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Toxicologie Analytique & Clinique (2014) 26, 6—10 Disponible en ligne sur ScienceDirect www.sciencedirect.com ARTICLE ORIGINAL Intoxications de l’enfant : aspects épidémiologiques. Données 2012 des centres antipoison et de toxicovigilance franc ¸ais Epidemiology of poisoning in children. French poison centers data 2012 Franc ¸oise Flesch a,, Ingrid Blanc-Brisset b a Centre antipoison et de toxicovigilance de Strasbourg, nouvel hôpital civil, hôpitaux universitaires, 1, place de l’Hôpital, BP 426, 67091 Strasbourg cedex, France b Centre antipoison et de toxicovigilance de Paris, hôpital Fernand-Widal, 75475 Paris cedex 10, France Disponible sur Internet le 5 mars 2014 MOTS CLÉS Intoxication ; Enfant ; Centres antipoison ; Mortalité ; Toxicologie Résumé Objectif. Réaliser un bilan annuel des appels rec ¸us par les dix centres antipoison et de toxicovigilance franc ¸ais (CAPTV) concernant les expositions de l’enfant. Méthode. Interrogation de la base nationale des cas d’intoxication du système d’information commun des CAPTV (SICAP) sur les exposition des jeunes de moins de vingt ans, survenues entre le 1 er janvier 2012 et le 31 décembre 2012. Résultats. Les appels pour exposition d’enfants à des xénobiotiques représentent plus de 50 % de l’activité des CAPTV franc ¸ais. En 2012, sur un total de 187 028 appels, 86 478 (46 %) ont concerné des enfants de moins de 10 ans et 15 157 (8 %) des enfants de 10 à 19 ans. Les médicaments sont en cause dans 40 % des cas. Les expositions par défaut de perception du risque concernent 90 % des enfants âgés de 1 à 4 ans et les erreurs thérapeutiques 29 % des enfants de moins de 1 an. Dans le groupe d’âge des 10—19 ans, on note 46 % d’intoxications volontaires. La mortalité est de 0,006 % chez les enfants de moins de 10 ans et de 0,07 % dans le groupe des 10—19 ans. Conclusion. Les CAPTV franc ¸ais, du fait de la saisie de leurs cas dans une base nationale commune, sont en mesure de réaliser, à partir d’un nombre important de cas, des bilans exhaus- tifs sur des populations prédéfinies, des circonstances, des catégories d’agents, et de comparer ces données avec celles d’autres pays. © 2014 Société Française de Toxicologie Analytique. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés. Auteur correspondant. Adresse e-mail : [email protected] (F. Flesch). http://dx.doi.org/10.1016/j.toxac.2014.02.003 2352-0078/© 2014 Société Franc ¸aise de Toxicologie Analytique. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Intoxications de l’enfant : aspects épidémiologiques. Données 2012 des centres antipoison et de toxicovigilance français

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oxicologie Analytique & Clinique (2014) 26, 6—10

Disponible en ligne sur

ScienceDirectwww.sciencedirect.com

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pidemiology of poisoning in children. French poison centers data 2012

Francoise Flescha,∗, Ingrid Blanc-Brissetb

a Centre antipoison et de toxicovigilance de Strasbourg, nouvel hôpital civil, hôpitauxuniversitaires, 1, place de l’Hôpital, BP 426, 67091 Strasbourg cedex, Franceb Centre antipoison et de toxicovigilance de Paris, hôpital Fernand-Widal, 75475 Paris cedex10, France

