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VOLUME 26 | N° 24 | LE MARDI 13 MARS 2012 impactcampus.qc.ca PHOTO : HUBERT GAUDREAU International LE TON MONTE À L’OCCASION DU SUPER TUESDAY 6 Sciences & Technologie LES NEURONES EN HAUTE DÉFINITION 20 Sports ATHLÉTISME : LA FORCE DE L’ONTARIO 22 VOTRE JOURNAL EST RECYCLABLE ! À l’intérieur : L’intErDiSciplinaire spécial Rio+20 Au fil de soi Coop Zone : Enfin prête! p.4 MARIE-PIERRE ARTHUR p.17

Impact 13 mars 2012

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Edition PDF du 13 Mars 2012

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Page 1: Impact 13 mars 2012

volume 26 | n° 24 | le mardi 13 mars 2012

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photo : hubert gaudreau

International

le ton monte à l’occasion du super tuesday 6

Sciences & Technologie

les neurones en haute définition 20

Sports

athlétisme : la force de l’ontario 22

votre journal est recyclable !

à l’intérieur :l’interdisciplinaire

spécial Rio+20

Au fil de soi

Coop Zone : Enfin prête! p.4

Marie-Pierre arTHUr

p.17

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OPINIONS | ImPact camPuS | mardI 13 marS 2012 3

éditorial

Courrier des lecteurs

Nous faut-il juger un homme par ses actions passées ? Tenons pour acquis que la réponse est oui. Dans la course au rectorat, qui tombe à un bien mauvais moment avouons-le, les candidats se retrouvent alors désarmés devant la candidature de Denis Brière.

Après une attente prudente ( ou habile, politique, hésitante, qualifiez-la comme vous voulez ), question de juger ses futurs adversaires, notre recteur cherche à obtenir un deuxième mandat de cinq ans. Peu de promesses pour un avenir radieux, mais plutôt une attitude à juger son travail déjà effectué. On l’imagine déjà sa guitare à la main ( véridique ) chanter les louanges d’une époque où il super-visait l’ouverture sur le monde de SON université ( moins véridique ) sous une pluie de bouts de tissus rouges et verts ( de moins en moins véridique ).

Nous serions en droit d’attendre un programme précis de la part de Monsieur Brière, comme de celle des autres candidats. Mais l’élection d’un recteur ne nous regarde pas. Tout juste pouvons-nous nous compter heureux qu’il ne soit par nommé directement pas la ministre !

Il faudrait donc juger l’homme par ce qu’il pourra faire. Et puis tiens, soyons candides jusqu’au bout : « Toutes vos preuves sont à faire ». Je vous ferai une confiance aveugle et vous suivrez quelque soit votre direction ! Vrai, je n’ai pas trop le choix. Et j’aime bien croire en l’intangible.

Écrit sur Things are alright de Lauren O’Connell

Échéancier rectoral

Benjamin Jébrak@BenJebrak

Directeur général : Marc-Antoine S. Rioux [email protected]

Rédacteur en chef : Benjamin Jébrak [email protected]

Chef de pupitre actualités : David Ré[email protected]

Chef de pupitre arts : Cyril [email protected]

Chef de pupitre sports : Raphaël [email protected]

Chef de pupitre sciences : Alexandra [email protected]

Directrice de la photographie : Claudy Rivard [email protected]

Production : Dorothée Cadiot Laura Lukyniuk [email protected]

IMPACT CAMPUS1244, pavillon Maurice-Pollack, Université Laval, Québec, G1K 7P4Téléphone : ( 418 ) 656-5079Télécopieur : ( 418 ) 656-2398

Publicité :Fabrice CoulombeTéléphone : ( 418 ) [email protected]

Journalistes :

Philippe C. Martine, Jérémie Lebel, Miléna Babin, Émilie Rioux, Jean-Michel Fortier, Émilie Rochette, Marie-Anne Marcoux Constantineau, Perle Fostokjian,Raphaël Létourneau, Olivier Dupont-Therrien, André-Philippe Drapeau Picard, Jean Daniel Doucet, Mathieu Turgeon

Photographes :

Hubert Gaudreau

IMPACT CAMPUS ne se tient pas responsable de la page CADEUL ( 7 ), dont le contenu relève entièrement de la CADEUL

La publicité contenue dans impact campus est régie par le code d’éthique publicitaire du journal qui est disponible pour consultation au : http ://www.impactcampus.qc.ca/index.php ?etat=pub.

Impression : Publications Lysar inc.

Tirage : 10 000 exemplaires

Dépôt légal : Bibliothèque nationale du

Québec et Bibliothèque nationale du Canada.

Impact Campus est publié par une corpora-

tion sans but lucratif constituée sous la

dénomination sociale.

Impact Campus, le journal des étudiants et

étudiantes de l’Université Laval.

Depuis que le débat sur la hausse des droits de scolarité ( et dans la foulée, celui sur la pertinence de la grève générale

illimitée ) s’est amorcé sur le campus de l’Université Laval, un phénomène peu commun semble frapper les différentes associa-tions étudiantes. Ce phénomène, qui je dois l’avouer me laisse perplexe, se révèle dans toute sa splendeur lorsqu’un exécutif af-firme à quiconque veut bien l’entendre, qu’il n’hésitera pas à « dé-chirer sa chemise » pour défendre la position adoptée par leurs commettants en assemblée générale.

Tous conviendront avec moi qu’une telle volonté est louable. Pourtant, elle crée un malaise lorsqu’on analyse de plus près les résultats en pourcentage des différentes assemblées dépar-tementales. Ainsi, Le Soleil nous révélait en février dernier que les associations regroupant les étudiants de premier cycle en re-lations industrielles ( AGERIUL ) et d’administration ( AÉSAL ) fai-saient état que leurs membres appuyaient la hausse des droits de scolarité à des hauteurs respectives de 61,4 % et de 83,5 %. Or, il s’avère important de ne pas occulter pour autant une donnée tout aussi pertinente; soit le taux de participation à l’exercice de consultation qui s’est établi à 27,6 % pour les étudiants en rela-tions industrielles et à 20 % pour ceux en sciences administra-tives. De tels résultats semblent être le fait tant des associations étudiantes ayant adoptées des mandats de grève, que celles s’y étant opposées. À noter également qu’un faible taux de partici-pation avait aussi été observé lors du référendum organisé par la CADEUL en octobre 2011 pour sonder la communauté universi-taire sur le même enjeu ( 33 % ). [...]

LISEZ LA SUITE AInSI qU’UnE LETTrE oUvErTE à mADAmE BEAUchAmP SUr noTrE SITE InTErnET : ImPAcTcAmPUS.qc.cA

Les absents ont toujours tort

François Ouellet Castro

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ACTUALITÉS | ImpACT CAmpUS | mArdI 13 mArS 20124

Occupons le recteur p. 5

Un étudiant dans la course au rectorat p. 5

UNIVERSITÉ LAVAL

phoToS : cLAUdy RIVARd

Coop Zone

Enfin prête !

Il y a un an presque jour pour jour, la fumée de l’incendie qui s’est déclaré le 7 mars 2011 dans les souterrains de l’Université Laval a complètement dévasté les locaux la Coop Zone. 370 jours plus tard, Zone réintègre enfin ses locaux, en version moderne et améliorée.

David Rémillard

Il aura fallu un an et 1,5 mil-lions de dollars pour qu’enfin

les travaux soient terminés. Prévue pour l’automne mais repoussée à plusieurs reprises, la réouverture de la Coop s’est officialisée lundi, au grand bonheur des étudiants et des

enseignants. « Les gens m’ac-crochaient dans les corridors pour me demander quand ça allait rouvrir », a confié Yves Kogovsek, directeur général de la coopérative.

Les nouveaux locaux, tou-jours situés au pavillon Mauri-

ce-Pollack, ont été remis au goût du jour. Le dernier look datait de 1996. Le design a été confié à la firme In-Loca, qui a investi pas moins de 1 500 heures dans la réalisation du design. L’idée maîtresse est une sorte de ligne du temps, représentée par une série de structures noires sur lesquelles des néons bleus ont été intégrés. L’enseigne ex-térieure a été complètement repensée, mais n’est pas com-plétée. « Un gros morceau doit arriver jeudi dans la nuit ».

Le volet informatique de la Coop est également un point central du nouveau design. « On avait la base en technologie. Tous nos systèmes étaient inté-grés, mais on n’avait pas le look adapté à ça ». Signe des temps qui changent, la vente de ma-tériel électronique représente aujourd’hui entre 30 et 40 % du chiffre d’affaires de Zone, selon Yves Kogovsek.

Être visibleL’un des objectifs de la di-

rection de la Coop était de la rendre visible à la communauté étudiante. « Il y a des gens qui étaient à l’université depuis des années et qui ne savaient même pas que ça existait », s’est amusé M. Kogovsek. La nou-velle structure, entièrement vi-trée, permet de zyeuter la Coop de l’extérieur. Un écran lumi-

neux est aussi installé pour at-tirer l’attention des passants. « Le soir, ça flash ».

Par ailleurs, les rénovations de la Coop Zone étaient pré-vues avant le feu du 7 mars 2011. La Coop souhaitait se moderniser. Ultimement, la coopérative veut concurrencer les librairies grande surface et les librairies virtuelles.

Avec son look redéfini et ses 69 000 membres actifs, la Coop Zone est un joueur très important à Québec, selon son directeur. « D’après moi, il y a quelques compétiteurs

qui sont ici aujourd’hui et qui prennent des notes ».

Rentable d’ici un anLa délocalisation de la Coop

Zone vers des installations tem-poraires dans le pavillon Al-phonse-Desjardins aura coûté cher. À la fin de l’année finan-cière 2011-2012 au 31 mai pro-chain, les pertes en terme de ventes sont évaluées à 3 millions de dollars depuis le 7 mars 2011. Confiant, Yves Kogovsek espère malgré tout être rentable d’ici un an. « On ne se donne pas de dé-lais », a-t-il toutefois précisé.

en bref

Cela fait maintenant un mois que la grève étudiante a commencé. Les étudiants aux cycles supérieurs en sociologie de l’Université

Laval étaient été les premiers sur le campus a débrayer. À l’heure actuelle, un peu plus de 3 000 étudiants lavallois sont en grève.

Les étudiants en sociologie ont d’ailleurs reconduits à forte ma-jorité leur mandat de grève, lundi. Les programmes de création littéraire et d’écriture professionnelle ont eux aussi voté pour pour-suivre les moyens de pression.

Sciences politiques 2e et 3e cycles en grèveLes étudiants inscrits aux cycles supérieurs en sciences politiques

ont voté en faveur d’une grève générale illimitée lundi, ajoutant 130 étu-diants au mouvement de grève nationale. Le vote s’est déroulé malgré la faible participation des membres. Seuls 29 d’entre eux se sont pré-sentés à leur assemblée générale. 17 ont voté pour la grève, 12 contre. Rappelons que les étudiants de premier cycle en sciences politiques ont refusé la grève générale illimitée il y a quelques semaines.

Plusieurs votes de grève sont attendus sur le campus encore cette semaine. Le vote le plus attendu est celui du Regroupement des étudiants en médecine de l’Université Laval. Les futurs méde-cins doivent prendre position au courant de la semaine ou en début de semaine prochaine. D.R.

Un mois de grève

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ACTUALITÉS | ImpACT CAmpUS | mArdI 13 mArS 2012 5

Occupons le recteurUne quarantaine d’étudiants de l’Université Laval opposés à la hausse des frais de scolarité ont occupé le Pavillon des Sciences l’Éducation lundi matin, lequel abrite les bureaux du recteur Denis Brière. Les policiers sont intervenus pour mettre fin à la manifestation. Aucun incident n’est à déplorer.

David Rémillard

Les étudiants ont bloqué les cinq accès à la Tour de

l’éducation dès 7h lundi matin, y compris l’entrée des souter-rains. Vers 11h, les autorités de l’Université Laval ont lu l’ordre d’éviction. Les manifestants ont quitté sans résistance quelques minutes plus tard. Les employés de l’université ont pu réintégrer leurs bureaux vers midi.

La manifestation était or-ganisée par le Front régional des Associations étudiantes à Québec de l'Association pour une solidarité syndi-cale étudiante ( FRAQ-ASSÉ ). Les étudiants reprochent à la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec d’être en faveur de la hausse de 1625 $ des droits de scolarité. « On est là pour contester l’appui des recteurs au gouvernement », a déclaré Marie-Christine Trottier, por-te-parole de la FRAQ-ASSÉ. Le recteur Brière ne s’est pas pré-senté sur les lieux.

Plusieurs policiers étaient sur les lieux. Une vingtaine d’offi-ciers de l’escouade anti-émeute étaient prêts à intervenir en cas de résistance. L’intervention policière s’est déroulée sans grabuge. « Ça s’est très bien déroulé, nous sommes très sa-

tisfaits, il n’y a eu aucune ar-restation », a affirmé la porte-parole de la Police de Québec, Catherine Viel, peu après le dé-part des policiers. Seuls trois constats d’infraction ont été émis, dont une pour avoir in-sulté des policiers.

UNIVERSITÉ LAVAL

Course au reCtorat

Un étudiant dans la courseMarc-André Carle, étudiant au doctorat en Sciences de l’administration, a an-noncé sa candidature à la course au rectorat 2012. Il est le premier étudiant en dix ans à briguer le poste de recteur.

Benjamin Jébrak

Actuel président de l’AÉLIÉS, Marc-André Carle siège

également au Conseil d’admi-nistration de l’Université Laval. Il compte axer sa campagne sur l’enseignement et la recherche. Son objectif : investir dans l’embauche de professeurs et de chargés de cours dans l’en-semble des facultés.

M. Carle déplore que certains programmes aient été laissés de côté. « Des programmes comme musique, philosophie ou théologie, ont perdu 50 % de leur corps professoral au fil des années », a-t-il fait sa-voir en entrevue téléphonique. « Pourtant, on dit de l’Univer-sité Laval qu’elle est une uni-versité complète ».

Pour pouvoir investir dans le corps professoral, il faut aller chercher de l’argent ailleurs. Parmi ses moyens, M. Carle fe-rait passer le budget du Bureau

du recteur et des vice-rectorats de 12,5 millions à 10 millions $, et ce en quatre ans. Il couperait ainsi des postes d’adjoints dans les vice-rectorats, et investirait moins d’argent dans les frais de voyage et autres commo-dités rattachées au poste de recteur ou de vice-recteur. M. Carle tient cependant préciser qu’il n’attaque pas directement l’administration de l’actuel recteur Denis Brière. « Ce que je veux, c’est lancer des idées. Si je veux que les gens me prennent au sérieux, je dois proposer des actions concrètes ».

