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INSCRIPTIONS CUNÉIFORMES INÉDITES Author(s): François Lenormant Source: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 20 (Juillet à Décembre 1869), pp. 350-356 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41736678 . Accessed: 22/05/2014 06:58 Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at . http://www.jstor.org/page/info/about/policies/terms.jsp . JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact [email protected]. . Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue Archéologique. http://www.jstor.org This content downloaded from 194.29.185.131 on Thu, 22 May 2014 06:58:22 AM All use subject to JSTOR Terms and Conditions

INSCRIPTIONS CUNÉIFORMES INÉDITES

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INSCRIPTIONS CUNÉIFORMES INÉDITESAuthor(s): François LenormantSource: Revue Archéologique, Nouvelle Série, Vol. 20 (Juillet à Décembre 1869), pp. 350-356Published by: Presses Universitaires de FranceStable URL: http://www.jstor.org/stable/41736678 .

Accessed: 22/05/2014 06:58

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INSCRIPTIONS CUNEIFORMES

INÉDITES

I

BRIQUE DU ROI BOUDIEL.

ÜP^ ö- ! ><>- 4^ « V

rt -et=n tìt=rT :S=ïï :::: « v -v

TÎ -v m-- - ' i-i s « v -v

Cette inscription, en trois lignes, est tracée sur une brique pro- venant des ruines deKalah-Scherghât et appartenant, ainsi que plu- sieurs briques de Nabuchodonosor., de Nergalsarossor (Nériglissor) et de Saryukin (Sargon), trouvées à Babylone et à Khorsabad, et rentrant dans des types déjà connus, à un honorable négociant de Chicago (États-Unis), M. Smithson, qui se propose de les offrir à la bibliothèque de sa ville.

Le nom assyrien de Kalah-Scharghâl, sur le Tigre, était

H Tf - « la ville du dieu Assur. » J'ai eu déjà l'occasion de remarquer que c'est à cette importante cité, où résidèrent les plus anciens rois d'Assyrie, que doit être assimilé le

des textes égyptiens de la xviii0 dynastie, qui n'est pas le vasle pays des Assyriens, mais une localité déterminée comme Singar et Ninive. Tous les assyriologues sont d'accord pour voir dans Ealah- Sclierghâtla no*?« de la Genèse (xiv, l et 9); mais ils hésiientsur

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l'origine du premier élément du nom biblique. L'opinion la plus généralement admise, celle que j'avais suivie jusqu'ici, transcrii la forme assyrienne en er ilu Asur et tire de ilu Asur , « le dieu Assur, » en considérant comme aphone le déterminatif de « ville. » Cependant le signe qui précède et caractérise les noms de dieux dans les textes assyriens doit être, mille exemples le prouvent, constam- ment omis dans la prononciation; H Tf -V ou >♦- J ̂ se lit simplement Asur, et non ilu Asur. Il ä donc fallu expliquer autrement ìs forme biblique Le mot qui s'employait en assyrien pour dire « ville» n'était pas, comme on l'a longtemps cru, er, correspondant à l'hébreu T>y; c'était alu. Dans les syllabaires du Musée britannique (1F. A. /., t. II, pl. II, l. 393), »-* || est

expliqué par le chaldéen touranien £TTT, u-ru, et par l'assy- rien ÏÏM. a-lu. Dans une inscription de Khorsabad (Botta, pl. XXIII, 1. 16), nous en avons trouvé la conformation :

M O-H fcïï M M T- -H Adar. mu - kin te - me - en. Adar firmans lapidem angularem

Tf I a - li - su.

urbis suae.

La môme phrase, dans un autre exemplaire de la même inscription (Botta, pl. XXXIX, 1. 83) et dans celle à laquelle on a donné le nom de Fastes de Sargon (1. 10), présente la variante plus usuelle

H J. Le nom de ville J| »- | |^ ► - doit donc être lu al Asur, exactement reproduit dans id1?**.