Disponible sur Internet le 5 mars 2014

MOTS CLÉSIntoxication ;Enfant ;Centres antipoison ;Mortalité ;Toxicologie

RésuméObjectif. — Réaliser un bilan annuel des appels recus par les dix centres antipoison et detoxicovigilance francais (CAPTV) concernant les expositions de l’enfant.Méthode. — Interrogation de la base nationale des cas d’intoxication du système d’informationcommun des CAPTV (SICAP) sur les exposition des jeunes de moins de vingt ans, survenues entrele 1er janvier 2012 et le 31 décembre 2012.Résultats. — Les appels pour exposition d’enfants à des xénobiotiques représentent plus de50 % de l’activité des CAPTV francais. En 2012, sur un total de 187 028 appels, 86 478 (46 %)ont concerné des enfants de moins de 10 ans et 15 157 (8 %) des enfants de 10 à 19 ans. Lesmédicaments sont en cause dans 40 % des cas. Les expositions par défaut de perception durisque concernent 90 % des enfants âgés de 1 à 4 ans et les erreurs thérapeutiques 29 % desenfants de moins de 1 an. Dans le groupe d’âge des 10—19 ans, on note 46 % d’intoxicationsvolontaires. La mortalité est de 0,006 % chez les enfants de moins de 10 ans et de 0,07 % dansle groupe des 10—19 ans.Conclusion. — Les CAPTV francais, du fait de la saisie de leurs cas dans une base nationalecommune, sont en mesure de réaliser, à partir d’un nombre important de cas, des bilans exhaus-tifs sur des populations prédéfinies, des circonstances, des catégories d’agents, et de comparer

ces données avec celles d’autres pays.© 2014 Société Française de Toxicologie Analytique. Publié par Elsevier Masson SAS. Tousdroits réservés.

∗ Auteur correspondant.Adresse e-mail : [email protected] (F. Flesch).

http://dx.doi.org/10.1016/j.toxac.2014.02.003352-0078/© 2014 Société Francaise de Toxicologie Analytique. Publié par Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

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Intoxications de l’enfant : aspects épidémiologiques 7

KEYWORDSPoisoning;Children;Poison centers;Mortality;Toxicology

SummaryObjective. — To achieve a annual report of calls received by the ten French poison centers aboutexposures of children.Method. — We analysed data of the French poison centers’ national poison data system (SICAP)for young people exposure occurred between 1 January 2012 and 31 December 2012.Results. — In 2012, 187,028 calls for human exposures were logged by SICAP — 86,478 calls (46%)involved children younger than 4 years of age and 15,157 (8%) children aged 10 to 19 years. Themost common exposures were drugs (40%). The reason category for exposures was accidentalin 90% of children aged 1 to 4 years and therapeutic error in 29% of children younger than 1year. In the age range 10—19 years there were 46% intentional exposure. The mortality rate is0.006% in children younger than 10 years and 0.07% in the age range 10—19 years.Conclusion. — The ten French poison centers automatically upload their cases in the nationaldatabase ‘‘SICAP’’ and are able to produce, from a significant number of cases, comprehensiveassessments on categories of population, circumstances, categories of agents, and to comparethe data with those of other countries.© 2014 Société Française de Toxicologie Analytique. Published by Elsevier Masson SAS. Allrights reserved.

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Introduction

Les 10 centres antipoison et de toxicovigilance francais(CAPTV) recoivent quotidiennement de très nombreuxappels pour avis et conduite à tenir face à des expositionsd’enfants à des xénobiotiques.

L’exposition est définie par un contact oral, cutané ourespiratoire avec une substance, sans préjuger des manifes-tations toxiques potentielles liées à cette exposition.

L’intoxication quant à elle est définie par l’ensemble desmanifestations pathologiques consécutives à la pénétrationdans l’organisme, le plus souvent par ingestion mais aussi parinhalation ou contact cutané, de médicaments, aliments,produits chimiques, végétaux. . .

Chez les enfants les expositions/intoxications sont sou-vent accidentelles du fait de l’ingestion par défaut deperception du risque d’un médicament, produit ménager,cosmétique, laissés malencontreusement à leur portée.

