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Institut Régional de Formation aux métiers de Rééducation et de Réadaptation des Pays de Loire 54, rue de la Baugerie 44230 Saint Sébastien Sur Loire Intérêt de l’électrostimulation transcutanée à visée antalgique par libération d’endorphines chez les patients opérés en chirurgie thoracique par thoracotomie postéro-latérale : la complexité d’une démonstration scientifique Mehdi BEN YAHMED 2011-2012 REGION DES PAYS DE LA LOIRE

Institut Régional de Formation aux métiers de …...Mehdi BEN YAHMED 2011-2012 REGION DES PAYS DE LA LOIRE Le contexte initial : l’Institut du thorax Le centre hospitalier universitaire

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Institut Régional de Formation aux métiers de

Rééducation et de Réadaptation des Pays de Loire

54, rue de la Baugerie

44230 Saint Sébastien Sur Loire

Intérêt de l’électrostimulation transcutanée à visée

antalgique par libération d’endorphines chez les

patients opérés en chirurgie thoracique par

thoracotomie postéro-latérale : la complexité d’une

démonstration scientifique

Mehdi BEN YAHMED

2011-2012

REGION DES PAYS DE LA LOIRE

Le contexte initial : l’Institut du thorax

Le centre hospitalier universitaire de Nantes dispose depuis 2004 d’un institut du thorax dont

l’activité médicale repose sur les pathologies cardiovasculaires, thoraciques et métaboliques.

Durant la période du 12/09/2011 au 21/10/2011, l’opportunité d’effectuer un stage au sein du

service de chirurgie thoracique et cardiovasculaire (CTCV) s’est présentée. Ce service prend

en charge les pathologies pulmonaires (exérèses tumorales pulmonaires, pneumothorax

récidivant, pathologies pleurales, mucoviscidose), cardiaques (insuffisance ou rétrécissement

valvulaire, insuffisance cardiaque, cardiopathies congénitales), il comprend également une

unité de transplantation thoracique pour de potentielles greffes de cœur, cœur/poumon uni ou

bilatérale. La possibilité de suivre les patients depuis le service de soins en préopératoire, en

unité de réanimation si nécessaire en post-opératoire puis de débuter la réhabilitation

pulmonaire de retour en service de soins conventionnels, offre à l’étudiant une exhaustivité

dans sa prise en charge, optimale dans le cadre de sa formation de futur professionnel de

santé.

Résumé  

Ce  mémoire  a  pour  objectif  d’évaluer  l’intérêt  de  l’électrostimulation  à  visée  antalgique  

par   libération   d’endorphine   dans   la   lutte   contre   la   douleur   post-­‐opératoire   après  

chirurgie  thoracique  par  thoracotomie  postéro-­‐latérale.    

Au   travers   d’une   prise   en   charge,   est   abordée   l’étiopathogénie   de   la   douleur   par  

thoracotomie   postéro-­‐latérale   mettant   en   évidence   son   caractère   pluridimensionnel  

avec  une  forte  composante  par  excès  de  nociception.  Une  revue  de  littérature  est  alors  

réalisée   sur   le   recours   à   l’électrostimulation   transcutanée   à   visée   antalgique   dans   le  

domaine   de   la   chirurgie   thoracique   par   thoracotomie   postéro-­‐latérale.   Celle-­‐ci  met   en  

valeur   la   tendance   à   l’utilisation   de   l’électrostimulation   par   le   mécanisme   de   Gate  

control   sans   justifications   physiopathologiques.   Pourtant,   le  mécanisme   par   libération  

d’endorphine  semble  plus  approprié  sur  les  douleurs  par  excès  de  nociception  par  son  

mode   d’utilisation   à   distance   de   la   zone   douloureuse,   la   concentration   ciblée   des  

substances   morphino-­‐mimétiques   endogènes   libérées   et   le   post-­‐effet   reconnu.   Une  

proposition  de  protocole  est  alors  émise  et  une  étude  randomisée  en  simple  aveugle  est  

envisagée.   La   mise   en   place   de   ce   protocole   ayant   été   compromise,   une   étude   de  

faisabilité  est  effectuée  dans  la  perspective  d’améliorer  ce  dernier.    

En  état,   les  données  recueillies  ne  permettent  pas  de  dégager  une  tendance  franche  en  

faveur   du   TENS   endorphinique   par   stimulation   du   point   GI   4   d’acupuncture   mais  

peuvent  fournir  les  bases  d’un  futur  travail.  Ce  mémoire  souligne  toute  la  complexité  de  

la  démarche  scientifique  dans  la  perspective  d’une  kinésithérapie  basée  sur  les  preuves.  

 

Mots  clés  :  

Douleur   –   Thoracotomie   postéro-­‐latérale   –   Electrostimulation   transcutanée   à   visée  

antalgique  –  Kinésithérapie  basée  sur  les  preuves.  

         

 

Table  des  matières  

1.  INTRODUCTION ..........................................................................................................................................1  

2.  ETIOPATHOGENIE  DE  LA  DOULEUR  POSTOPERATOIRE  PAR  THORACOTOMIE  POSTERO-­

LATERALE .........................................................................................................................................................2  

2.1  CONTEXTE  CLINIQUE...................................................................................................................................................2  

2.2  ANALYSE  ET  RAISONNEMENT....................................................................................................................................3  

2.3  EXAMEN  CLINIQUE.......................................................................................................................................................4  

2.4  DIAGNOSTIC  KINESITHERAPIQUE .............................................................................................................................7  

3.  REVUE  ET  ANALYSE  DE  LA  LITTERATURE.........................................................................................8  

3.1  OBJECTIFS .....................................................................................................................................................................8  

3.2  RECHERCHE  D’ARTICLES  SCIENTIFIQUES ................................................................................................................8  

3.3  ANALYSE  DE  LA  LITTERATURE ..................................................................................................................................9  

3.4  SYNTHESE  GENERALE .............................................................................................................................................. 11  

4.  PROPOSITION  D’UN  PROTOCOLE  D’ETUDE.................................................................................... 12  

4.1  DESCRIPTION  DE  LA  POPULATION  CIBLE.............................................................................................................. 12  

4.2  MATERIEL .................................................................................................................................................................. 13  

4.3  CRITERES  D’EVALUATION........................................................................................................................................ 15  

4.4  METHODE................................................................................................................................................................... 15  

5.  ETUDE  PILOTE  OBSERVATIONNELLE  OU  ETUDE  DE  FAISABILITE......................................... 17  

6.  DISCUSSION............................................................................................................................................... 19  

7.  CONCLUSION............................................................................................................................................. 22  

1

1.  Introduction  

« Lorsque la douleur physique est d’une intensité importante, elle submerge toute activité de

pensée, sidère celui qui la subit et interdit toute action et tout raisonnement » [1]. Cette

citation souligne l’importance de la bonne gestion de la douleur par le professionnel de santé.

Elle témoigne de la complexité de la sensibilité douloureuse par sa composante sensori-

discriminative et part sa composante affective et motivationnelle. L’exemple de l’acte

chirurgical illustre la multiplicité du phénomène douloureux. Véritable cercle vicieux, la

douleur amplifie un stress provoqué par l’intervention, engendrant des contractions

musculaires la majorant, perturbant un sommeil précaire et confinant le patient dans une

certaine inactivité. L’ensemble favorise un apprentissage mnésique, renforçant la douleur et

retardant la réhabilitation du patient.

Ceci est d’autant plus vrai en chirurgie thoracique où la douleur post-thoracotomie après

exérèse pulmonaire partielle est considérée comme l’une des plus intenses, gênant la

réalisation des actes kinésithérapiques, ralentissant la rééducation et la récupération

fonctionnelle. L’amélioration de la fonction respiratoire étant en lien direct avec la qualité de

l’analgésie puisque déterminant la capacité du patient à être acteur de sa prise en charge.

