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1 Introduction Qui, aujourd’hui, n’a pas connu dans sa vie professionnelle une période de stress ? Notre société se caractérise par un besoin grandissant de rentabilité, nous appelant sans cesse à plus de performance, de rapidité et d’efficacité. Le stress prend de plus en plus d’ampleur, devenant alors un problème de santé publique. Il engendre, le plus souvent, une grande fatigue qui peut, à son tour, conduire à ce qu’on appelle le syndrome d’épuisement professionnel ou « burnout ». Je me suis intéressée à ce sujet car c’est une pathologie qui peut toucher les soignants à tout moment et qui a de nombreuses conséquences sur l’individu, aussi bien physiques que psychologiques, personnelles que professionnelles. De plus, le taux de burnout étant élevé dans le milieu hospitalier, il engendre des frais de santé importants (arrêts maladies, prise de médicaments...). Compte tenu du contexte actuel, celui-ci risque de croître dans les années à venir. Il semble donc intéressant de l’étudier et de déterminer des moyens pour y pallier. Mon plan sera donc le suivant. Après avoir synthétisé le cheminement de ma problématique et posé ma question de recherche, je définirai certaines notions et concepts relatifs au burnout dans le cadre de référence. Ensuite, je décrirai ma méthodologie de recueil de données, puis j’élaborerai l’analyse et l’interprétation des résultats. Pour finir, je conclurai mon travail en essayant de formuler des pistes de réflexion.

Introduction - Infirmiers.com · 2016. 2. 18. · 2 Au cours de mes stages, j’ai souvent été confrontée à des situations épuisantes, stressantes, telles que le décès de patient,

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  • 1

    Introduction

    Qui, aujourd’hui, n’a pas connu dans sa vie professionnelle une période de

    stress ? Notre société se caractérise par un besoin grandissant de rentabilité, nous

    appelant sans cesse à plus de performance, de rapidité et d’efficacité. Le stress

    prend de plus en plus d’ampleur, devenant alors un problème de santé publique. Il

    engendre, le plus souvent, une grande fatigue qui peut, à son tour, conduire à ce

    qu’on appelle le syndrome d’épuisement professionnel ou « burnout ».

    Je me suis intéressée à ce sujet car c’est une pathologie qui peut toucher les

    soignants à tout moment et qui a de nombreuses conséquences sur l’individu, aussi

    bien physiques que psychologiques, personnelles que professionnelles. De plus, le

    taux de burnout étant élevé dans le milieu hospitalier, il engendre des frais de santé

    importants (arrêts maladies, prise de médicaments...). Compte tenu du contexte

    actuel, celui-ci risque de croître dans les années à venir. Il semble donc intéressant

    de l’étudier et de déterminer des moyens pour y pallier.

    Mon plan sera donc le suivant. Après avoir synthétisé le cheminement de ma

    problématique et posé ma question de recherche, je définirai certaines notions et

    concepts relatifs au burnout dans le cadre de référence. Ensuite, je décrirai ma

    méthodologie de recueil de données, puis j’élaborerai l’analyse et l’interprétation des

    résultats. Pour finir, je conclurai mon travail en essayant de formuler des pistes de

    réflexion.

  • 2

    Au cours de mes stages, j’ai souvent été confrontée à des situations

    épuisantes, stressantes, telles que le décès de patient, la première toilette mortuaire.

    En tant qu’étudiants1 en soins infirmiers (ESI), nous sommes censés être encadrés

    tout au long de ces étapes. Certes, l’équipe nous prend en charge dans le domaine

    technique, mais le côté psychologique de ces situations est laissé à notre

    appréciation.

    Sur mes trois années de formation, je n’ai connu qu’une seule réunion suite à

    un décès, en service d’urgence adulte. Malgré une charge de travail importante et un

    manque de temps, l’urgentiste nous a invités à en parler. Il ne voulait pas que

    l’équipe se laisse anéantir par ce décès foudroyant, en particulier les jeunes

    diplômés, tout juste arrivés dans le service. Cette réunion a rassemblé l’équipe

    pendant environ dix minutes, puis le personnel a repris ses activités. Néanmoins, le

    médecin a souhaité retenir quelques minutes supplémentaires les nouveaux

    diplômés et les étudiants. Ce décès les ayant pour la plupart troublés, ils

    ressentaient le besoin d’extérioriser leurs émotions.

    En effet, la charge de travail, la complexité croissante des tâches, la

    confrontation à la maladie, à la mort font parti du quotidien de l’infirmière2 diplômée

    d’Etat (IDE). En regard de cela, ne risque-t-elle pas de voir ses défenses

    « humaines » s’amoindrir ? Nous tendons à dire oui, puisque les professionnels de

    santé reconnaissent que le stress, la fatigue, la démotivation et d’autres facteurs de

    risques peuvent conduire à un processus lent, appelé syndrome d’épuisement

    professionnel.

    En France et à l’étranger, une étude concernant l’épuisement des soignants a

    révélé que « les infirmières ont globalement un niveau d’épuisement professionnel

    important, situé entre 18 et 45% 3». Cette pathologie, issue du monde du travail, se

    développe de plus en plus dans les milieux hospitaliers. Le soignant tendrait à

    s’isoler, s’absenter, se dévaloriser. Deviendrait-il alors lui même souffrant ?

    Il me semble également évident que, si ce syndrome est dommageable pour

    le soignant, il peut l’être aussi pour le patient. La personne qui souffre intérieurement,

    1 Lire étudiant ou étudiante tout au long du texte. 2 Lire infirmière ou infirmier tout au long du texte. 3 Canouï Pierre et Mauranges Aline. 2001. Page 47.

  • 3

    peut-elle se préoccuper pleinement des autres ? Comment cela peut-il se répercuter

    sur le soin et par conséquent sur le patient ? Malheureusement, au sein des

    services, rien de concret ne semble être mis en place pour contrer ce phénomène.

    Si cet urgentiste avait pris soin de réunir l’équipe et particulièrement les

    nouveaux diplômés, c’est que son expérience professionnelle lui avait démontré

    l’importance d’exprimer ses émotions suite à une situation stressante.

    En effet, «il a été mis en évidence dans les hôpitaux, que les « jeunes

    infirmières » ont des conditions de travail encore plus défavorables que les

    « anciennes » »4. L’infirmière, qui vient d’obtenir son diplôme d’Etat (DE) et qui prend

    son premier poste, n’a pas ou très peu d’expérience de situations réelles. Elle

    dépend des règles apprises au cours de sa formation pour accomplir les soins.

    Nous savons également que les nouvelles diplômées, lorsqu’elles prennent

    leur premier poste et jusqu’à leur titularisation (en général un an après), connaissent

    d’autres difficultés. « La situation juridique de l’infirmière stagiaire, dont le stage dure

    un an, est précaire, c’est un agent public hospitalier, susceptible d’être licencié à tout

    moment sans indemnité. »5 A cette précarité, il faut donc ajouter des difficultés

    psychologiques, juridiques et/ou sociales. On demande aux nouvelles diplômées

    d’être immédiatement polyvalentes, autonomes et compétentes, alors qu’elles n’ont

    pas toujours été correctement intégrées dans l’équipe. Leur manque d’expérience,

    assimilé à d’autres facteurs, apporte une source de stress supplémentaire. De plus,

    leur mal-être ne semble pas toujours reconnu ou envisagé par leurs supérieurs et

    collègues. Je suis donc parvenu à la question suivante :

    Si les infirmières non titularisées sont plus sujettes au syndrome d’épuisement professionnel que leurs collègues, qu’est-il alors mis en place pour le

    prévenir en formation initiale et au sein des établissements?

    4 Lert F, Marne MJ, Guegen A, Evolution des conditions de travail des infirmières des hôpitaux publics de 1980 à 1990, revue épidémiologique. 5 Aveline Laurence. 2003. Page 52.

  • 4

    I. Le concept du syndrome d’épuisement professionnel.

    A. Historique du syndrome d’épuisement professionnel. En 1970, M. Herbert Freudenberger (psychanalyste) utilisera, dans ses écrits, le

    terme de « burnout », se justifiant ainsi : «les gens sont parfois victimes d’incendie

    tout comme les immeubles ; sous l’effet de la tension produite par notre monde

    complexe, leurs ressources internes en viennent à se consumer comme sous l’action

    des flammes, ne laissant qu’un vide immense à l’intérieur, même si l’enveloppe

    externe semble plus ou moins intacte ».6

    B. Définition du syndrome d’épuisement professionnel. Le syndrome se définit comme « un ensemble de symptômes». L’épuisement, lui,

    se caractérise par « une perte des forces, une faiblesse physique ou morale ».

    (Définition tirée du Dictionnaire de notre temps, Hachette, 1992)

    Le SEPS est un état de fragilité psychologique et physique qui ne permet plus au

    soignant d’assurer ses responsabilités professionnelles.

    Mmes Bédard et Duquette décrivent le syndrome d’épuisement professionnel

    comme « une expérience négative vécue par un individu, qui est liée au stress

    émotionnel et chronique causé par un travail ayant pour but d’aider les gens. »7

    C. Un contexte propice au syndrome d’épuisement professionnel. 1) Le contexte politique et social. La France connaît depuis quelques années une pénurie importante d’IDE. Une

    enquête internationale montre que « ce sont les mauvaises conditions de travail qui

    conditionnent les migrations des infirmières »8. Le manque constant d’infirmière,

    assimilé à la charge de travail croissante semble conduire à l’épuisement.

    L’application de la loi Aubry (loi du 19 janvier 2000), relative à la réduction

    négociée du temps de travail a créé de nombreux changements au sein des

    services. En effet, les soignants, qui ne travaillent plus que 35 heures par semaine,

    ont davantage de repos. Cependant, la pénurie d’IDE laisse des postes vacants. Par

    6 Canouï Pierre et Mauranges Aline. 2001. Page 6 7 Canouï Pierre et Mauranges Aline. 2001. Page 16 8 Verani Laurence. 2003. page12.

  • 5

    conséquent, les infirmières, épuisées ou non, ne peuvent pas toujours disposer de

    leurs RTT9 comme elles le souhaitent. Pourtant les jours de congé et les vacances,

    sont essentiels et permettent d’être opérationnels au travail. De plus, la loi « Kouchner » du 04 mars 2002 (loi n°2002-303) relative aux droits

    du patient a elle aussi apporté des changements. Le personnel et les établissements

    de soins se doivent désormais d’apporter une qualité de soins optimale. Cette loi

    détaille les droits de l’usager du système de santé : droits de la personne en matière

    de santé, droits à l’information, droits à la protection de ses données personnelles,

    etc. Le personnel hospitalier se doit d’être plus attentif, en recherchant

    systématiquement le consentement du patient par exemple. Au final, le soignant voit

    sa charge de travail croître.

