas biffez fi lâ¬

chement furmonter par vne choie,tât vile&ridicule,fans aucunemétauoiroppofé la moindre eft-incel-vle de raifon, pourdefenfe,cn fontderaeurez tant aueuglez & abêtisqu'au lieu de choifir vne beautéfe font énamourez de laplus lai--de,fansiamais anoir efté contensque premiereméf ils ne nous aïctdecouuert leur fbttife & aueugle--ment par leurs écris & fictions ri¬dicules,ainfi que ie-difois nague-res:tftimant.nous la faire trouuerbslle,encore5 qu'elle foit plus laW

EL© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 117: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

Csmiït de phorrible Medufe ou lapiïtd'w vieille amie dépeinte en l'antero-mpiaureus tique du poète Angeuio loachim/'H^'fdu Bellai: Leur fcmblant de festede q» U jn)perfec^ions ertre lcs graces les

mieus accomplies , les vices eftrevertus, fa folie fageffe,fon fot-&lourd parler le plus elegât & douslangage d.umonde,fonlaid & far¬dé vifagevne Angélique beauté;ainfi en deuient tant confus & a-ueugléceluy qui s'entremefle detelle folie , q ne le plus "fouiient le

^ blanc luy femble noir,cerchant ce.que plus il deuroit euiter. Et tantfont grandes les folies de çts vail-lans & habiles folcîats de Cupi-4-on,qu'il.féroitiaipoffib]e à l'ho-fi3& (voire eut-il cent langues,} lescoinjoir toutes exprimerjpai quoi.il ne fe faut pas ébahir , fila fin|;'é 'jjttra.i^e auecqijes foy qu'vne

PREMIER DIALO.

Csmiït de phorrible Medufe ou lapiïtd'w vieille amie dépeinte en l'antero-mpiaureus tique du poète Angeuio loachim/'H^'fdu Bellai: Leur fcmblant de festede q» U jn)perfec^ions ertre lcs graces les

mieus accomplies , les vices eftrevertus, fa folie fageffe,fon fot-&lourd parler le plus elegât & douslangage d.umonde,fonlaid & far¬dé vifagevne Angélique beauté;ainfi en deuient tant confus & a-ueugléceluy qui s'entremefle detelle folie , q ne le plus "fouiient le

^ blanc luy femble noir,cerchant ce.que plus il deuroit euiter. Et tantfont grandes les folies de çts vail-lans & habiles folcîats de Cupi-4-on,qu'il.féroitiaipoffib]e à l'ho-fi3& (voire eut-il cent langues,} lescoinjoir toutes exprimerjpai quoi.il ne fe faut pas ébahir , fila fin|;'é 'jjttra.i^e auecqijes foy qu'vne

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 118: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 47

infinité de folies fûyuies de con-fufîon,moqueries & d'vne longuerepenience. le c o s m o.Enco¬res que tu m'ayes bien blâmé l'a¬mour & vne bonne partie de ceque ie t'auoy répliqué, fi ne mefçaurois-tu faire côfeffer que l'onn'y apprenne quelques ciuilitcz.hôneftes, defquelles il m'en vientmaintenant fouuenir de deus,quetu ne me fçaurois aucunementiîier,dont l'vne eft biendanfer, Se

l'autre fonner des inftrumens.le d e m o c R. 1 ti c. Quant eftdefçauoit laMufique, c'eft vnechofe fort honnefte & plaifante,niais il en va tout ainfi que ie t'aidit de bien parler , veu que la finou doit tendre cettuy-là, qui s'yétudie, ne doit pas eftre pour co-plaire au^ femmes: Car celuy quiapt tend àchanter,ou toucher les

H ii

DV DEMOCRITIC. 47

infinité de folies fûyuies de con-fufîon,moqueries & d'vne longuerepenience. le c o s m o.Enco¬res que tu m'ayes bien blâmé l'a¬mour & vne bonne partie de ceque ie t'auoy répliqué, fi ne mefçaurois-tu faire côfeffer que l'onn'y apprenne quelques ciuilitcz.hôneftes, defquelles il m'en vientmaintenant fouuenir de deus,quetu ne me fçaurois aucunementiîier,dont l'vne eft biendanfer, Se

l'autre fonner des inftrumens.le d e m o c R. 1 ti c. Quant eftdefçauoit laMufique, c'eft vnechofe fort honnefte & plaifante,niais il en va tout ainfi que ie t'aidit de bien parler , veu que la finou doit tendre cettuy-là, qui s'yétudie, ne doit pas eftre pour co-plaire au^ femmes: Car celuy quiapt tend àchanter,ou toucher les

H ii© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 119: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PRE MI ER DI AL O.

infirumens , non point pour Ce

donner plaifir, mais pour autrny,efperât d'en reccuoir par ce.moy-en quelque vaine louange à l'ar-monidienne,fe pe.ut ve.rjtablemé.tappeller fot ou mercenaire. le neveus pas dire,s'il fe trouueen cô-pagnie, quifedelecle de fa Mufi-que5 que pour-cette occafiô ilde-fifte à en iouer , s-il ne vouloit c-ftre veu tenir de laqtuntedeschâtrès, mais trop bien que Tonnedoit pas en apprendre pour-cettefin, & pareillement pour plaire à

telles , aufqurlles les hommes depeu fe veulent aifer-uir. Quant eftde danfer, les__ hommes ne fçati-royenç miens témoigner leur fo-Hc & peu d'cfprit., qu'en approu-uaixt-vnc.teile lingerie & folie fu-perflue. l:,e mondai h.Xuvoudras tanteû .rjsGembler le vieil;

PRE MI ER DI AL O.

infirumens , non point pour Ce

donner plaifir, mais pour autrny,efperât d'en reccuoir par ce.moy-en quelque vaine louange à l'ar-monidienne,fe pe.ut ve.rjtablemé.tappeller fot ou mercenaire. le neveus pas dire,s'il fe trouueen cô-pagnie, quifedelecle de fa Mufi-que5 que pour-cette occafiô ilde-fifte à en iouer , s-il ne vouloit c-ftre veu tenir de laqtuntedeschâtrès, mais trop bien que Tonnedoit pas en apprendre pour-cettefin, & pareillement pour plaire à

telles , aufqurlles les hommes depeu fe veulent aifer-uir. Quant eftde danfer, les__ hommes ne fçati-royenç miens témoigner leur fo-Hc & peu d'cfprit., qu'en approu-uaixt-vnc.teile lingerie & folie fu-perflue. l:,e mondai h.Xuvoudras tanteû .rjsGembler le vieil;

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 120: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV D E MO C R I T I C. 48Caton Romain , qui eftoit tantfeuére -correcteur des meurs &conditions "humaines , qu'à pei¬ne vouloit-il iamais approuuerchoie qui fut plaifante & déle¬ctable. LE DEMOCRITIC.Quant eft de Caton Une fe fautpas ébarr , fi anciennement il futtrouué ri'goureus en fes remon-firances, car encores quele mon¬de ne fut fille de tant de réueries,commeil eft pour le iourd'huy, fieft-ce que de tout tés il y a eu deserreurs bien grandes, & c'eftoit àeeus-là qui s'y abtifoyet, aulquelsles aduertiflemens du bon Catonfemblbyent vn peu crus & mal di¬gérez, pource qu'il ne vouloir rieeftre receu entre les homes qu'ilne fut eonuenable à leur raifon.Neantmoins s'il s'y eft quelque¬fois monftré-rude^& trop affecté

-H iij

DV D E MO C R I T I C. 48Caton Romain , qui eftoit tantfeuére -correcteur des meurs &conditions "humaines , qu'à pei¬ne vouloit-il iamais approuuerchoie qui fut plaifante & déle¬ctable. LE DEMOCRITIC.Quant eft de Caton Une fe fautpas ébarr , fi anciennement il futtrouué ri'goureus en fes remon-firances, car encores quele mon¬de ne fut fille de tant de réueries,commeil eft pour le iourd'huy, fieft-ce que de tout tés il y a eu deserreurs bien grandes, & c'eftoit àeeus-là qui s'y abtifoyet, aulquelsles aduertiflemens du bon Catonfemblbyent vn peu crus & mal di¬gérez, pource qu'il ne vouloir rieeftre receu entre les homes qu'ilne fut eonuenable à leur raifon.Neantmoins s'il s'y eft quelque¬fois monftré-rude^& trop affecté

-H iij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 121: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIA10.

en cela,ie ne délibère le fuyure,&moins encores vn tas d'autreslourdaus fuperftitieus & Philofo-phes renfrongnez,q veulent con¬trefaire des fages & graues enfei-gneurs, n'ayâs autre occafiô pourblâmer & reprédrece qu'ils trou-uent mauuais(dont la danfe eftpoffible du nombre) fi-non qu'endifant qu'il s'y trouue trop de chofeslafciues, Se qu'il en procèdevne infinité de crimes. Et diroit-on avoir la chère & grâce de cesbeaus méprifeursde toutes cho¬fes, qu'ils font confins germainsde quelque groffe fouche de bois,de forte que ie croi qu'il leur fau-droit fourrer vn poinfon plus decent- fois dedans les flancs deuantque de leur faire feulcmct remuerles leures ou fillerlesyeus,& auecques cela qui leur prefemeroit au

PREMIER DIA10.

en cela,ie ne délibère le fuyure,&moins encores vn tas d'autreslourdaus fuperftitieus & Philofo-phes renfrongnez,q veulent con¬trefaire des fages & graues enfei-gneurs, n'ayâs autre occafiô pourblâmer & reprédrece qu'ils trou-uent mauuais(dont la danfe eftpoffible du nombre) fi-non qu'endifant qu'il s'y trouue trop de chofeslafciues, Se qu'il en procèdevne infinité de crimes. Et diroit-on avoir la chère & grâce de cesbeaus méprifeursde toutes cho¬fes, qu'ils font confins germainsde quelque groffe fouche de bois,de forte que ie croi qu'il leur fau-droit fourrer vn poinfon plus decent- fois dedans les flancs deuantque de leur faire feulcmct remuerles leures ou fillerlesyeus,& auecques cela qui leur prefemeroit au

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 122: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 4(7

nez les plus excellens & dous per-funs de PArabie,encores diroyéc-»ils que l'odeur en feroit puante*tât ces gros fourcilleus ont.le fen»timem cgaré.Et quieft encores lepis,, ils voudroyet bié forger toutle refte des hommes à leur coin,les rendans fi abeftis,qu'ils ne préDent plaifir à chofe du mode, forsqu'à bayer après les mouches , Se

enfoncer des contemplations , enattendant la Lune à leuer. le metais qu'Agrippe en fon traitté dela vanité des feiences voulant blamer la danfe,n'en allègue pointde plus forte raifon, fi-non qu'el¬le eft pernicieufe pour le tropgrand plaifir qui y eft. Mais toutau contraire de luy & de tous au¬tres fins-fous fpeculatifs,chahuâstimoniftes du genre humain, ieveus bien receuoir ce qu'à bon*" H iiij

DV DEMOCRITIC. 4(7

nez les plus excellens & dous per-funs de PArabie,encores diroyéc-»ils que l'odeur en feroit puante*tât ces gros fourcilleus ont.le fen»timem cgaré.Et quieft encores lepis,, ils voudroyet bié forger toutle refte des hommes à leur coin,les rendans fi abeftis,qu'ils ne préDent plaifir à chofe du mode, forsqu'à bayer après les mouches , Se

enfoncer des contemplations , enattendant la Lune à leuer. le metais qu'Agrippe en fon traitté dela vanité des feiences voulant blamer la danfe,n'en allègue pointde plus forte raifon, fi-non qu'el¬le eft pernicieufe pour le tropgrand plaifir qui y eft. Mais toutau contraire de luy & de tous au¬tres fins-fous fpeculatifs,chahuâstimoniftes du genre humain, ieveus bien receuoir ce qu'à bon*" H iiij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 123: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DI Alt)/droit , & par raifon fe peut nom¬mer plaifir,ce qui ne fe peut aucunemeritprouuer enladanfe,enté-duque nul fedoit appeller plai¬fir, fi ce n'eft en tant qu'il délecte

Louange g, ehatouille i'vn de nos fens , ou. de lu mu . i rf _. que par îceuxal punie pénétrerJique, & i f s f, r .

mitn-u de iLifques a nous recréer 1 elpnt. Etla àanfe. par cela peut eftre approuué le

fon des inftrumens, car outre quel'armonie eft agréable à l'oreille,elle fort auffi àchaffer'les mélan¬colies & fâcheries de l'ame. Maisil en eft bien tout au contraire decette belle baftelerie que tu appelles danfe,veu qu'il ne s'en fçauroittirer-volupté qui reioliiffe lenioindre de nos fens. Premieremét co-méce par l'ouye, l'armonie & Mufique des pieds n'eft point fi grande qu'elle me dejecte l'oreille.Quant.eft du plaifir du gouft,ilne

PREMIER DI Alt)/droit , & par raifon fe peut nom¬mer plaifir,ce qui ne fe peut aucunemeritprouuer enladanfe,enté-duque nul fedoit appeller plai¬fir, fi ce n'eft en tant qu'il délecte

Louange g, ehatouille i'vn de nos fens , ou. de lu mu . i rf _. que par îceuxal punie pénétrerJique, & i f s f, r .

mitn-u de iLifques a nous recréer 1 elpnt. Etla àanfe. par cela peut eftre approuué le

fon des inftrumens, car outre quel'armonie eft agréable à l'oreille,elle fort auffi àchaffer'les mélan¬colies & fâcheries de l'ame. Maisil en eft bien tout au contraire decette belle baftelerie que tu appelles danfe,veu qu'il ne s'en fçauroittirer-volupté qui reioliiffe lenioindre de nos fens. Premieremét co-méce par l'ouye, l'armonie & Mufique des pieds n'eft point fi grande qu'elle me dejecte l'oreille.Quant.eft du plaifir du gouft,ilne

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 124: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV "DEMOCRITIC. 50s'y en trouue aueun,du toucher encores moins , de Todorcr il n'y ena rien ,s'il n'aduenoitd'auentureque quelque mignon,pourdanferplus legierement,voulift ofter Te-fearpin , Se parfumer la copagniedelà fouëfue Se precieufe odeurde fes pieds. Quant eft de la veuèiene trouue point qu'vne caroleou'danfe,foit vne couleur ^ viiie,que fe reprefentant deuant mesyeuSjelle me les refioiiifle, ou quepariceus elle puifle pénétrer iuf-ques au plaifir de l'ame , entenduqlefuiet d'icelle ne s'étend pointà chofes tant fottes & fi baffes,ainçoisà celles,.lefquelles eftansplus parfaittes & hautaines, luyapportent quelque contentemét,ou pour eftre rares Se nouuellesluyfemblent agréables. l e c o s-Koïh-hï, Comment fe pour-

DV "DEMOCRITIC. 50s'y en trouue aueun,du toucher encores moins , de Todorcr il n'y ena rien ,s'il n'aduenoitd'auentureque quelque mignon,pourdanferplus legierement,voulift ofter Te-fearpin , Se parfumer la copagniedelà fouëfue Se precieufe odeurde fes pieds. Quant eft de la veuèiene trouue point qu'vne caroleou'danfe,foit vne couleur ^ viiie,que fe reprefentant deuant mesyeuSjelle me les refioiiifle, ou quepariceus elle puifle pénétrer iuf-ques au plaifir de l'ame , entenduqlefuiet d'icelle ne s'étend pointà chofes tant fottes & fi baffes,ainçoisà celles,.lefquelles eftansplus parfaittes & hautaines, luyapportent quelque contentemét,ou pour eftre rares Se nouuellesluyfemblent agréables. l e c o s-Koïh-hï, Comment fe pour-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 125: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIA10.foit doncq' faire que la danfe fêm;

blaft bonneà t2iitde perfonnes?j.e democritic. Delàmeflne forte que les chardôs Cem-bltt bonsausafnes. LE mond,Voire-mais voudrois-tu bien di¬re qu'Homère fi excellent PoèteGrec , qui a loué hautement Mc-rion pour fçauoir bien fauter &faire gambades,ait efté afne? leD e m o C r. 11 n'auoit pas vn peules oreilles fi grandes, mais quantau refte ie croi qu'il ne s'en falloirpas beaucoup,& principallcmencen ce poinci que tu en as allégué.Etpéfez-vouslebeau titre d'hon¬neur que l'on donne à vn homme,quand on dit de luy que c'eftvnbeau danfeur,& que ce feroit vnechofe graue & fort honnefte,d'appeler auiourd'uy les Magiftrats &principaus gouucrncurs d'vn peu

PREMIER DIA10.foit doncq' faire que la danfe fêm;

blaft bonneà t2iitde perfonnes?j.e democritic. Delàmeflne forte que les chardôs Cem-bltt bonsausafnes. LE mond,Voire-mais voudrois-tu bien di¬re qu'Homère fi excellent PoèteGrec , qui a loué hautement Mc-rion pour fçauoir bien fauter &faire gambades,ait efté afne? leD e m o C r. 11 n'auoit pas vn peules oreilles fi grandes, mais quantau refte ie croi qu'il ne s'en falloirpas beaucoup,& principallcmencen ce poinci que tu en as allégué.Etpéfez-vouslebeau titre d'hon¬neur que l'on donne à vn homme,quand on dit de luy que c'eftvnbeau danfeur,& que ce feroit vnechofe graue & fort honnefte,d'appeler auiourd'uy les Magiftrats &principaus gouucrncurs d'vn peu

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 126: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. Çï

()lc,oule$ Capitaines commis à

'auantgarde d'vne bataille,auancdâfeurs, ou félon noftre vulgaire,meneurs de danfes,f fonne tabou-rin) ainfi que udis par grande rc-uerence ils auoyent acoutumc de _ _. »

les nommer en Theffalie , tant ils puïsoi-auoyent cette belle efcrime de mira-iambes, vénérable & en grande teH" 'f?

recommendation. Quant eft de ****

moy fi on vouloit auiourd huy re-nouueler telle couftume, l'en ap-pelleroy comme d'abus, s'ils n'a-uoyent pareillement en la maingauche le petit paillard bouquetpour témoignage de leur préémi¬nence, le c o s m o p h. Tu endiras ce qu'il t'en plairra, fi eft-ceque j'en aime-mieus fuyure l'ex-periêce.que toute la philofophic,cognoiffant affeurément quilyaplaifir à bien dâfcr, puis qu'vne io

DV DEMOCRITIC. Çï

()lc,oule$ Capitaines commis à

'auantgarde d'vne bataille,auancdâfeurs, ou félon noftre vulgaire,meneurs de danfes,f fonne tabou-rin) ainfi que udis par grande rc-uerence ils auoyent acoutumc de _ _. »

les nommer en Theffalie , tant ils puïsoi-auoyent cette belle efcrime de mira-iambes, vénérable & en grande teH" 'f?

recommendation. Quant eft de ****

moy fi on vouloit auiourd huy re-nouueler telle couftume, l'en ap-pelleroy comme d'abus, s'ils n'a-uoyent pareillement en la maingauche le petit paillard bouquetpour témoignage de leur préémi¬nence, le c o s m o p h. Tu endiras ce qu'il t'en plairra, fi eft-ceque j'en aime-mieus fuyure l'ex-periêce.que toute la philofophic,cognoiffant affeurément quilyaplaifir à bien dâfcr, puis qu'vne io

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 127: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PRE M I E R D I ALÔ,

£nité de perfonnes & gés de bonefprit s'y délectent, le d e m o.Ne te fouuient-il plus de ce quetu m'as promis, qui eft de fuyurela raifon plusqu'vnefotte<outu-me,&mainttnât tu veus approu-uer la danfe feulement pour eftrereceuë des hommes,que tu appel¬les de bon efprit, & fans aucuneraifon?Et à celle-ftn qu'il ne refteplusd'occâfionpourfairerrouiierles chofes fott.es & ridicules, bra-ues"& dignes de grand' louange,ie t'acheuerai de prouuer cettebaftelerie eftre du tout à reiette'rde l'homme fage.coinineji'eftailtqu'vne forte opinion clongnee detout boniugement. Car t'aïantdéfia prouuéle peu de plaifir quien peut venir à 1 homme fpiritiiel,ie te veus monftrer encores,com-me-!a danfe ue doit eftre confîr-

PRE M I E R D I ALÔ,

£nité de perfonnes & gés de bonefprit s'y délectent, le d e m o.Ne te fouuient-il plus de ce quetu m'as promis, qui eft de fuyurela raifon plusqu'vnefotte<outu-me,&mainttnât tu veus approu-uer la danfe feulement pour eftrereceuë des hommes,que tu appel¬les de bon efprit, & fans aucuneraifon?Et à celle-ftn qu'il ne refteplusd'occâfionpourfairerrouiierles chofes fott.es & ridicules, bra-ues"& dignes de grand' louange,ie t'acheuerai de prouuer cettebaftelerie eftre du tout à reiette'rde l'homme fage.coinineji'eftailtqu'vne forte opinion clongnee detout boniugement. Car t'aïantdéfia prouuéle peu de plaifir quien peut venir à 1 homme fpiritiiel,ie te veus monftrer encores,com-me-!a danfe ue doit eftre confîr-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 128: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. fa¬

mée pour eftre bonne , ne concer¬

nant en foy aucune necefilté niproffit. Premièrement qu'elle foit.encore.raoins nçcefTaire que plaLfante^en ce le cognoiffons q nousen pouuons bien.pafferfan? pre-iudice de la côferuation de noftrcefpece : pour eftre vtile il ne s'entrouue occalion de la io'ier., quâdil n'en reuient aucun proffit.àlacompagnie humaine, le c o s-M o p h i. le m'émerueille pourhomme qui fe pefe fi refolu, com¬me tu as apreftd à, ton ennemi lesarmes pour te vaincr,e,car me parlantdel'vtile, tumasaduifé d'v-ne chofe expreffe pour ap.pxouuerla danfe, entendu quand il ivy.au-roit autre chofe de bon en la dan¬fe , que 1 exercice du corps , chofetant recommandable de foy, prorfiuble» j5t mefaienaerit neccifaifs

DV DEMOCRITIC. fa¬

mée pour eftre bonne , ne concer¬

nant en foy aucune necefilté niproffit. Premièrement qu'elle foit.encore.raoins nçcefTaire que plaLfante^en ce le cognoiffons q nousen pouuons bien.pafferfan? pre-iudice de la côferuation de noftrcefpece : pour eftre vtile il ne s'entrouue occalion de la io'ier., quâdil n'en reuient aucun proffit.àlacompagnie humaine, le c o s-M o p h i. le m'émerueille pourhomme qui fe pefe fi refolu, com¬me tu as apreftd à, ton ennemi lesarmes pour te vaincr,e,car me parlantdel'vtile, tumasaduifé d'v-ne chofe expreffe pour ap.pxouuerla danfe, entendu quand il ivy.au-roit autre chofe de bon en la dan¬fe , que 1 exercice du corps , chofetant recommandable de foy, prorfiuble» j5t mefaienaerit neccifaifs

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 129: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

pour augmenter la force, & maintenir î homme en bonne difpofi-îiomcctte feule raifonf<-roit aifezfuffifante pour renutrfc-r tout ceque tûmes allé de fi loing cher¬cher par tes argumens & fillogif-mes,encores que ie ne parle pointdu plaifir que préd celuy qui dan¬fe bien, fe voyant loûé,& delà grace & faneur, qu'en ce faifant ilpeut acqerir pour'plaiie à toutel'a (fi ftan ce. le de mocrit.Pour vn braue Mai lire Maçon A-riftotelic, fi as. tu tant mal bafti &fonde tes argumens , que 1 vn eftcaufe delà ruine de l'autre.'car cedernier poinct,auquel tu as parléde plaire àaumiy,deftruit totale¬ment le premier, entendu qu'iln'eft rien plus certain que fi Pc-garo de plaire, & principalementà ces belles Déeffe*, n'eftoit la fin

PREMIER DIALO.

pour augmenter la force, & maintenir î homme en bonne difpofi-îiomcctte feule raifonf<-roit aifezfuffifante pour renutrfc-r tout ceque tûmes allé de fi loing cher¬cher par tes argumens & fillogif-mes,encores que ie ne parle pointdu plaifir que préd celuy qui dan¬fe bien, fe voyant loûé,& delà grace & faneur, qu'en ce faifant ilpeut acqerir pour'plaiie à toutel'a (fi ftan ce. le de mocrit.Pour vn braue Mai lire Maçon A-riftotelic, fi as. tu tant mal bafti &fonde tes argumens , que 1 vn eftcaufe delà ruine de l'autre.'car cedernier poinct,auquel tu as parléde plaire àaumiy,deftruit totale¬ment le premier, entendu qu'iln'eft rien plus certain que fi Pc-garo de plaire, & principalementà ces belles Déeffe*, n'eftoit la fin

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 130: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV D5MOCRITIÇ. , Çj

de la danfe , il ne s'en trouueroicpas vn qui en daignait déployéela iambe pour eneifayer vn pafîâ-ge, & moins encores de ceux quivoufiffenten apprenât cette gen¬tille fingerie, quelque-fois tom-bet à la renuerfe,ou bien accollervne table , ou vn buffet fi doucc-met qu'on dit, le Diable y ait parcen la danfe. Ec parce cognois-tuaifémentque l'on n'apprend pasàdanfer pour le plaifir qui y peuteftre , mais feulement pour vn folégard de plaire à celles qui pren¬nent plus de plaifir à fe moquer &rire de fes pauures focs,qui fetra-uaillent en vain, qu'à voir l'excel¬lence de leurs piez de veau,ou biépour leur donner plus de couleur .

à l'Italienne de leurs gambes rot-tcs,cabriolle,fioiet,mutancei,furpends , gambades , voltes , Se vn?

DV D5MOCRITIÇ. , Çj

de la danfe , il ne s'en trouueroicpas vn qui en daignait déployéela iambe pour eneifayer vn pafîâ-ge, & moins encores de ceux quivoufiffenten apprenât cette gen¬tille fingerie, quelque-fois tom-bet à la renuerfe,ou bien accollervne table , ou vn buffet fi doucc-met qu'on dit, le Diable y ait parcen la danfe. Ec parce cognois-tuaifémentque l'on n'apprend pasàdanfer pour le plaifir qui y peuteftre , mais feulement pour vn folégard de plaire à celles qui pren¬nent plus de plaifir à fe moquer &rire de fes pauures focs,qui fetra-uaillent en vain, qu'à voir l'excel¬lence de leurs piez de veau,ou biépour leur donner plus de couleur .

à l'Italienne de leurs gambes rot-tcs,cabriolle,fioiet,mutancei,furpends , gambades , voltes , Se vn?

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 131: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

P R E M r.E RDI AL O.

infinité d'autres tels menus fa-tf a5,q ne feruCc d'autre choie qu'àfe faire moquer de foy-meime,-comme n'eftans que vrayes linge¬ries : ainfi q leurs termes mefmesnous le donnent aifemet à coenoi;ftre. Comme vne cabtiolle voulâtpar ce partage contrefaire les fau-telantes cheures,par la ganibe rotte vne perfonnequi a la iambe ropue, par le paffaaedu chenal levoulant enfuyure en ce qu'il frap¬pe du pied contre terre. le laiffe à

parler des autres gambades qu'ilsont autrefois appellées lefautducouturier,auiourd'huy furnommé"à la paluettiftc landricgard,lefaujtdu pendu,& prou d'autres de pa¬reille farine, termes fortpropr.esSe digues d'vne telle.fcicce.il s'eneft encores à la fin trouue quel-»ques-.vns des plus cxpeis- en cette

fotte

P R E M r.E RDI AL O.

infinité d'autres tels menus fa-tf a5,q ne feruCc d'autre choie qu'àfe faire moquer de foy-meime,-comme n'eftans que vrayes linge¬ries : ainfi q leurs termes mefmesnous le donnent aifemet à coenoi;ftre. Comme vne cabtiolle voulâtpar ce partage contrefaire les fau-telantes cheures,par la ganibe rotte vne perfonnequi a la iambe ropue, par le paffaaedu chenal levoulant enfuyure en ce qu'il frap¬pe du pied contre terre. le laiffe à

parler des autres gambades qu'ilsont autrefois appellées lefautducouturier,auiourd'huy furnommé"à la paluettiftc landricgard,lefaujtdu pendu,& prou d'autres de pa¬reille farine, termes fortpropr.esSe digues d'vne telle.fcicce.il s'eneft encores à la fin trouue quel-»ques-.vns des plus cxpeis- en cette

fotte

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 132: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 54

fottebadinerie, q pour faire gai¬ner de l'argent à quelques petiscrieurs de rogatons, l'ont vouluréduire en vn certain art,& en cô-pofer hures , qui ne font dédiez àautre chofe qu'àferuir aus reuen-dcurs & apoticaires , pour en en-ueloperleur marchandife Si dro¬gues, & faire des cornets à ferrerleurs épiceries : Mais i'ay bellepeur que pareillemët cesvieusro-deaus & balladesneles fuyuétdcprçs.Ie lai fié à part vne infinité deces beaus dâfeurs, lefquels faifansvn fpectacle de foy en compagnie,ne feruent qu'à donner occafionde rifée & moquerie àceuxquilesregardent,& encores que ces pan¬ures fots fe romp-ét les iatnbes , &quelques-fois tomber tout aplat,s'efforçansde faire plus qu'ils nelçauent , pour coplaire à leur Da-

1

DV DEMOCRITIC. 54

fottebadinerie, q pour faire gai¬ner de l'argent à quelques petiscrieurs de rogatons, l'ont vouluréduire en vn certain art,& en cô-pofer hures , qui ne font dédiez àautre chofe qu'àferuir aus reuen-dcurs & apoticaires , pour en en-ueloperleur marchandife Si dro¬gues, & faire des cornets à ferrerleurs épiceries : Mais i'ay bellepeur que pareillemët cesvieusro-deaus & balladesneles fuyuétdcprçs.Ie lai fié à part vne infinité deces beaus dâfeurs, lefquels faifansvn fpectacle de foy en compagnie,ne feruent qu'à donner occafionde rifée & moquerie àceuxquilesregardent,& encores que ces pan¬ures fots fe romp-ét les iatnbes , &quelques-fois tomber tout aplat,s'efforçansde faire plus qu'ils nelçauent , pour coplaire à leur Da-

1

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 133: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

me,ils n'en auront la moitié rancde louange comme Madame la fucrée, laquelle auecques vn petitbrâlemét de tefte,vn tour d'efpau-le,& maniemét de pied fretillard,fera trouuée cet mille-fois mieusfaire,que fon pauure confort,quife fera mis hors d'aleinej à forcede gâbader. Outreplus, eft-il poffi

... ble d'apperceuoir vn plus grandeftre -vne «gne de folie q de voir fauter desefiece de perfonnesles vnes contre lesau-futeur. tres,conie s'ils auoyent l'efprit sa-

ui & troubléjdelamefmediableufemët fainte & diuine fureur, queeftoyét iadis furpris les preftres Se

preftreffes, lors que parla hautai¬ne infpiration de leurs Dieus fou-flée iufques au plus profond ducinquieime canal de leurs âmes,ils vouloyent prophetifer& met¬tre en auât les oracles diuins.Tel-

PREMIER DIALO.

me,ils n'en auront la moitié rancde louange comme Madame la fucrée, laquelle auecques vn petitbrâlemét de tefte,vn tour d'efpau-le,& maniemét de pied fretillard,fera trouuée cet mille-fois mieusfaire,que fon pauure confort,quife fera mis hors d'aleinej à forcede gâbader. Outreplus, eft-il poffi

... ble d'apperceuoir vn plus grandeftre -vne «gne de folie q de voir fauter desefiece de perfonnesles vnes contre lesau-futeur. tres,conie s'ils auoyent l'efprit sa-

ui & troubléjdelamefmediableufemët fainte & diuine fureur, queeftoyét iadis furpris les preftres Se

preftreffes, lors que parla hautai¬ne infpiration de leurs Dieus fou-flée iufques au plus profond ducinquieime canal de leurs âmes,ils vouloyent prophetifer& met¬tre en auât les oracles diuins.Tel-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 134: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 55

le chofe futvne-fois obiectéeparvn fage Roy d'Aragon,nommé Alphonfe,lequel voyât danfer Se fauter vne femme (corne elles ont debonne coutume de faire auiour-d'huyjfe retourna deuerstoutel'affiftance,&:dit telles parolles:Mef-fieurs tenez vous coi,tantoft la Si-bile rendra fon oracle : vouîât parcela donner à entédrc que toutesles perfonnes,qui fe mettent ainfià fauter & gambader , ne font pasmoins tranfportez hors de leursfens, qfaignoit eftre la Sibilevnpeu au parauât qu'elle voufift dé¬gorger fes prophéties. le te laiffeàpéfer s'il fe fçauroit trouuer chofe raifonnable,ou art tel qu'il foitoufciéce(i'enten de ceux defquelsl'appuy n'eft point fondé fus desabus & vaincs menfonges, dontnous pourrons deuifer par ci a-

DV DEMOCRITIC. 55

le chofe futvne-fois obiectéeparvn fage Roy d'Aragon,nommé Alphonfe,lequel voyât danfer Se fauter vne femme (corne elles ont debonne coutume de faire auiour-d'huyjfe retourna deuerstoutel'affiftance,&:dit telles parolles:Mef-fieurs tenez vous coi,tantoft la Si-bile rendra fon oracle : vouîât parcela donner à entédrc que toutesles perfonnes,qui fe mettent ainfià fauter & gambader , ne font pasmoins tranfportez hors de leursfens, qfaignoit eftre la Sibilevnpeu au parauât qu'elle voufift dé¬gorger fes prophéties. le te laiffeàpéfer s'il fe fçauroit trouuer chofe raifonnable,ou art tel qu'il foitoufciéce(i'enten de ceux defquelsl'appuy n'eft point fondé fus desabus & vaincs menfonges, dontnous pourrons deuifer par ci a-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 135: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAXO.

près)qui doneoccafiôàceluy quila veut fuyure d'en eftre repri s, oumoqué.Regarde ie te prie, s'il eftpoflibie d'alléguer raifon aucune,par laquelle on puiffe prouuer cesimitations de Singe eftre digned'vne perfection virile.L e c o s-m o p. Tu dislemieus du monde,mais tu ne viens aucunement à

l'exercice que l'on yprend, & à lalouange que l'on en acquiert, ledémo. Ne t'ai-ie pas défiadit &affesprouiié,q.ue l'exercice n'eftpas la fin,pour laquelle on apprédà danfer? Et bien que la danfe eutoccafion d'eftre louée pour l'eiteccice, ie te dirai donq' qu'il feraauffi bon pour s'exercer,de courir& fauter tout feul fans compofi-tion, que de tant employer de téspour dérober le gaing& honneuràVnbaftelrur.Quâi eft d'en eftre

PREMIER DIAXO.

près)qui doneoccafiôàceluy quila veut fuyure d'en eftre repri s, oumoqué.Regarde ie te prie, s'il eftpoflibie d'alléguer raifon aucune,par laquelle on puiffe prouuer cesimitations de Singe eftre digned'vne perfection virile.L e c o s-m o p. Tu dislemieus du monde,mais tu ne viens aucunement à

l'exercice que l'on yprend, & à lalouange que l'on en acquiert, ledémo. Ne t'ai-ie pas défiadit &affesprouiié,q.ue l'exercice n'eftpas la fin,pour laquelle on apprédà danfer? Et bien que la danfe eutoccafion d'eftre louée pour l'eiteccice, ie te dirai donq' qu'il feraauffi bon pour s'exercer,de courir& fauter tout feul fans compofi-tion, que de tant employer de téspour dérober le gaing& honneuràVnbaftelrur.Quâi eft d'en eftre

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 136: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. <,é

loué j ie ne t'en dirai autre chofe,fors ce que chacun cognoit allez,que la louange s'attribue fouueivtefois aus chofesles plus fortes &imparfaites. Et tout ainfi q nous-voïons vn farcereau eftre biê loué,en reprefentant vne parfaite badinerie,aiitât en aduient-il à ceux qfont qlquefois prifezen leurs faus& gambades.Ie ne veus pas dire qla baffe dâfe, mais qu'on ne la dé¬coupe point trop menu, ne foit v-ne chofe fort graue, & principalementdanféeenrobe,& auecques.vne mefure feigneuriale , iointqu'il faut auffi q cela foit fait parvn home défia meur d'aage,& raf-fis de cerneau, Se non pas par ces-

ieunes apprentis y qui por têt leurdeus fl.d. écris en vn petit rolet depapier,& qui ne font pas encoresbien afTeurez à la grâce &c-ôtenâ-

I iij

DV DEMOCRITIC. <,é

loué j ie ne t'en dirai autre chofe,fors ce que chacun cognoit allez,que la louange s'attribue fouueivtefois aus chofesles plus fortes &imparfaites. Et tout ainfi q nous-voïons vn farcereau eftre biê loué,en reprefentant vne parfaite badinerie,aiitât en aduient-il à ceux qfont qlquefois prifezen leurs faus& gambades.Ie ne veus pas dire qla baffe dâfe, mais qu'on ne la dé¬coupe point trop menu, ne foit v-ne chofe fort graue, & principalementdanféeenrobe,& auecques.vne mefure feigneuriale , iointqu'il faut auffi q cela foit fait parvn home défia meur d'aage,& raf-fis de cerneau, Se non pas par ces-

ieunes apprentis y qui por têt leurdeus fl.d. écris en vn petit rolet depapier,& qui ne font pas encoresbien afTeurez à la grâce &c-ôtenâ-

I iij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 137: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIERDIALO.

ce,qu'ilfaut tenir au brale,durantlequel ils portét pour le moins vnedouzaine de fois la main auvifa-ge,àcelle-fîn de cacher leur peti¬te hôte malaffmée. Mais tout ce¬

la ne feroit encores rien , fi cesbeaus danfeurs d'vne petite foliene tomboyét en vne plus grande,veu qu'ordinairemét ces fols àlagrand'- mefure referét toutes leursceuures,&principalemét cette-ci,pour côplaire& offrir leurferui-ce à celles dont ie t'ai parlé ici de-uant.LE c o s m o.Ierecomancemaintenant à cognoiftre par experieceqladifpute de quelque chofe que ce foit, fait le plus fouuentéclarcir les chofes douteufes Se

ambigues,& ce qlafimpleopiniodes homes fe forge & pëfe le plusvrai, eftre par raifon le plus faus.Car deuât t'auoir ouy parler, au-

PREMIERDIALO.

ce,qu'ilfaut tenir au brale,durantlequel ils portét pour le moins vnedouzaine de fois la main auvifa-ge,àcelle-fîn de cacher leur peti¬te hôte malaffmée. Mais tout ce¬

la ne feroit encores rien , fi cesbeaus danfeurs d'vne petite foliene tomboyét en vne plus grande,veu qu'ordinairemét ces fols àlagrand'- mefure referét toutes leursceuures,&principalemét cette-ci,pour côplaire& offrir leurferui-ce à celles dont ie t'ai parlé ici de-uant.LE c o s m o.Ierecomancemaintenant à cognoiftre par experieceqladifpute de quelque chofe que ce foit, fait le plus fouuentéclarcir les chofes douteufes Se

ambigues,& ce qlafimpleopiniodes homes fe forge & pëfe le plusvrai, eftre par raifon le plus faus.Car deuât t'auoir ouy parler, au-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 138: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 57

cun ne m'euft femblé digne de ré¬

putation enuers ceus,q s'eftimentles plus braues, q ne fe fuft façonné à leur manière de faire,pnnci-palemét les imitât en cette frene-fie amoureufe. Mais ie me fai biéfort q d'orenauat ie m'en aideraitrop mieus, que ie n'ai fait par lepaffé,car au lieu de tat de careffes,dâfes Se fottes badineries,qu'on ade coutume de faire àl'édroitdesfemmes, i'ai délibéré, qlaoui'entrouuerai à l'écart, m'efforcer d'éprendre en folatrât,ce que naturenous a donné pour le côtentemétde l'vn & de l'autre,croyât affeurément que ceus qui en vfent ainfi,fans tât de Madame pour l'amourde vous, en doyuent eftre eftimés ConcU-

les plusfages.L e de M o.Tucô- fîondtt«tes bien fans ton hofte,& fi elle te mm'réfutait. l e c o s M o.Ne fe tenir

1 nij

DV DEMOCRITIC. 57

cun ne m'euft femblé digne de ré¬

putation enuers ceus,q s'eftimentles plus braues, q ne fe fuft façonné à leur manière de faire,pnnci-palemét les imitât en cette frene-fie amoureufe. Mais ie me fai biéfort q d'orenauat ie m'en aideraitrop mieus, que ie n'ai fait par lepaffé,car au lieu de tat de careffes,dâfes Se fottes badineries,qu'on ade coutume de faire àl'édroitdesfemmes, i'ai délibéré, qlaoui'entrouuerai à l'écart, m'efforcer d'éprendre en folatrât,ce que naturenous a donné pour le côtentemétde l'vn & de l'autre,croyât affeurément que ceus qui en vfent ainfi,fans tât de Madame pour l'amourde vous, en doyuent eftre eftimés ConcU-

les plusfages.L e de M o.Tucô- fîondtt«tes bien fans ton hofte,& fi elle te mm'réfutait. l e c o s M o.Ne fe tenir

1 nij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 139: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER PIAIO',

point efconduyt pour la premièrefois, le d e mo. Voire-mais fi elle en fait toufiours de mefinesPL e

co s mo. Luy faire patarades , &pratiquer le prouerbe ruftique cjnepeut àvn moulin, aille à l'autre,xe de m o.Tu ne parles point dedonner, le g o s m o. De donnervertu Dieu encores moins,q plusy met,plus y pert: mais comme iet'ai dit, il eft impoffible q s'adref-faut ainfi à beaucoup, il ne s'é trouue quelqu'vne de bon vouloir, l e

démo. Tu m'as releuéd'vne grad'peine d'auoir tant bien, Se fi toftentendu, cément il faut procèdes?en cette manière, t'afleuraiitquetu as bien trouue vn moyen tropplus expédier, q nul autre, & pourn'eftre ridicule enuers homme dumode. Toutes-fois fi n'eft-cepas-encore tout, car puis qnous-nous.

PREMIER PIAIO',

point efconduyt pour la premièrefois, le d e mo. Voire-mais fi elle en fait toufiours de mefinesPL e

co s mo. Luy faire patarades , &pratiquer le prouerbe ruftique cjnepeut àvn moulin, aille à l'autre,xe de m o.Tu ne parles point dedonner, le g o s m o. De donnervertu Dieu encores moins,q plusy met,plus y pert: mais comme iet'ai dit, il eft impoffible q s'adref-faut ainfi à beaucoup, il ne s'é trouue quelqu'vne de bon vouloir, l e

démo. Tu m'as releuéd'vne grad'peine d'auoir tant bien, Se fi toftentendu, cément il faut procèdes?en cette manière, t'afleuraiitquetu as bien trouue vn moyen tropplus expédier, q nul autre, & pourn'eftre ridicule enuers homme dumode. Toutes-fois fi n'eft-cepas-encore tout, car puis qnous-nous.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 140: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 58*

difons Crétiens , il faut faire lesceu mes , acopliffant ce qu'il nousen eft dit par noftreloy, laquelledonne à chafque perfonne vn bonmoyen de cotenter fon appétit naturel,commandât à ceuxqui nefepourront c6tenir,de prendre fem¬

me en vrai & légitime mariage.le cosmo. Ce feroit encoresfaire pis que deuant,& corne l'ondit au vieil prouerbe,voulant eui-tér Caribde s'engoufrer en Scylle,.oubienautremét tôberde fleure-en chaut-mal. le fçai fort bié queie ne me côtenterai,- q trop fi eftâcvne fois empeftré d'vne femme,i'entrepren delà contenter :.maisce n'eft pas là ou gift lelieure. Tuveus dôq'que ie fois coquu,& parDieu non fetai:car encores q i'ayeadioufté foy à vne bone partie detes remonftrances, fi eft-ce que tn

DV DEMOCRITIC. 58*

difons Crétiens , il faut faire lesceu mes , acopliffant ce qu'il nousen eft dit par noftreloy, laquelledonne à chafque perfonne vn bonmoyen de cotenter fon appétit naturel,commandât à ceuxqui nefepourront c6tenir,de prendre fem¬

me en vrai & légitime mariage.le cosmo. Ce feroit encoresfaire pis que deuant,& corne l'ondit au vieil prouerbe,voulant eui-tér Caribde s'engoufrer en Scylle,.oubienautremét tôberde fleure-en chaut-mal. le fçai fort bié queie ne me côtenterai,- q trop fi eftâcvne fois empeftré d'vne femme,i'entrepren delà contenter :.maisce n'eft pas là ou gift lelieure. Tuveus dôq'que ie fois coquu,& parDieu non fetai:car encores q i'ayeadioufté foy à vne bone partie detes remonftrances, fi eft-ce que tn

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 141: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

ncme feras iavenirl'éuie de por¬ter des cornes, l e démo. Com¬ment! voudrois-tu bien reculer à

cela,qui feruiroit de tefmoignagede ta vertu & preud'homie? lec o s m o. Comment cela! les cor¬nes font-elles les gens de bien?Quant eft de moy ie n'en croi rie.le d e Mo.Dea ienetecotrainspoint, tant y a q ie t'en dis ce quepar écrit on en trouue,& en quel¬que forte que tu en vueilles vfer,fî me cofefferas-tu les foliesde cespaffionnez amoureus eftre biengrandes, le cosmo. le ne te lefçaurois nier , encores que ce foitbien la chofe la plus cotraire à ceq i'en ai penfé autrefois, l e d e-m o. Or fi tu cognois maintenantla pluf-grand' partie des hommesfaillir Se eftre ridicules , par cetteextrémité trop amoureufe, qui

PREMIER DIALO.

ncme feras iavenirl'éuie de por¬ter des cornes, l e démo. Com¬ment! voudrois-tu bien reculer à

cela,qui feruiroit de tefmoignagede ta vertu & preud'homie? lec o s m o. Comment cela! les cor¬nes font-elles les gens de bien?Quant eft de moy ie n'en croi rie.le d e Mo.Dea ienetecotrainspoint, tant y a q ie t'en dis ce quepar écrit on en trouue,& en quel¬que forte que tu en vueilles vfer,fî me cofefferas-tu les foliesde cespaffionnez amoureus eftre biengrandes, le cosmo. le ne te lefçaurois nier , encores que ce foitbien la chofe la plus cotraire à ceq i'en ai penfé autrefois, l e d e-m o. Or fi tu cognois maintenantla pluf-grand' partie des hommesfaillir Se eftre ridicules , par cetteextrémité trop amoureufe, qui

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 142: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC, Çp

leur fait commettrefainfi qu'am-plemét nous l'auons déclaré) vneinfinité d'aéfes fots & vicieus,qu'ils eftiment neantmoins eftreles plus grandes fageffes Se vertusdu monde , encores font-ils plus à

reprendre pour auoir receu entreeus l'autre extrémité pour vertu,qui eft faute d'amitié, le contrai¬re de celuy dont nous auons défiaparlé, Se fans comparaifon, dignede plus grand vitupère pour eftremoins humain q l'autre : veu quepar iceluy eft furuenuë entre-euscette grand' & plus q brutale cru-,autédes'étre-pourchafferlamort,contre tout l'ordre & amitié quenoftre commune mère nature adonné à chacune efpece, pour feconferuer Se aider l'vne l'autre, Se

foy défendre cotre les opprefiîons&iniures,lefquellesleur font fait-

DV DEMOCRITIC, Çp

leur fait commettrefainfi qu'am-plemét nous l'auons déclaré) vneinfinité d'aéfes fots & vicieus,qu'ils eftiment neantmoins eftreles plus grandes fageffes Se vertusdu monde , encores font-ils plus à

reprendre pour auoir receu entreeus l'autre extrémité pour vertu,qui eft faute d'amitié, le contrai¬re de celuy dont nous auons défiaparlé, Se fans comparaifon, dignede plus grand vitupère pour eftremoins humain q l'autre : veu quepar iceluy eft furuenuë entre-euscette grand' & plus q brutale cru-,autédes'étre-pourchafferlamort,contre tout l'ordre & amitié quenoftre commune mère nature adonné à chacune efpece, pour feconferuer Se aider l'vne l'autre, Se

foy défendre cotre les opprefiîons&iniures,lefquellesleur font fait-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 143: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREM 1ER D I AL O.

tes par vn autre genre d'animans,qui a efté la feule & principale occafioiï pourquoi les homes fe fontainfi affemblez, édifié Villes & ci¬tez Se pris autre manière de viurequ'ils n'auoyent lors que vaganspar les defèrs,bois, & câpagnes,&foy retiras es cauernes & fofîés dela terre,viuoyent brutalement.A-donq'fe voyans quelquesfois op-preflez & endomagez des autresanimans, cômécerét d'aller en côpagnie,à celle fln.de s'é défendre:de forte qu'après auoir fait ainfiquelque téps, peu à peu fè déploïaleur lâgue, attribuas parcemoyé"à chacune chofe quelque nom quileur venoit premier en la bouchepour la lignifier. Et ainfi ils en v-foyenr pour fe donnera entendreleurs cÔceptions,tellement qu'ilscomencerét au lieu d'vne vie bru-

PREM 1ER D I AL O.

tes par vn autre genre d'animans,qui a efté la feule & principale occafioiï pourquoi les homes fe fontainfi affemblez, édifié Villes & ci¬tez Se pris autre manière de viurequ'ils n'auoyent lors que vaganspar les defèrs,bois, & câpagnes,&foy retiras es cauernes & fofîés dela terre,viuoyent brutalement.A-donq'fe voyans quelquesfois op-preflez & endomagez des autresanimans, cômécerét d'aller en côpagnie,à celle fln.de s'é défendre:de forte qu'après auoir fait ainfiquelque téps, peu à peu fè déploïaleur lâgue, attribuas parcemoyé"à chacune chofe quelque nom quileur venoit premier en la bouchepour la lignifier. Et ainfi ils en v-foyenr pour fe donnera entendreleurs cÔceptions,tellement qu'ilscomencerét au lieu d'vne vie bru-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 144: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. tjO

talle,en prédre vne plus copagna-ble & hônefte, tout cela procédâtfeulement d'vne affection naturelle qu'ils auoyent les vus entiers lesautres pour refifter aus oppreffiôsdes autres anima-as. Mais helasltant s'en faut qu'ils foyét auiour-d'huy entre-eus fi fecourables, come ils eftoyet pour lors, qu'au lieude cette bône affectiô & inftinctnaturel de s'entre- fecourk , ils v-fent fi abominablemét d'vne teile ^cruauté entré-eusmefines, qce-craa»âluy-là eft eftimc le plus gentil cô- des hom-

pagnon,çj, en a le plustué.O abuz mts'

du monde par trop deteftableslOmonftrueufe cruauté,& no au-parauant entenduclO l'ordre de na¬ture du tout petuerti! O iugemétdes homes renuerfélOu eft la rai-fon que fauffemét s'attribuent leshumains? Ou eft cette douceur &

Etrange

DV DEMOCRITIC. tjO

talle,en prédre vne plus copagna-ble & hônefte, tout cela procédâtfeulement d'vne affection naturelle qu'ils auoyent les vus entiers lesautres pour refifter aus oppreffiôsdes autres anima-as. Mais helasltant s'en faut qu'ils foyét auiour-d'huy entre-eus fi fecourables, come ils eftoyet pour lors, qu'au lieude cette bône affectiô & inftinctnaturel de s'entre- fecourk , ils v-fent fi abominablemét d'vne teile ^cruauté entré-eusmefines, qce-craa»âluy-là eft eftimc le plus gentil cô- des hom-

pagnon,çj, en a le plustué.O abuz mts'

du monde par trop deteftableslOmonftrueufe cruauté,& no au-parauant entenduclO l'ordre de na¬ture du tout petuerti! O iugemétdes homes renuerfélOu eft la rai-fon que fauffemét s'attribuent leshumains? Ou eft cette douceur &

Etrange

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 145: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

pitié naturellc,de laquelle tout a-nimant créé de la nature,vfe pourfe garentir Se conferuer,felon fonpouuoir, chacun en fon efpece?'N'auons-nous pas les exéples desbeftes brutes, qui nousmonftrentcommet nous deuons vfer de cet¬te bénignité & fecours mutuelchacun entiers fon femblable? &nous autres qui à grand tort nousdifons raifonnables , tât s'en fautque nous portiôs aide les vns aux.autres,que tout au côtraire, eftaspires que les autres animas , nousnous faifons à croire cj noftre honneureft bien fort preffé,fi nousayant efté dit quelque parolle à lavolée , nous ne faifons noftre de-uoir en camp clos , ou autrementde combatre à toute outrance no¬ftre ennemi. O ciur inhumain &par trop endurci, de te glorifier

PREMIER DIALO.

pitié naturellc,de laquelle tout a-nimant créé de la nature,vfe pourfe garentir Se conferuer,felon fonpouuoir, chacun en fon efpece?'N'auons-nous pas les exéples desbeftes brutes, qui nousmonftrentcommet nous deuons vfer de cet¬te bénignité & fecours mutuelchacun entiers fon femblable? &nous autres qui à grand tort nousdifons raifonnables , tât s'en fautque nous portiôs aide les vns aux.autres,que tout au côtraire, eftaspires que les autres animas , nousnous faifons à croire cj noftre honneureft bien fort preffé,fi nousayant efté dit quelque parolle à lavolée , nous ne faifons noftre de-uoir en camp clos , ou autrementde combatre à toute outrance no¬ftre ennemi. O ciur inhumain &par trop endurci, de te glorifier

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 146: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 6ld'auoir fouillé tes mains aufangde tô femblable! O pauure victoirecaufée d'vne fi étrange & abo¬minable cruauté! Ou auez voustrouue pauures .humains fans ceruelle,& plus incenfés que Démo¬niaques , qu'il faut appeller cetteenragée fotife, voftre honeur? Oueft ce deuoir quevous-penfez fai¬re en exécutant chofes,toutes co-trairesàce que naturellement Se

fuyuantlaraifonvous eftes tenus?le c os m o ph. le ne veus ap-prouuer,& moins encores foufte-nir cette cruauté, que tu as à bon¬ne Se iufte caufe codamnée , maisfi eft-ce qu'il eft quelque-fois ne-ceffaire au deffaut d'autre preuue,pour iuftifier celuy q a bon droit,faire apparoitre de la vérité dou-teufe par la fin du combat de l'vncontre l'autre. Car il eft trtut cer-

DV DEMOCRITIC. 6ld'auoir fouillé tes mains aufangde tô femblable! O pauure victoirecaufée d'vne fi étrange & abo¬minable cruauté! Ou auez voustrouue pauures .humains fans ceruelle,& plus incenfés que Démo¬niaques , qu'il faut appeller cetteenragée fotife, voftre honeur? Oueft ce deuoir quevous-penfez fai¬re en exécutant chofes,toutes co-trairesàce que naturellement Se

fuyuantlaraifonvous eftes tenus?le c os m o ph. le ne veus ap-prouuer,& moins encores foufte-nir cette cruauté, que tu as à bon¬ne Se iufte caufe codamnée , maisfi eft-ce qu'il eft quelque-fois ne-ceffaire au deffaut d'autre preuue,pour iuftifier celuy q a bon droit,faire apparoitre de la vérité dou-teufe par la fin du combat de l'vncontre l'autre. Car il eft trtut cer-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 147: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

tain,& affez cognu par les ancie-nés & modernes hiftoires , com¬me le bo droit atoufiours efté gardé,& la victoire pareillement de¬meurée au iufte & à l'innocët. LEDEMOCRITIC. Si quelques-fois Se par fortune le meilleurs'eft trouue du collé de celuy quiauoit bon droit , les hommes partrop prompts & fragillcs en leursinuentions, incontinent ont pen-fécela eftre certain & infaliible:Et pour vuïder quelque différent,n'auoir point de meilleur moyen,qu'en le vérifiant par la mort del'vn ou de l'autre. Mais en cela ilsdécouurent facilement leurs bien,peu cler-voyâs yeux,& deffautdeiugement , ne pouuans voir, nicomidcrer cela n'élire qu'vnechofe hazardeufe, car les armes( s'il faut que ie parle ainfi )

font

PREMIER DIALO.

tain,& affez cognu par les ancie-nés & modernes hiftoires , com¬me le bo droit atoufiours efté gardé,& la victoire pareillement de¬meurée au iufte & à l'innocët. LEDEMOCRITIC. Si quelques-fois Se par fortune le meilleurs'eft trouue du collé de celuy quiauoit bon droit , les hommes partrop prompts & fragillcs en leursinuentions, incontinent ont pen-fécela eftre certain & infaliible:Et pour vuïder quelque différent,n'auoir point de meilleur moyen,qu'en le vérifiant par la mort del'vn ou de l'autre. Mais en cela ilsdécouurent facilement leurs bien,peu cler-voyâs yeux,& deffautdeiugement , ne pouuans voir, nicomidcrer cela n'élire qu'vnechofe hazardeufe, car les armes( s'il faut que ie parle ainfi )

font

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 148: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D V DE M'O C R I T I C eti"font iournallieres , & fuiettes à la LtMma,fbrtune,qui peut aufti bien à&net font iour¬te victoire,& prefter de fa fiaueuri,'Mfcm. -

voire le pltisfouuet aux mefchâs,-qu'aux bons. Et à celle-fin de te ledonner mieuxàcognoiftre-, ietepie regarde fi le plus fort.n'em--portera- pas le plus foible , le plus'adroit le plus. Lourd, &cettuy-làqui Ce plaift d'aueir les. mains en--fanglantées , Se eft le plus acoutu-mé à ce mal-heur & furie inhu¬maine,de deffaire fon femblable, .

ne viedrapas nueuxàbout dece-luy , lequel eftant plus doux & hu--maiivauroit horreur d'auok efpâ- -

du le fangd'vn de fon efpece . Ets'il eft ainfi que la victoire fuyuetouiiours le bon droit, pourquoyeâ-ce que l'homme nuou.foible,ou mains fauorifé de fortune,aiâtiuûe caufe,,.demeutera vaincu de.

K

D V DE M'O C R I T I C eti"font iournallieres , & fuiettes à la LtMma,fbrtune,qui peut aufti bien à&net font iour¬te victoire,& prefter de fa fiaueuri,'Mfcm. -

voire le pltisfouuet aux mefchâs,-qu'aux bons. Et à celle-fin de te ledonner mieuxàcognoiftre-, ietepie regarde fi le plus fort.n'em--portera- pas le plus foible , le plus'adroit le plus. Lourd, &cettuy-làqui Ce plaift d'aueir les. mains en--fanglantées , Se eft le plus acoutu-mé à ce mal-heur & furie inhu¬maine,de deffaire fon femblable, .

ne viedrapas nueuxàbout dece-luy , lequel eftant plus doux & hu--maiivauroit horreur d'auok efpâ- -

du le fangd'vn de fon efpece . Ets'il eft ainfi que la victoire fuyuetouiiours le bon droit, pourquoyeâ-ce que l'homme nuou.foible,ou mains fauorifé de fortune,aiâtiuûe caufe,,.demeutera vaincu de.

K© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 149: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

fon ennemy qui fera armé , ou biêle plus fort & plus heureux? Etqu'il foit vray , me veux-tu nierqu'ayant vne arquebuze bië chargée,fi ie rencontroy mon ennemy,encores qu'il euft bon droit , quecela le peuft fauuer de la violencede la balle , fi ie la luy voulois de-lafcherau trauersdu corps ? lec o s m o . le te confefferay bienque fi nous ne regardons Ample¬ment qu'à la nature,fans point dedoute le plus fort, ou celuy auquella fortune fe voudra moftrer plusfauorable,l'emportera,mais Dieuqui eft par défais., ne permet ia-mais le bon droit eftre foulé .

le d e m o cr i.Tuastoufioursde coutume, n'ayât autre recours,de me tendre vn filet auquel tu tetrouues le premier pris, eftimantton dire eftreveritable,m'allegiiât

PREMIER DIALO.

fon ennemy qui fera armé , ou biêle plus fort & plus heureux? Etqu'il foit vray , me veux-tu nierqu'ayant vne arquebuze bië chargée,fi ie rencontroy mon ennemy,encores qu'il euft bon droit , quecela le peuft fauuer de la violencede la balle , fi ie la luy voulois de-lafcherau trauersdu corps ? lec o s m o . le te confefferay bienque fi nous ne regardons Ample¬ment qu'à la nature,fans point dedoute le plus fort, ou celuy auquella fortune fe voudra moftrer plusfauorable,l'emportera,mais Dieuqui eft par défais., ne permet ia-mais le bon droit eftre foulé .

le d e m o cr i.Tuastoufioursde coutume, n'ayât autre recours,de me tendre vn filet auquel tu tetrouues le premier pris, eftimantton dire eftreveritable,m'allegiiât

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 150: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 63aucunes-fois, fans le coter , quel¬que paffage des fainctes Efcritu-res:en quoy tu me donnes aifémctà cognoiftre que tu en crois pluspar ouyr dire , que pour l'auoirveu , par ce que nous auons affezd'exemples en icelles, corne Dieua permis les bons auoir efté fou¬lez des mefchâs,&ceux qui auoiécbô droit eftre demeurez vaincus.Ce qui nous a efté mefmemét cô-firrné par le nouueau Teftament,auquel il eft dit que les fidèles , Se

ceux qui voudront prcfrher pure¬ment l'Euangile , endureront desiniurcs & perfecutions des mef-chans,& s'il eftoit vray,comme tudis , que le bon droit n'eft pointfoulé,il s'cnfuyuroitdonq' que lesSaints efleus deDieu qui font per-feciitez,eufTentmauuaifc caufe,&qu'à ceux qui font victorieux fus

K ij

DV DEMOCRITIC. 63aucunes-fois, fans le coter , quel¬que paffage des fainctes Efcritu-res:en quoy tu me donnes aifémctà cognoiftre que tu en crois pluspar ouyr dire , que pour l'auoirveu , par ce que nous auons affezd'exemples en icelles, corne Dieua permis les bons auoir efté fou¬lez des mefchâs,&ceux qui auoiécbô droit eftre demeurez vaincus.Ce qui nous a efté mefmemét cô-firrné par le nouueau Teftament,auquel il eft dit que les fidèles , Se

ceux qui voudront prcfrher pure¬ment l'Euangile , endureront desiniurcs & perfecutions des mef-chans,& s'il eftoit vray,comme tudis , que le bon droit n'eft pointfoulé,il s'cnfuyuroitdonq' que lesSaints efleus deDieu qui font per-feciitez,eufTentmauuaifc caufe,&qu'à ceux qui font victorieux fus

K ij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 151: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER D I AI O.

leurs pauurescorpsaffligezdemeil'.raftlebondrair, qui feroit totale¬ment renuerfer l'Euangile de le-fus Chrift. Et pour-ce cognoismaintenant cela n'eftre point tacfeulement cotre nature,mais aufîicontreDieu,& qu'il ne faut aucu-nemét efprouuer la vérité par vnc.cruauté tât inhumaine, &.actè dutout. contraire à.fa paroli£>parla-:.quelle l'homicide nous eft expref-fément defendu,&, cômandé d'en-,durer les vns des autres. l e c o s-^

MO.FHH.E . Tu nous voudroisd6q' faire tant fimples , que quâdon nous donneroit vn fouflet envne iouée,nous tendiffions l'autre,pourenreceuoir autant: & en ce,faifantmonffrerios-nous bié no¬ftre peu de cceureftâs pluslafches.que la petite fourmis, qui effaiemefme à fe rebecquer contre les

PREMIER D I AI O.

leurs pauurescorpsaffligezdemeil'.raftlebondrair, qui feroit totale¬ment renuerfer l'Euangile de le-fus Chrift. Et pour-ce cognoismaintenant cela n'eftre point tacfeulement cotre nature,mais aufîicontreDieu,& qu'il ne faut aucu-nemét efprouuer la vérité par vnc.cruauté tât inhumaine, &.actè dutout. contraire à.fa paroli£>parla-:.quelle l'homicide nous eft expref-fément defendu,&, cômandé d'en-,durer les vns des autres. l e c o s-^

MO.FHH.E . Tu nous voudroisd6q' faire tant fimples , que quâdon nous donneroit vn fouflet envne iouée,nous tendiffions l'autre,pourenreceuoir autant: & en ce,faifantmonffrerios-nous bié no¬ftre peu de cceureftâs pluslafches.que la petite fourmis, qui effaiemefme à fe rebecquer contre les

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 152: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 64,

'plus fors. LE DEMOCRIT. Sii'ay dit quelque chofe en cela quifoit contre rafantafie, remets-enla faute fus toymefme,qui m'as co-trahit par ta réplique théologale,de faire ainfi du côtre-prefcheur,neâtmoins que ie ne veux pas me

' monftret-tant feuereEuangelifte,-que ie te confeille d'endurer desnazardes à toutes heurtes feruant-par ce moyen de fable "&-de paffe-tempsàvnchafcuns Non, Non:-le ne veux pas prendre la lettre fi-fort au pié leué que tu penfes,veu-mefmemet que les loix nous per¬mettent, fi on nous fait vn effortde lcrepouffer auecques vn autre-effort, mais il feroit tuesbon pourobiùer à beaucoup de legieresquerelles de tenir vne telle règle,que le premier mutin, qui feroittrouue outrageant fon copagnon,

K iij

DV DEMOCRITIC. 64,

'plus fors. LE DEMOCRIT. Sii'ay dit quelque chofe en cela quifoit contre rafantafie, remets-enla faute fus toymefme,qui m'as co-trahit par ta réplique théologale,de faire ainfi du côtre-prefcheur,neâtmoins que ie ne veux pas me

' monftret-tant feuereEuangelifte,-que ie te confeille d'endurer desnazardes à toutes heurtes feruant-par ce moyen de fable "&-de paffe-tempsàvnchafcuns Non, Non:-le ne veux pas prendre la lettre fi-fort au pié leué que tu penfes,veu-mefmemet que les loix nous per¬mettent, fi on nous fait vn effortde lcrepouffer auecques vn autre-effort, mais il feroit tuesbon pourobiùer à beaucoup de legieresquerelles de tenir vne telle règle,que le premier mutin, qui feroittrouue outrageant fon copagnon,

K iij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 153: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAL0.

fuft reictté & banni de toute compagnie, en faifant parmefme mo¬yen autant à ceux qui le voudroiéthanter. Et fi cela n'eftoit fuffifantpour corriger vn tas d'autheursde querelles, il faudroit,& princi-palemét ou ils ne pourroiét prou-uerce qu'ils auroiét mis enauât,les punir publiquement pour fer-uir d'exemples aux autres . l e

c o s m o. le m'eftonne comme a-pres m'auoir tant loué cette dou¬ceur & pitié naturelle , & au con¬traire blafmé la cruauté que nousvfons enuers noftre femblable,maintenant tu dis eftre bô&ne-cefïâire d'en faire vn cruel fpecta-cle par la mort d'vn de noftre c-fpece. le democri. Encoreque ie t'aye approuué eftre quel¬quefois neceflaire de chaftiercesfols outrageux (feul vice entre les

PREMIER DIAL0.

fuft reictté & banni de toute compagnie, en faifant parmefme mo¬yen autant à ceux qui le voudroiéthanter. Et fi cela n'eftoit fuffifantpour corriger vn tas d'autheursde querelles, il faudroit,& princi-palemét ou ils ne pourroiét prou-uerce qu'ils auroiét mis enauât,les punir publiquement pour fer-uir d'exemples aux autres . l e

c o s m o. le m'eftonne comme a-pres m'auoir tant loué cette dou¬ceur & pitié naturelle , & au con¬traire blafmé la cruauté que nousvfons enuers noftre femblable,maintenant tu dis eftre bô&ne-cefïâire d'en faire vn cruel fpecta-cle par la mort d'vn de noftre c-fpece. le democri. Encoreque ie t'aye approuué eftre quel¬quefois neceflaire de chaftiercesfols outrageux (feul vice entre les

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 154: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 65autresle plus'digne d'eftre puny )pour cela n'enten-ie pas louer au¬cune .cruauté : veu mefmenientqu'vn tel confeil ne tend à autrefin qu'à nous coferuer tous en vnepaix Se amitié telle , que nous ladeuos tenir de nature, & auffi eft-iltout certain que de deux mauxneceflaires,il faut,s'ileft poflible,en euitant le plus grand eflire lemoindre.Car ne vaut- il pas mieuxque peu de ces fots outrageux meurét pour modérer la gloire outre-cuidée des autres , qu'vn nombreinfiny de braues & vaillans hom¬mes foient contrains d'en pafferle pas, feulement à l'appétit d'vnefotte opinion approuuée des ho¬mes? ik c O s M o.Ienefçacheaucun qui fcèut àbon droit blaf-

- mer ton confeil, veu qu'il ne tendqu'à bône fin, Si qu'il eft non feu-

K iiij

DV DEMOCRITIC. 65autresle plus'digne d'eftre puny )pour cela n'enten-ie pas louer au¬cune .cruauté : veu mefmenientqu'vn tel confeil ne tend à autrefin qu'à nous coferuer tous en vnepaix Se amitié telle , que nous ladeuos tenir de nature, & auffi eft-iltout certain que de deux mauxneceflaires,il faut,s'ileft poflible,en euitant le plus grand eflire lemoindre.Car ne vaut- il pas mieuxque peu de ces fots outrageux meurét pour modérer la gloire outre-cuidée des autres , qu'vn nombreinfiny de braues & vaillans hom¬mes foient contrains d'en pafferle pas, feulement à l'appétit d'vnefotte opinion approuuée des ho¬mes? ik c O s M o.Ienefçacheaucun qui fcèut àbon droit blaf-

- mer ton confeil, veu qu'il ne tendqu'à bône fin, Si qu'il eft non feu-

K iiij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 155: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

'dément fondé fus la loy de nature,-mais auffi fus la Diurne, neant--rnoins ie m'efmerueiile d'vn grâdnombrede ceux, que l'on appelle-bien appris & de bô efprit, qui en-vfent tout au contraire de la rat¬ion, ne tafchans de iour à autre,.qu'en fe geinâreux-méfmes,trou-uer inuécion de deftuyre leur fem-blable,non point tant à l'occafionde parolles ou quelques au très lé¬gères iniures, qui leur ayent eftcdites ou faittes , que pour vn de-fpit d'en voir d/autres quelque¬fois plus fauoris des biens de for¬tune, ou mieux venus enuers vng and Seigneur. qu'ils ne font.le d e m-o-c riti-c . Encoresque ie n'euffe point délibéré deiairefilôgfeiourenceheu, fieft-ceque tant pour ce que ie tevoydéfia prendre gouft en mes paroi-

PREMIER DIALO.

'dément fondé fus la loy de nature,-mais auffi fus la Diurne, neant--rnoins ie m'efmerueiile d'vn grâdnombrede ceux, que l'on appelle-bien appris & de bô efprit, qui en-vfent tout au contraire de la rat¬ion, ne tafchans de iour à autre,.qu'en fe geinâreux-méfmes,trou-uer inuécion de deftuyre leur fem-blable,non point tant à l'occafionde parolles ou quelques au très lé¬gères iniures, qui leur ayent eftcdites ou faittes , que pour vn de-fpit d'en voir d/autres quelque¬fois plus fauoris des biens de for¬tune, ou mieux venus enuers vng and Seigneur. qu'ils ne font.le d e m-o-c riti-c . Encoresque ie n'euffe point délibéré deiairefilôgfeiourenceheu, fieft-ceque tant pour ce que ie tevoydéfia prendre gouft en mes paroi-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 156: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

esma.

DV demo-crittc. '66

les, tant aufsi pour mettre en exé¬cution la promeffe que ie t'auoy'faitte aurparauant , ie fois cotentd'y demeurer tant qu'il te plaira,pour te déclarer par le menu ceque tu voudras entendre de moy,t'affeurant bien que l'enuic, félon

>que-tu as dit,eft de tout tems plusfus les riches que fus iespauures, J^"*.entëdu que la mifere peut demeu- enuie.

rer feule en ce monde fans enuie,par laquelle eft furuenuëvne qua¬lité innum érable de maux & incô.ueniens.I'en pourrois alléguer af-fez d'authoritez de Poètes , Ora¬teurs & autres efcriuainsH, mais iln'eft feulemét befoin que d'envoirles exemples ordinaires, commevne infinité de gens de bien & in-nocens , encourent par icelle vnemauuaife & fauffe renommée^Par,l' enuie on voit l'hôneur de la plus

esma.

DV demo-crittc. '66

les, tant aufsi pour mettre en exé¬cution la promeffe que ie t'auoy'faitte aurparauant , ie fois cotentd'y demeurer tant qu'il te plaira,pour te déclarer par le menu ceque tu voudras entendre de moy,t'affeurant bien que l'enuic, félon

>que-tu as dit,eft de tout tems plusfus les riches que fus iespauures, J^"*.entëdu que la mifere peut demeu- enuie.

rer feule en ce monde fans enuie,par laquelle eft furuenuëvne qua¬lité innum érable de maux & incô.ueniens.I'en pourrois alléguer af-fez d'authoritez de Poètes , Ora¬teurs & autres efcriuainsH, mais iln'eft feulemét befoin que d'envoirles exemples ordinaires, commevne infinité de gens de bien & in-nocens , encourent par icelle vnemauuaife & fauffe renommée^Par,l' enuie on voit l'hôneur de la plus

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 157: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

chafte Se pudique femme , eftrecorrompu & violé: par l'enuie onvoit le plus home de bié du mon¬de eftre eftimé le plus vicieux, leriche perdre non feulement fesbiés & deuenir pauure, mais quel¬quefois prendre fin auecques vnemort allez ignominieufe, le bondroit & équité, eftre du tout ren-uerfée: parl'enuieona veu autre¬fois, & voie-on encores, le Magi-ftrat eftre deietté hors de fon of¬fice , celuy qui a bien fait fon de-uoir eftre mal recompéfé pour enguerdonner ceux qui ne le méritéeaucunement. Donques tous faux& calomnieux rappors, trahifons,mefehancetez, & cauteleufès ma¬chinations de mort, vne infinitéd'actes cruels& inhumains:&breftoutes les plus grades mefehance¬tez du monde fonteaufées le plus

PREMIER DIALO.

chafte Se pudique femme , eftrecorrompu & violé: par l'enuie onvoit le plus home de bié du mon¬de eftre eftimé le plus vicieux, leriche perdre non feulement fesbiés & deuenir pauure, mais quel¬quefois prendre fin auecques vnemort allez ignominieufe, le bondroit & équité, eftre du tout ren-uerfée: parl'enuieona veu autre¬fois, & voie-on encores, le Magi-ftrat eftre deietté hors de fon of¬fice , celuy qui a bien fait fon de-uoir eftre mal recompéfé pour enguerdonner ceux qui ne le méritéeaucunement. Donques tous faux& calomnieux rappors, trahifons,mefehancetez, & cauteleufès ma¬chinations de mort, vne infinitéd'actes cruels& inhumains:&breftoutes les plus grades mefehance¬tez du monde fonteaufées le plus

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 158: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 6~J

fouuent par quelque langue en-uieufe. Et tant font auiourd'huyabufez les plus grans Seigneurs,qu'ils n'ont la plufpart du tempsautour de leurs perfonnes,que fla-teurs , aufquels ils fe laiffent dou¬cement tromper & deceuoir, parlouanges & applaudiffemens , &preftent volontiers l'oreille , fen-tant mefdire d'vn plus homme debien cent-fois"que ne font lesba-billars qui enrapporteut.Et pouracheuerla farce,toute cette gran¬de befte populaire s'ebrale après,à l'imitation des plus grâs,croianttout foudain aux plus volages &legieres parolles qu'elle entenddire contre labone renommée dequelcun , Se encores pour fe faired'auantage à croire qu'il eft vray,on met en auant qu'il n'y a pointde feu fans fumée . O trop perni-

DV DEMOCRITIC. 6~J

fouuent par quelque langue en-uieufe. Et tant font auiourd'huyabufez les plus grans Seigneurs,qu'ils n'ont la plufpart du tempsautour de leurs perfonnes,que fla-teurs , aufquels ils fe laiffent dou¬cement tromper & deceuoir, parlouanges & applaudiffemens , &preftent volontiers l'oreille , fen-tant mefdire d'vn plus homme debien cent-fois"que ne font lesba-billars qui enrapporteut.Et pouracheuerla farce,toute cette gran¬de befte populaire s'ebrale après,à l'imitation des plus grâs,croianttout foudain aux plus volages &legieres parolles qu'elle entenddire contre labone renommée dequelcun , Se encores pour fe faired'auantage à croire qu'il eft vray,on met en auant qu'il n'y a pointde feu fans fumée . O trop perni-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 159: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAL'O.

