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Introduction Examen composé de trois questions : la dernière des trois sera soit sur le cours soit sur une lecture optionnelle Objectifs du cours « Doctrines politiques » - Une introduction générale aux doctrines et aux idéologies politiques - Fondée sur le dialogue entre l’histoire conceptuelle (des idées) et l’histoire sociale et politique - Approche complémentaire par rapport au cours Analyse des théories politiques (approche par notions) et au séminaire Penser le politique (lecture d’extraits) - Objectifs pédagogiques: présence au cours, prise de note, lectures complémentaires, synthèse et la mise en lien des apprentissages... Pourquoi un cours consacré aux « doctrines politiques »? 1) « Bientôt marxiste la Belgique? Patrons flamands et PS en guerre » (La Libre, 27/09/2012) En septembre 2012, Luc Bertrand, patron du Holding anversois Ackerman& van Haaren se demandait, dans une interview donnée à L’Echo, si le gouvernement Di Rupo ne conduisait pas la Belgique vers un modèle « marxiste »... Il précisera qu’il n’avait « pas cherché à heurter le PS ni à l’accuser d’être marxiste », tout en agitant le spectre d’un « système qui existait avant la chute du mur de Berlin », en faisant référence au niveau du prélèvement fiscal sur le PIB... Questions: être marxiste est-il une insulte? Quel rapport aux régimes communistes? Et au rôle de l’Etat, à l’impôt plus généralement? 2) « Michel défend sa ‘pensée magique’ face aux ‘idées bolchéviques’ de Magnette » (La Libre, 8/9/2013) Extrait: « Le président du MR (Charles Michel) a sèchement répliqué ce dimanche aux propos tenus la veille par son homologue du PS, Paul Magnette, lequel a qualifié de ‘ recettes miracles’ et de ‘pensée magique’ la volonté des libéraux de réduire les impôts pour créer de l’emploi. ‘Certains ironisent sur nos idées magiques... Alors je le dis à Paul Magnette: ‘Anne Demelenne (secrétaire générale de la FGTB), sors de ce corps! (....) Vous ne voulez pas d’idées magiques? Eh bien nous ne voulons pas de vos idées bolchéviques!’ », a-t-il répliqué à l’adresse du PS ». Pourquoi « bolchéviques »? Qu’est-ce que ça veut dire ici, et à l’origine? Bolchéviques désigne une partie des socialistes avant la révolution russe. Pourquoi alors le réutiliser en 2013 contre un social démocrate ? Sans doute parce que ce politicien a une idée

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Introduction

Examen composé de trois questions : la dernière des trois sera soit sur le cours soit sur une lecture optionnelle

Objectifs du cours « Doctrines politiques » - Une introduction générale aux doctrines et aux idéologies politiques - Fondée sur le dialogue entre l’histoire conceptuelle (des idées) et l’histoire sociale et

politique - Approche complémentaire par rapport au cours Analyse des théories politiques (approche

par notions) et au séminaire Penser le politique (lecture d’extraits) - Objectifs pédagogiques: présence au cours, prise de note, lectures complémentaires,

synthèse et la mise en lien des apprentissages...

Pourquoi un cours consacré aux « doctrines politiques »? 1) « Bientôt marxiste la Belgique? Patrons flamands et PS en guerre » (La Libre,

27/09/2012)

En septembre 2012, Luc Bertrand, patron du Holding anversois Ackerman& van Haaren se demandait, dans une interview donnée à L’Echo, si le gouvernement Di Rupo ne conduisait pas la Belgique vers un modèle « marxiste »...

Il précisera qu’il n’avait « pas cherché à heurter le PS ni à l’accuser d’être marxiste », tout en agitant le spectre d’un « système qui existait avant la chute du mur de Berlin », en faisant référence au niveau du prélèvement fiscal sur le PIB...

Questions: être marxiste est-il une insulte? Quel rapport aux régimes communistes? Et au rôle de l’Etat, à l’impôt plus généralement?

2) « Michel défend sa ‘pensée magique’ face aux ‘idées bolchéviques’ de Magnette » (La Libre, 8/9/2013)

Extrait: « Le président du MR (Charles Michel) a sèchement répliqué ce dimanche aux propos tenus la veille par son homologue du PS, Paul Magnette, lequel a qualifié de ‘recettes miracles’ et de ‘pensée magique’ la volonté des libéraux de réduire les impôts pour créer de l’emploi. ‘Certains ironisent sur nos idées magiques... Alors je le dis à Paul Magnette: ‘Anne Demelenne (secrétaire générale de la FGTB), sors de ce corps! (....) Vous ne voulez pas d’idées magiques? Eh bien nous ne voulons pas de vos idées bolchéviques!’ », a-t-il répliqué à l’adresse du PS ».

Pourquoi « bolchéviques »? Qu’est-ce que ça veut dire ici, et à l’origine?

Bolchéviques désigne une partie des socialistes avant la révolution russe. Pourquoi alors le réutiliser en 2013 contre un social démocrate ? Sans doute parce que ce politicien a une idée

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dogmatiques même si il a une pratique réformiste. C’est par rapport aux nationalisations et aux impôts ? Certaines pratiques politiques ? Certaines modalités d’intervention de l’état dans le monde économique ? Probablement. Néanmoins, il y’a un grand écart entre viser l’intervention interétatique au niveau économique et utiliser « bolchévique » qui concerne une fraction révolutionnaire du parti socialiste russe début 20ème

Introduction La doctrine a des définitions multiples. Mais on a choisi ce titre, probablement parce que contrairement aux titres des ouvrages, on parle souvent des doctrines. Ce terme est utilisé parce que ça permet de ne pas dire philosophie, idéologie, idée…Le mot doctrine recouvre toutes ces idées mais est à la fois différent. Il n’y’a pas de définition de doctrine claire et précise.

� En théologie la doctrine est un enseignement savant qui prétend dire ce qu’ile en est de tel aspect de la réalité, voire dicter aux hommes leur conduite (on verra qu’il y’a de nombreux liens entre doctrines religieuses et doctrines politiques). Le but n’est pas de tout figer mais de se mettre d’accord sur le contenu et les limites du cours, l’avantage et le désavantage de cela est que c’est flou. La doctrine renvoie à des idées d’un discours savant et ç’a une forte connotation religieuse : il y a eu d’abord des doctrines religieuses. Il y a des liens entre certaines doctrines politiques et certaines doctrines religieuses, c’est assez clair en Occident et dans l’enseignement de l’islam Elle donne donc une interprétation des textes, savoir qui peut être enseigné et qui le plus souvent dicte une conduite sur le plan spirituel, organisationnel, etc….

� Cependant, les doctrines politiques envisagées possèdent souvent une dimension théorique et réflexive qui n’est pas propre à toutes les croyances. Il y’a deux facettes une dogmatique, prescriptive de conduite avec importance des obligations, de la morale, des valeurs. Mais aussi, il y’a une dimension théorique réflexive : une théorie est contrainte à certaines conditions, limites (ex : validité scientifique). Un dogme lui n’a pas de limites. Dès le départ, dans les doctrines politiques il y a 2 idées contradictoires : c’est un discours qui prétend dicter aux hommes leur conduite : il a une argumentation, une forme d’obligation, avec un dispositif de valeurs, il a donc un caractère religieux. Et en même temps il a une dimension théorique et réflexive. On ne peut donc pas les assimiler à des doctrines religieuses ni à de simples théories politiques.

En même temps, les doctrines se distinguent souvent des théories politiques :

� la question des valeurs et le rapport au pouvoir pèsent généralement davantage dans le cas des doctrines mais ce n’est pas toujours le cas. Les grandes doctrines politiques sont un discours sur le pouvoir (proche du pouvoir ou en conflit avec) et en même temps, elles se construisent déjà sur mode scientifique. C’est l’ancrage dans l’actualité politique et le raisonnement qui donnent leur force aux doctrines politiques. Exemple : Dans les grandes doctrines, on a une réflexion sur bon gouvernement et aussi des discours costauds. Aristote donne une réflexion prescriptive sur la cité, le gouvernement mais aussi un raisonnement basé sur l’observation et la comparaison. Ce raisonnement typologique en fait un théoricien politique Î La doctrine est une prescription, une définition du bon gouvernement. La

théorie est une compréhension de ce qu’est un gouvernement. Aristote, etc sont des théoriciens politiques qui ont intégré la méthode scientifique dans la

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politique. Mais à la fois, la théorie du vote ou de la démocratie, etc sont aussi marqué par un choix d’éclairage, de temps, et ne sont donc pas neutres…

� le caractère généraliste et la postérité (souvent controversée) des doctrines politiques.

La doctrine politique est souvent plus générale que théorie. La doctrine politique envisage la question du bon gouvernement, de la bonne organisation sociale dans son ensemble. Elle a une visée généraliste sur le social le politique. Elle vise à critiquer, améliorer, justifier une conception du pouvoir dans son ensemble. C’est clair chez Platon, Marx ou Locke : ces auteurs sont des généralistes qui ont une pensée globale de la société. Tendanciellement, les théories politiques partent d’une question ou d’une notion, d’un problème plus concret (mais il peut y’avoir des théories générales et des doctrines tournant autour d’une seules notion) Quand on parle des doctrines, on parle d’ouvrages de grands auteurs qui ont traversé les âges : c’est l’idée de postérité. Machiavel a eu un plus grand retentissement après sa mort que pendant sa vie. C’est le cas aussi des auteurs grecs. Mais la postérité parfois contestée. Marx n’est pas contesté mais pour Burke auteur du Léviathan, c’est différent. Il est à la fois considéré comme un des théoriciens défenseurs de l’absolutisme, en tout cas dans le contexte du 17ème siècle et des guerres de religions (menace sur pouvoir politique en Angleterre) mais ce même auteur est considéré par une autre tradition intellectuelle comme un des pères de la démocratie représentative. Il a ces deux facettes : celle de la terreur du Léviathan et du pouvoir politique mais aussi celle où le Léviathan est aussi volonté des hommes, qui s’il n’assure pas leur survie peut être renversé. La force de sa pensée a pu être interprétée de manière contradictoire. Ce type de postérité extrêmement longue fait de sa pensée une doctrine politique.

Les doctrines politiques sont elles toujours l’œuvre de philosophes politiques ?

Non. La philosophie politique n’est pas la même à l’époque antique, au début de la modernité et au cœur de la modernité et maintenant… La philo devient de plus en plus analytique et se rapproche de plus en plus de la théorie… Habermas, Rolls se rapprochent de la théorie politique. La dimension analytique, réflexive, critique et explicative prend le pas sur une défense du modèle politique en philosophie. Or, ce qui nous intéresse c’est justement l’implication des auteurs. Les doctrines politiques et encore moins les idéologies politiques ne sont pas forcément l’œuvre de philosophie politique. A postériori, on dit que c’est l’œuvre qui fait l’homme. On les considère après coup comme des philosophes politiques : à la base, ils ne l’étaient pas et viennent de disciplines assez variées bien que beaucoup d’entre eux sont d’abord des théologiens (lien théologie et doctrines politiques : D’Aquin, Bossuet, Calvin). Jean Bodin et Karl Schmitt sont des juristes. Beaucoup de grands auteurs politiques sont en même temps des hommes d’actions, comme des ministres et des conseillers du prince comme Machiavel. Au 20ème siècle, beaucoup personnages politiques majeurs sont en même temps des théoriciens du politique et de l’action politique. Par exemple, dans un manuel de doctrines politiques classiques, on peut trouver l’Etat et la Révolution de Lénine 1917 et Mein Kampf d’Hitler 1925. Lénine Hitler et Hobbes Machiavel ne peuvent pas être mis sur le même pied. La qualité intellectuelle et la catégorie de discours sont différentes. Mais ça prouve la diversité du type d’ouvrages considérés comme des classiques. On fait un panorama de ce qui a compté dans l’histoire de la doctrine politique : il faut élargir le spectre du type d’auteur.

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Rapport doctrines et idéologies

Et les idéologies ? � Dans le langage courant, le terme a souvent une connotation négative, qui renvoie à

l’extrémisme, ou à l’irréalisme. Le terme idéologie est connoté dans le langage courant. La connotation a varié au cours de l’histoire du dernier siècle. Une notion floue et plus connoté est associée à des régimes non démocratiques (régime fascistes, communistes et guerre froide). On pense aux tragédies du 20ème siècle régimes qui ont justifiés les pires crimes. Quand on parle d’idéologie on a en tête des modes de pensées extrémistes et peu tolérants, pas réalistes ou utopiques. Idéologies peut s’assimiler à dogme ou utopie dans notre langage.

� De l’analyse marxiste des idéologies à l’Opium des intellectuels Dans les sciences humaines, on a eu des controverses et des analyses autour de la notion d’idéologie. Au départ, la notion d’idéologie est centrale chez des auteurs qui se réclament de la pensée de Marx : l’état de droit serait de l’idéologie qui cherche à masquer domination bourgeoise. Selon ces auteurs marxistes, l’idéologie est l’instrument de la domination bourgeoise.

� De la Guerre froide... à la fin de la guerre froide et à la « crise des idéologies » dans la « démocratie du public » (B. Manin, 1995): l’importance du contexte. Moins d’un siècle plus tard, la dimension critique de l’idéologie est utilisée par les libéraux ; En contexte de guerre froide, l’idéologie serait un opium des intellectuels. L’idéologie communiste empêche les intellectuels occidentaux de dénoncer les crimes du régime soviétique. Ils protègent l’oppression du travail avec une idéologie d’une société sans classe. Les intellectuels sont enfumés par l’idéologie marxiste. C’est compliqué d’utiliser l’idéologie de marnière distanciée.

� (R. Aron, 1955), l’étude des idéologies a fait l’objet de nombreux débats. Cf. l’idéologie dans les analyses du totalitarisme: la « logique de l’idée » (H. Arendt) La notion d’idéologie est centrale dans régimes totalitaires (en gros, régime staliniens et nazis). Selon Hannah Arendt, la logique de l’idéologie, c’est ce qui a permis, d’un point de vue théorique, au régime totalitaire de tout justifier sous prétexte de loi supérieure à l’homme. Il s’agit de la loi de la nature pour le nazisme et de la loi de l’histoire pour Staline. Aron s’intéresse aussi aux justifications idéologiques des régimes totalitaires. Les idéologies dans les sciences humaines sont donc très connotées donc dures à appréhender. La pensée démocratique les condamne. Par ailleurs l’importance de la notion d’idéologie a varié, pour une époque donnée par les débats entre marxistes et libéraux. Elle est centrale à la fin de la guerre froide après l’effondrement du régime communiste. C’est la fin des idéologies, le caractère modéré des démocraties libérales triomphent et il n’y a plus d’idéologies. L’idéologie adverse à la démocratie, le communisme s’est effondré avec le mur de Berlin. L’affaiblissement des grands partis traditionnels au profit d’autres partis où les personnages politiques sont plus importants contribuent à la disparition des idéologies. Apparaît un autre type de démocratie : on vote pour un personnage et pas pour programme, l’idéologie est moins importante.

Comment les œuvres des grands auteurs furent interprétés, appliquées et déformées ? Pourquoi pour John Locke et de la lettre de la tolérance, Margaret Thatcher et Charles Michel nous parlons

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toujours de libéralisme ? Nous verrons la continuité mais aussi la rupture dans la définition des termes.

En bref, pour Olivier Nay: Les doctrines sont des « projets intellectuels » qui s’interrogent sur l’ordre politique global et sur les moyens de le maintenir ou de le changer. Ils sont identifiés à des grands auteurs qui proposent une réflexion générale sur l’ordre politique et social. Mais leur spécificité par rapport à la théorie politique, ces projets politiques s’interrogent sur le fonctionnement de l’ordre politique et sur les moyens de maintenir ou de changer. C’est l’œuvre de un plusieurs auteurs, il y’a une dimension théorique très forte. Mais aussi, il y’a une dimension axiologique : la valeur et le contexte (désir de changement ou de conservation) y jouent un rôle primordial contrairement à une théorie plus analytique/ plus descriptive du politique. Les idéologies sont plutôt des « convictions » agencées en systèmes; elles prétendent donner une image vraie du monde tel qu’il est ET tel qu’il doit être. Elles sont moins intellectuelles et la dimension conviction et vision du monde prime. Par rapport aux doctrines, elles sont plutôt des conventions agencées en système de pensée. « Ce qui doit être » prime sur le « ce qui est ». Les idéologies, contrairement à l’approche scientifique prétendent donner une image bonne et juste du monde. Le monde tel qu’il est et tel qui doit être. La science elle, remet en question ses résultats. L’idéologie ne doute pas : elle est certaine de dire les choses telles qu’elles doivent être. Le cours s’intéresse aux liens et ruptures entre doctrines politiques « classiques » et idéologies du XXe siècle; (ex.: entre marxisme(s) et communisme(s), libéralisme(s) politique(s) et (néo-)libéralisme(s)...) Idéologies et doctrines ont toutes évolué tantôt théorique, tantôt non. Les choses ne sont pas aussi caricaturales : il y’a des passages entre les deux. Ce qu’on aimerait c’est montrer comment certaines doctrines ont été interprétées, ont influencé certains discours idéologiques (ex : libéralisme et marxisme). Les idées libérales du 16è-17è ont jusqu’au 21ème siècle influencé l’idéologie néolibérale. Le marxisme a été très tôt interprété par les auteurs, hommes politiques, qui se sont dits marxiste. Plutôt que montrer opposition, plutôt montrer le lien entre les discours intellectuels et les idéologies, le cours défend une approche historique

Approche historique…. � Les doctrines politiques sont souvent étudiées comme faisant partie de l’histoire des

idées politiques. Elle semble aller de soi mais il y’a plusieurs manière de la concevoir : quand on consulte les manuels de doctrines politique, la pensée des grands auteurs est étudiée comme faisant partie de l’histoire des idées politiques. Par exemple, il y’a d’abord souveraineté puis limite à la souveraineté dans un enchainement historique qui suit plus ou moins les œuvre des auteurs. Parfois on s’intéresse qu’à une seule idée. Mais cela ne dit pas grand-chose, y’a pas une seule conception de l’histoire.

� Cependant, en philosophie, il y a plusieurs conceptions de l’histoire (avec des implications concernant la liberté et la responsabilité de l’individu par ex.). La manière d’écrire l’histoire est définie par les hommes. On a bien une succession d’événements certes, mais la manière d’appréhender est différente. Pour certaines approches philosophies, l’histoire est une succession d’événements qui ont lieu les uns après les autres. Ces événements n’ont pas forcément de lien entre eux. On ne peut ni comprendre ni expliquer l’histoire. Ce serait une « suite d’accidents ». C’est une première approche. Il pourrait y avoir succession de doctrines qui ne s’engendrent pas les unes les autres. Certains disent on

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peut comprendre l’histoire car il y’a un moteur dans l’histoire. Pour certains auteurs, ces moteurs de l’histoire c’est les individus. Les individus auraient un pouvoir sur les autres via l’interaction à travers ce qu’ils pensent et ce qu’ils font. Pour d’autres, les moteurs sont les structures sociales qui échappent aux individus mais qui les déterminent (dans la manière dont ils consomment, produits dont le pouvoir s’exercent sur eux). Dans une philosophie de l’histoire, l’individu est moteur dans l’autre il est victime de l’histoire. Dans une conception de l’histoire, l’individu est responsable de sa propre vie, dans l’autre on a tendance à expliquer les événements de la vie de l’individu par d’autres facteurs extérieurs. Un discours sur le chômage ou l’assistanat est imprégné de visions différenciées de l’histoire. Si on dit l’individu est maitre de son destin on va trouver erroné des solutions qui visent à l’aider par le système politique. Parfois on dit qu’il y’a une contrainte politique ou sociale sur l’individu, et on justifiera de manière logique, les correctifs mis en place par les pouvoirs politiques pour aider les moins forts à s’en sortir. Le discours politique correspond à une vision de l’histoire, à une vision de la place de l’individu dans l’histoire.

� Par ex., les idées sont-elles le moteur de l’histoire (idéalisme), ou sont-elles plutôt le reflet de forces plus concrètes, matérielles (matérialisme)? Il s’agit toujours d’écrire l’histoire des idées politiques mais il y’a des interprétations concurrentes du rôle des idées politiques. Certains auteurs vont considérer que les idées formulées par les individus sont le moteur de l’histoire. Les idées doivent influencer les structures sociales dans la manière dont sont organisées les choses en sociétés. D’autres auteurs disent que les idées ne sont pas moteurs mais qu’elles sont produites par des forces plus concrètes, par la manière dont sont concrètement organisées les groupes sociaux dans l’histoire. (ex : le marxisme est matérialiste et considère que les idées sont produites par la société et qu’on aurait inventé l’individualisme, les droits de l’homme pour justifier des rapports de domination) une autre lecture dira que c’est parce que les philosophes ont pensé la raison etc qu’il a été possible de créer les fondements de la démocratie libérale, ce sont les idéalistes.

� En histoire et en science politique, sur le rôle des idées, l’histoire sociale s’oppose à l’histoire conceptuelle même si des conciliations existent. L’histoire des idées pas univoque, il y a des divergences. Des conciliations existent entre tous ces aspects. Les philosophes disent qu’il y’a des liens entre les structures sociales et les productions idéologiques et que ces liens ne sont pas à sens unique. Il n’y a pas des idées désincarnées des rapports sociaux entre les groupes. En réalité, les idées répondent à certaines réalités sociales et en retour influence la réalité sociale. Il y’a une conciliation entre histoire conceptuelle et une histoire sociale et politique.

� On dira, ici, que les doctrines et les idéologies peuvent être étudiées pour elles-mêmes à condition que l’on n’oublie pas qu’« elles ne flottent pas dans les airs ». Nous faisons un cours d’histoire conceptuelle des idées tout en oubliant pas que ces idées ne flottent pas dans les airs. Elles sont liées à certains contextes qu’elles influencent et par lesquelles elles sont influencées. Par exemple, pour la pensée grecque et l’histoire de la démocratie, la philosophie et la pensée ont rendu possible cette histoire politique.

Ainsi, une perspective généalogique s’intéresse à l’émergence des idées et doctrines à la lumière des enjeux et débats dominant chaque époque. Une perspective généalogique s’intéresse aux idées et à la question de savoir d’où elles viennent, d’où elles émergent, de quel terrain, de

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quelle réalité et où elles vont ? Sur quelles autres idées ? Sur quels mouvement politique elles auront de l’influence ? Perspective généalogique La perspective généalogique implique selon Olivier Nay (2004): 1/ de ne pas dissocier l’histoire des idées politiques de l’histoire des autres savoirs (scientifiques, religieux...); Par exemple, l’évolution des sciences, discours religieux…La philosophie s’est construite dans un rapport de distanciation au discours religieux et pourtant la religion était omniprésente dans la société. La politique n’est pas isolée des autres sphères, il y a toujours des interactions. La politique moderne va de pair avec une émancipation par rapport au religieux mais on reste obligé de le prendre en compte car il est déterminant. La pensée politique, à l’antiquité, fut liée au développement mathématique. (ex : Certains sont plus nombreux que d’autres comment agencer les choses en politique pour faire un équilibre comme en géométrie)

2/ de s’intéresser aux transformations des structures politiques, sociales et économiques: croissance démographique, formation de l’Etat, développement de l’économie capitaliste, mondialisation ont contribué à l’essor des classes bourgeoises, puis à la démocratisation, enfin à l’affaiblissement de l’Etat-nation, et ces modifications des équilibres et rapports de force se reflètent dans les doctrines politiques; L’évolution des idées politiques est en lien avec l’évolution des structures politiques et sociales. Lors de l’explosion démographique, de la formation de l’état….. Il a fallu penser la souveraineté de l’état pour une organisation plus rationnelle de ses charges. Tout ce qui modifie l’équilibre social appelle une théorisation du changement et une solution. Il faut prendre ne compte l’évolution de l’ordre sociale.

3/ de s’intéresser à l’action politique concrète et aux relations de pouvoir, d’une part car nombre de philosophes politiques furent proches du pouvoir, et leur œuvre imprégnée de l’air du temps, d’autre part parce que les idées politiques peuvent avoir une portée stratégique, ou même servir à légitimer un régime. II faut prendre en compte l’action politique concrète dans laquelle est prise un certains nombre d’auteurs. Un grand nombre de philosophe politiques sont des conseillers du prince. Ce sont des gens qui sont soit pour ou contre le pouvoir du prince mais pour lequel ce pouvoir est la première motivation à penser et à écrire. Un certain nombre d’auteurs importants sont proches du pouvoir, ça a contribué à leur faire écrire car ils avaient sous les yeux une réalité politique. Ces discours politiques ont très directement une portée stratégique. Les idées politiques sont utilisées dans le débat politique comme des armes parfois (Ex : cas d’étude dans l’introduction avec le débat de Paul Magnette etc…). Il y’a un usage instrumental de certaines images politiques, de références à des grands courants d’idées. La démocratie, le vote, l’état de droit etc…. ce sont des doctrines politiques qui ont eu une fonction de gouvernement pour légitimer des régimes démocratiques. La démocratie fonctionne sur l’échange d’idées contradictoires. On doit tolérer dans l’état de droit, l’existence d’une opposition. On doit convaincre par des idées. Les idées politiques sont centrales dans des régimes démocratiques. Mais également, elles sont importantes dans les régimes autoritaires, voire même totalitaire. Le régime hitlérien accordait une importance de premier plan aux idéologies politiques et parfois aux doctrines auxquelles donnaient un sens inverse à celle de la démocratie. La constitution stalinienne jouait un rôle primordial alors que ce n’était pas un état de droit. Mais régime stalinien affirmait ce caractère constitutionnel et d’état de droit. Cela prouve que les idées politiques sont liées à l’action politique même à titre instrumental, parfois même utilisées dans un sens contradictoire.

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8 DOCTRINES POLITIQUES

Quelle approche historique ? Enfin, l’approche généalogique de Nay invite à concilier:

� une perspective qui s’intéresse aux évolutions sur le long terme, car les mentalités évoluent lentement, dans une autre temporalité que la politique concrète (que les échéances électorales par ex.); il n y a pas de déterminisme mais auto engendrement. Qu’il s’agisse de certaines évolutions démographiques ou de l’évolution des mentalités, beaucoup d’évolutions sociales primordiales ont pour genèse le développement d’idées politiques qui se font sur long terme. L’évolution démographique ne se fait pas en une génération… il faut une vision généalogique conséquente. On est obligés de considérer ce qui a rendu possible ce qui a rendu possible l’idée de Thomas Hobbes pour comprendre son œuvre et pas que sur la durée de vie de l’auteur. L’évolution des mentalités est ce qui se fait sur le plus long terme.

� une perspective qui s’intéresse aux individus, aux « événements », aux ruptures, pour ne pas tomber dans l’illusion d’une évolution linéaire voire « finaliste » des idées et des doctrines (qui consiste à voir dans une situation présente un aboutissement nécessaire), comme ce fut le cas après 1989, où l’on a trop vite crié à « la fin de l’histoire » (et des idéologies). Ici ce sont des individus qui écrivent dans un certains contexte et il y’a de l’imprévu dans l’histoire. Il ne faut pas tomber dans le déterminisme, c'est-à-dire ne pas considérer que puisqu’une chose est advenue c’est qu’il avait été préparé par travail des siècles et qu’il n’ y avait pas d’autre issue possible. Selon Marx, la dernière lutte des classes était censée être celle entre capitaliste et prolétaire où les prolétaires étaient censés gagner. Il avait une vision finaliste et donc déterministe. Le déterminisme considère que parce qu’une chose est advenue (chute du mur, fin du communisme) c’est parce que ça devait arriver. Il faut une approche qui s’intéresse aux individus concrets et aux événements. Ces ruptures (ex : chute du mur de Berlin) ont des causes, oui mais il ne s’agit pas de dire qu’il n’y avait pas d’autres issues possibles. Ce n’était pas écrit de manière inéluctable dans l’histoire. On s’intéresse aussi aux temporalités sur le court terme pour ne pas tomber dans l’idée d’une histoire « nécessaire »

Références de l’introduction � R. Aron, L’opium des intellectuels, Paris, Calmann-Lévy, 1955

� H. Arendt, Le système totalitaire (1949), trad., Paris, Seuil, 2002

� J.-M. Ferry et J. Lacroix, La pensée politique contemporaine, Bruxelles, Bruylant, 2000

� B. Manin, Principes du gouvernement représentatif, Paris, Calmann-Lévy, 1995

� Olivier Nay, Histoire des idées politiques, Paris, Armand Colin, 2004

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9 DOCTRINES POLITIQUES

Fondements La civilisation grecque a apporté la pensée du participatif et les modernes celles de individu, du droit et de la liberté puis de l’acte de vote. Ce qui est important au 20ème siècle, c’est qu’ils continuent à s’opposer, on n’hérite pas seulement des idées, on hérite aussi de leur confrontation.

1. Philosophie de l’Antiquité

Introduction � Antiquité: des premières cités grecques, VIIIe av. J.-C., à la chute de l’empire romain

(476) Quand on parle de l’antiquité, on parle d’une période qui va des premières cités grecques jusqu’à la chuté de l’empire romain. Cela couvre 12 siècles. Mais nous ne verrons surtout que 4 et 6ème siècle avant JC.

� On doit aux Grecs la naissance de la « raison » - idée que l’homme est capable de penser par lui-même - et les premières quêtes du « bon gouvernement ». Ce qu’on va voir, c’est qu’on doit aux grecs (citoyens réformateurs) deux choses. D’une part la « naissance de la raison » : par rapport à la pensée religieuse, c’est l’idée que l’homme est capable de penser par lui-même. Il n’y a pas que de la pensée magique soufflée par le divin dans son esprit. Cela n’existait pas avant. En second lieu, ils ont amené les premières tentatives de penser un meilleur gouvernement, une meilleure organisation politique pour la cité.

� Et des notions qui nous sont toujours familières: l’égalité, la citoyenneté, le droit, la démocratie, etc. Même si le modèle ancien reste marqué par l’emprise de la communauté (ne connaît pas l’individualisme moderne, par ex.). On doit un certains nombre de notions qui nous sont toujours très proches : comme l’égalité, la citoyenneté, le droit, la démocratie. L’idée de la loi impersonnelle et du droit écrit nous vient d’eux, tout comme l’existence de plusieurs systèmes : aristocratie et démocratie. Les notions elles mêmes nous viennent d’eux. Ces concepts firent inventés par les grec mais pas forcément le contenu qu’on leur donne. La pensée grecque et marquée par une emprise de la communauté sur l’individu. Y a pas un individu libre au primat de la pensée grecque. Quand on a hérité de la « citoyenneté grec », on a hérité de la notion mais pas forcément du contenu. L’idée d’une égalité absolue de droit entre les individus n’existe quasiment pas chez les grecs. Dans la pensée démocratique la plus aboutie chez les grecs, tous les citoyens sont égaux mais tous les individus ne sont pas citoyens : l’individualisme y est absent. On n’hérite pas tout des grecs, on hérite de notions, retravaillées par les modernes.

� Les Romains vont surtout institutionnaliser cet héritage. On doit aussi beaucoup aux romains. Ils institutionnalisent cet héritage. Ils vont créer les institutions juridiques qui vont donner une réalité aux idées des grecs. Les instituions inventées sous l’empire et ont permis l’essor des idées des grecs et leur concrétisation géniale à travers le droit. L’innovation romaine dont nous sommes héritiers : la conception universelle et juridique de la citoyenneté. La communauté politique chez les grecs est bornée : tout individu n’est pas citoyen, il y a l’esclavagisme, pas de femmes citoyennes et les esclaves et étranger ne sont pas citoyens mais qui n’est pas athénien ne peut pas devenir citoyen. Le modèle romain ne borne pas la communauté politique a une appartenance clanique, familiale originelle a la communauté. Les populations conquises par l’empire deviennent romaines également. «

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Nous sommes tous des citoyens romains ». Les romains veulent s’étendre pas le droit et nous avons gardé cette conception : nous pouvons acquérir la citoyenneté aujourd’hui encore.

La pensée politique moderne n’hérite pas seulement des Anciens, mais aussi de la confrontation de l’Ancien et du Moderne (voir I. 2.)

1 .1 Naissance des cités, de la « raison » et de la philosophie Un peu d’histoire...

Jusqu’au VIIIe siècle av. J.-C. (Civilisation mycénienne, « MÂ grec »), la pensée politique n’a aucune autonomie, elle est imprégnée de représentations religieuses et le souverain concentre toutes les formes de pouvoir. Jusqu’au 8ème siècle avant JC, s’étendait la période mycénienne, appelée ainsi car la capitale était Mycènes. Cette époque est appelée le moyen âge grec. La pensée politique n’a aucune autonomie, elle est imprégnée par la pensée religieuse. On ne pense pas le politique. Il n’y a que de la pensée religieuse.. Dans ce moyen âge grec, le souverain est comme un dieu qui concentre toute les formes de pouvoir (religieux, militaire, économique). Il n’y a pas d’en dehors :c’est une civilisation palatiale tout est décidé au palais ..

Les invasions mettent fin à cette civilisation palatiale: le souverain perd son pouvoir, tout un système de pensée est remis en question. Tout cela sera bouleversé par une série d’invasions. Le pouvoir des souverains sera menacé. Par voie de conséquence, on devra penser le politique. Ce qui fonctionnait sans être interrogé, disparaitra. Cela forcera les hommes à réfléchir et à s’organiser autrement.

Période « archaïque » (jusqu’au VIe s.): développement des cités et de l’idéal communautaire, importance des fonctions sociales: même si le modèle reste aristocratique (pouvoir des grandes familles), la raison prend le pas sur le mythe. S’en suit la période archaïque, c’est le développement des cité jusqu’au 6ème siècle avant JC. Elle précédera la période classique qui verra le développement des démocraties. Les cités se développent par nécessité de survie économique. L’entité politique est restreinte et force au développement d’un certain idéal communautaire. Dans la civilisation palatiale, il n’y avait pas d’idéal communautaire car la vie sociale est le chef. Dans les cités, un idéal communautaire va se développer et parallèlement, les foncions sociales confondues dans la personne du souverain vont se différencier. Les fonctions militaires, religieuses, économiques (agriculture commerce) et fonction politique (commandement et direction) vont se différencier. On va prendre conscience que la société repose qu’un certain nombre de tâche qui sont accomplies par un certain nombre de personnes. Pour assurer la survie d’une communauté, il faut que les fonctions soient bien organisées et coordonnées entre elles même si le pouvoir des grandes familles, des plus riches, reste assez intact. Le modèle reste aristocratique est déséquilibré mais peu à peu l’organisation rationnelle va prendre le pas sur le mythe où tout ce qui compte est que le chef incarne la religion.

Caractéristiques nouvelles de la vie politique: - l’importance de l’argumentation (de la parole, pour gouverner, de l’art oratoire) pour

gouverner la cité il faut maitriser les idées pour les organiser mieux. Il faut aussi manier l’art oratoire pour bien présenter ses idées et convaincre.

- la publicité (forme de contrôle... Et arme à double tranchant) : il faut que le débat soit publique. Les débats doivent être publics parce que la publicité peut assurer une forme de contrôle. C’est une espèce de garde fou, l’idée qu’on doive exposer les choses en public est

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une protection pour éviter des dérives. Cette publicité a été une arme à double tranchant : des démagogues (hommes politiques les plus forts dans l’art de flatter le peuple) vont réussir à faire porter leur voix plus haut que d’autres. Cela peut dégénérer en tyrannie car ceux qui sont de bons orateurs peuvent être mis un peu trop en avant

- la société objet de réflexion commune, ouverte à la critique Malgré l’importance du mythe dans la pensée grecque : la société elle-même devient l’objet d’une critique qui se construit collectivement

- le mythe confiné dans la sphère du sacré (publique, mais pas politique) Cette sphère n’est pas privée mais publique. La religion est officielle. La politique prend distance de la religion c’est pour ça qu’on a établi une religion officielle pour la maintenir tout de même. Mais la religion ne dicte plus la sphère politique. Il n’y’a pas laïcisation mais désacralisation de la sphère politique.

Le développement de la philosophie et de la raison dans ce contexte... Développement de la philosophie: forme de pensée dégagée des références sacrées, fondée sur l’observation, la discussion, la critique. La philosophie sera le type de pensée qui vise à se dégager des références sacrées et de la répétition des séries mythiques pour se baser plus sur l’observation de se qui ce passe dans la société et aussi sur la critique. La pensée philosophie émerge comme une manière plus critique de pensée en s’appuyant déjà sur l’observation, le débat et la critique et non plus sur la reproduction de récits anciens.

D’abord, le fait même de mettre la connaissance du monde en question (cf. Les physiciens de Milet) est révolutionnaire. Il s’agit de mettre des mots différents sur le mode physique environnant. Il ne s’agit plus de subir notre environnement comme magique mais le remettre en question

Ensuite se développent des méthodes plus « scientifiques » (le nombre, qui permet de mesurer, classer, comparer), l’influence de la géométrie, etc., qui joueront un rôle dans les réformes politiques: souci de « répartir » les magistratures « équitablement » entre nobles, paysans, artisans. . Des disciplines vont interagir avec la pensée politique. A la même époque, on développe un certain nombre de modèles mathématiques qui vont servir à mesurer, classer comparer des modèles sociaux et politiques. (ex : classes sociales minoritaires ou majoritaires, pyramide sociale). Ces raisonnements politiques seront imprégnés par des réflexions mathématiques et géométriques. A la modernité, dans le modèle de Hobbes on retrouvera cela. On passe d’une manière de penser ou le souverain c’est dieux et le reste on s’en fout a une pensée ou on veut répartir et agrandir le nombre de décideur.