Stéphan au cours de son étude en 2002 souligne les complications majeures après résection

pulmonaire que sont le bullage prolongé, l’insuffisance respiratoire aiguë et les atélectasies

[2]. Il met également en avant les stratégies préventives que sont entre autre la prise en charge

de la douleur et la kinésithérapie respiratoire.

En post opératoire l’enjeu est important, l’objectif premier du masseur-kinésithérapeute (MK)

étant de retrouver une physiologie harmonieuse adaptée à l’amputation pulmonaire et de

limiter l’encombrement pulmonaire. Pour cela une approche antalgique et psychologique est

essentielle afin de prévenir les complications respiratoires. Les mécanismes algogènes

intervenant au cours de la thoracotomie postéro-latérale doivent être connus du MK pour être

efficient dans son traitement, mais quelle thérapeutique s’offre à lui ? Aujourd’hui, après

chirurgie pulmonaire, seule l’électrostimulation transcutanée à visée antalgique (TENS1) est

validée [3]. Quels types de stimulations sont requis et pour quels effets ? Dans la perspective

d’une pratique fondée sur des preuves cliniques, un protocole sera proposé puis analysé à

1 Transcutaneous Electric Nerve Stimulation

2

partir de quatre patients opérés par thoracotomie postéro-latérale dans le cadre d’une résection

pulmonaire partielle.

2.  Etiopathogénie  de  la  douleur  postopératoire  par  thoracotomie  postéro-­latérale  

La réalisation d’une thoracotomie postéro-latérale en chirurgie thoracique est responsable

d’une douleur très importante, la plus importante selon la SFAR2. Il convient d’en connaître

les différentes composantes pour cibler les thérapeutiques utiles à travers la présentation

d’une prise en charge.

2.1  Contexte  clinique  

Mr D., 50 ans, marié, 2 enfants, ne travaille plus depuis 1 an mais il a une formation de

vernisseur sur bois. Sédentaire, son mode de vie est marqué par une addiction à l’alcool et un

tabagisme en cours de sevrage. Il est modérément dénutri, pesant 62 Kg pour 1,88 m soit un

indice de masse corporel (IMC) égal à 17,5, correspondant à une insuffisance pondérale selon

l’Organisation Mondiale de la Santé.

Le 20 septembre 2011, il bénéficie d’une lobectomie supérieure droite et d’un curage

ganglionnaire sur très probable aspergillome dans un contexte de carcinome épidermoïde

bronchique. L’opération (fig. 1) d’une durée approchant les 3 heures, a consisté après

intubation sélective en une thoracotomie postéro-latérale au niveau du 5ème espace intercostal,

en contournant l’omoplate avec conservation du serratus anterior.

Figure 1 - Position de l'opéré d'une thoracotomie postéro-latérale.

2 Société Française d’Anesthésie et de Réanimation.

3

Le premier plan musculaire concerne les muscles trapezius et latissimus dorsi. Le bord

antérieur du trapezius est récliné tandis que le latissimus dorsi est sectionné en deux. Le

chirurgien procède à la dissection de l’artère pulmonaire et de ses branches dans la grande

scissure avant résection de la bronche lobaire supérieure droite. Une toilette pleurale au sérum

physiologique puis la mise en place du drainage thoracique (un drain antérieur et un

postérieur) précède la fermeture de la thoracotomie plan par plan.

2.2  Analyse  et  raisonnement  

La lobectomie supérieure du poumon droit par thoracotomie postéro-latérale du patient

entraine des modifications anatomiques thoraco-pulmonaires (fig. 2) :

• Diminution du volume de l’hémithorax droit.

• Dilatation du lobe moyen vers le haut.

• Elévation de la coupole diaphragmatique droite.

• Déviation légère du médiastin antéro-supérieur à droite.

Figure 2 - Remaniement thoraco-pulmonaire après lobectomie supérieure.

La mécanique respiratoire est alors modifiée, un syndrome restrictif apparaît, majoré par

l’incision chirurgicale et l’anesthésie employée. La compliance pulmonaire sera également

modifiée, diminuée par les épanchements pleuraux, les subluxations costales et les

contractures des muscles lésés. L’ensemble étant responsable d’un phénomène douloureux

4

accentué par la présence des 2 drains thoraciques, limitant avec le mauvais fonctionnement

diaphragmatique, l’ampliation thoracique ainsi que l’efficacité de la toux.

Il persiste donc une hypoventilation en lien avec la situation postopératoire et les dysfonctions

suscitées. L’état général de Mr D., peut laisser craindre un encombrement bronchique dans ce

contexte surtout si la douleur ne permet pas la ré-expansion rapide du poumon opéré.

Le MK a deux objectifs principaux :

Traiter les dysfonctions.

Contribuer à un nouvel équilibre statique et dynamique du système thoraco-

pulmonaire.

2.3  Examen  clinique  

Il est réalisé dans le cadre du bilan masso-kinésithérapique en postopératoire immédiat

(période postopératoire de J1 à J5) et justifiera les moyens employés.

Sur le plan morphostatique :

L’observation montre une attitude antalgique plutôt discrète mais figée, en fermeture de

l’hémithorax droit. La voie d’abord et les 2 orifices des points d’entrées des drains

thoraciques ne sont pas observables, masqués par de larges pansements. Après échange avec

l’infirmière, la cicatrice de la voie d’abord (fig. 3) est inflammatoire et légèrement

hypertrophique, sans exsudats ni signes de désunion des berges de la plaie.

Figure 3 - Cicatrice de voie d’abord de

thoracotomie postéro-latérale.

5

La mobilité thoracique est manifestement limitée par la douleur provoquée par l’étirement des

plans suturés, qui avec le risque d’adhérences peut potentiellement accentuer cette

hypomobilité.

Ceci justifie une orientation de la kinésithérapie vers une analgésie adaptée avec un travail sur

la cicatrice plan par plan afin de retrouver une mobilité harmonieuse.

Sur le plan morphodynamique :

Le moniteur indique une fréquence respiratoire au repos de 18 mouvements par minute. La

ventilation est légèrement asymétrique avec un développement thoracique gauche plus

prononcé à l’inspiration qui est globalement limitée.

La fréquence respiratoire est donc normale au repos et les symptômes cliniques évoqués,

orientent vers une hypoventilation droite pouvant être confirmée par l’auscultation et la

radiographie.

De l’auscultation pulmonaire à l’imagerie :

L’auscultation est moins fine que prévue, rendue difficile par la douleur et la fatigue du

patient qui respire de ce fait à petits volumes courants. Le murmure vésiculaire est

globalement moins perceptible à droite et notamment en base droite. Par ailleurs, de discrets

bruits surajoutés fins et secs sont audibles en fin de phase inspiratoire, ce sont probablement

des sous-crépitants.

En postopératoire immédiat, ces éléments confirment l’hypoventilation droite nécessitant la

réharmonisation pulmonaire. Mr D., semble modérément encombré distalement en base droite

à ce stade.

La radiographie pulmonaire à J1 (fig. 4) nous permet d’observer le remaniement thoraco-

pulmonaire en postopératoire immédiat. Son interprétation est à apprécier avec prudence car

l’imagerie ne reflète pas idéalement l’état clinique du patient. Il est à noter que l’observation

unique de l’imagerie ne nous inquiéterait pas dans l’ensemble. Pourtant au regard de l’examen

clinique, l’intervention du thérapeute pour de la kinésithérapie respiratoire devait se faire sans

trop tarder.