    2) La charge de travail. Auparavant, l’infirmière avait uniquement un rôle sur prescription. Exécutante du

    médecin, elle acquiert un rôle propre, de part ses décrets de compétences. A cela, il

    faut assimiler les lois précédemment citées. En effet, le passage aux 35 heures et les

    lois relatives aux droits des patients contraignent l’infirmière à plus de travail et de

    disponibilité. A ce jour, deux décrets régissent la profession infirmière :

    Le décret n° 93-221 du 16 février 1993, relatif aux règles professionnelles des

    infirmiers (annexe I), impose les dispositions d’exercice et les devoirs de l’infirmier, et

    les devoirs envers les patients.

    Le décret n° 2002-194 du 11 février 2002, relatif aux actes professionnels et à

    l’exercice de la profession d’infirmier (annexe II), classe tous les rôles (propres et sur

    prescription) de ce corps de métier.

    II. Le syndrome d’épuisement professionnel des soignants10.

    A. Les facteurs de risques. « En ce moment, il y a une augmentation de l’épuisement professionnel. (…)

    Cet épuisement peut-être lié à des aspects personnels, mais aussi aux contraintes

    professionnelles. Ainsi, on voit souvent des infirmières qui ne sont plus en accord 9 RTT ou Récupération du Temps de Travail. 10 Syndrome d’épuisement professionnel des soignants ou SEPS.

  • 6

    avec leurs attentes, du fait de la charge de travail qui engendre une

    désorganisation »11.

    1) L’organisation du travail. Les causes liées à cette organisation peuvent être : une tension engendrée par la

    surcharge de travail et les contraintes de temps, l’accélération du rythme ou de la

    cadence de travail, les horaires alternatifs, l’augmentation de l’utilisation des heures

    supplémentaires…

    2) Les conditions de travail. Les conditions de travail pouvant engendrer le syndrome d‘épuisement

    professionnel peuvent être : l’ambiguïté des rôles et l’interruption des tâches, les

    contraintes émotives ou psychiques liées au haut niveau de compétence et de

    performance, le manque de formation, de communication ou les conflits

    interpersonnels. Les experts reconnaissent qu’ils existent des milieux à risques,

    comme la réanimation ou les soins palliatifs (phénomène dû aux nombreux décès, à

    la complexité des techniques…)

    3) L’environnement. L’environnement peut comporter des éléments néfastes qui engendreront le

    syndrome d’épuisement professionnel.

    • Le milieu n’est pas toujours propice à l’ergonomie, les locaux n’étant pas

    toujours adaptés, l’infirmière se fatigue à aller et venir dans les couloirs.

    • Les « matières premières », pourtant indispensables dans la pratique

    quotidienne de l’IDE, manquent souvent.

    • Le matériel manquant fait perdre du temps et de l’énergie et l’inadaptation de

    celui-ci menace l’organisme du soignant.

    • Les méthodes de travail ont permis l’utilisation de nouveaux outils. Cependant,

    les IDE ne les maîtrisent pas tous.

    • La main d’œuvre. Le manque de personnel se fait de plus en plus sentir dans

    les services.

    11 Citation du Dr Leport Marie-Line. Pageau Sandrine. 2003. Page 43.

  • 7

    B. Les répercussions de ce syndrome. 1) Sur le soignant et sur le soin. Mme Maslach (psychanalyste) a décrit trois dimensions fondamentales de

    manifestations du syndrome, dans un test intitulé MIB (annexe III). Il permet de

    quantifier le burnout selon trois composantes ou dimensions.

    La première dimension recouvre l’épuisement émotionnel tant physique que

    psychique. L’infirmière se sent « vidée » intérieurement et éprouve des difficultés à

    entrer en relation avec l’autre. Son malaise peut se traduire par des attitudes

    explosives (crises de larmes, colère…).

    La deuxième dimension est la déshumanisation de la relation à l’autre. Pour se

    protéger, l’infirmière a tendance à mettre une distance avec l’autre. La personne

    soignée est réduite à un numéro de chambre, à une pathologie. Le patient est traité

    comme un objet et l’infirmière, elle, exécute ses soins tel un robot.

    La troisième dimension est le sentiment de la diminution de l’accomplissement

    personnel. Elle est la conséquence des deux premiers symptômes et fait souffrir le

    soignant qui éprouve un sentiment d’échec douloureux.

    La théorie de M. Maslow (pyramide en annexe IV) peut illustrer le SEPS. Elle

    postule que, pour arriver à l'épanouissement de l'individu, il faut avoir satisfait ses

    besoins de niveau inférieur. Ainsi, les besoins physiologiques (autonomie par le

    travail), les besoins de sécurité (sécurité de l’emploi) et surtout les besoins d'estime

    (reconnaissance des compétences) et d'appartenance (appartenir à l’équipe) doivent

    être satisfaits, avant de pouvoir espérer s'épanouir dans son travail.

    2) Sur le patient et sur ses soins. Le patient, n’existant plus en tant que personne aux yeux de l’infirmière, la qualité

    des soins s’en ressent. Cela ne peut être acceptable d’un point de vue humain et

    législatif. Avec l’application de la loi Kouchner, relative aux droits des malades et à la

    qualité du système de santé, le patient possède un droit à l’information, un accès au

    dossier médical, un consentement aux soins.

    De plus, la circulaire ministériel n° 95-22 du 6 mai 1995, appelée également

    « charte du patient hospitalisé » oblige à l’information, au respect des convictions,

    des libertés individuelles et à la qualité des soins.

  • 8

    C. Les symptômes du syndrome d’épuisement professionnel. 1) Les symptômes liés à la santé mentale. Comme symptômes prédominants de ce domaine, nous pouvons rencontrer la

    démotivation et l’insatisfaction au travail, le sentiment d’incapacité à bien faire son

    travail, de dévalorisation, la morosité, les troubles d’adaptation, les réactions anxio-

    dépressives, la détresse psychique, la paranoïa…

    2) Les symptômes liés à la santé physique. Nous pouvons rencontrer la fatigue chronique, les migraines, les tensions

    musculaires, les problèmes de mémoire et de concentration, les troubles du sommeil,

    les troubles digestifs, l’hypertension artérielle, les palpitations, les blessures…

    3) Les symptômes comportementaux. Nous pouvons rencontrer l’absentéisme au travail, la réduction des loisirs et des

    activités, l’isolement, les problèmes familiaux, l’adoption d’une mauvaise hygiène de

    vie, le problème des conduites addictives, la sécheresse émotionnelle, l’irritabilité.

    III. La prévention du syndrome d’épuisement professionnel.

    La prévention se définit par « la mise en place d’un ensemble de mesures ou d’organisations, destinées à empêcher certains risques». (Définition tirée du

    Dictionnaire de notre temps, Hachette, 1992)

    A. La formation initiale. « Le programme d’études en soins infirmiers a pour objectifs de favoriser

    l’émergence d’un nouveau profil infirmier dont les caractéristiques sont les suivantes.

    * Une infirmière apte à répondre aux besoins de santé d’un individu ou d’un

    groupe dans le domaine préventif, curatif, de réadaptation et de réhabilitation.

    * Une infirmière polyvalente apte à disposer des soins infirmiers prenant en

    compte l’ensemble des problèmes posés par une atteinte fonctionnelle et une

    détresse physique ou psychologique qui frappe une personne. L’infirmière doit faire

  • 9

    participer l’individu ou le groupe en prenant en considération leur dimension

    culturelle et leur personnalité. »12

    Depuis une dizaine d’année et au-delà de ces bases techniques médicales, la

    communication prend une place méritée dans le programme. Cependant, si l’on

    observe la grille pédagogique commune aux IFSI il n’y est à aucun moment

    mentionné d’apport sur le syndrome d’épuisement professionnel.

    B. La prévention institutionnelle. 1) Les formations. Il existe, au sein de certains établissements, un service de formation continue, qui

    permet à tout le personnel hospitalier d’avoir accès, en théorie, à des formations en

    lien ou pas avec sa profession. Cette prévention du syndrome d’épuisement

    professionnel, a pour objectif de développer ses connaissances sur les mécanismes

    du SEPS, d’utiliser l’expérience acquise pour mobiliser des ressources préventives,

    de s’enrichir et ne pas s’épuiser dans sa pratique professionnelle. Le programme se

    compose d’apports divers, tels que la psycho dynamique et la psychopathologie du

    travail, la description du syndrome, les modes de communication dans l’équipe, les

    modes d’adaptation comportementaux aux facteurs de stress professionnel, les outils

    d’évaluation et les axes de prévention.13

    2) Les ressources du service. Aucun document ne semble être diffusé au sein des services, les infirmières n’ont

    que peu de connaissances face au syndrome d’épuisement professionnel et ne

    peuvent donc pas détecter les signes précurseurs. Pourtant, « tenir compte des

    réalités du métier, c’est apporter des compétences multiples, afin que l’étudiant

    devienne un professionnel efficace, capable de s’adapter aux réalités du métier. »14

    Des groupes de parole peuvent s’organiser au sein des services. Animés par des

    psychologues extérieurs ou un chef de service, ils constituent un espace d’échange,

    un temps de partage destiné à permettre aux participants de réfléchir à leur pratique.

    12 Les nouveaux cahiers de l’infirmière n°4. 2003. Page 69. 13 Programme de formation continue AP-HP. Centre de formation continue. 14 Boissières Françoise.2002. Page 129.

  • 10

    Il ne faut également pas oublier l’intégration qui est une période d’acclimatation,

    où le nouveau soignant est soutenu dans sa vie professionnelle. Elle est vitale pour

    une bonne adaptation à l’équipe, au service et même à l’hôpital. Cependant, elle

    n’est pas obligatoire et ses modalités sont laissées à l’appréciation des cadres. La

    possibilité d’échanger sur sa prise de fonction est une mise à plat qui atténue les

    problèmes et rassure.

    Enfin, le projet de service et la dynamique d’équipe peuvent être utiles. En effet,

    tous deux demandent une concertation, une cohésion au sein du service. Ils

    permettent de renforcer le lien entre professionnels.

