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InterstIces urbaIns, potentIel de développement. Une grammaire de l’interstice Enoncé Théorique de projet de Master EPFL Cyrille Deshusses Professeur de l’énoncé : Luca Ortelli Directeur pédagogique : Luca Ortelli Professeur : Martin Schuler Maître EPFL : Barbara Tirone Chabert Janvier 2011

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InterstIces urbaIns, potentIel de développement.Une grammaire de l’interstice

Enoncé Théorique de projet de Master EPFL

Cyrille Deshusses

Professeur de l’énoncé : Luca OrtelliDirecteur pédagogique : Luca OrtelliProfesseur : Martin SchulerMaître EPFL : Barbara Tirone Chabert

Janvier 2011

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«Le moment est grave, car il n’existe plus rien d’autre que du temps et de la vitesse, du temps qui passe, mais plus d’espace. Il faut maintenant créer de l’espace et il faut l’occuper pour com-battre cette accélération.» 1

1. Heiner MÜLLER, cité par Thomas SIEVERTS, Entre-ville une lecture de la Zwischenstadt, p. 163

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table des matIères

Introduction p. 6

Définitions p. 8

Délimitations et champ p. 13

Première approche p. 15

Interstitiel versus projeté p. 22

Étiologie et architecture p. 23

Forme urbaine p. 25

Petite échelle p. 26

Échelle intermédiaire p. 31

Grande échelle p. 44

Conclusion p. 58

Bibliographie p. 60

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IntroductIon

La ville européenne a la particularité d’être le produit de multiples époques, des évolutions qu’elles ont apportées et par conséquent d’autant de tissus de natures différentes.

Tentant de combiner les réminiscences de tracés d’oppidums, le «microparcellaire» de la ville moyenâgeuse – dont la tendance semble être à «l’homogénéité et non à l’uniformité»2 –, le résultat de l’extrême croissance de la révolution industrielle et l’uniformisation hygiéniste de l’époque moderne, ainsi que le fantasme pavillonnaire des trente dernières années, la ville a laissé apparaître quantité d’espaces au statut particulier.Qu’ils soient apparus par choix ou par déni, parce que la distance à un autre tissu paraissait nécessaire ou que son urbanisation avait été laissée à plus tard, la ville contemporaine regorge de ces lieux en attente d’une réelle définition.

La question n’est pas ici de définir ce qu’il convient de construire dans une parcelle encore libre ou souffrant d’obsolescence, mais de comprendre quel potentiel ces lieux peuvent représenter. Potentiel de construction ou d’espace libre, potentiel de programme individuel ou collectif, potentiel à l’échelle3 du bâtiment, à celle de la ville et à celle de leur territoire.

À l’heure ou les villes manquent cruellement de place tout en persistant dans la politique de zones, établie au cours du XXe siècle, ces espaces que nous nommerons interstices urbains représentent une réserve immense, en matière de développement qualitatif.

Car en effet, à mon6 sens, l’enjeu n’est pas tant la densification par la construction ou la reconstruction des parcelles interstitielles, que l’amélioration de la «qualité sensorielle»4 de zones urbaines déjà très denses par l’affectation des interstices urbains, la réhabilitation de quartiers dissociés de leur milieu, l’amélioration de l’intégration des lieux interurbains. Il est urgent de «Considérer le territoire urbanisé comme susceptible de projet – un projet durable fait de projets multiples –, […].»5

2. Robert-Max ANTONI, Vocabulaire illustré de l’art urbain.3. Par souci de clarté, précisons que le sens du mot échelle utilisé tout au long de ce document sera celui de l’usage courant, bien que ne cor-respondant pas à la logique mathématique du terme. Ainsi, par petite échelle nous comprenons une échelle permettant de traiter précisément de détails et par grande échelle, une échelle per-mettant l’observation de phénomènes territo-riaux.4. Kevin LYNCH, Voir et Planifier. L’aménage-ment qualitatif de l’espace, p.45. René TABOURET, Préface de l’édition fran-çaise, Thomas SIEVERTS, Entre-ville une lecture de la Zwischenstadt, p. 76. Ici, la première personne du singulier est utili-sée à dessein de préciser que la proposition de l’auteur ne peut se justifier autrement que par une intuition personnelle.

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Mon but sera donc de reconnaître les qualités de ces «zones intermédiaires d’un territoire à l’autre», ces «espaces de transition» qui sont «souvent les plus intéressants à occuper»7, car l’ensemble des contraintes en jeu qui rendent l’exercice périlleux sont également autant de moteurs du projet.Comprendre quels sont les enjeux relatifs aux différents types d’interstices permettrait alors de les classifier afin de pouvoir proposer une clé de lecture de ces lieux, une forme de grammaire des interstices urbains.

7. Kevin LYNCH, Voir et Planifier. L’aménage-ment qualitatif de l’espace,p.23

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défInItIons

En effectuant des recherches sur le thème des interstices urbains, il apparaît que ce sujet a déjà intéressé différentes disciplines telles que la sociologie, l’économie, l’art ou encore l’urbanisme. Tous ces domaines ont brossé de ces interstices un portrait partiel qui correspondait aux intérêts des différentes recherches.

Si l’on s’intéresse aux interstices en tant que potentiel de développement, force est de constater qu’il sera difficile d’utiliser une de ces définitions spécifiques, car l’usage de l’une d’entre elles aurait pour simple effet de limiter lesdites potentialités de ces lieux.

J’entamerai donc cette recherche par le début. Au commencement était le verbe, nous apprend la Bible, prenons donc le temps d’ouvrir ces ouvrages qui renseignent sur l’étymologie et sur la signification des termes.

Les dictionnaires de langue moderne s’entendent à définir l’interstice comme étant un espace vide entre deux choses. Les définitions s’égrènent sur ce thème nous livrant les différents:

«Espace situé entre les éléments d’un tout.»8

«Petit espace vide entre deux corps, entre les parties d’un tout»9

«Mince espace qui sépare deux choses.»10

«Petit espace vide entre les parties de quelque chose.»11

«Très petit intervalle vide (entre les parties d’un corps, ou entre différents corps.»12

«Petit espace entre deux organes ou parties»13

8. http://www.linternaute.com/dictionnaire/fr/definition/interstice/9. Jean DUBOIS, Dictionnaire du Français Contemporain10. http://www.cnrtl.fr/definition/interstice11. Le petit Larousse12. Alain REY, Le grand Robert de la langue fran-çaise : dictionnaire alphabétique et analogique de la langue française / de Paul Robert13. http://dictionnaire.sensagent.com/interstice/fr-fr/

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Le Littré est quant lui un peu plus éloquent, car la première signification d’usage qu’il nous cède est le:

«Temps que l’Église fait observer entre la réception de deux ordres sacrés»14

et par extension un:

«Intervalle de temps.»15

La notion d’interstice aurait donc au départ une signification de dimension temporelle plutôt que spatiale. Il semblerait d’ailleurs que ce sens soit resté d’usage, car les synonymes proposés par ces mêmes ouvrages s’entendent également pour ne pas qualifier une dimension purement spatiale. Ainsi, au terme d’interstice se substituent, outre des termes descriptifs comme « creux, faille, fente, pore, trou», les termes au sens bien plus large de «distance, espace, hiatus, interruption, intervalle, méat» ou encore la locution «solution de continuité».16

Solution de continuité. Cette dernière proposition nous offre indéniablement une ouverture différente de la simple notion d’espace vide, ou de temps vide. Attardons-nous donc sur ce terme. La continuité appelle forcément au lien entre deux éléments, et il n’y a d’ailleurs rien d’étonnant à cela, nous l’avons déjà compris. Pourtant, additionné de la notion de «solution», ce lien, cette transition n’a plus rien à voir avec un vide, bien que cela reste une des nombreuses possibilités.

14. Emile LITTRÉ, Dictionnaire de la langue fran-çaise tome 415. Emile LITTRÉ, Dictionnaire de la langue fran-çaise tome 416. Synonymes tirés des mêmes ouvrages.

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Après avoir cerné ce que pouvait signifier interstice dans son acception la plus large, tentons de préciser quels sont les règles et mécanismes qu’il régit.

Vraisemblablement, la continuité implique le passage d’un élément à un second (et éventuellement à plusieurs suivants), ces deux éléments pouvant être de même nature ou de nature différente. Elle exclut en revanche toute notion de limite ou de fin. Il n’est donc pas possible d’assimiler un interstice à une frontière, une frange périmétrale ou à une quelconque autre forme limite ou d’interruption ne menant pas à quelque chose d’autre.

Solution de continuité appelle quant à elle, à une notion bien plus fine de ce même passage d’un élément à un autre, mais un passage où quelque chose doit ou peut se produire. Exit les passages d’un élément à son semblable, voire même à ses semblables dans une forme de continuité presque matricielle. La solution implique un évènement ou un potentiel d’évènement. L’interstice, même réduit à des dimensions des plus infimes ne constitue en aucun cas un reste sans intérêt ni valeur, mais conserve ce potentiel d’articulation. C’est ici que réside la différence entre l’interstitiel et le résiduel.

Reprenons cette dernière réflexion en utilisant l’acception temporelle de ce terme. Si la continuité implique le passage d’un élément à un autre, elle peut tout aussi bien représenter le passage d’un état à un autre, d’une période à une autre.

En poussant un peu plus loin l’interprétation de ces deux points, le passage entre deux éléments physiques et passage entre deux états temporels, un interstice urbain acquiert en plus de sa valeur d’articulation potentielle, celle d’un statut temporel temporaire. Par là, nous amenons la possibilité qu’une fois le potentiel d’articulation révélé, pour autant qu’il corresponde au plus près des besoins du lieu, ou du moins à un degré suffisant des besoins, son caractère interstitiel disparaisse.

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Avant de tenter d’expliciter comment cette nouvelle définition peut prendre forme en architecture, je me permettrai encore une nouvelle approche de cette dernière, à des fins d’ouverture et peut-être d’implication psychologique.