En coupant dans les budgets administratifs, l’étudiant en administration souhaiterait « lancer un message clair que l’administration de l’Université Laval est, elle aussi, prête à se serrer la ceinture. Si on veut demander un effort à tout le monde, il faut que l’administra-

tion soit la première prête à faire des efforts », croit Marc-André Carle. « C’est audacieux, mais ce n’est pas farfelu non plus ».

La période de mise en candi-dature de la course au rectorat 2012 se poursuit jusqu’au 20 mars. Les membres du Collège électoral auront alors une se-maine pour annoncer les can-didats retenus. Les élections se tiendront le 1er mai. Marc-André Carle s’ajoute aux cinq autres candidats confirmés. Il s’agit de François Blais, doyen de la Faculté de sciences sociales, Ro-bert Mantha, doyen de la Faculté des sciences de l’administration, Florence Piron, professeure au Département d’information et de communication, et Esther Déom, professeure au Départe-ment de relations industrielles. Denis Brière a quant à lui an-noncé la semaine dernière qu’il briguerait un second mandat.

phoTo : cLAUdy RIVARd

16e Jeux de la CommuniCation 2012

Laval championne ! Pour la première fois de son histoire, les représentants de l’Université Laval ont pris la première position aux Jeux franco-canadiens de la communication.

David Rémillard

Les 32 délégués lavallois ont remporté quatre des treize

épreuves de la compétition, et sont montés sur le podium à neuf reprises. L’Université Laval a devancé Sherbrooke ( 4e ), UQAM ( 3e ), ex-aequo UDM et Concordia ( 2e ). Laval a ter-miné première aux épreuves de relations publiques, improvisa-tion, show culturel et sport.

Il s’agit de la meilleure per-formance de l’Université Laval en 16 ans d’existence des jeux. Habituée du top 3, Laval n’avait jamais mis la main sur la coupe. Les chefs de la délégation laval-loise étaient visiblement satis-faits des résultats. « On peut être fier de notre performance. On s’est préparé toute l’année pour ça. Gagner les jeux c’est vrai-ment extraordinaire », a affirmé Christian Labarre-Dufresne, l’un des trois chefs de la délé-gation, la voix encore enrouée par la grande fête organisée en l’honneur de la victoire.

Les étudiants en communi-cation publique participant aux Jeux de la communication doi-vent faire beaucoup de sacrifices pour atteindre leurs objectifs. « Des délégués ont dû mettre entre 20 et 40 heures de travail durant les semaines précédant les jeux », a fait savoir Maxime

Chabot, cheffe de délégation et membre de l’équipe cham-pionne de l’épreuve de relations publiques. Et c’est sans compter les nombreuses rencontres et pratiques se succédant depuis l’automne. « On a mis beau-coup de temps, de travail et de rigueur », a-t-elle ajouté.

Compétition relevéeLes chefs de délégation sont

arrivés à un constat frappant cette année : le niveau de com-pétition a drastiquement aug-menté. Selon Christian Labar-re-Dufrenes, à chaque épreuve, il était presqu’impossible de déterminer un grand gagnant. « Au moins trois ou quatre équipes auraient mérité de ga-gner à chaque épreuve ».

Même son de cloche du côté de Mme Chabot. Selon elle, les équipes ont toutes démontré qu’elles pouvaient être de haut niveau. « Toutes les délégations semblaient avoir emboité le pas. C’est le commentaire qui est re-venu le plus à l’issue des jeux ».

Invités de marqueEncore cette année, les Jeux

de la communication ont ac-cueillis des figures de pointe dans le domaine des communi-cations publiques. Membres du jury ou animateurs d’épreuves, des personnalités connues se déplacent pour encourager les talents de la relève à chaque édition. Pierre-Yves Lord, Mi-chelle Blanc, Tammy Verge, An-toine Vézina étaient présents, pour ne nommer que ceux-là. La directrice marketing de Lo-to-Québec et un haut dirigeant de LG2 Montréal étaient pré-sents pour l’épreuve publicité.

Les 32 délégués de l'Université Laval. phoTo : coURToISIE jEUx dE LA commUNIcATIoN

Au moins trois ou quatre équipes auraient mérité de gagner à chaque épreuve

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international | impact campus | mardi 13 mars 20126

Primaires réPublicaines

Le ton monte à l’occasion du Super TuesdayLes Américains étaient rivés à leurs téléviseurs mardi dernier pour connaitre qui, des quatre candidats à l’investiture républicaine, allait sortir gagnant du Super Tuesday.

Philippe C. Martine

Les militants du Grand Old Party étaient appelés à cette

occasion à voter dans dix États américains pour 417 des 2 286 délégués qui participeront à la convention du Parti républicain à Tampa Bay les 27 et 30 août prochain. Ces délégués devront alors choisir le candidat républi-

cain qui affrontera le président Barack Obama à l’élection prési-dentielle de 2012.

Les observateurs se sont par-ticulièrement intéressés à la chaude lutte que se sont livrée Mitt Romney, l’ex-gouverneur du Massachusetts, et son plus coriace adversaire, l’ex-séna-

teur de Pennsylvanie Rick San-torum, dans les États du Ten-nessee et de l’Ohio.

Au terme d’une soirée chau-dement disputée, c’est Mitt Romney qui a raflé la mise en mettant la main sur six des dix États en jeu et en faisant le plein de délégués. Il aura fallu

attendre le dépouillement des dernières boîtes de scrutin pour connaitre le vainqueur de la primaire de l’Ohio, que Romney a remportée avec une avance de moins de 1 %.

Cependant, en laissant filer les États du Tennessee et de Géorgie aux mains de Rick San-torum et de Newt Gingrich, Mitt Romney a raté une oc-casion en or de sceller l’issue des primaires républicaines et d’obtenir son billet vers les pré-sidentielles de 2012.

Pour sa part, Rick Santorum peut se vanter d’avoir remporté une victoire morale en Ohio, où il a réussi à se maintenir au coude à coude avec Mitt Romney. Sa campagne pour-rait trouver un second souffle si Newt Gingrich annonçait son retrait de la course, ce qui

permettrait à Santorum de coa-liser le vote conservateur. D’ici là, son défi sera de gagner l’une des deux primaires du Deep South et de mettre la main sur les 69 délégués d’Illinois le 20 mars prochain.

L’affrontement Romney-San-torum met surtout en lumière le fossé qui sépare les deux cou-rants dominants du Parti répu-blicain. Les partisans du social conservatism doutent de la sin-cérité du conservatisme de Mitt Romney ; l’Obamacare n’est-il pas inspiré du Romneycare, une réforme de santé introduite au Massachusetts alors que Mitt Romney était gouverneur de l’État ? Mitt Romney aura fort à faire pour convaincre ses dé-tracteurs qu’il est suffisamment conservateur pour briguer l’in-vestiture républicaine.

Élections russes

Marc-Antoine Rioux

Vladimir Poutine a remporté le 4 mars dernier une victoire décisive et a ainsi obtenu un 3e mandat comme prési-

dent de la République de Russie. Cependant, des opposants au président élu s’organisent déjà pour décrier des centaines de fraudes électorales répertoriées dans tout le pays. Analyse d’un couronnement présidentiel annoncé.

Les nombreux sondages effectués au cours de la campagne présidentielle le démontraient très clairement, Vladimir Pou-tine n’a jamais été inquiété par ses adversaires. De plus, un nombre impressionnant de cas de fraudes est déjà recensé par la Commissions Électorale Centrale de Russie. Des images ve-nant des caméras Web installées dans le but de contrer le bour-rage d’urnes circulent sur Internet, montrant des officiers élec-toraux insérant de faux votes dans les urnes électroniques.

Après la manifestation organisée le lendemain de l’élection à Moscou et St-Petersburg, le Parti Communiste de Russie, le parti Iabloko et le parti Solidarnost s’organisent pour une nou-velle manifestation le 10 mars. La Ligue des électeurs russes a d’ailleurs fortement réagi aux résultats de l’élection par voix de communiqué : « Le 4 mars a été une insulte pour la société ; les institutions de la présidence, du système électoral et du pou-voir russe dans son ensemble ont été discréditées ». La Ligue compte d’ailleurs s’adresser à l’ONU pour que les plaintes de fraudes électorales soient traitées avec indépendance.

De leur côté, les partisans de Vladimir Poutine se sont ras-semblés dans le centre de Moscou pour écouter un discours de leur candidat élu. Avec les modifications constitutionnelles que Medvedev et lui-même ont fait adopter, Poutine pourrait être président pour les douze prochaines années, le mandat prési-dentiel passant de 4 à 6 ans et étant renouvelable à 2 reprises.

en bref

À lire sur impactcampus.qc.ca

chine et guinée-bissau

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Page 1L’interdisciPLinaire | voL. 3 n° 1

L’intErDiSciplinairee n v i r o n n e m e n t | d é v e L o P P e m e n t | s o c i é t é H i v e r 2 0 1 2VOL .3 , N°1

JOURNAL ÉTUDIANT DE L’ INSTITUT EDS

Éditorial

Du 20 au 22 juin prochain se tiendra la Conférence des Nations unies sur le

développement durable. Également intitulé « Rio +20 » afin de marquer  le  vingtième anniversaire de la Conférence des Nations Unies sur l’environnement et le développe-ment, ses principaux objectifs sont de renouveler l’engagement politique des États- nations envers le développement durable et  de  dresser  un  bilan  des  progrès  réali-sés jusqu’à maintenant. Plusieurs thèmes sont à  l’ordre du  jour, dont  l’implantation d’une économie verte et l’élaboration d’un cadre institutionnel permettant de coor-donner les stratégies des États en matière de développement durable.

Le développement durable est né d’une critique de certains aspects du modèle oc-cidental de développement qui remonte bien avant le Sommet de Rio de 1992. Les pre-miers mouvements écologistes et anticolo-nialistes qui ont émergé au début du 20e siè-cle remettaient déjà en question le caractère productiviste, individualiste et capitaliste du développement prôné par les « sociétés froi-des » du « Nord ». Mais pour plusieurs, c’est la publication en 1972 du rapport du Club de Rome intitulé Halte à la croissance ? Rapport sur les limites de la croissance, qui marquera les origines du développement durable en sensibilisant  l’opinion  publique  internation-ale aux limites écologiques de la croissance économique  et  démographique.  On  parlait plutôt d’« écodéveloppement », mettant ainsi l’emphase sur l’urgence de réduire les im-pacts négatifs causés par « l’industrialisation de la nature ».Il  existe  une panoplie  de  définitions  du 

développement durable, mais il y en a au moins deux qui se démarquent des autres. Il y a celle de l’Union internatio-nale pour la conservation de la nature qui le définit com-me « un développement qui  tient  compte de l’environnement, de l’économie et du social » ( 1 ). Le rapport de la Commission mondiale sur l’environnement et le déve-loppement ( « Commission Brundtland » )propose  aussi  une  définition  le  décrivant comme  un  « développement  qui  permet de répondre aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs » ( 2 ). Des définitions plus  récentes combineront ces deux définitions en insistant parfois sur les liens entre l’environnement, l’économie et la société. Par exemple, la Loi sur le déve-loppement durable adoptée en 2006 par le gouvernement du Québec définit celui-ci comme un « développement qui répond 

aux besoins du présent sans compro- mettre la capacité des générations futures à  répondre  aux  leurs.  Le  développement durable  s’appuie  sur  une  vision  à  long terme qui prend en compte le caractère in-dissociable des dimensions environnemen-tale,  sociale  et  économique  des  activités de développement » ( 3 ).

Le développement durable est aussi une remise en question du système de gouver-nance qui caractérise le modèle industriel et capitaliste du développement. En effet, le développement durable exige une nouvelle gouvernance qui se veut plus globale, par-ticipative, délibérative et en réseau, donc moins hiérarchique, centralisée et formelle. On  parle  souvent  de  « gouvernance  colla-borative » ou de « démocratie participative ». On argumente que  les politiques publiques doivent être élaborées conjointement avec la société civile et le secteur privé puisqu’aucun acteur ne possède les moyens pour résou-dre à lui seul des problèmes très complexes comme  les  changements climatiques ou  la famine.  Plusieurs  critiques  ont  été  adres-sées à cette nouvelle forme de gouvernance souvent décriée comme étant trop coûteuse en termes de temps et de ressources ( tech-nique,  humaines  et  financières ).  Certains groupes  tels  que  les  environnementalistes craignent également de perdre leur pouvoir d’influence s’ils collaborent avec des organi-sations  qu’ils  perçoivent  comme  étant  du camp adverse. Il n’en demeure pas moins que  si  les  conditions  de  sa  gouvernabilité sont réunies, une nouvelle gouvernance peut aussi permettre de mieux gérer des écosystèmes,  de  résoudre  des  conflits,  de renforcer la légi-timité des États, d’accroître l’influence des groupes d’acteurs non gou-vernementaux, et plus encore.Nous  ne  pouvons  pas  encore  affirmer 

quels  seront  les  « nouveaux »  enjeux  qui s’ajouteront  à  l’agenda  politique  interna-tional ( et ceux qui disparaitront ). Par con-séquent, nous ne connaissons pas non plus les  solutions  qui  seront  retenues.  Bref,  le Sommet de Rio de 2012 s’inscrit indéni-ablement dans une Histoire dont le dénoue-ment demeure encore difficile à prédire. Le principal  défi  du  développement  durable demeurera sans doute celui de réunir les conditions nécessaires pour coordonner l’action des États, promouvoir les débats publics, surmonter  les barrières  interdisci-plinaires et épistémologiques entre les sci-ences sociales et les sciences de la nature, réunir les experts et les praticiens, regagner la confiance des électeurs envers leurs gou-

vernements et ainsi de suite. Nous faisons face à des enjeux qui exigent d’harmoniser la poursuite de l’intérêt individuel avec ce-lui de la société et de la Terre. Allons-nous ainsi devenir un jour cette « communauté biotique  globale »  dont  rêvait  tant  Aldo Leopold ( 4 ),  l’un des pères fondateurs de l’éthique écologiste moderne ?

LE DÉvELoppEmEnt DurabLE, un projEt pLanÉtairE inachEvÉJean-François Fortier, étudiant au doctorat en sociologie, Université Laval

Le développement durable est fondé sur une critique du caractère productiviste et capitaliste du développement, mais également du modèle de gouvernance qui l’accompagne. Son principal défi est de réunir les conditions nécessaires pour mettre en œuvre une nou-velle gouvernance plus globale, participative et interdisciplinaire.

Références et notes( 1 ) Union internationale pour la conservation de la nature ( UICN ). 1980. Stratégie mondiale de la conservation : la conservation des ressources vivantes au service du développement durable. ( 2 ) Commission mondiale sur l’environnement et le développement ( CNUED ). 1987. Rapport Brundtland. Notre avenir à tous. ( 3 ) Gouvernement du Québec. 2006. Loi sur le développement durable, chapitre 1, article 2.( 4 ) Leopold, A. 1949. A Sand County Almanach, Oxford,  Oxford  University  Press.  Traduction française par Gibson, A., 1995. Almanach d’un comté des sables, Paris, Aubier.

