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Italie MUSIQUES DE FÊTES EN CALABRE Italy FEAST DAY MUSIC IN CALABRIA

Italie, Musiques de fêtes en Calabre / Italy, Feast-Day music in

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ItalieMUSIQUES DE FÊTES EN CALABRE

ItalyFEAST DAY MUSIC IN CALABRIA

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MUSIQUES DE FÊTES EN CALABRE

I - MESORACA (Catanzaro), Noël, 28 décembre 19831. Curre vuaru, zampogna à clef (Maurizio Mazzei)

II - SARACENA (Cosenza), Fête de San Leone, 19 février 19892. Pastorale et Tarantelle, zampogna à clef, 2 pipite, tamburello, sistres nimule.3. Chant de San Leone, Bande musicale «Città di S. Giorgio Albanese» (Cosenza)4. Jeu de sistres nimule5. Tarantelle, zampogna à clef, pipita, organetto à huit basses (Mario Lupo)

III - FRANCICA (Catanzaro), Procession du Samedi Saint, 25 mars 19896. Chant processionnel, voix de femmes7. Jeu de cliquettes troccole et sistres devozioni

IV - MESORACA (Catanzaro), Procession du Vendredi Saint, 20 avril 19848. Jeu de troccola9. Gesù mio, voix d’hommes

V - SEMINARA (Reggio Calabria), Fête de la Madonna dei Poveri, 14 août 199210. Rythme processionnel, tambours, caisses claires et cymbales, groupe de 13 musiciens deStelletanone, Bellantone et Laureana (Reggio Calabria), Acquaro (Catanzaro), Dasà (Catanzaro), diri-gés par Delfino Mercurio.11. Chant et invocation, deux voix de femmes

VI - PALMI (Reggio Calabria), Fête de San Rocco, 16 août 199212. Rosario di San Rocco, voix d’homme (Giovanni Schipilliti), voix de femmes13. Sonate, «Banda pilusa» de Rombiolo (Catanzaro) : Francesco Crudo (pipita), Michele Monteleone(zampogna à clef), Francesco Crudo (clarinette), Francesco Ferraro (tambour), Salvatore La Torre (cais-se claire), Orlando Galati (cymbales)14. Tarantelle, idem pl. 1315. Sentiti cristiani chi vi vogghiu raccontari, voix de femmes

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16. I, II, III et IV Diane, 3 tambours, 2 caisses claires, cymbales, groupe de six musiciens de Bellantone(Reggio Calabria), dirigés par Pasquale Valenzisi.

VII - POLSI (Reggio Calabria), Fête de la Madonna della Montagna, 31 août - 2 sept. 199217. Tarantelle, organetto à deux basses (Antonio Versace), petit tambour sur cadre.18. E sentiti sentiti massaru, voix de femmes

VIII - RIACE (Reggio Calabria), Fête des saints Cosimo et Damiano, 25- 26 sept. 199219. Muttetta, voix d’homme (Giovanni Schipilliti)20. Tarantelle, idem21. Tarantelle, organetto à deux basses (Cosimo Amato), petit tambour sur cadre.

IX - S. ANDREA IONIO (Catanzaro), Noël, 4 janvier 199322. Tarantelle / Pastorale / Tarantelle, zampogna à clef «demi-clef» (Giuseppe Ranieri)

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Collection fondée par Françoise Gründ et dirigée par Pierre Bois Enregistrements, choix des plages et notice, Goffredo Plastino, Université de Calabre. Photographies,Salvatore Piermarini et Vito Teti. Adaptation française, Marina Gagliano & Pierre Bois. Traductionanglaise, Josephine De Linde. Illustration de couverture, La Festa di S. Bruno in Serra (Calabria), aqua-relle anonyme du XVIIIe siècle. Mastering, Translab. © et OP 1993-2006 Maison des Cultures du Monde.

Les plages 2, 3 et 4 ont été enregistrées à l’occasion d’une recherche sur les fêtes traditionnelles en Calabredirigée par Vito Teti (Université de Calabre).

INEDIT est une marque déposée de la Maison des Cultures du Monde (direction, Chérif Khaznadar).

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Cette anthologie réunit des enregistre-ments effectués en Calabre de 1983 à

1993, à l’occasion de fêtes traditionnelles.Située à la pointe méridionale de la pénin-sule italienne, la Calabre, dont l’économiedemeure très largement agricole, est parve-nue à conserver jusqu’à maintenant l’un despatrimoines musicaux les plus intéressantsd’Italie et, malgré le processus de moderni-sation, à en préserver toute la richesse.Les fêtes qui ont fait l’objet de notre étude sedéroulent dans des localités réparties surtoute la région, avec une légère concentra-tion dans la province de Reggio Calabria. Àcôté des fêtes principales, on en trouved’autres, plus locales, dans lequelles lamusique traditionnelle joue un rôle impor-tant. Notre recherche sur le terrain s’est atta-chée à relever de la manière la plus complèteles événements musicaux et sonores, consi-dérés comme significatifs d’un point de vuesociologique et musicologique. C’est pour-quoi tous les enregistrements présentés iciont été réalisés in situ et sur le vif.Le choix des morceaux tente donc de pré-senter un panorama suffisamment completet diversifié de la musique de tradition oralede cette région : le répertoire religieux, lesmusiques et les rythmes de processions et dedanses, enfin les exécutions privées depièces vocales et instrumentales. Je me suiségalement intéressé à l’ambiance sonore decertaines fêtes, combinaison du chant, desinstruments et de bruiteurs.

Si l’on prend en compte les rapports entre laculture traditionnelle, la musique et le sondans les fêtes calabraises d’aujourd’hui, onperçoit clairement le lien qui unit lamusique d’une part au rite religieux etd’autre part au divertissement collectif. Lamusique et plus généralement la productionde sons oriente souvent les différentesphases de la fête, voire en constitue l’événe-ment fondamental.

