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DIRECTION REGIONALE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS ET DE LA COHESION SOCIALE MEMOIRE REALISE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME D’ETAT DE MASSEUR KINESITHERAPEUTE 2013 Stage temps plein mars/avril 2012 JANSON Laura Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la hiérarchisation des objectifs masso-kinésithérapiques Cas d’un adolescent paralysé cérébral marchant

Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

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Page 1: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

DIRECTION REGIONALE DE LA JEUNESSE ET DES SPORTS ET DE LA COHESION SOCIALE

MEMOIRE REALISE EN VUE DE L’OBTENTION DU

DIPLOME D’ETAT

DE

MASSEUR KINESITHERAPEUTE

2013

Stage temps plein mars/avril 2012 JANSON Laura

Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

hiérarchisation des objectifs masso-kinésithérapiques

Cas d’un adolescent paralysé cérébral marchant

Page 2: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

Résumé

Ethan a 14 ans et présente une paralysie cérébrale de type diplégie spastique.

Cette forme qui touche essentiellement les membres inférieurs est constituée de troubles de

la commande motrice volontaire, de spasticité et de troubles orthopédiques installés

secondairement. Ethan est indépendant pour la plupart des activités de la vie quotidienne et

se déplace en marchant sans aide technique à l’intérieur et en fauteuil roulant manuel à

l’extérieur. Il présente par ailleurs des douleurs chroniques, de type mécanique, au niveau

du rachis lombaire.

En plus de l’entretien orthopédique et de l’amélioration de la station assise, la

rééducation est axée principalement sur l’entretien des capacités de marche et la lutte

contre la douleur. Ces deux derniers objectifs sont des enjeux majeurs qui concernent la

majorité des paralysés cérébraux tout âge confondu ; l’adolescence étant une période

critique de l’évolution fonctionnelle et orthopédique.

Mais quelle priorité donner à chaque enjeu ?

L’objectif de la rééducation n’est pas seulement de donner à Ethan le plus

d’autonomie fonctionnelle possible mais de contribuer à construire une meilleure qualité

de vie. Dans cet objectif une évaluation de la qualité de vie est judicieuse mais ne se suffit

pas à elle-même. C’est un outil supplémentaire dans le choix et la hiérarchisation des

objectifs masso-kinésithérapiques.

Mots clés

- Paralysie cérébrale/

Infirmité motrice cérébrale

- Marche

- Douleur

- Qualité de vie

- Adolescence

Keywords

- cerebral palsy

- Walk / gait

- Pain

- Quality of live

- Adolescence

Page 3: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

Sommaire

1. Introduction ................................................................................................................. 1 2. Présentation d’Ethan................................................................................................... 2

2.1. Anamnèse .............................................................................................................. 2 2.2. Contexte................................................................................................................. 2

3. Bilans masso-kinésithérapiques ................................................................................. 3

3.1. Bilans morphostatiques et de l’équilibre ............................................................... 3 3.1.1. Assis............................................................................................................... 3 3.1.2. Debout .......................................................................................................... 4

3.2. Bilan orthopédique ................................................................................................ 4

3.2.1. Examen clinique ............................................................................................ 4 3.2.2. Maturation osseuse........................................................................................ 5

3.3. Bilan neuromusculaire........................................................................................... 5

3.3.1. Spasticité........................................................................................................ 5 3.3.2. Motricité volontaire et syncinésies................................................................ 6

3.4. Bilan algique.......................................................................................................... 6

3.5. Bilan fonctionnel ................................................................................................... 7

3.5.1. Mesure d’indépendance fonctionnelle (MIF) ................................................ 7 3.5.2. Séquences de redressement ........................................................................... 7

3.6. Bilan de la marche ................................................................................................. 7

3.6.1. Description de la marche selon les 5 critères de Gage................................. 8 3.6.2. Equilibre dynamique lors de la marche ...................................................... 10 3.6.3. L’Appareillage et les aides techniques de marche ...................................... 10 3.6.4. Score de Gillette .......................................................................................... 10

4. Diagnostic kinésithérapique...................................................................................... 11

4.1. Classification internationale du fonctionnement ................................................. 11 4.2. Eléments de pronostic et champs d’action du MK.............................................. 12

5. Projet thérapeutique ................................................................................................. 12

5.1. Principes de la rééducation.................................................................................. 12 5.2. Objectifs .............................................................................................................. 13 5.3. Moyens masso-kinésithérapiques entrepris .........................................................14

5.3.1. Pour diminuer les douleurs lombaires ........................................................ 14 5.3.2. Pour prévenir les rétractions musculaires et tendineuses........................... 15 5.3.3. Pour entretenir les capacités de marche ..................................................... 15

Page 4: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

6. Discussion ................................................................................................................... 18

6.1. Les enjeux............................................................................................................ 18 6.1.1. Evolution des capacités de marche chez les PC.......................................... 18 6.1.2. La douleur chez les PC................................................................................ 19 6.1.3. La fatigue : un autre enjeu ? ....................................................................... 22

6.2. La qualité de vie .................................................................................................. 23

6.2.1. Qu’est-ce ?................................................................................................... 23 6.2.2. Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie liée à la santé ......................... 24 6.2.3. Le choix de l’échelle .................................................................................... 25 6.2.4. La qualité de vie chez les jeunes PC............................................................ 26 6.2.5. Une vision à court terme ............................................................................. 27

6.3. L’adolescence ...................................................................................................... 28

6.3.1. Handicap et adolescence............................................................................. 28 6.3.2. La ré-annonce du handicap......................................................................... 28 6.3.3. La transition des soins à l’âge adulte.......................................................... 29

7. Conclusion .................................................................................................................. 30

Page 5: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

1

1. Introduction La paralysie cérébrale (PC), terme emprunté de l’anglais cerebral palsy, a été definie

par le réseau SCPE1 [1] comme étant « un ensemble de troubles du mouvement et/ou de

la posture et de la fonction motrice, ces troubles étant permanents mais pouvant avoir

une expression clinique changeante dans le temps et étant dus à un désordre, une lésion

ou une anomalie non progressive d’un cerveau en développement ou immature. »

La lésion cérébrale survient donc avant, pendant ou quelques mois après la naissance.

Aux séquelles motrices peuvent s’associer d’autres déficiences, notamment intellectuelles.

Les termes d’infirmité motrice cérébrale (IMC) et d’infirmité motrice d’origine cérébrale

(IMOC), encore très utilisés en France, font la différence entre respectivement, l’absence

ou la présence d’atteintes cognitives. [2]

En France, la prévalence de la paralysie cérébrale atteint près de 2 pour 1000 naissances,

soit environs 1500 nouveaux cas par an [1]. Les principales étiologies restent la

prématurité et le retard de croissance intra-utérin mais un quart des cas de PC reste

d’étiologie inconnue.

Il existe trois formes cliniques principales en fonction du type de l’atteinte

neurologique prédominante : spastique, dyskinétique ou ataxique ; et cinq formes cliniques

en fonction de l’atteinte topographique prédominante : l’hémiplégie, la quadriplégie

(atteinte des 4 membres), la triplégie (atteinte des deux membres inférieurs et d’un membre

supérieur), la monoplégie (un seul membre) et enfin la diplégie (atteinte des deux membres

inférieurs) qui concerne 36% des PC [1], à laquelle nous allons nous intéresser.

La réflexion de cet écrit est basée sur le cas clinique d’Ethan, un adolescent de 14 ans,

marchant, présentant une atteinte de type diplégie spastique. La prise en charge

kinésithérapique d’Ethan présente deux enjeux majeurs difficiles à concilier : le maintien

des capacités de marche et la lutte contre des douleurs lombaires. Pour une prise en charge

plus juste, notre vision du handicap doit s’inscrire selon la nouvelle classification

internationale du handicap ( CIH-2 ou CIF2) qui ne tient plus seulement compte de la

maladie et des déficiences engendrées mais aussi des facteurs environnementaux et

personnels, [3] [4]. Nous verrons comment l’évaluation de la qualité de vie liée à la santé

s’inscrit pleinement dans cette vision et me permet de construire ma prise en charge autour

et avec Ethan et de ne pas la réduire à un traitement de sa pathologie.

1 Surveillance of Cerebral Palsy in Europe 2 Classification Internationale du Fonctionnement

Page 6: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

2

2. Présentation d’Ethan

Ethan a 14 ans (né en septembre 1997). Nous nous rencontrons lors de mon stage en

mars 2012 dans un Institut de Rééducation et d’Education Motrice (IREM), dans le lequel

il est intégré depuis septembre 2008.

Il présente une paralysie cérébrale de type diplégie spastique, dont la cause est encore

méconnue puisque aucuns antécédents spécifiques n’ont été relevés (grossesse normale,

naissance à terme …).

2.1. Anamnèse

Devant les premières difficultés motrices d’Ethan (station assise non acquise à 9 mois),

une IRM est passée en 1998 et montre une leucomalacie périventriculaire, en faveur d’une

insuffisance circulatoire cérébrale aigue périnatale. Cette atteinte cérébrale qui correspond

à une nécrose de la substance blanche autour des ventricules cérébraux a pour principale

séquelle clinique la diplégie spastique [2] dont le diagnostic est posé chez Ethan en 1999.

S’en suit une prise en charge à domicile par le SESSAD3 de 2000 à 2008, puis une

intégration en internat à l’IREM.

En plus de son traitement par voie orale de baclofène, Ethan a bénéficié, pour lutter

contre sa spasticité, d’injections de toxine botulique dans les triceps suraux en 2001 et

2005 et dans les adducteurs en 2005.