SpÉcIAL RIO+20

• Conférences étudiantes• Expositions de projets de design urbain et d’architectureOn vous attend en grand nombre !

QUAND : 23 mars 2012 de 8h30 à 18h30 OÙ : Pavillon Kruger, local 2320-2330 

Le 17e colloque étudiant du Centre de recherche en aménagement et développement ( CRAD ) approche !

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Actualités

Avec l’arrivée de Rio+20, les préoc-cupations du gouvernement brésilien

et des pays en voie de développement concernant l’écologie, le développement durable et la biodiversité semblent pren-dre une place plus importante dans leurs agendas respectifs. Les établissements d’enseignement supérieur veulent col-laborer au projet en adoptant une ap-proche plus écologique sur les campus et en proposant diverses activités consis-tant à mobiliser les jeunes afin que ceux-ci promeuvent le développement durable dans leur pays.

Rio de Janeiro, se prépare en grande pompe afin d’accueillir plusieurs événe-ments d’envergure. La coupe du monde et les jeux olympiques sont au centre des préoccupations médiatiques. La ville a ainsi mis en place une vaste et coûteuse gamme de programmes de restauration et de construction d’infrastructures. Or comment la mégapole carioca se pré-pare-t-elle afin d’accueillir la Conférence des Nations Unies en 2012 et comment les pays en voie de développement ent-revoient-ils leur collaboration aux enjeux écologiques de ce monde ?

La déclaration de Rio en 1992, réunit toutes les nations afin d’élaborer un plan d’action et un agenda environnemental commun. Les préoccupations concernant l’environnement ont commencé à prendre une place d’envergure dans l’administration gouvernementale des pays en voie de développement tels les membres du BRICS ( Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud ). Ce nouveau bloc économique, réunissant les puissances économiques émergentes va, sans aucun doute, prendre part à la discussion avec beaucoup plus de verve qu’aux séances précédentes.

C’est au BRICS Policy Center qu’a eu lieu le 31 octobre, une conférence sur le développement urbain durable et sur le rôle qu´auront les pays membre du BRICS lors du Rio+20. Durant cet évé-nement, Dr. Ricardo Henriques, prési-dent de l’Instituto Urbano Pereira Pas-sos, affirma ceci : « Cette conférence va permettre à ces pays de débattre sur le développement économique, l’éradication de la pauvreté et la préservation des res-sources naturelles. Cela implique donc une collaboration étroite avec les efforts déployés mondialement pour soutenir le développement durable et inciter la par-ticipation des métropoles dans le scénar-io de la gouvernance globale » ( 1 ).

À un autre niveau, la Pontificia Universi-dade Católica do Rio de Janeiro a offert la possibilité aux étudiants d’assister du 7 au 11 novembre à des conférences réunissant les plus grands spécialistes nationaux. Cette semaine ayant pour thème, Déve- loppement et Métamorphoses de l’Inéquité, plusieurs enjeux centraux furent abordés tels l’agenda du Rio+20, les futurs projets du BNDES ( Banco Na-cional de Desenvolvimento ) et on y donna diverses conférences traitant du dével-oppement durable et de ses politiques in-ternes et externes. Les experts présents lors de ces conférences semblaient tous affirmer que Rio+20 se déroulera sur un ton beaucoup plus pessimiste qu’en 1992 : « Il y a vingt ans, le Sommet de la Terre était une lueur d´espoir afin de changer les politiques environnemen-tales. Maintenant, les perspectives sont beaucoup plus sombres » ( 3 ).

Le Núcleo de Investigação do Meio Ambiante ( NIMA ) fondé en 1999, tra-vaille à stimuler l’intérêt des étudiants des niveaux secondaire et universitaire sur les thèmes de la biodiversité, des changements climatiques et du dével-oppement durable. Cette institution a également implanté des infrastructures afin d’effectuer la collecte sélective des matières résiduelles sur les campus uni-versitaires. En dépit de ces initiatives, le projet ne rencontre que très peu de succès. Selon, Sergio Lifschitz, stagiaire au NIMA : « La conscience écologique du carioca n´est pas encore éveillée ou devrais-je dire, nulle ! Nous allons rece-voir en juin, un événement ayant pour thème l’économie verte et le développe-ment durable, mais la majorité des ca-riocas voient ces concepts de manière plutôt floue » ( 4 ).

Cette « lucidité écologique » va peut-être un jour devenir réalité au Brésil, mais pour l’instant la population doit s’éduquer et se conscientiser davantage. « Le Brésil est une nation en pleine commotion. Nous pouvons produire des biens de consom-mation rapidement, nous pouvons créer des infrastructures un peu moins rapide-ment et nous éduquons notre population très lentement. Cela crée une disconti-

nuité lorsque nous voulons aménager de nouveaux projets ou lorsque nous voulons mettre sur pieds de nouvelles politiques de développement national » ( 5 ).

L’ONU est une organisation qui est fondée sur des valeurs occidentales et éprouve parfois des difficultés à univer-saliser celles-ci. Puisque chaque nation a des soucis différents, selon leur culture et leurs priorités, Naeem Inayatullah, profes-seur au Ithaca College, propose l´attitude suivante : « Our challenge is to undo this cycle of mutual incrimination and replace it with a cycle of mutual enrichment. This change becomes possible when we move from a posture of possessing ‘ex-clusive knowledge’ to a circumstance where parties who regard themselves as both donors and receivers negotiate par-tial knowledge » ( 6 ). Afin de voir un dia-logue réciproque s´établir entre les pays en voie de développement et les grandes puissances, cette posture pourrait être garante de l’avenir de notre planète.

Véronique Dumont, étudiante au Baccalauréat en Études Internation-ales et Langues Modernes

Vingt ans après Rio, la métropole carioca est-elle prête à partir à l’aventure du développement durable ?

Références et notes( 1 ) BRICS POLICY CENTER, Centro de Estudos e Pesquisas, [en ligne] www.bricspolicycenter.org/homolog/Event/Evento/8 - www.bricspoli-cycenter.org/homolog/Event/Evento/8, consulté le 8 novembre 2011.( 2 ) NATIONS UNIES ( ONU ) 2011. International Forum and the National Forum of Transformer Volunteering [en ligne] www.uncsd2012.org/rio20/index.php ?page=view&nr=295&type=13&menu=23 - www.uncsd2012.org/rio20/index.php ?page=view&nr=295&type=13&menu=23, consulté le 10 novembre 2011. ( 3 ) FERRAZ, J. C. 2011. Paroles prononcées lors de sa conférence, Agenda da Rio+20, 10 novembre 2011, PUC Rio.( 4 ) LIFSCHITZ, S. 2011. Extraits d’entrevue, NIMA , 8 novembre 2011, PUC Rio.( 5 ) FERRAZ, J. C. 2011. Paroles prononcée lors de sa conférence, Agenda da Rio+20, 10 no-vembre 2011, PUC Rio.( 6 ) INAYATULLAH, N. 2008. Why do some people know what is good for other, Global politics : a New Introduction. London. Routledge : 367.

Rio+20, quelles sont les AppRéhensions ?

Collecte sélective à la PUC Rio implantée ce semestre. Photo : Véronique Dumont

Image du campus de la PUC Rio offrant un envi-ronnement vert et encourageant la biodiversité. Le campus est situé dans une forêt tropicale hu-mide protégée où toutes les espèces végétales sont identifiées. Photo : Véronique Dumont

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Recherche et Actualités

La biodiversité française s’étend de la métro-pole aux territoires et départements d’outre-

mer. Elle est très riche, avec une grande variété d’écosystèmes et d’espèces à haute endémicité. Elle a une valeur écologique, économique, scien-tifique, esthétique, culturelle et historique. Cette richesse implique des responsabilités pour l’État français, envers sa nation et le reste du monde. Malheureusement, la biodiversité française est soumise à des pressions croissantes : destruction des habitats naturels, pollutions, surexploitation, changements climatiques, etc. Sa protection re-quiert un niveau d’engagement étatique élevé.

En 1992, lors du Sommet de la Terre à Rio de Janeiro, la France devient signataire de la Conven-tion sur la diversité biologique et la ratifie en 1994. Émerge alors, en France, une politique spécifique à la biodiversité, combinant les objectifs de préser-vation des espèces, de restauration et de réhabili-tation des écosystèmes affectés. En réponse aux engagements pris à Rio, une première stratégie nationale sur la biodiversité a été adoptée en 2004. À son échéance en 2010, le bilan de sa mise en œuvre s’est soldé par des résultats mitigés et a mis en évidence la nécessité d’intégrer de nou-velles perspectives d’action. Une stratégie révisée a donc été lancée en mai 2011 pour une période supplémentaire de dix ans.

La stratégie française de la biodiversité, de 2004 à 2010

La première Stratégie nationale de la biodiversité ( SNB ) de la France ambitionnait d’arrêter la perte de biodiversité en 2010. La mission d’élaborer la SNB en six mois fut confiée à une cellule « biodiver-

sité », créée pour l’occasion auprès de la Direction de la nature et des paysages ( DNP ) du ministère chargé de l’environnement. Cette contrainte de temps laissa peu de place à une concertation avec l’ensemble des acteurs et exposa la stratégie à une forte influence de la DNP, qui a assumé à la fois le pilotage de la réflexion sur la stratégie et l’élaboration des plans d’action sectoriels.

La SNB de 2004 comprenait onze plans d’action sec-toriels initiaux confiés à différents départements minis-tériels. Chaque plan devait avoir son propre comité de pilotage composé des représentants de l’administration, des professionnels et des scientifiques.

Les obstaclesLes plans d’action sectoriels n’ont été validés

qu’à plusieurs années d’intervalles. Certains ont vu le jour beaucoup plus tard que d’autres, comme les plans sur la forêt, la recherche et l’outre-mer qui n’ont été ajoutés qu’en 2006 et celui sur le tourisme en 2009. Il était pourtant prévu que tous les plans d’action seraient révisés à temps pour 2008 et ce ne fut pas le cas.

En 2009, d’autres plans n’avaient toujours pas de comité de pilotage ou devaient en partager un, à l’instar des plans d’action « Urbanisme » et « In-frastructures de transports terrestres ».

Les réunions de ces comités étaient peu fréquent-es. Peu actifs, ils s’aventuraient rarement hors des limites de leur plan d’action pour réfléchir sur le domaine concerné, faire des propositions ou étab-lir des contacts avec les autres comités. Les plans d’action restaient cloisonnés.

De plus, faute d’implication de la part de l’administration, le caractère interministériel manque à la SNB et des problèmes d’insuffisance de moyens financiers, techniques et de compé-tences multisectorielles sont apparus.

Il y a eu également un manque de coordination des plans d’action à cause de leur grande hétéro-généité et un manque de hiérarchisation dû à leur superposition. Le risque de redondance, de non-cohérence ou de lacunes est alors élevé car cer-taines actions relèvent de plusieurs plans.

Enfin, l’absence de concertation nationale a con-stitué un obstacle supplémentaire. La majorité des acteurs de la biodiversité n’ont pas été associés à l’élaboration de la SNB, d’où la méconnaissance et le manque de participation à sa mise en œuvre par les acteurs.

La principale lacune de la politique française en matière de biodiversité résidait donc dans une mise en œuvre mal planifiée et inégale. À mi-parcours, les plans d’action étaient loin des objectifs fixés. On attribuait la faiblesse de cette première SNB à une élaboration trop précipitée, un but trop ambi-tieux et des défis trop importants, tandis que les moyens mobilisés pour y répondre étaient limités.

Le renouvellement de la stratégie de 2011 à 2020Toutefois, la France n’est pas restée sur l’échec

de la période 2004-2010. Les faiblesses constatées ont permis d’identifier de nouvelles approches et perspectives. La SNB a donc été révisée et renou-velée pour dix ans.

Il est trop tôt pour faire le bilan de cette deu-xième phase de la stratégie, mais nous pouvons déjà remarquer que les ambitions sont formulées

d’une façon telle que les divers acteurs puissent s’y reconnaître. Ajustés aux nouveaux enjeux de la biodiversité, les objectifs sont plus nombreux, détaillés et hiérarchisés. Cependant, il faut se de-mander si autant d’objectifs seront réalisables dans le délai imparti. Des problèmes pourraient appa-raître au niveau de l’application et la grande hé-térogénéité des mesures risque d’entraîner la dis-persion voire la perte des efforts. Ces nouveaux objectifs nécessi-teront aussi des moyens con-séquents. Étant donné ces limites, la SNB de 2011 est-elle vouée au même sort que la précédente ? Rien n’est moins sûr car elle est originale avec sa démarche participative.

En effet, l’élaboration de la stratégie actuelle a fait l’objet d’une association élargie du public fran-çais, par le biais de questionnaires en ligne et de consultations ponctuelles. La participation des ac-teurs à tous les niveaux est au cœur de la nou-velle stratégie et l’objet de tous ses espoirs. Ainsi, la stratégie innove en établissant un lien direct et concret entre sa mise en œuvre et la responsabili-sation des acteurs, grâce aux procédés d’adhésion et de déclaration volontaires. L’adhérent à la SNB s’engage à promouvoir la stratégie et à partager ses expériences en faveur de la biodiversité. Quant à la déclaration d’engagement volontaire, elle per-met à l’adhérent de soumettre un projet d’action qu’il s’engage à mettre en œuvre. Le procédé of-fre l’avantage d’une reconnaissance formelle du gouvernement et met en valeur l’image « verte » des adhérents, qui peuvent se prévaloir de leurs contributions et utiliser le visuel de la SNB dans leurs communications.

La nouvelle stratégie a la promesse d’un engage-ment fort de l’État. Néanmoins, l’insuffisance des moyens et l’absence de budget dédié persistent. Le financement national existe mais il est non vi-able car la population française est déjà surtaxée. Dans ce contexte, les efforts français seront-ils suffisants pour assurer la pérennité de la nouvelle stratégie sur la biodiversité ?

LA pRotection de LA biodiveRsité en FRAnce : queLLes AvAncées ? Lynda Hubert Ta, étudiante à la Maîtrise en droit de l’environnement

20 ans après son adhésion à la Convention des Nations unies sur la diversité biologique, la France revient sur ses pas, constate ses erreurs et tente de les ajuster aux contextes évolutifs.

Références et notesALEXANDRE, S. et al. 2010. La Stratégie nationale pour la biodiversité : Bilan et perspectives. Paris. Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche et Ministère de l’écologie, de l’énergie, du Développement durable et de la Mer.CABINET DU PREMIER MINISTRE. 2011. Stratégie nation-ale pour la biodiversité 2011-2020. Paris. Ministère de l’Écologie, du Développement durable, des Transports et du logement.MINISTÈRE DE L’ÉCOLOGIE ET DU DÉVELOPPEMENT DU-RABLE ( 2004 ) Stratégie nationale pour la biodiversité : En-jeux, finalités, orientations. Paris. Ministère de l’Écologie et du Développement durable.VALARCHER, J. 2009. Quatrième rapport national de la France à la Convention sur la diversité biologique. Paris. Ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement du-rable et de la Mer.