Venons maintenant à l'inscription elle-même, après ces observa- tions préliminaires sur le lieu où elle a été trouvée. Le sens n'en offre aucune difficulté, et nous la transcrivons :

hekal . Bu-di-el . sar. mat. Asur . habal . Bil-ig tambal. sar. mat . Asur . habal. Asur-u-balat. sar . mat. Asur.

Ce qui se traduit : « Palais de Boudiel, roi d'Assyrie, fils de Beligtanabal, roi d'As-

« syrie, fils d'Assouroubalat, roi d'Assyrie. «

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La traduction est certaine, et le seul point qui mérite de nous arrêter quelques instants est la lecture que nous avons adoptée pour l'idéogramme complexe qui constitue le second élément du nom propre du père de Boudiel. Cet idéogramme, dont nous avons ici une forme archaïque et dont la forme la plus habituelle dans le

type d'écriture moderne est entre dans la. composition d'un certain nombre de noms royaux, à la suite des noms des dieux Assour, Bin et Bel. On l'a transcrit luh , lihhis, nirar; mais toutes ces lectures sont démenties par la transcription SapSaváwxXo? unani- mement employée des écrivains grecs pour rendre J

nom du roi sous lequel Ninive fut détruite pour la première fois par la révolte d'Arbace et de Phul-Bélésys. M. Oppert (1) a tout dernièrement proposé une lecture nouvelle, igtanabal, d'après la- quelle 2ap8aváitaXo; serait l'altération grécisée d'un assyrien Asur- igtanabal ; cette explication, la première qui établisse un rapport entre les deux formes données au nom de Sardanapale par les histo- riens grecs et par les documents originaux de l'Assyrie, nous paraît la vraie; c'est celle à laquelle nous nous rangeons. En effet, un des syllabaires du Musée britannique {W.A. /., t. II, pl. XLIV, 4, l. 28) explique Par ISL 9ab-lu> de la racine baa, qui en hébreu a le sens de contorsit, plexuit , en syriaque celui de

finxit, formavit, et qui produit en arabe creator. C'est la

seule explication formelle qui soit donnée de ce groupe de deux signes, dont les éléments, pris comme phonétiques, se traduiraient lih-hus; les traductions luh et nirar , successivement proposées par les savants anglais, ne sont que de simples conjectures sans aucune base. Or nous voyons par les textes que le verbe assyrien admettait une forme secondaire en iphtanéal (2), forme assez rare, mais dont on possède des exemples positifs :

istanalam de o'1?» istanappar » ns» iktanarrab » ano ittanagar » uj

L'iphtanéal de régulièrement formé, est igtanabal, et en met-

(1) Annales de philosophie chrétienne ,1869, p. 243. (2) Oppert, Grammaire assyrienne (2e édition), p. 46.

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tant à celte voix la racine que les syllabaires attestent avoir été représentée par nous avons un nom que les Grecs ont pu très-facilement adoucir en SupSavdnaXoç : Asur-igtanabal, « le « dieu Assur a voulu sa création. » De cette lecture nouvelle du second élément de la série de noms

propres en question dérivent les corrections suivantes :

Binigtanabal au lieu de Binlikhous (1), Beligtanabal » Bellikhous, Assourigtanabal » Assourlikhous.

Les formes que je considère comme devant être désormais aban- données figurent encore dans la troisième édition de mon Manuel d'histoire ancienne de l'Orient; mais de tels tâtonnements dans la lecture des noms propres assyriens pour lesquels nos recherches ne sont pas guidées à l'avance par une leçon biblique n'ont rien qui doivent surprendre; ils sont dans la nature même des choses, ces noms, pour la grande majorité du moins, n'étant pa3 écrits phoné- tiquement, mais idéographiquement.

Dernière remarque. Le nom royal, plusieurs fois reproduit dans la série des monarques assyriens. I HÍ -áHf devant être transcrit Bin-igtanabal , il faut renoncer absolument à l'appel- lation de Bélochus , à laquelle s'est longtemps attaché M. Oppert. Au reste, il n'y a aucun indice de nature à faire penser que ce nom assyrien ait été réellement porté par le Béléus ou Bélochus d'Aga- thias, dont nous ignorons encore l'appellation originale.