    C. L’approche individuelle. Les professionnels peuvent se ressourcer dans le cadre de leur vie privée, en se rendant à des cours de sport, à des activités personnelles, en adoptant une meilleure

    hygiène de vie (sommeil suffisant, alimentation équilibrée…). Ils peuvent se

    ressourcer en famille, pendant leur jour de repos, de congé, assouvir leurs passions

    ou leurs loisirs.

    Ils peuvent également se ressourcer en se performant. Des séminaires, salons et

    congrès ont lieu chaque année et sont accessibles à tout professionnel de santé, ils

    permettent à ces dernières de réajuster leur connaissances et de se tenir informer. Il

    existe également des formations privées mais ces dernières sont payantes et

    coûteuses.

    (D’autres concepts, notions ou moyens de prévention existent. Je n’ai cité ici que

    les principaux et ceux en liens directs avec mon analyse.)

  • 11

    Choix de la population. J’ai souhaité cibler la population la plus proche de ma situation professionnelle, d’un point de vue temporel, c’est à dire les infirmières non titularisées. Afin de

    déterminer où elles se trouvaient, j’ai pris l’initiative de rappeler mes anciens terrains

    de stage et d’interroger mes collègues de formation. Au final, j’ai pu cibler 8

    infirmières, de jour, de garde ou de nuit. L’unique critère nécessaire, pour participer à

    mon étude, était leur non titularisation le jour où je les ai interrogées.

    Traitant la prévention du syndrome d’épuisement professionnel, il me semblait

    intéressant de questionner les infirmières mais aussi les étudiantes en soins

    infirmiers, non issues de la promotion professionnelle. En effet, je ne souhaitais pas

    fausser mon analyse en y intégrant des étudiantes ayant déjà une expérience

    professionnelle. J’en ai donc interrogé 5. Ainsi, j’ai pu enrichir l’analyse des IDE en

    comparant ce que ces deux populations ressentent et attendent.

    Choix de l’outil et du lieu.

    Pour mener à bien mon projet, j’ai décidé d’utiliser comme outil d’enquête les entretiens (annexe V et VI). Ceux-ci se composaient de questions ouvertes, semi

    ouvertes et fermées. Selon moi, l’entretien reflète plus pertinemment le ressenti des

    personnes interrogées, car il est moins impersonnel. Grâce au climat de confiance

    créer la personne se livre davantage, il m’a ainsi été possible d’approfondir certaines

    notions. Pour ce travail, je souhaitais recueillir des données qualitatives.

    Je me suis donc entretenue avec des infirmières exerçant au sein d’un même hôpital, sans pour autant cibler un service. Certains étant dits « à risques » et les

    politiques d’établissements étant différentes d’un hôpital à l’autre, mon analyse aurait

    pu être faussée. Pour les étudiantes, je me suis rendue dans différents IFSI, afin de

    balayer plus largement le programme d’étude des établissements. J’ai pris l’initiative

    d’appeler certaines étudiantes, d’autres IFSI, que je connaissais.

    Déroulement et objectifs de l’enquête. Le 12 janvier 2004, je suis allée déposer, à la DSSI, une lettre sollicitant leur autorisation (annexe VIII). Après avoir reçu leur accord, ainsi que celui des cadres

    infirmiers des services, j’ai pu mener à bien mes entretiens.

  • 12

    Mes entretiens auprès des IDE se sont déroulés entre le 19 février et le 17 mars. Ils

    ont duré environ 30 minutes et ont pour objectifs :

    De dépeindre un profil des nouveaux diplômés.

    De déterminer les manifestations et les causes du syndrome d’épuisement

    professionnel pour cet échantillon de population.

    De déterminer la prévention mise en place, par les établissements de soins et les

    IFSI pour se protéger du syndrome d’épuisement professionnel.

    De déterminer les attentes de cette population, vis-à-vis du syndrome

    d’épuisement professionnel.

    Mes entretiens auprès des ESI se sont déroulés entre le 09 et le 13 février 2004. Ils

    ont duré en moyenne 10 minutes et ont pour objectifs :

    De savoir si cette population est touchée par ce syndrome ou si elle le rencontre.

    De faire un bilan sur les lacunes et les apports reçus concernant ce sujet.

    De faire un bilan sur les attentes des ESI.

    Limites de l’enquête et difficultés rencontrées :

    Le sujet que j’ai choisi a posé quelques problèmes, tout au long de l’élaboration

    de mon travail. Les questions, qui composent mon outil d’enquête, semblent trop

    impliquer les services et les établissements. Les réponses que l’on m’a fournies

    auraient peut-être été plus sincères si les entretiens s’étaient déroulés en dehors des

    services.

    Dans un premier temps, les cadres infirmiers ne comprenaient pas l’intérêt de

    mon sujet. Selon eux, une IDE non titularisée ne peut pas être épuisée en moins

    d’un an d’expérience. Certains m’ont même fermés la porte de leur service.

    Dans un second temps, les IDE interrogées qui n’ont pas accepté que j’enregistre

    nos entretiens. Le sujet impliquant trop leur service et leur hiérarchie, elles ont

    préféré que je prenne des notes. Je n’ai donc pas pu retranscrire sur papier nos

    entretiens. Cependant, elles ont proposé de se mettre à ma disposition si je

    rencontrais certaines difficultés lors de l’élaboration de mon analyse.

    Enfin, lorsque j’ai sollicité la médecine du travail, on m’a répondu ne pas pouvoir

    m’aider, prétextant que ce sujet ne relevait pas de leur rôle.

  • 13

    Résultats des ESI

    (Les chiffres, inscrit dans les graphiques, indiquent le nombre d’ESI ayant formulé cette réponse.)

    Question n°1.

    14

    0

    2

    4

    OUI NON

    Avez-vous reçu des apports sur le SEPS?

    • Si oui, dans quel contexte ? Pouvez-vous décrire cet apport ?

    • Si non, connaissez-vous ce terme ? Cela vous manque-t-il de ne pas avoir reçu d’apports sur ce sujet ?

    Si oui. Si non.

    ESI 1 Cours théorique d’une heure lors d’un module optionnel. Cela a permis une prise de conscience des risques.

    ESI 2 Connaît ce terme. Ressent un manque.

    ESI 3 Connaît ce terme. Ressent un manque.

    ²ESI 4 Connaît ce terme. Ressent un manque.

    ESI 5 Connaît ce terme.

    Sur les 5 étudiantes interrogées, 4 m’ont répondu n’avoir reçu aucun apport

    sur le syndrome d’épuisement professionnel. La méconnaissance de ce syndrome

    leur fait ressentir un manque. En effet, selon elles, on ne peut pas prévenir quelque

    chose qu’on ne connaît pas.

    Une seule étudiante a reçu un apport portant sur ce sujet, au cours d’un

    module optionnel. Selon elle, il lui a permis une prise de conscience des risques

    encourus et des conduites à tenir par la suite.

  • 14

    Question n°2.

    Pensez-vous être suffisamment informé(e) sur ce syndrome?

    41

    OUINON

    Question n° 3.

    41

    0

    2

    4

    OUI NON

    Souhaiteriez-vous recevoir des apports supplémentaires sur ce sujet?

    • Sous quelles formes ?

    Apports souhaités.

    22

    3 1 3

    visionnage dereportagestémoignages, débats

    distribution deplaquettesjeux de rôles

    cours théoriques

    Ces trois premières questions sont complémentaires et m’ont permis de

    déterminer l’impact des apports reçus. L’ESI qui a reçu des apports théoriques, ne

    souhaite pas en recevoir davantage car elle pense être suffisamment informée.

    Les 4 ESI, qui n’ont pas reçu de cours sur le SEPS, se disent insuffisamment

    informées et souhaiteraient recevoir des apports théoriques et pratiques.

  • 15

    Questions n° 4 et 5.

    5 00

    2

    4

    6

    OUI NON

    Avez-vous déjà ressenti, au cours de vos stages, des symptômes d'épuisement?

    • A quoi est-ce dû, à votre avis ?

    32

    1

    5

    2 2

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    Les facteurs de risques.manque decommunicationrythme de travailsoutenumanque desoutient en équipemanqued'encadrementcharge de travailconséquentefatigue

    Il est intéressant de souligner que même si des apports sur le sujet ont été

    reçus, ils n’ont pas permis d’éviter l’épuisement. En effet, sur les 5 ESI interrogées,

    toutes avouent avoir déjà été épuisées au cours de leurs stages. La question de la

    qualité des enseignements dispensés peut alors être abordée. Il semblerait qu’ils

    soient restés trop théoriques pour pouvoir s’appliquer au quotidien.

    Le SEPS survient plus facilement si la personne est fatiguée, si la

    communication ou l’encadrement sont de moindre qualité et si la charge de travail

    est conséquente. Il semblerait que les ESI soient davantage épuisées lorsque leur

    intégration dans l’équipe pose des difficultés.

  • 16

    Question n° 6. « Quelles manifestations personnelles observez-vous, dans votre pratique professionnelle, lorsque vous êtes épuisé(e) s ? »

    23

    2 21

    5

    00,5

    11,5

    22,5

    33,5

    44,5

    5

    Les manifestations personnelles. manque de motivationpour aller travailler

    énervement,hypersensibilité

    fatigue

    trouble du sommeil,asthénie

    manque de patience

    manque deperformance

    Il me semble important de souligner que les étudiantes ressentent des

    manifestations personnelles néfastes pour le patient (hypersensibilité, fatigue,

    impatience) et d’autres qui interfèrent sur leur vie privée. De plus, l’épuisement

    entraîne une diminution des performances techniques ou relationnelles, touchant

    également la vie professionnelle des ESI.

    Question n° 7. « Lorsque vous êtes épuisé(e) s, quels moyens utilisez-vous pour vous ressourcez ? »

    3 32

    1

    4

    00,5

    11,5

    22,5

    33,5

    4

    Les moyens pour se ressourcer.

    reposréconfort familialactivités sportivesdialoguer avec des ami(e)sloisirs divers

    Des moyens, pour lutter contre le stress et l’épuisement, existent sans doute

    au sein des IFSI, mais ils semblent être méconnus des étudiantes. Celles-ci doivent

    alors développer des moyens personnels ou se réfugier dans leur famille pour se

    ressourcer.

  • 17

    Résultats des IDE

    (Les chiffres, inscrit dans les graphiques, indiquent le nombre d’IDE ayant formulé cette réponse.)