Le bruit et la musique, le profane et le sacré«Les fêtes révèlent la nature des hommes».C’est ainsi qu’avec une heureuse intuitionanthropologique Corrado Alvaro, l’un desécrivains calabrais les plus significatifs duXXe siècle, introduit dans son œuvreCalabria (1931) la description de la fête de laMadonna della Montagna de Polsi, dansl’Aspromonte [plages 17 et 18]. Alvaro qui aparticipé, enfant, au traditionnel pèlerinagede San Luca et a ensuite assisté à la fête, ensouligne avant tout la sonorité complexe etentraînante. « Sur la place on danse, on joue dela musique, on chante nuit et jour, nuit et jourles forêts résonnent; à la fin, dans cette valléeétroite, il y a dix à quinze mille personnes occu-pées à cela; l’écho se donne beaucoup de malpour répéter tout ce vacarme inextricable et pro-duit une longue clameur confuse. Les nouveauxvenus regardent et entendent la fête depuis leshauteurs, et la vallée qui brûle comme un vol-can, puis ils s’y plongent à leur tour, avec leurpropre bruit».

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La sonorité d’ensemble de la fête est unecaractéristique culturelle aussi importanteque les sons ou les musiques qui peuventêtre produits lors de son déroulement. Lafête est une occasion exemplaire pour lacompréhension non seulement de la culturedes hommes, mais aussi des rapports entreles hommes et les sons. Il existait jadis des répertoires musicaux spé-cifiques à chaque type de fête. Lors du pèle-rinage, les fidèles entonnaient des chantsdédiés au saint ou à la Vierge, variant selonles villages ou les régions. Le répertoire reli-gieux, rigidement formalisé, était souventinterrompu par des chants profanes ou desmorceaux de danse (tarantelles). Ce partagemusical entre sacré et profane était égale-ment respecté au cours de la procession etde la fête : il y avait les moments de diver-tissement, ceux de prière et ceux consacrésaux chants hagiographiques, moments quipouvaient d’ailleurs se superposer (commepar exemple les musiques de danse àl’église). Dans l’église, le rapport avec lesacré s’exprimant par les chants, les invoca-tions et les cris, trouvait à l’extérieur sa réci-proque dans le divertissement collectif querythmaient les musiques de danse. Aujourd’hui encore, jour et nuit l’on chantedans l’église tandis qu’à l’extérieur, sur leparvis ou dans de petites tavernes [pl. 17 et21] ou joue et l’on danse la tarantelle. ÀSaracena (Reggio Calabria) le chant religieuxentonné à l’église est entrecoupé de mor-

ceaux instrumentaux [pl. 2]; de même, laphase finale de la procession, qui se dérouledans l’église, est accompagnée par desdanses et des invocations devant l’autel dusaint [pl. 5].Les chants des femmes à l’église peuventêtre exécutés au milieu des commentaires etdes discours des fidèles [pl. 18] ou êtreentonnés dans le silence général [pl. 11, 12et 13]. Durant les processions également, lesexécutions vocales se déroulent parfois àl’intérieur d’une sonorité humaine et musi-cale très marquée [pl. 9] ou particulièrementréduite [pl. 6]. Le chant peut être considérécomme une continuation de la parole et dela prière ou jouir d’un espace sonore spéci-fique, souligné par le silence général.Même si la culture populaire perd de plus enplus sa consistance organique — à la suited’un processus de modernisation évident —les fêtes religieuses en Calabre conserventnéanmoins nombre de traits propres à cellesd’autrefois. Ainsi, l’on peut encore entendrele répertoire religieux vocal des femmes [pl.6, 11, 15 et 18] et dans une moindre mesurecelui des hommes [pl. 9 et 12]. Ce répertoire,très diversifié, et qui dans de nombreusesfêtes constitue actuellement la seule expres-sion musicale, est étroitement lié à lamusique vocale profane – surtout en ce quiconcerne la composition des groupes, lechoix des registres et des timbres ou desambitus [pl. 12, 19 et 20]. Avec ses passagesdu narratif au mélodique, le chant religieux

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s’affirme comme le complément naturel dela prière et de l’invocation [pl. 11]. Bien que menacés, souvent réduits ou rem-placés par les nouveaux chants de l’Eglisecatholique, nombre de morceaux tradition-nels comme ceux consacrés aux vies dessaints ou de la Vierge, continuent de susciterl’intérêt des communautés et des groupes dechanteurs. Quelquefois, on assiste même àune reviviscence de la tradition ancestrale,tenue pour plus significative que les récentesinnovations [pl. 12]. La place du chant religieux est généralementl’église (où l’on veille et passe de longsmoments) [pl. 12, 15 et 18] ou la procession[pl. 7 et 9], et autrefois les pèlerinages à piedaujourd’hui disparus.L’expression profane trouve d’autres lieux,les bons chanteurs, appréciés jusque hors deleur village natal, étant invités à se produiredans des réunions privées [pl. 19 et 20].Les musiciens se réunissent souvent en forma-tions instrumentales dont la direction estgénéralement confiée au membre le plus âgéet le plus compétent [pl; 10] ; ils peuvent aussifaire partie d’un ensemble à géométrievariable [pl. 13, 14, 16, 17, 21]. Enfin, il existedes groupes de musiciens professionnels [pl.13, 14, 16] qui sont convoqués par les comitésdes fêtes en échange d’une rémunération.