« Les efforts français seront-ils suffisants pour assurer la pérennité de la nouvelle stratégie sur la biodiversité ? »

« Paris sous les arbres », jardin éphémère situé sur le parvis de l’Hôtel de Ville de Paris. Photo : Creative commons

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Recherche

À la veille de Rio+20, les générations actuelles doivent non seulement reconnaitre l’ampleur et

la complexité des défis écologiques, mais encore résister à la tentation de minimiser le problème en passant sous silence certaines dimensions spéci-fiques du concept de développement durable. Les paragraphes suivants examinent un aspect impor-tant sans lequel un programme de sensibilisation en faveur de la durabilité serait incomplet.

Pourquoi les générations actuelles doivent-elles se sentir solidaires des générations futures ? Quelles sont les raisons qu’on peut évoquer pour fonder cette obligation éthique, voire juridique ? Qu’est-ce qui, au fond, justifie le devoir de solidarité intergé-nérationnelle ? Contrairement aux apparences, les réponses à ces questions sont loin d’être évident-es, tant il est vrai que le principe ( valeur/obliga-tion ) de solidarité intergénérationnelle n’arrache pas d’emblée notre adhésion. En réalité, cette situ-ation est due au fait que la plupart des instruments juridiques internationaux se montrent peu diserts sur les justifications formelles et substantielles de ce principe. Ils nous disent très souvent comment agir et rarement pourquoi agir. Trop d’objections et de désaccords autour de ce principe proviennent précisément de cette carence dans son fondement originaire. Or, mettre l’accent sur les raisons qui président à la solidarité intergénérationnelle c’est donner une base raisonnable et, surtout motiva-tionnelle pour agir suivant ce principe là. Autre-

ment dit, une justification rigoureuse légitimerait et inciterait — davantage — à l’action.

C’est en ayant en vue cette thèse que notre re-cherche se propose de répondre aux questions sus-mentionnées. À ce titre, deux arguments ( non ex-haustifs ) seront avancés pour asseoir d’un point de vue éthique la nécessité d’agir en faveur des princi-pes d’action de la solidarité intergénérationnelle.

Nous sommes tous débiteurs de naissanceDès l’instant où l’homme vient à la vie, il est déjà

un obligé. En entrant en effet dans l’association hu-maine, « il y prend sa part d’un héritage accumulé par les ancêtres de lui-même et de tous ; en nais-sant, il commence à jouir d’un capital immense qu’ont épargné d’autres générations antérieures » ( 1 ).

Suivant ce point de vue, on peut affirmer à une échelle plus grande que chaque génération est dé-bitrice de naissance. Autrement dit, l’obligation de solidarité de chaque génération envers les suivantes ne résulte pas d’une décision arbitraire, extérieure aux choses. Elle est la contrepartie des avantages que chaque génération retire de l’héritage des gé-nérations précédentes et la conséquence éthique de la continuité de la famille humaine. C’est la re-connaissance d’une dette à l’égard des générations passées. Cette dette est en même temps la charge de notre liberté et la base de nos devoirs actuels envers les générations à venir.

Il convient de préciser que le capital de vie et d’utilités que constitue l’environnement n’est pas destiné à une gé-nération particulière ou à un groupe de pays précis. Il appartient à tous ceux qui seront ap-pelés à la vie. En clair, c’est « envers tous ceux qui viendront après nous que nous avons reçu des ancêtres charge d’acquitter la dette, c’est un legs de tout le passé à tout l’avenir » ( 2 ).

La nature : un bien commun et un héri-tage en partage

On trouve de nom-breuses analogies paradigmatiques de cet argument dans les systèmes juridiques et règlements de la vie commune. En effet, on établit et associe gé-néralement les droits d’accès ou d’utilisation de la chose publique à l’obligation de la main-tenir autant que possi-ble en bon état. Même-ment, il est très souvent attaché au droit de visite d’un parc l’obligation de ne pas le dégrader, et ce, dans l’intérêt de tous et surtout des futurs visiteurs. On peut dire à

titre illustratif que Monsieur Isidore a autant le droit de jouir paisiblement de sa chambre d’étudiant que l’obligation de la restituer en bon état afin que les fu-turs locataires puissent eux aussi en jouir et ainsi de suite. On l’aura compris, l’idée de la solidarité intergé-nérationnelle ressemble tout à fait à cet exemple.

La Nature est un bien commun que toutes les gé-nérations ont en partage. Elle appartient à une grande famille dont beaucoup de membres sont déjà morts, dont quelques-uns sont vivants et dont plusieurs ne sont pas encore nés. Armé de cette prémisse, on peut donc affirmer que le fait de peser continuel-lement sur les équilibres environnementaux, de réduire densément la biodiversité, d’exploiter inten-sément les ressources naturelles, de produire et de stocker massivement des déchets nucléaires sans tenir compte des générations futures, équivaut à une négligence morale, à un crime « différé », bref à faute éthique.

Chaque génération reçoit la Nature en dépôt des générations précédentes et chacune en est dé-positaire pour les générations suivantes. Ainsi, le principe même de justice « interdit à toutes les gé-nérations de priver les autres de leur juste part des avantages du patrimoine commun de l’humanité. Elle […] exige un sens de solidarité avec l’ensemble de la famille humaine » ( 3 ).

Plus largement, la solidarité intergénérationnelle est rendue nécessaire pour faire pièce aux nouveaux défis et conséquences de notre agir. Elle permet de com-prendre que la responsabilité éthique va dorénavant au-delà de la contemporanéité et la proximité du com-merce des humains entre eux et des humains avec la Nature. Bien plus, elle témoigne non seulement de la coprésence des moments, mais surtout, de la copro-priété et cogestion atemporelle de la Nature en tant que patrimoine commun et intergénérationnel.

La solidarité intergénérationnelle a donc pour fon-dements : la reconnaissance de l’interdépendance des générations et la dimension éthique de la Nature en tant que patrimoine commun de l’humanité. Loin d’être une démarche ascétique qui sacrifie les généra-tions présentes sur l’autel des générations futures, la solidarité intergénérationnelle est une éthique qui in-vite chaque génération à la modération des fins en vue de limiter ex ante les dégradations des conditions de vie pour les générations suivantes.

PouR une solidaRité inteRgénéRationnelleChristian Djoko Kamgain, étudiant au doctorat en philosophie, Université Laval

La solidarité intergénérationnelle est une éthique qui invite chaque génération à la modération des fins en vue de limiter ex ante les dégradations des conditions de vie pour les générations suivantes.

Références et notes( 1 ) Bourgeois, L. 1896. Solidarité, Paris, Armand Colin et Cie, p. 47.( 2 ) Ibid., p. 49.( 3 ) Agius, E. Éthique de l’environnement : vers une perspec-tive intergénérationnelle, dans Henk A. ( Dir. ), Éthiques de l’environnement et politique internationale, Paris, UNESCO, 2007, p. 122.

« La solidarité intergénéra-tionnelle est la contrepartie des avantages que chaque génération retire de l’héritage des générations précédentes et la conséquence éthique de la continuité de la famille humaine »

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La vision d’un développement dit durable, répondant « aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de

répondre aux leurs » ( 1 ), insiste sur l’interdépendance réciproque des systèmes économiques, sociaux, et écologiques. Popularisée en 1992 par la Conférence des Nations unies sur l’environnement et le développe-ment, cette idée d’une éthique intergénérationnelle s’est peu à peu impo-sée dans les discours institutionnels. Appelée à un grand destin, censée faire changer les pratiques collectives et individuelles, 20 ans après Rio, la montagne a accouché d’une souris. Dans les faits, il n’est de dura-ble que le statu quo : les avancées concrètes sont marginales, et l’on se préoccupe bien peu, finalement, des conséquences que cela peut avoir pour les générations futures. À l’échelle de la planète, les phénomènes de pollutions, les rejets de contaminants, le changement du climat et la fragilisation des écosystèmes n’ont cessé de s’aggraver sous l’effet in-sistant et prononcé des activités dites productrices : énergie, industrie, foresterie, agriculture, transports, bâtiment, etc.

Le réchauffement climatique est déjà palpable. Les températures moy-ennes atmosphérique, terrestre et océanique ont déjà augmenté d’un peu plus de 0,5°C ( 2 ). Il suffit que le réchauffement dépasse +2°C, c’est-à-dire une hausse supplémentaire de 1,5°C, pour que les incidences sur les systèmes physiques et biologiques deviennent brusques et irré-versibles. Une étude récente indique « qu’il existe des risques significatifs que la cible des 2°C, endossée par tant de nations, soit déjà hors de portée » ( 3 ). La biosphère, pour le moins fragilisée et dégradée, continue à subir depuis une centaine d’années des destructions et des pollutions non seulement massives, mais incessantes et diffuses : déforestation, ta-rissement des matières premières, épuisement des nappes phréatiques, surexploitation halieutique, marées noires à répétition, etc.

Sans oublier les risques sociaux et sanitaires : des centaines de millions de personnes sont aujourd’hui exposées à un stress hydrique accru causé par la diminution des réserves d’eau douce et d’eau potable. Ces régions du globe qui connaissent déjà des calamités relatives à leurs situations géographique et/ou économique, verront vraisemblablement leurs cir-constances empirer. Les vagues de chaleur, les sécheresses et les inonda-tions côtières qui devraient se produire de manière plus fréquente et plus intense, menacent d’aggraver les phénomènes de pénuries alimentaires et de malnutrition, les risques de maladies diarrhéiques, cardiorespira-toires et infectieuses, ainsi que la migration de certains vecteurs de mala-dies. De nos jours, pas moins de 4 millions de personnes décèdent pré-maturément chaque année à cause de la pollution par les particules fines présentes dans l’air et de l’insalubrité de l’eau, ce qui représente 6 % du total des décès mondiaux ( 4 ).

De surcroît, un nombre croissant d’études tend à généraliser les liens entre le climat mondial, la raréfaction des ressources dites de subsistance ― terres, eau, nourriture ―, et les déséquilibres géopolitiques entre les sociétés humaines ( 5 ). À ce titre, la perspective de voir le Conseil de sé-curité des Nations unies faire appel à des « casques verts » afin d’étendre sa mission de maintien de la paix aux conflits dits écologiques, s’avère être de plus en plus tangible ( 6 ). Les pays dits développés craignent en outre des mouvements migratoires massifs en provenance des régions particulièrement fragiles au niveau géopolitique et climatique, dont la perspective apparaît comme une menace pesante pour leur propre pros-périté sociale et économique.

Paradoxalement, peu semble être fait pour atténuer l’évolution du cli-mat. De nombreux pays refusent de prendre leur responsabilité histo-rique, feignant d’ignorer que les changements environnementaux finiront également par nuire à la croissance économique ( 1 ). Nous sommes tous concernés, il est donc temps d’agir sans délai car il s’agit de notre avenir commun, le nôtre et celui des générations futures.

Nicolas Raineri, étudiant au doctorat en sciences de l’administration, Université Laval

20 ans après Rio, les défis écologiques, sanitaires et géopolitiques des changements environnemen-taux n’ont jamais été aussi saillants pour la popula-tion mondiale.

Opinion Quid des génératiOns futures 20 ans après riO ?

Références et notes( 1 ) Brundtland, Commission mondiale sur l’environnement et le développement. 1987. Our common future. Oxford, UK : Oxford University Press ( p. 54 ).( 2 ) NOAA : Agence nationale des océans et de l’atmosphère américaine. 2011. State of the climate in 2010. Bulletin of the American Meteorological Society, 92( 6 ) : 1-266.( 3 ) Rogelj, J., Hare, W., Lowe, J., Vuuren, D. P., Riahi, K., Matthews, B., Hanaoka, T., Jiang, K., & Meinshausen, M. 2011. Emission pathways consistent with a 2°C global temperature limit. Nature Climate Change, 1( 8 ) : 413-418.( 4 ) Cohen, A., Anderson, R., Ostra, B., Pandey, K. D., Krzyzanowski, M., Kunzli, N., Gutschmidt, K., Pope, A., Romieu, I., Samet, J., & Smith, K. 2005. The global bur-den of disease due to outdoor air pollution. Journal of Toxicology and Environmental Health, 68( 13-14 ) : 1301-1307.( 5 ) Barnett, J., Adger W. N. 2007. Climate change, human security and violent con-flict. Political Geography, 26 : 639-655.( 6 ) Malone, L. A. 2009. Green helmets : Eco-intervention in the twenty-first century. American Society of International Law―Proceedings of the Annual Meeting, 103 : 19-38.

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Opinion

Au niveau mondial, la faim, principale menace à la santé humaine, tenaille

chaque jour près d’un milliard de per-sonnes et un enfant sur quatre est sous-al-imenté ( 1 ). Au sein des villes, la détresse a provoqué de nombreux soulèvements populaires, notamment en 2008 alors qu’éclataient les émeutes de la faim dans plusieurs pays en développement.

Depuis plusieurs décennies, le schéma mondial de migration des groupes de po-pulation suit une tendance à l’urbanisation qui entraîne le développement accéléré de cités denses, larges et toujours plus po-puleuses ( 2 ). Les nouveaux arrivants re-joignent généralement la masse de pau-vres urbains entassés dans des quartiers marginaux où l’insécurité alimentaire est préoccupante et les services d’aide n’arrivent pas à sa-tisfaire les besoins.

En ville, la faim est fortement liée à la pauvreté en raison de la dépendance à la monnaie qui caractérise la vie urbaine et oblige les citadins à payer la plupart des produits et services essentiels à leur sub-sistance ( 3 ). Le faible pouvoir d’achat con-traint donc plusieurs familles à sacrifier la qualité de leur alimentation en priorisant l’achat de denrées à moindre coût, telles les pâtes alimentaires, le riz et la farine ( 4 ). Riches en féculents et carbohydrates, ces diètes présentent de graves déficits en vita-mines, minéraux et protéines essentiels.

L’aspect qualitatif de la sécurité alimentaire

Les conséquences à long terme d’un tel comportement nutritionnel sont sour- noises, menant à l’apparition d’importantes carences alimentaires qui mettent grave-ment en péril la santé et, surtout, menacent le bon développement physique et mental des enfants. Pourtant, la définition propo-sée par la FAO ( 5 ) mentionne clairement l’importance de la qualité des diètes dans le concept de sécurité alimentaire : « la sécu-rité alimentaire est l’état selon lequel toute personne a, en tout temps, un accès phy-sique, économique et social à une alimenta-

tion suffisante, sûre et nutritive qui lui per-met de satisfaire ses besoins énergétiques de façon à mener une vie active et saine ». Ainsi, en contexte urbain, la réelle sécurité alimentaire semble être un luxe hors de portée des portefeuilles moins garnis.