~cieufe & fotte perfuafion ] faut-ilque pour vne méfchante langueremplie du plus noir & dangereuxvenin, lareputation d'vn hommede bien, & totalement net-Sr pur,d'vn tel vice qui luy eft impofé,enfoit ainfi traitremct piquée &cor

., rompue ? Et puis me dites que laCorne il i / j> j lc ,. pjulgrand partie des hommes nene faut t b Vaduufter font pas rois & enragez de croirefoimray ainfi à la volée , &auecques vne fifort & grarK}e furie, à vn faux rapport,&brait co- S c r * j, deraire vnli mauuai-s uigemetdeBlettit» w (

l'autruy pour vn fimple bruit -quis'eftlcué de luy,femé par quelqueenuieux, fânsenauoir autre co-gnoifTance pins notoire Se plus certaine.Et certainement oiant ainfiniefdirefdequelcun,ce feroit alorsquei'enpenferoy pluftoftau con--traire de ce qu'on en diroit, entendu que tout-ainfique la fciéce n'a

PREMIER DIAL'O.

~cieufe & fotte perfuafion ] faut-ilque pour vne méfchante langueremplie du plus noir & dangereuxvenin, lareputation d'vn hommede bien, & totalement net-Sr pur,d'vn tel vice qui luy eft impofé,enfoit ainfi traitremct piquée &cor

., rompue ? Et puis me dites que laCorne il i / j> j lc ,. pjulgrand partie des hommes nene faut t b Vaduufter font pas rois & enragez de croirefoimray ainfi à la volée , &auecques vne fifort & grarK}e furie, à vn faux rapport,&brait co- S c r * j, deraire vnli mauuai-s uigemetdeBlettit» w (

l'autruy pour vn fimple bruit -quis'eftlcué de luy,femé par quelqueenuieux, fânsenauoir autre co-gnoifTance pins notoire Se plus certaine.Et certainement oiant ainfiniefdirefdequelcun,ce feroit alorsquei'enpenferoy pluftoftau con--traire de ce qu'on en diroit, entendu que tout-ainfique la fciéce n'a

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 160: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DT DEMOCRITIC. 6*8 :

point de plus grand ennemy que,l'ignorant , la richeffe que la pau-ureté,aufli l'homme de bon efpritou bien viuant , n'a volontiers à

l'encontre de foy. que cette vermi¬ne calomnieufement enuieufe &.ignorante,qui ne tafche qu'à mordre deffus luy , Se ronger quelquechofe de fa louable & vertueufe,reputatioiir. Toute-fois il ne faut,point tant nousamufcr. icy à don¬ner le blafme aux flateurs & enui¬eux, que nous en delaiffions ceux.qui les entretiennent Se nourriffient, à.leurs gages, lefquels eftansvne-fois perftiadez par eux qu'il y-a en leurs perfonnes des vertus &perfections, cent mille-fois plus,que ne contient la vetitédnconti-nents'eftimét eftre dignes du losSe gloire, qu'on leur donne. Maisie voudroy bien fçauoir que telles

DT DEMOCRITIC. 6*8 :

point de plus grand ennemy que,l'ignorant , la richeffe que la pau-ureté,aufli l'homme de bon efpritou bien viuant , n'a volontiers à

l'encontre de foy. que cette vermi¬ne calomnieufement enuieufe &.ignorante,qui ne tafche qu'à mordre deffus luy , Se ronger quelquechofe de fa louable & vertueufe,reputatioiir. Toute-fois il ne faut,point tant nousamufcr. icy à don¬ner le blafme aux flateurs & enui¬eux, que nous en delaiffions ceux.qui les entretiennent Se nourriffient, à.leurs gages, lefquels eftansvne-fois perftiadez par eux qu'il y-a en leurs perfonnes des vertus &perfections, cent mille-fois plus,que ne contient la vetitédnconti-nents'eftimét eftre dignes du losSe gloire, qu'on leur donne. Maisie voudroy bien fçauoir que telles

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 161: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAL0.

gens, aufquels on fait à croire fiaifémét eftre ce qu'il ne font pas,refpondroient, fi on les interro-geoit demefme, que Stilpon in¬terrogea vne-fois Théodore , lorsqu'il luy demâda s'il croioit eftretel qu'on lefaifoit: & après queThéodore luy eut donné à enten¬dre par lignes qu'ouy : Tu es don-ques Dieu (dit Stilpon) & dere¬chef l'autre s'y eftant côfenty parmines côme au-parauant, Stilponfe print à fous-rire luy répliquant:O grand fot que tues! par mefmefaifon tu te confeflerois eftre cor¬neille: voila la grade folie ou tom¬bent ceux qu'on trompe fi douce¬ment par flateries. Et s'iladuientd'auanture qu'aucun de ces fla-teurs leur donne à entendre qu'ilsne fe doiuét foumettre fi bas, quede fe faire compagnôs des autres

PREMIER DIAL0.

gens, aufquels on fait à croire fiaifémét eftre ce qu'il ne font pas,refpondroient, fi on les interro-geoit demefme, que Stilpon in¬terrogea vne-fois Théodore , lorsqu'il luy demâda s'il croioit eftretel qu'on lefaifoit: & après queThéodore luy eut donné à enten¬dre par lignes qu'ouy : Tu es don-ques Dieu (dit Stilpon) & dere¬chef l'autre s'y eftant côfenty parmines côme au-parauant, Stilponfe print à fous-rire luy répliquant:O grand fot que tues! par mefmefaifon tu te confeflerois eftre cor¬neille: voila la grade folie ou tom¬bent ceux qu'on trompe fi douce¬ment par flateries. Et s'iladuientd'auanture qu'aucun de ces fla-teurs leur donne à entendre qu'ilsne fe doiuét foumettre fi bas, quede fe faire compagnôs des autres

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 162: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV, DEMOCRITIC. 6?homes, à celle-fîn de ne déroger à

leurs dignitez & prééminencesqu'ils ont fus le peuple, leur met¬tant pareilfemét en auant les grasbiens & poffefsions, dont il fontdouez plus que les autres. Us n'auront pas pluftoft entendu tellespernicieufes remôftrances, qu'ilsne s'y confentent, changeant envne mefme heure, & d'opinion &de manière de viure, tellemctquepar cette nuë&couuerture,qu'onleur met deuant les yeux, ils fontempefchezde voir, &cognoiftreque tel auâtage ne procède pointde leur mérite , ains feulement dela fortune qui les a fait naiftrc,oudeuenir riche en dormât. Néant- tesrichefmoins,fans auoir la moindre eftin fis & pre

celle de telle c6fideration,ils s'en- ^"Lorgueillifent de telle forte qu'ils *eJw au

ne tiennent aucunemét conte des haxM.

DV, DEMOCRITIC. 6?homes, à celle-fîn de ne déroger à

leurs dignitez & prééminencesqu'ils ont fus le peuple, leur met¬tant pareilfemét en auant les grasbiens & poffefsions, dont il fontdouez plus que les autres. Us n'auront pas pluftoft entendu tellespernicieufes remôftrances, qu'ilsne s'y confentent, changeant envne mefme heure, & d'opinion &de manière de viure, tellemctquepar cette nuë&couuerture,qu'onleur met deuant les yeux, ils fontempefchezde voir, &cognoiftreque tel auâtage ne procède pointde leur mérite , ains feulement dela fortune qui les a fait naiftrc,oudeuenir riche en dormât. Néant- tesrichefmoins,fans auoir la moindre eftin fis & pre

celle de telle c6fideration,ils s'en- ^"Lorgueillifent de telle forte qu'ils *eJw au

ne tiennent aucunemét conte des haxM.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 163: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PRE MI ER D I AL'O.

autres hommes,comme fi la natu--re les auok formez d'vne autre pafte,& exprefïement produis, poureftre plus côblcz àe riclieffes queles autres. Mais qu'ils fe gardent,hardiment de rendre à vn termetrop hatif&furuenant à l'impour-ueu,>ce!a-qu#leura>efté prefté: par¬le hazard,& dont ils marchem tacfiers & fuperbes . Et à celle-fînqu'ils ne-s'y péfent pas moins fu-iets que les autres, defquels -les

niiferables exemples ( que ie tai-ray pour ne faire tort à leur pofte-rité) furuenus de noftre temps, &aîriuans encores de iour eniour,..les doynée rendre fages:outre cela .

qu'ils regarder les plus grans Rois&>Scigneurs, qui ont iamais efté, .

eoinela fortune s'efliouée d'euxne les ayant feulemét reduys à vneextrême mifere&pauureté;, mais

auffi

PRE MI ER D I AL'O.

autres hommes,comme fi la natu--re les auok formez d'vne autre pafte,& exprefïement produis, poureftre plus côblcz àe riclieffes queles autres. Mais qu'ils fe gardent,hardiment de rendre à vn termetrop hatif&furuenant à l'impour-ueu,>ce!a-qu#leura>efté prefté: par¬le hazard,& dont ils marchem tacfiers & fuperbes . Et à celle-fînqu'ils ne-s'y péfent pas moins fu-iets que les autres, defquels -les

niiferables exemples ( que ie tai-ray pour ne faire tort à leur pofte-rité) furuenus de noftre temps, &aîriuans encores de iour eniour,..les doynée rendre fages:outre cela .

qu'ils regarder les plus grans Rois&>Scigneurs, qui ont iamais efté, .

eoinela fortune s'efliouée d'euxne les ayant feulemét reduys à vneextrême mifere&pauureté;, mais

auffi

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 164: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 7O

aufsi à beaucoup d'entre-eux faitignominieusement perdre en vnemefme heure & la vie &les richeffes. De cela nous en voionsleshiftoires toutes pleines,& des ex¬

emples en arriuer tous les ioursdeuât nos yeux. Mais qui eft à tortaduis,l'occafion de leur defortune& incouenîent? le ne penfe pointqu'il y en ait d'autre que- le grandorgueil qui leur fait ainfi niefpri-fer , Se tenir tant peu de conte desautres homes, qui eft la chofe deDieu Se du monde,la plus haye Se

mal voulue. Confidereie te prie,de quelle manière de faire vfentpour le iourd'huy ceux qui fe fen-tent vn peu obéis pour leur bien:vous en verrez les Vns batre,& ou¬trager fans aucune occafion ceux-là qu'ils cognoiffent bien ne s'o-fet attacher à eux, au moins s'ils

L

DV DEMOCRITIC. 7O

aufsi à beaucoup d'entre-eux faitignominieusement perdre en vnemefme heure & la vie &les richeffes. De cela nous en voionsleshiftoires toutes pleines,& des ex¬

emples en arriuer tous les ioursdeuât nos yeux. Mais qui eft à tortaduis,l'occafion de leur defortune& incouenîent? le ne penfe pointqu'il y en ait d'autre que- le grandorgueil qui leur fait ainfi niefpri-fer , Se tenir tant peu de conte desautres homes, qui eft la chofe deDieu Se du monde,la plus haye Se

mal voulue. Confidereie te prie,de quelle manière de faire vfentpour le iourd'huy ceux qui fe fen-tent vn peu obéis pour leur bien:vous en verrez les Vns batre,& ou¬trager fans aucune occafion ceux-là qu'ils cognoiffent bien ne s'o-fet attacher à eux, au moins s'ils

L

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 165: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER D IAL O.

veulent auoir le bon de leur cofté:Les autres vfer de parolles piqua-tes,& fornettes iniurieufes , Se leplus fouuent aux perfonnes de bôefprit qui font contrains neant-moins de les endurer, encores deleur dire vn grand mercy au bout"du ïeu.Voila bien vfé de nobleffe.Et puis pour exeufer telles folies,par ce que volontiers les ieunes envfent, on dira que ce n'eft que gradeur de courage qui leur doue vnetelle audace, & promet en eux à

l'aducnir quelque chofe de bon:& fi ce font encores pais enfans,les parens leur permettront aifé-ment de fe nourrir en tel orgueil& outrecuydée prefompti5,& en¬cores pour les exeufer diront-ilsque ce n'eft qu'cfprit. O la gctillemanière de viure, & vertueux en¬

tretien de ieuueffe ! le ne fçay ou

PREMIER D IAL O.

veulent auoir le bon de leur cofté:Les autres vfer de parolles piqua-tes,& fornettes iniurieufes , Se leplus fouuent aux perfonnes de bôefprit qui font contrains neant-moins de les endurer, encores deleur dire vn grand mercy au bout"du ïeu.Voila bien vfé de nobleffe.Et puis pour exeufer telles folies,par ce que volontiers les ieunes envfent, on dira que ce n'eft que gradeur de courage qui leur doue vnetelle audace, & promet en eux à

l'aducnir quelque chofe de bon:& fi ce font encores pais enfans,les parens leur permettront aifé-ment de fe nourrir en tel orgueil& outrecuydée prefompti5,& en¬cores pour les exeufer diront-ilsque ce n'eft qu'cfprit. O la gctillemanière de viure, & vertueux en¬

tretien de ieuueffe ! le ne fçay ou

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 166: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 71

telle manière de beftes,dis-ie te-ftes euentées Se fans peruelle, onttroiuié la nobleffe procéder de vi- '

ce>, & J'effect dlc'elle confifter entelles teunelfes tanc foies 8i outra-geufes. le te veux bien icyaduer-tir de n'interpréter point tât mesparolles à la rigueur,ou à la volée,que tu medîes indiffercmmét vi¬tupérer les Gentils-hommes (veu Came ilque ie me fcroy tort àmoy-mei- «entend

me ) ou autres nobles grans Sei- "'"""' , * Y, , , <we ceux

gneursjcanen ente parlât de quel qaiiemeque cftatque ce foit, blafiner ou ritmi.moquer, finon les vicieux &lesfots. Mais pour retourner à monproposée nom de Noblefîè eft au-iourd'huy tant corrompu,qu'il nes'attribue le plusfouuent qu'auxriches Se braues d'habits , tât quede prime-face voyâtquelcun auecgrande fûyttede valets, ou eftanc

L ij

DV DEMOCRITIC. 71

telle manière de beftes,dis-ie te-ftes euentées Se fans peruelle, onttroiuié la nobleffe procéder de vi- '

ce>, & J'effect dlc'elle confifter entelles teunelfes tanc foies 8i outra-geufes. le te veux bien icyaduer-tir de n'interpréter point tât mesparolles à la rigueur,ou à la volée,que tu medîes indiffercmmét vi¬tupérer les Gentils-hommes (veu Came ilque ie me fcroy tort àmoy-mei- «entend

me ) ou autres nobles grans Sei- "'"""' , * Y, , , <we ceux

gneursjcanen ente parlât de quel qaiiemeque cftatque ce foit, blafiner ou ritmi.moquer, finon les vicieux &lesfots. Mais pour retourner à monproposée nom de Noblefîè eft au-iourd'huy tant corrompu,qu'il nes'attribue le plusfouuent qu'auxriches Se braues d'habits , tât quede prime-face voyâtquelcun auecgrande fûyttede valets, ou eftanc

L ij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 167: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER D H L O.

réparé de veftemens plus riches &precieux,quc le v«lgaire,inconti-nent eft iugé de tous grand Sei¬gneur & Gétil-home.Mais quoy!pour leur richeffe&brauerie, enîont-ilsde meilleur efprit ? Rienmoins: Et ie te di qu'il eft aufsiaifé de veftirvn afneou vne teftefoie, de Pourpre, de Velours, outoille d'or, comme il eft mal-aifé,voire impofsible à l'afne,-ou au fold'acheter la fcience &bon iuce-ment par deniers, le cosmo.le croibié qu'vn fol pour fesbiés,quoy qu'on luy face à croire du côtraire,ne detiiédrapas fage, maiscela empefche-il que beaucoupde perfonnes & grans Seigneursnefoient aufsi bien prouueuz dela doctrine corne les pauures?En-tendu incfmemët-que ce font ceuxqui ontles.gens bien condition-

PREMIER D H L O.

réparé de veftemens plus riches &precieux,quc le v«lgaire,inconti-nent eft iugé de tous grand Sei¬gneur & Gétil-home.Mais quoy!pour leur richeffe&brauerie, enîont-ilsde meilleur efprit ? Rienmoins: Et ie te di qu'il eft aufsiaifé de veftirvn afneou vne teftefoie, de Pourpre, de Velours, outoille d'or, comme il eft mal-aifé,voire impofsible à l'afne,-ou au fold'acheter la fcience &bon iuce-ment par deniers, le cosmo.le croibié qu'vn fol pour fesbiés,quoy qu'on luy face à croire du côtraire,ne detiiédrapas fage, maiscela empefche-il que beaucoupde perfonnes & grans Seigneursnefoient aufsi bien prouueuz dela doctrine corne les pauures?En-tendu incfmemët-que ce font ceuxqui ontles.gens bien condition-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 168: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DE MO C R'if IC. 73;

nez, doctes & fçauansàleurga-ges,pour înftruyre leurs e'nfans enmeurs vertueufes,& cognoiffatice-de bonnes lettres,& ainfi il eft biédifficile, ayant pris vn tant bo plydeieurieuneaagerqu'apres ilsfepu'uTent aucunement deftourneroii corrompre, qui eft vne chofe( ce me fomble) que tu as afîez le-gierement paffée en* leur accnfa-tion. le démo. Tefuftrfe queiet'aydicvne propofition vraye,& contre laquelle tu ne fçaurois-dire chofe qui ne tourne à tô pré¬judice, ainfi que tuas fait tout à

cette heurè,m'ayât obiecté vn ar-gumct que tu verras du tout eftreà l'encontre de toy, & n'efto-it depeur que i'auroydenie monftreraffecté aux règles de ces maiftresaux arts,ie te côfonderoy tout tonajgumêt,c5me n'eftant point fait

L iij

DV DE MO C R'if IC. 73;

nez, doctes & fçauansàleurga-ges,pour înftruyre leurs e'nfans enmeurs vertueufes,& cognoiffatice-de bonnes lettres,& ainfi il eft biédifficile, ayant pris vn tant bo plydeieurieuneaagerqu'apres ilsfepu'uTent aucunement deftourneroii corrompre, qui eft vne chofe( ce me fomble) que tu as afîez le-gierement paffée en* leur accnfa-tion. le démo. Tefuftrfe queiet'aydicvne propofition vraye,& contre laquelle tu ne fçaurois-dire chofe qui ne tourne à tô pré¬judice, ainfi que tuas fait tout à

cette heurè,m'ayât obiecté vn ar-gumct que tu verras du tout eftreà l'encontre de toy, & n'efto-it depeur que i'auroydenie monftreraffecté aux règles de ces maiftresaux arts,ie te côfonderoy tout tonajgumêt,c5me n'eftant point fait

L iij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 169: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALOc

cn manière , ny en figure . Maispour laiffer telles difputes à cescriars,& iappeurs Ariftoteliques,ie te monftrerai par vn meilleurnioyé ce que tu m'as répliqué n'e-ftre aucunement contraire à mesparolles, ainçois pluftoft à ce quetu penfes. Et qu'il foit vray , ie teconfefleray bien qu'il eft mal aifé,&prefqueimpoffible de changerl'inftructiô,eiï laquelle nous fouî¬mes nourris dés noftre enfance:&tout ainfi que le vaiffeau neuf&récent , retient prefque toufioursle fentiment des odeurs , dont il aeftépremieremëtrernply,ainfi lesbonesou mefehantes conditionsqu'on nous apprend dés noftreaage encores tédre Se délicate,de¬meurer quafi à iamais enracinéesfans leur pouuoir plus dorenauantfaire perdre pié en noftre efprit,

PREMIER DIALOc

cn manière , ny en figure . Maispour laiffer telles difputes à cescriars,& iappeurs Ariftoteliques,ie te monftrerai par vn meilleurnioyé ce que tu m'as répliqué n'e-ftre aucunement contraire à mesparolles, ainçois pluftoft à ce quetu penfes. Et qu'il foit vray , ie teconfefleray bien qu'il eft mal aifé,&prefqueimpoffible de changerl'inftructiô,eiï laquelle nous fouî¬mes nourris dés noftre enfance:&tout ainfi que le vaiffeau neuf&récent , retient prefque toufioursle fentiment des odeurs , dont il aeftépremieremëtrernply,ainfi lesbonesou mefehantes conditionsqu'on nous apprend dés noftreaage encores tédre Se délicate,de¬meurer quafi à iamais enracinéesfans leur pouuoir plus dorenauantfaire perdre pié en noftre efprit,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 170: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. -JJ

ce que nous voyons ordinairemëtpratiqué entiers les plus riches.Car pour cette grande liberté quileur eft ( ainfi que ie t'ay dit) o-ctroyée,& permife de leurs parés,ils s'abandonentà faire toutes jcesinconftantes îeuneffes, & preridrevue telle audace à l'ëdroit de ceuxlefquels pour eftre moins fauori-fez des biens de fortune leur doi-uentobéilTance , de forte qu'ils nefentét rien moins qu'vn efprit bé¬nin Se naturel , chofe la plus loua¬ble Se recomendée que nul autre,Se principalemét enuers les gratisSeigneurs,. Et bien que ce que tum'as dit de l'entretien de leur ieu-neffe femble côtraire à ma propo-fition, fi eft-ce qu'il ne l'oppugneen rien: car encores qu'ils foyencgouuernez par les mieux appris Se

plus doctes, fi en font-ils moins,L iiij

DV DEMOCRITIC. -JJ

ce que nous voyons ordinairemëtpratiqué entiers les plus riches.Car pour cette grande liberté quileur eft ( ainfi que ie t'ay dit) o-ctroyée,& permife de leurs parés,ils s'abandonentà faire toutes jcesinconftantes îeuneffes, & preridrevue telle audace à l'ëdroit de ceuxlefquels pour eftre moins fauori-fez des biens de fortune leur doi-uentobéilTance , de forte qu'ils nefentét rien moins qu'vn efprit bé¬nin Se naturel , chofe la plus loua¬ble Se recomendée que nul autre,Se principalemét enuers les gratisSeigneurs,. Et bien que ce que tum'as dit de l'entretien de leur ieu-neffe femble côtraire à ma propo-fition, fi eft-ce qu'il ne l'oppugneen rien: car encores qu'ils foyencgouuernez par les mieux appris Se

plus doctes, fi en font-ils moins,L iiij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 171: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

voite plus-mal édifiez, que s'ilsn'auoient pour leur côduitte, queles plus gros lourdaux & les plus.ignares du monde, entendu queCette auarice Se fiaterie, font tantr.eceuës enuets vn chacû.que ceuxqui en deuroient eftre les moinspoilus, en font les plus entachez,,çome font ordinairement les gouuerneurs de telles gens . Veu-quepartie regardant plus à leur parti¬culier profit qu'à l'a bonne inftru-ction des enfans qu'ils ont entreleurs mains, partie aufsi pour leurç'omplaire,les flatâs mefmç & mi-gnardas en leurs fautes & erreurs,ils les iaifTeut ainfi le plus fouuenccroiftre Se le nourrir en leurs pre¬mières & ieunes apprehenfions.Et puis fi d'auanture il fe trouueaprès quelqu'vn lequel aiant plu-ftoft égard à l'hônefteté &au bien

PREMIER DIALO.

voite plus-mal édifiez, que s'ilsn'auoient pour leur côduitte, queles plus gros lourdaux & les plus.ignares du monde, entendu queCette auarice Se fiaterie, font tantr.eceuës enuets vn chacû.que ceuxqui en deuroient eftre les moinspoilus, en font les plus entachez,,çome font ordinairement les gouuerneurs de telles gens . Veu-quepartie regardant plus à leur parti¬culier profit qu'à l'a bonne inftru-ction des enfans qu'ils ont entreleurs mains, partie aufsi pour leurç'omplaire,les flatâs mefmç & mi-gnardas en leurs fautes & erreurs,ils les iaifTeut ainfi le plus fouuenccroiftre Se le nourrir en leurs pre¬mières & ieunes apprehenfions.Et puis fi d'auanture il fe trouueaprès quelqu'vn lequel aiant plu-ftoft égard à l'hônefteté &au bien

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 172: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 74

public , qu'à cette fourde flaterie,vueille reprëdteles actes qu'ils comettent comme eftant mal-feans& à leur perfonne & à leur digni¬té , incontinent il fera poufléauloin Se mis hors de Cour , commevn prefomptueux & vnhôme in-dlfcret qui craint peu, d'offcnfèrles oreilles délicates, tellemët qu'ilferoit auiourd'huyde befoin qu'vnautre Pericles Ariftophanien re-tournaft des Enfers pour ad'monefier de-rechef qu'il ne faut pointnourrir vn Lion en vne ville, d onne fë délibère après qu'il y a efténourri, de luy porter obeïffance.le c o s m o . S'il eft ainfi que tudis , la faute n'en doit point eftreimputée aux Seigneurs, comme àceux qui abufent ainfi de leur de-uoir, pour ne leur remonftrer telsvices Se folies. L K D E M o. Tous

DV DEMOCRITIC. 74

public , qu'à cette fourde flaterie,vueille reprëdteles actes qu'ils comettent comme eftant mal-feans& à leur perfonne & à leur digni¬té , incontinent il fera poufléauloin Se mis hors de Cour , commevn prefomptueux & vnhôme in-dlfcret qui craint peu, d'offcnfèrles oreilles délicates, tellemët qu'ilferoit auiourd'huyde befoin qu'vnautre Pericles Ariftophanien re-tournaft des Enfers pour ad'monefier de-rechef qu'il ne faut pointnourrir vn Lion en vne ville, d onne fë délibère après qu'il y a efténourri, de luy porter obeïffance.le c o s m o . S'il eft ainfi que tudis , la faute n'en doit point eftreimputée aux Seigneurs, comme àceux qui abufent ainfi de leur de-uoir, pour ne leur remonftrer telsvices Se folies. L K D E M o. Tous

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 173: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIA.LO.

deux faillent grandetnét,niais en¬cores d'auantage ainfi que tu as

dit, ceux qui n'accompliffent pasla charge à laquelle ils font tenus.Mais ie te prie ne mets point de,s'il eft ainfi, car il n'eft rien plusvrai que l'Euâgile.N'as-tu iamaisouy dire que pour bien faire fonprofit à la Cour des Rois , & mai-fons des gratis Seigneurs, il eft ne-ceffaire de côplaire à fon maiftre,&s'ac6moderà fes compîexions?Ce qui n'eft que tropbié exécutéàl'endroit de ces braues gouuer-neurs & pédagogues . Mais pourbiévferdeceftedilîimulatioCourtifanne, il faut entendre Se mettreen cffetjles trois règles qu'en doueIoachim du Bcllai Angcuin ( l'vncerres des plus doctes Se mieux é-criuans en noftre poëfie Françoi-fe) difant en fon difeours de vertu

PREMIER DIA.LO.

deux faillent grandetnét,niais en¬cores d'auantage ainfi que tu as

dit, ceux qui n'accompliffent pasla charge à laquelle ils font tenus.Mais ie te prie ne mets point de,s'il eft ainfi, car il n'eft rien plusvrai que l'Euâgile.N'as-tu iamaisouy dire que pour bien faire fonprofit à la Cour des Rois , & mai-fons des gratis Seigneurs, il eft ne-ceffaire de côplaire à fon maiftre,&s'ac6moderà fes compîexions?Ce qui n'eft que tropbié exécutéàl'endroit de ces braues gouuer-neurs & pédagogues . Mais pourbiévferdeceftedilîimulatioCourtifanne, il faut entendre Se mettreen cffetjles trois règles qu'en doueIoachim du Bcllai Angcuin ( l'vncerres des plus doctes Se mieux é-criuans en noftre poëfie Françoi-fe) difant en fon difeours de vertu

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 174: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 75

dédié à Macrin , que le vray moyé goffice

d'acquérir la faueur au feruice des du Com-

plus gratis Seigneurs, c'eft d'eftre «'/«»^ytueugle, muet eyfiurd:

Veu que l'home qui eft à la fuyttede tels perfonnages doit faire lefemblat de n'apperceuoir ce qu'ilvoit faire ordinairement deuantfêsycux, de ne pouuoir parler ourefpondre de ce qu'il entend lemieux,& à cela ou il pourroitforcbien repliquer,de n'ouyr point lesfots propos Se enuieux rapports,qui fe font pour le iourd'huy entels endroits: & brefpour rendrecela plus hôneftemét & en moinsde parollesjil n'eft befoin que d'e¬ftre feulement bon traiftre . L sc o s m o p h 1 1 e . Ceux qui en v-fent ainfi font volontiers gens quiveulent faire des fots tout de gré,ou bien vn us de vilains & meca-

DV DEMOCRITIC. 75

dédié à Macrin , que le vray moyé goffice

d'acquérir la faueur au feruice des du Com-

plus gratis Seigneurs, c'eft d'eftre «'/«»^ytueugle, muet eyfiurd:

Veu que l'home qui eft à la fuyttede tels perfonnages doit faire lefemblat de n'apperceuoir ce qu'ilvoit faire ordinairement deuantfêsycux, de ne pouuoir parler ourefpondre de ce qu'il entend lemieux,& à cela ou il pourroitforcbien repliquer,de n'ouyr point lesfots propos Se enuieux rapports,qui fe font pour le iourd'huy entels endroits: & brefpour rendrecela plus hôneftemét & en moinsde parollesjil n'eft befoin que d'e¬ftre feulement bon traiftre . L sc o s m o p h 1 1 e . Ceux qui en v-fent ainfi font volontiers gens quiveulent faire des fots tout de gré,ou bien vn us de vilains & meca-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 175: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

. " PREMIER' DIA10*.-

niques , qui n'ont autre Dieu que1

l'auarice.netachansàautre chofequ'à faire leur profit, nô point tâtpar vne bonne & équitable, quepar vne méchante & initifté voie,Se non pas les hommes de bon e-forit aufqtiels il feroit trop plus a-greable de mourir, que d'abuferainfi, Se faire tout au contraire deleur fçauoir &dela raifon. led e m o.Ie ne fçay ou -eu prés ainfiles perfonnes de fi bon efprit 'k tatvertueux,qire tu les feins de paroile,&: Ci iecroy que ce font pluftoftIdées & imaginations d'hommesparfaits,qu'autre chofe véritable:tout ainfi que Ci-cerô voulat défi¬nir vnOracetir,ailaimagner(ainfiqu'il auoic debone coutume) vneperfection qui eft impoffible eni'homme,difatit,Or<«ror eft vir bonus,

<y dicendiperitns,que nous pouuôs-

. " PREMIER' DIA10*.-

niques , qui n'ont autre Dieu que1

l'auarice.netachansàautre chofequ'à faire leur profit, nô point tâtpar vne bonne & équitable, quepar vne méchante & initifté voie,Se non pas les hommes de bon e-forit aufqtiels il feroit trop plus a-greable de mourir, que d'abuferainfi, Se faire tout au contraire deleur fçauoir &dela raifon. led e m o.Ie ne fçay ou -eu prés ainfiles perfonnes de fi bon efprit 'k tatvertueux,qire tu les feins de paroile,&: Ci iecroy que ce font pluftoftIdées & imaginations d'hommesparfaits,qu'autre chofe véritable:tout ainfi que Ci-cerô voulat défi¬nir vnOracetir,ailaimagner(ainfiqu'il auoic debone coutume) vneperfection qui eft impoffible eni'homme,difatit,Or<«ror eft vir bonus,

<y dicendiperitns,que nous pouuôs-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 176: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D"V D E MOCRITIC* 76ainfi rendre en François, Vn ora¬teur c'efl vn homme de bien, &qui fçait fort bien dire. le ne fçay Le nobre

ou il s'en pourra trouuervn tant «"g"»parfait, auquel on puyffe feule- e ""'ment attribuer ( fi ce n'eftoit d'a-uenture quelque bon Se honneftcmary) la première partie de cettedefinition,t'en prendrai à tefmoinnoftre non moins docte,que face-rieusRabelais,difant en ces mots,Gens de bien,. Dieu vous fa-uue&gard , ou eftes vous, ie ne vouspeus voir. Et puis allez m'en trouuer qui aimeraient miens mou¬rir. Vraiement c'eft bien répliquéàtoy&de bonne grâce ;. Mourir"de par le Diable! on ne meurt pasainfi corne tu péfes.Mais ou m'enpc(cherez.T-vous vn de ces bons e*fprits & tât hômede bien, qui de-fire pluûoft la mort que fon pro-

D"V D E MOCRITIC* 76ainfi rendre en François, Vn ora¬teur c'efl vn homme de bien, &qui fçait fort bien dire. le ne fçay Le nobre

ou il s'en pourra trouuervn tant «"g"»parfait, auquel on puyffe feule- e ""'ment attribuer ( fi ce n'eftoit d'a-uenture quelque bon Se honneftcmary) la première partie de cettedefinition,t'en prendrai à tefmoinnoftre non moins docte,que face-rieusRabelais,difant en ces mots,Gens de bien,. Dieu vous fa-uue&gard , ou eftes vous, ie ne vouspeus voir. Et puis allez m'en trouuer qui aimeraient miens mou¬rir. Vraiement c'eft bien répliquéàtoy&de bonne grâce ;. Mourir"de par le Diable! on ne meurt pasainfi corne tu péfes.Mais ou m'enpc(cherez.T-vous vn de ces bons e*fprits & tât hômede bien, qui de-fire pluûoft la mort que fon pro-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 177: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

fit, il y a log temps que la mère eneft morte.Ie me donne tout grilléau plus-friâd de carbonnades desvalets de garde-robe de Proferpi-ne, cela eftant aduenu,fi ie ne de-liberoy bié toft de ma cofcience.Et quoy!voudroit-on voir vn plusgrand prefage pour la fin du mon¬de que cettuy-là? Et que feroit-cevertu-Dieu,chacunvoudroit monrirpourla parolle . Monamyàceque ie voy tu es bien loing de ronconte , car il en va tout au côtrai-re de ce que tu en as dit, veu qu'ils'en trouue vne infinité qui ne craigneh-t point la mort corporelle,nyla perdition de leur pauure amepouf eftre vn petit honneftementlarrons, faifants leur propre de cequi ne leur appartient en rien, &cela n'eft (difent-ils)qu'vne vertuSe fubtilké de bons efpris. 11 fuffit

PREMIER DIALO.

fit, il y a log temps que la mère eneft morte.Ie me donne tout grilléau plus-friâd de carbonnades desvalets de garde-robe de Proferpi-ne, cela eftant aduenu,fi ie ne de-liberoy bié toft de ma cofcience.Et quoy!voudroit-on voir vn plusgrand prefage pour la fin du mon¬de que cettuy-là? Et que feroit-cevertu-Dieu,chacunvoudroit monrirpourla parolle . Monamyàceque ie voy tu es bien loing de ronconte , car il en va tout au côtrai-re de ce que tu en as dit, veu qu'ils'en trouue vne infinité qui ne craigneh-t point la mort corporelle,nyla perdition de leur pauure amepouf eftre vn petit honneftementlarrons, faifants leur propre de cequi ne leur appartient en rien, &cela n'eft (difent-ils)qu'vne vertuSe fubtilké de bons efpris. 11 fuffit

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 178: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 77

tant feulement fans eftre tant ho¬me de bien , d'auoir vne boue mi¬ne & vertu au vifage &en lal.in-gue,encores eft-cebeaucoup:Caril n'eft pas permis à vn chacun dediffimuler fa grâce, -& faire bonnemorgue aux plus hauts & hono¬rables lieux,& eftre appelle Mon-fieur . Et pcnfes-tu que fi i'eftoyquelque grand Seigneur, que l'onne me fift pas d'auantage de reue-rences ? Que l'on ne trouuaft pasmeilleurs tous mes propos , enco¬res que ie ne diffe rien qui vaille?Que l'on ne s'acordaft pas à moyen toutes mes opinions & fanta-fies?Et s'iladuenoit que ie youfif-fe approuuer le gouft d'vn vin co¬rne bon, encores qu'il fuft poufié,ou de quelque viande gaftée,comme excellenre,que l'on ne dift pasaprès moy, ô le bon vin! Môfieur,

DV DEMOCRITIC. 77

tant feulement fans eftre tant ho¬me de bien , d'auoir vne boue mi¬ne & vertu au vifage &en lal.in-gue,encores eft-cebeaucoup:Caril n'eft pas permis à vn chacun dediffimuler fa grâce, -& faire bonnemorgue aux plus hauts & hono¬rables lieux,& eftre appelle Mon-fieur . Et pcnfes-tu que fi i'eftoyquelque grand Seigneur, que l'onne me fift pas d'auantage de reue-rences ? Que l'on ne trouuaft pasmeilleurs tous mes propos , enco¬res que ie ne diffe rien qui vaille?Que l'on ne s'acordaft pas à moyen toutes mes opinions & fanta-fies?Et s'iladuenoit que ie youfif-fe approuuer le gouft d'vn vin co¬rne bon, encores qu'il fuft poufié,ou de quelque viande gaftée,comme excellenre,que l'on ne dift pasaprès moy, ô le bon vin! Môfieur,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 179: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAL0.

5 la gentille viandeîBrefquand ieferois l'homme le plus imparfait,moyennât que i'abonde en richeffes,n'eft il pas certain que ie feraypluftoft eftimé vertueux,que ceuxlefquels contens de ce qui leur eftneceffaire pour la vie,n'ont autrebut propoféquela vertuPVoilacôment les bôs efpris d'auiourd'huyfçauent flater les oreilles, Se s'ac-cômoder aux parolles de leur maiftre, Se non pas mourir corne tu difois. Au Diable l'vn queieviia-mais mourir pour s'opiniatrer côtrefonprofit;ie te prienemourosdonq' point pour cette occafion,car le temps n'eft plus de fe fairebruiier àcredit:ofte hardimét cet¬te lourde Lntafie de ta tefte d'eftimer que l'on foit fi propt de mou¬rir ainfi fans confeffion.L e c o s-m o p h i. Si eft-ce que s'ils ne le

font

PREMIER DIAL0.

5 la gentille viandeîBrefquand ieferois l'homme le plus imparfait,moyennât que i'abonde en richeffes,n'eft il pas certain que ie feraypluftoft eftimé vertueux,que ceuxlefquels contens de ce qui leur eftneceffaire pour la vie,n'ont autrebut propoféquela vertuPVoilacôment les bôs efpris d'auiourd'huyfçauent flater les oreilles, Se s'ac-cômoder aux parolles de leur maiftre, Se non pas mourir corne tu difois. Au Diable l'vn queieviia-mais mourir pour s'opiniatrer côtrefonprofit;ie te prienemourosdonq' point pour cette occafion,car le temps n'eft plus de fe fairebruiier àcredit:ofte hardimét cet¬te lourde Lntafie de ta tefte d'eftimer que l'on foit fi propt de mou¬rir ainfi fans confeffion.L e c o s-m o p h i. Si eft-ce que s'ils ne le

font

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 180: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV "D E MO C R ITIC. 78"font côme ie difoi , pour le moinsils le deuroyét faire, l e d e m -o-ç.r i t i-c-Ç'eft bien pour le plus,auffi: Encores. m'y entendroi-ied'auentage de dire qu'ils le de*-

uroyent fairc,mais fai ton conte,que Ce ne fera pas pour cette an¬née que les hommes changerontde fantafies, car elles font trop a-uant engrauécs dedans leurs terfies, à quatre cornes». l.e. c o»s-M o. Iecroi que tune te contente,pas d'auoir feulement blâmé les.Courtifans, mais il femble que fe.crettement tuvueillei taxer ceus'par le confeil defquels, non pointfeulement eftgouuernée & régie,toute la. police humaine , maisajufïi ladiuine.LE. bemo-CRI.le ne fçaioutu-as trouue que tel--les gens foyét plus cornus ou plusDiables que les autres : quant,eft

M-

DV "D E MO C R ITIC. 78"font côme ie difoi , pour le moinsils le deuroyét faire, l e d e m -o-ç.r i t i-c-Ç'eft bien pour le plus,auffi: Encores. m'y entendroi-ied'auentage de dire qu'ils le de*-

uroyent fairc,mais fai ton conte,que Ce ne fera pas pour cette an¬née que les hommes changerontde fantafies, car elles font trop a-uant engrauécs dedans leurs terfies, à quatre cornes». l.e. c o»s-M o. Iecroi que tune te contente,pas d'auoir feulement blâmé les.Courtifans, mais il femble que fe.crettement tuvueillei taxer ceus'par le confeil defquels, non pointfeulement eftgouuernée & régie,toute la. police humaine , maisajufïi ladiuine.LE. bemo-CRI.le ne fçaioutu-as trouue que tel--les gens foyét plus cornus ou plusDiables que les autres : quant,eft

M-© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 181: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAL0.

de moy ie n'y mets prefque diffe-réce aucune, & fi ie t'affeure bienque ie n'entendoy aucunementparler de ceus que tu dis. Neant-moins par ce que tu m'en as faitfouuenir,ie t'en dirai ma fantafie,non point de ceus qui fe mélét dela police diuine , veu que ce n'eftà moy d'entreprendre à dechifrertelles befongnes , voulât me gou-uerner en ceft endroit félon lad- '

uertiffement de nos Latins: Quamquifiqtie norit artem mhacfie exerceati

chacun s'exerce en l'art dont il ala cognoiffance : car i'auroy peur,entendu que ce n'eft ma vacationde dogmatizer , de m'y fonder fiauât que ie ne m'en peuffe aptesretirer , Se pour-autant ie m'endemettray pour cette heure, tou-tesfois que ie t'en pourray bié di¬re quelque chofe à la trauerfe de-

PREMIER DIAL0.

de moy ie n'y mets prefque diffe-réce aucune, & fi ie t'affeure bienque ie n'entendoy aucunementparler de ceus que tu dis. Neant-moins par ce que tu m'en as faitfouuenir,ie t'en dirai ma fantafie,non point de ceus qui fe mélét dela police diuine , veu que ce n'eftà moy d'entreprendre à dechifrertelles befongnes , voulât me gou-uerner en ceft endroit félon lad- '

uertiffement de nos Latins: Quamquifiqtie norit artem mhacfie exerceati

chacun s'exerce en l'art dont il ala cognoiffance : car i'auroy peur,entendu que ce n'eft ma vacationde dogmatizer , de m'y fonder fiauât que ie ne m'en peuffe aptesretirer , Se pour-autant ie m'endemettray pour cette heure, tou-tesfois que ie t'en pourray bié di¬re quelque chofe à la trauerfe de-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 182: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. "JÇ

uant que la compagnie fedepar-te.L e c o s m o.Êt bien ie fuis co¬tent de ne t'en importuner pointd'auâtage pour cette heure,moy-ennant que ru me donnes à co-gnoiftre les folies & abus des au¬tres, le democ. Tulesfçau-ras tout maintenant : quand tu asparlé de ccuxqui ont en leur mainla police humaine, n'entens-tupas des aduoeas, procureurs, Se

autres tels perfonnages fe mélansde la pratique? le cosmoph.Se mêlent dequoy ils voudront,cem'eft tout vn, tant y a que c'en:d'eus mefmes que i'entëdoy par¬ler, le démo. Pour auoir p'ar-faittemét lacognoiflance de quelque matière que ce foit, il faucpremièrement commencer par fadéfinition, à celle-fin que l'on co-gnoiffe par cela quelle eft la cho-

M ij

DV DEMOCRITIC. "JÇ

uant que la compagnie fedepar-te.L e c o s m o.Êt bien ie fuis co¬tent de ne t'en importuner pointd'auâtage pour cette heure,moy-ennant que ru me donnes à co-gnoiftre les folies & abus des au¬tres, le democ. Tulesfçau-ras tout maintenant : quand tu asparlé de ccuxqui ont en leur mainla police humaine, n'entens-tupas des aduoeas, procureurs, Se

autres tels perfonnages fe mélansde la pratique? le cosmoph.Se mêlent dequoy ils voudront,cem'eft tout vn, tant y a que c'en:d'eus mefmes que i'entëdoy par¬ler, le démo. Pour auoir p'ar-faittemét lacognoiflance de quelque matière que ce foit, il faucpremièrement commencer par fadéfinition, à celle-fin que l'on co-gnoiffe par cela quelle eft la cho-

M ij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 183: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO".

fe que l'on entreprend de traitter:Et pour-ce ie te veus bien définirque c'eft que pratique. Pratiquedonque-s- n'eft autre chofe qu'vn

£c'eft fubtil moyen de ioindre le bienque fra- <paut:ruy auecques le fien : Si note*>1»e> , ,. J ' i i i

hardiment ces mots , de loinirelebien d'autruy,C3iïCi vn profit ne viécque-potir bien faire valoir le fien,ce n'eft point vraye ptatique,co~bis que quelques-vns abufans duternie appellent vn bon &proui-dent ménager grand praticienmais il eft bié mieus receu & pouryn plus naturel Se élégant Fran¬çois d'en vfer pour auoir gai^néde l'autrtiy , comme il a bienfeeupratiquer cela de luy -, c'eft à dire,qu'il l'a tât amadoué de belles pa-roiles & tant fait par fes menéesqu'il en a eu & emporté telle chofi. Et pratiquer, aucun (manière

PREMIER DIALO".

fe que l'on entreprend de traitter:Et pour-ce ie te veus bien définirque c'eft que pratique. Pratiquedonque-s- n'eft autre chofe qu'vn

£c'eft fubtil moyen de ioindre le bienque fra- <paut:ruy auecques le fien : Si note*>1»e> , ,. J ' i i i

hardiment ces mots , de loinirelebien d'autruy,C3iïCi vn profit ne viécque-potir bien faire valoir le fien,ce n'eft point vraye ptatique,co~bis que quelques-vns abufans duternie appellent vn bon &proui-dent ménager grand praticienmais il eft bié mieus receu & pouryn plus naturel Se élégant Fran¬çois d'en vfer pour auoir gai^néde l'autrtiy , comme il a bienfeeupratiquer cela de luy -, c'eft à dire,qu'il l'a tât amadoué de belles pa-roiles & tant fait par fes menéesqu'il en a eu & emporté telle chofi. Et pratiquer, aucun (manière

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 184: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

'DVOEMOCRITIC. 80de. parler deriuée des Italiens)n'eft autre chofe-que-par longueSe aflïdue fréquentation gaignerfafaueur& bonne grâce, à celle-finqu'gl'auenir onenpuiffe tirerquelque profit, l e c -o s m o p.le croy que -cette définition eftfduftoft faitteà plaifir que félona vérité , veU rnefme que ce'niot

de pratique n'eft point feulementparticulier à l'eftax-des aduocas*mais aulïî gênerai à toutes les aiintrès fcienccs defquelles chacune afa théorique Si pratique: Et. lathéorique confifte feulement enla cognoiffance de l'art, la prati¬que en l'effet : donques pratique,fe pourroit mieus définir experiç-jcèdes arts, le d e m o. 11 fenibleque tu ayes quelquefois étudié enl'art d'argumenter, mais(àcelle-fin quei'vfede noftre terme) tu

M îij

'DVOEMOCRITIC. 80de. parler deriuée des Italiens)n'eft autre chofe-que-par longueSe aflïdue fréquentation gaignerfafaueur& bonne grâce, à celle-finqu'gl'auenir onenpuiffe tirerquelque profit, l e c -o s m o p.le croy que -cette définition eftfduftoft faitteà plaifir que félona vérité , veU rnefme que ce'niot

de pratique n'eft point feulementparticulier à l'eftax-des aduocas*mais aulïî gênerai à toutes les aiintrès fcienccs defquelles chacune afa théorique Si pratique: Et. lathéorique confifte feulement enla cognoiffance de l'art, la prati¬que en l'effet : donques pratique,fe pourroit mieus définir experiç-jcèdes arts, le d e m o. 11 fenibleque tu ayes quelquefois étudié enl'art d'argumenter, mais(àcelle-fin quei'vfede noftre terme) tu

M îij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 185: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAL0.

le pratiques afTez mal: car pourdonner la définition d'vne efpecefînguliere , qu'eft-il befoin d'endéfinir le genre? ni pour faire co-gnoiftrevne partie d'en expliquerle total?Puis donq'que ie n'ai au¬tre chofe à te déclarer que la pra¬tique des aduocats,pourquoy iraiie ici amener toutes les pratiquesdes autres fciences particulière¬ment ou en gênerai? ce feroit vnechofe trop longue, Se véritable¬ment fuperflue. lime fuffitdetedonner feulement à cognoiftrequelle eft lavraye fignificatiôdepratique. Donques pour mieusCô prendre ce que nous en auionsdit,Pratique,eft vn fubti! moyen,&c. Se qui voudroit voir ie vouspri vn plus fubtïl moyen que de fefaire carefîër & fuplier pour dérober honneftemcnt le bien d'au-

PREMIER DIAL0.

le pratiques afTez mal: car pourdonner la définition d'vne efpecefînguliere , qu'eft-il befoin d'endéfinir le genre? ni pour faire co-gnoiftrevne partie d'en expliquerle total?Puis donq'que ie n'ai au¬tre chofe à te déclarer que la pra¬tique des aduocats,pourquoy iraiie ici amener toutes les pratiquesdes autres fciences particulière¬ment ou en gênerai? ce feroit vnechofe trop longue, Se véritable¬ment fuperflue. lime fuffitdetedonner feulement à cognoiftrequelle eft lavraye fignificatiôdepratique. Donques pour mieusCô prendre ce que nous en auionsdit,Pratique,eft vn fubti! moyen,&c. Se qui voudroit voir ie vouspri vn plus fubtïl moyen que de fefaire carefîër & fuplier pour dérober honneftemcnt le bien d'au-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 186: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 8ltruy?L E cqsmoph I. Commetdérober! ne faut-il qu'vn chacunfoit recompenfé félon fon labeurSi trauail?Appellez-vous déroberquand l'homme de iuftice aprèsauoir fueilleté, leu, releu, coté fes

liurcs & papiers , & veillé iour Se

nuit pour garder le bon droit defa partie, s'il en prend quelqueloyer pour fa peipe? le d e m o,C'eft bié vne chofe trop plus que La v'e

r i t . i - j des ttduo-railonnable qu vn chacun viue de , ^1 citât qu il manie: Car qui eit ce- tres pra_

luy qui laboure la vigne & ne gou titiens.

fie du fruit d'icelle? Mais faut- ilque pour trois ou quatre fueillesde papier écrites en lignes larges& mots allongés,ils.ayent ici vnepoignée decarolus? Ou que pourdeusou trois mots dégorgez fusquelque matière qu'ils font eus-mefmes parleurs cricri es &brai-

M iiij

DV DEMOCRITIC. 8ltruy?L E cqsmoph I. Commetdérober! ne faut-il qu'vn chacunfoit recompenfé félon fon labeurSi trauail?Appellez-vous déroberquand l'homme de iuftice aprèsauoir fueilleté, leu, releu, coté fes

liurcs & papiers , & veillé iour Se

nuit pour garder le bon droit defa partie, s'il en prend quelqueloyer pour fa peipe? le d e m o,C'eft bié vne chofe trop plus que La v'e

r i t . i - j des ttduo-railonnable qu vn chacun viue de , ^1 citât qu il manie: Car qui eit ce- tres pra_

luy qui laboure la vigne & ne gou titiens.

fie du fruit d'icelle? Mais faut- ilque pour trois ou quatre fueillesde papier écrites en lignes larges& mots allongés,ils.ayent ici vnepoignée decarolus? Ou que pourdeusou trois mots dégorgez fusquelque matière qu'ils font eus-mefmes parleurs cricri es &brai-

M iiij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 187: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

P'RE MI!E-1t DIA1 ë.'

mens difficile & dôuteufe , ils enreçoiuent vne qualité d'efcus? aumoins fi tels importuns & opiniatres criars font eftimez des plusfameus & infignes trompeurs: iené fçai pas de quel nom on vou-droit couurir telle manière de pil-lerie, quat eftde moy i;e "ne le fçâû-roy autrement appellerque parladéfinition que f ai donnée de leurpratique: ni népourroymieùs-iescomparer fors à l'ancienne idoledu Dieu memnon, duquel au¬trefois il me fouuiët auoir oui ré¬citer la façô & nature. L E cos-M o P h i L e . Vraiment ( commel'on dit) tu as bonne rate,& enco¬res meilleur foie, & les voudroisou oferois-tu bien comparer à fifottechofe?Etou "ainfi feroit, tuleurferois vn bel honneur. L E

d e m o c R i t i c le ne di-pas

P'RE MI!E-1t DIA1 ë.'

mens difficile & dôuteufe , ils enreçoiuent vne qualité d'efcus? aumoins fi tels importuns & opiniatres criars font eftimez des plusfameus & infignes trompeurs: iené fçai pas de quel nom on vou-droit couurir telle manière de pil-lerie, quat eftde moy i;e "ne le fçâû-roy autrement appellerque parladéfinition que f ai donnée de leurpratique: ni népourroymieùs-iescomparer fors à l'ancienne idoledu Dieu memnon, duquel au¬trefois il me fouuiët auoir oui ré¬citer la façô & nature. L E cos-M o P h i L e . Vraiment ( commel'on dit) tu as bonne rate,& enco¬res meilleur foie, & les voudroisou oferois-tu bien comparer à fifottechofe?Etou "ainfi feroit, tuleurferois vn bel honneur. L E

d e m o c R i t i c le ne di-pas

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 188: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DE M O CRI. TIC*. 8a

qu'ils foyét idoles, mais trop bien-ie di qu'ils enfuyuent & font vraisimitateurs de ceftc idole, l e

c os MOPH.Qtioy qu'il en foit iem'en rapporte à ce qui en eft,& àceus-la qui ont paffé par les pi-ques:mais ie te prie di moy com¬me ru entens telle fimilitude, carie defire fçauoir quel eftoit ce-Dieu MEMNON. LE DEMO,le fuis trefcôntent de te fatisfai,-re, non toutésfois^qu'à prefent ietevueille difcourir le fait tout aulong, mais feulement en bref te.reciteray vn huitainrbié a- ce pro¬pos , Si à ce qu'il ne te femble queie parle à crédit., ie t'allégueraimon autheur nomme Pierre Co-ftau,h5me plus véritable en fes facèdes que docte, lequel dit ainfi:. Du Dieu me mnon l'idole ne rendort

Jamais oracle kperfinne du monde,

DV DE M O CRI. TIC*. 8a

qu'ils foyét idoles, mais trop bien-ie di qu'ils enfuyuent & font vraisimitateurs de ceftc idole, l e

c os MOPH.Qtioy qu'il en foit iem'en rapporte à ce qui en eft,& àceus-la qui ont paffé par les pi-ques:mais ie te prie di moy com¬me ru entens telle fimilitude, carie defire fçauoir quel eftoit ce-Dieu MEMNON. LE DEMO,le fuis trefcôntent de te fatisfai,-re, non toutésfois^qu'à prefent ietevueille difcourir le fait tout aulong, mais feulement en bref te.reciteray vn huitainrbié a- ce pro¬pos , Si à ce qu'il ne te femble queie parle à crédit., ie t'allégueraimon autheur nomme Pierre Co-ftau,h5me plus véritable en fes facèdes que docte, lequel dit ainfi:. Du Dieu me mnon l'idole ne rendort

Jamais oracle kperfinne du monde,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 189: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DrAlO."

Si lefioleilfies rayons nefiendoit.Droit enfia bouche , ey lorsplein defa¬

conde

Tdrloif.aufi l'admcat quifi fonde

yCugain,deluynefierex^ enq confia,Ni que ïamai's en droit il vous refonde,Sinon qu'il voye enpremier lefileil.

Encores ne leur fuffiroit-il pasd'eftre payez en argent s'ils neJ'eftoycnt en reuerences & caref-fes. Et quoy qu'ils vûeillent dire,qu'ils ne les demandét pas n'y cô-traignans perfonneà ce faire, ficft-il tout certain qu'ils fe contentent bien fort d'eftre bonnetez Se

en font quelque chofe d'auanta-ge,& en ce monftrét-ils euidem-ment à tout le monde le grand or¬gueil & folie qui les poffedé. Carfi vn honnefte gentil-homme ouautre perfonnagc quelque grandSeigneur qu'il foit, & lequel mef-

PREMIER DrAlO."

Si lefioleilfies rayons nefiendoit.Droit enfia bouche , ey lorsplein defa¬

conde

Tdrloif.aufi l'admcat quifi fonde

yCugain,deluynefierex^ enq confia,Ni que ïamai's en droit il vous refonde,Sinon qu'il voye enpremier lefileil.

Encores ne leur fuffiroit-il pasd'eftre payez en argent s'ils neJ'eftoycnt en reuerences & caref-fes. Et quoy qu'ils vûeillent dire,qu'ils ne les demandét pas n'y cô-traignans perfonneà ce faire, ficft-il tout certain qu'ils fe contentent bien fort d'eftre bonnetez Se

en font quelque chofe d'auanta-ge,& en ce monftrét-ils euidem-ment à tout le monde le grand or¬gueil & folie qui les poffedé. Carfi vn honnefte gentil-homme ouautre perfonnagc quelque grandSeigneur qu'il foit, & lequel mef-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 190: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 8$

mement aura non feulement em¬ployé fes biens , mais auiïï hazar-dé fa vie Se celle de fes enfans,pour le feruicedu Prince & falutde la chofe publique , fe trouueayâtvn peu affaire de leur faneur,& lequel après auoir long temsattendu meilleurs, leur vienne à

dôner le bon iour en quelque gal-leric ou autre heu cômode, vousverrez alors tout au cotraire Monfieur de la robe rouge (feul cotre-pois Se entretié de fa grauité) quin'aura iamais fait autre chofeque glofer fus les cendres , pafferauecques vn orgueil & fierté figrande, que tât s'en faut qu'il luyrende la deuë reuerence,que mef-mene faifant point femblant des'en apperceuoir il dédaigneraprefque d'abaiffer l'til feulementpour le regarder. le me tais des

DV DEMOCRITIC. 8$

mement aura non feulement em¬ployé fes biens , mais auiïï hazar-dé fa vie Se celle de fes enfans,pour le feruicedu Prince & falutde la chofe publique , fe trouueayâtvn peu affaire de leur faneur,& lequel après auoir long temsattendu meilleurs, leur vienne à

dôner le bon iour en quelque gal-leric ou autre heu cômode, vousverrez alors tout au cotraire Monfieur de la robe rouge (feul cotre-pois Se entretié de fa grauité) quin'aura iamais fait autre chofeque glofer fus les cendres , pafferauecques vn orgueil & fierté figrande, que tât s'en faut qu'il luyrende la deuë reuerence,que mef-mene faifant point femblant des'en apperceuoir il dédaigneraprefque d'abaiffer l'til feulementpour le regarder. le me tais des

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 191: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER D I A I.O.

autres ambitiôs qui leur font ainfi enfler le ventre, il me fuffit queparleurs ce u lires telles foies pre-fomptionsde leurs perfonnesnefoyét que trop cogneuës d'vn chaCun:Mais ou eft ie vous prie ccftegrande humbleffe & honneftetélaquelle volontiers acompagne,ou doit acôpagner ceus qui fontéleuez aus>magiftrats & autres dignitez pour eftre les principauschefs entre les membres de cetanimant politic? Toutesfois toutbien confideré cein'eft-pas de merueille s'ils en vfent au contraire,veu qu'il eft tout certain que leLion quoy qu'on le donne Se ap-priuoife, fi a-il toufiours grâce deLion:& Je Renard quoi?eft-il pastoufiours caut & ruzé? Le maftin,vilain & enuieufement aboyantprincipalement fus fon pallier?Or

PREMIER D I A I.O.

autres ambitiôs qui leur font ainfi enfler le ventre, il me fuffit queparleurs ce u lires telles foies pre-fomptionsde leurs perfonnesnefoyét que trop cogneuës d'vn chaCun:Mais ou eft ie vous prie ccftegrande humbleffe & honneftetélaquelle volontiers acompagne,ou doit acôpagner ceus qui fontéleuez aus>magiftrats & autres dignitez pour eftre les principauschefs entre les membres de cetanimant politic? Toutesfois toutbien confideré cein'eft-pas de merueille s'ils en vfent au contraire,veu qu'il eft tout certain que leLion quoy qu'on le donne Se ap-priuoife, fi a-il toufiours grâce deLion:& Je Renard quoi?eft-il pastoufiours caut & ruzé? Le maftin,vilain & enuieufement aboyantprincipalement fus fon pallier?Or

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 192: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 84.fus de par*Dieu paffons outre,ve?lions à l'eftime & peu de contequ'ils ont accouftumé défaire detous les autres eftats & fciences,fors que de la leur,, laquelle fouleils ventent Se magnifient. Ne mé-prifent-ils pas les armes,chofe autant,que ie ne die plus,iiece(fairepour la chofe publique commeleurs loix? N'ont-ils pas en hor¬reur prefque toutes les fciences liberales,& honneftes, & tous ceusqui n'enfuyuent leur eftat? Vou-rdroit-on voir raifon plus merce¬naire ou mécanique , que celle delaquelle ils ont acoutumé d'vferpour approuuer l'aduacaffcne &autres fpeces de la farine praticiéne , difant que c'eft le vrai fubtil,honnefte, & mercurial moyen degaigner fon pain ( comme ils di-ïent en leur iergon, De pane lucun-

DV DEMOCRITIC. 84.fus de par*Dieu paffons outre,ve?lions à l'eftime & peu de contequ'ils ont accouftumé défaire detous les autres eftats & fciences,fors que de la leur,, laquelle fouleils ventent Se magnifient. Ne mé-prifent-ils pas les armes,chofe autant,que ie ne die plus,iiece(fairepour la chofe publique commeleurs loix? N'ont-ils pas en hor¬reur prefque toutes les fciences liberales,& honneftes, & tous ceusqui n'enfuyuent leur eftat? Vou-rdroit-on voir raifon plus merce¬naire ou mécanique , que celle delaquelle ils ont acoutumé d'vferpour approuuer l'aduacaffcne &autres fpeces de la farine praticiéne , difant que c'eft le vrai fubtil,honnefte, & mercurial moyen degaigner fon pain ( comme ils di-ïent en leur iergon, De pane lucun-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 193: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PRE MIER DI ALO.

*?«)niais à celle-fin qu'iîne leur fa¬

ce mal à la gorge s'ils le mâgeoiéttout fec , ils ont certaines loix &§§ paragraphes qui leur font ve¬

nir de gras chapons & autres pre-fens à leur cuifine.Voyez de grâcela belle preuue de leur meftier, &bien fondée pour le bâtiment dela panfe. Toutes-fois de peur denous engorger trop de leurs mor-cea us, no us Tes laifferons là, & di¬rons la manière de faire qu'ils tié-nent, s'il aduict que quelque pau-ure homme empeftré d'vne dou¬zaine de procès ou plus , ait vnpeu affaire ou de leur communi¬quer Ces pièces, ou d'en retirerquelques-vnes qui ne feront pasperdues,mais bié égarees,& qu'ilaille à leur logis pour ce faire: Moficur ne fera pas leué,ains fera en¬

cores à dormir:Monfieur fera em-

PRE MIER DI ALO.

*?«)niais à celle-fin qu'iîne leur fa¬

ce mal à la gorge s'ils le mâgeoiéttout fec , ils ont certaines loix &§§ paragraphes qui leur font ve¬

nir de gras chapons & autres pre-fens à leur cuifine.Voyez de grâcela belle preuue de leur meftier, &bien fondée pour le bâtiment dela panfe. Toutes-fois de peur denous engorger trop de leurs mor-cea us, no us Tes laifferons là, & di¬rons la manière de faire qu'ils tié-nent, s'il aduict que quelque pau-ure homme empeftré d'vne dou¬zaine de procès ou plus , ait vnpeu affaire ou de leur communi¬quer Ces pièces, ou d'en retirerquelques-vnes qui ne feront pasperdues,mais bié égarees,& qu'ilaille à leur logis pour ce faire: Moficur ne fera pas leué,ains fera en¬

cores à dormir:Monfieur fera em-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 194: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 85

péché pour quelques autres:Monfieurdifnera: Mofieurlêrààfe re-pofer après le repas: Môfieurvië-dra tantoftuni au contraire il y aura trois heures que l'auarice & ennie degaignerluy aura bien deffillé les yeux,& chaffé de parle Dia¬ble hors delà plume: Et fi depuisquinze iours oud'auâtage.il n'aura eu poffible affaire ni empefchement aucun, i'enten de procès:iointquefa cuifine ne ferapara-uenture pas trop échauffée de foudifner qui fera de long tems toutfricaffé: Monfieur fera àfercpo-fer , ouy de bien faire : U.viendratantoft, mais c'eft vntantoftquidure long tems , Se ce-pendant lapauure partie fera là àrefuer Se

conter les chenilles de la porte.Mais pourquoy à to aduis ce fonttoutes ces menées,fi ce n'eft à cel-

DV DEMOCRITIC. 85

péché pour quelques autres:Monfieurdifnera: Mofieurlêrààfe re-pofer après le repas: Môfieurvië-dra tantoftuni au contraire il y aura trois heures que l'auarice & ennie degaignerluy aura bien deffillé les yeux,& chaffé de parle Dia¬ble hors delà plume: Et fi depuisquinze iours oud'auâtage.il n'aura eu poffible affaire ni empefchement aucun, i'enten de procès:iointquefa cuifine ne ferapara-uenture pas trop échauffée de foudifner qui fera de long tems toutfricaffé: Monfieur fera àfercpo-fer , ouy de bien faire : U.viendratantoft, mais c'eft vntantoftquidure long tems , Se ce-pendant lapauure partie fera là àrefuer Se

conter les chenilles de la porte.Mais pourquoy à to aduis ce fonttoutes ces menées,fi ce n'eft à cel-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 195: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PRE M I ER D I ALCK

îe-fin de "faire miens valoir la far-"-ce? C'eft à dire qui ne. fçait fon'meftior,fi ferme Cà boutique:. U s'é,trouue encores beaucoup entreles autres des fuccefleurs de Pila-te,defquels on, peut dire, ie n'ytrouue point decaufej Mais quefont-ils ces panures ges pourbiépratiquer l'Euangile qui défendfus tout de n'eftre oifif?Auffrfaut-il que tout le mode viue àla fueurde fon cors,& pour-ce faire ils ont,fongéla plus braueinuentiondu-mode. Vous verrez ordinairemétpar ces Palais &des plus crottez(ponree que telshaires n'ôt point-de mulejqni courront tâtoft d'vn*cofté , tantoit de l'autre , rantofiwvous les apperceuerez à quelquebanc ou ils ferrent, hrouïllent,fri-.caftent & notent certains viens re.giftres : puis toutfoudainietour--

nez

PRE M I ER D I ALCK

îe-fin de "faire miens valoir la far-"-ce? C'eft à dire qui ne. fçait fon'meftior,fi ferme Cà boutique:. U s'é,trouue encores beaucoup entreles autres des fuccefleurs de Pila-te,defquels on, peut dire, ie n'ytrouue point decaufej Mais quefont-ils ces panures ges pourbiépratiquer l'Euangile qui défendfus tout de n'eftre oifif?Auffrfaut-il que tout le mode viue àla fueurde fon cors,& pour-ce faire ils ont,fongéla plus braueinuentiondu-mode. Vous verrez ordinairemétpar ces Palais &des plus crottez(ponree que telshaires n'ôt point-de mulejqni courront tâtoft d'vn*cofté , tantoit de l'autre , rantofiwvous les apperceuerez à quelquebanc ou ils ferrent, hrouïllent,fri-.caftent & notent certains viens re.giftres : puis toutfoudainietour--

nez

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 196: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 86nez au parquet de Meffieurs,& delàincontinent à quelque bout degallerie, auecques vn grand fac aupoin repli de ie ne fçai quels vieushaillons, de querimonies furan-nées,qu'ils aurôt trouuées en exé¬cutant le teftament du vicaire deleur paroiffc , ou d'autres papiersfuppofezqui ne touchent toute¬fois en rien de procès : Mais toutce niiftere ne fe ioiïe à autre fin

. qu'à cttte-cijc'eft que ceus quilesvoyent ainfi trotter les eftimentbien diligens à manier les affairesde leurs cliens Se parties, &qucpour cette occafion ils ayent, nonpas feulement enuie de les em¬ployer pour eus, mais auffi de lesen payer. Il s'en trouue encores deplu» ruzeZ, lefquels, outre toutesles fineffes fufdites,ont certainspitaus,& autres perfonnes apo-

N

DV DEMOCRITIC. 86nez au parquet de Meffieurs,& delàincontinent à quelque bout degallerie, auecques vn grand fac aupoin repli de ie ne fçai quels vieushaillons, de querimonies furan-nées,qu'ils aurôt trouuées en exé¬cutant le teftament du vicaire deleur paroiffc , ou d'autres papiersfuppofezqui ne touchent toute¬fois en rien de procès : Mais toutce niiftere ne fe ioiïe à autre fin

. qu'à cttte-cijc'eft que ceus quilesvoyent ainfi trotter les eftimentbien diligens à manier les affairesde leurs cliens Se parties, &qucpour cette occafion ils ayent, nonpas feulement enuie de les em¬ployer pour eus, mais auffi de lesen payer. Il s'en trouue encores deplu» ruzeZ, lefquels, outre toutesles fineffes fufdites,ont certainspitaus,& autres perfonnes apo-

N

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 197: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

ftéesqui feignent leur communi¬quer de leurs procès, & les prierbien inftamment de les dépefcherle pluftoft qu'il leur fera poiïible,& ainfi quelques-vns s'adreflent à

eus voyans qu'ils fçauët tant bienvfer de pratique , c'eft à dire félonvndenos intellects, pratiquer &gaigner les pauures gens. le tepourrai bien raconter d'autres ruzes Se moyës que ces vaultours de-guifez en robes longues ont inué-tépour ronger & décharnerentieremet iufques aus oz,& fucer iuf-quesauphis piofond dcsmouël-les ceus qu'ils ont vne-fois char¬gez, ne les lachans iamais iufquesà ce qu'ils les ay t nt par vn infatiable& enfanglanté rauifTemétde-uorez& engloutis, de telle fortequ'ilne leur rette plus aucune fu-ftanec. Mais fi i'entreprcnoyde

PREMIER DIALO.

ftéesqui feignent leur communi¬quer de leurs procès, & les prierbien inftamment de les dépefcherle pluftoft qu'il leur fera poiïible,& ainfi quelques-vns s'adreflent à

eus voyans qu'ils fçauët tant bienvfer de pratique , c'eft à dire félonvndenos intellects, pratiquer &gaigner les pauures gens. le tepourrai bien raconter d'autres ruzes Se moyës que ces vaultours de-guifez en robes longues ont inué-tépour ronger & décharnerentieremet iufques aus oz,& fucer iuf-quesauphis piofond dcsmouël-les ceus qu'ils ont vne-fois char¬gez, ne les lachans iamais iufquesà ce qu'ils les ay t nt par vn infatiable& enfanglanté rauifTemétde-uorez& engloutis, de telle fortequ'ilne leur rette plus aucune fu-ftanec. Mais fi i'entreprcnoyde

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 198: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEM OC RIT I C. 87pourfuyure d'auantage en telles

. pilleries & horreurs, i'auroypeurde m'engouffrer en vn abifnie in¬fini de larrçcins & méchancetez,auquel ie ne me plongerai pointpour cette heure,eftant affezco-gneuàvn chacun, Se principale-niét de ceus qui ont tous les iour*affaire de l'excelléce de tels Mef-fieurs,en voulant conferuer leurbien, le c o s m o. N'eftoit quetu m'as coupé la broche,quaud tu¬

as dit n'entendre en quelque eiïatqiiecefbit blâmer finon cens quien abufent, ie t'euffe défia btê aifementremonftré Se dit qu'il n'y a

chofe aucune au monde meilleu¬re pour la police des hommes , Se

plusneceflaire pour entretenir enpaix cette focieté humaine quel'eftat des gens de Iuftice, auffi necroi-ie pas que tu le vueillcs tant

N ij

DV DEM OC RIT I C. 87pourfuyure d'auantage en telles

. pilleries & horreurs, i'auroypeurde m'engouffrer en vn abifnie in¬fini de larrçcins & méchancetez,auquel ie ne me plongerai pointpour cette heure,eftant affezco-gneuàvn chacun, Se principale-niét de ceus qui ont tous les iour*affaire de l'excelléce de tels Mef-fieurs,en voulant conferuer leurbien, le c o s m o. N'eftoit quetu m'as coupé la broche,quaud tu¬

as dit n'entendre en quelque eiïatqiiecefbit blâmer finon cens quien abufent, ie t'euffe défia btê aifementremonftré Se dit qu'il n'y a

chofe aucune au monde meilleu¬re pour la police des hommes , Se

plusneceflaire pour entretenir enpaix cette focieté humaine quel'eftat des gens de Iuftice, auffi necroi-ie pas que tu le vueillcs tant

N ij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 199: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

rcprouuer que tu ne confentes encela auecques moy. le d e m O.Puis-que tout le monde s'y con-fent ie n'y cotredi point,mais quececi te férue hardimét pour te doner de garde de leurs fineffes, &n'eftime plus dorenauant qu'ilyait vnc fi grade fimpathie de l'ex¬térieur auecques l'intérieur quepour vn marcher & grauité con¬trefaite, pour vn deguifeniét d'habits outre le vulgaireffolies com¬munes en telle manière de gés )lecerueau en foit plus meur &raf-fiSjCome s'il y auoit quelque energie & occulte propriété aus vefte-mens pour rendre l'efprit de l'ho¬me pire ou meilleur. Doncquespour donner fin à tels vénérableshillots,ie ne veus oublier vne bonne partie d'<ntre-eus,& principa-lemét de ces ieunes aduoeas écou

PREMIER DIALO.

rcprouuer que tu ne confentes encela auecques moy. le d e m O.Puis-que tout le monde s'y con-fent ie n'y cotredi point,mais quececi te férue hardimét pour te doner de garde de leurs fineffes, &n'eftime plus dorenauant qu'ilyait vnc fi grade fimpathie de l'ex¬térieur auecques l'intérieur quepour vn marcher & grauité con¬trefaite, pour vn deguifeniét d'habits outre le vulgaireffolies com¬munes en telle manière de gés )lecerueau en foit plus meur &raf-fiSjCome s'il y auoit quelque energie & occulte propriété aus vefte-mens pour rendre l'efprit de l'ho¬me pire ou meilleur. Doncquespour donner fin à tels vénérableshillots,ie ne veus oublier vne bonne partie d'<ntre-eus,& principa-lemét de ces ieunes aduoeas écou

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 200: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

BV DEMOCRITIC' 88

tâns(iefquels ne fçauét pas moinspratiquer la loy vinum, le titre Deedendo au petit Diable, auRoyPepin,ou autre reffort de bons alté¬rez, & en quelque autre honnefte& diuin habitacle cettebraue pratique De ventre infficiendo , fans yadioufter le § tria lumina , qu'ilsfont en vne Cour de parlement,le titre de iuris ey faiti ignorantia.Mais pour autant que tels perfonnages font volontiers bons copa-gnons & prêts à rire,cela fait queie leur porte moins d'éuie qu'ausautres qui s'eftimen t plus fages enrobe qu'en pourpoint, le cos-m o. Puis-que tu es entré fi auanten c ette différence d'habits,& folefuperftitiondeceus qui péfenteftre plus fages pour vne grâce &chère contrefaitte,ie te prie aumoins fi tu as mis fin àces prati-

N iij

BV DEMOCRITIC' 88

tâns(iefquels ne fçauét pas moinspratiquer la loy vinum, le titre Deedendo au petit Diable, auRoyPepin,ou autre reffort de bons alté¬rez, & en quelque autre honnefte& diuin habitacle cettebraue pratique De ventre infficiendo , fans yadioufter le § tria lumina , qu'ilsfont en vne Cour de parlement,le titre de iuris ey faiti ignorantia.Mais pour autant que tels perfonnages font volontiers bons copa-gnons & prêts à rire,cela fait queie leur porte moins d'éuie qu'ausautres qui s'eftimen t plus fages enrobe qu'en pourpoint, le cos-m o. Puis-que tu es entré fi auanten c ette différence d'habits,& folefuperftitiondeceus qui péfenteftre plus fages pour vne grâce &chère contrefaitte,ie te prie aumoins fi tu as mis fin àces prati-

N iij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 201: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAI.O.

ciens,dc m'endire ton aduis. t B

démo. Mon aduis eft tel que nopoint feulemét en cettuy-ci, maisqu'en tous autres eftats du mon-d e,la chofe qui eft la plus requife,c'eft de tenir bonne morgue, parceque la folie des hommes cil figrande, qu'ils regarder plus à vnepetite différence d'habits , à vneprudencede vifage,à vn maintienîoiircilleus & contrefait,à vnc ré¬putation vulgaire , qu'ans vertusintérieures du dedans , qu'à la fa-geffe & bon iugemét,qu'à vne grace naturelle,ou qu'à vne experience certaine Si verî table. L e c o s-mo. Ien'auoy iamais regardé defi près à tant de chofes, combienqu'elles foyét telles que tumelesas remonftrées,& principalementcette-ci,vcuque la plufgrâde par¬tie des homes font eftimez de bon