Les instruments de musiqueMalgré la grande variété des instruments tra-ditionnels calabrais (de récentes études

attestent l’usage d’au moins 50 instrumentsdifférents : idiophones, membranophones,cordophones et aérophones), on n’enemploie dans les fêtes qu’un nombre réduit :la zampogna (cornemuse), l’organetto (accor-déon diatonique), de grands tambours cylin-driques à deux peaux et les tamburelli (petitstambours sur cadre munis de cymbalettes enfer-blanc). La zampogna (cornemuse), instrumentd’élection de la culture musicale calabraise,est moins présente qu’autrefois du fait dumanque de vocations chez les jeunes musi-ciens qui lui préfèrent souvent l’organetto.On remarque par ailleurs une nette prédo-minance de la zampogna à clef sur les autrestypes de cornemuse. La zampogna à clef est un instrument à cinqtuyaux à section conique dont deux tuyauxmélodiques. Le plus long des deux, qui jouel’accompagnement, est muni d’une clef dejeu. Chaque tuyau est équipé d’une anchedouble et est fabriqué au tour ou à la main.La rareté de la zampogna et son rôle fonda-mental dans les formations professionnellesen fait un instrument très recherché. En revanche, les tambours, les caisses claires etles cymbales sont aussi présents qu’autrefoisbien que les instruments de facture tradition-nelle [pl. 10] soient de plus en plus souventremplacés par des instruments modernes, plusmaniables et plus résistants [pl. 16].L’utilisation de bruiteurs [pl. 3, 7, 8] estdéterminante dans l’environnement sonore

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de la fête, où ils occupent souvent autant deplace que la musique proprement dite. Dansla fête de San Leone à Saracena (Cosenza),par exemple, plusieurs types de sons accom-pagnent la procession : ceux des ensemblesinstrumentaux et de la fanfare [pl. 2], lestintements des sistres nimule, bâtons sur-montés de rubans colorés et de sonnailles[pl. 4], et les craquements des grands feuxqui brûlent devant presque tous les pâtés demaisons.

Les fêtesPendant la période de Noël, il est de règledans de nombreux villages de «porter lessons» dans les maisons des amis. Les strine,visites informelles de musiciens, sont trèsrépandues et servent à témoigner, à traversla musique, des liens amicaux et parentaux.À Mesoraca (Catanzaro) Noël est l’occasionunique d’écouter la zampogna, généralementchez le musicien ou l’un de ses amis, qu’elleaccompagne le chant ou qu’elle joue despièces du répertoire traditionnel [pl. 1].Après les fêtes elle est démontée et rangéejusqu’au Noël suivant. À Sant’ Andrea Ionio(Catanzaro) les musiciens de la familleRanieri se rendent chez leurs amis et parentspour jouer de longues et complexes sonates,ou les invitent à venir les écouter chez eux[pl. 22].Les processions de la Semaine Sainte repré-sentent un moment important du cycleannuel. Beaucoup d’entre elles se déroulent

encore selon la coutume d’antan : la fouledes fidèles conduit la statue du Christ mort,l’entourant de sons et de chants spécifiques.À Francica (Catanzaro) la procession duSamedi Saint se déroule au petit matin : lesfemmes accompagnent le Christ à travers lesrues du village et des environs, à vive allure.Le silence du village et de la campagne n’estinterrompu que par leurs chants à voix basse[pl. 6] dont les paroles retracent, parfoissous forme dialoguée, le récit de la Passion.À la tête du cortège, les enfants secouentdivers objets sonores qui remplacent lescloches durant la Semaine Sainte : les trac-cole, cliquettes à deux ou trois battants arti-culés sur un manche et les devozioni, sistresportant chaînettes ou morceaux de métalréunis en grappe [pl 7]. Les sons de ces idio-phones et la gaieté des enfants contrastentavec le sérieux des femmes.À Mesoraca (Catanzaro), la procession duVendredi Saint baigne dans un climat sonoreparticulièrement intense. La procession, trèslongue, est ouverte par le son des grandescrécelles traccole [pl. 8], puis le cortège desfemmes et surtout des hommes entonne unchant dont les paroles énumèrent les partiesdu corps du Christ et les outrages qu’il asubis [pl. 9]. Ce chant est aussi répandu dansd’autres villages calabrais.La fête et la procession de San Leone, lepatron de Saracena (Cosenza) comportentplusieurs phases. À l’église, avant la proces-sion, le chant religieux des femmes est inter-

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rompu par l’entrée des joueurs de zampognaà clef, de hautbois pipita et de tambours surcadre, suivis des fidèles qui lancent des invo-cations au saint et poussent des cris [pl. 2],cependant qu’à l’extérieur une fanfare exé-cute une adaptation du chant religieux leplus connu [pl. 3]. De même, la fanfare, lesjoueurs de zampogna et les nimule partici-pent à la procession [pl. 4]. Les nimule peu-vent aussi accompagner des pièces instru-mentales [pl. 2]. Le retour à l’église sedéroule dans la confusion générale : lesmusiciens, près de l’autel, jouent des taran-telles pendant que les fidèles dansent et lan-cent des invocations en chœur qui couvrentsouvent la musique [pl. 5].La fête de la Madonna dei Poveri de Seminara(Reggio Calabria) est l’une des plus impor-tantes de cette province et rassemble des mil-liers de fidèles. Si la dévotion est toujours aurendez-vous, la musique, elle, a subi une pro-fonde décadence. N’y participent que lesjoueurs de tambours, de caisses claires et decymbales, engagés pour partie par le comitédes fêtes, et qui exécutent divers rythmesprocessionnels, comme celui qui accom-pagne les musiciens vers la maison du cheftambourinaire [pl. 10]. Dans l’église, le chantreligieux traditionnel a été remplacé par leschants de la liturgie officielle : par momentsl’on peut cependant entendre chanter encoreles anciennes invocations à la Vierge [pl. 11].Non loin de Seminara, à Palmi (ReggioCalabria), se déroule le 16 août la fête de San

