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INFECTIONS OSSEUSES ET OSTÉO-ARTICULAIRES Dr S. CHADAPAUD Infectiologue CH de Hyères

Infections osseuses et ostéo-articulaires · • Les antibiotiques réputés efficaces dans le traitement des infections osseuses et ostéo-articulaires chroniques sont aussi ceux

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  • INFECTIONS OSSEUSES ET OSTÉO-ARTICULAIRES

    Dr S. CHADAPAUD

    Infectiologue

    CH de Hyères

  • Infections ostéo-articulaires

    • Arthrite

    • Ostéite / Ostéomyélite

    • Ostéo-arthrite

    • Infection sur matériel

    – Ostéosynthèse

    – Prothèse articulaire

    Staphylocoques

    - Dorés

    - CN

    Aiguë

    Chronique

    Streptocoques

    Entérocoques

    Entérobactéries

    Pseudomonas aeruginosa

    BK, MA …

    Aiguë, Chronique

    Précoce, Tardive Terrain

  • Infections ostéo-articulaires

    • Infections aiguës

    – Urgence thérapeutique

    – Staphylocoque

    – Délai de

    documentation

    bactériologique limité

    – Chirurgie : lavage et

    drainage

    • Infections chroniques

    – Pas d’urgence

    thérapeutique

    – Microbiologie vaste

    – Documentation de

    l ’infection +++

    – Chirurgie : stérilisation

    du foyer infectieux

  • Arthrite aiguë

  • Arthrite aiguë

    • Bactériémie : primitive ou secondaire

    • Bactériologie dominée par le staphylocoque

    (> 50% des cas)

    • Documentation bactériologique

    – Hémocultures

    – Ponction articulaire

    – Lavage articulaire +++

  • Arthrite aiguë = bactériémie

    • Arthrite aiguë communautaire : SASM – Oxacilline + Gentamicine

    – Si allergie vraie aux -lactamines : Vancocine IVSE + Gentamicine

    – 7 jours de traitement IV (dont 4 à 5 jours d’aminosides) puis relais par voie orale (?)

    – Durée totale de traitement : 3 à 4 semaines

    • Arthrite aiguë nosocomiale : SARM – Rocéphine 2 g/j ou Claforan 2 g/ 8h + Fosfocine (4 g/8h piv de

    4 h)

    – Vanco ou Teico + Aminoside

  • Ostéomyélite chronique

    • Caractéristique : l’antibiothérapie seule est rarement

    efficace

    • Le plus important : organisation d’un traitement médico-

    chirurgical

    – 1ère étape : bilan lésionnel osseux (séquestre osseux …)

  • Diagnostic de l’ostéite / ostéomyélite

    Sensibilité (%) Spécificité (%)

    Radiographie 62 64

    Scintigraphie Te 86 45

    Scintigraphie In 89 79

    Leukoscan 93 91

    IRMN 99 91

  • Ostéomyélite chronique

    • Caractéristique : l’antibiothérapie seule est rarement efficace

    • Le plus important : organisation d’un traitement médico-chirurgical

    – 1ère étape : bilan lésionnel osseux (séquestre osseux …)

    – 2ème étape : geste chirurgical +++

    • Prélèvements pour étude bactériologique

    – Sans antibiothérapie préalable

    – Prévenir le microbiologiste +++

    • Nettoyage osseux

  • Bases générales

    • Les antibiotiques réputés efficaces dans le traitement des infections osseuses et ostéo-articulaires chroniques sont aussi ceux qui possèdent le plus fort pouvoir de sélection de mutants résistants

    • Ils doivent être utilisés en association : bithérapie EFFECTIVE

    – Pas de traitement probabiliste

    – Documentation fiable

    – Ne débuter le traitement qu’une fois les résultats définitifs de culture disponibles

    • Conséquence : Équipe multidisciplinaire +++

  • Ostéite/ostéomyélite chronique :

    bactériologie

  • Prélèvements : généralités

    • Prélèvements superficiels : mauvais jusqu’à preuve du

    contraire … (drains, redons, écouvillons …)

    – Sauf fistule à staphylocoque doré (Mackowiak, JAMA, 1978)

    • Prélèvements profonds : bons jusqu’à preuve du contraire

    … (ponction articulaire, per-opératoires, hémocultures …)

    • Absence d ’ATB préalable > 3 à 4 semaines !