6

Le syndrome douloureux :

Mr D., exprime des douleurs modérées au repos, évaluées à 3-4/10 à l’échelle numérique

(EN) dont la localisation correspond à la voie d’abord chirurgicale jusqu’à la région

mamelonnaire droite. Les douleurs sont exacerbées au cours de la ventilation, à l’inspiration

profonde (EN = 4/10) et à la toux (EN = 5/10), situées dans la zone de la thoracotomie au

niveau des régions costal, thoracique antérieure et postérieure. Les qualificatifs employés par

le patient pour décrire son ressenti douloureux sont « élancement », « énervant »,

« tiraillement », ce dernier terme revenant régulièrement dans l’interrogatoire des patients

rencontrés.

Ce type d’incision est à l’origine de l’expression de toutes les composantes de la douleur,

interviennent des douleurs à la fois pariétales, viscérales et projetées. Les douleurs pariétales

sont directement à mettre en lien avec la longueur de la voie d’abord, elles sont aussi liées :

• à l’incision des muscles intercostaux du 5ème espace intercostal ;

• à l’ouverture plus ou moins importante par l’écarteur de l’espace intercostal, étirant les

ligaments costo-transverses, costo-vertébraux et les muscles paravertébraux ;

• à la section musculaire du latissimus dorsi ;

• aux espaces de drainage au niveau des 8ème et 11ème espaces intercostaux.

Les douleurs viscérales répondent aux manipulations chirurgicales (incision de la plèvre

pariétale), aux drains et à l’épanchement sanguin postopératoire. Les douleurs projetées à la

face antérieure du thorax chez Mr D., sont liées à l’irritation de la muqueuse bronchique et à

la présence de récepteurs nociceptifs dans le parenchyme pulmonaire. Ces douleurs

augmentées lors de l’inspiration profonde et la toux lui imposent une position antalgique et

Figure 4 - Radiographie thoraco-pulmonaire de

face à J1 de la lobectomie supérieure droite.

On note une réorganisation thoraco-pulmonaire à

droite avec une déviation de la trachée (1), une

fermeture des espaces intercostaux et une

ascension de la coupole diaphragmatique

homolatérale à l’exérèse pulmonaire (3). La trame

pulmonaire est épaissie (5) avec une condensation

pulmonaire visible. Agrafes de thoracotomie (4).

7

une ventilation à petits volumes. Il apparaît à l’examen que ces douleurs post-thoracotomie

postéro-latérale soient en partie dues à un excès de nociception (excès de stimulation des

nocicepteurs). Leur rythme plutôt mixte avec une topographie variée, sans systématisation

neurologique, répond à une thérapeutique antalgique type paracétamol, anti-inflammatoires

non stéroïdiens et opioïdes. Le protocole analgésique entrepris était d’ailleurs une analgésie

intraveineuse de morphine autocontrôlée par le patient.

Elles ont un rôle dans la genèse du syndrome restrictif et nuisent directement à la mise en

œuvre de la rééducation postopératoire du MK.

2.4  Diagnostic  kinésithérapique  

La prise en charge concerne un patient de 50 ans à l’état général précaire, présentant une

dénutrition modérée, opéré le 20 septembre 2011 d’une chirurgie thoracique. En

postopératoire immédiat, il présente un syndrome ventilatoire à prédominance restrictive en

lien avec une lobectomie supérieure droite dès suite d’un carcinome épidermoïde du poumon.

Ce syndrome s’explique par le déséquilibre du système thoraco-pulmonaire en lien avec la

perte de mobilité thoracique (douleurs d’origine plurifactorielle, contractures musculaires

paravertébrales et du grand dorsal, épanchements pleuraux) ainsi qu’à une hypomobilité de la

coupole diaphragmatique droite. La situation sédentaire de Mr D., avant l’opération peut

laisser craindre une désadaptation à l’effort et potentiellement diminuer ses capacités

fonctionnelles rendant plus difficiles sa réhabilitation pulmonaire en postopératoire.

A ce stade la réhabilitation passe par une réexpansion du poumon opéré afin de récupérer des

volumes pulmonaires satisfaisants permettant d’éloigner le risque d’hypoventilation alvéolaire

favorisant l’encombrement. Les objectifs seront donc :

• Obtenir une sédation satisfaisante des douleurs.

• Récupérer la mobilité du thorax et obtenir une réexpansion pulmonaire.

• Améliorer la mobilité diaphragmatique.

La réhabilitation postopératoire passe par la mise en œuvre du projet masso-kinésithérapique

adapté aux déficiences citées. La réalisation des deux derniers objectifs est conditionnée par la

maîtrise du premier : la bonne gestion du syndrome douloureux. Un moyen pertinent de le

traiter serait l’utilisation de l’électrostimulation transcutanée à visée antalgique (TENS),

traitement où le kinésithérapeute n’appose pas ses mains directement sur le patient, ne

majorant ni son stress ni sa douleur et le rend acteur de sa prise en charge.

8

3.  Revue  et  analyse  de  la  littérature  

Le recours à l’électrostimulation transcutanée à visée antalgique dans le cadre du contrôle de

la douleur post-thoracotomie connaît des résultats contrastés. Cette revue de littérature se

propose de faire le point sur l’utilisation de cette technique antalgique non médicamenteuse

utilisant les spécificités du courant électrique.

3.1  Objectifs  

L’ambition de ce travail est de contribuer à l’ « evidence based practice » (EBP) ou pratique

fondée sur des données probantes en rééducation. Ce concept est fondé sur l’ « evidence

based médecine » (EBM), EBM défini par Sackett comme « l’utilisation consciencieuse et

judicieuse des meilleures données actuelles pour faire les choix des thérapeutiques à apporter

aux patients (…) en intégrant l’expertise clinique personnelle avec l’ensemble des meilleures

preuves cliniques disponibles issues d’une recherche systématique d’information » [4].

Une recherche bibliographique a été effectuée dans l’objectif de constater si une tendance

clinique pouvait s’établir sur des données rationnelles et permettre l’objectivation d’une

conduite thérapeutique justifiée. Le but étant d’établir une recommandation sur le recours à

l’électrostimulation transcutanée à visée antalgique par libération d’endorphines dans le cadre

de la chirurgie thoracique par thoracotomie basée sur des preuves cliniques et scientifiques.

3.2  Recherche  d’articles  scientifiques  

Se référant au guide d’analyse de la littérature et gradation des recommandations de janvier

2000 de l'Agence Nationale d'Accréditation et d'Evaluation en Santé (ANAES), la recherche

d’articles scientifiques fut effectuée en consultant les banques de données bibliographiques

Pubmed et Pedro, les plus en rapport avec le sujet traité [5]. Des critères ont été spécifiés pour

permettre de cadrer la recherche : études thérapeutiques publiées après 2009 (une revue de

synthèse de niveau 1A selon les gradations de l’HAS sur le sujet traité sera prise comme

document de référence), études concernant le recours au TENS en chirurgie thoracique par

thoracotomie. Les articles portant sur une voie d’abord autre que la thoracotomie étant

réfutés. Les mots-clés retenus pour affiner la recherche étaient : thoracic surgery and

transcutaneous electric nerve stimulation ; la recherche par mots-clés français s’avérant

infructueuse, seuls des articles en anglais ont pu être analysés.

Cette recherche bibliographique a permis de sélectionner 3 articles, répartis en 1 revue de

synthèse systématique et 2 études prospectives, randomisées.

9

3.3  Analyse  de  la  littérature  

Deux grilles d’analyse de la littérature, recommandées par la Haute Autorité de Santé (HAS),

ont été utilisées : la grille de lecture pour une revue de synthèse et la grille de lecture d’un

article thérapeutique (annexe 1).