Car si la première définition d’interstice, «Temps que l’Église fait observer entre la réception de deux ordres sacrés» est un terme dévolu à un élément précis du culte chrétien, elle n’exprime pas une notion péjorative, pas plus qu’un élément à limiter, à combler ou à réduire à son strict minimum d’existence.

Bien au contraire, ces interstices représentent une respiration nécessaire, une respiration qui rythme la succession de divers éléments ou évènements plus pérennes, une respiration durant laquelle une presque infinité de processus peut apparaître.

Pour la première fois depuis le début de cette recherche nous avons eu recours à la notion de rythme pour parvenir à exprimer un des caractères de la notion d’interstice. Ce dernier élément pourrait bien représenter un point d’importance.

De toutes les définitions applicables au mot rythme, nous ne retiendrons qu’une seule, propre à la théorie musicale, et qui est sans doute la plus à même d’exprimer la relation aux interstices. Le rythme est, de la façon la plus simple, le :

«retour répété d’un repère».

Ainsi ce sont ces interstices qui permettent l’existence et l’identification de repères.

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Nous pouvons, des observations qui nous ont intéressé jusqu’à maintenant, tenter une définition propre à l’architecture. Rappelons-nous les idées principales retenues.

Un interstice est spatial aussi bien que temporel.Un interstice peut être temporaire.Un interstice n’est pas nécessairement un vide.Un interstice articule deux ou plusieurs éléments.Un interstice peut accepter une multitude de programmes.Un interstice permet l’existence et la lecture de rythmes et de repères.

INTERSTICE: n.m /ɛ̃.tɛʁ.stis/Se dit d’un lieu, d’un espace qui, pour une période, a le potentiel d’articuler deux éléments ou de rythmer la relation entre de nombreux éléments différents, par un processus, une installation, une fonction ne menant pas à l’unité ou l’uniformisation du tout.

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délImItatIons et champ

Pour pouvoir aller plus avant dans ce travail, une analyse précise et concrète des différents cas d’interstices urbains s’avère nécessaire, et parmi les diverses voies ouvertes, celle d’une analyse systématique linnéenne paraît la plus complète et la plus pertinente du fait qu’elle ne limite en rien des investigations plus poussées dans chacun des taxons mis en évidence.

La notion de forme urbaine se prête particulièrement bien au premier degré de classification des interstices urbains, considérant une analyse du plan masse du lieu sujet à interrogation.En effet, on peut définir la forme urbaine comme: «Le rapport entre le bâti et les espaces libres à l’intérieur d’une agglomération ou de différents types d’ensembles urbains».17

Suivant cette acception, et considérant que ce rapport plein / vide dépend de critères propres au lieu tels que les contextes sociologique, politique, historique ou encore foncier, la forme urbaine est donc un «instrument de description et d’analyse de la ville»,18 dans notre cas d’un élément précis de la ville, l’interstice urbain.

L’interstice urbain est, nous l’avons compris, un phénomène multiple et pluriel, dépendant des caractères propres de chaque milieu. Mais les conditions interstitielles apparaissent également à chaque échelle de l’urbain. Voyons quelles sont les différences majeures existant entre ces conditions.

À l’échelle d’un ensemble bâti, ces interstices prennent majoritairement la forme d’espaces vides pour une période plus ou moins déterminée, ou du moins, d’espaces n’accueillant pas un programme pérenne et le plus souvent parasités. Comprenons par là les dents creuses, les cours et arrière-cours sans programme ni fonction, si ce n’est l’usage à titre d’entrepôt d’ordures, voitures ou autres biens purement personnels.

17. Robert-Max ANTONI, Vocabulaire illustré de l’art urbain18. Robert-Max ANTONI, Vocabulaire illustré de l’art urbain

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Mais à cette échelle se précise une autre forme d’interstices. Ce sont des espaces faisant principalement partie de la voie publique et sur lesquels se développent des projets ou des activités pour un temps court, mais fréquemment répétés. Des espaces détournés telle une impasse dont l’utilité n’est plus réellement à la circulation de véhicules mais devient un espace collectif provisoire.

À l’échelle d’une ville, il ne s’agit plus de vides mais de parcelles, de zones, de quartiers bâtis en anachronisme du reste de la ville. Des zones en décalage de l’évolution du reste du tissu.Il n’est plus ici réellement question de vides à l’intérieur d’une agglomération, tels que seraient les friches ferroviaires ou friches industrielles. Ces lieux correspondent plus à un tissu suivant une logique propre et dont la nature peut certes changer globalement, mais dont le changement global n’est pas fonction de ces liens de proximité que génèrent les interstices.

À l’échelle d’une région enfin, les interstices seraient des territoires. La cause en est notre manière actuelle de vivre un quotidien fondé sur une territorialité multi échelles. Les zones et régions touchées par ces flux suivent une mutation permanente dont la définition serait celle d’un «interstice urbain glocal».19

19. François DECK, Pascal NICOLAS-LE STRAT, Kobé MATTHYS, Constantin PETCOU, Doina PETRESCU, Interstices urbains temporaires, es-paces interculturels en chantier, lieux de proxi-mité, p.6

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premIère approche

Avant d’entamer une analyse détaillée et aussi complète que possible, il me paraît justifié de procéder à un premier dépoussiérage des trois échelles citées plus haut. Travaillant sur un champ d’investigation réduit, celui d’une ville et d’une région que je connais et où l’intuition pourra certainement apporter une aide précieuse, le premier niveau d’analyse n’aura pour vocation que de prouver qu’il est bien légitime de parler d’interstices à ces trois échelles, et cette première étape passée, il sera enfin possible d’aller plus avant.

À l’échelle d’un quartier, différents états d’interstices apparaissent. Certains sont bâtis, généralement pour un usage particulier et individuel, ou pour le moins ne correspondant pas à l’urbanisation du milieu, certains autres sont des vides, d’autres encore sont vides et supportent un usage tenant plus du parasitage que de l’installation. (fig.1 à fig.10)

À l’échelle d’une ville, ces interstices se concrétisent plus comme les réminiscences des évolutions des zones et des tissus. (fig.11 et fig.12)

À l’échelle d’un pays, ce sont l’extension et la ramification des centres urbains qui divisent, redéfinissent et articulent selon de nouvelles règles l’espace qui les sépare. (fig.13)

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fig.2 Plan.Avenue Peschier /Avenue DumasZone accueillant des places de parking et un ga-rage privé, au coeur de deux rues résidentielles.

fig.3 Photographie de situation.Rue de la Fontenette / Avenue Cardinal Mer-millodConstructions de très faible hauteur apparues au gré des besoins temporaires au pied de grands bâtiments de logement.

fig.4 Plan.Rue de la Fontenette / Avenue Cardinal Mer-millodConstructions de très faible hauteur apparues au gré des besoins temporaires au pied de grands bâtiments de logement.

fig.1 Photographie de situation.Avenue Peschier /Avenue DumasZone accueillant des places de parking et un ga-rage privé, au coeur de deux rues résidentielles.

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fig.5 Photographie de situation.Rue du Fort Barreau«Dent creuse» actuellement utilisée comme par-king.

fig.6 Plan.Rue du Fort Barreau«Dent creuse» actuellement utilisée comme par-king.

fig.7 Photographie de situation.Avenue de Champel / Chemin ThuryParc situé entre deux rues résidentielles.Partiellement utilisé comme parking et majoritai-rement oublié.

fig.8 Plan.Avenue de Champel / Chemin ThuryParc situé entre deux rues résidentielles.Partiellement utilisé comme parking et majoritai-rement oublié.

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fig.9 Photographie de situation. Quai Capo d’IstriaPlacette intégralement dévolue au parking.

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fig.10 Plan. Quai Capo d’IstriaPlacette intégralement dévolue au parking.

fig.11 Photographie aérienne.Zone située entre Genève et Vernier, les deux plus grandes villes du canton de Genève.On peut lire un patchwork de divers tissus et aménagements, témoins des dynamiques de différentes époques.

fig.12 Plan.Zone située entre Genève et Vernier, les deux plus grandes villes du canton de Genève.On peut lire un patchwork de divers tissus et aménagements, témoins des dynamiques de différentes époques.

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fig.13 Photographie satelliteArc lémanique. Genève - LausanneDu fait des synergies existant entre Genève, Lau-sanne et les villes qui les séparent, on remarque un renforcement des liens et des réseaux entre ces dernières. Différents centres se développent et développent leurs interdépendances.

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Au vu de ces exemples il apparaît que ce qui qualifie ces interstices urbains tient plus du potentiel qu’ils représentent en termes d’investigations architecturales qu’à leur état actuel, s’entend le potentiel d’articulation spatiale entre divers éléments dont la nature ne saurait ou ne devrait changer.

Les interstices urbains forment la presque totalité de «ce qui résiste encore aux politiques foncières», que la raison en soit un manque d’attractivité, un manque d’imagination ou un simple oubli.De facto, ils représentent la majeure partie de la «réserve de disponibilité» du milieu urbain voire interurbain ; bien qu’étant sujettes à des «autogestions», des «programmations temporaires»20, ces interventions n’en sont pas moins réversibles.

En réalité, seule une portion congrue des interventions pratiquées sur ces interstices rentrera dans la masse pérenne de la ville. Les autres apparaissent et disparaissent en fonction des besoins et des dynamiques locales et particulières. C’est ce côté temporaire qui confère aux interstices cette fonction de laboratoire.«Le temporaire peut ainsi devenir un principe fondamental, car il peut permettre par exemple d’alléger la structure d’un projet, de dépasser les interdictions. La transgression des fonctionnalités données d’un espace est peut-être possible du fait de ce statut temporaire» Ce temporaire fait de ces mêmes interstices les «territoires qui ne sont pas pris dans un système global»21

La considération du temporaire me pousse à croire que l’interstitiel ne serait qu’un vecteur de développement, un état nécessaire dans toute urbanisation projetée en plus d’une étape. La finalité serait donc une utilisation pour un temps long de ces lieux, et le nombre d’usages temporaires qui leur auront été prêtés ne dépend finalement que du temps qu’il aura fallu pour leur céder un statut convaincant.

