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Jean-Baptiste SAMZUN
Master 2 FLE
Mémoire de Recherche
Année 2011 - 2012
Institut de Recherche et de Formation
en Français Langue Étrangère
LA CONTRIBUTION DES ALLIANCES FRANÇAISES À LA
REPRÉSENTATION DE LA FRANCE ET LA DIFFUSION DE
SA CULTURE AU MEXIQUE
Sous la direction de :
Jean-Marie LASSUS (Université de Nantes)
Javier PÉREZ SILLER (Benemérita Universidad Autónoma de Puebla, Mexique)
Yves ROBIN (Université de Nantes)
MAI 2012
2
Résumé
Ce mémoire étudie le fonctionnement de l’Alliance française comme institution à
caractère culturel, en particulier à partir de l’analyse de l’organisation et de la
politique culturelle de cinq Alliances présentes au Mexique. La recherche s’appuie sur
un questionnaire sociologique effectué auprès d’un échantillon de 207 étudiants de
ces institutions observées. Nous proposons d’établir une relation entre la diffusion
culturelle faite au sein des Alliances et les représentations de la France qui sont
manifestées dans les enquêtes. L’objectif de cette étude est de mener une réflexion
autour de la notion de représentation, en particulier dans le domaine de
l’enseignement/apprentissage du français langue étrangère.
Mots clés : Alliance française, représentation, stéréotype, interculturalité, didactique
du F.L.E., Mexique.
3
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier sincèrement les personnes qui m’ont apporté leur aide et qui ont
contribué à l’élaboration de ce mémoire ainsi qu’à la réussite de cette année universitaire.
Je remercie tout particulièrement Messieurs Jean-Marie Lassus, Javier Pérez Siller et
Yves Robin qui ont suivi tout le travail de recherche depuis le début et se sont toujours
montrés présents. Un grand merci pour leur disponibilité, leurs conseils et tous les outils
qu’ils m’ont fournis.
Mes remerciements s’adressent également aux directeurs des Alliances françaises
visitées, ainsi qu’aux professeurs, pour avoir accepté de me rencontrer et de bien vouloir
diffuser les questionnaires dans les salles de cours. J’exprime aussi toute ma gratitude
envers les 207 étudiants qui ont répondu aux enquêtes.
Enfin, je remercie très chaleureusement ma famille, tous mes proches et amis, qui
ont participé d’une manière ou d’une autre à ce travail.
4
SOMMAIRE REMERCIEMENTS ................................................................................................................3
SOMMAIRE ..............................................................................................................................4
INTRODUCTION.....................................................................................................................6
1. L’Alliance française : une institution internationale à caractère culturel ................10
1.1 Les Alliances françaises de la France à l’Amérique latine ........................................10
1.2 Les Alliances françaises au Mexique et les relations entre les deux pays ..................18
1.3 Étude de cinq Alliances françaises au Mexique .........................................................27
2. La France vue par les étudiants des Alliances françaises au Mexique ......................42
2.1 Présentation du questionnaire ....................................................................................42
2.2 Objectifs du questionnaire et définitions ....................................................................45
2.3 Hypothèses ..................................................................................................................50
2.4 Résultats de l'enquête ..................................................................................................54
2.5 Synthèse des résultats .................................................................................................65
3. Analyse des résultats et réflexion sur l'enseignement du F.L.E .................................69
3.1 Les représentations les plus présentes ........................................................................69
3.2 Les influences de l’Alliance française ........................................................................73
3.3 Prolongements didactiques .........................................................................................81
3.4 Les Alliances et la didactique .....................................................................................85
3.5 Les limites de l’Alliance française ..............................................................................87
CONCLUSION .......................................................................................................................92
BIBLIOGRAPHIE ..................................................................................................................95
5
ANNEXES .............................................................................................................................101
Annexe 1 : Lettre de Victor Hugo aux habitants de Puebla
Annexe 2 : Carte du Mexique et des 5 Alliances françaises de l’analyse
Annexe 3 : Bilan de la programmation culturelle de l’Alliance française de Polanco
Annexe 4 : Bilan de la programmation culturelle de l’Alliance française de Puebla
Annexe 5 : Invitation officielle à la fondation de l’Alliance française de Toluca
Annexe 6 : Articles de presse sur les événements culturels de l’AF de Toluca
Annexe 7 : Bilan de la programmation culturelle de l’Alliance française de Toluca
Annexe 8 : Bilan de la programmation culturelle de l’Alliance française de Querétaro
Annexe 9 : Questionnaire aux étudiants des Alliances françaises
Annexe 10 : Les villes françaises mentionnées dans les questionnaires
Annexe 11 : Les prénoms français
Annexe 12 : Films français cités dans les enquêtes
Annexe 13 : Chanteurs ou chansons françaises proposés dans les questionnaires
Annexe 14 : Littérature française
Annexe 15 : Evénements historiques
6
INTRODUCTION
Lors d’une conférence de presse organisée le 31 janvier 2012 pour présenter la
nouvelle organisation de l’action culturelle française au Cameroun, l’Ambassadeur de
France de ce pays, Monsieur Bruno Gain a indiqué :
Le monde change, évolue et se transforme. Le rôle d’un pays se mesure à
sa « puissance douce » ou « soft power » dans un environnement
international où les idées, les savoirs, les images et les sons circulent à une
vitesse accélérée. Il faut tenir compte de la fonction de l’économie de la
culture qui a radicalement changé. Nous vivons dans un contexte de
mutations radicales. Il y a désormais dans la culture de nouveaux tracés,
de nouvelles frontières, de nouveaux vecteurs de diffusion. Les flux
culturels ne connaissent plus de barrières. La consommation en est
mondiale, effaçant les barrières de classe, de hiérarchie, de géographie.
Les équilibres mondiaux évoluent. Et dans ce contexte nous avons décidé
d’adapter notre politique culturelle et d’en modifier les structures, pour
être plus efficaces, plus compétitifs, plus réactifs1.
Cette citation montre bien que dans le contexte actuel où la mondialisation affecte l’économie et
les finances, les systèmes politiques, les personnes, mais aussi les cultures, les États doivent
réagir et s’adapter aux nouvelles donnes du moment en développant des stratégies afin de
conserver un rôle sur la scène internationale et de préserver les spécificités de leur pays.
Comme l’explique Bruno Gain, le « soft power2 » prend toute sa place dans cette problématique
et la diplomatie culturelle est un outil indispensable pour tout pays. Cela permet de conserver
une influence par les valeurs ou encore les idées et vient compléter le « hard power » qui
constitue la force militaire et les pressions économiques. La France a mis en place depuis
longtemps un réseau culturel à l’étranger -actuellement en réforme- qui lui permet de
représenter et diffuser sa culture sur toute la surface du globe et constitue aussi un atout non
négligeable dans sa diplomatie d’influence.
L’Alliance française fait partie de ce réseau et bénéficie d’un dispositif original, unique
au monde et très étendu dans de nombreux pays. Cette institution reste un partenaire privilégié
de la politique culturelle de la France mais souhaite maintenir une certaine indépendance,
notamment dans les trois grandes missions qu’elle accomplit : l’enseignement du français et des
langues francophones, la diffusion des cultures de ces pays et la promotion de la diversité
culturelle. Elle bénéficie d’un grand succès et s’implante relativement bien dans la vie locale
1 Discours de l’Ambassadeur de France au Cameroun, Bruno Gain, prononcé le 31 janvier 2012, retranscrit sur
le site de l’Ambassade de France de Yaoundé, [En ligne, consulté le 15 mai 2012], disponible sur :
http://www.ambafrance-cm.org/Creation-de-l-Institut-francais-du 2 « Soft power » et « hard power » sont deux expressions inventées par l’Américain Joseph Nye en 1990.
7
des pays. Dans le cadre du 130ème anniversaire de sa création en 2013, il convient de
s’interroger sur l’efficacité de cette structure, ses atouts et ses faiblesses notamment dans la
représentation de la France et la diffusion de sa culture à l’étranger.
Dans cette perspective, cette étude se centre particulièrement sur un pays, le Mexique,
qui entretient des relations spécifiques avec la France depuis de nombreuses années et qui
accueille sur son territoire un nombre remarquable d’Alliances françaises.
La recherche s’intéresse à cinq Alliances françaises au Mexique et se penche sur leur
politique culturelle et les manifestations qu’elles organisent. Notre travail s’appuie sur les
résultats d’un questionnaire sociologique proposé à 207 étudiants de ces Alliances pour mettre
en exergue leurs représentations de la France. Cette démarche permet de mener une étude sur la
situation d’enseignement de la culture dans le cadre de l’apprentissage du français langue
étrangère (F.L.E.). Le recueil de ces discours inédits sert de point de départ à une réflexion
didactique appuyée par des références en ce domaine. Il convient de prendre en compte la
question des représentations dans la mesure où elles déterminent les rapports sociaux, la
motivation dans l’apprentissage, facilitent le rapport à la réalité, définissent l’identité et les
relations à l’altérité et sont constitutives de la pensée humaine et des comportements.
Notre propos est donc d’observer, de comprendre et d’analyser la contribution des
Alliances françaises à la représentation de la France et la diffusion de sa culture au Mexique.
Nous pouvons nous demander quelles images de la France sont véhiculées par l’Alliance
française et quel type de culture y est proposé. Comment est diffusée la culture ? On peut
s’interroger sur le rôle des représentations et plus particulièrement dans une institution
d’enseignement : peut-on appréhender l’environnement sans représentations ? À quoi servent-
elles ? Quels sont les enjeux de la notion de stéréotype ? Quelles sont les représentations des
étudiants mexicains sur la culture française ? Comment les prendre en compte et les intégrer
dans un cours de F.L.E. ?
L’objectif principal de cette recherche est de mettre en relation l’organisation et la
politique culturelle de ces cinq Alliances françaises avec le résultat des questionnaires afin
de mener une réflexion concernant le traitement des représentations en didactique du F.L.E.
Cela permet également de traiter les relations entre le Mexique et la France, ce qui est
l’enjeu du groupe de recherche Mexico-Francia3. Cette étude s’inscrit dans la continuité des
travaux de ce groupe de chercheurs.
3 Projet « Mexico Francia : Presencia, influencia y sensibilidad », fondé en 1997 et qui travaille sur la
problématique de la présence française au Mexique. [En ligne, consulté en mai 2012], disponible sur :
http://www.mexicofrancia.org/
8
La première partie traitera de l’Alliance française comme institution internationale à
caractère culturel. Il convient de présenter dans un premier temps son historique et son
évolution depuis ses débuts jusqu’à aujourd’hui. De plus, l’Alliance française a des
missions, une organisation et un rôle particuliers et toutes les structures ne sont pas
identiques. Il est aussi nécessaire de montrer ses relations avec l’État français et d’évoquer
la politique du gouvernement en matière de représentation de la France à l’étranger. Cela
permettra d’observer le réseau culturel français dans le monde et surtout en Amérique
latine, où il est particulièrement dynamique, à l’image de l’implantation des Alliances
françaises. Ensuite, il conviendra de se centrer sur le Mexique en détaillant les particularités
des Alliances tout en soulignant les caractéristiques du réseau culturel présent dans ce pays.
Il sera également nécessaire de s’intéresser à la présence française et les relations entre les
deux pays afin de comprendre la dynamique de cet organisme au Mexique et de montrer
que ce contexte est favorable à son implantation et explique ainsi son succès. Enfin, nous
préciserons les recherches sur l’analyse de cinq Alliances françaises dans lesquelles nous
avons effectué les enquêtes, afin d’étudier leur programmation culturelle et leurs moyens,
dans le but d’observer l’image générale de la France diffusée par ces structures.
La seconde partie permettra de mettre en évidence, grâce à une enquête
sociologique, les représentations des étudiants mexicains des cinq Alliances françaises
présentées dans la partie précédente. Tout d’abord, il convient d’expliciter le questionnaire
en justifiant son intérêt, le lieu et le moment de diffusion, le public choisi, tout comme
l’origine et les types de questions. Ce travail traite de certaines notions centrales comme
« représentation », « stéréotype », « image » et « culture » qu’il est nécessaire de définir.
Puis, nous présenterons des hypothèses sur les thèmes culturels des questionnaires. Une fois
les hypothèses posées, nous serons en mesure de présenter les résultats de cette enquête
dont le but est d’apporter des éléments pertinents sur les représentations de la France. Pour
terminer cette partie, nous proposons de faire une synthèse des résultats et d’analyser
l’image générale qui ressort des questionnaires.
La dernière partie permet une analyse des résultats et une réflexion à partir du
constat effectué auparavant sur les Alliances françaises et la place de la culture, mais aussi
sur les représentations des étudiants mexicains. Tout d’abord, nous reviendrons sur les
images qui se détachent le plus et qui sont les plus présentes dans la sensibilité mexicaine.
Puis, les influences que peuvent avoir les Alliances françaises seront mises en avant et un
travail sur les différents vecteurs culturels sera exposé. Nous montrerons comment les
manifestations culturelles des Alliances françaises orientent les représentations des
9
individus. Il sera ensuite intéressant de prolonger la réflexion au niveau didactique
concernant le traitement des représentations dans un cours de langue, et des exemples
d’exercices précis seront suggérés. Nous partirons de tous ces éléments pour effectuer une
observation et un approfondissement de certaines manifestations culturelles proposées dans
les institutions étudiées. Enfin, il nous semble indispensable de porter un regard critique sur
le fonctionnement des Alliances françaises.
10
1. L’Alliance française : une institution internationale à caractère culturel
1.1 Les Alliances françaises de la France à l’Amérique latine
L’Alliance française est une association de loi 1901 à but non lucratif qui assure la
promotion et la diffusion de la langue française et des cultures francophones dans le monde
entier. Elle exerce sa mission d’enseignement, d’organisation de manifestations culturelles,
et de médiateur de façon autonome, sans intérêts politiques ni même religieux4.
C’est le 21 juillet 1883 que naît ce projet à l’initiative de l’universitaire Pierre
Foncin et du diplomate Paul Cambon afin de rendre à la France son prestige à l’étranger et
de lui permettre de retrouver sa position stratégique sur la scène internationale, perdue
notamment après la défaite de Sedan en 1870 et la privation d’une partie de son territoire5.
Cette volonté s’inscrit aussi dans une perspective colonialiste de propager la langue
française dans les colonies naissantes du pays. Pour reprendre les termes exacts utilisés à
l’époque, il s’agit d’une « association nationale pour la propagation de la langue française
dans les colonies6 ». Dans son livre La politique culturelle française et la diplomatie de la
langue : l'Alliance Française, 1883-1940 (2006), François Chaubet indique d’ailleurs que
cette création permet de « réaffirmer la mission civilisatrice française7 » et un autre
spécialiste de la question assure que c’est une « action militante, mais par le moyen d’une
arme pacifique : la langue française8 ». Il s’agit donc de proposer un renouveau culturel et
de redonner à la France une image en dehors de ses frontières, particulièrement dans les
territoires nouvellement conquis.
Une vingtaine de personnalités prestigieuses s’associent à cette création dont Louis
Pasteur, Ernest Renan (écrivain et membre de l’Académie Française), Ferdinand de Lesseps
(diplomate, promoteur du Canal de Suez et membre également de l’Académie Française),
4 À partir des informations fournies par le site internet de l’Alliance française de Paris Ile-de-France, [En
ligne, consulté en avril 2012], disponible sur http://www.alliancefr.org/sommes-nous 5 La bataille de Sedan a eu lieu du 31 août au 1
er septembre 1870, pendant la "Guerre franco-prussienne"
également nommée "Guerre franco-allemande" qui oppose la France aux États d’Allemagne sous domination
de la Prusse. Cette bataille précipite la fin de la guerre et entraîne la chute de l’Empire français, la capture de
Napoléon III et la perte de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine. 6 Selon le site de la Fondation Alliance Française, [En ligne, consulté en avril 2012], disponible sur
http://www.fondation-alliancefr.org/ 7 François Chaubet, La politique culturelle française et la diplomatie de la langue : l'Alliance Française,
1883-1940, Paris, l'Harmattan, 2006, p. 11. 8 Maurice Bruézière, Alliance française, Histoire d'une Institution 1883-1983, Paris, Hachette, 1983, p.12.
11
Armand Colin (éditeur) ou encore Jules Verne et forment le Conseil d’Administration. Cela
montre le souhait d’asseoir dès le début cette association sur de grands principes véhiculés
par des personnalités de renom afin de donner plus de poids et de légitimité au projet.
Le 10 mars 1884, l’association est approuvée par arrêté du Ministère de l’Intérieur,
devenant ainsi la date officielle de la naissance de l’institution « Alliance française ». Ses
fondateurs font très vite appel à des passionnés de la langue et de la culture françaises
partout dans le monde afin de créer des structures locales grâce à des bénévoles qui
reçoivent l’accord de l’Alliance française de Paris. La spécificité de cette institution, dès le
début de sa création et encore aujourd’hui, est donc bien de favoriser des structures de droit
local, organisées par des personnalités du pays d’accueil tout en recevant un appui de la
France.
L’Alliance française est reconnue d’utilité publique en octobre 1886 par le Ministère
des Affaires étrangères, ce qui lui permet de recevoir des dons - essentiels au maintien de
son activité - et prouve officiellement son acceptation par le gouvernement français. Elle
vient soutenir la politique culturelle de la France au sein du pays mais aussi à l’étranger. En
effet, dès 1884 se créé l’Alliance française de Barcelone - première en Europe - tandis que
d’autres voient également le jour au Mexique, au Sénégal, et à l’Ile Maurice. De nombreux
Comités se forment aussi et sont ensuite répartis en 14 sections géographiques dont trois
correspondent à l’Amérique latine : le XIIème
Comité est composé du Canada, des Etats-
Unis et du Mexique ; le XIIIème
comprend les Antilles et l’Amérique centrale ; et le XIVème
concerne l’Amérique méridionale avec la Colombie, le Venezuela, la Guyane, le Pérou, le
Chili, l’Uruguay, l’Argentine et le Brésil9.
En 10 ans, l’effectif des membres des Alliances dans le monde et en France passe de
18 000 à 35 000 et celui des Comités de 120 à 40010
. Vers 1910, de nombreuses Alliances
sont installées dans plusieurs villes de pays d’Amérique latine dont le Mexique, l’Argentine
ou encore le Brésil. Elles resteront les grandes implantations historiques de cette structure.
L’association connaît cependant une période d’affaiblissement lors des deux conflits
mondiaux (la Première Guerre mondiale entre 1914 et 1918 et la Seconde Guerre mondiale
de 1939 à 1945) et lors de la crise de 1929, mais elle reprend et poursuit son développement
dans les années cinquante et soixante grâce à une période de prospérité, qui se traduit par
une aide financière et une politique étrangère de l’État plus conséquentes.
9 D’après Maurice Bruézière, op. cit., p.14.
10 Ibid., p.31.
12
En 2007, l’Alliance française de Paris se divise en deux entités : l’Alliance Française
de Paris Ile-de-France (AFPIF) qui se centre sur l’enseignement, et la Fondation Alliance
Française qui accompagne, soutient, coordonne et dynamise le réseau mondial, devenant
ainsi la référence morale et juridique des différentes associations locales. C’est aussi elle
qui accorde - ou annule si elle le juge nécessaire - le label « Alliance française » aux
associations. On qualifie parfois les Alliances de « franchises culturelles11
» dans la mesure
où la Fondation leur donne le droit d’exploiter la « marque » Alliance française (comme
une entreprise qui vendrait un produit).
Les différentes alliances sont chargées de proposer et d’organiser dans le monde et
en France des cours de langue française et des activités culturelles tout en favorisant le
dialogue entre les cultures grâce à la promotion d’artistes français ou francophones mais
aussi d’artistes locaux. Ainsi, la spécificité de l’Alliance est bien de contribuer à
l’épanouissement et au respect de la diversité culturelle. Ces structures peuvent aussi être un
relais pour des actions de coopération menées par l’Ambassade de France.
Il convient de préciser que toutes les Alliances ne sont pas identiques de par leur
taille, leurs activités (certaines sont aussi des centres d’examen) mais aussi en fonction de
leur organisation. Elles sont le plus souvent administrées par des personnalités bénévoles
qui forment le Conseil d’Administration. Ces personnes sont les seules habilitées à signer
des engagements (contrats d’embauche, achats immobiliers, etc.) et sont ainsi responsables
légalement et moralement de l’association. Dans certains cas, le directeur de l’Alliance est
nommé par le Ministère des Affaires étrangères français. Les Alliances françaises peuvent
bénéficier d’une aide de l’État mais qui n’excède pas 20% de leur budget. Elles
s’autofinancent donc à 80%, principalement grâce aux cours, aux adhésions à l’association
et aux dons.
On distingue trois types d’Alliances : certaines sont conventionnées par l’État qui
verse des subventions ou met à disposition du personnel. On dénombre environ 300
Alliances qui bénéficient d’un soutien du Ministère des Affaires étrangères, ce qui leur
permet d’offrir des prestations de très bonne qualité. Certaines reçoivent beaucoup moins de
moyens de la part de la France et sont souvent des structures plus modestes, organisant des
événements culturels de moindre importance. Enfin, d’autres Alliances françaises sont
11
Yves Robin, L'image de la France au Mexique. Représentations scolaires et mémoire collective,
l'Harmattan, Paris, 2011, p.22.
13
plutôt considérées comme des clubs d’amitié à taille beaucoup plus réduite et au
dynamisme plus faible, notamment à cause du manque de moyens. Il existe donc bien une
disparité entre les Alliances françaises et un manque d’homogénéité du réseau.
Cette institution entretient une relation ambigüe avec l’État français. D’un côté, c’est
une association de droit local, apolitique - affirmant de la sorte son indépendance au niveau
politique - mais elle est reconnue d’utilité publique par le gouvernement français et
bénéficie d’une aide financière de ce pays et en reste en quelque sorte redevable. Les
Alliances françaises sont de véritables partenaires de la politique linguistique et culturelle
de la France, au service de ses intérêts à l’étranger. C’est d’ailleurs ce que précisait Frédéric
Mitterrand, ancien Ministre de la Culture et de la Communication dans son discours
d’ouverture lors des XXXIIIème
rencontres internationales de l’Alliance française :
Enseigner et diffuser le français dans le monde, c’est aussi permettre à
notre pays de conserver son influence, à travers un ensemble de valeurs,
d’idées, de savoirs et d’imaginaires auxquels peuvent avoir accès tous
ceux qui partagent notre langue et tous ceux qui, sans la maîtriser, peuvent
y accéder par la traduction ou l’interprétation12
.
Les Alliances forment donc une structure stratégique pour la France car en enseignant et
diffusant la langue et la culture françaises, elles participent à son expansion politique,
économique et culturelle, ce qui peut favoriser des contrats ou des implantations
d’entreprises par exemple.
Aujourd’hui, les Alliances françaises sont bien présentes sur toute la surface du
globe et constituent un véritable réseau dans le monde, comme le montre la carte suivante :
12
Frédéric Mitterrand in « Actes des XXXIIIème
rencontres internationales de l’Alliance française », Paris,
janvier 2011, p.4. [En ligne, consulté le 13 février 2012], disponible sur : http://www.fondation-
alliancefr.org/?cat=542
14
Réseau des Alliances françaises dans le monde
Source du document : Site internet de l’Alliance française de Moldavie, disponible sur : https://www.alfr.md/IMG/pdf/fondation_af_brochure_actualisee.pdf, consulté le 21 mai 2012.
L’Alliance française comptabilise de nos jours 1 040 structures présentes dans 137
pays et formant 446 563 étudiants13
. En plus des cours, ces institutions assurent aussi des
manifestations culturelles, ouvertes à tout public et qui réunissent environ 6 millions de
participants chaque année. C’est sans aucun doute le plus grand réseau culturel au monde, et
cela depuis longtemps : « La France s’est distinguée alors tout particulièrement parmi les
grandes nations par l’invention précoce, dès le XIXème
siècle en fait d’un dispositif d’
‘‘action culturelle’’ […] mondialisé, le premier au monde en termes quantitatifs14
. »
Aucune autre structure n’est aussi présente sur la surface du globe. À titre de comparaison,
les voisins européens de la France sont loin derrière avec leurs instituts à l’étranger : le
centre britannique British Council est composé environ de 220 centres et il est présent dans
110 pays, l’Instituto Cervantés forme 80 000 étudiants à la langue espagnole, aux langues
co-officielles d’Espagne et aux cultures hispanophones chaque année dans les 77 villes des
13
D’après les chiffres de la Fondation Alliance Française : [En ligne, consulté en avril 2012], disponible sur
http://www.fondation-alliancefr.org/ 14
François Chaubet, Laurent Martin, Histoire des relations culturelles dans le monde contemporain, Paris,
Armand Colin, 2011, p.117.
15
44 pays où il intervient, et l’Allemagne possède 149 centres nommés Goethe Institut dans
92 pays.
Comme le montre le tableau suivant, l’Amérique latine (sans les Caraïbes ni les
Antilles) comptabilisait à elle seule près de 146 000 étudiants en 2010 dans les Alliances
françaises, affirmant ainsi une progression de plus de 3% par rapport à l’année antérieure.
Elle enregistre le plus grand nombre d’étudiants inscrits, correspondant à 32,7% des
apprenants de français de ces institutions dans le monde entier, soit presque un tiers. Cette
région du globe (avec cette fois-ci les Caraïbes et les Antilles) possède 274 Alliances
françaises et se trouve placée en seconde position en termes de nombre de structures sur son
territoire15
, après l’Europe (qui en a 354).
Zones Nombre de pays
2009 2010
Nombre d’étudiants
2009 2010
Évolution sur
2010
Afrique/
Océan Indien 38 37 62 395 68 511 8,93%
Amérique du
Nord 2 2 35 311 33 012 - 6,96%
Amérique
latine 19 18 141 417 145 849 3,07%
Antilles/
Caraïbes 14 15 16 126 16 558 2,61%
Asie 24 25 88 893 90 241 1,49%
Europe 33 34 76 737 79 932 4,00%
Océanie 6 6 11 207 12 410 9,69%
Total 133 137 432 086 446 563 3,24%
Tableau récapitulatif du nombre d’étudiants dans les Alliances françaises
Source du document : Rapport d’activité 2010 de la Fondation Alliances françaises, p.16, disponible sur http://www.fondation-alliancefr.org/, consulté le 20 mai 2012.
La France a très vite compris le potentiel que représentaient les pays d’Amérique latine
pour le développement de son réseau culturel, et elle a su « imposer sa présence culturelle
sur le continent [latino-américain] grâce aux Alliances françaises16
».
La perspective colonialiste à l’origine de la création des Alliances françaises a donc
évolué. Même si dans les années 1880, les deux objectifs fondamentaux étaient de déployer
15
Selon les chiffres de la Fondation Alliances Françaises [En ligne, consulté en avril 2012], disponible sur
http://www.fondation-alliancefr.org/ 16
Jacques Chonchol, Guy Martinière, L’Amérique latine et le latino-américanisme en France, Paris,
L’Harmattan, 1985, p.7.
16
les Alliances dans les colonies et le Levant17
, peu à peu des institutions se développent dans
d’autres régions comme en Amérique latine. Le site de la Fondation Alliance française
précise les raisons de ce déploiement dans cette zone du monde, qui constitue d’ailleurs sa
« terre d’élection » :
« Terre d’élection » de l’Alliance française, la région a été étroitement liée
à l’institution depuis ses origines. Les affinités latines, l’admiration pour le
goût français, l’attraction exercée par Paris dont on suivait les modes
l’expliquent largement. La France demeure ainsi la porte d’entrée vers
l’Europe face à l’omniprésence nord-américaine. Pour les Antilles et
Caraïbes, la présence de territoires français et la politique volontariste
menée par les autorités françaises expliquent le développement des
Alliances malgré les difficultés économiques que l’on connaît.18
L’Alliance française constitue les deux tiers du réseau culturel français à l’étranger
et s’inscrit ainsi dans un vaste ensemble de structures chargées de diffuser la culture
française - et les cultures francophones (qui n’entrent pas dans cette analyse) - en dehors de
ses frontières. D’autres organismes complètent ce réseau, comme les 149 Instituts et
Centres culturels français qui dépendent directement des services de coopération et d’action
culturelle des ambassades. Ils existent depuis le début du XXème
siècle et sont aujourd’hui
présents dans 92 pays. Les autres institutions sont les écoles ou lycées français, au nombre
de 480 et implantés dans 130 pays19
. D’autres structures diffusent également la culture
française comme par exemple UniFrance pour promouvoir le cinéma français dans le
monde, ou encore CampusFrance, qui est l’agence nationale pour la promotion de
l’enseignement supérieur français à l’étranger. Enfin, l’organisme Audiovisuel extérieur de
la France a été créé en 2008 afin de superviser et coordonner les chaînes de télévision mais
aussi les radios françaises ou francophones à l’étranger - qui sont également des vecteurs et
diffuseurs de culture -. Cette société assure une présence de la France au-delà de ses
frontières par les médias : elle comprend notamment France 24 et Radio France
Internationale et détient 49% de TV5 Monde20
.
17
François Chaubet, « L'Alliance française ou la diplomatie de la langue (1883-1914) » in Revue historique n°
632, 2004, p.767, [En ligne, consulté le 20 mai 2012], disponible sur : http://www.cairn.info/revue-historique-
2004-4-page-763.htm 18
Fondation Alliance française, [En ligne, consulté le 21 mai 2012], disponible sur : http://www.fondation-
alliancefr.org/?cat=10 19
Selon le site internet de l'Agence pour l'enseignement français à l'étranger (AEFE), [En ligne, consulté en
avril 2012], disponible sur : http://www.aefe.fr/tous-publics/laefe/pilotage-soutien-conseil 20
Selon le site http://www.aefmonde.com/ [En ligne, consulté en avril 2012].
17
Comme nous l’avons vu, ce réseau est dense et varié mais très complexe car il
manque d’unité, de cohérence et de lisibilité. C’est pourquoi le gouvernement français a
décidé de réformer l’action extérieure du pays en 2010 afin de l’unifier en créant l’Institut
Français, sous la conduite du Ministère des Affaires étrangères et européennes,
actuellement dirigé par l’ancien Ministre de l’Éducation, Xavier Darcos. Cet institut
s’appuie sur l’ensemble du réseau des établissements culturels français à l’étranger,
composé des Instituts et Centres culturels et plus indirectement des Alliances françaises. Il
remplace l’organisme CulturesFrance21
et se voit donc confier « la promotion de l’action
culturelle extérieure de la France en matière d’échanges artistiques -spectacle vivant, arts
visuels, architecture-, et de diffusion dans le monde du livre, du cinéma, de la langue
française, des savoirs et des idées22
». La réforme souhaite aussi professionnaliser les
personnels et moderniser les techniques d’enseignement tout comme les équipements. Cette
agence au service de l’action culturelle extérieure de la France est testée depuis janvier
2011 à titre expérimental et ce jusqu’en 2013 dans treize pays (le Cambodge, le Chili, le
Danemark, les Émirats Arabes Unis, l’Inde, le Koweït, la Géorgie, le Royaume-Uni, le
Ghana, le Sénégal, la Serbie, la Syrie et Singapour). Pour le moment, cette expérimentation
ne touche donc directement que le Chili en ce qui concerne l’Amérique latine.
Ce changement relativement complexe révèle les failles du réseau culturel français
et montre que le système actuel a plus de mal à fonctionner qu’il y a quelques années où il
était en plein essor. C’est en particulier à la fin de la Seconde Guerre mondiale et plus
précisément lors de la création par le président Charles de Gaulle du Ministère des Affaires
culturelles - qu’il confie en 1959 à André Malraux - que la France subit une grande
impulsion de sa politique culturelle au sein du territoire mais aussi à l’étranger.