    Question n°1 à 3. « Pour mieux vous connaître. » IDE 1

    Garde IDE 2 Jour

    IDE 3 Nuit

    IDE 4 Jour

    IDE 5 Garde

    IDE 6 Garde

    IDE 7 Garde

    IDE 8 Jour

    Age

    20-30 ans

    20-30 ans

    20-30 ans

    20-30 ans

    20-30 ans

    20-30 ans

    20-30 ans

    20-30 ans

    Date du

    DE

    Juin 2003

    Déc. 2002

    Déc. 2003

    Déc. 2003

    Juin 2003

    Juin 2003

    Juin 2003

    Déc. 2003

    1er poste

    oui

    non

    oui

    oui

    oui

    oui

    oui

    oui

    Choix personnel

    oui

    oui

    oui

    oui

    oui

    oui

    oui

    oui

    Choix des horaires

    oui

    oui

    oui

    oui

    non

    non

    oui

    non

    Départ prévu

    non

    non

    oui

    oui

    oui

    oui

    oui

    non

    • Envisagez-vous de quitter votre poste prochainement ?

    Si oui, pourquoi ? Si non pourquoi ?

    IDE 1 Garde Soins intéressants, bonne coordination dans l’équipe.

    IDE 2 Jour A l’aise au sein du service. Arrivée récente.

    IDE 3 Nuit Projet de voyage à l’étranger.

    IDE 4 Jour Ne s’y sens pas bien, trop de décès, de pathologie lourde.

    IDE 5 Garde Désorganisation du service. Mauvaise ambiance de travail.

    IDE 6 Garde Fermeture du service. Désorganisation du service.

    IDE 7 Garde Vétusté des locaux. Manque de matériel. Fermeture du service.

    IDE 8 Jour

    Service intéressant, riche de nouvelles expériences.

    Total /8 5/8 3/8

  • 18

    Nous constatons que les IDE interrogées ont toutes entre 20 et 30 ans et ont

    obtenu leur diplôme en 2003 (une seule en 2002). Cette dernière est non titularisée,

    car elle a dû quitter son poste pour raison personnelle au bout de 6 mois

    d’ancienneté.

    Pour ces 8 infirmières, c’est un choix personnel de travailler dans leur service

    actuel, même s’il n’en est pas de même pour le choix de leurs horaires (dû aux

    places disponibles dans le service). Mais ce qui attire l’attention, c’est le nombre

    d’IDE souhaitant quitter leurs services (5 d’entre elles ont ce projet), évoquant

    comme raison principale les conditions de travail.

    Question n°4. « Définition du SEPS. »

    1

    4 45

    10

    1

    2

    3

    4

    5

    Définition du SEPS.

    ne plus pouvoir faire face

    surmenage, épuisement

    fragilité psychologique etphysiqueensemble de symptômes

    ne peut pas donner dedéfinitions

    Aucune IDE n’a pu me fournir une définition exacte et complète. Cependant,

    certaines notions sont retrouvées.

    5 IDE définissent le SEPS comme un ensemble de symptômes. Il est

    intéressant de souligner cette expression, car c’est la définition du mot « syndrome ».

    Les notions de fragilité psychologique et physique, d’épuisement et de surmenage

    apparaissent ensuite, faisant référence aux répercussions du SEPS sur le soignant.

    Pour finir, les notions d’impuissance, de ne plus pouvoir faire face, apparaissent,

    renvoyant à la vie professionnelle, personnelle et familiale. Une seule IDE n’a pas pu

    me donner de définition, prétextant qu’elle ne connaissait pas celle-ci et qu’elle ne

    voulait pas faire d’erreur.

  • 19

    Question n°5 à 9. « Manifestations et causes du syndrome. »

    • Lors de votre arrivée dans ce service, avez-vous connu une période

    d’intégration ?

    Avez-vous connu

    une période d’intégration ?

    Pendant combien de

    temps ?

    Déroulement.

    Cela vous aide-t-il ?

    IDE 1 Garde oui 1 mois Hors effectifs. Mêmes horaires que ceux

    actuels.

    Oui. Moins d’appréhension. mise en situation de professionnel

    rapidement. IDE 2 Jour oui 1 mois Hors effectifs. Mêmes

    horaires que ceux actuels.

    Oui. S’est sentie plus à l’aise avec l’équipe et les

    techniques de soins. IDE 3 Nuit oui 1 mois Compté dans les

    effectifs. Non.

    IDE 4 Jour oui 15 jours Horaires différents. Compté dans les

    effectifs.

    Non. Equipe et soins différents.

    IDE 5 Garde oui 1 mois Comme lors de stage infirmier. Hors effectifs.

    Oui. Connaissance du fonctionnement de

    service. IDE 6 Garde oui 3 semaines Horaires différents.

    Compté dans les effectifs.

    Non. Equipe et soins différents.

    IDE 7 Garde oui 9 jours Horaires différents. Compté dans les

    effectifs.

    Non. Equipe et soins différents.

    IDE 8 Jour oui 1 mois En binôme avec une infirmière. Compté dans

    les effectifs.

    Oui. Aide à avoir des repères.

    Si la plupart des périodes d’intégration ont duré un mois, d’autres

    s’acheminent sur une période de neuf jours à trois semaines. Plus la période est

    longue et plus elle semble favorable à l’IDE.

    Des inégalités se retrouvent également dans son déroulement. Si certaines IDE

    ont été intégrées sans être comptées dans les effectifs (pour 3 IDE) et avec les

    mêmes horaires que ceux prévus initialement (pour 3 IDE) il n’en est pas de même

    pour les autres. Pour 2 d’entre elles, les horaires étaient différents, leur intégration

    était de jour alors qu’elle aurait dû se dérouler de garde. De plus, s’il vient à manquer

    du personnel et que la jeune infirmière en intégration est comptée dans les effectifs,

    elle se verra dans l’obligation de gérer, seule, ses patients.

  • 20

    • Selon vous, quels facteurs engendrent une pénibilité au travail ?

    43

    45

    2 2

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    Facteurs comportementaux. pression des cadres

    manque de soutient

    patients lourds

    relations conflictuelles(équipe)agressivité des familles

    décès multiple

    4 3 3 3

    64

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    Facteurs organisationnels. surcharge de travail

    disposition des locaux

    manque de personnel

    manque detransmissionsmanque de matériel

    vétusté des locaux

    Pour les facteurs comportementaux, les IDE font références à leurs conditions

    de travail : la pression des cadres, le manque de soutien, les relations conflictuelles

    entre équipe, la charge conséquente de travail. Elles incriminent également les

    patients et les familles (agressivité, patients très demandeurs).

    Sur 23 réponses données pour les facteurs organisationnels, 16 sont en

    relation avec les équipes de travail et 7 liés à l’organisation des locaux. Le manque

    de personnel, le manque de matériel, la disposition des locaux, le manque de

    transmissions, la surcharge de travail et le manque de personnel illustrent

    parfaitement les facteurs de risques cités dans mon cadre de référence.

  • 21

    • Eprouvez-vous des difficultés à établir une communication ?

    • Si oui, comment y remédiez-vous ?

    Difficultés rencontrées.

    12

    4 3

    difficultés au sein del'équipe

    difficultés auprèsdes patients

    difficultés auprèsdes familles

    aucune difficulté

    Ici encore, nous pouvons remarquer que certaines infirmières ressentent des

    difficultés de communication. Une en rencontre avec les familles, les patients et avec

    l’équipe et pour y remédier, elle n’a pas trouvé d’autre moyen que l’intériorisation.

    Une IDE ressent des difficultés uniquement avec les familles, pour y remédier elle fait

    appel aux médecins ou aux internes du service. Deux IDE rencontrent des difficultés

    avec l’équipe soignante.

    • Vous est-il déjà arrivé(e) d’être épuisé(e) dans le cadre de votre activité ? Dans quelles circonstances ?

    Vous arrive-t-il d’être épuisée dans votre activité ?

    Dans quelles circonstances ?

    IDE 1 Garde Oui Patients très lourds.

    IDE 2 Jour Oui Surcharge de travail.

    IDE 3 Nuit Oui Patients très douloureux. Sentiment d’impuissance.

    IDE 4 Jour Oui Changements d’horaires, de jour de repos. Charge de travail.

    IDE 5 Garde Oui Nombreux décès.

    IDE 6 Garde Oui Conflits entre équipe.

    IDE 7 Garde Oui Manque de temps, charge de travail.

    IDE 8 Jour Non

    Sur les 8 infirmières interrogées, 7 ont répondu avoir déjà été épuisées au

    cours de leur activité professionnelle, évoquant comme raison les patients et les

  • 22

    conditions de travail. Lors de mes entretiens, j’avais bien spécifié le mot épuisement,

    ce dernier ne signifiant pas fatigue. Cette précision me semblait primordiale, puisque

    ces deux mots n’ont pas le même impact, ni les mêmes répercussions sur la vie des

    personnes. La fatigue étant une impression de lassitude causée par un travail, alors

    que l’épuisement est une perte des forces, une faiblesse physique ou morale.

    • Quelles manifestations personnelles observez-vous dans votre pratique professionnelle lorsque vous êtes épuisé(e) ?

    6 5 4 5

    2 21

    3

    1

    4

    2

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    Manifestations personnelles.irritabilité

    fatigue

    sentiment de mal faire son travail

    manque d'attention

    manque de patience

    pleurs

    manque d'efficacité au travail

    travail à la chaîne

    agressivité

    manque d'écoute

    appréhension à revenir au travail

    Ces manifestations se répercutent directement sur la santé mentale, physique

    et sur le comportement des IDE (notions retrouvées dans le cadre de référence).

    Sur 35 réponses reçues, 21 sont en relation avec le patient. Les IDE

    expriment leur épuisement par des manifestations personnelles néfastes pour celui-

    ci. Elles avouent être plus irritables, agressives, présenter une impatience, un

    manque d’écoute et d’attention, ainsi que la sensation de faire un travail à la chaîne.

    De plus, elles appréhendent d’aller travailler. L’exercice de leur activité

    professionnelle devient alors une difficulté.

  • 23

    Question n°10. « Les moyens de lutte. »

    • Lorsque vous êtes épuisé(e), quels moyens utilisez-vous pour vous

    ressourcer ?

    4

    1

    5

    2

    43

    23

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    Moyens pour se ressourcer. activités culturelles

    activités sportives

    discussions en équipe

    discussions en famille

    passer le relais à unecollègueentretiens psychologiques

    travail sur soi

    relaxation

    En regard de ces résultats, nous nous apercevons que les IDE déploient deux

    types de moyen pour se ressourcer. En effet, 10 réponses sont en rapport avec des

    moyens personnels (activités, relaxation…) et 14 sont en relation avec des moyens

    institutionnels (discussions en équipe, entretiens). De part ces illustrations, nous

    retrouvons plusieurs moyens cités dans le cadre de référence : approche individuelle

    et ressources du service.