PREMIER DIAI.O.

ciens,dc m'endire ton aduis. t B

démo. Mon aduis eft tel que nopoint feulemét en cettuy-ci, maisqu'en tous autres eftats du mon-d e,la chofe qui eft la plus requife,c'eft de tenir bonne morgue, parceque la folie des hommes cil figrande, qu'ils regarder plus à vnepetite différence d'habits , à vneprudencede vifage,à vn maintienîoiircilleus & contrefait,à vnc ré¬putation vulgaire , qu'ans vertusintérieures du dedans , qu'à la fa-geffe & bon iugemét,qu'à vne grace naturelle,ou qu'à vne experience certaine Si verî table. L e c o s-mo. Ien'auoy iamais regardé defi près à tant de chofes, combienqu'elles foyét telles que tumelesas remonftrées,& principalementcette-ci,vcuque la plufgrâde par¬tie des homes font eftimez de bon

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 202: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC, 8^efprit, & paruiennét plus par cet¬te réputation vulgaire , que pourautre prcuue furhTante,pour don¬ner tefmoignage d'vn bô fçauoir& fain entendement. Toutefois fiy a- il bien encores auiourd'huyquelque eftat ou c'eft que les ho¬mes ne regardent point tant ausmines,qu'ils n'en défirent bien a-uoir grade expérience de ceus quien font profe(fion,deuât que d'enfaire aucune eftimeou defefou-niettre à leur merci, le démo.De quelle profefîîon veus-tu par-ler?L e c o s m o. De quelle pro-feiîlon?de celle de Médecine, led e m o. Ha ha ha ha, cet hommeici me fait rire : eft-ce cela que tum'auois fi long tems gardé? vrai¬ment i'attédoi bien quelque cho¬fe meilleure de toi: Commentîiepenfoi défia que les hommes fuf-

H iiij

DV DEMOCRITIC, 8^efprit, & paruiennét plus par cet¬te réputation vulgaire , que pourautre prcuue furhTante,pour don¬ner tefmoignage d'vn bô fçauoir& fain entendement. Toutefois fiy a- il bien encores auiourd'huyquelque eftat ou c'eft que les ho¬mes ne regardent point tant ausmines,qu'ils n'en défirent bien a-uoir grade expérience de ceus quien font profe(fion,deuât que d'enfaire aucune eftimeou defefou-niettre à leur merci, le démo.De quelle profefîîon veus-tu par-ler?L e c o s m o. De quelle pro-feiîlon?de celle de Médecine, led e m o. Ha ha ha ha, cet hommeici me fait rire : eft-ce cela que tum'auois fi long tems gardé? vrai¬ment i'attédoi bien quelque cho¬fe meilleure de toi: Commentîiepenfoi défia que les hommes fuf-

H iiij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 203: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIA10.

fent deuenus fages t'écoutât ainfilouer leur grande preuoïâce, & encela encores ou ilsfe monftrëtlesplus fors & déprouueus de toutbon confeil,& te di bien vne cho¬fe qu'il n'y a au monde plus grâdabus que de fe fier Si mettre fa vieentre les mains de Ces pipcursdemerde qui Misée eus-mefmes que

_ . , Summa medicma ell nonvtt medicma:

delame-W1 vaut autant rendu en fraçoisAecint. corne, La plusfouuerainemedeci

ne c'eft de n'vfer point de medecine.L e c o s m o. Cômentiil fem-ble que tu ne te vûeilles pas ici tâtfeulement moquer de ceus qui enabufent, mais auffique tu ne par¬donnes pas mefme à la feience tâtrecommâdée par faifons naturel¬les Si par la loy diuine. le démo.Il ne faut point douter qu'il n'yait quelques remèdes fimples pro

PREMIER DIA10.

fent deuenus fages t'écoutât ainfilouer leur grande preuoïâce, & encela encores ou ilsfe monftrëtlesplus fors & déprouueus de toutbon confeil,& te di bien vne cho¬fe qu'il n'y a au monde plus grâdabus que de fe fier Si mettre fa vieentre les mains de Ces pipcursdemerde qui Misée eus-mefmes que

_ . , Summa medicma ell nonvtt medicma:

delame-W1 vaut autant rendu en fraçoisAecint. corne, La plusfouuerainemedeci

ne c'eft de n'vfer point de medecine.L e c o s m o. Cômentiil fem-ble que tu ne te vûeilles pas ici tâtfeulement moquer de ceus qui enabufent, mais auffique tu ne par¬donnes pas mefme à la feience tâtrecommâdée par faifons naturel¬les Si par la loy diuine. le démo.Il ne faut point douter qu'il n'yait quelques remèdes fimples pro

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 204: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. pO

près & fort finguliers , pour nousgarentir d'aucunes maladies, cequi eft mefmesapprouué entre lesbeftes brutes qui en prénéc ainfi,que de leur propre naturel ellesfont guidées Si côduïtes , pour envfer lors qu'il leur en eft befoin:Mais vn tas depiperies chargéesde mille drogues & compofitionsétrangereSjferuétpluftoit de poi-fon pour abréger Si nuire au pe¬tit Se languiffant terme de noftrevie,que pour l'alonger,ou luy dé¬lier aucun foulagcment Se reftau-rationdefanté: Et qu'il foit vrain'en voit-on l'expérience de ceuxdefquelstant plus ils vfent de cesbelles medecines,& d'autant plusils font maladifs & fuiets à vne in¬finité de feruitudes & regimes?Etcorne au contraire les autres quinaturellement fe maintiennent Se

DV DEMOCRITIC. pO

près & fort finguliers , pour nousgarentir d'aucunes maladies, cequi eft mefmesapprouué entre lesbeftes brutes qui en prénéc ainfi,que de leur propre naturel ellesfont guidées Si côduïtes , pour envfer lors qu'il leur en eft befoin:Mais vn tas depiperies chargéesde mille drogues & compofitionsétrangereSjferuétpluftoit de poi-fon pour abréger Si nuire au pe¬tit Se languiffant terme de noftrevie,que pour l'alonger,ou luy dé¬lier aucun foulagcment Se reftau-rationdefanté: Et qu'il foit vrain'en voit-on l'expérience de ceuxdefquelstant plus ils vfent de cesbelles medecines,& d'autant plusils font maladifs & fuiets à vne in¬finité de feruitudes & regimes?Etcorne au contraire les autres quinaturellement fe maintiennent Se

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 205: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER D I ALO.

conferuétenleur fanté auecquesquelque petit remède d'herbes,fans auoir recours à ces vendeursde triacle,viuent la moitié d'auan,tage & en plus grade allegreffe Se

difpofition, que ces aualleurs.depillules ou du faint bois de gaïac,cobien qu'il férue vn peu pour fairevuïder les mauuaifes humeursdes pauures zélateurs de diettes.Mais ie voi bié q tu ne te cotenteras ianuis iufques à ce que ie t'aiedonné ceci à entendre pat raifonsque tu ne me fçaurois aucunemécnicr.N'eft-il pas vrai s'il y a aucu¬ne vérité en vne fcicnce,que celuylequel y aura employé fon tems Se

fon étude pour y eftre inftruit, &de ceus mefmes que l'on en dit e-ftre des plus parfaits,en retiendraquelque cognoiffance? le c o s-,m o.Ouï bien, moyennant qu'il fe

PREMIER D I ALO.

conferuétenleur fanté auecquesquelque petit remède d'herbes,fans auoir recours à ces vendeursde triacle,viuent la moitié d'auan,tage & en plus grade allegreffe Se

difpofition, que ces aualleurs.depillules ou du faint bois de gaïac,cobien qu'il férue vn peu pour fairevuïder les mauuaifes humeursdes pauures zélateurs de diettes.Mais ie voi bié q tu ne te cotenteras ianuis iufques à ce que ie t'aiedonné ceci à entendre pat raifonsque tu ne me fçaurois aucunemécnicr.N'eft-il pas vrai s'il y a aucu¬ne vérité en vne fcicnce,que celuylequel y aura employé fon tems Se

fon étude pour y eftre inftruit, &de ceus mefmes que l'on en dit e-ftre des plus parfaits,en retiendraquelque cognoiffance? le c o s-,m o.Ouï bien, moyennant qu'il fe

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 206: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. pifoit monftré bon difciple de ceusquil'aurotenfeigné.L e démo.Or il en eft tout au côtraire de cette vénérable médecine que nousauôs pour le iourd huy,car prenezmoi vn médecin gradué fortât fraifchement des écoles de Montpel-lier,vous ne viftes jamais hommeplus promptàdifputerle/>ro&fo-tra,Se s'il faut donner vn remède àquelque pauure patient , encorespluSjmoyénat qu'il y fente du profit:puis fi d'auêture il y a ordonnéquelque R.& q la maladie augmé-tée iceluy patient vueille faire co-fultation de fon mal entre deus outrois autres médecins des plus re-nommezjvous les voirrez après a-uoirtaftéle pousdu malade auc-ques vne chère baffe Si melancolique,enfoncer leur veue fus vn vri-nal, s'eftre retirez tous cnfemble

DV DEMOCRITIC. pifoit monftré bon difciple de ceusquil'aurotenfeigné.L e démo.Or il en eft tout au côtraire de cette vénérable médecine que nousauôs pour le iourd huy,car prenezmoi vn médecin gradué fortât fraifchement des écoles de Montpel-lier,vous ne viftes jamais hommeplus promptàdifputerle/>ro&fo-tra,Se s'il faut donner vn remède àquelque pauure patient , encorespluSjmoyénat qu'il y fente du profit:puis fi d'auêture il y a ordonnéquelque R.& q la maladie augmé-tée iceluy patient vueille faire co-fultation de fon mal entre deus outrois autres médecins des plus re-nommezjvous les voirrez après a-uoirtaftéle pousdu malade auc-ques vne chère baffe Si melancolique,enfoncer leur veue fus vn vri-nal, s'eftre retirez tous cnfemble

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 207: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAL O.

en quelque coin aueques grandescérémonies des plus anciens (carl'hôneur eft deu à ceus qui en ontle plus tué) corne ils cômencerontà regarder ce pauure nouueau medecin de trauers , & encores qu'ilait du toutbefongné felô leur art,fi eft-ce qu'ils luy voudront faire à

croire qu'il n'aura rie fait qui vaille , Sriic fuffira au ieune médecind'alléguer la codition de la mala¬die qui requiert vn tel remède, oules authoritez d'vn Galien,d'vnHippocraSjd'vn Auicéne,d'vn Rafi,d'vn Auerroez d'vn Afclepiade,d'vnAlcmeôjd'vn Erafiftrate,d'vnPliftonique,d'vnDiocle,d'vn Praxagore,d'vn Chrifippe,d'vn Cari-ftin, ou d'autres telspipeurs pourapprouuer fon ofdonnâce,car no-obftant toutes ces preuues, répli¬ques Si contredis,fi faudra-il qu'il

PREMIER DIAL O.

en quelque coin aueques grandescérémonies des plus anciens (carl'hôneur eft deu à ceus qui en ontle plus tué) corne ils cômencerontà regarder ce pauure nouueau medecin de trauers , & encores qu'ilait du toutbefongné felô leur art,fi eft-ce qu'ils luy voudront faire à

croire qu'il n'aura rie fait qui vaille , Sriic fuffira au ieune médecind'alléguer la codition de la mala¬die qui requiert vn tel remède, oules authoritez d'vn Galien,d'vnHippocraSjd'vn Auicéne,d'vn Rafi,d'vn Auerroez d'vn Afclepiade,d'vnAlcmeôjd'vn Erafiftrate,d'vnPliftonique,d'vnDiocle,d'vn Praxagore,d'vn Chrifippe,d'vn Cari-ftin, ou d'autres telspipeurs pourapprouuer fon ofdonnâce,car no-obftant toutes ces preuues, répli¬ques Si contredis,fi faudra-il qu'il

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 208: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMO CRITI C. cipaffe codemnatidn,& qu'il cède à

l'opinion de Meflieurs. Et voilacomment la vie d'vn pauure malade eftdebatue, &leplusfouuentabatue par les difputes Se ordonn¬ées controuerfesdeccsvieusradoteus médecins. l e cosMo.Maisie te prie regarde corne ce que tuas penfé dire cotre la médecine Se

Ces profeffeurs, approuue pluftoftce que ie t'auois dit au-parauantqu'il ne luy cotrcdit,veu que d'autant que l'experiéce eft lapins fouueraine maitrcffedc toutes cho¬fes, auffi eft-ce bié cela à quoy onprend le plus de garde en la medecine, carilnefuffit pas d'en auoiroiii les liures eh vne école, ou dit-putéehl'vnc& l'autre partie, quin'en a Pexperiéce:voila pourquoiil ne faut point trouuer étrange fiquelquefois l'ordonnance de ceus

DV DEMO CRITI C. cipaffe codemnatidn,& qu'il cède à

l'opinion de Meflieurs. Et voilacomment la vie d'vn pauure malade eftdebatue, &leplusfouuentabatue par les difputes Se ordonn¬ées controuerfesdeccsvieusradoteus médecins. l e cosMo.Maisie te prie regarde corne ce que tuas penfé dire cotre la médecine Se

Ces profeffeurs, approuue pluftoftce que ie t'auois dit au-parauantqu'il ne luy cotrcdit,veu que d'autant que l'experiéce eft lapins fouueraine maitrcffedc toutes cho¬fes, auffi eft-ce bié cela à quoy onprend le plus de garde en la medecine, carilnefuffit pas d'en auoiroiii les liures eh vne école, ou dit-putéehl'vnc& l'autre partie, quin'en a Pexperiéce:voila pourquoiil ne faut point trouuer étrange fiquelquefois l'ordonnance de ceus

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 209: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALOvque tu dis n'auoir feulemct que lathéorique eft retrSchéc & trouuéemautiaife des plus anciens & plusexperimctez,eu égard meftne à ceque l'on dit vulgairemét,de ieunemédecin cimitiere boffu.L e de-m o.Tu as encores oublié à dire,deieune logicien argument corntiïmais pourvenirà tes expériences,file tout git en cela ils'enfuyurade ces deus chofes l'vne, ou quel'art de foy eft inutile,ou bienqueles plus gras bourreaus & ceus quien ont le plus fait mourir font desplus habilles du meftier.LE cos.Et ie te di encores au co traire quela feiece en eft fort bonne, & qued'en faire mourirplufieursce n'eftpas cela qui les réd les plusdoctes.J-e d em o.Cométeft-ilpofîïblefi le principal eft en cette experié"ce que ce qu'en ont écrit leurs pre

PREMIER DIALOvque tu dis n'auoir feulemct que lathéorique eft retrSchéc & trouuéemautiaife des plus anciens & plusexperimctez,eu égard meftne à ceque l'on dit vulgairemét,de ieunemédecin cimitiere boffu.L e de-m o.Tu as encores oublié à dire,deieune logicien argument corntiïmais pourvenirà tes expériences,file tout git en cela ils'enfuyurade ces deus chofes l'vne, ou quel'art de foy eft inutile,ou bienqueles plus gras bourreaus & ceus quien ont le plus fait mourir font desplus habilles du meftier.LE cos.Et ie te di encores au co traire quela feiece en eft fort bonne, & qued'en faire mourirplufieursce n'eftpas cela qui les réd les plusdoctes.J-e d em o.Cométeft-ilpofîïblefi le principal eft en cette experié"ce que ce qu'en ont écrit leurs pre

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 210: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. p_j

deceffeurs ne foit faus? car s'il eftbon de croire à leur confeil & receptes, faut-il autre experieneequelacognoiflancede l'art pour fça-uoir accommoder le remède pro¬pre à vne maladie?!! au côtraireilne fe faut pas régler fus les écrisdes anciés , mais feulemét fus vnerotine,cômét eft-il poftible qu'ilsacquièrent cette grande experience, fi ce n'eft après en auoirbientué?entëdu qu'il» n'ont autre chofe auparauant fus quoy ils fe puif-fent régler que les enfeignemensde leurs liures. le cosMo.Iene fçai ou tu vas prendre les cho¬fes de fi loing,quâteft de moy i'aitoufiours péfé que la pratique desfciences fut feparée d'auecquesl'art.de telle forte qu'en vne mef-mc profeifion il s'en fut peu trou-ùer aucuns bien entendus en la

DV DEMOCRITIC. p_j

deceffeurs ne foit faus? car s'il eftbon de croire à leur confeil & receptes, faut-il autre experieneequelacognoiflancede l'art pour fça-uoir accommoder le remède pro¬pre à vne maladie?!! au côtraireilne fe faut pas régler fus les écrisdes anciés , mais feulemét fus vnerotine,cômét eft-il poftible qu'ilsacquièrent cette grande experience, fi ce n'eft après en auoirbientué?entëdu qu'il» n'ont autre chofe auparauant fus quoy ils fe puif-fent régler que les enfeignemensde leurs liures. le cosMo.Iene fçai ou tu vas prendre les cho¬fes de fi loing,quâteft de moy i'aitoufiours péfé que la pratique desfciences fut feparée d'auecquesl'art.de telle forte qu'en vne mef-mc profeifion il s'en fut peu trou-ùer aucuns bien entendus en la

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 211: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

theorique,& les autres bic expersen la pratique,fans toute- fois queni en Pvne ni en l'autre y eut aucune fauffetépour telle feparation.Et pour-ce ie te votidroy bië prierde nie le faire mieus eniédre,m'endonnant quelque exemple plus familier. le d e mo c R.Iele veusbien, mais deuant que de ce faireie te voudroy bien demander quec'eft que tu entens par cette pratique de médecine, pour-autât quec'eft là volôtiers ou tu t'abufes leplus,puis après ie te fatisferai felôta requeftc.N'entës-tu pas la pra¬tique des Médecins côfifter en ce-la,quand plufieursfois ils ont eftéappeliez à la guerisô de beaucoup&dediuerfesnunieres?L e cos.le l'enten ainfi , & me femble quec'en eft lavraye intelligence, ledémo. le ne m'ébahi donq'plus

comment

PREMIER DIALO.

theorique,& les autres bic expersen la pratique,fans toute- fois queni en Pvne ni en l'autre y eut aucune fauffetépour telle feparation.Et pour-ce ie te votidroy bië prierde nie le faire mieus eniédre,m'endonnant quelque exemple plus familier. le d e mo c R.Iele veusbien, mais deuant que de ce faireie te voudroy bien demander quec'eft que tu entens par cette pratique de médecine, pour-autât quec'eft là volôtiers ou tu t'abufes leplus,puis après ie te fatisferai felôta requeftc.N'entës-tu pas la pra¬tique des Médecins côfifter en ce-la,quand plufieursfois ils ont eftéappeliez à la guerisô de beaucoup&dediuerfesnunieres?L e cos.le l'enten ainfi , & me femble quec'en eft lavraye intelligence, ledémo. le ne m'ébahi donq'plus

comment

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 212: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. P4

comment tu t'opiniatrois tant entespremieresparolks, &àcequcie voy nous n'eftions pas prêts- denous accorder enfcmble , maispour tedecouirrirton erretir,ie temôftreray aifcmcnt par exemplescôme la pratique delà Médecinen'eftpascequetupenfois, &parkellesmefmes ie tedonneray àcognoiftrecc dont tu m'auois priéau-parauant. Confidcre donquesque la théorique de quelque fcié-ce que ce foit, ne gift en autre cho¬

ie qu'aux préceptes Se enfeigne-mens que nous voyons en ceux quifont eftimez en auoirbié écrit, &la cognoiffance de cela eft propre&peculiere feulement à vne con¬templation fpiritu elle. La prati¬que c'eftapresauoireucette pre¬mières: certaine cognoiffance del'art la mettre en effet (ainfi mef-

O

DV DEMOCRITIC. P4

comment tu t'opiniatrois tant entespremieresparolks, &àcequcie voy nous n'eftions pas prêts- denous accorder enfcmble , maispour tedecouirrirton erretir,ie temôftreray aifcmcnt par exemplescôme la pratique delà Médecinen'eftpascequetupenfois, &parkellesmefmes ie tedonneray àcognoiftrecc dont tu m'auois priéau-parauant. Confidcre donquesque la théorique de quelque fcié-ce que ce foit, ne gift en autre cho¬

ie qu'aux préceptes Se enfeigne-mens que nous voyons en ceux quifont eftimez en auoirbié écrit, &la cognoiffance de cela eft propre&peculiere feulement à vne con¬templation fpiritu elle. La prati¬que c'eftapresauoireucette pre¬mières: certaine cognoiffance del'art la mettre en effet (ainfi mef-

O

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 213: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER dialo.

me l'as-tu définie lors que nousparlions de celle des aduocas ) Se

ce eft le propre des chofes exté¬rieures &qui concernent volon¬tiers vn effet corporel. le t'en vaydonner vn exemple fus vn peintreou vn architecte : Sçauoir la pro-Îjortion deslincamens des traits,eiugement des couleurs, c'eft le

propre le l'art de peinture,& quâtà l'architecte, bien deffeignerleplan.obferuer la cimmetrie de fonédifice, & autres telles chofes en-feignées par vn tel art. Mais quâteft de pourtraire quelque chofeque ce foit dedans vn tableau, lereprefenter au vif, luy accommo¬der fes couleurs au naturel, celaeft véritablement la pratique depeinture : ou bien de baftirvn belédifice, le faire commode , rapor-ter au portail vn beau frontifpice,

PREMIER dialo.

me l'as-tu définie lors que nousparlions de celle des aduocas ) Se

ce eft le propre des chofes exté¬rieures &qui concernent volon¬tiers vn effet corporel. le t'en vaydonner vn exemple fus vn peintreou vn architecte : Sçauoir la pro-Îjortion deslincamens des traits,eiugement des couleurs, c'eft le

propre le l'art de peinture,& quâtà l'architecte, bien deffeignerleplan.obferuer la cimmetrie de fonédifice, & autres telles chofes en-feignées par vn tel art. Mais quâteft de pourtraire quelque chofeque ce foit dedans vn tableau, lereprefenter au vif, luy accommo¬der fes couleurs au naturel, celaeft véritablement la pratique depeinture : ou bien de baftirvn belédifice, le faire commode , rapor-ter au portail vn beau frontifpice,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 214: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC P5

luy approprier fes chambres & e-fcaliers, Se aurres chofes neceffai-res, cela eft pareillement la prati¬que de l'architecte. Mais de direque l'effet delà peinture confifteà auoir veu diuerfitéde pourtraits,ou d'vn architecte plufieurs beauxbaftimens,ccla eft vne chofe abfurde & du tout contraire à la vérité.le c o s m o.Ie te le confefïê biêquant à ces arts-là, mais ou feroitdonq' la pratique de la médecine?le democri. Elle eft à la di-fpofitiô de leurs drogues, efpices,herbes, racines , Se autres poifonsméfiez , defquels ils font mifera-blement languir ceux qui feveu-lêt foumettreàleurmerci.Etceuxqui difpofent telles barbouilleriesfont communément appeliez apoficaires, Se n'y a point d'autre pratique en leur art, fi ce n'eft d'aué-

O ij

DV DEMOCRITIC P5

luy approprier fes chambres & e-fcaliers, Se aurres chofes neceffai-res, cela eft pareillement la prati¬que de l'architecte. Mais de direque l'effet delà peinture confifteà auoir veu diuerfitéde pourtraits,ou d'vn architecte plufieurs beauxbaftimens,ccla eft vne chofe abfurde & du tout contraire à la vérité.le c o s m o.Ie te le confefïê biêquant à ces arts-là, mais ou feroitdonq' la pratique de la médecine?le democri. Elle eft à la di-fpofitiô de leurs drogues, efpices,herbes, racines , Se autres poifonsméfiez , defquels ils font mifera-blement languir ceux qui feveu-lêt foumettreàleurmerci.Etceuxqui difpofent telles barbouilleriesfont communément appeliez apoficaires, Se n'y a point d'autre pratique en leur art, fi ce n'eft d'aué-

O ij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 215: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER di ai o.

ture celle-là dontie t'ay parlé au-parauant , en laquelle on ne fçau-roit eftre bien ruzé,finon après a-uoir efté caufe de la mort de plu-fieurs. le c o s m o. le croy quetu dis bié, Se mcfmemët que celledernière efpccc de pratique,eft laplus bratie pièce de leur harnois,mais tu ne m'as point encores Ca-

tisfaït à ce que tu m'auois pro-mis,quieftoit dememonftrerparvne exemple toute euidente, com¬me l'art de medccine,que nous a-uons pour le iourd'huy,n'eft qu'v-ne tromperie, le d e m o. Non,car tu ne m'en donne pas le loifir,mais fi tu veux te rédre autant at¬tentif à ni'efcoiiter fans rompremon propos,comme ie fuis preft àtenir mapromeffe,te t'affeure biéque ce fera tâtoft fait , Si puis quei'ay cômencé à entrer dedans Par-

PREMIER di ai o.

ture celle-là dontie t'ay parlé au-parauant , en laquelle on ne fçau-roit eftre bien ruzé,finon après a-uoir efté caufe de la mort de plu-fieurs. le c o s m o. le croy quetu dis bié, Se mcfmemët que celledernière efpccc de pratique,eft laplus bratie pièce de leur harnois,mais tu ne m'as point encores Ca-

tisfaït à ce que tu m'auois pro-mis,quieftoit dememonftrerparvne exemple toute euidente, com¬me l'art de medccine,que nous a-uons pour le iourd'huy,n'eft qu'v-ne tromperie, le d e m o. Non,car tu ne m'en donne pas le loifir,mais fi tu veux te rédre autant at¬tentif à ni'efcoiiter fans rompremon propos,comme ie fuis preft àtenir mapromeffe,te t'affeure biéque ce fera tâtoft fait , Si puis quei'ay cômencé à entrer dedans Par-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 216: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. pô*

chitecture ou peinture,iefuis co¬tent de n'en fortir point encores,Se fus elle mefiiies te déclarer ceque tu defires entendre de moy.Ëft-ilpas tout certain que s'il y aaucun qui entende l'art &reiglesde peinture ou architecture, fou-rdain qu'il fe prefentera deuant Ces

yeux quelque tableau ou édificemal batti, qu'aufft toft il iugcra ledéfaut qui y eft ? Et non fculemétfçaura faire cela, mais aulTi il dirale moyé par lequel on le pourroicamender. Mais celuy qui a la co¬gnoiffance de cette piperie qu'ilsappellét Médecine, tant s'en fautque voyant vn malade il puiffe af-feurer le remède qui luy eftpro-pre,qu'à peine peut il iuger de l'e-fpece & de la caufe de fa maladie,& encores qu'elle luy foit toutenotoire,fi cft-ce qu'il y perdra fon

O iij

DV DEMOCRITIC. pô*

chitecture ou peinture,iefuis co¬tent de n'en fortir point encores,Se fus elle mefiiies te déclarer ceque tu defires entendre de moy.Ëft-ilpas tout certain que s'il y aaucun qui entende l'art &reiglesde peinture ou architecture, fou-rdain qu'il fe prefentera deuant Ces

yeux quelque tableau ou édificemal batti, qu'aufft toft il iugcra ledéfaut qui y eft ? Et non fculemétfçaura faire cela, mais aulTi il dirale moyé par lequel on le pourroicamender. Mais celuy qui a la co¬gnoiffance de cette piperie qu'ilsappellét Médecine, tant s'en fautque voyant vn malade il puiffe af-feurer le remède qui luy eftpro-pre,qu'à peine peut il iuger de l'e-fpece & de la caufe de fa maladie,& encores qu'elle luy foit toutenotoire,fi cft-ce qu'il y perdra fon

O iij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 217: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

Latin, toutesfois pour ne fe mon-ftrer point ignare , il ne laiffera à

luy ordôiier quelqu'vne de ces belles rcceptes douteufes & incertai¬nes . Et fi par fortune il aduientque la maladie ayant pris & ter.miné fon cours fatal,le patient comence à ce trouuer mieux que de-uantjCc fera Moniieur le Médecinqui l'aura guer'y , ce feront les pil-lules qui auront bien opéré, voifcne fuffent-elles compoféesque decrottes de cheure &d'vrine,&par-femées d'vn peu de poudre de peigne pour leur bailler grâce , ainfiqu'il en fut donné vne foisàTlo-ché(village cenomanique tât mô-ftrueux Se plein de fi grandes merueilles que les grenouilles y chan¬tent ordinairement à la gueule deleurs fours) à vn certain feu Chre-ftien de bône memoireGuillatmie

PREMIER DIALO.

Latin, toutesfois pour ne fe mon-ftrer point ignare , il ne laiffera à

luy ordôiier quelqu'vne de ces belles rcceptes douteufes & incertai¬nes . Et fi par fortune il aduientque la maladie ayant pris & ter.miné fon cours fatal,le patient comence à ce trouuer mieux que de-uantjCc fera Moniieur le Médecinqui l'aura guer'y , ce feront les pil-lules qui auront bien opéré, voifcne fuffent-elles compoféesque decrottes de cheure &d'vrine,&par-femées d'vn peu de poudre de peigne pour leur bailler grâce , ainfiqu'il en fut donné vne foisàTlo-ché(village cenomanique tât mô-ftrueux Se plein de fi grandes merueilles que les grenouilles y chan¬tent ordinairement à la gueule deleurs fours) à vn certain feu Chre-ftien de bône memoireGuillatmie

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 218: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC P7

Mefche , lequel eftant pour vnegTiefue & defefperée maladie abâdéné des Medecins,fut ainfi traitté par vn fien nepueu qui luy fai-foit à croire que c'eftoiét des meilleures qu'il euft peu choifir chezles apoticaires,& après auoir courageufement aualle icelles pillu-les, elles firent telle opérât iô quele lëdemain il fut fus les piez auffipreft àboire que deuât.L E c o s-M o p h i.Vraiement quant eft decela, ie fuis affeuré que tu n'en dischofe qui ne foit vraye,niais tu enas oublié tout le meilleur de la fauce, car il y auoit encores entre lesépiceries aromatizéesfufdites des-écharbots pillez & brouillez pef-le-meflc , de forte qu'vn certainchirurgien qui acôpagnoit le ma¬lade, voulant faire l'effay d'icellespillules, après en auoir pris bruf-

O iiij

DV DEMOCRITIC P7

Mefche , lequel eftant pour vnegTiefue & defefperée maladie abâdéné des Medecins,fut ainfi traitté par vn fien nepueu qui luy fai-foit à croire que c'eftoiét des meilleures qu'il euft peu choifir chezles apoticaires,& après auoir courageufement aualle icelles pillu-les, elles firent telle opérât iô quele lëdemain il fut fus les piez auffipreft àboire que deuât.L E c o s-M o p h i.Vraiement quant eft decela, ie fuis affeuré que tu n'en dischofe qui ne foit vraye,niais tu enas oublié tout le meilleur de la fauce, car il y auoit encores entre lesépiceries aromatizéesfufdites des-écharbots pillez & brouillez pef-le-meflc , de forte qu'vn certainchirurgien qui acôpagnoit le ma¬lade, voulant faire l'effay d'icellespillules, après en auoir pris bruf-

O iiij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 219: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DI AL0.

quement fus la pointe d'vn cou-teau,& mis fus la langue,iltrouua(au moins ce difoit-il en grinçantde*' dens,& faifant affez laide gri-macejque c'eftoit de la caffe,maisqu'elle n'eftoit pas des mieux modéesdece monde. -t s democle croy que tu dis vray,mais volezque c'euft efté s'il euftpris quel¬que chofe par l'ordonance du mé¬decin, comment on euft dit alorsquel grâd perfonnagc c'eftoit quede luy, &toutesfois les hommesfont abufez iufques à là que volô-tiersilsraportent vn effet hazar-deux à l'opération de ces piperiesde merde ou à d'autres telles fo¬lies qui ont encores moindre ver¬tu que celaunais s'il aduient queleurs gentils medicamens ne for¬tifient pas vn bon effet , & que lepoure malade empoifo.nné de tel-

PREMIER DI AL0.

quement fus la pointe d'vn cou-teau,& mis fus la langue,iltrouua(au moins ce difoit-il en grinçantde*' dens,& faifant affez laide gri-macejque c'eftoit de la caffe,maisqu'elle n'eftoit pas des mieux modéesdece monde. -t s democle croy que tu dis vray,mais volezque c'euft efté s'il euftpris quel¬que chofe par l'ordonance du mé¬decin, comment on euft dit alorsquel grâd perfonnagc c'eftoit quede luy, &toutesfois les hommesfont abufez iufques à là que volô-tiersilsraportent vn effet hazar-deux à l'opération de ces piperiesde merde ou à d'autres telles fo¬lies qui ont encores moindre ver¬tu que celaunais s'il aduient queleurs gentils medicamens ne for¬tifient pas vn bon effet , & que lepoure malade empoifo.nné de tel-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 220: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC p8les pourritures en paffe le pas , a-lors Monfieur le medecin,auffi re-braffé comme s'il vouloir peftrir,dira, en hauffant les efpaullcs , Se

ferrant les leures à la bougrefque,que fon heure eftoit venue, qu'iln'y a remede,qu'on ne fçauroit al¬ler contre le vouloir deDieu,qu'iln'a pas tenuàluyd'auoir fait fondeuoir, ou au contraire le bour¬reau n'en aura pas efté moins ho¬micide que s'il auoi t ropu & froif-fé fur la roue : Voila cornent ainfique dit le Poète Angeuin ,

(feft vne bellefiiencePourfaire vne expérience, .

tj¤uant qu eftre vieil routier,Par la mortguérir les hommes.

Etpuis dire que nousfimmesDes plusfcauans du, métier.

Encores les excuferoi-ie d'auan-tage s'ils ne faifoienc mourir que

DV DEMOCRITIC p8les pourritures en paffe le pas , a-lors Monfieur le medecin,auffi re-braffé comme s'il vouloir peftrir,dira, en hauffant les efpaullcs , Se

ferrant les leures à la bougrefque,que fon heure eftoit venue, qu'iln'y a remede,qu'on ne fçauroit al¬ler contre le vouloir deDieu,qu'iln'a pas tenuàluyd'auoir fait fondeuoir, ou au contraire le bour¬reau n'en aura pas efté moins ho¬micide que s'il auoi t ropu & froif-fé fur la roue : Voila cornent ainfique dit le Poète Angeuin ,

(feft vne bellefiiencePourfaire vne expérience, .

tj¤uant qu eftre vieil routier,Par la mortguérir les hommes.

Etpuis dire que nousfimmesDes plusfcauans du, métier.

Encores les excuferoi-ie d'auan-tage s'ils ne faifoienc mourir que

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 221: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

<eux qu'on leur permet tuer lorsqu'ils prennent le degré à Motit-pelier,& qu'on leur dit, Vadeey«ccide Caim,qui eft à dire,Va & tueCaïm : chacune lettre de cette di¬ction Caïm feruant d'vn mot. C.Carmes.A.Auguftins.I.Iacobhis,M. Mineurs. le m ond. Certesils feroient bien mefehans d'exer¬cer leur cruauté fur cespoures gésqui font niefme défia mors quantau monde. L e c o s m o.Ouy bié,ce difent-ils, mais ie ne fçay pas fion donnoit les femmes en gardeà telle manière de mors,s'ils en fe¬roient point de vifs, l e m ond.Ienem'ébahyplus maintenant fitu n'as dit gueres de bien de ceuxqui eonferuentlafantédu corps,que mefme tu fais tant peu de co¬te des autres qui gardent celle del'ame. ie de m o. Comment la

PREMIER DIALO.

<eux qu'on leur permet tuer lorsqu'ils prennent le degré à Motit-pelier,& qu'on leur dit, Vadeey«ccide Caim,qui eft à dire,Va & tueCaïm : chacune lettre de cette di¬ction Caïm feruant d'vn mot. C.Carmes.A.Auguftins.I.Iacobhis,M. Mineurs. le m ond. Certesils feroient bien mefehans d'exer¬cer leur cruauté fur cespoures gésqui font niefme défia mors quantau monde. L e c o s m o.Ouy bié,ce difent-ils, mais ie ne fçay pas fion donnoit les femmes en gardeà telle manière de mors,s'ils en fe¬roient point de vifs, l e m ond.Ienem'ébahyplus maintenant fitu n'as dit gueres de bien de ceuxqui eonferuentlafantédu corps,que mefme tu fais tant peu de co¬te des autres qui gardent celle del'ame. ie de m o. Comment la

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 222: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. pp

felle de l'afne dis-tu?Quant eft demoy ie n'ay afne ny afneffc . L ec o s m o.Ie di celle de l'ame,c'eftà dire la fanté de noftre amc , carne penfes-tu pas que noftre araeeftant en quelque péché mortel,ne foit malade auffi bien que lecorps eftant détenu de quelquegriefuc maladie ? le democ.Ouy dea ie le penfe ainfi , car il y avn certain reraors(que nos Theo-logiensappellentle ver) de con-fcience qui époinçonne & rongele pécheur. Mais paffons outre,&venons à nos embourreurs de fau¬te, par Dieu fi ie fçauoy au vrayquelcû, qui me deuft deliurer d'v¬ne maladie de laquelle ie mefen-tiffc foulé, tiens toy affeuré qu'aulieu de le mefprifer,il ne tiendroicpointàlecareflër, reucrer, Se enfaire grand cas qui ne me guerift

DV DEMOCRITIC. pp

felle de l'afne dis-tu?Quant eft demoy ie n'ay afne ny afneffc . L ec o s m o.Ie di celle de l'ame,c'eftà dire la fanté de noftre amc , carne penfes-tu pas que noftre araeeftant en quelque péché mortel,ne foit malade auffi bien que lecorps eftant détenu de quelquegriefuc maladie ? le democ.Ouy dea ie le penfe ainfi , car il y avn certain reraors(que nos Theo-logiensappellentle ver) de con-fcience qui époinçonne & rongele pécheur. Mais paffons outre,&venons à nos embourreurs de fau¬te, par Dieu fi ie fçauoy au vrayquelcû, qui me deuft deliurer d'v¬ne maladie de laquelle ie mefen-tiffc foulé, tiens toy affeuré qu'aulieu de le mefprifer,il ne tiendroicpointàlecareflër, reucrer, Se enfaire grand cas qui ne me guerift

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 223: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

bien toft : Mais i'auroy belle peutqu'on neditàbo droit à celuy quife vanterait de ce faire , Médecinguéris toi toi-mefme.L ecosm.le voudroybien que tu m'euffesdit ton aduis de ces quatre terniesSe pilliers doriques du corps de lareligion Chreftienne, entcdu quei'ay défia veu corne tu leur as don¬né trois ou quatre atteintes , tou¬tefois fans t'y arrefter beaucoup.le d e m oc riti c.Encoresnet'en dirai-ie rien d'auantage pourcette heure , car ie te les referue à

bonne bouche, aufïi que c'eft rai-fon qu'ils marchent les dernierscomme les plus dignes & plus graues. le c o s m o. Et bien il mefufht,puisque tu me promets d'enparler;carie t'ai toufiours côgneuhoniedepromeffe, mais puis quetuas paracheué ton propos tou-

PREMIER DIALO.

bien toft : Mais i'auroy belle peutqu'on neditàbo droit à celuy quife vanterait de ce faire , Médecinguéris toi toi-mefme.L ecosm.le voudroybien que tu m'euffesdit ton aduis de ces quatre terniesSe pilliers doriques du corps de lareligion Chreftienne, entcdu quei'ay défia veu corne tu leur as don¬né trois ou quatre atteintes , tou¬tefois fans t'y arrefter beaucoup.le d e m oc riti c.Encoresnet'en dirai-ie rien d'auantage pourcette heure , car ie te les referue à

bonne bouche, aufïi que c'eft rai-fon qu'ils marchent les dernierscomme les plus dignes & plus graues. le c o s m o. Et bien il mefufht,puisque tu me promets d'enparler;carie t'ai toufiours côgneuhoniedepromeffe, mais puis quetuas paracheué ton propos tou-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 224: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. I0Ochant ceux qui acquièrent vne ré¬putation feulement par hazard Se

opinion vulgaire,ie voudroy bienque tu euffes de niefme acoutréces atitres,qui fe veulent faire eftimer feulement pour vne morgueSe grâce côirefaitte. le démo.Tu dois entendre qu'vne bonnepartie des hommes encores qu'ilsfoient les plus fols& incenfez ani-mans créez de la nature , fi ne ta¬chent-ils à autre chofe que de ref-fcmbler & aparoiftre figes & biéapris,lesvnsen parlant à tort & à fi , treP.

r . i ... parler y*trauers de tous les propos qu us citux

oyët entamer en vne compagnie,àcelle fin d'eftre eftimez bié méf¬iez , Se certes aufii font- ils , car ilsfe meflct entre tât de chofes qu'ilsne s'en peuuent le plus fouucncdépeftrer , ny fonir à leur honeur-Et fçauez vous à qui mieux ref-

DV DEMOCRITIC. I0Ochant ceux qui acquièrent vne ré¬putation feulement par hazard Se

opinion vulgaire,ie voudroy bienque tu euffes de niefme acoutréces atitres,qui fe veulent faire eftimer feulement pour vne morgueSe grâce côirefaitte. le démo.Tu dois entendre qu'vne bonnepartie des hommes encores qu'ilsfoient les plus fols& incenfez ani-mans créez de la nature , fi ne ta¬chent-ils à autre chofe que de ref-fcmbler & aparoiftre figes & biéapris,lesvnsen parlant à tort & à fi , treP.

r . i ... parler y*trauers de tous les propos qu us citux

oyët entamer en vne compagnie,àcelle fin d'eftre eftimez bié méf¬iez , Se certes aufii font- ils , car ilsfe meflct entre tât de chofes qu'ilsne s'en peuuent le plus fouucncdépeftrer , ny fonir à leur honeur-Et fçauez vous à qui mieux ref-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 225: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PRE MIER D IALO.

femblent tels babillars qui fe con¬

fondent ainfi , & fe brouillent enleurs propos ? à vn Perroquet-ouautre oifeau lequel fans entendrela voix qu'il contrefaitjtantoft ditde l'vn,puis caquette de l'autre,letout pefle-mefle , & fans aucuneliai fon de parties. Autant en fontces iappeurs & importûs caufeursen vne compagnie,car ils vont ca-quetant,oresdecettui-ci, ores decectui-làjtantoft alléguant vn paffage d'Ariftote pour approuuervne Euâgile, & tout à l'heure mefme philofophant fus vn féftu depaille que le vent fait vireuolteren l'air , puis rompant leurs pro¬pos par mille petites fottesdigiief-fîbnsjils vfent d'vne infinité de patoiles fuperflues Si ridicules , tou-tesfois ils ne laifferôt pas d'entrerle plus fouuent en la reputatiô de

PRE MIER D IALO.

femblent tels babillars qui fe con¬

fondent ainfi , & fe brouillent enleurs propos ? à vn Perroquet-ouautre oifeau lequel fans entendrela voix qu'il contrefaitjtantoft ditde l'vn,puis caquette de l'autre,letout pefle-mefle , & fans aucuneliai fon de parties. Autant en fontces iappeurs & importûs caufeursen vne compagnie,car ils vont ca-quetant,oresdecettui-ci, ores decectui-làjtantoft alléguant vn paffage d'Ariftote pour approuuervne Euâgile, & tout à l'heure mefme philofophant fus vn féftu depaille que le vent fait vireuolteren l'air , puis rompant leurs pro¬pos par mille petites fottesdigiief-fîbnsjils vfent d'vne infinité de patoiles fuperflues Si ridicules , tou-tesfois ils ne laifferôt pas d'entrerle plus fouuent en la reputatiô de

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 226: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DE MOCRITIC. loi

gens qui parlent fort bien de tou¬tes chofes, &qui fçauentdire lemot . Mais voyant que telle qua-naillene fait rien à mon propos,auiïi que deux-mefmes, ils décou-urent affez leur folie , au moins àceux qui ont la veuë bonne, ie fuiscotent de m'en taire & parler desautres, lefqucls voulans faire au ^ f0iie

contraire de ceux cy, contre tout de ceux

leur naturel affectent le plus que?*"' <#-ilspeuuétlamelanco!ie,pour-au- '"f *r ... , r. -melanct-tant qu ils ont Jeu en quelque pai nufage d'Atiftote que volontiers lesmélancoliques font ingenieux:tcllement que Ciceron voulant eftrede la fefte corne les autres,& pourtrouuer fon imperfection en ver¬tu,difoit qu'il ne fe repétoit pointd'eftre vnpeu morne Se tardifenparolles:ioint que tels Singes malappris fe veulët régler fus les Ira-

DV DE MOCRITIC. loi

gens qui parlent fort bien de tou¬tes chofes, &qui fçauentdire lemot . Mais voyant que telle qua-naillene fait rien à mon propos,auiïi que deux-mefmes, ils décou-urent affez leur folie , au moins àceux qui ont la veuë bonne, ie fuiscotent de m'en taire & parler desautres, lefqucls voulans faire au ^ f0iie

contraire de ceux cy, contre tout de ceux

leur naturel affectent le plus que?*"' <#-ilspeuuétlamelanco!ie,pour-au- '"f *r ... , r. -melanct-tant qu ils ont Jeu en quelque pai nufage d'Atiftote que volontiers lesmélancoliques font ingenieux:tcllement que Ciceron voulant eftrede la fefte corne les autres,& pourtrouuer fon imperfection en ver¬tu,difoit qu'il ne fe repétoit pointd'eftre vnpeu morne Se tardifenparolles:ioint que tels Singes malappris fe veulët régler fus les Ira-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 227: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

liens , qui poffible de leur naturelfont de telle condition. Mais tants'en faut que cette côtrairrte leuraguife d'auantage l'engin, qu'aucontraire ne leur fait rien lailTcrd'eux en vne compagnie qu'Vneopiniô de leurefprit,lourd& groffier. Tels Philofophcs agus nefcfçauroient mieux côparer qu'à lapourtraiture.de quelque beau cheual, aiant la mine d'Yne befte fortfurieufe, ou à l'homme qui eft deffus tenant brauemét les armes aupoin , car tout ainfi que ni le che-ual ni l'homme parcillemët, pourtemps qui viéne,ne châgét iamais-cette première figure ou forme,qui leur a efté donnée par le pein¬tre ou engraueur, autant en eft-ilde ceux-ci,quiveulétcftreveus prudés & vertueux,feulemcc par le vifage : car encores qu'on les mette.

en

PREMIER DIALO.

liens , qui poffible de leur naturelfont de telle condition. Mais tants'en faut que cette côtrairrte leuraguife d'auantage l'engin, qu'aucontraire ne leur fait rien lailTcrd'eux en vne compagnie qu'Vneopiniô de leurefprit,lourd& groffier. Tels Philofophcs agus nefcfçauroient mieux côparer qu'à lapourtraiture.de quelque beau cheual, aiant la mine d'Yne befte fortfurieufe, ou à l'homme qui eft deffus tenant brauemét les armes aupoin , car tout ainfi que ni le che-ual ni l'homme parcillemët, pourtemps qui viéne,ne châgét iamais-cette première figure ou forme,qui leur a efté donnée par le pein¬tre ou engraueur, autant en eft-ilde ceux-ci,quiveulétcftreveus prudés & vertueux,feulemcc par le vifage : car encores qu'on les mette.

en

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 228: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. IO£

en tous les meilleurs propos duinonde , il ne faut pas laifler d'enchercher d'autres, pour y refpou-dre,car ils ont cette mafquemelâ-colique tant engrauée au fond ducrâne de leur teftiere,qu'ileft im-pofïïble de les faire iamais parlerni mouuoir,non plus qu'vnepein-ture.Voila vne grande vertu,fi el¬le n'eftoit propre & peciiliere auxafnes .le cosmo. Si m'eft-iladuis qu'il n'y a gens au monde, à ^P*^meilleur droit eftimez fages , que ^L»^"ceux qui parlent ainfi peu (chofe des fages.

la plus recommadée de cous ceuxqui ont atteint quelque degré defapience) ce que donna bien vne-fois à cognoiftre Anaxagore Phi-lofophe ancien,Jequels'eftât trou ,

uécnvne compagnie en laquelleon médifoit d'vn chacun,& fe contraignant de force qu'il ne forcit

* P

DV DEMOCRITIC. IO£

en tous les meilleurs propos duinonde , il ne faut pas laifler d'enchercher d'autres, pour y refpou-dre,car ils ont cette mafquemelâ-colique tant engrauée au fond ducrâne de leur teftiere,qu'ileft im-pofïïble de les faire iamais parlerni mouuoir,non plus qu'vnepein-ture.Voila vne grande vertu,fi el¬le n'eftoit propre & peciiliere auxafnes .le cosmo. Si m'eft-iladuis qu'il n'y a gens au monde, à ^P*^meilleur droit eftimez fages , que ^L»^"ceux qui parlent ainfi peu (chofe des fages.

la plus recommadée de cous ceuxqui ont atteint quelque degré defapience) ce que donna bien vne-fois à cognoiftre Anaxagore Phi-lofophe ancien,Jequels'eftât trou ,

uécnvne compagnie en laquelleon médifoit d'vn chacun,& fe contraignant de force qu'il ne forcit

* P© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 229: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAI.O.

Î>as vne parolle hors de fa bouche,'ors que quelcun d'entre eux luy

demanda qui eftoit la caufe quil'empefchoit de parler, refponditalors, lime fou-uient de m'eftrequelquefois repentyd'auoir par¬lé, mais de m'eftre teu , iamais.Non-s lifons pareillement du bonCaton comme il témoignoit vo¬lontiers foy repentir de trois chev-fes, l'vne defquelles eftoit s'eftremisàlamercy des eaux pouuantcheminer par terre , l'autre d'a-uoir paffé vn iour en oifiueté fansfaire ou apprendre quelque cho¬fe vertueufe, la troifiéme & celledequoy il fe repentoit le plus-, s'ily eftoit aduenu de déclarer fon fe-çret,& principalement à vne fem¬me. Et croy que c'eft vne des gra¬des vertus que feaurott auoir l'ho¬me de parler peu & bien contenir

PREMIER DIAI.O.

Î>as vne parolle hors de fa bouche,'ors que quelcun d'entre eux luy

demanda qui eftoit la caufe quil'empefchoit de parler, refponditalors, lime fou-uient de m'eftrequelquefois repentyd'auoir par¬lé, mais de m'eftre teu , iamais.Non-s lifons pareillement du bonCaton comme il témoignoit vo¬lontiers foy repentir de trois chev-fes, l'vne defquelles eftoit s'eftremisàlamercy des eaux pouuantcheminer par terre , l'autre d'a-uoir paffé vn iour en oifiueté fansfaire ou apprendre quelque cho¬fe vertueufe, la troifiéme & celledequoy il fe repentoit le plus-, s'ily eftoit aduenu de déclarer fon fe-çret,& principalement à vne fem¬me. Et croy que c'eft vne des gra¬des vertus que feaurott auoir l'ho¬me de parler peu & bien contenir

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 230: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 10^

fâ langue, ce qui nous eft mefmesenfeigné par la nature , laquelle?pour nous monftrer qu'il falloirouïr d'eux-foîs autant que de par¬lerions a prouueuz de deux oreilles & feulement d'vne langue , àlaquelle elle a e»cores donné double rempart pour manifefter ex-preffémcnt comme les parolles nedoiuent point fbrtir de la bouchequ'elles ne foient bien & parfai¬tement digérées . LE DEMOC.Ces raiforts & authoritez que tuas mifesen auant, & toutes au¬tres qui fe peuucnt alléguer à cepropos pour confirmer latacitur-nité Se peu de parolles , eftre cho¬fes louables &vertueufes en la perfonne,fe peuuét diffoudrc en deuxmots. Et ne penfe-point quecela O»/"*^

n i r , , ' en quoi Uait cite tant recommande pat ces- ejt(,ajeanciens aucheurs,fi-non es chofes feutre*

P Vy.

DV DEMOCRITIC. 10^

fâ langue, ce qui nous eft mefmesenfeigné par la nature , laquelle?pour nous monftrer qu'il falloirouïr d'eux-foîs autant que de par¬lerions a prouueuz de deux oreilles & feulement d'vne langue , àlaquelle elle a e»cores donné double rempart pour manifefter ex-preffémcnt comme les parolles nedoiuent point fbrtir de la bouchequ'elles ne foient bien & parfai¬tement digérées . LE DEMOC.Ces raiforts & authoritez que tuas mifesen auant, & toutes au¬tres qui fe peuucnt alléguer à cepropos pour confirmer latacitur-nité Se peu de parolles , eftre cho¬fes louables &vertueufes en la perfonne,fe peuuét diffoudrc en deuxmots. Et ne penfe-point quecela O»/"*^

n i r , , ' en quoi Uait cite tant recommande pat ces- ejt(,ajeanciens aucheurs,fi-non es chofes feutre*

P Vy.© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 231: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

d'importance,&.qui peuuent nonfeulement tourner au preiudicedes perfonncs defquelles on parleen vne compagnie, mais suffi decettuy-là lequel inconfiderément& fans- aucun arreft veut dire for»aduis de chacune chofe propofëe,fans regarder qu'elle en peut eftrela fin ou la confequéce. Car il fuf-flc allez à l'homme de bon efprit,tant pour fon contentement quepçRit'le- plaifir qu'il a d'en deuiferauecques fes femblables , de co-gnoiftre la veritédes chofes, maisquâd il voit qu'en les ma.nifeftâr,la fin luy en pourrait e/ire dom¬mageable, ce luy feroit bien vnegrande témérité Se foxtife incon-fideréeque de ce faire , entendu

v% "que ton t.ainfi qu'il n'y a point de .

"l phis grade fagefle au monde , quede taire Si bien difsinuiler vne, ve-

PREMIER DIALO.

d'importance,&.qui peuuent nonfeulement tourner au preiudicedes perfonncs defquelles on parleen vne compagnie, mais suffi decettuy-là lequel inconfiderément& fans- aucun arreft veut dire for»aduis de chacune chofe propofëe,fans regarder qu'elle en peut eftrela fin ou la confequéce. Car il fuf-flc allez à l'homme de bon efprit,tant pour fon contentement quepçRit'le- plaifir qu'il a d'en deuiferauecques fes femblables , de co-gnoiftre la veritédes chofes, maisquâd il voit qu'en les ma.nifeftâr,la fin luy en pourrait e/ire dom¬mageable, ce luy feroit bien vnegrande témérité Se foxtife incon-fideréeque de ce faire , entendu

v% "que ton t.ainfi qu'il n'y a point de .

"l phis grade fagefle au monde , quede taire Si bien difsinuiler vne, ve-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 232: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

Dt DEMOCRITIC. I04

ritéjlaquelleeftât découuerte ap¬porterait quelque danger onpre-iudice à fon autheur, aufsi n'y a-ilpoint plus grande folie que d'enparler. Et voila la feule occafionqui doit tenir la bride aux parol¬les effrénées qui s'égareiït quel-quesfois trop lourd emét fans confiderer à quel but elles peuuent oudoiuent paruenir.Mais s'enfuit-ilpour cela qu'il faille ainfi contre¬faire le lourdaut mélancolie, Si fêmoftrer muet en vne compagnie,principalement quand il eft que-ftion de dire fon aduis d vn bonpropos, ou prendre plaifir à quel¬ques parolles encre-meflées de fa¬céties, pouT vferpuis après plusfermement des gralies Se fericu-fes ? Et pour le certain tout hom -

me qui n'envfera ainfi, quoy qu'ilcontreface de l'ingénieux , ou du

P iij

Dt DEMOCRITIC. I04

ritéjlaquelleeftât découuerte ap¬porterait quelque danger onpre-iudice à fon autheur, aufsi n'y a-ilpoint plus grande folie que d'enparler. Et voila la feule occafionqui doit tenir la bride aux parol¬les effrénées qui s'égareiït quel-quesfois trop lourd emét fans confiderer à quel but elles peuuent oudoiuent paruenir.Mais s'enfuit-ilpour cela qu'il faille ainfi contre¬faire le lourdaut mélancolie, Si fêmoftrer muet en vne compagnie,principalement quand il eft que-ftion de dire fon aduis d vn bonpropos, ou prendre plaifir à quel¬ques parolles encre-meflées de fa¬céties, pouT vferpuis après plusfermement des gralies Se fericu-fes ? Et pour le certain tout hom -

me qui n'envfera ainfi, quoy qu'ilcontreface de l'ingénieux , ou du

P iij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 233: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO,

magnifique Mefferde Venife, fîne fera-il iatnais entre perfonnesde bon efprit eftimé autre qu'vnfot Si de gtoffe pafte tel qu'il eft à

la vérité, cela toutefois demeurâtexcufable à ceux qui veulent ca¬cher leur folie & indiferetion fousle voile de filence,car c'eft bien laplus grande fagefïe que fçauroitpoint auoir vn fot que de fêpou-uoir contenir de parler, veu qu'ence faifant pour le moins il nedé-couure ce qui eft de fon défaut.le cosmophile. Quelquechofe que i'en aye foutenu au contraire , fi n'en ay-ie iamais eftiméaucreméequeeeque tu en as dit,car c'eft bien la chofe que iehayle plus que d'affecter cette mélan¬colie d'afne, de laquelle il y en apour le iourd'huy quelques-vnstant entachez qu'ils ne peuuenc

PREMIER DIALO,

magnifique Mefferde Venife, fîne fera-il iatnais entre perfonnesde bon efprit eftimé autre qu'vnfot Si de gtoffe pafte tel qu'il eft à

la vérité, cela toutefois demeurâtexcufable à ceux qui veulent ca¬cher leur folie & indiferetion fousle voile de filence,car c'eft bien laplus grande fagefïe que fçauroitpoint auoir vn fot que de fêpou-uoir contenir de parler, veu qu'ence faifant pour le moins il nedé-couure ce qui eft de fon défaut.le cosmophile. Quelquechofe que i'en aye foutenu au contraire , fi n'en ay-ie iamais eftiméaucreméequeeeque tu en as dit,car c'eft bien la chofe que iehayle plus que d'affecter cette mélan¬colie d'afne, de laquelle il y en apour le iourd'huy quelques-vnstant entachez qu'ils ne peuuenc

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 234: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRÎTÎC. IOÇ

trouuer rien bon d'autruy. l ed e m o c R 1. Commet eft-il po£fible qu'ils approuuétce que fontles autres, quand ils fe déplaifentà eux-mefmes , ne cherchas pointautre plus grand plaifir , que d'e-fpier l'horreur de- quelque lieu fe-cret pour auoir le moyen d'eftrefeuhjà celle fin de difputer & pren-dre querelle le plus fouuentàleucombre ?le co-smophile.le m'ébahy comment tu dis cela,& que tu, ne crains en ce faifancde t'en accufer toy-mefme le pre¬mier, veilqu'il femble que le plusde ton plaifir eft à chercher deslieux folitaires pour faire des dit-cours &difputer (ainfi que tu di-fois des autres) tout feul auecqueston ombre, le de mo cri. lene fçay pas comment tu entreprésde iuger fi foudain de mes com-

P iiij

DV DEMOCRÎTÎC. IOÇ

trouuer rien bon d'autruy. l ed e m o c R 1. Commet eft-il po£fible qu'ils approuuétce que fontles autres, quand ils fe déplaifentà eux-mefmes , ne cherchas pointautre plus grand plaifir , que d'e-fpier l'horreur de- quelque lieu fe-cret pour auoir le moyen d'eftrefeuhjà celle fin de difputer & pren-dre querelle le plus fouuentàleucombre ?le co-smophile.le m'ébahy comment tu dis cela,& que tu, ne crains en ce faifancde t'en accufer toy-mefme le pre¬mier, veilqu'il femble que le plusde ton plaifir eft à chercher deslieux folitaires pour faire des dit-cours &difputer (ainfi que tu di-fois des autres) tout feul auecqueston ombre, le de mo cri. lene fçay pas comment tu entreprésde iuger fi foudain de mes com-

P iiij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 235: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAIO..

plexions, entendu le peu de co¬gnoiffance que tuas de moy, &bien que tu m'eufles- hanté touteta "vie, fi fuis-je a-ffouréque tu nejn'aurois pas en telle eftimé . l e

c o s m q phi le . D'où venoitdonques. cela lorsque ie t'ay ren¬contré que tu parfois feul mépri-fantla manière défaire & fottifedes hommes"? i e j> e m p.c Ri.Je m'étonne- comment, ttj ingeS fà

iegierement d'vne chofe. quit eftincertaine , ce que ie te pardonnetoutesfois de bon cmur , car tan-disqu'il te reliera dedans la, tefteJa moindre "eftincellc de cette fo¬lie mondaine, tu feras tOufiours.quelque acte volgge '& digne dereprehenfiqJii.-i, i^p's.Mopa I.Non-fera,y-pas;, moyennant que.tu açcôpliflës ce que, tu m'as pro-mis,car de nia part Tay efté défia.

PREMIER DIAIO..

plexions, entendu le peu de co¬gnoiffance que tuas de moy, &bien que tu m'eufles- hanté touteta "vie, fi fuis-je a-ffouréque tu nejn'aurois pas en telle eftimé . l e

c o s m q phi le . D'où venoitdonques. cela lorsque ie t'ay ren¬contré que tu parfois feul mépri-fantla manière défaire & fottifedes hommes"? i e j> e m p.c Ri.Je m'étonne- comment, ttj ingeS fà

iegierement d'vne chofe. quit eftincertaine , ce que ie te pardonnetoutesfois de bon cmur , car tan-disqu'il te reliera dedans la, tefteJa moindre "eftincellc de cette fo¬lie mondaine, tu feras tOufiours.quelque acte volgge '& digne dereprehenfiqJii.-i, i^p's.Mopa I.Non-fera,y-pas;, moyennant que.tu açcôpliflës ce que, tu m'as pro-mis,car de nia part Tay efté défia.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 236: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. IOr$

& fuis encores plus preft d'enten¬dre & croire tes aduertiffemens,que ie ne fu onques. le de m o-critic. Et ie feray donq' fortaife que tu apprennes icy de moyde n affeuret iamais vne chofe dottu n'auras point certaine cognoiffance,de peur qu'en faillant à direIôvray,tu ne fois eftimé par tropeuenté , ainfi que tu t'es- raonftréeuidemmcx en me taxant de-quoyie parloy feul lors que par hazaranous-nous fommes icyxécontrez.Et à celle-fin que tu cognoiffes tôerreur*il faut que tii entendes queiene; faifois alors que laiifer deux{ comme ie croy ) des plus gransfols du monde, dontl'vn contre-Faifoitle philafophe, ne parlantd'autre chofe que du cours descieux , des influéces des planettcs&eftoilles, de la magie & nature

DV DEMOCRITIC. IOr$

& fuis encores plus preft d'enten¬dre & croire tes aduertiffemens,que ie ne fu onques. le de m o-critic. Et ie feray donq' fortaife que tu apprennes icy de moyde n affeuret iamais vne chofe dottu n'auras point certaine cognoiffance,de peur qu'en faillant à direIôvray,tu ne fois eftimé par tropeuenté , ainfi que tu t'es- raonftréeuidemmcx en me taxant de-quoyie parloy feul lors que par hazaranous-nous fommes icyxécontrez.Et à celle-fin que tu cognoiffes tôerreur*il faut que tii entendes queiene; faifois alors que laiifer deux{ comme ie croy ) des plus gransfols du monde, dontl'vn contre-Faifoitle philafophe, ne parlantd'autre chofe que du cours descieux , des influéces des planettcs&eftoilles, de la magie & nature

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 237: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIAIO*

desefprisminiftres ainfi qu'il di-foitde fon art, fe ruant auifi quel¬que-fois fus l'alquimie qui eft vnefcience qui traitte de la tranfhui-tation des métaux : L'autre cofn-paignô de folie à ce premier tré-choitdu foldat, blâmant toutesautres chofes, forsquecepoinctd'honneur,& fembloitàvoirla fureur du perfbnnage , que l'ombredu fourreau de fon épée eut la puiffancede tuer vn home fans coupfrapper: Et ainfi après auoir prisquelque plaifir à leur accorder,par fois tâtoft à l'vn , tâtoft àl'au-tre,pour en tirer d'auatage de paffe-teps:à la fin ennuie de leurs 15-gues & importunes cauferies,i'aytant fait que ie m'enfuis dépeftrele plus bonneftemét qu'il m'a eftépolîîble, & alors i'auois auecquesinoypour nie féconder vn homme

PREMIER DIAIO*

desefprisminiftres ainfi qu'il di-foitde fon art, fe ruant auifi quel¬que-fois fus l'alquimie qui eft vnefcience qui traitte de la tranfhui-tation des métaux : L'autre cofn-paignô de folie à ce premier tré-choitdu foldat, blâmant toutesautres chofes, forsquecepoinctd'honneur,& fembloitàvoirla fureur du perfbnnage , que l'ombredu fourreau de fon épée eut la puiffancede tuer vn home fans coupfrapper: Et ainfi après auoir prisquelque plaifir à leur accorder,par fois tâtoft à l'vn , tâtoft àl'au-tre,pour en tirer d'auatage de paffe-teps:à la fin ennuie de leurs 15-gues & importunes cauferies,i'aytant fait que ie m'enfuis dépeftrele plus bonneftemét qu'il m'a eftépolîîble, & alors i'auois auecquesinoypour nie féconder vn homme

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 238: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. I07

de grand fçauoir & de fort bpn e-fprit, lequel fans autremét me co-gnoiftre ny moy luy , s'addreffa,ily a bien vn demy-an,àma maifon,& après l'auoir vn peu regardé &ouy parler,ic cogneu tât à fes pro¬pos qu'à fon vifage que c'eftoit vnhomme de iugement Se de grandedoctrine, & le voyant fouffreteuxSi en necefsité ie ne fu pas moinspreft de luy dôner fecours qu'il e-ftoit à me le demâder,& toutefoisdepuis ce temps là nous auôs de¬meuré amiablement enfemble, e-ftant bien aife d'auoir recouure!pour compagnie vn tel homme &plein de fi grande érudition.Maispour rentrer au heu dont i'eftoisforty, après que ces Mefsieurs fu¬ient départis d'auecques nous,Dieu fçait fi cet homme duquelie te vie de parler, & moy nous les

DV DEMOCRITIC. I07

de grand fçauoir & de fort bpn e-fprit, lequel fans autremét me co-gnoiftre ny moy luy , s'addreffa,ily a bien vn demy-an,àma maifon,& après l'auoir vn peu regardé &ouy parler,ic cogneu tât à fes pro¬pos qu'à fon vifage que c'eftoit vnhomme de iugement Se de grandedoctrine, & le voyant fouffreteuxSi en necefsité ie ne fu pas moinspreft de luy dôner fecours qu'il e-ftoit à me le demâder,& toutefoisdepuis ce temps là nous auôs de¬meuré amiablement enfemble, e-ftant bien aife d'auoir recouure!pour compagnie vn tel homme &plein de fi grande érudition.Maispour rentrer au heu dont i'eftoisforty, après que ces Mefsieurs fu¬ient départis d'auecques nous,Dieu fçait fi cet homme duquelie te vie de parler, & moy nous les

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 239: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

lauafmes ainfi qu'il appartenoif,& eftoit pour cefte occafiô que ieluydifoi, lors que tu n'eftimoisparler tout feul, corne iemefen-toifort tenu & obligea la naturedenem'auoirpoint enfeuely en¬

tre tant de folies Se erreurs comu-nes aux autres homes, Se ainfi que

. je dônoi fin à mo propos il fe fou'uint d'vn voyage qu;ilauoit à fai¬re deuers vn fie amy,parquoi toutincontinét il s'en partit & prit co-géde moy iufques au retour. Tupeux maintenant afïèz euidem-menc cognoiftre la faute du iuge-ment que tu auois fait tant fou-dain de mes parolles.L e c o s m.le fuis contraint de confeffer encela mon deffaue,mais en penfantdemeurer fâtrsfait d'vn poinct,tttm'as remis derechefen deux de-firs trop plus grans que n'efloit fe

PREMIER DIALO.

lauafmes ainfi qu'il appartenoif,& eftoit pour cefte occafiô que ieluydifoi, lors que tu n'eftimoisparler tout feul, corne iemefen-toifort tenu & obligea la naturedenem'auoirpoint enfeuely en¬

tre tant de folies Se erreurs comu-nes aux autres homes, Se ainfi que

. je dônoi fin à mo propos il fe fou'uint d'vn voyage qu;ilauoit à fai¬re deuers vn fie amy,parquoi toutincontinét il s'en partit & prit co-géde moy iufques au retour. Tupeux maintenant afïèz euidem-menc cognoiftre la faute du iuge-ment que tu auois fait tant fou-dain de mes parolles.L e c o s m.le fuis contraint de confeffer encela mon deffaue,mais en penfantdemeurer fâtrsfait d'vn poinct,tttm'as remis derechefen deux de-firs trop plus grans que n'efloit fe

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 240: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. Io8premier , dot l'vn eft de fçauoir lenom de cet homme tant docte , &communiquer auecques luy, l'au¬tre d'auoir ma part de la rifée quet'auoient appreftée ces deux fols,dont tu as maintenant parlé, ledem o.Quâr eft du dernier, puis¬que tu en as fi grade enuie ie t'enferay bieniouïr, de l'autre qui eftde fçauoir le nom de cet hommedont ie t'ay faic mention, ie ne telefçamoi dire, & moins encoresrefaire cômuniquer pourlcpre-fent auecques luy,entédu qu'il eft( ainfi que ie t'ay défia dit ) allévoir vn fien amy. Bien eft vray quele nom par lequel il fe faifoit ap-pellcr eftoitjle Monirien,& eft vnhomme à le voir trifte, monftrancvn vifage affez melancolique,nonpas de cette lourde &grofsiere melâcolie d'afne,car au refte il eft ho

DV DEMOCRITIC. Io8premier , dot l'vn eft de fçauoir lenom de cet homme tant docte , &communiquer auecques luy, l'au¬tre d'auoir ma part de la rifée quet'auoient appreftée ces deux fols,dont tu as maintenant parlé, ledem o.Quâr eft du dernier, puis¬que tu en as fi grade enuie ie t'enferay bieniouïr, de l'autre qui eftde fçauoir le nom de cet hommedont ie t'ay faic mention, ie ne telefçamoi dire, & moins encoresrefaire cômuniquer pourlcpre-fent auecques luy,entédu qu'il eft( ainfi que ie t'ay défia dit ) allévoir vn fien amy. Bien eft vray quele nom par lequel il fe faifoit ap-pellcr eftoitjle Monirien,& eft vnhomme à le voir trifte, monftrancvn vifage affez melancolique,nonpas de cette lourde &grofsiere melâcolie d'afne,car au refte il eft ho

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 241: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

me de fort grand efprit, & eft aifeà voir,ainfiquei'enay peuconie-cturer quelque chofe par ces pro¬pos,qu'vne grande partie dé fa trifteffe luy procède àl'occafion desgrans tors qui luy ont efté faits,&mefinedeceuxdéc ildeuoic eftreJe plusfecouru, toutefois il eflayele plus qu'il peut à mettre cette nielâcolie bas, & fè refiouïr quelque¬fois auecques moy, & ainfi qu'ilm'a dit,il fera ici de retour dedanspeu de temps: & fi tu veux attëdreiufques là,encores que Taie vn voiage à faire,fi le delairrai-ie pluftoftà vn autre terme pour te faire co-pagnie , ou bien fi tu aime-mieuxretourner quand il fera venu, tupourras alors aifément accomplirtô defîr,fi tu î/as autre empefchc-méc qui t'en détourne, le c o s-m o p. le te remercie bien fort de

PREMIER DIALO.

me de fort grand efprit, & eft aifeà voir,ainfiquei'enay peuconie-cturer quelque chofe par ces pro¬pos,qu'vne grande partie dé fa trifteffe luy procède àl'occafion desgrans tors qui luy ont efté faits,&mefinedeceuxdéc ildeuoic eftreJe plusfecouru, toutefois il eflayele plus qu'il peut à mettre cette nielâcolie bas, & fè refiouïr quelque¬fois auecques moy, & ainfi qu'ilm'a dit,il fera ici de retour dedanspeu de temps: & fi tu veux attëdreiufques là,encores que Taie vn voiage à faire,fi le delairrai-ie pluftoftà vn autre terme pour te faire co-pagnie , ou bien fi tu aime-mieuxretourner quand il fera venu, tupourras alors aifément accomplirtô defîr,fi tu î/as autre empefchc-méc qui t'en détourne, le c o s-m o p. le te remercie bien fort de

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 242: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRiriC. Iop-

l'offre que tu me fais , de laquelletoutefois ie ne peux vler pour cet¬te heure icy,entédu que neceffai-rementie doy faire vn voyage fusmer, auquel tant pour les affairesque i'ai parlechemin,que pour letemps qui me faut à aller & venir,encores qu'il ne m'arriue point defortune,ie ne fçauroy moins a'rre-fter que fept ou huit mois,& ainfitu ne différeras poît (s'il te plaiftypour moy à donner ordre àtes af¬faires, & alors que nous ferons deretour nous entre-conterons desnouueltes l'vn à l'autre.Mais ie teprierai bien-fortque noftre voia-ge fait , au moins fi ma côpagniet'eft agréable , que ce peu de co-gnoiflance que nous auôs enfem-bles'augmétepar ci après par vne *^plus Iongue,& continuelle frequêration. l e d e m. le t'affeure bien

î

DV DEMOCRiriC. Iop-

l'offre que tu me fais , de laquelletoutefois ie ne peux vler pour cet¬te heure icy,entédu que neceffai-rementie doy faire vn voyage fusmer, auquel tant pour les affairesque i'ai parlechemin,que pour letemps qui me faut à aller & venir,encores qu'il ne m'arriue point defortune,ie ne fçauroy moins a'rre-fter que fept ou huit mois,& ainfitu ne différeras poît (s'il te plaiftypour moy à donner ordre àtes af¬faires, & alors que nous ferons deretour nous entre-conterons desnouueltes l'vn à l'autre.Mais ie teprierai bien-fortque noftre voia-ge fait , au moins fi ma côpagniet'eft agréable , que ce peu de co-gnoiflance que nous auôs enfem-bles'augmétepar ci après par vne *^plus Iongue,& continuelle frequêration. l e d e m. le t'affeure bien

î

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 243: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER DIALO.

qu'il ne tiendra pas en moy, car iln'y a homme en ce monde qui de-firepluftoft côpagnie,mais qu'el¬le ne foit point de ces gros butieràqui s'eftiment fages', &àcelle-fmqu'vne autre- fois tu ptiiffes mieuxxetrouuer le chemin à me venirvoir,ie te prierai bien-fort de ve¬nir prendre le difner iufques enma petite maifonnette. Une fautpasque-tupéfes que ie teconuiepour te donner des viandes royal-les &exquifes, mais telles qu'el¬les fom,ce fera de bien bon cuur.Et fi me feniWeque tu ne peuxa-uoir bonnement -occafion de merefufer, veu que l'heure du difners'approche, auffi que le lieu n'eft '

/y pasfoTtloingd'ici.Tupeux-voirlàr^f jf/£=au defius en ce petit lieu mocuetix1 .* Ta-y:& vne maiso quarrée faitte en terraf ,

=fe, appuiée de deux tourelles <Cvn

cofté,

PREMIER DIALO.

qu'il ne tiendra pas en moy, car iln'y a homme en ce monde qui de-firepluftoft côpagnie,mais qu'el¬le ne foit point de ces gros butieràqui s'eftiment fages', &àcelle-fmqu'vne autre- fois tu ptiiffes mieuxxetrouuer le chemin à me venirvoir,ie te prierai bien-fort de ve¬nir prendre le difner iufques enma petite maifonnette. Une fautpasque-tupéfes que ie teconuiepour te donner des viandes royal-les &exquifes, mais telles qu'el¬les fom,ce fera de bien bon cuur.Et fi me feniWeque tu ne peuxa-uoir bonnement -occafion de merefufer, veu que l'heure du difners'approche, auffi que le lieu n'eft '

/y pasfoTtloingd'ici.Tupeux-voirlàr^f jf/£=au defius en ce petit lieu mocuetix1 .* Ta-y:& vne maiso quarrée faitte en terraf ,

=fe, appuiée de deux tourelles <Cvn

cofté,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 244: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D V DEMOCRITIC. IIO

tofté1, & de ce coRé mefme vnebelle veuë de prairie en bas,coup-pée & enrrelaffée de ces petis ruïffeaus,qui ont ainfi Iccours vagué& tortu:de l'autre cofté cefte tou*che de-bois fort haute & ombra*-gcufè, dont l'vn des bouts-prentfin à ces rochers bocageus que tuvois à vn dësdëtours de cette prée,Se Pautre au commencement decette grade plaine qui eft" vn peuau deflôus de cette maifon que iet'ai monftrée :. La- vois- tu bien là:

par entre ces deus chefnes cirant-vnpeu fiis la main gauche? i ec o s m o p h r.îe la voi fort bien;le d e m o c r iti c.Or ttrvoi?vne niaifôn qui eft mienne,& fi ttrme vetrs faire tant de bien que d'y;veniF prendre le difner,ie temon-ftrerai rlus amplement les corn-mo direz & fitiiation duiieuqur

D V DEMOCRITIC. IIO

tofté1, & de ce coRé mefme vnebelle veuë de prairie en bas,coup-pée & enrrelaffée de ces petis ruïffeaus,qui ont ainfi Iccours vagué& tortu:de l'autre cofté cefte tou*che de-bois fort haute & ombra*-gcufè, dont l'vn des bouts-prentfin à ces rochers bocageus que tuvois à vn dësdëtours de cette prée,Se Pautre au commencement decette grade plaine qui eft" vn peuau deflôus de cette maifon que iet'ai monftrée :. La- vois- tu bien là:

par entre ces deus chefnes cirant-vnpeu fiis la main gauche? i ec o s m o p h r.îe la voi fort bien;le d e m o c r iti c.Or ttrvoi?vne niaifôn qui eft mienne,& fi ttrme vetrs faire tant de bien que d'y;veniF prendre le difner,ie temon-ftrerai rlus amplement les corn-mo direz & fitiiation duiieuqur

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 245: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

PREMIER Dï Aï.0.eft poifible telle que tu y prendrasquelq ne plaifir. L e c o s m o p h.Certes la defcription que tu m'enas faitte, & dont i'en voy vne bonne partie , me conuieaffez d'elle-mefmes de l'aller voir,& t'affeureque ie ne t'en éconduyrai point,moyennât que tu me vieilles pro¬mettre de ton cofté d'en faire au-iourd'huy le pareil à fouper en lamienne , qui n'eft pas gueres plusloing d'ici que celle-là que tum'as monftrée, & fi ie croy quei'onnefçauroit plus iuftemêt borlier le milieu du chemin de nosdeus maifons qu'en ce lieu ici.L e

de mo. le ne te fçauroy promet¬tre d'y aller pour le iourd huy , Se

tepri de m'en exeufer, veu quei'atte à fouper aueques moy quel-ques-vns de mes plus gratis am s,

enuersîefquel» il ne me feroit h 5-

PREMIER Dï Aï.0.eft poifible telle que tu y prendrasquelq ne plaifir. L e c o s m o p h.Certes la defcription que tu m'enas faitte, & dont i'en voy vne bonne partie , me conuieaffez d'elle-mefmes de l'aller voir,& t'affeureque ie ne t'en éconduyrai point,moyennât que tu me vieilles pro¬mettre de ton cofté d'en faire au-iourd'huy le pareil à fouper en lamienne , qui n'eft pas gueres plusloing d'ici que celle-là que tum'as monftrée, & fi ie croy quei'onnefçauroit plus iuftemêt borlier le milieu du chemin de nosdeus maifons qu'en ce lieu ici.L e

de mo. le ne te fçauroy promet¬tre d'y aller pour le iourd huy , Se

tepri de m'en exeufer, veu quei'atte à fouper aueques moy quel-ques-vns de mes plus gratis am s,

enuersîefquel» il ne me feroit h 5-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 246: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC Ht

nefte de fauffer ma promeffc , nivfer d'excufe en quelque forteque ce fut. Et parce ictefupplieremettons cela à vne autre-fois,quand nous ferons retournez denos voïages: Mais fçais-tu bienqu'il y a,tu ne bifferas point pouc

pour cela de t'en venir dineraueques moy. le c o s.