Aujourd’hui, cette politique n’est pas aussi forte et ce sont bien souvent les collectivités
territoriales ou même certaines structures locales qui prennent le relais et œuvrent à
l’étranger. C’est le cas par exemple de la compagnie de théâtre « Royal de luxe » implantée
à Nantes et créée en 1979 par Jean-Luc Courcoult qui part en tournée en Amérique latine en
1992 dans le cadre de la commémoration de la découverte de l’Amérique. Elle présente à
cette occasion un spectacle intitulé « La véritable histoire de France » qui diffuse ainsi
quelques représentations du pays. Plus récemment, Royal de Luxe part à Guadalajara au
21
CulturesFrance est le résultat de la fusion en 2006 de l'Association française d'action artistique (AFAA),
pour les échanges culturels internationaux et l'aide au développement et de l'Association pour la diffusion de
la pensée française (ADPF), en charge de la promotion du livre français. 22
Site du Ministère des Affaires étrangères et européennes (MAEE), [En ligne, consulté en avril 2012],
disponible sur http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/le-ministere/missions-et-organisation/les-operateurs-du-
maee/article/l-operateur-de-l-action-culturelle
18
Mexique pour le Bicentenaire de l’Indépendance du pays en 2010. Cette compagnie joue
aussi sur l’interculturalité et souhaite faire découvrir la France à l’étranger mais également
les pays visités par la troupe en France, en rapportant notamment des souvenirs de ses
« voyages » dans le monde entier. Une autre initiative locale, la « Solidaire du Chocolat23
»
entre St Nazaire et Progreso au Mexique a permis à deux écoles (l’une française et l’autre
mexicaine) de réaliser un échange interculturel et bien d’autres activités liées à la culture
ont été réalisées dans ces deux villes. Ces projets locaux sont très importants et prennent
aujourd’hui une place de plus en plus notable dans ce processus de diffusion de l’image de
la France, mais sa représentation culturelle reste malgré tout une préoccupation de l’État
français, comme le soulignent Alain Juppé et Louis Schweitzer :
L'audience de nos idées, de notre culture et de notre langue sont des atouts
de notre influence à l'étranger, et l'attrait spontané qu'elles suscitent la
condition de leur succès. L’État a cependant son rôle à jouer pour soutenir
la diffusion à l’étranger et faciliter leur présence en bonne place sur le
marché mondial. Les politiques qu’il met en œuvre à ce titre :
l’enseignement français à l’étranger, coopération universitaire, audiovisuel
extérieur, échanges artistiques, etc. font partie de notre action
diplomatique24
.
Les Alliances françaises entrent dans ce processus à l’étranger et jouent donc un rôle
non négligeable. Nous nous centrons maintenant sur ces institutions dans un seul pays, le
Mexique, afin d’analyser précisément à la fois leur étendue et leur relation avec les
populations locales mais aussi la diffusion de la culture et la représentation de la France
qu’elles transmettent dans ce pays.
1.2 Les Alliances françaises au Mexique et les relations entre les deux pays
Le réseau des Alliances françaises au Mexique est l’un des plus étendu au monde
avec ses 37 Alliances et 12 centres associés présents sur la totalité du vaste territoire
mexicain. Les Alliances françaises forment chaque année plus de 30 000 étudiants au
français dans ce pays.
23
C’est une course de voiliers en équipage double et sans escale qui relie le port de Saint Nazaire (en Loire
Atlantique) à celui de Progreso (Yucatán, au Mexique). La première transat a eu lieu en 2009 et la seconde en
2012. 24
Alain Juppé, Louis Schweitzer, La France et l’Europe dans le monde. Livre blanc sur la politique étrangère
et européenne de la France. 2008-2020, Paris, La Documentation française, 2008, p.92.
19
Répartition des Alliances françaises au Mexique
Source du document : Fédération des Alliances françaises du Mexique, disponible sur http://alianzafrancesa.org.mx/Alianzas-Francesas, consulté le 20 mai 2012.
C’est en 1884, soit un an après la naissance du projet de l’Alliance française à Paris,
qu’un groupe d’amis se réunit pour créer une structure à Mexico, qui sera la première du
pays et la plus ancienne en dehors de l’Europe après celle de Paris.
En 1910, l’Alliance française au Mexique compte 16 Comités, 10 enseignants
détachés et 7 200 étudiants dont 4 200 adultes25
. Ce pays devient rapidement le lieu
bénéficiant du plus grand nombre d’Alliances et sa capitale est très dynamique, comme le
montre cette citation : « Au classement des villes, c’est Mexico qui de loin l’emporte avec
21 020 étudiants devant Buenos Aires 10 415 talonnée par Lima qui avec 9 466 approche
des 10 000, puis viennent Rio (8 465) et Sao Paulo (8 018)26
».
La Fédération des Alliances françaises du Mexique (Federación de las Alianzas
Francesas de México) voit le jour en 1948 afin d’améliorer l’organisation des structures en
augmentation dans le pays. On peut voir aussi une volonté de s’affirmer face à l’Institut
français d’Amérique latine (IFAL) fondé en 1944 à Mexico et qui vient concurrencer en
quelque sorte les Alliances dans le domaine culturel, de coopération avec la France et dans
25
Denis Rolland, La crise du modèle français : Marianne et l’Amérique latine. Culture, politique et identité,
Presses Universitaires de Rennes, 2000, p.357. 26
Jacques Chonchol, Guy Martinière, op.cit., p.230.
20
l’enseignement du français. Le rôle de la Fondation est de coordonner et d’assurer la
promotion de la langue et la culture françaises et sert de référent et de coordinateur
pédagogique et culturel aux Alliances. Le siège de cette fédération se trouve dans la
capitale, dans le quartier de Polanco.
Dès le début de leur implantation au Mexique, les Alliances cherchent à contrer le
poids des États-Unis en organisant très rapidement des cours destinés aux adultes, et elles
mettent également à disposition du public des œuvres classiques à prix réduits. On
remarque que dans ce pays, les Alliances semblent être une alternative à l’influence de plus
en plus importante de la culture nord-américaine, et l’omniprésence de l’anglais qui s’y
rapporte. C’est d’ailleurs le slogan de cette institution dans ce pays, comme le montre le
symbole de l’Alliance française au Mexique. Cette formule est également reprise par le
panneau affiché sur la façade de l’Alliance de Toluca, un exemple parmi d’autres :
Alliance Française Mexique, « l’alternative »
Source du document : http://merida.goolocal.com.mx/directorio/sociedad/cultura/alianza-francesa-m%C3%A9xico, consulté le 20 mai 2012
Façade Alliance française de Toluca
Photo prise en juillet 2011 par Jean-Baptiste SAMZUN
21
Agustín Legorreta Chauvet, Président de la Fédération des Alliances françaises au
Mexique précise qu’elles constituent une « … alternative devant l’invasion de la culture
américaine, une alternative pour les Mexicains à trouver une culture et une langue autre que
l’anglais27
. » Elles offrent ainsi une possibilité culturelle distincte face à la montée en
puissance des Etats-Unis et dans le cadre d’une mondialisation toujours plus forte. On sent
bien que la politique de ces institutions joue sur cette question-là, surtout au Mexique, pays
frontalier avec cette superpuissance.
La mission de l’Alliance française au Mexique est de proposer des cours de français
à tout public intéressé, de diffuser la culture française et les cultures francophones et de
favoriser la diversité culturelle en mettant en avant toutes les particularités de la région dans
laquelle se trouve l’Alliance. D’ailleurs, ces institutions sont dirigées par des Comités
essentiellement composés de personnalités mexicaines - souvent influentes - et tout ceci
afin d’ouvrir un dialogue avec la société et d’ancrer la présentation culturelle sur la région,
dans le but de favoriser une meilleure compréhension des deux cultures. L’alliance fait donc
partie intégrante de la vie locale. Le site internet de la Fédération au Mexique indique à ce
sujet :
Fuera de cualquier preocupación política o religiosa, la Alianza Francesa
es el único centro cultural franco-mexicano que promueve, mantiene y
desarrolla la práctica y el gusto por la cultura entre ambos países mediante
un dinámico programa de actividades como : cine, teatro, conciertos,
exposiciones, conferencias y festivales28
.
Les Alliances françaises se transforment ainsi en un lieu de rencontres, d’échanges culturels
autour des cours dispensés, mais aussi des multiples activités offertes. Ces institutions
mettent en avant les séjours linguistiques avec des pays francophones, et soutiennent
clairement l’amitié franco-mexicaine.
Certaines alliances sont plus importantes comme celles de Mexico, composée de
cinq centres ou celle de Guadalajara (trois centres) disposant de moyens conséquents,
comme des salles de cinéma ou d’expositions, des médiathèques ; et d’autres sont des
27
Agustín Legorreta Chauvet, « Les Alliances françaises du Mexique » in Fondation Singer-Polignac,
Alliance française, Alliance Française, La langue française à la croisée des chemins, Paris, L’Harmattan,
1999, p.135. 28
Site internet de la Fédération des Alliances françaises au Mexique, [En ligne, consulté en avril 2012],
disponible sur http://www.alianzafrancesa.org.mx/Mision : « En dehors de toute préoccupation politique ou
religieuse, l’Alliance française est l’unique centre culturel franco-mexicain qui fait la promotion, maintient et
développe la pratique et le goût pour la culture de ces deux pays à travers un programme dynamique
d’activités comme : le cinéma, le théâtre, les concerts, les expositions, les conférences et les festivals. »
22
centres associés, c'est-à-dire qu’elles sont plutôt des associations culturelles ou des
organismes universitaires. Tout ceci montre bien la diversité des structures présentes au
Mexique. Elles sont cependant toutes reconnues par la Fondation Alliance française de
Paris.
Lors de la réunion de la Commission nationale du Delf/Dalf29
qui a eu lieu à
l’Ambassade de France à Mexico le 10 janvier 2012, la Fédération des Alliances françaises
du Mexique a tiré le bilan de ses actions et a présenté ses perspectives. Les chiffres
reproduits dans le tableau suivant montrent que le nombre de personnes inscrites à ces deux
examens au Mexique augmente chaque année.
Année Nombre d’inscrits au Delf-Dalf
2009 9 236 inscriptions (+ 11,53 %)
2010 10 698 inscriptions (+ 15,83 %)
2011 11 385 inscriptions (+ 6,42 %).
Progression des inscriptions aux examens Delf et Dalf de 2009 à 2011
Source du document : http://www.alianzafrancesa.org.mx/Bilan-et-perspectives-des-certifications-dans-le-reseau-des-AF-du-Mexique
Le Mexique s’affirme ainsi comme le premier centre d’examens du Delf/Dalf hors Europe,
grâce à ces certifications qui sont délivrées en continu et l’Alliance française devient le
premier centre d’examens du pays. En 2011, 59,90% des candidats à ces diplômes au
Mexique (soit plus de la moitié) ont passé leurs tests dans une Alliance française30
.
L’institution se porte donc plutôt bien au Mexique et pour preuve, un nouveau centre
a été inauguré en janvier dernier à Guadalajara - qui en comptait déjà deux autres
auparavant -. À cette occasion, le site de l’Ambassade de France à Mexico dresse le bilan de
l’Alliance française dans cette ville :
L’Ambassadeur a aussi félicité l’Alliance Française de Guadalajara pour
sa capacité à recevoir ‘‘tous les amants de la culture et de la
29
Ce sont deux diplômes reconnus par la France. DELF = Diplôme d’études en langue française et DALF =
Diplôme approfondi en langue française. 30
Tous ces chiffres proviennent du site Internet http://www.latitudefrance.org/Developpement-des-
certifications-dans-le-reseau-des-AF-du-Mexique-bilan-2011-et-perspectives-2012 [En ligne, consulté en avril
2012].
23
langue française’’ et pour s’être converti tout au long de ces années, en un
acteur indispensable de la vie culturelle de Guadalajara grâce aux relations
qu’elle a su tisser avec différentes institutions et entreprises françaises,
ainsi qu’avec le gouvernement de l’État de Jalisco, la mairie
de Guadalajara, des universités, collèges et entreprises de la région31
.
Ce nombre important d’Alliances et son succès sur le territoire mexicain est à mettre
en lien avec une présence française notable, principalement due à des relations spécifiques
entretenues entre nos deux pays et au développement d’une certaine francophilie. Nous
insistons surtout sur les phénomènes migratoires, les interventions militaires de la France et
certains épisodes historiques.
Les migrations françaises vers le Mexique débutent surtout au début du XIXème
siècle, soit juste après l’Indépendance du Mexique en 1821. Avant cette date, le pays est
dominé - et ce depuis le depuis le XVème
siècle - par la puissance espagnole qui empêche
l’installation d’autres communautés et ne tolère que quelques mouvements de religieux non
espagnols comme les Franciscains, Dominicains ou Jésuites. C’est donc vers 1830
qu’arrivent de façon régulière les premiers Français, désireux de s’installer sur ce nouveau
territoire afin de faire fortune et de trouver un nouveau souffle, en fuyant notamment
l’instabilité politique de la France à cette époque. De plus, le gouvernement mexicain
favorise ces nouvelles migrations et les investissements étrangers en assouplissant par
exemple les mesures fiscales et en offrant des terres aux nouveaux venus. Une première
communauté française, les « Barcelonnettes » part de la vallée d’Ubaye, dans les Alpes-de-
Haute-Provence et s’installe au Mexique dans des grandes villes comme Mexico, Puebla ou
Guadalajara. Ils développent leurs commerces surtout de produits textiles dans un premier
temps et deviennent ensuite de grands industriels et financiers. Une seconde colonie a été
fondée à partir de 1833 par d’autres immigrants venus de Franche Comté sous l’impulsion
de Stéphane Guénot et qui s’installent dans la région de Veracruz, à Jicaltepec ou encore à
San Rafael. Ces Français qui arrivent au Mexique participent à la diffusion de la culture
française, grâce à leur présence sur le territoire et leurs activités économiques ou même par
leur vie de tous les jours. Ces migrations ne sont cependant pas très importantes
numériquement - car les Français ne sont que la sixième puissance présente au Mexique au
début du XXème
siècle - mais surtout du point de vue de leur organisation et influence. Elles
sont dynamiques et laissent des traces dans la vie mexicaine notamment dans l’architecture,
31
Site Internet de l’Ambassade de France à Mexico [En ligne, consulté en avril 2012], disponible sur
http://www.francia.org.mx/francais/culture-etcooperation/salle-de-presse-516/article/inauguration-officielle-
du-centre
24
le système économique et financier, ou encore dans l’éducation, grâce à la fondation de
certaines écoles. C’est par exemple un groupe d’amis Barcelonnettes qui fondent en 1884
l’Alliance française de Mexico.
En outre, la France intervient militairement au Mexique à deux reprises toujours
pendant la même période. La première fois, lors du conflit nommé « la Guerre des
Gâteaux » en 1838, les troupes françaises envahissent le port de Veracruz car la France
réclamait le paiement de dégâts produits envers des citoyens français - notamment un
pâtissier - durant des révoltes survenues au Mexique. Un accord est trouvé et la France se
retire en mars 1839. En 1862, l’armée française débarque à nouveau au Mexique car son
président, Benito Juárez32
, a suspendu le paiement des intérêts de la dette mexicaine à
l’étranger un an auparavant. Mais cet épisode, connu sous le nom de « l’Intervention
française » sert aussi de prétexte à Napoléon III, désireux de créer un Empire catholique en
Amérique. Les Français essuient une première défaite lors de la bataille de Puebla, le 5 mai
1862. L’archiduc Maximilien de Habsbourg, envoyé par Napoléon III, arrive au Mexique
en 1864 et est proclamé Empereur. Les troupes françaises se retirent fin 1866 et un an après,
Maximilien est fusillé à Querétaro et le président Juárez entre à Mexico. La République est
proclamée en 1867. Ces deux événements belliqueux ternissent l’image de la France en
montrant le visage impérialiste et agressif d’une nation souvent vue comme le pays des
Droits de l’Homme33
. Victor Hugo interviendra d’ailleurs en rédigeant une première lettre
de soutien aux habitants de Puebla en 1863 (cf. Annexe 1), puis une seconde en faveur de la
libération de Maximilien adressée directement au Président Juárez. Les relations
diplomatiques entre les deux pays sont interrompues pendant une dizaine d’années à la suite
de cet épisode.
Il faut attendre la période du Porfiriat qui commence en 1876 et se termine en 1910
pour voir une amélioration des relations diplomatiques entre les deux pays, constituant
même l’apogée de l’influence française au Mexique. En effet, le dictateur Porfirio Díaz34
,
32
Benito Juárez (1806 - 1872) est un homme politique libéral mexicain, d’origine indienne. Une fois le
dictateur Santa Anna chassé du pouvoir en 1854, les libéraux de Juárez modernisent le pays et rédigent une
Constitution qui est adoptée en 1857. Un an après, Benito Juárez devient président du Mexique. Cependant,
une guerre civile se déclare alors et oppose les conservateurs aux libéraux. Ces derniers remportent la victoire
en 1861. Un an plus tard, les Français débarquent au Mexique et s’emparent du pouvoir. C’est le début de
l’Intervention française. Juárez redevient président en 1867, après l’exécution de Maximilien, et ce jusqu’à sa
mort en 1872. 33
À partir de l’étude de Yves Robin dans son livre, L'image de la France au Mexique. Représentations
scolaires et mémoire collective, l'Harmattan, Paris, 2011. 34
Porfirio Díaz (1830 - 1915) est un homme politique mexicain qui accède au pouvoir en 1876. Son
gouvernement prend très vite le chemin d’une dictature, supprimant les libertés et censurant les opinions de
signe contraire. Il favorise l’investissement étranger, ce qui permet une modernisation du pays. Le système
25
cherchant à réduire la présence des États-Unis, se tourne vers l’Europe et en particulier la
France qui est un modèle à imiter selon lui. C’est le début d’une période d’
« afrancesamiento » où se développe une sensibilité francophile : le chercheur mexicain
Javier Pérez Siller indique d’ailleurs que « la France devient le modèle de civilisation
durant le Porfiriat, dans tous les domaines : la littérature, la musique, la poésie, mais aussi
les usines modernes, les grands magasins, la mode et l’art de bien vivre35
».
Après le Porfiriat puis la Révolution mexicaine qui se termine en 1920, et
parallèlement avec l’arrivée des États-Unis sur la scène internationale, les relations entre les
deux pays sont moins notables. Parmi les grandes dates qui marquent les relations
bilatérales, il convient de noter la visite du président Charles de Gaulle en mars 1964 -un
an après celle du chef d’État mexicain López Mateos en France- qui prononce un discours
en espagnol devant une place bondée de Mexicains. Il invite les deux peuples à marcher « la
main dans la main », soucieux de maintenir une relation de coopération entre les deux États.
Cet événement facilite le rapprochement du président français avec le Mexique et entre
dans la politique étrangère qu’il veut donner à la France. Il souhaite en effet réorienter les
relations extérieures et soutenir l’indépendance de la France, en particulier face aux Etats-
Unis -dont il s’éloigne de plus en plus en quittant par exemple l’OTAN en 1966-.
L’Amérique latine occupe une place non négligeable dans cette politique étrangère qu’il
veut établir. Après son voyage au Mexique en mars 1964, Charles de Gaulle repartira en
Amérique latine en septembre/octobre de la même année, parcourant dix républiques du sud
de cette région du monde.
On peut donc résumer ainsi les relations franco-mexicaines, à partir des réflexions
du Professeur Pérez Siller :
El ciclo de la influencia francesa acompaña y acelera el proceso, de tímida
a principios del XIX a preponderante en el Porfiriato, para decrecer en los
años 1930 y 1940 cuando se afirma la hegemonía de los Estados Unidos.
Desde entonces la influencia francesa se mantiene discreta gracias a la
actividad de algunos empresarios, comerciantes, profesionistas e
intelectuales y a la acción de instituciones educativas (escuelas, liceos,
institutos), sociales (clubes) y diplomáticas (embajada, consulado)36
.
dure jusqu’en 1910, date à laquelle l’opposition commence à se faire sentir. En 1911, il se voit obligé de
renoncer à la présidence et part en exil en France jusqu’à sa mort. 35
Javier Pérez Siller, México-Francia, Memoria de una sensibilidad común, siglos XIX-XX, México, BUAP,
El colegio de San Luis, A.C., Cemca, 1998, p.12. 36
Javier Pérez Siller, « Una contribución a la modernidad, La comunidad francesa en la ciudad de México »,
Puebla, 1999, p.4 : « Le cycle de l’influence française accompagne et accélère le processus, de timide au début
26
De nos jours, et selon le site internet de l'ambassade de France au Mexique37
, « Les
relations entre la France et le Mexique couvrent tous les domaines : échanges politiques
entre gouvernements […] relations culturelles, scientifiques, universitaires et de
coopération ». Il est aussi question d'un « dynamisme des relations politiques [qui] est
nourri de contacts fréquents ». En effet, le président mexicain Felipe Calderón a été le
premier Chef d’État latino-américain à rencontrer Nicolas Sarkozy à l’occasion d’une visite
le 5 juin 2007. Depuis cette date, de nombreuses rencontres entre des responsables
politiques français et mexicains ont eu lieu, comme par exemple l’ancienne Ministre de
l’Économie, Christine Lagarde et ses homologues mexicains Gerardo Ruiz Mateos et
Agustín Carstens en novembre 2008. Nicolas Sarkozy s’est aussi rendu au Mexique lors de
sa visite d’État le 9 mars 2009. En outre, il est assez question de la France de l’autre côté de
l’Atlantique depuis le début de l'affaire Florence Cassez en 2009 et l'annulation de l'année
du Mexique en France en 2011 qui en découle. Cet événement fait beaucoup de bruit au
Mexique et le nom de l’ancien président français est souvent nommé. Et pour preuve, dans
son dernier livre, El País de uno, la journaliste-sociologue Denise Dresser propose une
réflexion sur le cas Cassez.38
Enfin, certaines collectivités locales françaises entretiennent des relations de coopération
avec le Mexique, soulignant ainsi les liens entre les deux pays :
- Région Provence-Alpes-Côte d’Azur/Etat de Nuevo León,
- Conseil général de Haute-Saône/Commune de San Rafael-
Veracruz,
- District Fédéral/Conseil Régional Ile-de-France,
- District Fédéral/Ville de Paris,
- Région Rhône-Alpes/Etat de Mexico,
- Région Auvergne/Etat de Michoacán,
- Communauté Urbaine de Bordeaux/Guadalajara,
- Communauté Urbaine de Lille/Etat de Guanajuato39
.
du XIX
ème à dominant sous le Porfiriat, pour diminuer dans les années 1930 et 1940 quand s’affirme
l’hégémonie des Etats-Unis. L’influence française se maintient depuis ce moment de façon discrète grâce à
l’activité de quelques entrepreneurs, commerçants, professionnels et intellectuels et à l’action d’institutions
éducatives (écoles, lycées et instituts), sociales (les clubs) et diplomatiques (ambassades ou consulats). »
[En ligne, consulté le 12 janvier 2010], disponible sur : http://www.mexicofrancia.org/articulos/p7.pdf 37
[En ligne, consulté en janvier 2012], disponible sur :
http://www.ambafrancemx.org/francais/ambassade150/relationspolitiques/relationsactuelles/article/relations-
actuelles 38
Voir : Denise Dresser, El país de Uno, Reflexiones para entender y cambiar a México, Mexico D.F.,
Aguilar, 2011, p.284-286. 39
Selon l’Ambassade de France au Mexique, [En ligne, consulté le 22 mai 2012], disponible sur:
http://www.francia.org.mx/francais/ambassade-150/relations-politiques/relations-actuelles/article/relations-
actuelles
27
Outre les Alliances françaises qui sont bien présentes - on l’a vu - sur le territoire
mexicain, la coopération entre les deux pays repose sur un dispositif bien développé avec le
Centre Culturel et de Coopération - Institut Français d'Amérique Latine (CCC-IFAL), le
Centre français d’Études Mexicaines et Centraméricaines (CEMCA), le lycée Franco-
Mexicain de la ville de Mexico, le collège Franco-Mexicain de Guadalajara et l’École
Molière de Cuernavaca, sans compter les universités qui proposent des cours de français et
favorisent les échanges avec des universités françaises notamment dans le cadre de
programmes de mobilité. Tous ces lieux sont des acteurs de la représentation de la France et
de diffusion de sa culture, tout comme certaines associations telles que « Mexico accueil ».
Certaines manifestations, comme le festival du film français d’Acapulco, sont aussi des
moyens de diffusion de la culture au public mexicain.
La Maison des Français à l’Étranger40
estime à environ 19 000 le nombre de
Français vivant au Mexique, en s’appuyant sur les chiffres enregistrés par le consulat de
France au 31 décembre 2011. Ce même site internet comptabilise près de 400 entreprises
françaises sur le territoire mexicain soulignant ainsi une présence française bien établie.
Dans ce contexte favorable, s’appuyant sur des échanges historiques de longue date,
une présence française sur le territoire, et une certaine francophilie, l’Alliance française
s’intègre avec succès et sa politique de diffusion culturelle prend ainsi tout son sens.
Nous proposons maintenant d’analyser cinq Alliances (Polanco, Puebla, Toluca,
Querétaro et San Cristóbal de las Casas) - dans lesquelles nous avons réalisé les
questionnaires - et de traiter l’image de la France véhiculée par ces institutions notamment
grâce à leur programme culturel qui permet, entre autre, le maintien de cette francophilie au
Mexique.
1.3 Étude de cinq Alliances françaises au Mexique
Le choix de ces cinq centres (représentés sur une carte en Annexe 2) est justifié par
la particularité de leur situation géographique. Ces Alliances françaises sont présentes dans
des villes bien distinctes avec des spécificités concernant l’importance au niveau
international, la relation avec la France ou encore la taille de l’Alliance : par exemple, celle
de Polanco est la plus importante du Mexique et se trouve dans la capitale, au centre du
40
[En ligne, consulté en avril 2012], disponible sur http://www.mfe.org/index.php/Portails-Pays/Mexique
28
quartier des affaires de Mexico alors que l’Alliance de San Cristóbal de las Casas est dans
l’état du Chiapas, une région plus en périphérie, économiquement moins avancée et aux
caractéristiques avant tout rurales. Par définition, la capitale d’un pays reste plus ouverte sur
le monde extérieur et les échanges y sont plus constants et réguliers. Les villes de Puebla et
de Querétaro ont une histoire directe avec la France et on y trouve d’ailleurs des sites
commémoratifs comme le « centro cívico del 5 de mayo » à Puebla (rappelant la victoire de
l’armée mexicaine du Général Ignacio Zaragoza contre les forces françaises le 5 mai 1862
dans cette même ville) ou encore le « Parque nacional del Cerro de las Campanas » à
Querétaro où a été exécuté l’empereur Maximilien en 1867, mettant ainsi un terme aux cinq
années connues sous le nom d’Intervention française. Comme l’explique le chercheur Yves
Robin : « Le mémorial du 5 mai à Puebla et le Cerro de las Campanas à Querétaro ont bien
une fonction de matérialisation et de réactivation de la mémoire.41
» Cette mémoire est
étroitement liée aux relations entretenues avec la France dans le passé. Enfin, Toluca est
une ville qui se trouve relativement proche de la capitale, avec une présence française
moins considérable. Ces cinq Alliances françaises ont accepté de collaborer avec ce projet
universitaire et nous souhaitons analyser dans un premier temps leur participation à la
diffusion de la culture française.
- Alliance française de Polanco
Comme nous l’avons dit, l’Alliance française voit le jour au Mexique quelques mois
après la création de celle de Paris, en 1884 - grâce à un groupe de Barcelonnettes installé
dans la capitale - devenant ainsi l’une des plus anciennes institutions au monde.
Aujourd’hui, l’Alliance française de Mexico est composée de cinq centres (Polanco, Lomas
Verdes, Interlomas, Del Valle et San Ángel) afin d’offrir un maximum de prestations sur
l’immense métropole et aussi de satisfaire une demande très importante dans la capitale. En
effet, chaque année, 8 000 personnes s’inscrivent dans ces structures à Mexico pour suivre
des cours de français. Nous nous centrons ici sur Polanco, l’un des plus grands centres de la
capitale où se trouvent également le siège de la Fédération des Alliances Françaises du
Mexique et celui de l’organisme CampusFrance. Le quartier de Polanco est sans doute le
plus cosmopolite de la ville et aussi le plus huppé. C’est le quartier des affaires mais aussi
41
Yves Robin, op. cit., p.246.
29
un lieu résidentiel chic, et on y trouve d’ailleurs l’Ambassade de France et le lycée Franco-
Mexicain.
L’Alliance de Polanco propose des cours de français pour adultes du niveau A1 au
niveau B2 du Cadre Européen Commun de Référence pour les Langues42
(C.E.C.R.L.) et
pour les adolescents jusqu’au niveau A2. Ce lieu se concentre donc sur la formation au
français pour un public adulte, lui proposant diverses formules de cours, du lundi au
samedi, intensifs ou non, avec des ateliers de conversation. Les adolescents ont beaucoup
moins de choix et aucun cours n’est dispensé pour les enfants, qui doivent rejoindre un
autre centre de la ville, comme l’Alliance française de San Ángel. Il est vrai que le lycée
Franco-Mexicain se trouve juste à côté et propose des cours de la maternelle au niveau post
Bac (Bac+2). L’alliance s’adapte donc à son environnement et vise en particulier un public
adulte et relativement aisé. En effet, les prix des cours sont assez élevés, allant de 3 615
pesos à plus de 6 000 pesos (pour les cours intensifs) sachant que le salaire mensuel moyen
brut au Mexique est d’un peu plus de 5 000 pesos43
. Le centre prépare aussi aux différents
examens qui sont reconnus en France, comme le DELF (Diplôme d’étude en langue
française), le DALF (Diplôme approfondi de langue française), le TCF (Test de
connaissance du français) ou encore le TEF (Test d’évaluation de français). Il offre aussi
des formations au FLE (Français langue étrangère) en organisant des ateliers ou des
conférences pour les professeurs de français.
Lors d’un entretien44
avec Maxime Portal, le coordinateur pédagogique et directeur
des cours de Polanco, nous avons appris que la majorité des étudiants de cette Alliance
française est âgée de 15 à 35 ans et que l’objectif principal pour ces apprenants est de
réaliser une mobilité internationale, avec un niveau B2 minimum requis pour pouvoir
postuler. Pour d’autres, l’apprentissage du français peut offrir une possibilité d’émigrer vers
la France (c’est le cas des moins de 25 ans surtout) ou vers le Québec (pour les plus âgés) -
ce qui a favorisé l’ouverture d’un groupe spécial intitulé « Québec ». Certaines personnes
étudient aussi le français par amour pour la langue et la culture françaises et les plus jeunes
y sont souvent incités par leurs parents. Cette alliance privilégie la diversité et s’appuie sur
42
Le C.E.C.R.L est une base commune entre tous les pays de l’Europe, afin d’améliorer l’apprentissage et
l’enseignement des langues et d’établir les éléments à atteindre lors de l’apprentissage. Il met en place une
échelle de 6 niveaux de compétences en langue qui permet ainsi une évolution de l’apprenant lors de son
parcours linguistique (A1, A2, B1, B2, C1, C2). Le niveau A correspond à l’utilisateur élémentaire (A1 :
introductif ou de découverte, A2 : Intermédiaire ou de suivie), le niveau B à l’utilisateur indépendant (B1 :
Niveau seuil et B2 : avancé ou indépendant) et le niveau C à l’utilisateur expérimenté (C1 : Autonome et C2
maîtrise de la langue). 43
Selon http://lemoci.com/mexique/14-Legislation-du-travail.htm [En ligne, consulté en avril 2012]. 44
Rencontre qui a eu lieu le mercredi 6 juillet 2011 dans les locaux de l’Alliance française de Polanco.
30
une équipe de professeurs venant de plusieurs pays, incarnant la multiculturalité de la
francophonie (il y a des professeurs mexicains et français ; certains viennent de Suisse, du
Maroc et d’Haïti).
L’Alliance française de Polanco est un véritable centre culturel doté d’une salle de
cinéma, d’une galerie d’expositions, d’une médiathèque et d’un centre d’auto-apprentissage
dans une salle multimédias. Le centre propose actuellement - et ce pendant huit mois -
certains films de la cinémathèque nationale de Mexico (qui est actuellement en travaux), et
cela pour 25 pesos. Mais habituellement, l’Alliance française propose des cycles de cinéma
dans le cadre de son cinéclub et aborde ainsi chaque mois une thématique différente : les
femmes, la société, l’environnement, etc… Les films sont en général prêtés par
l’Ambassade de France ou l’IMCINE (Instituto Mexicano de Cinematografía). Chaque
mercredi matin, l’AF de Polanco organise un café littéraire où les élèves mais aussi les
amoureux de littérature française ou francophones viennent débattre ensemble dans un
cadre convivial. En plus de ces événements hebdomadaires, d’autres sont proposés chaque
année comme lors de la Saint-Valentin ou pour la fête de la musique par exemple. La Fête
des Morts, très importante au Mexique, est aussi l’occasion de réunir les étudiants mais
aussi les personnes extérieures à l’Alliance (francophile, francophone, mexicain ou autre)
autour des coutumes populaires mexicaines, soulignant à cette occasion la diversité des
cultures prônée par l’Alliance française. Le programme culturel dépend aussi des
opportunités qui se présentent à l’alliance ou à la Fédération, des rencontres, ou mêmes des
sollicitations.