Méthode

Tous les appels recus par les CAPTV [1] sont saisis dans lesystème d’information des centres antipoison et de toxi-covigilance (SICAP, actuellement en version 5) initialementdéveloppé comme un outil lié à l’activité de réponse toxi-cologique à l’urgence (RTU) et qui a été progressivementdéployé dans les différents centres entre janvier 1999 etseptembre 2010. Son architecture comporte la Base natio-nale des cas d’intoxication (BNCI) ainsi que la Base nationaledes produits et compositions (BNPC). Les 2 bases sont reliéesaux bases locales avec des échanges de données interbasespluriquotidiennes assurés par un ETL (extract transformload : technologie informatique permettant d’échanger et

de synchroniser des données entre plusieurs bases avecou sans transcodage). L’accès aux données de la BNCI vial’infocentre permet d’obtenir, à partir de cette base quiactuellement compte environ 2 millions de cas, des informa-

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ions précieuses aussi bien épidémiologiques que relatives àa toxicovigilance.

Afin d’actualiser les données concernant les expositionse l’enfant, il a été réalisé une extraction de la BNCI entree 1er janvier et le 31 décembre 2012. Par ailleurs, afin deous assurer de la pertinence des données pour l’année étu-iée, nous avons vérifié sur l’ensemble des cas enregistrésn BNCI, que le pourcentage de la population 2012 était bienuperposable à celui de l’ensemble de la base.

ésultats

ntre janvier 1999 et décembre 2012, 1 932 344 cas ont étéaisis dans la base.

Parmi, 872 644 cas, soit 45 % concernent les enfants de 0 à ans et 148 938 cas, soit 8 % concernent les enfants de 10 à9 ans.

Pour l’année 2012, sur un total de 187 028 exposés, 46 %oncernent les enfants de 0 à 9 ans (86 478 cas) et 8 % concer-ent les enfants de 10 à 19 ans (15 157 cas).

Les pourcentages pour l’année 2012 sont donc superpo-ables à ceux de la base dans son intégralité.

L’étude a porté sur deux groupes d’âge distincts, tels queéfinis dans la base :enfants de 0 à 9 ans ;enfants de 10 à 19 ans.

nfants de 0 à 9 ans : 86 478 cas

uarante-sept pour cent des enfants sont de sexe féminint 53 % de sexe masculin.

Soixante-dix-neuf pour cent des enfants sont âgés de 1 à ans.

La répartition du nombre de cas en fonction des 3 classes’âge est présentée dans le Tableau 1.

Parmi les principales circonstances d’exposition onrouve (Tableau 2) :

Page 3: Intoxications de l’enfant : aspects épidémiologiques. Données 2012 des centres antipoison et de toxicovigilance français

8 F. Flesch, I. Blanc-Brisset

Tableau 1 Nombre de cas en fonction des classes d’âge.

Classes d’âge Nombre de cas Pourcentages

< 1 an 7981 91—4 ans 67 977 795—9 ans 10 520 12Total 86 478 100

Tableau 2 Pourcentages des principales circonstancesd’exposition par classes d’âge.

< 1 an 1—4 ans 5—9 ans

Défaut de perceptiondu risque

61 % 90 % 66 %

Erreur thérapeutique 29 % 5 % 15 %Alimentaire 2 % 1 % 4 %Déconditionnement 1 % 1 % 4 %Total 7981 67 977 10 520

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• exposition à des fumées d’incendie : 2 cas (enfant de 4 anset enfant de 4 mois) ;

• ingestion de méthadone : 2 cas (enfant de 3 ans et enfantde 18 mois) ;

• laryngospasme après ingestion de litchi (enfant de18 mois) ;

• ingestion d’acide chlorhydrique (enfant de 2 ans).

Pour 5 enfants, une greffe cutanée a été nécessaire dufait de l’exposition à une substance corrosive.

Enfants de 10 à 19 ans : 15 157 cas

Quarante pour cent des sujets sont de sexe masculin et 59 %de sexe féminin (sexe non précisé : 1 %).