Rocco, saint français (Saint Roch), protecteurde la ville comme de beaucoup d’autres vil-lages calabrais. Cette fête, qui attire plusieursmilliers de personnes, est réputée avant toutpour ses spinati, ces pénitents qui tout le longde la procession sont recouverts de la tête à lataille d’une cage de branches épineuses. Troisévénements musicaux se superposent : dansla rue, suivant des parcours différents qui nese rejoignent que sur le parvis de l’église, uneformation, appelée banda pilusa, «fanfare poi-lue» d’une part [pl. 13 et 14] et un groupe depercussionnistes d’autre part [pl. 16] jouentleur répertoire, tandis que le matin les tam-bours, accompagnent le bal des «géants» –deux grands pantins recouverts de tissu, figu-rant un maure et une femme de couleur – etdu palio (grande bannière). L’après-midi, laprocession est ouverte par la banda pilusa, sui-vie à une certaine distance par le groupe destambourinaires. À l’église, en attendant laprocession, on entonne des chants religieuxsous la direction de Giovanni Schipilliti,réputé dans toute la Calabre pour sa maîtrisede ce répertoire. Dans le Rosaire de San Rocco[pl. 12] il décrit les caractéristiques du corpsdu saint, auquel grâce est demandée à la finde chaque strophe. Puis les femmes chantentà voix basse l’histoire de la vie de San Rocco[pl. 15].La fête de la Madonna della Montagna dePolsi (San Luca, Reggio Calabria) se dérouledu 31 août au 2 septembre, jour de la pro-cession. Cette fête est l’une des plus célèbres

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du sud de l’Italie et y participent plusieursmilliers de fidèles venant de régions diverses.Pendant la nuit précédant la procession, lesmusiciens jouent des tarantelles en plein airou dans les petites tavernes où se réunissentles groupes d’amis [pl. 17]. Le lendemain, onemprunte des routes cahoteuses pour serendre au sanctuaire. En raison de cet isole-ment, la fête de Polsi a gardé beaucoup de sesanciennes coutumes : les participants pas-sent la nuit sur les lieux (dans des bâtimentsprévus à cet effet ou en plein air) et dansl’église ; ils consomment des mets tradition-nels, généralement dans de petites baraques.La musique y est présente à la fois dansl’église, avec des chants religieux, et dehors,avec le bal. Chaque groupe de pèlerins exé-cute un chant spécifique en l’honneur de laMadonna della Montagna, mais ce sont lesfemmes de San Luca qui aujourd’hui encoresont les dépositaires du répertoire polypho-nique le plus intéressant. Leurs chants racon-tent les vicissitudes de la fondation du sanc-tuaire ou les miracles de la Vierge. E sentiti,sentiti massaru, «Ecoutez, écoutez fermier»[pl. 18], évoque l’histoire du fils du Prince deRoccella (un autre village de la province deReggio Calabria) qui, après avoir été accordépar la Vierge à son père, mourut au cours dupèlerinage d’action de grâces, pour ressusci-ter enfin grâce à la litanie des femmes. Sur leparvis de l’église, les tarantelles jouées à l’ac-cordéon diatonique à deux basses et au tam-bour sur cadre invitent à la danse.

La grande fête de Cosimo et Damiano, lessaints guérisseurs, protecteurs de Riace(Reggio Calabria), se déroule dans le villageet autour du sanctuaire, situé dans les envi-rons. Elle est précédée d’une nuit de veille,pendant laquelle l’église retentit de chantsreligieux, tandis qu’à l’extérieur on joue destarantelles à l’accordéon diatonique à deuxbasses et au tambour sur cadre. La présencede musiciens et de chanteurs particulière-ment doués est appréciée par la commu-nauté : le chanteur de Palmi (ReggioCalabria) Giovanni Schipilliti — qui en 1992a chanté aux fêtes de Seminara, Palmi, Polsiet Riace — est attendu à l’église et dans desmaisons amies pour interpréter son réper-toire religieux et profane [pl. 19 et 20]. Lafête peut se diviser en deux journées. Aucours de la première, les statues des saintssont portées en procession jusqu’au sanc-tuaire, tandis que des gitans les précèdent endansant la tarantelle au son de l’accordéondiatonique à deux basses et du tambour surcadre. C’est seulement pendant cette pre-mière journée que l’on peut écouter de lamusique traditionnelle. Mise à part la pré-sence sporadique de quelques tambours,plusieurs joueurs d’accordéon diatonique àdeux basses et de tambour sur cadre exécu-tent des tarantelles à l’intérieur de petitesbaraques improvisées faites de planches etde tôle. On cuisine, on mange et on dansepar groupes d’amis ou de villageois [pl. 21].Lors de la deuxième journée, où l’on ren-

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contre surtout des fidèles de la province deCatanzaro, les saints sont ramenés au vil-lage, mais sans musique, et la fête replongedans le silence de tous les jours.

GOFFREDO PLASTINO

Université de Calabre

TEXTES DES CHANTS

pl. 6 Chant processionnel[3 derniers vers]Sur sa croix, Il (le Christ) se tourne et dit :«Une seule chose m’afflige, Ma douce mère qui s’approche en pleurs».

pl. 9Gesù mio (Mon Jésus)[4 premiers vers]Mon Jésus, tes saints brasQui sont cloués à la croix,C’est nous les ingrats,Mon Jésus, pardon, pitié.

pl. 11 Chant et invocationchanté : Et la Vierge semble une colonneQui a la foi, l’année prochaine reviendra.parlé : O Vierge, moi qui ne le pourrai pas,Donnez-nous votre grâce par pitié...chanté : Et nous ne nous en allons pas, et nousne savons si nous reviendrons

Et nous nous reverrons au paradisNous nous reverrons dans une douce harmonieVous êtes de Seminara, ô Vierge.parlé : Et ma belle Vierge, ma Vierge...

pl. 12 Rosario di San Rocco (Rosaire de S. Rocco)[8 premiers vers]

À côté de San Rocco Il y a une belle courgeSan Rocco de FranceDonne-nous ta grâce.Donne-la vite, sans tarderCar tu es saint et tu en as le pouvoirCréature et fils de DieuDonne-nous ta grâce, mon San Rocco.

pl. 15 Sentiti cristiani chi vi vogghiu raccontari(Ecoutez chrétiens ce que j’ai à vous raconter)San Rocco avait un chienEnvoyé par Dieu Tout-Puissant,Lorsque son oncle allait mangerIl prenait le pain sur la table. Et il le prenait dans la vraie foiOh pour nourrir son pèlerin.Lorsque son oncle fut mis au courantÀ la caserne il voulut allerAvec le pèlerin il voulut parler :«Ecoute, écoute, pèlerinDis-moi comment tu t’appelles».«Je suis Rocco de FranceFils d’un Prince et neveu d’un Chevalier.