Freynet et Falcoz ont réalisé en 2009, une revue systémique recensant 74 articles évaluant

l’efficacité de l’électrostimulation à visée antalgique après thoracotomie. Les auteurs ont

sélectionné 9 études prospectives, randomisées, pertinentes dont 3 en double aveugle. Cette

revue de littérature semble avoir suivi une méthode explicite et valide d’élaboration. Il faut

cependant préciser que les références sont anciennes pour la plupart avec 7 articles datant

d’avant 2000 dont 6 avant 1990. Les études analysées sont de faible échantillon, les auteurs

semblent avoir considéré que l’ensemble des résultats réalisait un faisceau d’argumentaire

favorable à l’électrostimulation. Par ailleurs, les modalités de traitement ne semblent pas

reproductibles en routine car il manque des précisions importantes : les fréquences et durées

des stimulations électriques utilisées par exemple ne sont pas toujours décrites.

Seuls Solak et al., évaluent les effets de l’électrostimulation à visée antalgique par libération

d’endorphines sur la douleur après thoracotomie postéro-latérale. Leur étude souligne

l’efficacité de l’électrostimulation dans le soulagement de la douleur et dans le confort du

patient à partir du 4ème jour postopératoire par rapport au recours à l’analgésie autocontrôlée

par le patient utilisant de la morphine intraveineuse. Ces effets continueraient jusqu’à 2 mois

au moins en postopératoire. Benedetti et al., au cours d’une étude incluant 324 patients

subissant une chirurgie thoracique selon différentes voies d’abord, rapportent que

l’électrostimulation à visée antalgique par inhibition segmentaire serait de bénéfice moindre

par rapport au recours aux analgésiques opioïdes et non opioïdes dans la voie d’abord type

thoracotomie où la douleur est trop intense. En revanche, en adjuvant d’un protocole

analgésique postopératoire de chirurgie thoracique type thoracotomie par épargne musculaire,

sternotomie ou encore vidéothoracospie, où la douleur est plus modérée, cette thérapeutique

est à utiliser. Warfield et al., ainsi qu’Erdogan et al., jugent le TENS par inhibition

segmentaire efficace pour traiter la douleur post-thoracotomie. Leurs études respectives

concluant à une baisse significative sur l’EVA, de la durée de passage en salle de réveil et à

une amélioration de la fonction respiratoire évaluée par spirométrie incitative par rapport à un

groupe TENS placebo. Stratton et Smith démontrent l’intérêt du TENS dans l’amélioration de

la capacité vitale fonctionnelle après thoracotomie en comparaison avec un groupe témoin

10

non stimulé. Ils suggèrent ainsi l’effet probant des électrostimulations sur l’expansion

thoracique et la mobilité thoracique en générale. Ces résultats seront confirmés par une autre

étude de Liu et al., & Rooney et al., justifient l’utilisation du TENS par inhibition segmentaire

devant la diminution significative du recours aux opioïdes dans les 24 premières heures

postopératoires en comparaison d’un groupe témoin. Ces résultats contrastent avec ceux

obtenus par Stubbing et al., qui ne retrouvent aucuns résultats probants tant sur l’évolution de

l’EVA que sur la consommation de morphine après stimulations électriques [5].

Dans l’ensemble, 7 des 9 articles présentés établissent clairement l’efficacité de

l’électrostimulation transcutanée à visée antalgique comme adjuvent aux antalgiques opioïdes

forts pour améliorer la lutte contre la douleur en post-opératoire de chirurgie thoracique par

thoracotomie. En effet, la diminution significative de la douleur par évaluation directe

(échelle visuelle analogique) est à rapporter aux effets indirects que sont l’amélioration de la

compliance thoracique et de la fonction respiratoire en générale, ainsi que la diminution de la

durée de passage en salle de réveil.

En 2010, Alka Chandra et al., évaluent au cours d’une étude randomisée l’efficacité du TENS

comme adjuvant à un protocole d’analgésie péridurale dans le cadre du traitement de la

douleur post-thoracotomie dans une population de 60 patients répartis en 2 groupes : le

premier groupe reçoit l’analgésie péridurale couplée à une séance de TENS placebo, au

deuxième est administré l’analgésie péridurale et une séance de TENS efficace. Un

anesthésique est administré à intervalles réguliers, une intramusculaire d’AINS est injectée

pour toute EVA supérieure à 3. Les critères de jugement sont l’évolution de l’EVA et de la

pression artérielle sur les 10 premières heures post-opératoires [6]. Les auteurs concluent à

l’efficacité du TENS en tant qu’adjuvant de l’analgésie péridurale mais l’étude manque de

précisions concernant notamment les paramètres du stimulateur. Seule la fréquence de

stimulation est indiquée 80 Hz (inhibition segmentaire), le nombre de séances n’est pas

précisé : 1 seule de 45 mn ou plusieurs séances ? A quel intervalle dans ce cas ? Le choix

d’interprétation de l’intensité de l’EVA par les auteurs posent question : 0 pas de douleur, 1

douleur légère, 2 douleur modérée et 3 ou plus douleur sévère. Le recours au TENS par gate

control semble limité en cas de douleurs intenses et selon leurs résultats, également dans le

temps.

Fin 2011, Fiorelli et al., publient dans le Journal Européen de Chirurgie cardio-thoracique une

étude concernant le contrôle de la douleur après thoracotomie postéro-latérale avec 4 critères

11

de mesure intéressants : le dosage de cytokines, l’intensité de la douleur, la fonction

respiratoire et la consommation d’opioïdes. Dans une étude méthodiquement structurée, les

auteurs évaluent par un critère objectif les répercussions du TENS par inhibition segmentaire,

les cytokines jouant un rôle central au cours de la phase aigüe de la réponse inflammatoire

liée au traumatisme chirurgical. Leurs résultats suggèrent que l’électrostimulation induirait

une libération moindre de cytokines en comparaison d’un groupe TENS placebo et ce à

chaque prélèvement sur les 5 jours postopératoire [7]. La corrélation entre douleur et

cytokines est peut-être encore un peu hâtive car les études sont en cours mais la réflexion

semble tout à fait pertinente. Des études évoquent la possibilité qu’une certaine variété de

cytokine serait à l’origine de l’hyperalgésie mais il n’est pas encore établi que les cytokines

aient un quelconque effet sur l’excitabilité des fibres sensorielles [8].

3.4  Synthèse  générale  

L’électrostimulation à visée antalgique associée à une thérapeutique analgésique adéquate

permet le soulagement de la douleur ainsi qu’un rétablissement du patient plus rapide après

thoracotomie postéro-latérale. Cependant, ces articles ne précisent qu’avec parcimonie les

informations sur le mode d’électrostimulation employé, les paramètres utilisés ne sont pas

toujours indiqués (fréquence de stimulation et durée notamment). Les protocoles employés

sont très similaires et semblent correspondre au TENS par inhibition sensitive avec une

stimulation de part et d’autre de la voie d’abord, à des fréquences élevées (au moins 80 Hz).

Les résultats sus cités peuvent être attribués à l’inhibition sensitive, mode le plus souvent

requis. Pourtant, la stimulation de très basse fréquence destinée à libérer des endorphines

semble plus adaptée pour la sédation de la douleur diffuse après chirurgie thoracique, la

littérature étudiée, à majorité anglophone, doit-on en déduire une pratique plutôt anglo-

saxonne ?