Les programmes de dépannage alimentaire offerts dans les quartiers les plus défavorisés des grandes villes ont, selon la même logique d’économie, tendance à offrir des menus où l’aspect qualitatif est fortement négligé au profit de la quantité. Malgré leur importance pour calmer la faim de millions de citadins dans le besoin, ces programmes contribuent à hypothéquer gravement la santé publique s’ils ne sont pas accompagnés de stratégies assurant un apport complémentaire en vita-mines et minéraux.

Des stratégies productivesÀ ce niveau, l’importance de l’agriculture

urbaine ou, au sens plus large, de la pro-duction alimentaire en ville, n’est plus à démontrer ( voir, entre autres, 6 et 7 ). En favorisant l’accès à des fruits, des légumes et même à certains produits animaux à prix justes, ce secteur d’activité contribue à améliorer l’alimentation de la population. Pour tirer parti au maximum du potentiel de l’agriculture urbaine, de grands efforts doivent maintenant être déployés pour développer des stratégies innovantes qui permettent l’expansion et l’intensification de la production en ville.

Par contre, le manque d’espace et les conflits fonciers qui caractérisent le déve-loppement de villes denses et très popu- leuses limitent le développement de vastes systèmes productifs urbains ( 8 et 9 ). Pour surmonter une telle contrainte, il est pri-mordial de faire preuve d’imagination pour développer des stratégies productives per-mettant de valoriser l’ensemble des espaces urbains disponibles : les toits peuvent ac-cueillir des jardins, les murs peuvent por-ter une variété de plantes grimpantes aux vertus alimentaires et on peut planter des arbustes nourriciers sur les terrains des devantures de maisons.

De plus, une nouvelle stratégie pro-ductive semble attirer de plus en plus l’attention des chercheurs, soit la plan-tation d’arbres nourriciers en systèmes productifs au sein des parcs publics, des bordures de rues et autres sites générale-

ment inadéquats à l’installation de jardins urbains. Faisant référence à la fonction productive des arbres, leur plantation massive permettrait aux communautés d’obtenir une variété de denrées comes-tibles telles que des graines, des feuilles, des fruits ou du fourrage pour les animaux ( Bellefontaine, Petit et al., 2002 ).

Ainsi, le développement d’un réel ré-seau de culture de produits frais en ville représente une solution clé au problème d’insécurité alimentaire qualitative qui fait rage dans les quartiers défavorisés. Pour y parvenir, les décideurs municipaux doivent assurer un important leadership et s’unir avec les communautés pour valo-riser chaque espace urbain disponible. Les produits cultivés devraient également être destinés à compléter les diètes offertes dans le cadre des programmes d’aide ali-mentaire afin de bénéficier au plus grand nombre de citadins dans le besoin.

Sécurité alimentaire qualitative, gage de Santé chez leS pluS démuniSMariève Lafontaine-Messier, étudiante à la maîtrise en agroforesterie, Université Laval

L’insécurité alimentaire qualitative fait rage dans les quartiers les plus défavorisés de toutes les villes du monde. Pour y faire face, la production alimentaire urbaine peut être considérée comme une stratégie clé.

Références et notes( 1 ) World Food Program. 2011. Hunger Stats. Consulté le 25 Novembre 2011, www.wfp.org/hunger/stats.( 2 ) Ravallion, M. 2007. La pauvreté urbaine. Finances & Développement ( Septembre 2007 ) : 15-17.( 3 ) Baker, J. et N. Schuler. 2004. Analyzing Ur-ban Poverty : A Summary of Methods and Ap-proaches. Policy Research Working Paper Series. Washington, World Bank : 66.( 4 ) Communautés européennes. 2009. Sécurité alimentaire : Comprendre et relever le défi de la pauvreté. Belgique, Communauté européenne, Office de coopération EuropeAid. ( 5 ) FAO. 2009. Declaration of the World Summit on Food Security. World Summit on Food Secu-rity. Rome, Food and Agriculture Organization of the United Nations : 7.( 6 ) Mougeot, L. J. A. 2006. Growing better cit-ies : urban agriculture for sustainable develop-ment. Ottawa, International Development Re-search Center : 118.( 7 ) Dubbeling, M., H. d. Zeeuw et R. van Veenhui-zen. 2010. Cities, Poverty and Food : Multi-Stake-holder Policy and Planning in Urban Agriculture. Warwickshire, Practical Action Publishing Ltd.( 8 ) Lynch, K. et T. Binns. 2001. Urban agricul-ture under threat : The Land Security Question in Kano, Nigeria. Cities 18( 3 ) : 159-171.( 9 ) Reuther, S. et N. Dewar. 2005. Competition for the use of public open space in low-income urban areas : the economic potential of urban gardening in Khayelitsha, Cape Town. Develop-ment Southern Africa 23( 1 ) : 97-122.( 10 ) Bellefontaine, R., S. Petit, M. Pain-Orcet, P. Deleporte et J.-G. Bertault. 2002. Trees out-side forests - Towards a better awareness. Rome, Food and Agriculture Organization of the United Nations.

« Le développement d’un réel réseau de culture de produits frais en ville représente une solution clé au problème d’insécurité alimentaire qualitative »

Plantation d’arbres fruitiers dans un parc public de Villa El Salvador, au Pérou. Photo : Mariève Lafontaine-Messier

Jardin créé sur la devanture d’une maison de Chincha, au Pérou. Photo : Joaquin Leguia, ANIA

L’interdiscipLinaire | voL. 3 n° 1

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L’interdiscipLinaire | voL. 3 n° 1 page 7

Recherche

Depuis 1995, les changements climatiques accé-lèrent la fonte de la banquise arctique et lais-

sent entrevoir la possibilité d’un accroissement de la navigation. L’évolution rapide et la prospérité du tourisme de croisière arctique a souvent laissé cro-ire à une expansion rapide dans l’Arctique canadien. En dépit d’un intérêt marqué des communautés à recevoir la visite de navires, une étude connexe sur les perspectives d’expansion des opérateurs de na-vires dans l’Arctique canadien conclut plutôt à une expansion modeste ( 1 ). L’industrie du tourisme de croisière dans l’Arctique canadien est particulière. Les navires sont de petite taille ( 100-300 passag-ers ) et respectent des normes environnementales sévères, les débarquements s’effectuent en zodiac étant donné l’absence d’infrastructures maritimes, les passagers sont très éduqués, souvent retraités, dis-

posent de temps et d’argent pour ce type de produit et se considèrent généralement comme des ambas-sadeurs environnementaux ( 2 ). Les recherches ré-centes soulignent l’importance d’intégrer les ques-tions d’environnement et de développement afin de « satisfaire les besoins fondamentaux, améliorer le niveau de vie pour tous, protéger et gérer les écosys-tèmes et assurer un avenir plus sûr et plus prospère » ( 3 et 4 ). En revanche, le manque d’information sur la dimension sociale et économique des croisières, les itinéraires des navires et les communautés visitées li-mi-tent toutes formes de gestion durable et intégrées de l’industrie. L’objectif, donc, consiste à dresser un portrait du tourisme de croisière dans l’Arctique ca-nadien, selon une approche géographique, dans une perspective d’aide à la prise de décision.

Le mode opératoire des croisières dans l’Arctique canadien s’effectue à travers la promotion d’espaces vierges et inviolés ; « les lieux les plus fréquentés de l’Arctique canadien par les navires de croisière sont des espaces naturels ou historiques, où personne ne vit » ( 2 ). D’ailleurs, au Nunavut, entre 2008 et 2010, seules dix communautés sur près de vingt-neuf ont reçu la visite d’au moins un navire ( Figure 1 ). Les com-munautés moins peuplées de Resolute ( A ) et de Pond Inlet ( B ) de même que celles du sud de l’Île de Baffin apparaissent comme les principales destinations.

Le rôle que peut prendre le tourisme comme in-strument de développement est bien connu : « les tou-ristes consomment des produits et des services sur place, achètent de l’artisanat, suscitent la créa-tion d’équipements et de services spécialisés » ( 2 ). À cet effet, les communautés visitées par les navires et dont l’indice de développement humain ( IDH ) est plus élevé présentent une offre d’hébergement et de restauration ainsi qu’un nombre beaucoup plus élevé de boutiques d’art et de souvenirs ( Figure 2 ). Cependant, il faut le mentionner, les communautés non visitées se situent dans des secteurs où la ban-quise représente une contrainte majeure de naviga-

tion et la plupart des navires n’ont pas l’autorisation d’y naviguer. Des recherches récentes ont cependant démontré le besoin impératif de mettre à jour le sys-tème de navigation dans l’Arctique canadien, qui date de 1999, afin de l’adapter à la dynamique actuelle de la fonte de la banquise ( 5 ). Ainsi, les navires qui jadis n’avaient pas le droit de s’aventurer dans cer-taines zones, en raison de la présence de glace, y auraient désormais accès, permettant ainsi de diver-sifier les itinéraires et d’œuvrer à un développement économique et humain plus équitable ( 6 ).

Dans une perspective de développement durable des communautés locales du Nunavut, le tourisme de croisière est porteur d’un fort potentiel de dével-oppement économique et social ( 7 ). Cependant, il faudra investir massivement dans les services et l’hébergement, mettre en valeur la culture Inuit et diversifier les itinéraires pour diminuer la pression environnementale et permettre un développement économique plus équitable. La tendance actuelle est très encourageante ; les chercheurs et l’industrie du tourisme de croisière tendent de plus en plus à con-sidérer les êtres humains au centre de leurs préoccu-pations relatives au développement durable ( Principe 1 ) ( 3 ). Les lois canadiennes prônent la protection de l’environnement ( Principe 4 ) par la mise en place, dès 1990, d’une législation nationale concernant la responsabilité de la pollution et d’autres dommages à l’environnement ( Principe 13 ) et les communautés autochtones sont intégrées dans le processus décision-nel étant donné la compréhension du rôle vital qu’elles peuvent jouer dans la gestion de l’environnement et le développement, du fait de leurs connaissances du milieu et de leurs pratiques traditionnelles ( 3 et 5 ).

TouRisme de cRoisièRe dans l’aRcTique canadien : un poTenTiel de développemenT à exploiTeRPierre-Louis Têtu, étudiant à la maîtrise en sciences géographique, Université Laval

Fédéric Lasserre, professeur au département de géographie, Université Laval, et directeur de projet, ArcticNet

L’industrie du tourisme de croisière dans l’Arctique canadien présente un fort potentiel de développement durable. Afin de créer les conditions favorables à un développement plus équitable, il est impératif pour les décideurs de créer les con-ditions favorisant la diversification des itinéraires et des communautés visitées.

Références et notes( 1 ) Têtu, Pierre-Louis et Lasserre, Frédéric. ( Article soumis ). Expansion of Cruise Tourism in Canadian Arctic : Myth or real-ity ?, Northern Studies Press, Lakehead University : 3-18. ( 2 ) Dupré, Sophie. 2010. Les croisières touristiques dans l’Arctique canadien : Réalités contemporaines et illusion éco-touristique, Dans Frédéric Lasserre ( dir. ). Passages et mers arctiques : Géopolitique d’une région en mutation. Québec, Presses de l’Université du Québec. ( 3 ) Nations Unies – Développement durable, Petits États In-sulaires – Session extraordinaire, Action 21 [En ligne], URL : www.un.org/french/ga/special/sids/agenda21/, ( Consulté le 28 février 2012 ). ( 4 ) Nations Unies - Déclaration de Rio sur l’Environnement et le Développement, Principe #3 [En ligne], URL : www.un.org/french/events/rio92/rio-fp.htm, ( Consulté le 28 février 2012 ). ( 5 ) Kubat, I., Timco,G. & Collins, A. 2009. The Approach for Revising the Canadian Arctic Shipping Regulations, National Research Council Canada [En ligne], URL : ftp ://ftp2.chc.nrc.ca/CRTreports/POAC_09-57_Regs_Revision.pdf, ( Consulté le 19 février 2012 ). ( 6 ) Nations Unies - Code of Conduct for Arctic Tourism [En ligne], URL : www.un.org/esa/dsd/dsd_aofw_mg/mg_VIA/viaprofiles_WWF_Arctic_Code.htm, ( Consulté le 19 février 2012 ).( 7 ) Stewart, E.J., Draper, D. & Johnston, M.E. 2010. A Review of Tourism Research in the Polar Regions, Arctic 58 ( 4 ) : 383-394.

Figure 2

Figure 1. Réalisé par Pierre-Louis Têtu, Département de géographie, Université Laval, 2012

« Dans une perspective de développement durable des communautés locales du Nunavut, le tourisme de croisière est porteur d’un fort potentiel de développe-ment économique et social. »

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L’interdiscipLinaire | voL. 3 n° 1page 8

Actualités

Inspiré principalement par l’art minimaliste et l’art conceptuel, le Land Art apparait aux États-

Unis à la fin des années 60 et au début des années 70. C’est à cette époque que des préoccupations devant les impacts sociaux et environnementaux de la période d’industrialisation émergent des sci-ences naturelles et des sciences humaines. Cette remise en question des sciences visait à trancher avec les visions d’équilibre ou du rapport linéaire entre l’être humain et la nature, tout en mettant de l’avant la relation dynamique entre la société et l’environnement. Présenté comme un mouvement écologiste, le Land Art avait pour objectifs de sortir les œuvres d’art des musées et des galeries d’art afin de les rendre accessibles à l’ensemble de la population et d’éliminer la dimension commerciale dans laquelle l’art était plongé.

La construction d’une œuvre consiste à utiliser les éléments naturels trouvés sur place, tels que des pierres, du bois, de la terre et autres. Certains ar-tistes choisissent volontairement cette méthode, qui est plus en lien avec la pratique d’origine du Land Art. Toutefois, d’autres matériaux peuvent être ajoutés, tels que le textile et des objets de récupération. La démarche du Land Art inclut une dimension esthé-tique. Il n’est pas question d’imitation de la nature, mais d’un dépassement des perceptions de l’artiste par rapport à celle-ci. Elle introduit un travail autant avec la matière, la surface, l’espace et le paysage, qui met en avant-plan la perception des différentes frontières repérées dans ceux-ci.

Pour l’artiste, un double mouvement s’effectue. D’abord, la toile de fond pour la création de l’œuvre est la nature. L’environnement naturel soutient l’œuvre de l’artiste. Ensuite, la nature devient son modèle. Elle inspire de manière directe l’artiste qui est en relation avec l’espace physique dans lequel il se situe. L’œuvre créée peut parfois être éphémère ou permanente. Certains artistes conçoivent volon-tairement des œuvres de type éphémère afin de mettre en avant-plan la puissance de la nature. Pour Andy Goldsworthy, la courte durée de l’œuvre ne signifie pas sa destruction, mais plutôt la dimen-sion du cycle de vie de tous les éléments naturels.

