19
magazine Agriculture Alimentation Environnement La recherche agronomique se construit en partenariat La recherche agronomique se construit en partenariat INR A DOSSIER L’herbe, la vache et ses produits N°4 - MARS 2008 HORIZONS Partenariat d’orientation REGARD Un nouveau comité d’éthique

inra-mag4

  • Upload
    jaizoz

  • View
    215

  • Download
    3

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: inra-mag4

magazine

AgricultureAlimentationEnvironnement

La recherche agronomique se construit en partenariatLa recherche agronomique se construit en partenariat

INRA

◗ DOSSIERL’herbe, la vache et ses produits

N°4 - MARS 2008

◗ HORIZONSPartenariatd’orientation

◗ REGARDUn nouveau comitéd’éthique

Page 2: inra-mag4

INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 ●

L’Inra a animé une réflexion interne sur le partenariat et en particulier sur l’importance que revêt un « partenariatd’orientation » pour un institut de recherche finalisée. BenoîtFauconneau, président du centre Inra de Bordeaux-Aquitaineet animateur d’un des groupes de travail, répond à nos questions.

Vous connaissez la fraise Gariguette, vous découvrez en ce moment la pomme Ariane et la poire Angelys, vouspouvez déguster le raisin sans pépin Danuta et bientôt

la pomme de terre Coquine... Ces innovations ont été conçuespar l’Inra ou grâce à des collaborations avec ses chercheurs,à la demande des professionnels. Elles répondent à des attentes des consommateurs et prennent en compte les préoccupations de préservation de l’environnement.

Pour anticiper les besoins et attentes des partenaires et de lasociété, il faut construire des partenariats solides et durables,en mesure d’accompagner des recherches au long cours,d’identifier les nouvelles questions de recherche et repenser le dispositif d’expérimentation. Quels seront les impacts du changement climatique sur l’élevage à l’herbe ? Quels serontles végétaux qui répondront aux besoins des filières de biocarburants ? Comment concevoir des systèmes de production à haute performance environnementale ?Comment capitaliser les résultats de tous les acteurs de la recherche et du développement dans ce domaine ? Toutes ces questions sont posées autant par la société que par le monde professionnel, par nos décideurs ou par nos équipes de recherche.

Le Salon international de l’agriculture est un moment fortd’écoute et de rencontre avec les partenaires. C’est aussi un moment privilégié pour nos chercheurs présents sur le standde dialogue avec le public. Nous vous y attendons nombreux et pour ceux qui n’auraient pas pu venir, le site Internet de l’Inra,www.inra.fr, retransmettra les évènements.

Marion Guillou,présidente-directrice générale

Chers lecteurs,

◗sommaire

Directrice de la publication : Marion Guillou. Directeur éditorial : Pierre Establet. Rédactrice en chef : CatherineDonnars. Rédaction : Magali Sarazin, Pascale Mollier, Hélène Deval, Patricia Léveillé. Ont contribué à ce numéro : FrançoiseMaxime, Thierry Doré, Olivier Réchauchère, Odile Duval, Guy Richard, Sabrina Gaba, Laurent Cario, Francis Aubert, Jean-Pierre Huiban, Anne-Marie Dussol, Patricia Mahrin, Emmanuelle Klein, Patrick Etiévant, Joël Doré, Evelyne Lhoste.Photothèque : Jean-Marie Bossennec, Julien Lanson, Christophe Maître. Maquette : Patricia Perrot. Couverture : Faire Savoir (photo : iStockphoto ; Stockbyte. Conception initiale : Citizen Press - 01 53 00 10 00. Impression : Caractères. Dépôt légal : mars 2008.Renseignements et abonnement : [email protected]

03◗ HORIZONSDévelopper un partenariatd’orientation

Mieux connaître l’emploi en agriculture

Végétaux et systèmes pour la biomasse du futur

06◗ RECHERCHES& INNOVATIONS

Grandes cultures : repenserla façon de cultiver

Surveiller la dégradation de la structure des sols

Co-évolution hôte-parasite

Une alternative aux traitements hormonaux

Création d’entreprises

13◗ DOSSIERL’herbe, la vache et ses produits

25◗ REPORTAGEL’équipe de recherche de Ploudaniel

Le métagénome intestinal

Accueillir le handicap à l’Inra

29◗ IMPRESSIONS

34◗ REGARDUn nouveau comitéd’éthique

36◗ AGENDA

EDITO

3● INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 20082

d’orientation

ISSN : 1958-3923

INSTITUT NATIONAL DE LA RECHERCHE AGRONOMIQUE147 rue de l'Université • 75338 Paris Cedex 07 www.inra.fr

Pourquoi revisiter les relations partenariales de l’Inra ?Benoît Fauconneau : : l’Instituta estimé nécessaire de réaffirmerqu’un « partenariat d’orientation »est intrinsèquement lié à son carac-tère d’organisme de recherche fina-lisée. Ce partenariat est à la confluencede différentes forces et attentes. Nousavons des partenaires bien identifiés

qui sont les utilisateurs et destinatai-res finaux de nos recherches. C’estimportant de travailler en interactionavec eux pour s’assurer que les re-cherches que l’on met en place sonten adéquation avec leurs attentes. Unedeuxième source d’orientations, plusdiffuse, provient de la société. La dé-marche mise en place dans le Gre-nelle de l’environnement montre quela société souhaite voir la recherche

aborder un certain nombre de ques-tions ; elle l’exprime de façon expli-cite lorsqu’un débat citoyen lui endonne l’occasion. Enfin, l’exemple destravaux du GIEC sur le climat illus-tre l’émergence d’une autre dyna-mique d’orientation des recherches,issue de la dynamique propre à lascience : un ensemble d’experts scien-tifiques internationaux analyse unequestion et devient force d’orienta-

◗HO

RIZO

NS

2

©In

ra /

Chr

isto

phe

Maî

tre

©In

ra /

Jea

n-P

ierr

e Ti

ssie

r

©In

ra /

Jea

n-P

ierr

e Ti

ssie

r

©In

ra /

Flo

renc

e C

arre

ras

©In

ra /

Chr

isto

phe

Maî

tre

©In

ra /

Chr

isto

phe

Maî

tre

Développer unpartenariat

LES SITUATIONS DE DIALOGUE ET DE PARTENARIAT sont aussi diverses que fréquentes dans un organisme

de recherche finalisée.

Page 3: inra-mag4

● INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008

◗HO

RIZO

NS

INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 ●

en bref

5

OValérie Pécresse à l’InraValérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche a visité le 18 janvier les expérimentationsde peupliers OGM du centreInra à Orléans. La ministre a annoncé qu’une enveloppede 45 millions d'euros seraitallouée, entre 2009 et 2011,aux projets de biotechnologiesvégétales financés parl'Agence nationale de larecherche, en partenariat avec l'Allemagne.

OObservatoire de la qualité de l'alimentation Les ministères chargés de l'agriculture, la santé et la consommation viennentd’installer l'observatoire de la qualité de l'alimentation(OQALI). Prévu par le 2e Plannational de nutrition-santé(PNNS), il s'appuie sur uneconvention entre l'Inra et l'Afssaen partenariat avec les profes-sionnels des secteurs alimentaires. L'observatoiresuivra l'évolution de la qualitédes aliments en reliant les paramètres nutritionnels et socio-économiques. Il espèrecontribuer à inciter les filièresagroalimentaires à mieuxrépondre aux objectifs de santépublique et aux attentes des consommateurs.

ONouvelle revue de l’Inra Une revue électronique éditéepar l’Inra, Innovations agrono-miques, est disponible en ligne.Elle reprend et complète lestextes des colloques desCarrefours de l’InnovationAgronomique (CIAg), organiséspour faire connaître les résultatsrelatifs à l’innovation enagriculture. Le premier numéroporte sur la protection intégréeen arboriculture et viticulture :www.inra.fr/ciag/

OL'Inra recrute Dans le cadre de sa campagne2008, l’Inra recrute 75 jeuneschercheurs, 51 chercheursconfirmés, et 240 cadres et techniciens. www.inra.fr/les_hommes_et_les_femmes

4

+d’infoswww.agence-nationale-recherche.fr/ARPBiomasse

agriculture

pour la biomasse du futur

Mieux connaître l’emploi

Végétaux et systèmes

L ’Inra et la Mutualité sociale agricole(MSA) ont signé une convention àl’occasion du Salon de l’agriculture.L’objectif est de mieux connaître les

populations agricoles salariées et non salariées,relevant de la MSA pour tout ou partie de leurprotection sociale, avec un accent particuliersur les conditions de développement d’em-plois de qualité et sur les territoires ruraux.Les collaborations pourront prendre d’autresformes telles que la participation de chercheursà des colloques de la MSA sur ces thèmes, oule cofinancement de bourses de thèse.Les recherches de l’Inra abordent l’évolutiondu modèle agricole familial. Elles portentnotamment attention aux pluriactifs et aux

trajectoires des systèmes d’activités dits « com-plexes » des ménages agricoles. Elles s’atta-chent à caractériser les mutations des condi-tions de travail, en particulier celles engendréespar l’accroissement du travail immatériel liéaux exigences réglementaires et aux engage-ments contractuels.Des recherches étudient l’organisation du tra-vail dans les circuits courts de commerciali-sation des produits agricoles. D’autres analy-sent l’évolution des compétences requises pourle métier de conseiller agricole dans le contexteeuropéen. Enfin, les chercheurs construisentdes indicateurs sur l’emploi agricole intégrantles différentes dimensions, économiques,sociales et environnementales. ●

L ’Inra coordonne un atelier de réflexionprospective qui vise à identifier desespèces végétales, plantes annuelles,pérennes ou microalgues, ainsi que des

systèmes de production qui répondent aux be-soins de biomasse végétale requis pour déve-lopper les filières des biocarburants et des bio-matériaux, prenant en compte les dimensionsenvironnementales, sociales et économiques.Vaste programme financé par l’Agence natio-nale de la recherche pour une durée de deuxans, il associe vingt organismes de recherchepublique et privée, d’enseignement supérieur,des fédérations professionnelles, des indus-triels et des associations. Plus de 150 expertssont ainsi mobilisés pour dresser un état desconnaissances. Il s’agira d’identifier leurs li-mites et lacunes pour proposer de nouvellespistes de recherche. ●

tion des recherches à conduire dans undomaine. Un établissement de recherchedoit intégrer, au moment où il choisit sesorientations, tous ces messages en com-plément de la dynamique de ses prop-res équipes de recherche. Pour l’Inra, celaveut dire que les messages du mondeagricole, des consommateurs, du mondede l’environnement et plus largement dela société sont bien pris en compte, dansleurs différentes dimensions, dans leschoix d’orientation scientifique.

Comment travailler avec ces différents partenaires ?B. F. : Il nous faut mieux capter les mes-sages peu écoutés jusqu’alors, par exem-ple ceux des consommateurs ou des ac-teurs de l’environnement. Nous devonsêtre capables d’intégrer les points de vuedes associations, des PME-PMI commedes plus grandes entreprises, des collec-tivités territoriales, de l’Etat et des orga-nisations professionnelles agricoles, par-tenaires historiques de l’Institut. Entenant compte de l’évolution de l’agri-culture et des territoires…Vis-à-vis de nouveaux partenaires, notreapproche favorise l’interconnaissance etl’apprentissage du travail ensemble. Desdispositifs de type convention ou accordcadre, tel que ceux qui ont été mis enplace avec des syndicats agricoles, no-tamment la Confédération paysanne, per-mettent d’engager de façon bilatérale uncompagnonnage de travail pour explici-ter les attentes des uns et les modes detravail des autres. Nous travaillons aussiavec des collectifs d’acteurs par exem-ple pour les recherches spécifiques à cer-

taines filières spécialisées. Plus ré-cemment, dans le cadre de la démar-che CAP-Environnement (Inra ma-gazine n°3), engagée en 2006, nousavons fait le choix d’aller au-devantde tous les « porteurs d’enjeux » pourles interroger sur les recherches quel’Inra devrait développer sur les re-lations environnement-agriculture.Cela nous amène, entre autres, à ré-fléchir sur la façon de poursuivre unpartenariat avec des associations quin’ont pas les mêmes moyens de re-présentation que les grands groupes :à quel moment les faire intervenir ?Comment les accompagner de ma-nière plus spécifique ?

Dans ces démarches de concertation, commentgérer les tensions entre intérêts contradictoires et comment les prendre en compte dans lesanalyses ? B. F. : Cette question est importante.Il existe des conflits d’intérêt réelsentre parties prenantes qui amènentl’Inra à dialoguer de manière bilaté-rale avec certains partenaires. En de-hors de ces cas-là, la question se résoutà l’aide des dispositifs d’expressiondes porteurs d’enjeux que l’on est ca-pable de créer. Un climat deconfiance, une certaine régularitéd’échanges, le pas de temps longs dela recherche… décrispent les situa-tions et permettent que des messagesdivergents soient pris en compte dansles orientations scientifiques. A titre

illustratif, les programmes de re-cherche pluridisciplinaires « Pour etsur le développement régional » s’ap-puient sur des dispositifs où les par-ties prenantes apprennent à se faireentendre et à travailler ensemble.Il reste que, pour construire des dispo-sitifs de partenariat d’orientation élar-gis à l’ensemble des parties prenan-tes, nous avons besoin de mieuxconnaître les acteurs, d’analyser leursmessages et d’organiser la concerta-tion entre des points de vue qui peu-vent être consensuels ou multiples.

Quelles suites peut-on attendre du chantier partenariat d’orientation ? B. F. : Les messages d’orientationque doit intégrer un organismecomme l’Inra évoluent très rapide-ment. Sur les questions environne-mentales au sens large, nous avons lachance d’avoir aujourd’hui uneconjonction de messages issus d’ungroupe d’experts internationaux (leGiec) et de débats menés à l’échellenationale (le Grenelle de l’environ-nement). Il faut maintenant les croi-ser avec les analyses que l’on mèneavec nos partenaires spécifiques etavec la dynamique de la science telleque nous la percevons. C’est un tra-vail que nous engageons en 2008, auniveau des départements scientifiqueset des centres Inra en région. ●

Propos recueillis par Françoise Maxime

en

Les Groupements d’intérêt scientifique

Un Groupement d’intérêt scientifique (GIS) rassemble plusieurs partenaires sur un thème. Le GIS se traduit par une convention limitée dans le temps. C’est un outil approprié pours’engager avec des partenaires variés dans un partenariat d’orientation. Ils mettent des moyens en commun et se dotent d’une gouvernance..Les Groupements d’intérêt scientifique Génoplante (génomique des plantes) et Agenae(Analyse du génome des animaux d’élevage) mis en place au sein de l’Institut en partenariat avec les autres organismes de recherche et les « parties prenantes » ontainsi constitué l’une des modalités permettant de répondre à l’exigence d’une recherchefinalisée en génomique animale et végétale. Ils ont permis de structurer l’organisation desrecherches en créant une dynamique collective fondée sur des programmes de recherchespublic-privé, sur l’émergence d’une communauté de recherche, sur la création d’outils et la mise en place de plates-formes.L’Inra participe à de très nombreux GIS (70) de natures diverses. Il peut s’agir par exemple de programmes nationaux comme Agenae, Génoplante, Porcherie verte ou de plates formes et outils communs (Centre de ressources biologiques, Genopôles…)ou de structures de transfert (Agrotransferts avec des chambres d’Agriculture…).

© Inra / Christophe Maître

Miscanthus giganteus.

2

Page 4: inra-mag4

INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 ●

La production intégrée en agriculture représente une voie pour une agriculture à haute valeurenvironnementale. L’Inra a développé tout un acquis en grande culture sur les itinérairestechniques économes en intrants.

● INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008

Dans l’agriculture intégrée,tout se tient. Comme sonnom l’indique, elle impli-que de considérer l’ensem-

ble des techniques culturales et de rai-sonner les liens entre ces techniques.Le travail du sol limite le dévelop-pement des mauvaises herbes ; la nu-trition azotée joue sur le dévelop-pement des maladies ; le choix de ladate de semis permet d’éviter certai-nes attaques de ravageurs, etc. Lestechniques ne sont plus d’abord unmoyen « d’artificialiser » le milieu,mais on cherche, à travers elles, à tirerparti de l’écosystème agricole pourdiminuer les risques environnemen-taux. Depuis plus de vingt ans, destravaux menés à l’Inra ont ainsi mon-tré que l’on pouvait obtenir des ren-dements en blé un peu plus faiblesmais des bénéfices économiques iden-tiques (au moins pour les cours dublé qui ont prévalu pendant deux

décennies) en utilisant moins d’en-grais et de pesticides, ceci en modi-fiant la date, la dose de semis et la va-riété utilisée. C’est ce qu’on appelleles « itinéraires techniques à bas ni-veau d’intrant ». De même, de nom-breux outils de gestion (modèles Azo-dyn, Azofert, Lora, Moderato…) misau point avec différents partenaires,permettent aux agriculteurs d’ajus-ter les apports d’eau ou d’engrais auxbesoins des cultures, ce qui évite lesconsommations inutiles et, pour leséléments minéraux, les pertes dansl’hydrosphère et l’atmosphère.