    • Conditions d’asepsie

    • Transport rapide

  • Ostéomyélite chronique

    • Caractéristique : l’antibiothérapie seule est rarement

    efficace

    • Le plus important : organisation d’un traitement médico-

    chirurgical

    – 1ère étape : Bilan lésionnel osseux (séquestre osseux …)

    – 2ème étape : Geste chirurgical +++

    • Nettoyage osseux

    • Prélèvements pour étude bactériologique

    – Sans antibiothérapie préalable

    – Prévenir le microbiologiste +++

    – 3ème étape : Antibiothérapie

  • Pré-requis de l’antibiothérapie de

    l’ostéite / ostéomyélite chronique

    • Diffusion intra-osseuse (et articulaire)

    • Activité sur les bactéries en cause

    – Antibiogramme

    – Maintien de l’activité sur des bactéries

    « quiescentes »

    • Voie orale possible

    • Tolérance au long cours

  • Diffusion et devenir de

    l’antibiotique dans l’os

    • [ ] os spongieux > os cortical

    • [ ] os infecté < os sain

    • [ ] protéines de l’os > plasma

    • [ ] lipides de l’os > plasma

    • Anaérobiose, acidose

  • Diffusion intra - osseuse • Antibiotiques à bonne diffusion intra-osseuse

    – Fluorquinolones

    – Rifampicine

    – Clindamycine

    – Fosfomycine

    – Imidazolés

    – Acide fucidique

    – Cyclines : mais NON utilisables car inactivées dans le tissu osseux

    • Antibiotiques à diffusion intra-osseuse moyenne

    – Bêta-lactamines

    – Glycopeptides

    – Phénicolés

    • Antibiotiques à diffusion intra-osseuse faible

    – Aminosides (mais concentrations restent stables longtemps)

  • Antibiotiques réputés actifs en cas

    d’infection ostéo-articulaire chronique

    • Infections à C+

    – RIF +++

    – Clindamycine

    • associations

    obligatoires

    – FQ

    – Acide fucidique

    – Glycopeptides

    – Linezolide ?

    • Infections à B-

    – FQ +++

    • associations

    obligatoires

    – C3G

    – ?

  • Antibiothérapie

    • Infections à staphylocoques :

    – Rifampicine + Ofloxacine (Drancourt, AAC, 1993; Desplaces, RID, 1998;

    Widmer, CID, 1992; Zimmerli, JAMA, 1998)

    – Rifampicine + Acide fusidique (Drancourt, JAC, 1997)

    – Place de la clindamycine ? Pristinamycine ?

    – Intérêt du cotrimoxazole ? (Stein, AAC, 1998)

    – Glycopeptides en association (Rifampicine ou FQ) :

    • Vancomycine : DDC 500 mg IVSE sur 30 minutes puis 30 mg/kg/j IVSE

    • Teicoplanine : 10 à 12 mg/kg/j 5 jours avec dosage en résiduel avant la 7ème

    injection et adaptation pour la monodose

    – [ résiduelle] > 25 mg/litre

    – Dosage tous les 15 jours

    – Place des nouveaux antibiotiques ? (Synercid , Kétolides, Linezolide)

  • Utilisation des glycopeptides

    • Recours limité aux seules situations sans autre alternative !