La « raison » devient l’instrument pour penser la société, ce qui rend possible l’idée que tous les citoyens puissent s’exprimer sur les questions communes. « L’ordre politique et la pensée s’ouvrent en même temps. » La pensée rationnelle associée à l’essor de la philo, devient un instrument pour penser la société. C’est la naissance de la raison qui va rendre possible l’idée que potentiellement, tous les individus peuvent s’exprimer sur les questions communes. Tous les individus n’ont pas le même pouvoir/ richesse/ place mais à priori tous les individus sont potentiellement capables de réfléchir, de penser rationnellement. On a le basculement d’un système de pensée qui rend possible le fait de considérer tout le monde comme également capable de juger. C’est une brèche ouverte à tous les individus à une faculté de juger. Néanmoins, les philosophies élitistes de Socrate et Platon vont commencer à dire que tous ne sont pas dignes de juger, qu’ils n’ont pas la sagesse pour diriger.

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Rem.: la raison des Grecs est une raison « politique »; elle ne concerne que la polis, elle n’est pas universelle comme celle des Lumières, ni expérimentale, ni instrumentale. Elle ne prétend pas expliquer le monde ni le changer mais promeut la recherche du bien commun à travers le débat contradictoire. La raison politique est un élément qui rendra possible la démocratisation. Avec la rationalisation de pensée politique ou l’invention de la raison, il ne faut pas oublier que tous les citoyens ne seront pas reconnus comme égaux. Mais il faut souligner que la raison des grecs ce n’est pas une raison théorique mais pratique voire politique. C’est une raison qui ne concerne que la communauté politique, la polis, la cité. Ce n’est pas une raison universelle, ce n’est pas la raison des lumières, expérimentale ou instrumentale. La pensée rationnelle contrairement à maintenant, ne prétend pas expliquer le monde en vue de la changer mais que de manière plus pratique et politique. Elle défend la recherche du bien commun à travers le débat contradictoire. C’est une raison politique et pratique ce n’est pas une raison théorique et universelle. Elle défend le bien commun adapté à chaque cité (non universelle) et elle le défend a travers le débat contradictoire (politique s’élabore à travers le dialogue).

1.2 L’expérience démocratique (le rôle du droit et le règne de la loin, la citoyenneté comme nouvelle conception de la communauté, des conceptions concurrentes de l’égalité, la démocratie concrète comme processus inachevé) Jusqu’au VIe av. J.-C., les cités sont dominées par les grandes familles mais les conquêtes et l’enrichissement bouleversent les équilibres sociaux entre aristocrates appauvris, commerçants enrichis, agriculteurs misérables, ce qui impose des réformes: rationalisation des méthodes de gouvernement. C’est l’essence de l’héritage grec jusqu’au 20e siècle. C’est le même contexte que vu auparavant. On parle des grecs, toutes les cités grecques ne se valent pas. On parle surtout de la démocratie athénienne sparte n’est pas démocratique. A Athènes et ailleurs, comme on l’a vu il y a 15 jours, jusqu’au6ème siècle avant JC, les cités sont dominés par des grandes familles. C’est un peu la plutocratie ou aristocratie, le pouvoir n’est pas réparti entre les groupes sociaux. A un certain moment, les conquêtes, les différentes manières de produire, de s’enrichir, bouleverse les équilibres sociaux et à faire en sorte que le pouvoir politique ça ne tient plus. Ce n’est plus légitime, efficace pour garantir la paix sociale, la survie dans les cités. Les aristocrates sont appauvris par les nouvelles manières de commercer et de produire, ils sont remplacés par les commerçants, les paysans sont encore plus appauvris. Tout cela rend nécessaire des réformes. Avant ça, ça impose le mode de fonctionnement de la politique, et des modes rationnels de penser. Parce que le désordre menace, il faut réfléchir et passer à autre chose.

Âge « classique » (VIe-IVe av.J.-C.): le citoyen occupe un rôle central. Ces méthodes vont aboutir à donner pendant une assez courte période un rôle central au citoyen entre le 4ème et 6ème siècle AC. Il y’a un nouveau modèle qui est celui de la démocratie qui caractérisait l’âge classique (vision schématique). Sur deux siècles, à Athènes, on peut observer un mouvement progressif de démocratisation qui arrive à son apogée avec Périclès. L’histoire de la démocratie à Athènes n’est pas un long fleuve tranquille. Les réformes n’ont jamais connu l’aboutissement de leur principe et ont été remises en questions. Néanmoins, ette innovation démocratique a été tellement forte qu’elle résume à elle seule toute une partie de l’histoire.

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Le mouvement de démocratisation atteint son apogée au Ve à Athènes avec Périclès.

Bien sûr l’histoire des cités grecques est chahutée et diversifiée mais la démocratie est une innovation si forte qu’elle caractérise souvent cette période.

1.2.1. Le règne de la loi Suite aux bouleversements sociaux, la vie commune doit plus s’organiser par rapport à des principes d’équilibre et de justice entre groupes: il faut borner la puissance des grandes familles par des lois générales et stables (dikè). C’est l’essor de la loi et du droit que olivier Nay résume par la rationalisation de l’ordre social, par le droit et la rationalisation du droit et l’invention de la citoyenneté. Suite à des bouleversements sociaux, la vie commune doit être équilibrée et juste entre les groupes sociaux. Ce n’est plus possible de fonctionner avec un groupe dominant. Il faut limiter la puissance des grandes familles ou tout du moins leur volonté de puissance. Ce sera fait par des lois qui devront être générales et stables ce qui explique notamment le développement du droit écrit.

Originalité: ces lois sont établies par les hommes, par la délibération, écrites, publiques, applicables à tous, modifiables mais pas arbitrairement. Ces lois ne sont pas conçues comme divines mais comme des lois établies par les hommes. Elles sont établies par les hommes au moyen de la délibération. Ce sont des hommes qui discutent entre eux des règles qu’ils se donnent à eux même. Ce sont des lois écrites et rendues publiques. Elles sont par ailleurs générales applicables à tous et enfin modifiables à conditions que tous y consente : il s’agit de ne pas substituer un arbitraire par un autre. C’est tout ce qui en fait un principe de rationalisation de la vie politique et un élément de stabilité.

Développement du droit écrit (englobe des domaines autrefois « privés ») pour assurer la stabilité sociale et des réformes plus globales; procédures collégiales, plus impersonnelles et systématiques. Le droit écrit en vient à concerner, dans les cités, des domaines qui autrefois appartenaient à la sphère privée. Le meurtre par exemple ou la vengeance ne sont plus une affaire d’honneur pour être considéré comme quelque chose qui menace l’ordre public et qui donc doit être régi par du droit. Il y’a aussi une rationalisation du droit qui vise à donner au droit un élément de plus grande stabilité avec une procédure collégiale. Les hommes décident ensemble de manière plus impersonnelle et plus systématique en se basant sur certaines règles de procédure.

A cette rationalisation par le droit/du droit correspond la recherche de l’équilibre politique et la nécessité d’une « loi fondamentale » rendues nécessaire à Athènes au début du VIe siècle pour rétablir la paix sociale. Ce qu’il faut bien voir c’est que tout ça est rendu possible à un certain moment à Athènes car péril sur la vie social qui donne recherche de l’équilibre politique. Les réformateurs pensent que pour assurer cet équilibre politique il faut travailler à l’instauration d’une loi fondamentale : la constitution. On pense que cette loi fondamentale parce qu’elle est rendue publique sera respectée par tous. Il y a une double fonction du droit: l’une par la procédure, la manière d’établir la loi et l’autre par la finalité de la loi et du droit, réaliser un équilibre entre les groupes, entre les classes sociales. Il y’a un élément procédural et un élément de finalité. Cela explique d’où viennent d’où sorte la réforme de Solon.

D’où les réformes de Solon; la raison politique qu’il incarne renvoie à deux normes philosophiques complémentaires:

- l’équilibre des puissances (équité entre groupes selon leurs mérites) qui renvoient non pas à l’idée d’égalité mais d’équité entre les groupes sociaux (selon fonction). Ce n’est pas

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encore démocratie et égalitaire mais il y a un souci d’équité et équilibre à l’antipode du régime précédent basé sur le pouvoir.

- une disposition morale vertueuse: sagesse, dépassement des émotions. Il y’a l’idée que le droit, les gouvernants doivent être caractérisés par la vertu, la morale, par une sorte de sagesse ou encore par une sorte d’éthique de la modération. Cette éthique de la modération va être un impératif pour caractériser les gouvernants mais elle va aussi être présente non seulement dans les attitudes morales des gouvernants. Cela va être très présent (pas donner trop de pouvoir à une classe sociale).

Après Athènes, la loi comme technique de gouvernement gagne l’ensemble des cités.

Avec elle la raison des philosophes entre dans le champ de la vie politique.

Et l’idéal démocratique (la loi n’est pas la démocratie!) devient concevable.

A partir d’Athènes, la loi comme technique de gouvernement va s’étendre à la Grèce. Elle va étendre la raison des premiers philosophes non politiques. L’idéal démocratique est concevable mais pas réalisé car la loi ce n’est pas nécessairement la démocratie.

1.2.2. La citoyenneté comme nouvelle conception de la communauté Citoyenneté: idée qui considère les hommes non plus comme des sujets mais comme égaux sur le plan politique, i.e. titulaires de droits et devoirs civiques identiques vis-à-vis de la communauté. Chez les grecs, ça vient vraiment de la cité ; chez les romains, ça vient de ce qui caractérise le citoyen, on vise des populations chez les romains. Chez les grecs, c’est le contraire, la conception de la cité, la vie dans les cités, compte plus que tout.

Cette idée révolutionnaire est liée au développement de la cité, où le tout (l’appartenance à la communauté) est plus important que telle ou telle partie: elle rompt avec l’exaltation des héros, ou l’idée de superposition hiérarchisée de castes. Ça va nourrir toute la spécificité des discours des anciens sur le rôle de citoyen. C’est par rapport à l’appartenance à une communauté. La citoyenneté est une idée qui considère les hommes non plus comme des sujets mais égaux sur le plan politique, ce sont des individus qui sont titulaires de droits et devoirs civiques identiques vis-à-vis de la communauté, en tout cas théoriquement. Cette idée révolutionnaire est liée au développement de la cité intrinsèquement et le tout est plus important que la cité. Ça aura des difficultés pour la liberté individuelle, mais il s‘agit de rompre avec une conception du pouvoir qui exalte l’héroïsme, la figure du sauveur ou encore l’idée que les castes se superposent de manière hiérarchique. Plusieurs définitions de l’égalité ne cesseront d’être en lutte de manière parallèle avec les conflits entre riches et pauvres

Cependant, plusieurs définitions de l’égalité politique sont en lutte:

- - l’équité « proportionnelle » (« eunomie »), qui maintient l’idée de hiérarchie, défendue par l’aristocratie et les philosophes hostiles à la démocratie comme Platon: tout le monde n’a pas un accès égal aux magistratures; il faut imposer la juste mesure contre le rapport de force mais aussi tenir compte de la valeur inégale de chaque groupe; maintient l’idée d’une certaine hiérarchie entre les groupes sociaux, ce sera défendu par l’aristocratie et les philosophes, en particulier Platon hostile à la démocratie. Tout le monde ne peut avoir un égal accès au pouvoir car tout le monde n’a pas les mêmes mérites, capacités, le

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gouvernement doit être donné aux meilleurs, il faut répartir les magistratures mais pas de manière égale. Il faut imposer une juste mesure entre les groupes sociaux en tenant compte de certains rapports de force inégaux et de la valeur inégale de chaque groupe en termes de mérite et de fonction.

- l’égalité démocratique absolue (« isonomie ») ou participation égale de tous les citoyens à la vie publique. L’égalité démocratique est le fait que tous les citoyens doivent participer de manière égale de manière politique.

L’isonomie (l’égalité démocratique absolue: égalité entre tous les citoyens) s’étend à partir d’Athènes à de nombreuses cités. Au 6e-5e siècle, l’isonomie s’étend partout à partir d’Athènes à de nombreuses cités. Tous les individus ne sont pas pour autant des citoyens.

MAIS le principe d’eunomie ne disparaît pas: pour presque tous les philosophes et les réformateurs (hommes politiques) tous les individus ne peuvent pas être reconnus comme des citoyens égaux (cf. la pratique de l’esclavage, ou la reconnaissance des « hommes de mérite »). Le principe d’eunomie ne disparaît pas pour tuant : pour presque tous les philosophes et réformateurs, tous les individus ne peuvent pas être considérés comme des citoyens égaux (ex : esclavage, femmes, enfants et vieillards ou quasi-citoyens, hommes de mérite). En -451, Périclès, vote une réforme où il faut deux ascendances athéniennes pour être citoyen athénien. Il invente une loi qui définit comme citoyens athéniens, des individus ayant une filiation athénienne par les deux parents alors qu’avant seule ascendance par le père suffisait. Il y a des limites de droit d’accès à la citoyenneté qui peuvent être contemporaines d’un approfondissement de cette conception égalitaire et démocratique de la cité. Les hommes citoyens sont les plus égaux. Dans le même temps on ferme, on borne l’accès à la citoyenneté. Même quand l’égalité est démocratique ; Il y’a des restrictions à la citoyenneté.

DONC pas d’égalitarisme abstrait dans la démocratie grecque, fondée sur la recherche de l’équilibre. Il n’y a pas d’égalitarisme abstrait, ça reste un modèle fondé sur la recherche de l’équilibre. Il y a plusieurs modèles d’égalité, même l’égalité démocratique triomphe, il y a de nombreuses restrictions et l’égalité ne signifie pas démocratie.

En outre, l’égalité ne signifie pas la démocratie: à Sparte (1er ex. de citoyenneté fondée sur la loi, la communauté et même l’égalité matérielle!),

(Quelques mots sur l’égalité à Sparte, la rivale d’Athènes) Le principe d’égalité émerge au VIIe siècle à Sparte dans la pratique militaire.

On passe d’une conception aristocratique (héroïsme des chefs) à une conception de l’armée comme communauté « égalitaire » de soldats (y compris sur le plan matériel). Cette vie communautaire fait primer l’exercice militaire et la discipline collective.

Les réformes institutionnelles consistent à Sparte en la création d’un corps de soldats citoyens considérés comme égaux et représentés par une assemblée, l’apella. Formellement, les rois ne sont plus que des chefs religieux et militaires; ils sont contrôlés par un conseil de 5 magistrats (« éphores ») et par le conseil des « gérantes ».

Mais ce modèle qui valorise la citoyenneté, la loi, la communauté et la conception égalitaire de l’individu vise essentiellement à renforcer son organisation militaire pour atteindre ses objectifs guerriers.

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Bref, il ignore la liberté et la participation populaire, et donc la démocratie. le modèle militaire ignore la liberté et la participation. A sparte offre avant Athènes un premier modèle de citoyenneté fondé sur la loi et fondé sur l’égalité matérielle des soldats. Ce modèle ignore et la liberté et la participation. Ce modèle égalitaire et communautaire émerge de la pratique militaire. C’est une organisation de la cité pour renforcer son organisation militaire et lui permettre d’atteindre le plus efficacement possible les objectifs militaires. A Sparte, on passe d’une conception aristocratique à l’idée d’une communauté égalitaire de soldats, y compris sur le plan des rétributions. Mais cette vie communautaire ne veut pas faire triompher la participation, la liberté mais plutôt la discipline collective.

1.2.3. L’expérience démocratique concrète En lien avec les « principes » démocratique (loi, citoyenneté, égalité): leur expérimentation concrète (processus accidenté et inachevé). Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la démocratie athénienne est un processus accidenté, remis en cause continuellement sur le plan philosophique et politique, avec des dictatures et tyrannies. Il faut se méfier du finalisme. Il n’y a pas de continuisme. C’est un processus inachevé du point de vue de la réalisation de la citoyenneté et de l’égalité. Pour comprendre cette expérience démocratique concrète, on prend en compte une triple temporalité :

Pour la comprendre, il faut prendre en compte (temporalité):

- la longue durée, l’évolution de l’organisation sociale (naissance des cités) et des mentalités (développement de la raison, etc.)

- le moyen terme: VIe-Ve, réponse à la crise de l’ordre aristocratique

- la nécessité de réformes plus « ponctuelles » pour maintenir la paix sociale (Périclès fait des réforme a un moment c’est pas un hasard, il répond à des crises)

A Athènes, on distingue généralement 3 générations de réformes:

1) Solon (-594): Constitution (la légalité s’impose à tous) et reconnaissance du pluralisme des forces politiques mais on ménage les grandes familles (eunomie) naissance de la constitution, loi qui s’impose à tous, début du 6e siècle, première caractéristique de la démocratisation. Reconnaissance de la pluralité des forces politiques mais on mélange les grandes familles avec le principe d’eunomie

2) Clisthène (-507): égale participation de tous les citoyens (isonomie), création de l’Ecclesia (assemblée du peuple, pouvoir législatif), le regroupement géographique met fin aux structures claniques, l’Agora remplace l’Acropole et l’Aéropage comme centre de la vie politique... intermède de tyrannique avec instabilité, après un siècle, principe d’isonomie incarné dans les réformes de Clisthène. Institutionnaliser le principe d’égale participation de tous les citoyens (assemblée du peuple avec pouvoir législatif), rupture du modèle clanique avec le regroupement géographique : dissociation entre la vie civique de l’organisation sociale, l’agora remplace l’Acropole (religieux) et l’Aréopage (politique) comme centre de la vie publique, lieu de délibération.

3) Périclès (-443): élargissement de la participation aux plus pauvres, dédommagés du temps consacré à la vie publique. donne une nouvelle signification à l’égalité politique entre citoyens en l’élargissant aux plus pauvres avec dédommagement économique pour leur participation politique.

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Athènes est à l’apogée de sa puissance: c’est le « siècle de Périclès ».

La défaite d’Athènes contre Sparte (-403, fin de la seconde guerre du Péloponnèse) annonce la « décadence politique » des Cités mais l’instabilité s’accompagne d’une intense réflexion philosophique... Puis d’un grand rayonnement culturel porté par les conquêtes d’Alexandre le Grand. Ce qui est intéressant c’est que l’instabilité qui va suivre le déclin d’Athènes comme cité démocratique, sera accompagné par une grande réflexion philosophique. C’est la naissance des philosophes politiques comme Platon qui vont critiquer le modèle démocratique. Lorsque la Grèce sera définitivement achevée par l’essor de Rome, il y a une perte de puissance des modèles de la cité, mais avec un rayonnement culturel marqué par les conquêtes d’Alexandre le Grand et son précepteur est Aristote. On parlera d’une hellénisation des vainqueurs: tout ce que les grecs ont inventé va énormément influencer l’antiquité romaine. La pensée politique grecque prend son essor quand finit l’âge d’or de la démocratie.

La démocratie grecque est un processus souvent remis en cause et inachevé. Ce qui ne fait pas de contestation c’est que l’invention de la citoyenneté démocratique est cette vision sur le long terme est une rupture avec une forme de pensée qui donne le pouvoir au plus fort. Cela exclut tous ceux qui ne sont pas citoyens athéniens. Il existe un certain nombre de restriction de droit à l’accès à la citoyenneté.

L’idée et l’expérience démocratiques provoquent une rupture avec les formes anciennes de légitimité fondées sur la tradition, la religion. C’est une rupture avec toute une forme de penser religieux ou aristocratique car pour la première fois on pense l’ordre politique et social et on va le fonder sur des principes moraux. (recherche de justice…). Quelque soit l’état d’inachèvement de la démocratie c’est une révolution. En regard de notre grille de lecture contemporaine c’est partiel et inachevé car l’égalité des citoyens ne concerne qu’une moitié.

Elles fondent la politique sur la liberté, l’égalité des citoyens, la recherche de la justice (sur des valeurs et des principaux moraux).

MAIS tout individu n’est pas citoyen: la citoyenneté à Athènes est réservée à une minorité excluant esclaves, femmes, étrangers, ou « métèques », bénéficiant de peu de droits mais payant des impôts...

Et à l’intérieur de la communauté, restrictions de fait (inégalités non écrites) sur base des richesses ou des compétences, et limites à l’élargissement du corps politiques (par les mariages et les naissances). Et par ailleurs, il existe aussi des restrictions de fait à l’intérieur de la communauté des citoyens qui font que tous les citoyens n’ont pas les même droits politiques basée sur les richesses et surtout sur les compétences sur base d’un équilibrage paradoxal..

Enfin, les philosophes (Platon et Aristote)dénonceront les dérives « tribunitiennes » de la démocratie: la démesure (qu’elle visait à éviter par le débat) les démagogues, le despotisme! Il y aura un début d’universalisation de la citoyenneté à Rome mais pas de vocation universaliste qui nous pousse à critiquer ces deux civilisations. Les philosophes vont critiquer les dérives certaines dérives : le retour à des tyrans que la démocratie aurait amené au pouvoir grâce à leur caractère démagogue.

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18 DOCTRINES POLITIQUES

Cf. Thucidyde qui décrit la démocratie directe sous Périclès (-443-430) comme « le gouvernement du premier citoyen »...

Récapitulatif historique... • -1200: fin civilisation mycénienne • VIIIe-VIIe ACN: naissance des cités • Fin VIe, Athènes: Gvt de Solon • -507: réformes de Clisthène • Domination athénienne (-500)

(//République romaine) • -443-430: Gvt de Périclès • -431-404: 2è guerre Péloponnèse -

défaite des Athéniens contre Sparte • IVe: décadence politique, fin de la

puissance des cités, expansion culturelle

• -356-323: Alexandre le Grand - soumet Athènes en -336, fin de l’exp. démo.

• Domination macédonienne (-300) • -146: 3ème guerre punique • Expansion romaine (-100) • Empire romain et christianisation • 395: Partition de l’Empire • 476: Fin de l’empire romain d’Occident

• IXe: Homère • Fin VIe: Physiciens de Milet • -550-480: Héraclite • - 500: Hérodote • Sophistes • Socrate (-469-399) • Platon (-427-346) • Aristote (-384-322)

1.3 Les philosophes

1.3.1 Les sophistes et Socrate : naissance de l’humanisme Socrate (469-399) : la critique élitiste de la démocratie

Athénien de condition modeste, Socrate symbolise la sagesse antique.

La source de la sagesse est pour lui la connaissance de soi (« Connais-toi toi-même »).

Cette figure libre et individualiste est supposée influente sur l’aristocratie.

Pour lui, la vertu est en effet le fruit de l’intelligence et on doit donc confier les tâches politiques (art) aux meilleurs, et non pas désigner les magistrats par le vote ou, pis, par le tirage au sort. Pour eux, le politique doit être marqué par la sagesse, une vertu morale qui réside dans la recherche de la juste mesure (Aristote). Chez Platon, la morale est dans l’excellence. Tout ça prime sur le principe d’égalité et de participation du peuple car elle n’a pas rempli ses promesses. La naissance de l’humanisme se fait à travers deux grands : les sophistes et Socrate. On commence à mettre l’homme au centre de la réflexion, de la préoccupation.

Socrate est donc extrêmement sceptique à l’égard de la démocratie.

Cependant, la cité, sa loi et son ordre sont sacrés, même issus de la démocratie: condamné à boire la ciguë, Socrate accepte son sort...

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19 DOCTRINES POLITIQUES

� on doit aux sophistes et surtout à Protagoras : l’homme est la mesure de toutes choses. Les sophistes ne sont pas d’accord entre eux. Les premiers sophistes sont des progressistes, des défenseurs de la démocratie qui mettent en cause les traditions.

o On leur opposera les sophistes radicaux, des réalistes qui critiquent la cité et qui défendent la loi du plus fort y compris dans sa dimension physique. Ce ne sont pas des défendeurs de la démocratie. La loi faite par les hommes dans la cité pour la cité n’est pas une loi sacrée : la loi n’est jamais que le reflet de la loi du plus fort. Ce qui compte c’est la loi du plus fort qui prévaut, le fait de pouvoir imposer sa voix, ses valeurs, ses interdits. Ce qui les intéresse c’est l’art oratoire, comme instrument pour agir sur le monde. On considère cette deuxième génération comme des cyniques, des gens de peu de vertus qui ont toujours voulu convaincre et pas chercher la sagesse. Ce qu’ils ont tous bien montré, c’est que le langage en politique est important c’est un instrument qui permet d’agir sur le monde. L’héritage des seconds sophistes sont en ce sens humanistes car ils mettent au centre du monde la préoccupation du langage des humains. On leur doit aussi une distinction fondamentale entre le monde de la nature et le monde social des hommes. Jusque-là la pensée grecque ne les distinguait : il y avait les lois physiques qui régissent le monde naturel et les lois civiques qui régissent le monde social. Ils ne s’entendent pas entre eux mais ils mettent au centre l’homme et distinguent le monde physique et le monde humain où l’homme peut développer une capacité d’agir sur son propre monde.

� Sans ça on ne peut pas penser l’héritage de Socrate . La pensée de Socrate a comme centre d’intérêt la vertu mais on a besoin du même terreau. Il fonde cette sagesse sur la connaissance de soi (connais-toi toi-même) : ne peut être sage que celui qui a pleinement connaissance de ses actes. C’est une pensée aristocratique car tout le monde n’a pas accès à la connaissance de soi. Si c‘est la vertu qui doit diriger la cité, elle n’est pas également répartie au sein de la population on ne peut donc confier le pouvoir politique à tous mais uniquement aux meilleurs. On ne peut pas faire de tirage au sort. Ce serait une aberration. Il est sceptique à l’égard de la démocratie et pourtant il considère que la cité et ses lois sont sacrées. Il acceptera son sort car c’est en vertu des lois de la cité. Il critique les lois mais les accepte. On n’est pas encore chez Socrate dans une philosophie politique car on est dans une réflexion sur la sagesse, la vertu, mais on n’est pas encore sur une réflexion plus systématique qui prendrait l’homme comme sujet de réflexion. Pour ça il faut attendre Platon et Aristote.

1.3.2 Platon La philosophie politique naît sous la plume de Platon et d’Aristote: elle a pour objet les hommes organisés en communauté dans la polis. Elle a pour objet les hommes organisés en communauté dans la cité. Elle se donne un objet politique.

Platon offre la première réflexion systématique sur le pouvoir politique et sur le rôle de l’éducation (fonde l’Académie).

Observateur attentif de la vie politique, aristocrate franchement hostile à la démocratie (assiste à la restauration après la défaite de -404 puis à la lente dégradation de la démocratie au IVe, avant la victoire d’Alexandre en -336).

Réflexion sur les formes idéales des « constitutions »/typologies des régimes politiques.

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Avec Platon, il y a la première réflexion systématique sur le pouvoir politique et sur le rôle de l’éducation. C’est un aristocrate farouchement opposé à la démocratie. Il assiste au déclin de la démocratie avec la deuxième guerre du Péloponnèse. Il y a aussi une volonté de réfléchir aux formes idéales des régimes politiques : on lui doit la première typologie des régimes politique ou constitution.

La République de Platon L’ordre politique repose sur la morale, qui conditionne la réalisation du bien et du juste.

La juste politique repose sur la connaissance, non pas sur l’opinion du plus grand nombre.

Les affaires publiques doivent être confiées à une minorité: les meilleurs, qui pratiquent la vertu grâce à leurs connaissances (d’où les « rois philosophes »).

Une reconstruction complète de la cité est donc nécessaire selon les particularités de chacun (pas d’égalité abstraite).

D’où une conception élitiste et hiérarchisée

Bref: ne vise pas à influencer la politique concrète, ni même à jeter les bases du meilleur gouvernement: réflexion sur les conditions IDEALES de réalisation du bien, de la morale et de la vérité.

MAIS se distingue de son maître Socrate en affirmant une ambition COLLECTIVE: la réorganisation globale de la communauté.

Dans la république de Platon, l’ordre politique repose aussi sur la morale qui conditionne la réalisation du bien et du juste. La politique juste, bonne, valable, repose sur la connaissance. Il y a une minorité des meilleurs qui pratiquent la vertu grâce à leurs connaissances (rois philosophes). Une reconnaissance complète de la cité est donc nécessaire selon les particularités de chacun. Il n’y a pas d’égalitarisme abstrait. Platon donne une réflexion sur les conditions idéales de l’ordre politique : comment réaliser le bien, atteindre la vérité. Ce qui le distingue de la philo socratique : il n y’a pas une ambition concrète. Chez Platon, y’a bien une ambition collective à la philosophie qui existait pas chez Socrate. Il y a bien une ambition politique mais pas pour la mettre en pratique

La « cité idéale » de Platon Fortement hiérarchisée en fonction des capacités de chacun et divisée en 3 groupes:

- Les gardiens de la cité : possèdent la connaissance et sont dépourvus de richesse pour éviter la corruption

- Les guerriers : protègent la cité - Le peuple qui n’exerce que des fonctions économiques mais pas de pouvoir.

Î Il y’a une primauté au commandement séparé de la richesse : ceux qui commandent peuvent pas s’enrichir

La première typologie des régimes politiques de Platon Platon ne se contente pas de penser la cité idéale.On lui doit la 1ère typologie des régimes politiques.Idée d’une dégradation:

1) Timocratie fondée sur l’honneur (presque parfaite... mais fragile car non inspirée par les philosophes), d’où...

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2) Oligarchie fondée sur la richesse, d’où la révolte des pauvres et la

3) Démocratie, qui ne promeut que l’incompétence et dégénère donc en...

4) Tyrannie: pouvoir d’un seul

Dans La République un changement radical est donc nécessaire.

L’intérêt de la cité prime sur les intérêts individuels. Platon donne la première typologie des régimes politiques, qui essaie de comparer l’idéalisation des choses. Ça repose sur une idée pessimiste de la dégradation du régime politique. À l’origine on a un régime presqu’idéal fondé sur l’honneur mais pas sur la connaissance, régime inspiré par les dieux, ce qui a eu tendance à dégénérer sur un régime basée sur la richesse qui ne peut qu’aboutir à la révoltes des plus pauvres, ce qui aboutit à la fin à la démocratie où on donne le pouvoir à l’incompétence, ce qui donne forcément naissance à la tyrannie, le pouvoir d’un seul. Pour lui, un changement radical est nécessaire pour concevoir l’ordre politique.

Le politique et la seconde typologie de Platon Plus tard, Platon reconnaîtra que de bonnes lois peuvent limiter l’injustice et restaurer la paix (la sagesse des gouvernants ne peut pas tout); il dénoncera le pouvoir absolu et défendra la modération.

Il en résulte une seconde typologie: défense du principe de « constitution mixte », hybride entre monarchie et démocratie.

Mais malgré cette évolution, Platon sacrifie bel et bien la liberté individuelle au profit de la communauté et du bien commun.

Sa conception de la cité reste inégalitaire et antidémocratique, elle nie la pluralité des opinions, toutes soumises à la supériorité de la connaissance philosophique.

Aristote, disciple de Platon, dénoncera les fondements d’une telle société autoritaire.

Une seconde typologie vient, où Platon reconnaît que de bonnes lois peuvent en démocratie restaurer la justice et la démocratie, la sagesse des gouvernants. Il défend une certaine forme de modération. C’est un mélange de démocratie et d’aristocratie modéré par le respect de la loi appelée la constitution mixte. C’est une pensée qui sacrifie la liberté individuelle au profit de la collectivité, c’est une conception inégalitaire et antidémocratique où les opinions doivent être soumises à la supériorité de la connaissance philosophique. Aristote dénoncera ça.

Î Son héritage de la philosophie politique est celle de la vertu. Son héritage inaugural est que c’est avec lui que nait la philosophie politique. Avec Platon, la philosophie prend l’organisation des hommes pour objet et a une ambition collective. Avec Socrate, il y avait une recherche de la vie bonne sans ambition collective. Il pense la cité idéale.

1.3.3. Aristote (384-322 av. J.-C.): la philosophie positive et la défense du juste milieu « Métèque », disciple de Platon, fondateur du Lycée, précepteur d’Alexandre

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Critique de « l’idéalisme » platonicien. Aristote, après la rationalisation par la philosophie, il cherche la rationalisation DE la philosophie. Aristote est bien sur un disciple de Platon mais il va avant tout se distinguer par la critique de l’idéal platonicien. Il n’y aurait pas un monde des idées qui serait plus vrai, plus immuable et supérieur au monde de la nature et des hommes.

Pensée positive ou « réaliste »: « scientifique » et orientée vers la réforme. Aristote va partir de la réalité, et va défendre l’idée moderne qu’on peut comprendre les choses en les observant, en les décrivant en les comparant aussi. C’est avec lui que se voit affirmer l’importance du raisonnement logique, de l’observation, de la description de la comparaison. De tous ces éléments qui vont petit à petit définir les méthodes scientifiques. On pourrait dire que philosophiquement et méthodologiquement; c’est les premiers aspects d’Aristote qui expliquent que son influence ait perduré au cours du temps. Sa théorie est orienté vers la réforme, on quitte l’idéal platonicien on vise à améliorer la réalité et à faire des propositions. Contrairement à Platon, bien qu’il ne vive pas dans une meilleure époque, il dit qu’il ne faut pas casser pour tout reconstruite. Il pense que la réalité est réformable et qu’elle doit être souple et adaptable. On part de la réalité pour la connaitre et on part de la réalité pour l’améliorer. Très différent de Platon. Il y a toujours l’importance de la communauté mais dans la manière d’appréhender les choses on est presque chez un moderne.

1) La communauté politique au cœur de la vie humaine La polis est une « réalité naturelle », le prolongement nécessaire (autonomie) des autres communautés (famille, village), un ordre supérieur et antérieur aux autres, non une association volontaire. En même temps, elle est vouée au pluralisme, qui doit s’exprimer librement. L’œuvre d’Aristote est énorme, sa pensée du politique se retrouve dans tous ses écrits philosophiques mais on peut retenir deux grandes œuvres « Les politiques » et « l’Ethique a Nicomaque ». L’aspect primordial de la pensée d’Aristote est le fait de placer la communauté politique, la polis, la cité au cœur de la vie humaine.

L’homme se réalise dans la communauté (conception organique), il est un « animal politique » et un être moral, qui peut discerner le bien du mal, le juste de l’injuste, le vrai du faux, grâce à la communication, au langage. L’idée à la base de la philosophie d’Aristote est que l’homme est un animal politique, animal social qui ne peut se réaliser pleinement que dans la communauté politique. On ne peut pas concevoir l’homme comme un individu n’appartenant pas à cette communauté. En même temps, l’homme n’est pas seulement un animal social c’est aussi un être moral qui peut discerner le bien du mal, le juste de l’injuste grâce à la communication avec ses semblables. Enfin, le but de la vie humaine, la fin ultime, le telos c’est d’être heureux, de s’épanouir. Ce but, ne peut se concevoir en dehors de la cité celle qui englobe toutes les autres, la communauté politique. Cette polis est une réalité naturelle, celle n’est pas construite volontaire même par les hommes. C’est la communauté qui englobe les autres, le prolongement nécessaire. C’est un ordre supérieur, antérieur aux autres communautés aux autres hommes. Ce n’est pas une association volontaire, elle existe nécessairement.

La cité est donc la communauté permettant à chacun de se réaliser. Et il n’y a aucune séparation entre la vie politique (organise les rapports entre les composantes sociales) et la vie éthique (recherche la vertu et la vérité). Cette communauté politique permet à chacun de s’épanouir, elle est faite de différents groupes. Elle doit respecter les différences entre ses composantes. Il y a l’idée d’une liberté essentielle qui doit être respectée et nécessaire à l’épanouissement de chaque membre. C’est une conception encore plus holiste de Platon .Ce qui confirme qu’Aristote est un ancien, il n ya

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aucune séparation entre vie éthique et vie politique. Car c’est la vie politique qui permettra à chacun de s’épanouir, de trouver le bonheur, à travers la vertu et la vérité.

2) L’étude des constitutions Sur cette base, Aristote étudie les régimes politiques et les classe. C’est sur cette base de la communauté politique comme lieu nécessaire de l’épanouissement, qu’Aristote va lui aussi étudier les régimes politiques, les constitutions. Avec cette perspective réaliste pour étudier les constituions des cités dans l’histoire, il va prendre en compte beaucoup de critères dont certains sont communs à la typologie de Platon. Pour Aristote, il ne s’agit pas de définir quel est le bon gouvernement, en tout partout et de tout temps. C’est juste une typologie analytique et non prescriptive.

Critères :

� le nombre de dirigeants et de citoyens : Le nombre peut être un seul dans une monarchie ou tyrannie jusqu’au peuple tout entier pour la démocratie. Cela prend aussi en compte le nombre de citoyens ce qui peut être bon pour une communauté très restreinte n’est pas forcément valable dans un grand ensemble. La démocratie lui semble mal adaptée dans les grandes cités.

� la répartition des magistratures � le rôle de la loi et surtout � les attitudes des dirigeants : défense du bien commun (par opposition à l’intérêt égoïste)

L’intérêt égoïste peut être celui d’un monarque ou celui défendu au nom du peuple tout entier. Il s’agit de ne pas réduire à une histoire de nombre : on n’est pas plus vertueux en étant nombreux que tout seul.