20. François DECK, Pascal NICOLAS-LE STRAT, Kobé MATTHYS, Constantin PETCOU, Doina PETRESCU, Interstices urbains temporaires, es-paces interculturels en chantier, lieux de proxi-mité, p.421. Clara GUILLOD, Interstices urbains et pra-tiques culturelles, p.2

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Il convient cependant de prendre certaines précautions dans l’élaboration d’un projet s’inscrivant dans un interstice, car «une discontinuité, aussi marquée soit-elle, n’est pas assurée de durer»22, faisant justement passer certains projets du côté du bâti non temporaire.Loin d’être négatif, le développement pérenne d’un interstice se doit en revanche d’être un phénomène raisonné. «Il s’agit bien moins de penser le remplissage des vides par rapport à ce qui leur est extérieur, que d’organiser et d’articuler le reste de la ville à ses interstices»23

L’interstice urbain comme potentiel de développement garde donc un visage multiple ; d’abord de laboratoire sociétal par des actions temporaires, mais surtout au sens de développement de projets pérennes non seulement à l’échelle très locale de l’interstice en soi, mais encore en termes d’articulation, de lien et de rythme de la ville dans sa globalité.

22. Pascal Nicolas-Le Strat, Multiplicité Intersti-tielle, p.123. Marc DUMONT, Penser la ville incertaine : périmètres et interstices, p.1

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InterstItIel versus projeté

Un autre point essentiel relevé par ce premier portrait est l’opposition totale qui réside entre la condition d’existence de l’interstice urbain et le planifié, le projeté, le décidé et réfléchi.Le projet considère tout, le bâti et le non bâti, le public, semi-public et le privé, l’éphémère temporaire et le durable. Mais surtout, le projet tente de tout maîtriser.

L’interstice est par essence un élément non maîtrisé, parfois même non considéré.

De manière générale, l’interstice dérange, perturbe l’ordre global, la conception générale d’une planification. Lorsqu’il apparaît, c’est de façon involontaire, dû à des facteurs non maîtrisables, et s’il apparaît grâce au projet, c’est certainement dans la part volontairement non considérée de tous les enjeux inhérents à ce dernier.L’interstice c’est en quelque sorte la part de hasard à l’intérieur de l’évolution dans le temps. La part imparfaite ou imprévue dans le projet. La part de hasard, certes, mais non pas la triste part. Car imparfaite ne signifie pas pauvre, bien au contraire, car non projeté ne signifie en aucun cas non projetable.

En effet, l’évolution d’un ensemble bâti, d’un tissu, d’une ville et même d’un pays comprend une infinité de ces parts d’ombre, et il apparaît que nombre d’entre elles ont été l’objet d’une rare dynamique d’aménagement. Ce dernier point s’explique aisément du fait qu’en acquérant les qualités d’un interstice urbain, un site dont l’enjeu est relativement évident devient également saturé de règles, de limites internes et autres contraintes particulières.

Ce sont ces tensions internes qui confèrent aux interstices urbains une dynamique propre et particulière. Mais cette dynamique est souvent mal, ou peu perçue, du fait qu’elle n’est pas produite par une volonté unique, une règle évidente ou un ordre clair.

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étIologIe et archItecture

Nous nous sommes d’ores et déjà accordé sur le fait qu’une analyse poussée des interstices urbains ne pouvait se passer de l’analyse de leurs caractères morphologiques ainsi que typologiques, cependant, au gré des recherches, il nous est relativement régulièrement arrivé de considérer l’interstice comme un phénomène et non comme un objet. Comme un phénomène, qui plus est, régi par des règles indépendantes dans chacun des cas d’interstices urbains analysés.

Ainsi, peut-être serait-il judicieux d’ajouter au couple morphologie - typologie une notion empruntée à la médecine, considérant ainsi la triade typologie - morphologie - étiologie.

L’étiologie, «étude des causes des choses»24, dans notre cas, étude des causes et des facteurs engendrant un phénomène, peut en effet nous être d’un grand secours concernant la compréhension de la formation des interstices urbains.

Permettons-nous donc de considérer ces trois échelles indépendamment et méthodiquement, car si la nature immaîtrisée de l’apparition d’un interstice reste la condition principale de son existence, les mécanismes activés varient certainement à chaque échelle, que cela soit en durée, en répercussion, en dimension.

Nous prendrons donc pour chaque échelle considérée la voie d’analyse qui semble la plus à même de l’expliciter. Les voies choisies s’avèrent très différentes tant la quantité d’exemples et de variantes entre les différents cas se distinguent les uns des autres.

Par ailleurs la confrontation de ces différentes analyses, la mise en évidence des facteurs supportant le saut d’échelle et de ceux qui s’avèrent caducs ne manquera pas de nous éclairer sur les règles générales à donner au sujet des interstices.

24. Emile LITTRÉ, Dictionnaire de la langue fran-çaise tome 2

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L’échelle d’un ensemble bâti sera traitée à partir de cas généraux, puis exemplifiée.

L’échelle d’une ville sera traitée, au contraire, à partir de grands exemples concrets dont nous tâcherons ensuite de ressortir une théorie précise et globale.

L’échelle la plus grande, celle de l’entre-deux centres urbains, traitée à partir de quelques thèmes concrets, nous mènera à nombre de questions plutôt qu’à des réponses formelles, et cela en raison du statut transitionnel de ces zones.

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forme urbaIne

L’analyse de chaque échelle sera constituée de trois grandes questions, interrogeant les considérations morphologiques, typologiques et étiologiques. Alors que la question de l’étiologie peut être abordée par l’énoncé des principes communs à différents cas concrets, celles de la typologie et de la morphologie ne sauraient être résolues par la mise en évidence, la sélection et la classification des critères propres à chaque exemple. La voie la plus sûre pour arriver à un résultat serait au contraire de définir les cas généraux, les familles d’interstices, sans considérer les mutations subies et dues aux caractères des différents sites.

Dans ce but, nous ferons appel à la notion de forme urbaine. Précisons toutefois, à dessein de clarté, que si la notion de forme urbaine reste relativement libre du fait de son statut «d’instrument de description et d’analyse de la ville», elle est généralement considérée comme le «rapport entre le bâti et les espaces libres à l’intérieur d’une agglomération»25. Sur ce point, notre analyse modifiera l’outil de la forme urbaine, ne parlant plus proprement du rapport entre le plein et le vide. Les icônes qui seront utilisées ci-après, empruntées à l’analyse habituelle de la forme urbaine traitent donc, en sus du rapport entre vide et bâti, de la discontinuité du tissu bâti.Les éléments mis en évidence, nous le verrons par la suite, ne sont donc pas des vides, des friches, mais des zones dont la destination n’est pas définie dans le long terme, non intégrée globalement au système.

Fort de ces considérations, nous sommes maintenant en mesure de prendre point par point les différentes familles d’interstices urbains. Nos interrogations se porteront donc de manière systématique sur la forme urbaine de l’interstice et, en fonction de l’échelle considérée, sur le type de tissu ou à la suite de quelle dynamique d’évènement il est le plus probable de le rencontrer. Dans les cas où cela s’avère utile, nous verrons également des cas de contre-exemples qu’il ne faudrait en aucun cas considérer comme des interstices.

25. Robert-Max ANTONI, Vocabulaire illustré de l’art urbain

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fig.14 Représentation schématique d’un inters-tice par empochement.

petIte échelle

Comme annoncé dans le paragraphe précédent, l’analyse des interstices urbains à l’échelle d’un ensemble bâti sera abordée par des principes généraux. Cette approche moins concrète que l’analyse pure et dure de cas précis s’explique par le nombre d’exemples, tous semblables et pour autant très différents, qui remplissent les villes européennes. Il serait impossible d’en faire un recensement complet, tout comme il paraît difficile de trouver un système de classification exhaustif. Seuls les types principaux, les grandes familles seront décrits ici, gardant à l’esprit qu’il existe une infinité de combinaisons de ces premières familles, et que chaque type se décline en fonction des dynamiques propres à chaque site.

Le premier type peut être nommé «empochement». Il est concrétisé au travers d’une rupture par inclusion, de petite dimension par rapport à l’ensemble bâti. (fig.14)

A cette échelle, ces empochements apparaissent le plus souvent dans un tissu au parcellaire de très petite dimension et à haute densité, comme c’est le cas du tissu médiéval des villes européennes.

Cette discontinuité, car c’est bien de cela qu’il s’agit, apparaît essentiellement dans deux situations précises. La première, qui correspond généralement au tissu le plus ancien, est la construction sur un temps long de nombreux bâtiments dont certains n’ont pas bénéficié du même soin. Il arrive ainsi que l’un ou l’autre disparaisse laissant la trace de son existence.

La seconde prend forme, quant à elle, lors de la réorganisation de zones déjà relativement urbanisées. Dans ce cas, un nouveau parcellaire, de nouvelles voiries ou de nouveaux règlements de construction sont planifiés, et sont partiellement mis en place de sorte que certaines parcelles peu attractives ne sont pas exploitées et que d’autres déjà occupées par des constructions d’un ordre tout à fait différent ne sont pas rasées et reconstruites.

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fig.15 Représentation schématique d’un contre-exemple, une forme à redans.

fig.16 Représentation schématique d’une va-riante de l’interstice par empochement.

fig.17 Représentation schématique d’une va-riante de l’interstice par empochement.

Conformément à nos préoccupations précédentes, le cas de «l’interstice par empochement» ne devrait en aucun cas être confondu avec celui d’une placette qui est un vide programmé et volontaire, ou encore d’une forme urbaine où ces empochements répétés deviennent une règle comme le seraient des redans. (fig.15)

Regardons maintenant une variante du cas précédent (fig.16). Il est très intéressant d’en faire un cas à part entière du fait du positionnement de l’inclusion.

Les facteurs provoquant son apparition sont sensiblement les mêmes que pour le cas de «l’empochement», en revanche la différence est que la discontinuité se fait ici spécifiquement à une des extrémités de l’ensemble bâti. Il ne s’agit d’ailleurs plus d’une inclusion, car sa position fait que l’élément étranger dialogue de manière égale avec l’ensemble ainsi qu’avec son environnement direct.