    • Utilisation optimale : Vancomycine

    – Dose de charge : 500 mg en IVSE sur 30 minutes

    puis,

    – 30 mg / kg / jour en IVSE sur 24 heures

    – Surveillance des [ sériques] > 25 voire 30-40 mg / litre

    – En cas de relais Vanco Teico, arrêt de la Vanco après que le taux de Teico soit satisfaisant +++

    • Posologies particulières : Teicoplanine – Dose de charge : 10 à 12 mg / kg / jour pendant 5 jours

    – Dosage résiduel 5 minutes avant la 5-7ème injection et adaptation au moment du passage à la mono dose au 6ème jour de traitement pour des [sériques] > 25 voire 30-40 mg / litre, à doser tous les 15 jours.

  • Antibiothérapie

    • Infections à entérocoques :

    – Amoxicilline 100 à 150 mg/kg/j en 3 fois +

    Rifampicine 10 mg/kg/12 heures

    – Vanco ou Teico + Rifampicine

    – Lévofloxacine + Rifampicine ?

    • Infections à anaérobies :

    – imidazolés, Clindamycine, Rifampicine, phénicolés, BL

    à spectre large

  • Antibiothérapie

    • Infections à BGN :

    – Rocéphine 2 g/j ou Claforan 2g x 3/jour + Oflocet

    – Si infection à Pseudomonas aeruginosa :

    • Ceftazidime (intérêt du baxter) + Ciprofloxacine

  • Relais par voie orale

  • Programme de suivi des patients

    • Visites de contrôle à M1, M3, M6 (M9)

    – Vérifier tolérance et observance aux traitements anti-

    infectieux

    – Contrôler les données cliniques, biologiques et

    radiologiques

    – Surveillance biologique :

    • NFS, plaquettes, transaminases, urée - créatinine, CRP, VS

    • Dosage de la Teicoplanine (résiduel) tous les 15 jours

    • NFS, plaquettes hebdomadaire si utilisation du Linezolide +++

  • Infection sur matériel

    orthopédique

  • Infection sur matériel orthopédique

    • Problème émergent de Santé Publique

    – Nombre de matériels orthopédiques implantés augmente

    – % d’infections incompressible (PTH 1%, PTG 2%)

    – Nombre de matériels infectés en constante augmentation

    • Coût d’une prothèse infectée = 8 à 10 x une pose simple

    • L’infection précoce est une urgence chirurgicale

    Intervention coordonnée dans le cadre d’une équipe

    multidisciplinaire

  • Infection sur matériel

    Adhésion bactérienne Intégration tissulaire

    Croissance exponentielle

    - Clinique

    - Accessible aux ATB

    Biofilm (slime)

    Croissance stationnaire

    Rechutes

    - Pénétration des ATB

    - Immunodépression locale

    Résistance aux ATB

  • Particularités de l’infection

    chronique sur matériel

    • Inoculum infectant faible

    • Diminution des défenses locales

    • Modifications métaboliques des bactéries

    • « Biofilm »

    • Diminution de l’efficacité des antibiotiques

    • Absence habituelle de réaction inflammatoire

  • Imagerie : place et contraintes

    • Radiographie standard

    • Echographie

    • Scanner

    • IRM

    • Scintigraphies osseuses :

    – Temps précoce et images tardives

    – Traceurs de l’inflammation : Gallium 67, leucocytes marqués au

    99mTC, anticorps anti-leucocytes 99mTc, Ig G marquées,

    Infecton : Ciprofloxacine marquée au 99mTc, FDG

    fluorodéoxyglucose marqué par le fluor 18

    Aide au diagnostic

    Efficacité thérapeutique chez un patient traité

    Artéfacts +++

  • Diagnostic de l’infection sur

    prothèse : la ponction articulaire

    • Difficile à évaluer (VPP de < 10% à … 100%)

    • Faux positifs

    • Conditions d’aseptie, main entraînée

    • Pas forcément représentative de tous les contingents

    bactériens

    • Plus une documentation bactériologique qu’un outil

    diagnostique

    • Aide à l’interprétation des prélèvements pré-opératoires ++

    (Duff et al. Clin Ortop, 1996)