A partir de ces critères il va établir 6 grands types de régimes :

Les constitutions « droites » (monarchie, aristocratie, politie) politie est un mixte entre la démocratie et la monarchie aristocratique : gouvernement des meilleurs

Par opposition aux constitutions « dégradées » (tyrannie, oligarchie, démocratie). La tyrannie est le gouvernement d’ un seul mais mauvais, oligarchie est une mauvaise aristocratie et la démocratie est fondée sur le pouvoir des plus forts, des démagogues

Toutes les constitutions (158 sur base de nombreux critères!) peuvent conduire au bonheur/malheur de la cité en fonction des situations concrètes (rural/urbain, etc.). En bref, la répartition formelle ne fait pas tout, la justice dans la cité dépend de la vertu des gouvernants. Cette conception réaliste fait qu’en principe pour Aristote, toutes les constituions peuvent conduire au bonheur. Elle peut faire aussi le malheur des cités en fonction des traditions de la cité et de tous les critères que la science politique va développer pour étudier les régimes. Chaque cité à un moment de l’histoire, doit élaborer le régime qui lui convient le mieux. Et aussi en fonction des aspirations du plus grand nombre. Il n’aime pas la démocratie mais Aristote est conscient qu’on ne peut pas ignorer la volonté du plus grand nombre ; pour la stabilité (doit recueillir sur l’assentiment du plus grand nombre) et pour l’éthique car on vise le bonheur de tous. Les aspirations du plus grand nombre peut être la monarchie ou aristocratie.

Approche historique, qui « invente » la comparaison et sort d’un raisonnement binaire « bon/mauvais gouvernement ». C’est une approche comparative, une approche historique qui

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sort d’un raisonnement binaire opposant le bon et le mal, le bon et le mauvais gouvernement. Pour la pensée médiévale et chrétienne on va revoir ressortir l’opposition du bon et du mal.

3) Equilibre des fonctions On dit qu’il s’agit d’une philosophie prudentielle (basée sur observation et voulant l’équilibre). Le point commun des philosophes qui assistent à la déchéance est qu’ils essayent de lutter contre les extrêmes. Ils ne veulent pas que tous les rôles soient concentrés dans les mains d’un seul ou un seul groupe. Dans l’Ethique à Nicomaque, il identifie 3 rôles:

Il va identifier trois rôles :

� l’homme politique qui dirige la cité en s’adaptant aux circonstances, en interprétant la loi dans le sens du bien commun. Fonction de dirigeant au sens propre : celui qui dirige est l’homme politique. L’homme politique dirige la cité en s’adaptant aux circonstances en appliquant ce savoir prudentiel basé sur l’observation de ce qui marche ou ne marche pas à un moment donné. Evidemment s’il est un être moral il va interpréter la loi comme la poursuite du bien commun.

- le législateur qui ne décide pas mais définit des règles générales et les modifie. Le rôle du législateur des nomothètes est qu’ils écrivent la loi mais ne décident pas. Ils peuvent faire et modifier les lois quand elles ne conviennent plus. C’est la question de plasticité des règles : les règles sont universelles applicables à tous mais doivent pourvoir être modifiées quand elles perdent de leur efficacité

- le philosophe-éducateur (qu’il distingue donc du législateur) C’est celui qui conseille et qui éduque philosophiquement et moralement. La politique n’est pas dissociée de l’éthique. Dans la formation politique il faut alors une formation morale mais le philosophe ne peut pas se substituer ni au gouvernant ni a celui qui fait la loi. On va retrouver une des premières formulations de cette tripartition des pouvoirs (jugement au peuple)

Dans Les politiques, on trouve ainsi la première formulation de la répartition tripolaire des pouvoirs: législatifs, exécutif et de jugement.

Mais ce partage n’est pas la condition de la vertu ni de la justice: cela dépend des besoins de chaque cité, et du comportement moral des dirigeants. Ce partage des fonctions ce n’est pas la seule condition ni même la plus importante ce qui compte est la vertu des dirigeants et les besoins de la cité.

4) L’éloge de la prudence et du juste milieu Contrairement à Platon dans La République, ici, la vertu chez Aristote commande de rechercher la modération, qui n’est pas l’expression de la médiocrité: visée morale, juste mesure, prolongement de la raison qui permet de lutter contre les passions destructrices, dont celles qui ont rongé la démocratie La vertu des dirigeants ne commande pas avant tout de rechercher l’excellence mais avant tout de rechercher la modération. La modération, le juste milieu, ce n’est pas comme chez certains philosophes une forme d’impuissance, un abandon par rapport à l’objectif de rechercher le bien mais une visée morale. L’idée est que cette modération, ce juste milieu, c’est véritablement le prolongement de la raison philosophique. C’est cette aptitude qui permet le plus efficacement de lutter contre les passions destructrices qui ont rongé la démocratie. C’est

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véritablement dans la juste mesure que se réalise la justice on ne peut espérer réaliser une vie heureuse qu’en luttant contre les extrêmes.

Implications sur la vie politique: Cette conception mesurée et prudentielle de l’ordre politique juste a des applications concrètes sur la vie politique

� refus d’une essence commune à tout pouvoir: l’autorité du chef de famille ne peut être transposée dans la cité (les citoyens sont libres et égaux, ils ont des droits: le pouvoir ne peut être absolu); la première est que le pouvoir ne peut pas être absolu. L’absolutisme est la sans mesure, les citoyens sont libre et égaux et ont des droits. L’autorité absolue du chef de famille ne peut pas être dans le pouvoir politique. Il y’aura un retour en arrière chez les chrétiens on considérera que la souveraineté du chef de famille doit être transféré dans l’ordre politique. Or ici il n’y a pas d’essence commune. On ne peut pas définir le pouvoir de manière abstraite, absolue, il y a ce qui prévaut dans la sphère privée et ce qui prévaut dans la sphère politique.

� dans chaque cité, le meilleur régime est finalement celui qui recueille l’assentiment le plus large (stabilité); Le meilleur régime est celui qui recueille l’assentiment le plus large. Il n’y’a pas de juste mesure sans cette base de légitimité.

� la bonne constitution est celle qui permet aux institutions de se réformer et de durer.

5) Défense d’une constitution « mixte » Malgré son approche « relativiste », Aristote finit par définir les principes généraux d’une « bonne » constitution, qui pourraient être adaptés dans un grand nombre de cités. Il ne défend pas une cité ou une constitution idéale. Son raisonnement est plus basé sur l’observation, la prudence, la conjoncture. Il est presque relativiste. Malgré cette pensée scientifique il ne peut pas s’empêcher de définir les principes généraux d’une bonne constitution.

D’où une constitution « mixte » appelée « politie », juste milieu entre « oligarchie » et « démocratie », censée neutraliser les rivalités sociales. Pour lui cette constitution est mixte, appelée politie qu’il définie comme une voie moyenne entre l’oligarchie et la démocratie. De deux régimes dévoyés, peut émerger un régime valable défendable qui soit à même de neutraliser les rivalités sociales, ces passions destructrices. Dans l’oligarchie, en réalité, ce qui domine, ce sont les intérêts des plus riches, cette manière de gouverner va forcément entrainer la révolte des plus pauvres. On ne fonde plus sur la juste mesure mais sur des régimes fondés sur des antagonismes, un moyen terme sur ces régimes destructeurs pourrait fonctionner.

Revient à confier le pouvoir à la classe moyenne (nombreuse et possédante), tout en accordant certaines fonctions délibératives et judiciaires au peuple. Il donne l’idée de confier le pouvoir à une clase moyenne : en même temps nombreuse et possédante. Un rôle doit être donné au peuple mais limité car peu de confiance au peuple chez Aristote. Le rôle de la loi es essentiel car la stabilité de la loi peut constituer un rempart contre les dérives à la fois du côté de la démocratie de l’oligarchie : rempart de stabilité contre le fait qu’un groupe ou un autre ne se réapproprie le pouvoir à son seul profit. Dans cette défense d’un modèle il y’ a peu de place pour la vertu des dirigeants.

Conclusion Aristote est le principal et le dernier représentant de la pensée politique grecque.

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Son influence sur la pensée politique est énorme: - à son époque - lors de la domination romaine - redécouvert à la fin du MA - au XXe et jusqu’à nos jours

Aristote est le dernier représentant de la pensée politique ancienne. Son influence est énorme il servira d’éducateur, de conseiller à un certain nombre de magistrats mais son influence sera encore importante lors de la domination romaine, il sera retravaillé en profondeur. Il va être oublié au Moyen Age sous l’empire de la pensée chrétienne et il sera redécouvert à la fin du Moyen Age et perdurera jusqu’a aujourd’hui En particulier chez H. Arendt (réhabilite l’action politique commune contre la technique gouvernementale). Influence chez Hannah Arendt inscrit sa pensée dans le cadre d’une critique de la modernité politique. La politique n’et pas selon elle qu’une simple technique den de domination. Il faut rendre son sens orignal à l’action politique. Elle va s’appuyer sur la conception pratique d’Aristote sur la conception de la communauté, donc sur le modèle ancien

Et chez les auteurs dits « communautariens » (critique de l’individualisme libéral, en particulier du caractère abstrait de la théorie de la justice de J. Rawls). dont la pensée se développer dans les dernières décennies du 20ème siècle en réaction à la théorie de John Rawls sur la théorie libérale de la justice. Ils vont renouer avec la pensée d’Aristote pour montrer contre l’individualisme abstrait de la pensée libérale, qu’en réalité les individus naissent, s’épanouissent, agissent toujours dans le cadre de communauté. On ne peut pas pensée l’individu sans la communauté. On ne peut penser les droits des individus sans qu’ils se réalisent dans la vie politique au sein d’une communauté.

Toute cette critique de la pensée libérale renoue avec la pensée d’Aristote et l’idée que tout individu est un animal social qu’on peut pas abstraire de sa communauté et que chaque individu recherche la vie bonne.

Les IIIe et IIe siècle sont marqués par le déclin des cités, et la domination macédonienne; la Grèce devient ensuite une province romaine (mais il y a « hellénisation des vainqueurs »).

Les Romains vont inventer des structures politiques qui institutionnalisent en les adaptant certaines idées des Grecs (la citoyenneté, l’équilibre des pouvoirs, etc.).

On doit à Cicéron (1er s. av. J.-C.) l’idée d’une distinction entre droit naturel (principes universels incontestables) et droit positif (oeuvre humaine imparfaite mais nécessaire à la réalisation d’un « bon gouvernement »).

Couplé à l’expansion de l’Empire, l’essor du droit fonde une conception ouverte, potentiellement universelle, de la citoyenneté.

2. La confrontation de l’Ancien et du Moderne

Introduction La pensée et la culture politiques contemporaines héritent des Anciens et/ou des Modernes... ET de l’opposition, en soi, entre une conception « classique » (antique) et une conception « moderne » du/de la politique. L’héritage romaine est toujours influent pas seulement à travers

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l’invention des concepts. Il ne faut pas schématiser en disant que les grecs ont inventé la liberté car le contenu des notions ont évolué. Derrière les termes, il y a des héritages vivaces de comment comprendre le politique .Il y a un héritage toujours influent. Immédiatement ce qu’on pense c’est que malgré tout la pensée politique grecque exprime une conception particulière, vertueuse qui se soucie peu du peuple et plus largement, cette conception ancienne a été en toute ou partie remise en cause à l’époque moderne. Ce qui va nous intéresser, c’est de montrer qu’on n’hérite pas seulement dans la pensée politique pas seulement des anciens ou des modernes mais que nous héritons de la confrontation entre les deux modèles. L’héritage des contemporains ne se limite pas à une opposition binaire mais aussi de la confrontation et de la reformulation. C’est l’hypothèse ou le point de départ de cette séance qui essaye de penser de manière différente l’opposition entre anciens et modernes.

La conception « classique » (des « Anciens ») renvoie par ex. à l’héritage de Platon et surtout d’Aristote. La conception classique renvoie à la philosophie de Platon et d’Aristote pour les doctrines politiques classiques et à son prolongement à la pensée chrétienne (thomas D’Acquin)

La conception « moderne » s’impose avec Machiavel (Le Prince, 1515), et Hobbes (Le Léviathan, 1651) la conception moderne s’impose avec Machiavel (début 16ème) à travers le prince et qu’elle triomphe véritablement chez Thomas Hobbes dans le Léviathan avec son idée constructiviste de l’ordre politique.

En histoire, on considère que la modernité va de la Renaissance (XVe) aux Lumières ou au XIXe siècle. La modernité on ne sait pas très bien ce que c’est, c’est une notion évolutive. On est toujours moderne par rapport à celui qui nous précède. C’est relatif aussi : on ne date pas la modernité de la même manière en politique ou en histoire où on situe la modernité à partir de la chute de Constantinople ou la découverte des Amériques. C’est relativement flou au-delà de la périodisation

En philosophie, la modernité renvoie notamment à l’autonomie de l’individu; la science remplace la religion; la raison la tradition... Globalement, par rapport à la période évoquée c‘est la réaffirmation de certaines valeurs, une avant tout : celle de l’autonomie de l’individu. Ici, ce sera l’autonomie du politique. Il y a aussi l’idée que la civilisation peut s’exporter ; c’est typiquement moderne ; le développement de la civilisation comme modèle exportable et universel. Au tournant du 17ème siècle, être moderne c’est dire qu’on a plus besoin d’imiter les anciens. C’est l’idée qu’on ne doit pas être guidé par la tradition. Les lumières la science, la raison vont remplacer la religion. L’autorité va trouver d’autres bases que la tradition ou la religion. L’idée cruciale pour résumer la philosophie politique moderne est que les sociétés se construisent elles mêmes, qu’elles produisent, qu’elles construisent elles même les lois qui vont les gouverner, l’autorité ne vient plus de l’extérieur (ordre naturel ou volonté divine) elle vient véritablement de l’intérieur, des hommes, de leur volonté , de leur raison.

2.1. Les quatre critères de l’opposition Ancien/Moderne sur le/la politique Sur quels point les modernes s’oppposent aux anciens ?

4 enjeux :

- La finalité de la doctrine politique le but et la raison d’être, à quoi sert la politique ? - Rationalité : rationnelle en quel sens ? - Fondement de l’ordre politique légitime : sur quoi doit reposer l’ordre politique ? sur la

loi ?

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- Le savoir (sur le) politique c’est quoi les sciences politique ? Quel est le statut auquel peut prétendre un savoir politique : scientifique ou prudentiel ?

2.1.1 La finalité de la doctrine politique Chez les Grecs, la communauté politique est une communauté éthique, qui doit réaliser le Bien et la Justice (cf. Aristote). La doctrine politique doit donc enseigner la vertu. Pour les anciens, il est clair que la communauté politique est une communauté éthique. Elle doit être vertueuse morale parce que son but est de réaliser le bien. Son but est que tout le monde vive une vie conforme à la justice, c’est même que les hommes soient heureux. Il n y a aucune séparation entre le politique et l’éthique. L’enseignement de la sagesse philosophique est donc primordial

Les modernes vont dissocier la politique de la morale, de l’éthique. La finalité de la politique devient l’organisation d’un cadre de vie qui garantit la paix sociale. Les modernes vont dissocier la politique de la morale. Chez Machiavel, la préservation du pouvoir peut être une fin en soi. Le but n’est pas une éthique. La préservation du pouvoir peut justifier n’importe quel acte ; la force est juste quand elle est nécessaire.

2.1.2 La rationalité de l’action politique Les Anciens concevaient la politique comme une pratique, une action commune concertée. Les anciens concevaient la politique comme une pratique, comme une action commune, concertée qui ne peut en quelque sorte exister que dans le dialogue entre les citoyens réunis sur la place publique.

Son but: délibérer des meilleurs projets à mener en vue de mener une vie bonne. La rationalité politique dépend des vertus morales, et du dialogue entre citoyens. Son but est de décider des meilleures fins, des objectifs à poursuivre donc il faut bien délibérer. Cette délibération est une pratique pour discuter des projets.

Les questions politiques sont irréductibles à des problèmes techniques. Dans ce modèle pratique, dialogique, délibératif, la politique n’est jamais conçue comme une simple technique où il suffit de choisir les meilleurs moyens pour atteindre un objectif qui est donné d’avance. Ici le but n’est pas donné d’avance, il se délibère il se choisit, il se discute et donc il ne s’agit pas pour les hommes politiques de simplement choisir les meilleurs moyens techniques à mettre en œuvre. Chez les grecs les questions politiques sont irréductibles à des problèmes techniques, elles sont encadrées par des questions éthiques qui ne peuvent être tranchées que par le dialogue non pas par techniques mais par pratique discursive.

Les théories modernes posent surtout le problème de l’organisation de la vie collective comme un problème technique. Les théories modernes vont au contraire penser l’organisation de la société comme problème technique. Pour Hobbes, l’humanité doit ses plus grands progrès à la technique, l’état devra sa survie grâce au perfectionnement de la technique politique qui va organiser les choses à l’intérieur. C’est un modèle qui va emprunter aux mathématiques, à la géométrie. A partir de ce background théorique, intellectuel scientifique, la politique à partir de Hobbes va devenir essentiellement une technique qui vise à résoudre les problèmes d’organisation de la vie collective.

Son but: définir les moyens les plus efficaces pour garantir la paix sociale (ou la souveraineté populaire, etc.).

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2.1.3 le fondement politique de l’ordre politique (légitime) Les Classiques conçoivent l’ordre politique sur le modèle d’un « cosmos »: ordre naturellement harmonieux...(Ordre naturel)Ex. : la Cité idéale de Platon, la Polis d’Aristote Ils conçoivent sur le modèle d’un cosmos. L’ordre naturel de l’univers, naturel et harmonieux est le même pour tous et personne ne l’a créé. C’est important car dans l’ordre théocentrique et judeocentré on voit cela comme finalisé avec une volonté divine. L’ordre cosmique naturel harmonieux est le même pour tout le monde, on n’a pas de prise sur lui : il s’impose.

Les Modernes héritent d’une conception chrétienne du monde, théocentrique, créée par la volonté de Dieu. Les modernes eux, se représentent plutôt les hommes comme des petits dieux qui ne peuvent pas créer la nature mais qui peuvent créer les conditions de leur vie commune. En cela les modernes héritent d’une conception assez largement chrétienne du monde pas cosmocentrique mais théocentrique. Il y’ a un souverain qui peut créer des choses.

D’où l’idée que l’homme est un « petit dieu », souverain dans les affaires temporelles, et qui « crée » l’ordre politique.(Ordre volontaire) Dans l’ordre politique, l’homme est comme un petit dieu créateur ; l’homme est souverain pour les choses temporelles.

Ex. : Hobbes: ordre politique créé par la volonté politique sur base des intérêts sociaux (la survie, l’intérêt vital). Dans ce cadre d’idée, Hobbes a pu se représenter l’ordre politique, l’état civil, tout sur le modèle d’une pure création de la volonté des hommes. A l’ordre naturel se substitue un ordre volontaire. C’est la différence entre naturalisme et constructivisme. La base n’est plus la vertu mais les intérêts sociaux, le plus important de ces intérêts est la vie.

2.1.4 Le statut du savoir sur le politique On se demande à quoi peut prétendre le savoir sur la politique. A quel point peut on connaître la politique ? L’opposition A/M va être ici l’opposition entre un modèle pragmatique d’une connaissance pratique adaptée aux circonstances (Aristote) et un modèle théorique. C'est-à-dire un modèle qui suppose qu’on peut connaître scientifiquement le politique au sens des modèles établi par les sciences naturelles naissantes à l’époque.

Pour les Grecs, la politique est toujours en mouvement et ne peut pas être l’objet d’une science ou d’un savoir « définitif ». D’un coté on a un savoir pratique adapté aux circonstances. Mais pas de connaissance définitive car le savoir politique porte sur le politique donc quelque chose de changeant. On ne peut pas prétendre énoncer des vérités définitives sur ce qui est différent partout et tout le temps. La politique ne se reproduit pas deux fois à l’identique à travers le temps. Comment pourrait-on prétendre élaborer des vérités définitives ? Le savoir sur le politique est pratique souple adapté au changement qui doit être adapté au changement. Ce qui compte est de parvenir à élaborer un discours qui serve le politique en s’adaptant aux circonstances il est une faculté de juger dans le présent dans l’action, ce qui convient le mieux.

Le savoir politique est un savoir expérimental, prudentiel, adapté aux situations, au changement (pragmatique). Remarque sur l’influence sur la pensée conservatrice. C’est à l’opposé du savoir pragmatique que va se développer la conception moderne de la science. Dans les sciences naturelles et physicomathématiques ou économique ou même philosophie politique, on va de plus en plus vouloir définir les bons critères d’organisation. Cette prétention suppose que le philosophe est capable de maitriser intégralement les processus qui régissent les réalités humaines ce qui est impensable chez les grecs.

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Les modernes se réfèrent à un modèle scientifique qui veut définir une fois pour toutes les critères d’organisation d’une société ou les lois qui président aux processus sociaux. C’est important car ce débat est structurant jusqu’aux sciences politiques contemporaines on considère que la science politiques est dominée par la conception d’une omniscience capable d’analyser la réalité et de construire des modèles valables en tout lieux et en tous temps. C’est particulièrement vrai dans l’étude des régimes politiques ou dans la sociologie électorale. On a l’impression en lisant les auteurs que ce qui est sous jacent : on peut tout quantifier et on peut établir des liens entre des variables. Par exemple éducation et revenu et la manière dont les gens votent. Le fait de définir les choses en termes de variables est vraiment une manière de réfléchir le politique qui est hérité de cette conception moderniste de la politique. Il y a aussi des modèles qui s’intéressent à la dimension historique. C’est une approche plus compréhensive que scientifique.

Et aujourd’hui en « science politique » ? Ce qui est intéressant dans l’opposition ancien moderne, ces conceptions divergentes s’expriment dans la manière dans on considère le savant. Dans le moderne, on considère figure en surplomb : prétention de connaitre tout de la réalité dans le surplomb. Chez Aristote, celui qui cherche à savoir est toujours pris dans l’ordre politique social qu’il observe ;

En résumé, les 4 critères Anciens versus Modernes... 1) La finalité de la doctrine politique: - enseigner la vertu pour une communauté éthique (Anciens) - théorie de l’organisation dans l’Etat (Modernes) On ne se soucie plus des finalités et on se préoccupe que des mécaniques sociales. Chez Machiavel, Hobbes, Bodin, on fixe la finalité :la paix sociale pour se préoccuper des moyens de l’assurer. 2) Sur la rationalité de l’action politique: - une pratique concertée dans le dialogue (Anciens) Les anciens confrontent leurs idées pour les meilleures fins de la cité. La politique est une pratique qui part d’en bas d’une pratique discursive - une régulation technique des rapports sociaux (Modernes) Comment va-t-on organiser le plus efficacement les choses dans le cadre de l’état ? 3) Le fondement de l’ordre politique (légitime): - référence à un ordre naturel, donné, éternel (Anciens) Les hommes se donnent leur propre loi, ils le font par rapport à une référence qu’est l’ordre inspiré de la nature, le cosmos, sur lequel les hommes n’ont pas prise. - ordre artificiel, construit, volontaire (Modernes) Un ordre n’est légitime que si les hommes l’ont eux même crée, eux même construit 4) Le savoir (sur le) politique - modèle pragmatique (Anciens) - modèle scientifique (Modernes) Castoriadis conférence de 1990 : Imaginaire politique grec et moderne. Il peut donner l’impression de placer l’hétéronomie du côté des modernes. Le point de départ de ce texte c’est que objectivement et sociologiquement, la loi n’est jamais donnée par quelquu’iun d’autre. Le slois quelque soit leur statut, sont les créations de la société. Pour un athée, les lois sont toujours les créations de la société. Mais selon Castoriadis, avec l’usure du temps, sociologiquement, la loi a été imputée presque de tout temps à une instance est sociale : divinité ou loi naturelle cosmique. Par rapport à cette conception traditionnelle, efficace tant qu’on y croit. Il y a dans

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l’histoire du monde deux ruptures : la Grèce ancienne et l’Europe occidentale à partir e la renaissance. Chez les anciens et modernes, on s’est mis à croire que la source de la loi était la société elle-même. Par rapport à ce constat, l’autonomie des modernes selon Delmotte, la conception de l’autonomie politique vient de l’autonomie du sujet individuel qui n’existe pas chez les anciens. C’est une différence essentielle entre l’autonomie des modernes et l’autonomie des anciens. La société se donne sa propre loi dans les deux cas mais là on se centre sur l’autonomie du sujet que les anciens ne reconnaissent pas sur le plan politique. L’autonomie moderne en ce sens fait plus une rupture par rapport à une conception chrétienne. Cette rupture par rapport à la conception chrétienne qui domine le Moyen âge, cette affirmation de l’autonomie de la loi à la renaissance, renoue avec la conception grecque. C’est un peu comme ci les modernes prenaient une partie de l’héritage des anciens. Par contre, cette conception moderne du sujet autonome vient des chrétiens. L’autonomie des modernes va beaucoup plus loin que l’autonomie des anciens : c’est un créationnisme, un constructivisme absolu. Les anciens construisent leur politique pour régir leur monde, chez les modernes on vise à reconstruire la société tout entière par la politique. On parle d’autonomie par la loi dans un monde où l’homme ne peut rien changer chez les anciens alors que les modernes optent pour un radicalisme constructiviste. Cela renvoie à l’idée que l’homme peut aussi maîtriser la nature chez les modernes. C’est une rationalité instrumentale qui correspond au développement des sciences et des technologies de l’époque. On a deux autonomies: une individuelle et une créationniste qui va au-delà de la cité pour régir le monde social tout entier. Castoriadis dit chez les anciens, la collectivité est la source du pouvoir alors que chez les modernes il y a un résidu religieux : fonder la souveraineté du peuple sur autre chose qu’elle-même. Ils cherchent une tentation ultime à se fonder sur quelque chose de transcendant mais le spectre d’intervention de la politique chez les modernes est illimité. On outrepasse la séparation entre politique et domestique des anciens. La politique va juste que la gestion des rapports des sexes, de la famille.

Conclusion 1) la politique est conçue indépendamment de l’éthique

2) la politique est une technique: on applique une théorie

3) cela renvoie à une conception artificialiste, constructiviste de l’ordre politique

4) cet ordre politique peut donc être l’objet d’une science

... Mais cette « rupture » ne fut pas soudaine. Par ex., Thomas d’Aquin (XIIIe) offre une transition chrétienne: On est déjà dans la première renaissance.

- il continue de donner à la politique un sens éthique

- mais il rompt avec la conception grecque de la communauté politique.

Pour lui, les valeurs de la communauté familiale et de la communauté politique sont les mêmes (par ex.: la valorisation du travail).C’est l’empreinte de la conception chrétienne, la communauté politique est le prolongement de la vie familiale. Le pouvoir absolu du chef de famille est transposé sur le plan de la communauté politique. Dans la conception antique, ce n’était pas le cas avec la séparation domos/polis

Les modernes remplaceront le fondement éthique par l’intérêt.

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Ex.: la raison d’Etat Le fondement éthique continue à exister fortement chez les chrétiens mais sera oublié par les modernes. Ils le remplaceront par l’intérêt, l’individualisme. Les intérêts du prince, du peuple…. sont une justification suffisante du politique.

2.2. La Révolution française et la révolution américaine: 2 exemples de la confrontation Ancien/Moderne

Les idées de Ferry et d’ Arendt disent que ce sont des moments importants car elles influencent nos démocraties mais de manières différentes. Oui, les deux déclarent nos droits de l’homme mais l’héritage sera différent. Mais si on creuse un peu, du point de vue des doctrines politiques, elles combinent des éléments anciens et modernes en étant opposées l’une à l’autre. En quelque sorte, sur chacun des quatre critères de rupture anciens modernes, les révolutions s’opposent.

Ce qui domine du point de vue doctrinal, du coté de la révolution française, c’est la question de l’égalité. On peut dire que ce qui globalement caractérise la révolution française, même si elle a connu différentes phases, c’est l’aspiration à l’égalité et la radicalisation du discours révolutionnaire. Oui les français ont été les premiers à essayer de justifier les droits politiques dans une proclamation des droits en disant que le pouvoir devait tirer sa légitimité de la volonté du peuple. 1789 survient dans un contexte où la monarchie absolue ne reconnait rien d’autre que l’influence de la noblesse et du haut clergé. Jusque 1789, le tiers état n’est rien puisque le pouvoir politique c’est le roi et les deux groupes, il n’y a pas de représentation politique du tiers état. Même si la première phase modérée de la révolution française n’est pas rousseauiste ou dans la défense de la démocratie directe ils sont tout de même obligés de déclarer la souveraineté du peuple. Il y a un premier geste radical, dans la déclaration : tout transfert de pouvoir au peuple. C’est ce transfert de souveraineté du roi à la nation qui va tout justifier par la suite. D’abord, elle ne vise qu’à limiter les pouvoirs royaux mais ensuite elle va justifier l’établissement d’une république puis république populaire puis elle va justifier les excès de 94-98. Ce moment radical de transfert de souveraineté et par la suite il y’aura lutte entre radicaux et modérés qui va toujours aboutir à la victoire des plus radicaux. Ce qui fait qu’on doit les doctrines les plus abouties du radicalisme révolutionnaires à des personnages politiques comme Robespierre et Saint juste qui étaient en même temps que des grands doctrinaires, des personnages clefs du comité de salut public. On ne retrouve rien de tel du côté de la révolution américaine.

Si on considère les origines de la révolution américaine, on ne retrouve rien de commun. En 1776, elle nait d’une guerre d’émancipation coloniale qui veut mettre fin à la tutelle anglaise. Ce qui est intéressant est que ces colonies sont déjà à cette époque très autonome politiquement. C’est grâce à cette autonomie politique qu’elles vont réclamer l’indépendance. Ce qu’elles réclament pour elles même est une indépendance reconnue par la constitution anglaise : le droit d’être représenté au parlement britannique. Ils réclament ce droit au nom de la monarchie parlementaire sans en contester le principe. On est dans le contraire d’un radicalisme politique. Cela explique que les colonisées américaines vont pas défendre une égalité radicale mais l’idée libérale de la libération du pouvoir. C’est le respect de la liberté individuelle et la limitation des pouvoirs de l’état. Ce qui explique le choix des américains pour un modèle politique opposé aux jacobins française : le fédéralisme. Ce n’est pas dans ce modèle là qu’il incombe à l’état de faire le programme révolutionnaire. Il y a une faible confiance en la démocratie au sens où on l’entend aujourd’hui. On ne se sert jamais du peuple, de la souveraineté du peuple comme on s’en servira durant toute la révolution française de manière plus ou moins modérée. Les droits proclamés américains visent

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d’emblée à avoir une portée concrète, ne se conçoivent pas comme ceux de la déclaration française comme abstraits.

Deux révolutions (1789 et 1776) fondatrices pour les doctrines se référant à la démocratie.

Or elles peuvent être vues comme des tentatives différentes de synthèses entre des éléments « classiques » et des éléments « modernes ».

Et elles s’opposent sur chacun des 4 critères.

2.2.1. Sur le rapport entre politique et éthique RF: Pour Robespierre, acteur clé de la seconde phase de la Révolution française, le principe d’émancipation de la société est la vertu (comme chez les Anciens). On l’appelé l’incorruptible, car il basé toujours l’émancipation de la société sur la vertu du peuple. Il faut lui enseigner la vertu pour réaliser le bien dans la communauté politique. Dans la mesure même, dans l’horizon doctrinal, il veule réaliser l’égalité et la liberté. Mais la politique est toujours liée à l’éthique dans la conception jacobine. La politique a toujours pour but le juste.

USA: Pour Jefferson, auteur de la Déclaration d’Indépendance (1776), c’est l’intérêt particulier des individus (voir Adam Smith et la « main invisible). Le fondement de l’activité politique est l’intérêt. L’idée ici est que l’amélioration des conditions de la vie collective, la bonne communauté politique, passe par la promotion et la protection des intérêts individuels de tous les individus. Chaque individu sait mieux que tout autre où se situe son intérêt, on ne peut donc pas imposer une conception du bien commun venue d’en haut. On retrouve l’idée que ce qui semble anarchique, morcelée au niveau des parties de la société, se révélera harmonieux. C’est l’idée d’Adam Smith qui publie la même année que la révolution Recherches sur la nature et la cause de la richesse des nations. Selon lui par un mécanisme de main invisible, els intérêts individuels s’harmonisent au niveau de la totalité. Tout en ne recherchant que son intérêt personnel, l’individu travaille activement pour construire la société. L’égoïsme est plus utilise que l’altruisme dans la société grâce à ce mécanisme invisible. Ca a donné l‘idée économique que l’Etat doit laisser le marché se réguler car celui-ci sait assurer le bonheur de chacun tout seul

Rem.: Du point de vue économique, l’idée de « laisser faire » fut vite critiquée. Mais l’idée politique qu’il faut susciter (par ex. via la presse) la liberté d’expression des intérêts particuliers, qui constituent la base de l’opinion publique (le Common Sense de Thomas Paine), est plus importante que jamais (critique des expériences totalitaires). Cette conception économique qui a été contestée très tôt dès le 19ème siècle été assortie chez Smith et Jefferson était assortie d’une croyance politique et non économique. L’idée qui guide la conception du bien commun chez les révolutionnaires américaines : plutôt que de définir un intérêt général pour la société c’est permettre que s’exprime au niveau de la société les conceptions différentes du bien. On parvient à une société plus solide si on permet que puisse s’exprimer les divergences entre citoyens : c’est le cas de la liberté de la presse.

2.2.2. Sur le rapport entre théorie et pratique RF: La théorie (les principes du droit naturel) doit être appliquée sur le modèle d’une « technique ». Le triomphe des principes du droit naturel doit s’appliquer sur le modèle de la technique

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Conception volontariste de Rousseau (une « volonté consciemment active »), à l’opposé du « laisser faire ». D’où le rôle de l’Etat, des institutions et des lois, et la conception très centralisée des rapports Etat/société. En bref, schéma techniciste moderne: application « du haut vers le bas », des principes vers la réalité sociale. Chez les français, on a bien à faire à un modèle techniciste qui pose que l’état via la loi va appliquer du haut vers le bas les principes du droit naturel, ce qui est un schéma typiquement moderne de la raison technique. La finalité est donnée d’avance et on l’applique au moyen d’instruments. Ce schéma est inverse du côté américain. Arendt voyait la révolution américaine sur l’idée d’une pratique : Jefferson refusait l’idée techniciste. Les principes du droit naturel, le droit des individus doivent se réaliser dans la débâcle publique, dans la communication. Dans ses dialogues, se forme d’en bas un consensus politique qui forme le droit naturel. On est dans l’idée d’un modèle antique, un schéma « Bottom up » on parle du particulier, et pas de l’universel. La pratique discursive spontanée fait triompher les droits naturels.

Cela va fonder les critiques conservatrices, Burke reprochera l’aspect abstrait et technique de la révolution française. Il fondera sa critique sur la tradition ancienne.

2.2.3. Sur le rapport entre la légalité et la légitimité de l’ordre politique USA: l’ordre politique résulte « naturellement » (toujours la main invisible d’Adam Smith) de l’interaction des intérêts particuliers, produisant d’elle-même l’harmonie.

RF: l’ordre politique est conçu comme une pure création de la volonté humaine (« constructivisme absolu » à partir de 1791-1792); la Déclaration est pensée comme un contrat social (influence de Rousseau). L’héritage de rousseau et de volonté générale va s’imposer dans les débats doctrinaux

La légitimité de l’ordre politique se fonde donc sur la volonté, le droit positif.

2.2.4. Sur le rapport théorie politique/théorie scientifique USA: le modèle américain semble forcément moins « scientifique » mais en fait, il s’appuie sur des thèses qui revendiquent plus le statut de « science » (par ex. celles d’Adam Smith: la mécanique sociale obéit à des lois « naturelles », qu’il faut laisser jouer librement...).Ce modèle semble plus classique que le modèle français car il est plus proche de la tradition antique. Derrière les intérêts divergents, on vise une organisation vertueuse qui respecte les intérêts de chacun. C’est proche de l’idée aristotélicienne. On serait tentés de croire qu’il est proche des anciens sur tout. L’action politique n’est pas une application technique de théories. Mais la théorie n’est pas absente des considérations américaines ? La théorie mobilisée dans les doctrines américaines peut davantage être rapprochée d’une science que les théories du modèle français. Dans le modèle libéral d’Adam Smith il s’agit de montrer que la mécanique sociale obéit à de bonnes mécaniques naturelles. Ce qui est déterminant et que derrière Jefferson il y a Smith il y a l’idée de loi. A travers cette référence massive de l’économique politique de Smith, on a l’idée que l’action politique de la révolution amércaine sur un corpus doctrinaire à prétention scientifique extrêmement forte

F: paradoxe inversé: l’action politique est certes pensée comme une technique, mais les théories à appliquer n’ont rien à voir avec une science (théorie morale et théorie du droit, du registre de la raison pratique) Ils prétendent appliquer techniquement les théories mais ces théories ne prétendent pas au statut scientifique. Tout le corpus doctrinal philosophique intellectuel sur lequel s’appuie les jacobins, s’attache à une théorie morale, à une théorie du droit qui renvoie à la tradition allemande et à une rationalité pratique, à une connaissance pratique qui ne prétend pas du tout au statut de vérité scientifique.

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3. Les liens entre religion et politique

Introduction : ruptures et continuités Rappel: la rupture des Modernes par rapport aux Anciens est relative (...) et progressive.

De fait, la pensée chrétienne offre une transition, mais la politique moderne est souvent définie comme sa négation. Il y a une transition entre la vue antique du politique et la transition moderne. Par exemple, on a Thomas D’Aquin. Le fondement de la communauté éthique n’est pas la même que chez les anciens. Il y a une ambivalence de cette rupture.

En effet, le pouvoir temporel de l’Etat, figure moderne de la politique, se définit comme « souverain » par rapport au pouvoir du pape. De manière générale, quand on présente les choses : l’Etat est la figure moderne de la politique, en tant que pouvoir temporel, il est souverain. Il est indépendant du point de vue temporel par rapport aux pouvoirs du pape. C’est une rupture qui va donc expliquer qu’à l’époque moderne on considère que le politique se dissocie du religieux.