Depuis 2000, il suit une prise en charge kinésithérapique, dont les objectifs se sont

recentrés dès 2006 sur l’acquisition d’une marche libre. En effet, jusqu’alors Ethan

investissait peu la marche, utilisait très préférentiellement le quatre-pattes pour jouer, et le

fauteuil roulant manuel pour se déplacer. Le déambulateur postérieur (K-walker®) et les

cannes tripodes misent à sa disposition n’étaient que très peu utilisés. Il acquiert enfin la

marche libre aux alentours de l’âge de 9 ans ½.

2.2. Contexte

Pour des facilités d’encadrement, Ethan est intégré en internat au centre. Le week-end

et lors des vacances scolaires, il vit avec sa mère et son grand frère dans une maison à

étage. A ce jour, Ethan bénéficie d’une prise en charge hebdomadaire :

• scolaire : en classe de 4ème adaptée au centre. Les cours de biologie et de technologie

sont suivis au collège de la ville.

3 Service d’Education Spécialisée et de Soins à Domicile

Page 7: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

3

• rééducative : kinésithérapie (2 séances de 45 minutes), piscine en groupe, ergothérapie

et psychomotricité (danse collective).

• Activités : foot-fauteuil; ping-pong; console de jeux ; réseaux sociaux.

3. Bilans masso-kinésithérapiques

3.1. Bilans morphostatiques et de l’équilibre

3.1.1. Assis

Ethan se place spontanément en grande cyphose dorso-lombaire, en enroulement des

épaules et en antépulsion de tête avec une hyperextension cervicale pour redresser son

regard (figure 1). Cet effondrement du rachis est objectivé par une différence de 16 cm

entre la distance (C7/sacrum) en décubitus et la distance (C7/sacrum) en position assise

spontanée. Mais cette différence n’est plus que de 10 cm si l’on prend la position assise

corrigée (figure 2), et seulement de 4 cm si on ajoute un placement des genoux en flexion

pour raccourcir les ischio-jambiers (IJ) et faciliter l’antéversion du bassin. Cela atteste

d’une part d’une bonne capacité d’extension active volontaire du rachis et d’autre part cela

implique la tension des ischio-jambiers (IJ) dans la rétroversion du bassin.

L’équilibre assis est maintenu contre des déstabilisations extrinsèques, les yeux ouverts

et les yeux fermés. Les déstabilisations intrinsèques à partir des membres supérieurs (MS)

ou des membres inférieurs (MI) dans le sens de l’extension sont peu contrôlées. Les

réactions parachutes sont présentes aux MI mais peu efficaces et donc compensées par les

réactions des MS.

Figure 1 : position assise spontanée Figure 2 : position assise corrigée

Page 8: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

4

3.1.2. Debout (figure 3)

La stratégie d’équilibration de la station debout se fait selon une attitude spécifique

correspondant au schème de Little [2], à savoir : flexion/adduction/rotation médiale de

hanche et flexion de genou (donnant un faux genu valgum). Les deux pieds présentent une

déformation de type pied plat valgus abductus : un arrière pied en équin/valgus, un avant

pied en abduction, une arche médiale effondrée et une saillie en dedans de la tête du talus.

Au niveau du tronc, les courbures rachidiennes se normalisent par rapport à la station

assise. Le bassin est en position neutre dans le plan sagittal ; l’hémi-bassin droit est réculé.

La tête reste en antépulsion. L’équilibre debout est précaire, il n’est maintenu que face à de

faibles déstabilisations. Le simple redressement du regard bouleverse la stratégie

d’équilibration et provoque une déséquilibration vers l’arrière. Les réactions

d’équilibration sont présentes mais peu efficaces.

Figure 3 : position debout dans le plan frontal et sagittal

3.2. Bilan orthopédique

3.2.1. Examen clinique (Annexe I)

Ce bilan révèle les troubles secondaires à la lésion cérébrale, à savoir : les déformations

architecturales, les limitations articulaires et les hypoextensibilités musculaires.

• Les hanches

Elles présentent une limitation en abduction due essentiellement à une hypoextensibilité

des muscles adducteurs (grand adducteur et gracile). On note également une diminution de

Page 9: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

5

la rotation latérale (15° à D/20° à G) liée à hyper antéversion du col fémoral (de 25° à D et

de 20° à G, contre 15° normalement), mesurée par la manœuvre de Netter.

• Les genoux

Ils ne présentent pas de flexum; en revanche on note une hypoextensibilité assez

importante des IJ (angle poplité de 120° à D 115° à G). De plus Ethan présente des patella

alta (+2cm à D +2,5 cm à G), qui d’une part laisse présager d’un angle mort des quadriceps

et qui, d’autre part, risque de se majorer avec la marche en flexion des genoux.

• Les segments jambiers

La torsion latérale des segments jambiers est mesurée sur l’angle pied/cuisse.

Physiologiquement une torsion latérale de l’os d’une quinzaine de degrés apparait dans les

six premières années de la vie. Chez Ethan cette torsion est de 35° à D et de 25° à G.

• Les chevilles et les pieds

On note un déficit de flexion dorsale de talo-crurale (5° à D / 0° à G), majoré par

l’extension de genou (-5° à D/ -5° à G), révélant une hypoextensibilité des muscles

gastrocnémiens. De plus, on retrouve une déformation des pieds de type pied plat valgus

abductus. Le valgus des arrière-pieds est totalement réductible. L’abduction des avant-

pieds est partiellement réductible.

3.2.2. Maturation osseuse

Une radiographie récente du bassin (mars 2012), montre un début d’ossification de la

crête iliaque dans sa partie antéro-externe. Cela correspond à un stade Risser 1. Cette

appréciation du stade de maturation osseuse révèle qu’Ethan entame une période de

croissance importante qui va durer 2 à 3 ans environ et concerner en particulier le tronc et

les membres inférieurs [5]. Le potentiel de déformation orthopédique durant cette période

est particulièrement important.

3.3. Bilan neuromusculaire

Il évalue les troubles primaires à la lésion cérébrale : la spasticité et la commande motrice

des principaux muscles et groupes musculaires.

3.3.1. Spasticité (Annexe II)

L’échelle de Tardieu a été utilisée à vitesse rapide. L’angle d’apparition du réflexe

d’étirement a été noté. On retrouve une réaction spastique, cotée à 2, sur les muscles :

Page 10: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

6

- Adducteurs de hanche (Long adducteur, grand adducteur et gracile)

- Droits fémoraux

- Ischio-jambiers

3.3.2. Motricité volontaire (Annexe III) et syncinésies

Les recrutements musculaires analytiques sont difficiles. Ils se font généralement

par la mise en place de chaînes musculaires, notamment celle de triple flexion (syncinésies

de coordination), très sollicitée pour le recrutement des muscles ilio-psoas, IJ et tibial

antérieur. On observe également souvent :

- une cocontraction des muscles antagonistes, qui rendent d’autant plus difficile

le mouvement

- des contractions associées du membre controlatéral : apparition de syncinésie

d’imitation même à faible résistance

- des contractions associées du tronc : sollicitation importante des paravertébraux

pour aider le grand fessier, du carré des lombes pour suppléer le moyen fessier,

et des abdominaux lors du recrutement de l’ilio-psoas.

- Des contractions associées des muscles adducteurs et rotateurs médiaux de

hanches, lors de tout recrutement proximal.

L’évaluation quantitative de la motricité volontaire a été réalisée selon l’échelle de Held et

Pierrot Desseilligny. Les cotations, sensiblement les mêmes à gauche et à droite, sont

globalement faibles (≤ 3) excepté au niveau de l’extension active des orteils et du genou.

Cependant, il est à noter pour cette dernière, l’existence d’un angle mort de 30° de chaque

côté.

3.4. Bilan algique

Ethan se plaint de douleurs rachidiennes au niveau lombaire.

L’interrogatoire révèle qu’elles sont :

- diffuses, entre la charnière thoraco-lombaire et le milieu du sacrum, sans côté

prédominant et sans irradiation dans les membres inférieurs

- majorées après un temps de marche ou le maintien prolongé d’une position et en

particulier la station assise (en classe) et la position sphinx (devant la télé).

- parfois présentes la nuit et le matin au levé (dérouillage matinal) mais de manière

non systématique

- soulagées par le repos et la prise d’antalgiques (paracétamol : 1g/j en moyenne)

Page 11: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

7

- cotées sur l’EVA à 4/10 en moyenne dans la journée, avec un minimum à 0/10 (la

nuit), et un maximum à 6/10.

- présentes depuis plus de six mois, elles deviennent de plus en plus importantes,

amenant Ethan à s’en plaindre d’avantage.

L’examen clinique révèle :

- une palpation des ligaments ilio-lombaires douloureuse

- des contractures de défenses des muscles para-vertébraux lombaires

- une absence des signes de Lasègue, Léri et de la sonnette

Face à ces douleurs de manifestation mécanique et chronique, des examens

radiographiques ont été faits en mars 2012, ils se sont révélés normaux.

3.5. Bilan fonctionnel

3.5.1. Mesure d’indépendance fonctionnelle (MIF)

Ethan est globalement indépendant dans ses activités de la vie quotidienne. La mesure

d’indépendance fonctionnelle (MIF) lui donne un score total de 123/133 (Annexe IV).

L’indépendance est relative dans les items :

- toilette corporelle : l’aide est parfois nécessaire en cas de fatigue importante

- marche : n’est pas possible en terrain varié sans aides techniques (Cf. 3.6 Bilan de

la marche)

- escaliers : La montée et la descente des escaliers sont précaires, réalisées de

manière asymétrique à l’aide de la rampe.

3.5.2. Séquences de redressement (Annexe V)

Les principaux niveaux d’évolution motrice (NEM) utilisés dans le relevé du sol à

partir du décubitus dorsal et du procubitus ont été évalués. La cotation utilisée est celle de

Hansen et Tardieu. On retiendra que Ethan est capable de réaliser toutes les étapes du

relevé du sol mais le passage de chevalier-servant à debout ne peut se faire sans appui des

membres supérieurs.