Troisième variante du même cas, l’interstice se trouve en tête de l’ensemble (fig.17). A l’instar d’un «parvis», il est lié au bâti observé, mais dialogue de façon privilégiée avec les éléments extérieurs.

Il apparaît, comme dans le type originel, lors de la planification de nouveaux dispositifs urbains, mais également lorsqu’un projet ne considère pas l’entier des conditions de son implantation. Un tel projet pourrait par exemple s’implanter en ne cherchant de rapports au site que sur sa façade principale sans se soucier des autres implications.

On le trouve donc principalement lorsqu’un tiers de raccord résiste entre un ensemble ou un bâtiment indépendant et un élément d’un autre ordre telle une voirie, ou tout autre élément régulier et dessiné.

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La figure 18 (fig.18) représente un type d’interstice qui peut être qualifié de «césure». Comme dans le premier cas analysé, il s’agit de l’inclusion d’un élément différent dans un ensemble bâti, à la différence près qu’ici cette inclusion le scinde de part en part.

Cette forme urbaine d’interstice peut être produite, comme nous l’avons déjà vu, par la construction puis la destruction successive de certains éléments d’un tout, mais également par la mise en oeuvre de dispositifs de très grande ampleur dont la planification prime sur le fait de préserver l’intégrité d’un ensemble bâti.

Il peut donc se situer aussi bien dans un tissu dense et ancien du noyau médiéval que dans des îlots ordonnés de la ville du XIXe siècle.Il n’est en revanche pas comparable avec les dispositifs de barres des cités pavillonnaires anglaises, de type Zeilenbau ou avec des autres dispositifs hygiénistes dont les vides sont partie intégrante de la planification (fig.19).

Le troisième type représenté ici concerne un interstice «endogène» à l’ensemble construit. (fig.20)

Il peut s’agir d’un élément ayant été englobé par un tissu en extension, sans pour autant avoir été effacé ou modifié, ou a contrario, du coeur d’un ensemble dont la fonction souffre d’obsolescence et a été abandonnée.

A l’échelle d’un bâtiment on le retrouve majoritairement dans la ville construite entre la Renaissance et la fin du XIXe siècle. Il s’agit en fait des coeurs d’îlots ou de groupes de constructions contiguës, n’ayant pas de fonction participative particulière.

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fig.18 Représentation schématique d’un inters-tice par césure.

fig.19 Représentation schématique d’un contre-exemple, un dispositif de barres.

fig.20 Représentation schématique d’un inters-tice endogène.

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Les trois variantes du cas précédent sont extrêmement intéressantes, car elles sont également composées du premier exemple détaillé.Dans les trois cas, la forme circonscrivant l’interstice n’est pas complète.Se pose la question de la part de l’espace généré considérée comme interstitielle, et la réponse vient justement de ce qui est contenu et partiellement circonscrit par le tissu observé.Comme dans l’exemple type, cette forme de circonscription imparfaite peut être le produit de constructions successives, englobant de plus en plus une partie «endogène», comme elle peut être le fruit de la démolition d’une partie du tout. Les trois variantes se distinguent donc par la programmation de la part non bâtie qui dialogue avec la part bâtie. Ainsi, dans la première variante (fig.21), c’est la totalité de l’espace qui hérite de ce potentiel d’articulation, alors que dans la seconde (fig.22) le coeur profite d’un programme qui participe pleinement au fonctionnement de l’ensemble. De même, dans la troisième variante (fig.23), le coeur reste indéfini et c’est la frange externe qui est constitutive de l’ensemble.

Pour ce quatrième exemple, reprenons la réflexion menée précédemment, où un élément isolé est potentiellement disposé à l’intérieur d’un interstice. Dans ce cas précis c’est donc l’interstice qui circonscrit un tissu homogène, un bâtiment pérenne. (fig.24)Ce cas peut se produire principalement de deux façons. La première se produit, nous l’avons déjà remarqué, lorsqu’un bâtiment est placé avec incurie face à son contexte, faute d’être implanté avec attention. La seconde apparaît à l’inverse, lorsqu’un élément résiste à de grandes mutations se trouvant ainsi en totale opposition avec son environnement, cette opposition ménageant une distance que l’on peut sans se tromper qualifier d’interstitielle.

A contrario, une constellation d’objets isolés, comme c’était le cas pour un ensemble de barres, n’est également pas considéré comme placée dans un interstice urbain, car ici encore, cette suite de pleins et de vides crée un système (fig.25).

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fig.21 Représentation schématique d’une va-riante de l’interstice endogène.

fig.22 Représentation schématique d’une va-riante de l’interstice endogène.

fig.23 Représentation schématique d’une va-riante de l’interstice endogène.

fig.24 Représentation schématique d’un inters-tice circonscrivant un élément.

fig.25 Représentation schématique d’un contre-exemple, constellation d’objets.

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fig.26 Représentation schématique d’une va-riante d’interstice.

fig.27 Représentation schématique d’une va-riante d’interstice.

Ces deux derniers exemples doivent être considérés comme des possibilités de variantes à tous les cas illustrés précédemment. (fig.26 et fig.27)

Comme dans le cas précédent d’un interstice circonscrivant un objet isolé, ou d’un interstice adjoint à un objet isolé, il est parfaitement possible que l’interstice ne concerne qu’une part de l’espace enserrant ledit objet, et cela quelle que soit sa forme.

C’est à nouveau le milieu dans lequel se trouve l’ensemble, ainsi que la programmation des différents espaces qui définira quelle part est interstitielle et quelle part ne l’est pas.

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échelle IntermédIaIre

Nous avons vu jusqu’à maintenant en quoi consistaient les interstices urbains tels qu’ils peuvent être inclus dans un ensemble bâti. Comme annoncé précédemment, nous allons procéder à un saut d’échelle, nous intéressant dès maintenant aux interstices existant au sein d’une agglomération.

Ayant restreint le champ de nos investigations aux seules villes européennes, il est possible de poser comme postulat de départ qu’à l’exception de quelques cités idéales, telles des villes fortifiées projetées par Sebastien Le Pestre de Vauban (fig.28) – pour les figures suivantes, voir en fin de chapitre – ou encore des utopies comme les Salines Royales d’Arc-et-Senans de Claude Nicolas Ledoux (fig.29), la totalité des villes européennes est le produit de la création sur un temps long.

Première considération, et dans le souci de profiter du lien avec l’échelle inférieure, il est évident que l’apparition d’interstices est le fruit d’évolutions, constructions, destructions et reconstructions, autant qu’il est impensable de voir apparaître ces espaces non définis, de dimensions suffisantes pour nous intéresser à cette échelle, uniquement parce qu’ils représentent une part non maîtrisée d’un projet unique.

Fort de ces considérations, l’idée même d’appliquer à cette échelle une analyse partant de la systématisation des formes en différents types n’est plus envisageable. En revanche, la mise en lumière du fait que ces interstices sont générés par la succession des différentes phases de construction de la ville nous pousse à privilégier une approche étiologique.

Ces différentes phases successives qui constituent ce qui semble être une forme de respiration de la ville ; il nous est effectivement possible de les définir et de les classifier.

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En effet, les villes européennes ont suivi, sans avancer qu’il s’agisse des mêmes étapes, des évolutions qui pour le moins étaient de même nature et de même but. Parmi ces évolutions, certaines sont susceptibles de provoquer l’apparition, la formation d’interstices urbains. Nos premières préoccupations nous avaient en effet amené à définir qu’un interstice articule deux éléments distincts. À cette échelle ce sont donc deux tissus de natures différentes qui sont articulés, ce qui nous pousse à nous intéresser à la notion de renouvellement urbain. «Le renouvellement urbain, c’est détruire pour reconstruire»26, c’est également «refaire la ville sur la ville»27, ce qui signifie concrètement opposer des tissus de natures, d’époques différentes.

Pour mieux nous aider à définir ces vecteurs, plaçons tout d’abord un repère temporel. La ville médiévale, fortifiée, dans ses murs est stigmatisée par une extrêmement forte densité ainsi qu’une très grande mixité. Nous avons vu précédemment que ces tissus aussi denses qu’irréguliers étaient propices à l’apparition d’interstices au sein d’un ensemble bâti. Il serait en réalité plus utile de parler de micro-interstices, tant leurs dimensions sont réduites, et tant l’utilisation de l’espace disponible en les murs est poussée à son paroxysme.

Dans une approche historique, nous pourrons donc établir que jusqu’à la fin de l’époque baroque, la ville est à une exception près exempte de cette forme de grands interstices. Le premier vecteur de ces renouvellements est en effet intemporel, il s’agit des grands incendies urbains qui, comme dans le cas de Londres en 1666, sont un prétexte à une reconsidération totale des installations.(fig.30 à fig.33)

Il nous est possible, à partir de cette période, de définir trois autres grands vecteurs de renouvellement urbain. Il s’agit de la destruction des ceintures de fortifications, des grands chantiers de rénovation des infrastructures urbaines et les reconversions de zones construites.

26. Catherine GUY, «Le renouvellement urbain dans les communes périurbaines des agglomé-rations. Quels effets d’urbanité?», dans: Marc DUMONT Emmanuelle HELIER (dir.), Les nou-velles périphéries urbaines, Formes, logiques et modèles de la ville contemporaine, p.8727. Sylvaine LE GAREC, Le renouvellement ur-bain, la genèse d’une notion fourre-tout,p.74

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Ces trois grands facteurs historiques – nous faisons ici abstraction du cas des grands incendies ou autres facteurs de destruction urbaine indépendants, du fait que justement ils ne sont pas le produit d’une action volontaire d’aménagement du territoire – sont d’autant plus intéressants qu’ils activent des mécanismes totalement différents aboutissant pourtant à la création d’interstices.