Nous nous proposons d’analyser le programme culturel de l’Alliance française de
Polanco de cet été d’après le travail effectué en Annexe 3, qui ne prend en compte que les
événements directement en relation avec cette alliance précise. On note tout d’abord que les
activités proposées sont diverses et variées. La fête de la musique fait partie de la vie
française et elle est célébrée partout en France en juin et ce centre « français » est donc le
relais et l’organisateur de ce divertissement au Mexique.
Cette Alliance présente le 7 juillet 2011 une pièce de théâtre de Molière, Le Malade
imaginaire (1673) offrant ainsi un grand classique de la littérature française. On observe
l’importance accordée à la littérature grâce aux deux « Cafés littéraires » dont un qui traite
essentiellement d’un auteur français très connu, Le Clézio, écrivain de renom mais aussi
passionné du Mexique (il a écrit de nombreuses œuvres sur ce pays). Le thème du café
littéraire est proposé autour de son livre Désert (1980) insérant ainsi cette rencontre
31
intellectuelle autour d’une problématique développée par l’alliance cet été. En effet, elle
propose aussi une exposition photographique « Désert, Histoires urbaines » et un café débat
qui permet une réflexion finale autour de la ville et de l’insertion de populations notamment
africaines. De nombreux films sont aussi projetés, certains n’ayant aucune relation directe
avec la culture française.
Il se dégage donc une volonté de soutenir la mission de l’Alliance française comme
lieu de rencontre de toutes les cultures. L’Alliance de Polanco cherche à montrer une image
d’elle-même (et indirectement de la France) comme ouverte sur le monde, s’intéressant à
des problématiques actuelles et engagées (comme la réflexion autour de la ville et de
certaines populations) incluant le Mexique et d’autres espaces. Cela permet aussi de toucher
d’avantage la sensibilité du public (mexicain, francophone, francophile ou autre) qui se sent
ainsi concerné et peut donc participer aux débats. L’organisation de la programmation
culturelle est cohérente par l’harmonie des thèmes proposés et variée dans les thématiques
abordées, donnant ainsi une image dynamique et moderne de la France. Enfin, ce pays
apparaît aussi comme traditionnel et classique (lors des cafés littéraires ou par la projection
du film Minuit à Paris de Woody Allen, sorti en France en 2011), cette fois-ci plus proche
des stéréotypes habituels (de Paris et de la littérature française notamment). Mais on peut
dire que c’est surtout une image plurielle qui se dégage grâce au programme de l’été 2011,
proposant donc une « alternative » aux représentations habituelles de la France.
- Alliance française de Puebla
L’Alliance française de Puebla a été fondée en 1947 et est répartie aujourd’hui sur
deux zones, quelque peu excentrées : le site de Huexotitla et celui de Zavaleta. Elle offre
des ateliers de sensibilisation (pour les enfants de 4 à 6 ans), d’initiation (de 7 à 10 ans), de
consolidation (de 11 à 13 ans), pour les adolescents et les adultes avec des possibilités qui
s’adaptent en fonction des besoins de son public : en intensif, normal, extensif (sur plusieurs
mois) ou le samedi matin. Elle propose ainsi des cours du niveau A1 au niveau B2, c'est-à-
dire du niveau débutant à celui d’utilisateur indépendant de la langue. C’est aussi un centre
d’examen qui prépare au DELF, DALF, TEF, TCF (comme à Polanco) et aussi au DFP-TH,
qui est le Diplôme de français professionnel tourisme et hôtellerie B1, ce qui montre que
l’Alliance vise aussi un français sur objectifs professionnels. Elle met d’ailleurs ses services
à la disposition d’entreprises ou d’organismes publics, ou encore d’institutions
pédagogiques et propose un service de traduction entre le français et l’espagnol. Elle est
32
constituée d’une médiathèque relativement bien remplie, d’un service d’orientation pour les
études ou séjours en France notamment avec les Alliances françaises de Paris, Montpellier,
Lyon et Nice. Elle s’associe à des partenaires locaux pour produire et réaliser des activités
culturelles variées, comme des expositions, conférences, débats, cinéma, musique, théâtre
ou encore danse.
L’Alliance française de Puebla a donc proposé un vaste programme culturel pendant
l’été 2011 avec certains événements en collaboration avec des centres culturels locaux
comme la Casa de la Cultura du centre ville de Puebla (où ont été projetés six films du
réalisateur français Alain Resnais du 16 juin au 3 juillet) et des universités privées : un
spectacle de magie du 22 mai au 12 juin ou encore la diffusion de films de François
Truffaut du 1er
au 29 juillet avec la Universidad de las Américas Puebla. Une exposition
sur le gang des « Maras45
» - à partir des photographies du cinéaste et photographe français
Christian Poveda au Salvador - a également été présentée dans la galerie d’art de la
Universidad Iberoamericana de Puebla.
Nous avons seulement analysé la programmation culturelle organisée par l’Alliance
française principalement (et que nous reportons en Annexe 4). L’AF de Puebla souhaite
partir d’images de la France connues qui constituent souvent les stéréotypes du pays pour
réaliser tout un travail autour de ces thèmes. Elle choisit de réaliser une exposition de
photographies sur la ville de Paris intitulée « Paris y los Parisinos, Ciudad de los mil
Rostros » en se centrant donc sur Paris mais en offrant « mille visages » à cette ville
mondialement connue et qui incarne très souvent le pays. Cela permet en effet de détailler
davantage la ville de Paris en proposant d’autres facettes que par exemple la Tour Eiffel ou
les clichés habituels de la capitale.
On ressent aussi, à la vue du programme des ces trois mois, une volonté de
« rebondir » sur les deux événements importants en France de cette période, à savoir la fête
de la musique et la fête nationale du 14 juillet. Le premier événement est l’occasion de se
rassembler autour de quatre conférences sur la musique en plus d’une soirée spéciale « fête
de la musique » avec des groupes locaux. L’Alliance s’adapte et renforce sa thématique de
la « révolution », propre à la France lors de la fête nationale, et organise un repas français
dans un restaurant mexicain le 14 juillet. Elle inaugure le même jour une nouvelle
45
Les « Maras » : ce sont des gangs armés très violents qui sévissent en Amérique centrale et plus
particulièrement au Salvador, Guatemala et Honduras. Ils se sont formés à partir des années 1980 et se
consacrent à des activités illicites comme les trafics de stupéfiants, les cambriolages et les assassinats.
Beaucoup sont des adolescents et terrorisent les populations.
33
exposition de photographies autour du thème de Pancho Villa46
et de la Révolution
mexicaine cette fois-ci. Egalement, un jeu est organisé avec des questions relatives à la
Révolution française sur le réseau social facebook. En plus du côté marketing de l’opération
(aller sur la page facebook de l’Alliance permet aussi de regarder les offres de cours, de
partager la page avec d’autres personnes et on connaît la force de ces réseaux sociaux de
nos jours) elle permet de mieux connaître l’histoire de France et en particulier l’année 1789
tout en s’amusant. Par ce programme culturel, l’Alliance souhaite donc soutenir sa mission
d’enseignement de la langue française et de sa culture et accentue sur deux thèmes
d’actualité, en favorisant les échanges interculturels et la diversité. Au-delà de
l’enseignement relatif à la France, elle renforce aussi les connaissances sur le Mexique.
Le centre de Puebla donne vraiment la priorité au cinéma et les films proposés sont
toujours sous-titrés en espagnol -la version originale reste cependant en français-. L’entrée
n’est pas payante, rendant ainsi ces événements accessibles à tous. Dans le cadre de son
ciné-club, l’Alliance développe un thème par mois : le cinéma de Jean-Luc Godard,
précurseur de la Nouvelle vague et réalisateur très influent du cinéma français, le cinéma de
la « révolte » pour le mois de juillet (mois de la Révolution française) et le cinéma d’action
en août. Les films proposés sont de grandes œuvres françaises avec des acteurs très connus
qui ont marqué (ou marquent encore aujourd’hui) le paysage cinématographique comme
Brigitte Bardot ou encore Gérard Depardieu. Le cinéma livre une représentation d’un pays,
il en reflète la société et c’est donc un support didactique mais aussi culturel très intéressant.
Certains films abordent des thématiques liées à l’histoire de France qui font encore
polémique aujourd’hui, comme par exemple le film de Jean-Luc Godard, Le Petit Soldat47
(1963) qui traite de la Guerre d’Algérie.
Également, quatre films sont projetés spécialement pour les enfants le samedi matin, ce qui
montre qu’ils sont totalement inclus dans la politique culturelle de l’Alliance.
L’Alliance française de Puebla propose donc un programme riche et varié, émanant
d’une politique culturelle dynamique qui sait s’adapter aux grandes dates et au monde
d’aujourd’hui, avec de nombreuses projections cinématographiques organisées autour de
46
Pancho Villa (1878 - 1923), de son vrai nom José Doroteo Arango Arámbula est considéré comme un des
héros de la Révolution mexicaine qui se produit au Mexique de 1910 à 1920. Il participe au mouvement
insurrectionnel lancé par Francisco I. Madero en 1910 contre Porfirio Díaz. Il forme sa propre armée
composée de paysans et multiplie les succès militaires. Il s’oppose aussi, dès 1913, au dictateur Huerta qui a
pris le pouvoir après la fuite de Porfirio Díaz et se concentre surtout dans les villes du nord du pays. Il poursuit
la lutte au côté de Emiliano Zapata. 47
Ce film a d’ailleurs été censuré en France pendant trois ans après sa première sortie en 1960.
34
thématiques intéressantes et qui touchent certains points de la culture française et
mexicaine. Tout est fait pour favoriser la rencontre et les débats et surtout capter l’attention
du public en donnant une image la plus proche du réel possible. Il y a donc une volonté de
diffuser la culture de la France avec un but didactique en proposant un travail approfondi
sur certaines problématiques.
- Alliance française de Toluca
L’Alliance française de Toluca a été fondée dans le contexte de la Seconde Guerre
mondiale et elle est un symbole de la Résistance à l’étranger notamment au Mexique. En
effet, face aux événements qui se produisent en France à cette époque, un groupe de
personnes lutte depuis le Mexique et en particulier dans la ville de Toluca pour une France
libre. C’est Henri Deverdum, né à Mexico d’une famille française, qui se charge de former
le groupe et d’installer à Toluca un comité de la France libre, après avoir reçu l’accord du
Général de Gaulle et en particulier grâce à l’acceptation du Gouverneur de l’État de
Mexico, Isidro Fabela. La volonté de rapprocher Toluca de la France par les relations
culturelles grandit de plus en plus à la fin de 1944, surtout avec la libération progressive du
pays et l’issue de la guerre se faisant sentir. C’est à partir du 1er
février 1945 qu’ont lieu les
premiers cours de français à Toluca, comme le montre l’article de journal suivant :
Répartition des groupes de français à Toluca
Document fourni par l’Alliance française de Toluca en version informatique, sans mention des sources.
35
Tous les cours se déroulent deux soirs par semaine pendant une heure. Au début, l’État de
Mexico prête un espace dans le centre scolaire « Lázaro Cárdenas » qui venait tout juste
d’ouvrir. Cela montre bien l’appui du gouvernement mexicain à ce projet.
Le 4 avril 1945 est inaugurée l’Alliance française de Toluca (se référer à l’Annexe 5 pour
l’invitation officielle). Elle changera plusieurs fois de locaux avant de se trouver où elle est
encore aujourd’hui, dans le centre-ville. Elle possède aussi une annexe dans la commune de
Metepec située à côté de Toluca.
Comme l’Alliance de Puebla, celle de Toluca propose des cours de français pour les
enfants (avec des ateliers de sensibilisation pour les 3 à 6 ans et des cours à partir de 7 ans)
et aux adolescents pour les deux premiers niveaux du Cadre Européen (A1 et A2). Elle
s’adresse aussi aux adultes jusqu’au niveau B2. C’est un centre d’examen du DELF et
DALF qui propose aussi le TEF, et le TEFaQ (qui est un test d’évaluation au français
adapté au Québec). En plus des cours, de la préparation aux examens, des ateliers de
conversation et d’expression orale, l’Alliance de Toluca favorise la culture grâce à son
atelier culturel le mardi pendant deux heures, sa médiathèque munie de 200 films et près de
500 livres, et sa galerie d’art au titre évocateur : « le Bateau Mouche ». Le public qui y
étudie est là encore, relativement jeune (âgé de 18 à 31 ans principalement) et souhaite
apprendre le français premièrement pour les études, puis par amour de la langue et de la
culture françaises, et enfin pour le travail48
.
Concernant la programmation culturelle, la Fédération des Alliances françaises du
Mexique propose certaines activités et grâce à un logiciel, les Alliances peuvent ensuite
choisir celles qui les intéressent. Cette collaboration permet de réduire les coûts notamment
lorsque la Fédération fait venir de France une personne ou un groupe, les Alliances
partageant entre elles le coût des prestations. On retrouve ainsi fin janvier 2012 l’exposition
de photographies sur les « Maras » présente lors de l’été 2011 à Puebla. Mais l’institution
de Toluca insiste sur sa liberté d’organisation et favorise aussi les groupes locaux. Elle
utilise tous les moyens de communication avec surtout internet (par les réseaux sociaux
comme twitter ou facebook principalement et les newsletters qu’elle envoie à ses abonnés)
mais elle bénéficie de quelques espaces gratuits à la télévision locale TvMexiquense tout
comme à la radio. L’Alliance française de Toluca est bien soutenue par la presse locale qui
diffuse ainsi certaines annonces gratuitement et aussi par le gouvernement de l’État de
48
Informations fournies grâce à un entretien réalisé avec Maricel Nicolás Lara, chargée de la culture à
l’Alliance française de Toluca, le lundi 8 août 2011.
36
Mexico. La sélection d’articles de presse proposée en Annexe 6 montre bien l’importance
et les enjeux que représente la diffusion des manifestations culturelles de l’Alliance
française dans les médias. Ils se veulent ainsi relais des événements culturels et peuvent
également inciter les personnes intéressées à assister à ces manifestations pour apprendre
des éléments de la culture française. De plus, ces écrits sont des indicateurs de la bonne
réception des événements auprès du public de la ville. Le second article proposé diffuse des
informations intéressantes sur la culture littéraire de la France : il traite d’une pièce de
théâtre de Molière de 1645, Le Médecin volant et fait ainsi connaître le véritable nom de
Molière et quelques éléments de l’Académie française. Cet article de journal diffuse la
culture de la France et est un moyen de parler de l’institution, faisant de la sorte sa publicité
et la promotion de la culture française.
Chaque mois, l’Alliance française de Toluca essaie d’organiser trois événements
culturels, comme par exemple une exposition (au moins une tous les deux mois), un cycle
de cinéma mensuel et des conférences, cérémonies, dégustations, concerts ou autres
activités. Depuis 2009, elle organise chaque année la « Nuit des Étoiles », en étroite
collaboration avec des partenaires mexicains et notamment des Institutions éducatives de
l’enseignement supérieur, des musées ou des centres culturels, tout comme des entreprises.
L’ambassade de France a aussi participé à cet événement -qui existe dans notre pays depuis
1991 et en a inspiré l’organisation au Mexique- et l’Alliance française de Toluca était
chargée de coordonner les comités organisateurs régionaux. C’est l’occasion d’associer la
France à un projet scientifique, qui n’est pas la représentation la plus répandue puisqu’en
général, le pays n’est pas tellement associé à l’astronomie, la physique ou la chimie.
Comme l’Alliance de Puebla, celle de Toluca organise un « ciclo de cine » autour du
thème du Festival de Cannes lors de l’été 2011. En outre, elle invite ses étudiants et les
habitants de la ville à une pièce de théâtre intitulée « Misión Basura » autour du thème de
l’environnement et du recyclage dans le cadre de la journée mondiale de l’environnement le
5 juin. L’AF s’associe donc à une cause écologique. Elle propose également une cérémonie
le 14 juillet pour la fête nationale mais en dehors de l’Alliance, dans un jardin botanique en
plein centre de Toluca. On remarque ainsi qu’elle cherche à rencontrer les Mexicains dans
des lieux clés de la ville en les invitant à prendre un vin d’honneur par exemple. Elle se
montre ainsi ouverte sur l’extérieur, et facilite le dialogue avec le public. (Voir annexe 7 :
Bilan de la programmation culturelle de l’Alliance française de Toluca, juin, juillet et août
2011)
37
- Alliance française de Querétaro
L’Alliance française de Querétaro est une structure moyenne qui a été fondée en
1959. Depuis cette date, elle poursuit sa mission de diffusion de la langue et la culture
françaises. Elle forme environ 700 étudiants par an et compte 18 professeurs de français et 9
membres administratifs. Le nombre d’étudiants est en constante évolution grâce au
développement économique de la ville et à l’implantation de nombreuses entreprises
francophones. Depuis 2006, elle est devenue centre d’examen du Delf et Dalf. Elle propose
ainsi des cours aux adolescents de 12 à 15 ans et aux adultes et se spécialise aussi au
français pour les plus petits avec un atelier pour les moins de 4 ans (et jusqu’à 6 ans), un
autre pour les enfants de 7 à 11 ans. Les cours ont lieu de manière normale (4 heures par
semaine) ou de façon intensive (8 heures par semaine) du lundi au samedi, s’adaptant ainsi
aux volontés du plus grand nombre d’étudiants. Elle est équipée d’une médiathèque qui
compte 1 200 livres, 40 revues et 320 dvd, et d’un accès internet. C’est aussi un point relais
information de CampusFrance pour les séjours linguistiques ou informations diverses
concernant les études en France. Les personnes inscrites dans cette structure souhaitent
étudier le français principalement par plaisir, mais aussi pour des raisons professionnelles et
enfin pour émigrer en France ou au Québec. L’AF de Querétaro a orienté ses offres en
fonction de la demande et propose également aujourd’hui le Test de connaissance de
français reconnu par le Québec (le TEFaQ). Au-delà de son centre convivial et agréable,
elle intervient également dans deux collèges de la ville et deux entreprises en adaptant ainsi
sa formation en fonction des attentes différentes du public. Les professeurs se déplacent
ainsi dans des établissements de Querétaro afin de former les personnes dans leur lieu de
travail ou leur institution éducative.
Elle organise chaque année une vingtaine d’événements culturels toujours variés et
dynamiques afin de diffuser la culture française à tous. Une fois par an, elle propose des
dégustations de produits français lors de la « semana del sabor » (la semaine du goût) est
c’est ainsi l’occasion de goûter aux spécialités culinaires de la France, qui est souvent
internationalement reconnue pour sa riche gastronomie. Cette manifestation permet ainsi de
connaître la variété de produits français sans faire exception aux classiques comme le
fromage, le pain et le vin. Les activités culturelles proposées par cette alliance sont assez
réduites pendant l’été, car ce sont les vacances pour les étudiants. Le travail effectué en
Annexe 8 montre que l’Alliance française de Querétaro ne manque pas de célébrer les
événements tels que la fête de la musique ou la fête nationale, comme dans les autres
38
alliances françaises. Elle participe aussi à des manifestations culturelles à l’extérieur en
s’implantant pendant quelques heures dans des parcs de la ville comme lors du Festival des
communautés étrangères ou pour des concerts. Elle se déplace vers les Mexicains et diffuse
ainsi la culture à tous et à des personnes qui ne seraient jamais allées dans ses installations.
Le 27 mai 2011, l’AF de Querétaro a organisé la « Noche del Vino y Queso » (la
Nuit du Vin et du Fromage) en invitant ainsi le public à découvrir la gastronomie française
grâce à un producteur mexicain de fromages, inspiré du style français :
Publicité de l’Alliance française de Querétaro pour sa « Noche del Vino y Queso »
Source du document : newsletter de l’AF de Querétaro de mai 2011, disponible sur l’adresse facebook de l’Alliance : http://www.facebook.com/photo.php?fbid=10150185595311502&set=a.426633186501.236056.357916981501&type=3&theater
On peut dire que la publicité de cette soirée spéciale française insiste bien sur des
stéréotypes de la France (le vin et le fromage) et en ce sens, l’Alliance française participe à
leur maintien. Mais il est vrai que les fromages et le vin font partie intégrante de la vie
française et c’est aussi le rôle de l’Alliance de présenter les spécificités du pays. De plus, il
y aussi une volonté de proposer un échange avec le producteur qui expliquera la fabrication
du fromage et aussi la culture qui est associée à cet aliment. Cet instant privilégié permet
39
ainsi de mener une réflexion sur le fromage avec les étudiants. On note le souhait
d’interpeller le public avec une image connue qui fera écho dans sa sensibilité afin de réunir
un maximum de personnes pour ensuite diversifier et détailler la représentation culturelle de
la France en proposant une variété d’images du pays. Il ne faut pas oublier que derrière
cette organisation de diffusion se cache aussi un objectif marketing et que l’Alliance
française doit montrer une « bonne » image de la France. Il faut vendre une représentation
« culturellement correcte ». C’est aussi un autre rôle de cette institution mais qui n’est
jamais évoqué directement. En effet, l’Alliance française est un organisme chargé de la
promotion de la France et doit donc faire ressortir les bons côtés de sa culture.
- Alliance française de San Cristóbal de las Casas
Cette Alliance française est beaucoup plus petite que toutes celles que nous
analysons. En effet, elle forme environ 80 élèves chaque année et intervient auprès d’une
trentaine d’autres dans l’université de la ville. C’est donc un centre plus modeste mais qui
travaille énormément en collaboration avec l’Alliance de Tapachula et aussi le centre
associé de Tuxtla Gutiérrez. Ces trois structures forment le réseau de l’Alliance française
dans le Chiapas, un État au sud du Mexique, en périphérie par rapport à la capitale, où se
mélangent de nombreuses populations indiennes telles que les Tzotziles, les Tzeltales ou
encore les Choles qui parlent leur propre langue et ont une culture différente les unes des
autres. C’est donc dans une région très traditionnelle du pays que l’Alliance française de
San Cristóbal de las Casas essaie de trouver sa place et de s’intégrer dans ce contexte
particulier. Le Chiapas est l’état le plus pauvre du Mexique. Dans ce cadre, l’Alliance
dispense des cours à partir de 4 ans et jusqu’à l’âge adulte et comme les autres Alliances,
elle est aussi un centre d’examen. Elle offre un module original, que nous n’avons pas
rencontré dans les autres structures : elle propose des cours d’espagnol de niveau A1 et A2.
La ville est en effet très touristique et cette alliance se centre donc sur des cours d’une autre
langue que le français pour pouvoir ainsi donner les notions en espagnol aux touristes mais
aussi aux personnes étrangères qui habitent la ville. Les cours ne s’adressent pas qu’à des
Français, et il suffit de voir le site internet de l’Alliance - qui propose un résumé de cette
formule en allemand, anglais et italien - pour comprendre que le public qui s’y rencontre
provient de nombreux pays du monde entier. L’institution devient donc un lieu d’échange
international et de diversité culturelle.
40
Concernant la programmation culturelle, cette Alliance propose aussi un atelier
original et très intéressant pour découvrir la culture française : c’est le « café con francés »,
décrit comme un moment privilégié pour découvrir des éléments culturels en buvant un
café. Le programme indique :
A través de varios temas (Historia y geografía francesa, gastronomía,
francofonía, historia del arte, París, moda y perfumes, cine francés,
personajes históricos…), los participantes van desarrollando sus
conocimientos de las culturas francófonas. Las pláticas se hacen en
español y siempre se acompañan de presentaciones prácticas (cocina,
visitas, películas…) y de un café ! Aprovechamos estas pláticas para
enseñarles lo básico para que puedan comunicarse en francés49
.
Cette pratique semble très pertinente car même la langue n’est plus une barrière pour
communiquer. Le point central des rencontres est donc d’échanger sur la culture française
et les cultures francophones, d’une façon plus détendue et agréable (comme entre amis),
autour d’un bon café. De plus, l’échange culturel est concrétisé par une dégustation, ou la
projection d’un film afin de pouvoir comprendre dans le réel le thème abordé et donc de le
concrétiser.
Cette alliance n’offre pas toujours des activités culturelles et, par exemple, rien n’a
été proposé pendant la période de notre recherche mais très peu d’étudiants choisissent les
cours d’été à cet endroit, qui fonctionne donc en effectif très réduit. On peut noter
cependant que même si les activités culturelles ne sont pas présentes en quantité, elles le
sont en qualité, comme nous venons de le voir avec le « café con francés ». Une autre
manifestation a eu lieu le 7 octobre 2011. Il s’agissait d’un atelier de conversation autour
de la présentation des Antilles françaises avec une dégustation de spécialités culinaires de
ces régions. Cela permet de souligner qu’une partie des Antilles est française et cette
manifestation ouvre d’autres perspectives en variant et diversifiant les images de la France.
Ces cinq Alliances françaises, aux tailles variées et aux programmes culturels
dynamiques ou plus modestes révèlent quelques caractéristiques : les institutions cherchent
à favoriser le dialogue avec la population mexicaine et tout est fait pour échanger en
49
Selon le site internet : http://www.chiapas.af.org.mx/-Cafe-con-Frances-.html [En ligne, consulté en avril
2012]. « À partir de plusieurs thèmes (Histoire et géographie françaises, gastronomie, francophonie, histoire
de l’art, Paris, mode et parfums, cinéma français, personnages historiques,…) les participants développent
leurs connaissances des cultures francophones. Les échanges se font en espagnol et s’accompagnent de
présentations pratiques (cuisine, visites, films,…) et d’un café ! Nous profitons de ces conversations pour vous
apprendre le français basique afin de communiquer en français. »
41
apportant des informations culturelles nouvelles sur la France. Les centres ne sont pas
réservés qu’aux étudiants de français car ils accueillent toutes les personnes qui le
souhaitent lors des manifestations ou des ciné-clubs par exemple, qui s’adressent à tous.
Quand cela n’est pas possible, c’est l’alliance qui se « délocalise » quelque temps et va à la
rencontre des Mexicains, dans leurs lieux habituels (comme les parcs ou jardins
botaniques). Ces Alliances françaises au Mexique se mêlent donc à la culture de leur pays
d’accueil. Elles diversifient au maximum les moyens de diffusion et multiplient aussi les
thématiques - engagées ou plus légères - touchant ainsi plus de personnes. L’Alliance
française sait s’adapter à son environnement et reste un centre cohérent avec sa mission
d’enseignement. Elle diffuse aussi une certaine image de la France, positive avant tout
mais permet également une remise en question de certains stéréotypes.
Il convient maintenant de mettre en lumière la sensibilité des étudiants des
Alliances françaises en évaluant l’image qu’ils se font du pays dont ils étudient la langue et
la culture afin de mieux comprendre le rôle de cette institution dans la représentation de la
France.
42
2. La France vue par les étudiants des Alliances françaises au Mexique
Afin d’analyser les représentations mentales des étudiants des Alliances françaises,
une enquête à caractère sociologique a été réalisée auprès d’un échantillon de Mexicains
inscrits dans les cinq centres que nous venons de détailler dans la partie précédente.
2.1 Présentation du questionnaire
Le questionnaire reste très utilisé dans le domaine des sciences humaines et sociales
pour observer et comprendre des phénomènes de la société. Cet outil de recherche a été
choisi car il permet de recueillir des informations auprès d’un large public - par rapport
notamment aux entretiens individuels - tout en maintenant l’anonymat des enquêtés,
favorisant ainsi la sincérité dans les réponses et la véracité des témoignages. De plus, les
questionnaires sont faciles à utiliser, à la fois pour les personnes qui y répondent mais aussi
lors du traitement des données. Il est possible de réaliser des croisements avec les résultats,
d’effectuer des statistiques, de chiffrer les réponses tout en les comparant. En outre, les
questionnaires proposés demandent peu de temps aux étudiants (une quinzaine de minutes
environ), tout ceci afin de ne pas perturber le travail dans les salles de classe, la
programmation des cours ni même les professeurs ou les apprenants.
Nous avons donc réalisé ce travail de terrain dans les cinq Alliances françaises
présentées plus haut, à savoir : Polanco, Puebla, Toluca, Querétaro, et San Cristóbal de las
Casas (cf. carte Annexe 2). Les villes choisies pour la réalisation de l’enquête offrent des
perspectives différentes concernant la problématique de ce travail car tous les facteurs
exposés dans la partie précédente (localisation dans le pays, relations avec la France,
caractéristiques de la ville) peuvent influencer et faire varier les représentations. Ainsi,
l’étude que nous proposons prend en compte cette diversité pour rendre des résultats plus
proches du réel.
Le questionnaire a été proposé lors des cours d’été des Alliances françaises, en
juillet et en août 2011. Certaines Alliances ont souhaité notre intervention dans les salles de
cours afin de présenter le travail (comme Polanco et Querétaro) et d’autres ont préféré
laisser le soin aux professeurs de distribuer les questionnaires aux étudiants à partir de nos
informations en vue d’expliquer le but de l’enquête et de donner les consignes exactes afin
43
d’éviter les malentendus (Toluca et Puebla). L’équipe pédagogique de San Cristóbal de las
Casas a choisi de diffuser l’enquête à ses étudiants en septembre car seulement six
personnes étaient inscrites lors des cours d’été.
Le questionnaire a ainsi été proposé à 207 personnes, provenant de milieux
socioprofessionnels très variés : la grande majorité est en cours - voire en fin - de formation
scolaire ou universitaire et d’autres sont déjà dans le monde du travail dans des domaines
variés tels que la médecine, le droit, l’administration, l’informatique, le commerce
international ou encore le journalisme pour ne donner que quelques exemples. Parmi tous
les questionnaires, quinze ont été retirés pour l’analyse car ils ne renseignaient pas toutes
les réponses correctement ou l’écriture était illisible et deux enquêtés n’étaient pas
mexicains. En somme, nous travaillons à partir d’un échantillon de 192 personnes, âgées de
14 à 64 ans avec une moyenne d’âge de 24 ans. Notre échantillon est composé de 113
femmes (représentant 58,9% de la population interrogée) et de 79 hommes (41,1%). Les
étudiants de français ont des profils bien différents, de par leur âge, leur situation
professionnelle mais aussi leur niveau en français. En effet, nous nous sommes appuyés sur
des groupes de français du niveau A1 au niveau B2 du Cadre Européen Commun de
Référence pour les Langues (C.E.C.R.L.) de 2001. Certains ont voyagé en France (c’est le
cas de 31,2% des enquêtés) mais la majorité ne s’est jamais rendue sur place et ne connaît
donc la France que grâce à des médiateurs tels que les professeurs, internet, les manuels de
français, les informations transmises par des amis ou membres de la famille, etc...
Les questionnaires ont été rédigés dans la langue maternelle du public interrogé,
c'est-à-dire en espagnol, afin de s’assurer d’une totale compréhension des questions et de
favoriser au maximum les réponses. Certaines questions on été traitées par la suite avec le
logiciel Excel pour proposer des croisements dans les réponses et des présentations sous
forme graphique.
L’enquête (présentée en Annexe 9 dans sa version française) a été élaborée à partir
d'observations diverses d'éléments culturels et de représentations de la France présents dans
les manuels utilisés par les Alliances françaises. Des ouvrages qui traitent des stéréotypes
de la France ont aussi servi à sa conception, notamment le rapport de l’étude demandée par
le Bureau du Conseil économique, social et environnemental et présenté par Monsieur
44
Bernard Plasait en 2010, sous l’appellation de « Améliorer l’image de la France50
». Les
manuels sont essentiellement des méthodes de français pour adultes provenant de diverses
Editions: Echo A1/A2 (CLE International), Latitudes 1 et 2 (Didier), Nouveau Rond-Point 1
(Maison des langues/difusión), Version originale 1 et 2 (Maison des langues/difusión).