Des variétés plus robustes Ce qui a le plus marqué les derniè-res années, c’est certainement l’ap-parition de variétés nouvelles résis-tantes à plusieurs maladies, dontcertaines produites par l’Inra commela variété de blé Farandole. Ces va-riétés dites rustiques sont une oppor-

PARCELLE de blé

Farandole.

repenser la façon de cultiver

Grandes cultures :en bref

d’une succession de cultures. En com-binant certaines modalités de travaildu sol et l’implantation de culturesintermédiaires pendant la périodeentre deux cultures, on favorise la pré-vention de la pollution nitrique, cellede l’érosion, mais aussi la gestion desmauvaises herbes et des maladies. Leschercheurs sont ainsi parvenus à desniveaux de désherbage aussi bons oumeilleurs que ceux obtenus avec desherbicides, en jouant, de plus, sur lechoix des espèces dans la successionde culture (alternance cultures d’hi-ver et de printemps) et sur la pro-fondeur du travail du sol. Enfin, l’a-gencement des cultures dans l’espaceet leur fréquence dans un territoirepermet de limiter les attaques de cer-taines maladies ou de certains insec-tes. On peut par exemple installer descultures pièges à proximité des cul-tures commerciales (cultures de mou-tarde à côté du colza) ou encore, fa-voriser la présence de prédateurs ouparasites des ennemis des culturesgrâce à des haies ou des bandes en-

◗RE

CHER

CHES

&

INNO

VATI

ONS

7

OVirus et puceronsUne équipe de Montpelliervient de montrer que le virusde la mosaïque du chou-fleurest lié à un récepteur protéiquelocalisé dans les pièces bucca-les (stylets) des pucerons qui en sont les vecteurs. Alorsque les interactions cellulairesou moléculaires entre le viruset son vecteur sont peuconnues, ces recherches pourraient permettre d’interve-nir de manière ciblée sur la ca-pacité du virus à se propagerd'une plante à l'autre. www.inra.fr./presse

OL’Inra au Stade rennaisL'unité Écophysiologie desplantes fourragères de Lusignana étudié la qualité de la pelousedu stade de football de Rennes.Les chercheurs ont simulé leniveau de rayonnement à l'aided'une station météo spéciale : le« Stadoscope ». Remplacer unepartie de la toiture des tribunespar des matériaux translucidesaugmenterait l'ensoleillement de la pelouse. www.poitou-charentes.inra.fr

ODes graines en orbite Lancée le 7 février de Cap Canaveral (Floride), la navetteAtlantis a acheminé le labo-ratoire scientifique européen Columbus jusqu’à la stationspatiale internationale. Colum-bus emporte 6000 graines(arabidopsis thaliana et tabac)préparées par des chercheursde Versailles-Grignon et del'Observatoire de Paris. Cesgraines resteront 18 mois dansle vide, à des températures extrêmes, exposées aux rayon-nements UV et cosmiquesavant d'être ramenées sur terreet analysées.

OLa pisciculture à l'horizon 2021Un groupe de chercheurs de l’Inra, de l’Ifremer et duCirad ainsi que de repré-sentants de la professionpiscicole ont réalisé une étudeprospective établissant 5scénarios pour la pisciculturefrançaise en 2021.www.inra.fr/presse

6

herbées. La production intégrée remetainsi en question la spécialisation del’agriculture à l’échelle des systèmesde production comme à celle des ré-gions. Elle donne en particulier unnouvel intérêt à l’association descultures et des prairies.

Généraliser l’approche intégrée Le capital de connaissances acquisesest maintenant important sur blé, surcolza, et sur tournesol. Pour ces espè-ces, des solutions techniques existentpour des itinéraires techniques éco-nomes en intrants. Actuellement lespriorités de recherches portent sur lamise à l’épreuve et l’évaluation envraie grandeur, dans une gamme largede situations écologiques, écono-miques et agricoles de ces modes deconduite, ainsi que sur leur élargisse-ment à des espèces comme le maïs,la betterave sucrière, la pomme deterre et le pois. ●

Thierry Doré

+d’infos- Produireautrement, J.-M.Meynard et P.Girardin, 1991, Le Courrier de laCellule Environ-nement n°15.- Associer desitinéraires techni-ques de niveaud'intrants variés àdes variétésrustiques de blétendre : évaluationéconomique,environnementale eténergétique,Bouchard et al,2008, Le courrierde l'environnement,n°55.www.inra.fr/dpenv- Carrefour del’innovationagronomiquewww.inra.fr/ciag

Ocontact :[email protected]

©In

ra /

Jea

n W

eber

tunité pour développer la productionintégrée. En effet, des travaux conver-gents, menés par l’Inra, Arvalis-In-stitut du végétal, les Agrotransfertsdes chambres d’agriculture et les sé-lectionneurs de variétés rustiques, ontmontré qu’elles renforcent les inté-rêts des itinéraires techniques à basniveaux d’intrants. Au prix du blé dudébut des années 2000, dans plus de75% des cas l’association variété rus-tique/conduite intégrée permettaitd’obtenir une marge économiqueplus élevée que les conduites conven-tionnelles avec variété classique. Dansle même esprit, des mélanges de va-riétés ou d’espèces (pois/blé parexemple), dans la même parcelle ontété testés avec succès.

Enchaînement et agencement des culturesLes travaux de l’Institut ont envisagéla production intégrée à l’échelle

3 QUESTIONS À

Comment la recherche peut-ellefaire changer les façons deproduire en agriculture ?Jean-Marc Meynard : La recherchepeut proposer de nouveaux systèmes deculture répondant mieux aux attentes desagriculteurs et de la société. Mais ellepeut aussi proposer des démarches etoutils qui permettent aux acteurs de ter-rain (agriculteurs, conseillers…) de conce-voir eux-mêmes leurs propres systèmesde production. C’est en privilégiant cetteautonomie que l’on permettra à l’agricul-ture de s’adapter à la diversité des situa-tions agroécologiques et des avenirs pos-sibles.

Prenons l’exemple de la réductionde l’usage des pesticides ou lapréservation de la biodiversité.Comment intervenir sur cesenjeux ?J.-M. M. : Les recherches sur les sys-tèmes de culture innovants s’appuientbeaucoup sur la modélisation systémique.Les modèles synthétisent les connais-sances des chercheurs et explorent, pardes simulations, les conséquences agro-nomiques et environnementales de dif-férents choix techniques. Ils sont utilisés

aussi bien pour piloter les cultures au jourle jour que pour raisonner des stratégiesde moyen terme (achat de matériel, modi-fication d’une rotation…). Pour l’instant,les modèles restent surtout des outilsde chercheurs. Si l’on veut favoriser la ré-flexion autonome des agriculteurs, il fautmettre à leur disposition des indicateurset des outils de diagnostic qui pourraientpar exemple déceler un emploi excessifde pesticides. Dans ce cas, il convientalors de s’interroger : des traitements in-utiles sont-ils effectués ? Certaines tech-niques contribuent-elles à favoriser lesmaladies ou les mauvaises herbes ?

Cela amène-t-il à reconsidérer le métier d’agriculteur ? J.-M. M. : Certainement ! Savoir si le tra-vail est valorisant est une question im-portante aujourd’hui, notamment pourl’installation des jeunes agriculteurs. Laproduction intégrée remet l’agronomie aucœur du métier des agriculteurs. Ils doi-vent réfléchir sur leurs propres systèmesde production plutôt qu’appliquer des itiné-raires techniques déjà formatés.

Propos recueillis par Olivier Réchauchère

Jean-Marc MeynardCHEF DU DÉPARTEMENT SCIENCE POUR L’ACTION ET LE DÉVELOPPEMENT (SAD)

Page 5: inra-mag4

INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 ●● INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008

L e sol est une ressource na-turelle, non renouvelable àl’échelle humaine. Il condi-tionne la production agricole

et forestière en quantité et qualités etassure de multiples fonctions d’é-puration de l’air en stockant du car-bone et de l’eau en dégradant des pes-ticides, de recyclage des déchets...La protection des sols est devenueune préoccupation collective - bienque le projet de directive européennesur la protection des sols ait du malà voir le jour-, mais a souvent étéconsidérée en France au travers deses composantes chimiques et orga-niques, avant sa structure physique,les trois étant pourtant intimementliées. Les propriétés physiques du solinterviennent dans la circulation etle stockage de l’eau, de l’air et de lachaleur dans le sol, dans l’activité descommunautés qui y vivent. Le tasse-ment qui résulte des multiples pas-sages d’engins réduit les capacitésd’aération et d’infiltration des sols,ce qui limite également l’enracine-

ment des plantes et augmente lerisque de ruissellement. L’intensitédu tassement dépend du poids del’engin, des caractéristiques des pneu-matiques, du taux d’humidité du solet de sa teneur en argile. L’agriculteurrégénère la porosité du sol en frag-mentant la couche supérieure du solpar un labour ou par d’autres tech-niques de travail du sol. Dans les sys-tèmes de culture sans labour, demême qu’en forêt, c’est l’action duclimat et de la faune du sol qui assu-rent cette régénération.

Tassement en agricultureLe projet de recherche DST, « Dégra-dation physique des sols agricoles etforestiers liée au tassement » réunitdes laboratoires de recherche tra-vaillant en agriculture, pédologie, géo-physique, génie civil et des organis-mes professionnels agricoles (grandescultures, vigne) et forestiers. S’ap-puyant sur des situations agricolesvariées, les chercheurs ont construitdes modèles représentant le tassement

des sols et le fonctionnement du sys-tème sol/plante. Ils permettentd’étudier la fréquence d’apparitiondu tassement et ses impacts quanti-tatifs sur les cultures et l’environne-ment. Une parcelle cultivée comporteainsi des zones plus ou moins tassées,liées à un défaut de structure de lacouche de sol labourée et au passagedes roues des engins agricoles. Selonl’ampleur du tassement, on peut com-parer des scénarios de lessivage dunitrate, d’émissions de N20 (modèleStics), d’érosion (modèle Kineros) etapprécier son impact économique(modèle Aropaj).

Et en forêt Jusque-là jugés négligeables, les pro-blèmes de tassement en forêt sont de-venus particulièrement visibles aprèsles tempêtes de 1999 qui ont dévastéles forêts et conduit à de vastes dé-bardages. Le phénomène n’a cepen-dant guère été étudié. Une équipe duprojet DST a ouvert au printemps2007 deux sites expérimentaux, l’un

dans le massif d’Azerailles (Meur-the et Moselle), l’autre en forêt deGrand Pays (Meuse) qui permettrontd’observer, d’expérimenter et de me-surer les évolutions de la structure dusol, la vitesse de remédiation du solet les modifications de la végétation(des différences d’espèces apparais-sent clairement en quelques mois).Ces mesures in situ serviront à pa-ramétrer ou valider les modèles.En forêts comme en zones agricoles,les chercheurs ont aussi développé denouvelles méthodes non destructivesde suivi de l’état du sol. Des mesu-res électriques ou magnétiques per-mettent en particulier de repérer lesvolumes de sol tassés.

Cartographier les zones à risquesL’agrégation des données permettrad’établir une cartographie nationaledes contraintes moyennes exercées àla surface du sol lors des passagesd’engins agricoles et forestiers. Uneenquête menée auprès d’Arvalis, del’Institut technique de la betterave,du Centre interprofessionnel des vinsde Champagne et de l’Office natio-nal des Forêts a par exemple carac-térisé le matériel moyen utilisé pargrand type de zone agricole et fores-tière, par culture et par type d’opé-ration culturale. On mesure la pres-sion appliquée à la surface du sol parchaque engin (exprimée en kiloPas-cal). Les résultats sont mis en base dedonnées spatialisées. Dans le cas descéréales d’hiver, la contrainte sur lesol au moment du semis est ainsibeaucoup plus forte en Bretagne quedans la région Centre. Ces informa-tions sont ensuite agrégées avec la sur-face concernée, puis la cartographies’enrichit des autres cultures. La syn-thèse des résultats va aboutir à unecartographie des zones où le tasse-ment est sensible en France. ●

Odile Duval et Guy Richard

Surveiller la dégradationde la structure des sols Le tassement lié à la mécanisation des travaux agricoles et forestiers entraîne une dégradation de la structure des sols et modifie leurs aptitudes productives et environnementales. Un projet de recherche en mesure l’impact sur le terrain, le modélise et met au point des indicateurs de suivi.

LABOUR.

+d’infosLe projet DST est financé par l’ANRdans le programme Agriculture et dé-veloppement durable et par le MEDDdans le programme GESSOL (projetsde recherches sur les sols au servicedes politiques publiques).www.ecologie.gouv.degradations-physique-des-sols.htmlSols et environnement. 2006 M.C. Girard, C. Walter, J.C. Rémy, J. Berthe-lin, J.L. Morel (eds). Dunod, Paris.Ocontact :Inra, science du sol Orléans. [email protected], coordinateur du projet DST.

◗RE

CHER

CHES

&

INNO

VATI

ONS

9

©In

ra /

Chr

isto

phe

Maî

tre

8

Illustration des premiers résultats du projet DST

1- Simulation à l’aide du modèle de culture Stics de l’impact du tassement :effet sur la production (rendement) et sur l’environnement (ruissellement, émission de N2O via la dénitrification).

2- Expérimentation d’une méthode de suivi du tassement par résistivité électrique.

3- Observation de tassement en sol forestier, dans le massif d’Azerailles.

cm

repères

Leprojet :

12équipes derechercheInra,AgroParisTech,Enpc,UniversitésParis VI et laRochelle

4 équipesR&D Arvalis, CIVC,ITB, ONF

Le graphique illustre trois résultats : - l’effet du tassement de la couche travaillée sur le rendement du maïs : plus la massevolumique de l’horizon labouré est élevée, plus le rendement du maïs est faible,- l’apparition et l’augmentation du ruissellement à la surface de la parcelle,- l’augmentation des émissions de N2O dans l’air via l’augmentation du processus de dénitrification.

Débardage réalisé par un porteurValmet 8 roues motrices (14 t à videet 10 t de bois) qui travaille sur solhumide. L’empreinte de la roue est exploitée pour analyser lescaractéristiques de la contraintemécanique. L’évolution de lavégétation au niveau des zonestassées est ensuite étudiée.

La mesure de la résistivité électrique consiste à injecter du courant électrique à la surfacedu sol et à mesurer, entre deux électrodes, la différence de potentiel électrique dans lesol. Cette méthode non destructive peut s'employer au champ et laboratoire. Plus lemilieu est dense, plus il est conducteur : sa résistivité est alors faible. Cette cartographiede la résistivité électrique a été réalisée à partir de mesures sur un transect de 140 cmde longueur perpendiculairement au passage d'un engin agricole. La résistivité diminuesensiblement au droit du passage de la roue jusqu'à 15 cm de profondeur.