La destruction des fortifications baroques intervient, cela paraîtra peut-être trivial, non seulement lorsque le degré de saturation en les murs paraît insoutenable, mais surtout au moment où la construction hors les murs arrive à un degré d’urbanisation tel que les faubourgs constituent plus la continuité du tissu bâti que des centres indépendants et donc que les murailles n’ont plus valeur de défense, mais de clivage urbain. Ainsi, la destruction des murailles est perçue comme la libération d’un territoire vierge de construction, et situé entre deux tissus bâtis de nature bien différente (fig.34 à fig.41). Cet espace de grande dimension correspond parfaitement à la notion du mot interstice que nous avons défini en premier lieu. Il apparaît à un moment précis et pour un temps donné, sépare deux tissus de nature différente et a le potentiel d’articuler, par une ou plusieurs interventions, le rapport entre les deux entités qui le précédaient ; en l’occurrence, la ville en les murs et la ville hors les murs.

En ouverture, nous pouvons également annoncer que si ce schéma s’est produit dans la plupart des villes européennes aux alentours du XIXe siècle, le même phénomène s’est produit dans la ville de Berlin, à partir du 9 novembre 1989. Il serait hors de propos ici que de se lancer à corps perdu dans l’explication d’un évènement aussi complexe que la séparation et la réunification de Berlin, nous nous en tiendrons donc à quelques considérations et interrogations de principe, nous limitant absolument à ce qui concerne la problématique interstitielle. L’exemple de Berlin se rapproche donc de la destruction d’anciennes fortifications, mais ce rapprochement s’effectue dans le potentiel de reconstruction et non dans le processus de destruction.

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En effet, il est difficile d’avancer que la chute d’un mur ait pu avoir cette valeur de rapprochement entre deux tissus distincts, puisque ledit mur avait été monté moins d’un demi-siècle auparavant dans un tissu urbain homogène. La suppression de ce mur, de ce clivage urbain, y est en revanche comparable par la valeur du lien à établir (rétablir ?) et dans le potentiel que représente le no man’s land lié au mur dans l’établissement de ce lien. (fig.42)

Les grands chantiers de rénovation urbaine ont, quant à eux, une voie totalement différente de production de ces interstices. Alors que dans le cas précédent il était question de la libération de très grandes surfaces par la destruction de grands éléments souffrant d’obsolescence, il s’agit ici de la mise en place de grands dispositifs modifiant de manière considérable un tissu existant et changeant de façon absolue le statut des zones touchées par ces transformations. Nous pouvons compter parmi ces diverses transformations les percements dus à l’arrivée du chemin de fer, les percements des principaux boulevards et autres dispositifs d’ordre technique comme la mise en place de circuits d’égouts.

L’exemple le plus impressionnant est certainement l’ensemble des travaux dirigés par Georges Eugène Haussmann à Paris lorsqu’il était préfet de la Seine entre 1853 et 1870. Les conséquences de ces nombreux percements ont non seulement été les revalorisations et dévalorisations de quartiers, inhérentes au nouveau tracé des axes principaux, mais ce qui nous intéresse plus particulièrement est le nouveau statut de la totalité des îlots touchés par ces nouveaux tracés. Chacun de ces îlots «produit par le redécoupage des mailles en étoile des réseaux haussmanniens est presque obligatoirement triangulaire». Ils sont appelés à juste titre «îlots haussmanniens»28 (fig.43 et fig.44) et prennent le nouveau statut d’interface entre le tissu existant et les nouveaux axes tracés. L’articulation se fait en réalité dans un rapport beaucoup plus complexe entre un tissu très localisé, les deux faces intouchées de l’îlot, et la nouvelle organisation urbaine, la totalité des nouveaux réseaux. (fig.45 à fig.47)

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Il en va de même lorsqu’une nouvelle entité dont les enjeux sont marqués à une petite échelle vient à modifier des éléments ponctuels plus anciens, quelles que soient les natures de l’un et de l’autre.

Nous l’aurons compris, cette catégorie d’interstices est particulière en cela que sa nature partiellement construite, un front existant à articuler avec un nouvel enjeu tel qu’un réseau de boulevards ou un tracé de chemin de fer, lui confère plus de contraintes que dans les autres cas jusqu’à présent observés.

Nous avions également défini précédemment qu’un interstice urbain peut être bâti ou non. Il existe vraisemblablement certaines catégories d’interstices qui apparaissent dans un état intermédiaire, entre deux systèmes, à cheval sur deux périodes d’urbanisation et devant supporter les réminiscences de chacune.

Les reconversions de zones construites, enfin, représentent la dernière catégorie des interstices urbains. Après avoir analysé les interstices à l’état non construit et semi-construit, nous sommes maintenant en mesure d’approcher le dernier type d’interstices urbains de cette échelle, des interstices urbains bâtis. Nos deux approches précédentes nous ont permis, outre de définir deux conditions interstitielles supplémentaires, de mettre en évidence deux dynamiques de croissance de la ville européenne. En effet, la ville confinée dans ses murs a d’abord suivi une croissance sans extension, avec une densification progressant jusqu’à saturation. Nous l’avons également abordé, avant la destruction des murailles de fortifications, les villes européennes ont de manière générale subi une dynamique d’extension polycentrique sous la forme de faubourgs, avant que ces derniers ne soient absorbés par l’extension de la ville mère. Globalement il est possible de dire que jusqu’au début du XXe siècle, la ville européenne a suivi une progression continue et linéaire. Ce n’est qu’avec la politique moderne d’accession à la propriété que les enjeux de cette progression urbaine ont changé.

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L’expansion du pavillonnaire privé en périphérie urbaine directe représente d’ailleurs certainement le premier cas où l’urbanisation provoquée par une part de la population se place en opposition directe avec une extension continue de la ville.

La raison de cette opposition peut s’énoncer en plusieurs critères. Les zones d’extension pavillonnaires, également appelées zones villas, sont généralement définies par une urbanisation d’une très faible densité, tout en restant très dispendieuse en ce qui concerne l’utilisation du sol. Dévolues à l’habitat individuel ainsi qu’à la propriété personnelle, elles ne comprennent qu’un minimum d’espaces collectifs essentiellement constitués des voiries.

Les ambitions d’une telle urbanisation sont très clairement énoncées par Daniel Le Couedic lorsqu’il avance l’idée que : «...on se retrouvera pour constater que la périurbanisation des quatre dernières décennies eut comme vecteur déterminant un type de lotissements qui, à l’échelle près, s’est strictement apparenté à l’organisation d’un parking.»29 (fig.48 et fig.49), rattachant la situation de chaque propriétaire à une considération proche du : «Peu importe, tant que je garde ma place».

Dernier point, et celui-ci est peut être le plus déterminant, les propriétaires et habitants de telles zones représentent une tranche très conservatrice de la population. En effet, «Les propriétaires de maisons individuelles constituent un électorat conservateur, donc bien plus paisible que les locataires, que ces derniers habitent des HLM ou des appartements de grand standing.»30

Ceci exprime sans doute pourquoi ces zones sont moins aptes à subir des évolutions voulues par l’expansion progressive des centres urbains. Les habitants-propriétaires à tendance conservatrice n’étant certainement pas les premiers à vouloir mettre en péril leurs acquis pour le bien commun, il devient quasiment logique de voir apparaître avec les modifications permanentes des zones périurbaines, des lotissements en total décalage du lieu de leur implantation.

29. Daniel LE COUEDIC, «La maison d’abord», dans: Marc DUMONT Emmanuelle HELIER (dir.), Les nouvelles périphéries urbaines, Formes, lo-giques et modèles de la ville contemporaine, p.3930. François DUPUY, «des rêves qui se fissu-rent», Le Nouvel Observateur, 5 février 1979, p.50-51

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Ce type d’interstices urbains prend donc sa dimension temporelle par ce côté immuable dans un tissu en constante mutation.

Dans les quatre catégories présentées, nous avons décrit un phénomène d’opposition entre un espace qualifié par son potentiel de développement immédiat et une entité pérenne et constituée dans un temps long. Confronté à la première définition du terme interstice qui était, rappelons-le-nous, celle d’un intervalle temporel, ce phénomène d’opposition peut se comprendre de façon beaucoup plus claire. L’opposition précitée serait en réalité l’articulation de deux entités répondant à une temporalité différente, rapportant donc cette échelle d’interstices urbains à un intervalle non plus de temps, mais de temporalité.

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fig.28 : Projet d’une place forte parfaite par Se-bastien Le Pestre de Vauban, 1698. Tiré de Leo-nardo BENEVOLO, Histoire de la ville, Marseille : Editions Parenthèses, 2000.

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fig.29 : Représentation des Salines Royales d’Arc-et-Senans de Claude Nicolas Ledoux, 1775. Tiré de Leonardo BENEVOLO, Histoire de la ville, Marseille : Editions Parenthèses, 2000.

fig.30 Plan de Londres en 1642, avant le grand incendie. Source : http://archivemaps.com

fig.31 Plan de la ville de Londres en 1666, après le grand incendie. Source : http://archivemaps.com

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fig.32 Plan du projet de reconstruction de la ville de Londres par Christopher Wren, 1666. Source : http://archivemaps.com

fig.33 Plan de la ville de Londres en 1700, après la reconstruction. Source : http://historic-cities.huji.ac.il/

fig.34 Plan de la ville de Bologne au XIVe siècle, avec ses fortifications. Tiré de Leonardo BENE-VOLO, Histoire de la ville, Marseille : Editions Pa-renthèses, 2000.

fig.35 Photographie aérienne actuelle de la ville de Bologne. On lit clairement la trace des an-ciennes murailles. Tiré de Leonardo BENEVOLO, Histoire de la ville, Marseille : Editions Paren-thèses, 2000.

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fig.36 Plan schématique de la ville de Florence avec ses fortifications. Tiré de Leonardo BENE-VOLO, Histoire de la ville, Marseille : Editions Pa-renthèses, 2000.

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fig.37 Plan actuel de la ville de Florence, on lit clairement la trace des anciennes murailles. Tiré de Leonardo BENEVOLO, Histoire de la ville, Marseille : Editions Parenthèses, 2000.

fig.38 Plan de la ville de Vienne dans la première moitié du XIXe siècle, avec ses fortifications. Tiré de Leonardo BENEVOLO, Histoire de la ville, Marseille : Editions Parenthèses, 2000.

fig.39 Plan de la ville de Vienne dans la seconde moitié du XIXe siècle, sans ses fortifications. Tiré de Leonardo BENEVOLO, Histoire de la ville, Marseille : Editions Parenthèses, 2000.