Ainsi, les questions s’appuient déjà sur des représentations de la France, largement
partagées par tous. C’est ce que précise François de Singly : « le questionnaire sélectionne
donc dans le réel des éléments pertinents des conduites étudiées et des facteurs sociaux.51
»
La première partie du questionnaire porte sur des éléments qui permettent de mieux
connaître le public testé tels que l’âge, le sexe, la profession, le niveau de français, les
manuels utilisés et un éventuel voyage en France, afin de proposer, comme nous l’avons
fait, une présentation générale de l’échantillon.
La deuxième partie comporte les douze questions de l’enquête que nous présentons
maintenant. Les trois premières traitent des représentations des Mexicains concernant les
villes, les prénoms, le cinéma, la musique et la littérature. Chacun est donc libre d’associer
un ou plusieurs éléments52
aux différents thèmes culturels en relation avec le pays. La
quatrième question prend en considération les moyens par lesquels les apprenants ont connu
la culture française, l’objectif étant d’analyser les vecteurs de la culture mais aussi de voir le
rôle que joue l’Alliance française dans sa diffusion, à partir de ce que pensent les étudiants
eux-mêmes. Les questions 5, 6, 7 et 9 demandent aux informateurs d’indiquer les jours
festifs, l’alimentation, les monuments (ou lieux) et enfin les personnalités qu’ils associent à
la France. Chaque question offre une douzaine de choix possibles et mentionne également
une case « Autre » pour ne pas limiter les réponses à celles proposées. La question 8
demande aux étudiants de donner un fait historique qui incarne le mieux la France. Le
dixième point permet de renseigner sur la place de la France au Mexique, afin de voir si ce
pays est - selon les enquêtés - trop présent ou bien si cela est plus nuancé. La question 11
traite de l’actualité de la France au Mexique et permettra de connaître les thèmes les plus
présents de nos jours dans ce pays. L’ultime question est un résumé de toute la
problématique de cette étude et demande quelles sont les images les plus notables que les
étudiants ont de la France. Tous ces points permettent de mettre en lumière les
50
Bernard Plasait, « Améliorer l'image de la France » avril 2010, [En ligne, consulté le 09 octobre 2011],
disponible sur : http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/104000198/0000.pdf 51
François de Singly, L'enquête et ses méthodes. Le questionnaire, Paris, Armand Colin, 2008, p.24. 52
Il est précisé pour chaque question le nombre d’éléments à fournir (question 1 : au maximum quatre,
question 2 : deux éléments, question 3 : un élément pour chaque thème).
45
représentations les plus significatives de la France pour des étudiants mexicains d’Alliances
françaises.
Les spécialistes des enquêtes sociologiques précisent qu’il existe plusieurs types de
questions : fermées si l’on ne peut répondre que par « oui » ou par « non », ouvertes quand
les informateurs sont libres de répondre et les questions semi-fermées, lorsqu’il faut choisir
parmi des réponses déjà formulées. Louis-Jean Calvet et Pierre Dumont indiquent que ces
questions « prennent alors la forme de questions à choix multiple où un ensemble de
réponses préétablies est suggéré au sujet qui choisit parmi les réponses alternatives celle qui
lui paraît la plus conforme à son point de vue.53
» Nous avons ainsi choisi de proposer ces
trois types de questions dans toute l’enquête, comme le préconise François de Singly.54
L’avantage des questions fermées ou semi-fermées est que le traitement est plus
simple et rapide mais elles imposent au sujet de décider parmi des réponses déjà proposées
alors que son choix est peut-être différent. Les questions ouvertes sont quant à elles, plus
difficiles à traiter et à exploiter mais les réponses sont moins influencées. Quand un choix
parmi les réponses était proposé, il y avait toujours une case « autre » car « il est préférable
de proposer aussi une réponse autre (à spécifier) pour donner encore plus de latitude au
sujet55
». Ainsi, le questionnaire réalisé peut prendre en considération d’autres aspects lors
des questions semi-fermées.
2.2 Objectifs du questionnaire et définitions
Le questionnaire vise à mettre en évidence les représentations des étudiants
mexicains concernant la France, l’image qu’ils se font de ce pays, de faire ressortir les
stéréotypes les plus saillants dans le but de les analyser par la suite et de comprendre le rôle
des Alliances françaises dans la diffusion et l’enseignement de la culture. Il semble
nécessaire d’expliquer ce que nous entendons par « représentation », « stéréotype »
« image » et « culture » afin de délimiter et de préciser les enjeux de notre étude et
d’appuyer la recherche sur des définitions précises.
53
Louis-Jean Calvet, Pierre Dumont, L'enquête sociolinguistique, Paris, L'Harmattan, 1999, p.17. 54
François de Singly, op. cit., p.68/69 : « Lors de la rédaction d’un questionnaire, le mieux est d’adopter un
compromis entre questions ouvertes et questions fermées. » 55
Louis-Jean Calvet, Pierre Dumont, op. cit., p.17.
46
Le concept de « représentation » se trouve à l’interface entre la psychologie et la
sociologie, entre l’individuel et le social, et beaucoup de chercheurs se sont intéressés à
cette notion. Le sociologue Emile Durkheim montre que les représentations sont ancrées
dans un groupe social et utilise l’expression de « représentations collectives » (Durkheim,
1898). Quelques années plus tard, Serge Moscovici - considéré comme le fondateur de la
psychologie sociale en France - parle de « représentations sociales » (Moscovici, 1961).
Jean-Claude Abric résume ainsi la théorie sur les représentations sociales :
Il n’existe pas a priori de réalité objective, mais que toute réalité est
représentée, c’est-à-dire appropriée par l’individu ou le groupe,
reconstruite dans son système cognitif, intégrée dans son système de
valeurs dépendant de son histoire et du contexte social et idéologique qui
l’environne. Et c’est cette réalité appropriée et restructurée qui constitue
pour l’individu ou le groupe la réalité même.56
À partir de cette affirmation, la réalité est donc construite - et même reconstruite - et
interprétée socialement et individuellement. Il s’agit d’une perception commune à un
groupe social qui n’a par conséquent aucun fondement scientifique mais qui constitue
pourtant la réalité : c’est aussi ce qu’affirme Jean-Claude Abric : « une représentation
sociale est un ensemble organisé d’informations, d’opinions, d’attitudes et de croyances à
propos d’un objet donné.57
» C’est donc une forme de connaissance partagée par un groupe,
qui s’appuie sur des éléments considérés comme réels mais qui ne sont pas vérifiables.
Selon Moscovici, deux processus sont liés quant à la formation et au fonctionnement
des représentations sociales : l’ « objectivation » qui caractérise le passage de l’information
abstraite à une image plus signifiante, plus concrète et l’ « ancrage » qui enracine la
représentation dans l’espace social pour en faire un usage quotidien. Comme on le voit, les
représentations constituent une véritable structure indéniable au fonctionnement humain et
il est important de connaître ce système mental, notamment dans le cadre de l’enseignement
d’une langue étrangère et de sa culture.
Jean-Claude Abric souligne cette organisation et développe la théorie du noyau
central, en affirmant qu’une représentation sociale est :
…un système socio-cognitif présentant une organisation spécifique : elle
est organisée autour et par un noyau central - constitué d’un nombre très
56
Jean-Claude Abric, Pratiques sociales et représentations, Paris, PUF, 2003, p.12/13. 57
Jean-Claude Abric, Méthodes d'étude des représentations sociales, Ramonville-Saint-Agne, Érès, 2003,
p.59.
47
limité d’éléments - qui lui donne sa signification (fonction génératrice) et
détermine les relations entre ses éléments constitutifs (fonction
organisatrice).58
Ces éléments prennent un sens ou une valeur par la fonction génératrice et la fonction
organisatrice est l’élément unificateur et stabilisateur de la représentation. Cette théorie
montre que les éléments du noyau sont les plus stables, ils ne se modifient pas et résistent le
plus aux changements. Même si une représentation peut évoluer, le noyau central, lui, ne
change pas et constitue l’élément fondamental de ce système.
Les représentations sont bien présentes dans la vie quotidienne et elles déterminent
les rapports sociaux. Elles ont quatre fonctions59
: elles permettent de comprendre et
d’expliquer la réalité (fonction sociale), de définir l’identité sociale de chaque individu et de
préserver la spécificité des groupes sociaux (fonction identitaire), de guider les
comportements et les pratiques (fonction d’orientation) et de justifier certains choix
(fonction justificatrice).
Elles jouent un rôle essentiel dans la vie mentale des individus, dans leur pensée
mais aussi dans la cohésion et l’unité des groupes sociaux. Elles sont inévitables dans le
fonctionnement humain et un travail sur ce thème prend donc tout son sens notamment dans
le cadre de l’enseignement/apprentissage d’une langue étrangère où les apprenants sont
confrontés à une culture nouvelle. Les étudiants de français langue étrangère en général - et
dans les cinq Alliances françaises de l’enquête - ont toujours des représentations associées à
la France dans leur esprit, et ce bien avant de commencer leur apprentissage de la langue et
la culture françaises.
Les représentations sont souvent liées aux stéréotypes. Walter Lippmann est le
premier à introduire la notion de « stéréotype » au début du XXème
siècle. Il le compare à
« une image dans notre tête […] un prêt-à-porter de l’esprit60
». Le stéréotype est donc une
image préfabriquée, une idée ou une opinion toute faite, acceptée sans être remise en cause
et qui entraîne un effet réducteur et simplificateur de la réalité, car il empêche toute forme
de pensée en freinant la réflexion et le questionnement. D’ailleurs, il est intéressant de
constater que ces constructions cognitives, créées par les hommes, disposent d’un fond de
vérité qui est souvent difficile à retrouver. De fait, les stéréotypes peuvent être soit actifs,
58
Ibid., p.59/60. 59
Selon Jean-Claude Abric, Pratiques sociales et représentations, Paris, PUF, 2003, p. 15-18. 60
Walter Lippmann in Ruth Amossy, Les idées reçues. Sémiologie du stéréotype, Paris, Nathan, 1991, p.9.
48
soit passifs, et dans ce dernier cas, nous les réactivons quand nous en avons besoin, en cas
de conflit par exemple, afin de renforcer notre unité. Les stéréotypes s’installent de façon
figée dans les habitudes culturelles humaines, et ils paraissent difficiles à éliminer, car ils
sont une partie intégrante de la vie. Selon Lippmann : « ces images sont indispensables à la
vie en société. Sans elles, l’individu resterait plongé dans le flux et le reflux de la sensation
pure ; il lui serait impossible de comprendre le réel, de le catégoriser ou d’agir sur lui.61
»
Il est vrai qu’en général, les stéréotypes que l’on a de soi-même (les autostéréotypes)
sont souvent plutôt positifs, puisque nous avons tendance à disposer d’une bonne image de
notre propre culture. Ce sont ces autostéréotypes qui permettent aux nations de créer une
unité au sein du pays. C’est pourquoi ils rassemblent et renforcent les individus d’un même
groupe, puisque ceux-ci se retrouvent dans les descriptions qu’ils font d’eux-mêmes. Au
contraire, l’hétérostéréotype62
se définit comme un stéréotype que les individus appliquent à
une culture différente de la leur. Il s’agit de la représentation figée et inamovible que nous
nous faisons d’une certaine catégorie, différente de la nôtre. Les hétérostéréotypes se
révèlent plutôt négatifs, parce qu’ils agissent comme une sorte de miroir réfléchissant le
contraire de ce que nous sommes. Ainsi, en décrivant négativement un groupe auquel nous
n’appartenons pas, nous nous décrivons nous-mêmes positivement. Il est donc nécessaire de
connaître les stéréotypes, ou plus précisément les hétérostéréotypes des étudiants de
français pour pouvoir travailler à partir de cela lors de l’enseignement du français langue
étrangère.
En somme, le concept de stéréotype, fondamental lui aussi dans le processus
d’apprentissage et enseignement, se rapproche grandement de celui de représentation
puisqu’il délivre une image – vraie ou fausse – de la réalité qui est partagée par plusieurs
personnes. Toutefois, alors que le stéréotype est immuable et ne se modifie pas, la
représentation, quant à elle, peut évoluer. En effet, les représentations s’apparentent à des
constructions évolutives qui apportent un regard nouveau et différent sur le monde, tandis
que les stéréotypes renvoient à une figure figée qui ne se transforme pas. Ces derniers
permettent de faire l’économie d’un discours argumenté et demandent peu d’efforts face à
la complexité de certaines situations. Le stéréotype peut être considéré comme une sorte de
sous partie de la représentation.
61
Walter Lippmann in Ruth Amossy, Anne Herschberg-Pierrot, Stéréotypes et clichés : langue, discours,
société, Paris, Armand Colin, 2007, p.26. 62
D’après la définition de Pascal Moliner dans Images et représentations sociales. De la théorie des
représentations à l'étude des images sociales, Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble, 1996, p.55 :
« l’ensemble des caractéristiques que les membres d’un groupe social s’attribuent systématiquement à eux-
mêmes (autostéréotypes) ou attribuent aux membres d’un autre groupe (hétérostéréotypes). »
49
Selon Denise Jodelet63
, le stéréotype est transmis par le milieu social, par la
communication, la tradition et l’éducation. Il devient intéressant de se demander quel rôle
joue l’Alliance française face aux représentations et aux stéréotypes de la France, étant
donné qu’elle est un lieu d’enseignement, de rencontres sociales où les gens communiquent.
Tout comme le stéréotype et la représentation, l’ « image » nous rend présent le
monde qui nous entoure et évoque de la sorte une réalité, qui peut être erronée et simplifiée.
Pierre Verluise précise que : « Les images ne sont que des images, c’est à dire des
représentations construites de la réalité. Qu’elles soient subjectivement vraies, partiellement
exactes ou fausses importe peu. Elles sont une partie de la réalité telle qu’elle est perçue.64
»
Là encore, les images sont intégrées à la vie quotidienne, et constituent une perception du
monde et renvoient à la réalité.
Une fois tous ces concepts précisés, nous remarquons que ces trois notions sont
relativement proches. Nous choisissons surtout de travailler sur les représentations de la
France dans les Alliances françaises au Mexique mais nous nous appuierons sur les
concepts de « stéréotype » et d’ « image » également, tout en privilégiant le terme
« représentation » qui semble plus précis dans la recherche qui nous intéresse.
Il n’est pas simple de caractériser la notion « culture » qui nous occupe aussi dans
cette étude. Nous pouvons retenir la définition suivante, donnée par l’UNESCO :
La culture, dans son sens le plus large, est considérée comme l'ensemble
des traits distinctifs, spirituels et matériels, intellectuels et affectifs, qui
caractérisent une société ou un groupe social. Elle englobe, outre les arts et
les lettres, les modes de vie, les droits fondamentaux de l'être humain, les
systèmes de valeurs, les traditions et les croyances.65
La culture est ainsi vue comme l’ensemble des éléments communs à un groupe d’individus,
ses particularités qui permettent notamment de le distinguer comme un groupe social. Ce
terme englobe ainsi les principes idéologiques comme les croyances ou les valeurs
63
Denise Jodelet, Les représentations sociales, Paris, Presses universitaires de France, 2009. 64
Pierre Verluise, « Quelle France dans le monde du XXIème siècle ? », Diploweb, 2001, [En ligne, consulté
le 12 décembre 2011], disponible sur : http://www.diploweb.com/france/introgene.htm 65
Déclaration de Mexico sur les politiques culturelles. Conférence mondiale sur les politiques culturelles,
Mexico, 26 juillet - 6 août 1982. [En ligne, consulté le 19 mars 2010], disponible sur :
http://portal.unesco.org/culture/fr/ev.phpURL_ID=12762&URL_DO=DO_TOPIC&URL_SECTION=201.ht
ml
50
partagées dans un groupe, les productions intellectuelles ou artistiques qui lui sont propres,
et tout le domaine social comme les modes de vie, les pratiques quotidiennes, des codes
sociaux, les lois, les habitudes, les traditions, le passé et l’histoire de ce groupe, tout comme
son identité. Les questions de l’enquête reprennent bien des éléments de la culture de la
France.
2.3 Hypothèses
De nombreux travaux portent sur la question des représentations de la France à
l’étranger au travers de la littérature, des articles de presse ou encore des études réalisées
notamment par des sociologues ou des observateurs mandatés par l’État. Nous partirons
donc de ces différents travaux66
et de la connaissance du contexte mexicain pour émettre
des hypothèses concernant les thèmes culturels proposés dans le questionnaire, à savoir : les
villes, les prénoms, le cinéma, la musique, la littérature, les jours de fête, la gastronomie, les
lieux ou monuments, les épisodes historiques, les personnalités, les thèmes d’actualité qui
incarnent la France selon les Mexicains interrogés.
Concernant la représentation que les étudiants des Alliances françaises ont à propos
des villes, nous pouvons anticiper une forte présence de la capitale, Paris. Annick
Lempérière écrit à ce sujet : « ‘‘Plaque tournante’’ des voyages européens, ‘‘centre de
civilisation et du progrès’’ pour les Latino-Américains, Paris a joué le rôle de centre de
rayonnement majeur, concentrant sur elle l’image de la France, mais aussi résumant à elle
seule toute la civilisation européenne.67
» En reprenant le classement réalisé par L’INSEE
en 200868
des plus grandes villes de France, Paris, Marseille, Lyon et Toulouse sont les plus
importantes, de par leur population. Le poids démographique ou le rôle international de la
ville semblent être décisifs quant à son choix et nous verrons si les étudiants mexicains
suivent notre hypothèse ou s’ils choisissent d’autres villes.
66
Comme par exemple ceux réalisés par Annick Lempérière (1998), Denis Rolland (1998 ; 2000), Yves Robin
(2011) ou Bernard Plasait et son étude sur l’image de la France à l’étranger (2011). 67
Annick Lempérière, « Mexico ‘‘Fin de siècle’’ et le modèle français » in Annick Lempérière, Georges
Lomné, Frédéric Martinez et Denis Rolland (coord.), L’Amérique latine et les modèles européens, Paris,
L’Harmattan, 1998, p.372/373. 68
« Les communes de France les plus peuplées », INSEE, 2008, [En ligne, consulté le 07 mars 2012],
disponible sur: http://www.insee.fr/fr/themes/tableau.asp?reg_id=0&ref_id=NATTEF01214
51
Nous postulons également que les prénoms français les plus représentatifs au
Mexique sont des prénoms de personnalités tels que celui du Président de la République ou
de son entourage, des chanteurs ou écrivains connus ou encore des héros de films.
Pour le cinéma, le domaine musical ou littéraire qui caractérise le plus la France,
nous pouvons mettre en relation les résultats avec les éléments les plus diffusés à l’étranger.
Le journal économique la Tribune a effectué un classement des dix œuvres
cinématographiques qui ont eu le plus de succès à l’étranger et le publie en janvier 201069
.
Les films cités dans ce classement sont, dans l’ordre : Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain
(2001), La Marche de l’empereur (2005), Astérix et Obélix mission Cléopâtre (2002),
Astérix aux Jeux Olympiques (2008), Le Pacte des loups (2001), Bienvenue chez les Ch’tis
(2008), La Môme (2007), Les Rivières Pourpres (2000), Coco avant Chanel (2009), et Les
Choristes (2004). Les étudiants pourraient suivre ces tendances et citer des films de cette
liste.
Il est assez fréquent d'entendre les Mexicains évoquer le nom de la chanteuse Alizée et il est
vrai que cette chanteuse « cartonne » au Mexique, pour reprendre une expression du
quotidien francophone du Mexique, le Grand Journal, daté du 14 octobre 201170
. On peut
aussi émettre l’hypothèse que des chanteurs comme Edith Piaf, Charles Aznavour, Georges
Brassens, Francis Cabrel, Serge Gainsbourg, ou encore Claude François soient très cités. Ce
sont de grands chanteurs connus en France et à l’étranger aussi et très étudiés dans les cours
de français langue étrangère, si l’on en croit les nombreux blogs sur la chanson en cours de
FLE présents sur la toile. Pour la littérature, Bernard Plasait indique que :
…d’autres pays s’intéressent aussi à nos parutions en Asie comme en
Amérique du Sud […] Christian Jacq, Frédéric Beigbeder, Anna Gavalda,
Muriel Barbery, Fred Vargas, Éric-Emmanuel Schmitt, Michel Houelbecq,
Marc Levy […] Des auteurs anciens pourraient il est vrai, revendiquer une
plus grande notoriété. Ainsi, selon l’Index Translationum géré par
l’UNESCO, Jules Verne se place au deuxième rang des écrivains les plus
traduits au monde.71
Cela montre l’importance d’un certain nombre d’auteurs qui plaisent à l’étranger. Un article
de l’ambassade de France à Moscou intitulé « Les écrivains français séduisent les lecteurs
69
« Les dix films français qui ont plu à l'étranger », in La Tribune, 18 janvier 2010, [En ligne, consulté le 12
mars 2012], disponible sur : http://www.latribune.fr/diaporamas/culture/cinema/les-dix-films-francais-qui-ont-
plu-a-l-etranger.html 70
« Alizée, vedette de la Star Academy au Mexique » in Le grand journal, 14 octobre 2011, [En ligne,
consulté le 5 janvier 2012], disponible sur: http://www.legrandjournal.com.mx/culture-people/alizee-vedette-
de-la-star-academy-au-mexique-video 71
Bernard Plasait, op. cit., p.114.
52
étrangers » affirme que : « L’Etranger d’Albert Camus [1942] et Le Petit Prince d’Antoine
de Saint-Exupéry [1943] restent les plus grands best-sellers français internationaux.72
» On
s’attend donc à ce que les étudiants mexicains choisissent certains de ces auteurs qui sont
présents dans le monde entier.
Parmi les jours de fête en France proposés dans le questionnaire et dont les étudiants
ont déjà entendu parler, Noël et Pâques pourraient avoir un certain écho au Mexique car ce
sont des fêtes qui sont très populaires dans ce pays de tradition catholique et que nous
partageons aussi.
La gastronomie française est souvent associée à l’étranger au fromage, au pain (ou
baguette) et au vin. C’est ce que précise Bernard Plasait : « Parmi les produits français, ceux
qui bénéficient de la plus grande notoriété sont le vin, le pain et le fromage.73
» Nous
mettons ainsi en évidence ces trois aliments de la liste proposée, à partir d’observations
faites dans d’autres pays.
Il semble évident que les monuments les plus représentatifs de la France se trouvent
tous à Paris, écartant ainsi le Mont Saint-Michel, le Piton de la Fournaise, les Châteaux de
la Loire, Carcassonne, Lourdes et le Mont-Blanc proposés dans le questionnaire. La tour
Eiffel est bien souvent un des emblèmes de la France et les Champs-Elysées, la « plus belle
avenue du monde » est aussi un des hauts lieux du pays. La cathédrale Notre-Dame de Paris
pourrait avoir une importance dans un pays où la religion catholique reste très présente dans
la vie quotidienne.
L’histoire de France a été marquée par le Siècle des Lumières, avec les réflexions
des philosophes et la Révolution française de 1789. C’est d’ailleurs ce que précise Denis
Rolland, spécialiste des relations entre la France et l’Amérique latine : « L’image
dominante de la France procède de la diffusion des idées Lumières et des principes mis en
place par la Révolution française.74
» Cette période de l’histoire de France devrait marquer
aussi les esprits des étudiants mexicains.
Parmi les personnalités proposées dans le questionnaire, celles qui peuvent se
démarquer pourraient être Victor Hugo, Charles de Gaulle et Napoléon 1er
. En effet, ils ont
eu des relations avec le Mexique : comme nous l’avons dit plus haut, Victor Hugo écrit une
première lettre de soutien aux habitants de la ville mexicaine de Puebla en 1863 (cf.
72
Sylvie Thomas, « Les écrivains français séduisent les lecteurs étrangers » [En ligne, consulté le 05 avril
2012], disponible sur : http://www.ambafrance-ru.org/Les-ecrivains-francais-seduisent 73
Bernard Plasait, op. cit., p.134. 74
Denis Rolland, La crise du modèle français : Marianne et l’Amérique latine. Culture, politique et identité,
Presses Universitaires de Rennes, 2000, p.30.
53
Annexe 1), lors de l’affrontement armé entre les soldats français et mexicains dans cette
même ville. Il envoie ensuite une seconde lettre qu’il adresse au Président du Mexique,
Juárez, en 1867 pour demander la grâce de Maximilien, exécuté à Querétaro cette même
année. Yves Robin (2011) a montré dans son livre L’image de la France au Mexique que
« Cet épisode des relations franco-mexicaines [l’Intervention française] est le plus
représenté dans les livres de textes gratuits toutes générations confondues.75
» Ce même
chercheur réalise un questionnaire auprès d’élèves mexicains afin de connaître le
personnage symbolisant la France et les résultats donnent Napoléon Ier
largement devant76
.
Enfin, Charles de Gaulle réalise un voyage diplomatique au Mexique en mars 1964 pendant
lequel il s’exprimera au balcon du Palais National - symbole du pouvoir mexicain - en
prononçant son fameux discours de « la mano en la mano » qui restera un événement
important des relations entre nos deux pays. Nous pouvons émettre l’hypothèse que ces
trois personnalités, ayant des relations étroites avec le Mexique, vont se démarquer du
questionnaire. Cela permettrait de montrer le rôle de l’Histoire et des relations entre les
pays dans la représentation d’une nation à l’étranger.
Concernant les thèmes d’actualité de la France représentés au Mexique, la politique
et la diplomatie pourraient se dégager des réponses. Comme nous l’avons souligné dans la
partie précédente, les deux pays ont eu des relations diplomatiques importantes lors de ces
dernières années notamment au moment des déplacements des deux Présidents (Felipe
Calderón en France en 2007 et Nicolas Sarkozy au Mexique en 2009). L’affaire « Florence
Cassez » et l’annulation de l’année du Mexique en France (en 2011) a détérioré les relations
politiques et diplomatique entre les deux pays. La politique et la diplomatie sont donc deux
thèmes qui pourraient ressortir du questionnaire.
Nous pouvons anticiper la dernière question, qui résume toute la problématique de la
représentation de la France au Mexique. En suivant les éléments précédents - notamment
ceux concernant les faits les plus représentatifs de l’histoire de France -, il est possible de
poursuivre cette logique et de dire que l’image qui se distingue auprès des étudiants
mexicains est la France comme pays de liberté et des Droits de l’Homme.
Ainsi, cette recherche permettra de noter si les étudiants mexicains suivent ces
généralités -valables dans beaucoup de pays- ou s’il existe des spécificités ou des nuances
concernant le Mexique qui montreraient ainsi une influence propre liée notamment aux
75
Yves Robin, op. cit., p.234. 76
Ibid., p.240.
54
relations qu’entretiennent les deux pays ou au rôle spécifique joué par les Alliances
françaises, grâce à leur programme culturel par exemple.
Cette étude souhaite mettre en avant les influences des Alliances et des voyages
réalisés en France sur les représentations observées dans nos questionnaires. Lors d’un
déplacement dans le pays et de la rencontre avec ses habitants, l’apprenant peut remettre en
cause certains stéréotypes et sa vision concernant le pays se modifie et devient parfois
moins simplificatrice ou générale et plus nuancée. Nous analyserons donc spécifiquement le
rôle des Alliances et des voyages dans la troisième partie de ce mémoire.
2.4 Résultats de l'enquête
À la première question qui demandait aux étudiants de citer quatre villes françaises
au maximum, 56 villes différentes - parfois des régions ou des lieux précis - ont été
conservées pour l’analyse. Certaines ont été citées par plusieurs enquêtés donnant ainsi un
total de 520 mentions. D’autres informations données par les étudiants mexicains
correspondent à des villes non françaises ou ne sont pas assez précises et ne renseignent pas
la question convenablement. C’est le cas de 36 réponses qui ne sont donc pas prises en
compte dans l’analyse. Les villes mentionnées moins de dix fois sont réunies dans le groupe
« Autres villes ». (Pour tous les détails, cf. Annexe 10).
Les villes françaises les plus représentatives
Marseille 9%Lyon 19%
Paris 33%
Toulouse 8%
Autres villes 17%
Montpellier 2%
Nantes 2%
Bordeaux 6%
Nice 4%
55
Incontestablement, Paris - citée par plus d’un quart de notre échantillon - est la ville qui
représente le mieux la France auprès des étudiants mexicains des Alliances françaises. La
capitale est bien le poumon économique, politique et culturel du pays et les enquêtés
associent clairement Paris à la France. Lyon, troisième ville française selon le classement
présenté précédemment, se démarque également, suivie de Marseille et Toulouse. Ce
constat montre bien que les villes les plus représentatives de France sont les plus peuplées
et les plus grandes du pays. En outre, la Fédération des Alliances françaises au Mexique fait
la promotion de séjours linguistiques sur son site internet et sélectionne quatre Alliances
françaises en France : à Paris, Nice, Montpellier et Lyon77
. Nous retrouvons ces quatre
villes dans le classement. Concernant la réponse « Nantes », nous avons pu influencer ce
choix lors de notre présentation avant la distribution des questionnaires. Les villes
mentionnées sont très majoritairement situées dans le sud de la France, où le soleil est
généralement plus présent, et le critère d’ensoleillement pourrait ainsi motiver le choix des
villes.
Cette étude montre qu’il est difficile d’établir un prénom français représentatif. En
effet, les enquêtés mexicains ont indiqué 141 prénoms différents, sachant que chaque élève
pouvait en noter deux au maximum. Ces résultats sont très importants et beaucoup de
prénoms n’ont été proposés que par une seule personne et d’autres sont indiqués dans la
version masculine, féminine et avec les noms composés, comme par exemple « François »,
« Françoise » et « François-Xavier ». Il semble difficile de tirer des conclusions générales
pour cette question mais trois prénoms peuvent cependant se démarquer : François (cité 30
fois), Pierre (25 fois) et Jean (14). Ce sont trois prénoms masculins qui sont assez communs
en France. D’ailleurs, le journal Le Figaro a publié en 2007 un guide intitulé « Le Carnet
des Prénoms, tome 778
» qui établit les soixante prénoms masculins les plus portés, classant
respectivement en deuxième et troisième position « Pierre » et « Jean ». « François » se
trouve quant à lui à la 26ème
position de ce palmarès. Concernant notre échantillon, ces trois
prénoms sont les plus représentatifs de la France et correspondent bien aux réalités du pays.
Le prénom du Président de la République au moment de la distribution des questionnaires,
« Nicolas » n’a été inscrit que trois fois et un étudiant a précisé « Sarkozy ». Très peu ont
noté des personnalités connues directement. On ne peut donc pas confirmer notre hypothèse
77
Comme l’indique le site internet de la Fédération des Alliances françaises au Mexique, [En ligne, consulté
le 22 mai 2012], disponible sur : http://www.alianzafrancesa.org.mx/Cursos-de-Frances-durante-todo-el-ano 78
« Le Carnet des Prénoms, tome 7 » du Carnet du Jour le Figaro, [En ligne, consulté le 07 avril 2012],
disponible sur : http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/carnetprenoms2007.pdf
56
de départ sur un choix des prénoms en fonction d’une personnalité mais plutôt par rapport à
une utilisation récurrente du prénom en France. Nous précisons que ce questionnaire a été
effectué bien avant le début de la campagne présidentielle de 2012 et de l’élection du
nouveau Président François Hollande, et la fréquence du prénom « François » ne peut donc
pas être expliquée par ce fait politique. (Pour la liste complète, se référer à l’Annexe 11)
Pour la question sur le cinéma, 47 films français - ou en coproduction avec la France
- ont été inscrits. Certains résultats se dégagent de cette enquête (toutes les informations
complémentaires sont en Annexe 12) :
Films français les plus représentatifs
Autres films
32%
Hors de prix 4%
Les Choristes
3%
Paris, je t'aime
5%
La Môme
10%
Le Fabuleux Destin
d'Amélie Poulain
25%
Films non
mentionnés
21%
« Autres films » : cette catégorie concerne les films mentionnés moins de six fois et considérés comme moins significatifs, soit 42 films différents représentés dans cette catégorie.
