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CONSERVATOIRE NATIONAL SUPÉRIEUR DE MUSIQUE ET DE DANSE DE PARIS

COllectION jeUneS SolIsTEs

NoémIe bIAlobrOda

InStrument AlTO

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Née à paris en 1988, Noémie Bialobroda a étudié avec Nobuko Imai et miguel Da silva à la Haute école de musique de genève où elle obtient son master d’Interprétation en juin 2011.

La même année, elle entre au Conservatoire de paris en 3e cycle (Diplôme d’Artiste) où elle se perfectionne auprès de Jean sulem et Hae-sun Kang.

Remarquée sur la scène des concours internationaux, elle est lauréate du Beethoven International Viola Competition 2010 et demi-finaliste du Concours International d’alto de Tokyo en 2012. par ailleurs, elle est soutenue par la Fondation Hirschmann (suisse) et la Fondation meyer (France).

passionnée de musique de chambre, elle rejoint en 2014 le Quatuor Aviv au sein duquel elle mène une carrière internationale.

De plus, elle collabore régulièrement avec des artistes tels que Luis Claret, Boris garlitsky, François guye, philippe müller, Tedi papavrami, Jean sulem, Jean-pierre Wallez, le Quatuor Rosamonde, pour des concerts en France, Allemagne, Espagne, Italie, Belgique, suisse, Autriche, Israël et aux États-Unis. En tant que soliste, Noémie est l’invitée de programmations telles que le Festival manifeste de l’IRCAm, le Festival messiaen

noémie bialobroda


à la meije, l’Académie du Festival de Verbier, les Estivales de megève, le Festival de Cervo (Italie), la Cité de la musique (amphithéâtre), Les moments musicaux de Touraine...

Très engagée dans l’interprétation de la musique contempo-raine, elle est la dédicataire de deux pièces pour alto solo créées à l’IRCAm : le Caprice pour alto seul et électronique du com-positeur japonais Keita matsumiya (2012) et Drifting de pierre stordeur (création avril 2013). Elle est régulièrement invitée à jouer avec l’Ensemble modern de Francfort.

Lors du Festival manifeste de l’IRCAm 2012, elle collabore avec la compagnie de danse ZOO de Thomas Hauert au Centre georges pompidou. Le grand succès de cette rencontre a donné lieu à la création de Mono de Hauert, un spectacle alliant danse et alto solo actuellement en tournée européenne (paris, Bruxelles, Helsinki, Frankfort, genève, saint-Brieuc).

passionnée par l’enseignement, elle est professeur d’alto au Conservatoire de musique de genève depuis 2010 et au Conservatoire de Lausanne depuis 2014.

www.noemiebialobroda.com www.avivquartet.com


Born in paris in 1988, Noémie Bialobroda studied with Nobuko Imai and miguel Da silva at the Haute école de musique de genève and with Jean sulem in the Conservatoire national supérieur de musique et de danse de paris.

Noémie has been awarded numerous prizes and scholarships including the Beethoven International Viola Competition 2010, the Fondation Hirschmann (switzerland) and the Fondation meyer (France).

As a passionate chamber musician, she has played with Luis Claret, Boris garlitsky, François guye, philippe müller, Tedi papavrami, Jean sulem, Jean-pierre Wallez, the Rosamonde string Quartet, for concerts in France, germany, spain, China, switzerland, Austria, UsA and Israël.

In 2014, she joined the Aviv Quartet.

Very active in contemporary music, she works regularly with the Ensemble modern in Francfort and the IRCAm in paris. Two new pieces for viola and electronics have been written for her and premiered at the IRCAm.

she is a viola professor at the Conservatoire de musique de genève since 2010 and at the Conservatoire de Lausanne for pre-College students since 2014.


« De tous les instruments de l’orchestre, celui dont les qualités ont été le plus longtemps méconnues, c’est l’Alto. Il est aussi agile que le violon, le son de ses cordes graves a un mordant particulier, ses notes aiguës brillent par leur accent tristement passionné, et son timbre en général, d’une mélancolie profonde, diffère de celui des autres instruments à archet. »

si Berlioz loue ainsi déjà tant l’alto dans son traité d’orches-tration de 1844, c’est surtout au courant du siècle suivant que l’alto s’émancipa réellement de son rôle d’accompagnateur discret afin de conquérir une place d’instrument soliste à part entière. Ce travail de longue haleine, entamé notamment à par-tir de l’enthousiasme des premiers virtuoses, tels Lionel Tertis ou William primrose, se développa surtout grâce au creuset incroyable de création que constitue la relation privilégiée entre compositeur et interprète. Très vite un grand nombre de pièces, aujourd’hui considérées comme piliers du répertoire soliste de l’alto virent le jour, chacune révolutionnant à sa manière les techniques de jeu de l’instrument.