3.6. Bilan de la marche

La marche d’Ethan est décrite à l’aide de la vidéographie. Il est filmé dans le plan

sagittal et frontal lors d’une marche libre, rectiligne, sur une distance de 9 m, avec et sans

ses aides techniques.

Page 12: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

8

Figure 4 : Attaque du pas Figure 5 : Passage du pas de face et de profil

La marche d’Ethan est globalement symétrique. On retrouve :

Gauche Droite

Angulation du pas 30° 30°

Largeur du pas Quelques cm Quelques cm

Longueur du pas 50 cm 60 cm

Vitesse de marche (avec appareillage) 64 mètres/min = 3,8 km/h

Périmètre de marche (avec appareillage)

≈ 500 mètres

3.6.1. Description de la marche selon les 5 critères de Gage [6]

Gage a proposé une subdivision fonctionnelle du cycle de la marche en cinq

priorités nécessaires pour avoir une marche efficiente et hiérarchisées en fonction de leur

importance. Au sein de ces cinq critères, JC Bernard a développé des items qualitatifs et

quantitatifs [6].

• Bon pré-positionnement à l’attaque du pas (figure 4)

L’attaque du pas se fait pied à plat, cheville en position neutre. Et comme pendant

toute la phase portante, le genou est en flexion (70°), que l’on peut incriminer aux ischio-

jambiers hypoextensibles et spastiques ainsi qu’au déficit d’extension active du quadriceps.

Page 13: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

9

• Stabilité en phase d’appui

Pendant tout le cycle de marche, les arrière-pieds sont en équin/valgus, masqués par

une compensation de l’avant pied en flexion/abduction. Cette malposition du pied est

majorée lors de la phase portante, durant laquelle on peut observer une véritable cassure de

l’articulation tarso-métatarsienne avec un effondrement en dedans du talus (figure 4).

Dans les plans frontal et horizontal, on retrouve tout le long du cycle de marche,

l’attitude en ciseaux des membres inférieurs que l’on incriminer à:

- une adduction des hanches, engendrée par l’hypoextensibilité et la spasticité des

adducteurs, ainsi qu’à la prédominance des adducteurs sur les abducteurs.

- une rotation médiale des hanches, engendrée par l’antéversion fémorale et la

prédominance des rotateurs médiaux sur les rotateurs latéraux et par l’action

rotatoire du gracile et du long adducteur.

Le chevauchement des deux membres inférieurs réduit le polygone de sustentation

pendant la phase de double appui, et majore le déséquilibre dans le frontal, rendant la

marche instable. La stabilité du bassin dans le plan frontal est dépendante de l’oscillation

du tronc du même coté que l’appui, compensatrice d’une insuffisance fessière (boiterie de

Trendelenburg) (figure 5).

• Liberté du passage du pas en phase oscillante

Le passage du pas est précaire, les orteils tendent à frotter le sol, en lien avec un

manque de hauteur du pas, lui-même en lien avec un manque de flexions actives de hanche

et de cheville. Deux compensations sont relevées : une hyperlordose lombaire (figure 5) et

un léger fauchage.

• Bonne longueur du pas

La longueur du pas antérieur est diminuée par disparition de la phase d’Abattée due

au manque d’extension de genou. La longueur du pas postérieur est diminuée par le

manque d’extension passive de hanche mais surtout par le manque de stabilité de l’appui.

• Conservation de l’énergie

Elle est perturbée par toutes les anomalies de marches décrites ci-dessus dès lors qu’elles :

- perturbent la stabilité articulaire « passive»

- augmentent le déplacement du centre de gravité

- entrainent des contractions motrices compensatrices.

Page 14: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

10

Outre la mesure des vecteurs de force d’appui au sol dans les études cinétiques, le coût

énergétique de la marche peut être évalué de manière simple par l’indice de dépense

énergétique (IDE).

IDE = Fréquence cardiaque moyenne de la 5ème minute

Vitesse (m/min)

En reprenant les valeurs du test des 6 minutes de marche, réalisé avec les pieds chaussés et

appareillés, on retrouve chez Ethan un IDE égal à 2,6. D’après Cristol et Berard [7],

l’indice de dépense énergétique de la marche physiologique, diminue avec son

perfectionnement pour atteindre une valeur moyenne de 1,6 aux alentours de l’âge de 11-

12 ans. L’IDE de la marche d’Ethan est 1,6 fois supérieur à cette valeur.

3.6.2. Equilibre dynamique lors de la marche

Il est précaire. Le maintien d’une trajectoire rectiligne, les demi-tours, les

changements de vitesse, le passage d’obstacles et la marche en terrain variée sont difficiles.

Les chutes sont relativement fréquentes (2 à 3/semaines).

3.6.3. L’Appareillage et les aides techniques de marche

Ethan bénéficie de chaussures orthopédiques et d’orthèses de maintien de l’arrière

pied qui permettent de minimiser les déformations du pied ainsi que d’orthèses courtes

postérieurs anti-équin. Elles améliorent le déroulement du pas (attaque du pas par le talon)

et le passage du pas en diminuant l’accrochage du pied en phase oscillante.

Il faut préciser qu’Ethan refuse aujourd’hui tout autre aide de marche. Il a bénéficié

auparavant d’un déambulateur postérieur à roulette de type K-Walker® et de cannes

tripodes. Il a aussi rapidement été habitué à utilisé un fauteuil roulant manuel, qu’il utilise

encore aujourd’hui, en cas de fatigue ou pour les longs déplacements.

3.6.4. Score de Gillette [8]

Ethan est parvenu à acquérir une marche libre, qu’il utilise à vitesse normale

(64m/min) mais sur un périmètre de marche restreint (<500m). Elle correspond à une

marche de stade 7/10 au score de Gillette (annexe VI), à savoir une marche à l’extérieur

de la maison pour se déplacer dans le quartier mais sur les terrains plats et non accidentés.

Page 15: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

11

4. Diagnostic kinésithérapique

4.1. Classification internationale du fonctionnement

Problème de santé : Ethan, âgé de 14 ans, présente une paralysie cérébrale de type diplégie spastique.

A ce jour du bilan, Ethan présente des déficiences physiques qui touchent

essentiellement les membres inférieurs. Les troubles neuromoteurs causés directement par

la lésion cérébrale sont : une spasticité des adducteurs et des ischio-jambiers et une

faiblesse globale de la motricité volontaire des membres inférieurs, excepté du quadriceps.

Les principaux troubles orthopédiques qui se sont installés secondairement sont : une

hypoextensibilité des ischio-jambiers, des patellas alta et une déformation des pieds de

type pied plat valgus abductus. Les principales activités limitées par ces atteintes sont :

- la station assise : le manque de stabilité limite l’utilisation des MS dans cette position

- la station debout : limitée à environ cinq minutes

- la marche : possible à l’intérieur et à l’extérieur de la maison sur terrain plat non

accidenté (score de Gillette à 7/10). Le coût énergétique de la marche est 1,6 fois plus

élevé que la norme, restreignant le périmètre de marche d’Ethan à 500 mètres.

- la montée et la descente des escaliers : nécessitent une rampe.

D’autre part Ethan présente des douleurs lombaires chroniques que l’on peut à la

fois incriminer à la mauvaise posture assise et à la sur-sollicitation du tronc pendant la

marche.

Ethan est autonome dans la plupart des activités de la vie quotidienne sauf dans le

domaine des activités corporelles élémentaires où la fatigue physique est souvent le motif

d’une demande d’aide ou d’une négligence hygiénique.

Ethan est scolarisé en partie à l’IREM où il bénéficie d’un suivi plus personnalisé

qu’en milieu éducatif ordinaire mais il souhaite s’intégrer d’avantage au collège de la ville.

Ses activités extra scolaires en société sont le foot-fauteuil avec l’équipe de l’IREM et le

tennis de table avec son frère en milieu valide. Du fait de la fatigabilité et du manque

d’équilibre en station debout, Ethan ne peut rejoindre la section compétition comme il le

souhaiterait. Quant à son projet professionnel, Ethan souhaite continuer sa scolarité après

le collège, au lycée, en milieu ordinaire, dans une section technologique. Le choix de

formation est restreint à celui proposés par des établissements où il y a accessibilité au

fauteuil roulant.

Page 16: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

12

4.2. Eléments de pronostic et champs d’action du MK

Bien que la lésion cérébrale initiale soit non évolutive, les atteintes cliniques évoluent,

d’autant plus qu’Ethan est en pleine croissance pubertaire. Le rôle de la masso-

kinésithérapie est de contrôler cette évolution en agissant sur les atteintes primaires

(spasticité, commande et force motrice) et secondaires (déformations orthopédiques) et d’y

associer un choix judicieux de moyens de suppléance fonctionnelle. Le but principal est de

préserver les capacités de marche actuelles d’Ethan. En effet, celles-ci tendent vers une

évolution défavorable. La prise de poids pubertaire surcharge les articulations entrainant un

effondrement progressif de la station debout et de la marche [9]. Par ailleurs, la fatigue et

la douleur, qui peuvent être considérées comme des atteintes tertiaires, doivent également

être prises en charge en kinésithérapie, leur aggravation dans les populations de jeunes PC

tendant à suivre celle des capacités de marche [10].

5. Projet thérapeutique

5.1. Principes de la rééducation

- Adapter la difficulté des exercices afin de ne pas décourager Ethan par des mises en

échec répétitives. De même que les séances devront être interactives afin de préserver

sa motivation dans une rééducation de longue haleine.

- Respecter le seuil de la douleur en ayant à l’esprit que ce seuil est souvent mal géré

par le jeune lui-même, du fait d’une certaine « habitude » de la douleur. Chez Ethan il

sera important que les douleurs lombaires ne soient pas majorées ni pendant ni après

les séances de kinésithérapie.