On remarque que beaucoup d’étudiants n’ont pas répondu à cette question, preuve que le
cinéma français n’est pas toujours bien connu à l’étranger et/ou qu’il n’entre pas assez dans
le processus d’apprentissage de la langue. Cela peut aussi révéler une faiblesse du
traitement du cinéma dans les Alliances. Cinq films ont été cités six fois ou plus. Trois
d’entre eux sont dans la liste de ceux qui ont plu à l’étranger : Le Fabuleux Destin d’Amélie
Poulain, La Môme et Les Choristes.
Un quart des informateurs a indiqué que Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain était
le film français qu'ils connaissaient, ce qui correspond à une forte majorité. Ce film de Jean-
57
Pierre Jeunet (sorti en France en 2001), plus connu au Mexique sous le nom d’ « Amélie » a
réalisé 254 000 entrées dans ce pays.79
Il reste le film que les Mexicains de notre enquête
associent le plus à la France. La Môme, film d'Olivier Dahan sorti en 2007 en France et qui
arrive au Mexique sous le nom de La vida en rosa un an après est le second film qui ressort
du questionnaire. Il n'est pas anodin que ces deux projections soient citées dans cette
enquête car comme nous l'avons dit, ce sont deux films commerciaux et très diffusés au
Mexique. Ils sont souvent disponibles dans différents points de vente du pays. Paris, je
t’aime et Hors de prix ont également eu un écho non négligeable dans la sensibilité
mexicaine.
Les deux chanteuses les plus citées sont Edith Piaf (42 fois mentionnée) et Alizée
(40 citations) et elles se dégagent ainsi de très loin des autres chanteurs. Carla Bruni est
inscrite cinq fois et tous les autres chanteurs ne sont proposés qu’à une, deux ou trois
reprises simplement. Là encore, Edith Piaf ressort du classement, sans doute lié au succès
du film La Môme - comme nous l'avons vu juste avant - avec la chanson La vie en rose
(citée à 11 reprises). Carla Bruni est une chanteuse assez étudiée par les professeurs de
F.L.E, notamment au niveau A1 (on peut le voir sur les nombreux blogs des professeurs de
niveau débutant) et on imagine que les Mexicains la connaissent étant donné qu'elle est la
« première Dame de France » (du moins, au moment de la diffusion du questionnaire). De
plus, elle a accompagné son mari, Nicolas Sarkozy lors d'un voyage officiel80
au Mexique
en mars 2009, et a fait beaucoup parler d'elle lors de ce déplacement notamment grâce aux
nombreux clichés des photographes et aussi aux articles de la presse mexicaine, souvent à la
Une des quotidiens, ce qui peut également expliquer cette réponse. Les médias jouent un
rôle important dans la diffusion de certaines représentations et choisissent des illustrations
souvent évocatrices afin d’attirer l’attention et de vendre un maximum. Yves Robin précise
d’ailleurs que « l’image est incontestablement le support culturel le plus attrayant, le plus
accessible et, au moins dans un premier temps, le plus facile à déchiffrer81
». (Voir le travail
en Annexe 13 pour la liste de toutes les chansons proposées.)
79
Source Unifrance, organisme chargé de la promotion du cinéma français dans le Monde. 80
« Nicolas Sarkozy y Carla Bruni, de turismo por méxico », le 10 mars 2009 [En ligne, consulté le 05 janvier
2012], disponible sur :
http://www.elpais.com/articulo/agenda/Nicolas/Sarkozy/Carla/Bruni/turismo/mexico/elpepigen/20090310elpe
piage_4/Tes 81
Yves Robin, op. cit., p.57.
58
Concernant la littérature française, certains auteurs se dégagent du questionnaire,
même si un fort pourcentage d’enquêtés n’a pas renseigné cette question soulignant ainsi
une certaine méconnaissance de la littérature française, encore davantage que le
cinéma. (voir la liste entière en Annexe 14)
Auteurs français représentatifs
Non mentionnés
35%
Victor Hugo
19%
Alexandre Dumas
6%
Jean-Paul Sartre
4%
Autres citations
17%
Jules Verne 8%
Molière 6%
Antoine de Saint
Exupéry 5%
« Autres citations » : Auteurs cités de 1 à 3 fois simplement.
Victor Hugo est l'auteur qui incarne le plus la littérature française au Mexique selon cette
enquête. Nous avons montré auparavant qu’il a eu une histoire en relation avec le Mexique
(les deux lettres qu’il rédige). Il reste aussi l'un des auteurs français les plus célèbres et un
des plus connus dans le monde avec Jules Verne. Six étudiants précisent même le titre d'une
de ses nombreuses œuvres : Les Misérables qui est publié en 1862. Nous retrouvons
également Antoine de Saint-Exupéry, Jules Verne, Albert Camus, Eric-Emmanuel Schmitt
et Muriel Barbery suggérés dans les hypothèses, et les autres auteurs mentionnés dans le
questionnaire restent des écrivains français reconnus pour leur littérature. Ce sont de grands
auteurs de la littérature du pays mais ils ne sont pas contemporains pour la plupart, ce qui
peut dénoter une représentation classique de la littérature française.
Parmi les dix fêtes populaires proposées dans le questionnaire, les étudiants
mexicains des Alliances françaises ont choisi très massivement la fête nationale, suivie par
Noël et la Saint-Valentin.
59
Fêtes françaises représentatives
Saint-Valentin
14%
Noël 14%
Fête Nationale
52%
Valeurs min.* 4%Fête du travail 2%
N.M.* 7%
Jour de l'an 4%
Autre* 3%
« Valeurs minimales* » (4%) = Valeurs mentionnées une ou deux fois simplement : Fête des Mères, Pâques, Saint-Sylvestre, l’Armistice ou encore la Chandeleur. « N.M.* » (7%) = Non mentionnés. « Autre » : réponses présentes dans la case « Autre » du questionnaire : Fête de la musique (5 fois) et Fêtes de Bayonne (1 fois).
La fête nationale reste de très loin la plus représentative de la France car un peu plus de la
moitié des enquêtés a proposé cette réponse correspondant au 14 juillet. Nous proposerons
une analyse de cet épisode historique et ses échos dans le monde dans la troisième partie. Il
faut préciser que la plupart des questionnaires ont été réalisés en juillet et en août, période
où les alliances fêtent ce moment important de la vie française, et cela a pu influencer les
résultats et peut expliquer aussi le grand nombre d’occurrences de cette valeur. Comme
nous l’avions indiqué dans les hypothèses, Noël est aussi cité mais Pâques ne fait pas
beaucoup écho dans les esprits mexicains, puisque cette citation n’apparaît que deux fois
simplement.
La nourriture française la plus représentative du pays est le vin (23%), les crêpes
(15%), les croissants (14%), les fromages (13%) et le champagne (11%). Nous retrouvons
donc le fromage et le vin, comme ce qui était proposé dans les hypothèses, mais le pain ne
représente que 4% des réponses et n’est donc pas représentatif du pays selon nos enquêtés.
Ces quatre éléments de la gastronomie française sont présents au Mexique dans certains
restaurants ou dans les supermarchés.
60
Aliments qui représentent la nourriture française
Vin 23%
Crêpes 15%
Croissant 14%Fromages 13%
Champagne 11%
Ratatouille 5%
Escargots 5%
Pain 4%
NM
2% Autre 1%Foie-gras 3%
Valeurs min. 4%
« Valeurs minimales » (4%) = Valeurs mentionnées de une à quatre fois simplement : beurre et croque-monsieur (1 fois chacun), grenouilles (2 fois) et quiche (4 fois). « N.M. » (2%)= Non mentionné (pas de réponses) ; « Autre » (1%) = Deux réponses précisées par « soupe à l’oignon » et « raclette ».
Parmi les 17 monuments ou lieux proposés dans l’enquête, un élément se dégage
avec une très forte majorité et certaines propositions n’ont jamais été évoquées :
Monuments ou lieux représentatifs de la France
La tour Eiffel
73%
Notre-Dame de Paris
4%
L'Arc de Triomphe
2%
N.M. 1%
Valeurs minimales
3%
Le Louvre
17%
61
« Valeurs minimales » (3%) = Valeurs mentionnées une fois chacune : Le cimetière du Père Lachaise, les jardins du Luxembourg, les Champs-Elysées, les Châteaux de la Loire, l'aéroport Roissy Charles de Gaulle et Versailles. « N.M. » (1%) = Non mentionné. À noter que certaines propositions n’ont pas été choisies par les enquêtés en première position : le Mont Saint-Michel, le Sacré-Cœur, la Défense, le Piton de la Fournaise, Carcassonne, Lourdes et le Mont-Blanc.
Cette étude montre que pour près des trois quarts des étudiants mexicains interrogés, la
Tour Eiffel reste le monument qu’ils connaissent le mieux. C’est d’ailleurs souvent l’image
que les personnes associent à la France et de nombreuses Alliances reprennent les photos de
cet emblème du pays pour faire la publicité de leurs cours. Tous les éléments cités sont des
monuments parisiens (à l’exception d’une seule mention pour les Châteaux de la Loire)
soulignant ainsi la suprématie de Paris dans l’imaginaire mexicain.
La question en relation avec l’Histoire de France a inspiré 207 réponses, certains
étudiants donnant plusieurs informations faisant référence à des épisodes de l’histoire du
pays et que nous avons réunies en catégories. (Pour le détail des citations et des catégories,
se reporter à l’annexe 15).
Evénements historiques
Seconde Guerre
Mondiale 2%
Napoléon
15%
La guerre de Cent
Ans 1%
La Vème République
1%
Les Rois de France
2%
Non mentionnés
28%
Valeurs minimales
1%Le siècle des
Lumières
50%
Valeurs minimales (1%) = La Première République (1 fois), la Révolution industrielle (1 fois) et la création de la Tour Eiffel (1 fois).
62
L’enquête révèle que la période historique la plus connue par les étudiants mexicains des
Alliances françaises est le Siècle des Lumières. En effet, la moitié des personnes interrogées
a choisi cette réponse citant surtout comme référence la Révolution française ou la prise de
la Bastille du 14 juillet. Cet événement reste très présent dans l’imaginaire mexicain et nous
le développerons dans la troisième partie de ce travail. De nombreuses références à la
période Napoléonienne sont également à noter (Napoléon Ier
mais surtout Napoléon III).
Nous avons d’ailleurs choisi de réunir dans un même groupe les références à ces deux
personnages de l’histoire de France car bien souvent les étudiants les mélangent et
beaucoup renvoient à « Napoléon » sans préciser davantage.
Il convient de noter aussi que plus d’un quart des enquêtés n’a pas répondu à cette
question, ce qui pourrait indiquer des faiblesses concernant l’histoire de France. Bien
souvent dans les institutions de langues, l’histoire du pays est délaissée au profit de la
grammaire ou d’éléments plus linguistiques. C’est ce qu’indique Henri Madricardo,
Inspecteur Général Honoraire de l’Éducation nationale, en prenant le cas de l’enseignement
des langues vivantes étrangères en France :
Dans le cadre du système scolaire français, les trois objectifs fixés à
l’enseignement des langues vivantes étrangères – linguistique, culturel et
intellectuel – sont bien connus. Malgré certaines déclarations, une bonne
partie du corps social montre une grande propension à ne retenir que le
premier objectif, en oubliant en particulier l’objectif culturel, l’objectif
intellectuel allant de soi.82
Plus de dix ans après cette observation, des améliorations ont été faites - notamment depuis
la mise en place du Cadre Européen en 2001 - mais le taux important de réponses non
mentionnées à une question en relation avec la culture française peut laisser penser qu’il
reste encore des progrès à réaliser à ce niveau.
Concernant les personnalités les plus connues de France, nous validons les
hypothèses proposées avec la présence dans le classement de Napoléon Bonaparte, Victor
Hugo et Charles de Gaulle :
82
Henri Madricardo, « Langues et cultures à l'école », 2001, [En ligne, consulté le 24 mai 2012], disponible
sur : http://www.cairn.info/revue-ela-2001-3-page-325.htm
63
Personnalités représentatives de la France
Napoléon Bonaparte
60%
N.M. 3% Autres 2%
Jeanne d'Arc 2%
Charles de Gaulle
4%
Jules Verne 5%
Marie Curie 5%
Victor Hugo 8%
Edith Piaf 10%
Valeurs minimales
1%
Autres (2%) = Coco Chanel, Marie-Antoinette, Louis Pasteur et Zidane. Valeurs minimales (1%) = Jean-Paul Belmondo et Jean de La Fontaine. Non cités : Coluche, Georges Brassens, Louis de Funès, L'Abbé Pierre, Serge Gainsbourg.
Avec 60% de mentions, Napoléon Bonaparte reste le personnage historique le plus connu
au Mexique pour une très grande majorité. Ce questionnaire montre aussi qu’Edith Piaf
laisse une trace assez importante dans l’imaginaire mexicain. En effet, on la retrouve dans
les classements concernant les films, les chansons et maintenant les personnalités. Victor
Hugo est lui aussi mentionné. Est à noter la présence surprenante de Marie Curie, qui
représente 5% des citations.
On voit donc que, selon les étudiants mexicains des Alliances françaises, la France
reste moyennement représentée au Mexique (pour 58%) ou même trop peu (25%). Une
infime partie estime qu’elle est trop représentée (1%) et 15% pense qu’elle l’est
suffisamment. On peut donc dire que pour beaucoup, il reste encore des améliorations à
apporter concernant la représentation de la France au Mexique et les Alliances ont leur rôle
à jouer dans cette présence française.
Les deux thèmes d’actualités de la France dont parle le plus le Mexique sont la
politique et la gastronomie, comme le montre le diagramme suivant :
64
Les thèmes en relation avec la France les plus évoqués au Mexique
Politique 29%
Gastronomie 21%
Culture 11%
Parfums 9%
Diplomatie 9%
Sports 2%
Littérature 2%
Peinture 3%
Grèves 2%
Economie 3%
Architecture 3%
NM 3%Acteurs
2%
Chanteurs 1%
La politique française est donc bien un thème d’actualité présent au Mexique comme nous
l’avions supposé dans les hypothèses - et cela peut s’expliquer par la visite du président
Sarkozy - mais la diplomatie est moins citée (9%). Cependant, on parle beaucoup de
gastronomie et aussi de culture, selon nos enquêtés.
La dernière question, résumant toute la problématique de la recherche qui nous
occupe ici, renseigne donc l’image générale des étudiants mexicains sur la France :
65
Représentations de la France aujourd'hui
Valeurs minimales
3%
NM 3%Autre 2%
Pays traditionnel 10%
Pays de liberté 10%
Pays leader en mode
18%
Pays moderne 37%Pays leader 4%
Pays de liberté
sexuelle 4%
Les gens sentent
mauvais 3%
Pays des droits de
l'Homme 3%
Pays en crise 3%
Valeurs minimales (3%) = pays impérialiste (2 fois), pays de scandales (2), pays en retard (1) et pays de grèves (1). Autre (2%) = Education universitaire, problèmes diplomatiques, problèmes d’intégration des Musulmans. Non cité = Défense des femmes
Pour nos enquêtés, la France est avant tout un pays moderne et leader dans le domaine de la
mode. Il ressort aussi de cette question l’aspect traditionnel du pays, et les informateurs
associent la France à un pays de liberté.
2.5 Synthèse des résultats
Les étudiants des Alliances françaises interrogés auraient donc une représentation de
la France qui se situe entre tradition et modernité.
D’une part, il se détache une image traditionnelle du pays, mise en avant par de
nombreuses références au patrimoine culturel de la France, comme les monuments célèbres
tels que la Tour Eiffel, le Louvre ou tout simplement l’évocation de la ville de Paris. On
note aussi l’hégémonie de la culture classique avec des références historiques au Siècle des
66
Lumières ou encore à des auteurs qui proviennent du XIXème
siècle comme Victor Hugo ou
Jules Verne et du XVIIème
siècle avec Molière. Ce sont tous les trois les écrivains
représentatifs de la France selon les enquêtés et très peu d’auteurs contemporains ont été
cités dans le questionnaire. Il en est de même avec les personnalités qui représentent la
France et qui font bien partie de l’héritage littéraire (Victor Hugo), musical (Edith Piaf) ou
en relation directe avec l’Histoire de France comme Napoléon Bonaparte. D’autres
éléments font aussi référence au terroir français, comme la gastronomie.
D’autre part, la France est aussi liée à la modernité - ce qui n'est pas du tout
contradictoire avec le coté traditionnel - avec une présence actuelle au niveau politique et le
pays est capable d’innover comme en matière de mode par exemple où il reste « leader »
selon les enquêtés. Pour beaucoup de Mexicains, c'est un pays développé, industrialisé, qui
a de nombreuses ressources, de grandes villes et une bonne éducation, et qui a un poids
politique et économique très fort et se trouve souvent sur le devant de la scène
internationale. Il est vrai que ce pays a souvent été remarqué dans le passé pour son
développement économique et social comme la nationalisation de certains secteurs, la
création de la Sécurité sociale - qui est un modèle pour de nombreux États -. La France a
souvent été présente dans les grands moments de l'Histoire. Annick Lempérière83
traite
d’ailleurs de la modernité européenne comme « modèle philosophique, modèle de
civilisation ». Ce sont ces images qui restent dans la mémoire des Mexicains car on peut
dire que la France est aussi un pays touché par la crise actuellement. Il convient de mettre
en relation ces résultats avec les observations effectuées dans la partie précédente qui
montrent que les Alliances françaises cherchent à donner une image à la fois dynamique et
moderne mais aussi traditionnelle du pays.
Par leur Histoire, les Mexicains ont été soumis à d’autres nations : pendant près de
quatre siècles par la couronne espagnole lors de la colonisation, et à partir de leur
indépendance au début du XIXème
siècle, ils se sont émancipés des Espagnols mais se sont
rapidement retrouvés sous le contrôle de leurs voisins, les États-Unis. Cette proximité entre
les deux pays peut contribuer à son développement, principalement économique mais peut
constituer aussi un obstacle. L’image des Nord-américains est quelquefois négative au
Mexique. Ils « idéalisent » parfois l'Europe dont la France, qui a de nombreuses relations
historiques avec le pays et une présence au Mexique incontestable. Le « vieux continent »
(comprenant la France) ainsi qu’il est souvent désigné en Amérique latine, incarne une
83
Annick Lempérière, « Mexico ‘‘Fin de siècle’’ et le modèle français » in Annick Lempérière, Georges
Lomné, Frédéric Martinez et Denis Rolland (coord.), op.cit., p.378-381.
67
région du monde avec des racines culturelles profondes et peut se présenter comme une
alternative à la culture nord-américaine.
Les questionnaires montrent que les Mexicains ont plutôt une image positive de la
France car peu d’éléments négatifs ont été proposés par les étudiants. Dans la dernière
question, ces points négatifs sont ceux qui arrivent en dernière position et correspondent
donc à une minorité. En effet, 3% de la population interrogée estime que la France est un
pays en crise et la même quantité pense que les Français sentent mauvais. Deux personnes
ont indiqué que la France est un pays à scandales, en retard, impérialiste et faisant souvent
la grève. Une personne a fait référence aux problèmes diplomatiques du pays et une autre
aux difficultés d’intégration des Musulmans.
L’image globale de la France est donc positive au Mexique, dans les Alliances
françaises, et ses résultats sont aussi à mettre en relation avec la diffusion culturelle qu’en
fait cette institution. Comme nous l’avons montré, elle cherche à donner une certaine image
du pays, positive avant tout.
Les représentations des étudiants des Alliances françaises au Mexique sont, en
général, des stéréotypes présents dans de nombreux pays. On retrouve par exemple la ville
de Paris, la tour Eiffel, le vin, la mode, voire même les parfums. Cependant, une image
souvent répandue dans le monde, celle du pain, n’est pas ressortie beaucoup dans les
enquêtes et le fromage n’arrive qu’en quatrième position alors qu’il est souvent évoqué à
l’étranger pour parler de la France. On note aussi que certains éléments font références au
statut spécifique des relations que les deux pays ont entretenues. C’est le cas notamment de
l’évocation de Charles de Gaulle ou Victor Hugo qui ont été très cités par nos enquêtés et
qui ont participé à l’histoire du Mexique, ou dans un autre registre de la chanteuse Alizée
qui est très présente dans ce pays mais qui serait probablement inconnue dans un autre. On
peut donc dire qu’il existe des spécificités mexicaines concernant la représentation de la
France.
Les étudiants de niveaux non débutants, c'est-à-dire intermédiaires ou avancés, ont
certaines fois des images qui s’éloignent des stéréotypes et sont donc moins réductrices.
Concernant par exemple la question sur les aliments qui représentent la France, les deux
éléments de la case « Autres » proviennent d’étudiants de ces niveaux : ils citent la
« raclette » et la « soupe à l’oignon ». De plus, un étudiant de niveau intermédiaire a
68
proposé le « beurre » et un autre le « croque monsieur » comme nourriture représentant la
France, se démarquant ainsi des autres enquêtés. Par ces exemples, nous souhaitons montrer
que les personnes avec un niveau supérieur en langue ont peut-être des représentations du
pays beaucoup plus nuancées, même si ces résultats ne sont pas assez conséquents pour tirer
des conclusions générales. De plus, certains ont déjà voyagé en France et pourraient être
influencés par leur séjour. Il faudrait s’interroger plus spécifiquement sur cette question car
beaucoup de facteurs peuvent faire évoluer les représentations, au-delà du niveau des
apprenants.
En reprenant la théorie du noyau central de Abric (1984) et l’analyse de Yves Robin
(2011)84
, on peut donc dire que deux éléments principaux se dégagent de cette analyse :
→ une France représentée comme un pays impérialiste et « guerrier » avec notamment
l’évocation de certains faits historiques belliqueux comme par exemple la guerre de Cents
Ans, la Seconde Guerre mondiale ou encore les références à Napoléon, aux interventions
françaises au XIXème
→ une France vue comme pays des droits de l’Homme, pays « modèle » avec le Siècle des
Lumières, la Révolution française ou encore l’évocation de Victor Hugo.
84
Yves, Robin, op. cit., p.243.
69
3. Analyse des résultats et réflexion sur l'enseignement du F.L.E
À partir de l’observation faite sur les Alliances françaises et des résultats du
questionnaire effectué auprès de l’échantillon d’étudiants, il semble nécessaire de reprendre
certains points récurrents et de proposer une analyse quant au rôle de l’Alliance française,
tant au niveau de l’enseignement ou de son influence qu’à celui de la représentation de la
France et la diffusion de sa culture au Mexique.
3.1 Les représentations les plus présentes
Le questionnaire révèle certaines représentations qui semblent constituer l’image
que les étudiants se font de la France, comme l’omniprésence de la ville de Paris, de la fête
nationale et de la figure de Napoléon Bonaparte. Ce sont des occurrences très fréquentes
qu’il convient d’analyser.
Tout d’abord, la ville de Paris ressort de cette enquête avec son monument le plus
représentatif qui constitue d’ailleurs l’image de la France pour beaucoup : la tour Eiffel.
Comme nous l’avons dit avant, la capitale est une des villes les plus visitées au monde.
Bernard Plasait précise que :
Paris, c’est la capitale des lettres au XVIIIème
siècle ; c’est aussi la capitale
de la Révolution du 14 juillet à la Commune ; la capitale du crime de
Lacenaire et Vautrin à Lupin et Fantômas ; la capitale de la galanterie, des
« salonnières », des militantes, de la mode féminine, royaume de la
Parisienne ; la capitale des sciences (Lavoisier, Buffon, Monge, Pasteur,
les époux Curie...) ; de la technique urbaine (La « Ville lumière », le
métro, la Tour Eiffel), de l’idée de progrès (positivisme, saint-simonisme),
des passages puis des grands magasins et de la vente par catalogue ; la
capitale de l’individualisme conquérant. Mais Paris c’est aussi la capitale
du charme et de tous les plaisirs.85
Paris est donc une ville de renommée internationale, synonyme d’attractivité, ayant un
passé riche et influent pour de nombreux pays. Elle reste encore aujourd’hui très dynamique
et tient une place non négligeable au niveau mondial, grâce notamment à une offre
culturelle remarquable. Cette capitale inspire les arts comme la peinture, la littérature ou
même le cinéma - c’est d’ailleurs dans cette ville que naît le cinéma avec les frères Lumière
85
Bernard, Plasait, op. cit., p.144
70
en 1895 -. Elle reste un centre culturel notable avec ses nombreux musées et théâtres qui
attirent environ 27 millions de visiteurs chaque année. Certains viennent même du monde
entier faire du shopping dans ses boutiques des plus renommées. L’influence de la ville de
Paris reste avant tout forte dans le domaine culturel, même si à partir des années 1920 elle
subit la concurrence d’autres capitales européennes telles que Berlin ou encore Moscou :
Certes, dans les années vingt, la Ville-Liberté, Paris-femme ou Paris-nuit,
n’est plus l’unique point de référence en matière artistique : c’est plus à
Berlin ou à Moscou peut-être que s’engagent les révolutions artistiques.
Mais Paris constitue toujours, dans certains cas par défaut, un aimant
culturel, particulièrement artistique : le centre cosmopolite par
excellence.86
Il n’en reste pas moins qu’elle est aujourd’hui la deuxième ville (après Londres) la plus
visitée au monde.
La « Ville Lumière », comme elle est communément appelée, a inspiré les plus
grands artistes et de nombreux intellectuels mexicains comme Alfonso Reyes87
ou le poète,
essayiste et diplomate Octavio Paz tout comme le célèbre peintre Diego Rivera et même des
responsables politiques y ont séjourné. Porfirio Díaz s’est d’ailleurs exilé dans cette ville et
est enterré au cimetière de Montparnasse. C’est dans ce même cimetière que devraient être
transférées les cendres de l’écrivain Carlos Fuentes, qui a été Ambassadeur en France de
1975 à 1977. Il avait indiqué : « À Paris, je me sens comme à la maison, très content et
entouré de beauté »88
.
La tour Eiffel est devenue le symbole de la ville de Paris et représente donc le mieux
la France à l’étranger. On remarque aussi que les Alliances françaises utilisent cette image
dans leurs publicités, relayant ainsi cette représentation dans l’esprit mexicain. Par exemple,
l’Alliance de Querétaro fait la publicité des cours qu’elle offre (à partir du mois de mai
2012) en utilisant deux fois la tour Eiffel, comme le montre l’affiche diffusée sur son site
internet, en première page :
86
Denis Rolland , « ‘‘L’Amérique a cessé de regarder vers l’Europe’’ ? La France, un modèle qui s’efface en
Amérique latine » in Annick Lempérière, Georges Lomné, Frédéric Martinez et Denis Rolland (coord.),
op.cit., p.397/398. 87
Alfonso Reyes Ochoa est un écrivain, philosophe, diplomate et journaliste mexicain né en 1889 et il meurt
en 1959. Il est considéré comme l'une des figures les plus marquantes de la pensée hispano-américaine de la
première moitié du XXème
siècle. 88
Toutes ces informations proviennent du quotidien Le Figaro, [En ligne, consulté le 18 mai 2012], disponible
sur : http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/05/17/97001-20120517FILWWW00397-carlos-fuentes-enterre-
au-montparnasse.php
71
Publicité de l’Alliance française de Querétaro, 2012
Source de l’image : Alliance française de Querétaro, le 3 mai 2012 http://www.alianzafrancesa.org.mx/Queretaro
Le XVIIIème
siècle en France reste un épisode historique qui marque les mémoires
des Mexicains puisqu’il est représentatif de l’histoire du pays selon l’enquête, et de
nombreuses références y sont associées. Le plus grand nombre de citations renvoie surtout à
la Révolution française de 1789 et il est vrai que cet événement marque profondément la
France, puis l’étranger avec le développement de nouvelles valeurs qui se diffusent
largement au-delà des frontières du pays. C’est le début des principes d’égalité, de
fraternité, de la défense des libertés, des droits et des devoirs des Hommes comme Citoyens
et de la Souveraineté nationale. Ce siècle est synonyme d’effervescence intellectuelle et
politique, notamment grâce aux philosophes, les « Lumières ». Nelly Mauchamp
insiste sur l’importance de cet épisode historique pour la France : « La Révolution
[française] est un moment fondateur, point zéro de l’histoire du pays comme la Naissance
de Jésus pour le christianisme89
».
La Prise de la Bastille, correspondant au 14 juillet 1789, est un emblème de la fin de
l’oppression, de l’absolutisme et de l’Ancien Régime et marque symboliquement en France
et dans le monde entier le début d’une nouvelle ère. Denis Rolland indique à ce sujet :
En fait, l’incidence du 14-Juillet dépasse de loin le cadre national français.
Dans le sillage du rayonnement international, culturel et politique, de la
France issue des Lumières et de la Révolution, le 14-Juillet a été plus
89
Nelly Mauchamp, Les Français, Paris, Le Cavalier Bleu, 2006, p.31.
72
qu’un symbole national, dès la fin du XIXème
siècle. Car la
commémoration de la prise de la Bastille a acquis la valeur d’un symbole
universaliste, au moins pour toutes les républiques nées d’une rupture avec
un ancien régime politique90
.
La fête nationale française a donc un écho particulier en Amérique latine et les principes
fondateurs de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789, issus de la
révolution, tiennent une place non négligeable dans les nations naissantes, comme lors des
Indépendances au XIXème
siècle. Le 14 juillet reste donc un symbole dans ce pays
précisément et il y est fêté, comme lors de la fin de Seconde Guerre mondiale :
Le 14 juillet 1944 donne déjà lieu à d’exceptionnelles manifestations de
solidarité francophile dans nombre de capitales latino-américaines : à
Mexico, à l’initiative de l’Association mexicaine Pro-Francia, une
manifestation rassemble avec le soutien des autorités 15 000 manifestants
pour un défilé à travers le centre ville vers le monument à la Révolution.91
Aujourd’hui encore, le 14 juillet est célébré au Mexique, notamment dans les Alliances
françaises qui, comme nous l’avons vu, organisent des cérémonies ou des repas afin de
commémorer cet événement, qui a manifestement une portée universelle.
L’historien Javier Pérez Siller résume l’importance de cette période qui marque le
début d’une influence de la France dans le monde, grâce notamment à sa capitale qui
semble devenir un lieu présentant un grand intérêt sur le plan culturel :
Cependant, au niveau culturel, entre le Siècle des Lumières et la
Révolution de 1789, la France s’est transformée en phare des modèles
politiques et sociaux de la modernité. Paris est devenue la « Ville Lumière
» et la capitale mondiale de la culture, où tout le monde devait aller pour
se cultiver et rencontrer la plus « haute civilisation ».92
L’image de Napoléon Bonaparte ressort aussi du questionnaire faisant de cet homme
une figure historique représentative de la France. En effet, 60% des personnes interrogées
dans le questionnaire le nomment comme la personnalité française qu’ils connaissent
90
Denis Rolland, Mémoire et imaginaire de la France en Amérique latine : la commémoration du 14 Juillet,
1939-1945, Paris, L’Harmattan, 2000, p.7/8. 91
Denis Rolland, « ‘‘L’Amérique a cessé de regarder vers l’Europe’’ ? La France, un modèle qui s’efface en
Amérique latine » in Annick Lempérière, Georges Lomné, Frédéric Martinez et Denis Rolland (coord.),
op.cit., p.349/350. 92
Javier Pérez Siller, « La construction de sensibilités: Problématique pour l’étude de la présence et
l’influence française au Mexique », in Nuevo Mundo Mundos Nuevos, 2007, [En ligne, consulté le 13 mars
2012], disponible sur : http://nuevomundo.revues.org/3772.
73
mieux. Il est vrai que Napoléon Bonaparte est une figure marquante de l’Histoire de France,
mais aussi en Europe et dans le monde en général grâce à son action politique et militaire
principalement. Il est à l’origine de nombreuses réformes en France (au niveau de
l’éducation, de l’Etat et de la société en général) et a l’ambition de développer l’Empire
français à l’étranger. Par exemple, il envahit l’Espagne en 1808, et les troubles politiques
qui surgissent ainsi favorisent le déclenchement des indépendances des colonies espagnoles
en Amérique latine à partir des années 1810. En outre, le génie militaire de Napoléon
inspira les libérateurs des pays d’Amérique latine comme Simón Bolívar93
. Pierre Vayssière
précise que Bolívar « admet -bien tardivement- que l’empereur Napoléon avait été pour lui
un modèle secret94
». Il assiste d’ailleurs au couronnement de ce dernier à Paris, en 1804.