À travers le programme de ce disque, Noémie Bialobroda nous offre un témoignage de cette évolution prodigieuse grâce aux cinq chefs d’œuvres du répertoire soliste de l’alto que sont les pièces de Hindemith (1922), Zimmermann (1955), Berio (1964), grisey (1976) et sciarrino (1974).

PRologue...


luciaNo BERIO Sequenza VI

D’après Berio, l’acte de composer correspond à la « célébration d’une entente particulière entre le compositeur et l’interprète » et au « témoignage d’une situation humaine ». Ainsi, les œuvres de Berio et plus particulièrement ses treize Sequenze, œuvres solistes par excellence, sont autant de rencontres, la résultante de duos compositeur/interprète : duo avec la voix de Cathy Berberian, avec la harpe de Francis pierre...

La Sequenza VI pour alto, écrite en 1967 pour serge Collot a ceci de particulier qu’elle cherche à briser l’image convention-nelle de l’alto en lui conférant volontiers un caractère violent et extraverti. La virtuosité de cette œuvre est ainsi liée à la tension maximale que Berio maintient tout au long de la pièce, à l’aide notamment de trémolos intenses joués en triples, voire quadruples cordes. Le compositeur admit que cette Sequenza était une « étude d’endurance, de résistance et d’intensité », la décrivant comme un « hommage indirect, et sans doute barbare aux Caprices de paganini ». Outre cette virtuosité instrumentale, la pièce de Berio à l’image de ses autres Sequenze offre à l’audi-teur une très grande virtuosité d’écriture, à travers son travail en « séquences » de champs harmoniques. Au travers d’inversions, de permutations, la séquence initiale subit toutes sortes de traitements, ce qui a fait dire au compositeur que l’on pouvait entendre l’œuvre comme une étude sur la variation.

De la même façon que les autres Sequenze, la pièce pour alto fit date dans l’évolution de la technique de l’instrument, et reste aujourd’hui encore un des piliers de son répertoire solo.

PRologue...


SAlvaTorE sCIARRINO Tre noTTurnI brIllanTI

Créés par Aldo Bennici en 1974, les Trois nocturnes brillants de sciarrino sont caractéristiques du style très personnel de son compositeur. La grande recherche de modes de jeu spéciaux et le refus d’utiliser les techniques traditionnelles de jeu sont autant de manières pour sciarrino de créer ce monde sonore qui est le sien, une atmosphère faite de bruits infimes, de sons détimbrés et de gestes instrumentaux d’une très grande vir-tuosité. La virtuosité de ces trois pièces pour alto, de la même manière que celle de ses propres Caprices pour violon, est un hommage de la part de sciarrino aux Caprices de son compa-triote Niccolò paganini.

La fascination exercée par la nuit sur le compositeur, autre ca-ractéristique propre à sciarrino que l’on peut observer dans bon nombre de ses pièces, se retrouve dans ces trois nocturnes pour alto à travers une citation de l’anthropologiste Alfred méreaux : « Les étoiles sont des femmes qui éclairent la nuit de leur feu glacé, il est dangereux de les toucher car elles explosent. »


PAUl HInDEmITH SonaTe Op. 25 N° 1

Altiste, chef d’orchestre, théoricien et surtout compositeur prolixe, paul Hindemith produisit une grande quantité de pièces pour son instrument, dont quatre sonates pour alto seul, qui sont presque les premières du genre, si l’on excepte les Trois Suites pour alto de Reger, d’une esthétique encore romantique.

La Sonate op. 25 n° 1, deuxième de ce corpus et également la plus « incroyable », ouvre la voie à une nouvelle conception de l’instrument. À l’opposé des sonorités timides de l’altiste accompagnateur des symphonies classiques, l’instrument affirme ici une présence et une agressivité étonnantes pour l’époque, notamment lors du fameux quatrième mouvement, sans conteste le plus novateur. Noté rasendes zeitmass, Wild, Tonschönheit ist nebensache (Tempo furieux, sauvage, la beauté du son est accessoire), il consiste en un mouvement perpétuel impitoyable organisé autour d’une seule valeur rythmique, la noire. Le tempo vertigineux — Hindemith l’a fixé à 600/640 pulsations par minute — et la grande utilisation de la corde grave de do jouée à vide proposent une image sonore nouvelle de l’instrument qui inspirera de nombreux composi-teurs du XXe siècle.

grande figure du courant allemand de la nouvelle objectivité, qui se définit en réaction à l’apparente subjectivité de la musique postromantique et aux formes interminables des successeurs de Wagner, Hindemith conçoit sa musique en tant qu’architecte, retournant aux formes strictes et aux


gIUsEppe TARTINI 1692, pirano – 1770, padoue

proportions plus raisonnables. Ainsi, sa Sonate pour alto seul est structurée en une introduction lente et majestueuse, sui-vie de quatre mouvements, le fameux quatrième mouvement étant encadré par deux mouvements lents d’une grande profondeur, comme pour équilibrer et résoudre son déchaîne-ment extrême et lui permettre de conclure la sonate dans une acceptation plus classique de l’instrument.