L’intoxication est accidentelle dans 53 % des cas (25 %chez les sujets de sexe féminin et 28 % chez les sujets desexe masculin) et volontaire dans 46 % des cas (24 % chezles sujets de sexe féminin et 12 % chez les sujets de sexemasculin) ; la circonstance n’a pas été précisée dans 1 % descas.

Concernant les intoxications volontaires, on note 35 % deconduites suicidaires (n = 5420) et 2 % de conduites addic-tives (n = 300) avec les principaux agents suivants : cannabis(90 cas), médicaments (80 cas), produits renfermant un gazvecteur (70 cas), produits renfermant un solvant (28 cas).

La voie de contamination est orale dans 77 % des caset respiratoire dans 8 % des cas. Les médicaments sont encause dans 47 % des expositions, les produits domestiques,chimiques et cosmétiques dans 10 % des cas respectivement.

La répartition des médicaments selon les classes ATCfigure dans le Tableau 4. La classe prépondérante est celledes médicaments du système nerveux.

Les symptômes sont notés dans 57 % des cas, parmi les-quels on trouve : somnolence (11 %), vomissements (9 %),céphalées (5 %), érythème conjonctival (3 %), tachycardie(3 %), toux (2 %), ébriété (2 %).

Tableau 3 Principales classes ATC des médicamentsingérés par les enfants de moins de 10 ans.

Classes ATC Pourcentages

Système nerveux (psychotropes,analgésiques, antiépileptiques)

20

Système respiratoire(antihistaminiques, préparationsnez, gorge. . .)

14

Dermatologie (pommades,antiseptiques, désinfectants. . .)

13

Système digestif et métabolisme(antiémétiques, médicaments dutransit. . .)

11

Système musculo-squelettique (AINS,myorelaxants. . .)

10

Système génito-urinaire et hormonessexuelles (contraceptifs. . .)

9

Organes sensoriels (collyres, solutionsauriculaires. . .)

4

le défaut de perception du risque qui concerne 90 % desenfants âgés de 1 à 4 ans. Il s’agit des intoxications acci-dentelles dites « classiques », survenant chez les jeunesenfants qui portent spontanément à la bouche tout cequ’ils trouvent dans leur environnement proche ;les erreurs thérapeutiques qui concernent l’enfant demoins de 1 an dans 29 % des cas ;les déconditionnements et les ingestions d’alimentspérimés, avariés, contaminés. . . dans 4 % des cas respec-tivement dans le groupe des enfants de 5 à 9 ans.

Les expositions surviennent au domicile dans 92 % des cast la voie de contamination est buccale/orale dans 87 % desas.

Les agents en cause sont les médicaments dans 38 % desas, les produits à usage domestique dans 22 % des cas, lesroduits cosmétiques dans 8 % des cas, les plantes dans 6 %es cas et les produits de bricolage dans 4 % des cas.

Les médicaments, responsables de la majorité des expo-itions (31 453 cas) sont répartis dans le Tableau 3 selon leurlasse anatomique, thérapeutique, chimique (ATC) définiear rapport à l’organe ou le système sur lequel ils agissent.

Vingt pour cent des médicaments ingérés concernenta classe ATC « système nerveux », classe dans laquelle onetrouve les psychotropes et les antalgiques.

Concernant les produits à usage domestique (18 503 casoit 22 %) ce sont les nettoyants ménagers qui sont le plusréquemment en cause (37 %) suivis des nettoyants textiles30 %) puis des désinfectants (dont l’eau de Javel) dans 13 %es cas, des dessicants (7 %) et des désodorisants (6 %).

Dans 74 % des cas l’enfant était asymptomatique. Desomissements ont été notés dans 8 % des cas, une toux dans

% des cas, un érythème conjonctival dans 2 % des cas etne somnolence dans 1 % des cas.

La gravité est nulle ou faible dans 90 % des cas, moyenneans 2 % et forte dans 0,1 % des cas (non codée : 8 %).