    Les IDE essayent, pour une majorité, de dialoguer en équipe ou en famille. Il

    se pose alors la question du secret professionnel. En effet, en équipe, le problème

    ne se pose pas, mais quand les discussions se font en famille, il n’en est pas de

    même. Mais alors, comment se ressourcer si la communication avec ses collègues

    est de moindre qualité et que l’on ne peut discuter avec son ou sa conjointe ? Les

    services ne mettant pas, ou très peu, en place des groupes de paroles, l’IDE ne

    possède pas de lieu où extérioriser ses problèmes.

  • 24

    Question n°11. « Les moyens de prévention. »

    • Quelles activités ou stratégies existe-t-il au sein de votre service pour prévenir

    le syndrome d’épuisement professionnel ?

    Moyens de prévention existants.

    15 2

    aucun moyen deprévention

    réunion avec unpsychologue

    ne sais pas

    Les moyens utilisés par les infirmières ne sont pas obligatoirement ceux mis

    en place au sein de leur service. En effet, à la question précédente, nous obtenions 3

    réponses « entretiens psychologiques » alors qu’ici, nous n’en obtenons que 2.

    Sur les 8 infirmières interrogées, une seule affirme qu’il n’existe aucun moyen

    de prévention alors que cinq ne savent pas s’il en existe. Deux hypothèses se posent

    alors, soit la prévention est inexistante, soit elle n’est pas à la portée du personnel.

    Lors de mes entretiens, j’avais axé la discussion en direction de la formation

    continue. Les 8 IDE connaissent cette formation, mais seulement 6 m’ont répondu

    penser avoir accès à ces formations.

    Questions n°12 et 13. « Votre formation. »

    • Au cours de votre formation, avez-vous reçu des apports théoriques et/ou pratiques sur le syndrome d’épuisement professionnel ?

    Apports reçus.

    53a reçu desapports n'a pas reçud'apports

  • 25

    Si oui, lesquels ? Si non, cela vous manque-t-

    il ?

    IDE 1 Garde Apports théoriques. Témoignages de professionnels.

    IDE 2 Jour Informations générales et succinctes sur le syndrome.

    IDE 3 Nuit Lors d’un module optionnel. Apports théoriques.

    IDE 4 Jour Oui. Comment prévenir quelque chose qu’on ne connaît pas.

    IDE 5 Garde Oui. On ne sait pas à quoi s’attendre.

    IDE 6 Garde Travail de fin d’études réalisé sur ce sujet. Module optionnel.

    IDE 7 Garde

    Apports théoriques.

    IDE 8 Jour Oui. Comment prévenir quelque chose qu’on ne connaît pas.

    Sur les 8 infirmières interrogées, 5 ont reçu un ou plusieurs apports sur le

    syndrome d’épuisement professionnel. Pour les 3 infirmières qui n’ont reçu aucun

    apport, un manque se fait sentir : elles ne savent pas à quoi s’attendre.

    Cependant, au cours de mes entretiens, 2 IDE m’ont avoué avoir vu

    programmé dans leur emploi du temps un cours relatif au SEPS. Cet apport n’étant

    pas obligatoire et le sujet ne les passionnant pas, elles ne s’y étaient pas rendu, mais

    l’avaient tout de même rattrapé. Aujourd’hui, elles avouent le regretter, écouter des

    professionnels en discuter aurait sûrement eu plus de bénéfice qu’un support papier.

    • Avez-vous participé à des formations sur ce sujet, des congrès, des conférences ? Seriez-vous intéressé par ces formations ?

    Participations à des conférences, formations.

    Etes-vous intéressés par ces formations ?

    Oui 1 6

    Non 7 2

    Peu d’IDE participe à des conférences ou à des formations relatives au SEPS.

    Cependant, elles affirment qu’elles s’y rendraient si elles étaient mieux informées.

    Ces informations nous montrent l’intérêt des IDE pour les formations, que ce soit

    pour le SEPS ou pour un autre domaine, et le manque d’information qui s’y rapporte.

  • 26

    Questions n°14 et 15. « Vos attentes. »

    • Que souhaiteriez-vous voir apparaître dans votre service pour prévenir le

    syndrome d’épuisement professionnel ?

    2

    5

    2 2

    5 5

    3 3

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    Souhaits relatifs aux services. réunion d'équipemeilleure coordination médecin/ IDEscéance de relaxation

    effectif au complet

    effectif supplémentaire

    plus de communication

    réunion avec un psychologue

    mise en place d'un projet deservice

    Les IDE mettent encore une fois en avant le besoin de communication (10

    réponses sur 27). Nous pouvons aussi percevoir, que le manque de personnel pèse

    sur les services : 7 réponses font appellent aux besoins d’effectifs.

    • Quel type d’information pensez-vous qu’il serait utile de proposer au sein des IFSI ?

    6

    3 32

    6

    3 4 3

    0

    1

    2

    3

    4

    5

    6

    Souhaits relatifs aux IFSI. TP de relaxation

    table ronde avec des professionnels

    témoignages de professionnels

    Cours relatifs au sujet plus approfondiset obligatoiresInitiation à la sophrologie

    Réunion post stage plus approfondie

    Interventions de la médecine du travail

    Interventions des assistantes sociales

    Pour les IDE, c’est en prévenant et en offrant des moyens de prévention dans

    les IFSI que l’on pourra mieux gérer le SEPS. Il est souhaitable de faire comprendre

    aux étudiants la réalité de leur futur métier. Au final, elles axent de nouveau la

    prévention du SEPS sur le dialogue et la communication.

  • 27

    Résultats des ESI

    Objectif n°1 : Impact du SEPS sur les étudiants de troisième année. Nous avons pu constater que les ESI, même si elles ne sont pas encore des professionnelles de santé, ont déjà été confrontées au SEPS, dans le cadre de

    stages. Même si des cours théoriques ont été dispensés dans certains IFSI, ils n’ont

    pas suffit à prévenir l’apparition des symptômes de cet épuisement. Les ESI sont

    donc contraintes de déployer des moyens personnels pour se ressourcer. Il est

    important de prendre ce facteur en compte. Si l’épuisement se fait sentir avant même

    que la personne intègre le monde professionnel, qu’en sera-t-il par la suite? Ne

    risque-t-elle pas d’y être plus sujette ou de le subir d’autant plus ? Il est important de

    s’intéresser à ce phénomène car il est vrai que plus la prévention est précoce, plus

    elle a de chance d’être assimilée et appliquée.

    Objectif n°2 : Les apports reçus et les lacunes.

    Au regard des résultats, nous constatons que la formation en soins infirmiers

    présente certaines lacunes concernant le syndrome d’épuisement professionnel. En

    effet, nous avions remarqué que celui-ci n’était pas mentionné dans la grille

    pédagogique des IFSI. (cadre de référence)

    La formation offre, dans certains IFSI, des cours théoriques et parfois

    pratiques, mais essentiellement dans le cadre de module optionnel. Un problème se

    pose alors, les places étant limitées dans ces modules optionnels, les étudiantes ne

    peuvent y avoir toutes accès, de plus, tous les IFSI ne proposent pas ces cours. Au

    final, les ESI se disent insuffisamment informées et prévenues.

    Objectif n°3 : Les attentes des ESI. Les ESI seraient intéressées par des apports sur le SEPS, écrits et dépassant

    le cadre théorique. Pour elles, les cours dispensés devraient être interactifs et surtout

    réalistes. Ces apports ne devraient pas seulement se dérouler sous forme de cours

    magistraux, mais aussi sous forme de prévention, avec des affiches, des dépliants et

    des interventions de professionnels de santé, au même titre que les préventions

    relatives au tabac, à l’alcool, aux lombalgies.

  • 28

    Résultats des IDE

    Objectif n°1 : Profil type des nouvelles diplômées. Les nouvelles IDE ont entre 20 et 30 ans et sont sujettes au SEPS. Elles le

    perçoivent comme un ensemble de symptômes, une fragilité psychologique,

    physique, un surmenage. Il est intéressant de souligner l’expression « ensemble de

    symptôme », qui est la définition du terme « syndrome » et qui fait souvent référence

    à une maladie, à la pathologie. Le SEPS se répercuterait donc sur l’ensemble de la

    personne altérant par conséquent son intégrité physique et/ou psychologique.

    Objectif n°2 : Les causes et les manifestations du SEPS. Il est important de déterminer les causes du SEPS car c’est en les analysant que l’on peut éventuellement trouver des solutions. Nous avons pu répertorier un

    certain nombre de facteurs susceptibles d’entraîner une souffrance chez les

    soignants et de ce fait, interférer sur la qualité des soins auprès des patients. Nous

    retrouvons ici de nombreuses notions citées dans le cadre de référence.

    Nous avons remarqué que les causes liées au travail : l’organisation, les

    conditions et l’environnement, le manque de matériel, la vétusté et l’agencement des

    locaux pouvaient entraîner certaines contraintes. L’IDE doit chercher le matériel

    manquant dans d’autre service, faire des allers-retours entre le poste de soin et la

    pharmacie… Tout cela engendre un stress, une fatigue, aussi bien physique que

    psychologique.

    De plus, le manque d’effectif peut nuire à la qualité des soins et engendrer un

    surcroît de travail. Tout cela peut amener les IDE à avoir le sentiment de mal faire

    leur travail. Nous pouvons donc supposer que l’augmentation des effectifs

    améliorerait les conditions de travail et la qualité des soins.

    Le manque de communication, tels que les conflits d’équipe, le manque de

    soutien engendre certains problèmes. Il en est de même pour les difficultés de

    communication avec les familles, les patients et entre les équipes. En effet, la

    prévention du SEPS passe par une bonne communication dans les équipes. Elle est

    l’un des facteurs clés de la bonne réalisation de chacun dans un service. Il est

    primordial d’améliorer les transmissions entre équipe (médecin, kinésithérapeute,

  • 29

    diététicienne…). Elles contribueraient aussi à un gain de temps en évitant la

    déperdition de l’information. De même, le manque de groupe de parole ne permet

    pas l’extériorisation des tensions et des émotions.