Cette dissociation du politique par rapport au religieux s’explique e.a.

- par l’essor des sciences expérimentales, cela va développer un type de connaissances rationnel qui n’a rien à voir avec la théologie et les techniques pour maitriser la nature. Il y a une baisse d’importance de la religion donc.

- par la réforme protestante, qui sape le pouvoir de l’Eglise et favorise l’individualisme, la rationalisation. Mais également, la réforme protestante, qui en un mot, va saper le pouvoir de l’Eglise en faisant de tout chrétien un prêtre. Il n’y a plus besoin des rituels: cela sape autorité ecclésiastique. Cela démagifie la religion. Tout ce qui est lié au christianisme va s’affaiblir et cela va contaminer ceux qui proclameront leur fidélité à l’église catholique. Le protestantisme est la rationalisation de l’Eglise elle-même qui accompagne la rationalisation du pouvoir lui-même. Tout cela accompagne un mouvement de différenciation sociale.

Pourtant, de nombreux liens existent entre les doctrines politiques (modernes, contemporaines et même démocratique) et les religions (monothéistes et théocentriques). Il y a un mouvement général qui fait qu’on ne peut pas concevoir les communautés politiques sur le modèle d’une cité divine. Les principes théologiques ne fonctionnent plus et vont s’imposer la figure de l’Etat indépendante du pouvoir du pape. Malgré cette tendance lourde, cela n’empêche pas que du point de vue de la conception du pouvoir, il y a de nombreux liens entre ces doctrines politiques et les religions. En particulier, entre les doctrines politiques et les religions monothéiques et monocentristes (Islam, christianisme): elles disent qu’un dieu à créé le monde. C’est un commandement qu’il faut interpréter qui peuvent servir de guide de conduite dans la vie spirituelle mais aussi dans la vie sociale et collective. Il y a des liens entre ces religions monothéistes et les doctrines politiques, en tout cas plus qu’avec les religions cosmo centristes ou polythéistes. Par exemple, le bouddhisme se centre plus sur comment un esprit peut parvenir à la méditation : on ne cherche pas à traduire des commandements divins dans la vie de tous. Alors que dans les religions monothéistes, il y a une dimension éthique, collective et pratique concrète.

3.1 Un lien historique Non seulement les doctrines religieuses sont apparues plus tôt.

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Mais certaines (religion chrétienne, Islam) étaient formées de règles valant pour tous les croyants (égalité) et tous les aspects de la vie (dimension sociale, éthique et organisationnelle). D’où leur potentiel politique. Le lien historique est que certaines religions (monothéistes, chrétienté et islam) sont explicitement formées de règles, de commandements qui d’une part valent pour tous les croyants avec une dimension égalitaire très forte. Et, d’autre part, elles valent pour tous les aspects de la vie qui ne relèvent pas simplement de la spiritualité. C’est ce qui explique le potentiel politique des doctrines politiques dans la mesure où ces doctrines vont être véritablement testées dans les premières communautés chrétiennes sous l’empire romain.

Ex.: les premières communautés chrétiennes sous l’Empire romain: Il existait des communautés monastiques qui vivaient en autarcie chacune en suivant sa règle, sa constitution, son règlement.

- pas de théorie du bon gouvernement mais chacune avait sa « règle », organisant les relations et les pouvoirs dans la communauté et vis-à-vis de l’extérieur; Les communautés n’avaient pas élaboré de théories de bon gouvernement mais chacune à son échelle avait un règlement d’ordre intérieur extrêmement élaboré pour l’intérieur de la communauté et pour l’extérieur. Cela préfigure quelque chose comme une constitution.

- fondées sur certains principes et valeurs, non seulement l’amour et l’obéissance, la charité, la discipline, etc. mais aussi le partage des tâches, l’équité dans la redistribution, l’hospitalité, etc. Ces communautés chrétiennes étaient fondées sur certains principes. Ces principes et ces valeurs étaient typiquement chrétiens (obéissance, amour de soi, discipline, travail) mais il y avait aussi des principes qui traduisaient la nécessité quotidienne. Par exemple, dans le partage des tâches. Il y avait une certaine équité dans la distribution des fruits du travail, l’hospitalité face à l’étranger.

En plus: la responsabilité de certains chefs, le droit de résister (moralement) pour l’individu, et le libre choix de sa constitution. Jean Marc Ferry identifie dans son analyse des principes dont on hérite directement : l’idée d’un responsable qui était en charge d’autre et des décisions. Il y’avait le droit moralement pour chaque individu mais on doit rester fidèle à dieu. Il y avait déjà l’idée que l’individu était capable d’une résistance morale face au pouvoir politique. Il y a en germe, la liberté de l’individu. Ces communautés choisissaient eux même, leurs règles et leur constitution. Il y a l’idée d’autonomie qu’on place à l’opposé de la doctrine chrétienne.

3.2. Le lien conceptuel Le lien entre doctrines chrétiennes et doctrines politiques modernes s’explique:

1) Par la séparation tardive et incomplète Eglise/Etat Cela s’explique par la séparation tardive entre l’Eglise et l’Etat, les rois continuent d’être sacrées pendant des siècles après l’émergence, le sacre de l’Etat moderne. L’Eglise se détache de l’Etat et est considéré comme des activités privées. Cette séparation tardive et est relative (ex : la religion était indiquée sur la carte d’identité en Grèce jusqu’à peu).

2) A travers le rôle médiateur de la philosophie: Par ailleurs, l’élément central qui prouve c’est le rôle de la philosophie. Les doctrines politiques modernes naissent de la philosophie et la philosophie nait de la théologie. Il y a donc une continuité. Pendant longtemps, on ne distingue pas philosophie et religion.

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- les chrétiens s’approprient l’héritage des Grecs. Au Moyen Age et un peu à la renaissance, on ne faisait pas de différence entre philosophie et religion. Au moyen Age, les chrétiens vont s’approprier l’héritage des grecs. Les grecs sont pris pour des fous auparavant (comment peuvent ils prétendre penser le monde ?). On les redécouvre en les récupérant. La sagesse des grecs préfigurait un savoir chrétien: ils étaient chrétiens avant les chrétiens sans le savoir. La religion, les doctrines religieuses se rationnalisent en quelque sorte. Tout d’abord, l’étude des textes est de plus en plus analytique : la scholastique est la rationalisation par théologie du discours religieux. Cette discipline se développe dans les universités chrétiennes et dans les échanges entre chrétiens.

- la métaphysique, lien entre religion et philosophie Se développe aussi la métaphysique : lien entre discours religieux et la philosophie. C’est un discours savant mais sur autre chose que dieu. Ca fait penser de l’essor de la philosophie des grecs : on prend le monde pour objet. La métaphysique ; C’est la charnière entre la religion et la philosophie..

- la philosophie, lien entre doctrines religieuses et doctrines politiques « modernes » (philosophie « critique ») A son tour, la philosophie moderne, va quant à elle constituer le lien entre les doctrines religieuses et doctrines politiques moderne. Les doctrines politiques vont de plus en plus assumer une posture analytique scientifique même si elle ne renonce pas à définir le bon gouvernement.

3) Par l’importance de l’éthique communautaire dans la doctrine chrétienne, dont héritent les conceptions traditionnelles et absolutistes du pouvoir mais aussi les doctrines modernes de la démocratie, le socialisme et même l’anarchisme. Chez les chrétiens, l’idée c’est que les hommes sont tous fils de dieu donc tous frères, donc égaux entre eux. On va baser beaucoup de conceptions sur ça. Ce n’est pas seulement sur l’idée de l’importance du travail, qu’ils vont baser le modèle traditionnel et l’autorité. Il y aura d’autres valeurs qui vont inspirer d’autres conceptions : égalité, fraternité, solidarité, paix universelle. On présente parfois Jésus comme premier communiste, avec cette éthique communautaire.

3.3. L’arrière-plan théologique de l’imaginaire démocratique Illustration du lien conceptuel: les origines théologiques des doctrines politiques restent présentes jusque dans les débats sur la souveraineté populaire.Or problème commun à presque toutes les doctrines modernes (libérales, révolutionnaires, socialistes, anarchistes): Comment traduire le principe du peuple souverain? Les deux concepts les plus centraux dans la pensée politique moderne sont ceux de souveraineté et de représentation. C e qui est intéressant est de voir que la manière dont le problème est posé jusqu’à l’époque contemporaine doit beaucoup à l’origine de ces notions qui sont absolument prémodernes. Un problème pratiquement commun à toutes les doctrines modernes et contemporaines est de savoir comment traduire le principe du peuple souverain, comment traduire dans la réalité, l’objectif qui est de donner le pouvoir au peuple c’est le problème de la souveraineté populaire.

Problème est lié à la question de la représentation. Le problème de la traduction est envisagé comme un problème de représentation. On peut proclamer que le peuple est souverain mais on sait que la multitude n’est pas forcément bonne. C’est un problème de représentation. Comment le peuple peut être de représenté, souverain sans exercer lui même le pouvoir. Ce fut le problème central pour les révolutionnaires (jacobins) mais aussi chez libéraux.

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De fait les deux notions/questions ont des origines historiques et conceptuelles communes, notamment à travers la notion très ancienne de personne. Poser la question comme ça nous vient des doctrines religieuses dont on trouvera des prémisses chez les grecs. Ce sont intrinsèquement des questions liées à la personne : comment la personne du peuple pourra être représentée par une autre personne. La notion de personne est très ancienne mais toujours central chez Hobbes ou Rousseau or ça ne vient pas du tout des modernes.

3.3.1 La personne et le sujet : origines pré-modernes 1) Grecs et Latins:

« persona » signifie « visage », puis désigne le « masque », le « rôle », enfin le « personnage »: individu public doté de caractères marquants A l’origine la personne en grec, signifie le visage. Visage est présent dans la dramaturgie mais aussi le personnage. Le personnage c’est un individu public, vu de tous, connu de tous qui se caractérise car il a certains caractères marquants. (Ex commedia dell Arte)

La personne définit un être humain avec un nom propre, un statut juridique, des traits de caractère. Ensuite, l’idée renvoie à la fois au « masque », à l’apparence, et à la personnalité, à l’identité profonde. Cela renvoie à la fois à l’idée de rôle qui sera important pour la représentation et en même temps l’identité de quelqu’un, d’un individu. Il y a l’idée déjà un peu de ce qui représente et de ce qui est représenté.

2) Le problème des chrétiens: rendre compte de la divinité du Christ et du mystère de la Trinité (3 personnes en 1!) Ensuite, chez les chrétiens, ils vont s’intéresser à la représentation à travers l’idée de personne. Ils sont confrontés à deux cas : ils doivent convaincre ou exprimer l’idée de la divinité du christ, d’un homme fils de dieu, ce qui est dur à expliquer. Et en même temps, ils doivent rendre compte du mystère de la trinité, le mystère de trois personnes en une.

Des débats théologiques il naît une philosophie de la personne (divine et humaine) qui va influencer les penseurs modernes (dont Hobbes): la personne est à la fois une essence commune aux êtres doués de raison et une existence particulière. Il va naître une philosophie de la personne qui va influencer les penseurs rationalistes. A partir de ces débats on va considérer que la personne c’est en même temps, un ne essence commune à tous les êtres raisonnables : le sujet humain. Et en même temps une existence particulière, une personne particulière.

Définition de la personne comme une nature individuelle de caractère raisonnable et subsistant par soi-même. C’est de là que se voit définie la personne comme individu doué de raison et subsistant par soi même (qui est 1).

3.3.2. La question de la représentation politique Or la société moderne (corps social, moral et politique) puis l’Etat sont pensés sur le modèle de la « personne » humaine: individuelle, incommunicable, autoconsistante (Thomas d’Aquin), raisonnable. C’est important pour la doctrine politique, car la société moderne va être pensée sur le modèle de la personne et sur base du modèle théologique. On pense comme un corps, une personne un individu qui a une volonté, en l’occurrence une volonté politique. On pense la société, l’état comme quelque chose d’auto consistant.

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Problème: si la société/l’Etat est considéré comme un corps, une personne, qui va agir, parler « en son nom », i.e. au nom de la « multitude » de personnes plus ou moins liées mais aux opinions et intérêts divergents qui la/le composent ?

C’est le problème de la représentation, qui se pose aussi bien quand le roi est souverain que quand le peuple est souverain. Le problème est que si l’état est un corps, un individu, une personne qui doit dire faire des choses il faut que quelqu’un pense, parle pour lui. Cette société peut être pensée comme une unité c’est en fait une multitude. Comment faire pour que quelqu’un agisse veuille en son nom ? Alors que dans le corps social, il y a une multitude donc il n y a pas de raison qu’ils aient tous le même intérêt, c’est le problème de la représentation. Ce problème, même si c’est de manière différente va se poser aussi bien quand le roi est souverain.

D’où 3 positions, dont 2 absolutistes:

Hobbes: le Léviathan est souverain et représente la multitude. Une fois qu’il a été institué il est souverain.

Locke distingue la source du pouvoir (le souverain, le peuple) de l’exercice du pouvoir (le représentant). Effectivement, le souverain on peut dire que c’est le peuple mais cette souveraineté du peuple est limitée par l’exercice du pouvoir à travers les représentants du peuple. Il y a autolimitation des pouvoirs du peuple et de ses représentants.

Rousseau: le peuple est souverain et ne peut être représenté (par un autre que lui).

Locke : qui va distinguer la source du pouvoir, de l’exercice du pouvoir. Locke distingue la source et l’exercice du pouvoir, il y a une dissociation entre souverain et représentant. Rousseau n’admettra pas la séparation, une fois que le peuple est représenté par autre chose que lui-même il perd sa souveraineté.

La position absolutiste se retrouve chez Hobbes mais aussi Rousseau qui ne fait que transférer le pouvoir absolu du roi sur la volonté du peuple. On voit le caractère absolu du pouvoir qui est au peuple. Locke voit à l’inverse, une souveraineté « limité »

4. Les théories de l’Etat

Introduction: l’Etat et la souveraineté politique sont « modernes » Comme la représentation, la souveraineté est une notion pré-moderne qui a des origines théologiques: la souveraineté désigne d’abord le pouvoir absolu de Dieu. L’idée est qu’on ne parle pas de souveraineté avant l’Etat pour désigner le pouvoir absolu des dieux ou la plénitude de pouvoir des papes. Ce qui est moderne est de parler de souveraineté et de l’appliquer à l’entité étatique. C’est une entité pré moderne qui a des origines théologiques. Au départ, cela ne s’applique pas au pouvoir politique. Ne peut être absolu que le pouvoir du dieu. La souveraineté ne s’applique pas au pouvoir politique, et il est impensable qu’il ait ce caractère absolu en fonction de cette origine doctrinale mais aussi en fonction d’un contexte.

Avec la naissance de l’Etat à la fin du Moyen Âge (voir Norbert Elias, La Dynamique de l’Occident, 1939), cette conception absolutiste va s’appliquer au pouvoir politique de l’Etat dans un contexte bien particulier où il s’agit de justifier et de consolider l’Etat Lorsque l’idée de

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souveraineté du pouvoir politique va se développer c’est dans un contexte où il s’agit d’abord pour Machiavel, Bodin, Hobbes, de renforcer l’état dans une période où il est malmené par les guerres de religion.

Plus tard, les théories « radicales » de la souveraineté populaire vont transférer le pouvoir absolu du monarque vers le peuple tout en conservant cette conception absolutiste.

Les théories libérales se préoccuperont elles de le limiter. Un autre courant, face aux conceptions radicales, les théories libérales du parlementarisme et de la représentation vont limiter le pouvoir de l’Etat.

Avant le XVe-XVIe, on ne peut parler « d’Etat » ni de souveraineté politique au sens moderne: ni la Polis, ni la Civitas, ni les seigneuries médiévales ne sont des Etats: pas de monopole de la violence, pas de permanence du pouvoir. Ce qui est moderne est d’appliquer cela à l’Etat. C’est une entité qui n’existe pas avant le 15ème 16ème siècle. Avant ça on ne peut pas parler d’Etat et de souveraineté politique. On parle de polis, de cité, de république mais il ne parle pas d’Etat. Ni les cités, ni les empires, ni les seigneuries médiévales ne sont des états. Parce que fondamentalement, du point de vue de la sociologie, pas de violence ni de permanence du pouvoir. Les cités comme les terres des seigneurs sont menacés, il est absurde de penser quelles sont égales. Si Athènes est battue par sparte, Athènes est supérieur. Ce n’est pas la loi du plus fort mais l’idée de souveraineté des entités politiques n’existe pas, il n y a pas d’instances dans ces entités politique qui monopolise la violence, la coercition. Dans la maison, il y a le chef de famille fait ce qu’il veut. La société féodale est faite d’agencement complexe où les groupes et entités sont reliés entre eux par des systèmes d’allégeances qui impliquent des rivalités incessantes qui se règlent par la suppression de l’ennemi.

En Europe, l’émergence de l’Etat correspond à un processus de centralisation et d’institutionnalisation du pouvoir Par rapport à cette réalité féodale, on peut dire que l’émergence de l’état correspond à un processus lent, de centralisation et d’institutionnalisation du pouvoir. Cela veut dire que par exemple en France entre le 10ème et 15ème 16ème siècle on a un regroupement d’entité territoriales de plus en plus englobantes qui aboutit à une victoire sur les autres maisons. C’est marqué par deux tendances : l’interdépendance croissante, (monétarisation), on vit de moins en moins en autarcie, on dépend de plus en plus les uns des autres. On a plus besoin de la sureté parce qu’on sent vient que ce n’est pas en supprimant le voisin qu’on va survivre mais plutôt en éduquant ses enfants et agrandissant terre( ?) et aussi la concurrence croissante qui exacerbe la rivalité, les luttes s’accélèrent pour dominer sur des territoires plus vaste. Il ya une lutte concurrentielle, éliminatoire, qui fait que les concurrents se réduisent. Il faut qu’il y ait une double tendance d centralisation et institutionnalisation pour parler d’Etat.

Au sens moderne, le mot et l’idée datent d’ailleurs de la Renaissance: « Il n’y a pas d’Etat sans commandement sur les hommes »(Machiavel, Le Prince, 1513) De toute façon dans les théories, le mot d’Etat et l’idée qu’elle représente ne se trouve pas avant la renaissance. Le premier qui utilise ce terme est Machiavel dans le prince en 1513 en rupture avec conception chrétienne a définit l’état comme commandement d’hommes sur certains hommes. Malgré ça, dans un contexte instable, les auteurs ne vont pas trop parler d’Etat.

Cependant, le mot Etat (≠ état) ne s’imposera que très progressivement: parmi les 1ers théoriciens de l’Etat, Bodin (XVIe), Hobbes et Locke (XVIIe) parlent de République (Res publica), de Commonwealth ou de Gouvernement. Le mot va s’imposer progressivement parce que l’Etat est un état avec un petit e qui définit un statut et c’est avant tout que pendant longtemps en français le

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terme continue d’exister. Chez les Anglo-Saxon, il y aune répugnance et on préfère parler de couronne, de Common Wealth et Bodin préfère chose publique mais tous ces auteurs qui ne veulent pas parler d’Etat, parlent d’Etat.

4.1. Machiavel (Le Prince, 1513): le précurseur

4.1.1. Le « réalisme » (précurseur de la théorie politique moderne): � Machiavel ne cherche pas d’abord à définir l’Etat (comme Bodin et Hobbes); Le prince

s’appelait principauté parlait plutôt de l’entité que du souverain. Il y a l’approche de Machiavel qui est moderne et scientifique. Il y a l’ambition, la priorité qu’il donne aux entités politiques. Machiavel est un réaliste au sens où contrairement à Bodin, Hobbes ; rousseau, il ne va pas chercher d’abord à définir l’Etat. Ce n’est pas un théoricien de l’Etat : il ne cherche pas à fonder l’état de le doter d’une théorie. Ce qui l’intéresse c’est ce qui se passe vraiment dans les principautés comme chez Aristote mais dénuée d’une éthique. Ce qui l’intéresse c’est comment font les princes. Il y a une dimension analytique qui est essentielle qui n’existe pas chez tous les théoriciens du politiques qui s’intéressent aux circonstances c’est en opposition avec une perspective définitive.

� s’émancipe des préoccupations sur le bien et la justice, communes aux Anciens et aux chrétiens; On est vraiment dans le paradigme de la modernité : comment faire à l’intérieur de l’entité politique pour que ça fonctionne plus ou moins paisiblement. En ce sens, on peut dire qu’il s’agit d’une priorité non éthique pas orientée vers le bien et le juste. On a une conception minimaliste du bien commun : maintenir le bien et la paix. C’est le point de départ des théories absolutiste du pouvoir (ex : mesure grecques de l’Europe)

- s’intéresse au fonctionnement réel du pouvoir (fondateur de la théorie politique moderne) et aux « circonstances » (fortuna). Pour assurer la stabilité des institutions de l’état, ca ne repose pas sur des valeurs, des principes mais plus pragmatiquement sur sa capacité à diriger en utilisant les bons instruments, la force et la ruse. Cette conception cynique a contaminé l’idée du machiavélisme

4.1.2. L’essentiel: la conservation du pouvoir - priorité non éthique: la stabilité pour garantir l’ordre et la paix (point commun aux

théories de l’absolutisme);

- la « virtu » du dirigeant ne repose pas sur ses valeurs mais sur sa capacité à diriger en utilisant au besoin la « force » et la « ruse ».C’est la conséquence directe de l’impératif de conservation de l’époque ; le dirigeant doit pas être vertueux mais courageux et malin : pouvoir inspirer la crainte et châtier aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur. Il doit être capable aussi de suscité amitié du peuple et pas faire de la pure tyrannie.

4.1.3. Une postérité difficile dans le contexte des Lumières, marquée par le rationalisme et l’idéal d’émancipation... Même si les choses se font progressivement, les lumières vont dire que ce qui compte est l’émancipation de la société par elle-même. C’est l’émancipation par le droit à travers l’idée d’égale liberté ;

En effet le Prince doit « ne pas s’écarter du bien, s’il le peut, entrer dans le mal, s’il le faut ».

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Pourtant:

- Machiavel anticipe la définition de l’Etat par ses structures juridiques propres et n’a pas défendu le despotisme cruel, seulement la priorité de la conservation de l’ordre politique; Tout ça (émancipation des lumières) n’est pas du tout présent chez Machiavel. Pourtant, cela ouvre la porte à une définition de l’Etat qui n’est pas là par le biais d’un principe extérieur de légitimation.

- Il est le premier à penser que les hommes n’ont pas pour maître la nature ou Dieu: seulement d’autres hommes, c’est-à-dire eux-mêmes... L’idée chez Machiavel est que les hommes n’ont pour mitres que d’autres hommes. S’ils sont le jouets c’est celui d’autre hommes. Si les hommes sont dominés par le prince, ils ne le sont par personne d’autres. On n’a pas l’idée d’émancipation mais que seuls des hommes commandent à d’autres hommes : les hommes sont leur propre maitres est une idée en gestation. Cette idée humaniste, pas fondée sur une idée d’émancipation ou d’égalité, cette idée là ne se retrouvera pas chez Bodin.

4.2. Bodin (Les six Livres de la République, 1576): La République (l’Etat) est « le droit gouvernement de plusieurs ménages et de ce qui leur est commun, avec puissance souveraine ».On présente la souveraineté, fondement juridique de l’Etat. Le droit gouvernement est à percevoir au sens du bon et du juste.

4.2.1. L’importance du contexte et des guerres de religion en France (lors de la Saint-Barthélemy, le 24 août 1572, des milliers de protestants sont tués); On présente cette œuvre abstraite à l’excès. Pourtant c’est une œuvre imprégnée par son contexte qui est celui des guerres de religion du 16ème siècle comme la Saint Barth.

- d’où: « (...) le principe fondamental des républiques est d’accommoder l’Etat au naturel des citoyens et les édits et ordonnances à la nature des lieux, des personnes et du temps (...) »; Ce contexte est important et assumé comme tel par Bodin pour assumer un pragmatisme de sa pensée. L’idée de Bodin est en effet de réaffirmer que le principe des états est de s’adapter au naturel des peuples

- signifie que la forme de l’Etat doit être adaptée aux circonstances. Cela signifie que ce qui est de manière générale la forme de l’Etat est adapté aux circonstances et en même temps, ce qui compte est la paix et la stabilité.

- et que ce qui compte c’est la paix et la stabilité Il y a une finalité commune à tous les penseurs : paix stabilité et aussi que la forme de l’état doit être adaptée aux circonstances.

4.2.2. D’où la distinction entre la forme et la nature de l’Etat: - la forme du gouvernement varie (monarchie, aristocratie, démocratie); mais la nature

juridique de l’Etat ne varie pas: il est SOUVERAIN ainsi, « même un petit roi est autant souverain que le plus grand monarque du monde ». Cela implique pour Bodin de distinguer la forme de l’état qui varie (monarchie, aristocratie, démocratie) tous trois concevable selon les circonstances. Et en même temps quand à la nature de l’état, elle ne peut pas varier. Son fondement est qu’il est souverain : la souveraineté de l’état est sa forme d’existence. La souveraineté est qu’il n y a pas de pouvoirs supérieurs à lui. Ainsi, quelques soit les différences entre entités politique : Même un petit roi, est autant souverain que le

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grand monarque du monde. Ce principe de souveraineté d’état ne sera consacré qu’un siècle lus tard avec le traité de Westphalie de 1648 qui met fin à la guerre de 30 ans. Cela n’a rien à voir avec l’époque féodale où les états ne se défissent pas comme ça les unes par rapport aux autres. Cette dimension juridique a une signification plus profonde au plan interne.

- Son pouvoir est de faire et de casser les lois: fondement juridique propre, interne, du pouvoir civile, qui n’est donné ni par la nature ni par Dieu. Le pouvoir de l’état ce en quoi est souverain et le pouvoir de faire et de casser la loi ne peut pas être dicté par des papes empereurs et rivaux. Cette dimension juridique donne un fondement interne aux pouvoirs civils qui n’a plus rien à voir avec un ordre naturel ou un ordre divin. Le droit ne remplace pas ce fondement. Commander est ici faire la loi.

4.2.3 La souveraineté de l’Etat est absolue et perpétuelle 1) « Perpétuelle »: c’est une institution permanente, fondée sur la dissociation personne du roi/charge, patrimoine/bien public, etc. d’où son caractère moderne C’est un prince moderne : l’état est une institution permanente qui peut pas disparaitre ni céder ni être divisé entre fils du roi.

2) « Absolue » (héritage théologique)

- indivisible, intransmissible (à l’image de la persona); On a ici quelque chose qui thématise et traduit ce qui s’opère dans la construction étatique ; la dissociation entre la personne du roi et la charge du roi. On ne peut pas confondre la fonction et la personne : c’est un peu « le roi est mort vive le roi ». De ce fait, le royaume n’est pas terre privée.

- la puissance publique doit qui fait le citoyen, s’orienter vers le bien commun mais

- ne permet même pas la liberté de conscience;

- ne résulte pas d’un contrat: c’est le souverain pas l’inverse: le peuple n’a aucun pouvoir Cette souveraineté absolue ne résulte pas d’un contrat C’est le souverain qui fait le citoyen et pas l’inverse le peuple n’a aucun pouvoir. Î Chez machiavel, il n’y a pas de fondement naturel et divin juste ce qu’il y a à

l’intérieur de l’état. La finalité de l’état est sa propre conservation. C’est détaché de l’éthique : il est obnubilé, il s’agit s’assurer la permanence de ce qui vient de naitre. L’état n’est pas présent avant le 15eme siècle donc fragilisé. Le fondement de l’état n’est pas autre lui-même : cela ouvre une brèche pour Bodin qui va dire que le fondement est le droit. Pouvoir du souverain c’est faire la loi.

-

4.3. Hobbes (Léviathan, 1651): la souveraineté par contrat et la représentation politique moderne

4.3.1. Le contexte: - Le modèle de la monarchie française et l’essor de l’Etat (en 1648 le Traité de Westphalie

met fin à la guerre de Trente Ans en ne reconnaissant que des « puissance égales »); On est dans un contexte également marqué par l’essor du modèle français qui s’en sort bien. C’est ç cet époque à laquelle le mot état finit par s’incarner dans la politique du roi, du ministre et dévient une notion clef de la diplomatie. Parallèlement, le traité de Westphalie

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en 1648 met fin à la guerre de 30 ans et redessine l’état comme des puissances souveraines égales entre elles du point de vue du droit .

- essor d’un rationalisme politique différent de celui de Machiavel; Hobbes écrit à une période ou s’affirme un rationalisme politique qui est assez différent du réalisme politique de Machiavel. ici on a une transition par rapport aux théories de la raison d’Etat ou on va de Plus en plus distinguer les intérêts du pouvoir des intérêts du monarque. On va évoquer le fait que les entités politiques doivent se préoccuper un minimum du bien commun sans parler de démocratie. On a l’idée de peuple en gestation, derrière tout ça. Il devient rationnel que la communauté politique doit se préoccuper du bien être ou du bien commun, d’une certaine forme d’intérêt général.

- l’influence de la philosophie rationaliste de Descartes et des sciences modernes, des mathématiques et de la géométrie; On a une influence forte de la philosophie de Descartes avec les mathématiques et redécouverte de la géométrie. On recherche l’harmonie, l’unité en ce qui concerne aussi la communauté politique. Il faut comprendre cette double influence externe avec cette préoccupation pour la guerre civile anglaise et l’alternance tyrannique (Stuart/parlementaire se succèdent). Il choisira de soutenir les monarchistes de manière mesurée en pensant qu’on a pas le choix pour l’unité du pays.

- En Angleterre, le siècle est dominé les guerres civiles opposant les troupes monarchistes

aux partisans du parlement, les Stuarts catholiques aux puritains... On est dans un contexte qui en Angleterre est semblable à celui de Bodin. Il y a des guerres civiles qui sont aussi des guerres de religion mais qui au delà de cet aspect ici les guerres civiles de religion opposent des troupes qui défendent la monarchie (Stuart, catholiques) et les défenseurs du parlement/puritains. Il va expliquer dans l’œuvre de Hobbes la préoccupation essentielle de la peur de la désunion, du morcellement du fractionnement de la communauté politique. Tout cela va nous tenir jusqu’à la glorieuse révolution de 1688 : elle consacre le principe d’une monarchie limitée par les pouvoirs du parlement et la reconnaissance des droits individuels.

- quelques mots sur la vie de Thomas Hobbes (1588-1679)... il naît prématuré à cause de la peur de l’invincible armada, nature fragile et inquiète sur le plan physique et psychique, beaucoup de tragédies, étudiant brillant, dans les années 1640 il a des pensées monarchistes et catholiques, il se réfugie en France, il voyage beaucoup et rencontre Descartes et s’intéresse à l’essor des sciences, géométrie, technique, l’ordre politique pourrait répondre à un agencement technique. Il revient en 1651 lorsque les troupes de Cromwell ont battu les Stuart, dictature puritaine qui l’accepte malgré tout, il publie le Léviathan, il mourra paisiblement

4.3.2. Une position charnière entre l’absolutisme (Machiavel et surtout Bodin) et l’école du droit naturel (Locke, Montesquieu, Kant et Rousseau): Avec Hobbes, on a vraiment une pensée transitoire, une position charnière entre d’un coté le réalisme de Machiavel et l’absolutisme de Bodin et l’école du droit naturel, les contractualistes qui sont divisés en libéraux et absolutistes. Cela explique les discussions sur la postérité de Hobbes.

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- le pouvoir absolu, seule solution pour garantir l’ordre et la sécurité; Ce qu’on voit chez Hobbes est qu’il n’ya pas de doute : la souveraineté absolue est la seule solution pour garantir l’ordre et la sécurité il n’ya pas de failles dans la pensée de Hobbes.

- mais son instauration est un artifice qui doit faire l’objet d’un contrat. Le pouvoir ne peut pas être limité sinon il va faillir à garantir la paix mais en même temps l’institution d’un tel pouvoir absolu doit faire l’objet d’un contrat. On n’est plus du tout ici dans un naturalisme et on n’est plus du tout ici non plus dans une pensée réaliste qui justifierait l’usage de la force. Il y a vraiment l’idée que le pouvoir absolu n’est pas naturel, mais artificiel qui doit être assuré par les hommes au moyen d’un contrat au moyen d’un accord. C’est révolutionnaire et pour partie en tension avec le première aspect de sa question qui est la défense du caractère absolu du pouvoir.

- Ce contrat revêt 2 aspects: l’association, qui institue l’Etat, le pouvoir civil, et la soumission à celui-ci. Chez Hobbes, le contrat revêt deux aspects : l’association le fait que les membres de la multitude se mettent ensemble pour instituer l’Etat et deuxième aspects mais concomitant au premier : la soumission absolue à se pouvoir absolu on se soumet d son plein gré. Même si il est dominé par l’absolutisme, le schéma de Hobbes admet le droit à la révolte lorsque le pouvoir créé par les hommes ne remplit pas sa part de contrat. Cet impératif de sécurité est écrasant par rapport à la question de la liberté. Chez Hobbes, la liberté est reléguée à la sphère privée. L’état permet aux peuples de garder sa liberté dans la sphère privée en garantissant la sécurité. Dans la sphère public, c’est parce qu’on a abandonné sa liberté publique qu’on peut avoir une liberté dans la sphère privée.

- Ainsi Hobbes envisage-t-il le droit à la révolte lorsque le pouvoir ainsi créé ne remplit plus sa part du contrat: assurer la sécurité... Tout en se préoccupant peu des libertés (publiques!)

Dernier trait: malgré l’importance du contexte pour la pensée de Hobbes, son modèle, quasi « géométrique », se veut universel, justifié par la nature humaine Il y a une importance de la menace de la désunion et de la guerre civile mais en même temps ce modèle e veut tout à fait universel ce qui revêt deux traits : prétention géométrique mathématique. Hobbes n’a de cesse de le justifier par la nature humaine : la aussi on est loin de Machiavel. Une anthropologie fondée sur les passions mais aussi sur les raisons humaines mais en particulier sur la prédominance de deux sentiments : un irrationnel l’autre pas : la peur et la crainte.

4.3.3. Chapitre 17 du Léviathan: « Des causes, de la génération et de la définition de l’Etat » (voir le site du cours) Objet: définir l’Etat comme puissance absolue et le justifier rationnellement comme tel par sa finalité:

� garantir la paix et la sécurité d’existence (ultima ratio), � constamment menacée à l’état de nature par les « passions naturelles ».

D’où la nécessité d’une puissance « une », qui inspire la terreur par la force qu’elle « représente »: le Léviathan. Il s’intéresse au caractère absolu et enfin il s’intéresse aux moyens de

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parvenir à l’institution d’un tel état. On retrouve une argumentation en trois parties : d’abord il s’agit de donner à l’Etat sa justification par rapport à sa finalité. C’est une justification rationnelle qui est de garantir la paix. Sa finalité est la vie, la sécurité, la survie. Cette paix et sécurité selon Hobbes sont menacées par les passions naturelles. Il faut une puissance une qui inspire la terreur qui serait le Léviathan

Le texte vise ainsi à démontrer:

1) pourquoi la sécurité n’est pas garantie en dehors de l’Etat,

2) pourquoi un Etat Léviathan, absolu, est nécessaire,

3) de quel contrat il résulte.

1) Commence en résumant toute la philosophie politique de Hobbes: la finalité ultime des humains est leur propre préservation...

Or n’est pas garantie à l’état de nature parce qu’il n’y a pas de peur du châtiment pour contraindre les hommes à observer les « lois de nature » (justice, équité, humilité, clémence), lesquelles sont contraires aux « passions naturelles » (partialité, vanité, vengeance): chacun ne peut compter que sur ses propres forces, « tout est permis, rien n’est garanti ». C’est la lutte pour la survie or cette préservation, cette sécurité d’existence n’est absolument pas garantie à l’état de nature alors que tous y prétendent. Parce qu’à l’état de nature, il n’y a pas de peur du châtiment pour contraindre les hommes à observer les lois naturelles. Le problème à l’état de nature c’est que les lois naturelles sont contraires à quelque chose de naturel que sont les passions. Il y a un conflit interne entre les lois de nature et les passions naturelles et donc rien ne contraint les hommes à respecter les lois naturelles. Dans cet état précivil, chacun ne peut compter que sur ses propres forces. Ce que Hobbes résume : « rien n’est garanti» . La liberté est totale mais l’insécurité d’existence aussi.

2) Le simple regroupement, le nombre ne garantissent pas la sécurité car les instincts et jugements particuliers divisent : il faut donc un « unique jugement », une puissance commune qui protège de manière continue et permanente.