Six enfants sont décédés ce qui représente une mortalité

ans cette tranche d’âge de 0,006 %.

Les causes de décès sont les suivantes :Autres 19

Page 4: Intoxications de l’enfant : aspects épidémiologiques. Données 2012 des centres antipoison et de toxicovigilance français

Intoxications de l’enfant : aspects épidémiologiques

Tableau 4 Principales classes ATC des médicamentsingérés par des sujets âgés de 10 à 19 ans.

Classes ATC Pourcentages

Système nerveux 47Système musculo-squelettique 14Système digestif et métabolisme 10Système respiratoire 8Anti-infectieux 4

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La gravité est nulle ou faible dans 79 % des cas, elle estmoyenne dans 9 % et forte dans 1 % des cas. Dans 11 % descas elle n’a pas été codée.

L’évolution se traduit par :• une guérison dans 77 % des cas ;• des séquelles dans 4 cas (2 sténoses digestives,

1 métaplasie gastrique, 1 anoxie cérébrale) ;• des complications cutanées dans 3 cas ;• 11 décès soit une mortalité de 0,07 %.

Dans 23 % des cas l’évolution est inconnue.Les causes et circonstances des décès sont résumées dans

le Tableau 5. On note que les 3 cas de suicide concernent dessujets de sexe féminin alors que tous les autres cas concer-nent des sujets de sexe masculin. Il convient également depréciser que la responsabilité des agents mentionnés dans letableau n’a pas été établie formellement pour tous les cas.

Discussion

Les expositions d’enfants à des xénobiotiques représententplus de 50 % de l’activité des CAPTV.

Pour la seule année 2012, 86 478 appels, soit 46 % del’ensemble des appels, ont concerné des enfants de moinsde 10 ans et 15 157 (8 %) des enfants de 10 à 19 ans.

Les médicaments sont en cause dans 40 % des cas etconcernent majoritairement les médicaments de la classe

ATC « système nerveux ». Dans cette classe, les principauxmédicaments en cause sont les psychotropes, les analgé-siques et les antiépileptiques.

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Tableau 5 Synthèse des cas de décès des patients âgés de 10

Circonstances Âge Sexe

Suicide 13 F

16 F

13 F

Addiction 19 M

15 M

17 M

19 M

Pollution 10 M

Indéterminées 19 M

15 M

19 M

9

Dans le groupe d’âge d’enfants de 0 à 9 ans, les casoncernent essentiellement des expositions accidentellesar défaut de perception du risque (90 % chez les enfantse 1 à 4 ans). Les erreurs thérapeutiques sont la 2e cause’appels et concernent l’enfant de moins de 1 an dans 29 %es cas.

Ces intoxications sont très souvent bénignes avec uneortalité dans cette tranche d’âge qui est de 0,006 %.Dans le groupe d’âge 10—19 ans, on note 46 % d’intoxi-

ations volontaires dont 34 % chez les sujets de sexeéminin et 12 % chez les sujets de sexe masculin. Des symp-ômes sont notés dans 57 % des cas et la mortalité est de,07 %.

Il convient de préciser que ces données épidémiologiquesssues de la base SICAP des centres antipoison ne concer-ent que les cas ayant donné lieu à un appel à un des dixentres antipoison francais, c’est-à-dire ceux ayant néces-ité, pour la plupart, l’avis d’un toxicologue soit sur l’agentn cause, soit sur le diagnostic ou encore le traitement. Oneut donc estimer que ces données ne reflètent que trèsartiellement l’ensemble des expositions du sujet jeune, laajorité des expositions bénignes ne donnant pas lieu à un

ppel au centre antipoison.Il pourrait être intéressant de comparer ces données

vec celles d’autres pays ; la difficulté cependant est cellee l’âge retenu pour la population « enfant » ; en Belgiquea tranche d’âge correspondante est comprise entre 0 et4 ans [2], en Suisse elle est comprise entre 0 et 16 ans3], en Angleterre elle ne concerne que les enfants deoins de 5 ans [4], en Allemagne elle est de 0 à 19 ans [5],

ux États-Unis elle est, comme en France et en Allemagneomprise entre 0 et 19 avec une subdivision en 2 tranches’âge : 0—12 ans et 13—19 ans [6].