    Le SEPS se manifeste plus ou moins intensément et peut se répercuter sur

    plusieurs domaines : le patient, le soin et la vie personnelle du soignant. Ce dernier

    est agressif, impatient, fatigué et irritable, il appréhende de revenir travailler. Son

    comportement se fait ressentir sur ses proches et sur les personnes qu’il côtoie :

    collègues, patients. Nous retrouvons alors les trois types de symptômes évoqués

    dans le cadre de référence : symptômes liés à la santé mentale, physique et

    symptômes comportementaux. Le comportement plus ou moins négatif du soignant

    se répercute donc sur le patient et sur les soins. Ces derniers se font à la chaîne et

    le patient n’est alors considéré que comme une pathologie.

    Tout ceci ne facilite pas l’épanouissement du soignant, car comme le souligne

    M. Maslow, il est nécessaire de satisfaire en priorité les besoins de niveau inférieur.

    Objectif N°3 : La prévention mise en place. La prévention peut émaner de deux sources différentes : des IFSI et des

    établissements de soins, comme cité dans le cadre de référence.

    Nous avons pu constater, au regard des résultats, que peu de prévention est

    mise en place au sein des IFSI. Certes, des cours théoriques sont dispensés, des

    réunions post stages sont organisées, mais ils n’apparaissent que comme des

    moyens de lutte. Certaines IDE ont reçu des apports théoriques, élaborés par des

    professionnels, mais tout cela reste général et succinct. Là est peut être le problème.

    En effet, si le SEPS était abordé dans un contexte de prévention, la population se

    sentirait peut être plus impliquée et prompte à se protéger. Ces informations

    apparaissent également dans les réponses des ESI.

    Dans le cadre de référence, nous avions cité quelques moyens de prévention

    pouvant exister au sein des établissements. Au regard des résultats, nous pouvons

    constater qu’ils ne sont pas aussi importants qu’on aurait pu le penser. Cependant,

    certaines attitudes peuvent être perçues comme préventives.

    La période d’intégration peut être un moyen de prévenir le SEPS. Celle-ci est

    perçue comme importante pour la prise de poste, car elle permet l’acclimatation au

  • 30

    service et à l’équipe. Pendant ce laps de temps, l’IDE garde son statut de diplômée,

    tout en étant encadrée et aidée dans ses gestes professionnels. Elle a ainsi le temps

    d’acquérir les habitudes du service et de connaître ses nouveaux collègues.

    Ensuite, nous pouvons citer les réunions animées par des psychologues.

    Celles-ci peuvent aider grandement les professionnels, car elles permettent de

    mettre des mots sur leurs maux. Ce sont des espaces de parole qui permettent de

    dire les problèmes et de parfois les résoudre, de dénouer les tensions… Il est

    néanmoins regrettable que certains services n’en proposent aucun.

    La solidarité entre les membres d’une équipe est également primordiale.

    Lorsque le travail est conséquent, que les tensions sont importantes au sein du

    service, il est important de pouvoir compter sur les autres et de passer le relais.

    Le manque de prévention contraint donc, les IDE, tout comme les ESI, à

    mettre en place des moyens personnels, pour éviter les SEPS. Elles essaient

    d’engager des discussions ou de trouver des activités extra professionnelles, telles

    que la relaxation, les activités sportives… Elles peuvent également avoir recours à

    des formations (extérieures ou internes à l’établissement) ou participer à des

    congrès, mais tout cela reste assez onéreux

    Objectif n°4 : Les attentes vis-à-vis du SEPS. Il convient, en s’appuyant sur la réflexion des personnes interrogées de répertorier les solutions envisageables pour limiter l’épuisement professionnel. Ces

    attentes se déclinent selon deux domaines : envers les IFSI et envers leurs services.

    Au sein des IFSI, les IDE souhaiteraient plus de confrontation avec le monde

    professionnel. Il serait primordial de faire venir des infirmiers, des assistantes

    sociales, afin qu’ils puissent faire part aux étudiants de leur expériences.

    De plus, il serait intéressant d’intégrer à la formation des cours de relaxation et

    de sophrologie. En effet prendre soin des autres, c’est avant tout prendre soin de soi.

    Pour finir, il semble important de mettre l’accent sur la communication. Les

    formateurs se voient alors attribuer un rôle de médiateur. La plupart du temps, le

    programme étant chargé, les réunions post stages sont brèves. Il serait primordial,

    selon les IDE, d’approfondir ces réunions, de les rendre systématiques et plus

    poussées. Ainsi ces dernières prendraient un caractère plus préventif, s’inscrivant

  • 31

    alors dans une prévention primaire. Ces informations apparaissent également dans

    les réponses des ESI. Ces dernières souhaiteraient elles aussi recevoir des apports

    théoriques et pratiques : visionnage de reportages, témoignages, jeux de rôles.

    En ce qui concerne leur lieu de travail, les IDE sont unanimes, plus de

    communication dénouerait les tensions et limiteraient le SEPS. Il semblerait

    primordial de créer des espaces de paroles dans tous les services, au moins pour

    parler des patients, des difficultés de prise en charge…

    De plus, il serait important de créer un protocole relatif à la période

    d’intégration. Pour que celle-ci soit formatrice et aidante, elle doit se dérouler sur un

    mois minimum et permettre le travail en binôme avec une infirmière du service.

    Enfin, l’accès à la formation continue, dès l’obtention du diplôme devrait être

    possible, même si cela retarde la titularisation. Si l’accès à la formation continue est

    stipulé dans le décret de compétence infirmier, il n’est pas toujours possible en début

    de carrière.

    A l’issue de la problématique, je m’étais posé la question suivante : « Si les IDE non titularisées sont plus sujettes au syndrome d’épuisement professionnel que

    leurs collègues, qu’est-il alors mis en place pour le prévenir en formation initiale et au

    sein des établissements? » Au regard de toutes ces informations, il m’est possible

    d’y répondre.

    En effet, certes des moyens de lutter contre le SEPS sont mis en place au

    sein des IFSI et des établissements de soin, mais ceux-ci ne sont pas assez

    développés. Au sein des services, ils semblent peu accessibles et ne ciblent pas

    directement les jeunes IDE non titularisées.

    Au final, ces moyens restent des outils pour lutter contre le SEPS, mais pas

    pour le prévenir. Pourtant, lorsque l’on interroge les nouvelles diplômées, elles

    reconnaissent rencontrer de nombreuses difficultés lors de leur prise de poste et

    ressentir un certain « ras le bol 15». Il semble donc important de tenir compte de leurs

    attentes et de mettre en place une prévention précoce.

    15 Propos recueilli lors d’un entretien avec une IDE.

  • 32

    Conclusion

    Des moyens de lutter contre le SEPS existent au sein des IFSI et des

    établissements de soins, mais ceux-ci ne sont pas ciblés et restent généraux. Le fait

    d’informer précocement les populations sensibles, pourrait être une solution

    intéressante pour le prévenir.

    Jusqu’à présent, la prévention relative au SEPS n’est restée que de l’ordre du

    secondaire (après l’apparition des symptômes). Il serait intéressant de percevoir le

    SEPS sous un autre angle : la prévention primaire (avant l’apparition des

    symptômes). Pourquoi attendre qu’il apparaisse pour lutter contre ? Une action de

    prévention mobilisante aurait probablement plus d’impact qu’une simple information,

    qu’un traitement médical ou q’un suivi psychologique.

    A l’issu de ce travail, j’ai pris conscience de l’importance d’une prévention

    relative à ce syndrome. Dans un premier temps dans un but personnel car j’ai choisi

    d’exercer ce métier afin d’aider les personnes qui en ont besoin, tout en cherchant à

    m’épanouir professionnellement. Le SEPS, touchant l’individu dans son intégrité

    physique et psychologique, ne facilite pas l’épanouissement personnel.

    Dans un second temps, dans un but professionnel, car je souhaiterais pouvoir

    exercer ce métier sans que celui-ci ne nuise à ma santé. Si cela m’est possible, je

    souhaiterais, en tant que professionnel de santé, faire circuler ces informations au

    sein des services et auprès des ESI et peut-être mettre en place un protocole

    d’intégration pour les nouvelles diplômées.

  • OUVRAGES.

    Aubert Lucien, Eccli René, Eggers Jérôme, Renault Marie-Hélène, Samson

    Manuelle.

    Législation, éthique et déontologie, responsabilité et organisation du travail.

    Les nouveaux cahiers de l’infirmière n°4.

    Editions Masson.

    Paris, 2003. 153 pages.

    Bitaud Jean-Rémy.

    Formation 2004.

    Compétences, projet, métiers.

    Délégation à la formation. 233 pages.

    Boissières Françoise.

    Les soignants face au stress.

    Editions Lamarre. Collection Pratiquer.

    Octobre 2002. 181 pages.

    Canouï Pierre et Mauranges Aline.

    Le syndrome d’épuisement professionnel des soignants : le l’analyse du burnout aux

    réponses.

    Editions Masson.

    Paris, 2001. 224 pages.

    Dictionnaire de notre temps.

    Edition Hachette.

    Paris, 1992.

  • REVUES ET ARTICLES.

    Aveline Laurence.

    « Stagiaires précaires »

    L’infirmière magazine n°185.

    Septembre 2003. Page 52.

    De Montelembert Laure.

    « Jeunes diplômées : l’intégration en toute intégrité »

    L’infirmière magazine n°185.

    Septembre 2003. Pages 50 à 51.

    Lert F., Marne M.J., Guegen A.

    « Evolution des conditions de travail des infirmières dans les hôpitaux publics de

    1980 à 1990. »

    Revue épidémiologique.

    Pageau Sandrine.

    « Les infirmières épuisées sont-elles bonnes à jeter ? »

    L’infirmière magazine n°185.

    Septembre 2003. Pages 43 à 45.

    Verani Laurence.

    « Les infirmières, de nouveaux oiseaux migrateurs ? »

    Soins n°678.

    Septembre 2003. Pages 12 et 13.

  • TEXTES LEGISLATIFS ET REGLEMENTAIRES.

    Décret n° 93-221 du 16 février 1993, relatif aux règles professionnelles

    des infirmiers.

    Circulaire ministérielle n° 95-22 du 6 mai 1995, relative aux droits des

    patients hospitalisé. (« charte du patient hospitalisé »).

    Loi n° 2000-37 du 19 janvier 2000, (appelée aussi loi Aubry) relative à

    la réduction négociée du temps de travail.

    Décret n° 2002-194 du 11 février 2002, relatif aux actes professionnels

    et à l’exercice de la profession d’infirmier.

    Loi n° 2002-303 du 04 mars 2002, (appelée aussi loi Kouchner) relative

    aux droits des malades et à la qualité du système de santé.