L'inscription de la brique que nous publions aujourd'hui a une certaine importance au point de vue historique. Le roi Assourou- balat (2) est déjà connu par une précieuse tablette du Musée bri-

tannique, qui contient le fragment d'une histoire des relations poli- tiques et diplomatiques de Ninive et de Babylone à partir du XVe siècle avant notre ère ( W . A. L, t. II, pl. LXY, n° 1). Elle nous

apprend (col. 1, 1. 8 et suiv.) qu'Assouroubalat, roi d'Assyrie, avait marié sa fille à Pournapouryas, ! Et Ev tSï

(1) Dans tous les travaux de M. Oppert antérieurs à l'année dernière, ce nom est Ju Houlikhous; c'est le Vullukh et le Vulnirari désir Henry Rawlinson.

(2) La valeur balat pour le groupe idéographique complexe -H -S est établie par de nombreux exemples et par le témoignage formel des syllabaires [W. A . /. t. II, pl. I, 1. 107).

XX. 24

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334 REVUE ARCHÉOLOGIQUE.

ET roi de Babylone, et que son petit-fils, Kara-Hardas,

T FTÏÏ Siï Éf==' monta fort jeune

sur le trône de la Babylonie. Mais il fut bientôt assassiné par un

personnage du nom de Nazibougas,

qui usurpa le sceptre. Alors les Assyriens firent une expédition en Babylonie sous la conduite d'Assouroubalat (1), mirent à mort Nazibougas et placèrent sur le trôme Kourigalzou ,

ČH-ÍMS-HT' second fils de Pournapouryas (2).

D'un autre côté, Boudiel et Beligtanabal nous sont également connus par plusieurs inscriptions trouvées à Kalati-Scherghât et conservées au Musée britannique :

Io Une brique (W. A. I., t. I, pl. VI, n° 3 C) portant en deux lignes : « Palais de Binigtanabal, roi d'Assyrie, - fils de Boudiel, « roi d'Assyrie; »

2° D'autres briques (W. A. I., t. I, pl. YI, n° 3 B), dont la lé- gende, en cinq lignes, dit d'abord : « Palais de Binigtanabal, roi « des légions, - fils de Boudiel, roi d'Assyrie, » puis offre la for- mule « qui a bâti » trois fois répétée et trois fois suivie de noms d'édifices que l'on ne saurait aujourd'hui déterminer, mais qui devaient se trouver dans la ville d'Al-Assour;

3° Des fragments d'albâtre (17. A. t. I, pl. YI, n° 3 A), sur les- quels on déchiffre, en trois lignes : « Palais de Binigtanabal, roi ....

(1) Cette fin du récit manque dans la partie de la tablette publiée dans les Cunei- form inscriptions of Western Asia. Je Tai complétée dans un second fragment, plus récemment découvert et encore inédit, qui a été rajusté au premier dans les vitrines du Musée britannique.

(2) C Q Kourigalzou, fils de Pournapouryas, est bien évidemment le roi dont le nom est inscrit sur les briques de la ruine d'Akarkouf auprès de Bagdad ( W . A. tè I, pl. IV, n° 14), localité qui couvrait la Babylonie du côté de l'Assyrie et avait reçu de sod fondateur le nom de Dour- Kourigalzou, « forteresse de Kourigalzou. »

C'est à tort que dans la 3e édition de mon Manuel ď histoire ancienne de V O rient (t. 11, p. 29) j'ai inscrit ces deux princes, sous les noms de Pournapouryas Ier et Kou- rigalzou 1er, dans la dynastie élamite de Chodornakhountaet de Chodorlahomor. Ils sont de plusieurs siècles postérieurs, et le Pournapouryas gendre d'Assouroubalat, roi d'Assyrie, et père du fondateur de Dour-Kourigalzou, doit ótre inscrit dans les listes sous le nom de Pournapouryas II, car il avait été précédé d'un autre prince du môme nom, qu'une tablette du Musée britannique enregistre parmi les premiers successeurs de Hammourabi. Au reste, des tâtonnements de ce genre pour le clas- sement des rois primitifs de Clialdée n'ont rien qui doive surprendre dans l'état actuel de la science et avec le petit nombre de documents que nous possédons encore.