- Rendre Ethan acteur de sa rééducation afin de lui apporter plus d’autonomie dans sa

prise en charge. On lui laissera ainsi de plus en plus le libre choix dans ses exercices

dont il en aura compris l’intérêt et des exercices d’auto rééducation seront proposés.

- Tenir compte de son âge. Il se situe entre l’enfant qui n’est pas complètement

autonome et l’adulte chez qui les acquisitions motrices sont terminées, tout en ayant un

potentiel de croissance et de déformations orthopédiques accru lié à la puberté.

- Travailler, échanger, partager avec l’équipe thérapeutique tout entière. La prise en

charge et les choix thérapeutiques sont pluridisciplinaires.

Page 17: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

13

5.2. Objectifs

• A chaque séance :

- vérifier l’absence de conflits cutanés ou trophiques avec l’appareillage.

Anticiper la demande de renouvellement en cas d’usure.

• Diminuer les douleurs lombaires par :

- Des moyens antalgiques afin de casser le cercle vicieux d’auto-entretien de la

douleur.

- Un traitement des facteurs mécaniques :

o Améliorer la tenue du tronc et du bassin notamment dans la station

assise dont la position corrigée devra s’automatiser. Revoir l’installation

assise, notamment en classe, en collaboration avec l’ergothérapeute.

o Minorer la participation du tronc pendant la marche qui supplée l’action

notamment des fessiers.

• Entretenir les capacités de marche actuelles qui lui permettent de se déplacer à

vitesse efficiente sur terrain plat non accidenté.

• Lutter contre l’apparition ou l’aggravation des déformations orthopédiques qui sont

responsables à terme de douleurs et de perte de capacités motrices. Ethan est en

pleine période de croissance, le potentiel de déformation est important, il faudra :

- Surveiller l’état de ses déformations architecturales : ascension patellaire,

rotation tibiale. Surveiller l’apparition de flexum de genou et de déformations

rachidiennes notamment de type scoliotique.

- Lutter contre la rétraction des muscles : adducteurs, ischio-jambiers, triceps

sural, et ilio-psoas.

• Retrouver un indice de dépense énergétique normal (IDE=1,6) en athlétisant ses

capacités aérobiques.

• L’accompagner dans le choix d’un appareillage adapté au niveau des membres

inférieurs et dans l’utilisation d’aides techniques au niveau des membres

supérieurs.

Page 18: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

14

5.3. Moyens masso-kinésithérapiques entrepris

5.3.1. Pour diminuer les douleurs lombaires

• Moyens antalgiques

Dans la lutte contre les douleurs dont se plaint Ethan il a été entrepris :

- des massages à visée décontracturante des muscles para-vertébraux de cette

région. Ils ont un effet antalgique direct par levée de la contracture douloureuse et

indirect par diminution de la pression musculaire permanente (PMP) au niveau de chaque

arthron.

- des séances d’électrothérapie de type TENS. Le mode d’action est la

stimulation de fibres sensitives qui vont inonder la corne postérieure de la moelle épinière

d’informations sensitives afin de noyer l’information nociceptive. La durée d’action

théorique est limitée au temps d’application.

• Amélioration de la station assise

L’objectif est qu’Ethan puisse acquérir une station assise de qualité (auto-

grandissement rachidien) et qu’il puisse la tenir pendant longtemps et sans fatigue.

La musculature para-vertébrale du rachis dans son ensemble est donc travaillée en

endurance. Ce travail se fait sur plan stable, pieds à plats et genoux fléchis pour limiter la

résistance induite par l’hypoextensibilité des IJ. La tenue du tronc en position corrigée est

maintenue dans un premier temps sous stimulation visuelle (miroir), verbale et par guidage

manuel. Le but est de tenir progressivement de plus en plus longtemps cette position, en

veillant à bien respecter des temps de repos équivalents au temps de travail musculaire. Un

travail à partir des membres supérieurs dans le sens de l’extension, est intégré afin de

majorer le recrutement musculaire. La difficulté de l’exercice est progressivement

augmentée par inclinaison du tronc vers l’avant.

L’automatisation de la position sera acquise par diminution progressive des stimulations et

des guidages et par association d’une double tâche et enfin par transfert des acquis hors

contexte rééducatif.

Une réflexion avec l’ergothérapeute est portée quant à l’installation en classe d’Ethan. Une

chaise de type « semi-assise » faciliterait le redressement rachidien.

Page 19: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

15

5.3.2. Pour prévenir les rétractions musculaires et tendineuses

Des temps d’étirements sont nécessaires dans la lutte contre les rétractions

musculaires. Ils peuvent être réalisés manuellement et/ou sous forme de postures.

L’étirement manuel me permet d’inclure des composantes rotatoires afin de solliciter

l’ensemble des fibres du muscle, me permet d’adapter l’étirement au fil du gain et en

fonction de la tolérance d’Ethan. Il ne doit pas être douloureux, au risque de déclencher

une contraction et de devenir inefficace. La posture quand à elle, permet de rallonger le

temps d’étirement, contrairement à l’étirement manuel qui est difficilement maintenable

plus d’une dizaine de minutes. Ainsi, les muscles ischio-jambiers, gracile, long et grand

adducteurs, gastrocnémiens et ilio-psoas sont étirés manuellement et des temps de postures

sur table sont proposés à Ethan pour en majorer l’efficacité.

Selon Le Métayer [11], les étirements de 10 à 15 minutes ont un effet seulement sur

la composante de viscosité du muscle mais ne permettent pas d’améliorer les possibilités

d’allongement. Le pouvoir d’adaptation du muscle qui se traduit par une augmentation du

nombre de sarcomères n’apparait que si le muscle est maintenu en position d’allongement,

par des orthèses, 8 heures sur 24 heures. En revanche l’étirement permet de diminuer la

force de raccourcissement du muscle et donc de diminuer la réaction spastique. Les

étirements sont donc judicieusement utilisés avant un travail actif des muscles

antagonistes. La relation force/longueur se rétablit dans les heures qui suivent.

5.3.3. Pour entretenir les capacités de marche

• Renforcement des muscles fessiers

Une étude française publiée en 2011 sur le recrutement des muscles fessiers chez le

jeune paralysé cérébral [12] m’a guidé dans mes choix d’exercices. L’étude montre que le

recrutement du moyen fessier est meilleur dans les exercices en charge, et notamment dans

la marche à genoux dressés et dans la montée d’une marche. Ayant donc l’intérêt d’être

efficaces et fonctionnels, ses deux exercices ont été privilégiés dans le renforcement du

moyen fessier. Mais j’ai aussi choisi d’associer du renforcement plus analytique en

décubitus controlatéral, qui a l’avantage d’être beaucoup moins coûteux en énergie et donc

permet une plus grande répétition de mouvements. Le mode de contraction est statique,

hanche en position neutre, et sur un travail en résistance

En ce qui concerne le recrutement du grand fessier, l’étude montre qu’il est

meilleur dans l’exercice de levé du membre inférieur en quadrupédie, dans la marche à

genoux dressés et dans le pont fessier genoux tendus. Ces résultats confirment l’intérêt du

Page 20: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

16

travail à genoux dressés dans le renforcement des fessiers et d’autre part montrent que ce

sont plutôt les exercices en décharge qui sont le plus efficaces. J’ai donc retenu ces deux

exercices. Ils ont été réalisés en actif aidé, le grand fessier étant faible. Par la suite, il sera

intéressant de conduire ces exercices sous forme de « gainage » afin de les introduire dans

une chaine musculaire.

• Amélioration de l’équilibre statique et dynamique debout

Il parait bien difficile de vouloir changer les paramètres morphostatiques et

morphodynamiques de la station debout et de la marche, car ils correspondent sans doute à

la meilleure stratégie d’équilibration qu’Ethan puisse employer en fonction de ses

déficiences neuromusculaires et orthopédiques. En revanche, il est possible de sur-

développer les réactions d’équilibrations. Un travail de l’équilibre global permet

d’améliorer davantage les capacités proprioceptives afin de compenser les déséquilibres

liés aux autres déficiences et ainsi d’améliorer la qualité de la marche et de diminuer les

risques de chute. Le travail de l’équilibre vise donc à développer les informations

vestibulaires, somesthésiques et visuelles ainsi que la réponse posturale de retour.

Le travail de l’équilibre s’effectue en position debout bipodale, sur plan stable et

instable (mousse), avec ou sans entrée visuelle, sur déstabilisations extrinsèques et surtout

intrinsèques. Et le travail de l’équilibre dynamique lors de la marche s’effectue par

l’utilisation d’obstacles, de changements de direction et de vitesse.

• Choix de l’orthèse de fonction

Pour corriger le placement de la cheville dans le plan sagittal lors de la marche, il

existe deux principaux types d’orthèses courtes [13][14] :

• - L’orthèse anti-équin ou « attelle releveur »

C’est ce que porte actuellement Ethan. Elle est postérieure à la

jambe et son rôle est de pallier l’insuffisance des muscles releveurs

du pied. Son action est principalement utile pendant la phase

oscillante où elle aide au passage du pas en diminuant l’accrochage

du pied au sol.

Figure 6 : Attelle releveur et orthèse de maintien de l’arrière pied d’Ethan

Page 21: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

17

- L’orthèse anti-talus

Elle est antérieure à la jambe. Son rôle est de limiter la

flexion dorsale de talo-crurale. Elle permet ainsi pendant la

phase d’appui, en contenant l’avancée du tibia et la flexion

de genou, de limiter l’effondrement en triple flexion.

Figure 6 : Orthèse anti-talus [14]

C’est pour cette action qu’un essai d’orthèse anti-talus a été réalisé durant mon

stage. Mais l’essai n’a pas été concluant car la stabilité en phase d’appui était compromise

par un passage du pas controlatéral plus difficile.