Et bien donq'puis qu'ilteplaift ainfi,ie t'y

ferai compa¬gnie.

FIN DV PREMIERDIALOGVE.

OJJ

DV DEMOCRITIC Ht

nefte de fauffer ma promeffc , nivfer d'excufe en quelque forteque ce fut. Et parce ictefupplieremettons cela à vne autre-fois,quand nous ferons retournez denos voïages: Mais fçais-tu bienqu'il y a,tu ne bifferas point pouc

pour cela de t'en venir dineraueques moy. le c o s.

Et bien donq'puis qu'ilteplaift ainfi,ie t'y

ferai compa¬gnie.

FIN DV PREMIERDIALOGVE.

OJJ

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 247: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

/SECOND DLALQGVEDV. DEMOCRITIC.

LE C O S M OP. H IL E..

-RAÏM,ENT'àce-(.qu-G. te voy- noftredifne-r n'a pas eftéfait à la mode desVénitiens, le de-

m o. Comment cela? le c o s-M o p h. Pour-autât qu'on fe.mecà table/ ainfi qu'ils difentj pourmanger, & non pas pour confé¬rer de ces affaires,qui eft l'occafioqui les arc tarde volontiers de deui-.

fer dînant le repas, le d e m o.Si telle .manière de, lourdaus peu-,

/SECOND DLALQGVEDV. DEMOCRITIC.

LE C O S M OP. H IL E..

-RAÏM,ENT'àce-(.qu-G. te voy- noftredifne-r n'a pas eftéfait à la mode desVénitiens, le de-

m o. Comment cela? le c o s-M o p h. Pour-autât qu'on fe.mecà table/ ainfi qu'ils difentj pourmanger, & non pas pour confé¬rer de ces affaires,qui eft l'occafioqui les arc tarde volontiers de deui-.

fer dînant le repas, le d e m o.Si telle .manière de, lourdaus peu-,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 248: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D V 'D B M" 0"*C R Iîf I"C. ' "I I'4

fentque ce 'foit vue' bien grandevertu que de n-e-dire mot en pre*liant fa réfection, les pourceaus &autres beftes br-ut-es fèroyenc tan->

toft felô leurrcgle, dignesd'eftre"mis au rang des vereueus perfoix*nages , fi d'auenture cela ne fail-lait à l'endroit des chiens quiménent quelque-fois affez belle iloi<-fê pourvu ôz, à qtii l'emportera*le c o s m o. leme doutoy bienque ces Veniciens,quoy qu'ils af¬fectée fus toutes chofes eftre efti-mex les plus fages ,j n'enferoyencnon plus-épargnézqueles autres,-qui a efté la caufe qu'rm'en a faitentamer le propos pour fçauoirquel iugefnét tu en voudrais don-*ner , & fini euffes point eu meil¬leure opinion d'eus, pourautancque ce font lesperfonnes duiour-d'huyqui fuyuent déplus- près k

QJij

D V 'D B M" 0"*C R Iîf I"C. ' "I I'4

fentque ce 'foit vue' bien grandevertu que de n-e-dire mot en pre*liant fa réfection, les pourceaus &autres beftes br-ut-es fèroyenc tan->

toft felô leurrcgle, dignesd'eftre"mis au rang des vereueus perfoix*nages , fi d'auenture cela ne fail-lait à l'endroit des chiens quiménent quelque-fois affez belle iloi<-fê pourvu ôz, à qtii l'emportera*le c o s m o. leme doutoy bienque ces Veniciens,quoy qu'ils af¬fectée fus toutes chofes eftre efti-mex les plus fages ,j n'enferoyencnon plus-épargnézqueles autres,-qui a efté la caufe qu'rm'en a faitentamer le propos pour fçauoirquel iugefnét tu en voudrais don-*ner , & fini euffes point eu meil¬leure opinion d'eus, pourautancque ce font lesperfonnes duiour-d'huyqui fuyuent déplus- près k

QJij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 249: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIAIO.

trace de cette vénérable antiqui¬té, & furlefqucls eft empraintlevrai & naturel archttipe du tantcélébré & renommé Sénat des Ro¬mains, vrai eft qu'on dit que lesplus granslarrons y font les mietisvenus , moyennât qu'ils dérobentà moitié de butin, le democ.Voila ceus que ie demande pourauoir bien occafion de nie mo¬quer, veu que fi vous oftez à cesMeilleurs les grandes mâches ouleurs bonnets de diadefme, vousleur ofterez pareillement toutela fageffe:car tu dois entendre quela plus faine partie de leur cer¬neau eft au deffus de leurs barre-tes aueques le iagemét,& n'eftoiçqu'ils ont crouué cet honneftemoyen de faire leur profit, ils de*meureroyent encores en vn plusextrême degré de foctifê » mais

SECOND DIAIO.

trace de cette vénérable antiqui¬té, & furlefqucls eft empraintlevrai & naturel archttipe du tantcélébré & renommé Sénat des Ro¬mains, vrai eft qu'on dit que lesplus granslarrons y font les mietisvenus , moyennât qu'ils dérobentà moitié de butin, le democ.Voila ceus que ie demande pourauoir bien occafion de nie mo¬quer, veu que fi vous oftez à cesMeilleurs les grandes mâches ouleurs bonnets de diadefme, vousleur ofterez pareillement toutela fageffe:car tu dois entendre quela plus faine partie de leur cer¬neau eft au deffus de leurs barre-tes aueques le iagemét,& n'eftoiçqu'ils ont crouué cet honneftemoyen de faire leur profit, ils de*meureroyent encores en vn plusextrême degré de foctifê » mais

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 250: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. II£

cette diuine manière de larrecinqu'ils ont inuenté , couure beau¬coup de leur beftife & ignorance.ie c o s m o. Or bien bien,laif-fons les là faire la pipée pour cet¬te heure,& retournons au proposque ie t'auois rôpu nagucres prcf-que fus la fin du difner, quand tum'as dit que tu t'efmerueilloisbeaucoup , veu que nosmaifonscftoyent fi près l'vne de l'autre,comment nous auions eu fi peud'acointanceenfemble. l e de-M o.Hahu m'é fais fouuenir: maisà propos,comment c'eft peu fairecela? le c o s m o p h. Il ne fautpoint que tu t'en ébahiffes,entendu,qu'il y a pour le moins cinq oufixansque ie n'ai feiourné aucu¬nement par deçà , durant lequeltems ie n'ai fait autre chofe quevoyager pour apprendre que ce

QJiij

DV DEMOCRITIC. II£

cette diuine manière de larrecinqu'ils ont inuenté , couure beau¬coup de leur beftife & ignorance.ie c o s m o. Or bien bien,laif-fons les là faire la pipée pour cet¬te heure,& retournons au proposque ie t'auois rôpu nagucres prcf-que fus la fin du difner, quand tum'as dit que tu t'efmerueilloisbeaucoup , veu que nosmaifonscftoyent fi près l'vne de l'autre,comment nous auions eu fi peud'acointanceenfemble. l e de-M o.Hahu m'é fais fouuenir: maisà propos,comment c'eft peu fairecela? le c o s m o p h. Il ne fautpoint que tu t'en ébahiffes,entendu,qu'il y a pour le moins cinq oufixansque ie n'ai feiourné aucu¬nement par deçà , durant lequeltems ie n'ai fait autre chofe quevoyager pour apprendre que ce

QJiij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 251: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

, "S-ECO'ND DIAIO. >

eftoit que du mode:Mais à ce queie cognoi maintenantji'euffe peuencores courir 'd'ici à trente ans,que ie n'en eufîe gueresefté plusfage, eognoiffant defiabienquece ri'cft pas le tout que de voir di-uerfité de régions Si côtrées pourauoir l'efprit meilleur,&que l'in-ftruction d'vn feul homme de bôingénient édifie plus en vne heu¬re,^ nefont tous les barragouïns& diucrs lâgages de mille nationsétrangères en dix ans. le d e-moch i.Ie fuis fort a-ife de quoytu adiouftes foy à mes enfeigne-mens , t'afleu-rant bienque ce queie t'en ai dit, encores que ie Payefait allez fuccinctemcnt , n'eftpoint-fans en auoir cognu au-pa-rauant les rai-fous beaucoup plusamples que ie ne te les ai encotesdéduytcs , toutefois croiffant no-»

, "S-ECO'ND DIAIO. >

eftoit que du mode:Mais à ce queie cognoi maintenantji'euffe peuencores courir 'd'ici à trente ans,que ie n'en eufîe gueresefté plusfage, eognoiffant defiabienquece ri'cft pas le tout que de voir di-uerfité de régions Si côtrées pourauoir l'efprit meilleur,&que l'in-ftruction d'vn feul homme de bôingénient édifie plus en vne heu¬re,^ nefont tous les barragouïns& diucrs lâgages de mille nationsétrangères en dix ans. le d e-moch i.Ie fuis fort a-ife de quoytu adiouftes foy à mes enfeigne-mens , t'afleu-rant bienque ce queie t'en ai dit, encores que ie Payefait allez fuccinctemcnt , n'eftpoint-fans en auoir cognu au-pa-rauant les rai-fous beaucoup plusamples que ie ne te les ai encotesdéduytcs , toutefois croiffant no-»

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 252: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. IIJJ.

itteloifir & fe confirmant ton iu-gement, nous en pourrons d'aua-tage conférer enfemble,& lors tuen fonderas les raifonsvn peu plusprofondément que tu n'as fait iufques à cette heure ici, mais ce-pé°dant ie fuis bien de cet aduis quenousalliôs vn peu prédrele fraisici dehors, le cosmophii.C'eft bien dit, voyez s'il ne femblepas que ce bel ombrage de lau¬riers nous femonde pour nous yaller refraichir,& deuifer de quel¬que gracieus propos. l e démo.Tu t'abuferois bien, fi tu penfoisque ie t'y allaffe recenfercespetisehiabrena & badineries de l'a¬mour : car quant-eft de moy tousmespropos ne tendent qu'à vnefin qui eft de me moquer des fo¬lies d'vn chacun. L e COSMOP.Aulïi ne t'en denundai-ie point

DV DEMOCRITIC. IIJJ.

itteloifir & fe confirmant ton iu-gement, nous en pourrons d'aua-tage conférer enfemble,& lors tuen fonderas les raifonsvn peu plusprofondément que tu n'as fait iufques à cette heure ici, mais ce-pé°dant ie fuis bien de cet aduis quenousalliôs vn peu prédrele fraisici dehors, le cosmophii.C'eft bien dit, voyez s'il ne femblepas que ce bel ombrage de lau¬riers nous femonde pour nous yaller refraichir,& deuifer de quel¬que gracieus propos. l e démo.Tu t'abuferois bien, fi tu penfoisque ie t'y allaffe recenfercespetisehiabrena & badineries de l'a¬mour : car quant-eft de moy tousmespropos ne tendent qu'à vnefin qui eft de me moquer des fo¬lies d'vn chacun. L e COSMOP.Aulïi ne t'en denundai-ie point

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 253: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND D IALO.

d'autres, & en parlât des gracieuspropos , ie n'enté pas de ces petismots affectez , ou il n'y a que desji & des 11 de peur décorcher cesgorgettes délicates. Mais la plusgrande grâce que ie trouue en vnpropos, c'eft quand on le goufte à

la fauce d'vne facétie bien ordon¬née , qui picque fus la langue , ouqui prend incontinét les gens parle nez.L e démo. Dequoy vou¬drais- tu bien que nous parlaflîôsmaintenant?L e c o s m o. le de-fireroy fort fçauoir tout le dif-coursdecesdeus vénérables fors,quetudifois t'auoir laifïévnpeudeuanc que ie te recontraffe en celieu ici , puis félon les propos quis'offriront nous les continuerons,ou en prendrons de nouueaus. l edémo. Ne te deffie point hardi¬ment que ta demande ne foit ac-

SECOND D IALO.

d'autres, & en parlât des gracieuspropos , ie n'enté pas de ces petismots affectez , ou il n'y a que desji & des 11 de peur décorcher cesgorgettes délicates. Mais la plusgrande grâce que ie trouue en vnpropos, c'eft quand on le goufte à

la fauce d'vne facétie bien ordon¬née , qui picque fus la langue , ouqui prend incontinét les gens parle nez.L e démo. Dequoy vou¬drais- tu bien que nous parlaflîôsmaintenant?L e c o s m o. le de-fireroy fort fçauoir tout le dif-coursdecesdeus vénérables fors,quetudifois t'auoir laifïévnpeudeuanc que ie te recontraffe en celieu ici , puis félon les propos quis'offriront nous les continuerons,ou en prendrons de nouueaus. l edémo. Ne te deffie point hardi¬ment que ta demande ne foit ac-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 254: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. IIÇ

Complie,car félon ledit d'Homc-re, tu donnes courage à cettuy-laqui fe hatoit défia affez de luy-,mefme, & n'eftoit que tu m'aspreuenu, affeure-toy que ie t'euf-fe défia prié d'en entendre ce qui ,

en eftoit. Donques pour fatisfai-re enfemble à ton defir & à monVouloir,il faut que tu fçaches queie n'ai pas efté autrefois moins eurieus de cognoiftre la diuerfitédes fciences & manière de fairedeseftas & nations étrâgeres quetoy. Maisapres auoir ainfi longtems étudié & couru,cognoiffantà la fin que tous les actes des hommesn'eftoyent autre chofe qu'vnfonge fantaftique & ridicule , i'airefolu en moy-mefme de me reti¬rer en ce petit lieu,pour y faire leplus de ma refidence,& y prendrece que iepourroi de comentemët

DV DEMOCRITIC. IIÇ

Complie,car félon ledit d'Homc-re, tu donnes courage à cettuy-laqui fe hatoit défia affez de luy-,mefme, & n'eftoit que tu m'aspreuenu, affeure-toy que ie t'euf-fe défia prié d'en entendre ce qui ,

en eftoit. Donques pour fatisfai-re enfemble à ton defir & à monVouloir,il faut que tu fçaches queie n'ai pas efté autrefois moins eurieus de cognoiftre la diuerfitédes fciences & manière de fairedeseftas & nations étrâgeres quetoy. Maisapres auoir ainfi longtems étudié & couru,cognoiffantà la fin que tous les actes des hommesn'eftoyent autre chofe qu'vnfonge fantaftique & ridicule , i'airefolu en moy-mefme de me reti¬rer en ce petit lieu,pour y faire leplus de ma refidence,& y prendrece que iepourroi de comentemët

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 255: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND1 D'I A'L'O.aueques quelque peu de ceus q ni¬

ent pareillement la cognoiffancede tellesrefueries mondaines , Se

qui prennent bien -quelques- foisla peine de nie venir vifiter iuf¬ques ici, pour.r émettre en nie moire les bons propos qu'autrefoisauons débattis enfetnble, ou bienpour en inuenter d'autres tousIrais. Maisayanc(ainfi-comme iet'ai dit)hanté.tant de ditrerfes fe-'êtes de gens, il eftimpoflible qu'ilne m'arriue aucune-fois d'en ren-cotrer quelques-vns,& le plus fou*uent contre mon vouloir veu la.grandeimportunitsé & fottife,dotils fontplains , & n'eftoit Je mer-ueilleus pafTètës que i'ai de leursbafteleries , ie leur trécherois en¬tièrement toute occafion de s'ar-refter aueques moy: Neantmoinstât pour me feruir d'eus ainfi cér.

SECOND1 D'I A'L'O.aueques quelque peu de ceus q ni¬

ent pareillement la cognoiffancede tellesrefueries mondaines , Se

qui prennent bien -quelques- foisla peine de nie venir vifiter iuf¬ques ici, pour.r émettre en nie moire les bons propos qu'autrefoisauons débattis enfetnble, ou bienpour en inuenter d'autres tousIrais. Maisayanc(ainfi-comme iet'ai dit)hanté.tant de ditrerfes fe-'êtes de gens, il eftimpoflible qu'ilne m'arriue aucune-fois d'en ren-cotrer quelques-vns,& le plus fou*uent contre mon vouloir veu la.grandeimportunitsé & fottife,dotils fontplains , & n'eftoit Je mer-ueilleus pafTètës que i'ai de leursbafteleries , ie leur trécherois en¬tièrement toute occafion de s'ar-refter aueques moy: Neantmoinstât pour me feruir d'eus ainfi cér.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 256: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV, DEMOCRITIC. II 6*

nîedebadins,& faire par ce moyécouler vne bonne partie du iourplusdouceméc, tantauîïi pour leraconter , & en donner la moitiédu-plaifirà ceus que ie cognoiseftre dignesde leur en- faire part,ie fuiscontct quelque-fois delesouyr iapper j & m'accp-rdanc tan-rtpft à lcuropinion,tantoft leur ré¬

pugnant vn peu pour les mettreplus auant aus ctiams , i'cn ai duplaifir au pofftble ainfi qucmef-mement il m'eftoit encores forue-nu auiourd'huy. Car ayât cogneudedans Paris (du tems que i'em-ployois mes ieunes an-s aus let¬tres^ vn perfonnage, entre ceusque l'on appelle Philofophes,eftinié vn des plus fages & mieus en¬tendus en cette fine folie, ic vou-îaydire Philofophie', la fortune a

voulu quç.iel'aye encutesrécon-i

DV, DEMOCRITIC. II 6*

nîedebadins,& faire par ce moyécouler vne bonne partie du iourplusdouceméc, tantauîïi pour leraconter , & en donner la moitiédu-plaifirà ceus que ie cognoiseftre dignesde leur en- faire part,ie fuiscontct quelque-fois delesouyr iapper j & m'accp-rdanc tan-rtpft à lcuropinion,tantoft leur ré¬

pugnant vn peu pour les mettreplus auant aus ctiams , i'cn ai duplaifir au pofftble ainfi qucmef-mement il m'eftoit encores forue-nu auiourd'huy. Car ayât cogneudedans Paris (du tems que i'em-ployois mes ieunes an-s aus let¬tres^ vn perfonnage, entre ceusque l'on appelle Philofophes,eftinié vn des plus fages & mieus en¬tendus en cette fine folie, ic vou-îaydire Philofophie', la fortune a

voulu quç.iel'aye encutesrécon-i

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 257: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIALO.

tre en ce heu ici en me promenât.Et eftoit iccluy Philofophe acco-}>agnéd'vn foldat foldatizé pareilemét de ma cognoiffance.Car tu

dois fçauoir qu'après auoir longtems trauaillé après ces liures, metrouuant en fin laffé & recreu desctudes,ie voulu tenter la voye desarmes, pour fçauoir comment ons'y gouuernoit , &lài'eu la con-noiffance de maints braues & vaillans hommes(au moins ce difent-ils) & entre autres de ce compa¬gnon de fouflets Se alembics demon Philofophe. Toutes- fois deprime-face ils ne me pouuoycntpas bié reconnoiftre, mais à la finaprès m'auoir plus ententiuemétregardé, ils me font ici venu aborder,& après force accollades,em-braffemens , baifé les mais de vo¬ftre feigneurie , ou fi tu l'aimes-

SECOND DIALO.

tre en ce heu ici en me promenât.Et eftoit iccluy Philofophe acco-}>agnéd'vn foldat foldatizé pareilemét de ma cognoiffance.Car tu

dois fçauoir qu'après auoir longtems trauaillé après ces liures, metrouuant en fin laffé & recreu desctudes,ie voulu tenter la voye desarmes, pour fçauoir comment ons'y gouuernoit , &lài'eu la con-noiffance de maints braues & vaillans hommes(au moins ce difent-ils) & entre autres de ce compa¬gnon de fouflets Se alembics demon Philofophe. Toutes- fois deprime-face ils ne me pouuoycntpas bié reconnoiftre, mais à la finaprès m'auoir plus ententiuemétregardé, ils me font ici venu aborder,& après force accollades,em-braffemens , baifé les mais de vo¬ftre feigneurie , ou fi tu l'aimes-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 258: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. II7

mieus à PEfpagnole , de voftremerci , tant a voftre commande¬ment (Monfîeurj de parolles quev us voudrez, Si telles autres ca¬

rences & admirations acoutum fesentre perfonnes qui de long temsne fe font entre-veuës , & princi¬palement quand la rencontre fefait ainfi à l'impourueu : fommetoutes ces careffes finies ce diuinPlatonicien après m'auoir quel¬que peu regardé fans parler , ren-frongné fes fourcils aueques vnemine graue, enfoncé faveuë vupeu fur la terre , puys tout lente¬ment la rcdrcffant aus cieus,com-me s'il eut efté refueillé de quel¬que profond fomme , ou que parduiiiîjinfpiration ileuteftécmeuàparlerainfijilcômença tels pro¬pos en nfinterrogeant Ci i'auoypoint continué l'eftuJe de la phi-

DV DEMOCRITIC. II7

mieus à PEfpagnole , de voftremerci , tant a voftre commande¬ment (Monfîeurj de parolles quev us voudrez, Si telles autres ca¬

rences & admirations acoutum fesentre perfonnes qui de long temsne fe font entre-veuës , & princi¬palement quand la rencontre fefait ainfi à l'impourueu : fommetoutes ces careffes finies ce diuinPlatonicien après m'auoir quel¬que peu regardé fans parler , ren-frongné fes fourcils aueques vnemine graue, enfoncé faveuë vupeu fur la terre , puys tout lente¬ment la rcdrcffant aus cieus,com-me s'il eut efté refueillé de quel¬que profond fomme , ou que parduiiiîjinfpiration ileuteftécmeuàparlerainfijilcômença tels pro¬pos en nfinterrogeant Ci i'auoypoint continué l'eftuJe de la phi-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 259: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

S E COND DI AL O.

lofophie depuis que ie m'ë eftois'parti de Pans. Et adonq'tât pourfçauoir l'occafion de fa demandeque pour m'accommoder pareil¬lement à fon naturelle luy refpoivdi que t'en auoi efté, & eftbi encores plus curicus que iamars: puis"il dit en cette forte pesâtces mots'comme s'il eut parlé en voixd'ora.'cle,ha Monfieur, vous eftes tenugrandement à noftre Seigneur devous auoir départi la. cognai fTan-.

ce d'vne tant excellente chofe, &auez efté très-bien aduiféde n'endifeontinuer l'ctiKfe.,laquclle vous-nedeuezlaifferencores,au-moins,fi" vous me croyez, car deuant quevous en allaitiez de Paris, vous yauiez défia. vne fort, bôhe entrée:.Et ie-vous affeure (Monfieur) quefi' vous y -auiez donné auftï auanccomme i'ai fait depuis noftre ab-

fénee.'

S E COND DI AL O.

lofophie depuis que ie m'ë eftois'parti de Pans. Et adonq'tât pourfçauoir l'occafion de fa demandeque pour m'accommoder pareil¬lement à fon naturelle luy refpoivdi que t'en auoi efté, & eftbi encores plus curicus que iamars: puis"il dit en cette forte pesâtces mots'comme s'il eut parlé en voixd'ora.'cle,ha Monfieur, vous eftes tenugrandement à noftre Seigneur devous auoir départi la. cognai fTan-.

ce d'vne tant excellente chofe, &auez efté très-bien aduiféde n'endifeontinuer l'ctiKfe.,laquclle vous-nedeuezlaifferencores,au-moins,fi" vous me croyez, car deuant quevous en allaitiez de Paris, vous yauiez défia. vne fort, bôhe entrée:.Et ie-vous affeure (Monfieur) quefi' vous y -auiez donné auftï auanccomme i'ai fait depuis noftre ab-

fénee.'

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 260: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC Il8fence, vous y mettriez poiîîblemeilleure peine que vous ne fiftesonques, cari'yai cognu les plusgrans fecrets, Si merueilleufes ex¬

périences du monde,& ne fera ia-maisque ie ne nie fente obligeaceluy qui le premier m'en a mon-ftréles principes, veu la grande &admirable perfection que i'y aitrouuce depuis. Et pource-quevous eftes homme qui entendezque c'eft de telles matieres,ie vousen viieil communiquer quelquechofe , moyennant que vous meviieillez promettre de clorre labouche, & eftre fecret ainfi que ievous ai toufiours expérimenté. Etalors l'entendant ainfi parler So-cratiquemët,ic vi qu'il eftoit bonpour luy tirer les vers du nez,con-rreraire vn peu le fage par minescomme luyjl'afTeurant aureftede

R

DV DEMOCRITIC Il8fence, vous y mettriez poiîîblemeilleure peine que vous ne fiftesonques, cari'yai cognu les plusgrans fecrets, Si merueilleufes ex¬

périences du monde,& ne fera ia-maisque ie ne nie fente obligeaceluy qui le premier m'en a mon-ftréles principes, veu la grande &admirable perfection que i'y aitrouuce depuis. Et pource-quevous eftes homme qui entendezque c'eft de telles matieres,ie vousen viieil communiquer quelquechofe , moyennant que vous meviieillez promettre de clorre labouche, & eftre fecret ainfi que ievous ai toufiours expérimenté. Etalors l'entendant ainfi parler So-cratiquemët,ic vi qu'il eftoit bonpour luy tirer les vers du nez,con-rreraire vn peu le fage par minescomme luyjl'afTeurant aureftede

R© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 261: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIALO.

n'en dire iamais parolle, i'enten-dois à ceus qui ne le voudroyentouïr.L e c o s M o. Sans point dedoute auffi tiens-tu bien ton fer¬ment, car tu ne le racotes point àvn home qui n'ait bien grand vou¬loir de l'entendre , Se ne m'as en¬cores dit chofe qui m'ait apportéd'auâtage de plaifir, que celle-ci,ni laquelle i'aye plus déliré fça-uoir.Mais combien ce pauure fotprenoit de peine à découurir fa folie, & fe faire moquer de luy! l e

dem o.Tous ceus de pareille fa¬rine ne font iamais contes iufquesàeequ'ilsayent donné àcognoi-ftre leur fottife : mais pour conti¬nuer mon propos, ce Vénérabledocteur ( après luy auoir fait lapromeffe telle qu'il me la d-ernan-doitjpourfuyuit ainfi en matière:Il n'eft ia befoin (me dit-il) de

SECOND DIALO.

n'en dire iamais parolle, i'enten-dois à ceus qui ne le voudroyentouïr.L e c o s M o. Sans point dedoute auffi tiens-tu bien ton fer¬ment, car tu ne le racotes point àvn home qui n'ait bien grand vou¬loir de l'entendre , Se ne m'as en¬cores dit chofe qui m'ait apportéd'auâtage de plaifir, que celle-ci,ni laquelle i'aye plus déliré fça-uoir.Mais combien ce pauure fotprenoit de peine à découurir fa folie, & fe faire moquer de luy! l e

dem o.Tous ceus de pareille fa¬rine ne font iamais contes iufquesàeequ'ilsayent donné àcognoi-ftre leur fottife : mais pour conti¬nuer mon propos, ce Vénérabledocteur ( après luy auoir fait lapromeffe telle qu'il me la d-ernan-doitjpourfuyuit ainfi en matière:Il n'eft ia befoin (me dit-il) de

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 262: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. I Ip

vous alléguer les principes & fon Dipcimfdémens, d'vntelart, carvousn'y delaMaeftes point apprentif. le n'ai que g>e &a-faircde vous recirer par le menu.^d'itdtoutes les efpeces des efpris,& cô e*

me il y a fix genres principausdeDemons,ignées,acriés,terreftres,aquatiques , fou-terrains , feurfuyans & amis de ténèbres: Se co¬rne de toutes ces fortes là il n'y ena que de trois efpeces qui foufrrcr,,patiffemët, & endurent,à fçauoir,les feu-fuyans,aquatiques, & ter-reftres,& font ceus que l'on appelle volontiers incubes Se fuccubes.le n'ai que faire pareillement dev ous raconter les efpeces de Ma¬gie, comme Hydromance, quifêfaitauequesdel'eaujLeuconoma.ce , q fe fait auecques des baffins,.Py romance, qui fe fait aueques lefeu,Geomâce, par le moyen de la

R ij

DV DEMOCRITIC. I Ip

vous alléguer les principes & fon Dipcimfdémens, d'vntelart, carvousn'y delaMaeftes point apprentif. le n'ai que g>e &a-faircde vous recirer par le menu.^d'itdtoutes les efpeces des efpris,& cô e*

me il y a fix genres principausdeDemons,ignées,acriés,terreftres,aquatiques , fou-terrains , feurfuyans & amis de ténèbres: Se co¬rne de toutes ces fortes là il n'y ena que de trois efpeces qui foufrrcr,,patiffemët, & endurent,à fçauoir,les feu-fuyans,aquatiques, & ter-reftres,& font ceus que l'on appelle volontiers incubes Se fuccubes.le n'ai que faire pareillement dev ous raconter les efpeces de Ma¬gie, comme Hydromance, quifêfaitauequesdel'eaujLeuconoma.ce , q fe fait auecques des baffins,.Py romance, qui fe fait aueques lefeu,Geomâce, par le moyen de la

R ij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 263: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND D I AL O.

<terre,Necromance, laquelle eft diuiféc encores en deus parties , enScyomance& Necyomance, lef-quellesfe pratiquent en parlemétant aueques les efpris malins,ouen fufcitant les ombres Se idoleserrantes des morts: Capnomace,qui fe fait aueques fuffumigatios,dont on parfume Si fait on facrifi-ces aus Démons: Il me fuffit feule¬ment de vous en parler d'vne efpece, qui eft Catoptromâce, & de laperfection d'icelle. Vous fçauezbien (ce me dit-il alors tout basen l'oreille, & me tirant à partjcome du tems que nous demeurionsenfemble àParis,nous eftios touslés'iours apres,pour expérimenterquelque chofe de cette Magie, delaquelle nous n'auiôs encores fceufaire aucune certaine expérience,mais depuis ce tés-là,.croyes que

SECOND D I AL O.

<terre,Necromance, laquelle eft diuiféc encores en deus parties , enScyomance& Necyomance, lef-quellesfe pratiquent en parlemétant aueques les efpris malins,ouen fufcitant les ombres Se idoleserrantes des morts: Capnomace,qui fe fait aueques fuffumigatios,dont on parfume Si fait on facrifi-ces aus Démons: Il me fuffit feule¬ment de vous en parler d'vne efpece, qui eft Catoptromâce, & de laperfection d'icelle. Vous fçauezbien (ce me dit-il alors tout basen l'oreille, & me tirant à partjcome du tems que nous demeurionsenfemble àParis,nous eftios touslés'iours apres,pour expérimenterquelque chofe de cette Magie, delaquelle nous n'auiôs encores fceufaire aucune certaine expérience,mais depuis ce tés-là,.croyes que

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 264: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMCrCRITIC 120

j'y ai cognu de plus grandes cho-*fes. Vous fnfrife, ie vous en diraiquelque-fois à heure plus oppor¬tune d'auantage,& vous en pour¬rai montrer quelque effet.Et com¬

me ie le priaffe inftammet de medéclarer que c'eftoit, il vint tirestout doucement de fa bource(co-me fi c'eut efté quelque preckuaioyau) vn mirouër tout brouillé Se

barbouillé de caractères,, auqueleftoit magiftralement dépeint cegrand mot Tetragrammaton, Si ausquatre coinsarriere-pointé de plufieurs croix Se figures de planet-tes:puis me demâda- fi ie cognoif.foye point la vertu & propriétédes mocs,cercles,&caracteres queie voyois écris & emprains , desdeus coftez du mirouer: 0(dis-iealorsjles grans & facrez motslô lagrande venu qui eft. cachée là dc-

R iij

DV DEMCrCRITIC 120

j'y ai cognu de plus grandes cho-*fes. Vous fnfrife, ie vous en diraiquelque-fois à heure plus oppor¬tune d'auantage,& vous en pour¬rai montrer quelque effet.Et com¬

me ie le priaffe inftammet de medéclarer que c'eftoit, il vint tirestout doucement de fa bource(co-me fi c'eut efté quelque preckuaioyau) vn mirouër tout brouillé Se

barbouillé de caractères,, auqueleftoit magiftralement dépeint cegrand mot Tetragrammaton, Si ausquatre coinsarriere-pointé de plufieurs croix Se figures de planet-tes:puis me demâda- fi ie cognoif.foye point la vertu & propriétédes mocs,cercles,&caracteres queie voyois écris & emprains , desdeus coftez du mirouer: 0(dis-iealorsjles grans & facrez motslô lagrande venu qui eft. cachée là dc-

R iij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 265: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIALO.

fous'.o Dieuslque ie m'eftimeroisheureus de pouuoir atteindre à lacognoiffance déchoies tant hau¬tes Se parfaittes.L e co s m. Maisfans rompre ton propos,quelle mine tenoit ce pendant le foldat? l edem o.Il fembloit qu'il fut prcf-que'ulousde ce que m'en décla¬rait l'autre,neantmoins tant pourla grade familiarité qu'autre- foisnous auons eue enfemble,tât auffipour monftrcr qu'iln'eftoit pointignorât en cet affaire , il en entre-prenoit aucune-fois la parolle luyme fine, approuuant & admirât ledire de fon compagnon: Mais co¬rnet que ce fut ce magnifique Necromant ne biffait point de con¬tinuer toufiours fes coups, & ex¬

folier de plus en plus la grande &hicôparable vertu de fon mirouer,m'afleuunt qu'il eftoit fait de la

SECOND DIALO.

fous'.o Dieuslque ie m'eftimeroisheureus de pouuoir atteindre à lacognoiffance déchoies tant hau¬tes Se parfaittes.L e co s m. Maisfans rompre ton propos,quelle mine tenoit ce pendant le foldat? l edem o.Il fembloit qu'il fut prcf-que'ulousde ce que m'en décla¬rait l'autre,neantmoins tant pourla grade familiarité qu'autre- foisnous auons eue enfemble,tât auffipour monftrcr qu'iln'eftoit pointignorât en cet affaire , il en entre-prenoit aucune-fois la parolle luyme fine, approuuant & admirât ledire de fon compagnon: Mais co¬rnet que ce fut ce magnifique Necromant ne biffait point de con¬tinuer toufiours fes coups, & ex¬

folier de plus en plus la grande &hicôparable vertu de fon mirouer,m'afleuunt qu'il eftoit fait de la

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 266: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV D E M O C RIT I C. 121

vraye forme & manière qu'eftoitceluy de Salomo,& qu'il n'y auoit F«?« y»_

yn feul poinct de faute,qu'il auoit perftiuss

bien & foigneufement contregar- ^ef ^tA-dé le tems Se heures opportunes Sf""":& dédiées à ce faire : ioint que lesafpects & conftellations des corscseleftesy eftoyét obferuées, qu'ilauoit pareillement ( ainfi qu'il eftrequis par les règles de Part/ieunétrois iours fans manger rien quedu pain & quelques racines & au¬tres chofes n'ayans ame à la Pita-gorique ( combié qu'il y en ait demoins fuperftitieus qui difent quepour manger aueques cela quel¬ques pctis poiffonets l'on n'en rô-proit point fon ieune) & commetdurant Ies-dicts trois iours il s'e-ftoit abftenu de copagnie de femmes,à quoy il faut bié auoir égarddeuant que d'entreprendre cet in-

R iiij

DV D E M O C RIT I C. 121

vraye forme & manière qu'eftoitceluy de Salomo,& qu'il n'y auoit F«?« y»_

yn feul poinct de faute,qu'il auoit perftiuss

bien & foigneufement contregar- ^ef ^tA-dé le tems Se heures opportunes Sf""":& dédiées à ce faire : ioint que lesafpects & conftellations des corscseleftesy eftoyét obferuées, qu'ilauoit pareillement ( ainfi qu'il eftrequis par les règles de Part/ieunétrois iours fans manger rien quedu pain & quelques racines & au¬tres chofes n'ayans ame à la Pita-gorique ( combié qu'il y en ait demoins fuperftitieus qui difent quepour manger aueques cela quel¬ques pctis poiffonets l'on n'en rô-proit point fon ieune) & commetdurant Ies-dicts trois iours il s'e-ftoit abftenu de copagnie de femmes,à quoy il faut bié auoir égarddeuant que d'entreprendre cet in-

R iiij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 267: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

S E COND DIAIO.

uiolable,impolu & facrofainct mîftere,qu'il s'eftoit baigné, mundé& purifié de toutes ces fuperflui-tez, Se finalement prouueu de foneau&yfope , habits coniurez&caracterizez iufques à la femellede la pantoufle,comme eftant garni de toutes ces chofes il entraainfi que maiftre de l'art auequesvn nonper de compagnons, dedâsfon cercle feellé, bouclé & cache¬té de mots propres & facrez, depeur que les Diables n'entreprif-fent de s'aller écarmoucher , Se

iouerà crois & pille aueques eus,comment il nomma , appella, in-uoqua,coniura,exorcifa, contrai¬gnit & anathematiza Monfieur leDiable fans faire autre pactionaueques luy,à celle-fin de confa-crer& donner vertu à fon experi-tnent.Cela fait,comment il fentk

S E COND DIAIO.

uiolable,impolu & facrofainct mîftere,qu'il s'eftoit baigné, mundé& purifié de toutes ces fuperflui-tez, Se finalement prouueu de foneau&yfope , habits coniurez&caracterizez iufques à la femellede la pantoufle,comme eftant garni de toutes ces chofes il entraainfi que maiftre de l'art auequesvn nonper de compagnons, dedâsfon cercle feellé, bouclé & cache¬té de mots propres & facrez, depeur que les Diables n'entreprif-fent de s'aller écarmoucher , Se

iouerà crois & pille aueques eus,comment il nomma , appella, in-uoqua,coniura,exorcifa, contrai¬gnit & anathematiza Monfieur leDiable fans faire autre pactionaueques luy,à celle-fin de confa-crer& donner vertu à fon experi-tnent.Cela fait,comment il fentk

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 268: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC I2Î

vne vapeur aërée luy foufler & tinter,dedans les oreilles,les tonner-Tes & orages s'émouuoir par l'air,les lignes épouuentables fe mannfcfter deuant eus, toutefois qu'ilsfe monftrerét vaillans,& que pourtout cela ils ne biffèrent pas à te¬nir bon dedâsle ccrcle.Puis il meiura d'abondant que toutes ceschofes appaifées, il apperccut in-continét ce qu'il demandoitvoirdedans fonmirouer,me difant à

cette heure-là d'vne voix baffe , Se

prefque à peine fortât hors de foneftomac , qu'vn tel experiment e-ftoic vn des grans fecrets du mon¬de^ trop plus excellent que non-pas cettuy-là par lequel on faitvoir dedans la paume de la main,ou fus l'ongle d'vn enfant vierge,entendu qu'iceluy enfant fe peutabufêr,& que pour cette occafion

DV DEMOCRITIC I2Î

vne vapeur aërée luy foufler & tinter,dedans les oreilles,les tonner-Tes & orages s'émouuoir par l'air,les lignes épouuentables fe mannfcfter deuant eus, toutefois qu'ilsfe monftrerét vaillans,& que pourtout cela ils ne biffèrent pas à te¬nir bon dedâsle ccrcle.Puis il meiura d'abondant que toutes ceschofes appaifées, il apperccut in-continét ce qu'il demandoitvoirdedans fonmirouer,me difant à

cette heure-là d'vne voix baffe , Se

prefque à peine fortât hors de foneftomac , qu'vn tel experiment e-ftoic vn des grans fecrets du mon¬de^ trop plus excellent que non-pas cettuy-là par lequel on faitvoir dedans la paume de la main,ou fus l'ongle d'vn enfant vierge,entendu qu'iceluy enfant fe peutabufêr,& que pour cette occafion

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 269: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIAL O.

il n'eft que de voir foy-mefme. Età celle-fin (me difoit-ilj que vousne penfiez point que ce foit fein-te,ni que ie vous vueille paiftre debourdes,voila Monfieur (& ce di-foit- il monftrant fon compagno)qui vous en fera foy. Alors lefol-dat Ce mift à iurer, ainfi qu'il fça-«oit fort bien faire, fe facrifiant& immolant tout lardé Se rofti, à

trauers les machouëres des plusfriâs pages de Pluton, s'il n'eftoitainfi.Mais non non,ce dit alors leNecromant,vous le voirrez vous-mefme par experiéce. Quelle per-fonne defirez-vous voir,ie la vousmonftrerai?ou bien que ie ne mé-te,iela vous ferai reprefanter enla forte qu'elle eft , foit morte ouviue, dedans mon mirouer. Et a-donq' non point pour aucune foy

.que i'adiouulïè àces bourdes &

SECOND DIAL O.

il n'eft que de voir foy-mefme. Età celle-fin (me difoit-ilj que vousne penfiez point que ce foit fein-te,ni que ie vous vueille paiftre debourdes,voila Monfieur (& ce di-foit- il monftrant fon compagno)qui vous en fera foy. Alors lefol-dat Ce mift à iurer, ainfi qu'il fça-«oit fort bien faire, fe facrifiant& immolant tout lardé Se rofti, à

trauers les machouëres des plusfriâs pages de Pluton, s'il n'eftoitainfi.Mais non non,ce dit alors leNecromant,vous le voirrez vous-mefme par experiéce. Quelle per-fonne defirez-vous voir,ie la vousmonftrerai?ou bien que ie ne mé-te,iela vous ferai reprefanter enla forte qu'elle eft , foit morte ouviue, dedans mon mirouer. Et a-donq' non point pour aucune foy

.que i'adiouulïè àces bourdes &

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 270: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. Ï2J

menteries, mais pour ne me manifcfter point fi foudain méprifeucde fa folie , pour voir auffi quelleen feroit l'ifiue,ie luy nommai vneperfonne qu'il cognoiffoit bien.Cela fait, il fe figna d'vne infinitéde croix, puis ayant fait vn cernenous entrafmes dedans ,& aprèsauoir tenu fon mirouer affez longtems à l'oppofite du Soleil , mur¬muré & gromelé entre fes dés certains mots,ietté quelques fiflemésen l'air, fe contre-tournant, com¬me agité de quelque fureur dc-uers chacune des quatre partiesdumonde,Orient, Occident,Mi<-di,& Septentrion, il me demandafi ie ne voyois rien dedans le mi-rouenleluyrefpondi qu'il difoitvrai,& que ie ne voyois tien, forsque la reprefentation de nos deusfaces.Voila vn cas étrange, ce di-

DV DEMOCRITIC. Ï2J

menteries, mais pour ne me manifcfter point fi foudain méprifeucde fa folie , pour voir auffi quelleen feroit l'ifiue,ie luy nommai vneperfonne qu'il cognoiffoit bien.Cela fait, il fe figna d'vne infinitéde croix, puis ayant fait vn cernenous entrafmes dedans ,& aprèsauoir tenu fon mirouer affez longtems à l'oppofite du Soleil , mur¬muré & gromelé entre fes dés certains mots,ietté quelques fiflemésen l'air, fe contre-tournant, com¬me agité de quelque fureur dc-uers chacune des quatre partiesdumonde,Orient, Occident,Mi<-di,& Septentrion, il me demandafi ie ne voyois rien dedans le mi-rouenleluyrefpondi qu'il difoitvrai,& que ie ne voyois tien, forsque la reprefentation de nos deusfaces.Voila vn cas étrange, ce di-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 271: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DtALO.foit mon Philofophe cotrefaifantdu melancolique,il faut bien qu'ily ait de la faute de voftre cofté,Car quât eft de moy ie le voi auffivifiblement, & autant au naturelcomme fi ie parfois à luy, ie le voicomme il regarde dedans vn liure:Hafce me dit-il lors foupirant à

laTufcane) iecroi que vousn'a-uez pas vraye foy. le cosmo.Iepenfe affeurément s'iln'auoitiamais dit vérité, qu'il la dit à cer>

te heure-là, car à mon aduis tu n'yauois pas grande foy.L e démo.Et qui eft celuy encores tant fot &enfant , qui fe nourriffe en des fu-perftitions fi foies , & puériles, &qui recognoiffe bien cela n'auoirefté premièrement inuenté quepar des abufeurs & impofteurs depeuple, comme eftoyent au temspaffé vntas de belitres, qui cotre-

SECOND DtALO.foit mon Philofophe cotrefaifantdu melancolique,il faut bien qu'ily ait de la faute de voftre cofté,Car quât eft de moy ie le voi auffivifiblement, & autant au naturelcomme fi ie parfois à luy, ie le voicomme il regarde dedans vn liure:Hafce me dit-il lors foupirant à

laTufcane) iecroi que vousn'a-uez pas vraye foy. le cosmo.Iepenfe affeurément s'iln'auoitiamais dit vérité, qu'il la dit à cer>

te heure-là, car à mon aduis tu n'yauois pas grande foy.L e démo.Et qui eft celuy encores tant fot &enfant , qui fe nourriffe en des fu-perftitions fi foies , & puériles, &qui recognoiffe bien cela n'auoirefté premièrement inuenté quepar des abufeurs & impofteurs depeuple, comme eftoyent au temspaffé vntas de belitres, qui cotre-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 272: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. I24

faifoyentdesdiuinateurs, pipans& abufans ainfi le fimple populaire,à celle-fin de fe faire reuerer deluy,& le brider d'vne crainte fousl'ombre & prétexte , de leur vaine Le dire

& fuperftitieufe Religion , ainfi de Cato,

niefmement que tefmoignoit le '""'j"»»*bon Catô,lors qu'il difoits'émer- " . '*'"... .in. «-11 nations,ueiller comment il eftoit pothbleque tels abufêurs s'entrerencon-trâs fe peuffent regarderfans rire?le c o s m o. Pourquoy cela fansrire?L e d e m o c. Voudrois-ruvoir plus grande occafion de rire&fe moquer, que celle qu'ils a-uoyenc de la folie Si crédule {im¬plicite des homes,qui fe laiffoyenctrompet & deceuoir tant aifémécpar leurs mines & feintes diuina-

'£<tions? le c o s m o. Ace propos , "£""melme Diogenednoit, lors qu u nedesdi-

auoit égard aus médecins Se gens- uinateun

DV DEMOCRITIC. I24

faifoyentdesdiuinateurs, pipans& abufans ainfi le fimple populaire,à celle-fin de fe faire reuerer deluy,& le brider d'vne crainte fousl'ombre & prétexte , de leur vaine Le dire

& fuperftitieufe Religion , ainfi de Cato,

niefmement que tefmoignoit le '""'j"»»*bon Catô,lors qu'il difoits'émer- " . '*'"... .in. «-11 nations,ueiller comment il eftoit pothbleque tels abufêurs s'entrerencon-trâs fe peuffent regarderfans rire?le c o s m o. Pourquoy cela fansrire?L e d e m o c. Voudrois-ruvoir plus grande occafion de rire&fe moquer, que celle qu'ils a-uoyenc de la folie Si crédule {im¬plicite des homes,qui fe laiffoyenctrompet & deceuoir tant aifémécpar leurs mines & feintes diuina-

'£<tions? le c o s m o. Ace propos , "£""melme Diogenednoit, lors qu u nedesdi-

auoit égard aus médecins Se gens- uinateun

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 273: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND D I A ï, O .

deluftice,qu'ilne trouuoit rienplus fage que Phome,mais quandil venoit à péferà cesdiuinateurs,nécromancies & autres de pareil¬le faction , qu'il ne trouuoit rienplus fot.L e d e m o.Diogene di-foit fort bien, mais il eut encoresmieus parlé s'il eut dit que nonpoint feulement regardant ausdiuinatcurs & Necronianciës,maisauffiàtous eftas & vacations deshomes , qu'il n'eut trouue animâtplus fol,ni plus déprouueu de rai-fon que l'homme, le c o s m o.Peu s'en faut que ie ne croie maintenant que tout «e que font leshomes n'eft qu'vn abusanaispourreprendre noftre premier poinctie te prie di moy quelle fut la finde l'entreprife de tô Philofophe.ie d e Mo.Ieluyaffeurai fort biécôme la faute ne venoit point de

SECOND D I A ï, O .

deluftice,qu'ilne trouuoit rienplus fage que Phome,mais quandil venoit à péferà cesdiuinateurs,nécromancies & autres de pareil¬le faction , qu'il ne trouuoit rienplus fot.L e d e m o.Diogene di-foit fort bien, mais il eut encoresmieus parlé s'il eut dit que nonpoint feulement regardant ausdiuinatcurs & Necronianciës,maisauffiàtous eftas & vacations deshomes , qu'il n'eut trouue animâtplus fol,ni plus déprouueu de rai-fon que l'homme, le c o s m o.Peu s'en faut que ie ne croie maintenant que tout «e que font leshomes n'eft qu'vn abusanaispourreprendre noftre premier poinctie te prie di moy quelle fut la finde l'entreprife de tô Philofophe.ie d e Mo.Ieluyaffeurai fort biécôme la faute ne venoit point de

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 274: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 12 J

moncofté,&quei'yauois la plusgrade & ferme foy du mode,maisàcelle-finde découurir mieusfamentiere Se fauflèté, iem'aduifaitout foudain d'vne chofé, par la¬quelle ie le pourrai furprédre,quieftoit de luy nommer vne perfon-ne qu'il ne cognoiftroit point, àfin de le prédre par le bec,fi en af-feurant le voir comme l'autre, ilne m'en donnoit les certaines en-feignesenledécriuant tel qu'il fèroit.Et derechef luy ayât nomméce fécond, il ne biffe pas, encoresqu'il ne le cogneut , de faire & fi-flerenl'air,commedeuant, maisce fut en vain,car de peur de fail¬lira la defctiptiô du perfonnageil me dit alors liiy-mefme qu'il nes'apparoiffoitpoinc,m'vfantàcette heure là de l'excufe commune à

tels abufcursjcônie il n'eft pas bô

DV DEMOCRITIC. 12 J

moncofté,&quei'yauois la plusgrade & ferme foy du mode,maisàcelle-finde découurir mieusfamentiere Se fauflèté, iem'aduifaitout foudain d'vne chofé, par la¬quelle ie le pourrai furprédre,quieftoit de luy nommer vne perfon-ne qu'il ne cognoiftroit point, àfin de le prédre par le bec,fi en af-feurant le voir comme l'autre, ilne m'en donnoit les certaines en-feignesenledécriuant tel qu'il fèroit.Et derechef luy ayât nomméce fécond, il ne biffe pas, encoresqu'il ne le cogneut , de faire & fi-flerenl'air,commedeuant, maisce fut en vain,car de peur de fail¬lira la defctiptiô du perfonnageil me dit alors liiy-mefme qu'il nes'apparoiffoitpoinc,m'vfantàcette heure là de l'excufe commune à

tels abufcursjcônie il n'eft pas bô

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 275: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

. SECONDDIALO. -

d'importuner ainfi les efpris , &que cela pourrait tourner à fonpreiudice, qu'il valloit beaucoupinieus le remettre à vne autre¬fois : mais à cette autre-fois il nebiffera encores d'eftre gayn denouuelles excufes,en remettât poffible la faute fus le tes, qui ne ferapas affez trâquille & ferain,& maldifpofé à faire fes coiurations, oubien il dira qles efpris fonc le plusfouuct trôpeurs. Et voila cornentpour toufiours mieus pallier lentfait Se méterie, ils ont trouue cer¬tains efchapatoires. Mais ils ontbié encores inuété d'autres ruzespour doner couleur &apparéce de.verité,à leurs piperies & mësoge.Car fi aucun entrepréd de fe faireeftimer en fes diuinatiôs au-para.liât q s'en déclarer entieremét profefliiir,il épiera par plufieursfois,

Si en

. SECONDDIALO. -

d'importuner ainfi les efpris , &que cela pourrait tourner à fonpreiudice, qu'il valloit beaucoupinieus le remettre à vne autre¬fois : mais à cette autre-fois il nebiffera encores d'eftre gayn denouuelles excufes,en remettât poffible la faute fus le tes, qui ne ferapas affez trâquille & ferain,& maldifpofé à faire fes coiurations, oubien il dira qles efpris fonc le plusfouuct trôpeurs. Et voila cornentpour toufiours mieus pallier lentfait Se méterie, ils ont trouue cer¬tains efchapatoires. Mais ils ontbié encores inuété d'autres ruzespour doner couleur &apparéce de.verité,à leurs piperies & mësoge.Car fi aucun entrepréd de fe faireeftimer en fes diuinatiôs au-para.liât q s'en déclarer entieremét profefliiir,il épiera par plufieursfois,

Si en

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 276: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D V DEMOCRITIC 1 16:

Si en diuerfes fortes , le moyen deeftre aducrti fecrcttemét de quel-cumqui aura comis vnlarrecin, Se

après en eftre affeurc, ilferapar-ler àceluy qu'on aura dérobé, parperfonnes interpofées,q luy ferôemetion de ce fçauât Magie-ié , layniettâtenrcfte qu'il n'y a hommeaumode,qluy en fçache pluftoftdire nouuelles que luy , tât foit-'ilexpert en la diuination. Brefcfsmenées fe ferôt de forre qu'il par¬lera à celuy qui aura efté volé , &pour àôner plus grand' grâce àfa-piperic,iî cotreferadu fecret, de-mâdât au furplus quelque efpacede tems,à celle fin de mieus pour-uoiràfoncasj& luy enrendre pluscertaine &affeurée refpôfè,& icefle rendue fi elle eft trouuée vérita¬ble, il ne faut point demander s'ilfèxaalors.eftimé partait en fon art,

S

D V DEMOCRITIC 1 16:

Si en diuerfes fortes , le moyen deeftre aducrti fecrcttemét de quel-cumqui aura comis vnlarrecin, Se

après en eftre affeurc, ilferapar-ler àceluy qu'on aura dérobé, parperfonnes interpofées,q luy ferôemetion de ce fçauât Magie-ié , layniettâtenrcfte qu'il n'y a hommeaumode,qluy en fçache pluftoftdire nouuelles que luy , tât foit-'ilexpert en la diuination. Brefcfsmenées fe ferôt de forre qu'il par¬lera à celuy qui aura efté volé , &pour àôner plus grand' grâce àfa-piperic,iî cotreferadu fecret, de-mâdât au furplus quelque efpacede tems,à celle fin de mieus pour-uoiràfoncasj& luy enrendre pluscertaine &affeurée refpôfè,& icefle rendue fi elle eft trouuée vérita¬ble, il ne faut point demander s'ilfèxaalors.eftimé partait en fon art,

S© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 277: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIALO.

& en quelle réputation il entreraentiers les fols,&ceux qui font cu¬

rieux de s'amufer & perdre le tépsà l'eftude de telles chofes tant vai¬nes & friuoles . Et puis s'il arriuevne autre-fois que par hazard ilpuiffedeuiner quelque chofe quiaduiéne ainfi qu'il l'aura prédire,comme en difant à quelque ieunehome ardent de cognoiftre le fortfataldeces deftinées, qu'il aimefort vne ieuneDame ou damoifel-le , mais qu'il trauaille beaucoupde paruenirà fes intentions pourraifon de la ialouzie des parens,qu'ilyfuruiendravne groffe ma¬ladie dedans peu de temps cauféed'excès & dont il penfera mourir,qu'il y arriuera quelque perte defes biens ou par procès ou par au¬tre inconuenient, qu'il fera trahy& fon fecrct découuert par ceux

SECOND DIALO.

& en quelle réputation il entreraentiers les fols,&ceux qui font cu¬

rieux de s'amufer & perdre le tépsà l'eftude de telles chofes tant vai¬nes & friuoles . Et puis s'il arriuevne autre-fois que par hazard ilpuiffedeuiner quelque chofe quiaduiéne ainfi qu'il l'aura prédire,comme en difant à quelque ieunehome ardent de cognoiftre le fortfataldeces deftinées, qu'il aimefort vne ieuneDame ou damoifel-le , mais qu'il trauaille beaucoupde paruenirà fes intentions pourraifon de la ialouzie des parens,qu'ilyfuruiendravne groffe ma¬ladie dedans peu de temps cauféed'excès & dont il penfera mourir,qu'il y arriuera quelque perte defes biens ou par procès ou par au¬tre inconuenient, qu'il fera trahy& fon fecrct découuert par ceux

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 278: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. I27

qu'il eftimera de fes plus intimesamys. Somme, il en barbouillerapefle-mefle tant d'vns Si d'autres& de ceux qui volontiers arriuencaux pcrfonnes,qu'il eft impoffiblequ'il n'en aduiëne quclqu'vn ainfiqu'il aura deuiné, & puis ce feraencores vne erreur pire que. la premiere. le biffe là vne infinité d'autrès ruzes,calomnies,& inuentioscauteleufes, defquelles ils ont a-couftuméd'vfer, tant pour fairevaloir leur meftier, que pour apa-fter auffi Si entretenir de fauffesexcufes, ceux lefquels s'eftant fiezen leurs frafques&bourdes Ce trouuent en fin deceus & trompez deleurs intentions . Il fuffit allez deconnoiftre corne tels galas ne fontqu'impofteurs, & que cela qu'ilspromettent par leur art n'eft quela mefme folie, le cosiao.Ie

S ij

DV DEMOCRITIC. I27

qu'il eftimera de fes plus intimesamys. Somme, il en barbouillerapefle-mefle tant d'vns Si d'autres& de ceux qui volontiers arriuencaux pcrfonnes,qu'il eft impoffiblequ'il n'en aduiëne quclqu'vn ainfiqu'il aura deuiné, & puis ce feraencores vne erreur pire que. la premiere. le biffe là vne infinité d'autrès ruzes,calomnies,& inuentioscauteleufes, defquelles ils ont a-couftuméd'vfer, tant pour fairevaloir leur meftier, que pour apa-fter auffi Si entretenir de fauffesexcufes, ceux lefquels s'eftant fiezen leurs frafques&bourdes Ce trouuent en fin deceus & trompez deleurs intentions . Il fuffit allez deconnoiftre corne tels galas ne fontqu'impofteurs, & que cela qu'ilspromettent par leur art n'eft quela mefme folie, le cosiao.Ie

S ij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 279: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

S" E C O N D D I A L 0%

ne m'csbahy donq'plus fi leïy--chiade de Lucian fe môftroic ainfi

De Vin-: incrédule, oyant les fables-& con-tredulede tes cje vicjjies qU\ ]uy eftoient re-XiHiau. . i , ^ r^y i

citées corne vrayes par Cieodemek Peripatetique , Dinomache leStoique,& ce vaillant PlatonicienYon,qui plus fe monftroient affe¬ctez àluy-perfuader ces- folies Se

baïés eftre véritables, moins il luyvouloir adioufter foy, les reiettatentièrement corne fottifes Si vai¬nes menfonges. le democ.Ecencores qu'il fut pofsible de fairequelque chofe par Part-magique,fieft-ce que ce ne font que fuméesSi fauffes vifiôs qui s'apparoiffeatdeuantlcs yeux,&. quideuienneat

x.'opim\ à làfii>àrien,ainfique tefmoigneJ 7 mefme le maiftre &- père de telles

{haut, la bourdes, Iambliquc au liure des,M«gt. mift-êres, difajnt ainfi : Les chofes

S" E C O N D D I A L 0%

ne m'csbahy donq'plus fi leïy--chiade de Lucian fe môftroic ainfi

De Vin-: incrédule, oyant les fables-& con-tredulede tes cje vicjjies qU\ ]uy eftoient re-XiHiau. . i , ^ r^y i

citées corne vrayes par Cieodemek Peripatetique , Dinomache leStoique,& ce vaillant PlatonicienYon,qui plus fe monftroient affe¬ctez àluy-perfuader ces- folies Se

baïés eftre véritables, moins il luyvouloir adioufter foy, les reiettatentièrement corne fottifes Si vai¬nes menfonges. le democ.Ecencores qu'il fut pofsible de fairequelque chofe par Part-magique,fieft-ce que ce ne font que fuméesSi fauffes vifiôs qui s'apparoiffeatdeuantlcs yeux,&. quideuienneat

x.'opim\ à làfii>àrien,ainfique tefmoigneJ 7 mefme le maiftre &- père de telles

{haut, la bourdes, Iambliquc au liure des,M«gt. mift-êres, difajnt ainfi : Les chofes

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 280: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

X» V DEMOCRITrC 128

lefquelles nous imaginons, eftanscharmées & enchantées , ne con¬tiennent poinc autre action,ni verite de quelque chofe que ce foit,fers que celle-là qui nous- eft pro-pofée deuant lesyeux, à raifon deiene fçai quels fantaumes & fauf-fes imaginations (dont il donne laraifon toft après, qui eft telle:;)Car la fin de la Magie n'eft pas à

faire des chofes qui foient, maisde les pouuoir feulcmcc reprefen-ter par imagination , de forte quel'oneiipenfc voir quelque appa¬rence . le -cosmo. Et toutes-fois ie m'émerueilledes plus do¬ctes du temsiadis, qui s'y abu-fbienc aufsi bien que les autres.le d e m o c Qu'entendrois-tubié par ces.plus doctes?L e c o s-

i. .. j t>' -La ma-m o p h i. Ne lit-on pas de l'ta-.^^ Pigore , côme par cela il dontoit les |rt»»«.

S iij

X» V DEMOCRITrC 128

lefquelles nous imaginons, eftanscharmées & enchantées , ne con¬tiennent poinc autre action,ni verite de quelque chofe que ce foit,fers que celle-là qui nous- eft pro-pofée deuant lesyeux, à raifon deiene fçai quels fantaumes & fauf-fes imaginations (dont il donne laraifon toft après, qui eft telle:;)Car la fin de la Magie n'eft pas à

faire des chofes qui foient, maisde les pouuoir feulcmcc reprefen-ter par imagination , de forte quel'oneiipenfc voir quelque appa¬rence . le -cosmo. Et toutes-fois ie m'émerueilledes plus do¬ctes du temsiadis, qui s'y abu-fbienc aufsi bien que les autres.le d e m o c Qu'entendrois-tubié par ces.plus doctes?L e c o s-

i. .. j t>' -La ma-m o p h i. Ne lit-on pas de l'ta-.^^ Pigore , côme par cela il dontoit les |rt»»«.

S iij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 281: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SE COND DI AL O.

beftes les plus cruelles &fàuua-ges,qui fuffentpoint,& en appri-uoifoit les oy féaux , de fotte qu'a¬près auoir nourry quelque tempsvn Ours fi grâd Se fi horrible qu'enle regardant il n'y auoit animantqui n'en fuft effraie, illc charma,de forte qu'onques-puis il ne por¬ta aucune nuiffance à créature dedeffus la terre,& viuoit par les fo¬rets amiablemét auecques les au¬tres animas, comme s'il euft paffévn accord auecques iceluy Pita-gore, de ne faire plus déformaismalnydomageàaucun. Nousli-fons pareillement, comme voyantvne-fois voler pardeffus luy vneAigle,apres auoir gromelé & murmuré iene fçay quels carmes defon art Magique , il la fift venir àluy auffi priuée, côme s'ils euffentefté toute leur vie nourris enfem-

SE COND DI AL O.

beftes les plus cruelles &fàuua-ges,qui fuffentpoint,& en appri-uoifoit les oy féaux , de fotte qu'a¬près auoir nourry quelque tempsvn Ours fi grâd Se fi horrible qu'enle regardant il n'y auoit animantqui n'en fuft effraie, illc charma,de forte qu'onques-puis il ne por¬ta aucune nuiffance à créature dedeffus la terre,& viuoit par les fo¬rets amiablemét auecques les au¬tres animas, comme s'il euft paffévn accord auecques iceluy Pita-gore, de ne faire plus déformaismalnydomageàaucun. Nousli-fons pareillement, comme voyantvne-fois voler pardeffus luy vneAigle,apres auoir gromelé & murmuré iene fçay quels carmes defon art Magique , il la fift venir àluy auffi priuée, côme s'ils euffentefté toute leur vie nourris enfem-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 282: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC I 2£

ble. le démo c.Comment ap-pclles-tu cet home-là fage ? Eft-cepas ce braue Philofophe qui nemengeoit point de chofes qui euffentame?LE c o s m o. C'eft luyfans autre, l e d e m o.Eftoit-cepasluy-mefmequiaccoloit, em-braffoit & mignotoit , les coqsblancs comme s'ils euffent efté fes

frères ? l e c o s m. Luy-mefme.le d e m o. O le grand fot 1& tumelemettois maintenant enieucomme vn homme fage . Encoresn'as- tu pas récité le plus beau defes actes touchant la Magie . Netefouuient il point auoir pareil¬lement leu de luy, cornent il auoitacouftumé d'écrire auecques dufang,ce qu'il luy pbifoit,dedâs vnmiroucr,puis ayant mis les lettresà l'oppofite de la Lune, lors qu'el¬le eftoit pleine,qu'illesmonttroit

S iiij

DV DEMOCRITIC I 2£

ble. le démo c.Comment ap-pclles-tu cet home-là fage ? Eft-cepas ce braue Philofophe qui nemengeoit point de chofes qui euffentame?LE c o s m o. C'eft luyfans autre, l e d e m o.Eftoit-cepasluy-mefmequiaccoloit, em-braffoit & mignotoit , les coqsblancs comme s'ils euffent efté fes

frères ? l e c o s m. Luy-mefme.le d e m o. O le grand fot 1& tumelemettois maintenant enieucomme vn homme fage . Encoresn'as- tu pas récité le plus beau defes actes touchant la Magie . Netefouuient il point auoir pareil¬lement leu de luy, cornent il auoitacouftumé d'écrire auecques dufang,ce qu'il luy pbifoit,dedâs vnmiroucr,puis ayant mis les lettresà l'oppofite de la Lune, lors qu'el¬le eftoit pleine,qu'illesmonttroit

S iiij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 283: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND D1ALO.

emprain tes dedans la rondeur d'i-celle Lune à vn qui eftoit au der¬rière de luy. l e c o s m o. Si faitfi,il m'en fouuient fort bien, & debeaucoup d'autres de fes badîne-ries pareilles, -mais ce que ie t'enauoy dit n'eftoit feulement quepour fçauoir quel iugement tu en

%n quel- donnerois,& toirtesfois voyez co-le eftimé ment ils eftoient au temps pafféeftat an- abufez en ces refucrieslà, telle-ctenemet mgc lesEgyptics n'eftimoientU Ma- . 1 H b}r ,. ,

e< point vn homme digne de parue-nir à la dignité Royalle, quepre-mieremêt il n'euft efté inftruit enJa Magie, l e de m o. Puisquenous fomnies entrez fi auât en cesternies , ie t'en vueil raconter vnautre acte inerueilleux que fit Em

gmpedo- pedocle pour détourner &appai-Irié' %7f- ^a fureur du vent, duquel é-fi-yeitt. toient tourmentez fans aucune

SECOND D1ALO.

emprain tes dedans la rondeur d'i-celle Lune à vn qui eftoit au der¬rière de luy. l e c o s m o. Si faitfi,il m'en fouuient fort bien, & debeaucoup d'autres de fes badîne-ries pareilles, -mais ce que ie t'enauoy dit n'eftoit feulement quepour fçauoir quel iugement tu en

%n quel- donnerois,& toirtesfois voyez co-le eftimé ment ils eftoient au temps pafféeftat an- abufez en ces refucrieslà, telle-ctenemet mgc lesEgyptics n'eftimoientU Ma- . 1 H b}r ,. ,

e< point vn homme digne de parue-nir à la dignité Royalle, quepre-mieremêt il n'euft efté inftruit enJa Magie, l e de m o. Puisquenous fomnies entrez fi auât en cesternies , ie t'en vueil raconter vnautre acte inerueilleux que fit Em

gmpedo- pedocle pour détourner &appai-Irié' %7f- ^a fureur du vent, duquel é-fi-yeitt. toient tourmentez fans aucune

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 284: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. I_JÔ

relafche les Agrigétins: c'eftqu'ilentourna toute la ville de peauxd!afnes , & par ce moyen il fit cef-ferb tourmente qui courait pourlors, &apresil fut furnommé eaGrec k&Av feniÀaç , c'eft à direchaffe-vët. l e co s m.Ha ha ha!la grande folie que c'eft d'auoirmis cette.bourde là en efcrit, cornrae vne chofe véritable, i e dé¬mo c r i . Commentjtu ne le croydonq' pas , & tant d'autheurs ap-prouuez en ont fait mention ? l eC o s m o. Si nous voulions croiretout ce que nous voyos par efcrit,enregiftrécomme.hiftoires, Unefaudrait point aller chercher d'autrès peaux pour deftourner le ventque les noftres , car certainementilnefe trouueroit point en Arca-die d'afnes plus magnifiquementoxeillez,que nous feriôs , & auroy

DV DEMOCRITIC. I_JÔ

relafche les Agrigétins: c'eftqu'ilentourna toute la ville de peauxd!afnes , & par ce moyen il fit cef-ferb tourmente qui courait pourlors, &apresil fut furnommé eaGrec k&Av feniÀaç , c'eft à direchaffe-vët. l e co s m.Ha ha ha!la grande folie que c'eft d'auoirmis cette.bourde là en efcrit, cornrae vne chofe véritable, i e dé¬mo c r i . Commentjtu ne le croydonq' pas , & tant d'autheurs ap-prouuez en ont fait mention ? l eC o s m o. Si nous voulions croiretout ce que nous voyos par efcrit,enregiftrécomme.hiftoires, Unefaudrait point aller chercher d'autrès peaux pour deftourner le ventque les noftres , car certainementilnefe trouueroit point en Arca-die d'afnes plus magnifiquementoxeillez,que nous feriôs , & auroy

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 285: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND dialo.

belle peur que fi Midas eftoit en¬

cores viuant qui ne le perdit con-JUbute» trenous:Maispaffons outre. le teudet les voulov Djen demander à quelle finùeau tendent tous ces vénérables fols

qui font de cefte ligne Necromâ-tique. l e d e m o.A celle ou ten-doit mon Philofophe, qui eft oud'eftre eftimé & admiré par defftisle vulgaire,ou bien(qui eftle pluscommun) pour tromper & déce¬voir ceux qui, s'addreffent à telsmignôs , & pour en tirer ce qu'ilspourront de profïît.L e co s mo.Il n'eftoit que bien arriué en tonendroit pour ce faire, entéduqueie me diffieroy tâtoft que tuferoisvn de ceux qui fe biffent fi facile¬ment pigeonner à telles gés. Maisie fçauroy volontiers après qu'ileuft fait cette belle leuée de bou¬clier, s'il te dit plus chofe qui fut

SECOND dialo.

belle peur que fi Midas eftoit en¬

cores viuant qui ne le perdit con-JUbute» trenous:Maispaffons outre. le teudet les voulov Djen demander à quelle finùeau tendent tous ces vénérables fols

qui font de cefte ligne Necromâ-tique. l e d e m o.A celle ou ten-doit mon Philofophe, qui eft oud'eftre eftimé & admiré par defftisle vulgaire,ou bien(qui eftle pluscommun) pour tromper & déce¬voir ceux qui, s'addreffent à telsmignôs , & pour en tirer ce qu'ilspourront de profïît.L e co s mo.Il n'eftoit que bien arriué en tonendroit pour ce faire, entéduqueie me diffieroy tâtoft que tuferoisvn de ceux qui fe biffent fi facile¬ment pigeonner à telles gés. Maisie fçauroy volontiers après qu'ileuft fait cette belle leuée de bou¬clier, s'il te dit plus chofe qui fut

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 286: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. I$Iplus digne d'eftre racontée . L edémo. le ne fçay pas commenttul'entens, mais tant y a que iet'affeureray bien qu'il ne me ditchofe aucune-, qui mérite d'eftrerécitée finon en tant que l'on s'envueille moquer .le cosmop.Aufsi l'enten-ie ainfi.L E démo.-Et bien puis-que tu-cn défîtes fçanoir d'auantage, ie t'en parache-ueray fommairementlc difcours,& le furplus ie te le bifferay à pre-fumer. le c o s m o. le te fuppliene m'en biffe point en doute , aumoins s'il ne t'ennuie d'en parler.LE d e m o . le ne veux pas direque ie te bifferay en doute despropos qu'il m'a tenus , mais feu¬lement qu'après te les auoir declarez, tu pourras pëfer à par-toy lesautres folies que commettët ceuxqui enfuyuent telles opinions .

DV DEMOCRITIC. I$Iplus digne d'eftre racontée . L edémo. le ne fçay pas commenttul'entens, mais tant y a que iet'affeureray bien qu'il ne me ditchofe aucune-, qui mérite d'eftrerécitée finon en tant que l'on s'envueille moquer .le cosmop.Aufsi l'enten-ie ainfi.L E démo.-Et bien puis-que tu-cn défîtes fçanoir d'auantage, ie t'en parache-ueray fommairementlc difcours,& le furplus ie te le bifferay à pre-fumer. le c o s m o. le te fuppliene m'en biffe point en doute , aumoins s'il ne t'ennuie d'en parler.LE d e m o . le ne veux pas direque ie te bifferay en doute despropos qu'il m'a tenus , mais feu¬lement qu'après te les auoir declarez, tu pourras pëfer à par-toy lesautres folies que commettët ceuxqui enfuyuent telles opinions .