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fig.40 Plan de la ville de Vienne. Le nouveau ré-seau viaire de l’aménagement du Ring est mis en évidence. Tiré de Leonardo BENEVOLO, His-toire de la ville, Marseille : Editions Parenthèses, 2000.

fig.41 Photographie aérienne de la ville de Vienne. On lit clairement le Ring sur l’emplace-ment des anciennes murailles. Tiré de Leonardo BENEVOLO, Histoire de la ville, Marseille : Edi-tions Parenthèses, 2000.

fig.42 Photographie du no man’s land situé après le mur à la Potzdamer Platz. Tiré de Jochen VISSCHER Yamin VON RAUCH, Der Potzdamer Platz, Urbane Architektur für das neue Berlin, Berlin : Jovis, 2000.

fig.43 Plan explicatif d’un percement haussman-nien illustrant la création d’un îlot haussamnnien.Tiré de Leonardo BENEVOLO, Histoire de la ville, Marseille : Editions Parenthèses, 2000.

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fig.44 Plan illustrant l’îlot haussmannien. Tiré de Jean CASTEX Jean-Charles DEPAULE Philippe PANERAI, Formes Urbaines : de l’îlot à la barre, Marseilles: Editions Parenthèses, 2009

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fig.45 Plan schématique des grands travaux haussmanniens à Paris. Tiré de Leonardo BENE-VOLO, Histoire de la ville, Marseille : Editions Pa-renthèses, 2000.

fig.46 Plan du Paris de Haussmann. Tiré de Jean CASTEX Jean-Charles DEPAULE Philippe PANERAI, Formes Urbaines : de l’îlot à la barre, Marseilles: Editions Parenthèses, 2009

fig.47 Plan de la ville de Paris en 1873. On lit clai-rement les percement effectués sous la direction de Georges Eugène Haussmann. Tiré de Leo-nardo BENEVOLO, Histoire de la ville, Marseille : Editions Parenthèses, 2000.

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fig.48 Photographie aérienne d’un parking de centre commercial. Tiré de Stefano BOERI Rem KOOLHAAS Sanford KWINTER Hans Ulrich OBRIST Nadia TAZI, Mutations, Barcelone / Bor-deaux : ACTAR/arc en rêve, 2000

fig.49 Photographie aérienne d’un lotissement contemporain. Tiré de Stefano BOERI Rem KOOLHAAS Sanford KWINTER Hans Ulrich OBRIST Nadia TAZI, Mutations, Barcelone / Bor-deaux : ACTAR/arc en rêve, 2000

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grande échelle

En suivant le fil de notre réflexion, il convient maintenant de s’intéresser à la plus grande des échelles que nous avions considérées lors de notre première approche des interstices urbains. A cette échelle, la nature des éléments forts, pérennes, que nous opposons systématiquement aux éléments indéfinis, change de manière significative. Il s’agit, à cette échelle, des villes, des centres urbains et de leurs organes vitaux telles les voies de communication.

Contrairement à ce que nous avions pu observer aux échelles inférieures, ces éléments n’apparaissent ni n’évoluent de manière logique ou réfléchie, mais d’une façon quasi organique, nous présentant un certain nombre de visages.

«Les mégalopoles sont mono ou polynucléaires, plus ou moins agglomérées ou éclatées, hétérogènes, polarisées ou segmentées, denses ou étales ; elles suivent des dynamiques de croissance radio-concentriques, en doigt de gant, linéaires, en grappes ou encore métastasiques.»31(fig.50)

C’est donc la progression organique d’une ville qui définit ces zones, ces interstices interurbains, la progression d’une ville ou de plusieurs villes s’organisant en réseaux. C’est à partir de ce postulat des villes en réseaux que Marc Dumont annonce que : «La réflexion peut alors s’ouvrir à des états de territoires singuliers, sans doute hybrides, que l’on a nommés “intermédiaires”. Par rapport à un périurbain défini par rapport à l’urbain […], l’intermédiarité nous a semblé une notion féconde pour déplacer le regard de modèles historiques.»32

Ces territoires intermédiaires, nous les qualifierons d’interstitiels, à nouveau par leur potentiel d’articulation et par le rôle essentiel qu’ils ont à mener dans le développement futur des nouvelles formes d’urbanité.

Il nous faut désormais définir une stratégie permettant de comprendre le développement, non pas des centres urbains, mais bien des espaces autrefois intermédiaires et que nous pouvons aujourd’hui qualifier d’interstitiels.

31. François ASCHER, Métapolis ou l’avenir des villes, p. 3432. Marc DUMONT Emmanuelle HELLIER, Les nouvelles périphéries urbaines, Formes, logiques et modèles de la ville contemporaine, p.16

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De part la nature non finie et organique de l’apparition de ces interstices, il nous faut exclure toute approche classique, toute notion de typologie ou même, alors que nous y avions eu recours à l’échelle inférieure, d’étiologie, car «Cette méthode d’interprétation et d’analyse de la structure au travers de la représentation et d’analyse de la structure au travers de la représentation du contraste bâti / non bâti semble avoir atteint sa limite dans son application de la réalité semi-urbaine moderne. […] Stadtarchipel de Ungers, Collage City de Colin Rowe – et nous pouvons y ajouter Learning from Las Vegas de Venturi, pour ses recherches sur les gradations architectoniques au niveau le plus immédiat de la création d’une identité urbaine – résument l’essentiel de l’appareil critique dont nous disposons, lorsque nous nous aventurons à la périphérie de la grande ville et, par conséquent, à la périphérie de notre propre discipline.»33

Nous nous aiderons, dans ce contexte, des notions de morphologie, non seulement des villes observables, mais également de la morphologie de leurs extensions créant les interstices qui nous intéressent au plus haut point.

Pour pouvoir engager cette nouvelle analyse, deux étapes préalables semblent nécessaires.La première sera de convenir qu’il est possible de considérer comme une entité l’extérieur des villes, ou du moins une partie de l’extérieur des villes.La seconde traitera quant à elle des mécanismes qui régissent cette entité.

Nous avions défini précédemment que l‘interstice ne peut en aucun cas être périmétral, mais qu’il peut en revanche être temporaire et temporel. Cela signifie qu’un élément périmétral peut, à partir d’un point précis dans le temps, se muter en un élément interstitiel.

La première interrogation sera donc de définir à partir de quel instant et pour quels évènements un extérieur de ville cesse d’être un non lieu pour commencer à prendre part à un système urbain et interurbain.

33. Fritz NEUMEYER, Die Verstädterte Landsch-aft, cité par Thomas SIEVERTS, Entre-ville une lecture de la Zwischenstadt, p.112

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Différents auteurs, praticiens ou théoriciens, ont déjà travaillé sur ces questions, sans pour autant s’intéresser à la problématique interstitielle ; leurs considérations nous seront cependant d’un grand secours. Si ces différents spécialistes de leurs disciplines se sont tournés vers ce qui constitue l’extérieur de la ville, c’est que la vision qu’ils en avaient n’était pas celle d’un extérieur, mais de sa partie vivante, mouvante. Celle qui interagit avec son environnement. Par analogie à une cellule, la vieille ville serait le noyau et ce que nous considérions jusqu’à maintenant comme la périphérie, la membrane.

La vieille ville est donc un noyau, a fortiori un noyau stable, dur et conservateur, car «Les vieilles villes d’Europe […] sont relativement riches, leur population est stabilisée, les surfaces de production agricole se réduisent, le niveau moyen de formation est élevé.»34

Ce sont les moyens mis en oeuvre par ces noyaux pour subsister qui créent cette nouvelle épaisseur de la ville. Un de ces phénomènes se produit le long des grands axes de communication. «L’expression “Ville Linéaire” est couramment employée pour désigner des formes linéaires spontanées d’urbanisation le long d’axes de transport.»35, et ce phénomène est relativement récent puisque « Dans un premier temps, les chemins de fer ont créé une extension linéaire et étoilée, dont les interstices ont été progressivement comblés […].»36.

Le terme d’interstice lancé ici par Thomas Sieverts est très intéressant, mais ne revêt, à ce point de sa réflexion, que le sens d’un entre-deux à combler. Il n’y a d’ailleurs qu’une phase entre le traçage des premières voies de chemin de fer et ce que Bénédicte Grosjean appelle «la “Ville Diffuse”» qui est «l’une des nouvelles notions produites pour appréhender ce type de territoire».37

La ville diffuse appelle à une notion de non complétude des tissus, des voiries et des équipements. Elle se rapporte à un centre-ville et se rapproche assez fortement de la notion de périphérie étendue d’un centre.

34. Thomas SIEVERTS, Entre-ville une lecture de la Zwischenstadt, p.5635. Rémy ALLAIN, «Formes urbaines et mobili-tés Vers un retour à la ville linéaire?», dans: Marc DUMONT Emmanuelle HELIER (dir.), Les nou-velles périphéries urbaines, Formes, logiques et modèles de la ville contemporaine, p.18336. Thomas SIEVERTS, Entre-ville une lecture de la Zwischenstadt, p.1537. Bénédicte GROSJEAN, «La «ville diffuse» et le principe de subsidiarité : des modèles alter-natifs? Étude de cas en Belgique», dans: Marc DUMONT Emmanuelle HELIER (dir.), Les nou-velles périphéries urbaines, Formes, logiques et modèles de la ville contemporaine, p.170

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Thomas Sieverts, quant à lui, considère la relation qu’entretiennent de multiples centres urbains, leurs réseaux et les espaces d’entre-deux. Il les appelle Zwischenstädte. Cette nouvelle notion traite d’un élément total, d’une entité ; pourtant «Il convient de noter que les Zwischenstädte font apparaître des formes remarquables d’interpénétration des espaces bâtis et non bâtis.»38

L’enjeu est donc partiellement posé. Le statut d’interstice donné aux périphéries étendues, aux Zwischenstädte nous offre la possibilité de changer de regard, de ne plus les traiter comme des éléments distants, majoritairement malhabilement constitués et pour le moins indépendants de la ville. Cela nous permet de ne plus considérer « […] la périphérie comme un quartier inachevé, un organe souffrant de pertes de mémoire, dont la maladie a scellé le destin. Par conséquent, la réunification de la périphérie avec l’organisme de la ville doit être menée de façon à stimuler son capital de mémoire»39.