Les artistes optant pour la création d’une œuvre permanente, incluent dans leur réflexion les effets du temps où l’œuvre devient un objet faisant par-tie des éléments vivants qui l’entourent. Par ex-emple, le « Spiral Jetty » de Robert Smithson fait non seulement partie du paysage, mais est devenu après un certain temps un site culturel significatif.

Parmi les personnes ayant inspiré les artistes contemporains du Land Art, le sculpteur Isamu Noguchi ( 1904-1988 ) fait surface. Son œuvre

« Contoured Playground in New York » représente pour plusieurs le point d’origine d’une réflexion sur l’importance d’inclure la nature dans les es-paces publics. Pour sa part, Alan Sonfist ( 1946- ) encourage une approche dynamique entre la na-ture et la culture en proposant la création d’une forêt au cœur de New York. Celle-ci contient un répertoire vivant des plantes indigènes de la péri-ode pré-coloniale. Le projet « Time Landscape » soulève une réflexion sur la fragilité du patrimoine biologique et sera décrit dans les années 1970 comme étant du « Sustainable Art ». L’Américain Robert Smithson ( 1938-1973 ) est sans contred-it l’un des artistes les plus connus, contribuant même après sa mort à la diffusion de cet art. Pour plusieurs, le « Spiral Jetty » représente l’œuvre iconique du Land Art.

Située aux États-Unis, dans l’Utah, sur les abords du Great Salt Lake, elle aurait été créée à la limite de la surface de l’eau lors d’une péri-ode de sécheresse. Achevée en 1970, l’œuvre a été complètement submergée quelques années plus tard. Or, la récente vague de sécheresse qui sévit dans cette région depuis 2002, fait émerger à nouveau le « jetty » à la surface du lac.

Plus près de nous, l’artiste William ( Bill ) Va-zan ( 1933- ), considéré comme un pilier du Land Art au Québec, privilégie la dimension du temps et les mouvements de l’homme dans celui-ci : Stone Maze, 1976, Parc de Lafontaine ; Pression/Présence, 1979, Plaines d’Abraham. Depuis 1978, il fait voyager son art en Chine, en Égypte, en France, en Israël, au Japon, au Pérou et en Russie. L’ensemble de son œuvre lui a valu récemment le prix Paul-Émile-Borduas 2010.

Dimensions socio-politiques du Land ArtLorsque l’on développe un territoire près d’une

œuvre permanente, des contestations au sein de la population locale concernant les transforma-tions dans l’environnement immédiat de celui-ci apparaissent. La dimension politique de l’œuvre est alors soulevée et l’œuvre dans son ensemble devient un lieu de débats collectifs. En février 2008, des discussions émergent sur un projet de forage d’une compagnie canadienne d’exploitation pétrolière non loin du « Spiral Jetty ». Un mouve-ment de protestation prend forme, auquel prendra part Nancy Holt, la veuve de Robert Smithson, afin de protéger l’œuvre du défunt artiste. Les pro-testataires sont contre l’intrusion de la compagnie pétrolière dans le paysage enrobant l’œuvre.

De son côté, l’artiste brésilien Nele Azevedo

propose une réflexion commune sur le réchauffe-ment planétaire à travers son œuvre Melting men. Dans sa dernière version, à Berlin, on implique les passants en leur offrant de déposer des hommes de glace sur les marches du Gendarmen Market Square. Mille glaçons ont été ainsi placés et après seulement trente minutes, ceux-ci avaient entière-ment fondu.

Bien qu’initialement l’œuvre représente une cri-tique par l’artiste des différentes structures bé-tonnières dans les villes, le groupe World Wildlife Funds ( WWF ) récupéra le concept pour des fins de sensibilisation concernant la fonte des glaces en Arctique.

Les artistes du Land Art s’apparentent à des ar-chitectes du paysage. Ils sont des individus qui ont développé un rapport avec l’environnement qui est exceptionnel dans le domaine des arts. Parce que la nature devient leur toile de fond, ils expérimen-tent leur art d’une manière concrète en se situant dans l’espace de création. Leurs œuvres bousculent notre perception du « naturel » tout en nous incitant à réfléchir sur notre rapport à l’environnement et la place que nous occupons dans celui-ci. Dans un monde en constantes transformations, où la nature semble de plus en plus loin du quotidien dans lequel nous vivons, le Land Art prend une place significa-tive dans le paysage. De ce fait, il connait de plus en plus d’adeptes et d’admirateurs.

Le LAnd Art : déveLopper un rApport à L’environnement à trAvers L’ArtMaria Aubin, étudiante à la maîtrise en anthropologie, Université Laval.

De plus en plus présent dans notre environnement, le Land Art vise à con-fronter l’observateur dans ce qui lui est normalement familier, mais aussi à développer chez lui un questionnement sur sa relation avec la nature.

Références et notesBouchard, J. 2011. Un théâtre de la nature. De l’art et des jardins. Des travaux et des jours, Éditions GID, Québec, 200p.Ramade, B. 2007. Mutation écologique de l’art ? dans Cosmopolites, Esthétique et espace public, n°15 : 31-42Sites internet :www.diaart.org/sites/main/spiraljettywww.a l anson f i s t . com/b iog raphy/ i ndex .h tm l www.noguchi.org/noguchi/biography www.leftmatrix.com/sonfistlist.htmlwww.youtube.com/watch ?v=rjVQfth76sswww.dai lymai l .co.uk/news/worldnews/art ic le-1210783/Melting-men-Thousand-ice-sculptures-left-thaw-sun-highlight-cl imate-change-Arctic.html#ixzz1LxyZ3h5pwww.prixduquébec.gouv.qc.ca/presse/paus-emile-bor-duas.html www.cybermuse.gallery.ca/cybermuse/showcases/meet/artist_e.jsp ?artistid=5659

Le journal L’intErDiSciplinaire est une initiative du Comi-té étudiant de l’Institut EDS. Il vise à promouvoir un dia-logue interdisciplinaire sur le développement durable chez la relève. Ouvert à la fois aux articles d’opinion, journalistiques et scientifiques, L’intErDiSciplinaire est une tribune étudiante qui laisse place aux débats, aux échanges et aux discus-sions qui touchent l’environnement, le développement et la société. Le journal est publié deux fois par année. Les opin-ions qui y sont exprimées sont celles de leurs auteur( e )s et n’engagent en rien la responsabilité de l’Institut EDS.

Tirage : 10 000 exemplaires L’équipe du journal :

Nancy ÉmondJean-François Fortier Lynda Hubert-TaRoxane Lavoie

Pour nous joindre ou soumettre un article :

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Règles rédactionnelles :

Titre complet500 à 1000 mots maximumRésumé ( 50 mots )Références et notes numérotées à la fin de l’article

Emiliano ScanuPierre-Louis TêtuPierre Woitrin

Nele Azevedo, Melting men, à Berlin au Gendarmen Market Square

Robert Smithson, Spiral Jetty, 1970

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ARTS ET CULTURE | impACT CAmpUS | mARdi 13 mARS 2012 17

Critique littéraire :Sonde ton âme, Manu Ségalotti

p.18

Critique de Réminiscence ( Théâtre Périscope )

p.19

Un huitième de seconde.

Voilà le temps qu’il faut pour se sentir à l’aise

avec Marie-Pierre Arthur. Une simple poignée de main, puis déjà, on veut entendre son histoire.

Son besoin de nous la ra-conter s’est pourtant mani-festé tard : « La première fois où

j’ai eu envie d’écrire, je devais avoir 26 ans, c’est peu de temps avant mon premier disque. » À l’époque, elle était bassiste, no-tamment pour Ariane Moffatt et Stéfie Shock. « J’étais de plus en plus entourée de créateurs, puis il y avait une énergie là-dedans que je ne connaissais pas et qui m’attirait. Quand on s’est mis à brainstormer, quand le projet a commencé à exister, c’était in-croyable la vitalité ! », s’exclame-t-elle. Une sorte de vitalité, c’est effectivement ce qu’on ressent en écoutant son dernier album. « Je voulais qu’on sente le fun qu’on a eu à enregistrer. »

La musique était la seule forme d’art qui puisse assouvir ce désir de création. « Je suis très auditive, c’est moins facile pour moi d’entrer dans un tableau par exemple, de me laisser emporter, malgré que j’y arrive de plus en

EntrEvuE avEc MariE-PiErrE arthur

Les cordes sensiblesC’est instantané, voire dangereux : dès la première écoute de l’album Aux alen-tours, réalisé par François Lafontaine et sorti le 7 février dernier, on a envie de sauter sur le téléphone pour organiser notre prochain road trip.

Miléna Babin

plus. Je suis une hypersensible en fait, c’est souvent en sentant les gens touchés que j’embarque. Je suis toujours curieuse de sa-voir ce qui allume les gens que j’aime. » À l’inverse, elle plonge littéralement dans les chan-sons qui lui plaisent. « Quand ma mère me faisait écouter des ballades, à un ou deux ans, je pleurais si elles étaient tristes et j’étais excitée si elles étaient joyeuses. »

Commencer un projet, c’est ce qui semble le plus ardu pour Marie-Pierre. « J’ai tendance à procrastiner », avoue-t-elle. « J’ai besoin d’un deadline, de savoir que quelqu’un attend après moi. Je ne comprendrai jamais ce qui fait que j’ai autant de diffi-culté à me lancer, puisque j’ai tant de plaisir une fois que les premiers pas sont faits. » Toute-fois, l’inspiration a ses caprices

Sur scène, Œdipe et Jo-

caste, unis dans leur passion amoureuse, sont

entourés de leurs quatre enfants dans leur demeure royale. L’his-toire est la même, le point de vue est différent. C’est celui de Jo-caste, s’agrippant à son bonheur, une Jocaste à la sexualité épa-nouie, une Jocaste amante, mais par-dessus tout, une mère qui chérit sa progéniture et se voit revivre dans les yeux de ses en-

fants. C’est la parole de la femme qui est exprimée, tant par le texte que par la mise en scène de Lorraine Pintal, puisqu’on traite avant tout de la relation mère-fille, tandis que les deux fils, rôles muets, occupent une fonction plus accessoire.

Louise Marleau est rayon-nante en reine grecque, incar-nant avec subtilité la beauté flétrissante supportant l’éternel conflit de la femme entre son statut de mère et d’amante. Nar-rateur de l’action, un coryphée

freudien ( Hugues Frenette ) sert d’intermédiaire entre le public et la scène, entre le présent et le passé. Un ajout délectable pour les spectateurs déjà fa-miliers avec le mythe, puisque ce narrateur soulève avec hu-mour les incohérences de cette intrigue intouchable.

Un magnifique décor, signé Jean Hazel, se désagrège lente-ment au fil de l’histoire, sym-bole de l’effondrement de la cité et de l’éclatement familial. Un plancher amovible révèle

et certaines périodes de silence s’imposent. « Les silences sont importants pour moi parce que je réfléchis beaucoup, j’aime avoir du temps pour penser, pour refaire le monde dans ma tête. »

Bien qu’elle s’investisse à fond dans tout ce qu’elle entreprend, on ne ressent chez elle ni ur-gence ni pression. Elle aborde la question avec sagesse : « Avec Aux alentours, j’aime le feeling que je suis en train de monter tranquillement mais sûrement, puis j’aimerais le ressentir en-

core longtemps, c’est ce qui ferait que je n’aurais jamais envie d’arrêter. »

Tout, absolument tout dans cet échange était charmant, surtout ce constat, livré en toute humilité :

« Je ne serai jamais celle qui re-çoit mon album. »

Dommage. Il faudrait vraiment qu’on lui raconte.

Quoi ? Aux alentoursQui ? Marie-Pierre ArthurOù ? Grand Théâtre de QuébecQuand ? Mercredi 4 avril

Jocaste MèreLe mythe d’Œdipe Roi raconte l’union incestueuse du roi de Thèbes avec sa mère. Sous la plume de Nancy Huston, Œdipe Roi devient Jocaste reine, un regard féminin sur un mythe millénaire.

Émilie Rioux

un bassin d’eau qui deviendra l’arène d’Étéocle et de Polynice, les deux héritiers d’Œdipe déjà en confrontation. Quoiqu’il y ait une belle tentative de stylisation, les séquences d’entraînement au combat sont redondantes et n’arrivent malheureusement pas à trouver leur place au sein de la tragédie.

Somme toute, Jocaste reine est une pièce pertinente, qui trouve sa force dans la remise

en perspective d’une histoire d’hommes, où la femme n’avait qu’un rôle secondaire. Une mise en scène efficace, des acteurs crédibles et le cri du cœur d’une mère résonnant de l’Antiquité jusqu’à nos jours.

Quoi ? Jocaste reineQui ? Texte : Nancy Huston, mise en scène : Lorraine PintalOù ? Théâtre de la BordéeQuand ? Jusqu’au 24 mars

Photos : hubert Gaudreau

Photo : Courtoisie, NiCola-FraNk VaChoN

Page 18: Impact 13 mars 2012

ARTS ET CULTURE | impACT CAmpUS | mARdi 13 mARS 201218

À lire sur impactcampus.qc.ca

critique du spectacle de

premier ciel

( hommage À harmonium )

[...] Le spectacle s'est déroulé en multipliant les succès aus-sitôt entamés en cœur par une foule manifestement nostal-gique. La puissance du spec-tacle provenait clairement du public. Ces anciens ado-lescents qui ont grandi avec Harmonium dans les années 1970 et une nouvelle cohorte d’admirateurs découvrant la musique de ces légendes ont partagé l'esprit d'amour et de paix qui a tant marqué cette époque. [...]

liseZ la suite sur notre

site internet, et bien plus !

ChairliftSomething

Vulgar, YouFais-moi Cuire Fais-moi Jouir

GrimesVisions

Sharon Van EttenTramp

Frankie RoseInterstellar

Julien SagotPiano Mal

Hisser Haut

Marie-Pierre ArthurAux Alentours

JambePareil pas pareil [EP]

David Giguère

Lèche-vitrinePONCTUATION

Alaclair Ensemble

Dans l'South du BasSouriez Un PeuJam and P.Dox Eric Lau and

Guilty SimpsonThe Mission [EP]

Portico Quartet Portico Quartet

Charles Gayle Trio

Streets

angl

o

fran

co

électro

hip hop

loud

expé-rimental

1

2

3

4

5

1

2

3

4

5

BlondesBlondes

GoatwhoreBlood For The Master

NepheliumCoils Of Entropy

Abigail WilliamsBecoming

Mouse on MarsParastrophics

John TalabotFin

Ergo

If Not Inertia

littératurela SAUVER

Fun.