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Et si tu ne crois pas à mes parolesRegarde ma poitrine où je porte la croix».Lorsque son oncle vit la croixDe loin il s’agenouillaDemandant son pardon.Et San Rocco l’absoutEt l’emmena avec lui au paradis.

pl. 18 E sentiti sentiti massaru (Ecoutez, écoutez fermiers)Le Prince de RoccellaAvait fait un beau voeu :Si Elle lui accorde un bel enfantDans l’année il lui en apporte un en or.La Vierge le lui a envoyéDans l’année il le lui a apporté.Lorsqu’ils arrivèrent à BovalinoLe petit était mort.«Comment vais-je faire, Reine sacréeJe te le porte aujourd’hui même.Comment vais-je faire, Reine MarieJe te le porte par les rues et les sentiers».Ecrivons au Saint PèreQu’il nous envoie un beau cercueil.Il le mirent sur l’autelEt chantèrent la litanie,Et en chantant la litanieLe petit appelait Marie.«Prenez ces balancesPour peser mon filsAutant pèse mon filsAutant je lui laisse d’or.Un calice en argent

Je le laisse en son honneur,Un calice en or,Je le laisse pour le moment de ma mort».

pl. 19 Muttetta Je voulais mettre un bateau à la merPour naviguer et aller en Albanie,Pour voir si ma belle est vivante ou morte,Qu’elle soit vivante ou morte je la ramène avec moi.Je vais la rejoindre, elle est comme un lys dansle jardinAvec un livre à la main, qu’elle lit.Je vais la rejoindre, elle est comme un lys dansle jardinUn livre à la main tandis qu’elle dort.Marin qui viens de LondresDis-moi comment l’amour commence ;Il commence par des sons et des balsOu alors par des pleurs et des lamentations.

pl. 20 Tarantelle[10 premiers vers]Malédiction au diable cette nuit,Ma femme est tombée du lit.Je suis allé la relever et je n’ai pas pu,Malédiction au diable cette nuit. Hier soir mon mari m’a battue,Et il m’a fendu la tête, «mon feu».Après m’avoir battue il l’a regretté,Et il est venu dans le lit et il m’a embrassée. J’ai dit : «Mari, ne te fâche pas,C’est le vin qui m’a enivrée».

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d Palmi, 1979. Festa di San Rocco : tambouri-naires / drummers.

g Riace, 1985. Festa dei S.S. Medidi Cosimo eDamiano

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g Seminara, 1979. Festa della Madonna deiPoveri.

f Seminara, 1979. Festa della Madonna deiPoveri : les tambourinaires et les géants / drum-mers and giants.

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FEAST DAY MUSIC IN CALABRIA

I - MESORACA (Catanzaro), Christmas, December 28, 19831. Curre vuaru, zampogna à clef (Maurizio Mazzei)

II - SARACENA (Cosenza), Festival of San Leone, February 19, 19892. Pastorale and Tarantella, key zampogna, 2 pipite, tamburello, sistrum nimule.3. San Leone’s hymn, Bande musicale «Città di S. Giorgio Albanese» (Cosenza)4. Sistrum nimule5. Tarantella, key zampogna, pipita, eight-bass organetto (Mario Lupo)

III - FRANCICA (Catanzaro), Holy Saturday procession, March 25, 19896. Processional hymn, women’s voices7. Clappers troccole and sistrum devozioni

IV - MESORACA (Catanzaro), Holy Friday procession, April 20, 19848. Clappers troccola9. Gesù mio, men’s voices

V - SEMINARA (Reggio Calabria), Festival of the Madonna dei Poveri, August 14, 199210. Processional rhythm, drums, side drums and cymbals, groupe of 13 musicians fromStelletanone, Bellantone and Laureana (Reggio Calabria), Acquaro (Catanzaro), Dasà (Catanzaro),conducted by Delfino Mercurio.11. Hymn and invocation, two women’s voices

VI - PALMI (Reggio Calabria), Festival of San Rocco, August 16, 199212. Rosario di San Rocco, man’s voice (Giovanni Schipilliti), women’s voices13. Sonate, «Banda pilusa» from Rombiolo (Catanzaro) : Francesco Crudo (pipita), MicheleMonteleone ( key zampogna), Francesco Crudo (clarinet), Francesco Ferraro (drum), Salvatore LaTorre (side drum), Orlando Galati (cymbals)14. Tarantella, id. track 1315. Sentiti cristiani chi vi vogghiu raccontari, women’s voices

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16. I, II, III et IV Diane, 3 drums, 2 side drums, cymbals, group of six musicians from Bellantone(Reggio Calabria), conducted by Pasquale Valenzisi.

VII - POLSI (Reggio Calabria), Festival of the Madonna della Montagna, August 31 - Sept. 2, 199217. Tarantella, two-bass organetto (Antonio Versace), frame drum.18. E sentiti sentiti massaru, women’s voices

VIII - RIACE (Reggio Calabria), Festival of the Saints Cosimo and Damiano, Sept. 25-26, 199219. Muttetta, man’s voice (Giovanni Schipilliti)20. Tarantella, idem21. Tarantella, two-bass organetto (Cosimo Amato), frame drum.

IX - S. ANDREA IONIO (Catanzaro), Christmas, January 4, 199322. Tarantella / Pastorale / Tarantella, “half key” zampogna (Giuseppe Ranieri)

Tracks 2, 3, 4 and 5 were recorded during research carried out on traditional festivals in Calabria,under the direction of Vito Teti of the University of Calabria.