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 287: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DI'AIO.

l:e c o s m o . L'ardent defir quei'ai d'en fçauoir toute la vérité m'afait ainfi interpréter tes parolles,mais ie tepric-ne Jaiffe pour celadepourfyyure en ton entreprife.le D e mo. le fuis fort aife de tevoir ainfi échauffé d'entendre cedont ie brufle rHai-mefme,poiM lagrande enuie que i'ay de te le ra-cotcr:donques afin que ie retour¬ne à mon Nec-romant , après qu'ilm'euft ainfi manifeftë auecquesgrandes & infinies admirationsl'imparangonable ver-rude fon di-uin& précieux mirouër, il com¬mença à me déployer vn milier devieux rodeaux,&ca-racteres eferisen parchemin vierge : Les vus enlettres rouges , entre-meflées decroix pareillement rouges, les au¬

tres vertes, grifes, azurées, & detoutes .autres fortes de couleurs

SECOND DI'AIO.

l:e c o s m o . L'ardent defir quei'ai d'en fçauoir toute la vérité m'afait ainfi interpréter tes parolles,mais ie tepric-ne Jaiffe pour celadepourfyyure en ton entreprife.le D e mo. le fuis fort aife de tevoir ainfi échauffé d'entendre cedont ie brufle rHai-mefme,poiM lagrande enuie que i'ay de te le ra-cotcr:donques afin que ie retour¬ne à mon Nec-romant , après qu'ilm'euft ainfi manifeftë auecquesgrandes & infinies admirationsl'imparangonable ver-rude fon di-uin& précieux mirouër, il com¬mença à me déployer vn milier devieux rodeaux,&ca-racteres eferisen parchemin vierge : Les vus enlettres rouges , entre-meflées decroix pareillement rouges, les au¬

tres vertes, grifes, azurées, & detoutes .autres fortes de couleurs

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 288: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DÊM<0 CRITtC, IJÎ

que l'on voit au bbfon d'icellesfus les deuifes des amoureus trafistout celabrouillé , barbouillé , &fricaffé auecques certains épou-uentaus de pentacles, idées,& câ-daries Salomoniques, au milieudefquelles eftoit la table,& les fa-crez & ineffables mots que fou¬taient porter les anciens Prophè¬tes au front : le tout efcrit en Ict-tresHebraïques &Caldeïques meflées de mille figures & formes e-ftranges, me difant tantoft quecettuy-ci feruoit pour acquérir lafaueur des Rois,Princes,& autresgrans Seigneurs, comme portantcettuy-là au col on ne mourraitlamaisen feu,nycn eau,ny en ba¬taille, que cet autre empefehoitIhome de mourir fans confeflion,me iurant au furplus qu'il n'auoicrien qui ne fut entrait Si cpmpofé

DV DÊM<0 CRITtC, IJÎ

que l'on voit au bbfon d'icellesfus les deuifes des amoureus trafistout celabrouillé , barbouillé , &fricaffé auecques certains épou-uentaus de pentacles, idées,& câ-daries Salomoniques, au milieudefquelles eftoit la table,& les fa-crez & ineffables mots que fou¬taient porter les anciens Prophè¬tes au front : le tout efcrit en Ict-tresHebraïques &Caldeïques meflées de mille figures & formes e-ftranges, me difant tantoft quecettuy-ci feruoit pour acquérir lafaueur des Rois,Princes,& autresgrans Seigneurs, comme portantcettuy-là au col on ne mourraitlamaisen feu,nycn eau,ny en ba¬taille, que cet autre empefehoitIhome de mourir fans confeflion,me iurant au furplus qu'il n'auoicrien qui ne fut entrait Si cpmpofé

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 289: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIALO.

fus l'archetipe de la cbuicule deSalômô, mais c'eftoit en vain quele pauure homme fe tourmentoitde me faire croire fes bourdes &menteries. le cosMo.Etbienqu'elles fuflent véritables, fi font-elles défendues expreffément parla parolle de Dieu : comme indi¬gnes de la perfonne qui tiét la foyde Iefus-Chrift, duquel(ainfiquedit très-bien faint Paul) il n'y aaucune conuention àBelial efprittrompeur & malin . le d e m o.Si tu te iette vne-fois fus les em-pefchemens, ie voy bien que tun'auras de lôg temps fait, & pource regarde fi tu as enuie de fça¬uoir la continuation & Piffuedece que tu m'as requis. l e cosm.Ienedefireriëplus. le démo.Et pourtant entendôques qu'au"!toft après que .mon Philofophe

SECOND DIALO.

fus l'archetipe de la cbuicule deSalômô, mais c'eftoit en vain quele pauure homme fe tourmentoitde me faire croire fes bourdes &menteries. le cosMo.Etbienqu'elles fuflent véritables, fi font-elles défendues expreffément parla parolle de Dieu : comme indi¬gnes de la perfonne qui tiét la foyde Iefus-Chrift, duquel(ainfiquedit très-bien faint Paul) il n'y aaucune conuention àBelial efprittrompeur & malin . le d e m o.Si tu te iette vne-fois fus les em-pefchemens, ie voy bien que tun'auras de lôg temps fait, & pource regarde fi tu as enuie de fça¬uoir la continuation & Piffuedece que tu m'as requis. l e cosm.Ienedefireriëplus. le démo.Et pourtant entendôques qu'au"!toft après que .mon Philofophe

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 290: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 1$$m'eut étalle & replié fa marchan-dife , il vint à me faire vne defcri-ptiô des cieux,mais fçais-tu quel-le,par-Dieu comme n toute fa vieil y eut efté nourry , & qu'il n'eutfait autre chofe qu'obferuer,con-ter,compaffer, & mefurer tous lesafpects,toutes les eftoilles,cercles& poincts qu'il affcuroic y eftre.Et n' eftoit que ie le cognoiffoy delongue main, ioint qu'il n'eftoicpas des plus beaux de ce monde,ie I'euffe iugé incontinët pour vnGanimede, mignon de couchettede ce grand Dieu haut- tonnant,qui futexpreffémentdefcendu icybas, & pris vn corps fantaftique,pour en rapporter certaines nou-uellesàceuxqui feraient curieuxde fçauoir comment on fe portelaffus , ou bien vn autre Icarome-nippe de Lucian, tant il fçauoic

DV DEMOCRITIC. 1$$m'eut étalle & replié fa marchan-dife , il vint à me faire vne defcri-ptiô des cieux,mais fçais-tu quel-le,par-Dieu comme n toute fa vieil y eut efté nourry , & qu'il n'eutfait autre chofe qu'obferuer,con-ter,compaffer, & mefurer tous lesafpects,toutes les eftoilles,cercles& poincts qu'il affcuroic y eftre.Et n' eftoit que ie le cognoiffoy delongue main, ioint qu'il n'eftoicpas des plus beaux de ce monde,ie I'euffe iugé incontinët pour vnGanimede, mignon de couchettede ce grand Dieu haut- tonnant,qui futexpreffémentdefcendu icybas, & pris vn corps fantaftique,pour en rapporter certaines nou-uellesàceuxqui feraient curieuxde fçauoir comment on fe portelaffus , ou bien vn autre Icarome-nippe de Lucian, tant il fçauoic

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 291: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SE C O'ND' DfAl'o.' ;

brauementdéchifrer tous les plifsL'inucn- grans feerets de Inppiter,& aftro-th» pre- légalement dcuifcr delà fitnationT'Jïll gouuernement des globes &lorie: "la corPs CelefteS-.L E COSMOPHI.wùe'e^Maisàton adtns lés- Aftrologueswrturs ne peiwcnt-ils pas bien par leurdiceiu, Sït ^jre (jes cnofes qUj foient vé¬

ritables? le- D e m o c R i.Il n'eftrien plus vray que par vne longueobferuation duieuer & coucherdu Soleil,& de-sétoilles qu'ils oatappellée-s fixesiotrpar d'autres, &pareill-es-difpofitios des corps ce-leftes-(cômed'afpects-& coniort-ctiom) obferuées de long temps,l'ona rédigé cela pwàpeuenvncertainart',- parieque-1 mefme cm

-peut prédire les eclipfes-de Soleil& de Lune, b lôgueur otraccour-fiffement des iours,quand la Lunedoit apparoiftrccro.ifrante^plehie,

ou

SE C O'ND' DfAl'o.' ;

brauementdéchifrer tous les plifsL'inucn- grans feerets de Inppiter,& aftro-th» pre- légalement dcuifcr delà fitnationT'Jïll gouuernement des globes &lorie: "la corPs CelefteS-.L E COSMOPHI.wùe'e^Maisàton adtns lés- Aftrologueswrturs ne peiwcnt-ils pas bien par leurdiceiu, Sït ^jre (jes cnofes qUj foient vé¬

ritables? le- D e m o c R i.Il n'eftrien plus vray que par vne longueobferuation duieuer & coucherdu Soleil,& de-sétoilles qu'ils oatappellée-s fixesiotrpar d'autres, &pareill-es-difpofitios des corps ce-leftes-(cômed'afpects-& coniort-ctiom) obferuées de long temps,l'ona rédigé cela pwàpeuenvncertainart',- parieque-1 mefme cm

-peut prédire les eclipfes-de Soleil& de Lune, b lôgueur otraccour-fiffement des iours,quand la Lunedoit apparoiftrccro.ifrante^plehie,

ou

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 292: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D V D E M p C R I T I C I_J4

ou décroifîànte , -ou autres telles-chpfes qui font couftumieres d'ar^riuer felô bdifpofitio qui fe trou¬ue entre lefdits cors celcftes:M^ais4e les vouloir aiiifî compter patnombre, mefurer leur grandeur Se

chemin qu'il y a d'icy aux cieux,leur déterminer vn temps de qua->

rante-neufmille ans, auquelils fedoiuent refoudre, telles difpytcsfont foies & entièrement fuper-fluesj&defquelles la vérité eft trop'douteufe, Si quand ie diroy nulle,ie croy que ie n'en métiroy point.'le c o s M o . l'auroy belle peurque le chemin ne fut fi long & -tâtpeu fréquenté d'icy là, que ceuxquil'entreprëdroient ne peuffenebien tant trauaiïïer,qu'ils demeu-raffent recrcus deuant que d eftreparuenus à la moitié de la mon-taigne d'Ohmpe, ou qu'en prenat

T

D V D E M p C R I T I C I_J4

ou décroifîànte , -ou autres telles-chpfes qui font couftumieres d'ar^riuer felô bdifpofitio qui fe trou¬ue entre lefdits cors celcftes:M^ais4e les vouloir aiiifî compter patnombre, mefurer leur grandeur Se

chemin qu'il y a d'icy aux cieux,leur déterminer vn temps de qua->

rante-neufmille ans, auquelils fedoiuent refoudre, telles difpytcsfont foies & entièrement fuper-fluesj&defquelles la vérité eft trop'douteufe, Si quand ie diroy nulle,ie croy que ie n'en métiroy point.'le c o s M o . l'auroy belle peurque le chemin ne fut fi long & -tâtpeu fréquenté d'icy là, que ceuxquil'entreprëdroient ne peuffenebien tant trauaiïïer,qu'ils demeu-raffent recrcus deuant que d eftreparuenus à la moitié de la mon-taigne d'Ohmpe, ou qu'en prenat

T© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 293: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

1 SECOND DIAt'oCPvn polir ï'autre'ils ne s'égarafTentde b dfpittévoye. le d e m o c11 vaut dôqr'beaucoup rhieux pourne nWsfoûtuoyer aucunement,prendre'tï feule trace qui nous cilCogneué", celle de noftre commu¬ne mère la terre .le c o s m o .

SI me.fe'mble-il toutefois que l'honie en-tant qu'il a le difcours defaifon , & cette imagin'atiue plusgrande & plus forte que" tout au¬tre animant, ne doirpoint éftre fitei relire , qu'il ne difcoure en foy& imagine les chofes celeftes, en-tédu- qu'il eft feul entre les autrescréatures , formé par cuce preor-dnnnance diuine, ayant b face &les yeux efk uez en haut, & croyque cette fingubrhé' ne luy a ja¬mais è lié donnée que pour regar¬der & dreffer fa veuë deuers cettehaute machine celefte : ainfi que

1 SECOND DIAt'oCPvn polir ï'autre'ils ne s'égarafTentde b dfpittévoye. le d e m o c11 vaut dôqr'beaucoup rhieux pourne nWsfoûtuoyer aucunement,prendre'tï feule trace qui nous cilCogneué", celle de noftre commu¬ne mère la terre .le c o s m o .

SI me.fe'mble-il toutefois que l'honie en-tant qu'il a le difcours defaifon , & cette imagin'atiue plusgrande & plus forte que" tout au¬tre animant, ne doirpoint éftre fitei relire , qu'il ne difcoure en foy& imagine les chofes celeftes, en-tédu- qu'il eft feul entre les autrescréatures , formé par cuce preor-dnnnance diuine, ayant b face &les yeux efk uez en haut, & croyque cette fingubrhé' ne luy a ja¬mais è lié donnée que pour regar¬der & dreffer fa veuë deuers cettehaute machine celefte : ainfi que

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 294: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

pV DtMOCRIflC» IJ5dit très-bien Ouide au premierde-faMétàrnprphofe, parlant dece grand fabrkateivrde l'vniuersenia CTeationdél'hommé ,Os hominifublime-dedit t-olumA tnderelufèit: ce que" nous- pouuoiw ainfirendre en françois, " "

<st l'homme il a haut efleué lesyeux,Et commande de contempler les cieuoc- J

Ainfi donques^eft vne chofe quinie feitii le eftre fc t: feante auna*turel de l'home faifoîinabley qued'accomplir ce-- qu'en dit le Poètefus-mencionné.l.E democr-HCornent n'as tu auffi bien' allégué'ce qu'on en lit envn paffage de bfainte Efcriture : corne Dieu s'eftreferué le ciel pour fa demeure,, Se

qu'il a donné b terreaux fils deshommes: ou il eft affez manifeftéqu'ils" fe doiuent contenter du lieuqui leur eft affigné,fans emrepré-

T ij

pV DtMOCRIflC» IJ5dit très-bien Ouide au premierde-faMétàrnprphofe, parlant dece grand fabrkateivrde l'vniuersenia CTeationdél'hommé ,Os hominifublime-dedit t-olumA tnderelufèit: ce que" nous- pouuoiw ainfirendre en françois, " "

<st l'homme il a haut efleué lesyeux,Et commande de contempler les cieuoc- J

Ainfi donques^eft vne chofe quinie feitii le eftre fc t: feante auna*turel de l'home faifoîinabley qued'accomplir ce-- qu'en dit le Poètefus-mencionné.l.E democr-HCornent n'as tu auffi bien' allégué'ce qu'on en lit envn paffage de bfainte Efcriture : corne Dieu s'eftreferué le ciel pour fa demeure,, Se

qu'il a donné b terreaux fils deshommes: ou il eft affez manifeftéqu'ils" fe doiuent contenter du lieuqui leur eft affigné,fans emrepré-

T ij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 295: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

S ECO tJD, D.I A 10. ,<

adre de voler plus haut & auoir 1*f ognoîffance de.Ce qui leur fcft.itvcertàjtf),là bu foleméf vou'loit par-rAienirce gentil Aftronome Ana-ximene » lequel regardât vne foisjtro.p entendnement les eftoilles»Si leuât le nez en Pair comme vnetruye aggrauée , toba à l'impour-«eu dedans v,ne foffe, là ou il futmoqué d'vne vieille qui.le,repritde vouloir cognoiftre ce qui eftoitaux cieux ne ppuuant .pas feule¬ment voiries chofes qiii eftoientdeuantluy à fes pieds . Quant eft

Comnet del'authorité duPoëtèque tuas{e doit en ffl-ls en jcl, ^ ^lg n£ fe ^oit pas £ntendre le , * ,..pajfave *en"re 2°^ approuuer ton dire,d'Ouiie ny pour fe. tourmenter après cesOshomi- contemplations celefte.s^tant vai-"'-" nés & tousjes io.urs -débat ues par

nos A'ftrojpgues, -niais feulementà.celle- fin q.uéi'bomme en voyant

S ECO tJD, D.I A 10. ,<

adre de voler plus haut & auoir 1*f ognoîffance de.Ce qui leur fcft.itvcertàjtf),là bu foleméf vou'loit par-rAienirce gentil Aftronome Ana-ximene » lequel regardât vne foisjtro.p entendnement les eftoilles»Si leuât le nez en Pair comme vnetruye aggrauée , toba à l'impour-«eu dedans v,ne foffe, là ou il futmoqué d'vne vieille qui.le,repritde vouloir cognoiftre ce qui eftoitaux cieux ne ppuuant .pas feule¬ment voiries chofes qiii eftoientdeuantluy à fes pieds . Quant eft

Comnet del'authorité duPoëtèque tuas{e doit en ffl-ls en jcl, ^ ^lg n£ fe ^oit pas £ntendre le , * ,..pajfave *en"re 2°^ approuuer ton dire,d'Ouiie ny pour fe. tourmenter après cesOshomi- contemplations celefte.s^tant vai-"'-" nés & tousjes io.urs -débat ues par

nos A'ftrojpgues, -niais feulementà.celle- fin q.uéi'bomme en voyant

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 296: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC/ I^cfâtrifi t;étte grande1 machine azu¬rée tant excellefVté> Si admirableen fa eotnpofitio», cognoiflé qu'ila ie ne fçay quoy de conuenablc8* parfait auecques elle. l e cos1tA 6 t h f. Tu me ïonrentes fortpar tes refpon'ccs i'fi ai-ie encore»vn-petitdoute touchant ceci pourVnpaffage qui eft au Deuterono^-nie quatriefine chapitre, ou »1 eftdit que Dieu a fait & créé les corsceleftes pôurferuir à toutes gens*1 e dem oCr i tic. le nevi iilmais home qui allegaft- plus cruK-*

nient lés fâintâs Efcri'tùres-,nequïplus braâemènt fe eoupaft b goa-ge de fort'coiiteail triefme que toi,niais deuarttf que de paffer outreie voudroy bien que -tu m'eiiffesaffcuré fi tu l'as leu au Deuteto-nome,oubié*nquélqHe autre au-cheurqui en eue peruerty lé fensi

T iij

DV DEMOCRITIC/ I^cfâtrifi t;étte grande1 machine azu¬rée tant excellefVté> Si admirableen fa eotnpofitio», cognoiflé qu'ila ie ne fçay quoy de conuenablc8* parfait auecques elle. l e cos1tA 6 t h f. Tu me ïonrentes fortpar tes refpon'ccs i'fi ai-ie encore»vn-petitdoute touchant ceci pourVnpaffage qui eft au Deuterono^-nie quatriefine chapitre, ou »1 eftdit que Dieu a fait & créé les corsceleftes pôurferuir à toutes gens*1 e dem oCr i tic. le nevi iilmais home qui allegaft- plus cruK-*

nient lés fâintâs Efcri'tùres-,nequïplus braâemènt fe eoupaft b goa-ge de fort'coiiteail triefme que toi,niais deuarttf que de paffer outreie voudroy bien que -tu m'eiiffesaffcuré fi tu l'as leu au Deuteto-nome,oubié*nquélqHe autre au-cheurqui en eue peruerty lé fensi

T iij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 297: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SBC OND ÇS-I At-O.,. n

&apr'cs lequel tu en iugerpis ainfià crédit, le gosmophil fc.'U

ne faut point que ie t'en intnre,ien'ay point efté fi curieux que del'aller refueillererau Deuterono-me, mais iel'ayleu dedans wa li¬me nommé le Période du monde|fait &coinpofépar maiftre Pieivre Turel,homme fort docte & biçexpérimenté tant en la philoforphie qu'en cette Aftrologle . LED e m o c r i. Quand tu euffes re-»

uolté tous les liures du mode^fi nem'en euffes-tu fçeu- alléguer' vrjplus fot & plusremply de-bourdesque cettuy-là,veu qu'en- iceltiy Ce

... gentil Monfieur de Pierre Turelde Pierre veut aliignerle tepsquele mondeTurel en finera,cnofe tant s'en faut qu'ellefin Perû {on cogrçeue aux hômes.que mef-de du mo mç jc p|jS} ny jes ^^5 duci£] ne

le fçauic pas* fors que kfcul pct'e

; »' i

SBC OND ÇS-I At-O.,. n

&apr'cs lequel tu en iugerpis ainfià crédit, le gosmophil fc.'U

ne faut point que ie t'en intnre,ien'ay point efté fi curieux que del'aller refueillererau Deuterono-me, mais iel'ayleu dedans wa li¬me nommé le Période du monde|fait &coinpofépar maiftre Pieivre Turel,homme fort docte & biçexpérimenté tant en la philoforphie qu'en cette Aftrologle . LED e m o c r i. Quand tu euffes re-»

uolté tous les liures du mode^fi nem'en euffes-tu fçeu- alléguer' vrjplus fot & plusremply de-bourdesque cettuy-là,veu qu'en- iceltiy Ce

... gentil Monfieur de Pierre Turelde Pierre veut aliignerle tepsquele mondeTurel en finera,cnofe tant s'en faut qu'ellefin Perû {on cogrçeue aux hômes.que mef-de du mo mç jc p|jS} ny jes ^^5 duci£] ne

le fçauic pas* fors que kfcul pct'e

; »' i

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 298: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV 'DJ, M-^CRJTJC, I57

tout-pwifbnt, aulfi n'eft ce pas à

jioAis.de vouloir décoourirjlesfe-crets,quele-SeigneurPieu a vou¬lu ferrer & tenir enclos deflous laclefde fa diurne & incomparablepuiffance. Voila ce que ie t'ay bié«voulu, dire, de b Mie decepre-fomptuenxfotj Pierre Tgrel,à cc\-ie-.fin qu'en çognoiffant les foliejSi catarçnieufes lîienfonges de fonJiiute , tu découure<> incontinen/:comme il a du tout peruerty & ti¬ré au poil les paffages de l'efcri-ture, qVU a voulu alléguer potirapprouuer b dam-nabie ckfuperrftitieufe tradition ; de laquelle- Uauoit entrepris en épouuétaiif lesoreilles &,iugemét du timide vul¬gaire (ainftqu'ont acoutumédefaire tels impofteurs & hautainsAftrologues) fe rendre admira¬ble* à tout le moins iufques au

T iiij

DV 'DJ, M-^CRJTJC, I57

tout-pwifbnt, aulfi n'eft ce pas à

jioAis.de vouloir décoourirjlesfe-crets,quele-SeigneurPieu a vou¬lu ferrer & tenir enclos deflous laclefde fa diurne & incomparablepuiffance. Voila ce que ie t'ay bié«voulu, dire, de b Mie decepre-fomptuenxfotj Pierre Tgrel,à cc\-ie-.fin qu'en çognoiffant les foliejSi catarçnieufes lîienfonges de fonJiiute , tu découure<> incontinen/:comme il a du tout peruerty & ti¬ré au poil les paffages de l'efcri-ture, qVU a voulu alléguer potirapprouuer b dam-nabie ckfuperrftitieufe tradition ; de laquelle- Uauoit entrepris en épouuétaiif lesoreilles &,iugemét du timide vul¬gaire (ainftqu'ont acoutumédefaire tels impofteurs & hautainsAftrologues) fe rendre admira¬ble* à tout le moins iufques au

T iiij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 299: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

' SECOND DIALO.

temps preordonné par luy poure»ftre la confirmation du mode, au¬quel on jtVôurra cognoifire aifé-hientl'outrecuidée audace, & ef¬frontée affèurance de fa foie men-fonge & téméraire prefomption,Et qu'ilfoit vray-'qu'il ait du'toutpris au rebours le paflâge que tum'as allégué de fon ceuure, pourapprouuer ces bourdes Aftr-olo*-gaîës, prenant pour luy ce qui eneft dit au quatriefme du Deutero-nome , comme Dieu a créé les é-jtoilles pour la commodité de tou¬tes"gës qui font fous le ciél,regar-«e ce qui eft deuant ces mots, &'alors tu Jugeras toimefmeqtii n'ê-a prïs que Pécôrce , par laquelle il3a-voulunlalicieufementcouurîrlcVrai bois de vie auquel eft enclofeia viueniouëlle & fuftâce du ver-^feediuin, Car il cil facile àvo-itee

i"T ' - "" "

' SECOND DIALO.

temps preordonné par luy poure»ftre la confirmation du mode, au¬quel on jtVôurra cognoifire aifé-hientl'outrecuidée audace, & ef¬frontée affèurance de fa foie men-fonge & téméraire prefomption,Et qu'ilfoit vray-'qu'il ait du'toutpris au rebours le paflâge que tum'as allégué de fon ceuure, pourapprouuer ces bourdes Aftr-olo*-gaîës, prenant pour luy ce qui eneft dit au quatriefme du Deutero-nome , comme Dieu a créé les é-jtoilles pour la commodité de tou¬tes"gës qui font fous le ciél,regar-«e ce qui eft deuant ces mots, &'alors tu Jugeras toimefmeqtii n'ê-a prïs que Pécôrce , par laquelle il3a-voulunlalicieufementcouurîrlcVrai bois de vie auquel eft enclofeia viueniouëlle & fuftâce du ver-^feediuin, Car il cil facile àvo-itee

i"T ' - "" "

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 300: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DVDEMOCRTTIC. 138que Moyfe n'entcndoit aucune*met parler en ce li«u là deleur vai¬ne & fauffeAftrologîe,par laquel¬le ils nous veullent rendre fuietsaux Corps celeftes, veu que tants'en faut qu'il die que nous y fo*yons fuietsy qubticôcraire il nousaffeure exppeffémêt comme il n'yla rien de tout ce qui eft fus la ter¬re, dedâs les eaux, en l'air,& mef-mes iufques au Soleil,àb Lune,&autres aftres & cors celeftes, qu'ilne foit créé & forme pour feruirà l'homme, tât s'en faut que l'ho¬me y foit donq' fuiet. Or regardeie te prie fi cela fait aucunement,pour faire valoir le meftierde cevaillant Philofophaftre prealle-gué,& de ces autres compagnonsqui veullent contrefaire des ren-frongnez melicoliques & enfon»-ceurs d'Oxizom régionaux; outre

DVDEMOCRTTIC. 138que Moyfe n'entcndoit aucune*met parler en ce li«u là deleur vai¬ne & fauffeAftrologîe,par laquel¬le ils nous veullent rendre fuietsaux Corps celeftes, veu que tants'en faut qu'il die que nous y fo*yons fuietsy qubticôcraire il nousaffeure exppeffémêt comme il n'yla rien de tout ce qui eft fus la ter¬re, dedâs les eaux, en l'air,& mef-mes iufques au Soleil,àb Lune,&autres aftres & cors celeftes, qu'ilne foit créé & forme pour feruirà l'homme, tât s'en faut que l'ho¬me y foit donq' fuiet. Or regardeie te prie fi cela fait aucunement,pour faire valoir le meftierde cevaillant Philofophaftre prealle-gué,& de ces autres compagnonsqui veullent contrefaire des ren-frongnez melicoliques & enfon»-ceurs d'Oxizom régionaux; outre

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 301: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

-. S-EÇOND DIAiO*

cela voy ce qu'en.dit Salomon autreziefrilëdé <fa. fipience , là ou ilbbfiné apertemét comme fols&incenfçz,tous ceux qui attribuentau Soleil, à la Lune, & autres corsceleftes vn gouuernemen.t deffusce monde icy , comme s'il y.auoitplus grade force aux ceuures-qu'aiiibuuerain maiftre Se manouurietd'icelles, à l'arbitre duquel touteschofes fe gouuern-ent $i no pointcomme veullent vn tas de fots teC-ueurs , par le cours & influéce descorps fiiperieurs. le cosmo.Si anoi-ie bien-vnè autre opinionde ce gentil, veau Pierre Turel a-tsecques fon Période, du monde,qui ne fçauroit eftre à" ce que ievoy qu'vn abus ainfi que tu l'asamplement approuué. Mais ievoudroy bien fçauoir fi cela qu'ilsprediftnt par leur Aftrologieeft

-. S-EÇOND DIAiO*

cela voy ce qu'en.dit Salomon autreziefrilëdé <fa. fipience , là ou ilbbfiné apertemét comme fols&incenfçz,tous ceux qui attribuentau Soleil, à la Lune, & autres corsceleftes vn gouuernemen.t deffusce monde icy , comme s'il y.auoitplus grade force aux ceuures-qu'aiiibuuerain maiftre Se manouurietd'icelles, à l'arbitre duquel touteschofes fe gouuern-ent $i no pointcomme veullent vn tas de fots teC-ueurs , par le cours & influéce descorps fiiperieurs. le cosmo.Si anoi-ie bien-vnè autre opinionde ce gentil, veau Pierre Turel a-tsecques fon Période, du monde,qui ne fçauroit eftre à" ce que ievoy qu'vn abus ainfi que tu l'asamplement approuué. Mais ievoudroy bien fçauoir fi cela qu'ilsprediftnt par leur Aftrologieeft

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 302: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV-BEMpCPvITÎ-C. \1$du tout faux ou non , & s'il n'y apas des fours plusheureux&mat^hi.ureux le;» vns que les antres, fé¬lon que. les corps celeftes font enafpeci ouautredifpofitton fortu¬née ou infortunée, L.5 ,p e m o q.Voire dea l jl^egne des heures finulheureufes que fi on iettoit a-lorsvn coin de beurre frais^ de vorlee en b gueule d'yn chien » lieneftrangleioit tout vif. Mais com¬met font-ils encores fi abufez,quede nous penfer faire acroir,e qu'ily a des iours Sj. h^urs>plus fuiet- _xm-^^tes à rrialh&wr les vnes. que le.s au- fuperffi-tre*? cç feroit encore,* retournera '«'» des

4'antiquc payannifme &àb foie *^£fuperdition des Romains , qui a- i\fymituoiét certains iours qu'ils appel- thn de$

loient.les iours noiçs & nefaftes, '»"«aufquels il n'eftoit aucunementloifibledç aqmmer luppiter, ny

DV-BEMpCPvITÎ-C. \1$du tout faux ou non , & s'il n'y apas des fours plusheureux&mat^hi.ureux le;» vns que les antres, fé¬lon que. les corps celeftes font enafpeci ouautredifpofitton fortu¬née ou infortunée, L.5 ,p e m o q.Voire dea l jl^egne des heures finulheureufes que fi on iettoit a-lorsvn coin de beurre frais^ de vorlee en b gueule d'yn chien » lieneftrangleioit tout vif. Mais com¬met font-ils encores fi abufez,quede nous penfer faire acroir,e qu'ily a des iours Sj. h^urs>plus fuiet- _xm-^^tes à rrialh&wr les vnes. que le.s au- fuperffi-tre*? cç feroit encore,* retournera '«'» des

4'antiquc payannifme &àb foie *^£fuperdition des Romains , qui a- i\fymituoiét certains iours qu'ils appel- thn de$

loient.les iours noiçs & nefaftes, '»"«aufquels il n'eftoit aucunementloifibledç aqmmer luppiter, ny

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 303: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

Cf SECOND* DÎALO;.tfanus , ny de trafiquer en "aucune'forte les vns-auec les autres ,-eftr>niant que tout'ée que l'on faifoiten ces ioûrs là venOk à vne màu*-tiaife fin . le: c'-o s m o p'hi l e.Cure férôit Cedonq'dé'co'ùtés cespragnoftiaftions & alrrianacs quife font auîourd'huy& de leurs au^tireurs ? Icfquëls, apures auoir ba-fly les douze1 -mâifons celeftes fé¬lon l'orofcope, Si afcendant de bnatinité de qtlekun," predifeiitlésvices' ou vertus qui régneront eniliy, auecques les bonnes &hial-

t heureufés fort"Unes quiluydoiuétarriuer durant le temps delà vie.

' , ie1 D B M oc R ï. Que ce feroit ?

s abus & menteries. le c o s m o.Voila grand cas ? Que dirois-tu

' donq' fi l'or» en auoit prédit demoymefme en cette forte qui- fefora trouuées vraies? i E démo»

Cf SECOND* DÎALO;.tfanus , ny de trafiquer en "aucune'forte les vns-auec les autres ,-eftr>niant que tout'ée que l'on faifoiten ces ioûrs là venOk à vne màu*-tiaife fin . le: c'-o s m o p'hi l e.Cure férôit Cedonq'dé'co'ùtés cespragnoftiaftions & alrrianacs quife font auîourd'huy& de leurs au^tireurs ? Icfquëls, apures auoir ba-fly les douze1 -mâifons celeftes fé¬lon l'orofcope, Si afcendant de bnatinité de qtlekun," predifeiitlésvices' ou vertus qui régneront eniliy, auecques les bonnes &hial-

t heureufés fort"Unes quiluydoiuétarriuer durant le temps delà vie.

' , ie1 D B M oc R ï. Que ce feroit ?

s abus & menteries. le c o s m o.Voila grand cas ? Que dirois-tu

' donq' fi l'or» en auoit prédit demoymefme en cette forte qui- fefora trouuées vraies? i E démo»

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 304: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. I40

le dirais dç-rechcf que ce nç fe¬rait qu'vn abus. ,L E coSmop*Commet fe peut d©nq' faire celaqu'ils predifcnt des chofes qn?ot}voit arriuer puis après? ,lç p e-Mo cri, Parhazard. L e c o s-M o. Pourquoi dis-tu pluftoft quece foit par hazard que par aqt? l edémo. Ppur-autant que le plus,fouuent ils pe fqnt quenacntir» Sç

n'y a pas de mille vn de. leurs prorjposqui,fe trouue vray, *>i3ncos-ko-ph'l 11 en va donq'tqut ainfique de nos Nécromanciens. ?le^ maidemocritic. Tout ny plus gie eftpay moins , auffi la Magie a, efté "^ee At

couuée & engendrée par, cefte vi- lglriJ r°~-

eille & fauffe maraftre Aftrolp- *gie-Mais pour c6tiruier,mon pro-pos,preojierenient ie te prendrayparleurs prognofticatiôs dont tum'as parlé * cV puis ie te diray que .

DV DEMOCRITIC. I40

le dirais dç-rechcf que ce nç fe¬rait qu'vn abus. ,L E coSmop*Commet fe peut d©nq' faire celaqu'ils predifcnt des chofes qn?ot}voit arriuer puis après? ,lç p e-Mo cri, Parhazard. L e c o s-M o. Pourquoi dis-tu pluftoft quece foit par hazard que par aqt? l edémo. Ppur-autant que le plus,fouuent ils pe fqnt quenacntir» Sç

n'y a pas de mille vn de. leurs prorjposqui,fe trouue vray, *>i3ncos-ko-ph'l 11 en va donq'tqut ainfique de nos Nécromanciens. ?le^ maidemocritic. Tout ny plus gie eftpay moins , auffi la Magie a, efté "^ee At

couuée & engendrée par, cefte vi- lglriJ r°~-

eille & fauffe maraftre Aftrolp- *gie-Mais pour c6tiruier,mon pro-pos,preojierenient ie te prendrayparleurs prognofticatiôs dont tum'as parlé * cV puis ie te diray que .

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 305: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

- SECOND D PAL O. '

c'effque de leurs douze maifons.Regardé doneffi ce n'eft pas vnevraye pipené-que de vouloir pré¬dire- ainfi la mort desgrans Sei¬gneurs' eii leurs piognofti cations/comme dôvraj? s'il y auoit des é-toilles & pbnetres au ciel,pluftoftpour la race & lignée de ceux quifont,' douez de rkhefïès mondai¬nes que pourles-pauures: &'o'u-ifre quand ainfi ferait ( Ce qui eftneàntinôifis-'impolïi&le ). penfes-itu fiè'ff àiiôii certaine -éogiioif-fancedesprédeceffeus anciens &delà. Généalogie de beaucoup de

.gens/àihourd'hiiy fort riches &gras "Seigneurs, qu'on ne les trou-'tiaft polfible-defcendus dé quel¬que panure beliftre, qui n'au-foitfait toute fa vre autre chdfcjqu'é-taflervneiambe toute mangée &nii-pourrie de chancre, à l'entrée

- SECOND D PAL O. '

c'effque de leurs douze maifons.Regardé doneffi ce n'eft pas vnevraye pipené-que de vouloir pré¬dire- ainfi la mort desgrans Sei¬gneurs' eii leurs piognofti cations/comme dôvraj? s'il y auoit des é-toilles & pbnetres au ciel,pluftoftpour la race & lignée de ceux quifont,' douez de rkhefïès mondai¬nes que pourles-pauures: &'o'u-ifre quand ainfi ferait ( Ce qui eftneàntinôifis-'impolïi&le ). penfes-itu fiè'ff àiiôii certaine -éogiioif-fancedesprédeceffeus anciens &delà. Généalogie de beaucoup de

.gens/àihourd'hiiy fort riches &gras "Seigneurs, qu'on ne les trou-'tiaft polfible-defcendus dé quel¬que panure beliftre, qui n'au-foitfait toute fa vre autre chdfcjqu'é-taflervneiambe toute mangée &nii-pourrie de chancre, à l'entrée

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 306: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 141

de quelque temple, ou aux lieux6u le peuplé coriuit'nt & fréquen¬te le plus ? témoin l'elegànt & in-figne Orateur behltral PvniqueRagot, iadis tant renommé entre lesgueux à Paris comme le Paran-gon,Roy,& fouuerain maiftre d'i-ccux, lequel a tant fait en plaidâtpour le biffacd'autruy, qu'il ena,biffé de fes enfans prouueus auecdes plus -notables & fameufesper-fonnes que Ton fçaurort trouuer.Et qui doute que fi telsenfans fontgens de bien (toutcsfois de bon?efprit & fecrettement meflhans)kque leur richeffè ne s'augmerwe»Si qu'eftans pouffez à mont par levent de quelque bonne fortune ilsne puiflent acquérir grans biens& réputation ? Et voila b perfon-ne de Ragot monfieur, premiergentil- homme de fa race,qui aura

DV DEMOCRITIC. 141

de quelque temple, ou aux lieux6u le peuplé coriuit'nt & fréquen¬te le plus ? témoin l'elegànt & in-figne Orateur behltral PvniqueRagot, iadis tant renommé entre lesgueux à Paris comme le Paran-gon,Roy,& fouuerain maiftre d'i-ccux, lequel a tant fait en plaidâtpour le biffacd'autruy, qu'il ena,biffé de fes enfans prouueus auecdes plus -notables & fameufesper-fonnes que Ton fçaurort trouuer.Et qui doute que fi telsenfans fontgens de bien (toutcsfois de bon?efprit & fecrettement meflhans)kque leur richeffè ne s'augmerwe»Si qu'eftans pouffez à mont par levent de quelque bonne fortune ilsne puiflent acquérir grans biens& réputation ? Et voila b perfon-ne de Ragot monfieur, premiergentil- homme de fa race,qui aura

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 307: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

S EÇON» DI AL O.

des beaux neueux, fi Dieu plaifti,le cosmophi. Si eft-ce que.cela aduient peu fcuuent que bperfonne pauure tât de bon efprit'foit elle,puiffe deuenir riche, cequi eft tresbié figuré dans vn Em¬blème d'Alciat, par vn home quiy eft dépeint ayât des élcs au dos,Se vne pierre fort pefante, atta¬chée au pied qui le retarde & em-pefche de pouuoir voler, enten¬dant par les éles le.bon efprit , &par la pierre la pauureté.L e d e-m o cr i. Sans.point de doute ce¬

la adulent le plus communément,ainfi que tu Pasdit, fi eft-ce qu'ilne biffe pas aucunefois d'arriuerau contraire, & principalementquand ces pagures gens font quelqiies foruices agreabksaux gransSeigneurs, ainfi que les fçaittref-bien reciter Lucian en vn de Ces

dialo-*

S EÇON» DI AL O.

des beaux neueux, fi Dieu plaifti,le cosmophi. Si eft-ce que.cela aduient peu fcuuent que bperfonne pauure tât de bon efprit'foit elle,puiffe deuenir riche, cequi eft tresbié figuré dans vn Em¬blème d'Alciat, par vn home quiy eft dépeint ayât des élcs au dos,Se vne pierre fort pefante, atta¬chée au pied qui le retarde & em-pefche de pouuoir voler, enten¬dant par les éles le.bon efprit , &par la pierre la pauureté.L e d e-m o cr i. Sans.point de doute ce¬

la adulent le plus communément,ainfi que tu Pasdit, fi eft-ce qu'ilne biffe pas aucunefois d'arriuerau contraire, & principalementquand ces pagures gens font quelqiies foruices agreabksaux gransSeigneurs, ainfi que les fçaittref-bien reciter Lucian en vn de Ces

dialo-*

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 308: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV D'E'MCTCRlTÏC. I4Ï'dialogues infcrit Timon,& pour* ^^laautant que ie t'ay eOgnu- fort eu* de ««*Fieus des hîftriires antiques1), ie ?»* de-t'en vueil raconter quelques tn* t*'iune~ ^

qui de tresbas eftat font dénenus dlaenm

fort riche jjiufqûes à eftre mefine-» fort ri-met Rois- & g.o«t^ernieiH<s dVrt'pétl cbes.

plé.N'eVOi*-on pàfcorfrme Dar-ilfils d'Hyffafpe homme paulfre futefleu Rbv des Përfes pdfr la nife S»

fineffe d'vif îiraqtiigné?ArchehjûàRoy des Macédonien?, n'éftoit-ilpas fils de Pefclàue Simicn-e^The-"miftocle vn^fècond Neptune enaver, n'eftoit-il pas fils dé Phocic?Chryf1&,faiféUfdecucilliers?Epa-'minoniebgloire des Thebains'feftoit-il pas deifipaifure-lieu qu'àpeine fes parent eftoyent-Hs te-»gneus?Tulle Hoftilié qui-gosuer-*Ha & augmenta d& moitié l'Elu*piredeaRomainSjn^uoip-ilpà'

V,

DV D'E'MCTCRlTÏC. I4Ï'dialogues infcrit Timon,& pour* ^^laautant que ie t'ay eOgnu- fort eu* de ««*Fieus des hîftriires antiques1), ie ?»* de-t'en vueil raconter quelques tn* t*'iune~ ^

qui de tresbas eftat font dénenus dlaenm

fort riche jjiufqûes à eftre mefine-» fort ri-met Rois- & g.o«t^ernieiH<s dVrt'pétl cbes.

plé.N'eVOi*-on pàfcorfrme Dar-ilfils d'Hyffafpe homme paulfre futefleu Rbv des Përfes pdfr la nife S»

fineffe d'vif îiraqtiigné?ArchehjûàRoy des Macédonien?, n'éftoit-ilpas fils de Pefclàue Simicn-e^The-"miftocle vn^fècond Neptune enaver, n'eftoit-il pas fils dé Phocic?Chryf1&,faiféUfdecucilliers?Epa-'minoniebgloire des Thebains'feftoit-il pas deifipaifure-lieu qu'àpeine fes parent eftoyent-Hs te-»gneus?Tulle Hoftilié qui-gosuer-*Ha & augmenta d& moitié l'Elu*piredeaRomainSjn^uoip-ilpà'

V,© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 309: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

t S ECONDD I Al-0*( f

employé toute fa ieuileffe à gar¬der le beftail eftant vn fimple pa¬ître? Tarquine l'Ancien rtatifdeCorinthe & poffible fils de quel¬que braue fignore counifanne dudit lieu, fon père n'eftât qu'vn finipie marchant banni, ne fut- il pasparie ne fçai quel hazard pouffédedans Rome & créé Empereurd'icelle? Demofthenele premierSi plus re,nômé orateur de b G rence, n'eftoit-il pas fils d'vne reuen-dereffede chous? Et Euripide quitient çncore-s auiourd'huy touteb Grèce béante après fes braues-,&furieufês tragédies, n'eftoit-ilpas pareillement fils d'vn fimple?couftelicr? Et combien que cesdeus derniers he foyentpas paruenus à fi grandes ncheffes que lesautres, fi pnt ils acquis vn honcur.&vrte gloire qui les fera v.ureirq

t S ECONDD I Al-0*( f

employé toute fa ieuileffe à gar¬der le beftail eftant vn fimple pa¬ître? Tarquine l'Ancien rtatifdeCorinthe & poffible fils de quel¬que braue fignore counifanne dudit lieu, fon père n'eftât qu'vn finipie marchant banni, ne fut- il pasparie ne fçai quel hazard pouffédedans Rome & créé Empereurd'icelle? Demofthenele premierSi plus re,nômé orateur de b G rence, n'eftoit-il pas fils d'vne reuen-dereffede chous? Et Euripide quitient çncore-s auiourd'huy touteb Grèce béante après fes braues-,&furieufês tragédies, n'eftoit-ilpas pareillement fils d'vn fimple?couftelicr? Et combien que cesdeus derniers he foyentpas paruenus à fi grandes ncheffes que lesautres, fi pnt ils acquis vn honcur.&vrte gloire qui les fera v.ureirq

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 310: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV bEMOCRITIC.2 I42mortellement par la bouche deshommes,plus que s'ils aUôyeht e-fté monarques île tout k mondé.'le t'en pourrai reciter affez rfau-tres,mais Pauroi peur qu'ê ce" fai-fant ie ne m'oubliaffe pas'tanîtfeu1lement en mon propos ericomert-1ce, mais que la fournée, Py confu-1mift tome entière. l t cPsmo.JTu m'as faitvn fingiilier plaifir Henie refraichir b membire decesanciennes hiftoires, Sç n*eftoit vil'autre defirqirei'ai d'entendre béontinuarton de noftte deliis-, ie*ferai coiirein àrf pafferlé refte'du1ibur. LE" d E m Ci .Ericorès h"WUCe pastout , cir B les patïures clé-ûieimentgraris,pe'nfô-tu qu'il n'y*ait pas eu au cotràirC le éCmi paf-fé de grandifTimés" maifbns , dont,le nom eft maintenant du touta-boHj-cVrrui ont des fucteffe urs pof

V i;

DV bEMOCRITIC.2 I42mortellement par la bouche deshommes,plus que s'ils aUôyeht e-fté monarques île tout k mondé.'le t'en pourrai reciter affez rfau-tres,mais Pauroi peur qu'ê ce" fai-fant ie ne m'oubliaffe pas'tanîtfeu1lement en mon propos ericomert-1ce, mais que la fournée, Py confu-1mift tome entière. l t cPsmo.JTu m'as faitvn fingiilier plaifir Henie refraichir b membire decesanciennes hiftoires, Sç n*eftoit vil'autre defirqirei'ai d'entendre béontinuarton de noftte deliis-, ie*ferai coiirein àrf pafferlé refte'du1ibur. LE" d E m Ci .Ericorès h"WUCe pastout , cir B les patïures clé-ûieimentgraris,pe'nfô-tu qu'il n'y*ait pas eu au cotràirC le éCmi paf-fé de grandifTimés" maifbns , dont,le nom eft maintenant du touta-boHj-cVrrui ont des fucteffe urs pof

V i;© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 311: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

,,. JSCONS D-U19. »

fîble demandans leur pain de por¬tera porte? N'eftime-tu pas fi onppuuoit cngnoiftre an vray les-aï,e.us,bifaïe.us, gransbifiueus, onplus anciens anceftres de droitte.ligne detous les plus forsçaimâs-dç l'hoftel Dieu. de Paris , qu'onn'en.ttoiHiaft pas quelq.u'vn ,eftre,

dëfcendu.deb race du piulgrand.î^prjarque du inonde, pu poifiblc^'quelques autres qui ne luy au»royent gu-ere-s cédé en biens ni enpbif&nçe?. Et puis allez, croireàc'ç-s g|-aiuestprQgnoftiqueur.s quiliQuVyeulknt danner;du vent enpayement,, difahtï qu'en j'Afie ou.Europe U mourra .vn grand Sei-sgiriéur,comme fi les eftpiliesfe re-nbiniëllôyenc au changoyent Ce--

Ion queJes races fe changer à Par*bitre de fortune. Ils adiouftet d'as

uâtage cnknrs bijyp & menfoni.

,,. JSCONS D-U19. »

fîble demandans leur pain de por¬tera porte? N'eftime-tu pas fi onppuuoit cngnoiftre an vray les-aï,e.us,bifaïe.us, gransbifiueus, onplus anciens anceftres de droitte.ligne detous les plus forsçaimâs-dç l'hoftel Dieu. de Paris , qu'onn'en.ttoiHiaft pas quelq.u'vn ,eftre,

dëfcendu.deb race du piulgrand.î^prjarque du inonde, pu poifiblc^'quelques autres qui ne luy au»royent gu-ere-s cédé en biens ni enpbif&nçe?. Et puis allez, croireàc'ç-s g|-aiuestprQgnoftiqueur.s quiliQuVyeulknt danner;du vent enpayement,, difahtï qu'en j'Afie ou.Europe U mourra .vn grand Sei-sgiriéur,comme fi les eftpiliesfe re-nbiniëllôyenc au changoyent Ce--

Ion queJes races fe changer à Par*bitre de fortune. Ils adiouftet d'as

uâtage cnknrs bijyp & menfoni.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 312: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D Y'^EMOCk I TTC I44ges,que l'Europe" âtir-abiêà fouf>frir pour léS'gfans troubles, guer-»-

res Si diffentiôns qui s'y ferontcette année, quelquefoissflnefme-frment partictibrifant kifquesà IdFrance * lors qu'ils y vôyent defiâquelque commencement de guer^fe efmeu, & ert-çor^eS pourdonnei*k bonjils diront que Dieu eft patdeffus-, à celle' fin que -s'il n'auientainfi comme ils ont fongé , On re¬mette cela à b preordonnance di-uine,de peur d'eftre tramiez menteurs comme ils font. 'Et penfent *

bien alor-s auoir gaigné bureau*fe, quand ils-difent ces quatre oucinq mot$enp*2fbnt,& fans fairefeulement fembbnt d'yxoucher»

odfira inclinantfid non necefiitant. Vèthap»

Les aftresinclinét maiselfes n'ê-* u"e des

portent pas neceffi té., & voila la AA»*»-memeue de ces pipeurs couuertc

V iij

D Y'^EMOCk I TTC I44ges,que l'Europe" âtir-abiêà fouf>frir pour léS'gfans troubles, guer-»-

res Si diffentiôns qui s'y ferontcette année, quelquefoissflnefme-frment partictibrifant kifquesà IdFrance * lors qu'ils y vôyent defiâquelque commencement de guer^fe efmeu, & ert-çor^eS pourdonnei*k bonjils diront que Dieu eft patdeffus-, à celle' fin que -s'il n'auientainfi comme ils ont fongé , On re¬mette cela à b preordonnance di-uine,de peur d'eftre tramiez menteurs comme ils font. 'Et penfent *

bien alor-s auoir gaigné bureau*fe, quand ils-difent ces quatre oucinq mot$enp*2fbnt,& fans fairefeulement fembbnt d'yxoucher»

odfira inclinantfid non necefiitant. Vèthap»

Les aftresinclinét maiselfes n'ê-* u"e des

portent pas neceffi té., & voila la AA»*»-memeue de ces pipeurs couuertc

V iij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 313: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

,t SECOND DIALO.

(ce leur femble ) d'vn petit quoli-»bet.Ie ne veus pas dire quant à ladifpofitioiiidu tems, que par la cognpifbnce .parfaite d'vne tellefciencc l'on n'en puiffé dire quel¬que chofe,mais que cela ait aucune puiffançefus l'arbitre des ho¬mes, oitdeffns la puiffance fatalede fortune, t'eft vne yraye moquerie,ce qu'ils tachent ncantmoins

_ , à faire par l'artifice de leurs dou-Jjei aou- .t. . . . ,xemaisos z« maifonsvconfumat-ion.de leursdesAftro bourdes.L e, c o s Mo.Voiremaishgues. les luminaires & Pbnettes-fe trou

uent au ciel de . la forte mefmequ'ils les figurent en leurs douzemaifons. LE D è m o.le te confeffe bien cela", & mefmément com-

' me ie t'ai dit au parauât que l'onpeut bien dire quelque chofe dela difpofition des cors celeftes,mais s'éfuit-il que pour cette oc-

,t SECOND DIALO.

(ce leur femble ) d'vn petit quoli-»bet.Ie ne veus pas dire quant à ladifpofitioiiidu tems, que par la cognpifbnce .parfaite d'vne tellefciencc l'on n'en puiffé dire quel¬que chofe,mais que cela ait aucune puiffançefus l'arbitre des ho¬mes, oitdeffns la puiffance fatalede fortune, t'eft vne yraye moquerie,ce qu'ils tachent ncantmoins

_ , à faire par l'artifice de leurs dou-Jjei aou- .t. . . . ,xemaisos z« maifonsvconfumat-ion.de leursdesAftro bourdes.L e, c o s Mo.Voiremaishgues. les luminaires & Pbnettes-fe trou

uent au ciel de . la forte mefmequ'ils les figurent en leurs douzemaifons. LE D è m o.le te confeffe bien cela", & mefmément com-

' me ie t'ai dit au parauât que l'onpeut bien dire quelque chofe dela difpofition des cors celeftes,mais s'éfuit-il que pour cette oc-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 314: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. I45

Cafiôn ils puiffent affeurer les for¬tunes de la 'vie humaine , ainfîqu'ils difent, la logeant en b prenmiçre de leurs douze maifonsqu'ils appellent l'angle d'Orient,l'afcêdât ou horofeope ? au moinss'ils euffent auffi bien mis la morten -la- dernkre pour-autant queC'eft b fin de b vie, comme ils enortt faïtf le Commencement en laftemiere, fans l'aller fourrer enhuitiefme, & au lieu de cela y

mettre les ennuis & fâcheries. lete racolerai bié pat le menu-toutl'autre braue mefnage & fiiigulieres proprktez, dontjU ont vouludonner fuftre %e cômod'uetà cha-enntd^e kUrfditesdouze maiforis,maièce fie feroit que perdre-tés»&com]nel'crfidifcn cûmun proi*uérbe , débatte de là bine d'vnecheuie. Et qu'il foit vrai que tel-"

Y iii)

DV DEMOCRITIC. I45

Cafiôn ils puiffent affeurer les for¬tunes de la 'vie humaine , ainfîqu'ils difent, la logeant en b prenmiçre de leurs douze maifonsqu'ils appellent l'angle d'Orient,l'afcêdât ou horofeope ? au moinss'ils euffent auffi bien mis la morten -la- dernkre pour-autant queC'eft b fin de b vie, comme ils enortt faïtf le Commencement en laftemiere, fans l'aller fourrer enhuitiefme, & au lieu de cela y

mettre les ennuis & fâcheries. lete racolerai bié pat le menu-toutl'autre braue mefnage & fiiigulieres proprktez, dontjU ont vouludonner fuftre %e cômod'uetà cha-enntd^e kUrfditesdouze maiforis,maièce fie feroit que perdre-tés»&com]nel'crfidifcn cûmun proi*uérbe , débatte de là bine d'vnecheuie. Et qu'il foit vrai que tel-"

Y iii)© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 315: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND TTI A LO.

leschofesne.foyent qnç folies'&bourdes incertaines,re.garde feu¬lement à. b.di(put.e cpntrouerfequ'ils.fbnt des eftoilles fixes Si platnettes.,Ne s'en ëft-il pas trauué

z'ophlo beaucoup. qui ont du tout remis,eo trouer- ks fortunes deJ'home auxeftoib.fi des A- ]gS 'fixes , laquelle opinion aeftçj n ogues mem:ierBen£ltcriuc ,jc .Ptoloméç'?*touchant _ .<..', -i ' j,la plane- Etau eotrairen .y en a.- il, pas dantes &e- très qui tachent de, prouner queftoiiksfi- cela doit eftre attribué aus pbne.tC

tes, alkgans pour eus k fefinoi-gnage des anciés autheurs Grecs,qui appelloient les planettes ma-jA6nçtxToçy.ç,c&me s'ils enicdoyec;les direpar cela .princes du mon-,de,ainfi que l'aeftkné Procle nartre l'opinion des eftoiUiftes? Et à,

celle finquéytn cpgnpjfkAplus c-,uideramenc' leur erreur , voyant-l'expérience répugnante à leurs

t *.

SECOND TTI A LO.

leschofesne.foyent qnç folies'&bourdes incertaines,re.garde feu¬lement à. b.di(put.e cpntrouerfequ'ils.fbnt des eftoilles fixes Si platnettes.,Ne s'en ëft-il pas trauué

z'ophlo beaucoup. qui ont du tout remis,eo trouer- ks fortunes deJ'home auxeftoib.fi des A- ]gS 'fixes , laquelle opinion aeftçj n ogues mem:ierBen£ltcriuc ,jc .Ptoloméç'?*touchant _ .<..', -i ' j,la plane- Etau eotrairen .y en a.- il, pas dantes &e- très qui tachent de, prouner queftoiiksfi- cela doit eftre attribué aus pbne.tC

tes, alkgans pour eus k fefinoi-gnage des anciés autheurs Grecs,qui appelloient les planettes ma-jA6nçtxToçy.ç,c&me s'ils enicdoyec;les direpar cela .princes du mon-,de,ainfi que l'aeftkné Procle nartre l'opinion des eftoiUiftes? Et à,

celle finquéytn cpgnpjfkAplus c-,uideramenc' leur erreur , voyant-l'expérience répugnante à leurs

t *.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 316: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D V.-D-EaM PCRI T I C« I4ÔenfejiguemenSjConfidetefi en vuemefme heure Si inftant,il ne peutpas bien naiftre/Vii Einpereur &vn beliftre,v.n homme vailbnt,.&vn couard, vn docteur & vn igna-re,vn fage & vn fol , vn coqu & vnmoine: Et puis vous allez fier àkurs. douze rnaifons ta)it rujineu-fes & ainfi mal eftfmêes que fi.el-ks eftoyent bafties fus l'incertaindu fable, l e cojmoph. Aylfinevoulonie pasfouftenir du toutque kurs diuinatfons fuffent ve-.rjtabks pour le doute que i'enajipjs , & pour cette caufeie t'endemandoi feulement ton aduis,auquel ie croi maintenant d'auântage que Le ne fis oneques à leursfolçs maquignôneries. Mais.il me^

fembk qu'il y a défia long temSrque nous auons biffé noftre ma¬gicien gue nous ne parlons plu*

D V.-D-EaM PCRI T I C« I4ÔenfejiguemenSjConfidetefi en vuemefme heure Si inftant,il ne peutpas bien naiftre/Vii Einpereur &vn beliftre,v.n homme vailbnt,.&vn couard, vn docteur & vn igna-re,vn fage & vn fol , vn coqu & vnmoine: Et puis vous allez fier àkurs. douze rnaifons ta)it rujineu-fes & ainfi mal eftfmêes que fi.el-ks eftoyent bafties fus l'incertaindu fable, l e cojmoph. Aylfinevoulonie pasfouftenir du toutque kurs diuinatfons fuffent ve-.rjtabks pour le doute que i'enajipjs , & pour cette caufeie t'endemandoi feulement ton aduis,auquel ie croi maintenant d'auântage que Le ne fis oneques à leursfolçs maquignôneries. Mais.il me^

fembk qu'il y a défia long temSrque nous auons biffé noftre ma¬gicien gue nous ne parlons plu*

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 317: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

' SECOND DIALO.'de luy,& pour-ce ie voiidroy bienfçauoir s'il té fouuient point dequelque autre propos qu'il faittenU.L e - fi fe M O.Il ne faut pointque tu eft-imes que nous l'ayonsbiffé pour-ce pluftoft,car tu-doispenferqu'ilcftoitvrai hérétiqueen toutes les opinions que nousauons réfutées ici au-parauanr,deuifant defquelles nous parlions

Lesfolies (c ë me femble ) afïèz de luy Si dedesalqut tpus fes fembbbks.LE c o s m o.mJ " Volontiers' ceus qui fe ruent ainfi-

fus la magie, fe iettênt pareille-1ment au bal delà pierre Philofo1pha'le, autrement appeliéek'fe-iiaih- des'Philbïbphes1; cVpoUr-cëf'ie voudrai bkri: fçauoir fi ton ho-'me eftoit point dé ladance. rL E-

de U ô.Eilcores'plus àuaht qu'enaucune de rces deus belles fcféces'dont iet'ai défia parlé.L e -e 0 s-»-

' SECOND DIALO.'de luy,& pour-ce ie voiidroy bienfçauoir s'il té fouuient point dequelque autre propos qu'il faittenU.L e - fi fe M O.Il ne faut pointque tu eft-imes que nous l'ayonsbiffé pour-ce pluftoft,car tu-doispenferqu'ilcftoitvrai hérétiqueen toutes les opinions que nousauons réfutées ici au-parauanr,deuifant defquelles nous parlions

Lesfolies (c ë me femble ) afïèz de luy Si dedesalqut tpus fes fembbbks.LE c o s m o.mJ " Volontiers' ceus qui fe ruent ainfi-

fus la magie, fe iettênt pareille-1ment au bal delà pierre Philofo1pha'le, autrement appeliéek'fe-iiaih- des'Philbïbphes1; cVpoUr-cëf'ie voudrai bkri: fçauoir fi ton ho-'me eftoit point dé ladance. rL E-

de U ô.Eilcores'plus àuaht qu'enaucune de rces deus belles fcféces'dont iet'ai défia parlé.L e -e 0 s-»-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 318: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. I47

M o. Et quoylfaifoit;-il de l'argét?le démo. Comment de l'argét,je me donne à demorgogonfi ge*bery fit iamais ceuurè au regardde fa feigneurie par luppiter l'O-limpien k haut tonaht & amou-reusà l'orpheifte, peu s'en faloiten parlât à luy que ie n'euffe peurd'eftre conuerti moy-mefme touten or,tât ie craignoi qu il eut cel¬

le puiffance qu'auoit ce grand Midas à oreilles d'afoe, qui faifoiçincontinent tranfmuer en or toutce qu'il touchoit.L e cosmop,Tun'autas pas beaucoup de pei¬ne à me perfuader que cettebellefcience qu'ils appellent alquimieou chymiftique n'eft qu'vn abus,car i'en ai l'expérience fus nioy-mefme,&funaffezmarri que ien'en ai cité fait fage aus défpens& perte d'autruy comme l'ai efte

DV DEMOCRITIC. I47

M o. Et quoylfaifoit;-il de l'argét?le démo. Comment de l'argét,je me donne à demorgogonfi ge*bery fit iamais ceuurè au regardde fa feigneurie par luppiter l'O-limpien k haut tonaht & amou-reusà l'orpheifte, peu s'en faloiten parlât à luy que ie n'euffe peurd'eftre conuerti moy-mefme touten or,tât ie craignoi qu il eut cel¬

le puiffance qu'auoit ce grand Midas à oreilles d'afoe, qui faifoiçincontinent tranfmuer en or toutce qu'il touchoit.L e cosmop,Tun'autas pas beaucoup de pei¬ne à me perfuader que cettebellefcience qu'ils appellent alquimieou chymiftique n'eft qu'vn abus,car i'en ai l'expérience fus nioy-mefme,&funaffezmarri que ien'en ai cité fait fage aus défpens& perte d'autruy comme l'ai efte

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 319: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

, l S* Cb-ND DI A I/O. c

ib rhienneetnais encores cornents'en accoutrait ton fouffleur? lev e M o- Si tu n'auois appris -les

termes de 1-ârt (^com-e ie croi quetu as fait puis que tu as paffé parks piques)iete-ks decbreroi.par-le menuà fin de te donner plusai-fément- l'intelligence de fes-pro*posjcar tufçais bien que pour dé^guifet ks matières ils vfent d'au¬tres mots qu'on ne fait vulgaire¬ment, le cosMOPfli. letepri ne biffe pour cela dem'enre-ffaichir la mémoire ,-car ie pren¬drai vn merueilkus plaifir d'ouyrencores vne fois racôter.kurs belks detiifes. Il faut donqfque tu térecordes qu'ils appellent ks me-

4E« <<?r-taus par les noms dei pbnetres,"fil **!" ks figurantaiefnieraent par kursnotes de " f .l'alqui- caracteresjconime 1 or , ils le fur*mie. noiuét Soleilie- marquât ainfi Qu

, l S* Cb-ND DI A I/O. c

ib rhienneetnais encores cornents'en accoutrait ton fouffleur? lev e M o- Si tu n'auois appris -les

termes de 1-ârt (^com-e ie croi quetu as fait puis que tu as paffé parks piques)iete-ks decbreroi.par-le menuà fin de te donner plusai-fément- l'intelligence de fes-pro*posjcar tufçais bien que pour dé^guifet ks matières ils vfent d'au¬tres mots qu'on ne fait vulgaire¬ment, le cosMOPfli. letepri ne biffe pour cela dem'enre-ffaichir la mémoire ,-car ie pren¬drai vn merueilkus plaifir d'ouyrencores vne fois racôter.kurs belks detiifes. Il faut donqfque tu térecordes qu'ils appellent ks me-

4E« <<?r-taus par les noms dei pbnetres,"fil **!" ks figurantaiefnieraent par kursnotes de " f .l'alqui- caracteresjconime 1 or , ils le fur*mie. noiuét Soleilie- marquât ainfi Qu

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 320: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMO CRITI-C 148'l'argent,bLune }rle cuiure, Ve-4

au* g:l'eftain, Iupiterlechifrantpareillement d'vne ip-, le pîom,Sa-turne rj:kfer,Mars-ç?:Et puisl'e-fprit.de leur vifafgét,Mercure ?£.

le c o s m o. llçftjainfijniaiscn. -

quelle forte en vfoiu toi* Philofo-phe?,auoit-il point jquenté d'au-»très nouueaus- termes pour ca-cherfes fecrets? LE d e m p c .Si.auoit fi , car il me monftra vn pe¬tit liuret qu'il teno-it-(ainfi qu'ilm'aftéurajplus cher que fa propre.vk,tout.rernpli de nouuelks ma-ynieres de parler, & tout autremédcaracterizé que ks autres, à-celkfinde n'çftre entendu que de hiy..D'vn autre cofté ce M^onfieur leifbldat qui-luyaidoit: àfoufkr, &rentretenir- k feu dmantxes cimes.Si abftractions quint-eflertriales*.netîkfu nionftioitjras iuoio*,l'va

DV DEMO CRITI-C 148'l'argent,bLune }rle cuiure, Ve-4

au* g:l'eftain, Iupiterlechifrantpareillement d'vne ip-, le pîom,Sa-turne rj:kfer,Mars-ç?:Et puisl'e-fprit.de leur vifafgét,Mercure ?£.

le c o s m o. llçftjainfijniaiscn. -

quelle forte en vfoiu toi* Philofo-phe?,auoit-il point jquenté d'au-»très nouueaus- termes pour ca-cherfes fecrets? LE d e m p c .Si.auoit fi , car il me monftra vn pe¬tit liuret qu'il teno-it-(ainfi qu'ilm'aftéurajplus cher que fa propre.vk,tout.rernpli de nouuelks ma-ynieres de parler, & tout autremédcaracterizé que ks autres, à-celkfinde n'çftre entendu que de hiy..D'vn autre cofté ce M^onfieur leifbldat qui-luyaidoit: àfoufkr, &rentretenir- k feu dmantxes cimes.Si abftractions quint-eflertriales*.netîkfu nionftioitjras iuoio*,l'va

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 321: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

*" ' S ECONTJ 'DIAf 6. 'à grand peine ayât dit dciis mots-de fon propos' que l'autre ne luy'vint rompre pour en dire vn toutnotiueau. Et ce pédant ils iuroiéttous deus d'affez bonne grâce co¬rne ils auoycnt congelé Si fixé Je

Mercure,& tendu en b plus belleLune qu'ileftoit poffible, maisqu'il-fe trouijoit encores vn peuaigret defous le rnarteau:Qtt'il ne's'en falloit plus que k moins dumonde,qu'ils n'euflènt trouue vneteinture au rouge , ou autrementpour k Soleil.' Comme ils auoycctrouue vne ihuention Torraifce-auecques ks herbes (qûôy qu'endit Gebér au côtrairejpar laquel-*le ils rcndoyetrc'le Veniwen Luné,voire à tenir iufques à l'eflâi de bcoupelle ou cendrée , & que c'e-ftoir à faire aus péris enfans Se apprends de la bbnchrr feulement,

*" ' S ECONTJ 'DIAf 6. 'à grand peine ayât dit dciis mots-de fon propos' que l'autre ne luy'vint rompre pour en dire vn toutnotiueau. Et ce pédant ils iuroiéttous deus d'affez bonne grâce co¬rne ils auoycnt congelé Si fixé Je

Mercure,& tendu en b plus belleLune qu'ileftoit poffible, maisqu'il-fe trouijoit encores vn peuaigret defous le rnarteau:Qtt'il ne's'en falloit plus que k moins dumonde,qu'ils n'euflènt trouue vneteinture au rouge , ou autrementpour k Soleil.' Comme ils auoycctrouue vne ihuention Torraifce-auecques ks herbes (qûôy qu'endit Gebér au côtrairejpar laquel-*le ils rcndoyetrc'le Veniwen Luné,voire à tenir iufques à l'eflâi de bcoupelle ou cendrée , & que c'e-ftoir à faire aus péris enfans Se apprends de la bbnchrr feulement,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 322: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DVDEMOCRITI-C 149

& b rendre bonne àl'efpreuuedeb pierre de touche, cequeCardâ,en fon liure fixiefme traittant desmetaus,penfant bien auoir décla¬ré quelque grand & caché fecret,enfeigneen deu,s pu troi^ manieDu liureres: puis ils adiûut,oyët d'ayanta- delàfleur

ge qu'il ne falloir point. qu'Ar- f ^7'' j j -i< r -ri & de fonnaud de vilie-ineurue taxât amli le a,m\nm%

Môme qui a compote le liute deb fleur des fleurs , l'appellant im-pofteur Se méchant , pour-autantqu'il a voulu (à ce qu'il ditjen abufer d'autres par ces ceuures , com¬ice il s'en eft trouue luy-mefme,par d'autres , Se fe faire par cemoyen des compagnons en mife-re uiocquez Si deceus,ainfi qu'il acité par l'efpace de do,uze annéesâuffifçauant Scmoiiv» en cet artla dernière année comme b pre-mierc;Mai.s que fans point dedau .

DVDEMOCRITI-C 149

& b rendre bonne àl'efpreuuedeb pierre de touche, cequeCardâ,en fon liure fixiefme traittant desmetaus,penfant bien auoir décla¬ré quelque grand & caché fecret,enfeigneen deu,s pu troi^ manieDu liureres: puis ils adiûut,oyët d'ayanta- delàfleur

ge qu'il ne falloir point. qu'Ar- f ^7'' j j -i< r -ri & de fonnaud de vilie-ineurue taxât amli le a,m\nm%

Môme qui a compote le liute deb fleur des fleurs , l'appellant im-pofteur Se méchant , pour-autantqu'il a voulu (à ce qu'il ditjen abufer d'autres par ces ceuures , com¬ice il s'en eft trouue luy-mefme,par d'autres , Se fe faire par cemoyen des compagnons en mife-re uiocquez Si deceus,ainfi qu'il acité par l'efpace de do,uze annéesâuffifçauant Scmoiiv» en cet artla dernière année comme b pre-mierc;Mai.s que fans point dedau .