    SITES INTERNET.

    www.legifrance.gouv.fr

    (Site français législatif. Recueil des lois précédemment citées et non placées

    en annexes)

    www.fiiq.qc.ca/sst2001b.htlm

    (Site québécois : fédération des infirmières et des infirmiers du Québec)

  • Annexe I

    Décret n° 93-221 du 16 février 1993 relatif aux règles professionnelles des infirmiers et infirmières.

    Art. 1er. - Les dispositions du présent décret s'imposent à toute personne exerçant la profession d'infirmier ou d'infirmière telle qu'elle est définie à l'article L. 473 du code de la santé publique, et quel que soit le mode d'exercice de cette profession.

    TITRE Ier DISPOSITIONS COMMUNES À TOUS LES MODES D'EXERCICE Chapitre I - Devoirs généraux Art. 2. - L'infirmier ou l'infirmière exerce sa profession dans le respect de la vie et de la personne humaine. Il respecte la dignité et l'intimité du patient et de la famille. Art. 3. - L'infirmier ou l'infirmière n'accomplit que les actes professionnels qui relèvent de sa compétence en vertu du décret pris en application des articles L. 372, L. 473 et L. 761-11 du code de la santé publique. Art. 4. - Le secret professionnel s'impose à tout infirmier ou infirmière et à tout étudiant infirmier dans les conditions établies par la loi. Le secret couvre non seulement ce qui lui a été confié, mais aussi ce qu'il a vu, lu, entendu, constaté ou compris. L'infirmier instruit ses collaborateurs de leurs obligations en matière de secret professionnel et veille à ce qu'ils s'y conforment. Art. 5. - L'infirmier ou l'infirmière doit, sur le lieu de son exercice, veiller à préserver autant qu'il lui est possible la confidentialité des soins dispensés. Art. 6. - L'infirmier ou l'infirmière est tenu de porter assistance aux malades ou blessés en péril. Art. 7. - Lorsqu'un infirmier ou une infirmière discerne dans l'exercice de sa profession qu'un mineur est victime de sévices ou de privations, il doit mettre en œuvre les moyens les plus adéquats pour le protéger, en n'hésitant pas, si cela est nécessaire, à alerter les autorités médicales ou administratives compétentes lorsqu'il s'agit d'un mineur de quinze ans. Art. 8. - L'infirmier ou l'infirmière doit respecter le droit du patient de s'adresser au professionnel de santé de son choix. Art. 9. - L'infirmier ou l'infirmière ne peut aliéner son indépendance professionnelle sous quelque forme que ce soit. Il ne peut notamment accepter une rétribution basée sur des obligations de rendement qui auraient pour conséquence une restriction ou un abandon de cette indépendance. Art. 10. - Pour garantir la qualité des soins qu'il dispense et la sécurité du patient, l'infirmier ou l'infirmière a le devoir d'actualiser et de perfectionner ses connaissances professionnelles. Il a également le devoir de ne pas utiliser des techniques nouvelles de soins infirmiers qui feraient courir au patient un risque injustifié. Art. 11. - L'infirmier ou l'infirmière respecte et fait respecter les règles d'hygiène dans l'administration des soins, dans l'utilisation des matériels et dans la tenue des locaux. Il s'assure de la bonne élimination des déchets solides et liquides qui résultent de ses actes professionnels. Art. 12. - Les infirmiers ou infirmières doivent entretenir entre eux des rapports de bonne confraternité. Il leur est interdit de calomnier un autre professionnel de la santé, de médire de lui ou de se faire écho de propos susceptibles de lui nuire dans l'exercice de sa profession. Un infirmier ou une infirmière en conflit avec un confrère doit rechercher la conciliation. Art. 13. - Le mode d'exercice de l'infirmier ou de l'infirmière est salarié ou libéral. Il peut également être mixte. Art. 14. - L'infirmier ou l'infirmière est personnellement responsable des actes professionnels qu'il est habilité à effectuer. Dans le cadre de son rôle propre, l'infirmier ou l'infirmière est également responsable des actes qu'il assure avec la collaboration des aides-soignants et des auxiliaires de puéricultures qu'il encadre. Art. 15. - L'infirmier ou l'infirmière doit prendre toutes précautions en son pouvoir pour éviter que des personnes non autorisées puissent avoir accès aux médicaments et produits qu'il est appelé à utiliser dans le cadre de son exercice. Art. 16. - L'infirmier ou l'infirmière a le devoir d'établir correctement les documents qui sont nécessaires aux patients. Il lui est interdit d'en faire ou d'en favoriser une utilisation frauduleuse, ainsi que d'établir des documents de complaisance. Art. 17. - L'infirmier ou l'infirmière ne doit pas user de sa situation professionnelle pour tenter d'obtenir pour lui-même ou pour autrui un avantage ou un profit injustifié ou pour commettre un acte contraire à la probité. Sont interdits tout acte de nature à procurer à un patient un avantage matériel injustifié ou illicite, toute ristourne en argent ou en nature faite à un patient. Il est également interdit à un infirmier ou une infirmière d'accepter une commission pour un acte infirmier quelconque ou pour l'utilisation de matériels ou de technologies nouvelles.

  • Art. 18. - Il est interdit à un infirmier ou une infirmière de se livrer ou de participer à des fins lucratives à toute distribution de médicaments et d'appareils ou de produits ayant un rapport avec son activité professionnelle. Art. 19. - L'infirmier ou l'infirmière ne doit pas proposer au patient ou à son entourage, comme salutaire ou sans danger, un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé. Il ne doit pas diffuser dans les milieux professionnels ou médicaux une technique ou un procédé nouveau de soins infirmiers insuffisamment éprouvé sans accompagner cette diffusion des réserves qui s'imposent. Art. 20. - L'infirmier ou l'infirmière ne peut exercer en dehors d'activités de soins, de prévention, d'éducation de la santé, de formation ou de recherche une autre activité lui permettant de tirer profit des compétences qui lui sont reconnues par la réglementation. Il ne peut exercer une autre activité professionnelle que si un tel cumul est compatible avec la dignité et la qualité qu'exige son exercice professionnel et n'est pas exclu par la réglementation en vigueur. Art. 21. - Est interdite à l'infirmier ou l'infirmière toute forme de compérage, notamment avec des personnes exerçant une profession médicale ou paramédicale, des pharmaciens ou des directeurs de laboratoires d'analyses et de biologie médicale, des établissements de fabrication et de vente de remèdes, d'appareils, de matériels ou de produits nécessaires à l'exercice de sa profession ainsi qu'avec tout établissement de soins, médico-social ou social. Art. 22. - L'infirmier ou l'infirmière auquel une autorité qualifiée fait appel soit pour collaborer à un dispositif de secours mis en place pour répondre à une situation d'urgence, soit en cas de sinistre ou de calamité, doit répondre à cet appel et apporter son concours. Art. 23. - L'infirmier ou l'infirmière peut exercer sa profession dans un local aménagé par une entreprise ou un établissement pour les soins dispensés à son personnel. Art. 24. - Dans le cas où il est interrogé dans le cadre d'une procédure disciplinaire suivie devant la commission de discipline mentionnée à l'article L. 482-1 du code de la santé publique, l'infirmier ou l'infirmière est tenu, dans la mesure compatible avec le respect du secret professionnel, de révéler les faits utiles à l'instruction parvenus à sa connaissance. Chapitre II - Devoirs envers les patients Art. 25. - L'infirmier ou l'infirmière doit dispenser ses soins à toute personne avec la même conscience quels que soient les sentiments qu'il peut éprouver à son égard et quels que soient l'origine de cette personne, son sexe, son âge, son appartenance ou non appartenance à une ethnie, à une nation ou à une religion déterminée, ses mœurs, sa situation de famille, sa maladie ou son handicap et sa réputation. Art. 26. - L'infirmier ou l'infirmière agit en toute circonstance dans l'intérêt du patient. Art. 27. - Lorsqu'il participe à des recherches biomédicales, l'infirmier ou l'infirmière doit le faire dans le respect des dispositions du livre II bis du code de la santé publique. Art. 28. - L'infirmier ou l'infirmière peut établir pour chaque patient un dossier de soins infirmiers contenant tous les éléments relatifs à son propre rôle et permettant le suivi du patient. L'infirmier ou l'infirmière, quel que soit son mode d'exercice, doit veiller à la protection contre toute indiscrétion de ses fiches de soins et des documents qu'il peut détenir concernant les patients qu'il prend en charge. Lorsqu'il a recours à des procédés informatiques, quel que soit le moyen de stockage des données, il doit prendre toutes les mesures qui sont de son ressort pour en assurer la protection, notamment au regard des règles du secret professionnel. Art. 29. - L'infirmier ou l'infirmière applique et respecte la prescription médicale écrite, datée et signée par le médecin prescripteur, ainsi que les protocoles thérapeutiques et de soins d'urgence que celui-ci a déterminés. Il vérifie et respecte la date de péremption et le mode d'emploi des produits ou matériels qu'il utilise. Il doit demander au médecin prescripteur un complément d'information chaque fois qu'il le juge utile, notamment s'il s'estime être insuffisamment éclairé. L'infirmier ou l'infirmière communique au médecin prescripteur toute information en sa possession susceptible de concourir à l'établissement du diagnostic ou de permettre une meilleure adaptation du traitement en fonction de l'état de santé du patient et de son évolution. Chaque fois qu'il l'estime indispensable, l'infirmier ou l'infirmière demande au médecin prescripteur d'établir un protocole thérapeutique et de soins d'urgence écrit, daté et signé. En cas de mise en œuvre d'un protocole écrit de soins d'urgence ou d'actes conservatoires accomplis jusqu'à l'intervention d'un médecin, l'infirmier ou l'infirmière remet à ce dernier un compte rendu écrit, daté et signé. Art. 30. - Dès lors qu'il a accepté d'effectuer des soins, l'infirmier ou l'infirmière est tenu d'en assurer la continuité, sous réserve des dispositions de l'article 41 ci-après. Art. 31. - L'infirmier ou l'infirmière chargé d'un rôle de coordination et d'encadrement veille à la bonne exécution des actes accomplis par les infirmiers, aides-soignants, auxiliaires de puériculture et par les étudiants infirmiers placés sous sa responsabilité. Art. 32. - L'infirmier ou l'infirmière informe le patient ou son représentant légal, à leur demande, et de façon adaptée, intelligible et loyale, des moyens ou de techniques mis en œuvre. Il en est de même des soins à propos desquels il donne tous les conseils utiles à leur bon déroulement.