bErnd AlOIs ZImmermANN SonaTe pour alTo « AN DEN gEsANg EINEs ENgELs »

Créée en octobre 1955 par Albert Dietrich, la Sonate pour alto seul de Zimmermann explore elle aussi de nouvelles possibilités de l’instrument, et notamment une grande variété de timbres. Zimmermann est le premier à utiliser un tel déploiement de modes de jeu au sein d’une pièce pour alto (harmoniques artificielles, staccatos sur le bois de l’archet, piz-zicati de main gauche), rendant son œuvre d’une très grande difficulté technique. L’écriture extrêmement complexe de cette sonate témoigne également de l’influence de la seconde école de Vienne et notamment de Webern sur sa composition, technique sérielle, symétries, procédés canoniques et jeux de miroirs structurant les douze sections de cette œuvre écrite en un mouvement unique.

La dédicace « au chant d’un ange » située en incipit de la parti-tion témoigne d’une période sombre de la vie de Zimmermann, l’ange dont il est question étant sa fille, morte peu après sa naissance. Appartenant à ce que le compositeur nommait « musique sacrée instrumentale », sa sonate pour alto seul est ainsi empreinte d’une grande tension dramatique, écrite à la manière d’une méditation autour du choral Gelobet seist du, Jesu Christ (Loué sois-tu, Jésus-Christ) de Jean-sébastien Bach que l’alto nous fait entendre lors de la dernière partie.


gérArd GRIsEy proloGue

« J’espère être parvenu ici à balbutier ce que je crois être la musique, une dialectique entre le délire et la forme. »

prologue, pour alto seul et résonateurs, sert de pièce d’ouverture aux espaces acoustiques, cycle emblématique du courant de la musique spectrale. La pièce de grisey est ainsi construite selon le principe de cette musique, c’est-à-dire à partir de l’analyse de la nature même du son dont elle détaille la constitution en faisant apparaître progressivement toutes les composantes du spectre harmonique, ici celles d’un mi grave de contrebasse, et ce jusqu’à la 72e harmonique. Ce développe-ment s’effectue selon le principe cher à grisey du déploiement en spirale, technique structurelle qui lui permet l’exploration de l’ambitus complet de l’instrument à partir d’une cellule initiale très simple composée uniquement d’une mélodie de cinq notes opposées à deux si graves répétés en un battement de cœur. Ce processus « naturel » de départ, qui sert de colonne ver-tébrale à la pièce va être peu à peu perturbé par un ensemble d’éléments qui vont, au fur et à mesure de l’œuvre et de ces modifications, parvenir à brouiller la cellule initiale jusqu’à une saturation extrême du son. Le plus remarquable, en ce qui concerne cette pièce, est peut-être la sensation de continuité ressentie par l’auditeur, tandis que la pièce passe d’un moment d’une extrême intimité à, au contraire, un univers violent et extraverti. Travailler sur la nature même du son permet à grisey de construire une musique d’une grande organicité, et ainsi de jouer avec la perception de son public.


Extrait de la partition, Éditions Ricordi.


lucIAno BerIo

1. Sequenza VI 14 ’48

SAlvAtore ScIArrIno

Tre notturni brillanti 2. Notturno I 4 '21

3. Notturno II 2 ’57

4 . Notturno III 1 ’30

pAul HIndemItH

Sonate pour alto op. 25 n° 15. I Breit Viertel — II sehr frisch und straff (Viertel) 3 ’57

6. III sehr langsam 5 ’23

7. IV Rasendes Zeitmass. Wild. Tonschönheit ist Nebensache 1 ’36

8. V Langsam, aber mit viel Ausdruck 4 ’49

Bernd AloIS ZImmermAn

9. Sonate für bratsche 8 ’44

GÉrArd GrISey

11. prologue pour alto et résonnateurs 18 ’46

DURÉE TOTALE : 67 ’20


Enregistrement réalisé en octobre 2012 par le service audiovisuel du Conservatoire, grand plateau d’orchestre. prise de son et mixage : Jean gauthier. Direction artistique : pierre Blaise, éudiant en Formation supérieure aux métiers du son (Fsms).

Collection Jeunes solistes avec le soutien de la Fondation meyer pour le développement culturel et artistique.

Centre de recherche et d’édition du Conservatoire (CREC)

CREC-audio 13/091

CONSERVATOIRE NATIONAL SUPÉRIEUR DE MUSIQUE ET DE DANSE DE PARIS

CeNtRE DE RecherchE ET D’ÉdiTIoN DU COnservaTOIRE

noémie Bialobroda, alto

yann Stoffel, notes de programme Né à Colmar en 1992, yann débute très tôt la musique par l’apprentis-sage du violon et du piano. sa grande curiosité et son envie de partager ses connaissances le conduiront par la suite à se tourner vers des disciplines plus théoriques. Depuis 2013, il est élève du Conservatoire de paris dans les classes d’analyse et d’écriture musicale.



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