Page 6: inra-mag4

● INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 ●11

Co-évolution

hôte-parasite◗

RECH

ERCH

ES

& IN

NOVA

TION

S

Comprendre l’évolution desorganismes vivant dans lesagro-écosystèmes est im-portant alors que de nom-

breux ravageurs des cultures ont dé-veloppé des résistances aux traitementsphytosanitaires ou aux agents de luttebiologique. L’enjeu scientifique revientà caractériser les mécanismes sous ja-cents de l’évolution des organismesafin d’élaborer des nouvelles stratégiesde lutte qui allient à la fois durabilitéet respect de l’environnement.Du fait de leur relation durable et an-tagoniste, le système hôte-parasite per-met d’explorer les mécanismes de co-évolution. Chacune des espèces doitévoluer pour répondre aux change-ments imposés par l’autre. Un des mé-canismes probables est que les isolats(ou génotypes) parasites capables d’in-fecter les génotypes hôtes les plus com-muns sont favorisés. L’infection réduitla fréquence de ces hôtes au profit d’au-tres génotypes hôtes précédemment

rares (moins infectés) dont la popula-tion augmente alors : le cycle recom-mence. En défavorisant les génotypesles plus fréquents, ce mécanisme, ap-pelé sélection fréquence dépendancenégative (SFDN), pourrait être un mo-teur de la diversité génétique dans lespopulations. Des démonstrations expé-rimentales utilisant des modèles micro-biens semblent aller dans ce sens, restaità vérifier son existence en conditionsnaturelles.Des travaux réalisés dans le cadre d’unecollaboration universitaire suisse etbelge ont confirmé cette hypothèsepour la puce d’eau Daphnia magna et

la bactérie Pasteuria ramosa, qui cons-tituent un système hôte-parasite ori-ginal. Chaque partenaire produit desstades dormants qui s’accumulent dansles sédiments des lacs constituant unearchive de pools de gènes. « Réveiller »ces stades dormants fournit l’oppor-tunité de reconstruire les dynamiquesévolutives passées. Ces expériencesmontrent que le parasite s’adapte ra-pidement à son hôte sur une périodede seulement quelques années. De plus,nous avons observé que la capacité duparasite à infecter son hôte varie peu,alors que l’augmentation de son effetdélétère sur l’hôte (virulence) est as-sociée à une augmentation de la per-formance de l’hôte qui se serait doncadapté pour compenser l’adaptationdu parasite. Ces résultats à la fron-tière entre expérimentation et évolu-tion naturelle, illustrent que le main-tien de la diversité génétique chez l’hôteet chez le parasite par SFDN leur per-met d’évoluer dans le temps. Ce mêmemécanisme pourrait également expli-quer comment les espèces inféodéesaux agro-écosystèmes s’adaptent auxpratiques sanitaires agricoles qui ci-blent les espèces les plus communes. ●

Sabrina Gaba

+d’infosOcontact : [email protected]éférence :Host parasite « Red Queen » dynamicsarchived in pond sediment.Decaestecker E, Gaba S, RaeymaekersJAM, Stocks R, Van Kerckhoven L,Ebert D, De Heester L, Nature 450, dec 2007.

+d’infosOcontact : Marie-Christine MaurelUMR 6175 Physiologie de lareproduction et des comportements,ToursOréférence : Anti-eCG antibodiesgenerated in goats treated with eCG forthe induction of ovulation modulate theLH and FSH bioactivities of eCGdifferently - Hervé V, Roy F, Bertin J,Guillou F, Maurel M.C., Endocrinologyn°145 , 2004.

Une alternativeaux traitements hormonaux

Dans quel contexte intervientvotre recherche ?Marie-Christine Maurel : La re-production des ovins et caprins estsaisonnière. Cela génère des varia-tions importantes de production lai-tière sur l’année. C’est pourquoi, destraitements hormonaux mimant lescycles sexuels sont utilisés pour in-duire et synchroniser l'ovulation àcontre-saison. Ces traitements utili-sent l’hormone gonadotrope placen-taire équine (eCG). Ils sont in-dispensables à la pratique del’insémination artificielle.Chaque année, en France, 1,5 millionde traitements eCG sont vendus enélevages ovins et caprins ; ce chiffres’élève à 3 - 4 millions en Europe. Cetusage n’est pas sans inconvénient : ilinduit la sécrétion d’anticorps anti-eCG (la eCG est très immunogène)et présente un risque sanitaire, carla eCG est directement extraite du

Des chercheurs mettent au point une méthode alternative au traitement hormonal des brebis et des chèvres en élevage,pratique qui permet de maîtriser la reproduction afin d’étalerla production laitière tout au long de l’année. Présentation par Marie-Christine Maurel.

BREBISLACAUNE.

DAPHNIE INFECTÉE par Pasteura ramosa.

©In

ra

10

trons la faisabilité de cette méthoded’induction de l’ovulation chez les pe-tits ruminants, elle aura des retom-bées dans le domaine de l’insémina-tion artificielle en France comme àl’étranger.

Quelles nouvelles questionsscientifiques se posent maintenant ? M.-C. M. : Nous pourrions ensuitedévelopper cette méthode chez les bo-vins, voire l’imaginer en clinique hu-maine dans le cas où les traitementshormonaux classiques pour induirel’ovulation restent inefficaces.Outre ces débouchés appliqués, cesanticorps monoclonaux potentiali-sants constituent un panel d’outilsfort intéressants pour la compréhen-sion du mécanisme de potentialisa-tion de l’activité d’une hormone parun anticorps. Nous cherchons, parexemple, à voir comment le complexeanticorps/hormone module les diffé-rentes étapes de la signalisation cel-lulaire et se comporte ainsi commeun nouvel agoniste, c'est-à-direcomme une nouvelle molécule hor-monale capable de déployer des pro-priétés particulières. ●

Propos recueillis par Laurent Cario

plasma de juments gestantes. Certai-nes filières d’élevage et des représen-tants de consommateurs souhaitentdes méthodes alternatives écartanttoute utilisation d'hormone.

Existent-elles ? M.-C. M. : Une des stratégies tra-vaillée à l’heure actuelle consisteraità utiliser des anticorps monoclonauxayant la propriété d’amplifier l’acti-vité de certaines hormones gonado-tropes ovines (FSH et LH). Ces anti-corps « potentialisants » agiraientdirectement sur les hormones propresà l’animal, en simulant un pic hor-monal préovulatoire nécessaire à l’o-vulation. L’intérêt de cette stratégieserait de pouvoir « piloter » directe-ment les hormones endogènes, grâceà ces anticorps, sans recourir à destraitements hormonaux.

Ces travaux aboutissent-ils à des applications ? M.-C. M. : Les aides apportées parnos partenaires (voir repères) vontnous permettre d’aller du dévelop-pement des anticorps potentialisantsjusqu’aux applications in vivo chezla brebis, ce qui est très satisfaisantpour nous. Nous menons ce pro-gramme avec un industriel prestatairede service qui possède l’infrastructurenécessaire à la production in vitrod’anticorps monoclonaux en grandequantité ; condition indispensablepour les essais in vivo chez la brebis.Les services chargés de la valorisationde la recherche à l’Inra et la filiale InraTransfert nous ont accompagnés dansla mise en place du partenariat avecOSEO-Innovation, ainsi que dans lechoix de l’industriel. Si nous démon-

Financement

35 K€ConseilRégional (appeld’offres 2005Biotechnocentre)

38 K€Conseil Générald’Indre-et-Loire(Aide Tourangelleà l’Innovation)

210 K€Oséo-Innovation pourla période 2006-2009.

repèresMatheuse et biologiste

Sabrina Gaba a rejoint l’unité de rechercheBiologie et gestion des adventices à Dijon en octobre 2007. Elle cherche à caractériser les interactions entre communautés d’adventiceset pratiques culturales. Auparavant, Sabrina a réalisé une thèse d’épidémiologie à l’Inra en co-tutelle entre les biologistes de santéanimale à Tours et les mathématiciens d’Avignon.Elle s’est intéressée aux processus favorisant larésistance des nématodes ovins aux traitements.Le département de santé animale de l’Inra asoutenu son projet de post-doctorat au titre d’une meilleure connaissance des phénomènesde virulence et résistance hôte/parasite. Elle l’a conduit à l’université de Bâle dans une équipe qui travaille sur l’épidémiologie

et la co-évolution dans le système daphnie-microparasites. C’est dans ce cadreque ses travaux sont publiés dans la revue Nature.

© D

iete

r E

bert

(U

nive

rsité

de

Bâl

e)

Page 7: inra-mag4

● INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008

◗DO

SSIE

R

L’herbe, la vacheet ses produits

Responsable scientifique du dossier : Jacques Agabriel

coordination Magali SarazinDossier rédigé avec la collaboration de :

Jacques Agabriel, René Baumont, Pascal Carrère, Erwan Engel, Alain Boissy,

Jacques Cabaret, Jean-Baptiste Coulon, Hélène Deval, Bertrand Dumont,

Anne Farruggia, Philippe Faverdin, Michel Lherm, Jean-Louis Peyraud,

Jean-François Soussana.12

+d’infosInra Sciences sociales (2007), n°5,décembre 2007. www.inra.fr/Internet/Departements/ESR/publications/iss/Revue d'Economie Régionale et Urbaine,2006, n° 5, pp 751-779.www.inra.fr/internet/Departements/ESR/publications/iss/iss03-1.phpOcontacts :UMR Centre d’économie et de sociologieappliquée à l’agriculture et aux espacesruraux, Inra-Enesad - [email protected]@[email protected]

◗RE

CHER

CHES

&

INNO

VATI

ONS La vache dans son troupeau

Elevage1

La prairie et ses fonctions

Environnement2

L’impact de l’alimentation herbagère sur les qualités des fromages et de viande

Alimentation3

Parmi l’ensemble des activi-tés, cette étude s’est intéres-sée au secteur de la produc-tion manufacturière*, dans

lequel les entreprises sont les plus mo-biles et les plus sensibles aux déloca-lisations. A l’échelle nationale, la dé-mographie de ces entreprises fluctuepeu d’une année sur l’autre : moinsde 1% de variation. Cette stabilité dis-simule cependant des flux d'entrées-sorties importants. Pour 100 établis-sements présents en début d’année,87 restent en activité, 13 fermenttandis que 14 nouveaux sont créés aucours de l'année..

Moins de créations en milieurural…L'examen selon les types d'espace meten évidence un contraste entre lespôles urbains et l'espace rural. Im-portants dans les pôles urbains (cf. ta-

bleau), les flux sont plus modestesdans l'espace rural. L'espace péri-urbain occupe une situation inter-médiaire avec des taux d'entrée et desortie voisins de 11%. Cependant, siles pôles urbains font preuve d'un plusfort dynamisme en termes d'entréemais aussi de sortie, le solde est fina-lement à l'avantage des espaces pé-riurbains. Ce léger décalage permetaux espaces périurbains d'accroîtreprogressivement leur part dans le tissuindustriel français.

…mais un taux de survie plusélevéL'espace rural compense en partie lafaiblesse du nombre de créations parune plus grande résistance des nou-veaux établissements. Sur la périodeétudiée et sur l'ensemble du territoire,les entreprises nouvellement crééesont eu une durée de vie moyenneassez courte, ce qui constitue un ré-sultat classique de la démographieéconomique. Parmi la cohorte d’en-treprises créées en 1993, seulement 6établissements sur 10 sont encore enactivité après 3 ans ; un sur deux après5 ans et ce chiffre tombe en moyenneà un sur trois après 8 ans, mais avecun taux presque deux fois plus élevéen milieu rural. Une des explicationstient à la proportion plus forte dereprises d’entreprises en milieu rural.

Effet géographique et approche sectorielleCes résultats sont-ils liés à un effetgéographique propre à chaque typede zone ou bien à une distributionsectorielle différente des activités ? Entermes de mouvements, l’effet géo-graphique domine. En revanche, lesrésultats enregistrés en termes desolde sont principalement liés à ladistribution sectorielle des activités.Les secteurs industriels surreprésentésen zone rurale perdent des établisse-ments, tandis que les services auxentreprises, très majoritairementlocalisés en zone urbaine, en gagnent.Le cas des zones périurbaines est sin-gulier : malgré une surreprésentationdes secteurs « en déclin », le périurbainconnaît un solde d'entrées-sortiessupérieur à la moyenne nationale. Àpartir de ces observations, les travauxs’orientent sur la recherche des méca-nismes explicatifs pouvant aider àpenser l’action publique locale. ●

Jean-Pierre Huiban,Francis Aubert

et Anne-Marie Dussol

* Les données utilisées concernent les établissementsindustriels (industrie hors énergie + activités de serviceliées à la production) ; provenant des répertoiresSIRENE (INSEE), elles couvrent la période 1993-2002.

©In

ra /

Syl

vie

Toill

on

Le nombre total d'entreprises françaises évolue peu, mais cette stabilité apparente masque un mouvement continu de création et de disparition. Le taux de renouvellement plus faibledans les espaces ruraux que dans les espaces urbains s’accompagne d’une meilleurerésistance des établissements nouvellement créés.

Créations d’entreprisesplus fréquentes en zone urbaine,

plus durables en zone rurale

Pôles urbains Périurbain Rural France

% établissements entrants 15,4 11,5 9,1 13,7

% établissements sortants 14,7 10,4 8,7 13,0

Solde (%) 0,7 1,1 0,4 0,7

Taux d'entrée et de sortie, selon le type d'espace (pour 100 établissementsprésents en moyenne en début d'année, sur la période 1993-2000)

Source : INSEE, répertoire des entreprises et des établissements (champ de l'industrie au sens large, établissements avec salariés)

©In

ra /

Gér

ard

Pai

llard

Page 8: inra-mag4

●II INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008

Elevage

De l’herbe, ressource saisonnière mais renouvelable que mange la vache, à l’homme qui consomme son lait et sa viande : focus sur ce maillon central qu’est la vache.

1

La vache dans son troupeau

Robes blondes, brunes, rousses et pieLe cheptel bovin français, le plus im-portant de l’Union européenne,compte presque 19 millions de têtes,dont 8 millions de vaches. Une pre-mière moitié est composée de races« laitières » dont les vaches (3,8 mil-lions) sont traites (PrimHolstein,Montbéliardes, Normandes). La ma-jorité du lait en France (60 %) estproduit dans le « Grand Ouest » : ilest utilisé majoritairement pour desproduits à destination industrielle(poudre de lait, matières grasses) oude grande consommation (beurre,fromages, yaourts) tandis que le laitde montagne (25 %) est plutôt va-

lorisé en fromages, notammentd’appellation d’origine contrôlée.L’autre moitié de ce cheptel, élevéeuniquement pour la production deviande, est constituée de races degrand gabarit (Charolaise, Limou-sine, Blonde d’Aquitaine) et de racesplus rustiques (Salers, Aubrac, Gas-conne). Ce sont les « races à viande »ou « allaitantes », dont les vaches(4,1 millions) allaitent leur veau jus-qu’à neuf mois. Ces troupeaux allai-tants se situent principalement dansdes zones herbagères du Massif Cen-tral et des Pays de la Loire.Dans les faits, ces deux mondes dulait et de la viande s’interpénètrentfortement. En effet, quasiment 45 %

de la production de viande nationaleen 2005 est d’origine laitière.La population totale de bovins fran-çaise est en légère régression depuisces dernières années, sans pour au-tant diminuer le niveau des produc-tions de lait et de viande grâce à lasélection génétique et aux conditionsd’élevage et d’alimentation.

L’herbe des prairies, aliment de baseL’herbe pâturée est pour le bovinl’aliment le moins cher et dont le rap-port entre coût et énergie ingérée estle meilleur. La valeur nutritive de laprairie dépend des espèces qui lacomposent (les graminées fournissent

◗DO

SSIE

R

INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 ●III

plus d’énergie, les légumineuses uneplus forte teneur en matière azotée)mais également des modalités de sagestion, en particulier du stade d’ex-ploitation et de la fertilisation azo-tée. Gérer au mieux les ressources her-bagères est un enjeu important pourles éleveurs. Dans les prairies semées,le choix des différentes espèces condi-tionne l’évolution du couvert végé-tal, sa productivité dans le temps etla qualité du fourrage récolté. Pourconnaître les performances agrono-miques des espèces natives des prai-ries, des travaux ont été menés surune collection de graminées issues deprairies permanentes (Unité de re-cherche sur l’écosystème prairial,UREP). Ils ont montré récemmentque beaucoup de ces espèces avaientun fort potentiel fourrager mais souf-fraient d’une précocité préjudiciableà leur exploitation. Par ailleurs, pourobtenir une valeur agronomique éle-vée, la présence d’espèces ou de grou-pes clés ainsi qu’un minimum de di-versité sont déterminantes. Lesassociations graminées-légumineu-ses avec un taux modéré (35 à 50 %)de légumineuses dans la biomasse ré-coltée permettent d’améliorer la pro-duction et la qualité en limitantl’usage des intrants (engrais et pro-duits phytosanitaires).L’éleveur, aux différentes périodes del’année, doit constituer une ration

permettant, en fonction des alimentsdisponibles, de couvrir les besoins nu-tritionnels des animaux. La ration debase, constituée de fourrages, est alorscomplétée par des aliments concen-trés en énergie (mélanges de céréa-les) ou par des coproduits agroali-mentaires (pulpes de betteraves issuesdes sucreries, tourteaux produitsaprès extraction de l’huile des grai-nes oléagineuses par exemple). L’Inraa élaboré des tables de la valeur desdifférents aliments et des systèmesd’alimentation, initiés dans les an-nées 70, dont la dernière version datede 2007 (2). Les chercheurs dudépartement Physiologie animale etsystèmes d'élevage (Phase) de l’Inraont aussi intégré l’ensemble de cesconnaissances dans des logicielsd’aide à la décision : INRAtion (3),Prevalim (4).L’ingestion au pâturage, difficilementmesurable, dépend de la capacité spé-cifique d’ingestion de l’animal ainsique des conditions du pâturage quivarient selon le nombre d’animauxpar hectare, la date d’entrée et desortie sur la parcelle, mais aussi la sai-son et le climat. On définit ainsi ladisponibilité en herbe : une herbevégétative, de sa germination à sa ma-turité, est plus ingestible et plus nour-rissante qu’une herbe épiée. Pourfournir des recommandations utili-sables, les chercheurs de l’Inra ont 2

Les attentes des consommateurs aprèsla crise de la « vache folle » (1), les enjeuxd’aménagement du territoire autant quele « Grenelle de l’environnement »

plaident pour un élevage des bovins où l’herberetrouve une place de choix dans l’alimentationdes animaux. Un retour aux sources, en quelquesorte, mais en version plus innovante et intégrée,grâce aux dernières connaissances apportéespar la recherche. Un mode d’élevage qui optimisela part de l’herbe est loin d’être plus simple à

mettre en œuvre. Quelles conséquences a-t-ilsur les prairies et la gestion des territoires ? Surla physiologie digestive et la santé des animaux ?Sur l’organisation des exploitations ? Quelsavantages apporte-t-il à la qualité des produitsfinis ? Pour y répondre, ce dossier propose un parcoursallant de la prairie aux palais des dégustateurs,tout en empruntant la paillasse des laboratoireset la ferme expérimentale, où les chercheurs del’Inra conduisent leurs travaux.

