Institut - Cirad · 2012. 7. 31. · Texte. Journée Palmier - CIRAD. 9 / 07 / 2012. Patrice Levang. Main bassesur les projets. Environ 60 à 70% des surfaces concernées par le projet

Institutde recherchepour le développement

Journée Palmier - CIRAD 9 / 07 / 2012 Patrice Levang

Texte

Le développement du palmier à huile au Cameroun: entre accaparements massifs, agro‐industries, élites et petits planteurs



Elaeis guineensis est originaire d’Afrique de l’Ouest et du Centre

Les palmiers sauvages produisent le type dura à grosnoyau, ou le type pisifera pratiquement sans coque, mais stérile.

L’hybride de ces 2 types est le tenera, la variétécommerciale préférée, avec un petit noyau et unechair épaisse.

Péricarpehuile de palme

Endospermehuile de palmiste


Le palmier à huile au Camerounun peu d’histoire

1907: premières unités industrielles;

1910: création de la Société des Palmeraies de la Ferme Suisse (SPFS) à Edéa;

1929: Unilever crée PAMOL PLANTATIONS LTD (PAMOL) sur une concession de 10000ha dans le département de Ndian;

1947: la Commonwealth Development Corporation (COMDEV) est créée pour gérerles anciennes plantations allemandes du Sud‐Ouest;

A l’Indépendance, COMDEV devient Cameroon Development Corporation (CDC);

1968: le gouvernement camerounais crée la Société des Palmeraies de Mbongo etEseka, qui deviendra la Société Camerounaise des Palmeraies (SOCAPALM) avecl’adjonction des plantations de Dibombari et Kienké;

1974: la Société Africaine Forestière et Agricole du Cameroun (SAFACAM) qui géraitdes plantations d’hévéas à Dizangue (Sanaga Maritime) depuis 1897, décide de sediversifier et plante du palmier sur une portion de son territoire;

Aujourd’hui l’élæiculture camerounaise couvre 60000 ha pour les agro‐industries et100000 ha de plantations villageoises.

Texte


Répartition du palmier à huile et des agro‐industries(d’après Bakoumé et Abdullah, 2005)

Texte


Un manque flagrant de données fiables

Année 2008Surfaces(ha)

Production(tonnes de CPO)

Rendement(tonnes CPO/ha)

CDC 16000 15950 1,0

PAMOL 9000 14000 1,6

SAFACAM 4500 15500 3,4

SOCAPALM 28300 79850 2,8

SPFS 3700 14600 3,9

Total Agro‐industries 60000 135900 2,3

Plantations villageoises (40000) – 100000 92800 0,9

Total général (100000) – 160000 210000 1,3

Source: PACA 2009


Un secteur peu performant au Cameroun

Au 13e rang mondial, loin derrière l’Indonésie et la Malaisie

Une production insuffisante pour couvrir les besoins nationaux(déficit de 50000 tonnes de CPO en 2011)

Des rendements très faibles• Utilisation de matériel végétal non sélectionné• Vieillissement et non renouvellement des plantations• Quasi absence de fertilisation• Nombreux vols et détournements.


Objets de recherche

1. Place et rôle des plantations villageoises2. Rôle des élites dans le développement du

palmier au Cameroun3. Les huileries artisanales4. Les vols de régimes5. Les accaparements massifs de terres et les

nouveaux venus


1. Place et rôle des plantations villageoises

• Thèse de Raymond Nkongho: adaptation des modèles NESS du Sud‐Est Asiatique aux conditions du Cameroun

• Thèse de Eric Ndjogui: rôle des élites Basa dans le développement du palmier à huile au Cameroun

Texte

WWF - CARPO 9 / 07 / 2012 Patrice Levang

Modèle agro‐industriel ou palmeraies villageoises?

Sur l’ensemble du cycle:

Revenu net par ha et par an: 2,100 €/ha, comparé à 200 €/ha pour le riz irrigué. Revenu net du travail: 36 €/jour‐homme, comparé à 1,7 €/jour‐homme pour le riz.

(Feintrenie, Chong, and Levang, 2010).


Localisationdes études

1. Dibombari(Littoral), SOCAPALM

2. Lobe/Mundemba(Sud‐Ouest), PAMOL

3. Muyuka (Sud‐Ouest), CDC

4. Eseka (Centre), SOCAPALM

Texte


2. Palmiers et élites:Les élites, un rôle déterminant dans le développement du secteurdu palmier à huile au Cameroun

Texte


Un phénomène bien daté: 1989

Prix et volume d'exportation du cacao (Aerts & Co, 2000, d'après AFD)


Quatre grands types de planteurs:

•petits planteurs villageois autochtones : 44 enquêtes

•planteurs allochtones (migrants non considérés comme des élites) : 51 enquêtes

•employés de la compagnie (en activité et retraités) : 40 enquêtes

•élites (internes et externes) : 41 enquêtes


Qui sont ces élites?Secteur d’activité En activité Retraité Total

Fonctionnaires 24,4 17,1 41,5

Employés d’entreprises

publiques ou privées

12,2 17,1 29,3

Commerçants ou

entrepreneurs

12,2 12,2

Elite villageoise 17,1 17,1

Total 65,9 34,1 100,1

Texte


Une moyenne d’âgeélevée

<30 >30‐40 >40‐50 >50‐60 >60

Série1 1 3 8 11 18

0

2

4

6

8

10

12

14

16

18

20

Nom

bre de

personn

es

Classes d'âge des élites


Un niveau d’éducation élevé

Niveau d’éducation Sans Primaire Collège Lycée Université

Nombre de personnes 0 11 1 5 24

Pourcentage 0 26,8 2,4 12,2 58,5


Des objectifs économiques et sociaux:

Complément de revenu ou de retraite en investissant dans le secteur agricole

Diversification des investissements

Réduction des risques (discrétion et sécurité)

Placement « terre »

Patrimoine facile à transmettre à sa descendance

Statut social de l’élite dans son village (fournisseur de travail aux membres de sa famille étendue).