L’électrostimulation transcutanée serait donc efficace en tant qu’adjuvant à une thérapeutique

opioïde forte non dénuée d’effets secondaires mais l’expérience montre que la gestion de la

douleur est encore incomplète. L’incidence des douleurs après thoracotomie est très

importante puisque 50 % des patients ont des douleurs un an après le geste chirurgical selon

Dajczman et al., et ces douleurs pourraient perdurer des années [9]. L’intérêt de proposer un

protocole d’électrostimulation transcutanée par libération d’endorphine semble pertinent dans

la lutte contre la douleur post-thoracotomie. Selon la SFAR, « une stratégie d’analgésie péri-

opératoire incisive a un impact bénéfique tant au niveau des complications postopératoire

12

que sur l’incidence des douleurs chroniques » [10]. Ce protocole ayant pour objectif outre la

sédation des douleurs par une sécrétion endogène de bêta-endorphine que l’on peut espérer

plus « ciblée », la participation active du patient dans son traitement dans une approche

cognitive-comportementale de la gestion de sa douleur.

4.  Proposition  d’un  protocole  d’étude  

Le protocole proposé a pour but d’essayer d’objectiver l’utilité du recours à

l’électrostimulation transcutanée à visée antalgique par libération d’endorphines dans le cadre

de la chirurgie thoracique de type lobectomie en tant qu’adjuvent des protocoles analgésiques

habituellement requis.

Ce protocole s’intéresse à des patients opérés de façon programmée d’une lobectomie par

thoracotomie postéro-latérale. Ce type de technique opératoire est source d’une importante

douleur difficile à traiter par sa multiplicité de ses causes. Pour tenter de savoir si

l’électrostimulation favorise l’antalgie du patient, un certain nombre de paramètres seront

évalués.

4.1  Description  de  la  population  cible  

Les critères d’inclusion à l’étude seront :

• La chirurgie thoracique par thoracotomie postéro-latérale.

• La résection pulmonaire.

• Patient en ventilation spontanée.

Les critères de non inclusion à l’étude seront :

• Présence d’un défibrillateur interne.

• Instabilité hémodynamique.

• Troubles de la sensibilité cutanée.

• Troubles cognitifs, phasiques.

• EN inférieure à 3.

Les critères d’exclusion étant :

• La ré-intubation.

• Le décès.

13

Les patients inclus dans l’étude en post-opératoire d’une chirurgie thoracique par

thoracotomie postéro-latérale sont donc extubés et présentent une évaluation de la douleur

supérieure à l’EN à 3 sur 10.

4.2  Matériel    

La neurostimulation transcutanée (NSTC) encore appelée stimulation électrique transcutanée

(SET) ou transcutaneous electric nerve stimulation (TENS) est un outil peu utilisé en France

dans l’arsenal thérapeutique analgésique du MK en postopératoire de chirurgie thoracique.

Pourtant simple d’application, peu onéreux et sans danger, elle implique également la

participation du patient à sa prise en charge, ce qui est non négligeable dans la perspective de

prophylaxie des douleurs chroniques (21% des patients selon la SFAR mais variation de 11 à

80% selon les séries) [11].

Le matériel requis est composé de 3 éléments :

Le générateur d’impulsions est approximativement de la taille d’un paquet de

cigarettes pour un poids compris entre 150 et 350 grammes. Il est auto-alimenté par

une pile standard alcaline. Le générateur délivre un courant de très basse fréquence de

2 Hz composés d’impulsions biphasiques, asymétriques, à moyenne nulle et

correspond à un programme préenregistré le n° 2. Les risques électrolytiques du

courant continu et les risques thermiques des courants de hautes fréquences sont

évités, ce qui rend ces appareils utilisables même chez des patients porteurs de

matériel d’ostéosynthèse.

Les électrodes sont en élastomère siliconé, matière conductrice, biocompatible,

hypoallergique, réutilisables, souple et flexible facilitant l’adaptation au relief cutané

et osseux. Le choix de la taille des électrodes est fonction de la technique utilisée pour

stimuler la libération d’endorphine. La stimulation des points d’acupuncture implique

le recours à des électrodes de petites surfaces : une de forme rectangulaire de 90*45

mm et une ronde de 45 mm de diamètre. L’impédance de l’interface électrode/peau est

réduite par l’utilisation d’adhésif conducteur (électrodes autocollantes).

Les câbles permettent de relier les électrodes fixées sur la peau du patient au

générateur d’impulsions.

Ce mode « très basse fréquence », cherche à favoriser la libération de substances endogènes

morphino-mimétiques (peptides opioïdes). Les courants utilisés sont des courants dits de très

basse fréquence (2 Hz), faits d’impulsions isolées, ou de trains d’impulsions (bursts).

14

L’intensité utilisée est forte, devant entraîner une sensation désagréable voire des effets

striomoteurs patents, gage d’efficacité. La durée des impulsions est élevée (180

millisecondes). Dans ce cas, la stimulation doit être au moins de 30 minutes avec un pic de

sécrétions à 45 minutes, et si l’analgésie est d’apparition retardée (20 à 30 minutes), le post

effet, lorsque la technique est efficace, serait important (de 1 à plusieurs heures). Ce

mécanisme d’analgésie est différent du Gate Control, impliquant les systèmes descendants

inhibiteurs (Tab. 1).

Tableau 1 - Comparatif des mécanismes d'analgésies selon Bourreau [12].

Mécanismes Gate Control Morphino-mimétiques

Conditions de stimulation :

• Intensité

• Site

• Fréquence

• Temps d’impulsion

Basse

Segmentaire (loco dolenti)

Elevée (25 à 100 Hz)

10 à 200 microsecondes

Elevée

A distance de la douleur

Basse (2 à 5 Hz)

250 à 400 microsecondes

Sensations :

• Qualité

• Intensité

Paresthésies, fourmillements

Confortable

Battements, contractions

Pré-douleur

Effets analgésiques :

• Topographie

• Mode d’installation

• Post effet

Localisée

Rapide

Peu important

Diffuse

Lente

Important

Durée de la séance : 10 à 30 minutes Plus de 30 minutes

L’objectif étant d’impliquer le patient dans sa prise en charge, l’emplacement des électrodes a

son importance. Le recours à la technique de stimulation des points d’acupuncture et en

particulier du 4 G.I est tout à fait approprié. Elle permet le positionnement des électrodes de

façon hétérotopique c’est à dire à distance de la zone douloureuse, l’électrode ronde reliée à

l’anode est positionnée sur la face dorsale de la main, à la jonction du 1er et du 2ème

métacarpien correspondant à ce point 4 G.I. Ce point d’acupuncture également appelé « He

Gu » est très utilisé par les professionnels de la discipline qui le qualifie de « point aspirine »

15

pour ses vertus antalgiques [13]. La stimulation de ce point suscite une hypoalgésie bilatérale,

sans importance de la latéralité. Le choix arbitraire est donc pris d’utiliser l’avant-bras et la

main non dominante, afin de faciliter l’utilisation de la pratique par le sujet. La seconde

électrode n’ayant pas de rôle actif, permettant simplement de fermer le circuit, elle sera placée

sur l’avant-bras, à la saillie du muscle brachio-radialis avant le pli du coude.

4.3  Critères  d’évaluation  

Les critères d’évaluation prédominants sont :

• L’évolution du ressenti douloureux du patient par l’EN,

• Les modifications de TA et FC par observation directe sur le monitoring,

• Les modifications de la saturation évaluées par un oxymètre de pouls,

• La modification de la mécanique ventilatoire par la clinique.

4.4  Méthode  

Pour évaluer l’électrostimulation à visée antalgique par libération d’endorphines, deux

groupes de patients seront constitués. L’étude sera randomisée, en simple aveugle, le MK

sachant si l’électrostimulation est effective ou non. Les patients seront répartis dans le groupe

« TENS endorphine effectif » et « TENS endorphine placebo ». Le premier patient est tiré au

sort puis la répartition des groupes s’effectue un patient sur deux. En fonction du groupe

d’appartenance, les patients subiront soit une séance de TENS effective, c’est à dire avec une

intensité suffisante pour que le patient ressente une sensation de « battements musculaires » à

la limite de la tolérance, soit une séance de TENS avec une intensité inefficace. Chaque

séance durant 45 minutes, répétées toutes les 4 heures, 3 fois par jour : 10h, 14h puis 18h.