Pendant son séjour en France, il observe directement les changements politiques et
militaires du pays, sous la figure emblématique de Napoléon Bonaparte. On comprend
mieux l’écho que la personnalité de Napoléon peut avoir dans certains pays d’Amérique
latine, tout comme au Mexique.
3.2 Les influences de l’Alliance française
Les étudiants des Alliances françaises ont donc des images qui représentent la
France, mais la majorité d’entre eux ne s’est jamais rendue dans le pays et débute dans
l’apprentissage linguistique et culturel. Les informations que ces apprenants connaissent
sont transmises par la société au travers de différents vecteurs. Comme le précise Pierre
Mannoni, le stéréotype est communiqué à l’individu « au moyen de l’éducation, des
véhicules médiatiques95
». Les lieux de socialisation favorisent les échanges et la
communication et peuvent générer voire alimenter les représentations et constituer des
sources de diffusion ou même de maintien des stéréotypes. Ces représentations se
transmettent donc grâce à des véhicules culturels tels que la télévision, l’Ecole (et les
Alliances entrent pleinement dans cet espace), le manuel de français, le cinéma, la musique,
internet, la lecture mais aussi par l’entourage (amis, famille) ou les récits de voyages par
exemple.
93
Simón Bolivar (1783 - 1830) est un Général et homme d’État sud-américain. Il participe à l’indépendance
de pays d’Amérique du sud (Bolivie, Colombie, Equateur, Pérou, Venezuela) dans les années 1810 -1820 et
est souvent considéré comme le « Libertador » (Libérateur). 94
Pierre Vayssière, Simón Bolívar : le rêve américain, Paris, Payot, 2008, p.59. 95
Pierre Mannoni, Les représentations sociales, Paris, Presses universitaires de France, 2010.
74
Les enquêtés ont indiqué, à partir d’une liste de propositions, par quels moyens ils
avaient connu la culture française, donnant ainsi une idée des vecteurs qu’ils considèrent
comme significatifs :
Les moyens par lesquels les étudiants ont connu la France
Autre
14%
L'Ecole
11%
Internet
10%
Télévision
9%
Le cinéma
9%
La musique
7%
Non mentionnés
5%
La lecture 6%
La nourriture 3%Le manuel de
français 1%
Alliance française
25%
Selon eux, c’est surtout grâce à l’Alliance française qu’ils ont eu leur premier contact avec
la culture qu’ils apprennent, notamment lors des cours dispensés ou des manifestations
culturelles. L’Alliance est donc un lieu qui peut être la source de certaines images et peut
influencer les représentations des apprenants mexicains. Cette institution est un espace
d’échanges, de rencontres autour de la culture française. Les activités proposées, les
manuels choisis par l’Alliance, la priorité à certains thèmes culturels sont donc des choix
qui ne peuvent pas être pris au hasard et qui doivent constituer de réels questionnements de
la part de l’équipe qui encadre ces institutions.
Il est indéniable que les étudiants interrogés accordent une importance à l’Alliance
française dans la diffusion et l’enseignement de la culture puisque beaucoup la placent en
tête des vecteurs par lesquels ils ont connu la culture française. En effet, le tableau suivant
indique que parmi les huit propositions de supports culturels inscrits dans l’enquête et la
case « autre », la majorité des informateurs classe l’Alliance française dans les quatre
premiers choix. Seulement une très faible partie met la structure en dernière position, ce qui
75
montre que beaucoup ont conscience que l’Alliance est un lieu où chacun peut apprendre et
connaître la culture française.
Positionnement de l’Alliance française dans le questionnaire
Fréquence
Non précisé 30
AF citée en position 1 49
AF citée en position 2 31
AF citée en position 3 30
AF citée en position 4 19
AF citée en position 5 7
AF citée en position 6 13
AF citée en position 7 8
AF citée en position 8 2
AF citée en position 9 3
Position dans le questionnaire de l’Alliance française comme moyen de connaissance de la culture
Les étudiants de l’enquête précisent que d’autres éléments (non proposés dans les
questionnaires) leur ont permis de connaître la culture française. Nous réunissons dans un
tableau les précisions données par les informateurs :
Autres éléments Nombre de citation
Voyages 10 dont un qui précise « voyage au Québec »
Amis 8 dont deux qui précisent « amis français »
Famille 7
Auto- apprentissage
« Autodidacte » 1
« Histoire universelle » 1
Lycée « Franco-Mexico » 1
Revue de mode 1
Travail 1
Deux étudiants ont indiqué deux réponses dans cette case « Autre ».
Résultats des autres éléments proposés par les étudiants des Alliances
76
Les voyages semblent donc être des moyens précieux pour connaître la culture d’un
pays et c’est aussi ce qu’indiquent les enquêtés. En effet, lors d’un voyage, au-delà du
développement personnel et de l’amélioration possible des compétences linguistiques, les
personnes se rendent compte par leurs propres observations des réalités du pays et peuvent
juger par elles-mêmes des particularités culturelles. Les voyages favorisent les rencontres et
rien de tel que de se trouver en immersion totale dans le pays pour communiquer avec les
personnes ou découvrir les spécificités de la région avec ses propres yeux, sans médiateurs.
La culture reste accessible directement, sans passer par un support qui peut interpréter la
réalité et qui peut aussi n’insister que sur des images stéréotypées. Comme nous l’avons vu,
le stéréotype amène à percevoir l’Autre à travers des idées toutes faites voire réductrices, et
le voyage, par le contact avec la réalité, peut remettre en cause sa structure et sa
configuration. Mais ce n’est pas toujours le cas comme le souligne Catherine Berger :
La démarche touristique consiste pour beaucoup à chercher sur place des
illustrations, des confirmations de ces représentations préalables, ce qui
peut souvent conduire à ne pas voir le reste ou à le trouver décevant.
Certains voyageurs […] ont toutes les chances de fixer les stéréotypes
plutôt que de les ébranler96
.
Les voyages peuvent donc influencer la vision du monde et de l’altérité mais seulement si
les touristes désirent réellement observer les personnes du pays, les traditions, les habitudes
ou tout autre élément constitutif formant le pays sans se laisser influencer par les
représentations déjà présentes. Nous pensons que c’est surtout cette démarche que
choisissent les étudiants des Alliances françaises, puisque la majorité désire approfondir ses
connaissances linguistiques et culturelles.
Les Alliances françaises utilisent un certain nombre de supports, de matériels
pédagogiques qui sont mis à la disposition des étudiants dans les locaux de l’institution afin
d’illustrer ou d’appuyer voire accélérer l’apprentissage, ce qui peut accroître la motivation
des apprenants. Les manuels sont choisis par les Alliances françaises et leurs coordinateurs
pédagogiques. Quelquefois les professeurs participent également aux échanges pour établir
le choix de la méthode utilisée. Les enseignants de ces institutions doivent d’ailleurs
obligatoirement se servir du manuel dans leur cours car ils suivent une progression
rigoureuse en accord avec le Cadre européen commun de référence pour les langues et les
96
Catherine Berger in Béatrice Pothier (sous la direction de), Langue, langage et interactions culturelles,
Cahiers du CIRHILL n°31, l’Harmattan, 2009, p. 85.
77
élèves doivent les acheter de préférence. Les manuels sont sélectionnés en fonction de
plusieurs critères dont l’adaptation au public et à son âge (il existe des méthodes pour
enfants, adolescents et adultes), à son niveau (débutant mais aussi niveaux spécifiques, sur
objectifs professionnels,…), selon l’ensemble pédagogique et les contenus linguistiques et
culturels proposés mais aussi en fonction des contraintes financières.
Le choix du manuel dépend en partie du traitement de la culture qui en est fait. Les
responsables pédagogiques sont très attentifs à cela et favorisent davantage des méthodes
qui présentent la réalité socioculturelle, en priorité avec des documents authentiques, et qui
permettent des comparaisons culturelles car l’Alliance française se veut être un lieu
d’échanges de la diversité. Le manuel devient ainsi un outil pédagogique de représentation
culturelle et sociale, offrant un discours sur la culture et proposant une vision du monde.
Les représentations de la France dans les manuels de FLE sont parfois stéréotypées et il est
fréquent de voir une tour Eiffel ou une baguette de pain illustrer les pages d’un de ces
ouvrages. De plus, les manuels utilisent beaucoup l’iconographie et influencent les
représentations de la France directement par l’image, par les dossiers proposés ou encore les
textes. Nous souhaitons simplement ici mettre en évidence l'influence que peuvent avoir les
manuels dans le processus acquisitionnel des apprenants et souligner que le choix des
contenus transmis lors des cours ou même plus généralement au sein de l’Alliance doit être
l’objet d’une réflexion précise. Néanmoins, le manuel ne semble pas être un support très
conséquent pour nos informateurs puisque seulement 1% indique que c’est leur méthode de
français qui leur a permis une connaissance de la culture du pays.
En revanche, il semble que les professeurs interviennent directement dans cette
question des représentations et peuvent influencer aussi les perceptions de la France. En
effet, ils sont souvent amenés à traiter directement la question des stéréotypes dans les
salles de cours, et sont considérés comme des experts sur qui repose tout le processus
d’acquisition. Les élèves s’appuient et adhérent généralement à ce que disent les
enseignants car ils sont pour eux les spécialistes et les représentants de la France. Tout
dépend de la connaissance du pays et des expériences personnelles des professeurs,
l’évaluation qu’ils se font de la culture source (celle des apprenants) et de la culture cible
(de la France). Ils doivent conceptualiser la distance inconnue que les élèves ont entre les
deux cultures et faire des choix stratégiques sur les supports utilisés en classe, les
thématiques abordées et les priorités à donner en matière culturelle. La personnalité, le
discours et aussi les attitudes du professeur sont à prendre en compte dans le processus
78
enseignement/apprentissage que constitue l’Alliance française. L’enseignant a en quelque
sorte un rôle de médiateur, de guide.
Le professeur n’est pas le seul à jouer ce rôle et il faut prendre en compte d’autres
facteurs qui peuvent être des vecteurs de représentations. Le cinéma peut influencer la
vision du monde et les Alliances françaises prennent en considération le septième art dans
leurs locaux lors des « ciné-clubs » - ou pendant les cours (dans les salles de classes avec
les étudiants) - permettant ainsi aux spectateurs de suivre une thématique cohérente en
général.
De plus, tous les ans se déroule au Mexique le « Tour de cine francés » (Tour du
cinéma français) qui est en fait un festival itinérant qui diffuse des films français récents
avant leur sortie officielle dans les salles de cinéma. Ce festival permet de faire découvrir
l’art cinématographique français de qualité sous toutes ses formes puisque différents genres
sont proposés (les films sont diffusés en version originale française mais présentent des
sous-titres en espagnol). Pour cette occasion, les Alliances françaises s’associent à
l’Ambassade de France au Mexique et les films sont projetés pendant deux semaines dans
une même ville. Cette année 2012, le festival aura lieu du 7 septembre au 6 décembre et se
déplacera dans plus de cinquante villes du pays97
.
En outre, chaque année se déroule dans la station balnéaire d’Acapulco un festival
français, initialement dédié au cinéma. Le directeur de l’Alliance française d’Acapulco,
Karim Djellit, en prend la direction à partir de 2003 et décide de proposer des activités
diverses (en plus du cinéma) autour de la culture française98
, comme la musique, le théâtre,
la mode ou encore la gastronomie.
L’Alliance française organise des festivals tout au long de l’année et se joint aussi à
ceux préparés par la ville. En février 2011, par exemple, lors du cinquième festival des
communautés étrangères organisé par la ville de Querétaro, des représentations
symboliques et historiques des années 1930 françaises ont été exposées grâce à un défilé
officiel. L’Alliance de Querétaro y a participé, s’associant ainsi à la fois aux activités
proposées par la localité, et aux habitants. Cela montre son esprit d’ouverture, et son souci
d’importer et de transmettre la culture française à ceux qui ne la connaissent pas et qui ne
97
Pour plus d’informations : http://www.tourdecinefrances.net/, [En ligne, consulté le 27 mai 2012]. 98
Selon le site internet de Radio France Internationale, [En ligne, consulté le 24 mai 2012], disponible sur :
http://www.rfi.fr/francefr/articles/111/article_79580.asp
79
vont pas forcément se déplacer vers ses locaux. Également, en mars 2011, a eu lieu le
festival de la Francophonie qui a, lui aussi, proposé un défilé où les participants étaient
déguisés avec des costumes typiques français ou d’autres pays francophones. Les élèves et
professeurs de l’Alliance ont, à ce moment là, proposé de nombreux spectacles et
représentations mettant en avant la culture française.
Cette culture peut être véhiculée par les nouvelles technologies. Certaines images de
la France, exactes ou fausses, sont transmises par la télévision ou internet. C’est en
particulier grâce à internet et par le biais des réseaux sociaux comme facebook ou twitter
que l’Alliance se fait connaître. Facebook est le réseau social le plus développé dans le
monde à l’heure actuelle, avec plus de 700 millions d’utilisateurs. Toutes les Alliances
utilisent ce réseau afin de faire leur propre promotion grâce à la création de pages
accessibles à tous sur lesquelles elles postent des photos ou des informations sur le planning
des manifestations à venir. C’est un moyen de partage et de communication interactif et
efficace qui permet un échange immédiat. L’Alliance utilise également le réseau twitter qui
permet d’envoyer des messages dits « tweets » de façon immédiate aux abonnés qui
suivent le compte. Grâce à cette passerelle technologique, l’institution peut publier d’une
façon très rapide, quasiment immédiate, les actualités la concernant. Les pages internet des
alliances qui concernent cette étude se présentent comme très complètes et très attractives :
elles décrivent les cours qui peuvent être suivis, montrent l’actualité des Alliances et il est
possible de consulter le programme de toutes les manifestations prévues. L’Alliance de
Puebla organise d’ailleurs un jeu sur facebook avec des énigmes à résoudre sur la
Révolution.
De ce fait, grâce à cette politique culturelle de diffusion massive, l’Alliance fournit
des éléments qui permettent de se construire une représentation de la France, de sa langue et
de sa culture. Il convient aussi de prendre en compte le milieu social des apprenants, tout
comme leur environnement culturel, qui influencent l’appréhension du monde.
Philipe Palade, délégué général de l’Alliance française du Mexique indique que
« l’Alliance joue souvent un rôle de médiateur et de facilitateur99
». En ce sens, et nous
99
Philippe Palade cité dans l’article de Marine Nouvel, « Alliance française Mexique - Rencontre avec le
nouveau délégué général, Philippe Palade » in Le Petit journal, [En ligne, consulté le 24 mai 2012], disponible
80
l’avons vu juste avant, elle joue un rôle important sur la construction de la représentation de
la France dans la sensibilité mexicaine. Plusieurs éléments du questionnaire peuvent être
mis en exergue pour souligner cette contribution des Alliances.
En effet, on remarque l’influence des professeurs ou du personnel administratif de
l’Alliance dans le choix des prénoms qui incarnent le mieux la France selon nos enquêtés.
Beaucoup d’entre eux choisissent des prénoms des membres francophones de leur centre.
C’est le cas par exemple de « Carole » qui est cité à cinq reprises et seulement dans
l’Alliance de Querétaro ou bien « Maxime » proposé également cinq fois, essentiellement
dans l’Alliance de Polanco. Carole Moulier était la Directrice pédagogique au moment de la
circulation du questionnaire de la première Alliance et Maxime Portal est le Coordinateur
pédagogique et Directeur des cours de Polanco. « Anne-Sophie », « Anne-Gaëlle » et plus
surprenant, - car il s’agit d’un prénom encore moins répandu en France - « Ange-Aimé »
ont été inscrits dans les questionnaires. Ces prénoms correspondent aux directrices
respectivement de San Cristóbal de las Casas et Querétaro et le dernier prénom mentionné
est celui du responsable de la médiathèque de l’Alliance de Querétaro. Le prénom
« Benjamin », qui est celui d’un enseignant de cette même alliance, a été mentionné à deux
reprises (et par des élèves cette même structure). Cette observation permet de mettre en
avant l’influence que peuvent avoir les professeurs ou membres des centres d’enseignement
et montre que les apprenants associent indirectement ces personnes à la France.
D’autre part, on observe que le programme culturel influence les réponses au
questionnaire, - et donc la représentation de la France - en reprenant certaines
manifestations organisées par les Alliances et en effectuant un parallèle avec les réponses
des étudiants. Par exemple, trois d’entre eux, tous inscrits à l’Alliance de Polanco, ont
indiqué que Le Malade imaginaire de Molière était l’œuvre littéraire qu’ils associaient à la
France. Nous avons vu dans la première partie que cette alliance précisément proposait le
jeudi 7 juillet (soit avant la diffusion des questionnaires) la représentation théâtrale Le
Malade imaginaire par la troupe Oneiros, influençant directement le choix de certains
élèves. Il en est de même avec le film Hors de prix de Pierre Salvadori (2006) qui a été
indiqué sept fois et seulement dans l’Alliance de Toluca. Ce film a été diffusé à de
nombreuses reprises dans cette structure et on peut imaginer qu’il a fait l’objet d’une étude
particulière lors d’un cours ou d’un échange culturel au sein de l’Alliance.
sur : http://www.lepetitjournal.com/communaute-mexico/84734-alliance-francaise-mexique-rencontre-avec-
le-nouveau-delegue-general-philippe-palade.html
81
3.3 Prolongements didactiques
Pendant longtemps, les professeurs de langues vivantes donnaient la priorité à la
grammaire et aux compétences linguistiques en considérant qu’il fallait d’abord savoir
parler et écrire correctement avant d’aborder les thèmes culturels. C’était le cas à la fin du
XIXème
siècle et la « méthodologie traditionnelle », caractéristique de cette époque, laisse
place à une « méthodologie directe » (entre 1900 et 1910 environ) qui place toujours la
culture au second plan. Puis, la méthode « active » à partir des années 1920 fera de l’étude
de textes essentiellement littéraires le centre des préoccupations des enseignants. Dans les
années 1960, la « méthodologie audiovisuelle » laisse aussi de coté la culture. Cependant, à
partir des années 1980, avec l’arrivée de la « méthodologie communicative », une volonté
d’enseigner la culture se fait jour, notamment afin d’améliorer les compétences
communicatives. En effet, de nouveaux manuels où l’on peut trouver des photographies,
des reproductions d’œuvres d’art, des éléments de la culture du pays « cible » apparaissent.
C’est donc à partir de cette époque que la culture est introduite petit à petit au processus
d’enseignement. Aujourd’hui, il semble évident qu’apprendre une langue ne se résume pas
à cumuler des éléments grammaticaux et imaginer un apprentissage d’une langue étrangère
sans la dimension culturelle n’est plus concevable. D’ailleurs, le dictionnaire de didactique
du français précise : « Il y a donc bien en didactique, nécessité d’implication réciproque de
la langue et de la culture, la langue étant définie comme un objet d’enseignement et
d’apprentissage composé d’un idiome et d’une culture100
. »
Comme nous l’avons vu auparavant, les représentations constituent une tendance
indéniable de l’être humain et elles sont quelquefois stéréotypées. Elles contribuent alors à
développer, chez l’individu, une vision rassurante de la réalité, de l’altérité et simplifient
parfois le réel. Nathalie Muller et Jean-François de Pietro résument la problématique
soulevée par ces questions de représentations dans un cadre didactique :
Il n’est guère possible de penser sans représentations … ni même de les
transformer en d’autres qui seraient ‘justes’ et favorables, mais d’amener
les élèves à :
1) faire émerger leurs représentations ;
100
Jean-Pierre Cuq (sous la direction de), Dictionnaire de didactique du français langue étrangère et seconde,
Paris, CLE international, 2003, p.148.
82
2) ‘travailler’ ces représentations […] afin de devenir plus conscients de
leurs propres modes de représentation de soi, de l’altérité et du monde.101
Les étudiants ont donc des représentations de la France et cela a des conséquences à la fois
sur l’apprentissage - car elles influencent largement la motivation et les stratégies que les
étudiants déploient par la suite - mais aussi sur l’enseignement. En effet, ces images sont
bien présentes dans les salles de cours où le discours des professeurs, ses attitudes et aussi
les manuels principalement orientent les perceptions de la culture cible. Il faut donc définir
des conduites d’enseignement qui intègrent ces caractéristiques tout comme les points de
vue des apprenants. Les représentations doivent ainsi constituer un point de départ pour une
activité didactique par la suite, qui permettra une analyse, comme l’indiquent les auteurs.
Il convient de reconnaître la fonctionnalité des stéréotypes, les utiliser dans la classe
de langue et en faire une analyse plutôt que de les repousser ou les éloigner. Le rôle des
professeurs - et donc également de l’Alliance française dans notre cas d’étude - est d’aider
les apprenants à mettre en exergue leurs représentations, puis déconstruire l’image
généralement positive mais globalisante qu’ils se font de la culture française et reconstruire
des représentations plus complexes et ainsi plus proches des réalités d’une France à
plusieurs visages. Les structures de l’Alliance française doivent ainsi se transformer en un
espace d’échanges, de communication où les représentations sont analysées, objectivées et
ainsi donc actualisées.
Geneviève Zarate, qui fait autorité dans le domaine de l’enseignement des
compétences culturelles en France, préconise de déterminer les objectifs culturels grâce à
un « diagnostic » à partir des représentations initiales des apprenants. Elle place donc les
stéréotypes à l’origine même de tout travail culturel : « La tâche de l’enseignant est donc de
recenser les représentations disponibles et d’évaluer leur pertinence. Cette opération
constitue un diagnostic dans la mesure où elle orientera par la suite la conception et le
déroulement du cours102
».
Cette activité permet de faire émerger la perception que les apprenants ont de la culture qui
correspond à la langue qu’ils étudient : connaître la culture de l’Autre revient à apprendre à
connaître sa propre culture. Ainsi, les apprenants apprennent à considérer « l’ailleurs » mais
101
Nathalie Muller, Jean-François de Pietro, « Que faire de la notion de représentation ? Que faire des
représentations ? » In Véronique Castellotti, Marie-Anne Mochet, Danièle Moore, Les représentations des
langues et de leur apprentissage : références, modèles, données et méthodes, Paris, Didier, 2001, p.57. 102
Geneviève Zarate, Représentations de l'étranger et didactique des langues, Paris, Didier, 2009, p. 75.
83
aussi le « ici », le monde du « nous », du « je » et celui du « eux ». C’est toute la
problématique de l’altérité et de l’interculturalité qui prend ici tout son sens. D’ailleurs :
La situation de rencontre interculturelle nous plonge donc dans un
paradoxe : reconnaître l’autre exigerait que nous nous remettions en cause,
or le premier mouvement qu’entraîne la découverte de l’autre consiste à
fabriquer (ou prendre en charge) un stéréotype sur cet autre, stéréotype qui
nous empêche de nous regarder nous-mêmes. Ce n’est qu’en acceptant de
remettre en cause nos propres valeurs que les stéréotypes peuvent éclater
et faire place à de l’intercompréhension. […] C’est à l’épreuve de la
différence que l’on découvre sa propre identité103
.
Cela signifie donc qu’au début de l’apprentissage d’une langue étrangère et de sa culture,
les représentations - inévitables - que les apprenants ont des membres qui constituent la
langue étudiée sont des perceptions stéréotypées qui empêchent de prendre du recul et une
observation de sa propre culture. Et il semble impossible de prendre en compte l’altérité
sans être capable de se comprendre soi-même. Tout est donc lié et il est nécessaire de
favoriser un climat interculturel dans une salle de cours ou dans un centre qui diffuse la
culture. On le voit bien, la notion d’identité est liée à ces questions car, par les
représentations qu’il se fait de la société et de lui même, l’individu construit son identité et
peut ainsi modifier ses représentations. L’identité personnelle et l’identité collective sont
des notions à mettre en connexion avec l’altérité dans ce domaine des représentations.
L’Alliance française favorise la diffusion de la langue et la culture françaises mais
elle inclut aussi les cultures locales. Ainsi, « l’intercompréhension » est donc possible
puisque la culture « source » (celle de l’apprenant) et la culture cible se rencontrent.
Cependant, les alliances doivent aider les apprenants à remettre en cause leur propre culture
afin de pouvoir « accéder » à l’altérité.
Pour cela, il convient donc d’adopter une « démarche réflexive », comme l’indique
Geneviève Zarate :
Une démarche réflexive se donne pour objet de donner à entendre
comment ces représentations stéréotypées ont été construites, à travers
quelles expériences elles ont été intériorisées : cette étape implique à la
fois un retour individuel sur des expériences personnelles et une réflexion
collective sur les mécanismes d’imposition des représentations
dominantes.104
103
Patrick Charaudeau, op. cit., p.17. 104
Geneviève Zarate, op. cit., p. 79.
84
On le remarque bien, les apprenants doivent extérioriser leurs représentations. En d’autres
termes il faut les objectiver, les mettre en surface et en prendre conscience. Pour réaliser ce
travail, il est possible d’utiliser plusieurs éléments qui vont déclencher des réactions chez
les apprenants et favoriser un « étonnement » afin de réinterpréter le réel. Les articles de
journaux, supports iconographiques, films ou œuvres littéraires constituent des supports
privilégiés pour susciter la curiosité des apprenants.
Cette observation théorique peut se traduire concrètement par des exercices simples
mais qu’il est nécessaire de réaliser jusqu’à la fin du processus car l’interrompre trop
prématurément pourrait avoir un effet inverse à celui désiré. Nous proposons de diviser
l’activité en cinq grandes étapes, conformément à l’analyse de Geneviève Zarate et à partir
d’une étude réalisée par Nathalie Muller et Jean-François de Pietro105
:
■ La première étape consiste à réaliser une association de mots. Il convient de demander
aux apprenants d’écrire cinq mots qui leur viennent à l’esprit quand on évoque la France ou
les Français. Cette activité peut-être adaptée sous une autre forme ludique mais l’objectif est
de faire émerger les représentations que les étudiants ont et qu’ils en deviennent ainsi
conscients.
■ Une fois les associations réalisées, il revient aux apprenants de classer les mots et de les
analyser. Cela permet ainsi une mise à distance et un début de réflexion entre les membres
du groupe. Cette partie doit faire l’objet d’interactions entres les participants. Ils
s’interrogent sur les mots, sur leur signification, s’ils ont leur place dans la liste, et ils sont
invités à donner leurs opinions, leurs sentiments.
■ La troisième étape consiste en une mise en commun et une réflexion davantage guidée par
le professeur - ou l’organisateur - qui oriente les discussions et pose des questions aux
participants.
■ Les apprenants sont ensuite divisés en groupes et reçoivent des représentations qui ont été
manifestées auparavant par des personnes d’autres nations. Ils travaillent ainsi en comparant
d’autres images sur le même pays afin de relativiser leurs propres représentations et s’ouvrir
105
Nathalie Muller, Jean-François de Pietro, op.cit., p.58/59.
85
à l’altérité tout en réfléchissant sur le rôle des images et la subjectivité dans l’appréhension
du monde.
■ Enfin, la dernière étape comprend la phase de synthèse de tout l’exercice.
Cette activité permet de prendre conscience de ses représentations grâce au
« diagnostic », de s’interroger sur leur construction, puis de mener un travail de réflexion
qui permettra de relativiser ses propres représentations. Cette activité facilite la
« destructuration » autrement nommée la « déconstruction » et il est nécessaire ensuite de
restructurer ou reconstruire de nouvelles représentations moins stéréotypées et donc plus
variées.
Il est préférable de réaliser ce travail en langue étrangère mais si le niveau ne le
permet pas ou s’il s’agit d’une activité ouverte à tout public, il sera alors possible de la
réaliser dans la langue source, à savoir l’espagnol dans le cas qui nous intéresse.
3.4 Les Alliances et la didactique
Il n’est pas toujours simple d’organiser ce travail en dehors des salles cours de
français langue étrangère des Alliances mais ces dernières suivent parfois cette « logique »
et il peut être envisageable d’adapter cette activité lors de manifestations culturelles
proposées cette fois-ci à un public qui est parfois nombreux et qui n’est pas toujours en
cours d’acquisition de la langue. Le « Café con francés » de l’Alliance française de San
Cristóbal de las Casas peut être un moment propice à cet exercice par exemple.
La politique générale des Alliances françaises observées lors de ce travail montre
bien un choix clair de favoriser au maximum l’approche entre deux (voire même plus dans
certaines occasions) cultures. Elles facilitent la rencontre entre des acteurs sociaux
provenant de milieux variés et appartenant à des univers linguistiques et culturels différents.
L’Alliance française place donc la notion d’interculturalité dans ses priorités. Certaines
d’entre elles organisent notamment des activités pendant la Fête des Morts, qui est une
véritable institution au Mexique et un jour beaucoup moins important en France. Elles
proposent également des expositions notamment sur les « periodistas sin voz » lors de la
journée de la liberté d’expression pour l’Alliance de Querétaro ou sur le gang des Maras
pour les centres de Toluca et Puebla qui lient donc la culture mexicaine avec d’autres
latino-américaines et la culture française car le lieu de rencontre et l’organisateur du projet
86
se veut être l’Alliance…française. Ces occasions induisent donc un questionnement à la fois
sur les autres cultures, sur autrui, mais aussi sur sa propre culture.
L’exposition París y los Parisinos, Ciudad de los mil rostros de Víctor Hugo
Gómez à l’Alliance de Puebla (lors de l’été 2011) semble intéressante pour illustrer la
théorie didactique présentée juste avant. En effet, l’Alliance souhaite partir d’une image de
la France, la ville de Paris, qui est souvent, on l’a vu, associée au pays et qui simplifie ainsi
la représentation de la France. Elle veut donc attirer un bon nombre de participants en
utilisant les stéréotypes du pays. Mais c’est aussi un moyen d’établir un « diagnostic » avec
ces illustrations iconographiques. Il serait en effet intéressant de proposer aux participants
dans un premier temps des images telles que la tour Eiffel ou même encore des stéréotypes
beaucoup plus réducteurs de la France (un homme avec un tee-shirt rayé, un béret et une
baguette de pain sous le bras par exemple) afin de faire émerger les représentations des
Mexicains. C’est aussi prendre en compte les représentations des personnes pour qu’elles
s’y retrouvent mais il est nécessaire ensuite de les dépasser, de les approfondir, de les
« travailler ». Il serait bon de proposer un débat ou du moins des échanges entre les
participants avec un animateur qui guiderait cette rencontre, dans le but de prendre
conscience des représentations et de les objectiver, mais aussi de comprendre le mécanisme
de la psychologie sociale avec les questions d’identité et d’altérité. Il pourrait être demandé
aux participants d’imaginer, dans un mouvement contraire, quelles seraient les photos
présentes lors d’une exposition sur la ville de México dans une « Alliance mexicaine » en
France. Ils pourraient ainsi s’interroger sur leur propre culture et les images que les Français
ont ou retiennent de leur pays. De cette façon, toutes les perceptions seraient mises à jour et
seraient ainsi relativisées. Cela rentre bien dans la démarche de l’interculturalité et c’est ce
que précise Geneviève Zarate : « Il s’agit d’amener les élèves à entrer dans la logique d’un
fonctionnement social qui leur est a priori extérieur et à transformer un questionnement sur
le fonctionnement de leurs propres représentations en un questionnement sur le
fonctionnement interne des représentations de l’autre culture106
».
Le but de cet « exercice » est donc de désorganiser les stéréotypes des Mexicains. Une fois
ces étapes franchies, il conviendrait de poursuivre l’exposition avec d’autres images de la
ville de Paris, des quartiers beaucoup moins connus, des spécificités relativement moins
stéréotypées afin de reconstruire une représentation plus diverse de la France.
106
Geneviève Zarate, op. cit., p. 95.
87
Cette activité dépend de plusieurs critères : il faut que les participants se prêtent au
jeu, l’Alliance doit prévoir une personne pour guider les réflexions et les rendre plus
agréables (les participants peuvent par exemple dessiner leur représentations). Il faut
également que l’exposition photo propose des images dans un premier temps assez
stéréotypées, puis davantage diversifiées et que l’artiste accepte une certaine disposition de
ses œuvres. Tout cela peut parfois être assez contraignant mais reste vraiment nécessaire
dans cette problématique. Les supports iconographiques ont en général un impact bref et
visuel qui éveille tout de suite chez les Mexicains une représentation bien particulière et qui
interpelle leur sensibilité.