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This anthology of recordings was made inCalabria between 1983 and 1993 during

traditional festivals. Calabria, at the southern-most tip of the Italian peninsular, kept main-ly an agricultural economy and has so farmanaged to preserve one of the most interest-ing musical heritages of Italy in all its rich-ness, despite the advances of modernisation.The festivals we studied are held in placesthroughout the region, with a slight con-centration in Reggio Calabria province (seemap). Apart from the main festivals, thereare many more local ones where music playsan important part. Our field researchattempts to show in a way as complete as

possible music and other sounds consideredimportant from the anthropological andethnomusicological point of view. All therecordings in this collection were thereforemade on the spot and live.The choice of pieces thus tries to present asufficiently broad and diversified panoramaof the oral music tradition of this region:the religious repertory, music and rhythmsof processions and dances, and finally, pri-vate performances of vocal and instrumen-tal pieces. We also became interested in thesound atmosphere of certain festivals, thecombination of song, instruments and spe-cial effects.

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If one takes into account the relationshipbetween traditional culture, music and soundin Calabrian festivals today, one can see clear-ly the links between music and religious ritesand between music and collective entertain-ment. Music and more generally sounds gen-erated often direct the different phases of afestival and may even be the main event.

Noise and music, profane and sacred"Festivals reveal the nature of men". Withhappy anthropological intuition, CarradoAlvaro in Calabria (1931), one of the mostimportant Calabrian writers of the 20th cen-tury describes the festival of the Madonnadella Montagna de Polsi, in Aspromonte[tracks 17 & 18]. As a child, Alvaro took partin the traditional pilgrimage to San Lucaand the festival that follows and emphasizesthe complex and lively sound patterns."There was dancing, music, and singing day andnight, day and night the forests resound; at theend, in this narrow valley, there are ten to fifteenthousand people doing just that; the echo has ahard time repeating this inextricable din and pro-duces a long confused hue and cry. Newcomerslook on and listen to the festival from the heightsof the valley which glow like a volcano, then theyin turn join in with their own sounds".The overall sound pattern of the festival is acultural characteristic every bit as importantas the sounds or music which may be pro-duced while it is taking place. The festival isa splendid opportunity for understanding

not only the culture of men, but also therelationships between men and sounds.Formerly, there were musical repertories spe-cific to each kind of festival. During a pil-grimage, depending on which village orregion they came from, the faithful wouldintone different hymns to the saint or theVirgin. The rigidly formal religious repertorywas often interrupted by profane songs ordance music (tarantella). This sharing betweensacred and profane music was also respectedduring the procession and the festival ; therewere times for entertainment, others forprayer and others again given over tohagiographal hymns, times which incidental-ly might be superimposed one on the other(as for example dance music in the church).Inside the church, the link between the sacredexpressed through hymn-singing, prayers andcries is matched outside by the dance musicplayed for general entertainment.Even today, hymn-singing goes on insidethe church day and night while outside, infront of the church or in the small inns[tr. 17 & 21] tarantella music is played anddanced to. At Saracena (Cosenza) religioussinging intoned in the church is inter-spersed with instrumental pieces [tr. 2] ;likewise, the final phase of the procession,which takes place inside the church, isaccompanied by dances and prayers in frontof the saint's shrine [tr. 5].Hymns sung by women inside the churchmay be place between chatterings of the

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faithful [tr. 18] or may be intoned in silence[tr. 11, 12, 15]. During the processions too,the singing may be heard against the back-ground of impressive human and musicalsounds [tr. 9] or one that is remarkably calm[tr. 6]. Singing is thought of as an extensionof the spoken word and prayer or rightfullyoccupying a specific sound space, heightenedby the general silence prevailing at the time.Although the process of modernisationresults in popular culture losing more andmore of its content, religious festivals inCalabria today display numerous undeni-able aspects of continuity with those of ear-lier times. In particular, it is still possible tohear the religious vocal repertory performedby women [tr. 6, 11, 15, 18] and to a lesserextent by men [tr. 9 & 12]. This very diversi-fied repertory, one which is now only per-formed during some of the festivals, hasclose links with non-religious vocal music,especially where the composition of groups,the choice of registers and timbres or rangeare concerned [tr. 12, 17, 20]. With its nar-rative and melodic passages, religioussinging stands out as the natural comple-ment to prayer and invocation [tr. 11].In danger of disappearing completely, oftenreduced or replaced by new hymns of theCatholic church, it is fortunate that com-munities and certain groups of singers stilldisplay a keen interest in traditional piecessuch as those dedicated to the lives of thesaints or to the Virgin. Sometimes this is

expressed by the revival of ancestral tradi-tion, considered more pregnant than recentinnovations [tr. 12].Religious singing usually takes place inside achurch (where vigils are kept and much timeis spent) [tr. 12, 15, 18] or during the pro-cession [tr. 7 & 9]. Formerly such singingcould be heard during pilgrimages on foot,but these are no longer held.Profane forms of expression find other out-lets ; good singers, those whose talents areappreciated beyond their native village, willbe invited to perform in private [tr. 19 & 20].The musicians often gather in instrumentalgroups where the eldest and most compe-tent member is usually appointed leader [tr.10] ; they may also form part of an ensem-ble of variable composition [tr. 13, 14, 16,17, 21]. Finally, there are groups of profes-sional musicians [tr. 13, 14 and 16] whoseservices are called upon by festival commit-tees for a fee.

Musical instrumentsDespite the great variety of traditionalCalabrian instruments, (recent studies con-firm at least 50 different instruments in use:idiophones, membranophones, cordo-phones and aerophones), only a certainnumber of these are used during festivals:the zampogna (bagpipe), the organetto (dia-tonic accordion), great two-skinned cylin-drical drums, tamburelli (small frame drumsfitted with small white metal cymbals).