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 323: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

-, r SECOND dVaLO. 'tt quoy qu'en die" 'iceîuy' Arnaud*deViUe-rtetifue, Je Moinen'apas1lâiftë d'éftre7de grand TçaudircV*fprtbicn expérimenté à la nature1dés meta us, ce qu'ils auoyentco-gneU'paT-effet'auecqireSJ'experié;-'

'* ' ce de b plus gtand-ê1 partie defes;recepte"S.-Et melines ppUr!tOnfir--met id'aUatir-age kUr'diré'ils nie*mcMiftroyent-'de'ptfti* lingôbs , &m'interrogeât a iiifi l'vn après Tautreiteme dern'andoyenr s Voyez*vous ce lingot, que iugeriez vous-qua'cefi«il& apre« k r auoir re-fi/ondu'qtre k.kpeaki'S'-'e-ftredéfin arg-entivotis dîtes vpay'i nie re^fpondirenrakift? touid-e-us ' d"vnevoix'ynfa-is'à voiîre adïiis'dâqû'oy*eft il fait? vous né péferiez iamaisq-ue.ceflinVde Meretire. A'-grand*"»

peine (Tleur refpondieie alors). Et-paryk.-vray.cqr<Side- Dkii.c*en -efti

ouie

-, r SECOND dVaLO. 'tt quoy qu'en die" 'iceîuy' Arnaud*deViUe-rtetifue, Je Moinen'apas1lâiftë d'éftre7de grand TçaudircV*fprtbicn expérimenté à la nature1dés meta us, ce qu'ils auoyentco-gneU'paT-effet'auecqireSJ'experié;-'

'* ' ce de b plus gtand-ê1 partie defes;recepte"S.-Et melines ppUr!tOnfir--met id'aUatir-age kUr'diré'ils nie*mcMiftroyent-'de'ptfti* lingôbs , &m'interrogeât a iiifi l'vn après Tautreiteme dern'andoyenr s Voyez*vous ce lingot, que iugeriez vous-qua'cefi«il& apre« k r auoir re-fi/ondu'qtre k.kpeaki'S'-'e-ftredéfin arg-entivotis dîtes vpay'i nie re^fpondirenrakift? touid-e-us ' d"vnevoix'ynfa-is'à voiîre adïiis'dâqû'oy*eft il fait? vous né péferiez iamaisq-ue.ceflinVde Meretire. A'-grand*"»

peine (Tleur refpondieie alors). Et-paryk.-vray.cqr<Side- Dkii.c*en -efti

ouie

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 324: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV D E WOCRITI C. I50)

ou ie me donne au Diable (iura lefoldat^car ie l'ai faitmoy-mefme".Et derechefme difoyent:Cettuy-cieft de Venus ainfi tranfmué enargent, & cet autre que voiez en¬cores plus beau eft du Saturne calciné& purifié de fes excremens,Si rendu ainfi ennaïfue couleurde Lune : vous ne regardez pointce mitoycn(ajnfi appellent- ils mjxtiond'or Si d'argent fondus en- ,

kmbk en pois égal , en latin Me- *^,' '-^

dium.) Or ça if yabmome a at- faum de»

gent,& toutefois ce n'eft mainte- alq»imi-nant que pur or à vingt-quatre,. flts*JEtapr-esau.oir bien entendu leurbeau difcours,ie ne me fçeu tenirdekurdire,que iem'eshaiffois en,tendu leur riche fçauoir commetils n'efloyent plus braues,& qu'ilsn'alloyent d'onq' niieus montezque fus kurs ianibes.Ils nie refpo

X

DV D E WOCRITI C. I50)

ou ie me donne au Diable (iura lefoldat^car ie l'ai faitmoy-mefme".Et derechefme difoyent:Cettuy-cieft de Venus ainfi tranfmué enargent, & cet autre que voiez en¬cores plus beau eft du Saturne calciné& purifié de fes excremens,Si rendu ainfi ennaïfue couleurde Lune : vous ne regardez pointce mitoycn(ajnfi appellent- ils mjxtiond'or Si d'argent fondus en- ,

kmbk en pois égal , en latin Me- *^,' '-^

dium.) Or ça if yabmome a at- faum de»

gent,& toutefois ce n'eft mainte- alq»imi-nant que pur or à vingt-quatre,. flts*JEtapr-esau.oir bien entendu leurbeau difcours,ie ne me fçeu tenirdekurdire,que iem'eshaiffois en,tendu leur riche fçauoir commetils n'efloyent plus braues,& qu'ilsn'alloyent d'onq' niieus montezque fus kurs ianibes.Ils nie refpo

X© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 325: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DI ALO.

dirent quant à ce , qu'ils ne vou-loyent point aller en autre équi¬page pour ofter tout le foupçonque l'on pourroit auoir fur eus.Vous auriez volontiers peur di-ieque k Roy ne vous contraignift à

foudoier fon armée, ou bien à luy'fournir ie ne fçai combië de Mil¬lions s'il cogniffoit voftre tât mer-ueilkus fçauoir.L e c o s m o.Neéôgneurent-ils point alors\iue tute moquois d'eus? le d e m o. lecroi que non , & qu'ils eftoyent fipuiiais qu'ils n'en fentircntrien,car la grande efperance Se enuiequ'ils auoyent de me tromper, ksrcndoyent ainfi aueuglez Se en¬dormis '^en leur propre fait. L ec o s m o. le t'affeure que ie croy

, fort aifément ce que tu m'en asdit, car il m'en aduint vne fois lepateil, mais iene fu pas fi fage

SECOND DI ALO.

dirent quant à ce , qu'ils ne vou-loyent point aller en autre équi¬page pour ofter tout le foupçonque l'on pourroit auoir fur eus.Vous auriez volontiers peur di-ieque k Roy ne vous contraignift à

foudoier fon armée, ou bien à luy'fournir ie ne fçai combië de Mil¬lions s'il cogniffoit voftre tât mer-ueilkus fçauoir.L e c o s m o.Neéôgneurent-ils point alors\iue tute moquois d'eus? le d e m o. lecroi que non , & qu'ils eftoyent fipuiiais qu'ils n'en fentircntrien,car la grande efperance Se enuiequ'ils auoyent de me tromper, ksrcndoyent ainfi aueuglez Se en¬dormis '^en leur propre fait. L ec o s m o. le t'affeure que ie croy

, fort aifément ce que tu m'en asdit, car il m'en aduint vne fois lepateil, mais iene fu pas fi fage

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 326: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D V DE MOCRI TI C. Tfî

que toy , entendu que ie me bifféabulêrparvnquife difoit Philo-fophefainfi noment-ils ceus,comme par vne emphafe & excellen-oe,qui font profeffion de b fouflerie) lequelapres m'auoir affeuré x ^delà parfaite expérience qu'il a- fleurs par

uoitde l'alquimie, pour m'apa- ««&»"«fterd'auantaee me donna vn lin- "Jj". ?-got d arget qu il difoit auoir tait *,{,de cuiurc, lequel ie nionftrai à vuorpheure &*luy vendi comme bonargët qu'il eftoit , ainfi que ie co-gneu.Mefme depuis & peu de tes

£apres ie rencontrai mon Philofo¬phe quafi àl'impourueu, qui medemanda que i'auoy fait de monlingot, Se luy en ayant fait le récittel qu'il eftoit,me voyant fort cu-rieus d'en cognoiftre la façon , ilconuint auecques moy de certainpris pour me l'apprendre, &auffi

X ij

D V DE MOCRI TI C. Tfî

que toy , entendu que ie me bifféabulêrparvnquife difoit Philo-fophefainfi noment-ils ceus,comme par vne emphafe & excellen-oe,qui font profeffion de b fouflerie) lequelapres m'auoir affeuré x ^delà parfaite expérience qu'il a- fleurs par

uoitde l'alquimie, pour m'apa- ««&»"«fterd'auantaee me donna vn lin- "Jj". ?-got d arget qu il difoit auoir tait *,{,de cuiurc, lequel ie nionftrai à vuorpheure &*luy vendi comme bonargët qu'il eftoit , ainfi que ie co-gneu.Mefme depuis & peu de tes

£apres ie rencontrai mon Philofo¬phe quafi àl'impourueu, qui medemanda que i'auoy fait de monlingot, Se luy en ayant fait le récittel qu'il eftoit,me voyant fort cu-rieus d'en cognoiftre la façon , ilconuint auecques moy de certainpris pour me l'apprendre, &auffi

X ij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 327: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DÎALO»-ïoft qu'il e-utteceu, feignant des'alkr prouuokde drogues necef-faires,il fit banquerotte à fes fourneaus & fuis encores à l'attendredeprefent pour me re-uekrcedi-uin fecret.L e d e m o.Tu n'en asouy depuis aucunes nouuelks?L e

c o s -m o. Nenni,finon que le ré¬cit de fembbbks tours qu'il auoitioué en plufieurs autres endrois.le d e m o. Si n'eftoit-il point ûlourdaut que ceus qui fe font bif¬fez tromper à luy. le c o s m o.Encore que-i'en ayc eftel'vn,fi neiaifferai-ie pas de te le confeffer,toutes-fois ie me garderai bié de-formais de tomber en tels incon-ueniehs . Mais au-rnoins il eft biéaîfé à voir que tout cet art quin'eft mie, di-ie cet alquimie n'eftqu'vne bourde, veu que ceus quis'ea méfient en deuicnnçnt ordj-

SECOND DÎALO»-ïoft qu'il e-utteceu, feignant des'alkr prouuokde drogues necef-faires,il fit banquerotte à fes fourneaus & fuis encores à l'attendredeprefent pour me re-uekrcedi-uin fecret.L e d e m o.Tu n'en asouy depuis aucunes nouuelks?L e

c o s -m o. Nenni,finon que le ré¬cit de fembbbks tours qu'il auoitioué en plufieurs autres endrois.le d e m o. Si n'eftoit-il point ûlourdaut que ceus qui fe font bif¬fez tromper à luy. le c o s m o.Encore que-i'en ayc eftel'vn,fi neiaifferai-ie pas de te le confeffer,toutes-fois ie me garderai bié de-formais de tomber en tels incon-ueniehs . Mais au-rnoins il eft biéaîfé à voir que tout cet art quin'eft mie, di-ie cet alquimie n'eftqu'vne bourde, veu que ceus quis'ea méfient en deuicnnçnt ordj-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 328: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEtMO GRrl TIC i$2nairement pauures , & font bienneantmoins effrontez iufques à \

là, qu'ils promettét d'enrichir les »

autres, & pour quelque petitlo-yer qu'ils en demandent, leur en-feignerb vraye manière défairel'or Se l'argent , comme s'ileftoit ,

vrai-fembbbk que celuy qui au¬rait là. cognoiffance d'vhe, telle ;

fcience fe fouciaft de b monftrer à

autniy poux de l'argent , veu quece feroit luy-mefme qui k feroit.Etnemefçaurois affez émertieil-ler d'vne infinité de perfonnes quis'abufent encores à telks refue-ries, penfant faire incpntinét parleur multiplication d'vne mouchevnekphât.LB d EMo.Auffifontils grans multiplicateurs , car ils n m»Mfont bien de cent fols , quatre li- fUeatioa

ures , ou bien pour mieus dire fe- "M. -^Ion du Bellay, ils multiplient tout ^"""^

X »J

DV DEtMO GRrl TIC i$2nairement pauures , & font bienneantmoins effrontez iufques à \

là, qu'ils promettét d'enrichir les »

autres, & pour quelque petitlo-yer qu'ils en demandent, leur en-feignerb vraye manière défairel'or Se l'argent , comme s'ileftoit ,

vrai-fembbbk que celuy qui au¬rait là. cognoiffance d'vhe, telle ;

fcience fe fouciaft de b monftrer à

autniy poux de l'argent , veu quece feroit luy-mefme qui k feroit.Etnemefçaurois affez émertieil-ler d'vne infinité de perfonnes quis'abufent encores à telks refue-ries, penfant faire incpntinét parleur multiplication d'vne mouchevnekphât.LB d EMo.Auffifontils grans multiplicateurs , car ils n m»Mfont bien de cent fols , quatre li- fUeatioa

ures , ou bien pour mieus dire fe- "M. -^Ion du Bellay, ils multiplient tout ^"""^

X »J© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 329: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SP.CONO DI AtO.

en rien, ainfi que tefmoigne metmement noftre premier autheurlirsque frâçois Pierre de Ronfard-difant en ces vers,

L'vn allumantfis vains fiourneantfi fonde

Deffus lapierre incertaine , ey combienQue ïinuoquéMercure ne réponde

Soufle en deus tours le meilleur de finbien.

i e c o s mo. Voila comment b«onfommation de l'ceuure à l'imi¬tation de leur Mercure s'éuaporetout en fumée. l e de m o. Si eft-ce qu'il n'efloit pas ainfi aduis auPhilofophe, Se principalkmentaufoldat fon compagnon qui enfaifoit vnfort grad eftat,ainfi queie cogneu bien à fon nez tout bar'bouille du parfun de fes drogues.le c o s m o p h i. Si me fembk-il que.ee n'eftpoint J'xitatdesgés

SP.CONO DI AtO.

en rien, ainfi que tefmoigne metmement noftre premier autheurlirsque frâçois Pierre de Ronfard-difant en ces vers,

L'vn allumantfis vains fiourneantfi fonde

Deffus lapierre incertaine , ey combienQue ïinuoquéMercure ne réponde

Soufle en deus tours le meilleur de finbien.

i e c o s mo. Voila comment b«onfommation de l'ceuure à l'imi¬tation de leur Mercure s'éuaporetout en fumée. l e de m o. Si eft-ce qu'il n'efloit pas ainfi aduis auPhilofophe, Se principalkmentaufoldat fon compagnon qui enfaifoit vnfort grad eftat,ainfi queie cogneu bien à fon nez tout bar'bouille du parfun de fes drogues.le c o s m o p h i. Si me fembk-il que.ee n'eftpoint J'xitatdesgés

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 330: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. IJJ

de guerre de fonder le charbon/entendu qu'ils font le plus fouuécaffez mal fournis de ducats à lacroifettepour faire.b multiplica¬tion, le démo. Us ne biffentpour cela de s'en méfier, car il»trouuent toufiours quelque bonniais qui leur aidç à foncer àPap-pointement. v n cosmo. Cethomme de guerre que difoit-il de

"foneftat? fe trouuoit-il mieusdefoufler le charbô que-de fairevne Petit ^r-centinelle?L e d e m o.Comment cours des

mieusk'eft bien au contraire,car s."» de

tous les biens de ce monde, non -S"51""'

pas fa propre vie ne luy eftoit rie,au regard du point d'honneurqu'il difoit acquérir en b guerre,& ne penfoit iamais eftre digned'auoir place au rangdes bieheu-reuss'ilne tomboit vailbmmétàvnc brèche, & que mille cheuaus

X iiij

DV DEMOCRITIC. IJJ

de guerre de fonder le charbon/entendu qu'ils font le plus fouuécaffez mal fournis de ducats à lacroifettepour faire.b multiplica¬tion, le démo. Us ne biffentpour cela de s'en méfier, car il»trouuent toufiours quelque bonniais qui leur aidç à foncer àPap-pointement. v n cosmo. Cethomme de guerre que difoit-il de

"foneftat? fe trouuoit-il mieusdefoufler le charbô que-de fairevne Petit ^r-centinelle?L e d e m o.Comment cours des

mieusk'eft bien au contraire,car s."» de

tous les biens de ce monde, non -S"51""'

pas fa propre vie ne luy eftoit rie,au regard du point d'honneurqu'il difoit acquérir en b guerre,& ne penfoit iamais eftre digned'auoir place au rangdes bieheu-reuss'ilne tomboit vailbmmétàvnc brèche, & que mille cheuaus

X iiij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 331: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

« . SECOND DI AI O. '

&autantde piétons ne luy paffaf-fèntpardefruslevétre. le cos¬mo.Eftoit- il bien fi fot que d'vfecde tels propos? le démo. Cen'eft là que la moindre de Ces fot-tifes. le c o s mo. Et commentn'auoit-il point peur de s'égarerenalbntaurangdeces bienhéu-reus,- puis qu'inest faut appellerainfi?L b d e m o.Nenninon, & Cid'auantagè il eftoit bien affeuré'îd'aquerir par cec moyen le titred'immortalité, car ceus qui nieu-rét en b guerre font toufiours rc-putezviuans d'vne éternelle mé¬moire, le cosmo. Voire maisnonobftât toute cette réputationils ne Jaiffent pas d'eftre .bienmorts, le d em ojehét'eftfçauro.y dire'autre chofe finon que tuvois aflèz;en cela la. folie du per-fonnagejduquel& de tous fes fern

« . SECOND DI AI O. '

&autantde piétons ne luy paffaf-fèntpardefruslevétre. le cos¬mo.Eftoit- il bien fi fot que d'vfecde tels propos? le démo. Cen'eft là que la moindre de Ces fot-tifes. le c o s mo. Et commentn'auoit-il point peur de s'égarerenalbntaurangdeces bienhéu-reus,- puis qu'inest faut appellerainfi?L b d e m o.Nenninon, & Cid'auantagè il eftoit bien affeuré'îd'aquerir par cec moyen le titred'immortalité, car ceus qui nieu-rét en b guerre font toufiours rc-putezviuans d'vne éternelle mé¬moire, le cosmo. Voire maisnonobftât toute cette réputationils ne Jaiffent pas d'eftre .bienmorts, le d em ojehét'eftfçauro.y dire'autre chofe finon que tuvois aflèz;en cela la. folie du per-fonnagejduquel& de tous fes fern

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 332: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC I54

bbbles ie ne me fçauroi trop ef-bahir, veu qu'il leureft aduis queaprès eftre morts ainfi , ils en fe¬ront bié de plus belles gambadesen Pair, & en monteront quatreétages aus cieus plus haut que lesautres, ainfi que penfoyétces an¬ciens fols & métcurs de b GrèceSe de Rome,qui fc forgeoyent desheroes & demi-dieus à pofte pourauoir efté poffible bkn batus outuez.de kurs ennemis.Ie nedi pasque ceus qui entreprennent vnetelle charge pour vn bo regard deferuir à leur prince,qu'ils ne facétbeaucoup pour le bien de la cho¬fe publique & que ce ne foit vn a-^cte fort vertueus,mais d'aller veudre ainfi fa liberté & fa vie au plusoffrantjd'vfer de toutes ces braua-des fortes & outrecuydées, prédrevne querelle fus b différence de la

DV DEMOCRITIC I54

bbbles ie ne me fçauroi trop ef-bahir, veu qu'il leureft aduis queaprès eftre morts ainfi , ils en fe¬ront bié de plus belles gambadesen Pair, & en monteront quatreétages aus cieus plus haut que lesautres, ainfi que penfoyétces an¬ciens fols & métcurs de b GrèceSe de Rome,qui fc forgeoyent desheroes & demi-dieus à pofte pourauoir efté poffible bkn batus outuez.de kurs ennemis.Ie nedi pasque ceus qui entreprennent vnetelle charge pour vn bo regard deferuir à leur prince,qu'ils ne facétbeaucoup pour le bien de la cho¬fe publique & que ce ne foit vn a-^cte fort vertueus,mais d'aller veudre ainfi fa liberté & fa vie au plusoffrantjd'vfer de toutes ces braua-des fortes & outrecuydées, prédrevne querelle fus b différence de la

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 333: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIALO.

couleur d'vn bonnet, ou pour vneautre legiereté autant fri-uole, eutdez vous que ceb eft braue?& quetelles gens font bien plus à crain¬dre , Si plus vaillans fous l'ombred'vn ie renie Dieu proféré de bonne grâce , ou quand ils portent lebonnet haut efleue pardeffus lefront , découurant vne frizade decheueus brauement rehaufez , oubien pour contrefaire le vieil fol-dat Se qui entend défia que c'eftque du maniemet dey guerres, envfertoutau contraire de ceus-ci,'& mcfprifér telles manières de fairecomme chofes qui n'appartienlient qu'aus ieunes gés. Et à cellefin d'eftre eftimé du tout fage&*refolu.vous verrezvn telperfonnage affecté à la réputation,ordinalrement fe promener tout à l'en-tour des fofkz d'vne ville, rancoft

SECOND DIALO.

couleur d'vn bonnet, ou pour vneautre legiereté autant fri-uole, eutdez vous que ceb eft braue?& quetelles gens font bien plus à crain¬dre , Si plus vaillans fous l'ombred'vn ie renie Dieu proféré de bonne grâce , ou quand ils portent lebonnet haut efleue pardeffus lefront , découurant vne frizade decheueus brauement rehaufez , oubien pour contrefaire le vieil fol-dat Se qui entend défia que c'eftque du maniemet dey guerres, envfertoutau contraire de ceus-ci,'& mcfprifér telles manières de fairecomme chofes qui n'appartienlient qu'aus ieunes gés. Et à cellefin d'eftre eftimé du tout fage&*refolu.vous verrezvn telperfonnage affecté à la réputation,ordinalrement fe promener tout à l'en-tour des fofkz d'vne ville, rancoft

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 334: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 15$

aduançant fort vne Ïambe , puistout foudain la tenant ferme , &iettant fesyeus à demie veuëdef-fus,comme s'il vouloit dreffer vneligne vifuale & geometrale en ia-nin da da,ie vouloi dire en blida-da de l'Aftrobbe,& ainfi philofo-phant tout feul Se ne refpondantque deb tefte& des épaules fi onparle à luy, il tiendra le bonnet enfoncé iufques fus ks yeusmefurâtgrauement fes pas Se tenant fesbras ctoifez,.& paffera en cette forte vne bonne partie de b iournéeiremacher en foy-mefme fes fa-ciendes,telkment qu'on iugeroicde luy qu'il fonge quelque iubtilmoyen pour dônervne camizadeau chafteau de Milâ,ou bien poutmettre ks Anglois en Erance. Avoftre aduis cela eft-il pas fort fpirituel & de haut gouft?ptincipalc

DV DEMOCRITIC. 15$

aduançant fort vne Ïambe , puistout foudain la tenant ferme , &iettant fesyeus à demie veuëdef-fus,comme s'il vouloit dreffer vneligne vifuale & geometrale en ia-nin da da,ie vouloi dire en blida-da de l'Aftrobbe,& ainfi philofo-phant tout feul Se ne refpondantque deb tefte& des épaules fi onparle à luy, il tiendra le bonnet enfoncé iufques fus ks yeusmefurâtgrauement fes pas Se tenant fesbras ctoifez,.& paffera en cette forte vne bonne partie de b iournéeiremacher en foy-mefme fes fa-ciendes,telkment qu'on iugeroicde luy qu'il fonge quelque iubtilmoyen pour dônervne camizadeau chafteau de Milâ,ou bien poutmettre ks Anglois en Erance. Avoftre aduis cela eft-il pas fort fpirituel & de haut gouft?ptincipalc

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 335: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

.'SECOND DIAIO. '

ment quad telles gens meurent aulit d'honneur,ou qu'ils en empor¬ter quelque enfeigne en leur pais,i'enten enfeigne de coups d'épéefus levifage,ou de quelque mébreeftropié,maisque ce ne foit point -

de cettùi-làqui fort au contente¬ment des dones , ce qui eft néant- j

moinsaffezcomunà ces pauures 'haires qui fe font voulu écarmou- ;

commune cher& danferk premier bal fousaux fil- ks frefeades de Piedmont. L edats de c o s m o.Tu vies de me faire fou- .

Pied/tôt uenir d'vne fois qu'eftât parcilk-mét foldatiefaifoila garde en vnpetit baftiôauecquesfèptouhuitcôpagnons,.& après que nous éufmes là vn peu iouë a la chandelle(non point toutefois fans foufkrfouuent au bout de nos dois &jksapprocher de ces petites motesauec kfquelks on a acouftumé d'i

.'SECOND DIAIO. '

ment quad telles gens meurent aulit d'honneur,ou qu'ils en empor¬ter quelque enfeigne en leur pais,i'enten enfeigne de coups d'épéefus levifage,ou de quelque mébreeftropié,maisque ce ne foit point -

de cettùi-làqui fort au contente¬ment des dones , ce qui eft néant- j

moinsaffezcomunà ces pauures 'haires qui fe font voulu écarmou- ;

commune cher& danferk premier bal fousaux fil- ks frefeades de Piedmont. L edats de c o s m o.Tu vies de me faire fou- .

Pied/tôt uenir d'vne fois qu'eftât parcilk-mét foldatiefaifoila garde en vnpetit baftiôauecquesfèptouhuitcôpagnons,.& après que nous éufmes là vn peu iouë a la chandelle(non point toutefois fans foufkrfouuent au bout de nos dois &jksapprocher de ces petites motesauec kfquelks on a acouftumé d'i

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 336: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. I5CÎgarder le feu, à l'occafiô de b gra¬de froidure qui faifoit) Se k fom-meil nous eftant coulé dedans lesyeus après que chacun fe fut misà repofer,faifant toutefois Pvn a-f)res l'autre cëtinelk fus la muraile:Ie me donne au diable fi le léde

main au matin à noftre réueil no*ne nous trouuafmes tous les plusétonnez du mode, caria moindrepaye que chacun eut receu pourauoir bietl fait le feruice de nuir,c'eftoit vn catharre, Les vns fus lecolles autres fus ks bras, & quel1-4jues vns aus iâbes, tant qu'ils s'entrouuoit d'aucuns appointez iuf¬ques à deus,& Dieu fçait quel ieuil y auoit après & corne Ion par¬tait à Dieu & de bonne gcace.Lesvns en fonc demeurez torticolis,les autres étropiasde leurs mébrcspour toute leur vie , & n'euft efté

DV DEMOCRITIC. I5CÎgarder le feu, à l'occafiô de b gra¬de froidure qui faifoit) Se k fom-meil nous eftant coulé dedans lesyeus après que chacun fe fut misà repofer,faifant toutefois Pvn a-f)res l'autre cëtinelk fus la muraile:Ie me donne au diable fi le léde

main au matin à noftre réueil no*ne nous trouuafmes tous les plusétonnez du mode, caria moindrepaye que chacun eut receu pourauoir bietl fait le feruice de nuir,c'eftoit vn catharre, Les vns fus lecolles autres fus ks bras, & quel1-4jues vns aus iâbes, tant qu'ils s'entrouuoit d'aucuns appointez iuf¬ques à deus,& Dieu fçait quel ieuil y auoit après & corne Ion par¬tait à Dieu & de bonne gcace.Lesvns en fonc demeurez torticolis,les autres étropiasde leurs mébrcspour toute leur vie , & n'euft efté

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 337: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND D I A t O.

vn bon gros gaban dont i'eftoi veftu & des foubres-chauffes que i'a«ois aus iâbes plus que les autres,ienefçaifik lac rempli de paillequi eftoit deffous moi,voire eut ilencores eu vne autre longueur demo cors m'ë eut peu fauuerà meilleur marché q les autres, pardieuie croi que non: Encores ne m'enpeu-ie iamais fi bié garetir que lecol ne m'en demeurait roide de lààplus d'huit iours,& lors que iem'en vi deliuré , Oftez vous de la,C5cre,le diable m'emport fi i'y retourne. le d e m o.Qnel vaillantgen-d'arme! A ce conte il en fait-droit beaucoup de tels corne toypour prédre Thiouilk d'affàut,ou

D'vncer pour defcôhre ks Geniffaires dut.nn cbt- grâd Turc. Matsvoudrois-tu pointd*ac7ola- rei/^m^'er ace grosBartolifte,qui^ fe perfuada eftre yaillâment paffé

SECOND D I A t O.

vn bon gros gaban dont i'eftoi veftu & des foubres-chauffes que i'a«ois aus iâbes plus que les autres,ienefçaifik lac rempli de paillequi eftoit deffous moi,voire eut ilencores eu vne autre longueur demo cors m'ë eut peu fauuerà meilleur marché q les autres, pardieuie croi que non: Encores ne m'enpeu-ie iamais fi bié garetir que lecol ne m'en demeurait roide de lààplus d'huit iours,& lors que iem'en vi deliuré , Oftez vous de la,C5cre,le diable m'emport fi i'y retourne. le d e m o.Qnel vaillantgen-d'arme! A ce conte il en fait-droit beaucoup de tels corne toypour prédre Thiouilk d'affàut,ou

D'vncer pour defcôhre ks Geniffaires dut.nn cbt- grâd Turc. Matsvoudrois-tu pointd*ac7ola- rei/^m^'er ace grosBartolifte,qui^ fe perfuada eftre yaillâment paffé

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 338: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV" DEMOCRITIC I 57

cheualier pour vne accolade , quiluy fut donnée fans que iamais ileut porté harnois,fi ce n'auoit eftépoflibk en fon étude pour fairepeur aus rats,& chauffouris, encores s*armoit-il alors de vielles pie-ces de hakercts & brigâdincs mi-fes delfus deffous, & attachées de-uant derrière auecques les éguil-kttes renouées de fes chauffes?L'honeur des armes ne s'acquiertpas fi aifémentill n'y a remède : Ilfaut endurer pour eftre beau. L e

cos. Mais par ta foy voudroi-tubien toy-mefme en porter le tra-uail?L e d e m o.Quat eft de moi,ie me trouue bien ainfi : Neant-moins, s'il aduenoit d'auenturequ'il m'y fallut trouuer, i'aduife-rois à cette heure là quelle iambeil faudrait mettre deuât.L e c o s

M o. Comment pour t'en fuir? L s

DV" DEMOCRITIC I 57

cheualier pour vne accolade , quiluy fut donnée fans que iamais ileut porté harnois,fi ce n'auoit eftépoflibk en fon étude pour fairepeur aus rats,& chauffouris, encores s*armoit-il alors de vielles pie-ces de hakercts & brigâdincs mi-fes delfus deffous, & attachées de-uant derrière auecques les éguil-kttes renouées de fes chauffes?L'honeur des armes ne s'acquiertpas fi aifémentill n'y a remède : Ilfaut endurer pour eftre beau. L e

cos. Mais par ta foy voudroi-tubien toy-mefme en porter le tra-uail?L e d e m o.Quat eft de moi,ie me trouue bien ainfi : Neant-moins, s'il aduenoit d'auenturequ'il m'y fallut trouuer, i'aduife-rois à cette heure là quelle iambeil faudrait mettre deuât.L e c o s

M o. Comment pour t'en fuir? L s

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 339: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

: S ECOND DIAIO.,

dem o.Nenni nô,mais pour m'affeurer d'auâtage le cors.L e mon.le croi que tu ne t'en mettras pasencores de cette année en b pei¬ne. l e démo. 11 fé peut faire quefi,& fè peut faire aufîï que no. L e

c 6 s m o. Nous femmes donq'fusks fi?Or bien,bkn.Si nous y trouuons, fi plaift à Dieu nous-nous yporterons vailbns : ce-pendant iecroi que ce fera le meilleur denous donner du bon tems tandisquenousenauons le moyen, led e Mo.C'eftbienlàkplùsgentileftat qu'il eft po(Tibk,& auquel ieferai no feukméo contçt d'y fairevn quartier, niais auffi toute l'au-ïiéedemescompagnos.LE cos.le fuis fort aife dc-quoi i'accofldemieus auecques toi q ne faifoyétcesdeus genereus & hôneftes periênnages,defqucls tu m'as fait vn

fi '

: S ECOND DIAIO.,

dem o.Nenni nô,mais pour m'affeurer d'auâtage le cors.L e mon.le croi que tu ne t'en mettras pasencores de cette année en b pei¬ne. l e démo. 11 fé peut faire quefi,& fè peut faire aufîï que no. L e

c 6 s m o. Nous femmes donq'fusks fi?Or bien,bkn.Si nous y trouuons, fi plaift à Dieu nous-nous yporterons vailbns : ce-pendant iecroi que ce fera le meilleur denous donner du bon tems tandisquenousenauons le moyen, led e Mo.C'eftbienlàkplùsgentileftat qu'il eft po(Tibk,& auquel ieferai no feukméo contçt d'y fairevn quartier, niais auffi toute l'au-ïiéedemescompagnos.LE cos.le fuis fort aife dc-quoi i'accofldemieus auecques toi q ne faifoyétcesdeus genereus & hôneftes periênnages,defqucls tu m'as fait vn

fi '

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 340: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRÏ'T t C. I 5 S

fi pbifantdifcours , dont il ne merelie plus maintenant qu'vn pctiapoinctà fçauoir,qui eftdecognoiftre quelle fut l'Haie & congé decës-meffieurs. le dem.o. Lafirienfut telle qu'après m'auoir pen-fé l'onguernét apafter de leur* al-kchemens &piperies dcguifces,ils prindrét côgé de moy fans quoie ks priaffc trop inftanmict d'ar-refter, auffime dirent iJs-qifj'saf-loient yifirer icy près vn certaingentil-homme fort curieux delàfouflsrkjroutefais.auecquespro-meffes trefafteurées de me reuenh;voira plus. grand loifir Si dédiaspeudetero*,ni'afïrans toute puiftfaircedelenrcomtiiander, &qucie me deuoy tenir afïeuré qu'iln'yauohi homme au monde pour qmils euffenc voulu faire d'auantagcque poufmoi,& alors pour ne me

Y

DV DEMOCRÏ'T t C. I 5 S

fi pbifantdifcours , dont il ne merelie plus maintenant qu'vn pctiapoinctà fçauoir,qui eftdecognoiftre quelle fut l'Haie & congé decës-meffieurs. le dem.o. Lafirienfut telle qu'après m'auoir pen-fé l'onguernét apafter de leur* al-kchemens &piperies dcguifces,ils prindrét côgé de moy fans quoie ks priaffc trop inftanmict d'ar-refter, auffime dirent iJs-qifj'saf-loient yifirer icy près vn certaingentil-homme fort curieux delàfouflsrkjroutefais.auecquespro-meffes trefafteurées de me reuenh;voira plus. grand loifir Si dédiaspeudetero*,ni'afïrans toute puiftfaircedelenrcomtiiander, &qucie me deuoy tenir afïeuré qu'iln'yauohi homme au monde pour qmils euffenc voulu faire d'auantagcque poufmoi,& alors pour ne me

Y© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 341: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIAL0.

niofter point inciuil ie Jes remer¬cié de leur bon vouloir , les arrou-fant de mo cofté d'eau benifte decour d'auffibone grâce Si autanthonneftement pour le moins cô--mc il m'en auoiët afpcrgé du leur.le cosmo. Voila fort bonnedépartie & telle qu'on doit prati¬quer mefmement enuers les plusfots pour leur faire à croire qu'ilsfont fages : donq' puis-que nousauôs mis fin à ce propos ie te vou-droy bien demander vne chofela-quelleily a fort 16g tés que je de-fire fçauoir de toy : C'eit que tunie fembk contrarier à ce que tum'auois affeuré de vouloir eftreimitateur de Democrite, veu quetu ne fais rien moins que Penfui-Ûre en beaucoup de tes proposcar ainfi que i'ay peucognoiftrepar ceux qui ont efcrit de fa vie,

*

SECOND DIAL0.

niofter point inciuil ie Jes remer¬cié de leur bon vouloir , les arrou-fant de mo cofté d'eau benifte decour d'auffibone grâce Si autanthonneftement pour le moins cô--mc il m'en auoiët afpcrgé du leur.le cosmo. Voila fort bonnedépartie & telle qu'on doit prati¬quer mefmement enuers les plusfots pour leur faire à croire qu'ilsfont fages : donq' puis-que nousauôs mis fin à ce propos ie te vou-droy bien demander vne chofela-quelleily a fort 16g tés que je de-fire fçauoir de toy : C'eit que tunie fembk contrarier à ce que tum'auois affeuré de vouloir eftreimitateur de Democrite, veu quetu ne fais rien moins que Penfui-Ûre en beaucoup de tes proposcar ainfi que i'ay peucognoiftrepar ceux qui ont efcrit de fa vie,

*

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 342: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC I 5 O

c'eftoit vn bon compagnô qui nefe foucioit de rien , ne taifant au¬tre chofe fors que fe moquer,&ri-re'entierement tous ks eftats Se

façons des hommes, & au côtrai-re on iugeroit de xoy à vne bonnepartie des propos que tu m'as te¬nus & principalement lors que tumeremonftrois la grande craintedont les hommes vfoient ks vnsentiers ks autres que tu ferais pluftoft imitateur de quelque autre:Zenon ou Heraclite que de ce gayPhilofophe d'Abdere , combienque tu ne biffes pas aucuntfoisde méfier des facéties en tes paroiks, qui font affez propres & con-uenablesàvn Democritic, maisce n'eft pas toufiours:Et ppur-au-tant ic defireroy fort f-anoii <ktoy laraifoi.qui t'incite de .< r11 if du Prothte ch..gej. t tes pa-

Y ij

DV DEMOCRITIC I 5 O

c'eftoit vn bon compagnô qui nefe foucioit de rien , ne taifant au¬tre chofe fors que fe moquer,&ri-re'entierement tous ks eftats Se

façons des hommes, & au côtrai-re on iugeroit de xoy à vne bonnepartie des propos que tu m'as te¬nus & principalement lors que tumeremonftrois la grande craintedont les hommes vfoient ks vnsentiers ks autres que tu ferais pluftoft imitateur de quelque autre:Zenon ou Heraclite que de ce gayPhilofophe d'Abdere , combienque tu ne biffes pas aucuntfoisde méfier des facéties en tes paroiks, qui font affez propres & con-uenablesàvn Democritic, maisce n'eft pas toufiours:Et ppur-au-tant ic defireroy fort f-anoii <ktoy laraifoi.qui t'incite de .< r11 if du Prothte ch..gej. t tes pa-

Y ij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 343: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIÀLO.relies entant de dinerfes nianie-ies, &.pourquoy tu-n'enfuïs tota¬lement ton bô maiftre en nioque-iie ? l e d e m o . le Pay fait entort endroit pou? beaucoup de rarfon-s que tupourrasdécouurirplusaifément mais que cette nuëquetu, as. deuant toy t'ait defiillé lesyeux,& Fedu plus agus que tu n'as-pour-le prefeat., toutefois ict'en

Pourquoi djray vne des principales qui ni?aleDemoZeCmeu d'en vfer ainfi, ce que i'av!entic n e r . , ' N 'fuit tas *aK > po»r in accommoder a toytoufiours fumant ce qui eneft enfeigne parDemocri cc grand vaiffeau d'eketiô Sainct"*' Paul qui tefmoigne de luymefme

en çnedefesEpiftres, Cum-ludLe».

JuàfAifiim:Auec le Iuif ie fuis Iuif:par kfquels mPt-s il veut dire qu'éfé trou liant auecques "gens de dir-uerfe fecte , Se autre opinion quebfienne,; il faur.s-'accQrorriDdexà «

SECOND DIÀLO.relies entant de dinerfes nianie-ies, &.pourquoy tu-n'enfuïs tota¬lement ton bô maiftre en nioque-iie ? l e d e m o . le Pay fait entort endroit pou? beaucoup de rarfon-s que tupourrasdécouurirplusaifément mais que cette nuëquetu, as. deuant toy t'ait defiillé lesyeux,& Fedu plus agus que tu n'as-pour-le prefeat., toutefois ict'en

Pourquoi djray vne des principales qui ni?aleDemoZeCmeu d'en vfer ainfi, ce que i'av!entic n e r . , ' N 'fuit tas *aK > po»r in accommoder a toytoufiours fumant ce qui eneft enfeigne parDemocri cc grand vaiffeau d'eketiô Sainct"*' Paul qui tefmoigne de luymefme

en çnedefesEpiftres, Cum-ludLe».

JuàfAifiim:Auec le Iuif ie fuis Iuif:par kfquels mPt-s il veut dire qu'éfé trou liant auecques "gens de dir-uerfe fecte , Se autre opinion quebfienne,; il faur.s-'accQrorriDdexà «

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 344: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRÏTÏC l£oeus en de petites ahofes pour lés-gaigner & attirera b cognoiffan¬ce des plus grades, de peur qu'enfe monftant de première abordéetrop contraire à kurs fancafies,ilsne reiettent du tout cequ'en's'ac-commodant vri peuà'eusi its-éuf-fent bien pris, & en y preftât plusfacilement l'areilk,auecques pe«de peine entédu. Et ainfi cognoU-faut bien, fi ie n'euffe vn peu con¬trefait du mondain auecques toy,vfant des raifons eftimées fages Se

grandes entre les hommes, & que-L'enflé au contraire toufiours vou¬lu rire & faire du Democriticque!tu n'euffes aucunement adiouftéfoy à mes parolles, & ainfi tu fé-rois encores demeuré en ta pre¬mière ignorâce.Et outreplus quâtà ce que tu m'as impofé , de n'en-fuiure pas le maiftre duquel ie me

Yiij

DV DEMOCRÏTÏC l£oeus en de petites ahofes pour lés-gaigner & attirera b cognoiffan¬ce des plus grades, de peur qu'enfe monftant de première abordéetrop contraire à kurs fancafies,ilsne reiettent du tout cequ'en's'ac-commodant vri peuà'eusi its-éuf-fent bien pris, & en y preftât plusfacilement l'areilk,auecques pe«de peine entédu. Et ainfi cognoU-faut bien, fi ie n'euffe vn peu con¬trefait du mondain auecques toy,vfant des raifons eftimées fages Se

grandes entre les hommes, & que-L'enflé au contraire toufiours vou¬lu rire & faire du Democriticque!tu n'euffes aucunement adiouftéfoy à mes parolles, & ainfi tu fé-rois encores demeuré en ta pre¬mière ignorâce.Et outreplus quâtà ce que tu m'as impofé , de n'en-fuiure pas le maiftre duquel ie me

Yiij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 345: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SEC OND DI AI. O.

dis imitateur qui eft Democrite,ie te dis encores cela, que Demo-

DeU écrite combien qu'il futvn grandde z)emo.rjarj & moqueur de la folie des

hommesjtelkment que Iuuenal adit de luy en fa diziefme Satire,qu'à force de rire il ne faifoit au¬tre chofe qu'agiter fes poumons,fi eft-ce que pour tout cela il nelaiffoit pas d'eftre grand Philofo¬phe, & homme qui cognoiffoit &donnoit fort bien les raifons de famoquerie : Et quand il feroit au-tremét , Ci n'eftimerai-ie point vnhomme tant parfait, que ie vueil-leiurer enluy corne en vn Dieu,ny faire du finge en l'imitant entous fes actes , ainfi que faifoientau temps paffé les difcipks de Pi-thagore, ne donnans autre raifonde kurs opinios voire fuffent ellesks plus fortes &ks plus lourds

SEC OND DI AI. O.

dis imitateur qui eft Democrite,ie te dis encores cela, que Demo-

DeU écrite combien qu'il futvn grandde z)emo.rjarj & moqueur de la folie des

hommesjtelkment que Iuuenal adit de luy en fa diziefme Satire,qu'à force de rire il ne faifoit au¬tre chofe qu'agiter fes poumons,fi eft-ce que pour tout cela il nelaiffoit pas d'eftre grand Philofo¬phe, & homme qui cognoiffoit &donnoit fort bien les raifons de famoquerie : Et quand il feroit au-tremét , Ci n'eftimerai-ie point vnhomme tant parfait, que ie vueil-leiurer enluy corne en vn Dieu,ny faire du finge en l'imitant entous fes actes , ainfi que faifoientau temps paffé les difcipks de Pi-thagore, ne donnans autre raifonde kurs opinios voire fuffent ellesks plus fortes &ks plus lourds

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 346: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. If5ldu monde, fors qu'en àvrlç «<Èa,

c'eft à dire, il l'a dit. le cosmo.-Et quoy l feroit- il bié poflible queDemocrite qui a bien cogneuleserreurs & folies des autres hom¬mes, fefoit tant oublié luymefme'qu'il ait fait des actes que tunevouluffes pas imiter? le démo.En voudioistu voir vn plus fot quecettuy-là qu'il fift, quâd après s'e-ftre bié moqué des autres il fe cre-tiaks yeux pour voir plus cler, Se

àcelk-fin de niiegx & plus pro-fondement cotempkr de ceux del'efprit les hauts & memeilkursfecrets (ô le grand fot) de nature?Et d'auatage fe monftra il pas biétranfporté de cerueau , veu qu'e-ftant de fi grande & riche familleque fon père peut bien fans fe fai¬re tort tenir vne-fois maifon ou-uette atout Pexetc'ue de Xetxe,il

Y iiij

DV DEMOCRITIC. If5ldu monde, fors qu'en àvrlç «<Èa,

c'eft à dire, il l'a dit. le cosmo.-Et quoy l feroit- il bié poflible queDemocrite qui a bien cogneuleserreurs & folies des autres hom¬mes, fefoit tant oublié luymefme'qu'il ait fait des actes que tunevouluffes pas imiter? le démo.En voudioistu voir vn plus fot quecettuy-là qu'il fift, quâd après s'e-ftre bié moqué des autres il fe cre-tiaks yeux pour voir plus cler, Se

àcelk-fin de niiegx & plus pro-fondement cotempkr de ceux del'efprit les hauts & memeilkursfecrets (ô le grand fot) de nature?Et d'auatage fe monftra il pas biétranfporté de cerueau , veu qu'e-ftant de fi grande & riche familleque fon père peut bien fans fe fai¬re tort tenir vne-fois maifon ou-uette atout Pexetc'ue de Xetxe,il

Y iiij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 347: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

5 tX, OND DIALO;

deuint panure à la fin par fa folie,car il donna tout pour efire-richcSe de peur quefes biens ne l'enue-lopalicnt entre tac de délices quecelak retirait de fes eftudes &eôtempbtions. le cosmo. Puisque Deniocrite s'eft monftré àbfinfidefpromieu d'efprit,n'eri euffes tu fçe-u choifif vn autre moinsà reprendre Si qui euft eu la eo»gnoiffance auffi bone des erreursSe folies des hommes que luy ? l êd-*e Mo c R ï.Ie voudrai bien fi tuen fçauois quelque autre plus di<-

gne d'imiter , que tu me l'euffesenfeigne. le cosmo. Regardecomment Diogene s'eft libremétgouuerné. le d e Mo.Ie veuxvi-ure plus à mon aile qu'en vn ton¬neau, le cos m o. Que diras-tud'Ariftippe.L e d e M.D'Ariflip-pe-l Si i'auois autant d'yeux que

5 tX, OND DIALO;

deuint panure à la fin par fa folie,car il donna tout pour efire-richcSe de peur quefes biens ne l'enue-lopalicnt entre tac de délices quecelak retirait de fes eftudes &eôtempbtions. le cosmo. Puisque Deniocrite s'eft monftré àbfinfidefpromieu d'efprit,n'eri euffes tu fçe-u choifif vn autre moinsà reprendre Si qui euft eu la eo»gnoiffance auffi bone des erreursSe folies des hommes que luy ? l êd-*e Mo c R ï.Ie voudrai bien fi tuen fçauois quelque autre plus di<-

gne d'imiter , que tu me l'euffesenfeigne. le cosmo. Regardecomment Diogene s'eft libremétgouuerné. le d e Mo.Ie veuxvi-ure plus à mon aile qu'en vn ton¬neau, le cos m o. Que diras-tud'Ariftippe.L e d e M.D'Ariflip-pe-l Si i'auois autant d'yeux que

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 348: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC \6%

les Poètes çn ont attribué à Ar¬gus , i'aimerdy mieux me les cre-uer tous ks vns après ks autres,que d'endurer la moindre des fer-uitudes aufquelks fe foumettoitcetyurôgneAriftippe, faibntduchien autour de Denis Roy de Si>-

oik,&foufrant dix mille côtume-lies & outrages pour auoir vne re-pcuë franch.e:Et fiie t'afleure biéque i'aimerois encores mieux nemanger que des choux & licherdeux grains de fel auecques Dio-gene,combien qu'il ne faut pointque tu aies peur que ie faffe ne fvnne l'autre : Or aduife donq' lequeleft ,1e plus digne d'eftre imité detous ceus que tu m'asalkguez,oude mon Democfite.L e c o s m o.Vrayemët à ce que ie voy c'eft De-mocrite , & pour cette caufe ie teprie bien fort de me receuoir def-

DV DEMOCRITIC \6%

les Poètes çn ont attribué à Ar¬gus , i'aimerdy mieux me les cre-uer tous ks vns après ks autres,que d'endurer la moindre des fer-uitudes aufquelks fe foumettoitcetyurôgneAriftippe, faibntduchien autour de Denis Roy de Si>-

oik,&foufrant dix mille côtume-lies & outrages pour auoir vne re-pcuë franch.e:Et fiie t'afleure biéque i'aimerois encores mieux nemanger que des choux & licherdeux grains de fel auecques Dio-gene,combien qu'il ne faut pointque tu aies peur que ie faffe ne fvnne l'autre : Or aduife donq' lequeleft ,1e plus digne d'eftre imité detous ceus que tu m'asalkguez,oude mon Democfite.L e c o s m o.Vrayemët à ce que ie voy c'eft De-mocrite , & pour cette caufe ie teprie bien fort de me receuoir def-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 349: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIALO.

ormais auecques toy pour com¬pagnon & fécond Democritic.L e

dem o.Pour cette heure icy ie nete rebaptiferai point de nouueau,mais ie te promets bien de te re-ceuoir des miens , Si te dôner pa¬reil nom à moy quât ie te cognoi--firai parfait moqueur,ce qui t'ad-uicdra pofsibk après auoir mieuxdigeré,que tu n'as encores fait ksraifons que ie t'ai déduites, &a-pres que tu feras retourné du vol¬age que tu veux entreprendre, l eC o s m o. Voici grand cas: on ba-ptife bienks petisenfans & leurimpofél'ô des noms encores qu'ilsn'aient aucune cognoiffance, &moy qui ai entière foy à ce que tum'as dit & le defir fi grand de tefuiure, ie ne ferai donq' point en¬roulé en ta compagnie ? L E de-m o c r i . Tu m'en diras tout ce

SECOND DIALO.

ormais auecques toy pour com¬pagnon & fécond Democritic.L e

dem o.Pour cette heure icy ie nete rebaptiferai point de nouueau,mais ie te promets bien de te re-ceuoir des miens , Si te dôner pa¬reil nom à moy quât ie te cognoi--firai parfait moqueur,ce qui t'ad-uicdra pofsibk après auoir mieuxdigeré,que tu n'as encores fait ksraifons que ie t'ai déduites, &a-pres que tu feras retourné du vol¬age que tu veux entreprendre, l eC o s m o. Voici grand cas: on ba-ptife bienks petisenfans & leurimpofél'ô des noms encores qu'ilsn'aient aucune cognoiffance, &moy qui ai entière foy à ce que tum'as dit & le defir fi grand de tefuiure, ie ne ferai donq' point en¬roulé en ta compagnie ? L E de-m o c r i . Tu m'en diras tout ce

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 350: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. l5$qu'il te plaira, mais fi ne marché-ras-tu point encores fous mon en¬feigne, iufques à ce que tu fois vnpeu mieux expérimenté aux rufes& alarmes de moquerie. le cos-m o-Enfeigne moi donq' aumoinsJavraie manière de me moquer, àcelle-finquepar grande exercicei'endeuiéne durant mon voiagc,d'aprétifmaiftre parfait. le d e-m o. Il ne tiédra pas à cela que tune fois bon moqueur , car fi tu meveux croire Si le pratiquer aintfqueie tediray, tu en monftresasdedans peu de temps aux autres.Pourcognoiftre donc cornent on Za ma~, . , . ° uure de

doit bien pratiquer cette moque- pe yj mtt

rie , fçaches que tout ainfi que queraue-

pour fçauoir bien parler, il faut ?«" '«auparauâtauoirapprisàfetairc, $"" "

i . , » l - . lottes m»auisi pourentedreb parfaite ma BWM.niere de bié moquer, il faut auoir

DV DEMOCRITIC. l5$qu'il te plaira, mais fi ne marché-ras-tu point encores fous mon en¬feigne, iufques à ce que tu fois vnpeu mieux expérimenté aux rufes& alarmes de moquerie. le cos-m o-Enfeigne moi donq' aumoinsJavraie manière de me moquer, àcelle-finquepar grande exercicei'endeuiéne durant mon voiagc,d'aprétifmaiftre parfait. le d e-m o. Il ne tiédra pas à cela que tune fois bon moqueur , car fi tu meveux croire Si le pratiquer aintfqueie tediray, tu en monftresasdedans peu de temps aux autres.Pourcognoiftre donc cornent on Za ma~, . , . ° uure de

doit bien pratiquer cette moque- pe yj mtt

rie , fçaches que tout ainfi que queraue-

pour fçauoir bien parler, il faut ?«" '«auparauâtauoirapprisàfetairc, $"" "

i . , » l - . lottes m»auisi pourentedreb parfaite ma BWM.niere de bié moquer, il faut auoir

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 351: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SÏC-0ND DIAEO.

fçeu defiaparkrfèrkufemét : Car-cetcui-là ( ainfi que témolgnoitfort bien k vieil Caton) qui n'a

; iamais fait autre chofe qu'à s'étu¬dier à de petites tifées, lorsqu'ilentreprend de parler de quelque«chofe que ce foit,au lieu de fe moiftrer bon moqueur ils fe rend luy-mefme moquableà tout k mon¬de: Et pour-autant il faut donq'qtieceluyqui defire eftre veu fa-cetieus,fe foit premièrement étu--dié aux chofes plus graues & fê-

' rkufes.OrquantàbdëfinitiodeDefinitlo -moque rie elle eft telle , Moquerie'de moque c'eft le mépris no auctinemët feint*" ny difsimulé- d'vne chofe fotte &

ridicule, fait auecques raifon&bonne grâce: Et ne pcnfe pas nonqu'vn homme fot & de groffe pa-fte puiffe paruenir à la perfectionde cette moquerie , car il eft im?

SÏC-0ND DIAEO.

fçeu defiaparkrfèrkufemét : Car-cetcui-là ( ainfi que témolgnoitfort bien k vieil Caton) qui n'a

; iamais fait autre chofe qu'à s'étu¬dier à de petites tifées, lorsqu'ilentreprend de parler de quelque«chofe que ce foit,au lieu de fe moiftrer bon moqueur ils fe rend luy-mefme moquableà tout k mon¬de: Et pour-autant il faut donq'qtieceluyqui defire eftre veu fa-cetieus,fe foit premièrement étu--dié aux chofes plus graues & fê-

' rkufes.OrquantàbdëfinitiodeDefinitlo -moque rie elle eft telle , Moquerie'de moque c'eft le mépris no auctinemët feint*" ny difsimulé- d'vne chofe fotte &

ridicule, fait auecques raifon&bonne grâce: Et ne pcnfe pas nonqu'vn homme fot & de groffe pa-fte puiffe paruenir à la perfectionde cette moquerie , car il eft im?

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 352: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. letfpofsibk qù'vne perfonne tellequ'elle foit en fçache bien vfer fi.

elle n'a l'efprit fort délié, & de-fchargé de ce gros fardeau d'igno-race & ontreeuidée prefomption.le c o SMOP.Puisque tuni'asdonné la définition de moquerie,ie defireroy fort que tu m'euffespareillement déduit ksefpecesdeces fottes moqueries, à celle finqu'en ks cognoiffant ie fçeuffe,tout par vnmefrue moyenqaelksfont les bonnes,& que ie me don-caffe de garde des autres : Entêduque i'en voy ordinairement quiveullent entreprendre de fe mo¬quer, le Eaifant toute-fois auec¬ques- fi m3tiuaife grâce & pour fitpeu d'occafion, qu'eux mefmçs femouftrent plus reprchtfibks que,ceux dont Us fe veullent gaudir,5ipour-autant ie te voudroy bien.

DV DEMOCRITIC. letfpofsibk qù'vne perfonne tellequ'elle foit en fçache bien vfer fi.

elle n'a l'efprit fort délié, & de-fchargé de ce gros fardeau d'igno-race & ontreeuidée prefomption.le c o SMOP.Puisque tuni'asdonné la définition de moquerie,ie defireroy fort que tu m'euffespareillement déduit ksefpecesdeces fottes moqueries, à celle finqu'en ks cognoiffant ie fçeuffe,tout par vnmefrue moyenqaelksfont les bonnes,& que ie me don-caffe de garde des autres : Entêduque i'en voy ordinairement quiveullent entreprendre de fe mo¬quer, le Eaifant toute-fois auec¬ques- fi m3tiuaife grâce & pour fitpeu d'occafion, qu'eux mefmçs femouftrent plus reprchtfibks que,ceux dont Us fe veullent gaudir,5ipour-autant ie te voudroy bien.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 353: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIALO.

prier de m'inftruire en cela . L E

democritic. Il faut que tuentendes qu'il y a trois efpeces defotte moquerie,dont Pvne Ce peutappeller niaife, l'autre affectée, Se

la. troifieme celle qui eftfardée &couuerte dedifsimubtiomde toutes ces trois efpeces ie t'en don-neray particulieretnct l'intelligé-ce auecques les exépies. Premiè¬rement la moquerie niaife eft cel¬le qui eft faire fans qu'il y ait cau-fe , Si auecques cela de mauuaifegrace,& teik moquerie fe fait vo¬lontiers psr vne perfonne fotte& n'ayant aucune érudition lorsqu'elle en oit parler vne plus fageSi mieux apprife qu'elle, fe mo¬quant de ce que ell' n'entend pas,Se celuy q'uife voit moqué eh.cet-té forte fe doit affeurcr alors d'a-uoir bien die oii bié fait, puis qt;e

SECOND DIALO.

prier de m'inftruire en cela . L E

democritic. Il faut que tuentendes qu'il y a trois efpeces defotte moquerie,dont Pvne Ce peutappeller niaife, l'autre affectée, Se

la. troifieme celle qui eftfardée &couuerte dedifsimubtiomde toutes ces trois efpeces ie t'en don-neray particulieretnct l'intelligé-ce auecques les exépies. Premiè¬rement la moquerie niaife eft cel¬le qui eft faire fans qu'il y ait cau-fe , Si auecques cela de mauuaifegrace,& teik moquerie fe fait vo¬lontiers psr vne perfonne fotte& n'ayant aucune érudition lorsqu'elle en oit parler vne plus fageSi mieux apprife qu'elle, fe mo¬quant de ce que ell' n'entend pas,Se celuy q'uife voit moqué eh.cet-té forte fe doit affeurcr alors d'a-uoir bien die oii bié fait, puis qt;e

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 354: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. l6"jNlesafnes enchauuiffaut des oreil¬les s'en moquent:La féconde mo¬querie eft dite affectée,quand elleeft faitte no point du tout fans occafion,niais quâd ceux qui la fontfont incités à cela par quelque en¬

uie, n'y gardansaucunemét cettegrâce naïfue & qui doit eftre gé¬néralement accommodée félon ceque l'on entreprend dire ou con¬trefaire en quelque chofe que cefoit: Et l'es perfonnes qui vfentdetelle coïonnerie , font volontiersces muguets & veaux de ville, quin'ont iamais autre chofe en vnecompagnie que kurs brocards &lieux comuns a toutes reftes, oresattachant cet'tm-ci,ores cettui-làauecques ie ne fçai quelles peti¬tes (omettes vulgaires& cômunesentre eux,mais fi vous mettez vnefois ces mefsieurs hors de leurs

DV DEMOCRITIC. l6"jNlesafnes enchauuiffaut des oreil¬les s'en moquent:La féconde mo¬querie eft dite affectée,quand elleeft faitte no point du tout fans occafion,niais quâd ceux qui la fontfont incités à cela par quelque en¬

uie, n'y gardansaucunemét cettegrâce naïfue & qui doit eftre gé¬néralement accommodée félon ceque l'on entreprend dire ou con¬trefaire en quelque chofe que cefoit: Et l'es perfonnes qui vfentdetelle coïonnerie , font volontiersces muguets & veaux de ville, quin'ont iamais autre chofe en vnecompagnie que kurs brocards &lieux comuns a toutes reftes, oresattachant cet'tm-ci,ores cettui-làauecques ie ne fçai quelles peti¬tes (omettes vulgaires& cômunesentre eux,mais fi vous mettez vnefois ces mefsieurs hors de leurs

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 355: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIALd.

termes,vous les rëdrés aufsi muet*que poiffoi-is , & ne viiftes ramaisbourdon plu* depromieu d'éguiPIon qu'alors ils ferôt, neantrnoinsjqu'ils ne biffent pas de s'eftimefdes plus grans-cV ioieux railbrs dela paroifk: La troifieme & der¬nière efpece de moquer c'eft b,feinte & difsimulée d'entre tou¬tes ks autres à mon aduis-b plus-exeufabk , entendu qu'elle fe faitaucuneFois de beaucoup' de pet-fonnes qui ne biffent pas d'eftre1end'autres chofes d'affez bon e-fprh r Et- telle dernière efpece de

r moquerie c'eft peu pratiquer pard'^r<rrip Agrippe en fon traitté de la- vanitépe infirit des fciéees , auquel deffant à mondeU va- adui-sl'vn despo-ints k plus requis-^te " aux parfaits moqueurs, cnri eft le1

iain se vray îugemet erala eognon-faace de cela que l'on- entreprend*

moquer:

SECOND DIALd.

termes,vous les rëdrés aufsi muet*que poiffoi-is , & ne viiftes ramaisbourdon plu* depromieu d'éguiPIon qu'alors ils ferôt, neantrnoinsjqu'ils ne biffent pas de s'eftimefdes plus grans-cV ioieux railbrs dela paroifk: La troifieme & der¬nière efpece de moquer c'eft b,feinte & difsimulée d'entre tou¬tes ks autres à mon aduis-b plus-exeufabk , entendu qu'elle fe faitaucuneFois de beaucoup' de pet-fonnes qui ne biffent pas d'eftre1end'autres chofes d'affez bon e-fprh r Et- telle dernière efpece de

r moquerie c'eft peu pratiquer pard'^r<rrip Agrippe en fon traitté de la- vanitépe infirit des fciéees , auquel deffant à mondeU va- adui-sl'vn despo-ints k plus requis-^te " aux parfaits moqueurs, cnri eft le1

iain se vray îugemet erala eognon-faace de cela que l'on- entreprend*

moquer:

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 356: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV L\RMHPGRI$IC. l66«îoquer: Car il eft tout certainquoy qu'en ait efcrit Agrippe,quencantmojns il en auoit le plus fouuent tonte autre & contraire opi¬nion, qu'il n'éçtiupit, ainfi mefmeque par ces autres cenufes jl ap¬

pert afkz euidemmët:d'auantagqiceluyA grippe en Ces moqueries aplus vsé d'authoritez cmprfitées,& de ie ne fçay quels petis argu-jmens cornus & falaçieux propresÇeulpmét pour fed,uire Se Caire çhagerd^opinionaufimpk vulgaire,qu il n'a pas fait d'vne ferme & af-feurce raifon. le c o s m o. Il efttout certain qu'Agrippe s'eft ef¬forcé k plus fquuenf dçconfirmerfis çkrisIen,,ce,rte"foirrenviais, aufsiks anth8rk^Sb"'il 3>auhi ,alk^guef jfonc.bi&riapprû^uces, Si ex¬trait ejs des, ^èyurçs de gés fort do-«5].qs , granj ^hi^foities & d'\ ne

Z

DV L\RMHPGRI$IC. l66«îoquer: Car il eft tout certainquoy qu'en ait efcrit Agrippe,quencantmojns il en auoit le plus fouuent tonte autre & contraire opi¬nion, qu'il n'éçtiupit, ainfi mefmeque par ces autres cenufes jl ap¬

pert afkz euidemmët:d'auantagqiceluyA grippe en Ces moqueries aplus vsé d'authoritez cmprfitées,& de ie ne fçay quels petis argu-jmens cornus & falaçieux propresÇeulpmét pour fed,uire Se Caire çhagerd^opinionaufimpk vulgaire,qu il n'a pas fait d'vne ferme & af-feurce raifon. le c o s m o. Il efttout certain qu'Agrippe s'eft ef¬forcé k plus fquuenf dçconfirmerfis çkrisIen,,ce,rte"foirrenviais, aufsiks anth8rk^Sb"'il 3>auhi ,alk^guef jfonc.bi&riapprû^uces, Si ex¬trait ejs des, ^èyurçs de gés fort do-«5].qs , granj ^hi^foities & d'\ ne

Z© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 357: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

*- SECOND DIALO.merueilleufe erudition:Et quantafes argumens,N'eft-ce pas l'officed'vn vray orateur de faire fembkrbo & mauuais vn rhefme fuiet pardiuerfes preuues & raifons ? ainfiqu'a fort bie fçeU pratiquerAgrippe homme certes eftimé d'vn chacun fort docte Si de grand iuge-ment. le d e m o. le m'ébahi comet la folie des hommes eft fi ex*treme'de donner vn fi^rand lieuauxauthoritez des homes qu'onfait plus doites cent mille fois à

crédit qu'ils ne font , encores laplufgrâde partie d'entre eux fontabeftis iufques à là qu'ils en ontentre ks autres quelques vns tantaffectez , qu'ils'reçoiuét-kur direcomme oracles d'Apollo encores-qu'il foit dutoutélongnédeb vé¬

rité & hors de toute preuue rai¬sonnable : Et touchât ce que tu a*

*- SECOND DIALO.merueilleufe erudition:Et quantafes argumens,N'eft-ce pas l'officed'vn vray orateur de faire fembkrbo & mauuais vn rhefme fuiet pardiuerfes preuues & raifons ? ainfiqu'a fort bie fçeU pratiquerAgrippe homme certes eftimé d'vn chacun fort docte Si de grand iuge-ment. le d e m o. le m'ébahi comet la folie des hommes eft fi ex*treme'de donner vn fi^rand lieuauxauthoritez des homes qu'onfait plus doites cent mille fois à

crédit qu'ils ne font , encores laplufgrâde partie d'entre eux fontabeftis iufques à là qu'ils en ontentre ks autres quelques vns tantaffectez , qu'ils'reçoiuét-kur direcomme oracles d'Apollo encores-qu'il foit dutoutélongnédeb vé¬

rité & hors de toute preuue rai¬sonnable : Et touchât ce que tu a*

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 358: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. \6fdit de faire trouuer vne mefme matiere bonne &mauuaife, ievcuxmaintenir que cela eft encores vneautre folie, car fi vne chofe d'elk-mefine eft bonne, elle ne fçauroiceftre mauuaife, nyau contraire,quoy qu'ils iappent & caquettentauecques toutes leurs fleurs, fleu-rettesj&coukurs bigarrées de leurrethoriques.Quant eft d'Agrippéque tu dis eftre entré en b répu¬tation" d'vn homme docte,ie ne tenierai pas qu'il n'ait fçeu quelquechofe, & cela peut on cognoilirede fes cautclles & tromperies, parlefquelles il abufoit &abufe en¬cores poui le iourd'huy beaucoupde perfonnes , Se principalement Ve r0t9ienfontraittéde l'oculte Philofo-w/^o-phie,Epithetefort propre à telle/1?'"' rf«

lcience, veu que luy-mefme ne l'a &r'?~

iamais fçeu découurir,&auroi biéZ ij

DV DEMOCRITIC. \6fdit de faire trouuer vne mefme matiere bonne &mauuaife, ievcuxmaintenir que cela eft encores vneautre folie, car fi vne chofe d'elk-mefine eft bonne, elle ne fçauroiceftre mauuaife, nyau contraire,quoy qu'ils iappent & caquettentauecques toutes leurs fleurs, fleu-rettesj&coukurs bigarrées de leurrethoriques.Quant eft d'Agrippéque tu dis eftre entré en b répu¬tation" d'vn homme docte,ie ne tenierai pas qu'il n'ait fçeu quelquechofe, & cela peut on cognoilirede fes cautclles & tromperies, parlefquelles il abufoit &abufe en¬cores poui le iourd'huy beaucoupde perfonnes , Se principalement Ve r0t9ienfontraittéde l'oculte Philofo-w/^o-phie,Epithetefort propre à telle/1?'"' rf«

lcience, veu que luy-mefme ne l'a &r'?~

iamais fçeu découurir,&auroi biéZ ij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 359: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SEC OND DI AL 0.

peur qu'elle ne fut tantoculte&li bien cachéequ'onne la trouue-ca pas encores de ces premièresannées, toutefois il l'affeure com-«ie véritable & témoigne luy mefme d'é auoir fait des beaux coupsd'effai,CGiTibien que tout cela foitaufsi vray que fi on difoit qu'il y aplus de toifon envn gros guf d'Auît.ruche de l'Afrique qu'en cellede tous les moutons de Berri en-fembie: 11 eft donq' tout affeuréqu'Agrippe n'eftoît qu'vn vray pipeur de Chreftiens . a E c o s-m o p h i l e . En reprouuant ainfiAgrippe tu me fais fouuenir de

De Car- Cardan qui le taxe pareillementvif?" lB'enfesceuures, &en alksuejcer*^vrjppe tains experimens pour le blaimer

comme ridicules .le d e m o-, c r i t i c . Vraiment il me fou-

uiènt en auoir ku quelque chofe

SEC OND DI AL 0.

peur qu'elle ne fut tantoculte&li bien cachéequ'onne la trouue-ca pas encores de ces premièresannées, toutefois il l'affeure com-«ie véritable & témoigne luy mefme d'é auoir fait des beaux coupsd'effai,CGiTibien que tout cela foitaufsi vray que fi on difoit qu'il y aplus de toifon envn gros guf d'Auît.ruche de l'Afrique qu'en cellede tous les moutons de Berri en-fembie: 11 eft donq' tout affeuréqu'Agrippe n'eftoît qu'vn vray pipeur de Chreftiens . a E c o s-m o p h i l e . En reprouuant ainfiAgrippe tu me fais fouuenir de

De Car- Cardan qui le taxe pareillementvif?" lB'enfesceuures, &en alksuejcer*^vrjppe tains experimens pour le blaimer

comme ridicules .le d e m o-, c r i t i c . Vraiment il me fou-

uiènt en auoir ku quelque chofe

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 360: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. l6Ben fon liure xviij. des merueiilesjmais beau fire ic le trouue bon deluy qui allègue fans comparaifor»de plus- grandes folies qu'Agrippadont il fe veut moquer.L e C o s-mpp. Enqucllieuastu veu queCardan ait dit ces chofes ridicu¬les ? fi me femble il que c'eft tout»au contraire & qu'il bbfîne volô-tiers toutes ces foks fuperfticiôstmagiciennes. l e democ-IIci*vfe ainfi de vray aucuncfoi's.Mais*tt» n'entens pas,c'eft b vraie ruzesne fçais tu pas bien qu'il faut au-cunefois reculer pour mieux fau¬ter & pour donner d'auantage degouft aucôte qu'il eft bo de mef-*kr entre deux vertes vne meure?A quelle fin penfes tu que Cardaait reprouué ks folies des autres,;finô pour faire valoir d'auancageks ficnnes ? Voudrois-tu voir vn

Z iij

DV DEMOCRITIC. l6Ben fon liure xviij. des merueiilesjmais beau fire ic le trouue bon deluy qui allègue fans comparaifor»de plus- grandes folies qu'Agrippadont il fe veut moquer.L e C o s-mpp. Enqucllieuastu veu queCardan ait dit ces chofes ridicu¬les ? fi me femble il que c'eft tout»au contraire & qu'il bbfîne volô-tiers toutes ces foks fuperfticiôstmagiciennes. l e democ-IIci*vfe ainfi de vray aucuncfoi's.Mais*tt» n'entens pas,c'eft b vraie ruzesne fçais tu pas bien qu'il faut au-cunefois reculer pour mieux fau¬ter & pour donner d'auantage degouft aucôte qu'il eft bo de mef-*kr entre deux vertes vne meure?A quelle fin penfes tu que Cardaait reprouué ks folies des autres,;finô pour faire valoir d'auancageks ficnnes ? Voudrois-tu voir vn

Z iij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 361: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIALO.

plus fot experimenr que celuy dotil afkure auoir eftâché le fang defa kure, à quoy il ne ponuoit trouuer aucun remède pour l'arrefterfors qu'en vfant de fon exorcifîne.ce c o s Mo.Etbienleftimes-tuque ce qu'il en dit foit faux? leD e m o. Otiy ie Peftime & le croyfermemét, & fi outre-plus i'en aiefté affeuré par l'expérience con¬traire, non pas que i aie efté fi en¬fant que ie l'aie voulu eflaier moimefme , mais i'en ai veu d'aucunsqui en péfoient bien triompher Se

en faire arrefler k fang de quel¬ques artères qu'ils auoiét coupées& toute-fois c'eftoit en vain, caril ne biffoit pas àfluer toufiourscomme auparauant : Et fi ie fçaifort bié qu'il ne tt-noit pointa faitte de bonne Si ferme tby , car ilseftoient pour le moins aulfi fots

SECOND DIALO.

plus fot experimenr que celuy dotil afkure auoir eftâché le fang defa kure, à quoy il ne ponuoit trouuer aucun remède pour l'arrefterfors qu'en vfant de fon exorcifîne.ce c o s Mo.Etbienleftimes-tuque ce qu'il en dit foit faux? leD e m o. Otiy ie Peftime & le croyfermemét, & fi outre-plus i'en aiefté affeuré par l'expérience con¬traire, non pas que i aie efté fi en¬fant que ie l'aie voulu eflaier moimefme , mais i'en ai veu d'aucunsqui en péfoient bien triompher Se

en faire arrefler k fang de quel¬ques artères qu'ils auoiét coupées& toute-fois c'eftoit en vain, caril ne biffoit pas àfluer toufiourscomme auparauant : Et fi ie fçaifort bié qu'il ne tt-noit pointa faitte de bonne Si ferme tby , car ilseftoient pour le moins aulfi fots

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 362: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCftlTIC- IC»9

que luy pour croire à telles badi-neries.ll allègue encores en fon li-ureix'iK.des deniôs deus autres fin-gulieres receptcs>dont la premiè¬re enfeigne la manière de faire vnanneau pour guérir du haut mal,& l'autre pour parapher vn cer¬tain fignack à guérir celuy de Utefto î Et pour donner k luftre à

fon anneau,il k pare d'vne fueillcpolie pat vn haut conte qu'il allè¬gue d vn lofephe 1er Noir btauenecromant,qui guérit auec fes in-uocations vneDamoifelk qui tra-uailloit fort d'vne ardeur d'vrinctant véhémente & incurable quepour cette occaûon eUe en eftoitdu tout abandônée des médecins,niais ie doute fort qu'à la fin , nyfon anneau ny fon conte , n'aientpoint plus de vertu que les deuxcxperimea» de U noix d'Agrippé,

1 iiij

DV DEMOCftlTIC- IC»9

que luy pour croire à telles badi-neries.ll allègue encores en fon li-ureix'iK.des deniôs deus autres fin-gulieres receptcs>dont la premiè¬re enfeigne la manière de faire vnanneau pour guérir du haut mal,& l'autre pour parapher vn cer¬tain fignack à guérir celuy de Utefto î Et pour donner k luftre à

fon anneau,il k pare d'vne fueillcpolie pat vn haut conte qu'il allè¬gue d vn lofephe 1er Noir btauenecromant,qui guérit auec fes in-uocations vneDamoifelk qui tra-uailloit fort d'vne ardeur d'vrinctant véhémente & incurable quepour cette occaûon eUe en eftoitdu tout abandônée des médecins,niais ie doute fort qu'à la fin , nyfon anneau ny fon conte , n'aientpoint plus de vertu que les deuxcxperimea» de U noix d'Agrippé,

1 iiij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 363: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DtAro. 'defquels il fait mentiô en s'en moquant, le cosmo. A ce que ievoy c'eft vn' piètre qui fê moqued'vn boiteux^ vraiementie me re¬fous de 'îWcrokc plus' dorefnauâcriy à Agrippe,ny à Cardâ,ny à tousks autres 'autheurs quels qu'ilsfoient, s'ils n'appuient kurs au-»

thoritezd'vneplus grande raifonque de bourdes. lje». »" t«orc r liTu feras fort bien i carceux meffftiemènt àufqiitisiçshdmmcsdô-*lient "plus de credïtjfont ks plusgrans fots,tefmoing Platon & fon

De TU- difciple Arîftore", dont l'vn eftantte&^f monté' au plus haut deb quintenftott. ^ffencecle k folié nous eft ailé for

ger- dejbelies Idées"it«aginaires,&fiubtiiément inueiitcr des princi¬pes magiftraknieht.".dcduifs_. Etpuis Ariftote le Philofophe mi¬lliard (duquel l*plus^r£devqtu

SECOND DtAro. 'defquels il fait mentiô en s'en moquant, le cosmo. A ce que ievoy c'eft vn' piètre qui fê moqued'vn boiteux^ vraiementie me re¬fous de 'îWcrokc plus' dorefnauâcriy à Agrippe,ny à Cardâ,ny à tousks autres 'autheurs quels qu'ilsfoient, s'ils n'appuient kurs au-»

thoritezd'vneplus grande raifonque de bourdes. lje». »" t«orc r liTu feras fort bien i carceux meffftiemènt àufqiitisiçshdmmcsdô-*lient "plus de credïtjfont ks plusgrans fots,tefmoing Platon & fon

De TU- difciple Arîftore", dont l'vn eftantte&^f monté' au plus haut deb quintenftott. ^ffencecle k folié nous eft ailé for

ger- dejbelies Idées"it«aginaires,&fiubtiiément inueiitcr des princi¬pes magiftraknieht.".dcduifs_. Etpuis Ariftote le Philofophe mi¬lliard (duquel l*plus^r£devqtu

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 364: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC I70

durant fa vie eftoit à fe veftir deli-»catement,aupir des fouliers faitiafur le pied , eftre fongueux d'vnebelle perVnquerfe chargerks doitsd'vne infinité d'anneaux fort en-irkhis & reiuifans) nous en a en-*

cores fait de pires q\ie fon prece-»pteur, de forte que fi on vouloiïdite à vn maiftre es ara le iour de D" ffes determinâcesyqu'il euft des a--* reA"reilks-d'afne actuellemét &quHln'euft pas la fàgeffe de Salomonpotemiakment , vous ie verriezalors à l'imitation de fon autheusaffecté, crier & braire tellementque le ieune fe départirait pointiufques à tât que fon importunéecrierie luy euft fi bien enroué b .

gorge , qu'elle luy euft ofté toute ,

puiffance de parkr d'auantage.Outrçplus Ci Ariftote auoit ditque la neige la plus blanche qui

DV DEMOCRITIC I70

durant fa vie eftoit à fe veftir deli-»catement,aupir des fouliers faitiafur le pied , eftre fongueux d'vnebelle perVnquerfe chargerks doitsd'vne infinité d'anneaux fort en-irkhis & reiuifans) nous en a en-*

cores fait de pires q\ie fon prece-»pteur, de forte que fi on vouloiïdite à vn maiftre es ara le iour de D" ffes determinâcesyqu'il euft des a--* reA"reilks-d'afne actuellemét &quHln'euft pas la fàgeffe de Salomonpotemiakment , vous ie verriezalors à l'imitation de fon autheusaffecté, crier & braire tellementque le ieune fe départirait pointiufques à tât que fon importunéecrierie luy euft fi bien enroué b .

gorge , qu'elle luy euft ofté toute ,

puiffance de parkr d'auantage.Outrçplus Ci Ariftote auoit ditque la neige la plus blanche qui

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 365: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

S ECOND DI ALO.

foit point au fort del'hiuer fus lescoupeaux des méraignes fut noi¬re, & que l'on entrc-print.de per-fuaderk contraire à vn Logicienla luy monftrant au doic & à l'xil,encores dorroit il ks yeux pourne b voir point,& frapât des piedsSe iappant en chien il s'opiniatre-roit contre b vérité: Mais pour»

1 quoy m'atrefterai-ië d'auautagèà toucher ces afnes,veu qu'vné bone partie de tous ks autres plusrenommez Philofophes ont rem»ply leurs ceuures de fonges & ré»

ueries fantaftiquemét alléguées?ffl N'en voit on pas ks exemples pardesandes vn nombre infiny de tels gentilsPhUofi- Phiiofophaflres, l'vnnous voulâtî*«'. faire acroire tout eftre fait d'vne

rencontre fortuite & hazardeufede petis corps indiuifibks, qu'ilappelloit acomes,&eit ce que l'on

S ECOND DI ALO.

foit point au fort del'hiuer fus lescoupeaux des méraignes fut noi¬re, & que l'on entrc-print.de per-fuaderk contraire à vn Logicienla luy monftrant au doic & à l'xil,encores dorroit il ks yeux pourne b voir point,& frapât des piedsSe iappant en chien il s'opiniatre-roit contre b vérité: Mais pour»

1 quoy m'atrefterai-ië d'auautagèà toucher ces afnes,veu qu'vné bone partie de tous ks autres plusrenommez Philofophes ont rem»ply leurs ceuures de fonges & ré»

ueries fantaftiquemét alléguées?ffl N'en voit on pas ks exemples pardesandes vn nombre infiny de tels gentilsPhUofi- Phiiofophaflres, l'vnnous voulâtî*«'. faire acroire tout eftre fait d'vne

rencontre fortuite & hazardeufede petis corps indiuifibks, qu'ilappelloit acomes,&eit ce que l'on

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 366: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 171

voit aux rais du Soleil quâd il en¬tre en quelque lieu renfermé patvnc feneftre ou autre ouuerture:pcnfez-vous côbien il en faudraitpour refaire vne autre montagned'Olimpe'.Les autres nous ont dé¬peint vne ame rouge les vns blan¬che, Se ceux-ci bigarrée commeks couleurs des loiaux amans: Au¬cuns l'ont logée au cueur, puis tâ¬toft au cetueau pour b tenir chaudément: Us'cn eft trouue quel¬ques autres meilleurs fourbiffeurtqui nous l'ont engainée dedanstout k cors côme dedans fon fourreau, de peur qu'elle ne s'enroui-lalt à b pluie : Outre tous ceux-cifont encores furuenus certains or»garnîtes qui nous l'onc armoniséca quatre parties : & d'autres ex-pers enrocheurs qui font enton¬née dedans vnvailkau àcelk-fiu

DV DEMOCRITIC. 171

voit aux rais du Soleil quâd il en¬tre en quelque lieu renfermé patvnc feneftre ou autre ouuerture:pcnfez-vous côbien il en faudraitpour refaire vne autre montagned'Olimpe'.Les autres nous ont dé¬peint vne ame rouge les vns blan¬che, Se ceux-ci bigarrée commeks couleurs des loiaux amans: Au¬cuns l'ont logée au cueur, puis tâ¬toft au cetueau pour b tenir chaudément: Us'cn eft trouue quel¬ques autres meilleurs fourbiffeurtqui nous l'ont engainée dedanstout k cors côme dedans fon fourreau, de peur qu'elle ne s'enroui-lalt à b pluie : Outre tous ceux-cifont encores furuenus certains or»garnîtes qui nous l'onc armoniséca quatre parties : & d'autres ex-pers enrocheurs qui font enton¬née dedans vnvailkau àcelk-fiu