Les mesures suivantes seront effectuées avant la séance de TENS (T0), après la séance de

masso-kinésithérapie de 20 minutes (T+35 min), au pic de sécrétions endorphiniques (T+45

min) et à distance environ 4 heures après (T+4 h) avant le début de la séance suivante

permettant d’évaluer le post effet du traitement par lecture directe sur le moniteur ou

interrogation du patient.

• Paramètres vitaux : Tension artérielle (TA) en mm Hg, fréquence cardiaque

(FC) en nombre de battements par minute, fréquence respiratoire (FR) en nombre de

mouvements thoraciques par minute.

16

• Paramètres ventilatoires : Mécanique ventilatoire, encombrement, auscultation,

mode ventilatoire, saturation.

• Douleur : Echelle numérique (EN) spontanée et provoquée, localisation,

sollicitations antalgiques (PCA morphine ou rachianesthésie) et le comportement

antalgique.

La dernière séance d’électrostimulation ne comporte pas de mesure exceptée celle de

l’évaluation de la douleur par l’EN.

Plus concrètement, le patient est vu la veille de son intervention de façon à répondre à ses

interrogations concernant l’opération et les suites opératoires. Il est informé de son éventuelle

participation à une réflexion pour un travail de fin d'étude. Le principe de la TENS lui étant

précisé : électrostimulation provoquant une libération d’endorphines responsable d’un effet

antalgique comparable à celui de la morphine. De façon volontaire, l’explication de la

stimulation précise du point 4 G.I n’est pas réalisée, estimant qu’un surplus d’informations

risquait de perturber quelque peu le patient. Une proposition d’essai de la thérapeutique lui est

suggérée et une première éducation à la gestion de l’outil est réalisée. Cette première entrevue

permet le recueil du consentement éclairé du sujet, une prise d’informations et les explications

sur le déroulement de son hospitalisation afin d’instaurer un climat de confiance.

Les premières séances de TENS sont mises en place par le kinésithérapeute suivent les

séances de kinésithérapie respiratoire. La feuille de renseignements (annexe 3) est remplie par

le kinésithérapeute lors de la première séance et complétée à la sortie de l'étude en

mentionnant la date de premier décubitus homolatéral à la chirurgie, de première mise au

fauteuil (sans exacerbation de la douleur) et d’ablation des drains. Le kinésithérapeute remplit

la feuille d'examen (annexe 4) et note le traitement réalisé à chaque séance (annexe 5),

séances ayant lieu au rythme de 3/jour : 9h, 14h, 18h. La dernière séance étant assurée par le

patient sans le recours au MK (les infirmières étant informées du déroulement de la

thérapeutique et capable de lui venir en aide si besoin).

Le patient bénéficie donc de 3 séances de TENS de 45 minutes quotidiennement, les 2

premières étant assurées par le MK avec la participation active du patient, avant que ne

débutent les séances de kinésithérapie, la dernière étant réalisée par le sujet seul. Au cours de

cette dernière séance seule l’EN est notée, la fin de la séance correspondant au passage de

l’infirmière avant 19h pour la prise des paramètres vitaux et l’administration des

médicaments. Cette étude sera réalisée jusque l’ablation des drains ou si l’EN est inférieure à

17

3. Une éducation sur la prise en main de l’électrostimulateur est réalisée avant que le sujet ne

subisse son intervention, il bénéficiera par la suite d’une fiche récapitulative expliquant le bon

fonctionnement de l’appareil et ses quelques subtilités. Il lui est indiqué qu’il peut régler en

cours de séance l’intensité de stimulation après avoir déverrouillé l’appareil, s’il est ressentait

une certaine accoutumance. Il est nécessaire que le MK soit explicite dans la sensation que

doit éprouver le patient : une secousse rythmée jusque la colonne du pouce et une sensation

désagréable à la limite de la douleur.

5.  Etude  pilote  observationnelle    

La réalisation stricte de ce protocole n’a pu se faire, faute d’un programme opératoire

fluctuant (la priorité ayant été donnée à la chirurgie cardiaque), du manque de temps (la durée

du stage n’est que de 6 semaines) et par l’absence de références scientifiques dans la

littérature laissant beaucoup de questionnements sans réponses.

A défaut, une étude observationnelle a été réalisée afin d’évaluer la viabilité du protocole et

savoir si l’électrostimulation à visée antalgique par libération d’endorphine pouvait être

utilisée de manière aisée et fiable par le patient en postopératoire immédiat de chirurgie

thoracique par thoracotomie postéro-latérale. Le protocole proposé précédemment a donc été

utilisé en adjuvant des protocoles postopératoires anesthésiques classiques.

Six patients opérés de lobectomies ont accepté de participer aux essais mais deux d’entre eux

se sont rétractés. Le premier a vu son cathéter péridural se déplacer, ne lui permettant pas de

recevoir son traitement par rachianesthésie. Extrêmement douloureux, il a refusé d’être

abordé par un quelconque soignant. La seconde ne souhaitait plus participer à sa prise en

charge, souhaitant uniquement se reposer en postopératoire. Concernant les quatre patients

restants, un a subi une lobectomie supérieure droite, deux patients une lobectomie supérieure

gauche et un patient fut opéré d’une lobectomie inférieure gauche. En moyenne, chaque

patient a bénéficié au minimum de 3 séances de TENS soit une journée de traitement. Le

manque d’électrostimulateurs à disposition (2 au total) et la nécessité de respecter un certain

délai, ne permettaient par la prise de nombreux patients à la fois. Il est ainsi décidé de n’en

voir que deux par jour afin de suivre le traitement rigoureusement.

Si l’on se réfère aux données relevées avant stimulation et au comportement douloureux

constaté, nous remarquons que l’arsenal médicamenteux (Analgésie péridurale thoracique,

Analgésie autocontrôlée par morphine intraveineuse) apporté aux patients permet une gestion

18

relative de la douleur mais non exhaustive, laissant totalement sa place à un adjuvant

thérapeutique. Le tableau qui suit (Tab. 2) récapitule le ressenti douloureux évalué par

l’échelle numérique des patients pris en charge à J1 du protocole avant toute stimulation :

Tableau 2 - Tableau récapitulatif de la douleur à J1 avant TENS

Patients 1 2 3 4

EN au repos 3 3/4 5/6 3/4

EN à la

mobilisation 5 6 7 5

Comportement

douloureux Calme Grimaçant Agité Calme

(1) : patient opéré d’une lobectomie supérieure droite.

(2) (3) : patients opérés d’une lobectomie supérieure gauche.

(4) : patient opéré d’une lobectomie inférieure gauche.

Les données précédentes peuvent être rapprochées de celles proposées par des médecins du

Comité de Lutte contre la Douleur (CLUD) d’un hôpital parisien qui ont déterminé des

groupes d’efficacité de l’analgésie péridurale à partir de l’échelle numérique de la douleur au

repos, à la toux et à la mobilisation (Tab. 3). Leur classement confirme la prise en charge

difficile de la douleur en postopératoire en dépit d’une anesthésie multimodale importante :

Tableau 3 - Groupe d'efficacité de l'analgésie péridurale.

Groupe

d’efficacité 1 2 3 4

Qualité de

l’analgésie Excellente Bonne Moyenne Mauvaise

EN au repos 0 1-3 4-6 ≥ 7

EN à la toux et à

la mobilisation ≤ 3 4-5 6-7 ≥ 8

Les patients pris en charge se situant plutôt dans une analgésie de qualité moyenne à bonne.