Car si «Les moyens conventionnels de l’urbanisme et de l’architecture sont incapables de proposer des solutions d’aménagement, il faut imaginer de nouvelles voies qui sont encore mal définies»40, et ces voies comptent à coup sûr la compréhension de ces territoires comme une richesse potentielle dans un développement continu des villes. Ainsi, une urbanisation étendue tout au long d’un axe de communication, et distante de tout centre urbain, « […] constitue une Zwischenstadt qui n’est conforme ni à l’image habituelle que nous avons de la ville, ni à notre vision nostalgique d’un paysage naturel. Le faible potentiel de croissance de la période à venir ne permet pas d’envisager une transformation importante de cette forme d’urbanisation. Il faut donc la considérer comme un postulat, dont nous devons révéler les qualités cachées. Il faut donc la remettre en ordre et inventer des images qui donneront une lisibilité à ce paysage codé. De cette démarche pourrait naître un nouveau type de planification régionale»41.

38. Thomas SIEVERTS, Entre-ville une lecture de la Zwischenstadt, p.2139. Pierluigi NICOLIN, «Notizen zur Peripherie, Metropole, Loslösung», Architese, n°6, 1992, p.5740. Thomas SIEVERTS, Entre-ville une lecture de la Zwischenstadt, p.2741. Cf. Karl GANSER, in Memorandum II zu Inhalt und Organisation der Internationalen Baustel-lung Emscher Park, cité par Thomas SIEVERTS, Entre-ville une lecture de la Zwischenstadt, p.148

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La périurbanisation et l’extension extrême des périphéries sont apparues essentiellement grâce au développement de la mobilité individuelle, ce qui constitue une des raisons de l’urbanisation au fil des grands axes.

En revanche, le lien fort et concret entre les espaces circonscrits par ces axes et le premier centre urbain, que l’on pourrait qualifier de centre mère, a été tissé avec le secours d’un autre élément d’aménagement qui est les agrégations de surfaces commerciales. «Elles assurent à la fois une continuité morphologique et réticulaire avec l’urbain (mais moins avec le périurbain).»42

Sur cette dernière proposition, il est possible de déterminer différentes formes de relations qu’entretiennent les centres avec leur périphérie, relations qui elles, engendrent une certaine morphologie des villes, dont nous retiendrons les quatre principales.

La «ville protégée» qui est un cas de plus en plus rare en Europe, car «Seules les sociétés non démocratiques peuvent encore aujourd’hui contraindre la ville à rester compacte». Ce type de relation exclut en réalité une relation complexe entre centre et périphérie, car la totalité des fonctions est encore comprise dans le centre. La périphérie n’est donc pas interstitielle, mais bel et bien périmétrale.

La «ville d’une coopération des centres». «Ce modèle […] résulte d’une politique communale fortement influencée par les commerçants des centres villes, qui se sentent menacés». La totalité des relations part du centre mère vers les centres périphériques qui lui sont assujettis.

La «ville efflanquée» est caractérisée par «l’implantation de grands centres commerciaux à proximité des autoroutes et en limite des cités préfabriquées, poursuit, sous d’autres formes, une politique d’assèchement des centres historiques». Contrairement au cas précédent, la relation part essentiellement des nouveaux centres périphériques qui suppléent à certaines fonctions du centre mère.

42. Arnaud GASNIER, «La recomposition terri-toriale des pôles commerciaux et de loisir péri-phériques : vers de nouvelles urbanités?», dans : Marc DUMONT Emmanuelle HELIER (dir.), Les nouvelles périphéries urbaines, Formes, logiques et modèles de la ville contemporaine, p.70

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Et la «ville des mondes artificiels», où les centres commerciaux «mettent en scène des manifestations culturelles populaires qu’ils rattachent à des structures artificielles».43 Ces nouveaux centres se substituent au centre mère dans la globalité de ses fonctions, voire s’en libèrent totalement.

Ces diverses dynamiques de relations, de flux, donnent à la ville actuelle une forme, un visage(fig.51). Chacun de ces visages correspond effectivement aux différentes dynamiques de croissances énoncées précédemment.

Ces différents visages permettent de comprendre la nature des parties extérieures des villes, de ce que nous pourrions appeler zones de contact, et nous informe si ces éléments sont susceptibles d’articuler une relation avec d’autres éléments ou si cela est exclu. En d’autres termes, ce sont ces dynamiques de flux qui à cette échelle permettent de définir si un lieu est interstitiel ou annexe.

En confrontant ces divers critères de morphologie, de dynamique de croissance et de dynamique des flux de communication, nous sommes en mesure d’exclure des situations improbables, autant que de comprendre quelles combinaisons produisent des éléments indépendants ou interdépendants, tels que de nouveaux centres, aménagements, franges d’axes de communication importants ou zones circonscrites, bâties ou non bâties.

Considérant ces éléments, il est enfin possible de déterminer si le lieu observé satisfait aux conditions que nous avons définies comme étant celles de l’existence d’un interstice urbain.

Les deux diagrammes représentés ci-après tentent d’illustrer les différentes combinaisons qui ressortent de la confrontation de ces trois critères. Ils ont l’avantage de proposer un large éventail des alternatives, mais n’ont cependant pas vocation à en donner une liste exhaustive. Nous ne les utiliserons donc que pour jalonner ce vaste champ des possibilités, et ainsi permettre à notre analyse de gagner en clarté. (fig.52 et fig.53)

43. Thomas SIEVERTS, Entre-ville une lecture de la Zwischenstadt, p.149-51

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À cette macro-échelle, il semblerait que deux notions soient prépondérantes dans les facteurs d’apparition des interstices urbains.

Il s’agit tout d’abord des conditions de circonscription d’un lieu, la nature des éléments qui le bordent directement ou qui le définissent. Dans un deuxième temps ce sont les dynamiques qui activent le lieu observé, la relation à un centre, à plusieurs centres ou à d’autres lieux.

En effet, si les règles mises en évidence par la définition de la notion d’interstice urbain restent valables à chaque échelle, elles ne s’appliquent certainement pas sous la même forme. Ainsi, pour parler d’un interstice urbain, il est indispensable à cette échelle de vérifier que ce dernier participe du système urbain, ou plus simplement, vérifier qu’il soit effectivement urbain.

C’est en ce sens qu’ici, plus qu’aux autres échelles observées, l’environnement du lieu est essentiel. C’est bien lui qui nous permettra de comprendre si le lieu observé est interstitiel ou s’il s’agit d’un lieu extra urbain, un extérieur, un entre deux.

De même, la question des dynamiques du lieu nous informe sur une deuxième caractéristique de l’interstice, son potentiel d’articulation. Il est donc évident qu’un lieu indépendant, autarcique ou isolé n’interagit pas avec son milieu, pas plus qu’il n’a la capacité d’articuler la relation entre deux éléments. Tout au plus il les sépare, les tient à distance.

On peut donc effectuer un premier tri, distinguant les interstices apparaissant au sein des éléments liés à un centre urbain, et ceux produits par la confrontation de deux ou plusieurs de ces centres.

Comme toujours dans cette problématique complexe, les différents cas relevés peuvent être cumulés, mélangés entre eux ou avoir subi une hybridation, ce qui à nouveau augmente très considérablement le nombre de cas concevables.

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Nous nous en tiendrons donc à examiner des cas de principe de manière rigoureuse, nous gardant bien d’opposer à ces considérations la possibilité qu’une infinité de variantes puisse exister.

Nous basant sur les diagrammes présentés précédemment, nous expliciterons les cas choisis en nous intéressant tout d’abord aux situations mononucléaires, à leurs morphologies et leurs dynamiques de flux, puis procéderons de même pour les situations polynucléaires.

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Le cas d’un élément mononucléaire, d’une ville au développement strictement radioconcentrique (fig.54) est très peu propice à la présence d’un interstice urbain. En effet, la croissance exclusivement proximale d’une ville lui confère une grande unité, de même qu’elle définit très clairement un dedans et un dehors, minimisant par la même les échanges et corrélations entre l’urbain et ce qui apparaît comme non urbain.

Cette même réflexion est valable pour une agglomération au fonctionnement indépendant, protégé ou autosuffisant (fig.55), car sans considérer la question de la forme, c’est au niveau des dynamiques créant le potentiel d’articulation que la présence d’un interstice à grande échelle est exclue. Une gestion de tel type aura en effet comme tendance principale d’utiliser tout espace extérieur comme non-articulation et comme distance de protection et de séparation.

Le cas d’un élément mononucléaire, d’une ville au développement plus ouvert, profitant des opportunités spécifiques comme pour une morphologie en doigt de gant (fig.56), ou suivant les flux principaux en une forme métastasique (fig.57) sera en revanche favorable aux interstices urbains. D’un point de vue morphologique, ces développements polymorphes circonscrivent nombre d’espaces qui bien que ne pouvant pas être qualifiés de morceaux de ville, participent pleinement à l’ensemble complexe qu’est l’agglomération urbaine.

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fig.54 Représentation schématique d’une agglo-mération au développement radioconcentrique.

fig.55 Représentation schématique d’une agglo-mération autosuffisante.

fig.56 Représentation schématique d’une agglo-mération à la morphologie en doigt de gant.

fig.57 Représentation schématique d’une agglo-mération à la morphologie métastasique.

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D’une manière très simple, une ville dont la dynamique est propice aux échanges (fig.58 et fig.59), et bien qu’étant mononucléaire, activera de manière certaine tout espace touché par ces flux. Apparaît alors un dialogue entre un centre et un territoire, définissant des espaces au statut particulier traversés par des flux de natures différentes. Ces espaces qui articulent le lien entre le centre et ses territoires environnants sont ce que nous avons convenu d’appeler des interstices urbains.