L’herbe, la vache et ses

produits

synthétisé leurs connaissances au seinde modèles particuliers. GrazeIn per-met de prévoir les quantités d’herbeingérées par les vaches laitières danstoutes les situations de pâturage etquels que soient les aliments com-plémentaires. Ce module est intégrémaintenant dans INRAtion, ce quipermet d’optimiser l’alimentation dutroupeau, toute l’année à l’augecomme au pré. Le logiciel Patur’In (5)aide aussi à la gestion des surfaces àl’échelle de la saison. « Les recherchessur l’ingestion représentent un enjeuessentiel car ces données n’étaient pasaccessibles jusque là, alors qu’elles sontdéterminantes pour anticiper la pro-duction de lait » souligne Jean-LouisPeyraud de l’unité rennaise « Pro-duction du lait ».

Les parasites : un problèmerécurrent à chaque mise au vertSi l’alimentation à l’herbe évite desproblèmes de santé caractéristiquesdes rations riches en céréales commel’acidose, elle apporte aussi ses mauxspécifiques. Certains sont impres-sionnants, comme la « météorisa-tion », quand la vache semble prêteà exploser après ingestion d’une herbejeune et riche, avec trèfle ou luzernepar exemple, ou encore, la « tétanied’herbage », lorsqu’un excès d’herbejeune perturbe gravement leur

❝Une vachelaitière produiten moyenne6000 l de lait au cours de300 jours de lactation par an. ❞

©In

ra /

Chr

isto

phe

Maî

tre

Page 9: inra-mag4

●IV INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 ●V

◗DO

SSIE

R 2

2

de stationnement » où les animauxsont regroupés en attendant de rent-rer à l’étable. » L’Inra participeactuellement au programme de re-cherche européen « Parasite solution »ou Parasol (6), dont la première phaseconsiste à recenser ces nématodes pa-rasites et à élaborer des solutions nou-velles pour leur contrôle durable.

Comportement du troupeauUn troupeau est une structure so-ciale organisée, avec des relationsde dominance, d’affinité et de lea-dership. « Les premières participent àla résolution pacifique des conflits,les secondes assurent la cohésion dugroupe et atténuent les conséquencesdes relations de dominance, expliqueAlain Boissy, de l’unité de recherchesur les Herbivores à Clermont-Ferrand. Quant au leadership, il estle fait d’un ou de quelques individusqui initient les déplacements dugroupe. Nous étudions actuellementles processus de décision collective ». Ilest désormais nécessaire de privilé-gier les pratiques qui respectent lesbesoins sociaux des animaux no-tamment en favorisant les relationsd’affinité, essentielles pour assurer

leur bien-être et souvent synonymesd’amélioration de leur production.A l’inverse, certaines pratiques cou-rantes comme le regroupement destaurillons selon leur poids sontresponsables d’un accroissement del’agressivité entre animaux et altèrentleur croissance. Dans les conditionsextensives, les relations sociales de-viennent un outil d’apprentissagepour que l’animal apprenne à discri-miner entre de nombreuses espècesvégétales par exemple.

Des systèmes herbagers viablesA Clermont-Ferrand, une équiped’économistes étudie les revenus deséleveurs et les facteurs qui les in-fluencent. Ils travaillent à l’aide de ré-seaux d’observations à long terme (telle réseau « Charolais » de 85 exploi-tations) et de modélisations. Leursétudes montrent que le revenu deséleveurs français a pu être maintenuces dernières années grâce à la pro-ductivité du travail qui a énormé-ment augmenté. Toutefois, sans lesdifférentes primes, leurs revenus se-raient négatifs, il n’y aurait plus d’é-leveurs dans notre paysage écono-mique ! Pour les élevages à base d’herbe, lesétudes comparatives montrent que

métabolisme calcique et magnésique.Mais ils restent occasionnels et sommetoute, repérables par l’éleveur et trai-tables. Plus insidieux sont les parasi-tes logés dans l’herbe, qu’ingèrent lesbovins et qui engendrent une baissede la fécondité et une diminution dela croissance et de la production lai-tière. « Quand la croissance des ani-maux ralentit, avertit Jacques Cabaret,parasitologue à l’Inra de Tours, le pro-blème est déjà sévère. Les manifesta-tions cliniques sont peu visibles en leursdébuts. » Ce sont généralement les jeu-nes bovins, qui n’ont pas encore dé-veloppé d’immunité naturelle, quisont le plus touchés.Parmi les parasites les plus répandus,les Strongles, du groupe des néma-todes, qui sont des tout petits vers.L’équipe de Jacques Cabaret s’y est in-téressée, et plus particulièrement, àceux qui se logent dans le tube digestifdes animaux, les « Ostertagia ». Pourlutter, on dispose de traitements mé-dicamenteux efficaces, mais « ceux-ci ne doivent jamais être appliqués defaçon systématique sur l’ensemble dutroupeau au risque de voir apparaîtredes résistances » précise JacquesCabaret. « Des règles peuvent être ap-pliquées : éviter le surpâturage et privi-légier, dans le cas des prairies tempo-raires, les pâtures neuves, retournées et

semées l’année précédente. Pour les prai-ries permanentes, une alternance entrepâture et fauche permet d’aménagerdes espaces sains pour les jeunes bovins.Il faut également bien gérer les « aires

© Inra / Bertrand Nicolas

La Nouvelle-Zélande est undes principaux pays d’élevageau monde. Elle a rapidementdéveloppé sa productionlaitière, qu’elle exporte.« L’objectif de ses éleveurs,analyse Philippe Faverdin,directeur du laboratoire Inra« Production de lait » àRennes, consiste à transformerun maximum d’herbe en lait,presque sans utiliserd’intrants, pour faire face autrès faible prix du lait, environmoitié moins qu’en France. » La production de lait (3800 lpar vache et par an) est faibledu fait de la ration alimentairepauvre en compléments(moins de 10 %). Grâce à unclimat tempéré océanique

et à des parcellaires très bienorganisés, les vaches pâturenttoute l’année. La densitéanimale est élevée, 2,75vaches par hectare, pourconsommer la plus grandepartie de l’herbe qui pousse.La lactation des bêtes estd’ailleurs calée sur cettepousse : les vaches sont tariespendant l’hiver puis vêlenttoutes en l’espace de troismois, afin de faire coïncider ladisponibilité alimentaire avecla période où les besoinsnutritionnels sont les plusimportants. Enfin, le seuléquipement est la salle de traite.

Ocontact :[email protected]

Le pâturage, clé de l’élevage laitiernéo-zélandais

OL’Union européenne compte 88 334 000 bovins dont dans les principaux

pays producteurs :- 18 902 000 en France- 12 601 000 en Allemagne- 10 010 000 au Royaume-Uni.Source : Eurostat, 2007

OCheptel bovin, en millions de têtes, des principaux pays éleveurs dans lemondeBrésil 156 Chine 128Etats-Unis 96Argentine 50Australie 28Russie 24Uruguay 12Nouvelle-Zélande 10Source : Office de l’élevage, 2006

Chiffres

l’économie réalisée en intrants et ma-tériel compense une production plusfaible. Ils nécessitent par contre unpeu plus de surface pour le mêmecheptel, vu la moindre densité ani-male. On connaît des systèmes her-bagers performants, qui dégagent desrevenus à l’hectare supérieurs à ceuxde systèmes reposant sur une fortepart de céréales et maïs. Certains éle-veurs peuvent mieux valoriser le laitgrâce aux nombreuses filières AOCexistantes.Pourquoi alors ces systèmes ne sont-ils pas généralisés ? « Ils sont plus com-pliqués à conduire, moins diffusés dansles circuits de formation, résumel’économiste Michel Lherm. Les sys-tèmes intensifs sont souvent perçuscomme « modernes », même 40 ansaprès leur apparition ! Une des condi-tions de viabilité des systèmes herba-gers est une disponibilité en surface aumoins égale aux systèmes plus inten-sifs. De plus, une restructuration rai-sonnée du parcellaire faciliteraitl’utilisation des herbages, qui bute surle problème des distances aux parcelles.Le travail ne semble pas être détermi-nant : moins physique et saisonnier enherbager mais plus aléatoire, donc plusdifficile à organiser. Enfin, l’intérêt desprairies n’est que peu traduit dans lesdifférents soutiens publics. »

© In

ra /

Mic

hel M

eure

t

VACHE DE RACE LIMOUSINEdans un pré de Corrèze.

(1) L'encéphalopathie spongiforme est soupçonnée de transmettre à l'hommeune variante de la maladie de Creutzfeldt-Jacob. Au cours de la crise de « la vachefolle » de 1996, le public découvre que lesbovins ne sont pas nourris uniquementd'herbe, mais aussi de complémentsalimentaires, pour certains d'origine animale.Ceux-ci ont depuis été interdits.(2) Alimentation des bovins, ovins et caprins.Ouvrage collectif, Editions Quae, 2007.(3) INRAtion version 4.0 (2008) :www.inration.educagri.fr(4) Prevalim : logiciel de prévision de la valeuralimentaire des aliments (5) PâturIn : logiciel disponible surwww.editions.educagri.fr/Zootechnie.pdf(6) Des chercheurs de l’Inra en parasitologieà Tours, en pharmacologie à Toulouse, en zootechnie et en économie à Theix, en sociologie à Ivry, participent au projetParasol :www.parasol-project.org

LA PRODUC-TION D’UNE

PRAIRIE peut varier de 3

à 12 tonnes de matières

sèches/hectare(MS/ha) et par

an, selon lesrégions et les

conditions climatiques.

Page 10: inra-mag4

●VI

INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008

INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 ●VII

ries qui, en l’absence d’exploitation,disparaîtraient progressivement, lais-sant place aux espaces boisés enquelques années. Ces prairies assu-rent elles-mêmes un ensemble de ser-vices au bénéfice de l’agriculture etde l’environnement : produire mieux,maintenir la biodiversité et les pay-sages, contribuer à l’attractivité desterritoires. C’est pour répondre à cesdéfis et définir de nouvelles référen-ces, que l’Inra s’intéresse au fonc-tionnement des prairies.

Concilier l’usage de la prairie pour l’élevage et l’environnementLes deux unités Herbivores et Ecosys-tème prairial du centre Inra de Cler-mont-Ferrand étudient le fonction-nement de ces écosystèmes sousl’impact de l’activité de pâturage. UnObservatoire de recherches en envi-ronnement (ORE) consacré à la prai-rie permanente a notamment été misen place (cf. Inra Magazine n°2, p.11).Ainsi, dans des conditions de charge-ment extensif (densité animale parhectare faible), les animaux adaptentleurs stratégies alimentaires afin demaximiser la qualité du régime ingéré,avec un fort impact sur la structure dela végétation. Cela conduit à lacoexistence de zones d’herbes bassesmaintenues végétatives et de zones plushautes et reproductrices. Les proces-sus spatio-temporels expliquant la va-riabilité des états des herbages au coursde la saison de pâturage ont ainsi puêtre identifiés. Ces processus de dé-veloppement de l’hétérogénéité ducouvert végétal résultant de la défo-liation par les animaux sont étudiésde manière expérimentale et grâce àla modélisation. Un simulateur desinteractions entre prairie et troupeaua ainsi été mis au point. Ces études àl’échelle de la parcelle sont complétées

En 2006, les prairies repré-sentent le quart du terri-toire national. Les surfacestoujours en herbe occu-

pent 36 % de la surface agricole utile(SAU) et les prairies « temporaires »,espaces semés depuis moins de cinqans, 11 % de la SAU. Leur superficie,réduite de 20 % de 1982 à 1992, acontinué à décliner jusqu’en 2003.Cette diminution est liée à l’intensi-fication des activités agricoles dansles zones les plus productives (ré-gions laitières, zones mécanisablesen montagne) et à l’abandon des sur-faces les moins productives (Alpesde Haute Provence, bordure sud duMassif Central).

Aujourd’hui, les surfaces en prairiessont, semble-t-il, stabilisées. Les ex-perts s’accordent à penser que la miseen place en 1992 de la Prime aumaintien des systèmes d’élevage ex-tensifs, remplacée par la Prime her-bagère agro-environnementale en2003 a probablement contribué à en-rayer ce déclin. La nouvelle Politiqueagricole commune oblige le main-tien des prairies « permanentes »dans la surface des Etats. On entendpar là toutes prairies « naturelles »ou semées depuis plus de cinq ans,y compris les pâturages de hautemontagne (alpages, estives) et les lan-des. L’élevage joue donc un rôle dé-terminant dans l’entretien des prai-

◗DO

SSIE

R

par une approche plus systémique quicompare et évalue les conduites depâturage, de fauche et de fertilisation.Le programme européen Vista, au-quel contribue l’équipe Orphée del’Inra à Toulouse, a permis de caracté-riser la valeur d’usage agronomiqueet environnementale de prairies multi-spécifiques à partir de méthodes issuesde l’écologie fonctionnelle.Ces travaux alimentent les réflexionsmenées avec les acteurs des filièresagricoles. « Une des finalités de ces re-cherches, souligne l’agronome PascalCarrère, serait de proposer une gammede modes de gestion des pâturages quipréserverait la diversité de ces écosys-tèmes, en fonction de la « productivité »de l’herbe et en permettant de piloterla végétation au service de productionsanimales de qualité ». Deux nouveauxprojets co-construits avec les parte-naires en sont issus, l’un en collabo-ration avec l’Institut de l’élevage, l’au-tre avec le Pôle production fromagèreAOC du Massif Central.

Les fonctions environnementales des prairiesLes prairies permanentes sont les plustouchées par les transformations del’espace rural. Elles constituent pour-tant un réservoir de diversité végé-tale et animale. Suivant la fertilité du

milieu et les modes de gestion (char-gement animal, fertilisation, dates etfréquence de coupe, durée de vie dela prairie, etc.) une prairie permanentecomprend de dix à cent espèces vé-gétales. Les prairies temporaires, enrevanche, sont rarement composéesde plus de huit espèces semées.Les prairies jouent également un rôlepositif sur les sols : en assurant uncouvert végétal permanent, elleslimitent le lessivage des éléments fer-tilisants et l’érosion des sols et contri-buent au maintien de la qualité deseaux. L’Inra de Nancy a montré que

2

15 UNITÉS expérimentalesde l’Inra conduisent des troupeaux bovins laitiers ou allaitants dans une large variété de milieux géographiques.

Environnement2

La prairie et ses fonctionsConnaître les relations entre les herbivores domestiques et les communautés végétales qu’ilsexploitent est essentiel pour définir des modes d’élevage à haute valeur environnementale.