En dehors des tranches d’âge qui ne sont pas iden-iques d’un pays à l’autre, la deuxième difficulté résideans les critères d’analyse qui ne sont pas superposables.n Allemagne par exemple, pays dont les tranches d’âgeont identiques à celles de la France, le Bundesinsti-ut für Risikobewertung (BfR) fait une synthèse des cas’intoxication relevant de la toxicovigilance mais ne fait pas

e focus sur les expositions de l’enfant. La seule compa-aison qui peut être établie est celle avec les donnéesgurant dans le rapport américain 2011 [6]. Aux États-Unis,

à 19 ans.

Agents

Rythmol® 4200 mgLaurier roseParaquat

PoppersDéodorant (isobutane)Dépoussiérant (dichlorofluoroéthane)Alcool + cannabis

CO — groupe électrogène

MorphineMéthadoneRed Bull

Page 5: Intoxications de l’enfant : aspects épidémiologiques. Données 2012 des centres antipoison et de toxicovigilance français

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es centres antipoison, au nombre de 57, regroupent leursnformations au sein d’une base : le National Poison Dataystem (NDPS). En 2011, 3 624 063 appels ont été enregis-rés dans le NDPS dont 2 334 004 concernent des expositionsumaines — 1 449 186 cas concernent des sujets de 0 à 19 ansont 55 % des enfants de 0 à 12 ans et 7 % des adolescentse 13 à 19 ans. Les médicaments sont la première cause’intoxication (∼50 %). Les classes médicamenteuses étantlus précises dans le rapport américain, les chiffres neeuvent être comparés avec les chiffres francais. On peutependant remarquer que les médicaments le plus souventn cause aux États-Unis sont les antalgiques (23 %) alorsu’en France ils sont inclus dans la classe ATC du systèmeerveux qui représente 21 % pour l’ensemble de cette classe.n France, comme aux États-Unis, si on prend en considé-ation l’ensemble de la population des moins de vingt ans,’intoxication est de gravité faible ou nulle dans 90 % des cast la mortalité est de 0,01 %.

Du fait de la possibilité d’une évaluation de risque enemps réel 24 h/24 par appel à un des 10 CAPTV et d’uneravité nulle ou faible dans 90 % des cas, on peut estimer quees milliers de consultations médicales ont pu être évitéesar simple appel à un CAPTV.

Des études faites aux États-Unis sur des admissions’enfants pour intoxication dans des services d’urgence,nt montré que l’appel à un centre antipoison diminuaitignificativement le nombre de consultations médicales et’hospitalisation non justifiées [7—9].

onclusion

es appels pour intoxications de l’enfant représentent pluse 50 % de l’activité des CAPTV francais. Les médicamentsont en cause dans 40 % des cas. La saisie de l’ensemble desas dans un logiciel commun national permet une exploi-ation pertinente des données et leur comparaison, le caschéant, avec les données d’autres pays. Du fait de la pos-

ibilité d’une évaluation de risque en temps réel 24 h/24,n peut estimer que des milliers de consultations médi-ales ont pu être ainsi évitées par simple appel à unAPTV.

[

F. Flesch, I. Blanc-Brisset

éclaration d’intérêts

es auteurs déclarent ne pas avoir de conflits d’intérêts enelation avec cet article.

emerciements

ette étude n’a été possible que grâce au travail quotidienes personnels des CAPTV d’Angers, Bordeaux, Lille, Lyon,arseille, Nancy, Paris, Rennes, Strasbourg et Toulouse quint assuré la saisie et la validation des données et autoriséeur agrégation et leur traitement.

éférences

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