SOME NIGHTS

Fueled bY ramen

Émilie Rochette

Sonde ton âme, Manu Ségalotti

4/5

pascal millet

QUÉBEC ALLER SIMPLE

XYZ

Ouvrir un roman et y lire, sous une photo de l’auteur,

que l’histoire est « inspirée de son immigration et de son installation sur la Basse-Cô-te-Nord » peut faire frissonner d’effroi, parce qu’alors survient la peur que l’écrivain ait voulu raconter « comme c’est ar-rivé ». Et « comme c’est arrivé », souvent, ça ne donne pas de l’excellente fiction.

Pascal Millet a donc écrit Québec aller simple à partir, sem-ble-t-il, de son expérience per-sonnelle. Mais tentons d’en faire abstraction, car l’on parle

de littérature, et parce que l’en-nuyeuse précision biographique que nous a fournie l’éditeur pourrait ici trop facilement de-venir un clou sur lequel taper.

Le narrateur du roman, Manu, est un jeune Français qui se cherche, et pas à peu près. Il ne veut pas faire son service mili-taire. Ne veut pas vraiment tra-vailler ou étudier. Vadrouille à temps plein. Et décide de partir en Amérique. Visite les États-Unis, Montréal, Québec, et s’ar-rête quelque temps à Tadoussac. Fait des rencontres. Apprend à conduire un traîneau à chiens.

Puis retourne en France. Fait son service militaire, travaille, tombe amoureux. S’emmerde, se cherche encore. Repart à Tadoussac. Fait de nouvelles connaissances, fume de nou-veaux joints, découvre le ski sur les dunes de sable, apprend à sa-crer. Ne s’est pas encore trouvé, mais aura au moins voyagé. Et voilà.

Un roman d’apprentissage, vous l’aurez compris, et cette idée très européenne de l’Amé-rique sauvage de Jack London à explorer assis sur le dos d’un husky. Amusant, à première vue. Si notre résumé semble un brin plat et désséché, c’est qu’il apparaît un peu difficile, à la lecture, de mettre le doigt sur l’essence de ce narrateur. Ni sympathique, ni antipathique, ni cynique, ni naïf, Manu semble tellement se chercher que le lec-teur finit par le perdre. Les cha-pitres où l’action se déroule en France convainquent, car c’est

là que le texte explore le plus en profondeur l’esprit du person-nage, là qu’on nous laisse entre-voir le mieux ses détresses, ses déchirements et ses complexes. Mais les chapitres québécois semblent plus problématiques, car il est parfois difficile d’en saisir le but ; si on nous raconte avec force détails de grands épi-sodes du quotidien à Tadoussac, rien ne nous permet de com-prendre la portée qu’ils ont sur le narrateur.

« À quoi bon ? », a-t-on donc envie de dire en lisant. Mais comme Manu se pose exacte-ment la même question à propos de la vie en général, peut-être peut-on gentiment déduire que le fond du roman a fini par in-fluencer sa forme, ce qui en ferait une réussite, un texte cohérent sur tous les plans. Sans doute. C’est une façon de le voir.

Jean-Michel Fortier

Il y a de fortes chances que vous ne connaissiez pas le groupe Fun. Pourtant, le trio indie pop, originaire de New York, n’en est pas à ses premiers pas sur la scène musicale. Et si on vous dit We are young ? Parions que ce titre vous est familier. Car cette chanson, sur les ondes depuis septembre 2011 et premier ex-trait de l’album Some nights, a su se hisser au sein de la populaire émission Glee et de la dernière édition du Super Bowl, propul-sant le groupe au sommet de sa gloire et de son art. En duo avec l’excellente Janelle Monáe, le vidéo de We are young en est à près de 10 millions de visionnements. La question est de savoir si l’album, sur lequel se retrouve ce titre, répond aux attentes.

Lancé le 21 février dernier, Some nights marque un point im-portant dans la carrière de Fun. À la rencontre de l’avant-garde et de la tradition, l’album est l’illustration parfaite de la déme-sure pleinement mesurée. Si We are young est le bijou du lot, on aime le rythme à la Vampire Weekend de All alone, on adore l’hymne et les cœurs d’enfants de All alright et la mélodie big band de One foot. Mais par-dessus tout, on adule plus que jamais la voix du chanteur Nate Ruess, le Mercury des jeunes générations, brillamment mise de l’avant sur la pièce-titre et sur Some nights ( intro ), théâtrale à souhait.

D’un bout à l’autre, Some nights impressionne par la qualité de ses composantes. Les instrumentations sont grandioses dans leur contrôle et soutiennent l’énergie vivifiante de l’ensemble. Les textes, brillamment rendus par Ruess, appellent tantôt à l’indépendance, tantôt à l’insouciance et au relâchement. Si les premières écoutes ne seront être satisfaisantes pour tous, Some nights gagne en qualité de fois en fois, se méritant ainsi des éloges sans retenue. Gageons qu’il saura se tailler une place de choix parmi les récipiendaires des galas de 2012.

Page 19: Impact 13 mars 2012

ARTS ET CULTURE | impACT CAmpUS | mARdi 13 mARS 2012 19

Pourtant, au bout des deux heures que dure Madame

de Sade, le constat est évident : cette pièce s’inscrit parfai-tement dans le canevas du Trident, à savoir du grand théâtre classique aussi lourd que magnifique.

Le sujet, pourtant, est ori-ginal. C’est par l’absence que se dessine le portrait de Donatien Alphonse François de Sade, qui donnera son nom au mot sadisme, vu par six femmes : Renée, sa marquise et épouse, Madame de Montreuil, la mère de cette dernière, Anne-Pros-père, sœur de Renée, Baronne de Simiane, amie d’enfance de Sade, Comtesse de Saint-Fond, représentante à elle seule du Péché, et Charlotte, la femme de chambre de la maisonnée. L’action s’étend sur trois an-nées ( 1772, 1778 et 1790, peu après la Révolution française ), dans un décor épuré, laissant la place au texte.

Ce texte de Yukio Mishima, traduit par André Pieyre de Mandiargues, est intelligent, présentant la Femme dans toute sa complexité : compli-cité, amour et fidélité, mais aussi libertinage, perversité et soumission. Les différents personnages sont ainsi étoffés et profonds.

La mise en scène de Martine Beaulne respecte les diffé-rentes ramifications de la dra-maturgie, en lui imposant peu d’effets, sinon ce mur transpa-rent à l’arrière-scène derrière

lequel se déroulent des scènes plus métaphoriques, imagées. Saluons aussi le magnifique travail de Claudia Gendreau et Catherine Higgins aux cos-tumes, qui ont fidèlement re-présenté la fin du XVIIIe siècle.

La distribution des six ac-trices est égale et efficace, mais soulignons quand même le talent de Lise Castonguay, qui incarne une Comtesse de Saint-Fond tellement libérée de toute contrainte morale qu’elle apporte quelques pointes d’hu-mour, ainsi que la performance éblouissante d’Éva Daigle dans le rôle de la Marquise de Sade, qui s’inscrit d’ores et déjà dans les interprétations théâtrales les plus marquantes de cette saison, rien de moins.

Il y aurait eu certainement à couper à quelques endroits dans la pièce, parfois trop verbeuse et donc ennuyante par moments. Mais la qua-lité et l’importance du propos reprennent heureusement le dessus, et si Madame de Sade manque sûrement de folie, c’est peut-être parce qu’elle ne s’y prêtait pas. Il suffit parfois de se contenter des spécialités maison.

Quoi ? Madame de SadeQui ? Texte : Yukio Mishima, mise en scène : Martine BeaulneOù ? Théâtre du Trident / Salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de QuébecQuand ? Jusqu’au 31 mars

Femmes, je vous…Un texte d’un auteur japonais sur le fameux Marquis de Sade, mis en scène par une femme de théâtrale expérimentée : on peut dire que le Théâtre du Trident fait preuve d’audace.

Cyril Schreiber

Cette partie, destinée

aux adultes, ex-plore les grands thèmes humains

– l’amour, la vieillesse, l’absence, la mort – via le prisme de l’eau et de ses déclinaisons concrètes. Réminiscence ne raconte pas à proprement parler une histoire, mais se compose plutôt de plu-sieurs tableaux, d’abord verbaux mais bien vite muets, qui ex-plore l’utilisation de l’eau. Les cinq acteurs, ainsi que Joubert lui-même, font alors corps avec cet élément naturel, n’hésitant pas à se dévêtir si besoin est. Mathieu Campagna, le musi-cien qui tisse la trame sonore du spectacle, les accompagne dans cette recherche.

Difficile de retranscrire l’at-mosphère de Réminiscence, tant celle-ci ne se vit qu’au Périscope. Certes, un esprit rationnel serait tout à fait en droit de mettre en doute certaines scènes. De plus, l’action met un certain temps à démarrer au début de la pièce. Il ne s’agit cependant pas de com-prendre avec son cerveau, mais avec ses sentiments, son cœur.

À l’aide de chorégraphies évo-catrices, Jean-Philippe Joubert offre un produit théâtral d’une beauté inouïe et rare de nos jours. Son langage poétique, presque mystérieux, est tout simplement sublime. Il s’est passé quelque chose durant le segment « Profon-deurs », ces flashs déstabilisants, ou encore durant « Souffle », où un des personnages danse au

milieu d’un immense drap blanc agité à ses quatre coins. On ne saurait résumer en mots ce qu’on vient de vivre, et pourtant on comprend tout. On ressent tout.

Réminiscence est-il fait pour tout le monde ? Malheureuse-ment non, mais il devrait l’être. Ne serait-ce que pour constater que le théâtre de Nuages en pan-talon, en 2012, peut ainsi détruire les règles et en réinventer des nouvelles beaucoup plus sen-sibles, plus belles et, osons le dire, meilleures.

Quoi ? Réminiscence ( troisième volet de la trilogie Eau )Qui ? Jean-Philippe Joubert & Nuages en pantalonOù ? Théâtre PériscopeQuand ? Jusqu’au 24 mars

C’est l’eau qui m’attireTroisième volet de la trilogie Eau, créée à l’occasion des 10 ans de Nuages en pantalon, Réminiscence démontre que Jean-Philippe Joubert est un grand homme de théâtre.

Cyril Schreiber

Photo : Claudy RivaRd

Page 20: Impact 13 mars 2012

sciences et technologie | impact campus | mardi 13 mars 201220

Le mot science de la semaine : L'amiante, un danger

public au Québec ? p. 21

Les neurones en haute définitionEn microscopie, le plus petit détail visible dépend de la couleur de la lumière utilisée. Ce principe physique limite donc les microscopes à une résolution de l’ordre de la centaine de nanomètres. Avec la microscopie STED, il est possible de prendre des images de neurones d'une souris vivante avec une résolution de 70 nanomètres, soit quatre fois plus grande que la résolution standard.

Olivier Dupont-Therrien

La microscopie optique permet de sonder des échantillons

biologiques avec un grossisse-ment important, révélant ainsi énormément de détails sur les structures fines invisibles à l’œil nu. Cependant, la taille mini-male observable d’un échantillon est dépendante de la longueur d’ondes de la lumière utilisée pour l’observer. Comme les mi-croscopes optiques utilisent ty-piquement de la lumière entre 400 et 700 nanomètres, cette taille minimale est de quelques centaines de nanomètres. Or, plusieurs phénomènes — dont la formation de la mémoire — se-raient dus à des modifications

de structure en dessous de cette limite. Bien qu’il existe d’autres types de microscopie ayant la résolution adéquate pour voir ces changements, comme la microscopie à rayon X ou la mi-croscopie électronique, ces der-niers sont très dommageables et ne peuvent être conduits sur des échantillons vivants. Les mi-croscopistes sont donc limités par la lumière utilisée.

Battre les limites : la micros-copie STED

Cette limite est due à la dif-fraction de la lumière, et a long-temps été vue comme limite absolue de la microscopie. Grâce

à la fluorescence, une équipe de chercheurs allemands dirigée par le physicien Stefan Hell a réussi à battre cette limite il y a quelques années, sur des échan-tillons non biologiques.

Pour rappel, STED est un acro-nyme pour STimulated Emission Depletion, traduit par déplétion

par émission stimulée. Le prin-cipe est d’utiliser une lumière d’une autre couleur superposée à la lumière d’excitation pour forcer rapidement l’émission de fluorescence en périphérie de la tache de diffraction de la lu-mière excitatrice. Afin d’obtenir une meilleure résolution sans couper toute la fluorescence, il faut que le deuxième faisceau, appelé faisceau STED, soit en forme de beigne. De cette façon, seulement les molécules fluo-rescentes se trouvant au centre du beigne ne seront pas déplé-tées, et la tache de diffraction effective sera réduite, ce qui per-mettra une résolution en des-sous de 100 nanomètres. L’équipe de Stefan Hell a d’ailleurs publié un nouvel article dans la revue Science cette année, dans lequel il démontre une résolution de 70 nanomètres pour des images de structure neuronales prises dans le cerveau d’une souris vivante.

En plus du STED, il existe quel-ques autres techniques permet-

tant de dépasser les limites de la résolution optique. Ces types de microscopie forment main-tenant un champ d’imagerie ap-pelé nanoscopie.

L’Antarctique contaminéLe transport de semences d’espèces de plantes qui peuvent s’avérer invasives est l’un des problèmes engendrés par les voyages intercontinentaux. C'est l’une des principales menaces à la biodiversité. L'Antarctique, malgré ses conditions ex-trêmes, est aussi exposé à ce danger, selon les résultats d’une étude récente.

André-Philippe Drapeau Picard

L’achalandage en Antarc-tique est considérable.

Annuellement, on recense environ 33 000 touristes et 7 000 scientifiques, et les chiffres vont en augmentant. Sans en être nécessairement conscients, ces visiteurs trans-portent avec eux des semences d’espèces végétales. À des-tination, ces dernières peu-vent évidemment quitter leur transporteur pour se retrouver en sol antarctique. L’équipe de scientifiques menée par Steven Chown, de la Stellenbosch Uni-versity en Afrique du Sud, a cherché à connaître l’ampleur du phénomène.

Pour cela, les chercheurs ont passé l’aspirateur dans le matériel de 853 individus. On comptait parmi ceux-ci des scientifiques, des touristes et du personnel de l’équipage des bateaux servant au voyage. Au total, ils ont trouvé près de 2 700 graines. La quantité de graines transportée par tous les visiteurs cette année-là est évaluée à 71 000, avec une moyenne de 9,5 par personne.

Bien que quelques espèces, comme le pâturin annuel ( Poa annua ), aient réussi à s’établir en Antarctique, peu de graines y germent, étant donné le climat très froid.

Les rares plantes invasives qu’on y trouve sont confinées à l’ouest de la péninsule An-tarctique. Par contre, avec les présents changements clima-tiques, la situation pourrait bien vite devenir différente. Plusieurs modèles climatiques prévoient un adoucissement des températures en ces en-droits. De plus, l’analyse des graines recueillies par les chercheurs de l’étude montre qu’elles originent pour la plu-part d’endroits presque aussi froids que l’Antarctique. Cela laisse supposer que plusieurs espèces potentiellement en-vahissantes pourront s’établir

et s’étendre dans les régions côtières de l’Est et celles de la mer de Ross.