  • Diagnostic de l’infection sur

    prothèse : la ponction articulaire

    ATB Pas d’ATB

    depuis 2

    semaines

    Jamais d’ATB

    Nbre ponctions 16 67 53

    Sensibilité % 41.6 61.1 75

    Spécificité % 100 95.9 95.5

    Exactitude 56.3 86.6 92.5

    VPP % 100 84.6 75

    VPN % 36.4 87 95.5

    D’après Barrack, Clin Orthop, 1997

  • Prélèvements per-opératoires

    • 2 prélèvements, germe identique même si cultivé en milieu liquide (Tsukayama, BJJS, 1997; Tigges, Radiology, 1993; Padgett, J Arthroplasty, 1995)

    • 2 biopsies positives sur 3 ou 3 sur 5 (Sanzen, Acta Orthop Scan, 1997)

    • Ne doivent pas être systématiques

    • Au mois 5 à des sites différents

    • Respect de l’aseptie

    • Acheminement

    • Milieu de transport

    • Coopération clinico-microbiologique

  • Infection post-opératoire chronique

    • Dogme = ablation du matériel (solution pour être actif sur

    le slime « organisé »)

    • Contre le dogme :

    – Schaad, AAC, 1991

    – Widmer, CID, 1992

    – Drancourt, AAC, 1993

    • Maintien du matériel infecté sous certaines conditions :

    – Matériel stable

    – Absence de fistule

    – Possibilité de traiter au long cours (combinaisons orales)

    • Maintien obligé si :

    – État général précaire, refus du patient, matériel non extractible

  • Place et modalités de l’intervention

    chirurgicale

    • Changement en 1/2 temps : résultats les meilleurs

    • En cas de changement de matériel : dépose-repose en 1 ou 2 temps ?

    • Contre indications du remplacement en 1 temps :

    – Immunodépression

    – Présence de profonds remaniements infectieux du site opératoire

    – BGN FQ-R ou staphylocoque Rifampicine-R

    – Dermatose gênant la cicatrisation de la plaie opératoire

    – Destruction osseuse limitant les chances d’obtenir un implant stable

    – Autre que PTH ?

  • Changement de matériel 1 ou 2 temps, avec ou sans ATB

    0

    10

    20

    30

    40

    50

    60

    70

    80

    90

    100

    1T sans ATB 1T avec ATB 2T sans ATB 2T avec ATB

    D’après Garvin et al. JBJS, 1995

  • Infection sur matériel orthopédique :

    durée de traitement ?

  • Conclusion

    • Prise en charge des infections aiguës :

    – Doivent être traitées comme des bactériémies

    – Peu de temps pour la documentation bactériologique de

    certitude

    – La chirurgie doit être précoce

    – est surtout médicale et antibiotique-dépendant

  • Conclusion

    • Prise en charge des infections chroniques :

    – Prévention

    – Reconnaître l ’infection

    – Se méfier de la « facilité » de l’antibiothérapie

    – Tout repose sur une documentation fiable

    – Pas de place pour un traitement empirique (sauf exception)

    – Du « sur mesure » à chaque fois

    Prise en charge collégiale médico-chirurgicale

  • Les infections ostéo-articulaires

    - Type :

    Arthrite

    Ostéo-arthrite

    Ostéite

    Ostéomyélite

    - Aiguë / Chronique

    - Matériel :

    Ostéosynthèse

    Prothèse (type de matériel,

    ciment +/- ATB)

    - Précoce / Tardive

    - Primitive / Secondaire

    - Terrain :

    - FDR infection

    - Intolérance aux ATB

    - Germe :

    - « Virulence »

    - Résistance :

    Ive ou IIaire

    Motivation, coopération, habitudes et comportements

    des intervenants : Chirurgiens, microbiologistes, radiologues,

    infectiologues, autres ..

    Problèmes de

    définition :

    - Infection ?

    - Guérison ?

    Efficacité des ATB ?

    Pauvreté des

    données de la

    littérature

    Rapports d’experts

    Contexte

    médico-légal