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The zampogna (bagpipe), the favouriteinstrument of Calabrian musical culture, isless present than before due to a lack ofvocations among young musicians whooften prefer the organetto. Nevertheless, thezampogna is more widely used than otherkinds of bagpipe.The bagpipe zampogna has five pipes : twoconical chanters, the shortest one playingthe melody and the longest one, equipedwith a key, playing the accompaniment, andthree cylindrical drones. Each pipe is fittedwith a double reed which is turned or madeby hand. The rarity of the zampogna and itsfundamental role in professional groups hasmade it a much sought after instrument.On the other hand, drums, side drums andcymbals are as much in evidence as everbefore although instruments made in thetraditional way [tr. 10] are increasinglyreplaced by modern instruments, moremanageable and more resistant [tr. 16].Special sound effects [tr. 4, 7, 8] are animportant factor in the sound environmentof the festival, where they often take up asmuch room as music properly speaking. Inthe San Leone festival at Saracena (Cosenza)for example, several kinds of sounds accom-pany the procession ; those of the instru-mental ensembles and the band [tr. 3], theclashing of nimule (sistrum) , sticks mountedon coloured ribbons and harness bells [tr. 4],and the crackling of the great fires burningin front of almost every block of houses.

The festivalsAt Christmas-time, it is the custom in manyvillages to "carry sounds" to friends' houses.Strine as well as informal visits by musi-cians are very common and the music servesto highlight friendly and family relations.At Mesoraca (Catanzaro), Christmas pro-vides the opportunity for listening to thezampogna, usually at the musician's house orthat of one of his friends, accompanyingsinging or playing pieces from the tradition-al repertory [tr. 1]. After the celebrations, itis dismantled and stored away until the fol-lowing Christmas. At Sant' Andrea Ionio(Catanzaro) musicians of the Ranieri familyvisit their friends and relations or invitethem to their homes to play long, intricatesonatas [tr. 22].Processions that take place during HolyWeek represent an important moment inthe festival calendar. Many of them are per-formed as in olden times : the crowd offaithful bearing the statue of the deadChrist, surrounding it with specific soundsand hymns. At Francica (Catanzaro), theHoly Saturday procession takes place in theearly morning : women accompany theChrist through the streets of the village andsurrounding areas at a brisk pace. Thesilence of the village and the countryside isonly broken by their low hymn retracingthe story of the Passion, sometimes in dia-logue form [tr. 6]. At the head of the proces-sion, children shake different objects that

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produce sounds to replace the ringing ofbells during Holy Week : the troccole, two orthree-sided jingles attached to a handle anddevozioni, sistrum with small chains orpieces of metal in the form of a bunch ofgrapes [tr. 7]. The sounds of these idio-phones and the children's gaity contrastwith the more serious women.At Mesoraca (Catanzaro), the Good Fridayprocession takes place in a particularlyintense sound environment. The proces-sion, which is very long, opens with thesound of the great sistrum troccole [tr. 8].then the procession of women and in par-ticular that of men begin singing a hymnwhich enumerates parts of Christ's body andthe sufferings he endured [tr. 9]. This hymnis also wellknown in other villages through-out Calabria.The festival and procession in honour of SanLeone, patron saint of Saracena (Cosenza)has several stages. In the church, before theprocession, religious singing by the womenis interrupted by the entry of musiciansplaying the zampogna, the pipita (oboe) andframe drums, followed by the faithful whoinvoke the saint and utter loud cries [tr. 2],while outside, a band performs an adapta-tion of the best-known hymn [tr. 3]. Duringthe procession, the band, the zampogna andnimule all take part [tr. 4]. Nimule may alsobe used during musical performances [tr. 2].The return to the church takes place amidgeneral confusion : the musicians, near the

altar, play tarentella while the faithful danceand sing their prayers in chorus, oftendrowning the sound of the music [tr. 5].The festival of the Madonna dei Poveri ofSeminara (Reggio Calabria) is one of the mostimportant in this province and attracts thou-sands of faithful. While the general atmo-sphere is still one of devotion, the music hassuccombed to decadence. Drummers, side-drummers and cymbal players are the onlyones to take part, hired by the festival com-mittee. They play various processionalrhythms, such as the one that accompaniesthe musicians to the house of the chief drum-mer [tr. 10]. Inside the church, traditionalhymns have been replaced by the officialliturgy. At times however, it is still possible tohear the more ancient sung invocations tothe Virgin [tr. 11].Not far from Seminara, at Palmo (ReggioCalabria) on the 16 August, the festival ofSan Rocco, the French Saint Roch, protectorof this and many other Calabrian villages, isheld. This festival, which draws severalthousands of people, is famous above all forits spinati, those penitents who during theentire procession are covered from top towaist with a casing of thorny branches.Three musical events follow one another.They take place in the street, each one fol-lowing a different route and meeting up inthe square in front of the church : a bandapilusa "hairy band" on the one hand [tr. 13& 14] and a group of drummers on the other

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[tr. 16] play their repertoire while, in themorning, the drums accompany the "giants"ball – two huge puppets covered in cloth,representing a Moor and a black woman –and a palio (large banner). In the afternoon,the procession is led by the banda pilusa, fol-lowed at a certain distance by the group ofdrummers. At the church, while waiting forthe procession, hymns are sung under thedirection of Giovanni Schipilliti, famousthroughout Calabria for his mastery of thisrepertory. In San Rocco's Rosary [tr. 12], hedescribes the characteristics of the saint'sbody, for which favour is sought at the endof each verse. Then women sing the life ofSan Rocco in low voices [tr. 15]. The festival of the Madonna della Montagnade Polsi (San Luca, Reggio Calabria) is heldfrom 31 August to 2 September, the day ofthe procession. This festival is one of themost famous in southern Italy amd severalthousands of faithful coming from manydifferent regions participate. During thenight before the procession, musicians playtarantellas in the open air or in the smallinns where groups of friends have gathered[tr. 17]. The next day, one makes one's waythrough bumpy streets to the sanctuary.Because of its isolated position, the festivalof Polsi has kept many of its ancient tradi-tions: those taking part spend the night onthe spot (in buildings provided for them, orin the open air) and inside the church; theyeat traditional dishes, usually in small huts.