Il faut donc créer un Etat, généré par l’abandon, par chacun, du droit de se gouverner soi-même à condition que tous fassent de même: cette union de la multitude institue une volonté une toute puissante, un Dieu mortel, à qui l’on doit paix et défense...et/mais/parce qu’il inspire la terreur. Le nombre l’élargissement des communautés n’est pas suffisant, comme on peut le croire, pour faire face au conflit avec l’autre. Le nombre en réalité ne garantit pas la sécurité parce que les jugements particuliers divisent les communautés politiques. Ca ne sert à rien de se rassembler en espérant que la masse fera l’autre. Il faut placer une puissance commune qui protège de manière continue et permanente. Parce que ça ne sert à rien de se mettre derrière un chef que en cas de conflit externe : il faut aussi en cas de conflit interne. Il faut perpétuellement assurer la paix. I faut donc un état civil qui sera forcément généré par l’abandon de chacun du droit de se gouverner lui-même. Tout le monde doit renoncer à l’usage de ses propres forces voir au droit de se gouverner soi même mais il ne le fera qu’à la condition que tous les autres fassent la même chose. C’est cette union de la multitude qui institue la volonté toute puissante (le dieu mortel) à qui on doit paix et défense en instituant la terreur. On doit au Léviathan la paix et la défense de se personne parce qu’il inspire la

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terreur tous. Ce n’est pas une concession de donner la toute puissance de l’état mais un gage de sécurité

3) Ce besoin d’un puissance coercitive est propre à l’homme:

« les fourmis ne se font pas du mal pour rien », leur assentiment est naturel, celui des hommes est artificiel, il faut donc le garantir durablement, par l’accord, qui institue l’Etat comme

« une personne dont les actes ont pour auteur, à la suite de pactes multiples, chacun des membres de la multitude afin que cette personne puisse utiliser la force et les moyens de tous comme il l’estimera convenir à leur paix et à leur défense ».D’où la dimension transitoire de la pensée de Hobbes: la souveraineté est absolue... Mais elle résulte d’un contrat.

C’est par ailleurs à Hobbes qu’on doit la première formulation de la question moderne de la représentation politique On n’est pas dans un schéma naturaliste : l’homme est un animal social mais il y en a d’autres. Les sociétés de fourmi fonctionne car l’assentiment est automatique elles se foutent pas sur la gueule. Mais chez les hommes on se fout sur la gueulent donc si ils passent un accord il est forcément artificiel c’est un acte institué c’est sur de le garantir durablement car il n’est pas nature. Cet accord institue l’état comme une personne dont les actes ont pour auteur le peuple

EXEMPLE D’examen double dimension contractualiste et absolutiste de la citation

4.3.4. La représentation (chapitres 16 et 18 du Léviathan): Au sens large: héritage antique (idée de rôle sur scène, de créer une personne fictive, « l’actor », qui représente) C’est à Hobbes qu’on doit probablement la reformulation de la théorie moderne de la représentation. C’est une reformulation moderne : la notion de représentation avait des racines anciennes auparavant. C’est vue comme une relation d’équivalence on retrouve ici quelque chose qui rappelle le théâtre antique : quelqu’un qui joue le rôle d’un autre comme un acteur sur scène. Celui qui est représenté peut être considéré comme l’auteur et le représentant l’acteur. A l’origine il y a l’idée d’une relation qui unit un auteur représenté et un acteur représentant qui porte les intérêts et la parole sur scène. L’idée est de représenter à la base de créer un rôle et instituer un rôle, composer une personne fictive artificielle : un personnage. C’est à l’arrière plan de sa conception du Léviathan.

- Au sens politique (moderne), la représentation vise l’unité:

« Une multitude d’hommes devient une seule personne quand ces hommes sont représentés par un seul homme ou une seule personne de telle sorte que cela se fasse avec le consentement de chaque individu singulier de cette multitude. Car c’est l’unité de celui qui représente, non l’unité du représenté, qui rend une la personne ». En ce qui concerne, la représentation politique, moderne du pouvoir politique ce qui est très important pour Hobbes c’est que le représentant, l’acteur celui qui joue doit agir comme un facteur d’unité, l’acteur le représentant c’est lui qui va unifier les auteurs. C’est cette ambition qui est exprimée dans la citation. Ce qu’il faut voir est que la préoccupation de l’unité est rencontrée à travers la représentation. On s’en fout que le peuple soit nombreux du moment que le souverain est un. Alors que le problème de Rousseau sera de garder la notion d’unité du coté de ceux qui ne peuvent être représenté : le peuple.

- Absolutisme: le représentant, le Léviathan, est aussi le souverain:

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« (Il faut) que chacun (...) se reconnaisse comme l’auteur de tout ce qu’aura fait ou fait faire, quant aux choses qui concernent la paix et la sécurité communes, celui qui a ainsi assuré leur personnalité; que chacun par conséquent soumette sa volonté ou son jugement à la volonté de cet homme ou de cette assemblée ».Cela implique surtout que ceux qui sont représentés une fois qu’ils ont désigné leur acteur, assistent impuissant à la mise en scène de leur propre activité politique. Chez Hobbes, l’acteur devient l’auteur, Le Léviathan est à la fois, le représentant et le souverain. Il y a une pensée de la représentation, une pensée qui est absolutiste.

- Ainsi, le représentant n’agit pas seulement « au nom de » mais « à la place de » (la multitude, du peuple), qu’il « incarne »: l’acteur devient l’auteur, le représentant, le souverain...Mais où réside dès lors... On passe en quelque sorte de la conception antique à l’idée d’incarnation beaucoup plus chrétienne où le Léviathan devient le peuple. Il agit au nom du peuple mais aussi à la place du peuple, c’est pour cela qu’on parle de soumission.

4.3.5. La dimension (pré-) démocratique de la pensée de Hobbes? - Rex est populus: c’est parce que le roi « est », devient le peuple que le peuple « est »,

reste, en un sens, le roi... Les révolutionnaires et les démocrates radicaux (cf. Robespierre), voudront garder l’identification entre source et exercice du pouvoir, entre souverain et représentant, typique de l’absolutisme. Si le peuple incarne le peuple il y a l’idée que le peuple incarne le roi. S’il est important que le roi devienne le peuple.

- le Léviathan est la création des hommes, qui n’obéissent donc qu’à eux-mêmes (selon Locke, ce serait cependant stupide de « vouloir se protéger des renards et des putois en créant un lion »...) contrepartie de ça est en quelque sorte l’idée que le peuple continue d’être reste le roi. Cette idée est particulièrement vivace dans la pensée de Hobbes. Même si le Léviathan devient l’auteur, qu’il y a une confusion absolue entre la source et l’exercice du pouvoir. Ce Léviathan n’en reste pas moins la création des hommes.

Mais son pouvoir est absolu, le représentant est souverain, à la différence des doctrines libérales de la démocratie, rien (ou presque: voir le droit à la révolte...) ne vient chez Hobbes borner le pouvoir du Léviathan. On a ici, l’idée que les hommes n’obéissent donc qu’à eux même et pour autant que leur paix soit garantie. Son pouvoir est absolu et c’est précisément cela que critiqueront les doctrines libérales de la démocratie qui veulent borner le pouvoir civil et la souveraineté de l’état. Selon Locke le contemporain de Hobbes, il serait sot de penser que les hommes voudraient se protéger de même en créant un lieu. On s’échappe d’un état de nature où rien n’est garanti vers un état absolu où l’homme est à la merci du souverain. Les révolutionnaires et les démocraties vont vouloir éviter récuser l’absolutisme monarchique mais aussi garder l’idée d’identification de l’absolutisme. Car si on distingue la source de l’exercice, le peuple perdrait sa souveraineté selon eux.

4.4. Rousseau (Du contrat social, 1762)La souveraineté populaire: l’unité par la volonté générale et l’autonomie par la loi Souveraineté et représentation modernes naissent dans le contexte de l’absolutisme: le souverain est le roi, qui représente la nation, comme le conçoit bien la doctrine chrétienne: chacun est partie d’un tout (corps) qui peut être symbolisé et mené par un seul (tête), que ce soit (Hobbes) ou non (Bodin) le résultat d’un contrat. On a cherché à montrer que la souveraineté adapté à l’Etat est né dans le contexte de l’absolutisme. Dans ce contexte de l’absolutisme, le souverain est le roi. La fonction royale représente la nation. Cela continue de fonctionner dans

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cadre chrétien de la souveraineté de la représentation. Chaque individu dans l’état est une partie d’un tout envisagé comme un corps, un corps social. Corps social peut être symbolisé par un seule, unité. Cette façon de se donner un chef peut ou non résultat qu’on considère absolutisme selon Bodin ou Hobbes ;Il y a un renversement complet, on va passer de la souveraineté du monarque à la souveraineté populaire qui est impensable chez ses prédécesseurs. En ce sens, ce n’est pas si original que ça en tout cas sous le premier aspect de la pensée rousseau.

Avec Rousseau, on passe de la souveraineté « absolue » du monarque à la souveraineté « populaire », « du peuple »: c’est un renversement.

Or pour que le peuple soit (vraiment) souverain, il faut:

1) qu’il soit uni, qu’il forme un corps, qu’il agisse de manière cohérente comme une personne raisonnable; Pour Rousseau, pour que le peuple ait vraiment le pouvoir il faut que le peuple soit uni, qu’il forme un corps, qu’il veuille pense, parle agisse de manière cohérente comme une personne raisonnable. On est dans des doctrines fondée sur l’idée de personne.

2) qu’il ait vraiment le pouvoir de transformer la société. Pour que le peuple soit vraiment souverain il ne faut pas seulement qu’il soit qu’un corps il faut aussi qu’il ait vraiment aussi le pouvoir de transformer la société. Ca sert à rien d’être uni si on n’a pas le pouvoir, il faut la capacité de faire. Et cette capacité est celle de se donner à soi même ses propre loi.

Il y a donc 2 exigences:

1) Une exigence d’unité du peuple, que doit rencontrer l’idée de « volonté générale », censée unifier le peuple en corps; Ce n’est pas original en soi mais original par l’aspect de volonté générale qui va encore plus unifier que ce qui été avant

2) Une exigence d’autonomie, qui se réalise par la loi, censée assurer l’émancipation du peuple. Elle se réalise pas la loi qui permet de faire sa société. Cette notion de loi, d’autonomie par la loi, ce sera une transition par rapport au versant libéral de Kant.

4.4.1. La volonté générale ou l’exigence d’unité du peuple - Le lien aux philosophies du sujet: responsable, majeur, autonome, raisonnable, le peuple

est pensé sur le modèle de la personne. En 1762, c’est par la volonté générale qu’il expose sa solution au problème. Si donc on écarte du pacte social, ce qui n’est pas de son essence. «Chacun de nous met en commun sa personne et toute sa puissance sous la suprême direction de la volonté générale ;et nous recevons en corps chaque membre comme partie indivisible du tout.»

- La volonté générale n’est ni la somme des volontés particulières, ni la volonté de la majorité, ni même la volonté unanime. Ce n’est pas la somme des volontés particulières et divergentes ni même la volonté de la majorité opinion du plus grand nombre. Selon ferry, la volonté générale est ce que chacun peut vouloir rationnellement lorsqu’il adopte le point de vue de l’ensemble.

- Elle est plutôt « ce que chacun peut vouloir rationnellement, lorsqu’ il adopte le point de vue de l’ensemble » et elle ne peut être ni injuste ni discriminatoire (voir J.-M. Ferry & J. Lacroix, p. 265-268). Ex de ferry par exemple, dans une assemblée si on était tous d’accord

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pour un système injuste cette volonté unanime des citoyens ne serait pas volonté générale mais si dans cette assemblé un seul veut un gouvernement juste et égalitaire : la volonté générale serait dans un seul. Elle peut donc résider dans la volonté d’un seul

- Mais de fait, elle ne triomphe, grâce à la loi, que si elle rencontre la volonté de tous (la loi ne triomphe pas et/ou n’est pas légitime si elle n’est portée que par une minorité), la volonté unanime est donc pratiquement la meilleure approximation de la volonté générale. La loi est ce qui fonde l’ordre politique et assure la souveraineté populaire. Il y a une rationalisation factuelle de la volonté populaire généralement dans les faits volonté générale est celle du plus grand nombre ;

- Mais c’est donc une utopie, particulièrement dans le cas des grandes nations politiquement divisées en factions. Observation de fait : cette idée de vérité générale est assumée par rousseau comme une utopie. C’est pratiquement impossible car les grandes nations sont divisées et fondées sur opinion divergent.

4.4.2. La loi ou l’autonomie du peuple - Si la 1ère exigence « renverse » la perspective absolutiste (le peuple remplace le

monarque), la 2e est plus « originale »: c’est l’idée que les sociétés sont capables d’agir sur elles-mêmes et d’écrire leur histoire. La première exigence ne faisait que renverser la perspective absolutiste à travers la volonté générale de Rousseau. Le peuple remplace le monarque alors que la 2nde idée est plus innovatrice : les sociétés sont capables d’agir sur elles mêmes et d’écrire leur historie. Le constructivisme de rousseau est absolu. Il sera transposé de manière radicale par révolutionnaires

- C’est une rupture avec la conception paternaliste chrétienne du peuple comme d’un enfant ayant besoin d’être éduqué. . Ici il y a une vraie rupture avec modèle de communauté politique et conception chrétienne qui voit plutôt le peuple comme un enfant qui a besoin d’être éduqué,

- Ici, l’émancipation des Lumières, l’autonomie du peuple se réalise par la loi, légitime ssi elle émane de la volonté générale ET de la volonté de tous, d’où le caractère « idéal » de la théorie de Rousseau. ici c’est on rompt avec l’idéal émancipateur des Lumières qui porte haut la valeur d’autonomie du peuple qui va jusqu’à construire son ordre et pas composé avec un ordre donné de l’extérieur. Cette émancipation, dans le modèle de Rousseau se réalisé par la loi. La loi ne sera légitime que si elle exprime la volonté générale et la volonté unanime ce qui est impossible et il n’a jamais dit que c’était possible de le faire.

- La loi jouera aussi un rôle crucial pour les révolutionnaires français.

- Et de même dans la philosophie plus libérale d’Emmanuel Kant (1724-1804), qui définit l’Etat comme « l’unification d’une multitude d’hommes sous des lois juridiques » (La métaphysique des moeurs, 1795). Cette conception de l’autonomie qui est l’originalité de sa pensée aura une double influence auprès des révolutionnaires français et chez les philosophes plus libéraux et aussi dans la philosophie politique d’Emmanuel Kant qui voient les lois juridiques comme des lois que les hommes se donnent à eux même.

- Cependant, Kant ne pense pas, même dans l’idéal, que le peuple doive ou puisse exercer le pouvoir même s’il en est la source légitime. Cependant Kant fait une distinction libérale

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entre source légitime du pouvoir qui est le peuple et la représentation du pouvoir qu’il n’est pas souhaitable de confier au peuple. Pour Rousseau c’est souhaitable mais impossible, pour Kant ni souhaitable ni possible

4.4.3. La critique de Kant et des libéraux (dont B. Constant, XVIII/XIXe): - Le peuple ne peut pas directement exercer le pouvoir, faire les lois ; ce n’est pas

seulement utopique, c’est dangereux. L’idée des libéraux c’est que le peuple ne peut pas directement exercer le pouvoir et n’a pas la capacité de faire les lois car c’est dangereux.

- D’où la distinction libérale entre la source du pouvoir (le peuple) et l’exercice du pouvoir, ou entre souverain (peuple) et représentant.

- Cette distinction règle le problème pratique mais limite le pouvoir du peuple ; la solution parlementaire/représentative est rejetée par Rousseau: « Le peuple anglais pense être libre; il se trompe fort, il ne l'est que durant l'élection des membres du parlement; sitôt qu'ils sont élus, il est esclave, il n'est rien. » Si on représente le pouvoir on détruit le pouvoir c’est donc un limite drastique au pouvoir du peuple. Le peuple n’est souverain qu’au moment de l’élection et perd sa souveraineté quand les représentants sont élus.

Cette distinction était niée par Hobbes mais aussi par Rousseau

Conclusion provisoire En bref, les théories de l’absolutisme et de la souveraineté populaire radicale ont en commun de ne pas dissocier entre:

- le représenté (source du pouvoir)

- et le représentant (exercice du pouvoir).

Les théories libérales de la souveraineté populaire limitée (Kant, Constant, e.a.) qui, au contraire, distinguent les deux, ont pour origine l’anti-absolutisme libéral « révolutionnaire » de John Locke (1632-1704).

Un siècle avant Rousseau, Locke vise à limiter le pouvoir de l’Etat: le véritable souverain et la limite de tout pouvoir, c’est l’individu et la propriété (le droit naturel à la vie, à la liberté, et à jouir de ses biens).

Chez Hobbes celui qui représente devient souverain. Chez rousseau, le peuple ne peut pas être représenté sinon il n’est plus souverain. Ce que vont faire les théories libérales c’est faire la distinction. Ces théories ont un ancêtre commun qui est l’anti absolutisme de John Locke. C’est un siècle avant rousseau que Locke imagine de limiter le pouvoir de Rousseau. Donc Locke n’est pas anti rousseau car il était avant. Locke a bien saisi la menace de l’absolutisme. Ce qu’il invente véritablement c’est les droits de l’individuels et la propriété droit naturel à la vie, à la liberté et à jouir de ses biens.

4.5. John Locke, Traité du gouvernement civil (1689): souveraineté absolue de l’individu, souveraineté limitée de l’Etat, les origines du libéralisme 4.5.1. Le contexte de la naissance du libéralisme politique de Locke:

- le même contexte que Hobbes, un parti opposé (proche de la noblesse Whig qui fonde le parti libéral) On est ici un siècle avant Rousseau mais en Angleterre. C’est le même contexte

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que celui de Hobbes : une société anglaise déchirée par les guerres de religion qui voit se succéder des épisodes dictatoriaux. Ils sont contemporains mais il va prendre le parti opposé à celui de Hobbes. Il est proche de la noblesse Whig.

- le « même » contrat/constat, des prémisses et des conclusions opposées

- Après la Glorieuse révolution anglaise de 1688 son traité devient une référence au siècle des Lumières « Il n’est pas de plus sage esprit que celui de Monsieur Locke » disait Voltaire. Il est le père fondateur du libéralisme politique. Il défendait la liberté humaine contre toute forme de despotisme contre tout pouvoir public.

- Importance du contexte: la propriété comme le droit de l’homme qui a faim Dans le contexte de Locke : on est pré capitaliste, pas encore marqué par la révolution industrielle et ses conséquences sociales. C’est un contexte marqué par le mercantilisme où la propriété qui aura tellement d’importance est encore liée au travail de la terre mais en tout cas où la propriété n’est pas encore liée à la société salariale à la marchandisation du travail humain. La première chose à dire est que c’est vraiment dans ce contexte précapitaliste que doivent se comprendre ces propositions sur le droit des propriétaires (pas des gros propriétaires), c’est le droit des individus qui a faim et qui doit donc être propriétaire de la pomme qu’il cultive. On n’a pas affaire ave Locke à une justification de l’état bourgeois ou d’un régime censitaire. La propriété est ce qui garantit l’indépendance de l’individu quand il n’est pas protégé par sa famille, sa communauté son village, il y a une considération réaliste qui correspond bien à la dynamique d’individualisation. A l’heure où l’individu ne peut plus être protégé par sa communauté ; la propriété correspond à une garantie de sa liberté. On n’est pas dans la défense d’un modèle économique. Elle n’a pas pu empêcher la défense d’un type d’économie qui ne protégera pas ceux qui ne sont plus propriétaires.

4.5.2. L’Essai sur la tolérance (1667): un principe politique, non moral

Illustre le réalisme des premiers penseurs libéraux. C’est un contexte de guerre de religion mais qui va défendre en réaction le principe de liberté de conscience et de liberté de culte. L’idée est que la foi est du ressort de la conscience individuelle. Ce principe politique ne se trouve pas fondé par une morale par une éthique. Locke ne demande pas à l’individu d‘être tolérant ; il demande à l’Etat de ne pas se mêler de ce que pense les individus. C’est ce qui fera dire à Michéa que le libéralisme est une philosophie de la peur de la guerre qui ne peut pas permettre l’unification.

4.5.3. L’anti-absolutisme ou les limites au pouvoir politique Locke s’oppose à l’absolutisme de Hobbes ou de Filmer: la délégation de souveraineté des individus au gouvernement civil ne conduit pas les individus à abandonner leur liberté naturelle. Dans le traité du gouvernement civil (1689), Locke s’oppose à l’absolutisme de Hobbes en développant l’idée que déléguer la souveraineté de l’individu à l’état n’amène pas les individus à abandonner la liberté naturelle.

Les individus sont détenteurs de droits fondamentaux, et le gouvernement non seulement ne peut leur porter atteinte mais doit les garantir. Les individus ont des droits fondamentaux (propriété privée) le gouvernement peu pas y toucher et doit même les garantir durablement dans l’ordre politique.

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L’originalité de Locke est donc de s’intéresser non à l’essence, à l’origine ou aux fondements du pouvoir politique mais à ce qui le limite. En quelque sorte le pouvoir politique est défini par sa finalité mais paradoxale, la finalité est de garantir le droit du peuple qui l’institue. C’est minimaliste. Les limites viennent de deux côtés :

- les droits des individus à la vie (sûreté), à la propriété de soi et de son travail, à la liberté et à la résistance au pouvoir injuste

- l’organisation institutionnelle limite également le pouvoir de l’Etat:

- la répartition des pouvoirs (législatif ou suprême, exécutif, fédératif...) (sur laquelle se fondera la séparation des pouvoirs de Montesquieu, L’esprit des lois, 1748) empêche leur concentration; Locke dit que le pouvoir ne doit pas être divisé mais réparti, différencié renvoyé à des fonctions distinctes. Ca s’oppose à l’idée pyramidale de Hobbes, c’est sur cette intuition que va se développer la conceptualisation de Montesquieu.

- le respect absolu de la loi y compris par les gouvernants (constitutionnalisme);Il n y a rien de tel chez Bodin (constitutionnalisme). Ici ceux qui exercent le pouvoir y sont soumis

- la représentation: les parlementaires doivent représenter la société : toujours aristocratie mais il ya l’idée que les parlementaires doivent être issus de la société anglaise, doit être un peu à son image. En définitive il s’agit de la meilleure garantie contre les excès de l’absolutisme royal du contexte de Locke.

En résumé: John Locke jette les bases du libéralisme politique dans un contexte encore marqué par le mercantilisme, et la grande propriété foncière (pas encore par le capitalisme industriel).

Il s’oppose à Hobbes et à l’absolutisme monarchique mais, avec un siècle d’avance, il sape déjà les fondements de la souveraineté populaire de Rousseau et des doctrines radicales de la démocratie. (Locke est « l’anti-Rousseau », pour B. Constant.)

En effet, le pouvoir du « peuple » et celui de ses représentants se limitent mutuellement.

Au-dessus de tout se trouvent les libertés naturelles des individus, leurs droits en tant qu’hommes, dont le droit à la propriété, qui ont pour seule limite de ne pas nuire à autrui.

Conclusion A la fin du XVIIIe, la pensée réactionnaire se développera contre la révolution philosophique qui défend la primauté de droits individuels universels, et contre la révolution en actes qui prétend faire table rase du passé pour instaurer la souveraineté du peuple par la loi.

Au XIXe, la critique marxiste dénoncera le caractère abstrait des droits-libertés individuels, les injustices liées à la propriété, le caractère inachevé de la révolution et l’hypocrisie de l’Etat bourgeois dans le contexte de la révolution industrielle et des inégalités qu’elle suscite.

Cette critique trouve ses origines dès la Révolution française: les révolutionnaires radicaux n’entendent pas abolir la propriété mais en ménager l’accès à tous les citoyens: « sans le désir ou l’espoir de l’égalité de fait, l’égalité de droit n’est qu’une illusion cruelle » (député Harmand, Convention, 25 avril 93) or « comment les institutions sociales peuvent-elles procurer à l’homme

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cette égalité de fait que la nature lui a refusée sans atteinte aux propriétés territoriales et industrielles (...) sans la loi agraire et le partage des fortunes »?

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La critique des droits de l’homme chez Marx ou Marx fut il vraiment un critique des droits de l’homme ?

Introduction Le contexte personnel de l’exposé : elle travaille sur les critiques des droits de l’homme. Si on démarre avec la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, cette déclaration est vue comme reconnaissance des droits naturels. Elle a donné lieu à des critiques conservatrices comme Edmund Burke en 1790 qui va dire que cette déclaration est incitation à l’anarchie et à la tyrannie. Il y aura une critique différente qui sera la critique progressiste de Jeremy Bentham, un démocrate, en 1791. Il y aurait aussi ce qui serait la critique révolutionnaire de Karl Marx de 1844 (il était jeune) qu’il fait dans la question juive. Cela donnera lieu à des filiations et des critiques différentes ; Le titre de cette conférence est interrogatif. Marx est un auteur pas facile à présenter parce que sa pensée souffre du fait qu’il est le seul penseur politique dont tout le monde pense savoir ce qu’il a écrit sans l’avoir lu. Tout le monde sait qui est Karl Marx et pense avoir une vague idée de ce qu’il a écrit et tout le monde pense pouvoir se positionner par rapport à lui. Can porte atteinte à sa pensée car personne ne prend la peine de le lire. On serait surpris par la fraicheur de ces analyses. Il y a des passages sur la démocratie, l’individu : on découvre un Marx loin de l’image caricaturale qui est la sienne. C’est un auteur qui a eu une postérité tellement importante. Sa pensée donne lieu à de nombreux conflits d’interprétation. On cherche ici à montrer qu’il n’est pas décident de libérer une interprétation univoque de la pensée de Marx. Marx était un critique résolu des droits de l’homme, lors de sa jeunesse dans la question juive. Dans cette interprétation reçue, il y ‘eut un ouvrage d’un auteur oxford David Leopold qui s’appelle the Young Karl Marx prend le contrepied sur les idées reçues sur Karl Marx et les droits de l’homme. Il revient au contexte ou Karl Marx a écrit ce texte. Cela éclaire d’un sens différent les arguments de Marx. Ici on va tenter de combiner plusieurs lectures qui semblent opposées. Il est difficile d’établir avec précision ce que pensait Marx des droits de l’homme, il faut donc combiner. Cela permet d’élucider des concept clef dans sa pensée. On va présenter l’interprétation dominante de la pensée de Marx, qui n’est pas fausse mais à compléter par le contexte.

I. Marx, critique radical des droits de l’homme

A. Les droits de l’homme comme idéologie Une idéologie pour Marx est une forme élaborée de la conscience. Cela veut dire que les individus qui composent la classe dominante possèdent une conscience, un système de valeurs et au fond, pour Marx, l’idéologie est uns systématisation de la conscience de la classe dominante. C’est une organisation systématique du système de valeur de la classe dominante : système de valeur partagé par classe dominante qui est présenté comme système organisateur de l’ensemble de la société. Une deuxième caractéristique de l’idéologie est donc de considérer que le monde est dominé par les idées. Les idées et les concepts seraient les principes dominants de la vie sociale. C’est ce que Marx appelle placer les hommes et leur rapport la tête en bas » : il

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estime que les idées sont déterminées par la base matérielle (organisation de la vie sociale, organisation des facteurs productions). « ce n’est pas la conscience qui détermine leur être, c’est l’être social qui détermine leur conscience ». Etre idéologique est que ‘ordre sociale détermine la conscience.

Le Marxisme, ne serait pas économisme. Si on lit attentivement Marx et Engels (son pote avec qui il a écrit), dans leur pensée, la détermination en dernier instance par l’économique ne signifie pas que tel ou tel élément pas économique (droit) ne puisse jouer un rôle déterminant. Engels dit à un journaliste : « D'après la conception matérialiste de l'histoire, le facteur déterminant dans l'histoire est, en dernière instance, la production et la reproduction de la vie réelle. Ni Marx, ni moi n'avons jamais affirmé davantage. Si, ensuite, quelqu'un torture cette proposition pour lui faire dire que le facteur économique est le seul déterminant, il la transforme en une phrase vide, abstraite, absurde. « Il était important d’insister sur le facteur nié de l’économie, mais il ne prétendent pas que c’est le seul facteur déterminant. Si on prend Raymond Aron, contemporain intellectuel français non marxiste mais l’ayant pas interprété. Il s ‘érige contre l’interprétation moniste, interprétation économique qui considère que le moteur de l’histoire de Marx n’est que l’économie. Les hommes sont intégralement définis par le travail. Cette interprétation est selon lui fausse car Marx reconnaissait l’efficacité d’autres facteurs.

Pour Marx, le système de la classe dominante organise la société. Les droits de l’homme sont idéologie car prétend avoir une portée universelle alors que son objet est de protéger l’ordre socio économique existant. Cela protège l’intérêt de la bourgeoisie capitaliste émergente qui doit se libérer d’entraves pour commercer librement. Les droits de l’homme convertissent les droits utiles à la bourgeoisie en droits dit naturels. Les droits de l’homme s’intéressent à une personne particulière : l’individu possessif, propriétaire du capitalisme. Il y a une volonté chez Marx de démystifier les droits de l’homme. Il s ‘agit de dévoiler leur vraie fonction. Ces droits de l’homme ne font que traduire le souhait de la nouvelle classe commerçante.

B. Droits de l’homme et égoïsme Marx analyse la déclaration de 1789 et montre que les droits proclamés dans ce texte : droit à liberté, sécurité, sont des droits qui sont tout entiers tournés vers la satisfaction des désirs égoïstes de l’individu. Il note par exemple, la liberté, c’est le droit de faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». Si on conçoit la liberté ainsi, on va toujours considérer l’auteur homme comme réalisation de la liberté mais comme limite à notre liberté. Notre liberté est celle d’un atome replié sur lui même qui voit dans l’autre homme un obstacle possible à la liberté. Le droit de propriété est de jouir de sa fortune et d’en jouir sans se soucier des autres. C’est une façon de se prémunir de l’interférence des autres hommes.

Question juive : aucun des prétendus droits de l’homme ne dépasse l’homme égoïste. C’est à dire un individu replié obéissant à son arbitraire privé. Les droits de l’homme nourrissent un atomisme social. Les hommes, au lieu de se concevoir comme des entités interdépendantes, se conçoivent comme des atomes qui pensent se suffire à eux même.

C. La schizophrénie entre l’homme et le citoyen Dans la question juive, Marx ne critique pas l’ensemble des droits de la déclaration universelle des droits de l’homme. Il prend au sérieux la distinction de la déclaration de 1789 entre les droits de l’homme privé (liberté de religion, d’association circulation… ) et les droits du citoyen (participation à la vie politique). Il reconnaît que ce droit de désigner ses représentants ne peut

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être exercé que par des hommes qui agissent en collectivité. Il reconnait l’importance de ces droits politiques et il note d’ailleurs que l’émancipation politique, la proclamation de l’égalité politique est un grand progrès. Il insiste tout de même pour dire qu’il y a un paradoxe. Au moment même ou un peuple en faisant sa révolution et forme une communauté politique contre la monarchie absolue, ce peuple même va nier la condition politique de l’homme en proclamant des droits de l’homme qui sont ceux d’un atome replié sur lui même. Au moment de la révolution où le peuple s’affirme collectivement, prend conscience de son existe il va paradoxalement affirmer les droits d’un homme privé replié sur lui même. Il y a deux vies, l’homme privé et une à ambition collective. Tout de suite, Marx ajoute qu’en réalité, si on regarde le texte de plus près on verra tout de suite qu’il y a une hiérarchie : les droits du citoyen sont subordonnés aux droits de l’homme, du bourgeois qui sont présentés comme droits naturels. Il y a les droits du citoyen d’un coté mais ce qui prime c’est les droits naturels qui servent l’intérêt de la bourgeoisie. Dans déclaration de 1789l : le but de toute association politique est conservation de la propriété privée. Donc Marx dit que ce qu’on voit est que la vie politique où l’homme agit en collectivité, n’est qu’un moyen au service de la vie civile, privée : sphère où l’homme agit en tant qu’être isolé. Pour Marx l’homme est un être social, donc l’isolement est quelque chose d’artificiel. Finalement cette sphère où l’homme agit de façon collective est abaissée en dessous de la sphère isolée, où l’homme est dans une situation artificielle. « La fin est privée pour moyen est moyen pour fin » : au fond, on met la vie sociale au service de la vie privée, alors que ça devrait être l’inverse. Ce sont les grands éléments de la critique de Marx.

II. Retour au contexte de Sur la question juive. Il faut nuancer la critique radicale de Marx par le contexte. La difficulté d’interprétation est que nous lisons aujourd’hui les textes de penseurs politiques passés comme si c’était des entités autonomes. On oublie que parfois ces textes répondent explicitement à quelqu’un. La nécessité est que Marx a fréquemment développé la pensée en répondant à d’autres philosophes de son temps aujourd’hui oubliés. Sur la question juive est incompréhensible si on ne lit pas le texte auquel il répond : c’est le texte de Bruno Bauer et son article de la question juive. Un des premiers obstacles à une bonne compréhension des droits de l’homme ; on ne peut le comprendre si on ne voit pas qu’il répond à l’autre auteur. Pour comprendre le sens de la critique des droits de l’homme de Marx, il faut revenir à ce texte de Bruno Bauer.

Bruno Bauer est professeur de l’université de Bonn. Marx a été son étudiant, il fait partie entre 1841 et 1849 de la gauche hégélienne. La critique de Marx sur la question juive, s’adresse à un philosophe qui est alors considéré comme une figure de la gauche libérale en Prusse. L’enjeu de l’époque est la question des droits politiques et civils des juifs dans l’état chrétiens de la Prusse. Ce qu’on appelle la question juive est l’ensemble des questions liées au statut légal des juifs qui y sont installées. La question juive est la question de savoir si la Prusse doit lever un ensemble de discriminations légales qui subsistaient envers les juifs. A l’époque où est publié sur la question juive, subsistaient un ensemble étendu de discriminations envers les juifs. Il y avait tout un ensemble de postes publics qui leur étaient fermés (avocat, officier d’armée,..). Dans ce débat, la question juive est de savoir si on doit étendre la reconnaissance de l’égalité des droits civiques et politiques aux juifs. La question juive de Bauer aura un retentissement énorme car il est partisan de La déclaration de 1789, il est libéral mais se prononce contre la reconnaissance des droits des juifs.

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� Bauer est un Hégélien qui considère que le moteur de l’histoire est la réalisation de la liberté. Pour lui la réalisation de la liberté est incompatible avec la croyance religieuse. La liberté est la réalisation de l’universel. Or la religion donne une vision partielle donc fausse de l’humanité. Il faut que les individus remplacent la religion par une identification à l’espèce humaine. Son deuxième point

� L’histoire suppose l’abolition de la religion mais le christianisme a une plus grande affinité avec la conception de la liberté que le judaïsme. Le christianisme va plus loin que le judaïsme : le christianisme reconnait l’universalisme de l’humanité. Le judaïsme à l’inverse est une religion exclusive, particulariste. Le judaïsme biblique n’enseigne pas l’amour du prochain. Pour un juif, seul un autre juif comme un frère. Un juif est ici défini comme une reconnaissance religieuse et non nationale.

La stratégie française a relégué la religion dans la sphère privée. On va établir un état neutre ou la religion est dans la sphère privée. Pour Bauer c’est inacceptable, ça ne remplit pas les conditions de la liberté : la religion est intacte. Cette révolution française qui a permis l’émancipation des juifs car il y a contradiction entre exigences de religieuses des feujs et les idées libérales. Juifs savent pas faire la différence entre question de religion et politique. En gros ce qu’il dit c’est que l’expression même d’un juif émancipé c’est une contradiction dans les termes. Les juifs doivent renoncer à être un peuple séparé des autres et donc à leur religion alors que le christianisme est plus prêt à ce basculement selon lui. Pour Bauer, si les juifs veulent une égalité des droits, ils doivent abandonner le judaïsme

B. La réponse de Marx Il publie en 1844, sa réponse dans un journal allemand

L’émancipation politique ne suppose pas l’abolition de la religion Il est faux de dire que la réalisation de la démocratie libérale suppose l’abolition de la religion. Il prend l’exemple des USA qui est le modèle le plus achevé de démocratie libérale de l’époque. Le jeune Alexis De Tocqueville va aux USA pour connaitre l’avenir de la démocratie. L’indépendance américaine a eu lieu en 1766. Marx prend aussi l’exemple des Etats Unis : il dit qu’il n y a pas de religion d’Etat dans la constitution américaine de 1787 alors qu’aux USA il y a une vie religieuse très vivace et diverse. Or dans cette démocratie libérale achevée, on voit bien que l’existence de la religion n’est pas en contradiction avec le principe libéral de démocratie. Or Bauer disait que si il y avait plus de religion d’état il n’y aurait pas de religion du tout et les Etats Unis montre le contraire. C’est un premier point pragmatique : la séparation de l’église et de l’état peut s’accommoder d’une pratique vivace religieuse en privée.

Le privilège de la foi, le droit de pratiquer la foi est un droit de l’homme universel. L’abolition politique de la religion (pas de religion d’état) n’est pas l’abolition de la religion tout court. Marx inverse la question de Bauer et dit si on considère ce qu’est l’émancipation politique en quoi on peut demander aux juifs de renoncer à leur religion. L’émancipation politique ne suppose pas du tout l’abolition de la religion. Ce que Bauer n’a pas compris et que le jeune Karl Marx affirme c’est que l’émancipation politique n’est pas l’émancipation humaine.

L’émancipation politique n’est pas l’émancipation humaine Pour Marx l’émancipation politique est compatible avec la persistance du fait religion, mais pour Marx la persistance de ce fait religieux signale bien ‘l’existence d’un manque. Si les gens pratiquent encore la religion, c’est qu’il y a un problème. S’il les hommes étaient réalisées dans

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leur intégralité, ils n’auraient pas besoin de la religion. La vie politique ne comble pas un besoin. Le maintien de la religion est un symptôme des limites de l’émancipation politique ; Le problème n’est pas la distance entre maintien de la religion et émancipation politique. Le vrai problème est la distance entre émancipation politique et émancipation humaine. Si les hommes ont encore besoin de la religion c’est parce que émancipation politique ne réalise pas l’émancipation humaine.