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a - fils de Boudiel, roi - fils de Beligtanabal* roi .... - des « légions, qui a agrandi la ville de son trône .... »

Mais ce qu'on ignorait encore, c'était la relation de parenté et de succession qui existait entre Assouroubalat et Èeligtanabal. J'avais supposé que l'on pouvait admettre entre deux une lacune ďun ou deux règnes ( Manuel d'histoire ancienne , 3e édition, t. II, p. 57). L'inscription nouvelle prouve que je m'étais trompé. En la combi- nant avec les données qui ressortent d'autres monuments au sujet des ancêtres d'Assouroubalal et des • descendants de Binîg'anabal, nous arrivons désormais, grâce à cette inscription, à rétablir sans lacune la filiation des plus anciens rois connus de la dynastie assy- rienne.

Assourbelnisisou, vers 1440.

Bousour-Assour, vers 1420. I

Assouroubalat, vers 1400. I

Beligtanabal, vers 1380. i

Boudiel, vers 1360. 1

Binigtanabal, vers 1340. I

Salmanassar Ier, vers 1320.

Teglath-Samdan Ier, vers 1300.

Les dates approximatives que nous avons attribuées à ces rois ont pour point de départ celle de Teglath-Samdan, qui est d'un carac- tère tout à fait positif et certain. Une tablette du Musée britannique, encore inédite mais bien connue de tous les assyriologues, raconte en effet que Sennacherib, quand il prit et pilla Babylone, en 684, rapporta comme un des premiers trophées de cette conquête le sceau royal de Teglath-Samdan Ier, qui avait été enlevé sous le règne du fils de ce prince, nommé Belchodorossor, dans une campagne victo- rieuse de Binbaladan, roi de Babylone en Assyrie. La guerre de Binbaladan, y est-il dit, avait eu lieu juste 600 ans avant que Sen- nachérib ne rapportât le sceau de Tegiath-Samdan à Ninive, c'est-" à-dire en 1284. Ce roi Binbaladan est peut-être identique au roi du même nom, qui, d'après un petit monument, trouvé par M. Place et publié par M. Oppert, fonda les murs de la ville deNipour (Nuffar).

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Ajoutons que Teglath-Samdan est le premier monarque assyrien qui porte sur les monuments le titre de «seigneur du pays de Kar-

Dounyas, » , c'est-à-dire de la Ba- bylonie èt de la Chaldée. Avant lui, le fragment d'histoire des rela- tions dss deux couronnes auquel nous avons fait un emprunt l'atteste formellement, Babylone était entièrement indépendante de Ninive; après lui la grande cité chaldéenne, à part quelques alternatives de révoltes, demeura soumise à la suzeraineté des Assyriens. Or, l'é- poque que la tablette de Sennachérib au Musée britannique nous a induit à déterminer approximativement pour le règne de Teglath- Samdan, coïncide assez exactement avec la date de 1314, qui ressort des chiffres de Bérose pour l'établissement du pouvoir de la dynastie assyrienne à Babylone.

La brique de M. Smithson est donc un monument du milieu du XIV« siècle avant notre ère. C'est l'époque des troubles graves qui marquèrent en Égyple la fin de la xix* dynastie. Ces troubles avaient eu pour conséquence naturelle d'affaiblir l'autorité effective des Égyptiens au delà de l'Euphrate, et les Assyriens, sans s'étendre encore en dehors de leur pays, en profitaient pour fonder leur indé- pendance.

François Lenormant.

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