The music here is played at one and thesame time with hymns inside the churchand the ball going on outside. Each group ofpilgrims performs a song in special honourof the Madonna della Montagna, but nowa-days it is the women of San Luca who arethe custodians of the most interesting poly-phonic repertory. Their singing tells of thetribulations of the founding of the sanctu-ary or the miracles attributed to the Virgin.E sentiti, sentiti massaru, "Listen, listenfarmer" [tr. 18] tells the story of the son ofthe Prince of Roccella (another village inReggio Calabria province) who, after havingbeen given to his father by the Virgin, dieson a thanksgiving pilgrimage, only to beresurected thanks to the litany sung by thewomen. In the square in front of thechurch, the instruments' (organetto and tam-burello) invitation to dance the tarantella ishard to resist.The major festival of Saints Cosimo andDamiano (Cosmas and Damian) the healingsaints, protectors of Riace (Reggio Calabria)are held in the village and around the near-by sanctuary. The night before the festival,there is a prayer vigil during which thechurch resounds with hymns while outsidetarantellas are played on the diatonic accor-dion with two basses and frame drum. Thehighly talented musicians and singers aregreatly appreciated by the community:Giovanni Schipilliti from Palmi (ReggioCalabria) who, in 1992 sang at the festivals

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of Seminara, Palmo, Polsi and Riace is wait-ed for inside the church and in the houses offriends to sing his religious and profanerepertory [tr. 19 & 20]. The festival may bespread over two days. On the first, statues ofthe saints are carried in procession to thesanctuary, while gypsies go in front of themdancing the tarantella to the sound of theorganetto and tamburello. However, it is onlyduring this first day that traditional musicmay be heard. Apart from the occasionalappearance of a few drums, several organettoand tamburello players play tarantellas insidesmall improvised huts made of corregatediron sheets. There is cooking, feasting anddancing by groups of friends or villagers [tr.21]. On the second day, which is essentiallya gathering of the faithful from Catanzaroprovince, the saints are carried back to thevillage but without music, and the sounds ofthe festival are once again immersed in thesilence of everyday.

GOFFREDO PLASTINO

University of Calabria

LYRICS OF THE HYMNS

tr. 6Processional hymn [last 3 verses]On the cross, He (Christ) turns and says :‘One thing alone grieves me

My dear mother who draws near in tears’.

tr. 9Gesù mio (My Jesus)[First 4 verses]My Jesus, your blessed armsNailed to the cross,We are the ungrateful onesMy Jesus, mercy, have pity on us.

tr. 11Hymn and invocationsung : And the Virgin appears as a columnWith faith, she will return again next year.spoken : O Virgin, I who cannot, Oh VirginBe merciful and grant us your grace...sung :And we go on our way, not knowing if weshall returnAnd we shall meet again in HeavenWe shall meet again in sweet harmonyYou are from Seminara, Oh Virgin.spoken : And my beautiful Virgin, my Virgin…

tr. 12Rosario di San Rocco (San Rocco's rosary)[First 8 verses]Beside San RoccoThere is a fine gourd,San Rocco of FranceGive us your blessing.Give it quick, do not delayFor you are a saint and you have the powerCreature and son of GodGive us your blessing, my San Rocco.

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tr. 15Sentiti cristiani chi vi vogghiu raccontari(Listen Christians to what I have to tell you)San Rocco had a dogSent by All Mighty God,When his uncle was going to eatHe took the bread on the table And he took it in true faithOh to nourish his pilgrim.When his uncle found out about thisHe wanted to go to the barracksHe wanted to speak with the pilgrim: ‘Listen, listen, pilgrimTell me what is you name’.‘I am Rocco of FranceThe son of a prince and nephew of a knight. And if you do not believe my wordsLook where I wear a cross on my breast’.When his uncle saw the crossHe fell to his kneesBegging his forgiveness.And San Rocco forgave himAnd took him with him to paradise.

tr. 18E sentiti sentiti massaru(Listen, listen farmer)The Prince of RoccellaMade a fine vow:If She granted him a beautiful childWithin the year he would bring her one in gold.The Virgin sent him oneAnd within the year he kept his word.When they came to Bovalino

The child was dead.‘What am I to do, holy QueenI bring him to you this very day.What am I to do, Queen MaryI bear him to you through the streets and lanes’.Let us write to the Holy FatherFor him to send us a fine coffin.They stood before the altarAnd sang the litany,And in singing the litanyThe little one called out to Mary.‘Take these scalesto weigh my sonI will offer his weight in gold.A silver chalice will I donate in his honour,A golden chalice will I leaveFor the time of my death’.

tr. 19MuttettaI wanted to launch a boat on the seaTo sail and go as far as Albania,To discover whether my beloved is alive or dead,Alive or dead, I will bring her back with me.I am going to join her, she is as a lily in a gar-denWith a book in her hand, may she be reading.I am going to join her, she is as a lily in a gar-denA book in her hand even as she sleeps.Sailor who come from LondonTell me how love begins;It begins with music and dancingOr else in weeping and wailing.

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tr. 20Tarantella [first 10 verses]The devil's curse be on this night,My wife has fallen from the bedI tried to lift her but was not able,The devil's curse be on this night.

Last evening my husband beat meAnd he split my head in two, ‘my fire’.After beating me, he then felt sorry,And he came into the bed and kissed me.I said: ‘Husband, do not be angry,The wine has gone to my head’.

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Saracena, 1989. Festa di San Leone : la tarentella dans l’église / the tarentella in the chruch.

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