Dans le cadre du programme européenForbioben, l’Inra de Clermont-Theix et l’Unité expérimentale des Montsd’Auvergne ont testé de 2002 à 2006,l’impact de diverses modalités depâturage sur la diversité du couvertvégétal d’une estive. Les résultatsmontrent une excellente capacité de laflore de l’estive à se maintenir face à deschargements très différents. L’allègementdu chargement a favorisé les plantes àfleurs, les graminées peu tolérantes aupâturage, les papillons et les criquets.L’augmentation du chargement afavorisé d’autres espèces. L’abondancedes oiseaux et des carabes n’a pas été

modifiée. Ainsi, à chaque densitéanimale correspond un « profil » de biodiversité. L’allègement du niveau moyen dedensité animale ainsi qu’une rotationaménagée du pâturage qui préservecertaines parcelles au moment du pic de floraison ont un effet favorable sur labiodiversité de ces prairies de moyennemontagne. Les résultats montrentl’intérêt de maintenir une diversitéd’utilisation des surfaces au sein des exploitations d'élevage.

Ocontacts : B. Dumont, A. Farruggia, J.P. Garel

La biodiversité dans les estives du Cantal

© In

ra /

Syl

vie

Toill

on

UNE VACHEMANGE 100 kgd’herbe fraîche

par jour au pâturage

et jusqu’à 15 kg de foin,

à l’étable.

les prairies, plus économes en eau,assurent un meilleur régime hydriquedes cours d’eau en période sèche queles forêts.Les prairies peuvent accumuler ducarbone dans les sols, même si d’au-tres gaz à effet de serre sont émis : duprotoxyde d’azote (N2O) et du mé-thane (CH4) émis par les ruminantsau pâturage. Dans le cadre du projeteuropéen Greengrass, des chercheursde l’Inra de Clermont-Ferrand ontcomparé pendant trois ans le bilande gaz à effet de serre (CO2, CH4 etN2O) de prairies permanentes pâtu-

©In

ra /

Loui

s V

idal

2

Page 11: inra-mag4

●VIII INRA MAGAZINE • N°3 • JANVIER 2008

◗DO

SSIE

Rrées par des bovins et conduites demanière classique ou extensive (char-gement animal réduit, pas de ferti-lisation). Ces prairies stockent enmoyenne de 0,7 à 0,9 tonne de car-bone par hectare et par an. Résultat :les émissions de méthane dues à ladigestion des bovins au pâturage sontcompensées en grande partie par cestockage. Des recherches en cours àl’Inra ont par ailleurs pour objectifd’étudier la digestion des alimentspar les microorganismes du rumenafin de proposer des moyens de di-minuer ces émissions de méthane (cf.Inra Magazine n° 3, p. 11). Les émis-sions directes de N2O de la prairieont un poids plus faible et sont cinqfois moindres en gestion extensive.Au total, le bilan des gaz à effet deserre indique une activité de puits(stockage) sensiblement plus forte engestion extensive qu'en gestion clas-sique. Le bilan global reste cependantdifficile à établir car il dépend du pé-rimètre pris en considération : l’ex-ploitation, la région ou la filière touteentière ? Ainsi, des approches globa-les et systémiques seraient les pluspertinentes en prenant en compte lesémissions dues à la production detourteaux de soja ou de maïs.

Les prairies sauvées ou menacées ?Avec la réforme de la PAC appliquéeen France depuis 2006, les prairies bé-

néficient des droits à paiement unique(DPU) d’un montant plutôt faible parrapport aux grandes cultures (blé,maïs, colza, etc.). Dans le cadre du2ème pilier « développement rural »,la Prime herbagère agro-environ-nementale (76 euros par ha) est condi-tionnée à la mise en œuvre de bonnespratiques environnementales. D’aut-res aides existent dans le cadre descontrats d’agriculture durable (CAD)ou au titre des Zones à handicaps na-turels. La réforme à venir de la PACdevrait renforcer les aides du 2ème

pilier, qui contribuent à la reconnais-sance du rôle environnemental (pré-servation de la biodiversité notam-ment) et social réel de l’élevage. Quantaux DPU, si leur calcul est revu pourles rendre moins inégalitaires, les sys-tèmes herbagers pourraient retrouverdes montants semblables aux autressurfaces. « Cela permettrait de préser-ver un niveau de revenus permettantd’encourager l’utilisation des prairieset de maintenir l’élevage de rumi-nants », explique Michel Lherm, éco-nomiste à l’Inra.Déjà, les conséquences du changementclimatique sur les prairies se font sen-tir. Il devient urgent de savoir com-ment adapter leur gestion. Les projetsImagine (GICC-IFB) (1) et Biodiver-sité (ANR) lancés en 2005 ont mon-tré des effets significatifs des facteursclimatiques sur la production d’herbeen moyenne montagne : augmenta-

INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 ●IX

Alimentation3

L’impact de l’alimentationherbagère sur les qualitésdes fromages et de la viande

Les caractéristiques des pro-duits laitiers et de la viandedépendent d’un grand nom-bre de facteurs, liés à la fois

à la technologie de fabrication et auxcaractéristiques chimiques et micro-biologiques de la matière premièremise en œuvre. Ces dernières dé-pendent elles-mêmes de nombreuxfacteurs d’amont (d’origine géné-tique, physiologique, alimentaire).Ces facteurs d’amont sont de plus enplus au centre des préoccupationsdes consommateurs qui s’interrogentsur l’alimentation offerte aux ani-maux et la manière de produire. Ilsrevêtent également une importancetoute particulière dans le cas des pro-duits marqués, comme les appel-lations d’origine contrôlée, les indi-cations géographiques protégées oules labels, qui revendiquent un lienfort avec les conditions de produc-tion et le terroir. Parmi ces facteursde production, l’alimentation à based’herbe tient une place particulière,notamment parce qu’elle constituel’une des bases de la liaison des pro-duits à leur terroir d’origine, maisaussi parce que l’on observe empiri-quement, en exploitations et dansdes fromageries privées, des diffé-rences de qualités sensorielles des fro-mages selon la nature des fourragesofferts aux animaux. Des travaux ex-périmentaux, avec les partenaires desfilières concernées et l’Institut na-tional de l'origine et de la qualité(INAO) (1), ont donc été entreprispour analyser objectivement l’effetspécifique de la nature des fourra-

ges, de son mode de conservation etde sa diversité botanique.

Des produits laitiers plus jaunes, moins fermes, plus typés avec l’herbeComparativement à l’herbe, quel quesoit son mode de conservation, l’en-silage de maïs conduit à des froma-ges et à des beurres plus blancs, lé-gèrement plus fermes et parfois moinsappréciés des dégustateurs. Les diffé-rences de couleur sont liées directe-ment à la teneur de la ration encarotènes. Ce pigment, absent del’ensilage de maïs mais présent engrandes quantités dans les fourragesverts, contribue à la coloration jaunedes produits laitiers. Très sensible auxultra-violets, le carotène est détruitlors du séchage et de la conservation

des fourrages de manière d’autantplus forte que l’exposition à la lu-mière est plus importante.« La question de la conservation del’herbe sous forme d’ensilage est depuislongtemps un sujet de débats au seindes filières fromagères d’AOC. Les en-silages mal conservés, peuvent en effetposer des problèmes lors de l’affinagedes fromages : gonflements tardifs,mauvais goût et odeur. Lorsque les en-silages sont de bonne qualité, les ré-sultats semblent différents, souligneJean-Baptiste Coulon, chef adjointdu département PHASE à l’Inra. Nousavons mené des essais où l’herbe d’unemême parcelle a été récoltée le mêmejour et conservée soit sous forme d’en-silage soit sous forme de foin. Dans lesdeux cas, la qualité de conservation aété excellente. » Des fromages de type

Les caractéristiques de l’herbe et des fourrages mangés par les vaches modifient la composition, ainsi que les propriétés sensorielles et nutritionnelles, de leurs produits laitiers et de leur viande.

LE CHEPTELFRANÇAISproduit chaqueannée 24millions de tonnes de lait.

❝Une vacheallaitante produit1500 l de laittotalement bupar le veau. ❞

tion de la production printanière avecun réchauffement de 3,5 °C, diminu-tion de la production du fait de la sé-cheresse estivale, augmentation de15 % par l’enrichissement en CO2. Leprojet Validate (ANR) coordonné parl’Inra va poursuivre l’étude de lavulnérabilité des prairies et des éle-vages aux événements extrêmes. Il re-produira expérimentalement des ca-nicules ou des sécheresses par destechniques à l’air libre et modéliseraleurs impacts. Ce projet évaluera despistes d’adaptation des systèmesd’élevage herbagers en France.Si le développement des cultures éner-gétiques reste un objectif gouverne-mental, des surfaces cultivables de-vront être trouvées dans les zones lesplus productives. Cela se traduira parl’intensification de certaines terresencore en prairie. Au nom d’une pré-occupation environnementale, lerisque est de détruire des milieux ri-ches en diversité et d’intérêt paysa-ger. Une autre menace est l’abandondes zones les moins productives, fautede soutiens publics suffisants, avec laperte d’activités et de tissu social quis’ensuivra. C’est pourquoi il est plusque jamais indispensable de main-tenir les prairies sous haute sur-veillance.

(1) Groupe intergouvernemental sur lechangement climatique-Institut français de la biodiversité.

© Inra / Christian Slagmulder

© In

ra /

Mic

hel M

eure

tr

2

Page 12: inra-mag4

INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 ●XI

◗DO

SSIE

R

Saint-Nectaire ont été fabriqués dansune fromagerie expérimentale à par-tir du lait des vaches ayant consommél’un ou l’autre des types de fourra-ges. Les fromages réalisés à partir dulait d’animaux nourris avec de l’en-silage ont été plus jaunes et légère-ment plus amers que ceux réalisés àpartir du lait d’animaux nourris avecdu foin. Les autres caractéristiqueschimiques et sensorielles des froma-ges n’ont pas été différentes entre lesdeux régimes. Il est cependant pos-sible que les effets de la conserva-tion de l’herbe sous forme d’ensilagesoient variables selon le type de fro-mage. Un essai similaire récent a misen évidence des différences senso-rielles plus significatives sur des fro-mages de type Cantal, pressés et af-finés plus longtemps, que sur desfromages de type Saint-Nectaire.D’importantes différences de carac-téristiques sensorielles ont en revan-che été observées entre des fromages,selon que le lait provienne de vachesrecevant une ration hivernale (à basede foin et d’ensilage d’herbe) ou devaches conduites au printemps, aupâturage. Les fromages de Saint-Nec-taire, issus du lait de pâturage, ont étéplus jaunes, ont présenté une texturemoins ferme, un goût plus intenseet une odeur moins piquante, moinsaigre et moins fruitée que ceux issusdes laits hivernaux. Cependant, les ef-fets sur la flaveur du fromage sem-blent moins marqués lorsque le laitest pasteurisé avant d’être transforméen fromage.

Des flaveurs accentuées par la diversité botanique des prairiesAu cours des dernières années, plu-sieurs essais réalisés en Europe pourdécrire et analyser l’effet de la diver-sité botanique des fourrages offertsaux animaux (sous forme pâturée ouconservée) ont clairement montré qu’ilexistait des écarts parfois importantsde caractéristiques sensorielles (textureet flaveur) selon la nature des prairiespâturées. Ces écarts opposent en par-ticulier les prairies de plaine et de

la viande s’élabore tout au long de lavie de l’animal et que chaque mus-cle a ses propres caractéristiques. En-suite parce que les nombreuses inter-actions entre le régime alimentaire etla vitesse de croissance de l’animalrendent souvent difficile toute cau-salité directe avec les propriétés in-trinsèques de l’aliment. Par exemple,s’il est bien acquis que la viande debovins finis au pâturage a tendanceà être plus sombre que celle d’ani-maux alimentés avec des régimes ri-ches en céréales, il est difficile de sa-voir s’il s’agit d’un effet direct de lanature de l’alimentation ou induitpar la différence d’âge ou d’état d’en-graissement à l’abattage. De plus, desmodifications parfois importantesdes caractéristiques métaboliques desmuscles selon l’alimentation des ani-maux ne se traduisent pas par des ef-fets sensoriels sensibles. On peut dire,en l’état actuel des connaissances, queles régimes à base d’herbe, conservéeou pâturée, peuvent parfois accen-tuer sa flaveur. Dans la majorité descas, les effets sur la tendreté sont li-mités.

Caractéristiques nutritionnelles Plusieurs études de l’Inra ont récem-ment mis en évidence un impact sur

la qualité nutritionnelle de la viandebovine. Celle-ci a été appréhendéed’une part par la quantité des lipi-des et la composition de leurs acidesgras, et d’autre part par les teneursen micronutriments d’intérêt. Ainsi,des régimes à base d’herbe, distribuéesous forme d’ensilage ou pâturée, of-ferts à des taurillons ou des bœufs,conduisent à une augmentation desteneurs en acides gras polyinsaturés(dont les « oméga 3 »), comparati-vement à des régimes riches en cé-

●X INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008

Avec quoi des animauxd’élevage ont-ils été nourris ?Peut-on être sûr d’un apportalimentaire en herbe ? Oui carl’Inra a notamment développédeux types de méthodes. D’une part grâce à laquantification en laboratoire,soit dans les produits laitiers et viandes, soit dans les tissus,fluides ou fèces des animaux,de traceurs moléculaires ou atomiques (terpènes,caroténoïdes, acides grasmineurs, isotopes de l’oxygène,du carbone ou de l’azote) dontla présence ou les proportionssont spécifiques de la naturede l’alimentation. D’autre part,

grâce à des méthodesspectrales globales tels quel’index spectrocolorimétrique,utilisable sur le terrain et qui afait l’objet d’un brevet déposéen 2003. Il permet de quantifierla concentration en pigmentscaroténoïdes dans différentsproduits d’herbivores et de discriminer sans erreur les régimes à base de pâturagede ceux à base de foin et deconcentrés. D’autres méthodes,en phase de validation à grande échelle, portent surdes régimes moins contrastés.

Ocontact :[email protected] ;[email protected]

Authentifier les produits « à l’herbe »

montagne, mais existent aussi au seinde prairies d’altitude dont la compo-sition botanique peut varier sensible-ment, notamment en fonction du typede sol et de l’exposition. D’une ma-nière générale, les prairies d’altitudeprésentant une forte diversité bota-nique conduisent à des fromages ayantune flaveur plus forte que des froma-ges issus de praires de plaine, moinsdiversifiées. Comment expliquer detels écarts ? « Ils pourraient être liés àdes modifications de la composition chi-mique du lait, notamment des matiè-res grasses, sous l’effet de l’ingestion deplantes spécifiques ou plus globalementde la gestion du pâturage, associant na-ture de la ration et exercice physique,précise Jean-Baptiste Coulon. On nepeut pas exclure par ailleurs que les fac-teurs de production, en particulier lanature des fourrages, modifient l’éco-système microbien du lait ou son acti-vité. Une partie de la diversité des micro-organismes du lait, variable d’uneexploitation ou d’une fromagerie à l’au-tre, pourrait ainsi être due à l’alimen-tation des troupeaux. »De nombreux travaux ont été récem-ment réalisés sur l’effet de l’alimenta-tion des vaches sur la composition enmatières grasses et en micro-consti-tuants des produits laitiers, en raisondes hypothèses nouvelles concernantleurs effets potentiels sur la santé hu-maine et grâce au développement de

méthodes analytiques permettant leurquantification précise. Il est mainte-nant établi que le lait est plus riche envitamines A et E, en carotènes et com-posés phénoliques, lorsque les vachessont au pâturage, comparativement àune alimentation hivernale à based’ensilage de maïs. Ces régimes richesen herbe pâturée conduisent aussi àune modification de la compositiondes matières grasses du lait : la pro-portion en acides gras polyinsaturésaugmente significativement au dé-triment des acides gras saturés, les pre-miers étant reconnus pour leur effetbénéfique sur la santé humaine. Ceteffet de l’herbe pâturée est d’autantplus important qu’elle est jeune. Lesrégimes à base d’herbe conservée sontintermédiaires. La conservation sousforme d’ensilage permet d’obtenir desteneurs en carotènes, vitamines A etE supérieures à celles observées avecune conservation sous forme de foin.Ces résultats ont récemment étéconfirmés par une étude réalisée chezdes producteurs de fromages fermiersau cours de laquelle plus de 400 fro-mages issus de différents types d’ali-mentation ont été analysés.

Des effets moins nets pour la viande L’effet de l’alimentation à base d’herbesur les qualités de la viande est plusdifficile à évaluer. D’abord parce que

réales. Par contre, la teneur élevéeen vitamine B12, aux propriétés anti-oxydantes, reste une caractéristiquede la viande de ruminants, sans qu’ily ait de différence significative entreles régimes à l’herbe et les autres.D'origine strictement microbienne,elle est synthétisée dans le rumen,absorbée puis stockée dans le foie etdans les muscles et se retrouve dansla viande, qui constitue la principalesource nutritionnelle pour l'homme.