Il faut donc une orthèse qui remplisse les deux actions tout en

restant confortable et esthétique. C’est dans cette optique que sont

créé les orthèses anti-talus à lame de carbone postérieure. Elles

possèdent à la fois un contre appui tibial antérieur qui limite

l’avancée du tibia, une partie postéro-plantaire comme sur les

releveurs classiques et on peut y ajouter un contre appui tarsien

nécessaire pour contenir la flexion tarso-métatarsienne.

Figure 1 : Orthèse anti-talus à lame de carbone postérieure

Page 22: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

18

6. Discussion

La prise en charge masso-kinésithérapique d’Ethan présente deux objectifs principaux :

la préservation des capacités de marche et la lutte contre la douleur.

Les capacités de marche sont menacées par la prise de poids pubertaire. En effet la marche

restera efficace d’autant plus qu’elle est acquise tôt. Une acquisition de la marche après 6-7

ans, risque d’être compromise par la prise de poids pubertaire qui imposera de nouvelles

contraintes mécaniques [9,15]. Le travail de la marche risque cependant de contribuer au

maintien des douleurs lombaires dont se plaint Ethan. En effet, comme nous allons le voir,

les douleurs du rachis sont fréquentes dans les populations de paralysés cérébraux (PC)

marchants du fait de la sur-sollicitation du tronc pour pallier à l’insuffisance des membres

inférieurs.

Une question se pose alors :

Dans le but de donner à Ethan, à moyen et long terme, la meilleure qualité de vie

possible, doit-on poursuivre la rééducation de sa marche, afin de la préserver au mieux ?

Ou doit-on se rediriger vers une politique d’économie corporelle et renforcer d’autres

acquis (notamment celui de la station assise) afin d’éviter l’usure précoce et l’installation

de douleurs chroniques ?

Pour répondre à ces questions, nous verrons d’abord la prévalence de ces deux enjeux,

à savoir la dégradation de la marche et la douleur, dans les populations de PC. Puis nous

étudierons l’intérêt de l’évaluation de la qualité de vie du jeune dans le choix des objectifs

rééducatifs. Et enfin nous conclurons sur les particularités liées au contexte de

l’adolescence.

Pour construire ma réflexion je me suis appuyée sur des études françaises et étrangères

que j’ai choisi, selon leur niveau de preuve, leur pertinence par rapport à ma problématique

et leur date de publication.

6.1. Les enjeux

6.1.1. Evolution des capacités de marche chez les PC

Plusieurs études se sont d’abord intéressées à l’élaboration de critères de pronostics sur

l’acquisition de la marche chez l’enfant PC. Puis d’autres ont révélé l’importance

Page 23: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

19

d’acquérir la marche le plus tôt possible au risque de la voir compromette au cours de la

croissance. Et enfin on s’est intéressé à l’évolution des capacités de marche chez l’adulte.

Il en ressort qu’une majorité des PC rapporte, plus ou moins tardivement, une détérioration

de leur capacité de marche. Une étude américaine [16] publiée en 2007 et réalisée sur une

cohorte de 7550 paralysés cérébraux a déterminé la probabilité pour un jeune PC de perdre

ou d’améliorer ses capacités de marche durant l’adolescence et le début de l’âge adulte. Il

en résulte que les enfants appartenant au groupe « marchants avec difficulté ou avec une

aide technique et utilisateur de fauteuil roulant à l’extérieur » à l’âge de 10 ans, ont 40% de

chance de perdre leur marche avant l’âge de 25 ans. Et les marchants de 25 ans appartenant

à ce même groupe ont 30% de chance de perdre leur marche avant l’âge de 40 ans.

Une étude norvégienne conduite par l’équipe de Jahnsen [10] publiée en 2009, confirme

ses résultats et montre que 71% des adultes atteints de diplégie spastique, tout âge et tout

type d’atteinte confondu, témoignent d’une détérioration de leur marche. Cette étude a

d’autre part révélé que ces personnes se plaignaient également de douleurs plus fréquentes

et/ou plus intenses, avec plus d’impact sur leurs activités de la vie quotidienne, ainsi que de

plus de fatigue physique et de perte d’équilibre.

Pour mieux connaitre les liens de cause à effet entre douleurs, fatigue, équilibre et perte

des capacités de marche, des études plus approfondies sont nécessaires dans ce domaine.

Ainsi deux études préliminaires récentes (2012) [17],[18] ont été conduites par l’équipe de

Jahnsen, sur 16 cas de diplégiques spastiques, mais elles n’ont pas permis pour l’instant de

confirmer l’hypothèse qu’une marche énergivore, qu’un mauvais équilibre ou que des

boiteries importantes seraient associés à une dégradation des capacités de marche chez

l’adulte.

6.1.2. La douleur chez les PC

D’après une étude publiée en 2011, réalisée par l’équipe de Jahnsen [19] sur 153

jeunes paralysés cérébraux âgés de 8 à 18 ans, 62% éprouvent des douleurs musculo-

squelettiques chroniques. Ces douleurs sont souvent modérées. Aucuns liens significatifs

avec le sexe, le type d’atteinte, la sévérité de l’atteinte ou l’éducation n’ont été retrouvés.

En revanche, la prévalence de la douleur augmente avec l’âge, avec un pic significatif

autour de 14 ans. Cette prévalence accrue des douleurs chroniques est retrouvée dans les

populations adultes PC, comme le montre une étude bretonne (réseau Breizh-imc) publiée

en 2009 [20] et réalisée sur 562 patients, qui révèle que 75% des interrogés se plaignent de

Page 24: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

20

douleurs physiques. Jahnsen qui avait aussi étudié la prévalence des douleurs dans la

population adulte en 2004 [21], précise que dans le groupe des atteintes de type diplégie

(n=122), les trois sites les plus fréquemment douloureux sont le dos, les pieds/chevilles et

les genoux.

Ces douleurs sont le plus souvent de types musculo-squelettiques, rarement de type

neuropathiques. Bien que la paralysie cérébrale soit définie comme une lésion du cerveau

non évolutive causant des atteintes primaires, les atteintes secondaires comme les

déformations orthopédiques évoluent. Elles sont responsables directement ou

indirectement de sur-utilisation articulaire qui accéléreraient l’usure des articulations en

question et favoriseraient ainsi la survenue de douleurs précoces. [10 ; 20 ; 22]

La sur-utilisation concerne deux types d’articulations :

- celles victimes de déformations orthopédiques qui entrainent une mauvaise

répartition des contraintes, majorée par la mise en charge.

- celles compensatrices qui se doivent de remplir une fonction qui n’est pas la leur.

Si l’on s’intéresse à l’atteinte de type diplégie comme chez Ethan, on constate :

Au niveau du pied : Les principales déformations sont l’équin, associé à un pied

varus/adductus ou à un pied plat valgus/abductus. Cette dernière déformation, retrouvée

chez Ethan, est la plus fréquente. Elle résulte d’une dislocation de l’articulation tarso-

métatarsienne avec hyperpression de l’articulation calcanéo-cuboidienne, responsable à

terme d’atteinte arthrosique.

Au niveau du genou: la marche la plus fréquemment rencontrée chez le diplégique est celle

en flexion de genou. Il s’exerce alors des contraintes biomécaniques très importantes sur la

patella, du fait de la mise en tension de l’appareil extenseur et de la contraction du

quadriceps. On retrouve alors en plus de phénomènes dégénératifs articulaires, un

allongement du tendon patellaire et une ascension de la patella dans 58 à 72% des cas [20].

Cela aboutit souvent à une perte d’extension active du genou (angle mort de 30° chez

Ethan), à d’importantes douleurs et voire même à une fragmentation de la patella ou encore

à un arrachement de la tubérosité tibiale antérieure. A un stade avancé ce n’est donc pas

seulement la marche qui est compromise mais bien d’autres activités dans lesquelles la

Page 25: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

21

flexion de genou est importante comme se lever et s’asseoir d’une chaise, monter et

descendre les escaliers, etc.

Au niveau de la colonne vertébrale : Les douleurs rachidiennes sont très fréquemment

citées chez les PC. Leurs causes sont multiples mais on peut citer les déformations de types

scoliotiques, plutôt rencontrées chez les non marchants [22] et les douleurs liées à une

sollicitation anormale. Des recherches ont montré que la stabilisation précoce du bassin

dans l’espace semblait être un pré-requis à l’apparition de la marche. Le bassin est un

référentiel postural de base à partir duquel s’organise l’équilibre latéral au cours de la

locomotion [23]. Chez les PC, le contrôle du bassin est souvent insuffisant et comme chez

Ethan, il y a souvent en compensation, une amplitude anormalement élevée des

mouvements du tronc dans le plan frontal [23]. De plus, J.C Bernard a étudié le rachis

neurologique de profil de PC marchants [24] et a conclu que les troubles de la statique

constatés à l’adolescence étaient secondaires aux rétractions musculo tendineuses et/ou aux

troubles de la commande motrice mais n’étaient pas en rapport avec une forme particulière

de bassin spécifique à l’IMC. Le bassin et la colonne lombaire sont des zones d’adaptation

absorbant ou compensant les tensions et les déformations des membres inférieurs pour

permettre de tenir un rachis érigé et une horizontalité du regard. Le tronc est donc

d’avantage sollicité comme compensateur lors de la marche que lors de la station assise.

On constate que la marche entretient aussi bien certaines mobilités articulaires

qu’elle n’aggrave d’autres déformations et favorise l’usure de certaines articulations. Ainsi

les phénomènes de sur-utilisation articulaire et les douleurs qu’ils engendrent sont très

fréquemment rencontrés chez les adultes PC (parfois même dès l’adolescence) et sont

responsables de dégradation fonctionnelle. On peut ainsi considérer, d’un point de vue

essentiellement articulaire, l’idée d’un « capital marche ». Les articulations vont s’user au

fil du temps comme chez n’importe quel individu mais les contraintes biomécaniques

anormales qui existent chez les PC vont accélérer ce processus. Ainsi ce « capital marche »

sera consommé d’autant plus vite que les contraintes biomécaniques seront élevées dans

l’espace et dans le temps. Les seuls moyens de préserver ce « capital marche », en dehors

d’interventions chirurgicales, sont la prévention de l’apparition ou de l’aggravation de

déformations orthopédiques et la réduction des temps de marche.