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 367: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

it* SECOND DIALO. '

qu'elle ne prit vent . Mais à quoypenfoknt ces importuns fcruta-teurs de chofes douteufes? le croyque la fourrure de kurs bonnets]leur caufoitces fumées au c«4ueau:Si tu as ehuie de fçauoir d'àuatage de leurs folies, voy vn dia-^logue deLuciâinfcrit lTcarome-

De Tica nippe ou aurreméc PHipcrnephe-romenip- 1^ ju p0urTasià voir amplement1^ " ks opinios Philofophaks de nos

premiers bourdeurs eftre naïfue-ment contrefaittes & expriméespar b pérfb'nne dé Menippe quiraconte le difcour» de fon voiagécelefteàvn fien amy, îe ne veuxpas neàntmoins tant fëuerementrcietterks authoritez des Anciêsautheurs , que ie ne les vueillébié quelquefois receuoir & prin¬cipalement quand elles ne fontpoint tât fondées fus vnc opinion

it* SECOND DIALO. '

qu'elle ne prit vent . Mais à quoypenfoknt ces importuns fcruta-teurs de chofes douteufes? le croyque la fourrure de kurs bonnets]leur caufoitces fumées au c«4ueau:Si tu as ehuie de fçauoir d'àuatage de leurs folies, voy vn dia-^logue deLuciâinfcrit lTcarome-

De Tica nippe ou aurreméc PHipcrnephe-romenip- 1^ ju p0urTasià voir amplement1^ " ks opinios Philofophaks de nos

premiers bourdeurs eftre naïfue-ment contrefaittes & expriméespar b pérfb'nne dé Menippe quiraconte le difcour» de fon voiagécelefteàvn fien amy, îe ne veuxpas neàntmoins tant fëuerementrcietterks authoritez des Anciêsautheurs , que ie ne les vueillébié quelquefois receuoir & prin¬cipalement quand elles ne fontpoint tât fondées fus vnc opinion

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 368: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. I72que la vérité & preuue raifonna-bk n'y foit apparéte: & telle cho¬fe eft principalemét requife à l'endroit des perfonnes qui veullentreprendre , Si Ce moquer des au¬tres, ce qui a efté toutefois affezmal pratiqué de ceus qui s'en fontvoulu méfier. l e cosmophi.Voudrais tu dire que l'Italien M.Antonio Phikrenio Fregofo quia fait le lis de Democrite & d'He¬raclite, &Erafme en fa louangede folie n'aient pas bien befon-gné ? l e de m oc r it ic.Quâcjeft de l'Italien il auron fort biendit fi fes ceuures eftoienç faléesmais elles manquent tant en cela{qui eft bié k plus requis à tel gë*re d"écivre) qu'elles fflrnbtqçauoii;efté faites d'vn homme qui foivouloit feulement exercer k-y-mffmeenlesfaifant,Scnô pas, pourvoi»'}

DV DEMOCRITIC. I72que la vérité & preuue raifonna-bk n'y foit apparéte: & telle cho¬fe eft principalemét requife à l'endroit des perfonnes qui veullentreprendre , Si Ce moquer des au¬tres, ce qui a efté toutefois affezmal pratiqué de ceus qui s'en fontvoulu méfier. l e cosmophi.Voudrais tu dire que l'Italien M.Antonio Phikrenio Fregofo quia fait le lis de Democrite & d'He¬raclite, &Erafme en fa louangede folie n'aient pas bien befon-gné ? l e de m oc r it ic.Quâcjeft de l'Italien il auron fort biendit fi fes ceuures eftoienç faléesmais elles manquent tant en cela{qui eft bié k plus requis à tel gë*re d"écivre) qu'elles fflrnbtqçauoii;efté faites d'vn homme qui foivouloit feulement exercer k-y-mffmeenlesfaifant,Scnô pas, pourvoi»'}

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 369: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIALO.

dre aucun ny chatouiller de fonbien dire ks apprehenfions desbons efprits : ie m'en rapporteraià tous doctes lecteurs qui vou¬dront perdre quelque temps à l'é¬plucher de plus près que fon au-theur mefme . le c o s M o. Etbien d'Erafmc , n'en di-tu autrechofe? LE démo. Vraiement ila dit ie ne fçai quoy mais il fem-bkque s'il euft failli de s'atacherà ces pauures preftres que b paroile luy fur quant & quant faillie Se

que tel fuget tât il auoit b matiè¬re affectée reffembloit prefqueàCespetis prefchereaux,kfquels e-flanshorsde propos Ce ruétàtortSi à trauersfusces hérétiques, al-kguant quelquefois aufsi bié deschofoi à leur auantage voire pluf-,toft qu'à leur préjudice: d'autrepart tât s'en faut qu'il fut côftanr

SECOND DIALO.

dre aucun ny chatouiller de fonbien dire ks apprehenfions desbons efprits : ie m'en rapporteraià tous doctes lecteurs qui vou¬dront perdre quelque temps à l'é¬plucher de plus près que fon au-theur mefme . le c o s M o. Etbien d'Erafmc , n'en di-tu autrechofe? LE démo. Vraiement ila dit ie ne fçai quoy mais il fem-bkque s'il euft failli de s'atacherà ces pauures preftres que b paroile luy fur quant & quant faillie Se

que tel fuget tât il auoit b matiè¬re affectée reffembloit prefqueàCespetis prefchereaux,kfquels e-flanshorsde propos Ce ruétàtortSi à trauersfusces hérétiques, al-kguant quelquefois aufsi bié deschofoi à leur auantage voire pluf-,toft qu'à leur préjudice: d'autrepart tât s'en faut qu'il fut côftanr

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 370: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. I7J

enfesdifcours, qu'il eftoit à luy-mefme du tout inconftant Si vo¬lage, mefmemét en fa louange defolie, en laquelle il taxe ces bn-gars orateurs qui fe vatét d'auoiecompofé en trois iours ou pref-quefait fus l'heure & àl'impour-ueu ce qu'ils ont pourpensé Si re¬barbouillé en plus de deus ou troisans,& luy-mefme fe vante d'auoirfait fon traité de b louange de fo¬lie quafipar manière d'ébat, enhuit iours, où il a pofsible plusmatagrabolizé qu'Acurfe en fesvieilles glofes de droit : Apres ilfe moque de ceus qui entremeflëtde petis quolibets de Grec parmile Latin , & en cela eft-il plus vi-cieus que nul autre , veu que leplus fouuentiliargonne du Grecen des partages qui fè pourraientaufsi bien voire mieus dire en La-

DV DEMOCRITIC. I7J

enfesdifcours, qu'il eftoit à luy-mefme du tout inconftant Si vo¬lage, mefmemét en fa louange defolie, en laquelle il taxe ces bn-gars orateurs qui fe vatét d'auoiecompofé en trois iours ou pref-quefait fus l'heure & àl'impour-ueu ce qu'ils ont pourpensé Si re¬barbouillé en plus de deus ou troisans,& luy-mefme fe vante d'auoirfait fon traité de b louange de fo¬lie quafipar manière d'ébat, enhuit iours, où il a pofsible plusmatagrabolizé qu'Acurfe en fesvieilles glofes de droit : Apres ilfe moque de ceus qui entremeflëtde petis quolibets de Grec parmile Latin , & en cela eft-il plus vi-cieus que nul autre , veu que leplus fouuentiliargonne du Grecen des partages qui fè pourraientaufsi bien voire mieus dire en La-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 371: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

'ÎÎIC OND DIALO.

tin qu'en cette fotte mélange bi¬garrée. Et finalement pour fe fai¬re mieus croire en" fa folie ,. il dittout au contraire, de la yerké, ac¬

commodant ce quiefi enttefcmecpropre aufage,aus conditions dufoc,& ce qui eft naïfau fot k vou-bnt du tout attribuer au fage «. Ilallègue que le fage fe trouuant a-uecques ks hommes feraioti dutout- muet , ou que. par ie ne fçaiquelks fapheufes queftions jl-feca.importun à toute vue bone-jcorn-pagnie : il dit pareillement que lefage fera mélancolique, particu-Ker,& du coût à luy fitns'regatdpr |plaire aus, petiennes entriejefq-ueîks ileft j fe înonftrsntjtnal. fegn.t.

entoutes-t;hofesde'pa;ffetein%fl§prenant plaifir qu'à fe dqopuurleparvne face tenfrongnée,contr«idifant aus honeftçs, recréa do s des

ho m-

'ÎÎIC OND DIALO.

tin qu'en cette fotte mélange bi¬garrée. Et finalement pour fe fai¬re mieus croire en" fa folie ,. il dittout au contraire, de la yerké, ac¬

commodant ce quiefi enttefcmecpropre aufage,aus conditions dufoc,& ce qui eft naïfau fot k vou-bnt du tout attribuer au fage «. Ilallègue que le fage fe trouuant a-uecques ks hommes feraioti dutout- muet , ou que. par ie ne fçaiquelks fapheufes queftions jl-feca.importun à toute vue bone-jcorn-pagnie : il dit pareillement que lefage fera mélancolique, particu-Ker,& du coût à luy fitns'regatdpr |plaire aus, petiennes entriejefq-ueîks ileft j fe înonftrsntjtnal. fegn.t.

entoutes-t;hofesde'pa;ffetein%fl§prenant plaifir qu'à fe dqopuurleparvne face tenfrongnée,contr«idifant aus honeftçs, recréa do s des

ho m-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 372: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC I74'

hommes, toufiour-s panure &rbc*liftrc par-ce qu'il dédaigne faireb court aus gras feigneurs &qu'ilméprife ks richefks.- Au contrai¬re que le fotard eft toufiours gai,difantlemot en vne compagnie,preft à-rire &fobtrer auecques lesautres, volontiers plus riche queks fages, méprifant toutes foie*apprehéfions Se principalkmentdes efpris & Diables rrufquez quivont de nuit pour épouuemcr-lesvieilles ,.& garni de mille autresbelles qualitez par b queue de feslettres. Or voi vnpeucommentildéguife ce fol, & de b grâce qu'il'a-mafquéce pauure nomdefageau plus grâdtriboullet qui fut on-ques triboullé de couilks humainnés. Eft-ce pas aumoins bien incagné ks panures pucelks ? ks pan¬ures petites neuf feurectes de Par

A.A,

DV DEMOCRITIC I74'

hommes, toufiour-s panure &rbc*liftrc par-ce qu'il dédaigne faireb court aus gras feigneurs &qu'ilméprife ks richefks.- Au contrai¬re que le fotard eft toufiours gai,difantlemot en vne compagnie,preft à-rire &fobtrer auecques lesautres, volontiers plus riche queks fages, méprifant toutes foie*apprehéfions Se principalkmentdes efpris & Diables rrufquez quivont de nuit pour épouuemcr-lesvieilles ,.& garni de mille autresbelles qualitez par b queue de feslettres. Or voi vnpeucommentildéguife ce fol, & de b grâce qu'il'a-mafquéce pauure nomdefageau plus grâdtriboullet qui fut on-ques triboullé de couilks humainnés. Eft-ce pas aumoins bien incagné ks panures pucelks ? ks pan¬ures petites neuf feurectes de Par

A.A,© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 373: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIAL0. -

tiaffe? Eft-ce pas leur bailler aulieu de coronnesde laurier à cha¬cune vncahuctverd aftnerementOreille & houpeté de belles fran-gesbigarrées? & au lieu de lyre,de luths, flûtes & guiternes, à chacune vne veze, & pour Apollon,vn Maiftre Iean de Poitiers dio-genifaut auecques fon bafton Se

les plumes de coq ? Par la Roined'Eleuthere leur bonne ie di bonne mère, c'eftbien cochié les plusgratis mignons deces neufdoctespucelks , ie di deces pucelks quiont eu des enfans beaus, Se bons,bienauenans en toutes courtoi-fiesgentiks & mignardes: le medone à leur faint chdur fi ce n'eftbien execrabkmét bbfphcmé co¬tre leur diuinité, Si parlé en vrayebtfieincenfée & fans c truelle.le c o s m o. Si ne k gaigneras-

SECOND DIAL0. -

tiaffe? Eft-ce pas leur bailler aulieu de coronnesde laurier à cha¬cune vncahuctverd aftnerementOreille & houpeté de belles fran-gesbigarrées? & au lieu de lyre,de luths, flûtes & guiternes, à chacune vne veze, & pour Apollon,vn Maiftre Iean de Poitiers dio-genifaut auecques fon bafton Se

les plumes de coq ? Par la Roined'Eleuthere leur bonne ie di bonne mère, c'eftbien cochié les plusgratis mignons deces neufdoctespucelks , ie di deces pucelks quiont eu des enfans beaus, Se bons,bienauenans en toutes courtoi-fiesgentiks & mignardes: le medone à leur faint chdur fi ce n'eftbien execrabkmét bbfphcmé co¬tre leur diuinité, Si parlé en vrayebtfieincenfée & fans c truelle.le c o s m o. Si ne k gaigneras-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 374: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. 175

tu pas contre Erafme, car encoresqu'il n'eut dit rien qui vaille, fi eftce que pour autant qu'il a efcriten Latin Si que tu parles en fran-çois , il fera toufiours eftimé d'a-uantage que toy. le d e m o. lene veus pas dire qu'Erafme n'aitefté homme entendant beaucoupde bonnes chofes , Si fort diferten b langue Latine, & qu'il n'enmérite quelque louange: car b cognoiffdiicedts langues n'eft pasfeulement vtik Si louable, maisauffi neceffaire pourks honeftes,profitables & politics^nfeigne-més que l'on y peut voir, ioint lesgrans & beaus fecrets que nousouurent les langues tant Grequeque Latine: Mais auflîie veus biéfouftenir qu'il ne faut point eftrefi profond admirateur des étran¬gers, que noftre langue materucl-

AA ij

DV DEMOCRITIC. 175

tu pas contre Erafme, car encoresqu'il n'eut dit rien qui vaille, fi eftce que pour autant qu'il a efcriten Latin Si que tu parles en fran-çois , il fera toufiours eftimé d'a-uantage que toy. le d e m o. lene veus pas dire qu'Erafme n'aitefté homme entendant beaucoupde bonnes chofes , Si fort diferten b langue Latine, & qu'il n'enmérite quelque louange: car b cognoiffdiicedts langues n'eft pasfeulement vtik Si louable, maisauffi neceffaire pourks honeftes,profitables & politics^nfeigne-més que l'on y peut voir, ioint lesgrans & beaus fecrets que nousouurent les langues tant Grequeque Latine: Mais auflîie veus biéfouftenir qu'il ne faut point eftrefi profond admirateur des étran¬gers, que noftre langue materucl-

AA ij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 375: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DTAL O.

le en. foit pour, cette curiofité a-moindrie oudéprifée, ainfi qu'el¬le a efté anciennement par k nefçaiT quels braut'S fillogifateursd'argtimans cornus,qui donnoyé.tla moitiéplosde gloire à quelquepetit Maiftre es ars crotté,ou au*-

tre bourgeon de fcobrez-. pourdeùs ou trois,mots.de Latin dé¬

gorgez- en Vue difputs ambiguë*qu'ils n'ôt fait ausautres,lefquelitftans parfaits en noftre françoisnous ont retiré tout le meilleurdesobfcursitrâgiers & facileméte x pliqué. en no ftre vulgatfecîiLmefouuiec auoir quelque-fois ku au

Pourquoi *,remier. iiucc dès,- Académiquesnous de- s . »

WWjey2.queltions de Gtcero intfoauuanttfmeiu à alors Vaxron parlant (duquel i'al»uppudre léguerai -pour le-prefent l'authori^tttfZ- l*;eftai¥ en- cet endroit, acompa-resT*" gnée.de?la jaifon) coanneilcpiv

SECOND DTAL O.

le en. foit pour, cette curiofité a-moindrie oudéprifée, ainfi qu'el¬le a efté anciennement par k nefçaiT quels braut'S fillogifateursd'argtimans cornus,qui donnoyé.tla moitiéplosde gloire à quelquepetit Maiftre es ars crotté,ou au*-

tre bourgeon de fcobrez-. pourdeùs ou trois,mots.de Latin dé¬

gorgez- en Vue difputs ambiguë*qu'ils n'ôt fait ausautres,lefquelitftans parfaits en noftre françoisnous ont retiré tout le meilleurdesobfcursitrâgiers & facileméte x pliqué. en no ftre vulgatfecîiLmefouuiec auoir quelque-fois ku au

Pourquoi *,remier. iiucc dès,- Académiquesnous de- s . »

WWjey2.queltions de Gtcero intfoauuanttfmeiu à alors Vaxron parlant (duquel i'al»uppudre léguerai -pour le-prefent l'authori^tttfZ- l*;eftai¥ en- cet endroit, acompa-resT*" gnée.de?la jaifon) coanneilcpiv

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 376: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DsîMOCRITîC' Tt7'5

fcilî'e à cens qui eftoyent curieusde fçauoir la Philofophie, s'ils a-,

«oyent'b cognoiffance & érudi¬tion des kotres Grecques.,ks htepluftofiq ksLat-ines,pourautantqu'elle eftoit plus àiiigemnut ex¬

pliquée enkelks .qu'aus^Rcinai-.nés. Or voila mo ami"la vraye rai-*fon qui nous doit inciter àappré-dreks; autres iangues,, quand ertktllestfe "peut voit quelque, fuiefcptus amplement & rokus ded^ré!qu'en'baaqfti&j& ce déuonsnc-utffcairpâ celte fànî qu'en l'entendant*telle cognoifsâfae nous férue pourcontéter noftre efprit, ou pour encnrichk& fubtiliecks nais dépôtfire langue^ nonpasptOiijr«h fatre fi grande prefeffio» ou eftmieque la noftre en, perde foo pris,ainfi mefmernetvt que tefmoigne*ledit Ciceron fâifant vné pareille

AA iii

DV DsîMOCRITîC' Tt7'5

fcilî'e à cens qui eftoyent curieusde fçauoir la Philofophie, s'ils a-,

«oyent'b cognoiffance & érudi¬tion des kotres Grecques.,ks htepluftofiq ksLat-ines,pourautantqu'elle eftoit plus àiiigemnut ex¬

pliquée enkelks .qu'aus^Rcinai-.nés. Or voila mo ami"la vraye rai-*fon qui nous doit inciter àappré-dreks; autres iangues,, quand ertktllestfe "peut voit quelque, fuiefcptus amplement & rokus ded^ré!qu'en'baaqfti&j& ce déuonsnc-utffcairpâ celte fànî qu'en l'entendant*telle cognoifsâfae nous férue pourcontéter noftre efprit, ou pour encnrichk& fubtiliecks nais dépôtfire langue^ nonpasptOiijr«h fatre fi grande prefeffio» ou eftmieque la noftre en, perde foo pris,ainfi mefmernetvt que tefmoigne*ledit Ciceron fâifant vné pareille

AA iii© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 377: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

'* f SECOND D I A LO.coparaifon de fà langue à b Gre-que ou préface de fon premier li¬ure des biens Se des maus:Et qu'ilfoit ainfi", voit on vn Demofthc-ne immorralizépour auoir efcritenvne autre langue qu'en b Gre-que?En voit on autrement d'Ho-mere,ou dePindare? Les anciensRomains, Si plus eftimez tant aubien dire,qu'àb poëfie, nefe fontils pas vengez du tems s'immortalizant'par leur langue Latine?Pourquoy dortques.le pareil ne fcpourra-» pas suffi bien pratiquéeen noftre ÎSgue qu'àus eftrangie-*resjfiksbons efprits (ainfi que lagrâce aus Dieus ils commencentfort bien apîourd'huy) pfofpçréE& qu'ils foyent vn peu plus fauo-<rifezdorefnauaiït qu'ilstfont paseftédutémsde la greffeignoran¬ce, dont ks vieus fiecks ont efté

'* f SECOND D I A LO.coparaifon de fà langue à b Gre-que ou préface de fon premier li¬ure des biens Se des maus:Et qu'ilfoit ainfi", voit on vn Demofthc-ne immorralizépour auoir efcritenvne autre langue qu'en b Gre-que?En voit on autrement d'Ho-mere,ou dePindare? Les anciensRomains, Si plus eftimez tant aubien dire,qu'àb poëfie, nefe fontils pas vengez du tems s'immortalizant'par leur langue Latine?Pourquoy dortques.le pareil ne fcpourra-» pas suffi bien pratiquéeen noftre ÎSgue qu'àus eftrangie-*resjfiksbons efprits (ainfi que lagrâce aus Dieus ils commencentfort bien apîourd'huy) pfofpçréE& qu'ils foyent vn peu plus fauo-<rifezdorefnauaiït qu'ilstfont paseftédutémsde la greffeignoran¬ce, dont ks vieus fiecks ont efté

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 378: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC I77

trpp longuemët enuelopez? N'envoit-on pas l'exemple & principalement en poëfie fusvn Ronfard,vndu Bellay , vn de Baïf & affezd'autres bons efprits de noftreaage,dont les ceuures font & ferotimmortellement renommez, en¬tre ceus qui auront b cognoiffan¬ce delà propriété & douceur denoftre bngue?Que tous barbaresignoians eeffent donq' de louertant déformais ces mendieursdeLatin qu'ils neprifent d'auanta-ge ceus qui les remettent au che¬min dont ils eftoyent égarez parie ne fçai quels fentiers incognusà b trace des bons François , nonpas que ie vueilk dire qu'il fe faille tant élongner des chams eftrâ-gers qu'on n'y penfe bien quelqueFois recueillir des fleurs Se desfruits,qui rendent les noftres plus

AA iiij

DV DEMOCRITIC I77

trpp longuemët enuelopez? N'envoit-on pas l'exemple & principalement en poëfie fusvn Ronfard,vndu Bellay , vn de Baïf & affezd'autres bons efprits de noftreaage,dont les ceuures font & ferotimmortellement renommez, en¬tre ceus qui auront b cognoiffan¬ce delà propriété & douceur denoftre bngue?Que tous barbaresignoians eeffent donq' de louertant déformais ces mendieursdeLatin qu'ils neprifent d'auanta-ge ceus qui les remettent au che¬min dont ils eftoyent égarez parie ne fçai quels fentiers incognusà b trace des bons François , nonpas que ie vueilk dire qu'il fe faille tant élongner des chams eftrâ-gers qu'on n'y penfe bien quelqueFois recueillir des fleurs Se desfruits,qui rendent les noftres plus

AA iiij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 379: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND T>I AL O.

.délectables Sr pbisâts, mais pourle moins il y faut tenir vn tel mo¬yen qu'on n'admire pas tât ce quieft de Pautruy (comme vice en la

Vue des nation frâçoifejquek noftre ptofrançais, pre en foit deprifé.L e cosmo.

Si eft-ceqtie laplufgrande partiedes hommes n'accordera pas encela auecques toy, car ainfique iete difois,ils ne font conteq d'vneTangue eftran gère, & fi outre plusils ne trouuët point de'gouft ause'eris de nos François auprès deceus des anciens Grecs -Se Latins.LE démo. Il s'enfuyuro it donq*fi nous voulions croire au dire detels fots que Nature fe fut abâtar¬die depuis le tés de nos anceftres,ou que les écris fe meuriffe-nt &fe'trouuaffent meilleurs auecquesle cours des longues années, lec o s m o p h i. Ce n'eft pas cela,

SECOND T>I AL O.

.délectables Sr pbisâts, mais pourle moins il y faut tenir vn tel mo¬yen qu'on n'admire pas tât ce quieft de Pautruy (comme vice en la

Vue des nation frâçoifejquek noftre ptofrançais, pre en foit deprifé.L e cosmo.

Si eft-ceqtie laplufgrande partiedes hommes n'accordera pas encela auecques toy, car ainfique iete difois,ils ne font conteq d'vneTangue eftran gère, & fi outre plusils ne trouuët point de'gouft ause'eris de nos François auprès deceus des anciens Grecs -Se Latins.LE démo. Il s'enfuyuro it donq*fi nous voulions croire au dire detels fots que Nature fe fut abâtar¬die depuis le tés de nos anceftres,ou que les écris fe meuriffe-nt &fe'trouuaffent meilleurs auecquesle cours des longues années, lec o s m o p h i. Ce n'eft pas cela,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 380: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DS^OCRITIC. I78mais ils difent que ceus qui efcri-uent pour le iourd'huy en frâçoistraînent les chofes plus à bkgiere,>& neks cherchent pas de filotng que ks autres, le d e m o.Mais cuidez-vousqdces anciésautheurs qui font allé chercher De "mles chofes de fi loing,ks traittant ^'^Jd'vn ftik fi obfcur & fi difficilequ' d'efirir*eusmefmesne ks entêdoiêt pas, ebfcure-

font bié plus àlouer que ceus qui men{*

parlent vn langage entendu d'vnchacun? Il me kmble que ie voyencores de ces vineufes Thiadesde Baccus qui cnfoncerét les ma¬tières fi hautement qu'elles ne fçauoyenr pas elles mcfines ce qu'el-ks penfoyenc: comme fi on vou»foit demander par vné queftionamphibologique : A fçauoir fi lapremière forme de la fuftance im¬matérielle de l'ame , eft deuant b

DV DS^OCRITIC. I78mais ils difent que ceus qui efcri-uent pour le iourd'huy en frâçoistraînent les chofes plus à bkgiere,>& neks cherchent pas de filotng que ks autres, le d e m o.Mais cuidez-vousqdces anciésautheurs qui font allé chercher De "mles chofes de fi loing,ks traittant ^'^Jd'vn ftik fi obfcur & fi difficilequ' d'efirir*eusmefmesne ks entêdoiêt pas, ebfcure-

font bié plus àlouer que ceus qui men{*

parlent vn langage entendu d'vnchacun? Il me kmble que ie voyencores de ces vineufes Thiadesde Baccus qui cnfoncerét les ma¬tières fi hautement qu'elles ne fçauoyenr pas elles mcfines ce qu'el-ks penfoyenc: comme fi on vou»foit demander par vné queftionamphibologique : A fçauoir fi lapremière forme de la fuftance im¬matérielle de l'ame , eft deuant b

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 381: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND dialo.

création de l'vniuers eternellemétemprainte dedans k diuin,infini,& fupreme intellect des hautesIdées: Ne voila pas de belles dis¬putes & prinfes de bien loin ? L E

Cosmophi. Quant eft de moyie ne veus point eftre fi affecté àtelle lourderie que ie n'eftime d'àuantage ceus qui parlent entendibkment , que ces enfonceurs dematieres.qui vont quérir ks cho--fes fi fuperliquoquentieufcment,qui commencent des k haut de laroittrelouiak & puis viennent fi¬nir fous la felk percée de Profêr-pine, car tels y urongnes ainfi co¬rne tu as fort bien dit.ne s'enten¬dent pas eus-mefmes. le de-m o.Il ne faut pas que tu t'ébahitfes s'ils font des duures fi haute¬ment eflcuées qu'ils n'y peuuenceus-mefmcs atteindre, veu qu'ils

SECOND dialo.

création de l'vniuers eternellemétemprainte dedans k diuin,infini,& fupreme intellect des hautesIdées: Ne voila pas de belles dis¬putes & prinfes de bien loin ? L E

Cosmophi. Quant eft de moyie ne veus point eftre fi affecté àtelle lourderie que ie n'eftime d'àuantage ceus qui parlent entendibkment , que ces enfonceurs dematieres.qui vont quérir ks cho--fes fi fuperliquoquentieufcment,qui commencent des k haut de laroittrelouiak & puis viennent fi¬nir fous la felk percée de Profêr-pine, car tels y urongnes ainfi co¬rne tu as fort bien dit.ne s'enten¬dent pas eus-mefmes. le de-m o.Il ne faut pas que tu t'ébahitfes s'ils font des duures fi haute¬ment eflcuées qu'ils n'y peuuenceus-mefmcs atteindre, veu qu'ils

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 382: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DT DHMOCRIIIC. ÏJCf

commandent vne manjere devi-ure aus hommes totalement im-polfible , comme de dire qu'il nefaut i'efiouir pour bonne fortu-ne,ni fe fâcher pour mauuaife tâtgrande foit elle, tefifter,& fe monftrer confiant cotre toutes ks in-iures & aduerfitez qui furuiennéttant au cors qu'à Pefprit de l'homme,foit d'édurer faim,foif,chaud,froid , ennuis ou maladies , telle¬ment que ie croi fi on mettoit cesgentils Zenoniens au plus fort delhyuetfusle milieu du mont Ce-nis auprès de la Chapelle des trâ-fis, qu'ils diroyent encores qu'ilsmourroyent de chaud, ou bien fion ksiettoit dedans vnfeu qu'ilstrouueroyent cela aufti dous queIuppiter fait fon nectar fucré devnbaiferGanimedien.LE cos-m o.Commemdonq' n'en voit or»

DT DHMOCRIIIC. ÏJCf

commandent vne manjere devi-ure aus hommes totalement im-polfible , comme de dire qu'il nefaut i'efiouir pour bonne fortu-ne,ni fe fâcher pour mauuaife tâtgrande foit elle, tefifter,& fe monftrer confiant cotre toutes ks in-iures & aduerfitez qui furuiennéttant au cors qu'à Pefprit de l'homme,foit d'édurer faim,foif,chaud,froid , ennuis ou maladies , telle¬ment que ie croi fi on mettoit cesgentils Zenoniens au plus fort delhyuetfusle milieu du mont Ce-nis auprès de la Chapelle des trâ-fis, qu'ils diroyent encores qu'ilsmourroyent de chaud, ou bien fion ksiettoit dedans vnfeu qu'ilstrouueroyent cela aufti dous queIuppiter fait fon nectar fucré devnbaiferGanimedien.LE cos-m o.Commemdonq' n'en voit or»

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 383: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

\ SECOND "DTA'LD/" rDe la Pas l'exemple fus ce fage fot de

mort de Prot'hée 'P-eregrin Philofophe CyFeregrin niq' , duquel Lucian efcrit b vie,PMojo- en iaque)]e jj tefropigne comme.

Via. '" après auoir affem'blé le peuple fiefaitdrèffervn grand feu,ilfeiet-îta luy-me'fmê dédans fans y dire*contraint d'aucun? Et croy qu'ilne l'eut pas fait s'il n'y eut efperéquelque nierueilkus &- finguliecplaifir. lï démo. Mais à pro¬pos il y en a encore^ beaucoup au*k>urd*hny qui font fdans-de tellemanière de mort'ry aurait il pointquelque certaineproprieté au feuqui ferait fentirvn mignard & fa-uoureus chatouillement à Pâme àtfaifon d'vne fympathie qui eftktptre-eus deus, (enrenduTnefme que*Pâme de fa nature eft vne uhofe,rgnée?L E cosmo p. Mais ie ne%ai:par Dieu ie crokois inconti-

\ SECOND "DTA'LD/" rDe la Pas l'exemple fus ce fage fot de

mort de Prot'hée 'P-eregrin Philofophe CyFeregrin niq' , duquel Lucian efcrit b vie,PMojo- en iaque)]e jj tefropigne comme.

Via. '" après auoir affem'blé le peuple fiefaitdrèffervn grand feu,ilfeiet-îta luy-me'fmê dédans fans y dire*contraint d'aucun? Et croy qu'ilne l'eut pas fait s'il n'y eut efperéquelque nierueilkus &- finguliecplaifir. lï démo. Mais à pro¬pos il y en a encore^ beaucoup au*k>urd*hny qui font fdans-de tellemanière de mort'ry aurait il pointquelque certaineproprieté au feuqui ferait fentirvn mignard & fa-uoureus chatouillement à Pâme àtfaifon d'vne fympathie qui eftktptre-eus deus, (enrenduTnefme que*Pâme de fa nature eft vne uhofe,rgnée?L E cosmo p. Mais ie ne%ai:par Dieu ie crokois inconti-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 384: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D V DE M OC R I T I C. I 80nent qu'il enferoit quelque cho*fe, &.ce qui, nie le perfuaderoit enCore&d'auâtage ce ferait ce, qu'ôçdit les Philofophes naturels de laniottde l'eau Pafieuraiis rous en-femble laplus cruelle des morts,pour autant qu'il n?y a rien pluscontraireàb nature de lame quiparticipefainfi que tu. as tres-bié'dit) de celle du. feu que l'eau, Se

ainfi en argumentant au contrai¬re, il s'enfuyuoit qu'il n'y auoitpoint de mon plus douce que cetle du feu, pour le gfand accord deJà nature auecques celle desames,"Ce démo. Ttime faisprefqueveniràmoy-melhie de mourir encette forte: Mai* penferois-tu biêque i'en voufiffe vfer fifottenienfque ce grand veau de Peregrin,lequel après auoir fait, alumerfoafeucV cômenaéluy-mefinealem-

D V DE M OC R I T I C. I 80nent qu'il enferoit quelque cho*fe, &.ce qui, nie le perfuaderoit enCore&d'auâtage ce ferait ce, qu'ôçdit les Philofophes naturels de laniottde l'eau Pafieuraiis rous en-femble laplus cruelle des morts,pour autant qu'il n?y a rien pluscontraireàb nature de lame quiparticipefainfi que tu. as tres-bié'dit) de celle du. feu que l'eau, Se

ainfi en argumentant au contrai¬re, il s'enfuyuoit qu'il n'y auoitpoint de mon plus douce que cetle du feu, pour le gfand accord deJà nature auecques celle desames,"Ce démo. Ttime faisprefqueveniràmoy-melhie de mourir encette forte: Mai* penferois-tu biêque i'en voufiffe vfer fifottenienfque ce grand veau de Peregrin,lequel après auoir fait, alumerfoafeucV cômenaéluy-mefinealem-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 385: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

S ECOND D I ALO. \

brazcr auecques fâ torche, s'allaruer à l'eftourdi au beau milieuouilfut tout foudain euanouï&confumé en cendre? Nenni,nenni.i'en voudrai bien auoir le plaifirplus longuement : Sçais-tu com¬ment i'en vferoi ? le drefferoi enquelque lieu à l'efcart vn petit feu(Se fans y appelkr perfonne à tef-moin)auquel l'autoi le moyen dem'effayer & me torner de tous kscollez ou iefentiroi qu'il medc-mengeroit. le cosmophi. Ilvaudrait bien mieus fe faire acoutrer corne on cuift ks harencs fo¬rez en Italie , à beau petit feu depaille : Mais ie te prie commencele premier à en faire l'effai Si puisie te fuiurai. le d e mo. Toutbeau tout beau,tu prés ks matiè¬res trop à cueunho de par Dieu>ilne faut pas eftre fi cokre fus les

S ECOND D I ALO. \

brazcr auecques fâ torche, s'allaruer à l'eftourdi au beau milieuouilfut tout foudain euanouï&confumé en cendre? Nenni,nenni.i'en voudrai bien auoir le plaifirplus longuement : Sçais-tu com¬ment i'en vferoi ? le drefferoi enquelque lieu à l'efcart vn petit feu(Se fans y appelkr perfonne à tef-moin)auquel l'autoi le moyen dem'effayer & me torner de tous kscollez ou iefentiroi qu'il medc-mengeroit. le cosmophi. Ilvaudrait bien mieus fe faire acoutrer corne on cuift ks harencs fo¬rez en Italie , à beau petit feu depaille : Mais ie te prie commencele premier à en faire l'effai Si puisie te fuiurai. le d e mo. Toutbeau tout beau,tu prés ks matiè¬res trop à cueunho de par Dieu>ilne faut pas eftre fi cokre fus les

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 386: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. l8lpremières aprehéfions : ie te prie 'remettons cela àquâd tu feras deretour de ton voyage, & puis fclôce que i'en aurai cependant adui-fé ie le mettrai en exécution. L ec o s m. le croi à mon aduis quâdnous aurions bié debatu ce pointlà que nous refoudrions à la finqu'il vaudrait mieusviure, fans effaycr de nous immortalizer parce dous tourment de ce pauuretranfporté de cerueau PeregrinPhilofophe Ciniq,toutefois qu'ilfcmble encores mériter quelquelouange, entendu que b fin quil'incitoit à ce faire, eftoit poura-querir titre d'immortalité. L e

d e m o. A ce conte,celuy qui mitle feu dedans le temple de Diane L'aff'fd"Ephefe , deurokeftre bien efti- i-'m9£nié, puis qu'il faifoic pour vn meft.ilné.me efgard: Mais ic te prie regat-

DV DEMOCRITIC. l8lpremières aprehéfions : ie te prie 'remettons cela àquâd tu feras deretour de ton voyage, & puis fclôce que i'en aurai cependant adui-fé ie le mettrai en exécution. L ec o s m. le croi à mon aduis quâdnous aurions bié debatu ce pointlà que nous refoudrions à la finqu'il vaudrait mieusviure, fans effaycr de nous immortalizer parce dous tourment de ce pauuretranfporté de cerueau PeregrinPhilofophe Ciniq,toutefois qu'ilfcmble encores mériter quelquelouange, entendu que b fin quil'incitoit à ce faire, eftoit poura-querir titre d'immortalité. L e

d e m o. A ce conte,celuy qui mitle feu dedans le temple de Diane L'aff'fd"Ephefe , deurokeftre bien efti- i-'m9£nié, puis qu'il faifoic pour vn meft.ilné.me efgard: Mais ic te prie regat-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 387: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

S"E COND-D I AL O^

de vnpeu là grande folie ou tom¬bent tous ceus qui font fi affectezàl'iminortalrté.ll<s'entTouue,c5-me ceuâ-c'rdefquels noms aupnsfait rnemion,qui en fontles actesles plus eflongnez de raifon qu'il

De ceus eft polfibkdes- autres- ne lé fou-5«> veu- cjem aucunement de b. reputa-lent eftre . ,., , , r .immoru tionqu ils auront durant leur viehtez a- foit bone ou mauuaife,mais qu'a*près leur près la mort ils efperentd'en eftramon, j-¤Côpéfê2, de quelque vaine louâ-r

ge. l e g o s. Qui feroiér bié ceslourduus là q, defireroiét plus eftreapprouuez après leur decczq du¬rât leur v-ie?-Ie mksbabi qu'ils necôfiderét q le chien mortne mordpoint,ni ne fent no plnslevraorfttpcs.le D'E Mo; Ne. s'en. trouue U

pas affcz q fepHuent de-tout plaifir,ne faisâs autre chofe toute leurvie quebrptulkriane fçaiquelles

foinettes

S"E COND-D I AL O^

de vnpeu là grande folie ou tom¬bent tous ceus qui font fi affectezàl'iminortalrté.ll<s'entTouue,c5-me ceuâ-c'rdefquels noms aupnsfait rnemion,qui en fontles actesles plus eflongnez de raifon qu'il

De ceus eft polfibkdes- autres- ne lé fou-5«> veu- cjem aucunement de b. reputa-lent eftre . ,., , , r .immoru tionqu ils auront durant leur viehtez a- foit bone ou mauuaife,mais qu'a*près leur près la mort ils efperentd'en eftramon, j-¤Côpéfê2, de quelque vaine louâ-r

ge. l e g o s. Qui feroiér bié ceslourduus là q, defireroiét plus eftreapprouuez après leur decczq du¬rât leur v-ie?-Ie mksbabi qu'ils necôfiderét q le chien mortne mordpoint,ni ne fent no plnslevraorfttpcs.le D'E Mo; Ne. s'en. trouue U

pas affcz q fepHuent de-tout plaifir,ne faisâs autre chofe toute leurvie quebrptulkriane fçaiquelles

foinettes

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 388: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DVDEMOCRITrC 182

fbrnétteS en efpoir qu'elles fokntnufes en lumière après leur mort?Et font encores aueugkz iufquesàb qu'ils en penfent bien volti¬ger & gâbader en Pair plus dextrement que ks autres. Cuidez-vousque la louange que Pondonne à

Demofthene ou à Ciceron leutchatouille bien maintenant ksoreilles aus lieus ou ils font allez?le C o s m.II fembkroit prefqueà t'ouir parler qu'il ne faudrait fefoncier aucunement d'aquerirvftrenom immortcl,& par ce moyenferoyentd'u tout abolies ks eft u»

des desbonneslettres, &ne tien»droit on plus conte de fe tourmeijter après tant d'antres aétes bâ¬ties Se mémorables, par kfquelson fe fait renommer d'vne immortelle gloire , gloire dite qui fértd'aguillon à bpofterité pour imi-

B13

DVDEMOCRITrC 182

fbrnétteS en efpoir qu'elles fokntnufes en lumière après leur mort?Et font encores aueugkz iufquesàb qu'ils en penfent bien volti¬ger & gâbader en Pair plus dextrement que ks autres. Cuidez-vousque la louange que Pondonne à

Demofthene ou à Ciceron leutchatouille bien maintenant ksoreilles aus lieus ou ils font allez?le C o s m.II fembkroit prefqueà t'ouir parler qu'il ne faudrait fefoncier aucunement d'aquerirvftrenom immortcl,& par ce moyenferoyentd'u tout abolies ks eft u»

des desbonneslettres, &ne tien»droit on plus conte de fe tourmeijter après tant d'antres aétes bâ¬ties Se mémorables, par kfquelson fe fait renommer d'vne immortelle gloire , gloire dite qui fértd'aguillon à bpofterité pour imi-

B13© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 389: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DI AtO.ter fes anceflres en leur manièrede viure tât louable & vertueufe.le d e m o. le ne veus pas direqu'il falk debiffer pour cela d'e¬ftre affecté à la vertu, de profitctau public, de compofer liures , &faire quelques autres chofes dig¬nes de memoire,mais k veus bienmaintenir qu'vne heure de louan¬ge que l'on en reçoit durant la viefait plus de bié à la perfonne quecent mille ans après la mort, L ec o s m o p. Ha dea fi tu l'entensainfi,ien'y contredi pas: Mais àpropos de ces zélateurs de l'im¬mortalité i'ai autrefois ouy dire àgens doctes qu'il s'en eft trouuequi pour cefte occafion ont voulumefme feindre des Dieus à leurpofte Se introduire de fauces reli¬gions entre le populaire, Se pour-autât que ie t'ai cogneu fort bien

SECOND DI AtO.ter fes anceflres en leur manièrede viure tât louable & vertueufe.le d e m o. le ne veus pas direqu'il falk debiffer pour cela d'e¬ftre affecté à la vertu, de profitctau public, de compofer liures , &faire quelques autres chofes dig¬nes de memoire,mais k veus bienmaintenir qu'vne heure de louan¬ge que l'on en reçoit durant la viefait plus de bié à la perfonne quecent mille ans après la mort, L ec o s m o p. Ha dea fi tu l'entensainfi,ien'y contredi pas: Mais àpropos de ces zélateurs de l'im¬mortalité i'ai autrefois ouy dire àgens doctes qu'il s'en eft trouuequi pour cefte occafion ont voulumefme feindre des Dieus à leurpofte Se introduire de fauces reli¬gions entre le populaire, Se pour-autât que ie t'ai cogneu fort bien

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 390: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC X$?apris en ces anciennes hiftoiresie te voudrai bien prier de m'enfaire vn petit difcours & Je plu»brenement que tu pourras* car ievoy le foleil qui commence là fortà s'abbaiffer, & qui nous aduertitque l'heure du fouper nous pref-fera tantoft.L e deuo, Combiéque cela ne fe puiffe pas dire en fipeu de parolles que tu me le de¬mandes, fi effairai-ieneantmoinstà te k retraindre au moins de lan¬gage qu'il me fera poffibk:Etde-uant que i'y commence tu me di-.raspremieremét s'il te fuffira queie te face métionde ces premiers-forgerons de Dieus fans te parlerdes autres qui les ont du tout voi*lu démolir, le cosmophi.Icte prie de grâce ne me dis pointl'vn fans l'autre , car i'auroi peurdenc voirqiîcd'vncofti.LE Di*

BB ij

DV DEMOCRITIC X$?apris en ces anciennes hiftoiresie te voudrai bien prier de m'enfaire vn petit difcours & Je plu»brenement que tu pourras* car ievoy le foleil qui commence là fortà s'abbaiffer, & qui nous aduertitque l'heure du fouper nous pref-fera tantoft.L e deuo, Combiéque cela ne fe puiffe pas dire en fipeu de parolles que tu me le de¬mandes, fi effairai-ieneantmoinstà te k retraindre au moins de lan¬gage qu'il me fera poffibk:Etde-uant que i'y commence tu me di-.raspremieremét s'il te fuffira queie te face métionde ces premiers-forgerons de Dieus fans te parlerdes autres qui les ont du tout voi*lu démolir, le cosmophi.Icte prie de grâce ne me dis pointl'vn fans l'autre , car i'auroi peurdenc voirqiîcd'vncofti.LE Di*

BB ij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 391: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

-, i S EjCONXlJD i alxî;

Mo. îetî'ar que- faire de<te racon¬ter b cQnfufiqndesfaus Dieusdutefrjs iadisqur éftbittelks, qu'ilss'ytrouuoit mefmetTpis.cets.Iup->»pins & y en auoit qubfkciifioyencaiisDieiiî inconnus. Il mefuffira"

tyws tant feulement de te parler desprinci- principaux inuëteurs dételles faupaus des ces fuperftirions,.dont la prenne-.religions, ^ origine <eft deriuéeides - Egi->

ptiens ,-& apfesëus deCecropetpremier Roy ides Athéniens quben abreuuatoute b Grèce, car cefut le premierqui commêça à appelkrluppite'r, à contrefaire desfimulachresy ordonner des autels,& inuenterfacrificeSi chofes quieftoyent aii parauant luy totale¬ment, inconnues -aus Grecs. Et.pourtant qu'il fut le premierquiamena la coutume de ioindre patmariage l'hôme auecques'laftm-

-, i S EjCONXlJD i alxî;

Mo. îetî'ar que- faire de<te racon¬ter b cQnfufiqndesfaus Dieusdutefrjs iadisqur éftbittelks, qu'ilss'ytrouuoit mefmetTpis.cets.Iup->»pins & y en auoit qubfkciifioyencaiisDieiiî inconnus. Il mefuffira"

tyws tant feulement de te parler desprinci- principaux inuëteurs dételles faupaus des ces fuperftirions,.dont la prenne-.religions, ^ origine <eft deriuéeides - Egi->

ptiens ,-& apfesëus deCecropetpremier Roy ides Athéniens quben abreuuatoute b Grèce, car cefut le premierqui commêça à appelkrluppite'r, à contrefaire desfimulachresy ordonner des autels,& inuenterfacrificeSi chofes quieftoyent aii parauant luy totale¬ment, inconnues -aus Grecs. Et.pourtant qu'il fut le premierquiamena la coutume de ioindre patmariage l'hôme auecques'laftm-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 392: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D V 'D E MtS'C S î T I C'. : 184nié ,! il fut fulfiominé 'doubkfa-dé.1 IlfétrotiUa pareillement enOftete VU autre Roy ifômméMel-lifïè qui commençàà leur intro¬duire de nouuelks- --manières defaire touchant les facrifices & au¬tres1 fuperftltîons : 'Nùm6 Pbm-pikenfift autà«fàRr>iiie>'Ia'oii H

ihftkûaks1 facrifices', créa fordrèdes" "vierges vefta,ki,fàcra Martienhomme noble grand pontifie, en

b charge & puiffance duqiief ilfoUmift tous ks droits des chofes1

facrées.Ce futluy-mcfine qui en-feignd Se 'donna par 'règle , quelsiours & quels temples efto/entdêdiez'pOiiracomplirkursfupcfftitions &facriftèe's , auecques J,t

manière & façOtf qu'ils y dcuoyéétenir:Ce fut k premier fondateurdes iours qu'ils appelloyent an¬ciennement faftes & nefaftes,

BB iij

D V 'D E MtS'C S î T I C'. : 184nié ,! il fut fulfiominé 'doubkfa-dé.1 IlfétrotiUa pareillement enOftete VU autre Roy ifômméMel-lifïè qui commençàà leur intro¬duire de nouuelks- --manières defaire touchant les facrifices & au¬tres1 fuperftltîons : 'Nùm6 Pbm-pikenfift autà«fàRr>iiie>'Ia'oii H

ihftkûaks1 facrifices', créa fordrèdes" "vierges vefta,ki,fàcra Martienhomme noble grand pontifie, en

b charge & puiffance duqiief ilfoUmift tous ks droits des chofes1

facrées.Ce futluy-mcfine qui en-feignd Se 'donna par 'règle , quelsiours & quels temples efto/entdêdiez'pOiiracomplirkursfupcfftitions &facriftèe's , auecques J,t

manière & façOtf qu'ils y dcuoyéétenir:Ce fut k premier fondateurdes iours qu'ils appelloyent an¬ciennement faftes & nefaftes,

BB iij© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 393: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

S ECOND DI AtO.<

aufquels il n'eftok permis en au¬cune forte de trafiquer nt défai¬re au tre ceuure quelconque entrele peupk,& fut luy qui diuifa l'anen douze parties. Et à celk-fin dedonner plus de lieu à fès inftitu-tions & de tenir ks Romains envue plus grand' crainte fous le pretexte d'vne diuinité,il leur don-noit à entédre que toutes ks nuisil fe trouuoit auecques b déefïë.AEgerie:& que par fon confeil Se

auertifkment il ordonnoit les fa¬crifices qu'il cognoiflbit eftre a-greables aus Dieus immortels :Mais il n'eft rie plus vrai que c'e-itoit vne chofe cotrouuée que tel¬le reuelation delà déeffe laquelleil mettoit en auant , fi d'auentureil n'entendoit par fa déeffe fa grâ¬ce , ainfi que voluntiers ks nom¬ment ks amoureus affectionnez:

S ECOND DI AtO.<

aufquels il n'eftok permis en au¬cune forte de trafiquer nt défai¬re au tre ceuure quelconque entrele peupk,& fut luy qui diuifa l'anen douze parties. Et à celk-fin dedonner plus de lieu à fès inftitu-tions & de tenir ks Romains envue plus grand' crainte fous le pretexte d'vne diuinité,il leur don-noit à entédre que toutes ks nuisil fe trouuoit auecques b déefïë.AEgerie:& que par fon confeil Se

auertifkment il ordonnoit les fa¬crifices qu'il cognoiflbit eftre a-greables aus Dieus immortels :Mais il n'eft rie plus vrai que c'e-itoit vne chofe cotrouuée que tel¬le reuelation delà déeffe laquelleil mettoit en auant , fi d'auentureil n'entendoit par fa déeffe fa grâ¬ce , ainfi que voluntiers ks nom¬ment ks amoureus affectionnez:

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 394: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

r DV DEMOCRITIC. ï8$Neantnioins jlk faifoit pour vnebonne fin qui eftoit pour retirerle peuple Romain encores pourlors rude & brutal d'vne trop gra¬de affection qu'il auoit aus guer¬res^ l'induire à quelque vénéra¬tion delà diuinité: Et telle a tou¬fiours efté la couftume de ceusqui ont voulu eftablir ioix,& in¬troduire nouuelks couftumes ausvilles, ou à tout vn peuple , c'eft a-direde raporter toutes leurs in-ftitutions à quelque particulière& affectée diuinité , à celle finqu'en les faifant plus foigneufe-ment garder comme faintes &mieus approuuees , ils en acquit-fent par ce moyen vne plus gran¬de & perdurable mémoire. Ainfienvfa Licurge Roy des Lacede-moniens & grand Philofophe,ra-ponât les fiennes à ApollomAinfi

£B iiij

r DV DEMOCRITIC. ï8$Neantnioins jlk faifoit pour vnebonne fin qui eftoit pour retirerle peuple Romain encores pourlors rude & brutal d'vne trop gra¬de affection qu'il auoit aus guer¬res^ l'induire à quelque vénéra¬tion delà diuinité: Et telle a tou¬fiours efté la couftume de ceusqui ont voulu eftablir ioix,& in¬troduire nouuelks couftumes ausvilles, ou à tout vn peuple , c'eft a-direde raporter toutes leurs in-ftitutions à quelque particulière& affectée diuinité , à celle finqu'en les faifant plus foigneufe-ment garder comme faintes &mieus approuuees , ils en acquit-fent par ce moyen vne plus gran¬de & perdurable mémoire. Ainfienvfa Licurge Roy des Lacede-moniens & grand Philofophe,ra-ponât les fiennes à ApollomAinfi

£B iiij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 395: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

. ' - S) E C p N D D-I A t O.

Pracon & Solon çnuers les Athe-nien.sà Minerue: Et Minos beau¬coup plus ancien que ce-us-ci, qui.hanta par l'cfpace de neuf ans vnvieil antre côfacié à Iuppitet poury machiner ks loix tout à loifir,a»près ks auoir fignifiées en Crettçil les refera pareillemét àluppiter;Tïirnegifte en EgiptèàMercure;Zproaftre en b contrée des Barctfiék>à Oromafe;Carôde en Car»tage à Saturne; Zamolche en Scy-thie àb déeffe Vefta. De dire queMoyfe en ait fait autât Se qu'il fefoit apofté vne diuinité corne lesaucxesjc'eft vne chofe tant rrjéchâte Si deteftable que tant s'en -faut.qu'ô bdoiye fouftenjr, qu'elle nedort pAS fortir hors de la bouchedes fidèlks en quelque forte quece foit/combié qu'ily en ait pourkiourd'huy d'abâdonnez & pet-

. ' - S) E C p N D D-I A t O.

Pracon & Solon çnuers les Athe-nien.sà Minerue: Et Minos beau¬coup plus ancien que ce-us-ci, qui.hanta par l'cfpace de neuf ans vnvieil antre côfacié à Iuppitet poury machiner ks loix tout à loifir,a»près ks auoir fignifiées en Crettçil les refera pareillemét àluppiter;Tïirnegifte en EgiptèàMercure;Zproaftre en b contrée des Barctfiék>à Oromafe;Carôde en Car»tage à Saturne; Zamolche en Scy-thie àb déeffe Vefta. De dire queMoyfe en ait fait autât Se qu'il fefoit apofté vne diuinité corne lesaucxesjc'eft vne chofe tant rrjéchâte Si deteftable que tant s'en -faut.qu'ô bdoiye fouftenjr, qu'elle nedort pAS fortir hors de la bouchedes fidèlks en quelque forte quece foit/combié qu'ily en ait pourkiourd'huy d'abâdonnez & pet-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 396: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. l85dus iufques à b qu'ils ne biffentpas de s'engoufrer en l'abime devne fi dâgereufe& damnablex>pinion: Maispbifeàla fouuerainebonté, guide de nous tous, de ksretirer de ce peril auquel ils flot¬tent tant! pernicieufçment, & ksremettre en b vraye voie de falut.Nous debifferons pour cette heure de parler d'auantage de ces miferabks, Se retournerons aus fau->

ces fuperflitions anciennes & àleurs inuenteurs, entrekfquels ils'en eft trouue de tant affectez àl'immortalité qu'eus mefmes fefont voulu faire cftimer Dieus,voire iufques à ne craindre pointla mort pour accomplir leur fol&tranfporté defir. L'exemple en eftaffezeuidente en b perfonne deEmpedock , lequel affectant debiffer l'opinion de luy enuers le

DV DEMOCRITIC. l85dus iufques à b qu'ils ne biffentpas de s'engoufrer en l'abime devne fi dâgereufe& damnablex>pinion: Maispbifeàla fouuerainebonté, guide de nous tous, de ksretirer de ce peril auquel ils flot¬tent tant! pernicieufçment, & ksremettre en b vraye voie de falut.Nous debifferons pour cette heure de parler d'auantage de ces miferabks, Se retournerons aus fau->

ces fuperflitions anciennes & àleurs inuenteurs, entrekfquels ils'en eft trouue de tant affectez àl'immortalité qu'eus mefmes fefont voulu faire cftimer Dieus,voire iufques à ne craindre pointla mort pour accomplir leur fol&tranfporté defir. L'exemple en eftaffezeuidente en b perfonne deEmpedock , lequel affectant debiffer l'opinion de luy enuers le

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 397: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND D IA10.

commun,qu'il auoit efté par quelquespoftes &r courriers debffuscnleué tout chauffe & veftu à ladextre du haut-tonnant vn peuplus doucement que celuy qui eftenregiftré foknnelkment, feiet-ta luy-mefme dedans le goufred'AEtne montagne pour lors brufiante à l'occafion d'vne certainenature fulphurée &glutineufe quiii'eftoit encores pour lors toutecpnfommée:Maisk pauurelour-daut biffa de nulencontre tom¬ber vne de fes pantoufles d'arainqui fut trouuée à b gueule de cegoufre brufbnt , & par ce moyenfa brauc & glorieufê entreprifedécouucrte. le cosmophi.le voudroy fort fçauoir en quelleqftime eftoyent le tems paffé tousces beaus kgifiateurs, & fi k mondeeftoit pour lors fi ctoufedcte-

SECOND D IA10.

commun,qu'il auoit efté par quelquespoftes &r courriers debffuscnleué tout chauffe & veftu à ladextre du haut-tonnant vn peuplus doucement que celuy qui eftenregiftré foknnelkment, feiet-ta luy-mefme dedans le goufred'AEtne montagne pour lors brufiante à l'occafion d'vne certainenature fulphurée &glutineufe quiii'eftoit encores pour lors toutecpnfommée:Maisk pauurelour-daut biffa de nulencontre tom¬ber vne de fes pantoufles d'arainqui fut trouuée à b gueule de cegoufre brufbnt , & par ce moyenfa brauc & glorieufê entreprifedécouucrte. le cosmophi.le voudroy fort fçauoir en quelleqftime eftoyent le tems paffé tousces beaus kgifiateurs, & fi k mondeeftoit pour lors fi ctoufedcte-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 398: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D V DEMOCRITIC. l$Jnebres qu'il ne découuric bienleurs abus, le democrit. Ileft tout afkuré qu'entre les igna¬res Si brutaus cela eftoit le nue usreceu du môde,mais de tout temsil y a eu de gês doctes & de fi bonefprit qu'ils n'ont iamais rie vou¬lu rectuoir de telles bourdes &fauceserreus.LE cosmophj.L E.Ie te prie compagnon di moyqui ont efté ces vénérables mi¬gnons. le d e mo c ri. le ne teparlerai de ce galant d'Eptcurequi appelloit ks dieus raonnogrimes, ni d'vn autre nombre infinide Philofophes qui Pont enfuiuy,veu que tels contes fon trop vul¬gaires , ce me fera affez de te re-fraichirb mémoire de quelquesvns & des principaus qui ont voulu renuerfer toute b fupeiftitioudes faus Dieus,amfi que fut Car»

D V DEMOCRITIC. l$Jnebres qu'il ne découuric bienleurs abus, le democrit. Ileft tout afkuré qu'entre les igna¬res Si brutaus cela eftoit le nue usreceu du môde,mais de tout temsil y a eu de gês doctes & de fi bonefprit qu'ils n'ont iamais rie vou¬lu rectuoir de telles bourdes &fauceserreus.LE cosmophj.L E.Ie te prie compagnon di moyqui ont efté ces vénérables mi¬gnons. le d e mo c ri. le ne teparlerai de ce galant d'Eptcurequi appelloit ks dieus raonnogrimes, ni d'vn autre nombre infinide Philofophes qui Pont enfuiuy,veu que tels contes fon trop vul¬gaires , ce me fera affez de te re-fraichirb mémoire de quelquesvns & des principaus qui ont voulu renuerfer toute b fupeiftitioudes faus Dieus,amfi que fut Car»

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 399: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

* -t S-BC OND DIÂIO. f

h'iC& Roy' de Perfe:, lequel àyanfKibii^gUé le- pays" d'Egipte ou iltreuiià vu- fcempîê dë-VulcahVà-pres auoir bien regardé de touscoftesb gentile fingubritéde fonfimulacrell commença fort à s'enTnqquef deUaiit- vn-chadùnV II y"

âuôit'fiàreilkment éii 'Egipte 'letemple des Dkus caberiehs, -de¬dans lequel il n'eftOit ipermis à*

hômniè du 'monde d'yentrer forsqu'an grand preftre, fi on ne vou¬loir cantfeUenir 3 blo'y; & toute¬fois il y emrâ de force , & après1

âuoir fait vnegrâdeTifeede-tou-ites les idoles -qu'il- y' rfotiua il le*fit grifkr-gâilbrdement dedans*vn beau radier de feu.; LE' c 0 s-mophi l e. Auffi en fuc-ilbieiipuni , car il tomboitdu haut malqui eft vne efpece de fage, 6c auecques cela il n'auoit pas le cerueau

* -t S-BC OND DIÂIO. f

h'iC& Roy' de Perfe:, lequel àyanfKibii^gUé le- pays" d'Egipte ou iltreuiià vu- fcempîê dë-VulcahVà-pres auoir bien regardé de touscoftesb gentile fingubritéde fonfimulacrell commença fort à s'enTnqquef deUaiit- vn-chadùnV II y"

âuôit'fiàreilkment éii 'Egipte 'letemple des Dkus caberiehs, -de¬dans lequel il n'eftOit ipermis à*

hômniè du 'monde d'yentrer forsqu'an grand preftre, fi on ne vou¬loir cantfeUenir 3 blo'y; & toute¬fois il y emrâ de force , & après1

âuoir fait vnegrâdeTifeede-tou-ites les idoles -qu'il- y' rfotiua il le*fit grifkr-gâilbrdement dedans*vn beau radier de feu.; LE' c 0 s-mophi l e. Auffi en fuc-ilbieiipuni , car il tomboitdu haut malqui eft vne efpece de fage, 6c auecques cela il n'auoit pas le cerueau

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 400: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITICi l88Ibrtbien arrefté". le .d e m o4crui C* Pourk moinsles fots:dèfontems k penfoyent àmfi'&raportoyét cette maladie qui luyeftoit naturelle à vne punition di¬urne, comme fi telle quanailk deDieus , & faus fimtibcres euffentçu b force & puiffanre de fe van-ger des tors .qu'on leur faifoit t.

Quant eft de ce qu'il eftoit eftiméfol,ie croi cela bien aifeinét,maisque tu entëdcs à Pendroitde ceusqui cftoyent abeftis de telles louederies: Auffi enuers tels excelkns& illuftres perfonnages vrte per-fbnnéde bôiefprit feraelk iamaisà peineeftimée autre quefok&tranfportée de cerueau? Il en a euvn autre nommé Denis, natif deSiracufe qui ti'eftoit pas moinscognoiffant telle manière d'abusque Cambife fus-meniionnc,car

DV DEMOCRITICi l88Ibrtbien arrefté". le .d e m o4crui C* Pourk moinsles fots:dèfontems k penfoyent àmfi'&raportoyét cette maladie qui luyeftoit naturelle à vne punition di¬urne, comme fi telle quanailk deDieus , & faus fimtibcres euffentçu b force & puiffanre de fe van-ger des tors .qu'on leur faifoit t.

Quant eft de ce qu'il eftoit eftiméfol,ie croi cela bien aifeinét,maisque tu entëdcs à Pendroitde ceusqui cftoyent abeftis de telles louederies: Auffi enuers tels excelkns& illuftres perfonnages vrte per-fbnnéde bôiefprit feraelk iamaisà peineeftimée autre quefok&tranfportée de cerueau? Il en a euvn autre nommé Denis, natif deSiracufe qui ti'eftoit pas moinscognoiffant telle manière d'abusque Cambife fus-meniionnc,car

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 401: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DÏALO.

le plus de fon plaifir eftoit- à fôrailler & gaudir de telles foies fu-»

perftitions, de fqrtequ'vne fois>

après auoir pillé tout le threfcuPdu temple confacré à Proferpintfen la ville de Locres, & que skftâtfmisfurner il eut le vent à gréât*poffibk, en ce riant il dit à ceusqui eftoyent auecques luy : Voicavous au moins mes amis commetlesDkus immortels donnent vneheureufe nauigation aus facrik-.ges? Quelque-fois pareillementayanrdcchargé ïuppiter l'Olym¬pien d'vn manteau de drap d'orfortpefant , & dont il auoît efteornépar Hieron Roy de Siracu-fe, pour fa part du butin qui luyeftoit écheu de b défpôuilk desCartaginiens , il luy en rendit vnautre de bine,difant,qu'vn man¬teau de drap d'or eftoit trop ern-

SECOND DÏALO.

le plus de fon plaifir eftoit- à fôrailler & gaudir de telles foies fu-»

perftitions, de fqrtequ'vne fois>

après auoir pillé tout le threfcuPdu temple confacré à Proferpintfen la ville de Locres, & que skftâtfmisfurner il eut le vent à gréât*poffibk, en ce riant il dit à ceusqui eftoyent auecques luy : Voicavous au moins mes amis commetlesDkus immortels donnent vneheureufe nauigation aus facrik-.ges? Quelque-fois pareillementayanrdcchargé ïuppiter l'Olym¬pien d'vn manteau de drap d'orfortpefant , & dont il auoît efteornépar Hieron Roy de Siracu-fe, pour fa part du butin qui luyeftoit écheu de b défpôuilk desCartaginiens , il luy en rendit vnautre de bine,difant,qu'vn man¬teau de drap d'or eftoit trop ern-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 402: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. l8ppéchant pour l'efté, & trop froidlpour l'hiucr , mais que cettuy-la de laine qu'il luy auoit don¬né encontréchâge luy feroit tropmieus feant & plus commodepour l'vne & l'autre faifon. Ice-ïuy Denis s'eftant vne fois em¬paré des tables d'or & d'argentdédiées aus temples , deflus kf-quelles il eftoit efcrit, les ta¬bles DES BONS DUVS,Il tefmoigna comme il vouloievfet de la bonté des Dkus. Dia-gore Philofophe fort fçanant quinioit pareillement tous ces fausDieus des antiques , fè trouuavne fois en Samothrace auec¬ques vn fien ami , lequel ayancvouloir de k retirer dételle opi¬nion luy monftra grand nombrede tabkaus qui faifoyent foy de

DV DEMOCRITIC. l8ppéchant pour l'efté, & trop froidlpour l'hiucr , mais que cettuy-la de laine qu'il luy auoit don¬né encontréchâge luy feroit tropmieus feant & plus commodepour l'vne & l'autre faifon. Ice-ïuy Denis s'eftant vne fois em¬paré des tables d'or & d'argentdédiées aus temples , deflus kf-quelles il eftoit efcrit, les ta¬bles DES BONS DUVS,Il tefmoigna comme il vouloievfet de la bonté des Dkus. Dia-gore Philofophe fort fçanant quinioit pareillement tous ces fausDieus des antiques , fè trouuavne fois en Samothrace auec¬ques vn fien ami , lequel ayancvouloir de k retirer dételle opi¬nion luy monftra grand nombrede tabkaus qui faifoyent foy de

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 403: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

« ' SECOND DIAIO.plufieurs , Jefqiiels après "s'eftrevouez, & recomrnâdezaus Dieusauoyent( ce difoit) par ce moyeneuitéb tempcfte & pris terre mi-racukufement , deliurez du pé¬ril Si naufrage ou ils fuffent péris,fans le fecours diuin: Et alors cemignon refpondit en foufriant &fê moquâtde b fimplicité de l'au¬tre, CÔTnentkft-ce tout cela quetu me veus conter? Tu ne me disBien denouueau : Ne vois-tu paspauure home cômét il n'eft pointfait mention en cesnionumésicide ceus qui ont efté notez après

' auoir fait kurs vceus?Iceluiphilofophe eftoit auifi vne fois fus nierou il fe kua vne fort grande tour-méte pourkmoinsaufTi tépeftueufe que celle qucPâtagruel acopa-gné de fon Panurge & frère lean

des

« ' SECOND DIAIO.plufieurs , Jefqiiels après "s'eftrevouez, & recomrnâdezaus Dieusauoyent( ce difoit) par ce moyeneuitéb tempcfte & pris terre mi-racukufement , deliurez du pé¬ril Si naufrage ou ils fuffent péris,fans le fecours diuin: Et alors cemignon refpondit en foufriant &fê moquâtde b fimplicité de l'au¬tre, CÔTnentkft-ce tout cela quetu me veus conter? Tu ne me disBien denouueau : Ne vois-tu paspauure home cômét il n'eft pointfait mention en cesnionumésicide ceus qui ont efté notez après

' auoir fait kurs vceus?Iceluiphilofophe eftoit auifi vne fois fus nierou il fe kua vne fort grande tour-méte pourkmoinsaufTi tépeftueufe que celle qucPâtagruel acopa-gné de fon Panurge & frère lean

des

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 404: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. I£0

des encomeifrés, euada à forcé daIVoir e, de crier Se de iurer, & alorsk panure Diabk dâ Diagdre fe;

votât accufé d-e^autres1 qui-efloictfauecques luy dedâ-s v n n>e fine va iffcau, comme s'il euft efté b feulo& principale occafiondeb tour-mente,én ffe moquant d'eus il leurmonftra vne autre grande fi«tr0de nauires qui eftoient eri mefine5péril, 3c four dcmai-ida , «'hVpeivtfbict queDbgorefut-ert'vhr t?!îà-cime de eesnauires.lL e lésioiN'eft-ce paslui qui ofa k premiereferire qu'il ne cognoiffoit poinetous ce$ finis Die us controuués,&cju'ilne fçauoit de quelle Cou¬

leur ils eftbkt!t?L e demo-cri,C'eft cettui-là-,& pour cette occa*fion ilfutchaffédesAthenics quicondamnèrent pareillement So-crateàb mort, pour autant qif il

CC

DV DEMOCRITIC. I£0

des encomeifrés, euada à forcé daIVoir e, de crier Se de iurer, & alorsk panure Diabk dâ Diagdre fe;

votât accufé d-e^autres1 qui-efloictfauecques luy dedâ-s v n n>e fine va iffcau, comme s'il euft efté b feulo& principale occafiondeb tour-mente,én ffe moquant d'eus il leurmonftra vne autre grande fi«tr0de nauires qui eftoient eri mefine5péril, 3c four dcmai-ida , «'hVpeivtfbict queDbgorefut-ert'vhr t?!îà-cime de eesnauires.lL e lésioiN'eft-ce paslui qui ofa k premiereferire qu'il ne cognoiffoit poinetous ce$ finis Die us controuués,&cju'ilne fçauoit de quelle Cou¬

leur ils eftbkt!t?L e demo-cri,C'eft cettui-là-,& pour cette occa*fion ilfutchaffédesAthenics quicondamnèrent pareillement So-crateàb mort, pour autant qif il

CC

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 405: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIAL0.

vouloir contreuenir à kurs fuper-ftitieufes chimagrées par vne nouuelle religion qu'ils difoient eftremeilleure. L e cosmo phi. Ilseftoient moult affectés à leurs fo¬ies peifuafions. i e democri.Commet affectés! ils eftoient fotsiufques à là, qu'eftans vne fois endoute duquel des deus ils feraientvne Minerue, ou d'iuoire ou demarbre, & que k peintre Phidiedit qu'elle deuoit pluftoft eftre demarbre, pour-autantque la blan¬cheur &polliffureen durerait pluslonguement , ce peintre fut tref-bien ouy:Mais quand il luy efcha-pa de dire qu'elle en feroit aufUplus vile, incontinent ils fe fçan-dalizerent foit de tels propos, Se

deflors luy fermèrent b bouche a-uecques exprès commandemês deM'en parler plus .le cosmo p.

SECOND DIAL0.

vouloir contreuenir à kurs fuper-ftitieufes chimagrées par vne nouuelle religion qu'ils difoient eftremeilleure. L e cosmo phi. Ilseftoient moult affectés à leurs fo¬ies peifuafions. i e democri.Commet affectés! ils eftoient fotsiufques à là, qu'eftans vne fois endoute duquel des deus ils feraientvne Minerue, ou d'iuoire ou demarbre, & que k peintre Phidiedit qu'elle deuoit pluftoft eftre demarbre, pour-autantque la blan¬cheur &polliffureen durerait pluslonguement , ce peintre fut tref-bien ouy:Mais quand il luy efcha-pa de dire qu'elle en feroit aufUplus vile, incontinent ils fe fçan-dalizerent foit de tels propos, Se

deflors luy fermèrent b bouche a-uecques exprès commandemês deM'en parler plus .le cosmo p.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 406: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC ïpt

Vraiementtu me parles de gransJourdaus, Mais encores quand ieconfidere bien à ceus qui vouloiécentièrement contreuenir ausfta-tus&loix de telles religions en¬cores qu'elles fuffent fauces,ie neles trouue pas moins à reprendreque ceus qui les auoient premie-remét impofées, veu que c'eft vnedes chofêsdesplus pernicieufes dumonde que de bifkr courir & va¬guer ce fot Se inconftant vulgaireauecques vnfi grand abandon &liberté, auquel il eft quelque-foisnecefïaire de douer vne bride pourle contraindre de faire par forcece, à quoy ks honneftes &brjuesefpris font guidés parla vertu. L eD e m o c R i.Ton opinion eft fortbone en cet endroit, car il eft toutcertain que fi 1 homme (animantfus tous ks autres crées de b na-

CC ij

DV DEMOCRITIC ïpt

Vraiementtu me parles de gransJourdaus, Mais encores quand ieconfidere bien à ceus qui vouloiécentièrement contreuenir ausfta-tus&loix de telles religions en¬cores qu'elles fuffent fauces,ie neles trouue pas moins à reprendreque ceus qui les auoient premie-remét impofées, veu que c'eft vnedes chofêsdesplus pernicieufes dumonde que de bifkr courir & va¬guer ce fot Se inconftant vulgaireauecques vnfi grand abandon &liberté, auquel il eft quelque-foisnecefïaire de douer vne bride pourle contraindre de faire par forcece, à quoy ks honneftes &brjuesefpris font guidés parla vertu. L eD e m o c R i.Ton opinion eft fortbone en cet endroit, car il eft toutcertain que fi 1 homme (animantfus tous ks autres crées de b na-

CC ij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 407: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND d ial o.

turc k plus libre en fottes apre-henfions)n'eftoit refréné de quel¬que crainte, cette police qui efttant neceffaire pour noftre cofcr-nation feroit entieremet renuer»fée Se mife deffus-delfous , telle¬ment que nous ferions.encores ehpire eitat que nous n'eftions du ..

temps de la coufufion dupremietchaos,qui eft vnpoinct ce nie ferh-

bk afses fuffifant pour renucrfetvne bonne partie de noi1uelks&abhom niables fcctesqui courentpour le iourd'huy à lendtoit de iene fçai quels pernicieus & natu¬ralises libertins, le cosmop.Ho ks méchans I Vokz i ce fontde, ces no miellés- feétcs qui courespour k- iourd'huy en noftre reli+ ,

gion chteftknne. le d e mo c.C'eft vn vrai ahifine que tout cela-le cosmo p. Mais ie te prie de

SECOND d ial o.

turc k plus libre en fottes apre-henfions)n'eftoit refréné de quel¬que crainte, cette police qui efttant neceffaire pour noftre cofcr-nation feroit entieremet renuer»fée Se mife deffus-delfous , telle¬ment que nous ferions.encores ehpire eitat que nous n'eftions du ..

temps de la coufufion dupremietchaos,qui eft vnpoinct ce nie ferh-

bk afses fuffifant pour renucrfetvne bonne partie de noi1uelks&abhom niables fcctesqui courentpour le iourd'huy à lendtoit de iene fçai quels pernicieus & natu¬ralises libertins, le cosmop.Ho ks méchans I Vokz i ce fontde, ces no miellés- feétcs qui courespour k- iourd'huy en noftre reli+ ,

gion chteftknne. le d e mo c.C'eft vn vrai ahifine que tout cela-le cosmo p. Mais ie te prie de

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 408: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV -DEMOCRITIC. 1ÇZ

grâce di moy vn peu ce qu'il tefemble de telle manière de chri*ftaudins .le démo. Quant eftde b grade dhierfité des fectes re-prouuécsqui ont efté & font en¬cores pour le iourd'huy en noftrefoy , ie ne t'en ferai.point d'autremention, pourautlt que k diablaeft fifubtil qu'il fait quelqué-foifJtédre vn filé à'Cettui-làqui s'y trouuék premier pris: ioint que c'eftvne chofe qui me fenibk fort Iourde Se- de laquelle on Ce pafferoitbien à vnbefoing de s'aller ropreb tefte après fes quertions tropo-logiquement anagogiques, veuqu'il fuffit de croire comme nosanciés pères fans s'opiniatrer tâtà efpoufer des opinions qui fontmourir ks gens à crédit. le cos¬mo p h I . le croi que tu voudrasprefqitc eftre fembbbleà ce bon

CC iij

DV -DEMOCRITIC. 1ÇZ

grâce di moy vn peu ce qu'il tefemble de telle manière de chri*ftaudins .le démo. Quant eftde b grade dhierfité des fectes re-prouuécsqui ont efté & font en¬cores pour le iourd'huy en noftrefoy , ie ne t'en ferai.point d'autremention, pourautlt que k diablaeft fifubtil qu'il fait quelqué-foifJtédre vn filé à'Cettui-làqui s'y trouuék premier pris: ioint que c'eftvne chofe qui me fenibk fort Iourde Se- de laquelle on Ce pafferoitbien à vnbefoing de s'aller ropreb tefte après fes quertions tropo-logiquement anagogiques, veuqu'il fuffit de croire comme nosanciés pères fans s'opiniatrer tâtà efpoufer des opinions qui fontmourir ks gens à crédit. le cos¬mo p h I . le croi que tu voudrasprefqitc eftre fembbbleà ce bon

CC iij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 409: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIALO.

compagnon, lequel aiant efté vnefois inuité d'vn certain docteuralla difner auecques luy , Se aprèsauoir vn peu enfonce & raniméfes efpris vitaus prefque tous per-clus,dc quelque bon vin de Beau-ne, k cerneau luy commençant àéchaufer & fa langue à fe déploierplus libremét qu'auparauât (ainfique c'eft l'opération couftumkredu vin de rédte les perfonnes plutlibres & iokufes en parolles ) illuy efchapa par manière de raille¬rie de dite quelque propos de bTrinité vn peu fcabreus & de mauuaife digeltion, dont le docteurtout mal édifie devoir ainfi tenir(ce luy eftoit aduis) tant peu deconte des faintscanons,commen-ça pareillement de fon coftéà s'é-chaufer en fon harnois, & de pro»tefter d'iniurc faite à la foy dire»

SECOND DIALO.

compagnon, lequel aiant efté vnefois inuité d'vn certain docteuralla difner auecques luy , Se aprèsauoir vn peu enfonce & raniméfes efpris vitaus prefque tous per-clus,dc quelque bon vin de Beau-ne, k cerneau luy commençant àéchaufer & fa langue à fe déploierplus libremét qu'auparauât (ainfique c'eft l'opération couftumkredu vin de rédte les perfonnes plutlibres & iokufes en parolles ) illuy efchapa par manière de raille¬rie de dite quelque propos de bTrinité vn peu fcabreus & de mauuaife digeltion, dont le docteurtout mal édifie devoir ainfi tenir(ce luy eftoit aduis) tant peu deconte des faintscanons,commen-ça pareillement de fon coftéà s'é-chaufer en fon harnois, & de pro»tefter d'iniurc faite à la foy dire»

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 410: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC ipj

ftienne. Et ce difoit il en fe rcbraffant iufques au coude,foufflant a-uecques vn froncemét de narines& de paupières, & par pofes écu-mant , treffuant & fe mordant kskures de rage , frapant des mainsSi des pieds tout enfemble, preft à

fortir de table, fi l'autre ne l'apai-fant de careffes & belles parollesne luy eut dir.Ha monfieurnoflremaiftre ne vous courroucez pointie vous en prie, comment ! Iefus,de par-Dieu penfericz vous bienque i'entreprinfe de fouftehir vnetelle opinion que ie n'ai feukmétdittc que par manière de paffe-tems ? O k bonDieu i cftimeriezvous que ie me voufifk faire bruf-ler fus cette querelle ? Vraimentce feroit bien à grand tort , noftremaiftre mon amy,fi vous le péfiezainfi : car deuant que d'entrer au

CC iiij

DV DEMOCRITIC ipj

ftienne. Et ce difoit il en fe rcbraffant iufques au coude,foufflant a-uecques vn froncemét de narines& de paupières, & par pofes écu-mant , treffuant & fe mordant kskures de rage , frapant des mainsSi des pieds tout enfemble, preft à

fortir de table, fi l'autre ne l'apai-fant de careffes & belles parollesne luy eut dir.Ha monfieurnoflremaiftre ne vous courroucez pointie vous en prie, comment ! Iefus,de par-Dieu penfericz vous bienque i'entreprinfe de fouftehir vnetelle opinion que ie n'ai feukmétdittc que par manière de paffe-tems ? O k bonDieu i cftimeriezvous que ie me voufifk faire bruf-ler fus cette querelle ? Vraimentce feroit bien à grand tort , noftremaiftre mon amy,fi vous le péfiezainfi : car deuant que d'entrer au

CC iiij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 411: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

k * S E C£>ND JD I AL O. .