© Inra / Bertrand Nicolas

© Inra / Jean-Marie Bossennec

LE CHEPTELFRANÇAIS produit chaqueannée 1,4millions de tonnes d’équivalent carcasse de viande.

SAINT NECTAIRE. LES FRANÇAIS

ont consommé 23 kilos de fromage

par habitant en 2004.

2

2

Page 13: inra-mag4

●XII INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008

+d’infosAlimentation des bovins, ovins et caprins, tables Inra 2007, ouvragecollectif - éditions Quae 2007.Alimentation des ruminants :Systèmes Inra 2007, dossier de« Productions animales », éditionsQuae, 2007INRAtion Prevalim, version 4.0 2008 :www.inration.educagri.frRencontres Recherches Ruminants.,N° 15 les 3 et 4 décembre 2008 auCentre des congrès de la Villette,Paris. Articles disponibles sur :www.journees3R.frPrairies et herbivores domestiques,quiz réalisé par la missioncommunication de l’Inra :www.inra.fr/quiz_prairies_herbivoresProduits agricoles et alimentairesd’origine : enjeux et acquisscientifiques, Actes du colloques Inra-INAO, 17-18 novembre 2005,Sylvander B, Casabianca F, Roncin F.2008. 254 ppCoulon JB, 2006. Herbe et qualitésdes produits animaux. Académied’Agriculture : « Prairies, herbivores,quels enjeux ? ». Séance du 30novembre 2006Lucas A., Hulin S., Michel V., AgabrielC., Chamba J.F., Rock E., Coulon J.B.,2006. Relation entre les conditionsde production du lait et les teneursen composés d'intérêt nutritionneldans le fromage : étude enconditions réelles de production.INRA Prod Anim, 19, 15-28Prache S, Martin B, Nozière P, Engel E,Besle JM, Ferlay A, Micol D, Cornu A,Cassar-Malek I, Andueza D, 2007.Authentification de l’alimentationdes ruminants à partir de lacomposition de leurs produits ettissus. INRA Prod Anim, 20, 295-308.Boissy A., Nowak R., Orgeur P., Veissier I., 2001. Les liens sociauxchez les ruminants d’élevage :limites et moyens d’action pourfavoriser l’intégration de l’animaldans son milieu. INRA ProductionsAnimales, 14, 79-90.Institut de l’élevage : - dossier hors série « La prairie, unenjeu économique et social », janvier2007www.inst-elevage.asso.fr

◗DO

SSIE

R

❝40 % du lait collectéest transformé en fromage en France. ❞

2

L histoire a débuté il y a8000 ans dans la cordillèredes Andes. Une branche fa-miliale a donné naissance à

5 000 variétés cultivées de Solanumtuberosum. Première production noncéréalière au monde, la pomme deterre a connu une forte expansion auXIXe siècle car elle permettait denourrir les populations pauvres. C’estle même argument que la FAOavance cette année pour les pays endéveloppement.

Améliorer les mécanismes de résistanceOn connaît tous la ruse d’Antoine-Augustin Parmentier pour diffuser la

spécifiques qui ont été contournées(adaptation des parasites), les cher-cheurs visent des résistances partiel-les qui impliquent plusieurs méca-nismes génétiques de défense etplusieurs gènes. Ces résistances ré-duisent la vitesse de progression duparasite dans les tissus de la plante etleur efficacité s’érode plus lentement.Les chercheurs commencent paridentifier les variétés présentant desfacteurs de résistance intéressants,notamment parmi les espèces sauva-ges originaires des Andes et conser-vées soigneusement à Ploudaniel. Puisils établissent leur carte génétique defaçon à localiser les gènes associés àces résistances. Cette cartographiemobilise également une équipe degénomiciens à Avignon qui exploiteses connaissances acquises sur d’au-tres solanacées (tomate, piment). Parailleurs, les espèces sauvages sont engénéral diploïdes (2 paires de chaquechromosome), alors que les variétéscultivées sont tétraploïdes. Pour pou-voir les croiser, les chercheurs ont dûmaîtriser la parthénogenèse (repro-duction sans fécondation) ce qui per-met de diviser par deux le stockchromosomique de l'espèce cultivée.Les baies issues du croisement desplantes contiennent plusieurs cen-taines de petites graines, soit autantd'hybrides interspécifiques. Penchésur sa paillasse, François Monot récu-père ces graines et les conditionneavant le semis. On vérifie ensuite larésistance des descendants en serreou au laboratoire. Mieux connaîtreles déterminants génétiques de la

◗RE

PORT

AGE

INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 ●25

uneunité

O INRA À PLOUDANIEL

Des spécialistes de la

pomme de terre

© In

ra

© Inra / Gérard Grosclaude

PARCELLE EXPÉRIMENTALEsur la sensibilitéde variétés depommes de terreau mildiou (Inra Ploudaniel).

Pour l’ONU, 2008 est l’année internationale de la pomme de terre. L’équipe de recherche de Ploudaniel, près de Brest, est spécialiste de ce tubercule.

culture de la pomme de terre enFrance et les premières grandes épidé-mies qui ont, plusieurs fois, anéantiles cultures européennes. La plantereste toujours sensible à un vaste cor-tège de parasites. C’est au mildiou,un de ses principaux ennemis, ques’attaque l’équipe de recherche dePloudaniel. Jean-Eric Chauvin, sonresponsable, explique que « causé parPhytophthora infestans, le mildiou estgénéralement combattu par l'emploimassif de produits antifongiques. Lacréation de variétés résistantes apparaîtune option plus respectueuse de l’en-vironnement. Encore faut-il que cetterésistance soit efficace et durable. »Après avoir développé des résistances

Dossier réalisé d’après les travaux des unités de recherches Inra :Écosystème prairial (Clermont-Theix), Herbivores (Clermont-Theix), Qualité des produitsanimaux (Clermont-Theix), Recherches fromagères (Clermont-Theix), Technologie etanalyses laitières (Dijon), Infectiologie animale et santé publique (Tours) ; les unitésmixtes de recherche Agrosystèmes et développement territorial (Toulouse), Productionde lait (Rennes), ainsi que l’unité expérimentale des Monts d’Auvergne (Clermont-Theix).

Ocontacts :Jacques Agabriel, [email protected] (Commission Bovine)René Baumont, [email protected] (ingestion)Alain Boissy, [email protected] (comportement social)Jacques Cabaret, [email protected] (parasitologie)Pascal Carrère, [email protected] (écosystème prairial)Jean-Baptiste Coulon, [email protected] (qualité des produits)Bertrand Dumont, [email protected] (comportement alimentaire)Erwan Engel, [email protected] (authentification et traçabilité)Anne Farruggia, [email protected] (utilisation de la prairie par le troupeau)Philippe Faverdin, [email protected] (vache laitière au pâturage)Michel Lherm, [email protected] (économie)Jean-Louis Peyraud, [email protected] (digestion, filière laitière)Sophie Prache, [email protected] (authentification et traçabilité)Jean-François Soussana, [email protected] (écosystèmeprairial)

Intégrer les connaissances en environnement, agriculture et alimentation« Les recherches faites à l’Inra sur laprairie, ses diverses fonctions, son uti-lisation par les vaches, et les consé-quences sur les produits lait, fromageset viande sont originales à plus d’untitre, conclut Jacques Agabriel, prési-dent de la Commission bovine del’Inra (2) associant différents parte-naires pour veiller à la cohérence desrecherches sur les bovins. Ces recher-ches illustrent le concept de « chaîne ali-mentaire » et l’importance de bien dé-velopper cette dimension linéaire de laconstruction de la qualité des produits. »Les disciplines agronomiques, zoo-techniques, économiques sont mo-bilisées de conserve pour apporter unemeilleure compréhension des phéno-

mènes, et fournir aux décideurs et auxéleveurs les outils nécessaires pouroptimiser l’ensemble des maillons dela chaîne. Mais ces recherches sontaussi originales car elles se dévelop-pent simultanément dans d’autres di-mensions complémentaires et pourdes finalités multiples : environnementet rejets, entretien des paysages et dela biodiversité, préservation du bien-être animal, concept de terroir enzones de montagne… qui toutesconvergent vers cette notion de dura-bilité des systèmes souvent difficile àconcrétiser. L’Inra, organisme derecherche publique, est ici bien dansson rôle. ●

(1) L’INAO conduit la politique françaiserelative aux appellations d'origine contrôlées(AOC) : http://www.inao.gouv.fr/(2) http://www2.clermont.inra.fr/commission-bovine

Page 14: inra-mag4

INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 ●● INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008

9

9

●FLORAISONd’une espèceandine apparentéeà la pomme de terre.

2

1

8

1

●ECHANTILLON

de différentesvariétés.

3

●TRAVAUX

de calibrage.

6

●COLLECTION DE VARIÉTÉS

de pommes de terre

maintenue in vitro.

9

●TESTVARIÉTAL : mesure de la longueurdes germes.

7

3

4

◗RE

PORT

AGE

© Inra / Christophe Maître

27

+d’infosOweb :www.rennes.inra.fr/apbv/Ocontacts :[email protected]

résistance permettra de disposer demarqueurs moléculaires et de sélec-tionner, à l’avenir, en laboratoire lesmeilleurs hybrides. La sensibilité aumildiou est aussi évaluée au champ.Les conditions expérimentales dePloudaniel sont optimales : le mil-diou adepte du climat breton y sévitsans relâche tous les ans ! Les plantsles plus résistants seront des « géni-teurs améliorés ». L’Inra en proposeune trentaine par an aux sélection-neurs qui poursuivront le travail decréation variétale.L’Inra s’est intéressé à d’autres mala-dies dont le nématode à kyste (Glo-bodera pallida). Ces vers du sol s’at-taquent aux racines et aux tubercules.La même logique de recherche aconduit Marie-Claire Kerlan et LauraChauvin à étudier les résistancescontenues dans les variétés sauvages.Quelque 2500 génomes ont été iden-tifiés. Les chercheuses approfondis-sent leur connaissance moléculairedes mécanismes de résistance en re-lation avec l’unité de recherche ensanté des plantes, à Rennes et l'unitéde génomique d’Avignon. Les équi-pes travaillent, en miroir, la biologiedes parasites et celle de la pomme deterre pour tenter de comprendre lesinteractions entre la plante et sonagresseur. Les travaux ont montré quela résistance se traduisait par une mas-culinisation de la population de né-matodes et par une nécrose des tissusautour de la larve chez la pomme deterre. Cette coopération permet ausside mieux évaluer les risques d’évolu-tion du parasite. Les agronomes sontégalement sollicités pour imaginer desrotations, cultures pièges, etc., qui per-mettent de limiter la progression despopulations de parasites.

Richesse des collectionsA l’origine des travaux de sélection :la variabilité génétique. Le site dePloudaniel est le principal centre deressource français pour la pomme deterre. Il collectionne 1000 variétésfrançaises cultivées, 32 espèces indi-gènes andines et 8000 plants issus destravaux de recherche, précieux pourpartir vers de nouvelles pistes. Main-tenir cette biodiversité représente untravail de fourmi ! Minutieusement,Martine Muller prélève, coupe etremet en tubes à essai les bouturesqui pousseront au ralenti pendant unan en chambre climatisée. Il faut aussireplanter en terre, tous les ans, lematériel maintenu sous forme de tu-bercules. Les espèces andines sont

conduites à contre-saison. Originai-res de milieux subtropicaux d’alti-tude, elles réagissent à la longueur desjours en rallongeant leur cycle de vé-gétation au détriment de la tubérisa-tion. Les plantes sont donc cultivéesen hiver lorsque les jours sont courts.

Evaluation de nouvelles variétés« Il nous arrive de revoir le fruit denotre travail lors de l’évaluation desvariétés nouvelles avant l’inscriptionau catalogue national car l’Institutprête son expertise au Geves, le Grouped’étude et de contrôle des variétés etsemences. En 2008, la variété Coquineinscrite par un obtenteur français (Gro-cep), est issue d'un croisement avec ungéniteur Inra. Elle présente un bon ni-veau de résistance au mildiou et uneprécocité intéressante », se félicite Jean-Éric Chauvin. Michel Bozec, expertpour le Geves, nous décrit l’organi-sation de l’immense hangar qui abritepalettes de stockage et laboratoires.Devant des barquettes de pommes deterre aux formes et couleurs variées,il commente les tests qui discriminentles qualités des unes et des autres. Plusloin, une équipe mesure la longueur

des germes d’une série de tubercules,reflétant la vigueur des plants.

60 ans de partenariat L’expertise de la petite équipe finis-térienne est appréciée par les pro-fessionnels agricoles. L’Associationdes créateurs de variétés nouvelles depomme de terre réunissant les qua-tre obtenteurs français de pomme deterre soutient les recherches depuis1969 en contrepartie du maintien descollections, de l’accès aux géniteurset d’échanges scientifiques. Récem-ment, avec des partenaires agricoles,l’équipe a comparé, dans six régions,le comportement de variétés condui-tes en agriculture biologique afin dedéfinir un profil type de la variétéidéale pour ce mode de culture. ●

Catherine Donnarset Patricia Marhin

reportage photo : Christophe Maître

●HANGAR qui abrite

les collections et le travail

du Geves.

2

7

8

9

L’histoire de la pomme de terre à l’Inra débute à Versailles. Mais les conditions climatiques n’y étaient pas réunies pourgarantir son état sanitaire. C’est pourquoi l’Inra s’est installé en 1949 sur une ferme à Ploudaniel. La Fédération nationale des producteurs de plants de pomme de terre a racheté la fermevoisine et l’a mise à disposition de l’Institut. Aujourd’hui, l’équipeest intégrée dans l’unité d’amélioration des plantes et biotechno-logie végétale de Rennes (UMR Inra, Agrocampus, Université de Rennes 1). Généticiens de Ploudaniel, génomiciens d’Avignon et pathologistes de Rennes travaillent ensemble sur lesmécanismes de résistance de la pomme de terre au mildiou et aux nématodes. Les collections de choux fleurs et d’échalotesqui étaient hébergées non loin de là, à Plougoulm, rejoignent en 2008 le site de Ploudaniel.

Historique

© Inra / Christophe Maître

5 ●JEAN-ÉRICCHAUVIN,

responsable du site de Ploudaniel,

directeur adjoint de l’unité APBV.

4

●PLANTATIONde pommes de terre.

5

26

6

repères

• Ploudaniel

63 ha

48 ha SAU

10 ha(collections etexpérimentations)

• Equipe

5 chercheurs

37 personnes• Unité derecherche

4 équipes

130personnes

●FRANÇOIS

MONOTextrayant desgraines après

croisement.

8

Page 15: inra-mag4

● INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 ●29

L’indispensable réseau internationalC’est pourquoi l’Inra a initié le lan-cement d’un consortium internatio-nal (International Consortium forHuman Microbiome) pour mettre encommun les ressources et l’expertiserequises par l’ampleur des connais-sances à analyser. La division du tra-vail, les synergies et les économiesd’échelle diminueront le coût. Laconcertation permettra de standar-diser les procédures et le contrôle dela qualité des données et de coor-donner leur analyse. Les protagonis-tes ont pour première missiond’apporter des financements natio-naux ou supranationaux.Un projet financé par la Commissioneuropéenne (11 M €) et coordonnépar l’Inra vient ainsi de démarrer :le projet MetaHIT constitue le pre-mier financement international quicatalyse les efforts de recherche. Sonbut est de caractériser les gènes etfonctions bactériennes de la flore in-testinale et d’étudier les effets de cegénome en terme d'alimentation etde santé. Un deuxième projet franco-chinois, financé par l’Agence natio-nale de la recherche (ANR 2 M €)et le ministère chinois de la Scienceet de la technologie (2 M €), MICRO-Obes, vise à comprendre l’incidencedu régime alimentaire sur la flore in-testinale humaine chez deux cohor-tes de volontaires sains situées dansces deux pays. ●

Emmanuelle Klein

unecoopé-ration

O UN CONSORTIUM INTERNATIONAL DE RECHERCHE

Le métagénome intestinal : une recherche nécessairement

internationale

Joël Doré coordonne une étudeexpérimentale avec sonhomologue chinois le profes-seur Liping Zhao de l’Univer-sité Jiao Tong à Shangaï sur

les conséquences du régime alimen-taire sur le métabolisme intestinal.Une transition nutritionnelle serasimulée sur deux cohortes de volon-taires Français et Chinois, à partir deseptembre 2008. La transition nutri-tionnelle très rapide en Chine seraétudiée chez des ouvriers passant, àl’occasion d’un chantier en zone ur-baine, d’un régime pauvre en calories

28

et riche en fruits, légumes et féculentsà un régime citadin « à l’occidentale »,plus riche en calories et graisses ani-males. La cohorte française, consti-tuée de personnes obèses, sera àl’inverse soumise à un régime hypo-calorique. Les sujets des deux cohor-tes bénéficieront d’une évaluationmédicale détaillée de leur statut méta-bolique avant, au cours et après l’é-tude, ainsi que d’une étude dumétagénome de leur flore intestinaleet des fonctions de cette flore.Le pilotage des deux cohortes sera as-suré en Chine par le professeur Lin

population, la majorité d’entre ellessont spécifiques à chaque individu.« Ces bactéries ont des fonctions in-dispensables à notre santé : elles syn-thétisent des vitamines, contribuent àla dégradation de certains composésque nous serions incapables d'assimi-ler sans l'aide du métagénome bacté-rien. Elles jouent un grand rôle dansles fonctions immunitaires en nous pro-tégeant contre les bactéries pathogèneset en « dialoguant » avec nos cellulesépithéliales » complète Joël Doré, di-recteur de recherche à Jouy-en-Josas.Les recherches ont ainsi montré desdifférences significatives dans la com-position du métagénome chez les per-sonnes obèses ou atteintes de mal-adies inflammatoires intestinales etles sujets sains, d’où l’hypothèse quedes déséquilibres de la fore digestivepeuvent contribuer à la maladie.