En guise de transition avec les situations polynucléaires, profitons de préciser qu’une occurrence particulière. Une région de grande dimension sans relation avec un centre urbain (fig.60) appelle à des considérations relativement semblables au cas d’un centre urbain autosuffisant. En effet, ces territoires dont la dynamique correspond à une addition de l’exemple de la «ville des mondes artificiels»44

sont régis par les mêmes lois qu’un centre urbain indépendant protégé, à la différence près de la dimension dudit centre, qui s’avère souvent être un regroupement de commerces, un centre commercial ou un shopping malI. Ces éléments décontextualisés apparaissent et disparaissent au gré des besoins indépendants et immédiats d’un plus ou moins grand groupe de personnes, faisant fi des exigences particulières de chaque lieu, des conditions du milieu.

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fig.58 Représentation schématique d’une agglo-mération propice aux flux vers l’extérieur.

fig.59 Représentation schématique d’une agglo-mération propice aux flux vers l’intérieur.

fig.60 Représentation schématique du fonction-nement d’une région de grande dimension sans centre urbain.

44. Thomas SIEVERTS, Entre-ville une lecture de la Zwischenstadt, p.149-51

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Suivant une logique d’expansion continue, une ville dont la dynamique de flux est celle de l’échange fera progresser ses liaisons toujours plus loin pour répondre à des besoins et à des capacités toujours plus grands. À l’instar de ces liaisons, c’est en réalité la totalité de l’interface de la ville face à tout ce qui n’est pas cette ville qui se voit augmentée, grandie. Cette expansion se fait, et cela concerne en réalité la catégorie mononucléaire, dans un premier temps dans un rapport entre la ville et son territoire. Arrive ensuite le moment clé où les ramifications ou l’expansion d’une ville atteignent celles d’une deuxième, puis de nombreuses autres agglomérations, et où ces diverses extensions s’additionnent pour créer ce qui peut s’appeler un réseau. Il est alors question d’une situation plus complexe, polynucléaire. (fig.61 et fig.62)

Contrairement aux relations émanant d’un centre unique, celles participant à un réseau polycentrique s’établissent sur des distances bien plus étendues. Les grandes voies de communication qui relient ces différents centres transitent par des tissus de natures différentes, définissant autant d’éléments de nature interstitielle. La multiplicité des centres urbains mis en réseau augmente de façon significative la pénétration des extensions urbaines dans les territoires précédemment considérés comme intermédiaires, de même que la densité des axes de communication et autres aménagements diminue avec la distance aux centres. Chacun d’entre eux profite et participe de ces échanges d’une façon individualisée (fig.63 et fig.64). Ainsi, l’interstice ou les interstices urbains compris dans un élément polynucléaire peuvent être considérés comme pluriels, ou polymorphes. En effet, la totalité des territoires concrétisant la distance entre différentes villes, différentes agglomérations, différents centres urbains peut être considérée comme interstitielle, tout en précisant que le degré de connexité avec des centres diffère en chaque point, que le potentiel d’articulation est différent pour chaque lieu spécifique.

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fig.61 Représentation schématique d’un com-plexe polynucléaire en doigt de gant.

fig.62 Représentation schématique d’un com-plexe polynucléaire métastasique.

fig.63 Représentation schématique du fonction-nement des flux d’un complexe polynucléaire.

fig.64 Représentation schématique du fonction-nement des flux d’un complexe polynucléaire.

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À cette échelle de l’entre-ville, les interstices urbains sont donc le fait de la contamination de territoires préalablement vierges, extérieurs, médians ou intermédiaires par les phénomènes de l’urbain. Aménagements, installations, voies de circulations, voies de communications physiques. et même virtuelles au titre d’accès à l’information, sont autant d’agents contaminatoires45 du rural par l’urbain, dont la portée ne peut être aisément définie, du fait du caractère mouvant de chacun des facteurs considérés. Il n’en est pas moins effectif que chaque espace touché par ces agents prend alors une valeur interstitielle multiple, articulant simultanément et même conjointement les relations qui peuvent exister entre deux centres urbains, deux organes de l’extension urbaine ou encore un centre urbain et un élément de son réseau d’extension.

45. Le néologisme contaminatoire est utilisé ici pour ajouter à la notion de contamination tout le signifié d’une valeur potentielle, conditionnelle. Le phénomène de contamination des zones ru-rales (par opposition aux zones urbaines), par les extensions et organes de l’urbain est bien trop complexe pour que nous puissions, à ce stade d’analyse, prédire quel sera le degré d’efficience de cette contamination, ni si elle aura bien lieu dans chacune des occurrences.

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fig.50 Représentation de l’occupation de la po-pulation de 55 agglomérations. Cette représen-tation permet de visualiser les différents types de morphologie urbaine. Tiré de Thomas SIE-VERTS, Entre-ville une lecture de la Zwischens-tadt, Marseille : Editions Parenthèses, 2004.

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fig.51 Photographie satellite de l’Europe de nuit. Cette représentation permet d’illustrer la répar-tition de l’activité humaine ainsi que la densité des flux qui anime les différents centres urbains.Tiré de Stefano BOERI Rem KOOLHAAS San-ford KWINTER Hans Ulrich OBRIST Nadia TAZI, Mutations, Barcelone / Bordeaux : ACTAR/arc en rêve, 2000

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MONONUCEAIRE

RADIOCONCENTRIQUE

PROTEGEE

DOIGTS DE GANT 

COOPERATION DES CENTRES EFFLANQUEE

DENSE

METASTASIQUE

MONDES ARTIFICIELS

ETALEE

POLYNUCLEAIRE

AGGLOMEREE

HETEROGENE POLARISEE

GRAPPE

SEGMENTEE

DOIGTS DE GANT  METASTASIQUE

COOPERATION DES CENTRES EFFLANQUEE MONDES ARTIFICIELS

ECLATEE

fig.52 Diagramme mettant en relation les com-binaisons des morphologies, dynamiques de croissance et dynamique de flux potentielles d’une agglomération mononucléaire

fig.53 Diagramme mettant en relation les com-binaisons des morphologies, dynamiques de croissance et dynamique de flux potentielles d’une agglomération polynucléaire.

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conclusIon

Tout au long de ce travail nous nous sommes efforcé de comprendre la signification des interstices urbains. Notre première action a été de casser tout préjugé, tout a priori, pour pouvoir revenir au fondement de leur acception.

Nous intéressant principalement à la conception architecturale de l’interstice urbain, nous nous sommes risqué à une définition propre à cette discipline, nous gardant bien de la considérer comme parachevée. Lui conférer un tel statut aurait certainement constitué la pierre d’achoppement d’un travail d’analyse, tant il est parfois difficile de traduire par des mots l’entier des finesses d’une notion abstraite.

Le corps du travail a été constitué des applications de ces prémices à trois échelles préalablement définies de l’urbain. A chacune des échelles, ces acquis ont été vérifiés, mis en crise, étayés de nouvelles conceptions, de nouveaux outils d’analyse, globaux ou propres à une échelle particulière.

Bien qu’ayant été enrichies de quelques exemples concrets, les illustrations ajoutées aux propos des analyses se sont bornées à faire état de cas de principe, de cas théoriques. La conséquence de ce parti pris a été la proposition d’un éventail le plus large possible de types interstitiels, sans pour autant tendre à une énumération exhaustive d’exemples concrets.

En ce sens, ce document peut être considéré comme une proposition de grammaire de l’interstice urbain, en opposition avec ce qu’aurait pu être un catalogue des exemples d’interstices, grammaire pouvant effectivement être appliquée lors de toute analyse d’une situation urbaine.

Une dernière question doit encore se poser, celle de l’intérêt et de la portée de la considération d’une telle analyse.

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La présente recherche effectuée sur le potentiel de développement ne fait en effet qu’apporter un nouveau vocabulaire pour définir des espaces spécifiques qui étaient jusqu’alors considérés comme connus. Un coeur d’îlot, une dent creuse, un vide urbain, une friche, des bâtiments anachroniques, un bord de route, une banlieue, une campagne colonisée, autant d’éléments effectivement compris, mais dans une conception les privant de leur contexte.

Pour répondre à cela, je me permettrai d’emprunter ces mots au paysagiste Michel Corajoud, de les adapter à la question de la ville au sens le plus large, et de les énoncer ainsi: «Commencer un projet dans un contexte urbain, c’est rentrer dans une conversation»46.

C’est certainement dans cette simple remarque que réside l’intérêt d’un tel travail, car si commencer un projet dans un contexte urbain est comme rentrer dans une conversation, l’essentiel pour ne pas se trouver hors propos est bel et bien de comprendre de quoi on parle. Comprendre la nature, les intérêts et les enjeux de chaque site de projet permet d’en révéler le potentiel, et de proposer une solution réfléchie et consciente.

Cette grammaire peut donc se comprendre comme une clé de lecture, et de cette clé de lecture, il devient parfaitement envisageable de considérer comme base de travail un bâtiment, un morceau de ville, un entre-ville.

46. Michel Corajoud a annoncé, au sujet du pro-jet «Cour du Maroc» à Paris, effectué en collabo-ration avec Georges Decombes: «Faire un projet de paysage, c’est rentrer dans une conversa-tion». Entretien réalisé pour le film de Carlos Lo-pez, Un architecte dans le paysage.

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bIblIographIe

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Stefano BOERI Rem KOOLHAAS Sanford KWINTER Hans Ulrich OBRIST Nadia TAZI, Mutations, Barcelone / Bordeaux : ACTAR/arc en rêve, 2000

Jean CASTEX Jean-Charles DEPAULE Philippe PANERAI, Formes Urbaines : de l’îlot à la barre, Marseilles: Editions Parenthèses, 2009

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Mes remerciements s’adressent à toutes les personnes qui m’ont aidé à porter un autre regard sur les villes qui nous entourent, que nous vivons et que nous pensons connaître ; à toutes les personnes qui m’ont poussé à tenter de comprendre plutôt que de vouloir savoir.Ils s’adressent tout particulièrement à mon groupe de suivi, pour son soutien, son ouverture et l’intérêt qu’il a immédiatement porté aux investigations d’un thème qui nous était alors à tous étranger.

Genève, Janvier 2011

Cyrille Deshusses

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