Pour Marx, dans l’émancipation politique, l’état peut être état libéral sans que l’homme soit libre. Par exemple l’abolition de la propriété au sens politique (abolir le cens/suffrage censitaire) n’abolit pas la propriété dans la vie réelle, donc les inégalités économiques. Les inégalités d’éducation de naissance peuvent être supprimées politiquement en donnant à tous le droit de vote mais pour autant, cela ne supprime pas les inégalités de fait. L’émancipation politique est un progrès mais n’est pas émancipation humaine. Pour Marx, la réalisation de l’état libéral est la dernière forme d’émancipation de l’émancipation humaine.

Pour les droits de l’homme, le texte de Marx qui est fortement cité est réputé hostile aux droit de l’home a quand même pour visée pratique de démolir l’argument de Bauer de refuser des droits politiques au juifs. Ce texte qui a la réputation de dénigrer le droit de l’homme a pour effet pratique de ne pas faire abandonner la religion aux juifs pour avoir des droits politiques.

L’émancipation politique suppose un clivage entre société politique et société civile : La vraie source de désapprobation de Marx n’est pas vis à vie des droits de l’homme mais plutôt d’un modèle qui sous estime la valeur de la communauté, de la citoyenneté. Ce qu’il veut est que l’individu ne peut s’épanouir que si il est en interaction avec d’autre. L’être replié sur lui même est partiel. Or la déclaration des droits de l’homme fait de cet être partiel, le seul être réel. Aron note dans son essai sur les libertés, Marx ne veut pas revenir sur les critiques de la révolution française. Marx n’a pas une pensée conservatrice Pour Aron, la démocratie libertaire s’impose avec évidence. Ce qui indigne Marx est que l’égalité politique ne soit pas sur le plan réel. Pour Marx, il ne s’agit pas de critiquer les droits de l’homme mais c’est plutôt de pointer leurs insuffisances. Il ne méprise pas les libertés politiques et personnelles mais elles semblent dérisoires tant que l’inégalité réelle des hommes les empêche de jouir authentiquement de ces droits. Pour Marx, l’égalité politique est quand même un grand progrès mais qu’il ne confond pas avec émancipation humaine

Conclusion : le débat interprétatif Marx n’est pas un critique des droits de l’homme. On peut pas aller jusque là quand on va dans le contexte particulier de la question juive on voit que l’objet de Marx est surtout de réfuter Bauer mais on ne peut pas s’en tenir uniquement au contexte. On doit constater que la condamnation virulente et la réfutation des droits de l’homme occupe une place importance. Dans la sainte famille il dit que les droits de l’homme visent à restaurer la base de la société antique qu’était l’esclavage en remplaçant la domination bourgeoise. Même si on concédait que Marx n’a pas condamné les droits en tant que tels : il a interprété les droits de l’homme comme étant par nature individualistes. C'est-à-dire,qu’au fond il est dur de contester que les droits de l’homme sont par nature égoïstes pour Marx et contaminés par le capitalisme. En ce sens, Marx a pu contribuer à nourrir dans une grande partie de la gauche une sorte de mépris pour les droits de l’homme qui ne seraient que des droits formels/ Un grand héritage marxiste comme Claude Lefort ou E Balibnar et Rancière ont critiqué Marx tout en lui resta nt fideles. Leur point

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commun est de dire que Marx n’a pas vu le caractère déstabilisant et associatif des droits de l’homme. Lefort dit que Marx n’a pas vu la dimension socialisante des droits de l’homme. Marx dit que droits de l’homme sont droits dans l’individu privé. Marx est resté dans la lettre des droits mais pas dans les effets pratiques. La liberté d’opinion si on s’en tient à la lettre c’est le droit d’un être privé, mais en vrai cela touche à la communication. Le droit de l’homme privé a donc des effets sociaux tout comme la liberté d’association. Le cœur de la critique de Lefort repris par d’autre auteurs marxiste est de dire que Marx a pas vu la distinction entre droits de l’homme distinction égoïste privé et droits du citoyen ne tient pas : il y a toujours une dimension socialisante collective même dans les droits privés car peuvent pas être exercés par homme seul. Il a pas vu l’intérêt pratique de ces droits : comment il y a une force émancipatrice et socialisante sous jacente à la déclaration. C’es tune pensée marquée par l’héritage de Marx en le retravaillant ;

QUESTIONS **** Bentham, utilitariste : est un démocrate qui a une conception réformiste

**** est ce que Marx est un communautarien : un certain nombre des critiques adressées par les communautariens aux droits de l’homme peuvent entrer en résonnance avec des passages de Marx où il s’attaque à cet homme privé de la société bourgeoise. L’analogie peut être un faux semblant. Chez Marx il veut l’individu s’accomplissent comme être social. La volonté des communautarien est l’idée que nous ne choisissons pas les communautés qui s’imposent qui sont déterminées naturellement. Alors que chez Marx, l’individu fait des associations choisies. Les communautariens seraient plus proches de Burke qui dit que les appartenances ne sont pas choisies. Chez Marx, l’idée d’un être social est l’idée d’un être qui porte une responsabilité au sein de groupes sociaux. L’individu s’accomplit par le choix d’activités alors que le communautarien ne parle pas de choix.

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5. Pensée réactionnaire

Introduction : qui sont les réactionnaires et pourquoi les étudier ? Elle se développe après la révolution française. La critique marxiste des droits de l’homme n’est pas une critique réactionnaire au sens de Burke Maistre et Bonald. Néanmoins, on considère que Marx fut vraiment un opposant aux droits de l’homme (idée que les droits de l’homme font pire que mieux car fournissent une idéologie à la bourgeoisie ou idée que les droits de l’homme, la révolution bourgeoise est une première étape révolutionnaire, indispensable pour l’émancipation humaine : c’est précisément pour cette raison que Marx considère qu’il faut octroyer des droits politique aux juifs, qu’il n’y a aucune base pour leur refuser). Dans un sens comme dans l’autre, il n’est pas réactionnaire car il veut une évolution dans un sens ou dans l’autre : on ne revient pas sur l’égalité de droit ou sur la liberté, il ne pense donc pas comme un réactionnaire. Le problème de Marx est qu’il n’aurait pas vu que ces droits prétendument individuels sont potentiellement aussi des droits collectifs absolument nécessaires pour l’émancipation d’une classe (opinion, expression). Contrairement à ce que prétendent les libéraux, on ne peut amalgamer les critiques : tous ceux qui critiquent les droits de l’homme ne sont pas réactionnaires.

C’est intéressant pour ne pas donner l’impression non plus que l’histoire de la pensée politique est un progrès continu : chaque fois qu’on voit un nouvel auteur, on ne va pas nécessairement vers plus de démocratie. L’histoire peut aussi faire des « retours en arrières » extrêmement rudes. On a l’impression d’un progrès de l’histoire qui n’est pas toujours vrai : selon qu’on considère l’histoire des idées politiques et de la vie politique. C’est d’autant plus vrai que le 20ème siècle sera marqué par une rupture extrêmement profonde : la pensée fasciste et la critique de la pensée libérale et du parlementarisme, l’arrivée au pouvoir en Europe de mouvements anti parlementaire… On ne peut ignorer l’origine doctrinale possible de ce qui a marqué essentiellement la plupart du 20ème siècle. Il faut envisager la critique réactionnaire pour voir en quoi les marxistes ne sont pas réactionnaires, pour ne pas voir l’histoire comme un progrès mais aussi parce que c’est une critique qui n’est pas dépourvue d’intelligence. C’est une critique qui met la conception moderne, libérale, révolutionnaire en face de ses contradictions. C’est un de ses points communs avec le marxisme : des auteurs intellectuels, érudits. Comme les premiers marxistes, ils vont montrer les contradictions du libéralisme. Un autre point commun, ce sont des auteurs qui vont décrire la déshumanisation de l’ère industriels avec des termes proches de ceux des marxistes. Ils vont décrire, les taudis, le travail des enfants, la misère, la saleté avec des termes confondant avec ceux des marxistes.

Il ne faut pas caricaturer la pensée révolutionnaire : c’est une pensée complexe traversée par des courants différents. Il y a des différences qui sont presque des oppositions : Burke est libéral anglais alors que les autres sont des monarchistes quasi à l’autre bout du spectre politique. Pour les auteurs réactionnaires est que 1789 est le mouvement inaugura. Il n’y a pas de réactionnaires avant ça : ce mouvement s’est construit en réaction à la révolution de 1789. En même temps, le terme réactionnaire va caractériser des auteurs qui ont des opinions divergentes : limitation de la monarchie (oui pour Burke, pas du tout pour les français), liberté… C’est aussi un terme connoté, comme le marxisme. Quelqu’un taxé de conservatisme ou réactionnaire est un peu péjoratif. Quand on se déclare réac, aujourd’hui, on assume une posture provocatrice. Le plus souvent cela désigne des auteurs et des idées de droite. Mais à l’époque de l’idée cela ne veut rien dire car il n’y a pas d’assemblée. Michéa se réclame d’un socialisme éthique, est souvent taxé d’auteur réac. Etre réactionnaire aujourd’hui est être politiquement incorrect voire anti progrès. Du point de vue des chercheurs, cette étiquette du réactionnaire éclabousse même les scientifiques qui étudient les

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auteurs réactionnaires. Zeev Sternhell, dans les anti-lumières, va dire que depuis le 18ème siècle, les réactionnaires recyclent les mêmes idées : aucun intérêt. Le fascisme est un produit évident du courant réactionnaire. C’est donc une pensée difficile à étudier objectivement. Il y a aussi une tentation de réhabiliter les auteurs. Face à ce déni de ces auteurs, on veut les défendre au-delà de ce qui est défendable. Tous les auteurs donc il s’agit aujourd’hui (Burke, Maistre), vont défendre des choses incompatibles avec nos idées d’aujourd’hui (idée très peu démocratiques, défense de l’inégalité, Maistre considérait l’Inquisition comme une institution bonne et douce).

Pourquoi étudier des idées qu’on ne peut réhabiliter ? Cela pointe les contradictions de la révolution. Mais aussi que c’est pensée conséquentes avec elles même alors que souvent les idées doivent faire des compromis. Par rapport au libéralisme politique, il y a des contradictions liées aux compromis. Alors que la pensée réactionnaire qui ne fait pas de compromis est cohérente avec elle même. Maistre et Bonald veulent revenir à l’absolutisme et cette théorie de la souveraineté de l’Etat les amène à justifier la peine de mort. C’est argument gardé par des réactionnaires à l’heure qu’il est. L’état doit avoir droit de mort sur ceux qui désobéissent aux lois de l’état car il est souverain. Selon Pierre Manent, ce n’est pas un hasard si beaucoup d’état des USA gardent la peine capitale. L’abolition de la peine de mort est une encontre à la souveraineté de l’Etat. Ces réactionnaires vont aller jusqu’à penser la figure du bourreau : il faut tuer le criminel mais en même temps on ne peut pas tuer. Maistre et Bonald vont faire une réflexion sur la figure du bourreau. Le bourreau un statut spécial, hors de l’état, pour que l’état puisse le tuer sans être criminel. Ce sont des auteurs qui assument leurs idées, ont le mérite intellectuellement de pousser jusqu’à leurs extrêmes certaines théories et vont montrer les contradictions de certaines idées des lumières.

Un réactionnaire au sens courant est quelqu’un qui veut revenir en arrière sur certains acquis. Ce sont des auteurs intelligents et réalistes qui savent qu’on ne peut pas revenir en arrière littéralement et que ce n’est pas souhaitable. Ces auteurs voient bien que c’est l’ancien régime qui a mené à la révolution. Si on retourne à ce régime on aura donc une autre révolution. Ils se divisent sur la question de savoir s’il faut revenir au règne de la noblesse qui caractérise la fin de l’époque féodale, la société de court, s’il faut revenir à un état dominé par la noblesse et ses privilèges ou s’il faut revenir à une monarchie absolue. Dans une monarchie absolue, le monarque absolu a confisqué des prérogatives à la noblesse qui sont devenues ses courtisans et c’es t ce qui a permis la révolution française. Il y a vraiment une pensée réactionnaire divisée en deux : partisan de la noblesse et partisan de la monarchie absolue. Ce n’est pas un bloc monolytique car on sait que l’ancien régime n’est pas une période idéale. Tous les auteurs réactionnaire partage néanmoins des idées essentielles communes. Qui sont le refus de l’égalité et de la liberté abstraite, on refuse le 1er article de la déclaration des droits de l’homme et citoyen (tous les citoyens naissent libres et égaux en droit). Ce principe est contraire aux hiérarchie naturelle et sociale sur lequel repose la société : pas de hiérarchie, pas de société. Maistre et Bonald refusent toute liberté alors que Burke refuse le caractère abstrait de la liberté. Le deuxième refus est celui du cosmopolitisme. On ne veut pas que tous les individus en tant qu’être humains sont égaux et libres. Il y a l’idée chez les réactionnaires que toutes les cultures sont particulières : ça n’a pas de sens de mettre les nations sur un pied d’égalité et puis surtout il y a une critique de l’idée même d’individualisme. Un individu appartient d’abord à une communauté par exemple la communauté nationale. Le 3ème refus est celui de la sécularisation : on ne sépare pas l’église et l’état. C’est vrai pour Maistre et Bonald et Burke mais pour des raisons différentes. Ce qu’il faut voir est que ces trois points communs peuvent être développés par les différents auteurs de manière différente.

Cette pensée réactionnaire est considérée généralement qu’elle se divise en trois courants:

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a)conservateur : Burke qui aura une forte prospérité par exemple, dans le libéralisme de Hayek dans son fondement t de l’analyse sociale. Chez eux le cœur de la critique est le refus du contractualisme, ce que Burke critique le plus sévèrement, ce qu’il rejette à partir de la révolution français e est l’idée que ce sont les hommes qui créent la société. Cette idée pour Burke doit être rejetée car fausse et dangereuse. L’idée que les hommes sont mettre de leur destin politique est dangereuse car il existe des ordres sociaux naturels, spontanés et quand les révolutionnaires français font table rase des privilèges et des ordres, détruisent la société. Cela entraînera la violence et la terreur. Cela implique de défaire ce qui existe naturellement qui permettait à la société de tenir ensemble. En quelque sorte, cette idée est une idée anti absolutisme. L’absolutisme s’est construit comme unification de la société autour du roi. Ce que vont faire les conservateur est de tourner la critique de l’absolutisme non pas contre la monarchie, mais contre la démocratie : le contractualisme notamment. Ce qu’il vise est le contractualisme, le constructivisme donc la révolution elle-même : pas forcément les idéaux, ni la terreur.

b)romantique : n’est pas un courant politique mais le romantisme est plutôt poétique. Le romantisme, ce qu’il reproche essentiellement à la révolution française est d’être une révolution bourgeoise. C’est son défaut, pas au sens marxiste, mais les bourgeois sont accusés ici d’être des êtres égoïstes ne poursuivant que leurs intérêts économiques êt responsable à travers leur mode de vie de la perte de la communauté. Il y a une nostalgie des liens communautaire et notamment ce que la communauté a permis dans le domaine des arts. Ce qu’il faut voir st que le romantisme est irréductible à un courant réactionnaire, ce n’est pas une forme politique ou alors elle est instable car elle s’est adaptée à d’autres courants politique. A la fin du 18ème siècle, les romantiques sont des réactionnaires notamment en Allemagne. Par exemple Novalis a des idées extrêmes sur la révolution et la chrétienté. Mais plus tard, la grande figure sera Benjamin Constant qui est un libéral. Victor Hugo fait aussi très fort au 19ème siècle car ce gars là va passer du monarchisme au républicanisme le plus complet sans cesser d’être romantique.

c) la réaction au sens propre : Il faut un souverain absolu qui surplombe la société et la protège y compris contre elle-même on a un retour à une forme de théologie politique extrêmement poussée.

Æ Le point commun est que ce sont des pensées qui se développent en réaction à la révolution française. Cette pensée naît par rapport à la déclaration. Ils n’attendent pas la terreur pour condamner la révolution française. Pour Maistre et Bonald, avant la RF, ce ne sont jamais des auteurs qu’on aurait considéré comme réactionnaire. Burke est libéral des Whig il défend la révolution américaine, les colons les insurgés. Il se fait le porte parole du droit des minorités,, défenseur du droit des indiens. Il aurait été un progressiste : des auteurs comme Maistre et Bonald passeraient aussi pour des progressistes : ils ont lu Voltaire et t Rousseau : ils sont pour des réformes des droits féodaux mais ce qui révéla leur caractère révolutionnaire est la révolution française. Cette révolution française est condamnée avant 1789 bien avant que le sang coule de la part d’un libéral. C’est ce qui donnera la force à ces travaux. Burke est considéré comme un auteur qui a une préscience. La révolution française met l’Europe à feu et à sang et finit par menacer l’Angleterre. C’est un anglais. Maistre est savoisien à une époque où la Savoie n’est pas française. Il est défenseur de la Savoie, ce qui horrifie Joseph de Maistre st que ces savoisiens vont être accusés de traitrise par le gouvernement révolutionnaire. C’est ce qui horrifie Joseph de Maistre au plus au moins : impérialisme de la RF qui au prétexte de défendre tous les hommes va conquérir par la guerre un pays et va accuser les fuyard de traitrise. C’est contraire à la souveraineté ave c une guerre au nom du droit de l’homme

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2. Edmund Burke (GB), Réflexions sur la révolution de France (1790): la pensée conservatrice

Burke est l’initiateur de la pensée conservatrice ne Angleterre. Ce qui compte zen 1789 est de montrer que la révolution française n’a rien à voir avec la glorieuse révolution de 688 ni avec la révolution américaine. Les insurgés n’ont pas de prétention internationale. Ils ne veulent pas faire triompher des droits abstraits et ils font leur révolution au nom de la liberté anglaise. Ils revendiquent leur indépendance au nom d’un modèle particulier du libéralisme : la liberté concrète. Cette liberté anglaise, elle n’est pas abstraite (en droit proclamé) ça renvoie au contraire à un ensemble de droits historiquement hérités. C’est le fruit d’un héritage historique. Burke n’est pas un réactionnaire sur ce point car il ne veut pas un retour un arrière mais la conservation du modèle anglais: limitation de la monarchie par lia liberté parlementaire. Les anglais, comme les américaines n’ont jamais revendiqué comme les droits égaux à tous comme en France. Ici on une liberté face à un roi despotique au nom même de la tradition (En UK)à.

Ce sont des traditions libérales remontant à la Grande charte du 13ème siècle. Burke libéral qui défend un modèle historique. Est-il incohérent en défendant liberté anglaise et condimentant liberté française ? Il ne se contente pas de défendre la liberté des anglais, il défend aussi les droits des indiens (contre roi du Bengale). Il n’est pas incohérent avec la condamnation des libertés abstraites : pour lui, il existe bien quelque chose comme des droits naturels de la société contre l’état mais cers droits de la société contre l’état mais ce sont des droits limités. Par exemple, les individus ont le droit d’être catholique dans un pays anglican. C’est une conception limité des droits de l’individu alors que la liberté extrême serait la laïcisation de l’état hors c’est ce que prétendent faire les français. Ils prétendent que les droits des individus sont pas le produit d »une histoire (rapport à la religion) mais sont le pur produit d’un contrat. Ce n’est pas une idée modérée mais une idée extrême c’est une idée absurde, destructrice qui menace tout ordre social. Le constructivisme, le contractualisme prétend construire ordre social par rapport à la volonté des hommes. Hors de contractualisme est voué à la destruction : quid des gens qui n’ont pas fait le contrat ? Un ordre bâti sur le contrat est voué à la destruction dès que les générations futures ne seront pas contractantes. La société ne reposera plus sur rien. De même, toutes les nations ne seraient pas fondées sur un contrat, de même que faire du patrimoine social. Intégralement, toute cette idée de fonder les droits et l’ordre social est une illusion destructrice de tout ce qui existe et peut exister. L’idée de Burke est que l’Etat n’est pas là pour garantir les droits abstraits mais est là pour que les individus puissent satisfaire leur besoin. Or , si on est réalistes, les individus ne peuvent satisfaire leur besoin que dans une société prospère riche, développée économiquement or la paix et prospérité nécessite intrinsèquement des inégalités. Il faut une inégalité entre ceux qui gouvernement et ceux qui ne gouvernent pas. Supprimer les inégalités comporte une menace de violence, entraînera l’endettement et la famine. Burke n’est pas totalement visionnaire, certaines de ses pages font pitié. Sa pensée est marquée par une forme d’ambigüité et de contradiction. Quand il défend la liberté anglaise, on peut se demander s’il défend vraiment la liberté ou la tradition anglaise qui a mené à la liberté. Défend-il la liberté en tant que telle ? Si c’est le cas,, il devrait accepter une révolution au nom de la liberté, or il refuse ça. On peut donc le considérer comme conservateur car pour être consistant il est quasi obligé de prétendre qu’il n’y a pas eu de révolution anglaise. Il relativise le caractère de révolution.

3. Maistre et Bonald (F): l’essence de la réaction contre-révolutionnaire

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Burke est obligé de relativiser les conservateurs. Maistre et Bonald écrivent dans un autre contexte et l’idée de liberté chez Burke ne sont pas chez Maistre et Bonald et ils vont dire que 1688 la révolution anglaise avait bien eu lieu ; Pour eux, cette idée de révolution est satanique ; la révolution est le mal absolu. Pour considérer l’ordre politique, il n’y a qu’une alternative : soit l’obéissance, soit l’insurrection. Evidemment, il y a une dimension religieuse forte : la loi est divine et implique une hiérarchie sociale naturelle incompatible avec égalité de fait comme de droit, cette loi divine fait l’homme. C’est donc la loi qui fait l’homme, à laquelle l’homme obéit. On est dans un schéma opposé au contractualisme des lumières ; Le peuple n’a qu’à obéir. La révolution a contesté la loi divine, l’inégalité naturelle, l’ordre hiérarchique voulue par . Maistre dit la terreur sera la punition divine.

Les trois traits de cette critique réactionnaire de la révolution française est son anti individualisme (les homme sont aucun droit de liberté, ils sont soumis à la loi divine), elle est anti contractualisme (toute convention visant à contrarier l’ordre divin des société est maléfique et instable et bien sur c’est une pensée anti démocratique) . La démocratie n’ayant pas de passé elle n’a pas d’avenir (pensée de Burke). Au-delà de ces trois traits, anti individualisme, anti contractualisme, anti démocratie, la pensée réactionnaire marquée par deux idées fortes.

Conclusion:

- la « modernité » de la critique réactionnaire - le lien/la rupture de la doctrine fasciste 1) Toute société est naturellement inégalitaire : cette idée est exploitable sociologiquement .

Un individu est inséré dans un système social qui préexiste. On est d’abord fils de : ordre social qui préexiste dans lequel je joue un certain rôle auquel on me soumet dès ma naissance. Maistre et Bonald vont justifier cet état de fait. Ils disent que ce qui existe de fait existe de droit. Alors que la pensée marxiste et la sociologie de cette inspiration va dénoncer cela (ex :Bourdieu)

2) Pour eux, l’inégalité politique prolonge l’inégalité sociale mais cette inégalité politique va être justifiée comme pouvant canaliser l’inégalité sociale. Les gens n’ont pas même patrimoine, pas même statu : les sociétés naturellement divinement sont inégalitaires. Ces inégalités de fortunes sont la condition de la vie sociale ; Il faut des riches pour qu’il y ait des pauvres. C’est impensable qu’il n’ait pas d’inégalité. C’est leur analyse de base. On est ici dans le domaine politique, l’inégalité la plus irréductible, n’est pas comme chez Marx l’inégalité de fortune mais c’est l’inégalité politique. Le fait que certain commande et d’autre obéisse est irréductible et est le propre d’une pensée démocratique. Ou bien on assume cette inégalité politique ou bien on la dénie. Si on l’assume (comme eux le font), il suffit de reconnaître que les nobles ont plus de droits politiques que les autres mais aussi plus de devoirs. Chez Maistre et Bonald, la noblesse d’état (appelé service public) est cette classe social à qui devrait revenir tout le pouvoir mais qui en échange est au servie de la société. C’est ce que ne peut pas être la bourgeoisie car c’est une classe économique. Si on dénie cette inégalité naturelle, la violence arrivera. L’égalité politique de droit proclamée par les démocrates n’entraînera jamais une inégalité de fait social. Au contraire, elle va même aggraver les choses. Ce que les réactionnaires mettent en avant. En démocratie, lorsque tout le monde a les mêmes droits politiques, il y aura contradiction entre le droit et le fait, entre l’égalité de droit et l’inégalité sociale de fait. De fait, le souverain n’est jamais le peuple. Lorsqu’on prétend qu’il n’y a pas d’inégalité politique, on permet en réalité que se déchaine l’inégalité purement économique, la pire de toute qui n’est contrebalancé par rien

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qui menace la vie de l’être humain (proche marxisme). Dans une démocratie, ou les riches gouvernent de fait, ont selon les réactionnaires aucun devoir. La bourgeoisie est une classe dont la caractéristique est de s’enrichir. La bourgeoisie va aggraver la déshumanisation des sociétés libérales. Bonald juste l’esclavagisme, dénie les droits au juif va décrire les usines, le travail des enfants dans des termes qui sont une critique incroyable de la société bourgeoise. ? C’est un aspect de la pensée de ces auteurs réactionnaires qui ne sont pas des nostalgiques de l’ancien régime mais des théoriciens de la puissance publique. Ils veulent restaurer la souveraineté en redonnant son rôle à la noblesse. La noblesse est la seule chose qui peut endiguer les inégalités qui se déchaineraient dans une société bourgeoise prétendument démocratique. C’est une idée théorique extrêmement forte. Ce sont des auteurs qui évidemment défendent des positions extrêmes et quasi indéfendables. C’est des auteurs qui en viennent parfois même à justifier la terreur comme punition divine. Les inégalités de droits se justifient pour eux dans un contexte d la division de travail. Les individus ont de plus en plus des statuts différents. Ils mettent en évident une autre contradiction ;: nos sociétés reposent sur l’héritage . Il y a inégalité de fait qui est ancestrale.

3) Ce qu’on a essayé de mettre en évidence il y a une critique de l’égale liberté, de l’individualisme, une défense d’une doctrine communautaire, d’un corps social hiérarchisé avec à la tête un chef. Il y a des hiérarchies naturelles à l’opposé de toute pensée d’égalité. On va retrouver tout ça dans les doctrines fascistes. En même temps, on ne peut penser une politique d’extermination dans le cadre de la pensée réactionnaire (ex nazi) parce que la référence à la religion chrétienne marque un cran d’arrêe mais ce verrou que fera sauter la doctrine chrétienne. La force n’est pas justifier pour elle-même il n’y a pas de culte de la force come dans la pensée de Mussolini. L’inégalité politique es justifier par Maistre et Bonald au regard de la protection des plus faible. Cette dimension sera totalement absente de la pensée nazi puisque précisément les doctrines fascistes et nazi par l’élimination du faible de la société. L’argumentation n’zest pas la même : force pour la force au 20ème etc force pour protection des plus faibles chez les réactionnaires)

6. Marx

Introduction: la vie (Trêves 1818- Londres 1885) et le contexte Il y a au moins un point commun entre Marx et les réactionnaires : c’est que Marx est aussi dur à aborder. Il y a 1000 Marx il est difficile à synthétiser. De plus, c »’est une œuvre con notée et difficile à lire. Au-delà de sa difficulté qui fait qu’elle est connue que de ses interprètes, elle est associée à des régimes liberticides et meurtriers. Mais également, elle est associée à un échec des régimes communistes. Elle revêt deux grands aspects essentiels

� sur le plan analytique scientifique elle fournit une analyse puissante de l’ordre social de son temps. Il y a une puissance analytique de la pensée marxiste qui sera reconnue par ses détracteurs même comme Aron.

� Sur le plan politique il y a une vision indissociable de l’analyse sociale et économique. Che Marx, il y a l’idée que la pensée, la philosophie doit contribuer à changer le monde. Il s’agit probablement par rapport à tous ceux qu’on a vus dans ce cours.

Il s’agit d’un penseur sans équivalent du point de vue des doctrines politiques et de l’analyse sociale. C’est un incontournable pour la philosophie politique, la sociologie, l’histoire ; C’ets un analyste des

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rapports sociaux, des structures politiques, des religions. Mais également, c’est un personnage politique pas de premier plan car la scène politique de l’époque ne laissait pas place aux socialistes. Mais tout de même un acteur clef qui domine le débat politique.

Il faut mettre l’œuvre en contexte avec les critiques de la révolution industrielle que Marx va supplanter complètement. Son œuvre se voulait adaptée aux réalités du temps, adaptée aux nécessités politiques.

6.1 « La théorie »/l’analyse (Critique de l’économie politique, 1857) C’est difficile de ne pas se défaire de la connotation du marxisme, et des événements du 20ème. Lui même assumait, qu’il serait déformé au service de lutte révolutionnaires. Il n’était pas dans une distinction entre théorie et pratique, il n’est pas sauvé de la responsabilité de ce qui est commis en son nom. Néanmoins, le contexte dans lequel il écrit son œuvre est un contexte différent.

Il né en Allemagne et meurt à Londres. Ils ‘engage très tôt dans la vie politique, il écrit dans des journaux, ce qui le forcera à Paris puis à Bxl où il rédigera le manifeste du PC en 1848. Le premier livre du Capital est en 1867 lors d’un exil à Londres. Ce contexte d’écriture est l’expansion du capitalisme industriel, on est 50 ans après des critiques réactionnaires qui parlaient déjà de paupérisation. Ici, le contexte est aggravé par les guerres coloniales qui exportent l’impérialisme capitaliste. Parallèlement à ces guerres, se développent les flux internationaux. Du point de vue technique, c’est le développement de la sidérurgie, des chemins de fer, et de nouvelles techniques qui amènent au développement de al presse er de la diffusion des infos à une autre &échelle de ce qui prévalaient jusque là. Le contexte politique de 1848 est celui des révolutions en Europe qui vont échouer presque partout mais c’est un contexte d’effervescence révolutionnaire sur le plan politique populaire et nationaliste. Dernier élément de contexte est l’explosion de la classe ouvrière urbaine, le développement du prolétariat industriel qui est abordé à l’époque en des termes très péjoratifs avec des descriptions effrayantes de cette population misérable qui s’entasse dans les villes et rendue responsable dd propagation de maladie. Les termes descriptifs de cette population sont incroyablement forts. Ce danger pour la santé publique, la classe ouvrière rend très inquiet à la fois, les classes dirigeantes mais aussi toutes ces critiques socialistes issues de la bourgeoisie. La peur du danger de la classe ouvrière pour la société est structurante et explique les critiques socialistes du monde industriel. Même quand elle semble philanthropique, il y a cette peur de la classe ouvrière. Il y a un aspect théorique dans l’œuvre de Marx qui se trouve en grande partie dans la critique de l’économie politique.

6.1.1. Influences 1) la philosophie allemande: Hegel (+1831) et Feuerbach (+1872) Marx prend d’Hegel l’idée que le tout domine les parties. Il y a une pensée importante de l’individu chez Marx. On dit que c’est un constructiviste : il pense le social à travers les relations sociales. Ce n’est pas un Durkheim holiste. Mais il y a tout de même l’idée chez Marx que l’individu ne peut pas être pris en dehors de sa communauté et que donc c’est la vue d’ensemble qui détermine ce qui se passe à l’intérieur. Il y a aussi l’idée que la réalité est évolutive, c’est une pensée fondamentalement historique. Chez Marx, cette évolution est conçue comme une dialectique. Le cours de l’histoire serait marqué par des contradictions et chaque passage à un stade ultérieur serait la résolution des contradictions du stade antérieur. Chaque période de l’histoire est marqué par des contradictions qui se dénouent à travers le conflit chez Marx au stade ultérieur. Evidemment, chez Marx, il s‘agit de remettre Hegel sur ses pieds puisque ce n’est pas la conscience qui détermine l’existence sociale, ce n’est pas les idées qui impriment le cours de l’histoire mais les conditions matérielles d’existence.

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C’est elle qui font que nous pensons qce que nous pensons, que nous avons les institutions politiques et religieuses que nous avons. Chez Marx, ce qui est déterminant, c’est les conditions matérielles d’existences. Ce qui ne veut pas dire que les idées ne jouent pas aucun rôle mais les hommes se les créent selon les réalités qu’ils vivent. Marx applique cette idée à la religion qui est créée par l’homme selon Marx. Ce qui n’empêche pas que la religion se retourne contre l’homme. Ce que l’homme crée comme le marché ^peut très bien se retourner contre les hommes.

2) le communisme en France c’est l’ébullition qui marque les années 40. De cela, en témoigne une phrase choisie parmi d’autre. Dans les années 40, Marx est à Paris particulièrement à l’avant garde ; IL regarde ce qu’il se passe dans la classe ouvrière et « c’est parmi ces barbares que nous trouverons l’émancipation pratique ». Il y a tout ce qu’il situe comment il considère, la classe ouvrière la révolution. Que la classe ouvrière est le principal acteur et qu’elle libérera du capitalisme.

3) l’économie politique: Smith (+1790) et Ricardo (+1823) Smith décrit le marché comme se régulant d’une main invisible, il ne faut donc pas intervenir. Ricardo va ajouter l’importance des classes sociales. Marx va dire que c’est le marché qui est prédominant pour comprendre les classes sociales. Il va reprendre ces analyses mais pas les conclusions. Il ne défend pas l’inégalité entre classes sociales. Il dira que leur objet de réflexion est bon. Ce qui est important est effectivement le marché, ce qu’il se passe dans la société civile et le rôle des classes sociales. L’objet de ces auteurs était le bon parce Marx va défendre l’idée que ce qui compte est ce qui se passe dans la société civile et non dans l’Etat. L’important pour lui est de comprendre comment les hommes produisent et la place qu’ils occupent dans la production. C’est une innovation majeure parce que si on s’intéresse aux hommes réels, concrets, tous ne sont pas logés à la même enseigne. Dans la théorie politique de l’époque ce n’est pas évident. On parlait de peuple : totalité pas forcément hiérarchisée ni divisée en classe. Il ya des gens qui possèdent des moyens de productions et des gens qui ne sont propriétaires de rien, qui ne possèdent pas les moyens de production. Ce qu’il faut bien voir et que s’inspirant de l’économie politique : l’homme est avant tout un producteur. Si on veut comprendre la société bourgeoise, c’est ça qu’il faut étudier : pas les structures juridiques mais comment cela se passe concrètement. C’est de ces différences entre possédants et non possédants qui fera l’avancée historique. « D’abord la bouffe ensuite la morale » : cela résume l’esprit matérialiste et explique pourquoi il y’aura révolution. Les idées du prolétariat révolution viendront de leur situation d’exproprié. Les idées dérivent de situations concrètes et matérielles.

6.1.2. La société civile: mode de production, propriété des moyens de production, rapports de production, c’est là que ça se passe... Dans cette société, le prolétaire est dépouillé de moyens mais libre contrairement au serf. Ce qui caractérise de manière plus essentielle le capitalisme industriel, le fondement de l’aliénation des hommes dans ce type de société est ce que Marx appelle le fétichisme de la marchandise. Le fétichisme de la marchandise renvoie à l’idée que le marché, dans le capitalisme, créé par les hommes a fini par s’autonomiser et à les dominer totalement. Avant ça, dans la société féodale, on ne produisait pas pour accumuler des richesses mais pour consommer. Les producteurs consommaient leur production agricole. On produisait pour consommer et non pour accumuler. Ce qui était produit était consommé et donc contrôlé par la communauté. La valeur de ce qui était produit dépendait de la consommation directe ;c’est ce qu’on appelle la valeur d’usage. La communauté choisissait ce dont elle avait besoin, donc ce qu’elle produisait et en quelle quantité. La communauté déterminait la valeur de ce qu’elle produisait. Le marché a attaché la production de l’entité communautaire. Dans le capitalisme, les produits sont de moins en moins fabriqués pour être consommés mais de plus en plus pour être vendus. Vendus c'est-

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à-dire échangé contre de l’argent. Ce qui compte n’est plus la valeur d’usage mais la valeur d’échange. Et, nous dit Marx, peu à peu, la valeur d’usage va prendre de l’importance. Le but de la production sera produire de plus en plus de richesses pour réinvestir cette richesse. L’accumulation du capital devient un but en soi, ce que Marx Weber a aussi mis en évidence. La richesse devient abstraite en particulier pour ceux qui produisent : l’homme, le producteur, dans ce système n’est plus qu’un instrument dans la production.

1.3. Le « fétichisme de la marchandise » et l’aliénation par le marché caractéristique du capitalisme Les hommes ne contrôlent plus ce qu’ils produisent, ils subissent le contrôle de la production. . Frédéric Thomas dit que dans une société capitaliste ; jamais dans l’histoire on a produit autant de richesse et jamais il n’ya eu autant de différences entre riches et pauvres. Cette accumulation de richesse implique ces écarts. Une des autres conséquences, dans des pays en voie de développement, on produit des GSM plutôt que des céréales alors que ces populations ont besoin de céréales. Mais la loi du marché pousse à la production de GSM car leur valeur marchande est plus grande. Chez Marx, on a l’idée que le marché a été créé par les hommes mais finit par se comporter comme une personne qui contrôle tout. L’aliénation est une force représentation de soi même : oublier qu’on a créé le marché et ne pas voir qu’on en est esclave. Ce n’est pas qu’une illusion car effectivement les hommes sont dominés : il ya une traduction sociale extrêmement concrète. Pour se libérer de cette aliénation, il ne suffit pas de perdre cette illusion, car les implications sont concrètes. On ne peut pas se libérer de l’aliénation sans toucher à la manière dont on produit. Ce n’est pas d’idées que viendra la libération mais le renversement au mode de production nocif.