Page 26: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

22

Par ailleurs, l’inactivité et la station assise prolongée apportent elles aussi leur lot

de complications. Parmi les effets de la non mise en charge debout, il y a par exemple la

diminution de l’activité métabolique osseuse. Une étude publiée en 2010 [25], réalisée sur

56 enfants paralysés cérébraux spastiques a montré que la densité osseuse des membres

inférieurs était principalement liée au niveau de marche sur l’échelle du GMFCS4. La

densité osseuse de la colonne vertébrale est quand à elle principalement liée à la croissance

(en taille ou en poids). D’autre part, une étude française s’est intéressée à la douleur de

hanche chez 234 adolescents et jeunes adultes paralysés cérébraux non marchants [26].

Elle révèle que la douleur concerne 47,2% des interrogés et que l’excentration de hanche

en est un facteur de risque, ainsi que les stations prolongées : 19% des patients se plaignent

de douleurs lorsqu’ils restent dans une même position trop longtemps.

Il semble donc important de trouver un équilibre entre, d’une part le repos,

l’économie articulaire, l’utilisation d’aides techniques nécessaires pour limiter les

syndromes de sur-utilisation et d’autre part le maintien d’une activité physique régulière.

Celle-ci permet de limiter la survenue de raideurs articulaires mais aussi de lutter contre le

déconditionnement physique et la fatigue associée.

6.1.3. La fatigue : un autre enjeu ?

Les 406 adultes paralysés cérébraux de l’étude de Jahnsen ont été aussi questionnés

sur leur état de fatigue [27]. Il en résulte que ceux-ci se plaignent plus de fatigue physique

que la population générale mais pas plus de fatigue mentale.

D’un point de vue locomoteur, du fait principalement de la mise en activité de groupes

musculaires qui ne sont habituellement pas recrutés lors de la marche, le coût énergétique

de chaque pas peut être très élevé. C’est le cas chez Ethan, où rappelons le, le recrutement

du tronc pour pallier aux insuffisances des membres inférieurs notamment dans la

stabilisation frontale, est en partie responsable d’un indice de dépense énergétique 1,6 fois

plus élevé que lors d’une marche normale. L’outil devient finalement peu rentable face aux

exigences du train de vie quotidien. C’est ce qui explique que beaucoup d’adultes PC

marchants, chez qui la marche est trop lente et/ou trop énergivore, préfère le fauteuil

roulant en déplacements extérieurs et garde au mieux une marche d’intérieur. Pimm [22] a

décrit la théorie d’un « burn out physiologique » causé par le déséquilibre entre la demande

4 Gross Motor Function Classification system

Page 27: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

23

et les ressources physiologiques. En effet la vie sociale se construit sur les aptitudes de la

plus grande majorité d’entre nous mais impose à la personne handicapée de s’adapter.

Ainsi par exemple, traverser le collège dans le temps imparti de 5 minutes ne va pas

demander le même effort pour un collégien sans atteinte motrice que pour Ethan, qui va

alors préférer utiliser le fauteuil roulant plus efficace.

Mais alors quelle priorité donner à chaque enjeu afin de garantir à Ethan la

meilleure qualité de vie à court et long terme ?

6.2. La qualité de vie

6.2.1. Qu’est-ce ?

Selon l’Organisation mondiale de la santé la qualité de vie correspond à « la perception

qu’a un individu de sa place dans l’existence, le contexte de la culture et du système de

valeur dans lequel il vit, en relation avec ses objectifs, ses attentes, ses normes et ses

inquiétudes. »

La qualité de vie est donc par définition une donnée subjective. Elle est évaluée selon

le ressenti en termes de bien être et de satisfaction du patient. Elle ne doit pas être pour

autant moins fiable que les mesures objectives habituellement prises en compte comme les

mesures d’indépendance fonctionnelle ou d’autonomie. La qualité de vie place l’individu

au centre de son propre environnement. On prend en compte l’individu dans sa globalité

au-delà de ses aspects purement somatiques, selon les trois dimensions de la santé :

physique, psychique et sociale. On s’intéresse aux besoins de l’individu qui selon Patrick

[28] s’inscrivent dans « le large éventail des dimensions de l’expérience humaine depuis

celles associées aux nécessités de la vie jusqu’à celles associées à un sentiment

d’accomplissement de réussite et de bonheur personnel ». Ces besoins correspondent donc

à ceux perçus par l’individu et non pas ceux identifiés par les tiers. Cette notion est

importante en pédiatrie. En effet, c’est souvent le ressenti des parents qui est pris en

compte avant celui de l’enfant. Or il peut y avoir discordance entre ce que ressent l’enfant

et ce que perçoivent les parents.

Page 28: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

24

6.2.2. Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie liée à la santé

Dans le domaine de la santé on parle de qualité de vie liée à la santé (QVLS) car elle se

focalise sur le retentissement de la maladie (ou de ses traitements) sur la vie et sur le bien

être du patient. L’intégration des mesures de la QVLS dans la prise en charge

thérapeutique d’un patient permet de :

• prioriser les actions de santé

La hiérarchisation est nécessaire lorsque deux objectifs sont difficilement conciliables

comme chez Ethan mais aussi lorsque le temps passé en rééducation est limité pour des

raisons économiques, logistiques et/ou par un emploi du temps déjà bien rempli.

La mesure de la qualité de vie liée à la santé réunit des dominantes habituellement

mesurées séparément, sous un même enjeu, celui d’améliorer le bien être et le confort de

vie du patient. Au-delà des bilans « descriptifs » habituels réalisés dans chaque dominante

rééducative par le kinésithérapeute, la mesure de la qualité de vie va permettre d’apprécier

le retentissement d’une douleur, d’une incapacité fonctionnelle, sur le bien être physique,

psychologique et social du patient. Le questionnaire de QVLS va permettre ainsi de mettre

en regard plusieurs enjeux thérapeutiques et d’identifier l’importance ou non de l’un par

rapport à l’autre. Ainsi chez Ethan, savoir qui de la douleur ou de la diminution des

capacités de marche aurait le plus de retentissement sur sa QVLS, permettrait de mieux

orienter la priorité à accorder à chaque enjeux.

• comprendre ses besoins spécifiques

On ne soigne pas une pathologie mais un patient avec « ses objectifs, ses attentes, ses

normes et ses inquiétudes » qui ne sont pas nécessairement ceux de l’équipe soignante. La

mesure de la QVLS est un outil qui s’ajoute aux interrogatoires habituels, pour mettre en

évidence les besoins spécifiques du patient.

Ethan m’a ainsi confié au détour d’une discussion informelle ne pouvoir entrer dans la

section compétition au club de tennis de table avec son frère car elle n’autorisait pas la

prise d’appui sur la table. Une intégration dans une section handisport dans laquelle il

serait à égalité physique avec ses adversaires paraît alors plus adaptée. Mais est-ce le

meilleur choix en terme de qualité de vie pour Ethan qui est peut être plus intéressé par

passer du temps avec son frère que de faire de la compétition ? Et dans ce cas seule la

mesure de la qualité de vie permet d’établir un objectif thérapeutique spécifique à Ethan à

Page 29: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

25

savoir obtenir une station debout endurante et efficace face aux déstabilisations

intrinsèques au jeu du tennis de table.

• Intégrer le patient dans les décisions médicales

Un des principes exposés précédemment est de rendre Ethan acteur de sa

rééducation. Même sans évaluation de la qualité de vie, tout le monde s’accorde à dire

qu’il faut prendre en compte l’avis du jeune même lorsque celui-ci va à l’encontre de ce

que préconise l’équipe soignante. Ainsi, le port des chaussures orthopédiques a été

judicieusement négocié mais non imposé. Mais qu’en est-il des besoins non exprimés ?

Est-ce légitime de choisir de prioriser, d’inclure ou d’exclure tel ou tel objectif sans

prendre le soin de mesurer quel impact cela pourrait avoir sur la vie d’Ethan ?

• Mesurer l’impact des thérapeutiques proposées sur les différentes

dimensions de la santé

C’est dans cette perspective que les mesures de QVLS sont intégrées dans les essais

cliniques. Mais actuellement elles ne sont pas utilisées comme critères de jugement de

l’efficacité d’un traitement pour un patient donné. Les instruments de mesures de QVLS

actuels ne remplissent pas à l’heure actuelle des critères assez exigeants (précision,

reproductibilité, fiabilité ….). De plus, l’évolution de la QVLS n’est pas seulement le fait

d’action thérapeutique mais elle dépend aussi de l’évolution naturelle de la pathologie, des

projets de l’individu, de ses attentes etc.

Cela souligne deux limites de l’évaluation de la QVLS, développées ci après, à

s’avoir : celle du choix de l’échelle et celle liée au caractère peu prédictif.

6.2.3. Le choix de l’échelle

La QVLS doit être évaluée à l’aide de questionnaires standardisés et valides. Il en

existe 2 types : les auto-questionnaires et les questionnaires adressés à une tierce personne

(parents). Comme le montre l’étude SPARCLE5 [29], l’évaluation de la QVLS doit, si

possible, être faite par interrogation du jeune lui-même car le point de vue de ses parents

est trop souvent discordant avec ses perceptions. Le questionnaire des parents peut être

5 Study of PARticipation of children with cerebral palsy Living in Europe

Page 30: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

26

utile chez les enfants qui sont dans l’incapacité de répondre (troubles cognitifs importants,

enfants en bas âge…)

Une revue de littérature française [30] a étudié les instruments disponibles pour évaluer la

QVLS d’adolescents et d’enfants PC à potentiel de marche. Dix-sept instruments ont été

retenus dont :

- 12 dits « génériques » développés en population générale

- 2 spécifiques à la PC et aux maladies neuromusculaires

- 3 spécifiques aux pathologies chroniques

Tous ces instruments couvrent les domaines physique, psychique et social mais les

domaines prédominants diffèrent selon les échelles. Ainsi les questionnaires VSP-A et

KIDSCREEN décrivent plus largement les domaines psychique et social et moins le

physique alors que le KINDLE explore d’avantage le physique.