Démarche pionnère On n'est qu'au début de la caractéri-sation des bactéries intestinales. Eneffet quelques centaines d’espèces sontcultivables en laboratoire, mais desmilliers d’autres ne le sont pas. Larecherche est en train de surmontercette difficulté grâce au saut techno-logique de la métagénomique qui per-met d’analyser directement l’ADN del’ensemble de la communauté bacté-rienne avec l’aide de la bioinforma-tique à haut débit. « L’effort scienti-fique dépasse celui de séquençage dugénome humain puisque nous portons90% de gènes microbiens pour seule-ment 10% de gènes humains » faitremarquer Xavier Leverve.

De même que nouspossédons nos propresgènes - notre génome -nous hébergeons notrepropre métagénome.

Celui-ci représente l'ensemble des gènesappartenant aux bactéries qui viventavec nous, la plupart d’entre elles étanthébergées dans notre tube digestif. Cesbactéries colonisent rapidement le tubedigestif du bébé après sa naissance »,introduit Xavier Leverve, directeurscientifique Alimentation à l’Inra. Siquelques dizaines d'espèces bacté-riennes sont partagées par toute la

Connaître la flore intestinalehumaine nécessite une synergie de rechercheau niveau international.

«

EPITHÉLIUM COLIQUEet flore intestinale.

INTERVIEW

De l’influence du régime alimentaire français ou chinois sur le métabolisme intestinal

Xu, épidémiologiste du Centre de Nu-trition Humaine de Shanghai et enFrance par le Professeur Arnaud Bas-devant, chef du service de nutritionde la Pitié Salpêtrière de Paris. Unchercheur chinois du laboratoire demédicine traditionnelle chinoise del’Université Jiao Tong est accueilli dèsfévrier et pour un an, sur la plate-forme «exploration du métabolisme»de Clermont-Ferrand pour préparerl’analyse métabolomique.

Patrick Etiévant,Joël Doré

Comment êtes-vous devenu l’animateur decette initiative internationale ? Dusko Ehrlich : Ayant une forte expérience dansle domaine de la génomique, j’ai su intéresser lespartenaires et mobiliser les chercheurs concernéspar le métagénome humain. En 2005, l’Inra a prisl’initiative d’organiser une table ronde réunissant tousles acteurs mondiaux de la discipline. Les collèguesont très bien répondu à la sollicitation de construireun projet à l’échelle mondiale. Le problème est qu’iln’existe pas de financements de projets au niveauinternational, mais uniquement au niveau nationalet/ou régional. C’est pourquoi, à l’issue de la tableronde, nous avons décidé que chaque partenairechercherait à obtenir des financements dans les dif-férentes régions du globe. Pour unchercheur européen, l’une des sour-ces de financement, c’est la Com-mission européenne. Elle étaitd’ailleurs présente lors de la tableronde, ses représentants étaientdonc sensibilisés à l'importance dusujet de recherche. A la suite deplusieurs échanges, un « topic » aété inscrit dans le premier appel àproposition du 7ème Programmecadre de recherche et de déve-loppement en 2007, visant à la ca-ractérisation du métagénome hu-main. Sur cette base j'ai entreprisla construction d'un consortiumscientifique européen.

Quels sont les ingrédients de cette coopération européenne ?D. E. : L'essentiel est de rassembler les partenai-res incontournables, les meilleures compétences etexpertises dans le domaine. Tels le Genoscope enFrance, le « Wellcome Trust Sanger Institute », auRoyaume-Uni pour le séquençage de l'ADN et lelaboratoire européen EMBL dans le domaine del'organisation des bases de données. Cependant, leprojet ne consiste pas seulement à décrire, à dé-crypter le métagénome. D’autres partenaires, commedes hôpitaux espagnols et danois pour les étudescliniques ont rejoint le projet afin que les chercheursaccèdent au métagénome d‘individus ce qui per-mettra de caractériser les marques de maladies.

BACTÉRIESANAÉROB I ESSTRICTES. Clostridium utilisant commeniche écolo-gique un orificeglandulairedans la muqueuse de l'intestingrêle.

© Inra / CD Abrams © In

ra

Stanislav-Dusko Ehrlich,DIRECTEUR DE RECHERCHE EN GÉNÉTIQUE MICROBIENNE À JOUY-EN-JOSAS

COORDONNE LE PROJET EUROPÉEN METAHIT (Metagenomics of human intestinal tract)

Page 16: inra-mag4

INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 ●

Pourquoi écrire un livre sur un contresensentré dans le langage commun ?Pierre Morlon : Par effort de clarification ! Si on fait l’impasse sur le langage, on secondamne à d’énormes contresens sur lesarchives et textes agricoles qui utilisent ce mot,et donc à ne pas comprendre la réalité des anciennes agricultures européennes.

Comment expliquez-vous la dérive de sens ?P. M. : À notre connaissance, les premierstextes contenant le mot « jachère » datent dumilieu du XVIe siècle. La dérive du sens vers« repos » et « abandon des terres » est apparuedans la littérature non agricole sachant que leconcept anthropomorphique de « repos de laterre » est ambigu. Nous pensons que cettedéfinition a été parachutée par les lettrés : ceux-ci mélangent jachère travaillée et en frichenon travaillée du fait qu’à leurs yeux d’urbains,c’est une seule et même réalité -une terre sans culture , alors que pour le cultivateur, la différence c’est son travail !François Sigaut : Pendant longtemps, les lettrés ont cru que jachère venait du latinjacere : être couché, d’où se reposer. Faux !L’étymologie vient du gaulois gansko qui veut direbranche et charrue, d’où le labour. Nous avonssuivi à la trace ce mot du XVIe au XIXe

où sa dérive a connu un paroxysme avec le débatentre défenseurs de la jachère et adversaires.L’agronome Victor Yvart (1763-1831), détracteuracharné de la jachère a joué un rôle important.

P. M. : Par la suite, l’erreur d’agronomes commeYvart a été institutionnalisée par les géographes qui l’ont transmise aux historiens… Les lettrésont entretenu l’erreur d’édition en édition. Il est d’ailleurs symptomatique que les auteurs dudictionnaire « le Trésor de la langue française »ne citent que des références littéraires bien que cela soit un terme technique. Diderot et d’Alembert ont eu la démarche inverse : ils sont allés chercher leurs définitions auprèsdes praticiens.

Cette recherche étymologique a-t-elle un intérêt aujourd’hui ? F. S. : Nous en sommes convaincus. Cela sert à montrer par quelles erreurs nous sommespassés. Questionner les mots renvoie au sensdes pratiques. L’histoire du mot jachère et ladiscussion sur les pratiques qu’il désignait,éclairent des questions encore d’actualité enagriculture : la lutte contre les mauvaises herbes,l’entretien de la fertilité du sol…P. M. : L’enseignement de l’agronomie manquede profondeur historique. En physique, on apprend l’histoire de la discipline (Archimède,Newton) ; l’enseignement de la philosophie se confond avec l’étude des auteurs. L’agronomiese dispense de l’histoire de l’agronomie commesi les connaissances du moment présent étaientune vérité figée. Ce manque de recul se retrouvedans le monde entier.

Propos recueillis par C. D.

OLA TROUBLANTE HISTOIRE DE LA JACHÈREPRATIQUES DES CULTIVATEURS, CONCEPTS DE LETTRÉSET ENJEUX SOCIAUXPierre Morlon et François SigautCOÉDITION QUAE-ÉDUCAGRI, COLLECTION SCIENCES EN PARTAGE, FÉVRIER 2008, 328 P., 29 €

Étymologie

● INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 3130

◗IM

PRES

SION

S

L a loi de 2005 « pour l’égalitédes droits et des chances, laparticipation et la citoyen-neté des personnes handica-

pées » apporte des évolutions fonda-mentales pour répondre aux attentesdes personnes handicapées, notam-ment au niveau de l’emploi.L’Inra développe une politique glo-bale en matière de handicap, afin d’ac-compagner les agents tout au long deleur carrière.En complément des concours exter-nes, l’Institut organise chaque annéeune campagne de recrutement de per-sonnes handicapées par la voiecontractuelle, avec vocation de titu-larisation. Les deux tiers des agents en

L’Inra peut se dire aussi en langue des signes ! Près de 350 agents en situation de handicap travaillentactuellement au sein de nos équipes. A chaque situation, son parcours, ses conditions de travail et son ressenti.

Accueillir le

handicap

François Sigaut et Pierre Morlon, agronomes et historiens, ont suivi à la trace la dérive du mot jachère qui pour les cultivateurs désignait une suite de labours afin de nettoyer lesol des mauvaises herbes et préparer le semis d’automne ; et est devenue l’exact opposé :une terre laissée sans culture où poussent des adventices que les agriculteurs ne peuventpas détruire.

jachèrede la

à l’

Illus

trat

ion

: Jul

ie B

lanc

hin

« Ayant quitté le lycée en quatrième, jen’étais certainement pas destiné à avoir unemploi de technicien qualifié. Paradoxale-ment, c’est mon handicap qui a infléchima vie professionnelle dans ce sens. Acause de l’aggravation de mes problèmesvertébraux, j’ai du arrêter les « petits bou-lots » trop physiques. Après plusieurs opé-rations et deux ans alité, j’ai été reconnutravailleur handicapé et j’ai effectué unereconversion professionnelle. J’ai passé 7ans entre centre d’orientation et centre deformation pour obtenir l’équivalent d’unBTS de technicien informatique. Cela n’adonc pas été sans beaucoup de ténacitéet la chance d’avoir été bien conseillé…Actuellement en CDD à l’Inra, je suischargé de la maintenance des postes in-formatiques du site. Ce travail me convientparfaitement car il me permet d’alterner lesstations assises et debout, et mes collè-gues m’aident à transporter le matériellourd. Mon poste va certainement évoluervers plus de responsabilités. »

Nori Hennaoui-Rosay, centre de Versailles,Ferme du Moulon, en CDD depuis octobre2007.

« Je suis atteinte de surdité profonde, jeporte des appareils auditifs et je complètepar la lecture labiale. Je travaille commetechnicienne en biologie moléculaire à l’Inra, après avoir passé un DEUG de sciences. Pour me perfectionner en biologie moléculaire, j’ai suivi un stageadapté à mon handicap organisé par la formation permanente de l’Inra de Versailles. Pour que je puisse participer à la vie scientifique et collective, j’ai besoind’aménagements spéciaux : un interprèteen langue des signes m’accompagne lorsdes assemblées générales annuelles ducentre, mes collègues prennent des notespour moi lors des réunions de laboratoire,complétées par les comptes-rendus. J’apprécie beaucoup mes collègues car ils sont sensibles à ma situation et pren-nent soin de faciliter ma compréhensionquand ils s’adressent à moi. Certains souhaitent même apprendre la langue des signes. »

Agnès Rousselet, centre de Versailles, recrutée par la voie contractuelle en 2001,titularisée en 2002.

• Au niveau national : Le service « politique sociale » de laDRH coordonne le déploiement dela politique handicap de l’Institutdans ses divers aspects :recrutement, insertion, maintien dansl’emploi, sensibilisation,communication, partenariatsassociatifs et institutionnels…- la « cellule handicap » (co)financedes actions visant l’environnementprofessionnel : aménagements depostes, formations, transports…- le « groupe accessibilité » a pourrôle de renforcer l’accessibilité deslocaux• Au niveau local : Le réseau des correspondantshandicap de centre permet derelayer et de développer la politiquehandicap, en lien avec les acteurslocaux : chargés des ressourceshumaines, médecins, déléguésprévention, assistants de servicesocial, conseillers en orientationprofessionnelle…

Structures et acteurs

L a loi de 2005 « pour l’égalitédes droits et des chances, laparticipation et la citoyen-neté des personnes handica-

pées » veut apporter des évolutionsfondamentales pour répondre aux at-tentes des personnes handicapées, no-tamment au niveau de l’emploi.L’Inra se mobilise pour une politiqueglobale en matière de handicap afind’accompagner les agents tout au longde leur carrière.

En complément des concours exter-nes, l’Institut organise chaque annéeune campagne de recrutement de per-sonnes handicapées par la voiecontractuelle, avec vocation de titu-larisation. Les deux tiers des agents ensituation de handicap à l’Inra ont étérecrutés par ce biais, et, parmi eux, sixchargés de recherche. L’accès à despostes dans tous les corps de la Fonc-tion Publique et sur tout type de mé-tier est une particularité de l’Institut.

L’Inra assure l’aménagement person-nalisé de l’environnement profes-sionnel des personnes handicapées :adaptation du poste de travail, dutemps de travail, accessibilité au senslarge.Enfin, divers dispositifs d’accompa-gnement permettent de favoriser l’in-sertion professionnelle et le maintiendans l’emploi des agents en situationde handicap : tutorat, aide hu-maine… ●

Pascale Mollier

Page 17: inra-mag4

INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 ●● INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008

«www.quae.com

c/o Inra - RD 10 -F-78026VersaillesCedex

éditionsQuæ

33

OLa recherche et l’Innovation en Francepar Jacques Lesourne et DenisRandetLe paysage français de larecherche et de l’innovation esttraversé de réformes. Cet ouvrageoffre une vision documentée desévolutions en cours. Il résulte destravaux menés au sein de FutuRIS,groupe qui rassemble acteurs et experts de la recherche et de l’innovation.Éditions Odile Jacob - Futuris - décembre 2007 - 470 p. - 27 €.

en bref

revues

◗IM

PRES

SION

SOLe guide illustré de l’écologie par Bernard Fischesser et Marie-France Dupuis-Tate Ce «guide illustré » offre au lecteur, même non scientifique,des explications claires sur lefonctionnement des écosystèmes,des cycles biogéochimiques et lesrelations entre les organismesvivants. Initialement conçu pour les professionnels de la protectionde l’environnement, il consacre un chapitre au génie écologique,nouveau domaine de compétencepour les ingénieurs.Co-éditions La Martinière/Quæ - mise à jour 2007 - 345 p. - 38 €.

OLa filière protéagineuseQuels défis ?coordination Jacques Guéguen, Gérard Duc Cet ouvrage décrit lefonctionnement de la filièreprotéagineuse et analyse demanière prospective les possibilitésd'élargir les utilisations desprotéagineux en alimentationanimale et humaine ainsi que dansles secteurs non alimentaires. Lesauteurs réactualisent aussil’argumentaire sur les intérêtsenvironnementaux de ces cultures.Éditions Quæ - 2008 - 160 p. - 28 €.

ONouvelle collection « expertises collectives » Les Éditions Quae lancent unenouvelle collection « expertises collectives ».• Pesticides, agriculture et environ-nement - Réduire l’utilisation despesticides et en limiter les impactsenvironnementaux (Inra-Cemagref,2006) - 120 p. • Les fruits et légumes dans l’ali-mentation - Enjeux et déterminantsde la consommation (Inra - 2007) -170 p.

Éditions Quæ - collection expertisescollectives - mars 2008.

ODiversité des virus des Solanacées - Du génome viral à la protection des cultures Coordonné par Georges Marchoux, Patrick Gognalons,Kahsay Gébré SélassiéDepuis la découverte du virus de la mosaïque du tabac il y a plus d’un siècle, les virus des Solanacées ont joué un rôlepionnier dans les recherches sur les bases moléculaires des interactions virus-vecteurs.Cet ouvrage est la premièresynthèse des connaissances.Éditions Quæ - collection Synthèse -2008 - 896 p. - 85 €.