6.2. Révolution et lutte des classes

6.2.1. Qu’est-ce qu’une classe sociale? Pour Marx, dans le Manifeste du PC, le moteur de l’histoire n’est pas tel ou tel classe sociale mais la lutte entre elle, c’est la division même entre les classes. Cette idée de classe sociale vient de Ricardo. On arrive chez Marx au paroxysme de l’évolution qui est l’expropriation de la classe bourgeoise par la classe ouvrière. Une classe sociale, soit se comprendre dans un contexte ou le rapport social dans la société civile est le rapport entre producteurs et moyens de production. Le propre de classe ouvrière est d’être exproprié des moyens de production. Pour Marx, les membres d’une classe sociale partagent les mêmes conditions de vie et d’existence. De ce fait, les membres d’une classe sociale partagent un même mode de vie, une même culture. Eventuellement ils peuvent développer certains liens et devenir une force politique s’ils prennent conscience de leur existence en tant que classe. Pour Marx, il y a deux choses : les classes en soi et ses caractéristiques (avoir les mêmes cultures), la classe en soi (quand les membres d’une même classe prennent conscience de leur appartenance). Il y a un débat actuel sur l’existence de classes. Marx dirait que il y a des pays propriétaire de riens et d’autre propriétaires de nombreuses choses donc il y’a des classes en soi, mais pas de classes pour soi : pas de conscience. Il y a aussi des hommes et des femmes, des divisions ethniques nationales ; Il ya aussi des différences générationnelles. Mais son idée est que ce qui est déterminant est la division en classe.

6.2.2. Qu’est-ce que la classe ouvrière? A l’intérieur des lasses, la plus importante pour les modes de production et la lutte politique est la classe ouvrière. C’est parce que la classe ouvrière représente bien la rupture entre producteur et moyen de production. C’est une classe de producteur dépouillé des moyens de production. Par rapport au serf ou à l’ouvrier agricole, ils ne sont pas attachés à la terre mais contrairement à eux

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les serfs avaient des droits sur les revenus de son travail, ils étaient moins dépouillés dans se s conditions d’existence. La caractéristique du prolétaire est qu’il sera d’un côté plus libre (pas attaché au seigneur), mais en même temps pas aliéné car il n’ a que sa force de travail à vendre. Il n’a plus aucune garantie d’existence. L’ouvrier est l’apogée de la dynamique d’expropriation croissante dans l’histoire. Il est dépouillé car il n’est plus lié ni à l’outil ni à ce qu’il produit tout en étant libre. Au-delà de cette liberté symbolique, ce qu’il faut voir est que la classe ouvrière se définit par le fait qu’elle n’a rien à perdre. Les paysans les bourgeois ont quelque chose à perdre : ils ne feront donc pas la révolution, il ne faut donc pas s’allier à eux. La classe ouvrière, n’ayant rien à perdre, doit faire la révolution. Il n’y a qu’elle qui puisse libérer toutes les autres classes. La classe ouvrière chez Marx n’est pas simplement le prolétariat industriel. Mais plus largement, la classe ouvrière c’est ceux qui ne possèdent pas les moyens de productions : les cols blancs et intellectuels sont aussi de la classe ouvrière.

6 .2.3. Révolutions bourgeoise et ouvrière: 1) chez Marx La nouveauté de la classe bourgeoise est qu’elle s’est imposée par la révolution. Il s’appuiera sur cette classe pour montrer l’importance de la révolution. Ce qui est caractéristique est la dynamique du type il faut produire, toujours plus, toujours plus loin : c’est un autodépassement continu. Pour lui, ce qu’il faut voir par rapport à des sociétés plus immobiles. Le propre de la société capitaliste est d’être en transformation permanente. C’est ce qui rend possible est la transformation continu de sa propre révolution qui va dissoudre la société. Ce sera la classe ouvrière à la tête de la révolution car elle n’a rien à perdre. Il y a quelque chose qu’il y a toujours en dessous d’eux. La peur de perdre est incompatible avec la révolution. L’erreur de Marx est que ça aboutira forcément à la libération de toutes les classes en même temps. Après la révolution prolétarienne, ce n’est pas la fin de l’histoire mais le début d’une autre histoire qui ne serait plus déterminé par les conflits de classe.

2) autres courants: 1/ socialistes utopiques (Saint Simon, +1825, Fourier, +1837, Owen, +1858) 2/ anarchistes (Proudhon, +1865, Bakounine, +1876) 3/ blanquistes (Blanqui, +1881) Ce qu’il faut retenir est que les classes en lutte ont une importance révolutionnaire, mais au 19ème il y a d’autres courants de pensée qui ont d’autres conceptions des choses. Il y a l’usage de la violence permanente révolutionnaire. Au 19ème siècle, coexistent un certain nombre de courants. Ce qu’on appelle les anarchistes, les blanquistes, qui parleront plutôt de dictature du prolétariat. La première international ouvrière, c’est un bordel sans ligne politique car il y a tous ces gens là quoi ont des lignes politiques différentes. L’essence de l’insurrection est la violence, la dictature. C’est ce qui explique l’échec de la 1ère international, car Marx et Engels vont essayer d’évincer les anarchistes. La 1ère internationale sera menacée par les luttes politiques et la chasse aux anarchistes. 3) points communs: le diagnostic Ils ont néanmoins un point de départ commun : � Constat d’une contradiction entre inégalité de droit et inégalité de fait : le système dans

lequel ils vivent reposent sur une contradiction fondamentale. C’est cette contradiction qui caractérise la société bourgeoise.

� Une grosse préoccupation concernant la propagation de classe sociale dangereuse. Il y a une peur du prolétariat urbain

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4) oppositions: la forme et le principal acteur de la révolution Néanmoins ces différents courants vont prendre des positions sur la révolution et la forme de la révolution. Certains vont justifier la dictature révolutionnaire, certains mettent en doute le fait que la révolution est possible. Il y a déjà toute une opposition autour de la violence révolutionnaire, il y a un point de fracture important qui va imprégner 1 siècle non pas entre violence révolutionnaire et non violence mais entre tolérance et refus de la violence. Marxiste n’est pas pro violence mais il admet qu’il peut y en avoir. Les réformistes se sont servis lors de la révolution spartakiste, de milices pour écraser la révolution. Tous ces gens ne sont pas d’accord sur l’acteur principal de la révolution : est ce une minorité éclairée ou tous les ouvrier ? L’originalité de Marx est de croire qu’il n’y a que les ouvriers qui peuvent se libérer en se structurant. Les anarchistes sont pas très confiants dans la capacité de mobilisation de la classe ouvrière. Ils ne sont pas pour une organisation de la classe politique. Il y a beaucoup plus dans ces courants une méfiance face à la classe ouvrière et face aux partis politiques. Pourtant on est à l’époque de la création des partis politiques. Marx préfigure cette nouvelle réalité à savoir la structuration du mouvement ouvrier en parti politique. Une autre différence par rapport aux anarchistes, il y a beaucoup plus l’idée que la capitalisme est immoral alors que chez Marx ce n’est pas le problème. Toute la pensée de Marx reste structurée par l’abolition concrète de la domination de l’homme par l’homme mais pas avec des arguments d’immoralité. Son but ultime est la fin de la propriété privée des moyens de productions ; Pour toutes ces raisons, Marx finit plus ou moins par l’emporter en étant par la suite adapté considérablement notamment en Allemagne par les réformistes et en Russie par les révolutionnaires. Marx finit par l’emporter dans un premier temps mais difficilement. Au sein des socialistes révolutionnaires, il reste la référence incontournable jusque très tard. Cela fait peu que les partis socialistes et socio démocrates abandonnent les références à Marx voire, ils ne l’abandonnent pas totalement. Néanmoins, le clivage marxiste/ anarchiste ne disparaitra pas complètement mais n’est pas central sur la scène politique du 20ème sauf en Russie et en Espagne.

7. Socialisme et communisme Cela renvoie à des choses différences et à des choses très évolutives. On ne peut en parler de manière univoque car cela a extrêmement évolué. Car sur le pur plan des idées, c’est un courant extrêmement sensible au contexte de crise, notamment au contexte de crise du capitalisme. En parler au singulier et compliqué car ils naissent à une époque de segmentation du monde politique en partis. Il y a donc beaucoup de variantes nationales du socialisme. Au-delà de tout cela, il y a des sensibilités très diverses réunies sous le vocable socialisme. Il ne faut pas réduire trop les choses : le socialisme va être divisé assez tôt entre les réformistes et les révolutionnaires. Mais, dans un premier temps, cette opposition sera une opposition sur les stratégies à mener. Tous veulent l’abolition du capitalisme. Ils ne sont pas tous d’accord la manière mais ils ont tous le même objectif. Le 20ème est marqué de conflits entre fils de Marx : sociaux démocrates et communistes. Marx va marquer les débuts du socialisme. On a un œuvre théorique d’une puissance explicative incroyable. C’est le danger de Marx car il ya une force intellectuelle incroyable, à prétention scientifique, qui donnera toutes les dérives. Un élément fort de la théorie et de mettre les divisions au sein de la société en évidence.

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7. 1. La formation des socialismes à la fin du XIXe 7.1.1. Révolutionnaires et réformistes Les deux internationales seront les lieux d’élévations et de contestations des idées de Marx. C’est à travers ces deux mouvements que les idées politiques de Marx vont se trouver diffusées et déformées par la naissance de partis politiques dans les différents pays d’Europe. Elles naissent dans un contexte de contestation du capitalisme par le socialisme. C’est un contexte où ces socialistes doivent lutter dans la clandestinité : le mouvement ouvrier n’est pas encore entré dans la scène politique internationale. En France, à la même année que la création de l’AIT que le droit de coalition est reconnu. Il y a une grande méfiance entre corps intermédiaire entre citoyens et l’Etat. C’est la conception absolutiste qui ne veut pas d’intermédiaire et donc pas de syndicat. En UK, c’est en 1866 que les syndicats seront reconnus. Il n’est pas de ‘l’idée de faire rentrer dans le parlement des groupes contre le régime parlementaire.

1) AIT (Ie Internationale, 1864-76): - Marx membre fondateur - conflit doctrinaux et de pouvoir - exclusion des modérés allemands, des trade-unionistes anglais, des radicaux

blanquistes et des supporters de Bakounine (anarchistes) - échec politique

Marx et Engels en sont les fondateurs car l’union des prolétaires est le point central de cette théorie. Mais il y aura des conflits doctrinaux et des conflits de pouvoir pour être à la tête de l’organisation. Marx et Engels vont réussir à exclure les modérés allemands, héritant de Lassalle. Mais également ils vont jarter les trade union anglaise. Ils les trouvent pas assez trash niveau révolution, trop smooth, t’as vu ? Ils vont aussi jarter les blanquistes, trop violents et les supporters de Bakounine ; les anarchistes. Cette international de travailleurs sera globalement un échec politique par les divisions, les exclusions et aussi parce qu’il y aura des gouvernements répressifs qui vont affaiblir les mouvements ouvriers. (Bismarck, Disraeli).. 2) IIe Internationale (1889-?)

- diffusion et « déformation » des idées de Marx - réaffirmation de la révolution... et succès du réformisme « de fait », surtout après

1905 (échec de la 1ère Révolution russe) - 1914: 3 millions d’adhérents dans 33 pays - échec politique: pas de ligne claire sur la participation et sur la guerre

C’est un échec politique aussi mais qui va aussi contribuer à la déformation des idées de Marx alors mort (mais pas Engels). Elle offrira une suprématie de l’idée de Marx sur le mouvement ouvrier (+ que la 1ère). mais vu l’ampleur des mouvements ouvriers, il y aura vulgarisation et déformation de l’idée de Marx ; Cette vulgarisation est utile pour homogénéiser les mouvements et leur donner une force. Les idées de Marx vont triompher mais globalement le réformisme prend de l’ampleur. Il y a triomphe des idées de Marx mais tous les socialistes de l’époque ne sont pas marxistes. En UK, il y a une différence entre marxisme et mouvement ouvrier, encore plus aux USA. C’est une période où on va affirmer sans cesse la nécessite d’une révolution, de la finalité de la lutte ouvrière. Mais également d’est une période marqué par l’amenuisement de l’objectif révolutionnaire. On cherche l’abolition du capitalisme, d’une société sans classe mais de fait on voit moins la révolution contre le parlement comme une solution. Cela est du en partie à l’échec de la révolution russe de 1905. Elle rassemble 3 millions d’adhérents en 1914 dans 33 pays à une époque sans suffrage universel. Mais échec car elle ne sait pas s’uniformiser sur les questions : est ce que les socialistes peuvent

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participer au gouvernement quand ils peuvent dans les états bourgeois ? Les réformistes sont pour, les révolutionnaires sont contre. Une autre question est la guerre mondiale qui tuera en quelque sorte l’organisation. En effet, les voix qui s’élèvent contre la guerre sont trop peu nombreuses : il s’agit d’une part des anarchistes qui sont une minorité et chez les socialistes il s’agit de Jean Jaurès qui sera assassiné en 1914 et ne saura donc pas convaincre les socialistes sur le sujet du pacifisme. Il ne faut pas oublier que les deux internationales partagent des points communs sans lesquels ils ne représenteront pas le potentiel d’influence qu’ils vont représenter. Tous ces mouvements condamnent les effets du capitalisme. Tous veulent des réformes et il y a une volonté de refonder les bases de la société. Il y a une contestation claire de l’ordre capitaliste et libéral. Ce qui unit socialiste et révolutionnaire est cette contestation qui est présente même chez les réformistes. Ils ne s’opposeront que sur les moyens. A cette période là, il y a une convergence des idées. Car à part les anglais, ils se réclament tus de Marx. Ils partagent tous les trois mêmes priorités. Ce qui va les opposer plus radicalement, c’est le rôle à donner à la classe ouvrière. Est-ce une classe qui doit rentrer au parlement ? Doit-elle s’allier à d’autres classes ? Cela renvoie à un questionnement sur les idées de Marx et la fidélité à avoir vis-à-vis d’elle. L’autre divergence est le changement d’institutions politiques. Ce changement de l’institution bourgeoises est ce un préalables ou peut ion les investir de l’intérieur comme les réformistes ? L’investissement des instituions n’est pas un but en soi car c’est l’abolition du capitalisme.

7. 1.2. Points communs avant 1917 - condamnation du capitalisme/de ses effets: misère, chômage, etc., nécessitant des

changements éco. et soc. Importants (critique de l’ordre capitaliste et libéral y compris par les réformistes)

- 3 priorités: 1° abolition de la propriété privée 2° élimination des institutions permettant à la classe dominante de se maintenir (l’Etat, la démocratie parlementaire) 3° construction d’une nouvelle société fondée sur l’égalité

- Donc: convergence des idées, tous se réclament de Marx sauf les Anglais et défendent la révolution, i.e. l’abolition du capitalisme

MAIS stratégies différentes (beaucoup refusent la violence) *La frise nous montre que le penseur important pour les histoires politiques se raréfie au fil des siècles, il y a un triomphe de l’idéologie sur la théorie.

7.1.3. Divergences dans le mouvement ouvrier avant 1917 3 lignes de fracture « stratégiques »: Le mouvement ouvrier s’oppose sur 3 questions :

1) rapport parti/syndicat

2) réforme ou révolution

3) internationalisme ou patriotisme Les socialistes se rallient aux unions sacrées au moment des déclenchements de la première guerre mondiale.

1) Rapport parti/syndicat, 3 variantes:

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- All: créé en 1875, le SPD domine complètement il y a en Allemagne le parti qui domine, l’Allemagne a connu la démocratie politique avant de connaitre la liberté. Le SPD domine le parti ouvrier. - GB: c’est le contraire, les syndicats dominent (le Labour n’est créé qu’en 1906) - France: syndicat tardif mais branche radicale (CGT, 1895) influente, indépendante du parti en France le syndicat n’a pas la tradition pragmatique. Et demeure très influente et indépendante du parti socialiste encore maintenant. 2) réforme ou révolution? Pour les anarchistes, c’est clair! Pour les socialistes, c’est moins clair...« La violence est l’accoucheuse de l’histoire » (Marx) Le réformisme s’étend de fait alors que le discours reste révolutionnaire. MAIS échecs des révolutions de 1848, de la Commune de Paris en 1871, de la première révolution en Russie en 1905 Surtout, le marxisme « orthodoxe » (défendu par Kautsky, Luxemburg, Liebknecht, en All, p.ex.) semble mis en question:

- le capitalisme n’est pas en crise mais s’étend - le parlementarisme se démocratise - premières réformes sociales

D’où la montée en puissance du réformisme: transition pacifique vers la société sans classe, via l’aménagement graduel du capitalisme. 2) réforme ou révolution? (suite et fin) Chef de file du réformisme: Eduard Bernstein (All, Les présupposés du socialisme, 1899, trad.) Réformisme s’étend en France (les socialistes « indépendants », dont Jaurès), en Russie (Plekhanov), un peu partout... 4 éléments de justification: 1° échecs des stratégies révolutionnaires immédiates au XIXe 2° exemples de négociations fructueuses avec des gouvernements bourgeois dans les régimes parlementaires 3° la solidité du capitalisme 4° raisons morales: non-violence et refus de la dictature du prolétariat 3) Internationalisme versus patriotisme « Prolétaires de tous les pays, unissez-vous! » (Marx et Engels, 1848) Au départ, tout le monde est d’accord (des anarchistes aux plus modérés): - les divisons nationales affaiblissent la classe ouvrière - et masquent la domination de classe. 2 arguments de plus à la fin du XIXe: - l’anticolonialisme: dénonciation de l’expansion du capitalisme occidental - le pacifisme (argument moral), dans un contexte où les conflits nationalistes menacent à nouveau en Europe

7.1.4 Variantes nationales Les mouvements socialistes diffèrent selon les pays:

- leur histoire - l’état d’industrialisation, le poids du prolétariat - l’importance du syndicalisme,

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- l’ouverture du régime, etc. La lutte révolutionnaire semble avoir montré ses limites à la fin du 19ème siècle et en 1905 en Russie. Là aussi il y a une tension entre un discours, une rhétorique nationaliste et la question grandissante de la question internationale. De la manière plus particulière, le PS est marqué par des variantes nationales liées à l’histoire différenciées dans lequel s’incarne les principes du mouvement ouvrier. Il y a une histoire politique différente. Economiquement, ces pays connaissent des situations très différentes. Le prolétariat ouvrier n’a pas le même poids dans tous les ays. L’importance du syndicalisme n’est pas le même partout.

D’où des variantes doctrinales: Les structures de l’état libéral, le parlementarisme n’est pas aussi souple en UK ou en Allemagne. L’ouverture a été plus on moins rapide.

1) en Allemagne, la social-démocratie est marquée par l’orthodoxie marxiste (Kautsky) ET le révisionnisme (Bernstein) qui l’emporte sans renier le marxisme 2) en France, tensions entre aile révolutionnaire et tendance réformiste, un temps « unifiées » par la SFIO (1905) 3) GB: le pragmatisme du travaillisme justifiera la participation gouvernementale dès les années 1920 dominance du pragmatisme, indépendant du marxisme. 4) Dernier cas: l’autro-marxisme, naît dans un contexte particulier, l’Empire austro-

hongrois - auteurs: Karl Renner, Otto Bauer (1881-1938) - comble une lacune du marxisme et met la question nationale au coeur du projet

révolutionnaire: le nationalisme est un obstacle à la révolution mais on ne peut nier les expressions nationales

- séparation Etat / nation (éducation et culture), qui est une communauté ouverte fondée sur l’autodétermination (choix)

- le socialisme doit lutter contre les inégalités entre classes ET entre nationalités Le dernier cas, l’austro marxisme est un courant du marxisme qui se développé dans une situation particulière de l’empire austro hongrois ; C’est un des seuls courants à l’intérieur du marxisme qui va reconnaitre l’importance de la question nationale. L’importance du droit des minorités en particulier. Le marxisme était dominé par internationalisme : division nationale vue comme artificielle, là pour cacher la division en classe. Ici dans ce contexte d’oppression des minorités qui caractérise l’empire austro hongrois. Le nationalisme est obstacle à la révolution. On ne peut pas refuser au peuple, le droit de s’autodéterminer. Cette réflexion qui comble les lacunes du marxisme met en évidence la distinction à faire entre l’état et ce qui relève de la nation, de la culture, de l’éducation, il faut penser les deux pour ces marxistes. Tout au long du 17ème siècle, la réflexion sur l’état et sur la nation sera une grosse lacune du nationalisme. On va chercher à comprendre pourquoi le réformisme l’emporte sur le marxisme.

7.2. Les doctrines communistes ou le socialisme révolutionnaire au XXe siècle 1917, Révolution bolchevique dite d’Octobre en Russie, décisive, entraîne une scission du mouvement socialiste:

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- les partisans du marxisme-léninisme, « communistes » versus - les « socialistes » ou sociaux-démocrates Le réformisme s’impose jusqu’a un point de rupture essentiel : la révolution d’octobre 1917. Cette révolution d’octobre 1917. Cette révolution sera la ligne de partage : il y aura les partisans du marxisme léninisme qu’on appellera communiste ou socialistes révolutionnaire. Et de l’autre côté, les partisans du communisme et de l’autre les socialistes réformistes, plus communément on les appellera les socialistes tout cours ou encore socio démocrates. C’est très difficile de donner une étiquette sur les un ou les autres. Le 17 sera juste une ligne de partage entre révolutionnaire et non révolutionnaire. Personne ne s’attendait à cette révolution russe, que sous la bannière des idées de Marx triomphe une révolution dans la Russie profondément agraire et presque encore féodale des tsars, donc dans une société que très peu de choses rapproche de la situation envisagée par Marx : une société industrielle. Aussi, on ne s’y attend pas avec le premier échec de la révolution de 1905 qui est représenté dans le livre Potemkine de 1925.

7.2.1. Le socialisme révolutionnaire en Russie 1) Lénine (1870-1924) et le marxisme-léninisme Un des seuls à croire en la

Révolution dans la Russie agraire et « féodale » des Tsars. C’est ce succès inattendu qui explique l’influence de Lénine et l’influence de sa doctrine pendant une grande partie du 20ème siècle, en effet, il est auteur d’une contribution déterminante au marxisme : il a adapté le marxisme dans une Russie agraire féodale, il faudra faire un grand écart entre doctrine marxiste et la réalité qui sera faire à Lénine. La postérité de Marx doit au succès en acte de l’instauration par Lénine des républiques soviétiques. Il a fait un mouvement politique qui s’est incarné dans un régime. Ce régime a mis sur pied un état bureaucratique. C’est une formidable négation du projet marxiste ; Mais dans un premier temps le problème est d’avoir mené au nom de Marx un succès triomphant et appliqué des principes qui ont pour le moins été trahis pour certains dans la révolution ou au travers ce qu’est devenu l’état soviétique. Lénine n’a pas diffusé Marx en Russie, lui vient après. Dans les années 10, il est un des seuls à croire avec Trotski, réformiste, à une révolution russe. Volontarisme qui dénonce: - l’attentisme des modérés (mencheviks) - toute alliance avec la bourgeoisie. Fonde le Parti bolchevique en 1912 et la Pravda Ce qui caractérise le plus la pensée politique de Lénine c’est son volontarisme politique. Ce qu’il fait qu’il croit et qu’il veut la révolution est le fait d’annoncer l’attentisme des modérés : attendre que la solution soit plus favorable aux socialistes. C’est aussi l’opinion des allemands qui attendent le bon moment pour faire basculer les choses de leur coté dans un rapport de force. Alors que pour les marxistes, il faut pas attendre. Ils mènent, alors le parti bolchévique en opposition aux menchéviques qui eux veulent attendre. Il y a une importance de la classe ouvrière, non seulement l’analyse mais de la stratégie, inspiré des thèses blanquistes et aussi de révolutionnaires radicaux français sur l’usage de la violence, le coup de force, la dictature révolutionnaire

S’inspire de Marx et de Blanqui pour fonder sa théorie de la prise de pouvoir: - Que faire? (1902) - L’Etat et la Révolution (1917)

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Il y a deux grande sources d’inspiration : Marx et la place de la classe ouvrière et Blanqui mais avant Robespierre, St juste, Babeuf pour la radicalisation révolutionnaire. Les thèses de Lénine sont principalement exposées dans deux textes : Que faire, en 1902 et l’Etat et la révolution Ces textes sont célèbres car écrits entre la révolution du tsar et la révolution soviétique. Cette théorie de la prise de pouvoir a trois aspects : avant, pendant et après

1) Lénine, 3 idées-clés:

1° Avant la révolution, il faut étroitement encadrer le mouvement du point de vue idéologique et organisationnel: rôle du parti, avant-garde de militants professionnels luttant dans la clandestinité et ne tolérant aucune division interne (centralisme démocratique). Lénine pense que la théorie est particulièrement. Contre les idées reçues, Lénine dit que la révolution n’est pas affaire d’enthousiasme, sans théorie pas de révolution. Il faut comprendre très précisément comment fonctionne la société et comment renverser le régime en place. Mais encore faut il que les acteurs de la révolution soient pétris de ces enseignements. Il va théoriser l’endoctrinement idéologique des prolétaires. Il va reconnaitre l’importance des élites intellectuelles qui vont se charger de traduire, de diffuser, les mots d’ordre révolutionnaire : les objectives et les moyens. Ainsi, s’explique aussi le rôle du parti d’avant-garde qui s’éloigne déjà considérablement de Marx qui dit que ce sont les ouvriers qui doivent prendre leur destin en main. Ce parti est décrit comme professionnel très bien organisé, qui doit avant tout être unis, sans divergence possibles en son sein, c’est ce qu’on appelle le centralisme démocratique. Certes on discute avant de prendre une décision, mais une fois qu’elle est prise pas de contestation. Il n’y’a pas de contestation possible et c’est justifié par les conditions den la prise de pouvoir Î Il faut beaucoup préparer la révolution avec importance de la théorie, de l’intelligentsia

pour endoctriner et l’importance du parti pour organiser de manière univoque 2° Pendant la révolution, la dictature du prolétariat et la violence sont justifiées par la nécessité d’éliminer toute opposition. Ce qu’on doit essentiellement à Lénine est la justification de la dictature du prolétariat. Dans son esprit, c’est l’intensification de la lutte nécessaire pour tuer toute contestation possible de cette révolution. On retrouve l’héritage de la révolution française où se voit justifier pendant une période transitoire à peu près tout et n’importe quoi. Le problème de la révolution russe est que cette période va s’étendre considérablement.

3° Après la révolution, un Etat socialiste (abolition de la propriété privée) doit assurer la transition vers le communisme (disparition de l’Etat). une fois que la révolution a triomphé alors dans un contexte russe il faut envisager qu’un état socialiste joue pendant un certain temps un rôle important pour abolir la propriété privée avant d’en arriver un jour au communisme proprement dit parce qu’il n’ya plus de propriété privée. Par rapport à ce troisième temps, il repère l’état socialiste qui est censé se charger d’abolir la propriété privée avant d’arriver à une société sans classe véritablement communiste. Il y a une distinction entre état socialiste, le communisme, la société sans classe. C’est une émancipation par rapport à Marx : vue pragmatique de l’état qui a de la proximité avec l’hitlérisme. On ne voit pas l’état comme une fin mais comme un moyen de domination (de la race aryenne dans le cas d’Hitler, l’abolition des classes pour Lénine)

Dernier aspect: L’impérialisme, stade suprême du capitalisme (1916) « Le capitalisme s’est transformé en un système universel d’oppression coloniale et d’asphyxie financière de l’immense majorité de la population du globe par une poignée de pays ‘avancés’. » (...)

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« Le capitalisme est arrivé à un stade de développement où s’est affirmée la domination des monopoles et du capital financier, où l’exportation des capitaux a acquis une importance de premier plan, où le partage du monde a commencé entre les trusts internationaux et où s’est achevé le partage du globe entre les plus grands pays pays capitalistes. » Conséquences désastreuses mais cette mondialisation est le prélude de la grande révolution prolétarienne internationale selon Lénine... Sa réflexion sur l’impérialisme renoue plus avec Marx et son analyse économique. Pour lui, l’impérialisme est le stade suprême du capitalisme. Ce que Lénine emprunte à Marx est l’idée de l’accumulation financière comme finalité du capitalisme. L’impérialisme colonial a une finalité économique. C’est ce que le capitalisme a trouvé pour échapper à ses propres crises. L’analyse politique est que ça crée un système d’oppression généralisé. Pour continuer à se développer dans un système capitaliste, il y aura une guerre inévitable. Tout ça ne manque pas de vision. Mais il y a des faiblesses : il a prévues des catastrophes qui n’ont jamais eu lieu 2) Trotski (1879-1940)

Ne se rallie au bolchevisme et à Lénine qu’en 1917, Acteur clé de la Révolution, organise l’Armée rouge. Critique le « socialisme dans un seul pays » de Staline, d’où son exil et son assassinat à Mexico. Trotski est moins entaché des crimes du totalitarisme car sa figure est marquée par son opposition à Staline. Il s’est fait assassiné à Mexico a cause de ça et c’est ce qui le déifie un peu. Il se joint tardivement à Lénine.

Contribution théorique décisive: La révolution permanente « Il est absurde de dire qu’on ne peut jamais sauter par-dessus les étapes. Le cours vivant des événements historiques saute toujours par-dessus les étapes (...) » (1928-1929) La révolution n’est pas légitime dans un seul pays ; Pour lui la révolution doit être permanente et surtout mondiale. Ce qui la caractérise est un maintien très ferme de l’internationalisme du marxisme.

Idée que la révolution est possible dans les pays moins avancés (reprise plus tard en Afrique, en Asie, en Amérique latine),Et qu’elle doit être mondiale pour réussir. L’idée de Trotski qui expliquera son succès dans les pays moins avancés, est que la révolution est toujours possible et nécessaire y compris dans les pays les moins avancés. Puis qu’elle a été possible en Russie, agraire et quasi féodale, elle est possible ailleurs. Cette conviction forte de Trotski l’éloigne d’un marxisme populaire qui estime que la révolution prolétaire est possible que la pou les prolétaires dominent dans la stratification sociale. Cela imprègne la pensée en GB, en France (lutte ouvrière se réclame des idées de Trotski), en Belgique. Malgré ce succès, il n’a jamais pu réellement unifier un mouvement international car le modèle soviétique occupait la place politiquement et aussi parce que le propre de ces mouvements politiques structurés autour de grandes figures et d’être profondément divisés.

3) Staline et Krouchtchev: pas d’oeuvre théorique mais...

Recentrent la doctrine marxiste-léniniste sur l’Etat Le développement d’un Etat bureaucratique, au lieu de sa disparition, voire d’un parti-Etat totalitaire, est la grande contradiction du communisme soviétique. Staline justifie même son maintien après l’avènement de la société communiste! « Déstalinisation » sous Krouchtchev (XXe Congrès du PCUS en 1956) mais l’assouplissement de la doctrine (la dictature du prolétariat touche à sa fin, etc.) n’a pas de suite concrète.

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Tentative de réforme économique et de libéralisation de Gorbatchev (1985), mais le système s’effondre en 91. L’héritage doctrinal de Staline et de Khrouchtchev est extrêmement pauvre. Staline comme Hitler sont des médiocres théoriciens. On leur doit deux contradictions : le socialisme dans un seul pays (qui va à l’encontre des pensées antérieur) mais aussi le fait de postposer la fin de l’état. On présente l’état comme quelque chose de transitoire. Staline ajoute que même quand la propriété privée aura disparu il se pourrait qu’en Russie il faille conserver l’état pour faire face aux autres états sur la scène international. C’est un héritage doctrinal faible théoriquement. Il succèdera un assouplissement politique qui est un assouplissement doctrinal avec Khrouchtchev qui marque la déstalinisation mais aussi du point de vue doctrinal, la fin de la dictature du prolétariat qui était censé ne durer que pendant le temps de la révolution au profit de l’idée de l’état du peuple tout entier, quelque chose d’assoupli, élargi dont on sent que potentiellement

7.2.2. Autres adaptations de la pensée marxiste Après 1919, la 3e Internationale, Internationale communiste ou « Komintern » a pour objectif de propager la révolution et d’imposer les principes du marxisme-léninisme (les « 21 conditions »). De nombreux PC sont créés partout. Et de même que Lénine avait réinterprété Marx,le marxisme-léninisme sera réinterprété selon les réalités nationales. O. Nay retient 2 cas: Antonio Gramsci et Mao Zedong. il y a une espèce d’ouverture. Pour conclure, par rapport au clash de la révolution de 1917, dans la foulée, l’effet de surprise, très vite va être créé une troisième internationale dite internationale communiste ou Kominterm. Cette 3ème internationale dans la foulée d’octobre a pour but de propager la révolution et a pour but d’imposer dans toute l’Europe les principes du parti marxiste-léniniste. Globalement, c’est sur ce modèle là, dans ce contexte là que de nombreux partis communistes seront créés un peu partout et de la même manière que Lénine avait réinterprété Marx parfois de manière radicale le marxisme léninisme sera réinterprété un peu partout. Pour ne retenir que deux cas d’interprétation de l’idéologie communiste. Il y a deux figures qui n’ont pratiquement rien à voir : Gramsci et mao Retour en arrière dans le cours ; l’interprétation de Marx est internationaliste par essence et fondée sur l’unité internationale du mouvement ouvrier parce que le capitalisme n’a pas de frontière et que donc le mouvement ouvrier n’en a pas non plus. Tout autre vision s’égare par rapport à la lutte. Cette vision des choses chez Marx et les interprétations dominantes de Marx dans le sens de l’internationalisme originels ont été contestés à l’intérieur du marxisme. Chez les héritiers du marxisme, certains auteurs par exemple les auteurs de l’austro marxisme ont mis en évidence que c’était important de mettre en évidence la différence entre les nations. Hors c’est un impensé du marxisme, par ailleurs, un certains nombres de mouvements ouvriers dans les pays d’Europe occidentales étaient traversés par des courants nationalistes. On a considéré que du point de vue de l’analyse sociologique, les théories, les auteurs qui se réclamaient de Marx n’étaient pas très clairvoyants en ce qui concernait la sociologie de l’état, l’importance des nationalismes et la structuration sous forme nationale. Tout ça n’empêche pas que ce qui domine dans la pensée de Marx est l’internationalisme. Ici Il faut faire part des choses entre marxisme et ses compréhensions.

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7.2.3. Autres adaptations de la pensée marxiste 1) Antonio Gramsci (1891-1937)

Lecteur de Marx fasciné par Octobre. Co-fondateur du PCI en 1921, adversaire acharné du fascisme (arrêté en 26, mourra en prison en 37).Dans ses Cahiers dénonce le « marxisme vulgaire » (déterminisme matérialiste). Gramsci est fondeur du pc italien. C’est une grande figure de l’opposition au fascisme, il mourra en prison en 1937 sans jamais avoir renié ses engagements. C’est en prison que son rédigés ses célèbres cahiers.

Contribution originale sur le rôle de l’idéologie: instrument principal de l’hégémonie bourgeoise. Sa contribution concerne l’idéologie qui est un concept travaillé par d’autres auteurs marxistes. En gros, Gramsci va définir l’idéologie de manière générale comme un moyen essentiel au service de l’hégémonie de la classe dominante. En cela, il adresse une critique très forte au marxisme vulgaire : qui est l’interprétation radicale et simplifié du marxisme qui considère que les super structures ne sont pas très importantes par rapport aux infrastructures. Lui va dire que c’est une interprétation très simplifiée des idées de Marx et qu’en réalité, l’idéologie, cette superstructure est décisif pour comprendre comment une classe dominante se maintient au pouvoir : ce n’es pas un jouet, un accessoire pour expliquer la domination quelle qu’elle soit. Par ailleurs, Gramsci va aussi rappeler que le marxisme est une philosophie de l’action qu’on ne peut pas dissocier l’action marxiste de l’action politique : le marxisme doit servir à comprendre la société dans la quelle on se trouve mais aussi à la changer. Comment à partir du marxisme, comprendre pourquoi il a réussi en Russie mais pas en Europe. Gramsci va dire qu’elle a échoué précisément parce que la bourgeoisie y était beaucoup plus forte qu’en Russie. Elle était plus forte en Russie grâce à son idéologie. Ce qui importe de voir est ce voir le rôle crucial joué par l’idéologie de la classe dominante pour renforcer son pouvoir économique. Il va dire qu’il n’y a pas que la police d’état il y a aussi l’idéologie de l’état, de la classe bourgeoise qui a un rôle. Par exemple, il v a mettre en évidence l’idée de mérite individuel ; la société bourgeoise domine avec la mise en avant avec cet idée de mérité. Cette idée qu’on est riche si on le mérite et pauvre si on le mérite, contribue à justifier toutes les inégalités de classes. Ça, selon Gramsci empêche la révolution.

Défend le marxisme comme une philosophie de la praxis, (de l’action, adaptée à la société): - le prolétariat doit aussi développer son idéologie et devenir hégémonique; - défend la flexibilité doctrinale (influence sur le PCI italien, « l’eurocommunisme »

rompt avec Moscou dans les ‘1970). Comme le marxisme est une philosophie de la praxis : doit permettre de comprendre mais aussi de résoudre. Gramsci va développer l’idée qu’il est important pour le prolétariat d e développer sa propre idéologie et d’adopter la même stratégie que la stratégie qui a été celle de la classe bourgeoise à savoir occuper tous les postes d’influence culturelle pour assurer l’hégémonie non pas de la bourgeoisie mais du prolétariat. D’un point de vue politique, cette adaptation du marxisme, montre la flexibilité doctrinale : on sort de l’hétérodoxie, du suivisme. Cette empreinte de la pensée Gramsci a marqué le parti communiste italien. Le PCI était le seul a ne pas vouloir se soumettre à Moscou et voulait un eurocommunisme. Cette inspiration politique on la doit aussi à la particularité de la pensée de Gramsci, à cette espèce d’hétérodoxie par rapport à la vulgate marxiste que cette pensée promeut. Ce qu’il faut souligner est que Gramsci comme Trotski, sont anti Staline.