  • TITRE II RÈGLES APPLICABLES AUX INFIRMIERS OU INFIRMIÈRES D'EXERCICE LIBÉRAL

    Chapitre I - Devoirs généraux Art. 33. - L'infirmier ou l'infirmière doit disposer, au lieu de son exercice professionnel, d'une installation adaptée et de moyens techniques suffisants pour assurer l'accueil, la bonne exécution des soins et la sécurité des patients. Art. 34. - L'infirmier ou l'infirmière ne doit avoir qu'un seul lieu d'exercice professionnel. Toutefois, par dérogation à cette règle, il peut avoir un lieu d'exercice secondaire dès lors que les besoins de la population, attestés par le préfet du département, le justifient. L'autorisation d'exercer dans un lieu secondaire est donnée par le préfet à titre personnel et non cessible. Elle est retirée par le préfet lorsque les besoins de la population ne le justifient plus, notamment en raison de l'installation d'un autre infirmier. Les dispositions du présent article ne font pas obstacle à l'application par les sociétés civiles professionnelles d'infirmiers et leurs membres de l'article 51 du décret du 9 novembre 1979 susvisé. Art. 35. - Toute association ou société entre des infirmiers ou infirmières doit faire l'objet d'un contrat écrit qui respecte l'indépendance professionnelle de chacun d'eux. Art. 36. - L'exercice forain de la profession d'infirmier ou d'infirmière est interdit. Art. 37. - La profession d'infirmier ou d'infirmière ne doit pas être pratiquée comme un commerce. Tous les procédés directs ou indirects de réclame ou publicité sont interdits aux infirmiers ou infirmières. L'infirmier ou l'infirmière ne peut faire figurer sur sa plaque professionnelle, sur ses imprimés professionnels, des annuaires téléphoniques ou professionnels ou sur des annonces que ses nom, prénoms, titres, diplômes et, le cas échéant, lieu de délivrance, certificats ou attestations reconnus par le ministre chargé de la santé, adresse et téléphone professionnels et horaires d'activité. La plaque professionnelle ne doit pas avoir de dimensions supérieures à 25 cm x 30 cm. L'infirmier ou l'infirmière qui s'installe, qui change d'adresse, qui se fait remplacer ou qui souhaite faire connaître des horaires de permanence peut procéder à deux insertions consécutives dans la presse. Art. 38. - il est interdit à un infirmier ou à une infirmière d'exercer sa profession dans un local commercial et dans tout local où sont mis en vente des médicaments, ou des appareils ou produits ayant un rapport avec son activité professionnelle. Art. 39. - Il est interdit à un infirmier ou à une infirmière qui remplit un mandat électif ou une fonction administrative d'en user pour accroître sa clientèle. Chapitre II - Devoirs envers les patients Art. 40. - L'infirmier ou l'infirmière informe le patient du tarif des actes d'infirmier effectués au cours du traitement ainsi que de sa situation au regard de la convention nationale des infirmiers prévue à l'article L. 162-12-2 du code de la sécurité sociale. Il affiche également ces informations dans son lieu d'exercice et de façon aisément visible. Il est tenu de fournir les explications qui lui sont demandées par le patient ou par ses proches sur sa note d'honoraire ou sur le coût des actes infirmiers dispensés au cours du traitement. Les honoraires de l'infirmier ou de l'infirmière non conventionné doivent être fixés avec tact et mesure. Sont interdits toute fixation de forfaits d'honoraires ainsi que toute fraude, abus de cotation ou indication inexacte portant sur les actes effectués. L'infirmier ou l'infirmière est toutefois libre de dispenser ses soins gratuitement. Art. 41. - Si l'infirmier ou l'infirmière décide, sous réserve de ne pas nuire à un patient, de ne pas effectuer des soins, ou se trouve dans l'obligation de les interrompre, il doit en expliquer les raisons à ce patient et, à la demande de ce dernier ou de ses proches, lui remettre la liste départementale des infirmiers mentionnés à l'article L. 482 du code de la santé publique. Dans ce cas, ou si le patient choisit spontanément de s'adresser à un autre infirmier ou à une autre infirmière, l'infirmier ou l'infirmière remet au médecin prescripteur les indications nécessaires à la continuité des soins. Le cas échéant, il transmet au médecin désigné par le patient ou par ses proches et avec leur accord explicite la fiche de synthèse du dossier de soins infirmiers. Chapitre III - Devoirs envers les confrères Art. 42. - Tous procédés de concurrence déloyale et notamment tut détournement de clientèle sont interdits à l'infirmier ou à l'infirmière. L'infirmier ou l'infirmière ne peut abaisser ses honoraires dans un intérêt de concurrence. Art. 43. - Le remplacement d'un infirmier ou d'une infirmière est possible pour une durée correspondant à l'indisponibilité de l'infirmier remplacé. Toutefois, un infirmier ou une infirmière interdit d'exercice par décision disciplinaire ne peut se faire remplacer pendant la durée de la sanction. Au-delà d'une durée de vingt-quatre heures, ou en cas de remplacement d'une durée inférieure à vingt-quatre heures mais répété, un contrat de remplacement doit être établi entre les deux parties. Un infirmier ou une infirmière d'exercice libéral peut se faire remplacer, soit par un confrère d'exercice libéral, soit par un infirmier ou une infirmière n'ayant pas de lieu de résidence professionnelle. Dans ce dernier cas, le remplaçant doit être titulaire d'une autorisation de remplacement délivrée par le préfet du département de son domicile et dont la durée maximale est d'un an renouvelable. L'infirmier remplaçant ne peut remplacer plus de deux infirmiers à la fois, y compris dans une association d'infirmiers ou un cabinet de groupe. Lorsque l'infirmier ou l'infirmière remplacé, exerce dans le cadre d'une société civile professionnelle ou d'une société d'exercice libéral, il doit en informer celle-ci. Durant la période de remplacement, l'infirmier ou l'infirmière remplacé doit s'abstenir de toute activité professionnelle infirmière, sous réserve des dispositions des articles 6 et 22 ci-dessus. L'infirmier ou l'infirmière remplacé doit informer les organismes d'assurance maladie en indiquant le nom du remplaçant ainsi que la durée et les dates de son remplacement. Dans le cas où le remplaçant n'a pas de lieu de résidence

  • professionnelle, l'infirmier ou l'infirmière remplacé indique également le numéro et la date de délivrance de l'autorisation préfectorale mentionnée au troisième alinéa ci-dessus. L'infirmier ou l'infirmière remplaçant qui n'a pas de lieu de résidence professionnelle exerce au lieu d'exercice professionnel de l'infirmier ou de l'infirmière remplacé et sous sa propre responsabilité. L'infirmier ou l'infirmière d'exercice libéral remplaçant peut, si l'infirmier ou l'infirmière remplacé en est d'accord, recevoir les patients dans son propre cabinet. Lorsqu'il a terminé sa mission et assuré la continuité des soins, l'infirmier ou l'infirmière remplaçant abandonne l'ensemble de ses activités de remplacement auprès de la clientèle de l'infirmier ou de l'infirmière remplacé. Un infirmier ou une infirmière qui a remplacé un autre infirmier ou une autre infirmière pendant une période totale supérieure à trois mois ne doit pas, pendant une période de deux ans, s'installer dans un cabinet où il pourrait rentrer en concurrence directe avec l'infirmier ou l'infirmière remplacé, et éventuellement avec les infirmiers ou les infirmières exerçant en association avec celui-ci, à moins que le contrat de remplacement n'en dispose autrement. Art. 44. - L'infirmier ou l'infirmière ne peut, dans l'exercice de sa profession, employer comme salarié un autre infirmier, un aide-soignant, une auxiliaire de puériculture ou un étudiant infirmier.

    TITRE III

    RÈGLES APPLICABLES AUX INFIRMIERS ET INFIRMIÈRES SALARIÉS Art. 45. - Le fait pour un infirmier ou une infirmière d'être lié dans son exercice professionnel par un contrat ou un statut à un employeur privé, une administration, une collectivité ou tout autre organisme public ou privé n'enlève rien à ses devoirs professionnels. L'exercice habituel de la profession d'infirmier sous quelque forme que ce soit au sein d'une entreprise, d'une collectivité ou d'une institution ressortissant du droit privé doit, dans tous les cas, faire l'objet d'un contrat écrit. DISPOSITIONS DIVERSES ET TRANSITOIRES Art. 46. - Tout manquement aux règles professionnelles est susceptible d'entraîner des poursuites devant la commission de discipline des infirmiers instituée par l'article L. 482-1 du code de la santé publique. Art. 47. - Les dispositions de l'article 33 entreront en vigueur le premier jour du septième mois suivant celui de la publication du présent décret. Art. 48. - Le garde des sceaux, ministre de la justice, le ministre des affaires sociales et de l'intégration et le ministre de la santé et de l'action humanitaire sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l'exécution du présent décret, qui sera publié au Journal Officiel de la République française. Fait à Paris, le 16 février 1993. Par le premier ministre, PIERRE BÉRÉGOVOY Le ministre de la santé et de l'action humanitaire, BERNARD KOUCHNER Le garde des sceaux, ministre de la justice, MICHEL VAUZELLE Le ministre des affaires sociales et de l'intégration, RENÉ TEULADE

  • Annexe II

    Décret n° 2002-194 du 11 Février 2002 relatif aux actes professionnels et à l'exercice de la profession d'infirmier.

    Art. 1er. - L'exercice de la profession d'infirmier comporte l'analyse, l'organisation, la réalisation de soins infirmiers et leur évaluation, la contribution au recueil de données cliniques et épidémiologiques et la participation à des actions de prévention, de dépistage, de formation et d'éducation à la santé. Dans l'ensemble de ces activités, les infirmiers sont soumis au respect des règles professionnelles et notamment du secret professionnel. Ils exercent leur activité en relation avec les autres professionnels du secteur de la santé, du secteur social et médico-social et du secteur éducatif. Art. 2. - Les soins infirmiers, préventifs, curatifs ou palliatifs, intègrent qualité technique et qualité des relations avec le malade. Ils sont réalisés en tenant compte de l'évolution des sciences et des techniques. Ils ont pour objet, dans le respect des droits de la personne, dans le souci de son éducation à la santé et en tenant compte de la personnalité de celle-ci dans ses composantes physiologique, psychologique, économique, sociale et culturelle : 1 - De protéger, maintenir, rest