L’article conclut que les propriétés des échelles utilisées dans les populations PC ne

permettent pas de les utiliser de façon satisfaisante mais que l’évaluation de la QV reste un

outil indispensable dans l’évaluation du PC et qu’elle reste encore sous utilisée, notamment

en France par rapport aux pays anglo-saxons.

Parmi toutes ces échelles je retiendrais pour l’évaluation de la QV d’un adolescent PC

marchant pouvant être auto-évalué, trois échelles validées en français :

- KIDSCREEN : générique, elle s’adresse aux jeunes de 8 à 18 ans.

- VSP-A : elle s’adresse de manière plus spécifique à l’adolescent (11-18 ans)

- DISABKIDS : seul outil validé en français qui comporte un module spécifique aux

populations PC mais il ne s’adresse aux jeunes seulement jusqu’à 16 ans.

Une autre échelle spécifique à la paralysie cérébrale a été développée : la CP-QOL

(cerebral palsy–quality of life), dans laquelle les dimensions de la santé selon l’OMS ont

été complétées par d’autres thèmes comme la santé de la famille, la QVLS future, la

satisfaction de l’accessibilité aux services, l’acceptation de la communauté etc. Cette

échelle est en attente d’une validation en français.

6.2.4. La qualité de vie chez les jeunes PC

En 2002, Hodgkinson [31] s’intéresse à la QV de 54 enfants diplégiques marchants

(de 4 à 12 ans) et révèle que plus les capacités motrices de l’enfant étaient bonnes moins

l’enfant était satisfait. Bien que l’étude comporte des biais, notamment liés à l’utilisation

de l’échelle AUQUEI qui a l’inconvénient de n’explorer que 5 dimensions de la vie, elle

Page 31: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

27

souligne déjà l’importance de ne pas assimiler qualité de vie, état de santé et déficiences

motrices de l’enfant.

Une étude européenne SPARCLE [29] conduite en 2007, a mesuré la qualité de vie

de 500 enfants PC, âgés de 8 à 13 ans, capables de s’exprimer, à l’aide de l’échelle

KIDSCREEN (outil générique) explorant 10 dimensions de la QV. Il en ressort qu’en

moyenne la QV de ces enfants est similaire à la QV des enfants de la population générale.

Il a aussi été mis en évidence que certaines déficiences sont significativement associées à

une moins bonne qualité de vie : déficience motrice dans le domaine « bien être

physique » ; déficience intellectuelle dans le domaine « humeurs et émotions » ; et

difficulté de communication dans « vie à la maison ». Quant à la douleur, elle est

systématiquement associée à une dégradation de la QV dans tous les domaines, avec un

résultat significatif dans 5 domaines dont le « bien être physique » dans lequel l’impact de

la douleur est particulièrement élevé. Et d’autre part, la concordance entre les réponses des

parents et celles les enfants est faible. Globalement les parents ont tendance à sous estimer

la QV de leur enfant sauf chez les enfants qui expriment des douleurs sévères et fréquentes.

Ils ont tendance à rapporter des niveaux de QV significativement plus bas que leurs

parents.

Plus récemment (2012) [32], l’équipe de Jahnsen s’est intéressée à la répercussion

de la douleur sur la qualité de vie de 85 jeunes PC âgés de 8 à 18 ans. Les résultats

confirment ceux de l’étude SPARCLE. La présence de douleurs musculo-squelettiques

chroniques est associée à une dégradation de la qualité de vie dans les auto-évaluations

mais pas dans les évaluations des parents.

6.2.5. Une vision à court terme

La qualité de vie évolue en fonction des facteurs personnels et environnementaux du

patient. Au cours des années, son projet de vie, ses attentes, son vécu de la maladie, son

environnement changent. Et pour cette raison, un score de qualité de vie n’est valable qu’à

un temps donné et il est difficile de pouvoir établir des critères de pronostics quant à son

évolution. En d’autres termes, elle ne permet pas de dire si l’aggravation ou la diminution

de telle ou telle déficience aura la même conséquence sur la qualité de vie à court terme

que sur celle à long terme. Et cette notion est particulièrement importante pour les enjeux

« irréversibles » comme ici la diminution des capacités de marche ou l’usure du système

musculo-squelettique. Ainsi nous allons voir comment notamment chez Ethan, le vécu du

Page 32: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

28

handicap et l’approche de la douleur peuvent être particuliers à l’adolescence et entrainer

un impact des déficiences sur la QVLS différent de celui à l’âge adulte, remettant en cause

les priorités de soins.

6.3. L’adolescence

6.3.1. Handicap et adolescence

Pouvoir faire ce que l’on veut avec et surtout comme les autres : tel est en résumé

ce que l’on souhaite à l’adolescence. Mais chez l’adolescent PC cela signifie ressembler à

ses pairs valides et donc se façonner une image dans laquelle le handicap n’a pas de place.

Chez Ethan cela se traduit par exemple par un refus du port de chaussures orthopédiques

au profit de chaussures du commerce plus « à la mode ». Il y a aussi les ateliers de danse

où Ethan repousse toujours un peu plus ses limites physiques avec des chutes à répétition

lors des tentatives d’exécution de figures de hip-hop.

De plus, même si ce n’est pas le cas chez Ethan qui accepte bien les séances de

rééducation, il émerge souvent à l’adolescence un sentiment de « ras le bol » face aux

contraintes thérapeutiques [33]. Il y a à la fois les contraintes physiques (installations,

appareillages, postures …) ; les contraintes liées à la rééducation en elle-même parce

qu’elle recherche une motricité qui n’est pas spontanée ; et les contraintes liées au temps

passé en rééducation qui surchargent l’emploi du temps et restreignent les moments de

liberté et de jeu [34].

6.3.2. La ré-annonce du handicap

L’adolescence va être une nouvelle période d’annonce et d’explications. Même si le

handicap est ancien, il va prendre une dimension nouvelle. Pendant l’enfance il est pris en

charge par les parents mais à l’adolescence il va devoir être intégré dans les projets du

jeune. Et ce dernier doit être accompagné pour faire face à ses choix de vie, ses obstacles

et ses renoncements.

L’équipe soignante doit alors réaliser une double mission : celle de prendre en compte les

choix du jeune tout en ré-annonçant les limites liées au handicap.

En effet, même handicapés, les adolescents ont besoin de limites, de repères pour

construire leur futur. Toute éducation implique des contraintes, des interdits, des

acceptations de limites à sa liberté. C’est ce que doit leur offrir le cadre thérapeutique dans

Page 33: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

29

lequel la communication et l’éducation ont une place primordiale, afin que le jeune se

réapproprie la réalité que lui impose sa pathologie. Et en parallèle, il est aussi primordial

de rendre l’adolescent acteur de sa rééducation et de respecter ses choix. Le fait de se sentir

dans une position passive, de facilité, d’être dépossédé de ses initiatives, peut entraver la

constitution d’estime de soi. Il va donc falloir construire avec le jeune une « alliance

thérapeutique ». « Il s’agit d’un pacte mutuel entre soignant et soigné dont l’objectif est

d’atteindre un but thérapeutique » [34]. On évite ainsi de rentrer dans une relation de

« compliance », terme souvent utilisé quand le patient suit bien son traitement mais qui

suggère une position de soumission du soigné face à la volonté du soignant. Lorsque les

souhaits du jeune sont en contradiction avec les attentes de l’équipe soignante, la mise en

place de « compromis » semble être souvent une issue la plus favorable. C’est ainsi qu’il a

été convenu avec Ethan que les chaussures orthopédiques devaient être portées quand il

passerait du temps debout, lors de ses activités sportives notamment.

6.3.3. La transition des soins à l’âge adulte

En France les enfants PC sont accueillis dans de nombreux centres spécialisés comme

ceux de type Instituts d’Education Motrice (IEM), dont celui dans lequel est intégré Ethan.

Mais passé l’âge de 18 ans, le suivi médical et paramédical devient beaucoup moins

régulier. Ainsi très peu d’adultes atteints de diplégie spastique bénéficient d’un suivi

kinésithérapique régulier. Parmi les principes d’une transition de soin réussie de l’enfant à

l’adulte, « The Institute for child health policy » [35] insiste sur la nécessité de développer

des compétences dans la prise en charge et l’éducation des adolescents handicapés afin de

mieux les préparer au passage à l’âge adulte. Le rôle du masseur-kinésithérapeute dans

cette éducation est primordial. Et c’est un principe de rééducation que j’ajouterai dans la

prise en charge d’Ethan. En plus de le rendre acteur de sa rééducation, il serait nécessaire

d’évoquer ensemble l’évolution de son état orthopédique et de ses capacités motrices à

moyen et surtout long terme. Ethan doit avoir à l’esprit la notion de sur-utilisation

articulaire et l’importance de garder une activité physique afin de lui garantir la meilleure

qualité de vie sur le long terme. Cette éducation doit s’entreprendre relativement tôt, dès

l’âge de 12 ans [35]. Peut-être cela aurait permis à Ethan de mieux comprendre l’intérêt

des aides techniques à la marche qui n’est pas seulement de rendre la marche plus facile et

de réduire le risques de chutes mais aussi d’alléger la charge des membres inférieurs et le

travail du tronc.