19

La proposition d’augmenter l’antalgie par un traitement a priori sans effets secondaires est

donc perçue positivement au départ par les patients rencontrés et mis en place sans trop de

réticence. La mise en place aisée des électrodes, rappelée par un schéma et une notice

explicative, les encourage à expérimenter la thérapeutique. Au cours de cet essai, le patient est

le premier témoin de l’efficacité de son traitement puisqu’il gère lui-même l’intensité de la

stimulation. Un premier constat est la relative petite taille de l’appareil d’électrostimulation et

pour conséquence un cadran d’affichage petit, le risque de se tromper d’unité de valeur

d’intensité d’électrostimulation est important si les patients n’ont pas bien compris les effets

attendus (cas des personnes âgées par exemple). Il convient de bien s’assurer de la bonne

compréhension du mode d’emploi afin d’utiliser à bon escient l’appareil. Autre difficulté pour

les patients en postopératoire immédiat, celle de s’imposer une stimulation augmentée

jusqu’au seuil de tolérance. Ils préféraient pour la plupart que ce soit une tierce personne

(MK, infirmière) qui mette en place la thérapeutique au moins à J1, J2 de l’intervention.

Au cours des ces prises en charge, l’ensemble des mesures proposées dans le protocole sont

effectuées sans problème par lecture du monitoring ou interrogation du patient. La difficulté

fut de quantifier les sollicitations antalgiques sur les pompes à morphine qui n’étaient pas

toujours remises à zéro quotidiennement et ne permettaient qu’un suivi cumulatif de la

quantité administrée, nous privant potentiellement de rapporter l’efficacité du protocole à la

diminution de consommation de produits morphiniques. Globalement, les données recueillies

ne suggèrent pas de conclusion favorable au TENS acupuncture avec libération d’endorphine,

l’échantillon n’étant de toute façon pas représentatif. Cependant, les suivis des valeurs selon

l’échelle numérique et des paramètres vitaux montrent une relative stabilité après la séance de

kinésithérapie en comparaison des chiffres des patients au repos. Il convient de ne pas

condamner hâtivement le recours au TENS acupuncture après thoracotomie postéro-latérale,

un résultat même négatif est toujours délicat à interpréter.

6.  Discussion  

Ce mémoire explore la question de l’utilité du recours au TENS acupuncture par libération de

bêta-endorphines en tant qu’adjuvant thérapeutique aux protocoles analgésiques classiques

dans la lutte contre la douleur postopératoire de la chirurgie thoracique par voie d’abord type

thoracotomie postéro-latérale. Pour y répondre, une revue de littérature est entreprise sur

laquelle s’est appuyée la proposition d’un protocole thérapeutique, évalué au cours d’une

étude pilote sur un faible échantillon de patients.

20

Une première contrainte était de se pencher sur une littérature anglo-saxonne dont les

habitudes thérapeutiques semblent apporter plus d’efficacité à la technique de TENS par Gate

Control. Aucune justification physiopathologique ne permet d’affirmer leurs convictions ou

d’infirmer notre hypothèse en rapport avec les lésions décrites au cours de la thoracotomie

postéro-latérale. Une seule étude (Solak et al., en 2007) rapporte des effets positifs du TENS

endorphinique à partir de J4 postopératoire mais l’étude est d’un faible échantillonnage (40

patients) avec une reproductibilité difficile. Les auteurs concluant d’ailleurs à la nécessité de

réaliser d’autres études afin de clarifier le mécanisme d’action. Une chose apparaît certaine la

tendance de la thérapeutique médicale est de mettre l’accent sur les thérapeutiques opioïdes

(PCA de morphine ou mieux rachianesthésie thoracique) et ceci est en faveur d’un recours au

TENS libérant des endorphines endogènes avec le sentiment que le dosage serait plus

approprié, plus ciblé qu’avec une thérapeutique externe aux effets secondaires non

négligeables. Malheureusement, la littérature ne permet pas de le savoir et cette intuition reste

sans fondement scientifique.

La deuxième limite se trouve dans la réalisation de la partie expérimentale. La mise en place

d’une étude pilote demande rigueur et organisation avec la participation de l’ensemble des

acteurs participant à la prise en charge des patients. La réalisation du protocole s’est avérée en

pratique compliquée par le parcours de santé des patients dont la gravité de l’intervention

nécessitait le passage dans des services différents. La complexité de communiquer les enjeux

du protocole aux équipes de soins dont les effectifs sont mouvants, a rendu difficile

l’adhésion des professionnels de santé à la thérapeutique et sa bonne continuité. Sans compter

les changements de chambre réitérés, imprévus, compliquant la bonne gestion du matériel et

le bon respect du « timing » prévu. Le faible recrutement de patients ne permettait pas la

réalisation d’un travail aux conclusions sérieuses et cette expérience met aussi en exergue la

complexité de faire coïncider les intérêts professionnels de chaque corps de métier gravitant

autour du patient. En effet, les contraintes de temps qu’impose la validation d’un tel

protocole, nécessite la disponibilité du patient dont le programme de soins est déjà très

chargé. Il est donc primordial d’avoir une réflexion de fond sur l’organisation précise

nécessaire à la réalisation d’un tel projet, afin que chaque professionnel de santé puisse

prodiguer ses soins. La notion de transdisciplinarité transparaît dans ces propos et correspond

à un modèle d’exercice encore difficile à mettre en place dans le domaine institutionnel, les

frontières de chacun restant souvent fermées. La mise en pratique de la thérapeutique fut

facilitée par la rencontre organisée avec le patient avant l’intervention. Très appréciée par ces

21

derniers, elle permet de les aider dans l’appréhension de leurs angoisses et procure au MK un

temps calme, propice à l’éducation aux techniques spécifiques utilisées en postopératoire. Ce

temps a permis non seulement de présenter la thérapeutique et son utilisation mais aussi

d’informer et de préparer le patient aux enjeux du postopératoire immédiat avec l’objectif de

ré-harmoniser au plus vite l’ensemble thorax/poumon et de désencombrer efficacement les

bronches. Cependant la relative tranquillité de cette première rencontre contraste avec la

complexité des séances en postopératoire immédiat. En effet, la gravité de l’intervention et les

moyens mis en œuvre pour le confort du patient : la mise en place d’une analgésie

multimodale, le confine dans un état le rendant moins compliant dans les débuts de la

rééducation. Une des limites du protocole est certainement la nécessité que le patient

s’administre un courant électrique à la limite de la douleur car l’intensité de la stimulation

doit être suffisante pour obtenir un effet striomoteur gage d’efficacité. Le patient souffre déjà

beaucoup en postopératoire malgré les protocoles analgésiques et l’idée de s’appliquer une

sensation désagréable, qui plus est iatrogène semble être un frein potentiel à la pratique à J1

tout du moins. Le principe de l’infra douleur persiste dans notre mode de soins et la

généralisation de cet outil ne pourra se faire que sur une simple conviction. Les patients ont

malgré tout accepté de coopérer jusqu’au bout au protocole, le recueil des données était

compliqué à respecter au niveau horaire mais le choix des critères d’évaluation (paramètres

vitaux, ventilatoires et évaluation de la douleur) permettait une consultation ultérieure en se

référant à l’historique des appareils de surveillance. Le protocole gagnerait en efficacité si les

critères d’évaluation étaient simplifiés, le suivi de deux à trois données pourraient suffire,

avec par exemple le recueil de l’intensité douloureuse par l’EN, la consommation de

morphiniques et la saturation en dioxygène. Le choix de l’EN peut être discutée en pratique.

Choisie pour sa facilité d’utilisation et de compréhension surtout en postopératoire, elle

demeure moins sensible et d’une plus faible précision que l’EVA plus généralisée en milieu

hospitalier.