Même si le nombre de graines transportées invo-lontairement en territoire Antarctique est considérable, Steven Chown souligne que des moyens simples peu-vent être pris pour contrer la contamination de ce conti-nent froid. Par exemple, les voyageurs pourraient passer leur matériel à l’aspirateur, comme les scientifiques l’ont fait pour obtenir leurs résultats. Aussi, l’endroit d’où proviennent les navires qui mouillent en Antarctique devrait être pris en considé-ration. Les bâtiments entre-posés à l’extérieur, eux, sont plus sujet à porter des se-mences. Au fil du temps, il sera intéressant de suivre les changements qui s’opéreront en Antarctique.

comparaison entre la microscopie confocal ( résolution standard ) et STED ( haute résolu-tion ). l’échantillon observé est des microtu-bules formant le cytosquelette d’un neurone, marqué par un fluorophore ( Atto 594 ). photo : courtoisie christian tardif et daniel côté

Des images de neurones d'une souris vivante avec une résolution de 70 nanomètres

spécimen de poa annua. photo : courtoisie wikimedia, carl axel magnus

lindman, creative commons

Page 21: Impact 13 mars 2012

sciences et technologie | impact campus | mardi 13 mars 2012 21

Le mot science de la semaine

en bref : Amiante, 23 recommandations

L’Institut national de la santé publique ( INSPQ ) souhaite

que « le Québec se montre plus sévère dans le dossier de l’amiante. » D’après un article pu-blié par Le Devoir, plusieurs ex-perts recommandent « d’abaisser la norme actuelle d’exposition

à l’amiante en milieu de travail, d’obliger les propriétaires d’édi-fices publics qui en contiennent à le révéler et de surveiller l’exposi-tion des populations de Thetford Mines et Asbestos. »

Ces recommandations, ju-gées « prioritaires » ont été for-

mulées dans un document pu-blié dimanche dernier sur le site internet de l’INSPQ. L’institut recommande également que « le ministère de la Santé n’en-courage pas la promotion de l’amiante et ne soutienne pas l’utilisation accrue de l’amiante

chrysotile, parce qu’il est un can-cérigène prouvé pour l’homme et qu’il cause l’amiantose, et parce que son utilisation sécuritaire est en pratique non réalisable ».

Au Québec, la norme d’ex-position au chrysotile en milieu de travail est dix fois plus élevée

que celles des autres provinces canadiennes et de certains pays européens, soit 1 fibre/mL. La politique en vigueur pré-voit d’augmenter l’utilisation de l’amiante dans toute la région tout en renforçant la protection des travailleurs. A.G.

« Comme médecin, je suis obligé d’aller là où les faits me mè-nent », explique le Dr Turcotte. « Et il me mène contre l’amiante. C’est d’ailleurs la position de l’Organisation mondiale de la santé », ajoute-t-il. Georges Beaudoin, professeur au Département de géologie et de génie géologique de l’UL reconnaît les risques de l’amiante. « Dans les années 80, le tunnel souterrain reliant les pa-villons Pouliot et Vachon du De Koninck était couvert d’amiante floculé [plus facilement volatile, NDLR]. On a depuis décontaminé le site, ce qui est une bonne chose », raconte-t-il.

Le Pr Beaudoin prévient toutefois contre la généralisation que l’on retrouve fréquemment dans les études sur les effets de l’amiante sur la santé. « L’amiante est un nom commercial gé-néral qui s’applique à des fibres minérales [ … ] dont la composi-tion chimique, la structure cristalline et la longueur des fibres va-rient », précise-t-il. La fibre de chrysotile, le groupe de minéraux de l’amiante le plus fréquent en industrie et celui retrouvé à Thet-ford Mines, cause des maladies pulmonaires graves lorsqu’elles sont retrouvées en suspension dans l’air. Le géologue précise par contre que les liens clairs entre certains types précis de fibres d’amiante et les risques sur la santé manquent parfois.

Gérer le risqueLe Pr Beaudoin, qui souligne ne pas être spécialiste en santé et

sécurité au travail, estime qu’il est possible de gérer le risque de l’amiante comme on le fait pour d’autres poussières minérales potentiellement dangereuses. Son équipe travaille d’ailleurs avec des fibres de chrysotiles avec des protocoles approuvés par l’UL.

Selon le Dr Turcotte, cette utilisation sécuritaire de l’amiante est plutôt « un écran de fumée ». Il admet que la sécurité au site d’extraction et de transformation de l’amiante a été sensiblement augmentée dernièrement en marge d’une politique provinciale adoptée en 2002. Or, plusieurs des recommandations de cette politique restes inappliquées selon le professeur retraité, et les fibres d’amiante des édifices peuvent facilement contaminer l’air en cas d’usure ou de catastrophe.

Rappelons que l’amiante est la cause de maladies chroniques incurables et mortelles, comme l’amiantose, le cancer du poumon et le mésothéliome, une forme rare de cancer des surfaces in-ternes causé exclusivement par la fibre d’amiante.

« On doit établir un registre des bâtiments publics et poser un diagnostic précis du problème de l’amiante et corriger les situa-tions dangereuses », soutient le Dr Turcotte. Une option que re-jette le Pr Beaudoin.

Les deux scientifiques s’entendent cependant pour dire qu’on doit laisser dormir l’amiante encore présent dans les murs des vieux édifices pour éviter d’en contaminer l’air.

L'amiante : danger public au Québec ?« L’amiante est un cadeau empoisonné du Canada au reste de l’humanité. Il faut bannir l’utilisation de l’amiante », tranche le Dr Fernand Turcotte, profes-seur émérite à la retraite de la Faculté de médecine de l’Université Laval en entrevue téléphonique.

Jean Daniel Doucet

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sports | impact campus | mardi 13 mars 201222

Soccer intérieur:

Le parcours s’arrêtep.23

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Mercredi, les Voltigeurs

étaient de pas-sage au Colisée pour le premier

volet de la série aller-retour. Ce sont toutefois les locaux qui l’ont emporté par la marque de 7 à 3. Québec a rapidement pris l’avance en inscrivant deux buts en 36 secondes au milieu du premier engagement. Les filets sont venus des bâtons d’Adam Erne et de Gabriel Des-jardins. Emil Sylvegard a brisé la glace pour les visiteurs une minute après.

Le scénario s’est répété en deuxième alors que les deux buts sont venus cette fois de Fré-dérick Roy et de Martin Lefebvre. André Bouvet-Morrissette a ré-pliqué pour Drummondville en plus d’en marquer un autre au troisième vingt. Cette période appartient à Anthony Duclair

qui a déjoué le gardien des Vol-tigeurs deux fois en plus de se faire complice du deuxième de la rencontre de Roy. Le numéro 88 a terminé la rencontre avec une récolte de deux buts et trois mentions d’aide.

Le match retour entre Québec et Drummondville avait lieu ven-dredi, alors que cette fois-ci, les Remparts étaient les visiteurs. Ce sont les Voltigeurs qui ont eu le meilleur 3 à 1. L’espoir du Ca-nadien Olivier Archambault a ouvert la marque pour les locaux avec le seul but de la première pé-riode. Marc-Olivier Brouillard est venu doubler l’avance des siens en avantage numérique, mais Anthony Duclair a réduit l’écart peu de temps après. Le capitaine des Voltigeurs André Bouvet-Mo-rissette est venu mettre fin à la remontée des Remparts en ins-crivant son 38e de la saison dans un filet désert.

La semaine s’est terminée di-manche après-midi au centre Robert-Guertin de Gatineau. Les Olympiques ont dominé les Remparts et l’ont emporté 5 à 0. Gatineau a profité de sept jeux de puissance pendant le match, marquant à deux reprises, dont le but de Rock Régimbald en pre-mière période. Les Remparts ont vu tout espoir de remontée ré-duit à néant quand les locaux ont inscrit trois buts en 2e période. Alexandros Soumakis a planté le clou final en inscrivant son 18e de la saison alors qu’il res-tait un peu plus de dix minutes à disputer. François Lacerte a réalisé 35 arrêts pour mériter le blanchissage.

Les Remparts accueilleront au Colisée l’Armada de Blainville-Boisbriand vendredi et les Sague-néens de Chicoutimi samedi pour les deux derniers matchs de la saison régulière.

Deux petits points...Trois rencontres étaient au programme pour les Remparts de Québec cette se-maine, dont une série aller-retour contre Drummondville et une visite à Gatineau. Après avoir écrasé les Voltigeurs, ils se sont écroulés dans les deux autres parties.

Mathieu Turgeon

La force de l’OntarioLes championnats canadiens d’athlétisme avaient lieu cette fin de semaine à l’Université du Manitoba. Quelques athlètes du Rouge et Or ont bien fait, mais les grands honneurs sont revenus à Windsor chez les femmes et Western du côté des hommes.

Raphaël Bergeron-Gosselin

Le s d i f-f é r e nt e s

compétitions se déroulaient sur trois jours

et regroupaient des athlètes d’une vingtaine d’universités. Depuis les quatre dernières années, les universités Guelph et Windsor s’alternaient entres elles les titres nationaux mas-culins. C’est pour la première fois de son histoire que Wes-tern réussit à atteindre la plus haute marche du podium. Il aura fallu attendre la dernière épreuve, du dernier jour de

compétition, le 4 x 400 mètres relais pour confirmer le titre de champion à Western. Grâce à une performance soutenue tout au long de la compétition et à une récolte de huit mé-dailles, les hommes ont réussi à se sauver avec ce titre.

L’équipe féminine de Windsor a de son côté pour-suivi sur sa lancée des trois dernières saisons et a rem-porté le onzième titre de leur histoire. Leur plus proche rival a été l’Université Guelph qui a terminé la compétition à cinq points des gagnants.

Leurs six médailles, dont deux d’or, leur a permis de mettre la main sur le prestigieux titre.

Chez le Rouge et OrLes Lavalloises ont connu un

parcours assez difficile lors de la compétition. Sur les 21 univer-sités, Laval s’est classée au 18e rang. Mélanie Blouin a été la seule femme à remporter une médaille pour Laval. Elle a mis la main sur l’or avec un saut de 4,05 mètres à la perche. Elle a été la seule à

franchir la barre des quatre mè-tres. Cette performance lui a éga-lement permis de mettre la main sur le titre d’athlète-étudiant de la semaine chez le Rouge et Or.

Les hommes ont mieux per-formé avec une septième po-sition. Leurs trois médailles, dont deux aux 1 000 mètres, leur a donné une récolte de 38 points au classement général. Le meilleur résultat de l’équipe au championnat canadien a été une sixième position en 2005.

Photo : Courtoisie, leif larsen

Page 23: Impact 13 mars 2012

sports | impact campus | mardi 13 mars 2012 23

en bref :

Un total de sept buts

ont été marqués lors de cette ren-contre, et c’est le

Vert et Or qui a réussi à en ins-crire un de plus que le Rouge et Or pour finalement l’em-porter 4 à 3. Mélissande Guy et Alexandra Brunelle ont ouvert la marque pour le Rouge et Or. Les Lavalloises ont donc retraité au vestiaire avec une confor-table avance de deux buts.

L’entraîneur des Estriennes a probablement trouvé les bons mots pour motiver sa troupe à , car ça n’a pris que deux minutes aux siennes pour combler ce retard. Le Rouge et Or semblait complètement débordé et Sher-brooke a frappé une fois de plus à la 65e minute. Par chance, Laval s’est vu décerner un tir de péna-lité qui allait les remettre dans la partie. C’est à la 77e minute que le Vert et Or allait marquer le but vainqueur pour mettre fin à la saison du Rouge et Or.

Le parcours s’arrêteL’équipe féminine de soccer intérieur affrontait le Vert et Or de Sherbrooke à l’occasion des quarts de finale du championnat québécois. Malheureusement, nos représentantes se sont inclinées, malgré un très bon départ.

Raphaël Bergeron-Gosselin

Depuis ses débuts, l’équipe féminine de soccer intérieur a mis la main sur trois titres pro-vinciaux de suite entre 1999 et 2002. Depuis ce temps, aucun titre ne leur a été remis.

Les hommes en demi-finaleLes hommes, de leur côté,

affrontent cette fin de semaine les Citadins de l’UQAM en de-mi-finale. Depuis le début de la saison, l’entraîneur-chef Samir Ghrib n’a pas caché ses désirs de remporter le championnat

canadien qui sera disputé au Stade Telus. Les hommes ont également remporté trois ti-tres québécois dans leur his-toire. Le dernier titre remonte à 2010.

Cette saison, ces deux équipes se sont affrontées à une reprise et les deux équipes avaient dû se contenter d’une marque nulle de 1 à 1. L’équipe ga-gnante aura son laisser-passer pour la finale provinciale qui aura lieu à Trois-Rivières le 25 mars prochain.

Photo : Archives imPAct cAmPus, clAudy rivArd

Cette fin de semaine, la Vieille Capitale vibrera aux sons et lumières du Red Bull Crashed Ice. Après avoir débuté à St-

Paul au Minnesota, la compétition s’est déplacée à Valkenburg aux Pays-Bas, le 4 février et à Aare en Suède, le 18 février.

Le champion en titre Arttu Pihlainen a dominé le circuit l’an passé, mais en 2012 la compétition est beaucoup plus fé-roce. Après avoir mis la main sur le trophée lors de la première épreuve, le Canadien Kyle Croxall a de nouveau remporté la se-conde étape. La troisième course a été remportée par un autre Canadien, Adam Horst. Ce dernier, qui était loin de faire partie des favoris, a créé toute une surprise et du même coup cham-boulé le classement général. Cela fait en sorte que la finale du 17 mars à Québec sera haute en couleurs, car plusieurs patineurs peuvent encore espérer mettre la main sur le titre de champion du monde.

La piste sur laquelle les athlètes auront à s’affronter est la plus longue et la plus technique du circuit. Plusieurs pièges et obstacles ont été rajoutés pour rendre la tâche des patineurs plus difficiles.

En tout, c’est plus de 10 000 Canadiens qui se sont inscrits pour prendre part à l’une des séances de qualifications à travers le Canada. Finalement, se sont 100 hommes et 20 femmes qui auront la chance et le courage de dévaler la piste devant plus de 100 000 personnes.

Les spectateurs sont invités à se garder à l’affût des activités entourant l’événement via l’application « Red Bull Insider » pour iPod. Il s’agit d’un guide touristique de la Ville de Québec en plus d’un calendrier précis de la fin de semaine.

Impact Campus sera présent sur place et vous fera un compte-rendu complet de l’événement lors de la prochaine parution.

Le Crashed ICe débarque

RBG

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