Des surfaces de plantations très variables

0

2

4

6

8

10

12

14

5 20 35 50 65 80 95 110125140 155170185200215 230245260275290 305320

Texte


Prix d’acquisition du foncier

Acquisition par achat: 54%

Mundemba/Lobe : CFA 200 000 / ha

Dibombari : CFA 335 000 / ha

Eseka : CFA 550 000 / ha

Muyuka : CFA 2 200 000 / ha

WWF - CARPO 9 / 07 / 2012 Patrice Levang

Précédent cultural:•forêts secondaires: 66%•anciennes plantations (palmiers ou cacaoyers): 22%•terrains agricoles vivriers: 24%•forêt primaire: 5%

Le total est supérieur à 100, certains domaines ayant été développés sur plus d’un précédent cultural.

Texte


Une main d’œuvre essentiellement allochtone:Origine de la main d’œuvre:‐main d’œuvre familiale : 22%‐main d’œuvre locale autochtone : 46%‐main d’œuvre allochtone : 98%.

Le total est supérieur à 100 en raison des réponses multiples.

Texte


Main basse sur les projets

Environ 60 à 70% des surfaces concernées par le projet villagisation à Eseka seraient aux mains d’élites absentéistes et d’employés de la compagnie. Les projets d’aide aux palmeraies villageoises bénéficient surtout aux élites, plus à l’aise que les ruraux avec les rouages administratifs, plus aptes à satisfaire les banquiers, sans même parler de passe‐droit et de détournements illicites.


Accaparement de terres ou développement agricole ?

A l’heure où l’implication de l’Etat dans le secteur agricole est quasi insignifiante, les élites restent pratiquement le seul moteur du développement agricole au Cameroun.

Texte

Institut Français de Yaoundé 15 / 01 / 2012 Patrice Levang

3. Les huileries artisanales

• Un taux d’extraction faible (13‐15%), comparé aux huileries industrielles(21‐25%)

• Mais une valeur ajoutée bénéficiant aux petits planteurs et des opportunités d’emploi pour les plus pauvres.

Texte


Un « gaspillage » qui paie…

Postepar tonne de FFB

Haute saison (en FCFA) Basse saison (en FCFA)

Prix d’achat des FFB 40,000/ton 50,000/ton

Transport 7000‐12000/ton 7000‐12000/ton

Coût du travail 1500*5 drums=7500/ton 1500*5 drums =7500/ton

Coût d’usinage 2000*5 drums=10,000/ton 2000*5 drums=10,000/ton

Coût total 64,500 ‐ 69,500 74,500 ‐ 79,500

Revenu brut 150‐200 l @ 500= 75‐100,000 150‐200 @800=120‐160,000

Revenu net 10,500 – 30,500 45,500 ‐ 80,500


4. La banalisation du vol de régimes

• Un objet de recherche délicat…

• Un problème majeur (CDC, Pamol, etc.)

• Difficile (et coûteux) à régler par le recours à la force

• Un problème à ne pas négliger par les nouveaux intervenants


5. Les accaparements massifs…

BioPalm plantation will lead to destructof Bagyeli communities in Cameroon7 October, 2011


Pour un développement durable du palmier à huile

Principes et Critères RSPO

1. Transparence

2. Respect des lois et règlements en vigueur

3. Viabilité économique et financière sur le long terme

4. Adoption des meilleures pratiques pour la plantation et la transformation

5. Respect de l’environnement et conservation de la biodiversité et des ressources naturelles

6. Respect des employés, des individus et des communautés touchés par les plantations et les huileries

7. Respect des règles précédentes pour les développements ultérieurs

8. Engagement à l’amélioration dans tous les secteurs clés de l’activité.

www.rspo.org

Standards de Performance IFC

1. Evaluation d’impact environnemental et Plan de gestion

2. Convention collective et conditions de travail

3. Prévention et réduction de la pollution

4. Santé publique, sûreté et sécurité

5. Acquisition foncière et déplacements involontaires de population

6. Conservation de la biodiversité et gestion durable des ressources naturelles

7. Peuples autochtones

8. Héritage culturel

http://www1.ifc.org

http://www.rspo.org

http://www1.ifc.org

Texte



Merci pour votre attention

Le palmier? OUI

Mais pas n’importe où! Pas n’importe

comment!

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Institut - Cirad · 2012. 7. 31. · Texte. Journée Palmier - CIRAD. 9 / 07 / 2012. Patrice Levang. Main bassesur les projets. Environ 60 à 70% des surfaces concernées par le projet