L’analyse des manifestations culturelles et de la politique générale des Alliances de
notre étude montre une volonté de partir des stéréotypes, qui font écho dans la sensibilité
mexicaine, et par la suite essayer de les approfondir pour s’en détacher et ainsi donner une
autre image de la France, plus générale et moins réductrice. Indéniablement, les stéréotypes
sont présents dans cette institution. Quelquefois, les manifestations culturelles favorisent le
dialogue et facilitent l’approfondissement de certaines représentations. Mais lors d’autres
occasions, le travail de déconstruction puis reconstruction n’est pas suffisamment pris en
compte et l’Alliance se contente simplement d’exposer les stéréotypes - sans essayer de les
approfondir - et participe ainsi au maintien des représentations. C’est ce qui peut faire
l’objet de critiques concernant le rôle de l’Alliance française.
3.5 Les limites de l’Alliance française
Le rôle des Alliances dans l’enseignement et la diffusion de la culture, voire même
dans son fonctionnement ou encore dans sa politique générale et sa relation avec l’Etat
français peut être également soumis à des critiques. Tous les centres ne relèvent pas d’une
même organisation et certains reçoivent des subventions de l’Etat français ou bénéficient de
directeurs nommés par le Ministère des Affaires étrangères et proposent ainsi des activités
de qualité, plus nombreuses et très variées, dynamiques et souvent intéressantes pour le
public au niveau culturel et didactique, mais aussi intellectuel. Les autres sont des centres
de moindre importance, avec une programmation culturelle moins riche et souvent proche
des stéréotypes de la France, véhiculant ainsi des idées déjà partagées par la communauté
mexicaine et parfois loin des réalités du pays. Les Alliances françaises n’abordent donc pas
toujours toutes les facettes de la France et elles participent même quelquefois à la réduction
88
de l’image du pays sans en dépasser les clichés. Cette démarche nie ainsi ce qui est
préconisé par les spécialistes de la didactique des langues et cultures et cela maintient dans
l’imaginaire mexicain des représentations pas toujours conformes au pays.
Il manque donc une certaine harmonie au réseau des Alliances françaises au
Mexique, ce qui peut être en partie expliqué par une politique de la part du gouvernement
français qui ne propose pas toujours une aide, en particulier financière, suffisante par
rapport aux besoins des alliances sur le terrain. L’État se désengage de plus en plus en
donnant ses priorités à d’autres domaines de politique étrangère comme les actions
humanitaires par exemple ou l’Europe. Jean-Claude Jacq, le secrétaire général de l’Alliance
française, s’inquiète déjà en 2009 des restrictions du Quai d’Orsay : « Il y a dix-huit ans, le
ministère réservait aux alliances 495 postes d’expatriés. Il n’y en a plus que 235. C’est une
hémorragie extraordinaire et potentiellement dangereuse.107
» Encore aujourd’hui, l’Etat
français cherche à favoriser davantage les contrats locaux de l’Alliance et diminue ainsi son
aide financière aux associations, que ce soit dans l’envoi de personnel au statut d’expatrié
ou le versement de subventions. Ces subventions précisément sont donc en baisse
croissante, comme le montre le diagramme suivant réalisé à partir des chiffres donnés par le
Sénat et montrant une réelle diminution des apports financiers de l’action extérieure de la
France reversés à la Fondation Alliance française (qui peut ensuite organiser certaines
manifestations culturelles), ou directement aux Alliances françaises, de 2007 à 2011 :
0 €
2 000 000 €
4 000 000 €
6 000 000 €
8 000 000 €
10 000 000 €
12 000 000 €
2007 2008 2009 2010 2011
Années
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Subventions versées par la France aux Alliances françaises depuis 2007
Source du document : http://www.senat.fr/rap/a11-110-1/a11-110-17.html, consulté le 10 mai 2012
107
Cité par René Solis, « Débâcle au Quai », in Libération [En ligne, consulté le 24 mai 2012], disponible
sur : http://www.liberation.fr/theatre/0101314098-debacle-au-quai
Année
Chiffre au total des
versements
2007 10 034 040 €
2008 9 997 840 €
2009 8 896 294 €
2010 9 028 335 €
2011 7 857 199 €
89
Les Alliances françaises ont donc des moyens qui se réduisent et elles doivent trouver des
solutions afin de réaliser leur mission mais la qualité de leur travail est bien souvent
affaiblie. Les effectifs envoyés par le ministère des affaires étrangères étant en constante
diminution, les Alliances recrutent donc du personnel sous contrat local, moins bien payé -
car soumis aux conditions des salaires du pays - et quelquefois aussi moins bien formé. Un
cercle vicieux peut ainsi se créer : en effet, si l’argent manque aux Alliances françaises, la
prestation a tendance à être moins bonne, et les étudiants ou la population en général
risquent de ne plus participer aux activités. La bonne réputation dont jouit l’Alliance peut
en subir les conséquences, entraînant la diminution des inscriptions et de la sorte, la baisse
des recettes de l’alliance, et ainsi de suite.
Les cours sont en général financés par les frais d’inscription mais ce sont les
manifestations culturelles qui peuvent être affectées. De plus, comme le gouvernement
soutient de moins en moins les alliances, elles se dirigent ainsi vers le mécénat et les
sponsors afin de pouvoir organiser des activités. Mais ce système de financement peut
constituer un danger pour la culture qui devient ainsi une sorte de « commerce » et fait de
la culture elle-même un synonyme de marketing et d’opérations commerciales pour
satisfaire non plus le public mais les entreprises qui reversent leurs aides économiques.
L’Alliance française se trouve aussi dans une posture délicate face à la réforme du
réseau culturel français à l’étranger car dans le cadre de cette réforme, les Instituts et
Centres culturels tout comme les services de coopération et d’action culturelle des
Ambassades de France doivent fusionner en une seule et même institution appelée « Institut
français » comme nous l’avons vu. Dans cette grande orientation, un choix décisif s’impose
pour l’Alliance française : maintenir son caractère d’association privée de droit local en
s’éloignant de la réforme au risque de perdre de la sorte toute aide économique de l’État ou
s’intégrer pleinement à ce changement, affaiblissant son indépendance au niveau politique.
L’État français est bien conscient de la force du réseau des Alliances françaises bien
implanté dans le monde entier et jouissant d’une bonne réputation dans les pays. C’est
pourquoi, dans son discours lors du 34ème
Colloque annuel des Alliances française, Xavier
Darcos indique qu’il faut « intensifier le dialogue entre le réseau des instituts et des
alliances108
».
108
Discours disponible sur :
http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/spip.php?page=article_imprim&id_article=98223 [En ligne, consulté le 24
mai 2012].
90
L’Alliance française de la ville de Mexico se trouve dans une situation originale -
très rare dans le monde - : dans la même ville sont situés le Centre Culturel et de
Coopération - Institut Français d'Amérique Latine (CCC-IFAL) dépendant directement de
l’Ambassade de France et l’Alliance française de Mexico (divisée en cinq structures) qui
proposent les mêmes missions concernant les cours et la diffusion de la culture et se
trouvent donc « en concurrence ». Ce double réseau provoque de nombreuses interrogations
et une union entre les deux semble difficile car l’alliance est une association civile alors que
le CCC-IFAL est directement lié à l’Ambassade, représentant plutôt une administration, et
les structures juridiques tout comme le statut de leurs membres restent très différents109
.
Bien souvent, ces deux organismes, au lieu de fonctionner main dans la main en
faveur de la diffusion de la culture française et des valeurs du pays, manquent de
communication et organisent chacun de leur côté des manifestations. C’est exactement ce
qui s’est passé lors de la fête de la musique en juin 2011 avec des manifestations proposées
par chacune des deux structures sans se mettre en accord auparavant, ce qui aurait renforcé
la qualité des manifestations.
L’image que les Alliances françaises veulent donner est avant tout positive et il est
possible alors de s’interroger sur l’éventuelle « censure » concernant certains événements
qui pourraient nuire à l’image de la France. Pour illustrer ce fait, lors de la présentation du
questionnaire aux Alliances françaises, il nous a clairement été suggéré de retirer le nom de
Florence Cassez qui apparaissait dans les propositions d’une question, l’Ambassade de
France ne souhaitant pas de polémiques à ce sujet. Cette affaire qui a refroidi les relations
diplomatiques entre les deux pays s’avère être en quelque sorte un sujet tabou dont il faut
absolument éviter de parler. De plus, il semble évident que bien souvent, derrière les
organisations culturelles se cachent des buts marketing. En effet, l’Alliance française doit
en quelque sorte « vendre » la culture du pays et c’est une institution qui participe à la
promotion de la France et les activités qu’elle met en place sont donc orientées dans ce but
précis.
L’Alliance française s’adresse en principe à tout le monde, que ce soit des
Mexicains désireux d’apprendre la culture et la langue du pays ou à des francophones qui
souhaitent participer aux activités menées par l’Alliance, mais les cours de langue française
109
Voir à ce sujet : http://www.senat.fr/rap/r07-428/r07-4284.html [En ligne, consulté le 24 mai 2012].
91
sont surtout orientés vers une partie de la population relativement aisée. Cet organisme se
transforme parfois en un lieu de rencontres pour les élites mexicaines et non un espace
accessible à tous.
Enfin, l’enquête réalisée révèle des réponses souvent non mentionnées en particulier
pour les films (21% de films non cités) et les livres (35%), ce qui peut souligner des
faiblesses quant à la diffusion du cinéma et à la littérature pour des œuvres qui n’entrent
peut-être pas assez dans la programmation culturelle. Il conviendrait de prévoir davantage -
du moins dans certaines alliances - des activités liées à ces deux supports culturels qui ne
sont pas à négliger dans l’apprentissage d’une langue étrangère.
92
CONCLUSION
Au cours de cette recherche, nous avons montré la contribution des Alliances
françaises à la représentation de la France et avons mis l’accent sur la diffusion de la culture
de ce pays au Mexique, notamment au travers de l’étude de cinq Alliances françaises. Ces
institutions proposent des manifestations culturelles qui s’adressent à tout public et sont
souvent gratuites. Elles orientent leur programmation en fonction des âges mais aussi des
grands moments de l’Histoire de France, car le but premier est bien de réunir une
population mexicaine autour de thèmes français. Ces centres se transforment ainsi en des
lieux de rencontres interculturels, de réflexions et de débats où la diversité culturelle est une
force réelle qui permet de se réunir dans un cadre convivial pour échanger, découvrir et
apprendre. Le programme culturel offert se révèle riche, varié et dynamique. Les
problématiques abordées traitent en général de la France mais aussi d’autres régions du
monde et sont souvent originales, cohérentes et s’adaptent au public. Les moyens de
diffusion de la culture restent multiples puisque les Alliances utilisent le cinéma, la
littérature, les expositions, les débats. D’autres éléments sont également à prendre en
compte, comme dans les cours de langue française avec les manuels ou même les discours
des professeurs qui peuvent influencer les configurations représentationnelles.
L’observation de la programmation culturelle a montré que les Alliances françaises
ne diffusent qu’une certaine image de la France et que seuls les éléments positifs sont
exposés au public, sélectionnant ainsi une culture qui met en avant le rayonnement du pays.
Il s’agit en effet de prendre en charge la promotion de la langue et de la culture françaises et
présenter ainsi une image de la France « culturellement correcte », éludant les côtés
négatifs qui pourraient nuire à la « bonne réputation » de l’Alliance et avoir d’autres
conséquences indirectes pour la France. Cela serait alors contre-productif pour ces centres
puisqu’ils sont censés faire la publicité du pays. La culture proposée est donc
soigneusement sélectionnée et cherche avant tout à « vendre » une bonne image du pays,
dans une perspective idéale, ce qui souligne le côté marketing de l’institution qui a besoin
de conserver un nombre important d’étudiants, pour continuer à exister et compenser la
baisse des moyens délivrés par l’État français.
L’analyse des manifestations culturelles proposées dressent le portrait d’une France
qui se situe entre tradition et modernité. D’une part, la vision traditionnelle est symbolisée
par les manifestations organisées autour de la littérature et des œuvres dites classiques ou
93
des cafés débats. Par ailleurs, l’étude souligne l’omniprésence des symboles comme la fête
nationale célébrée le 14 juillet dans les Alliances, ou la représentation de la ville de Paris
sur les publicités et lors des expositions. D’autre part, les Alliances s’efforcent de diffuser
une culture synonyme de modernité en proposant des thématiques actuelles, en utilisant les
réseaux sociaux et les nouvelles technologies et en introduisant dans leur programme des
débats ou des réflexions en référence à l’actualité.
Cette diffusion culturelle voulue par les Alliances françaises est à mettre en relation
avec les résultats de notre enquête sociologique, qui témoigne de l’influence de l’institution
dans la sensibilité mexicaine. En effet, l’analyse des réponses du questionnaire révèle que
les étudiants ont une image de la France avant tout positive, s’appuyant sur des éléments
traditionnels tels que le patrimoine français et mettant en avant le prestige des Lumières et
de la Révolution française. Les informateurs indiquent également que la France reste
moderne, et leader notamment au niveau de la mode. Ces questionnaires, avec l’aide des
travaux réalisés sur la question des représentations, confirment que l’image de la France
s’organise autour de deux éléments fondamentaux : elle apparaît à la fois comme un modèle
grâce à son passé riche qui gravite autour de la Révolution française, le siècle des Lumières,
les droits de l’Homme et la littérature, mais aussi comme un pays « impérialiste », avec
l’image de Napoléon Bonaparte voire même des références à Napoléon III.
Ce travail a également permis de démontrer l’intégration des Alliances françaises
dans la vie locale, grâce à ses participations aux événements organisés par les municipalités,
ses collaborations avec des universités ou ses déplacements vers les Mexicains dans des
lieux qui leur sont plus familiers plutôt que dans ses propres locaux. Elles choisissent
également de placer à la tête des Comités des personnalités souvent connues et influentes de
la région.
Nous nous sommes intéressés à la notion de représentation en montrant qu’elle était
constitutive de l’être humain et qu’il fallait la prendre en considération dans un centre de
langue comme l’Alliance française et ne pas chercher à vérifier l’exactitude ou la véracité
des représentations mais plutôt de s’interroger sur leur configuration et de se demander
comment elles affectent la vision de l’altérité. Il existe en effet des liens très forts entre
représentation et altérité qu’il convient de rapprocher aussi de la notion d’identité. Il faut
prendre en compte le poids des représentations dans l’apprentissage et mettre en œuvre des
actions didactiques efficaces dans le cadre de l’enseignement du F.L.E. Nous avons illustré
cette optique avec des exemples précis. L’analyse montre l’importance de mettre en relief
les représentations des individus en effectuant un « diagnostic » afin de s’interroger sur la
94
construction des représentations, puis de réaliser un travail de réflexion, l’objectif étant de
déstructurer les représentations, les remettre en cause et les travailler par la suite en les
reconstruisant avec des éléments plus proche des réalités du pays.
Comme le souligne justement l’ancien Ministre de la culture, Fréderic Mitterrand,
« les Alliances françaises sont une fenêtre sur la France110
» et elles doivent rester une
priorité afin de représenter le pays et de diffuser sa culture dans le monde entier. Nous
avons assisté ces dernières années à une baisse des budgets reversés à la culture et une
diminution des moyens aux institutions de représentation de la France à l’étranger de la part
du gouvernement, ce qui ne peut qu’affaiblir l’influence du réseau culturel français à
l’étranger. Nous sommes d’ailleurs actuellement dans une période importante, puisque la
réforme de l’Institut français n’est pas encore aboutie - l’expérimentation prenant fin
l’année prochaine -. En outre, un nouveau président vient tout juste d’être élu en France et
le pays pourrait subir des changements concernant sa politique culturelle à l’étranger dans
les mois voire les années à venir.
110
Frédéric Mitterrand, in « Actes des XXXIIIème
rencontres Internationales de l’Alliance française », Paris,
2011, p. 6.
95
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MOLINER Pascal : Images et représentations sociales : de la théorie des représentations à
l'étude des images sociales, Grenoble, Presses universitaires de Grenoble, 1996.
ZARATE Geneviève : Enseigner une culture étrangère, Paris, Hachette, 1986.
ZARATE Geneviève : Représentations de l'étranger et didactique des langues, Paris,
Didier, 2009.
c) Relations France/Mexique, France/Amérique latine
CHARAUDEAU Patrick : "Regards croisés" : perceptions interculturelles France-
Mexique, Paris, Didier érudition, 1995.
CHONCHOL Jacques, MARTINIÈRE Guy: L’Amérique latine et le latino-américanisme
en France, Paris, L’Harmattan, 1985.
GAMBOA OJEDA Leticia : Los Barcelonnettes en México. Miradas regionales, siglos XIX
y XX, Puebla, BUAP, 2008.
LEMPÉRIÈRE Annick, LOMNÉ Georges, MARTINEZ Frédéric et ROLLAND Denis
(Coord.) : L’Amérique latine et les modèles européens, Paris, L’Harmattan, 1998.
PEREZ SILLER Javier (Coord.) : Le Mexique, terre de migrations, Saint-Denis, Cahiers
ALHIM, 2009.
PÉREZ SILLER JAVIER : México Francia. Memoria de una sensibilidad común, siglos
XIX-XX., Mexico, BUAP, El colegio de San Luis, A.C., Cemca, 1998.
ROBIN Yves : L'image de la France au Mexique. Représentations scolaires et mémoire
collective, l'Harmattan, Paris, 2011.
ROLLAND Denis : La crise du modèle français : Marianne et l’Amérique latine. Culture,
politique et identité, Presses Universitaires de Rennes, 2000.
97
ROLLAND Denis : Mémoire et imaginaire de la France en Amérique latine : la
commémoration du 14 Juillet, 1939-1945, Paris, L’Harmattan, 2000.
VILLEGAS Jean-Claude : Paris, capitale littéraire de l’Amérique latine, Editions
universitaires de Dijon, 2007.
d) Histoire et civilisation
CHAUNU, Pierre : Histoire de l’Amérique latine, Paris, PUF, 2009.
COVO Jacqueline : Introduction aux civilisations latino-américaines, Paris, Armand Colin,
2009.
KASPI André, MARÈS Antoine : Le Paris des étrangers, Paris, 1989.
MAUCHAMP Nelly : Les Français, Paris, Le Cavalier Bleu, 2006.
ROUQUIÉ Alain : Amérique latine. Introduction à l'Extrême- Occident, Paris, Editions du
Seuil, 1998.
VAYSSIERE Pierre : L’Amérique latine de 1890 à nos jours, Paris, Hachette, 2006.
e) Autres
DRESSER Denise : El país de uno. Reflexiones para entender y cambiar a México, México
D.F., Aguilar, 2011.
JOLY Martine : Introduction à l’analyse de l’image, Paris, A. Colin, 2008.
PAZ Octavio : El laberinto de la soledad, México D.F., Fondo de Cultura Económica,
2004.
III- Documents électroniques
« Actes des XXXIIIème
rencontres internationales de l’Alliance française », Paris, 2011, [En
ligne, consulté le 13 février 2012], disponible sur:
http://www.fondation-alliancefr.org/?cat=542
CASTELLOTTI Véronique, MOORE, Danièle : « Représentation sociales des langues et
enseignements », Strasbourg, Conseil de l’Europe, 2002, [En ligne, consulté le 22 décembre
2011], disponible sur :
http://www.coe.int/t/dg4/linguistic/Source/CastellottiMooreFR.pdf
CHAUBET François : « L'Alliance française ou la diplomatie de la langue (1883-1914) » in
Revue historique n° 632, 2004, [En ligne, consulté le 20 mai 2012], disponible sur :
http://www.cairn.info/revue-historique-2004-4-page-763.htm
98
MADRICARDO Henri : « Langues et cultures à l'école », 2001, [En ligne, consulté le 24
mai 2012], disponible sur : http://www.cairn.info/revue-ela-2001-3-page-325.htm
« Manuels scolaires en classe de FLE et représentations culturelles » in Cahiers de langue
et de littérature n°5. Université de Mostaganem (Algérie), 2008. [En ligne, consulté le 18
novembre 2011], disponible sur : http://users.utu.fi/freder/revue5.pdf
MEYER Jean : « Dos siglos, dos naciones : México y Francia, 1810 - 2010 », Mexico,
CIDE, 2011, [En ligne, consulté le 22 décembre 2011], disponible sur :
http://www.cide.mx/publicaciones/status/dts/DTH%2072.pdf
PÉREZ SILLER Javier : « La construction de sensibilités : Problématique pour l’étude de la
présence et l’influence française au Mexique », in Nuevo Mundo Mundos Nuevos, 2007, [En
ligne, consulté le 13 mars 2012], disponible sur:
http://nuevomundo.revues.org/3772
PÉREZ SILLER Javier : « Modèle social et relations internationales : historiographie sur
les relations franco-mexicaines », 1996, [En ligne, consulté le 22 avril 2012], disponible
sur:
http://www.univ-paris-diderot.fr/hsal/hsal96/jps96-2.html
PÉREZ SILLER Javier : « Una contribución a la modernidad, La comunidad francesa en la
ciudad de México », Puebla, 1999, [En ligne, consulté le 12 janvier 2010], disponible sur :
http://www.mexicofrancia.org/articulos/p7.pdf
PLASAIT Bernard : « Améliorer l'image de la France », avril 2010, [En ligne, consulté le
09 octobre 2011], disponible sur :
http://lesrapports.ladocumentationfrancaise.fr/BRP/104000198/0000.pdf
ROLLAND Denis : « Les perceptions de la France en Amérique Latine: structures et
évolution, 1918-1945 », [En ligne, consulté le 18 mars 2011], disponible sur:
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/casa_0076230X_1992_num_283_2
635
VERLUISE Pierre: « Quelle France dans le monde du XXIème siècle ? », Diploweb, 2001,
[En ligne, consulté le 12 décembre 2011], disponible sur:
http://www.diploweb.com/france/introgene.htm
IV- Les manuels de F.L.E.
Echo A1, CLE International, 2010 de Jacky Girardet, Jacques Pécheur.
Echo A2, CLE International, 2010 de Jacky Girardet, Jacques Pécheur.
Latitudes A1, Didier, 2009, Régine Mérieux et Yves Loiseau.
Latitudes A2, Didier, 2009, Régine Mérieux et Yves Loiseau.
99
Nouveau Rond-Point A1/A2, 2011, Maison des langues/difusión, de Catherine Flumian,
Josiane Labascoule, Christian Lause, Corinne Royer.
Version originale 1, 2010, Maison des langues/difusión, de Monique Denyer, Agustín
Garmendia, Corinne Royer, Marie- Lions-Olivieri.
Version originale 2, 2010, Maison des langues/difusión, de Monique Denyer, Agustín
Garmendia, Corinne Royer, Marie- Lions-Olivieri.
V- Sitographie
■ Alliance française
- Alliance française de Paris-Ile-de-France : http://www.alliancefr.org/
- Alliance française de Polanco : http://www.alianzafrancesademexico.org.mx/AF-Polanco-
5.html
- Alliance française de Puebla : http://www.alianzafrancesa.org.mx/Puebla
- Alliance française de Querétaro : http://www.alianzafrancesa.org.mx/Queretaro
- Alliance française de San Cristóbal de las Casas : http://www.chiapas.af.org.mx/-La--
Alianza-Francesa-de-San-.html
- Alliance française de Toluca : http://www.alianzafrancesa.org.mx/Toluca
- Fédération des Alliances françaises au Mexique : http://www.alianzafrancesa.org.mx/
- Fondation Alliance Française : http://www.fondation-alliancefr.org/
■ Sites officiels du gouvernement français
- Ambassade de France à Mexico (Mexique) : http://www.ambafrance-mx.org/
- Ambassade de France à Moscou (Russie) : http://www.ambafrance-ru.org/
- Ambassade de France à Yaoundé (Cameroun) : http://www.ambafrance-cm.org/
- Maison des Français à l’Étranger : http://www.mfe.org/
- Ministère des Affaires étrangères : http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/
- Réseau culturel et de coopération français à travers le monde, Latitude :
http://www.latitudefrance.org/
- Sénat : http://www.senat.fr/
■ Presse
- Journal des Français à l’étranger, Le Petit Journal : http://www.lepetitjournal.com/
- Quotidien des Francophones du Mexique, LeGrandJournal :
http://www.legrandjournal.com.mx/
- Quotidien économique français, La Tribune, http://www.latribune.fr
- Quotidien espagnol El País, http://elpais.com/
- Quotidien français, Le Figaro, http://www.lefigaro.fr/
- Quotidien français, Libération, http://www.liberation.fr/
- Radio France Internationale : http://www.rfi.fr/france
100
■ Autres
- Agence pour l’enseignement français à l’étranger : http://www.aefe.fr/
- Audiovisuel extérieur de la France : http://www.aefmonde.com/
- Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE) :
http://www.insee.fr/fr/
- Le Moniteur du Commerce International : http://lemoci.com/mexique/14-Legislation-du-
travail.htm
- Mexico - Francia, présence, influence, sensibilité : http://www.mexicofrancia.org/
- Promotion du cinéma dans le monde : http://www.unifrance.org/
- Tour du cinéma français au Mexique : http://www.tourdecinefrances.net/
* Tous les sites ont été consultés la dernière fois le 27mai 2012.
101
ANNEXES
Annexe 1 : Lettre de Victor Hugo aux habitants de Puebla
Hommes de Puebla,
Vous avez raison de me croire avec vous.
Ce n’est pas la France qui vous fait la guerre, c’est l’empire. Certes, je suis avec vous.
Nous sommes debout contre l’empire, vous de votre côté, moi du mien, vous dans la patrie,
moi dans l’exil.
Combattez, luttez, soyez terribles, et, si vous croyez mon nom bon à quelque chose,
servez-vous-en. Visez cet homme à la tête, que la liberté soit le projectile.
Il y a deux drapeaux tricolores, le drapeau tricolore de la république et le drapeau
tricolore de l’empire ; ce n’est pas le premier qui se dresse contre vous, c’est le second.
Sur le premier on lit : Liberté, Égalité, Fraternité. Sur le second on lit : Toulon. 18
brumaire.-2 décembre. Toulon.
J’entends le cri que vous poussez vers moi, je voudrais me mettre entre nos soldats et
vous, mais que suis-je ? Une ombre. Hélas ! Nos soldats ne sont pas coupables de cette
guerre ; ils la subissent comme vous la subissez, et ils sont condamnés à l’horreur de la faire
en la détestant. La loi de l’histoire, c’est de flétrir les généraux et d’absoudre les armées.
Les armées sont des gloires aveuglées ; ce sont des forces auxquelles on ôte la conscience ;
l’oppression des peuples qu’une armée accomplit, commence par son propre
asservissement ; ces envahisseurs sont des enchaînés ; et le premier esclave que fait le
soldat, c’est lui-même. Après un 18 brumaire ou un 2 décembre, une armée n’est plus que le
spectre d’une nation.
Vaillants hommes du Mexique, résistez.
La République est avec vous, et dresse au-dessus de vos têtes aussi bien son drapeau
de France où est l’arc-en-ciel, que son drapeau d’Amérique où sont les étoiles.
Espérez. Votre héroïque résistance s’appuie sur le droit, et elle a pour elle cette grande
certitude, la justice.
L’attentat contre la république mexicaine continue l’attentat contre la république
française. Un guet-apens complète l’autre. L’empire échouera, je l’espère, dans sa tentative
infâme, et vous vaincrez. Mais, dans tous les cas, que vous soyez vainqueurs ou que vous
soyez vaincus, notre France reste votre sœur, sœur de votre gloire comme de votre malheur,
et quant à moi, puisque vous faites appel à mon nom, je vous le redis, je suis avec vous, et
je vous apporte, vainqueurs, ma fraternité de citoyen, vaincus, ma fraternité de proscrit.
VICTOR HUGO
Lettre écrite pendant son exil à Guernesey en 1863.
Source du document : Yves Robin, L'image de la France au Mexique. Représentations scolaires et mémoire collective, l'Harmattan, Paris, 2011, p.271.
102
Annexe 2 : Carte du Mexique et des 5 Alliances françaises de l’analyse
Source du document : http://www.mumuze.com/geo/mexique/carte_mexique.asp Dernière consultation en mai 2012
103
Annexe 3 : Bilan de la programmation culturelle de l’Alliance française de Polanco,
juin, juillet et août 2011
D’après le site internet http://www.alianzafrancesademexico.org.mx/Eventos-y-cultura.html (dernière consultation en avril 2012) et une brochure « Cartelera de cultura francesa en México - julio, agosto 2011 ».
Date Intitulé et description
JUIN 2011
- du 21 au 26
- le 29
JUILLET 2011
- mardi 5
- mercredi 6
- jeudi 7
- mardi 12
- mardi 19
- mardi 26
- jeudi 28
AOÛT 2011
- mardi 2
- jeudi 4
- mardi 9
- mardi 16
- mercredi 17
- mardi 23
- lundi 29
- Fête de la musique dans divers endroits de la ville, dont le
Centre Historique, les AF de la ville, ou encore le musée Frida
Kahlo.
- Exposition « Désert, Histoires urbaines », du collectif franco-
mexicain composé de Guillaume Corpart Muller, Jan Smith
Ramos et Ragnar Chacin.
- Cinéma : « El Asaltante » (L’Assaillant) de Pablo Fendrik,
Argentine, 2008.
- Café littéraire.
- Théâtre : « Le Malade imaginaire » par la troupe Oneiros, en
espagnol, 70 pesos et gratuit pour élèves et personnels AF
Mexico.
- Cinéma : « Calle Tzameti 13 » (13 Tzameti) de Géla Babluani,
France et Géorgie, 2005.
- Cinéma : « En la ciudad de Silvia » (Dans la ville de Sylvia) de
José Luis Guerin, Espagne, France, 2008.
- Cinéma : « El Divo. La extraordinaria vida de Giulio Andreotti
» (Il Divo) de Paolo Sorrentino, Italie, France, 2008.
- Cinéma: Avant-Première de « Midnight in Paris » (Minuit à
Paris) de Woody Allen, Etats-Unis.
- Cinéma : « Un hombre que llora » (Un Homme qui crie) de
Mahamat Saleh Haroun, France - Belgique, 2010.
- « Jornada Alianza Francesa y Sótano » ; journée en
partenariat avec la librairie de l’AF de Polanco.
- Cinéma : « ParanoidPark » de Gus Van Sant, France - Etats-
Unis, 2007.
- Cinéma : « Tres monos» (Les Trois Singes) de Nuri Bilge
Ceylan, France - Etats-Unis, 2008.
- Café littéraire sur Le Désert de JMG Le Clézio.
- Cinéma : « Excentricidades de una joven rubia » (Singularité
d’une Jeune fille blonde) de Manoel de Oliveira, Portugal, 2009.
- Café/Débat « Afrodescendientes en la ciudad »
104
Annexe 4 : Bilan de la programmation culturelle de l’Alliance française de Puebla,
juin, juillet et août 2011
Date Intitulé et description
JUIN 2011
- vendredi 3
- vendredi 10
- du jeudi 16 juin
au lundi 11 juillet
- vendredi 17
- mardi 21
- mercredi 22
- jeudi 23
- vendredi 24
- samedi 25
- jeudi 30
JUILLET 2011
- vendredi 1
- samedi 2
- vendredi 8
- jeudi 14 juillet
- vendredi 15
- Ciné-club « ciclo de cine » sur Jean-Louis Godard, avec la
projection de « Alphaville », 1965.
- Ciné-club « ciclo de cine » sur Jean-Louis Godard, avec la
projection de « Made in USA », 1966.
- Exposition « París y los Parisinos, Ciudad de los mil rostros »
de Víctor Hugo Gómez. Vin d’honneur lors de l’inauguration le
jeudi 16 juin.
- Ciné-club, « ciclo de cine » sur Jean-Louis Godard, avec la
projection de « El desprecio » (Le Mépris), 1963.
- Conférence et musique « Forma Tiempo », de Jorge Torres
Hernández sur la théorie musicale.
- Conférence « De lo ordinario a lo batuto », de Daniel Jiménez
García sur les grands courants de compositeurs du XIXème
et
XXème
siècles
- Conférence « Músicos cazando Mariposas », de Alejandro
Reyes Tlacatelpa sur la musique électronique et les Dj’s.