Page 34: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

30

7. Conclusion

Pendant longtemps la paralysie cérébrale a été considérée comme une pathologie

pédiatrique. Depuis quelques années les études se sont portées sur les populations adultes

et on a ainsi pu suivre l’évolution de la PC sur le long terme. L’apport de ces nouvelles

données est essentiel chez l’adolescent PC. A cet âge, la phase d’acquisitions motrices

étant terminée, la prise en charge kinésithérapique se rapproche plus de celle de l’adulte

que de l’enfant.

On retiendra que la lutte contre la douleur et le maintien des capacités de marche, sont

deux enjeux qui ne s’en tiennent pas au seul cas d’Ethan. Ils concernent la majorité des PC

marchants.

L’évaluation de la qualité de vie s’avère être un outil supplémentaire judicieux dont

l’intérêt principal est de choisir et surtout de hiérarchiser au plus juste les objectifs d’une

prise en charge masso-kinésithérapique. Mais elle présente des limites liées aux échelles

actuellement proposées et validées et liées aux facteurs contextuels du patient, comme

celui de l’adolescence chez Ethan. C’est donc un outil qui complète mais ne remplace pas

les bilans et les connaissances habituels.

Cet écrit m’a permis de réfléchir à l’échelle d’un patient, au-delà de sa pathologie.

A l’avenir cette notion de qualité de vie me permettra de construire une rééducation

plus juste, qui ne s’arrête pas à des objectifs d’autonomie fonctionnelle. Il est nécessaire

dans certaines prises en charge de revoir la priorité d’autres facteurs considérés plus

« subjectifs » comme la douleur mais aussi la fatigue.

Page 35: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

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Page 38: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

Annexes

Annexe I : Récapitulatif du bilan orthopédique

Annexe II : Evaluation de la spasticité selon l’échelle de Held et Tardieu

Annexe III : Evaluation de la motricité volontaire selon l’échelle de Held et Pierrot Desseilligny Annexe IV : Mesure d’indépendance fonctionnelle (MIF)

Annexe V : Evaluation des séquences de redressement cotées selon l’échelle de Hansen et Tardieu Annexe VI : Evaluation fonctionnelle de la marche selon le score de Gilette

Page 39: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

Annexe I

RECAPITULATIF DU BILAN ORTHOPEDIQUE

Position D G

Flexion Genou fléchi 110° 110°

Extension Genou à 0° 15° 10°

Hanche 90°/ Genou 90° (long adducteur) 30° 35°

Hanche 0°/Genou 90° (grand adducteur)

15° 15° Abduction

Hanche 0°/Genou 0° (Gracile) 20° 20°

Rotation médiale 40° 25°

Rotation latérale Hanche et genou à 90°

15° 20°

HANCHE

Antéversion fémorale Manœuvre de Netter 25° 20°

Hanche fléchie : station assise sur les talons possible Flexion

Hanche à 0° (droit fémoral) Distance talon fesse

3 cm 2 cm

Extension Hanche à 0° 5° 5°

Hauteur de rotule

Genou fléchit à 30° distance interligne � pointe

patella 2,0 cm 2,5 cm

Angle poplité Hanche à 90° ( Ischio

jambiers) 120° 115°

GENOU

Torsion tibiale Angle pied/cuisse 35° 25°

Genou tendu (triceps sural) - 5° - 5° TALO-CRURALE

Flexion dorsale (arrière pied

axé) Genou fléchi 5° 0

Position en décharge 20° 20° Valgus de l’arrière pied

Réductibilité Totale Totale

Position en décharge 20° 20° PIED

Abduction de l’avant pied

Réductibilité partielle Partielle

Page 40: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

Annexe II

RECAPITULATIF DE L’EVALUATION DE LA SPASTICITE

Selon l’échelle de Held et Tardieu, à vitesse rapide

D G Position

X Y X Y

Psoas iliaque DD 0 - 0 -

Moyen fessier DD 0 - 0 -

Grand fessier DL 0 - 0 -

Long adducteur DD hanche 90° / genou 90° 2 20° 2 20°

Grand adducteur DV hanche 0° / genou 90° 2 10° 2 15°

gracile DD Hanche 0°/ genou 0° 2 15° 2 15°

Droit fémoral DV 2 50° 2 70°

Ischio-jambiers DV 2 40° 2 40°

gastrocnémiens DD 1 - 1 -

soléaire DD 0 - 0 -

Tibial post assis 0 - 0 -

fibulaires assis 1 - 1 -

Tibial antérieur assis 0 - 0 -

Fléchisseurs orteils assis 0 - 0 -

Extenseurs orteils assis 0 - 0 -

X : Qualité de la réaction musculaire 0 pas de résistance tout au long du mouvement passif.

1 discrète augmentation de la résistance au cours du mouvement passif sans que

l’on puisse distinguer clairement un ressaut à un angle précis.

2 ressaut franc interrompant le mouvement passif à un angle précis (1 à 3

secondes) suivi d’un relâchement.

3 clonus épuisable (moins de 10 secondes lorsqu’on maintient l’étirement) survenant

à un angle précis.

4 clonus inépuisable (plus de 10 secondes lorsqu’on maintient l’étirement) survenant

à un angle précis.

Y : Angle d’apparition de la réaction musculaire

Page 41: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

Annexe III

EVALUATION QUANTITATIVE DE LA MOTRICITE VOLONTAIRE

Cotation de Held et Pierrot Desseiligny 0 Absence de contraction

1 Contraction perceptible sans déplacement du segment

2 Contraction entraînant un déplacement quel que soit l’angle parcouru

3 Le déplacement peut s’effectuer contre une légère résistance

4 Le déplacement s’effectue contre une résistance plus importante

5 Le mouvement est d’une force identique au côté sain

D G

Flexion 4 3

Extension 2 2

Abduction 2 2

adduction 4 4

Rotation médiale 3 2

Hanche

Rotation latérale 2 2

Flexion 3 3 Genou

Extension 4 4

Flexion 2 2 Talo-crurale

Extension 2 2

Inversion 2 2

Eversion 2 2

Flexion des orteils 2 1 Pied

Extension des orteils 4 4

Page 42: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

Annexe IV

MESURE D’INDEPENDANCE FONCTIONNELLE (MIF)

Dépendance complète : 1 point accordé si l’aide est totale. 2 points accordés si l’aide est maximale. Dépendance modifiée : 3 points accordés si l’aide est modérée. 4 points accordés si l’aide est minimale. 5 points accordés si une surveillance est nécessaire. Sans aide : 6 points accordés si l’indépendance est relative. 7 points accordés si l’indépendance est complète.

Items Cotations Soins personnels Alimentation 7 Soins de l’apparence 7 Toilette 6 Habillage partie supérieure 7 Habillage partie inférieure 7 Utilisation des toilettes 7 Sphincters et intestins Contrôle de la vessie 7 Contrôle des intestins 7 Mobilité Lit, chaise, fauteuil roulant 7 Aller aux toilettes 7 Aller à la douche 7 Locomotion Marche 6 Escaliers 6 Fauteuil roulant 7 Communication Compréhension auditive 7 Expression verbale 7 Fonctions cognitives Résolution de problèmes 7 Mémoire 7 Orientation 7 Total 123/133

Page 43: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

Annexe V

SEQUENCES DE REDRESSEMENT

Cotation de Hansen et Tardieu

Décubitus ventral Décubitus Dorsal

Assis bord de table

Assis sur le plan

Quatre-pattes

Petite sirène

Genou dressé

Chevalier servant

Debout

2 2

2

1

2

3 : besoin d’un appui des MS

1

1

0 aucun trouble décelable

1 trouble léger visible uniquement par un spécialiste

2 trouble aisément observable par un observateur ordinaire sans gêne

fonctionnelle importante

3 trouble avec gêne fonctionnelle

4 trouble empêchant la fonction

Page 44: Intérêts de l’évaluation de la qualité de vie dans la

Annexe VI

La classification de Gillette comprend 10 stades évaluant la marche sans aide technique :

1. Ne peut faire aucun pas quelles que soient les conditions 2. Peut faire quelques pas avec l’aide d’une tierce personne. Ne supporte pas

complètement le poids du corps sur les pieds. Ne marche pas de façon régulière.

3. Marche pendant les séances de rééducation mais non pour les

déplacements habituels à l’intérieur du domicile. Nécessite habituellement l’aide d’une tierce personne.

4. Marche à l’intérieur du domicile mais lentement. N’utilise pas la marche

comme mode de déplacement préférentiel au domicile (marche essentiellement de rééducation).

5. Marche plus de 4,5 jusqu’à 15 mètres mais uniquement à l’intérieur du

domicile ou de l’école (la marche à l’intérieur du domicile est le mode de déplacement habituel)

6. Marche plus de 4,5 mètres jusqu’à 15 mètres à l’extérieur de la maison

mais utilise habituellement un fauteuil roulant ou une poussette pour le déplacement en ville ou dans les espaces encombrés.

7. Marche à l’extérieur de la maison, pour se dépla cer en ville, mais

seulement sur les terrains plats (ne peut négocier les trottoirs, les terrains irréguliers et les escaliers qu’avec l’aid e d’une tierce personne).

8. Marche à l’extérieur de la maison, pour se déplacer en ville, est capable de

négocier les trottoirs et terrains irréguliers en plus des terrains plats, mais nécessite habituellement une aide a minima ou la supervision d’une tierce personne par sécurité.

9. Marche à l’extérieure de la maison, pour se déplacer en ville, se déplace

facilement sur terrains plats, trottoirs er terrains irréguliers mais a de la difficulté ou nécessite ou aide minime pour courir et / ou grimper les escaliers.

10. Marche à l’extérieur de la maison, pour se déplacer en ville. Marche, court,

grimpe sur terrains réguliers et irréguliers sans difficulté ni aide.