Yeu ,-fi ce «'eftoit afiez d'vne Tri¬nité ie confèfferpis pluftpft vnequaternitç.jLE p e m o- Ha non,«on ie ne voudrai pas eftre de cesgens là, carquant auspoinéis quiconcerner ks articles de foy il n'yfaut-pas paffer o.ntrepopr/craiptede la mort , mai.s'tpuehant vn tasde petites, particubritçz forgéesÀ l'appetit deie ne fçâi quels iloiir-ueausimpofteurs, tout cela, n'eftqu'vne fumée qui ne fera que paf¬fer : Si pour-autant n'efi-ce queiîmple folie à tous ceus qui s'y enjbrouillent penfansbié, auoir gai-g-névn poinct fus nos anceftres,le -c o s M.Abonefcient iecroyque tuert disçequi en eft, aufliauoient ils. l'anse meilleure quenous n'auôs pas pour le iourd'huiquelque ckofe que l'on en vueilledirevLE d e m o c. R i..Or Dieu les

J >

k * S E C£>ND JD I AL O. .

Yeu ,-fi ce «'eftoit afiez d'vne Tri¬nité ie confèfferpis pluftpft vnequaternitç.jLE p e m o- Ha non,«on ie ne voudrai pas eftre de cesgens là, carquant auspoinéis quiconcerner ks articles de foy il n'yfaut-pas paffer o.ntrepopr/craiptede la mort , mai.s'tpuehant vn tasde petites, particubritçz forgéesÀ l'appetit deie ne fçâi quels iloiir-ueausimpofteurs, tout cela, n'eftqu'vne fumée qui ne fera que paf¬fer : Si pour-autant n'efi-ce queiîmple folie à tous ceus qui s'y enjbrouillent penfansbié, auoir gai-g-névn poinct fus nos anceftres,le -c o s M.Abonefcient iecroyque tuert disçequi en eft, aufliauoient ils. l'anse meilleure quenous n'auôs pas pour le iourd'huiquelque ckofe que l'on en vueilledirevLE d e m o c. R i..Or Dieu les

J >

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 412: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC Ip4

cueille; tenir en paix &nousamé-der. le c o s m o. Maisàpropps.de ces fauffes fectes nous n'auons.point parlé de la principale quieft celle de Mahomet, le d e m.Comment! de ce voleur,de ce lar-Ton , de ce brigant , de ce pipeur,.as-çu enuie d'en fçauoir? le Cos-m o . He mon aniyipouracheucrb farce, ie te prk di m'en quel¬que chofe. l e n e m o . Et certesfi ferai-ie : premièrement il faut^que tu notes que tout k côméce-xnent de b belle vie de Mahometmacbinet ou maginet ce m'efttout vn », aufsi bien tour n'en vautrien, futrà dérober de tous coftez.ou il en ppuuoic griper , Si puis e-ûant par ie ne fçai quel deftin hazardeus entré en eftimé Si réputa¬tion enuersks fiens, il fe voulutméfier de corriger le magnificat,

DV DEMOCRITIC Ip4

cueille; tenir en paix &nousamé-der. le c o s m o. Maisàpropps.de ces fauffes fectes nous n'auons.point parlé de la principale quieft celle de Mahomet, le d e m.Comment! de ce voleur,de ce lar-Ton , de ce brigant , de ce pipeur,.as-çu enuie d'en fçauoir? le Cos-m o . He mon aniyipouracheucrb farce, ie te prk di m'en quel¬que chofe. l e n e m o . Et certesfi ferai-ie : premièrement il faut^que tu notes que tout k côméce-xnent de b belle vie de Mahometmacbinet ou maginet ce m'efttout vn », aufsi bien tour n'en vautrien, futrà dérober de tous coftez.ou il en ppuuoic griper , Si puis e-ûant par ie ne fçai quel deftin hazardeus entré en eftimé Si réputa¬tion enuersks fiens, il fe voulutméfier de corriger le magnificat,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 413: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIALO.

& auecques l'aide & confeil d'vncertain apoftatbâni nommé Ser-gien , homme pcrnicieus & enta¬ché de la fecte Neftorianne, il ra-ptaffa vne loy toute neufuc de vi¬eilles pièces d'herefies défia ver¬moulues, & mifes au rang des pé¬

chez effacez, & en prenât de tou¬tes chacû vn petit lopin Se du plusVrai fembbbkau iugcmét du vul¬gaire, il en radouba fon Alcoran

La <m- qUl gafte encores auiourd'hui vneviécbaie- des grandes partiesdu monde.tatté de au ce bcliftre & impofteur l'a bienbomtt. fçeumafquerdediffimubtiôsfein

tes, & trop plus deceuâtes que nefontlesdeguifemensdePlute in¬troduit auTimô de Lucian.Auec¬ques les Sabelliens il nioit la Tri¬nité, auecques l'erreur de Mani-checs il ne mettoit que le nombrededeuscnl'effencediuine, Auec-

SECOND DIALO.

& auecques l'aide & confeil d'vncertain apoftatbâni nommé Ser-gien , homme pcrnicieus & enta¬ché de la fecte Neftorianne, il ra-ptaffa vne loy toute neufuc de vi¬eilles pièces d'herefies défia ver¬moulues, & mifes au rang des pé¬

chez effacez, & en prenât de tou¬tes chacû vn petit lopin Se du plusVrai fembbbkau iugcmét du vul¬gaire, il en radouba fon Alcoran

La <m- qUl gafte encores auiourd'hui vneviécbaie- des grandes partiesdu monde.tatté de au ce bcliftre & impofteur l'a bienbomtt. fçeumafquerdediffimubtiôsfein

tes, & trop plus deceuâtes que nefontlesdeguifemensdePlute in¬troduit auTimô de Lucian.Auec¬ques les Sabelliens il nioit la Tri¬nité, auecques l'erreur de Mani-checs il ne mettoit que le nombrededeuscnl'effencediuine, Auec-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 414: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. I$5

ques Eumonien il nioit l'égalitédu Pcre & du Fils, Auecques Ma-cedonie il affermoit le faintEfpriteftre vne créature , Auecques k»Nicobites il prodiguoit le nom¬bre des femmes à qui en vouloir:Et à celk-fin de donner quelquechofe ans Iuifs & aus Chreftiensil prefehoit la circoncifio & le ba-ptefme, il approuuoit quelque¬fois le vieil Teftament , Se par en¬droits le reprouuoit:Quâd il s'auifoit il difoit du bié delefusChrift,l'appellant faint homme Se vertu-¤us,&k témoignoit auoir quel¬que participatiô de diuinité, blaf-mant ks Chreftiens comme fotsSe abufez de croire que le Chrifl«rcfaimédeDku& né delà Vier¬ge, eut voulu endurer tant d'i ni ti¬res & outrages des luifs , mefine-racm iufques à eftre ignominie u»

DV DEMOCRITIC. I$5

ques Eumonien il nioit l'égalitédu Pcre & du Fils, Auecques Ma-cedonie il affermoit le faintEfpriteftre vne créature , Auecques k»Nicobites il prodiguoit le nom¬bre des femmes à qui en vouloir:Et à celk-fin de donner quelquechofe ans Iuifs & aus Chreftiensil prefehoit la circoncifio & le ba-ptefme, il approuuoit quelque¬fois le vieil Teftament , Se par en¬droits le reprouuoit:Quâd il s'auifoit il difoit du bié delefusChrift,l'appellant faint homme Se vertu-¤us,&k témoignoit auoir quel¬que participatiô de diuinité, blaf-mant ks Chreftiens comme fotsSe abufez de croire que le Chrifl«rcfaimédeDku& né delà Vier¬ge, eut voulu endurer tant d'i ni ti¬res & outrages des luifs , mefine-racm iufques à eftre ignominie u»

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 415: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND D I A L O .

"fementlexecutéàvne.mort infâmeSi deshônefte.L-É cosmophi.Ha kpauure homme! il ne fça--uoitpasquenoftreSauueur eftoittoufiours venu en humilité &qu'ilfe faifoit ainfi petit & moquablepour noftre fauuemeut .le dé¬mo c.R i. Non, Non, il n'en fça-uoit rien, ou s'il le fçauoit le dia¬ble ne luy vouloitpas faire côfef-

La feule Cet.. h fi cosmophi. Certes ilreligion ,cft Dien aif(i à voir que toutes cesttreju- fauflfes religions (-excepté bno-ne eftre n . - " \ . 'feure & -lire ) ne font que bourdes , Si quevéritable -nous n'auons autre chofe à tenir

que lés écris, des anciens Prophè¬tes, &le-nouueauTeftament quinous aeftéprefchéparlefuChrift& fes difcipks,auecqi:iesks inter¬prétations des faints docteurs en-ce quieu a efté approuué par lavraie,& catholique Eglife,fuiuani

SECOND D I A L O .

"fementlexecutéàvne.mort infâmeSi deshônefte.L-É cosmophi.Ha kpauure homme! il ne fça--uoitpasquenoftreSauueur eftoittoufiours venu en humilité &qu'ilfe faifoit ainfi petit & moquablepour noftre fauuemeut .le dé¬mo c.R i. Non, Non, il n'en fça-uoit rien, ou s'il le fçauoit le dia¬ble ne luy vouloitpas faire côfef-

La feule Cet.. h fi cosmophi. Certes ilreligion ,cft Dien aif(i à voir que toutes cesttreju- fauflfes religions (-excepté bno-ne eftre n . - " \ . 'feure & -lire ) ne font que bourdes , Si quevéritable -nous n'auons autre chofe à tenir

que lés écris, des anciens Prophè¬tes, &le-nouueauTeftament quinous aeftéprefchéparlefuChrift& fes difcipks,auecqi:iesks inter¬prétations des faints docteurs en-ce quieu a efté approuué par lavraie,& catholique Eglife,fuiuani

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 416: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DVD EMOCRITI C iç6laquelle nous ne fçaurions fairechofe qui foit digne de reprehen-fionou moquerie,& au-contrairehors d'icelk: Tout homme n'eft,autre chofe que folie &vanité,canla parolkdeDieu vérifiée par PEglife fainte& fidelk, eft cela feulqui demeure à iamais fer.me& in-uiobble contre tous ks orages &calomnies du rems enuieus Si desmefehans : & au- contrai redoute»ks imientions humaines & fauf-fes herefies fe ruinent d'elles mef-mes & s'éuanouiffent aufsi toft»que kgierement & àb volée elle*ont eftéentreprifes. 'le b e m o.Or admfe donq' mon amy,fi celuyqui fepenfoit eftre vn tout félon:ks hommes, ne fa trounepas à la-

fin felôDieuefire moins que riéy& ainfi nous pou lions conclure a-uecques ce grand Prophète de la.

DVD EMOCRITI C iç6laquelle nous ne fçaurions fairechofe qui foit digne de reprehen-fionou moquerie,& au-contrairehors d'icelk: Tout homme n'eft,autre chofe que folie &vanité,canla parolkdeDieu vérifiée par PEglife fainte& fidelk, eft cela feulqui demeure à iamais fer.me& in-uiobble contre tous ks orages &calomnies du rems enuieus Si desmefehans : & au- contrai redoute»ks imientions humaines & fauf-fes herefies fe ruinent d'elles mef-mes & s'éuanouiffent aufsi toft»que kgierement & àb volée elle*ont eftéentreprifes. 'le b e m o.Or admfe donq' mon amy,fi celuyqui fepenfoit eftre vn tout félon:ks hommes, ne fa trounepas à la-

fin felôDieuefire moins que riéy& ainfi nous pou lions conclure a-uecques ce grand Prophète de la.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 417: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECOND DIAIO."race ïeffienne , Heureus celuy du¬quel l'efperâce eft au nom du Sei¬gneur Dieu Se qui ne s'eft pointarreftéaus vanités & fauffes reue-ricsdumode. le cosmophi.Certainement ie cognoi que tondire eft tresbon, &m'en vai toutmaintenant auecques deliberatiôde changer de fantafie & de ma¬nière de faire, Se t'affeure hardi¬ment de me reuoir au retour demonvoiage tout metamorphoféde compkxions: car ie délibère denie nourrir déformais tout autre¬ment que ie n'ai fait par le pafïé,& auoir en plus grand mtfpris &horreur ce qui m'a femblé autre¬fois k plus parfait & le plus beau:Que pleut à Dieu, que ie peuffevomir du plus profond du cueurlesenfeignemés de ces fots & fu-perftiticus amis du monde,d'au(Tî

SECOND DIAIO."race ïeffienne , Heureus celuy du¬quel l'efperâce eft au nom du Sei¬gneur Dieu Se qui ne s'eft pointarreftéaus vanités & fauffes reue-ricsdumode. le cosmophi.Certainement ie cognoi que tondire eft tresbon, &m'en vai toutmaintenant auecques deliberatiôde changer de fantafie & de ma¬nière de faire, Se t'affeure hardi¬ment de me reuoir au retour demonvoiage tout metamorphoféde compkxions: car ie délibère denie nourrir déformais tout autre¬ment que ie n'ai fait par le pafïé,& auoir en plus grand mtfpris &horreur ce qui m'a femblé autre¬fois k plus parfait & le plus beau:Que pleut à Dieu, que ie peuffevomir du plus profond du cueurlesenfeignemés de ces fots & fu-perftiticus amis du monde,d'au(Tî

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 418: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DV DEMOCRITIC. X$Jgrand courage que gloutement ieks ay deuorez,& auecque vne déctât chiennine & infatiabk,ce queie ferai s'ilm'eft pofsibk deuantqu'il foit peu de tems.Ce pendantie te remercierai de bié bon cueurde-quoy tu m'as deffillé les yeuxd'vne nuë' fi obfcure & tant efpef-fe d'abus & fauffes erreurs, me dé-couurantvnfokil tant ckr Se gracieus, qu'il ne fera iour de ma vieque ie ne m'en fente autant voireplus tenuàtoy qu'à cetuy-là quiniefmesa eflc Iacaufedemôprincipal eftre,duquel ie ne tiens quecette lourde maiTè tetreftre,& de-toy le comble de b perfection Se

naïf contentemét de mon efprit.Ormoncompagnon,mon amy,iem'en vai commencé à donner or¬dre tât au fouper qu'à l'équipagequi m eft nccefTaire pour me met-

DV DEMOCRITIC. X$Jgrand courage que gloutement ieks ay deuorez,& auecque vne déctât chiennine & infatiabk,ce queie ferai s'ilm'eft pofsibk deuantqu'il foit peu de tems.Ce pendantie te remercierai de bié bon cueurde-quoy tu m'as deffillé les yeuxd'vne nuë' fi obfcure & tant efpef-fe d'abus & fauffes erreurs, me dé-couurantvnfokil tant ckr Se gracieus, qu'il ne fera iour de ma vieque ie ne m'en fente autant voireplus tenuàtoy qu'à cetuy-là quiniefmesa eflc Iacaufedemôprincipal eftre,duquel ie ne tiens quecette lourde maiTè tetreftre,& de-toy le comble de b perfection Se

naïf contentemét de mon efprit.Ormoncompagnon,mon amy,iem'en vai commencé à donner or¬dre tât au fouper qu'à l'équipagequi m eft nccefTaire pour me met-

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 419: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

SECONDDIA. DV DEMO..

tre à chemin .le d e m oc R i.Sustentes chofes k te prierai de-bien noter au dort ôràl'ccil toutce qiiï fè prefentera deuât toy.du-rant ton voiage .le c o s M o-îHitt. le le ferai, Si principa¬lement en ce que ie cognoiftrai" eftre digne de te faire-'part.

LE D E M O C RÏTï"C . '

" Vaque Dieu te vueille' ' eftre fauorable tant

"' ' que l'argent &.bsatene t-epuil-fcntniâquer..

- - / > . «.'-' "- -

r>; -, \

FIN DES DIALOGVESDV DEMOCRITIC.

SECONDDIA. DV DEMO..

tre à chemin .le d e m oc R i.Sustentes chofes k te prierai de-bien noter au dort ôràl'ccil toutce qiiï fè prefentera deuât toy.du-rant ton voiage .le c o s M o-îHitt. le le ferai, Si principa¬lement en ce que ie cognoiftrai" eftre digne de te faire-'part.

LE D E M O C RÏTï"C . '

" Vaque Dieu te vueille' ' eftre fauorable tant

"' ' que l'argent &.bsatene t-epuil-fcntniâquer..

- - / > . «.'-' "- -

r>; -, \

FIN DES DIALOGVESDV DEMOCRITIC.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 420: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

Ip8

DE LA VANITE-DES HOMMES.

Tout ce que l'hommefiait,tout ce que

l'hommepenfiEn ce bas monde icy,

N'efiriequ vn vent legier,qùvne vai¬ne efperance

plaine d vn vamfiuct:Quepourrait il aufiifirttr que vanité

De nofire race humaine,Qufid cenefi autre chofe , a dire venté,

Sinon vne vmhre vaine?l'home mortel n'eft rien qttvnefim-

plefumeeQuipaffe toutfiudam:

Ce nef nen quvne poudre a tous vempromenée

Qw de ce cors humain.DD

Ip8

DE LA VANITE-DES HOMMES.

Tout ce que l'hommefiait,tout ce que

l'hommepenfiEn ce bas monde icy,

N'efiriequ vn vent legier,qùvne vai¬ne efperance

plaine d vn vamfiuct:Quepourrait il aufiifirttr que vanité

De nofire race humaine,Qufid cenefi autre chofe , a dire venté,

Sinon vne vmhre vaine?l'home mortel n'eft rien qttvnefim-

plefumeeQuipaffe toutfiudam:

Ce nef nen quvne poudre a tous vempromenée

Qw de ce cors humain.DD

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 421: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DELA VANITE

Oufipredra celuy tat cobléde richejjès

' Quifiit content dufien ?

Qui nefioufie enfin cueiir mille eymilledefirejfes

Pour augmenterfin bien ?

Maispauure home aueugle ne vjis-tuUs malheurs

Que cesgrans biens te braffint?Ne vois-tu les dagers,ey les triftes dou¬

leurs,Que tespalais embraffent ?

Ze riche volontiers toufiours du malendure,

Ditfiow,ty des trauaux :Etpuis lapauureté c'eft vne chofe dure

Regorgeante de maux,Tout n'est que vanité: carauft- bien

la mort<yf tous cefia mampale.

De terre,apres auoirfaitfins nomfin ef¬

fort,Nomsfierapart égalé.

DELA VANITE

Oufipredra celuy tat cobléde richejjès

' Quifiit content dufien ?

Qui nefioufie enfin cueiir mille eymilledefirejfes

Pour augmenterfin bien ?

Maispauure home aueugle ne vjis-tuUs malheurs

Que cesgrans biens te braffint?Ne vois-tu les dagers,ey les triftes dou¬

leurs,Que tespalais embraffent ?

Ze riche volontiers toufiours du malendure,

Ditfiow,ty des trauaux :Etpuis lapauureté c'eft vne chofe dure

Regorgeante de maux,Tout n'est que vanité: carauft- bien

la mort<yf tous cefia mampale.

De terre,apres auoirfaitfins nomfin ef¬

fort,Nomsfierapart égalé.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 422: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

D-ES no MME S. ipci

Quefirt donq aufiauant £auoir laconnoiffance

Dvnfiauwffitrefigrand,Et puis-qu'ilfaut qu'il meure auecques

JafitenceComme vn autre ignorant?

Son fiauoir ne luyfirt que de- cent

mille ennuisQjii rongentfi ceruclle,

Qui troublentfin repos ey les iours eyles nuictz^

D vne angoiffe éternelle.

Qui plus ha defiauoirplus dedans

fin courage

il nourrit de douleur:Lefçauoir neflfimqu'vne bourelle rage

Qut tourmente le cueur.

Zefç-iiiatpcfi bie viureparfis écritsD vne belle mémoire,

Et bien mille ans aprèsfit mortgaigwr-lepris

D vne immortellegloire.PV u'

D-ES no MME S. ipci

Quefirt donq aufiauant £auoir laconnoiffance

Dvnfiauwffitrefigrand,Et puis-qu'ilfaut qu'il meure auecques

JafitenceComme vn autre ignorant?

Son fiauoir ne luyfirt que de- cent

mille ennuisQjii rongentfi ceruclle,

Qui troublentfin repos ey les iours eyles nuictz^

D vne angoiffe éternelle.

Qui plus ha defiauoirplus dedans

fin courage

il nourrit de douleur:Lefçauoir neflfimqu'vne bourelle rage

Qut tourmente le cueur.

Zefç-iiiatpcfi bie viureparfis écritsD vne belle mémoire,

Et bien mille ans aprèsfit mortgaigwr-lepris

D vne immortellegloire.PV u'

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 423: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DE IA VANITE-l'autre veutplus hautain etemlzjrfia vie

Mourant Svn braue effort:

Mais, ie vouspry voyez. ' quelle éti-an¬

gefolie _

De viurepar la niort !Des autres laplufipart,quvfrfiboud

lant defirDe lagloire nepreffe,

Veullent en toutfidas , en ieux ey en

plaifirSe baigner en lieffe.

Ce leur, eft bien affez^ s'ilsgouftent les

blandices

D'vnefileputain,si elles ks dorlote,eyfi par ces délices

llXj dorment enfionfiin.Mais quelle vanité! d'efirefilachemtt

Engourdi depareffe,

De voir vn homme ainfidormirfi vai¬nement

Enyuréde mollefe !

DE IA VANITE-l'autre veutplus hautain etemlzjrfia vie

Mourant Svn braue effort:

Mais, ie vouspry voyez. ' quelle éti-an¬

gefolie _

De viurepar la niort !Des autres laplufipart,quvfrfiboud

lant defirDe lagloire nepreffe,

Veullent en toutfidas , en ieux ey en

plaifirSe baigner en lieffe.

Ce leur, eft bien affez^ s'ilsgouftent les

blandices

D'vnefileputain,si elles ks dorlote,eyfi par ces délices

llXj dorment enfionfiin.Mais quelle vanité! d'efirefilachemtt

Engourdi depareffe,

De voir vn homme ainfidormirfi vai¬nement

Enyuréde mollefe !

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 424: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DES HOMMES. lOp

\ytufii-bien cettui-U qui s'eft trop ilafemme

Paiement drrefié,^ilafin touthoteux n'e acquiert qu'vn

diffameRempli de vanité.

l'homme ne fiauroitprendre en vntour tant d'ébas,

Que deuant lafiiréeil ne die enfin cueurplus de cent fois,

helaslMaugréant la tournée

Et' le fol au rebours qui toufioursfitourmente

Pourpeu d'ocafion,

De luimefime bourreau vainement filamente

Comblé d'afliction.Maintpiqué vainement d'vn défit

trop extrême

Veut tout voir icy bas,

il veut cormoifirt tout : mais , legrandDD tij

DES HOMMES. lOp

\ytufii-bien cettui-U qui s'eft trop ilafemme

Paiement drrefié,^ilafin touthoteux n'e acquiert qu'vn

diffameRempli de vanité.

l'homme ne fiauroitprendre en vntour tant d'ébas,

Que deuant lafiiréeil ne die enfin cueurplus de cent fois,

helaslMaugréant la tournée

Et' le fol au rebours qui toufioursfitourmente

Pourpeu d'ocafion,

De luimefime bourreau vainement filamente

Comblé d'afliction.Maintpiqué vainement d'vn défit

trop extrême

Veut tout voir icy bas,

il veut cormoifirt tout : mais , legrandDD tij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 425: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DELA VAWITÏ '

fit, lui-mefineil nefi connoitpas.

Etmaint autre ne veut en aucunefiaifinEntreprendre voiage,

il ne defire nen,quefitd enfi maifionPenfierkfin ménage:

Et tous deus sot replh-d'vne vaine folie,Car l'vn mceffamment

Doute definfilut , l'autregennefit vieD'vnauare tourment.

Mille de leur bogréfi mettet au colierDu trompeur mariage:

Et les autres iamais nefi veullent lierEn ce trop longfiruage.

les vnspour leurs enfians ont en leurfiantafie

Mille mordansfiucis,Oit tourmétés envam d'vne apreiahufie

llz^pallijfent tranfis ;Les autres vainement adonnés aux

amours

Tconfimment leur pie,

DELA VAWITÏ '

fit, lui-mefineil nefi connoitpas.

Etmaint autre ne veut en aucunefiaifinEntreprendre voiage,

il ne defire nen,quefitd enfi maifionPenfierkfin ménage:

Et tous deus sot replh-d'vne vaine folie,Car l'vn mceffamment

Doute definfilut , l'autregennefit vieD'vnauare tourment.

Mille de leur bogréfi mettet au colierDu trompeur mariage:

Et les autres iamais nefi veullent lierEn ce trop longfiruage.

les vnspour leurs enfians ont en leurfiantafie

Mille mordansfiucis,Oit tourmétés envam d'vne apreiahufie

llz^pallijfent tranfis ;Les autres vainement adonnés aux

amours

Tconfimment leur pie,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 426: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DE S HOMMES. . ÎOI

Mais vamemet deeeus Us r entrent tous

les ioursEn nox-.tellcfolie.

Mille voitlans marcher les premiersJs promnces

Cherchent les vains honneurs,

Les-atitres k la court tachent £auoir des

Princesles premièresfaneurs:

Maktout eft vanité: car l'home am-bictettx

N'ha repos enfi vie,Et cetuila a veut eflre m/gno des Dieux

Estfùiet k l 'enuie. »

Tout ce que l'hommefait, tout ce que

l'homme penfiEn ce bas monde icy,

N eft ne qu'vn vent legier,quvne vai¬ne efperance

Pleine d'vn vainfiuci.Puions docquesfuions ces trop vaines

tireurs,

DD iiij

DE S HOMMES. . ÎOI

Mais vamemet deeeus Us r entrent tous

les ioursEn nox-.tellcfolie.

Mille voitlans marcher les premiersJs promnces

Cherchent les vains honneurs,

Les-atitres k la court tachent £auoir des

Princesles premièresfaneurs:

Maktout eft vanité: car l'home am-bictettx

N'ha repos enfi vie,Et cetuila a veut eflre m/gno des Dieux

Estfùiet k l 'enuie. »

Tout ce que l'hommefait, tout ce que

l'homme penfiEn ce bas monde icy,

N eft ne qu'vn vent legier,quvne vai¬ne efperance

Pleine d'vn vainfiuci.Puions docquesfuions ces trop vaines

tireurs,

DD iiij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 427: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DE LA CONSTANCE

Drcffons noflre courage

Vers ce grand Dieu quifieul nous peutrendre vainqueurs

De ce mondain orage,

Recherchasfiaintémetfiaparolefidelle,Inmquonsfa bonté,

Car,certes,fitns cela noflre race mortelleN'est rien que vanité.

DE LA CONSTAN¬CE DE L' ESPRIT.

L^Aiffons ces regrets ey ces pleurs,Laiffons ces trop lâches douleurs,Zaiffins tous ces cris lamentables

iSC ces perfinnes mifirablesQuifi tourmententpour vn rien,Quipour vn tantfiitpeu.de bien

Quilz^perdentpar quelquefortune,Se chagrinent d'vne rancuneQui les rongeant iufques aux os

Zespriue du bien du repos.

DE LA CONSTANCE

Drcffons noflre courage

Vers ce grand Dieu quifieul nous peutrendre vainqueurs

De ce mondain orage,

Recherchasfiaintémetfiaparolefidelle,Inmquonsfa bonté,

Car,certes,fitns cela noflre race mortelleN'est rien que vanité.

DE LA CONSTAN¬CE DE L' ESPRIT.

L^Aiffons ces regrets ey ces pleurs,Laiffons ces trop lâches douleurs,Zaiffins tous ces cris lamentables

iSC ces perfinnes mifirablesQuifi tourmententpour vn rien,Quipour vn tantfiitpeu.de bien

Quilz^perdentpar quelquefortune,Se chagrinent d'vne rancuneQui les rongeant iufques aux os

Zespriue du bien du repos.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 428: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DE L'ESPRIT. 20XC'eft àfaireaugrospeuple ainfi

Deprendre tant de vainfiuci,De remplir l'air défis cririesDéfis braiantes huileries,Depleurer les iours ey les nuiitx^De iaunirfiafiace d'ennuis^

Mais nom qui auons connoiffanctDe cette mondaine inconfiance^/Curions nous bien le cueur autantQ_u vn homme dupeuple inconftant?

l'homme eft >W/g-»» A* l'honneurD'eftre diit homme, aiant le cueur

Si lâche ey bas quinepeut eftre

Défis affections le maiftre:Celui qui nepeut endurerVn ennuifans le modérer

D'vne atrempence meure eyfàgeCoulant k tout defir volage,^/Cpeine d'vn hommeparfaiitHa ilfiullement leportraitt.

Parpleurs,par crix^ eypAr hel/ttSon mal m nefoulagepas.

DE L'ESPRIT. 20XC'eft àfaireaugrospeuple ainfi

Deprendre tant de vainfiuci,De remplir l'air défis cririesDéfis braiantes huileries,Depleurer les iours ey les nuiitx^De iaunirfiafiace d'ennuis^

Mais nom qui auons connoiffanctDe cette mondaine inconfiance^/Curions nous bien le cueur autantQ_u vn homme dupeuple inconftant?

l'homme eft >W/g-»» A* l'honneurD'eftre diit homme, aiant le cueur

Si lâche ey bas quinepeut eftre

Défis affections le maiftre:Celui qui nepeut endurerVn ennuifans le modérer

D'vne atrempence meure eyfàgeCoulant k tout defir volage,^/Cpeine d'vn hommeparfaiitHa ilfiullement leportraitt.

Parpleurs,par crix^ eypAr hel/ttSon mal m nefoulagepas.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 429: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

,OH LA CONSTANCE

Mais bien au contraire la ragé

Ne s'en a ceroit que d!auantâge :Et comme par trsp-retdïte-r, \

L'onfait la do-sleur augmenterD vneflayeepcores nouuelle,

y/iinfilc malfi-renouuelliplus cruel,tant-plns dansfin cueur

l'on en refiaichitla douleur.

Mais, quefirt aufii d'eftre en vain^Afiimêfmes tant inhumain?De S atrifter tant lapent-etPour vnefortunepafiee? .

Mais quefiruent tant de tourmens ?

Tant d'ennuyeuxgemijfemens?

Pourrions nous bien en cetteforteRanimer laperfinne morte, .

Et la déterrer du cercueil

Viue aux clameurs de noftre dueil?Soit que nous vifiions de nosyeu-x

Deux Soleils luire dans les cieux9

le iour au lieu de la nuitée,

la mit au lieu de U iourn-ée,

,OH LA CONSTANCE

Mais bien au contraire la ragé

Ne s'en a ceroit que d!auantâge :Et comme par trsp-retdïte-r, \

L'onfait la do-sleur augmenterD vneflayeepcores nouuelle,

y/iinfilc malfi-renouuelliplus cruel,tant-plns dansfin cueur

l'on en refiaichitla douleur.

Mais, quefirt aufii d'eftre en vain^Afiimêfmes tant inhumain?De S atrifter tant lapent-etPour vnefortunepafiee? .

Mais quefiruent tant de tourmens ?

Tant d'ennuyeuxgemijfemens?

Pourrions nous bien en cetteforteRanimer laperfinne morte, .

Et la déterrer du cercueil

Viue aux clameurs de noftre dueil?Soit que nous vifiions de nosyeu-x

Deux Soleils luire dans les cieux9

le iour au lieu de la nuitée,

la mit au lieu de U iourn-ée,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 430: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

dE i*esPrit. aojlesfleuues couler contre-mont,leflain motagne , ey le plain le mont,Lefeufroid, ey chaude laglace,Vn eftritgros,vn corsfins tnaffe,Nous ne deunens aucunementNous moimoir de tel changement.

l'homme qut eft confiant eyfiortNefi troublerapour la mortDéfère, defiur, ny de mère,De coufin, d'ami, ny de père,

Et moinspourperte défis biens

légers, muables, terriens:Fut-il banni défi prouince,Parflateurs mal venu du Prince,il doit enfin aduerfiteEstre tel qu'en proffente,

Connoijfant que ce DieuparfaitQui tout en tout ce mondefaitSagement icy bas diffofiDe ce que l homme en vainpropofhil faut aufii que les destinsDont il hamefùrélesfins

dE i*esPrit. aojlesfleuues couler contre-mont,leflain motagne , ey le plain le mont,Lefeufroid, ey chaude laglace,Vn eftritgros,vn corsfins tnaffe,Nous ne deunens aucunementNous moimoir de tel changement.

l'homme qut eft confiant eyfiortNefi troublerapour la mortDéfère, defiur, ny de mère,De coufin, d'ami, ny de père,

Et moinspourperte défis biens

légers, muables, terriens:Fut-il banni défi prouince,Parflateurs mal venu du Prince,il doit enfin aduerfiteEstre tel qu'en proffente,

Connoijfant que ce DieuparfaitQui tout en tout ce mondefaitSagement icy bas diffofiDe ce que l homme en vainpropofhil faut aufii que les destinsDont il hamefùrélesfins

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 431: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DELA CONSTANCE

Prennent leurs cours,fins que l'onpenfèEnpaJJêr d'vti doy lapuiffance:Nous deuons-mus aufii douloirDe veoir accomplirfin vouloir?

Mais mus k noufimefines trompeurs

Nous nousfia tons en nox^ erreurs

Et d'vne mondainefimpleffeNous aueuglons noftrefitgeffèQuandpourpp rien d'ocafionNous tranffortans d'affectionNousployons à la moindre halene

Du vent qui nous mené ey rementfouets auxpluspetishoTarfs,Qui nous tournent en toutesparts.

On confiille tant-bien autruiLe votantprendre de l'ennui,Mais on ne voit vfirperfinneDu confiaqu'aux autres il donne,

Etau befioin défaut le cueur

Mefines auplusgraue enfiignettr>

Qmfimbloit vn roc immuableContrefortune variable

DELA CONSTANCE

Prennent leurs cours,fins que l'onpenfèEnpaJJêr d'vti doy lapuiffance:Nous deuons-mus aufii douloirDe veoir accomplirfin vouloir?

Mais mus k noufimefines trompeurs

Nous nousfia tons en nox^ erreurs

Et d'vne mondainefimpleffeNous aueuglons noftrefitgeffèQuandpourpp rien d'ocafionNous tranffortans d'affectionNousployons à la moindre halene

Du vent qui nous mené ey rementfouets auxpluspetishoTarfs,Qui nous tournent en toutesparts.

On confiille tant-bien autruiLe votantprendre de l'ennui,Mais on ne voit vfirperfinneDu confiaqu'aux autres il donne,

Etau befioin défaut le cueur

Mefines auplusgraue enfiignettr>

Qmfimbloit vn roc immuableContrefortune variable

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 432: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DE L E S PRIT. a04Quiduplus léger changementL'ébranlé tout en vn moment.

^¤infi nous femmes mal apnsCorrompus defins ey d'effritsQui défia s'abreuuent du viceDés le lait de noftre nourriceEt couurans noftre lâchetéD'vnefottefragilitéNous nous lâchons dés la ieuneffe

is¤ toutefriuolepareffe

Zanguijfans touspar vnionD'vne trop-fitte opinion.

Mais bienplus conftans il nousfaut^/Cuoir le cueur logéplus haut,il nousfaut bien au loing diftraireDe tout cegrofiier populaireQui four trop prendre de douleurSrajji luimefimefôn malheur,Etfaifans d'ajfurance teste

o¤ cette mondaine tempeste

il nousfaut d'vn plus braue cueur

I^abaijfer toutefitfureur.

DE L E S PRIT. a04Quiduplus léger changementL'ébranlé tout en vn moment.

^¤infi nous femmes mal apnsCorrompus defins ey d'effritsQui défia s'abreuuent du viceDés le lait de noftre nourriceEt couurans noftre lâchetéD'vnefottefragilitéNous nous lâchons dés la ieuneffe

is¤ toutefriuolepareffe

Zanguijfans touspar vnionD'vne trop-fitte opinion.

Mais bienplus conftans il nousfaut^/Cuoir le cueur logéplus haut,il nousfaut bien au loing diftraireDe tout cegrofiier populaireQui four trop prendre de douleurSrajji luimefimefôn malheur,Etfaifans d'ajfurance teste

o¤ cette mondaine tempeste

il nousfaut d'vn plus braue cueur

I^abaijfer toutefitfureur.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 433: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DE P^e^LEs\ PEVey de celerfinfècrer. ,

O £He ^rf fàgueeft vnmal dangereuxQue c'eft vn malflam de poifin a-

mere: ,

0 que celui veut viure malheureuxQuiparle trop ey qui nefi peut taire!

Combien deuant que de fi.hazjtrder^prononcer vnefinieparoleL'on doit enfit figement regarderSi elle eftpointeu trop 1ère ou tropfiole.

Laparole eftfimblable au coup de traitQui eft tiré, qui ha défiafaitplaye,Car lors en vain certui-la qui l'hafaitEn rompant l'arc de laguerir s'effaye.

lAinfi quad l'inme ha défiaf aitfiortirVne parole afin-dam auancée,

il nef après tems. de s'en repentirDe-puis quelle eft vnefois prononcée. .

Combien voit-on de danaers encourirPour quelque bruit d'vn faux raport.

qui vole ?

DE P^e^LEs\ PEVey de celerfinfècrer. ,

O £He ^rf fàgueeft vnmal dangereuxQue c'eft vn malflam de poifin a-

mere: ,

0 que celui veut viure malheureuxQuiparle trop ey qui nefi peut taire!

Combien deuant que de fi.hazjtrder^prononcer vnefinieparoleL'on doit enfit figement regarderSi elle eftpointeu trop 1ère ou tropfiole.

Laparole eftfimblable au coup de traitQui eft tiré, qui ha défiafaitplaye,Car lors en vain certui-la qui l'hafaitEn rompant l'arc de laguerir s'effaye.

lAinfi quad l'inme ha défiaf aitfiortirVne parole afin-dam auancée,

il nef après tems. de s'en repentirDe-puis quelle eft vnefois prononcée. .

Combien voit-on de danaers encourirPour quelque bruit d'vn faux raport.

qui vole ?

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 434: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

ET CELER SON CECRET. 205Cobien voit-on d'homes hraues mourir^t l 'appétit d'vnefeuleparole?

On en voit mil ey mil qui n^ay'as peuSe contenir deparlerfi lamentent,Mais on en voit au contraire bien peuQuipourfi taire k lafinfi repentent,l'home eft vraiméteyfige eyvertueuxQuifeulement en Immefinefi fie,Et qui touchant quelque affaire douteuxNe déclarafonficret en-fa vie.

Penfirions nous quvn antrefutficret^C bien celerfitgement noftre affaire,Quand noftre cueurf élément mdifiretN'apeu lui-mefine a vn autrefi taire?

Heureux cet-fois,ey cet-fois eft celuiDe qui cachée est toute l'èntreprifi,Et qui n'enfait participant autruiNon en tel casfeulementfia chemifi:

il vaudrait mieuxfit chemifi brufler,Et tranconnerfia langue trop volage,Couperfit mam,qite celafit parlerEncontrefoi quelque maimais langage.

ET CELER SON CECRET. 205Cobien voit-on d'homes hraues mourir^t l 'appétit d'vnefeuleparole?

On en voit mil ey mil qui n^ay'as peuSe contenir deparlerfi lamentent,Mais on en voit au contraire bien peuQuipourfi taire k lafinfi repentent,l'home eft vraiméteyfige eyvertueuxQuifeulement en Immefinefi fie,Et qui touchant quelque affaire douteuxNe déclarafonficret en-fa vie.

Penfirions nous quvn antrefutficret^C bien celerfitgement noftre affaire,Quand noftre cueurf élément mdifiretN'apeu lui-mefine a vn autrefi taire?

Heureux cet-fois,ey cet-fois eft celuiDe qui cachée est toute l'èntreprifi,Et qui n'enfait participant autruiNon en tel casfeulementfia chemifi:

il vaudrait mieuxfit chemifi brufler,Et tranconnerfia langue trop volage,Couperfit mam,qite celafit parlerEncontrefoi quelque maimais langage.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 435: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DE L'INCONSTANCEC'eft vngrand vice ainfi de s'auacer

jt parler trop,mefine afin preiudice,Mais deperfionne enfis dits offenfer,

C'eft bien encore vnplm extrême vice.Le mal quifait de la langue abufir

C'eft bie le mal de tous les maux lepire,Et la vertu qui estplus aprifirC'eft defiauoir beaucoup eydepeu dire.^C P. T\y¤BV\E^/CV SONfiere, De l'inconftance des chofis.

Ç)N ne voit rien en ces bas lieuxQuinefiit rempli d'inconftance,

Et rien ne couurent ces hauts cieuxOu l'on puiffeprendre affeurance.

Comme l'vn va l'autre renient,L'vn mourant l'autreprend naiffance,L'vn qrn la richeffefiutientSoudain la pauureté menace,

Et l'autre enfaueurfie maintient,Qufon voit bien toft mis hors degrâce.

Tantoft en laftoidefiaifinLa terrefi gelé endurcie,

U

DE L'INCONSTANCEC'eft vngrand vice ainfi de s'auacer

jt parler trop,mefine afin preiudice,Mais deperfionne enfis dits offenfer,

C'eft bien encore vnplm extrême vice.Le mal quifait de la langue abufir

C'eft bie le mal de tous les maux lepire,Et la vertu qui estplus aprifirC'eft defiauoir beaucoup eydepeu dire.^C P. T\y¤BV\E^/CV SONfiere, De l'inconftance des chofis.

Ç)N ne voit rien en ces bas lieuxQuinefiit rempli d'inconftance,

Et rien ne couurent ces hauts cieuxOu l'on puiffeprendre affeurance.

Comme l'vn va l'autre renient,L'vn mourant l'autreprend naiffance,L'vn qrn la richeffefiutientSoudain la pauureté menace,

Et l'autre enfaueurfie maintient,Qufon voit bien toft mis hors degrâce.

Tantoft en laftoidefiaifinLa terrefi gelé endurcie,

U

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 436: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DES CHOSES. 306"Laglace rejferre enprifinL'eau des riuteres épefiie,

Et lesgorgettes des oifiauxQui chantotent en douce harmoniejCuprintems deffks les rameauxDe quelque verdiffant bocage,

Ceffent adonq les chants nouueauxDe leur mélodieux ramage.

Lepetit enfantin de laitIncontinent commence a croître,Etfiudain d'enfant tendreletOn le voit tout homme aparoitre,fuis la vielleffefioiblementLefait defesforces décroître,

Et le bâtant tncejfammentDe langueur ey de maladieLuyfait quitter en vn momentLe plaifir trompeur de la vie.

L vnpour vn temsfi veutMnnerSongneux aux lettres ey au liure,Puis ilfi vient abandonner

^A quelque plus doux tràn de viur*»ES

DES CHOSES. 306"Laglace rejferre enprifinL'eau des riuteres épefiie,

Et lesgorgettes des oifiauxQui chantotent en douce harmoniejCuprintems deffks les rameauxDe quelque verdiffant bocage,

Ceffent adonq les chants nouueauxDe leur mélodieux ramage.

Lepetit enfantin de laitIncontinent commence a croître,Etfiudain d'enfant tendreletOn le voit tout homme aparoitre,fuis la vielleffefioiblementLefait defesforces décroître,

Et le bâtant tncejfammentDe langueur ey de maladieLuyfait quitter en vn momentLe plaifir trompeur de la vie.

L vnpour vn temsfi veutMnnerSongneux aux lettres ey au liure,Puis ilfi vient abandonner

^A quelque plus doux tràn de viur*»ES

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 437: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DE L'iNC ONSTANCEDu liure il quitte tout lefiin,il veut les amourettesfitiure,Et chafjànt tout labeur au loinllfwt la trrftefilitude,Noyant ce luyfimble befitnJ(jen moins qu'àfi mettre a l'étude.

Tantoft lefiudart tientfin rangEtfoudroyant d'vn bras horrible,il met tout afin ey kfiangFlambant de cruautéterrible,Puis Mars apaifiantfafureurOn voit dansfi maifinpaifibleVture le riche laboureurSans auoir crainte desgendarmes,Nyfians plus trambler de l'horreurDe voir enfianglanter les armes.

l'vn foit a tort,fiit a raifin,Soit parfortune hazjtrdeufi,Honorefit-fiche maifin-De mainte excellancepompeufiPenfitnt bien laiffer en honneurs

Sd rate k iamaisglorieufi,

DE L'iNC ONSTANCEDu liure il quitte tout lefiin,il veut les amourettesfitiure,Et chafjànt tout labeur au loinllfwt la trrftefilitude,Noyant ce luyfimble befitnJ(jen moins qu'àfi mettre a l'étude.

Tantoft lefiudart tientfin rangEtfoudroyant d'vn bras horrible,il met tout afin ey kfiangFlambant de cruautéterrible,Puis Mars apaifiantfafureurOn voit dansfi maifinpaifibleVture le riche laboureurSans auoir crainte desgendarmes,Nyfians plus trambler de l'horreurDe voir enfianglanter les armes.

l'vn foit a tort,fiit a raifin,Soit parfortune hazjtrdeufi,Honorefit-fiche maifin-De mainte excellancepompeufiPenfitnt bien laiffer en honneurs

Sd rate k iamaisglorieufi,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 438: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

UES CHOSES. 20y

Mais fiuuent ces plus-grans fiigneursPont échange de leur audace

Et de leursfiperbesgrandeurs^/Cuecq vnepauure bezjtce.

Maintfiorti dtvn tige hautainDe quelque maifin non commune3elitre mandiefon painEprouuant les tours de Fortune,Et maint d'vnfort las lieu venuIufques aux cieux hauffefia hune,Et luy qui éfoit inconnuNourripauurementfous du chaumeSe voit mamtefiis paruenulufqu àgouuerner vn Royaume.

l'vn a tout acte vicieuxHasardefiafolle ieuneffe,

Et de vertu mal curieuxIamais défaire mal ne cejfe,

Tant qu'ilfimble defeferéDe quelque vertueufe adreffè,

Toutefois enfin retireMaitrifint ce defir vdaçre

UES CHOSES. 20y

Mais fiuuent ces plus-grans fiigneursPont échange de leur audace

Et de leursfiperbesgrandeurs^/Cuecq vnepauure bezjtce.

Maintfiorti dtvn tige hautainDe quelque maifin non commune3elitre mandiefon painEprouuant les tours de Fortune,Et maint d'vnfort las lieu venuIufques aux cieux hauffefia hune,Et luy qui éfoit inconnuNourripauurementfous du chaumeSe voit mamtefiis paruenulufqu àgouuerner vn Royaume.

l'vn a tout acte vicieuxHasardefiafolle ieuneffe,

Et de vertu mal curieuxIamais défaire mal ne cejfe,

Tant qu'ilfimble defeferéDe quelque vertueufe adreffè,

Toutefois enfin retireMaitrifint ce defir vdaçre

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 439: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DEL INCONSTANCEDe maintes vertus honoré

On le voitfleurir deuant Page.

Les vnsfint maintenant amisïurez. d'alliancefideO-dQtfon voit toutfiudai» ennemis

^AmmeJ d'vne ire mortelle:

Maints autres quiontpourchaficl'vn k l'autre vne mort crueUe

*/tfrez^ auoir vnpeupafiéCette colère abhommable

Ont tout ce rancueur efface

Viuans d'amour muiolable.Maintes chofesfint engrandpris

Dont on adore l'excellance,

Qu'on aurafiudatn a mépris

Les voyant choir en décadence,

Et beaucoup d'autres remendrontDont on n haplus la connoiffance:

beaucoup de langues reprendrontl'honneur de leurpremier vfiage,Et beaucoup des noflresperdrontLa gloire qùike. ont de notre âge.

DEL INCONSTANCEDe maintes vertus honoré

On le voitfleurir deuant Page.

Les vnsfint maintenant amisïurez. d'alliancefideO-dQtfon voit toutfiudai» ennemis

^AmmeJ d'vne ire mortelle:

Maints autres quiontpourchaficl'vn k l'autre vne mort crueUe

*/tfrez^ auoir vnpeupafiéCette colère abhommable

Ont tout ce rancueur efface

Viuans d'amour muiolable.Maintes chofesfint engrandpris

Dont on adore l'excellance,

Qu'on aurafiudatn a mépris

Les voyant choir en décadence,

Et beaucoup d'autres remendrontDont on n haplus la connoiffance:

beaucoup de langues reprendrontl'honneur de leurpremier vfiage,Et beaucoup des noflresperdrontLa gloire qùike. ont de notre âge.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 440: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

DES CHOSES. . 108Cettui-cyfi voit honorer

long tems en vne court Itoyalle,il voit d'vn chacun reuererSagrandeurprefqùaux %oys égale,

Mais vnpetit rien de malheurToft auplus bas lieu le deualle,

Si que luy quigrand en honneur^/tuoitpafiétoutefia vie,Finit k lafin en douleurSes derniers toursplains d'infamie.

^/Ctnfidepas tous mconftansLes hommes roulent en ce monde,

Et toutes chofes ont leur tems

Defous cette machine ronde:

D'entre cent mille on n'en voitpointVnfeul qui a ïautre refponde,

Maisft l on trouue de toutpoint.Au monde vne amour naturelle,(feft bien celle là qui nous iomtD'vne allianceftaterneîle.

-*.

EE ij

DES CHOSES. . 108Cettui-cyfi voit honorer

long tems en vne court Itoyalle,il voit d'vn chacun reuererSagrandeurprefqùaux %oys égale,

Mais vnpetit rien de malheurToft auplus bas lieu le deualle,

Si que luy quigrand en honneur^/tuoitpafiétoutefia vie,Finit k lafin en douleurSes derniers toursplains d'infamie.

^/Ctnfidepas tous mconftansLes hommes roulent en ce monde,

Et toutes chofes ont leur tems

Defous cette machine ronde:

D'entre cent mille on n'en voitpointVnfeul qui a ïautre refponde,

Maisft l on trouue de toutpoint.Au monde vne amour naturelle,(feft bien celle là qui nous iomtD'vne allianceftaterneîle.

-*.

EE ij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 441: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

coNnC^Movu.

~^ Vellefureur tenaillant les effritsCI Fait triftementfiangloter tant de^^n. cru

^tfèsfits que l'amour tranftorte?Quel vainfiuci dont il vont fiupirantLesfait bruler,glacer,vmre entnourat.

Enrager de douleurfi forte?panure aueuglé, panure fit amoureux,Pauure tranfi , pauurefil langoureux,

Pauure infinsé,quellefurieTefait ainfi languifiant vainementPaffer en ducil,ey combler de tourment

T'apauure ey mifirable vie?Mats,pauurefit, il ne tefiuffitpasEn vn momentfintir mille trépas

Pour cefol amour qui t'atizj,il faut encore en brouiller k milliersEtmiUeey mille ey mille vains pa*

fiersTémoins deta lourdefirtifi;,

coNnC^Movu.

~^ Vellefureur tenaillant les effritsCI Fait triftementfiangloter tant de^^n. cru

^tfèsfits que l'amour tranftorte?Quel vainfiuci dont il vont fiupirantLesfait bruler,glacer,vmre entnourat.

Enrager de douleurfi forte?panure aueuglé, panure fit amoureux,Pauure tranfi , pauurefil langoureux,

Pauure infinsé,quellefurieTefait ainfi languifiant vainementPaffer en ducil,ey combler de tourment

T'apauure ey mifirable vie?Mats,pauurefit, il ne tefiuffitpasEn vn momentfintir mille trépas

Pour cefol amour qui t'atizj,il faut encore en brouiller k milliersEtmiUeey mille ey mille vains pa*

fiersTémoins deta lourdefirtifi;,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 442: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

CONTR'aMOVR. 2QÇ

Etpuis tu dis qu vn amoureux ne peutSe dépêtrer librement quand il veut

Des laz^qut retiennent fin ame:

Tu dis que c'eft vnfi plaifiant-malheurQifon n'en fiçauroit refufir la douleur

Quoy qu'enfiit cruelle lafamé:On neficauroit de vray la refufirQuand defin gré l'on s'y veut abufir

Caufiantfiymefime fon martireeQuepeutfiruir au blefiéle nnfiilQuand dédaignant du Barbier l'apareil

Luymefmefis playes defiire?Est-ce pas bienfi défaire d'vn laz.Quand s'y méfiât de ïambes ey de bras

Toufiours plusfort onfiauance?Est-ce pas bien k bon portfi ranger,Quand d'vn naufrage euitant le dager

^iu meillieu d'vn goufre on s'élace?

Tel enfin mal est l'amoureux tranfi,Contre raifin toufiours plus endura

Tant-plus la raifin le confiille:Depeur de voir ilfermefies deuxyeux,.

ES iij

CONTR'aMOVR. 2QÇ

Etpuis tu dis qu vn amoureux ne peutSe dépêtrer librement quand il veut

Des laz^qut retiennent fin ame:

Tu dis que c'eft vnfi plaifiant-malheurQifon n'en fiçauroit refufir la douleur

Quoy qu'enfiit cruelle lafamé:On neficauroit de vray la refufirQuand defin gré l'on s'y veut abufir

Caufiantfiymefime fon martireeQuepeutfiruir au blefiéle nnfiilQuand dédaignant du Barbier l'apareil

Luymefmefis playes defiire?Est-ce pas bienfi défaire d'vn laz.Quand s'y méfiât de ïambes ey de bras

Toufiours plusfort onfiauance?Est-ce pas bien k bon portfi ranger,Quand d'vn naufrage euitant le dager

^iu meillieu d'vn goufre on s'élace?

Tel enfin mal est l'amoureux tranfi,Contre raifin toufiours plus endura

Tant-plus la raifin le confiille:Depeur de voir ilfermefies deuxyeux,.

ES iij

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 443: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

contr'amovr.Depeur d'ouyrfis actes vicieux

il bouche obstinéfin oreille.

Kjmotrez, luy que tousfis beaux écrits,

Sespleurs,fiupirs,fis regrets(yfès crtz,Seruentàfà Dame defiable,

Plusque iamais d'encre tl regater*Et de clameursfilement ietters

Trop-plus qu'auparauantmoquable,Remontrez, luy qu'il n'eftrien quifiit

tantLéger,volage,k tout vens inconstant

Qvfeft vne amante enfapromeffe,Déplus en plus ilfi lairr*piper,Et, dépourueu de tout bonfins, tromper

Mal apris en l'amour traitreffe.Remontrez., luy comme il n'eftplus kfiyEt quepour prendre en fin cueur tant

d'efmoyil vitfins vne autrepuifiance,

Déplus en plus en l'amour tourmentéOn le verraperdrefit liberté

Flatè d'vne vaine efferance.

contr'amovr.Depeur d'ouyrfis actes vicieux

il bouche obstinéfin oreille.

Kjmotrez, luy que tousfis beaux écrits,

Sespleurs,fiupirs,fis regrets(yfès crtz,Seruentàfà Dame defiable,

Plusque iamais d'encre tl regater*Et de clameursfilement ietters

Trop-plus qu'auparauantmoquable,Remontrez, luy qu'il n'eftrien quifiit

tantLéger,volage,k tout vens inconstant

Qvfeft vne amante enfapromeffe,Déplus en plus ilfi lairr*piper,Et, dépourueu de tout bonfins, tromper

Mal apris en l'amour traitreffe.Remontrez., luy comme il n'eftplus kfiyEt quepour prendre en fin cueur tant

d'efmoyil vitfins vne autrepuifiance,

Déplus en plus en l'amour tourmentéOn le verraperdrefit liberté

Flatè d'vne vaine efferance.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 444: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

contr'amovr. '210Iamais la nuit il ne peutfimmeiller,Iamais le iourUneficauroit veiller

Sanspenfier en mille tristeffes:s'il veutaller,il nepeutfaire vnfas,Ets'ils'arrefte , en mille ey mille helas

il pleurefisfoies détrejjès.

Quad ilfaut rire ilfi fond tout en deul,il cherche autruy,il veut eftre toutfiul

Se baniffant de compagnie:il meurt defiainfd nefiauroit manger,il courbe aufaix , «y ne veut s'aleger

Dupefiantfardeau qui l'ennuyé.S'il veut tenirficrettefia douleur,Vn regard triste,vne blefimepâleur,

Vne contenance égarée,

Vnparlerfroid eyfort malaffeurêMontrent ajjh^. dupauure adoulouré

Lame d'amour alangouree.Tantost il veutfies cheueuxfttfiter»Separfumer,fi tiffer,mignoter,

Polirfis mains eyfon vifiage:Cettefaçon toutfiudain luy deplait,

contr'amovr. '210Iamais la nuit il ne peutfimmeiller,Iamais le iourUneficauroit veiller

Sanspenfier en mille tristeffes:s'il veutaller,il nepeutfaire vnfas,Ets'ils'arrefte , en mille ey mille helas

il pleurefisfoies détrejjès.

Quad ilfaut rire ilfi fond tout en deul,il cherche autruy,il veut eftre toutfiul

Se baniffant de compagnie:il meurt defiainfd nefiauroit manger,il courbe aufaix , «y ne veut s'aleger

Dupefiantfardeau qui l'ennuyé.S'il veut tenirficrettefia douleur,Vn regard triste,vne blefimepâleur,

Vne contenance égarée,

Vnparlerfroid eyfort malaffeurêMontrent ajjh^. dupauure adoulouré

Lame d'amour alangouree.Tantost il veutfies cheueuxfttfiter»Separfumer,fi tiffer,mignoter,

Polirfis mains eyfon vifiage:Cettefaçon toutfiudain luy deplait,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 445: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

Ç 0 N T R'A M 0 V*R.-

Et,de luy-mefme ennemi\nefi plait X

Qukfiorcener enfin courage,

s'il aperçoit qu'vn autre ait lafaueurDéfis amours, lors mangéde ran^ueut

Tout écumant deftenefie,

il creuera defin heur enuieuxEt martelantfin cerneau-furieux. il brûlera de ialoufieFuyonsfuyons à ces amours citifiansCardons nom bien le meilleur de nos ans

En erreursfi files dépendre: s

Fuyos cesfits,leurs armes ey leurs cri7Et trauaillons kfaire des écrits

Ou no7netseuxpuiffent aprendre.

FIN.

Ç 0 N T R'A M 0 V*R.-

Et,de luy-mefme ennemi\nefi plait X

Qukfiorcener enfin courage,

s'il aperçoit qu'vn autre ait lafaueurDéfis amours, lors mangéde ran^ueut

Tout écumant deftenefie,

il creuera defin heur enuieuxEt martelantfin cerneau-furieux. il brûlera de ialoufieFuyonsfuyons à ces amours citifiansCardons nom bien le meilleur de nos ans

En erreursfi files dépendre: s

Fuyos cesfits,leurs armes ey leurs cri7Et trauaillons kfaire des écrits

Ou no7netseuxpuiffent aprendre.

FIN.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 446: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

te

TABLE DE CE QJT IEST PLVS DI GN E A

noter en ces Dialogues.

Comparaison de la raifon a la pierrepre-licufc&auf liuresexcellansfa.^.

les chofes quifint à fuir des hommes &àfuiure Pa&1'

L'opinion du vulgaire eftrefaute ibiiem. b.De <juoifert la bardtrjfe de bien parler 7.Mejpris de Vamour ibidem.b.Lafemme eftreplus imparfaite que l'homme

faz.S b.Couuernement des ^fmaTçnes & leur cruau¬

té enuers Us hommes Pa£-9'Les vices desfemmes f 'S'1 °"Imfemme par droit diuin eft encores plus im¬

parfaite que l'homme ibidem.b.La fin d'amour . fug. 11.6".Lis malheurs & inconucniens qui procèdent

d'amour f-'g-11'Vainesfilions d'amour taf±lS'Sots écris des amourews ihdem.b.De ceus qui commentent & glofent [us les li¬

vres des amoureus fH'1^Les méchancetexde lafemme de mauuau go»

mrnement pa&tf'

te

TABLE DE CE QJT IEST PLVS DI GN E A

noter en ces Dialogues.

Comparaison de la raifon a la pierrepre-licufc&auf liuresexcellansfa.^.

les chofes quifint à fuir des hommes &àfuiure Pa&1'

L'opinion du vulgaire eftrefaute ibiiem. b.De <juoifert la bardtrjfe de bien parler 7.Mejpris de Vamour ibidem.b.Lafemme eftreplus imparfaite que l'homme

faz.S b.Couuernement des ^fmaTçnes & leur cruau¬

té enuers Us hommes Pa£-9'Les vices desfemmes f 'S'1 °"Imfemme par droit diuin eft encores plus im¬

parfaite que l'homme ibidem.b.La fin d'amour . fug. 11.6".Lis malheurs & inconucniens qui procèdent

d'amour f-'g-11'Vainesfilions d'amour taf±lS'Sots écris des amourews ihdem.b.De ceus qui commentent & glofent [us les li¬

vres des amoureus fH'1^Les méchancetexde lafemme de mauuau go»

mrnement pa&tf'

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 447: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

TABLE.

L« inftgnes heauteXjes am'u aime\des fem¬

mes f<*J.i9.&.Sottes & comuneS T'J}>onees desfemmes 24.*.Que t'eft de bien parler PaZ'i ,-^*Harangue de l'homme d'armes touchant l'a¬

mour f^'i1.*»L'amour du Courtifan pag.^.b.L'amour de l'efcolier /u£-j7-<*'Continuation de l'amourfcolaftique 3 8 a.Sj^il n'entend pas blafmet les honneftes Da¬

mes pag.^.a.Vaillante & vertutufe defenct de l'amour

iltidem.USolution d'scelle difenet fap 44.1l.Comment le iugement d'vn amaurtus s'abuft

en teUe qu'il aimt pag. a6.b.louange ie la Muftqut & mépris dt la danft

pag.a9.b.Les Thefjaliens admirateurs de la danfe $ 1.4.La danfeeftrevne ej^ec* defureur pag.^a.b.Conclu/ion de l'amostr Pa&-5 7-*£/i 'range cruauté des hommes pag. 60.4,Les armes font journalières pag. ¤z.a.Les maus caufe\par enuie pag. 66a.Comme il ne faut adioufter foy au rapport &>

bruit commun pag.6"jj>.Lis riehejfes & prééminences efrefuiettesan

halgrt pa&>6?-*'

TABLE.

L« inftgnes heauteXjes am'u aime\des fem¬

mes f<*J.i9.&.Sottes & comuneS T'J}>onees desfemmes 24.*.Que t'eft de bien parler PaZ'i ,-^*Harangue de l'homme d'armes touchant l'a¬

mour f^'i1.*»L'amour du Courtifan pag.^.b.L'amour de l'efcolier /u£-j7-<*'Continuation de l'amourfcolaftique 3 8 a.Sj^il n'entend pas blafmet les honneftes Da¬

mes pag.^.a.Vaillante & vertutufe defenct de l'amour

iltidem.USolution d'scelle difenet fap 44.1l.Comment le iugement d'vn amaurtus s'abuft

en teUe qu'il aimt pag. a6.b.louange ie la Muftqut & mépris dt la danft

pag.a9.b.Les Thefjaliens admirateurs de la danfe $ 1.4.La danfeeftrevne ej^ec* defureur pag.^a.b.Conclu/ion de l'amostr Pa&-5 7-*£/i 'range cruauté des hommes pag. 60.4,Les armes font journalières pag. ¤z.a.Les maus caufe\par enuie pag. 66a.Comme il ne faut adioufter foy au rapport &>

bruit commun pag.6"jj>.Lis riehejfes & prééminences efrefuiettesan

halgrt pa&>6?-*'

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 448: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

- TABLE.

Comme il n'entend blafmtr que ctue qui le mt.rttent fr&il.«.

L'office du Courtifan t*%-7%-**Le nombre des gens de bien t"^-76.a.Que {'eft que pratique t"g-79.b.La vie des aduocats & autres praticiens 8 1 .a.Difiours de la médecine pag-$9-b.Le trop parler vicient pag. i oo.a.La folie de cens qui affetlent la mélancolie

pag.ioi.a.Le parler pe»,affrauué des fages pag.ioi.4.Quand & en quoy il eft bon defe taire 103.1t.Dtftours de la Magie t*r abus d'icelle l\<).it.Foiesfuperftitions des magiciens pa.m.a.Le dire de Caton touchant les dtuinateurs

page 124.1».

L'opinion de Oiogene des dtuinateurs ibidem.De l'incrédule de lucian. pag.ny.b.L'opinion de /amblique touchant U Magie

ibidem.La Magie de Pitagore pag.n8.b.En quelle eftimé eftoit anciennement la Magie

pag.tig.b.Empedoclefurnommé chajfe-vent pag. 130.Le but ou tendent les magiciens ibidem.b.L'imêtion première de V-rfftrolcgie, la vérité

& erreurs d'icelle pag. 133.6.Commentfe doit entendre le paffage d'Omde,

- TABLE.

Comme il n'entend blafmtr que ctue qui le mt.rttent fr&il.«.

L'office du Courtifan t*%-7%-**Le nombre des gens de bien t"^-76.a.Que {'eft que pratique t"g-79.b.La vie des aduocats & autres praticiens 8 1 .a.Difiours de la médecine pag-$9-b.Le trop parler vicient pag. i oo.a.La folie de cens qui affetlent la mélancolie

pag.ioi.a.Le parler pe»,affrauué des fages pag.ioi.4.Quand & en quoy il eft bon defe taire 103.1t.Dtftours de la Magie t*r abus d'icelle l\<).it.Foiesfuperftitions des magiciens pa.m.a.Le dire de Caton touchant les dtuinateurs

page 124.1».

L'opinion de Oiogene des dtuinateurs ibidem.De l'incrédule de lucian. pag.ny.b.L'opinion de /amblique touchant U Magie

ibidem.La Magie de Pitagore pag.n8.b.En quelle eftimé eftoit anciennement la Magie

pag.tig.b.Empedoclefurnommé chajfe-vent pag. 130.Le but ou tendent les magiciens ibidem.b.L'imêtion première de V-rfftrolcgie, la vérité

& erreurs d'icelle pag. 133.6.Commentfe doit entendre le paffage d'Omde,

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 449: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

TABLÉ.

Cvfiomîni " /"^tJÎ'.S.f* folle de PierreTurel enfin Période du,

monde pa.i^é.'b.anciennefuperftition des T^omains touchant

l'obferuation des iours pa.i^.a.La magie eft procédée de'ïyffftrologie 1 4 o.a,exemple de cens qui de pauure eft'at font deue-

nttsriches pa.l$z.a.L' echafattire des aftrologues ' pal^q,a.Des douXe. maifons des afirohgues ibidem.b.L'opinion commuerfe des aftrologues louchant

lesphnetes Qr t'fi'ailles fixes fa.l tf.b.Les folies des nhyuimifies pa. 1 A6.b.Les termes & mies de l'alqiiimie tbidcm.b\Du liure de U fleur desfleurs grdefon aulheut

f>ag. 1 49.^.

Que e'eft que le mediu des alquimiftes If'o.rf.Les foufleurs par excellence appelle"^ Phdofla-

phes piig.fjï.a.L a multipUea tion des alquimiftes pag. 1 5 1 . a.Petit difcours de zens de guerre pa-IÏ 3.''.La maladie commune aus foldats de Piedmont

, pag.i^.b.Cheuahcr A'atoUdc pag.l<j6.b.Eau bonifie ie cour pa.l%Z.b,Pourquoy le Demecritic n'enfuit pas toufiours

Democrite pa.IfÇ.b.X>ehvk<teDemocritt pa.iôo.b.

TABLÉ.

Cvfiomîni " /"^tJÎ'.S.f* folle de PierreTurel enfin Période du,

monde pa.i^é.'b.anciennefuperftition des T^omains touchant

l'obferuation des iours pa.i^.a.La magie eft procédée de'ïyffftrologie 1 4 o.a,exemple de cens qui de pauure eft'at font deue-

nttsriches pa.l$z.a.L' echafattire des aftrologues ' pal^q,a.Des douXe. maifons des afirohgues ibidem.b.L'opinion commuerfe des aftrologues louchant

lesphnetes Qr t'fi'ailles fixes fa.l tf.b.Les folies des nhyuimifies pa. 1 A6.b.Les termes & mies de l'alqiiimie tbidcm.b\Du liure de U fleur desfleurs grdefon aulheut

f>ag. 1 49.^.

Que e'eft que le mediu des alquimiftes If'o.rf.Les foufleurs par excellence appelle"^ Phdofla-

phes piig.fjï.a.L a multipUea tion des alquimiftes pag. 1 5 1 . a.Petit difcours de zens de guerre pa-IÏ 3.''.La maladie commune aus foldats de Piedmont

, pag.i^.b.Cheuahcr A'atoUdc pag.l<j6.b.Eau bonifie ie cour pa.l%Z.b,Pourquoy le Demecritic n'enfuit pas toufiours

Democrite pa.IfÇ.b.X>ehvk<teDemocritt pa.iôo.b.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 450: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

TABLE.

J?» quoy Democrile s'efi monftrêfot l6î«t.Seruituds i'yfriftippe ibidem.b.Lu manière defe bien mocquer auec les ejpeces

de moquerie pa.ifi^.a.Définition de mocquerie ibidem.b.Trou efyecei de flottes moqueries pa. i 6^.b.Du liure d' ^f grippe infient delà vanité des

fciences fa.l6%-b.Trop grand heu donné aus authoriteXjleshom

mes pa.ièfib.De l'oculte philofophii d'agrippé fa.iâj.a.Cardan blafme ^/fgrippe ibidem.b.exceptes de Cardan fa.i68.k.De Platon & sfriftote pa.169.0.Des maifires es ars pa. 170.1.Des folles dtjputes des anciens philifophes

ibidem.b.Del 'Icaromenippe de Lucian pa. 171.LDel' Italien M. Antonio Phileremo Fregofo

qui a efcrit du ru de Democnte 172.4.Difcoursfur le liure d'Erafme infcrit la louan

ge defolie ibidem.b.Pmrauoy nous deuons eftre efmeus à apprendre

les langues eftrangeres pa.\"jj.b.Vice des François pa.177.btDe cens qui ont affecté d'éfcrire olfcurement

page li%.a.

TABLE.

J?» quoy Democrile s'efi monftrêfot l6î«t.Seruituds i'yfriftippe ibidem.b.Lu manière defe bien mocquer auec les ejpeces

de moquerie pa.ifi^.a.Définition de mocquerie ibidem.b.Trou efyecei de flottes moqueries pa. i 6^.b.Du liure d' ^f grippe infient delà vanité des

fciences fa.l6%-b.Trop grand heu donné aus authoriteXjleshom

mes pa.ièfib.De l'oculte philofophii d'agrippé fa.iâj.a.Cardan blafme ^/fgrippe ibidem.b.exceptes de Cardan fa.i68.k.De Platon & sfriftote pa.169.0.Des maifires es ars pa. 170.1.Des folles dtjputes des anciens philifophes

ibidem.b.Del 'Icaromenippe de Lucian pa. 171.LDel' Italien M. Antonio Phileremo Fregofo

qui a efcrit du ru de Democnte 172.4.Difcoursfur le liure d'Erafme infcrit la louan

ge defolie ibidem.b.Pmrauoy nous deuons eftre efmeus à apprendre

les langues eftrangeres pa.\"jj.b.Vice des François pa.177.btDe cens qui ont affecté d'éfcrire olfcurement

page li%.a.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 451: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

TABLE.

pi la mort de Ptregrin Philofophe CiniefM? l79-t>* '

pefajfetlitn d'immortalité pg. 1 8 I.*,De ceus qui veulent eftre immortalisés après

leur mo/t tbidem.b.Les autheurs principal» des religions i S6.b.Delà cautetïé& médianceté de Mahomet

page 194.6.Le feule religion chreftienne eftre fleure (& vé¬ritable P*g-l5î-b.De la fanité des hommes pag.ipS-a.

le la confiance de l'efprit pag toi.b,I* parlerpeu, & celerflouflecret pag. 2 03 .b.el'inconfiance des chofes pag.zo^.a.

Centre amour pag.ioS.bt

FIN DE LA TABLE.

TABLE.

pi la mort de Ptregrin Philofophe CiniefM? l79-t>* '

pefajfetlitn d'immortalité pg. 1 8 I.*,De ceus qui veulent eftre immortalisés après

leur mo/t tbidem.b.Les autheurs principal» des religions i S6.b.Delà cautetïé& médianceté de Mahomet

page 194.6.Le feule religion chreftienne eftre fleure (& vé¬ritable P*g-l5î-b.De la fanité des hommes pag.ipS-a.

le la confiance de l'efprit pag toi.b,I* parlerpeu, & celerflouflecret pag. 2 03 .b.el'inconfiance des chofes pag.zo^.a.

Centre amour pag.ioS.bt

FIN DE LA TABLE.

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 452: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance

Page 453: il utilisation l'éditeur - bvh.univ-tours.fr · natal, il en laijfa en ma brefince la coppie kmonfrerefitfinomméfepriât de la voir (y luy en manderfin aduis: Car nonfeu¬ lement

\\

%

*sr*

i t

i i%

ï

\\

%

*sr*

i t

i i%

ï© Centre d'Études Supérieures de la Renaissance