- Conférence « Computer Music », de Iván Macuil Priego et
Fernando Rigo Aguirre sur la musique faite par ordinateur.
- Ciné-club, « cicle de cine » sur Jean-Louis Godard, avec la
projection de « El Soldadito » (Le Petit Soldat) de 1963.
- Fête de la musique, avec des groupes de la ville de Puebla. À
San Andrés de Cholula (ville proche de Puebla).
- « Rally Revolución en la red » avec des énigmes à résoudre sur
la Révolution française via le réseau social Facebook.
- Ciné-club, « ciclo de cine » sur « la revuelta » (la révolte) avec
la projection de «La vía está libre » (La voie est libre) de
Stéphane Clavier, 1998.
- Cinéma (pour les enfants) : « Kirikú y la bruja » (Kirikou et la
sorcière) de Michel Ocelet, 1998.
- Ciné-club, « ciclo de cine » sur « La revuelta », avec la
projection de « El amor nunca muere » (La veuve de Saint-
Pierre) de Patrice Leconte, 2000.
- Inauguration de l’exposition « ¡Vámonos con Pancho Villa! El
Centauro del Norte ». Photographies sur Pancho Villa.
- Dîner et danse du 14 juillet dans le Marriott Real Hotel, 350
pesos pour les adultes et 100 pour les enfants, avec menu
français.
- Ciné-club, « ciclo de cine » sur « La revuelta », avec la
projection de « Dantón » (Danton) de Andrzej Wajda, 1982
105
D’après le site internet http://www.alianzafrancesa.org.mx/Puebla/Eventos?date=6-2011(dernière consultation en avril 2012) et une brochure « Alliance Cultures No°16» de l’Alliance française de Puebla.
- samedi 16
- vendredi 22
- vendredi 29
- samedi 30
AOÛT 2011
- vendredi 5
- samedi 6
- vendredi 12
- vendredi 19
- samedi 20
- vendredi 26
- Cinéma (pour les enfants): « Kirikú y las bestias salvajes»
(Kirikou et les bêtes sauvages) de Michel Ocelet, 1998.
- Ciné-club, « ciclo de cine » sur « La revuelta », avec la
projection de « Delicatessen » de Jean-Pierre Jeunet et Marc
Caro, 1991.
- Ciné-club, « ciclo de cine » sur « La revuelta », avec la
projection de « La ciudad de los niños perdidos » (La cité des
enfants perdus) de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro, 1995.
- Cinéma (pour les enfants) : « Azur y Asmar » (Azur et Azmar)
de Michel Ocelot, 2007.
- Ciné-club, « ciclo de cine » sur le thème d’« Acción », avec la
projection de « El tulipán rojo » (Fan Fan la tulipe) de Gérard
Krawczyk, 2003.
- Cinéma (pour les enfants) : « Asterix y Cleopatre » (Astérix et
Cléopatre) de Alain Chabat, 2002.
- Ciné-club, « ciclo de cine » sur le thème d’« Acción », avec la
projection de « Nido de avispas » (Nid de guêpes) de Florent-
Emilio Siri, 2002.
- Ciné-club, sur « Acción », avec la projection de « El gran
desafío » (Yamakasi) de Ariel Zeitoun et Julien Seri, 2001.
- Cinéma (pour les enfants) : « Los niños de la lluvia » (Les
enfants de la pluie) de Philippe Leclerc, 2002.
- Ciné-club, sur « Acción », avec la projection de « Gómez
contra Tavarez » (Gómez vs Tavarez) de Gilles Paquet-Brenne,
2007.
106
Annexe 5 : Invitation officielle à la fondation de l’Alliance française de Toluca, le 4
avril 1945
D’après les documents fournis par l’Alliance française de Toluca.
107
Annexe 6 : Articles de presse sur les événements culturels de l’Alliance française de
Toluca
Article 1
13ème Tour de cinéma français, du 11 septembre au 26 novembre 2009.
Source : Journal El Sol de Toluca du 14 septembre 2009.
Article 2
Le Médecin volant
Source : Journal El Sol de Toluca du 17 juillet 2010.
108
Annexe 7 : Bilan de la programmation culturelle de l’Alliance française de Toluca,
juin, juillet et août 2011
D’après le site internet http://alianzafrancesa.org.mx/Toluca/Eventos (dernière consultation en avril 2012)
Date Intitulé et description
JUIN 2011
- mercredi 1er
- vendredi 3
- mercredi 15
- mercredi 22
- mercredi 29
- du jeudi 9 juin
au mercredi 10 août
JUILLET 2011
- jeudi 14
AOÛT 2011
- Ciné-club « sélection officielle du Festival de Cannes », avec
la projection de « Regreso a casa » (Je rentre à la maison) de
Manoel de Oliveira, 2001.
- Théâtre : « Misión Basura » dans le cadre de la journée
mondiale de l’environnement.
- Ciné-club « sélection officielle du Festival de Cannes », avec
la projection de « Marie-Jo y sus dos amores » (Marie-Jo et ses
deux amours) de Robert Guédiguian, 2002.
- Ciné-club « sélection officielle du Festival de Cannes », avec
la projection de « ¿Quién quiere matar a Bambi? » (Qui a tué
Bambi ?) de Gilles Marchand, 2003.
- Ciné-club « sélection officielle du Festival de Cannes », avec
la projection de « Las bordadoras » (Brodeuses) de Eleonore
Faucher, 2004.
- Exposition de photographies « Biotropo » de Javier Hijonosa
et Francisco Mata sur la relation entre l’art et la nature.
Inauguration le 9 juin.
- Cérémonie du 14 juillet au jardin botanique Cosmovitral de la
ville de Toluca, puis cocktail et vin d’honneur.
- Fin de l’exposition de photographies.
109
Annexe 8 : Bilan de la programmation culturelle de l’Alliance française de Querétaro,
juin et juillet 2011 -
D’après le site internet http://www.alianzafrancesa.org.mx/Queretaro/Eventos (dernière consultation en avril 2012)
Date Intitulé et description
JUIN 2011
- vendredi 3, samedi 4
et dimanche 5
- dimanche 5
- du mardi 7 juin au
jeudi 7 juillet
- dimanche 19
JUILLET 2011
- jeudi 14
- 4ème
Festival des communautés étrangères. Organisation d’un
stand pour faire découvrir la culture française, sa langue et sa
gastronomie. Dans le parc Bicentenario de la ville.
- Concert de musique française avec le groupe « Quentin Tout
Seul ». Parc Bicentenario.
- Exposition de photos « Periodistas sin voz » (journalistes sans
voix) dans le cadre de la journée de la liberté d’expression.
L’exposition se tient dans les locaux de l’Universidad Autónoma
de Querétaro.
- Fête de la musique. Concerts dans le jardin Guerrero de la
ville de Querétaro. L’Alliance choisit 5 groupes parmi toutes les
propositions (qui doivent se faire connaître jusqu’au 7 juin à
l’Alliance) pour chanter en français le jour de la représentation.
- Cérémonie du 14 juillet. Lecture d’un texte par la directrice de
l’Alliance puis chant La Marseillaise dans le petit jardin de
l’Alliance.
110
Annexe 9 : Questionnaire aux étudiants des Alliances françaises
111
112
Annexe 10 : Les villes françaises mentionnées dans les questionnaires
- Tableau 1 : Nom des villes citées et conservées pour l’analyse
Nom de la ville Occurrence Occ. Occ. Occ. Occ. Total
mentionnée Polanco Puebla Toluca Querétaro San Cristóbal
1 Ajaccio 0 0 1 1 1 3
2 Annecy 0 0 0 1 0 1
3 Arles 2 0 0 0 0 2
4 Avignon 0 1 1 1 0 3
5 Bordeaux 6 3 8 9 3 29
6 Boulogne sur mer 0 0 0 1 0 1
7 Bourgogne* 1 0 0 0 1 2
8 Brest 0 0 0 1 0 1
9 Bretagne* 1 0 0 1 0 2
10 Caen 0 0 0 2 0 2
11 Calais 0 0 0 1 0 1
12 Cannes 4 3 1 0 0 8
13 Champagne* 3 1 0 1 0 5
14 Chartres 0 1 0 0 0 1
15 Châteaux de la Loire* 0 0 0 1 0 1
16 Cognac 0 0 1 0 0 1
17 Concarneau 0 0 0 1 0 1
18 Corse* 1 0 0 0 0 1
19 Dijon 0 0 0 1 1 2
20 Evian 1 0 0 0 0 1
21 Grenoble 3 1 0 0 0 4
22 Honfleur 0 1 0 0 0 1
23 Ile-de-France* 1 0 0 0 0 1
24 Lille 2 1 1 4 0 8
25 Limoges 0 0 0 1 0 1
26 Lorraine* 0 0 0 1 0 1
27 Lourdes 0 0 0 1 1 2
28 Lyon 21 7 26 34 9 97
29 Marseille 6 3 14 17 6 46
30 Megève 1 0 0 0 0 1
31 Metz 0 0 0 1 0 1
32 Montbéliard 0 0 0 1 0 1
33 Mont-Blanc* 0 0 0 1 1 2
34 Montpellier 5 1 4 0 0 10
35 Mulhouse 0 0 0 1 0 1
36 Nancy 0 0 1 1 0 2
37 Nantes 1 1 6 4 0 12
38 Narbonne 0 0 0 1 0 1
39 Nice 7 0 7 8 0 22
40 Nîmes 1 0 0 0 0 1
41 Normandie* 0 0 0 1 0 1
42 Orléans 0 1 0 1 0 2
43 Paris 37 16 40 66 14 173
44 Pau 0 0 0 1 0 1
45 Poitiers 0 0 0 1 0 1
46 Reims 0 0 0 1 0 1
113
47 Rennes 1 1 0 0 0 2
48 Saint-Malo 0 0 0 1 0 1
49 Saint-Paul-de-Vence 1 0 0 0 0 1
50 Saint-Raphaël 1 0 0 0 0 1
51 Saint-Tropez 0 0 0 1 0 1
52 Strasbourg 1 0 1 2 0 4
53 Toulouse 7 3 11 20 1 42
54 Tours 0 0 1 1 0 2
55 Versailles 1 0 0 1 1 3
56 Yvoire 1 0 0 0 0 1
Total 117 45 124 195 39 520
* Ce ne sont pas des villes mais des régions ou des zones précises.
- Tableau 2 : Villes citées de manière incorrecte et non conservées pour l’analyse
Valeur Polanco Puebla Toluca Querétaro San Cristóbal Total
57 NM/illisible111
2 1 4 8 2 17
58 Belgique 0 1 0 0 0 1
59 Hollande 0 0 0 0 1 1
60 La Roche112
0 0 0 1 0 1
61 Luxembourg 1 0 1 1 0 3
62 Madeleine 0 0 0 1 0 1
63 « Mine de Nantes » 0 0 0 1 0 1
64 Monaco 2 0 4 1 0 7
65 Monte-Carlo 1 0 0 0 0 1
66 Montréal 0 0 0 0 1 1
67 Notre-Dame 0 0 0 0 1 1
68 Venise 0 0 0 0 1 1
Total 6 2 9 13 6 36
111
Réponses non-mentionnées ou illisibles. 112
Les villes notées en italique dans le tableau ne sont pas suffisamment précises pour être classées.
114
Annexe 11 : Les prénoms français
Prénoms 1* 2 3 4 5 Tota
l
Non mentionné 5 4 3 8 2 22
1 Agnès 0 0 1 0 0 1
2 Alain 2 0 0 0 0 2
3 Alexandre 0 0 1 1 0 2
4 Alice 0 0 1 1 0 2
5 Alix 1 0 0 0 0 1
6 Alizée 0 0 1 1 0 2
7 Amandine 3 0 1 0 0 4
8 Amélie 1 0 3 4 0 8
9 André 0 0 0 0 1 1
10 Ange-Aimé 0 0 0 1 0 1
11 Anne 0 0 1 0 0 1
12 Anne-Gaëlle 0 0 0 1 0 1
13 Anne-Sophie 0 0 0 0 1 1
14 Antoine 0 0 2 0 0 2
15 Antoinette 0 0 1 0 0 1
16 Audrey 0 0 0 2 0 2
17 Aurélie 0 0 0 0 2 2
18 Bénédicte 0 0 2 0 0 2
19 Benjamin 0 0 0 2 0 2
20 Benoît 0 0 1 0 0 1
21 Blandine 0 0 0 1 0 1
22 Boniface 1 0 0 0 0 1
23 Brigitte 1 0 1 0 1 3
24 Bruno 1 0 0 0 0 1
25 Carole 0 0 0 5 0 5
26 Catherine 0 0 0 0 1 1
27 Cécile 1 0 1 2 0 4
28 Céline 0 0 0 1 0 1
29 Charlène 0 0 0 0 2 2
30 Charles 0 0 0 1 1 2
31 Charlotte 0 0 1 1 0 2
32 Christiane 1 0 0 0 0 1
33 Claire 0 0 0 2 0 2
34 Claude 1 0 0 1 0 2
35 Clémence 0 1 0 1 0 2
36 Clothilde 0 0 1 0 0 1
37 Corinne 2 0 0 0 0 2
38 Cyrille 1 0 0 0 0 1
39 Daniela 0 0 0 0 1 1
40 Danielle 1 0 0 0 0 1
41 Daphnée 0 0 0 0 1 1
42 Didier 2 0 1 1 0 4
43 Dominique 0 0 5 2 0 7
44 Edith 1 0 1 1 0 3
45 Elise 0 0 0 1 0 1
46 Elodie 0 0 1 2 0 3
47 Eric 0 0 0 1 0 1
Prénoms 1 2 3 4 5 Tota
l
72 Jean-Paul 2 1 2 0 0 5
73 Jean-Pierre 0 2 2 3 0 7
74 Jérôme 2 0 0 0 1 3
75 Joaquim 0 1 0 0 0 1
76 Josée 0 0 0 1 0 1
77 Jules 0 0 0 1 0 1
78 Julie 2 0 0 1 0 3
79 Julien 0 0 1 1 0 2
80 Juliette 0 0 2 1 0 3
81 Laura 0 0 1 0 0 1
82 Laure 0 0 0 1 0 1
83 Laurence 1 0 0 0 0 1
84 Laurent 0 0 0 3 0 3
85 Léa 0 0 2 0 0 2
86 Lorraine 0 0 0 1 0 1
87 Louis 2 0 3 2 1 8
88 Louise 0 0 1 1 0 2
89 Luc 1 0 1 0 0 2
90 Lucas 0 0 0 1 0 1
91 Ludovic 0 0 1 0 0 1
92 Madeleine 0 0 0 1 0 1
93 Manon 0 0 0 1 0 1
94 Marc 1 0 0 0 0 1
95 Marcel 1 0 0 0 0 1
96 Margot 0 0 0 1 0 1
97 Marianne 0 0 0 0 1 1
98 Marie 2 5 0 1 0 8
99 Marie-Antoinette 1 0 0 0 0 1
100 Marina 0 0 0 1 0 1
101 Marion 1 0 1 1 0 3
102 Maxime 4 0 0 0 0 4
103 Mélanie 0 0 1 0 0 1
104 Michelle 1 0 2 1 0 4
105 Mireille 0 1 0 0 0 1
106 Monique 1 0 0 1 2 4
107 Mourad 1 0 0 0 0 1
108 Naïma 1 0 0 0 0 1
109 Nathalie 1 1 0 1 0 3
110 Nicolas 3 0 0 0 0 3
111 Nouffisa 1 0 0 0 0 1
112 Pamela 0 0 0 1 0 1
113 Patricia 0 0 0 2 0 2
114 Paul 0 0 1 2 0 3
115 Paulette 0 0 1 0 0 1
116 Philippe 0 0 1 3 1 5
117 Pierre 4 2 1 17 1 25
118 Pierrot 0 0 0 2 0 2
119 Quentin 1 0 0 0 0 1
115
48 Estelle 0 0 0 0 1 1
49 Fabienne 1 0 0 0 0 1
50 Florient 0 0 0 1 0 1
51 Francesca 0 0 0 1 0 1
52 Franck 0 1 0 0 0 1
53 François 7 4 9 8 2 30
54 Françoise 0 0 1 1 1 3
55 François-Xavier 1 0 0 0 0 1
56 Frédéric 0 0 1 0 0 1
57 Gabrielle 0 1 0 0 0 1
58 Georges 1 0 0 0 0 1
59 Gérard 0 0 1 0 1 2
60 Guillaume 1 1 0 5 0 7
61 Gustave 0 0 1 0 0 1
62 Gwénola 1 0 0 0 0 1
63 Isabelle 0 0 0 0 1 1
64 Jacques 0 0 2 1 0 3
65 Janette 0 0 0 1 0 1
66 Jean 5 0 3 6 0 14
67 Jean-Daniel 1 0 0 0 0 1
68 Jean-Luc 0 0 0 1 0 1
69 Jean-Marc 1 0 0 0 0 1
70 Jean-Marie 1 0 0 0 0 1
71 Jeanne 0 0 0 1 0 1
120 Rémi 0 0 0 0 1 1
121 Romain 0 0 1 0 0 1
122 Romuald 0 0 0 1 0 1
123 Sabine 0 0 0 1 0 1
124 Sarah 0 0 1 0 0 1
125 Sébastien 0 1 0 0 0 1
126 Ségolène 0 0 0 1 0 1
127 Séverine 0 0 1 0 0 1
128 Simon 1 0 0 0 0 1
129 Simone 1 0 1 0 0 2
130 Sophie 0 0 1 1 2 4
131 Stéphane 1 0 0 0 0 1
132 Sylvaine 0 0 0 1 0 1
133 Sylvie 0 2 1 0 0 3
134 Thomas 0 0 0 2 0 2
135 Tristan 0 0 0 1 0 1
136 Valérie 2 0 0 0 0 2
137 Vanessa 1 0 0 0 0 1
138 Véronique 0 0 0 0 1 1
139 Victor 0 0 1 0 0 1
140 Vincent 0 0 1 0 0 1
141 Virginie 1 0 0 0 0 1
Total Alliance 86 28 80 131 30 355
*1 : Alliance française de Polanco
2 : Alliance française de Puebla
3 : Alliance française de Toluca
4 : Alliance française de Querétaro
5 : Alliance française de San Cristóbal de las Casas
Certains étudiants ont noté des prénoms de personnalités françaises qui ne rentrent pas dans
la classification :
- Régine Mérieux et Emmanuel Lainé (éditeurs du manuel de français Latitudes)
- Zinedine Zidane
- Antoine de Saint-Exupéry
- Sarkozy
- Hervé Burel (écrivain)
- Christophe Jacquelin (compositeur)
- Charles de Gaulle
- Anne-Claire Dujardin ( ?)
- Clara Peleu ( ?)
- René Lacoste ( → Jean-René Lacoste)
- Pierre Bourdieu (cité 2 fois)
- Jean-Claude Van Damme
- Claude Levi-Strauss
116
Annexe 12 : Films français cités dans les enquêtes
Titre du film Réalisateur Année Pol.113
Pue. Tol. Qu. S.C. Total
Films non mentionnés 9 2 7 18 4 40
Bienvenue chez les Ch'tis D. Boon 2008 0 0 0 1 0 1
Coco avant Chanel A. Fontaine 2009 1 0 0 1 0 2
Cyrano de Bergerac J.P. Rappeneau 1990 1 0 0 0 0 1
Delicatessen J.P. Jeunet /M. Caro 1991 0 1 1 1 0 3
Dieu est grand, je suis petite P. Bailly 2001 0 0 0 1 0 1
Dobermann J. Kounen 1997 1 0 0 0 0 1
Et soudain, tout le monde me manque J. Devoldere 2011 0 0 1 0 0 1
Hors de prix P. Salvadori 2006 0 0 7 0 0 7
Il y a longtemps que je t'aime P. Claudel 2008 1 0 0 0 0 1
Je vous trouve très beau I. Mergault 2006 1 0 0 0 0 1
Jeux d'enfants Y. Samuell 2003 0 0 0 2 0 2
Juste Un Peu De Réconfort A. Lameloise 2004 1 0 0 0 0 1
La Chance de ma vie N. Cuche 2011 0 0 1 0 0 1
La Cité des Enfants Perdus J.P. Jeunet /M. Caro 1995 0 1 0 0 0 1
La Faute à Voltaire A. Kechiche 2001 0 1 0 0 0 1
La Môme O. Dahan 2007 4 2 0 5 8 19
L'Auberge Espagnole C. Klapisch 2002 0 1 3 0 0 4
Lautrec R. Planchon 1998 0 0 1 0 0 1
Le Ballon rouge A. Lamorisse 1956 0 0 0 1 0 1
Le Concert R. Mihaileanu 2009 0 0 0 2 0 2
Le dîner de Cons F. Veber 1998 0 1 4 0 0 5
Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain J.P. Jeunet 2001 10 5 8 22 4 49
Le Fils J.P. et Luc Dardenne 2002 0 0 0 1 0 1
Le Hérisson M. Achache 2009 1 0 0 0 0 1
Le Mépris J.L. Godard 1963 0 0 1 0 0 1
Le Pacte des loups C. Gans 2001 0 0 0 1 0 1
Le Papillon P. Muyl 2002 0 0 3 2 0 5
Le Parfum T. Tykwer 2006 0 0 0 1 0 1
Le Petit Nicolas L. Tirard 2009 0 0 0 3 0 3
Le Placard F. Veber 2001 1 1 0 0 0 2
Les Amants du Pont-Neuf L. Carax 1991 0 0 1 0 0 1
Les Beaux Gosses R. Sattouf 2009 0 0 0 1 0 1
Les Choristes C. Barratier 2004 1 1 0 4 0 6
Les Enfants du Siècle D. Kurys 1999 0 0 1 0 0 1
Les Rivières Pourpres M. Kassovitz 2000 0 0 1 1 0 2
Les Trois Mousquetaires P.W.S. Anderson 2011 1 0 0 0 0 1
L'Histoire du garçon qui voulait qu'on l'embrasse P. Harel 1994 0 0 0 1 0 1
LOL L. Azuelos 2009 0 0 1 0 0 1
Micmacs à tire-larigot J.P. Jeunet 2009 0 0 0 0 1 1
Paris, je t'aime Plusieurs 2006 1 1 2 5 0 9
Persepolis M. Satrapi / V. Paronnaud 2007 0 0 1 0 0 1
Qui a tué Bambi? G. Marchand 2003 1 0 0 0 0 1
Tais-toi F. Veber 2003 1 0 1 1 0 3
Tanguy E. Chatiliez 2001 1 0 0 0 0 1
113
Occurrences de chaque film pour les Alliances françaises (dans l’ordre) de Polanco, Puebla, Toluca,
Querétaro et San Cristóbal de las Casas.
117
Taxi G. Pirès 1998 0 0 1 0 0 1
Tous les matins du monde A. Corneau 1991 1 0 0 1 0 2
Un Long Dimanche De Fiançailles J.P Jeunet 2004 0 0 0 1 0 1
Total 38 17 46 77 17 195
- Titres des films en français, réalisateurs et date de réalisation d’après le site internet
http://www.allocine.fr
- Certains films notés ne sont pas essentiellement de nationalité française.
- 4 citations ne correspondent à aucun film. Ils ne rentrent donc pas dans le classement.
- 4 films indiqués par nos informateurs ne sont pas des films français :
Le Chocolat (film britannique et américain)
Un amour éternel (film japonais)
La vie est belle (film italien)
Roméo et Juliette (film américain).
118
Annexe 13 : Chanteurs ou chansons françaises proposés dans les questionnaires
Tableau 1 : Chanteurs, groupes ou chansons cités explicitement
Chanteur ou groupe Titre chanson Pol. Pue. Que. Tol. S.C Total
Non mentionné 5 0 10 5 8 28
Alizée 3 5 19 9 4 40
Cali 0 0 1 0 0 1
Calogero 0 1 0 0 0 1
Calogero En apesanteur 0 0 0 0 1 1
Carla Bruni 2 0 2 0 1 5
Charles Aznavour 0 2 1 0 0 3
Christophe Mae 1 0 1 0 0 2
Cœur de pirate 0 0 0 1 0 1
Corneille Parce qu'on vient de loin 0 0 0 1 0 1
Danyel Gérard 0 0 1 0 0 1
David Guetta 0 0 1 0 0 1
Edith Piaf 3 5 7 12 3 30
Edith Piaf La Vie en rose 6 0 5 0 0 11
Edith Piaf Non, je ne regrette rien 1 0 0 0 0 1
Emilie Simon 0 0 0 1 0 1
Emmanuel Moire 0 1 0 0 0 1
Florent Pagny 0 0 1 0 0 1
Gaëtan Roussel 0 1 0 0 0 1
Gilbert Bécaud L'important c'est la rose 1 0 0 0 0 1
Gilbert Bécaud Et maintenant 1 0 0 0 0 1
Gojira 0 0 0 1 0 1
Ingrid 0 0 1 0 0 1
Jacques Brel 0 0 0 1 0 1
Jacques Brel Ne me quitte pas 0 0 1 0 0 1
Jean-Jacques Burnel 0 0 1 0 0 1
Jean-Louis Aubert 1 0 0 0 0 1
Jean-Louis Aubert Parle-moi 1 0 0 0 0 1
Jean-Michel Jarre 0 0 1 0 0 1
Jil Caplan 0 0 1 0 0 1
Kyo 0 0 1 0 0 1
Les Négresses vertes 1 0 0 0 0 1
Louise Attaque 0 0 1 0 0 1
Maïdi Roth 0 0 0 1 0 1
Michaël Youn 1 0 0 0 0 1
Mireille Mathieu 0 0 0 1 0 1
Mylène Farmer 0 0 0 2 0 2
Noir Désir 0 0 2 0 0 2
Nolwenn Leroy 0 0 1 0 0 1
Patricia Kaas 2 0 0 0 0 2
Pauline Croze 0 1 0 0 0 1
Roch Voisine 0 0 1 0 0 1
Roméo et Juliette Avoir une fille 0 0 1 0 0 1
Roméo et Juliette Les rois du monde 0 0 1 0 0 1
Serge Gainsbourg La noyée 1 0 0 0 0 1
Sheryfa Luna 0 0 0 1 0 1
119
Shy'm 0 0 0 1 0 1
Yannick Noa 0 0 1 0 0 1
Yelle 1 0 3 0 0 4
Yves Montand A Paris 1 0 0 0 0 1
Yves Montand A bicyclette 0 0 0 1 0 1
Zaz 1 0 0 0 0 1
Zaz Je veux 0 0 0 1 0 1
Total général 171
Tableau 2 : Classement selon les titres de chansons
Les enquêtés n’ont indiqué que les titres des chansons sans faire référence au chanteur ou
groupe pouvant se référer à plusieurs personnes dans certains cas (par des reprises). Nous
préférons indiquer ces résultats dans un second tableau :
Titre de la chanson Polanco Puebla Querétaro Toluca San Cristobal Total
Alors on danse 1 1 1 0 0 3
Assassymphonie 0 0 0 1 0 1
Capri 0 0 0 1 0 1
Comme d'habitude 0 1 0 0 0 1
Désolé 0 0 0 1 0 1
Je l'aime à mourir 0 0 1 1 0 2
Je ne t'aime plus 0 1 1 0 0 2
Je te promets 0 0 1 0 0 1
Juste quelqu'un de bien 0 0 0 0 1 1
La lettre 0 0 1 0 0 1
La Marseillaise 1 0 0 0 0 1
La vie à deux 0 0 1 0 0 1
Les bêtises 0 0 0 1 0 1
Lettre à toi 1 0 0 0 0 1
Non, non, non 0 0 1 0 0 1
Prendre un enfant par la main 1 0 0 0 0 1
Sensualité 0 0 1 0 0 1
Toi et moi 0 0 2 1 0 3
Tu verras, tu verras 0 1 0 0 0 1
Total 25
- 11 éléments n’ont pas été retenus car il était impossible de retrouver le titre exact de
l’œuvre.
120
Annexe 14 : Littérature française
Auteur Livre Pol. Pue. Tol. Que. S.C. Total
Non mentionnés 10 5 10 34 9 68
Albert Camus L'étranger 1 0 1 0 0 2
Alexandre Dumas 0 2 0 5 0 7
Alexandre Dumas Le Compte de Monte-Cristo 0 1 1 1 0 3
Alexandre Dumas Les Trois Mousquetaires 0 0 1 0 0 1
Antoine de Saint-Exupéry 1 0 0 2 0 3
Antoine de Saint-Exupéry Le Petit Prince 1 1 2 2 0 6
Arthur Rimbaud 0 0 1 0 0 1
Charles Baudelaire 1 0 2 0 0 3
Emile Zola 0 2 0 0 0 2
Eric-Emmanuel Schmitt Oscar et la dame rose 0 0 1 0 0 1
Françoise Sagan Bonjour tristesse 0 0 0 0 1 1
Gustave Flaubert 0 1 0 0 0 1
Guy de Maupassant 1 0 0 0 0 1
Hector Malot Sans famille 0 0 0 1 0 1
J.M.G. Le Clézio 0 1 0 0 0 1
Jacques Prévert 0 0 0 1 0 1
Jacques-Yves Cousteau 0 0 0 1 0 1
Jean de La Fontaine 1 0 0 0 0 1
Jean-Dominique Bauby Le Scaphandre et le Papillon 1 0 0 0 0 1
Jean-Paul Sartre 2 0 3 3 0 8
Jérôme Baschet 0 0 0 0 1 1
Jules Verne 5 1 1 7 0 14
Jules Verne Voyage au centre de la terre 0 0 1 0 0 1
Louis Pergaud La guerre des boutons 1 0 0 0 0 1
Marguerite Duras 0 1 0 0 0 1
Marquis de Sade 0 0 0 1 0 1
Michel Foucault 0 0 1 0 0 1
Michel Foucault Les Mots et les Choses 0 0 1 0 0 1
Molière 2 0 5 0 0 7
Molière Le Malade imaginaire 3 0 0 0 0 3
Molière L'Avare 0 0 1 0 1 2
Muriel Barbery L'Elégance du hérisson 0 1 0 0 0 1
Pierre Bourdieu 0 0 0 0 1 1
René Goscinny Le Petit Nicolas 0 1 0 0 0 1
Simone de Beauvoir 2 0 0 1 0 3
Stendhal Le Rouge et le Noir 0 0 0 1 0 1
Victor Hugo 4 2 9 12 3 30
Victor Hugo Les Misérables 3 0 1 1 1 6
Voltaire 1 0 1 0 0 2
Total 40 19 43 73 17 192
- Charles Dickens et Shakespeare (ce dernier cité 2 fois) ont été enlevés car ce sont des
auteurs britanniques.
121
Annexe 15 : Evénements historiques
Référence historique Citation précise dans les
questionnaires
Nombre de
citations
- La guerre de Cent Ans
(1337 - 1453)
- Les Rois de France, les
Bourbons (XVIIème
siècle-
XVIIIème
siècle)
- Le siècle des Lumières
(XVIIIème
siècle)
- La Première République
(1792-1804)
- Napoléon Ier
(1769-1821)
- Napoléon III (1808-1873)
- Révolution industrielle
(milieu du XIXème
siècle)
- La tour Eiffel (1889)
- Seconde Guerre Mondiale
(1939-1945)
- la Vème
République
Guerre de Cent Ans
Guerre de Jeanne d’Arc
Epoque des « Louis »
Louis XIV
Louis XV
Décapitation de Marie-Antoinette
Révolution française
Prise de la Bastille/ 14 juillet
Voltaire
Siècle des Lumières
La Première République
Conquête Egypte
Waterloo
Guerre des gâteaux
Invasion française au Mexique
5 mai - 5 de mayo
Capture de Napoléon
Napoléon et histoire de sa famille
Empire
Napoléon
Révolution industrielle
Création Tour Eiffel
Seconde Guerre Mondiale
Occupation allemande
Débarquement
Politique chaise vide
Pompidou et Mitterrand
Coupe du Monde 1998
2
1
1
1
1
1
82
17
1
1
1
1
2
10
3
2
1
1
1
10
1
1
3
1
1
1
1
1
Non mentionnés : 57
Imprécis ou inclassables : Guerres (1), indépendance (2), Tour de France (1) et Fête de la
musique (1).