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2) Le maoïsme (Mao Zedong, 1893-1976)

RPC (1949): expérience « communiste » à la plus grande échelle, Place le monde paysan au cœur de la révolution. Mao est application du communisme à la plus grande échelle et pendant la plus grande période : on doit à Mao deux innovations importantes. Ces innovations doctrinales concernent deux points : le fait d’avoir adapté le marxisme au monde paysan chinois.

Mao chef de guerre et théoricien de la lutte armée: « La révolution n’est pas un dîner de gala (...) La révolution, c’est un acte de violence par lequel une classe en renverse une autre » (1927). Mao un des seuls théoriciens de la lutte armée. Pas un auteur qui admet que parfois ya un peu de violence mais qui va théoriser le recours aux armes. On se trouve ici dans quelque chose de différent de ce qui y a de présenter jusqu’ici comme quelque chose de nécessaire mais malheureux. Ici c’est intrinsèquement lié à la lutte révolutionnaire. Il y a une épopée à travers la lutte armée et l’instauration des premiers chinois qui assure à vie la crédibilité d’un chef militaire. Dans un premier temps, ce chef militaire quand il parvient au pouvoir imite le modèle soviétique puis s’en distancie. C’est le schisme sino soviétique ; et il y a une élaboration doctrinale car à cause de la domination du monde agraire, il y a des valeurs paysannes et patriotiques dans le maoïsme. Entre cette innovation doctrinale y a des choses à ne pas oublier cette idéologie communiste chinoise sera marquée suite à l’échec du grand bond en avant, ce communisme chinois va développer de manière plus extrême que le stalinisme tout un fantasme du complot qui va justifier une lutte idéologique absolue contre tous les ennemis du régime, ennemis réels ou imaginaires.

Selon Arendt (1971), principale contribution au marxisme depuis Lénine (à propos d’un discours de la « campagne des cent fleurs » en 1957). Fantasme du complot: les risques de réaction justifient une « lutte idéologique » fondée sur « l’autocritique » (sic)...La répression (purges, délations, etc.) culmine avec la Révolution culturelle (1969).

Tout ça va culminer pendant les années 60 avec des procès. C’est la révolution culturelle qui est tout aussi marquant pour le communisme chinois. Ce qui peut être intéressant c’est qu’à partir des années 70 il y a une libéralisation économique du régime dit communiste chinois. Ce libéralisme ne va pas entrainer une démocratisation. Un nouvel épisode répressif incroyable aura lieu en 1989 au moment même où tout s’écroule en Europe de l’est. En chine, va se mettre sur pied, dès les années 70-80 une formule inédite (comparées à cuba, Russie), c’est un double système : libéralisme économique et autoritarisme politiques combinés qui atteste que le libéralisme économique n’est pas une garantie de la libéralisation politique ?

7.3. Socialisme réformiste et social-démocratie au XXe Après 1917, socialisme et social-démocratie désignent les tendances:

- qui s’opposent au communisme, au marxisme-léninisme, - ne s’identifient plus exclusivement au prolétariat, - veulent introduire des réformes socialistes dans les démocraties.

Remarques: 1) Au plan doctrinal, l’évolution est plus lente; la révolution reste le fondement de

l’identité de la gauche alors que dans la pratique le réformisme s’impose très tôt (participation gouvernementale après la Première Guerre mondiale).

2) Évolution plus rapide en Allemagne et en Scandinavie 3) Coût: quid de l’ancrage ouvrier et de l’identité socialiste?

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Après La révolution d’octobre, les socialistes, les socio démocrates vont se définir négativement. Par rapport à ce grand clash que représente une victoire, les socio démocrates vont se définir par opposition au communisme, au marxisme, léninisme mais sans abandonner le marxisme, sans abandonner l’idéal révolutionnaire, ce qu’il faut bien saisir, c’est que pendant des décennies, le marxisme va rester le plan doctrinale aussi chez les modérés alors que dans la pratique le réformisme et la participation gouvernementale seront acceptés dès 19ème mais assumés très tard. Le tournant réformiste sera présent dans les discours seulement dans les années 50’s.

7.3.1. Le ralliement à la démocratie libérale En Allemagne, le socialiste le plus virulent contre le bolchevisme est celui qui a défendu l’orthodoxie marxiste: Karl Kautsky, le grand adversaire de Lénine. Kautsky condamne la violence: la révolution peut être engagée par la démocratie, le SU. Voie du SPD (Sozialdemokratische Partei Deutschlands), qui donne à la République de Weimar son premier président (Ebert) et plusieurs chanceliers avant d’être interdit par Hitler en 1933. Dans l’entre-deux-guerres, dans les pays européens où la démocratie s’installe, les partis socialistes participent à des gouvernements. En Allemagne la sociale démocratie, sans abandonner le marxisme va défendre l’idée qu’on peut faire la révolution par le suffrage universel en occupant le terrain de la démocratie libérale, cette tendance va occuper le terrain sans cesse entre les deux guerres ; Les sociaux démocrates adoptent des positions souvent ambigües par rapport à l’URSS et leur frères ennemis communistes. Toute cette période va être marquée par des rapprochements anti fascistes au sein de la gauche. Les luttes entre communistes seront féroces et les socio démocrate ont donc atténués les révolutions spartakistes en Allemagne. On considère que le premier chancelier démocrate Allemand ( E.Bert) a participé à l’écrasement de cette révolution nuisible à la république de Weimar sans voir l’autre menace qui se préparait (nazisme). Théoriquement jusque les années 50, les deux s’opposent que sur les moyens et après 2nde guerre mondiale, les sociaux démocrates font leur deuil de discours révolutionnaires pour entrer dans le système gouvernemental. Jusque dans les ‘1960 (abandon du marxisme par les socialistes), théoriquement socialistes et communistes ne s’opposent que sur les moyens:

- à la violence révolutionnaire et au parti unique, - les socialistes opposent le légalisme, la réforme.

MAIS Après 45, la guerre froide, puis les révélations sur le stalinisme ancrent le socialisme européen dans le camp de la démocratie libérale. Exceptions à l’évolution générale des PS et des PC: 1) France: radicalisation du PS en 71 pour concurrencer le PCF. 2) Italie: c’est le PCI (« eurocommunisme ») qui rompt avec Moscou. Cette évolution de la sociale démocratie vers la démocratie libérale connait deux exceptions : la France qui a vu une radicalisation dans les années 70 du PS qui est menacé sur sa gauche alors qu’il convoite la présidence. Au congrès d’Epinay : le PS se radicalise et même envisageait pour permettre avec Mitterrand un programme commun entre communiste et socialiste, et en Italie.

7.3.2. De l’interventionnisme étatique au socialisme libéral Le succès du marxisme était notamment dû à son caractère« scientifique ». Or le XXe siècle invalide 2 thèses fortes:

- l’antagonisme de classe ne se renforce pas; - pas d’effondrement interne du capitalisme.

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D’où l’idée, dans l’entre-deux-guerres, qu’on peut réformer le capitalisme sans abolir la propriété privée ni la liberté des échanges, obtenir des droits sociaux, mieux répartir les richesses. Du point de vue politique, il y a ralliement progressif à la démocratie libérale : c’est à l’intérieur des structures élémentaires qu’on acquiert le pouvoir et qu’on peut changer la démocratie bourgeoise . Du point de vue économique, la social démocratie va défendre l’interventionnisme étatique ; AU 19ème siècle, le succès du marxisme est du à son caractère scientifique. Ce qu’il se passe au 20ème siècle, le capitalisme ne s’effondre pas et même on a l’impression qu’on peut réformer le capitalisme de l’intérieur: obtenir des droits sociaux, réduire les inégalités, mieux répartir les richesses sans abolir la propriété privée.

1) « Capitalisme organisé », intervention de l’Etat et keynésianisme L’Etat est seul capable de stabiliser les marchés et de leur imposer des règles. Principe de l’économie « mixte » (Etat et marché) s’impose dans les années 1940 avec les idées de Keynes. Origines:

- l’austro-marxisme (Bauer, ‘1920): l’Etat comme étape nécessaire de transition vers le socialisme; nationalisation de certains secteurs, etc.

- SPD allemand (Hilferding): rôle correcteur central de l’Etat dans l’économie capitaliste pour en corriger les effets; concertation patrons/syndicats (« capitalisme organisé »);

- Le Belge H. De Man (« socialisme constructif »): l’Etat dirige un secteur nationalisé (transports et industries de base), et surveille le marché par une législation protégeant l’intérêt général.

Sans faire cela, l’état apparait comme le moyen idéal ou el seul moyen pour contrecarrer les effets du marché. Ce qui caractérise du point de vue socio économique la sociale démocratie est cette défense d’une économie mixte qui ne supprime pas la propriété privée mais qui vise à ce que l’état corrige les effets du marché. Cette idée de l’économie mixte a plusieurs origines. A nouveau, les austro marxistes y avaient déjà pensés. C’est une tradition très forte très vite en Allemagne on développe l’idée d’une concertation possible entre patron et syndicat. On retrouve les origines doctrinales chez le belge Henri de Manne. Chez cet auteur il ya l’idée très tôt qu’on peut imaginer un secteur à côté qui s’occuperait de la grosse industrie du transport avec une législation protectrice de l’état. Après 45, cette voie intermédiaire s’impose: la « social-démocratie » désigne un système où le consensus social repose sur la concertation Etat-patronat-syndicats.Son succès est dû au réalisme des socialistes, mais aussi à la diffusion des idées de Keynes: la lutte contre le sous-emploi implique de faire intervenir l’Etat pour relancer la consommation (caution scientifique). MAIS Les années 1970 (la crise) mettent brutalement en question le rôle économique de l’Etat. Le dernier type d’influence sur l’interventionnisme étatique et la pensée de Keynes . Après 1945, dans les démocraties occidentales s’impose cette voie sociale démocrate fondée sur l’idée d’une concertation : état patronat, syndicat et cette idée centrale chez Keynes que l’état doit intervenir par exemple quand ça ne va pas pour relancer la consommation, par exemple en mettant sur pied des gros chantiers publics et ainsi lutter contre le sous emploi qui menace le capitalisme. Il s’agit de faire tourner la machine de la demande. Machine qui est boostée aussi par un état employeur qui payera les consommateurs de la machine. L’téta a un rôle redistributeur protecteur dans le cadre de l’état providence qui est le modèle qui dominera les 30 glorieuses qui correspond aussi à la

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période où l’influence de la social démocratie a été la plus forte avant que tout bascule avec les premiers chocs pétroliers et la première vague de crise dans les années 70 qui remettront en cause le rôle de l’état et lui couper les vivres et vont permettre la réactivation des thèses néo libérales . Ces thèses dans les années 80, vont incriminer l’état par l’interventionnisme des crises mais aussi de la pauvreté et du chômage (époque de Thatcher et Reagan).

2) La crise du modèle interventionniste, la fin du modèle social-démocrate et la « troisième voie » 3 grandes périodes: - ‘1970: crise de l’Etat-providence...Les thèses néolibérales (res)surgissent (Friedman, Hayek). - ‘1980: Thatcher en GB, Reagan aux USA.Réductions des interventions publiques, privatisations. - ‘1990: intensification de la mondialisationRéduction de la capacité d’intervention des Etats sur les banques et grandes entreprises. Il y a un lien entre la crise de cette idéologie là et ce qu’on v a dire aujourd’hui du fascisme. En gros, on a dit que l’idéologie social démocrate, se fonde sur un compromis car témoigne le ralliement de certains socialistes à la démocratie libérale et repose aussi sur l’interventionnisme étatique. Il y a un effet de contradiction. Ce modèle porté tout au long des trente glorieuses et même admis par la droite classique a été remise en question dans les années 70 par les crises pétrolières qui ont privé les états de leur moyen d’intervention. Il y aura une crise de légitimité qui va s’étaler au modèle étatique dans son ensemble mais qui avant cela va surtout dans un premier temps va ébranler l’idéologie social démocrate et sa composante non pas libérale mais socialiste,. L’idée que l’état doit intervenir pour aider les plus faibles sera ébranlée. Dans les années 80, il y aura résurrection des thèses libérales. Pour le néolibéralisme, l’état est coupable de la crise qui lui arrive en interférant dans les mécanismes économique et de sponsoriser la fainéantise. Dans les années 80, dans ce choc économique il y aura l’arrivée de Thatcher et Reagan, l’idéologie va se traduire directement dans les faits. Ces deux mentors de l’ultralibéralisme vont couper dans les dépenses publiques, dans le social, la santé, l’éducation avec pour conséquences des coûts sociaux absolument terribles. On a là une période où l’état perd de ses moyens et il en perdra plus encore dans les années 90 où on observe une nouvelle charge dans la mondialisation économique. L’état perd l’emprise sur deux seecteurs sur lequel il reposait jusque là : la banque et les grandes entreprises. Cela explique la grande crise du modèle social démocrate et le fait que dans les années 90, ceux qu’on appellent de moins en moins les socialistes recherchent une troisième voie qui s’incarne assez bien dans le tournant qui a été opéré par Blair en Angleterre et au sein du parti travailliste. Cette troisième voie se veut non idéologique donc ce qui peut être la rapprocherait d’une idée de droite pour Terray c’est qu’elle se justifie par son pragmatisme (tradition UK) et par son réalisme. Pour cette troisème voie, on refuse la voie tranchée entre un interventionnisme étatique qui n’est plus possible et un ultralibéralisme pas acceptables non plus. Ils sont d’accord avec l’idée libérale de limiter l’action de l’état mais d’un autre côté elle reste rattachée à l’égalité des chances. Ce qui est vraiment intéressant c’est ce rapprochement plus poussé par rapport aux principes du libéralisme. Ce nouveau discours a le mérite d’assumer le tournant. Or le premier réformisme était réformiste dans les faits alors que révolutionnaire dans le discours : ici on assume le tournant libéral. En même temps, c’est selon les analystes politiques, le fait d’assumer ce tournant libéral pour la gauche qui peut mener au déclin irrémédiable de la gauche politique parce que ce socialisme libéral est un socialisme qui à force de réalisme s’est désintéressé de la question de la réalité de fait et qui surtout ne se prononce plus sur la question entre capital et travail. Ce conflit à l’heure de la mondialisation n’a jamais été plus aigu. Comment on peut se prononcer par rapport aux

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délocalisations quand on est un parti de gauche donc proche des travailleurs sans prendre parti contre les actionnaires ? C’est une préoccupation de l’électorat de gauche et menace le socialisme libéral et qui explique qu’à partir des années 90, on observe un vide à gauche qui évidemment va favoriser un certains nombre de mouvements : les partis populistes, la droite extrême mais aussi plus récemment, une gauche plus radicale et altermondialiste en particulier. Cette gauche radicale n’est pas une force importante mais intéressante à analyser car elle montre à quel point le réformisme à gauche amène une re-radicalisation de la gauche politique. A certains égards elle possède des points communs avec le socialisme originel. Il y a cet internationalisme qui a été perdu au fil des siècles qui renvoie vraiment aux débuts du socialisme et il y a aussi une relative méfiance qui était l’apanage de certains partis. Elle s’ancre dans des combats qui sont plutôt à la suite des années 60 70 des combats environnementaux ou quoi ont trait à des questions culturelles. Une autre différence de cette gauche altermondialiste est qu’elle est un mouvement élitiste comme le socialisme originel. Mais ce nouveau mouvement élitiste vise à ne pas être privilégié à une seule classe sociale.

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8. Fascisme et national-socialisme

Introduction Transition avec le cours précédent:

- Années 20-30: avec le fascisme, mise en cause radicale de la progression de la démocratie libérale et de la social-démocratie

- Les socialistes sont à la fois le premier ennemi et un « modèle » pour les « fascistes » Retour aux ambitions du cours: étudier les idéologies pour elles-mêmes sans les confondre avec les régimes existants, même dans le cas du « totalitarisme »:

- le fascisme italien se voulait révolutionnaire et « total », or il l’a moins été que le

communisme soviétique... - le national-socialisme et la doctrine nazie: un cas limite d’idéologie (presque) au pouvoir. Il y a essentiellement deux liens ou deux types de transitions. Globalement, le fascisme peut renvoyer à beaucoup de choses. Comme beaucoup de courants politiques, il est tellement lié à l’histoire sociale politique qu’il est dur de l’associé à un contexte. Etymologiquement il renvoie au fascisme italien. Mais de manière plus large, il renvoie à des mouvements politique à des faisceaux idéologiques et à des régimes variés qui vont du fascisme italien et aux régimes de Salazar au Portugal en passant parfois par le nazisme allemand. Il n’ y a pas de consensus sur ce qu’il faut mettre derrière le fascisme. Ici on va essayer de la considérer comme ça. Le lien entre cette évocation du fascisme et le cours précédent est que le fascisme se déploie dans les années 20 30 dans l’entre deux guerres et que ce qu’il va faire, c’est qu’il remet en question de manière extrême l’idée d’une progression continue de la démocratie libérale. Or, cette idée de progression c’est vraiment ce que laissait pensait la victoire du réformisme de fait en Europe au sein de la révolution nationale. On a l’impression que la démocratie libérale gagne le socialisme. On a ce que Tocqueville envisageait comme un mouvement irrésistible vers la démocratie. Ici ce mouvement trouve un coup d’arrêt violent en Europe. Il se passe qu’en Europe, il y a une profonde crise culturelle. Le fascisme est un symptôme de cette crise qui va remettre en cause tout ce qui est hérité d’un point de vue politique des lumières. Cette crise culturelle va voir contre l’individualisme, la liberté de l’individu, amener un retour de l’autoritaire qui va exploiter toutes les insatisfactions liées aux promesses de la modernité qui n’ont pas été tenue. C’est là qu’émerge la philosophie du soupçon ou du déclin qui va développer une critique de la modernité, de la croyance dans le progrès économique et politique, les fascismes vont exploiter cela en combinant des appels parfois très contradictoires, au conservatisme, et aussi à la révolution. Ce fascisme puise ses sources à des mouvements très anciens mais ce qui va faire son originalité est le contexte dans lequel il se déploie : la première guerre mondiale et la crise économique allemande. Par rapport aux idées de droite auquel puise les mouvements fascisme. La loi du plus fort, la guerre vont jouer un rôle inédit. La guerre a permis le développement du fascisme, et la seconde guerre débouchera du fascisme. Les fascisme en Europe sont un coup d’arrêt par rapport à la contamination des principes de la démocratie libérales. Les socialistes, les rouges sont à la fois le principal ennemi des fascistes et en même temps un modèle à imiter, d’où le choix du rouge par exemple. Il y a un lien historique et parfois même politique au socialisme et en même temps un lien de parenté et aussi d’inimitié. La mise au pas de l’Allemagne nazi sont les camps de concentration et les premiers

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déportés sont les communistes. Hitler essayait de fonder un socialisme allemand qui ne reposait pas sur la lutte des classes mais sur le peuple.

On étudie les idéologies mais il ne faut pas les confondre avec la réalité. On peut étudier des principes sans jamais s’illusionner sur le fait que ce ne sont jamais elles qui vont se transposer littéralement. Elles sont ancrées dans une histoire et leur traduction quand elle existe, leur implémentation, elle dépend toujours des hommes qui les mettent en œuvre et des conditions de la mise en œuvre. Ce qu’on peut souligner, est qu’on peut étudier les idéologies totalitaires sans considérer que les régimes auxquelles elles sont appliquées ne sont pas eux totalitaires. Ces régimes, qu’ils s’agissent du fascisme italien, ou du nazisme n’ont jamais mis en œuvre intégralement leur programme idéologique. Des régimes étiquetés totalitaires n’ont jamais pu totalement atomiser la société et l’asservir à 100% des individus qu’elle concerne. Si cela avait été le cas, nous serions tous nazi : l’idéologie totalitaire nazie n’est pas parvenue à ses fins. Pour prendre des exemples moins extrêmes, le fascisme italien se voulait totalitaire et révolutionnaire mais il n’a pas remplacé totalement les élites économiques. A l’inverse de cela, le communisme soviétique était dans la lettre, tout sauf une idéologie totalitaire : pas d’état bureaucratique ni de hiérarchie. Or dans les faits, il a été plus totalitaire : les faits étaient en contradiction avec l’idéologie proclamée. Le nazisme est un cas limite car on a une doctrine qui est présente dans Mein Kampf, qui rétrospectivement semble avoir été réalisé par le national socialisme, par le régime concret. Ce qui est troublant c’est qu’on a l’impression que ce régime avait une base doctrinale et qu’en partie cette doctrine a été traduite dans les faits et donc il semble qu’on ait là a faire à un régime qui peut s’expliquer par l’idéologie, qui n’est pas en contradiction avec son idéologie proclamée et qui a poussé assez loin sa mise en œuvre. Ce qu’il faut bien voir, c’est qu’on a résumé l’essence du nazisme : la solution finale par exemple qui sera mise en œuvre par le régime nazi. On a un cas limite d’idéologie portée au pouvoir qui semble expliquer la réalité du régime. Ce qu’il faut ajouter à cela est qu’on a une grande cohérence entre l’idéologie et l’application mais on ne peut pas tout justifier par l’idéologie : le nazisme n’a pas été possible que parce qu’un gars a théorisé. On ne peut donner la responsabilité seulement à l’idéologie. Il faut comprendre pourquoi 33% des allemands ont porté Hitler au pouvoir et le soutien qu’il a reçu pour la mise en place de son programme.

8.1 Qu’est ce que le fascisme ?

8.1.1 Existe-t-il un « type » fasciste ? Non, au strict plan des idées:

- Pas de doctrine unifiante (pas de Capital, pas de Manifeste) - Se veut plutôt action que pensée: « Notre doctrine, c’est le fait » (Mussolini) - Contrastes fascisme/nazisme (notamment sur le traitement de l’Etat: finalité

(fascisme) ou instrument (nazisme) Oui, au niveau des idéologies (i.e. représentations définissant une vision du monde débouchant sur un projet politique) Le nazisme serait une modalité extrême du fascisme...Mais dépend de la place réservée à la Shoah (singularité du nazisme) Non il n’y a pas du type fasciste au point de vue des idées politique mais il y a des idéologies politiques. En premier lieu, le fascisme est un anti intellectualisme : il ne repose pas sur des idées politiques. Comme le dit Mussolini, le fascisme se veut plutôt action que pensée. Ici notre doctrine c’est le fait. Par ailleurs, il n’y a pas de doctrine unifiante : pas de manifeste auquel se référer. Cela ne repose pas sur des idées politiques et les fascismes sont pleins de contradictions internes. Le fascisme et le nazisme s’oppose sur la définition de l’état ; chez Mussolini, le rassemblement dans l’état

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unitaire est une fin en soit. Dans le nazisme, l’état est un moyen, un instrument, la fin est dans le peuple, fondé sur la race et pas sur une construction politique mais une donnée naturelle. Comme Lénine, l’état n’est pas une fin en soi, il pourrait même disparaître. Il y a des similarités : une conception instrumentaliste de l’état. Mais le fascisme est unifié au point de vue des idéologie, c'est-à-dire les ensembles de représentations du monde définissant une vision qui jsutifie et légitime un projet politique. De ce point de vue là, il y a une idéologie fasciste, pas du point de vue des idées politiques mais du point de vue d’une vision du monde qui justifie un projet politique il y a des traits communs entre le fascisme italien et le nazisme. Du point de vue de l’idéologie, on peut considérer, même si c’est controversé, que le nazisme est une modalité extrême du fascisme mais il y a d’autres lectures qui disent que ça va plutôt avec le totalitarisme soviétique car on a un système concentrationnaire pas présent dans le fascisme italien. Le nazisme ne peut pas être une extrêmisation du fascisme italien si on prend en compte la shoah. Plus on rapproche le nazisme au stalinisme, plus on l’éloigne du fascisme italien. Plus on souligne la shoah, plus on fait du nazisme un fascisme à part. Globalement, cette parenté essentielle peut être définie positivement et négativement. Tous les deux se définissent comme une idéologie négative. C’est une idéologie ici qui rejette totalement les idéaux des lumières et l’ordre politique qui en est né, qui rejette l’égalitarisme, le parlementarisme, la paix universelle et la démocratie et qui va jusqu’à rejeter le rationalisme.

8.1.2. Comment définir le fascisme? 1) Une idéologie négative: rejet des Lumières et de l’ordre politique qui en est né, du culte de la

raison, de la foi dans le progrès, la paix, l’individualisme, le parlementarisme, la démocratie, etc. 2) Point commun: l’objectif de rassemblement totalitaire de la nation (différence avec le communisme): Rejet de toute division (en classes par le marxisme; individualisme libéral) Inégalité, hiérarchie, discipline Un parti unique met au pas la nation sous un chef absolu (Duce, Führer) Les vertus guerrières, le droit du plus fort, l’esprit de sacrifice Importance de la mobilisation émotionnelle: « Croire, obéir, combattre » (Mussolini), « Combat, foi, travail, sacrifice » (Goebbels).« La fière devise des squadristes ‘Ne me frego’, inscrite sur les bandeaux d’une blessure, n’est pas seulement (...) le résumé d’une doctrine politique, elle est

l’éducation au combat (...), un nouveau style de vie italien » (Mussolini). Le point commun positif, ce sont deux idéologies qui visent à rassembler la nation, de l’état dans le fascisme, du peuple et de la race dans le nazisme. Ce qu’il faut retenir est que le fascisme c’est la variante totalitaire des idéologies du rassemblement : le gaullisme en France est aussi un rassemblement national mais ne s’appuie pas sur des rejets de la démocratie. Ici il y a rejet de la division dans nos totalitarismes : pas de classes antagonistes. Il est aussi fondé aux réactionnaires sur l’inégalité. Il y a des hiérarchies naturelles entre les individus. Mais aussi il doit être discipliné de manière militaire. Il y a une société pyramidale et militarisé c’est ce qui explique qu’un parti unique est chargé de mettre au pas la nation sous la coupole d’un chef absolu. Ce chef absolu, dans cette idéologie du rassemblement jouera un rôle essentiel de proximité pour enseigner les vertus guerrières. L’esprit de sacrifice essentiel à l’abnégation totale. Cela explique l’importance non seulement d’un quadrillage de la société par une structure administrative et que le chef doit parvenir à entretenir une mobilisation de type émotionnelle, physique entre lui et les masses. On peut le voir dans les mots d’ordre du fascisme et du nazisme.

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<a la fin du 19ème siècle, une des conséquences de la révolution industrielle c’est de voir émerger des mouvements anti capitalistes et anti bourgeois mais qui sont aussi hostiles à l’égalitarisme, le matérialiste et internationaliste. Il y a donc des courants profondément anti capitaliste mais en même temps anti socialiste, qui ne satisfont pas de cette vision de l’unité des communautés humaines. Ces mouvements puisent à différents courants qui sont eux-mêmes anciens (cf réactionnaires)avec une nouveauté : c’est qu’ils ‘agit d’intégrer les masse. Il s’agit aussi pour eux de dire que la société ce n’est pas quelque chose qu’one explique rationnellement, elle est tissée animée par des forces obscures, des énergies qui sont le sol, le sang, la race, d’où l’irrationalisme revendiqué. Cela renvoit presque à une pensée magique et communautaire de la société. Du coup, l’individu ne veut pas dire grand-chose, il est totalement parti prenante d’une communauté dont il ne peut pas se défaire (conception totalitaire). La troisième source est le nationalisme d’extrême droite qui est particulier parce qu’il se distingue de deux autres nationalismes : il n’est pas le nationalisme démocratique de 1848 ou 1789 qui identifie la nation avec le peuple souverain. Le nationalisme renvoie ici à l’idée de nation naturelle, de hiérarchie, de supériorité. On n’est pas non plus dans un nationalisme de droite classique élitiste, car il y a ici la volonté d’intégrer les masses, de s’appuyer essentiellement sur elles. Le fascisme est donc une synthèse originale qui reprend le vocable et la symbolique révolutionnaire socialiste.

8.2. Le fascisme italien Illustre bien les ambiguïtés initiales: Après 14-18 et Octobre 1917: hétérogénéité sociale (anciens combattants, syndicalistes, militants de gauche) et choix politiques composites Origine urbaine, discours anti-bourgeois, mais s’oppose à

l’internationalisme prolétarien Se transforme en forme contre-révolutionnaire soutenue par les élites Glisse donc vite de la gauche vers l’extrême droite... Mais les divisions persistent et sont une arme dans les mains du chef...Point commun à Mussolini et à Hitler

Fascisme italien :il se caractérise par une forte hétérogénéité. On a des militants de gauche, des anciens combattants,… On a du côté italien et allemand une composante importante des anciens combattants meurtris par la guerre. Il y a un traumatisme de la guerre sur lequel se construit le fascisme. Cela explique que les thématiques d’extrême droit patriotique vont côtoyer des idées d’extrême gauche. On va naviguer sur des opinions politiques contrastées. En italie et en allemange, le fascisme est un mouvement urbain qui prend naissance fasse à la réalité industrielle tout en s’opposant à l’internationalisme prolétarien (trop intellectualiste). On reste dans une figure anti bourgeoise quand même. Le nationalisme va être un repoussoir du mouvement ouvrier. I y aura une forme contre révolutionnaire soutenu par les élites qui possèdent quelques choses. Cela explique que ces mouvements vont glisser d’extrême gauche à extrême droit. Les divisions sociologiques entre aile gauche et droite va perdurer. C’est sur ces tensions que Mussolini et Hitler vont jouer, ils vont diviser pour mieux régner. Ils vont se présenter comme des leaders charismatiques au dessus.

8.3. Le national-socialisme In Dictionnaire des idées politiques (Nay, Michel et Roger): - Théorie élaborée par Hitler dans Mein Kampf (1923, 1925-1927), - source doctrinale du NSDAP, - idéologie officielle de l’Allemagne entre 1933 et 1945 8.3.1. Les thèses nazies puisent à plusieurs sources (deuxième moitié du XIXe, début du XXe):

1) La hiérarchie des races (Gobineau, Vacher de Lapouge, H.S. Chamberlain)

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2) Le darwinisme social (Herbert Spencer): la sélection naturelle adaptée aux sociétés... 3) Le pangermanisme (Ratzel, Haushofer, Rosenberg) et la théorie de « l’espace vital »

Le national socialisme est défini de trois manières dans le dictionnaire . Peu de régime ont autant de précisions et de cohérence doctrinale. Les thèses nazis puisent plusieurs sources qui remontent majoritairement à la deuxième partie du 19ème siècle :

C’est un corpus pseudo scientifique sur la hiérarchie des races qu’on trouve souvent chez les Français. Gobineau parle des noirs, des blancs et des jaunes

Le darwinisme social est le darwinisme appliqué à la société : seuls les plus forts survivent et qu’on ne doit pas contrarier les lois naturelles. On ne doit donc pas aider les plus faibles. On ne peut donc pas encourager, protéger, promouvoir la survie des faibles

Le pangermanisme sera la source du principe d’espèce vital selon lequel les peuples supérieurs ont le droit, par la guerre de conquérir l’espace necessaire.

8.3.2. Mein Kampf (rédigé en prison en 23, 2 tomes, publiés en 25-27) Pot-pourri vulgarisant ces « idées » et valorisant la « violence hystérique » (le génie démagogique de Hitler, selon J.-J. Chevallier) chapitre crucial: « Le Peuple et la race » (chap. 11) L’ennemi, source de tous les maux: « le juif » (« le marxisme n’est que le masque du juif »), d’où le

rôle du peuple aryen, « élu » La mission de l’Etat, à l’intérieur: régénérer « la race aryenne », mobiliser le peuple par la propagande (vise les masses) et l’éducation, réunir le peuple autour du chef, lutter contre tout

intellectualisme pour « libérer l’énergie vitale » qui rend prêt à tous les sacrifices... « Le balayeur des rues doit se sentir plus honoré d’être citoyen de ce Reich que s’il était le roi d’un pays étranger »... La mission de l’Etat, à l’extérieur: la conquête de l’espace vital, par la guerre... Tout cela, c’est ce à quoi puise Mein Kampf qui présente cela. Apparemment ce n’est pas Hitler qui l’aurait écrit mais un geôlier. Il y a exhortation à l’hystérie et à la violence. Il y a un chapitre crucial : le peuple et la race où l’on trouve l’essence de l’idéologie nazie. On comprend la trajectoire d’Hitler qui l’amène à penser sa théorie. L’ennemi présenté comme la source de tous les maux sont les juifs : le marxisme n’est que le masque du juif. Le juif est source de tous les maux, d’où le rôle du peuple aryen qui est de régénérer la race aryenne et sa suprématie ou l’extension de cette race inférieur. Il en découle deux mission de l’état : une à l’intérieur. La régénération du peuple passe par la ^propagande pour le rassembler autour d’un chef suprême et qui rendra le peuple prêt à tous les sacrifices. Ces sacrifices sont la guerre vers laquelle l’idéologie nazie est menée. Cette guerre est le point de départ et la finalité de l’idéologie nazie. A cette fin, ce qui fut génial dans le cas d’Hitler est de parvenir à mobiliser non pas toute la population allemande mais une partie suffisante et de faire taire une autre partie par les critères raciaux. Cette idéologie est novatrice pour le rassemblement des masses et aussi rétrograde sur l’idée d’égalité, de guerre.

8.3.3. Quelques controverses sur la filiation idéologique: le nazisme... 1) une « maladie allemande »? Antisémitisme pas typiquement allemand... 2) une réaction au bolchevisme? Sources du nazisme bien antérieures...

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3) Une réaction extrême de l’idéologie allemande (communautarisme, autoritarisme) contre l’individualisme porté par le libéralisme économique?

i.e. piste creusée par Louis Dumont (Essais sur l’individualisme, 1983), et avant lui par Karl Polanyi, dans La Grande Transformation (1944) Il y a eu des controverses importantes. Peut-on considérer que le nationalisme socialisme était une maladie allemande car l’antisémitisme n’tétait pas qu’allemande. En effet, les thèses antisémites étaient plutôt françaises. Une autre thèse développée par des historiens allemands était de considérer que c’était une réaction au bolchévisme. Mais en fait, les sources sont bien antérieures.

On peut aussi voir la théorie comme un lien a la communauté du sol et encline à l’autoritarisme. Cela essaye d’expliquer comment chez un certain nombre de penseurs allemands il y avait des traits qui peuvent s’expliquer comme une réponse à l’individualisme extrême porté par le libéralisme économique. Il y aurait eu une réponse spécifiquement allemande à l’individualisme caractéristique du libéralisme économique ; C’est sur ce terreau que ce serait développé le national socialisme ; C’est la piste creusée par la Grande Transformation de Polanyi.

En guise de conclusion, quelques mots sur... Karl Polanyi, La Grande Transformation (1944) La dimension idéologique du libéralisme économique (XIXe), et sa négation entre 1930 et 1945 Friedrich Hayek, La route de la servitude (1943) Le libéralisme radical aux origines du néolibéralisme des années 1980 Jean-Claude Michéa, L’empire du moindre mal. Essai sur la civilisation libérale (2007) Une critique radicale du libéralisme... La grande transformation chez Polanyi fait référence au retournement qui s’opère dans les années 30 par rapport à la transformation qui elle-même avait eu lieu au 18ème/ 19ème siècle qui avait donné naissance à l’idéologie de l’économie libérale totale. Ce qui intéresse Polanyi dans cet ouvrage pour comprendre ce qu’il se passe au 20ème siècle est de retourner à l’instauration du marché autorégulateur auquel tout doit se soumettre. Ce que montre Polanyi est que ce système de l’économie politique libérale, présenté comme naturel, n’allait pas du tout de soi. Même dans un pays comme l’UK, il a été extrêmement difficile de le mettre en place et de briser les mécanismes d’autoprotection que la société avait érigée pour se protéger contre l’instauration du marché libre. Il montre comment pendant 40 ans, la société résiste à l’instauration d’un marché pour lequel tout devient une marchandise échangeable contre de l’argent. Ce qu’il s’est passé avec la politique économique des nazis est de revenir en arrière par rapport à la libéralisation économique et de subordonner l’économie à la société et au politique. Il fait parti des intellectuels de l’époque qui essayaient de comprendre ce qu’il se passait. Il essayait de donner une explication autre au succès du thème nazi. Cette explication est liée à une explication radicale de l’idéologie nazie. Il a essayé de montré que l’idéologie libérale n’était pas plus naturelle pour les hommes que le nazisme ou le socialisme.

Hayek va défendre la thèse opposée qui va servir d’inspiration forte aux thèses néolibérales dans les années 80 et 90. Il va dire qu’en fait la propension d’un pays à la servitude, dépend directement du champ qu’on laisse à l’intervention étatique, l’idée centrale d’Hayek est que globalement, les gens ne peuvent se mettre d’accord que sur des petites tâches commune set que si l’état intervient il y aura perte de liberté. Cela implique que toute limitation à la liberté du marché limite la liberté de l’individu.

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La liberté est toujours purement individuelle, il n’y a pas d’autres libertés. En fonction de l’unité du libéralisme est liée au marché et est d’origine économique. On ne peut s’en défaire et on doit l’accepter. L’état doit accepter de la garantir. On assimile la liberté de l’individu à la liberté de l’individu qui produit et consomme.

Michéa et Terray proposent des alternatives à ces idéologies libérales.