OL’élevage en mouvement par Benoît Dedieu, Éduardo Chia,Bernadette Leclerc, Charles-HenriMoulin, Muriel Tichit Quelles sont les sources de flexibilitépermettant aux éleveurs d'herbivoresde réagir et d'anticiper face aux changements de tous ordres ? Pour répondre, les auteurs ont étudiédes exploitations « en mouvement »c'est-à-dire celles qui intègrent dansleur fonctionnement l'occurrenced'aléas. Cet ouvrage vise un largepublic de chercheurs, enseignants,ingénieurs et étudiants.Éditions Quæ - collection Science up-date - mars 2008 - 256 p. - 40 €.

OCHAMPIGNONS ET BACTÉRIES SOUS L’ŒIL DE BIOFUTUR VOL. 26/283 - 2007, VOL. 27/284 -2008

OFORÊTS ET MILIEUX NATURELS FACE AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES HORS-SÉRIE N°3 DE LA REVUE« RENDEZ-VOUS TECHNIQUES » -2007 - 102 P. - 20 €

OLA SÉCURITÉ ALIMENTAIRETEXTES ET DOCUMENTS POUR LA CLASSE, DU 1ER AU 15 FÉVRIER 2008, N° 949, 52 P.

Biofutur, revue francophone dessciences du vivant, consacre deux

dossiers aux relations entre champignons et bactéries, coordonnéspar Pascale Frey-Klett, chercheuse au centre Inra de Nancy.Le dossier « Champignons et bactéries, l’union fait la force » (n° 283) met en valeur des interactions souvent ignorées du faitdu cloisonnement passé entre bactériologie et mycologie.Or, champignons et bactéries coexistent dans le tube digestifdes ruminants, le fromage, la grotte de Lascaux, les sols...Le dossier suivant, « Champignons et bactéries : les secrets de leurvie commune » (n° 284) aborde l’organisation de leurs sociétés.Cette vision écologique des acteurs microbiens conduit à repenserla santé humaine, l’élaboration des aliments, la nutrition animaleet la protection et la croissance des plantes.

Le département « Écologie des forêts, prairieset milieux aquatiques » de l’Inra et l’Office

national de la Forêt (ONF) ont réalisé unnuméro spécial des Rendez-vous techniques.Il est né d’un dialogue entre praticiens etchercheurs autour des questions liées auchangement climatique. Avec un soucipédagogique, 33 chercheurs (Inra, CNRS,Cemagref, Engref, Office national de la chasse et de la faune sauvage, Météo France, Inventaireforestier national, Département de santé desforêts, ONF) dressent l’état des connaissances et envisagent les orientations à prendre pouradapter les pratiques de gestion des forêts.

La sécurité alimentaire peuts’apprendre et le plus tôt est le

mieux ! Ce thème fait donc l’objetd’un numéro, réalisé en partenariatavec l’Inra, de TDC (Textes etdocuments pour la classe), la revuedu Service culture éditionsressources pour l’éducationnationale (Sceren, CNDP) pour lesenseignants, les étudiants et lesparents d'élèves. Si, au quotidien, la sécuritéalimentaire est bien l’affaire de tous, les travaux del’Inra visent, en amont, à mieux anticiper les risqueschimiques et microbiologiques dans les filièresalimentaires et à mettre au point des méthodes deprévention et de détection. Le spectre de la « vachefolle » comme les interrogations sur la grippe aviaireou les OGM sont aussi passés en revue.

Consommateurs solidaires

32

O LES AMAP : UN NOUVEAU PACTE ENTRE PRODUCTEURS ET CONSOMMATEURS ?ÉDITIONS YVES MICHEL - COLLECTION SOCIÉTÉ CIVILE - JANVIER 2008 - 160PAGES - 14 €

«Les Amap (association pour le maintien del’agriculture paysanne) sont des systèmes

de production et de distribution originaux quimettent en lien direct des agriculteurs et desconsommateurs. Leur principe est simple aupremier regard : un producteur propose chaquesemaine à un ensemble de consommateursadhérents de l’association, un « panier » deproduits dont la composition est fonction de laproduction et aussi de ses irrégularités. Il s’agit

le plus souvent de légumes. » L’essor des Amapest fulgurant depuis leur émergence dans lesBouches-du-Rhône en 2001 : jusqu’où iront-elles ? s’interroge Claire Lamine, sociologue à l’Inra. Ce système marchand alternatif,encore relativement marginal, pourrait-ilchanger quelque chose au paysage agricole etalimentaire d’un plus grand nombre deFrançais ? L’auteur souligne l’impact politiquedes Amap au-delà du panier hebdomadaire.

Documentaire sur le métier d'animalier

O « PAROLES D'ANIMALIERS » réalisation Gérard Paillard, février2008, renseignement et diffusion : [email protected]

Paroles d'animaliers » décrit le métierd'animalier dans les unités

expérimentales du centre Inra à Jouy-en-Josas. Des animaliers témoignent du rôleprimordial de leur activité dans la chaînede la recherche : ils sont à la fois garantsde l’élevage, du bien-être animal et de laqualité des expérimentations. Fiers de participer à l'aventure de la recherche,ils ne passent pas pour autant soussilence les difficultés de leur profession.Cette série de portraits montre la diversitédes parcours. Tous ont choisi ce métierparce qu'ils aiment les animaux.

Evelyne Lhoste

«

Page 18: inra-mag4

rejoignent. Depuis trois ans, je suis président de la Halde,dont la mission relève d’une exigence morale. L’approchey est symétrique de celle de Renault. Tandis que pourl’entreprise, la finalité est la performance et celle-ci passepar l’éthique ; la finalité éthique de la Halde contribue àla performance de la société et des entreprises. Une sociétéoù la discrimination est absente, fonctionne mieux et lesentreprises qui font de l’égalité des chances une réalité,sont des entreprises plus prospères.

L’Inra et le Cirad poursuivent des recherchesfinalisées. Le progrès des connaissancesrépond à des enjeux de court et moyentermes. Que vous évoque ce positionnement ?L. S. : Il est intéressant parce que toute science a unefinalité en elle-même. Quand on fait de la physiquefondamentale ou des mathématiques, il y a tout au boutdes applications. Mais, la finalité scientifique efface toutle reste. Dans la recherche finalisée, la réflexion sur lesapplications fait partie de la science. On se positionne àun moment où l’application est dans le champ et n’estpas encore figée : une réflexion éthique peut doncintervenir utilement. La recherche appliquée, elle, se situeen aval de la réflexion sur les applications.Bien sûr, ce n’est pas au comité d’éthique de hiérarchiserles arguments de politique scientifique, mais il se situe àun point de rencontre entre l’avenir et le présent. Si la

une vision de la réflexion du monde sur le sujet étudié.La deuxième dimension tient au fait que le rôle del’agronomie, ainsi que la hiérarchie des préoccupations,ne sont pas les mêmes ici et dans d’autres régions dumonde.C’est un apport positif du comité commun Inra-Cirad :celui-ci nous oblige à réfléchir du point de vue de paysqui ont d’autres priorités que les nôtres. Selon les pays,le réchauffement climatique est perçu différemment enpartie en raison de positions idéologiques différentes eten partie du fait de situations objectives différentes.

Quel rôle voyez-vous au comité d’éthique ?L. S. : : D’un côté, l’indépendance du comité d’éthiqueest essentielle. De l’autre, un comité d’éthique n’a de sensque s’il a un impact sur le réel. L’interaction entre comitéd’éthique et direction ne va pas toujours de soi. Mais ladynamique de dialogue est nécessaire. Les chercheursont, par ailleurs, naturellement une volonté de réflexionautonome. Je verrai donc beaucoup d’avantages à reparlerde tout ceci lorsque le comité aura travaillé. ●

vision éthique sur le long terme est absente d’un organismede recherche publique, cela délégitime les recherches auxyeux du public. Le devoir du comité sera de réfléchir surles conséquences à long terme d’actes présents. Notremission est de répondre à des questions -qu’on lui poseou qu’il se pose- au mieux de nos capacités. Certainesaboutiront à des réponses ouvertes car les sujets que lecomité traitera ne se referment pas facilement...

L’association entre le Cirad et l’Inra invite à accorder une place plus importante à ladimension internationale dans la réflexionéthique. Qu’en pensez-vous ?L. S. : Il y a deux dimensions. La première est que lascience agronomique avance dans tous les pays du monde.L’Inra et le Cirad n’ont pas le monopole de l’éthique surles questions agronomiques.Une de nos tâches sera de s’informer sur les autresréflexions éthiques qui peuvent être portées par desapproches très différentes. Il n’y a pas seulement à avoirune vision du monde vue de la France mais aussi à avoir

● INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 200834 INRA MAGAZINE • N°4 • MARS 2008 ●35

OLe Comépra 1998 - 2007

Un nouveaucomité d’éthique◗

REGA

RD

Louis Schweitzer préside le nouveau comité d’éthique commun à l’Inra et auCirad. Haut fonctionnaire, ancien PDGde Renault et actuel président de la

Halde, la Haute autorité pour la lutte contre les discriminations et pour l’égalité, il nous faitpartager son état d’esprit à l’aube de ce nouveau mandat.

© In

ra /

Ber

tran

d N

icol

as

Quelle a été votre activité ? Jean-François Théry : le Comépra est né du clonagede la génisse Marguerite dans les laboratoires de l'Inra.A cette occasion, le président de l’Inra de l’époque,Guy Paillotin, a voulu se donner les moyens de réfléchiraux impacts des recherches sur la société. En huit ans,nous avons traité une dizaine de thèmes choisis sur uneliste de préoccupations suggérées par les deuxorganismes : le clonage, la consommation de viandeissue d’animaux clonés, la brevetabilité du vivant, le partenariat, les biotechnologies en ostréiculture, les OGM végétaux, l'expertise… Des discussions avecles chercheurs est né notre dernier thème : le « sens duprogrès génétique ». Pour les chercheurs de l'Inra,après la guerre, le progrès c'était l'augmentation de laproduction alimentaire. Aujourd'hui, ce « progrès » n’a plus de sens en Occident. Quelle finalité larecherche à l'Inra peut-elle désormais se donner ? Laréflexion nous a conduit à explorer les philosophies duposthumanisme, fondées sur l'échec de l'humanité etl'utilisation de la science pour relancer, « à l'aveugle »,l'évolution.

Comment le Comépra a-t-il fonctionné ? J.-F. T. : Les membres du Comépra ne représentantqu’eux-mêmes, se sont donné la liberté d’avoir undialogue sans dogmatisme. Nous avons privilégiél’éthique de la discussion, en référence à Habermas.Malgré des divergences, nous n’avons publié que des avis que chacun d'entre nous acceptait de signer

en conscience d’où l’importance de publier aussi lesdiscussions préliminaires. Comme les cahiers de laboratoire en recherche, elles éclairent lecheminement de la réflexion du Comépra.Par ailleurs, nous n'avons pas voulu être un comité de déontologie pour ne pas créer de normes maissusciter des questionnements. Nous n’avons pasvoulu, non plus, être le consultant collectif qui règle lesconflits de valeurs de l’Inra ou de l’Ifremer. Plutôt queclore les débats, nous voulions donner les outils pourque les chercheurs dépassent leur sensibilité éthiqueintuitive et réfléchissent à ce qu’ils font et à « ce quefait ce qu’il font » selon la formule de Paul Valéry.

Avez-vous un regret, une fierté ? J.-F. T. : Un regret : ne pas avoir réussi à nouer uncontact direct et confiant avec les chercheurs. J’ai éténavré, parfois, de leur peu d’appétit pour les questionséthiques, au-delà du respect des protocolesexpérimentaux. La compétition sur les publications estsans doute inhibitrice : « si nous ne le faisons pas, lesAméricains le feront », n’est-ce pas ? Il est difficiled’être au bord d’une découverte et de s’arrêter pourpenser aux conséquences éthiques. Notre leitmotiv aété que la démarche éthique fait partie de la démarchescientifique.Ma fierté est d’avoir vu s'épanouir le climat d’écoutemutuelle et d’absence de préjugés qui a soudé lacollectivité qu’a été le Comépra.

Louis Schweitzer succède à Jean-François Théry, membre du Conseil d’Etat, qui a présidé le Comépra, Comité d’éthique et de précaution, institué par l’Inra en 1998 et élargi à l’Ifremer en 2002.

Vous allez présider le comité d’éthique de l’Inra et du Cirad, quelle place l’éthique a-t-elle eue dans votre parcours ? Louis Schweitzer : Je ne suis pas un spécialiste d’éthique,mais j’ai rencontré sous différents angles et à plusieurs reprisesdes problèmes éthiques. Dans un comité d’éthique, il faut àla fois des experts philosophes et une diversité de profils. Sansdoute a-t-on trouvé que pour le présider, la diversité de monexpérience faisait sens.J’ai d’abord travaillé dans la fonction publique dont laphilosophie, celle du service public, est une forme d’éthique.Après, j’ai connu une entreprise un peu particulière : Renault,où l’engagement affectif est fort. Bien sûr, une entreprise apour objectif de gagner de l’argent. Elle peut faire des coupsrentables sur une courte période. En revanche, dans uneentreprise qui a la vue longue, éthique et efficacité se Propos recueillis par C. D.

+d’infoswww.inra.fr/l_institut/organisation/l_ethique/comite_d_ethiquewww.inra.fr/l_institut/organisation/l_ethique/comite_d_ethique/comepra

LE COMITÉ D’ÉTHIQUElors de sa premièreréunion le 25 janvier2008.Louis Schweitzer,deuxième à partirde la droite

Page 19: inra-mag4

◗AG

ENDA 27 mars

PARIS

Systèmes de cultureinnovants et durables :quelles méthodes pour les mettre au point et les évaluer ?Journée d'échanges entre chercheurset acteurs du développement agricolesur l'évaluation de la durabilité dessystèmes de culture, la conceptiondes systèmes innovants, l'évaluationau champ des itinéraires techniqueset des systèmes de culture...WWW.inra.fr/toute_l_actu/manifestations_et_colloques/mars_avril_2008/27_mars_rencontre_systemes_de_culture

8 avrilPARIS

Immunité chez les êtres desairs, des eaux et de la terre :« l'Arche de Noé immuno-logique »Rencontre internationale d'immunologieorganisée au Collège de France parl’Inra et le Collège de France. Au programme : défenses immunesdes plantes ; infections et vecteurs ;système immunitaire des poissons ;l'œuf et la poule.WWW.tours.inra.fr/toute_l_actu/congres_colloques__1/arche_de_noe_immunologique

17/18 avril....LEMPDES (PUY-DE-DÔME)

Agriculture biologique et changement climatique.Organisé par l'École nationaled'ingénieurs des travaux agricoles de Clermont-Ferrand, la sectionfrançaise de la Fédérationinternationale de mouvementsd'agriculture biologique, l'Instituttechnique de l'agriculture biologiqueet l'Inra, ce colloque est la premièrerencontre européenne scientifiquesur l'impact des modes de production agricole et de consommation alimentaire bio sur le changement climatique.WWW.enitac.fr/

14/17 maiTUNISIE

Livestock & Global ClimateChangeConférence internationale surl'élevage et le changement climatiqueco-organisée par l'Inra, sous le hautpatronage du ministère tunisien en charge de l'agriculture.WWW.inra.fr/toute_l_actu/manifestations_et_colloques/mai_juin_2008/14_17_mai_elevage_et_climat

3 juinPARIS

Partnerships - Innovation -AgricultureLors de ce colloque international Inra-Cirad, des acteurs de la rechercheet du développement débattront sur la recherche agronomique à l’échellemondiale. Ce sera aussi l’occasion de promouvoir l’offre de recherchefrançaise à travers le GIP Initiativefrançaise pour la rechercheagronomique internationale (IFRAI).WWW.gip-ifrai.frhttps://WWW.inra.fr/inra_cirad/evenement/partnerships_innovation_agriculture

8-11 juin BORDEAUX

TétrapartiteLa Tétrapatite est un forum de discussion entre les agencespubliques de recherche agronomiquedu Canada, des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France. Au programme de cette année :l’organisation et le management de la recherche et les nouveaux défisde la recherche en alimentation et nutrition humaine.WWW.inra.fr/tetrapartite2008

COLLAPSUS DES PAROIS VASCULAIRES dans une aiguille de Pin fortement déshydratée.Photo en microscopie à fluorescence.

© In

ra /

Her

vé C

ocha

rd