La revue de littérature a souligné la potentielle répercussion de l’effet placebo dans

l’efficacité de la thérapeutique par TENS, Manvieu estime à 30% son retentissement mais un

autre concept semble intervenir [14]. Une notion simple est apparue au cours de la réalisation

de ce protocole, observable dans le comportement de certains patients. Les deux patients qui

ont le plus participé, collaboré de façon étroite à la stratégie de soins, ont mieux supporté leur

intervention et sont d’ailleurs sortis plus tôt de l’étude avec une EN inférieure à 3 à J2 et J3.

De nombreux travaux se réfèrent à la notion de « coping » qui désigne selon le docteur

22

Cohen-Salmon, « un ensemble de réponses et d’attitudes qui aide à faire face à une situation

de stress » [15]. Il ne faut pas y voir une absence totale de détresse mais plutôt le ressenti par

le patient d’être en mesure d’affronter une situation difficile par son caractère pénible,

inhabituelle. En cela, la séance avant l’opération permet de renforcer cette notion de coping

chez le patient, en lui prodiguant les conseils pour affronter au mieux cette situation nouvelle.

Les différentes observations réalisées durant l’étude de faisabilité permettent d’envisager la

réalisation du dit protocole sous couvert de quelques modifications. Une meilleure

organisation doit permettre une anticipation des événements pouvant perturber le protocole et

passe par une étroite communication avec l’équipe soignante qui doit être intégrée au

protocole dans la mesure du possible. Le recueil de données doit évoluer, trop de séries de

données sont retranscrites et sont difficilement exploitables en un temps court par un seul

observateur sur un échantillon important. Chaque séance, en associant un examen clinique

avant les exercices et l’éducation à la kinésithérapique respiratoire, suppose une sollicitation

importante qu’un patient peut avoir du mal à supporter. Une série complète de mesures avant

la séance de TENS puis au bout des 45 minutes doit suffire avec un relevé de l’intensité

douloureuse par EVA pour une plus grande précision, après la séance de kinésithérapie et 4

heures après pour évaluer le post effet.

La tentation de voir en l’électrostimulation transcutanée à visée antalgique par libération

d’endorphines, un traitement permettant la diminution des douleurs postopératoires, la

diminution du recours aux opioïdes, une rapide réhabilitation est séduisante mais doit

s’appuyer sur des données scientifiquement prouvées de façon à ne plus rester empirique.

7.  Conclusion  

A travers ce mémoire, l’électrostimulation a été étudiée afin de savoir si cette thérapeutique

pouvait être un adjuvant efficace dans l’arsenal du MK pour lutter contre le phénomène

nociceptif et faciliter les séances de réhabilitation respiratoire souvent douloureuses après

thoracotomie postéro-latérale. Il a été mis en évidence la difficulté de proposer un protocole

sérieux dans un domaine complexe où les données scientifiques se basent sur des échantillons

trop faibles rendant l’expérience imprécise et trop peu représentative. Nous avons tout de

même souhaité établir un protocole afin d’établir scientifiquement l’efficacité d’une

thérapeutique facile d’utilisation pour des patients dont la couverture antalgique demeure

imparfaite. La mise en place du protocole complet n’ayant pu se faire faute de temps et de

moyens humains et matériels, ce travail est resté au stade de l’étude de sa faisabilité.

23

Cependant, cette mise en application a permis de rectifier notamment le nombre de séries de

mesure et de réajuster les critères d’évaluation. En état, les données recueillies ne permettent

pas de dégager une tendance franche en faveur du TENS endorphinique par stimulation du

point GI 4 mais peuvent fournir les bases d’un travail futur. Les séances de kinésithérapie

respiratoire ont été bien supportées par les patients sans majoration excessive de la douleur ni

répercussion sur les paramètres vitaux. Nous voulons croire en ce travail dans la mesure où la

chirurgie par thoracotomie postéro-latérale est responsable de douleurs chroniques durant des

mois voire quelques années. Une des pistes retenues pour éviter la chronicisation de ces

douleurs serait la mise en place de stratégie analgésique incisive en péri et postopératoire où

le MK doit faire valoir ses compétences. Il ne peut plus se contenter de s’appuyer sur ses

convictions, ses connaissances et son expérience personnelle et « c’est un des enjeux de la

rééducation moderne que d’offrir aux patients des prestations centrés sur ses besoins et ses

attentes, s’appuyant sur des références scientifiques valides et l’expérience clinique du

thérapeute » [16].

Références    

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des recommandations. Site de l’HAS – Haute Autorité de Santé [janvier 2000]. Accès :

http://www.has-sante.fr/portail/upload/docs/application/pdf/analiterat.pdf (page consultée

le 10 novembre 2011)

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octobre 2010, p 283-288

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thoracotomy pain, Indian Journal of Anesthesia n°54, mars 2010, p 116

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[12] E. Boccard, V. Deymier, Pratique du traitement de la douleur, Inst UPSA de la douleur,

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[13] F. Bourreau, JC. Williers, La douleur : explorations, traitement par neurostimulation,

électro-acupuncture, Paris : Masson, 1979

[14] F. Manvieu, La neurostimulation transcutanée, D.I.U : Centre d’évaluation et de

traitement de la douleur, CHU Caen, 2012

[15] D. Cohen Salmon, Utilisation des techniques de distraction et de jeu lors des douleurs

aigües provoquées par les soins chez l’enfant, Paris : Centre national de ressources de

lutte contre la douleur. Psycho-corporels et comportementaux [février 2005]. Accès :

http://www.cnrd.fr/Utilisation-des-techniques-de.html (page consultée le 8 mars 2012)

[16] V. Guay, C. Marsal, JP. Regnaux, Evidence based practice ou la pratique basée sur les

preuves en rééducation, Kiné rev n°94, 2009, 55-61

Annexe  1  :

Grille de lecture pour une revue de littérature

Annexe  2  :  

Grille  de  lecture  pour  une  étude  thérapeutique  selon  HAS  

Annexe  3  :  

Fiche de renseignements sur le patient

Identité du patient

Histoire de la maladie:

Antécédents:

⇒Médicaux :

BPCO?

Tabagisme? Si oui: consommation en paquet année:

SAS? Si oui: appareillage?

Autres:

⇒Chirurgicaux :

Renseignements pré-opératoires:

• SpO2:

• EFR, critères d'opérabilité:

• Mode de vie (actif, sportif, sédentaire?):

Chirurgie:

• Date d'opération:

• Type:

• Type de drain:

Traitement antalgique

Ablation des drains: J et J

Première mise au fauteuil: J

Premier décubitus homolatéral à la chirurgie (sans exacerbation de la douleur): J

ANNEXE  4  :  

Examen kinésithérapique

J: 1ère séance de kiné 2ème séance de kiné

Av TENS (T0) Ap kiné (T1) Fin TENS (T2) Av TENS (T3) Av kiné Ap kiné

Paramètres vitaux

TA (mmHg)

FC (batt/mn)

FR (mvt/mn)

FiO²

SpO²

Mécanique ventilatoire

Auscultation

Encombrement

Douleur Protocole requis

EVA spontanée

EVAprovoquée

Localisation

Sollicitation antalgiques

Comportement antalgique

T (0) : Avant toute stimulation

15 min de stimulation puis début de la séance de kinésithérapie de 20 min

T (1) : Après la séance de kinésithérapie soit après 35 min de stimulation

T (2) : Fin de la séance de 45 min (pic de sécrétion)

T (3) : Début de la seconde séance correspondant à l’évaluation du post effet

 

Annexe  5  :

Traitement kinésithérapique

J N° séance Déroulement de la séance, techniques

A chaque séance est annoté le traitement et les techniques effectuées