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E D I T O La France réorganise son dispositif L es récentes incursions des groupes armés tchadiens, venus du Soudan, dans l’est du Tchad puis les raids de l’armée tchadienne menés le long de la frontière et à l'intérieur du Soudan font craindre une nouvelle fois des risques de déstabilisation régionale. Les deux pays voisins s'accusent de soutenir les rébellions en lutte contre leurs régimes respectifs. En 2008, les rebelles tchadiens avaient déjà été repoussés aux portes de la capitale Ndjamena . Cette « zone des trois frontières » Tchad- Soudan-RCA, sous le contrôle de la Minurcat (forces de l’ONU) qui a pris la suite de l’Eufor (forces européennes) est le point névralgique de la région. L’instabilité fragilise de plus en plus la Centrafrique, en proie elle aussi à une rébellion interne. L’hostilité qui persiste entre Ndjamena et Khartoum contribue fortement à empêcher la résolution du conflit au Darfour, qui a fait plus de 300.000 morts depuis sixans. Sur ces frontières fragiles et tourmentées, aucune issue de sortie de crise, pour le moment, ne se dessine. Des frontières sous haute tension La lettre de l’Afrique 2 0 0 9 J U I N La lettre de l’Afrique est une publication mensuelle d’actualité Le nombre et l’importance des élections générales qui marquent 2009 en font une année riche de sens en la matière. Au Ghana, le bon déroulement du vote et de l’alternance ont confirmé l’ancrage démocratique du pays. En Afrique du Sud, une consultation électorale rondement menée, vient de permettre au nouveau leader de l’ANC, d’accéder au pouvoir et d’incarner le changement dans la continuité. Le Congo est sur le point de tenir en juin, à l’échéance prévue, des élections ouvertes. La Guinée et la Côte d’Ivoire devraient voter à la fin de l’année. La première pour venir à un régime civil, la seconde pour marquer l’issue d’une très longue crise. Dans ces deux pays, par ailleurs très différents, la date des élections reste incertaine, comme est incertain le délai de réalisation des conditions qui leur donneront toute leur portée. A travers les difficultés et au delà d’elles, relance économique et sociale et relance politique sont appelées à s’épauler mutuellement. C’est toujours la confusion dans la grande île, trois mois après la prise de pouvoir mouvementée par Andry Rajoelina . Les négociations de sortie de crise entamées n’ont pas encore permis de clarifier la situation alors que le président en exil , Marc Ravalomanana, se considérant toujours comme le président légitime, paraît décidé à revenir s’il en a l’occasion. La crise s’enlise Madagascar A lors que l’effort militaire français au Moyen-Orient - Afghanistan et Abu Dhabi - nécessite des redéploiements d’effectifs et de moyens, qu’en est-il de la réorganisation du dispositif militaire français (11000 hommes) en Afrique, annoncée, il y a quelques mois, par le Président Sarkozy ? Le dispositif pré positionné Il s’appuie sur les bases de Djibouti ( 2900 hommes), de Dakar au Sénégal (1200), de Libreville au Gabon (1000), de Ndjamena au Tchad (1000), et de Port-Boué en Côte d’Ivoire (950). La présence de ces bases résulte d’accords bilatérauxde défense et de coopération militaire. Elles servent d’appui à la coopération avec les forces armées nationales du pays où elles se trouvent. Elles permettent en outre de soutenir la projection de forces françaises dans les pays voisins, à la demande des gouvernements concernés et/ou des Nations Unies. Les forces d’opérations extérieures Ce sont les forces envoyées pour des missions particulières de sécurité, parfois courtes parfois durables, à la demande des autorités des pays concernés, par mandat des Nation Unies. Au Tchad, il s’agit du dispositif « Epervier », qui a été mis en place en 1986 , à la demande des autorités tchadiennes, pour contribuer à la protection de l’intégrité territoriale du pays. En Côte d’Ivoire, l’opération « Licorne », destinée à constituer une zone tampon entre les forces rebelles du nord et l’armée ivoirienne au sud, et organisée sous les auspices de Nations Unies, s’est ajoutée auxforces pré positionnées. Forces française s en Afrique La réforme du dispositif 3 questions à Olivier Stirn Conseiller Elysée pour l’UPM Point de vue Le « oui » de Mayotte Guiné e Comprendre la Guinée Télégrammes Agenda, Livres Sommaire LES CAHIERS DE L’AFRIQUE Grands Lacs LA POUDRIERE DU KIVU Rev ue trimestrielle d’étude et de réf lexion sur le monde af ricain www.lescahiersde laf rique.f r Tchad - Soudan N° 3 Juin 2009 www.lalettredelafrique.fr (suite page 2 ) 2009, une année d’élections Militaires français du 43 ème BIMA (Abidjan) FORCES MILITAIRES

J U 2 0 La lettre de l’Afrique 9 AFRIQUE Juin 2009 .pdf · 2017-11-19 · en attendant, il faut renforcer les entités régionales: la CDEAO, pour l'Afrique de l'Ouest, la CEMAC

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EDITO

La France réorganiseson dispositif

Les récentes incursions des groupesarmés tchadiens, venus du Soudan,dans l’est du Tchad puis les raids de

l’armée tchadienne menés le long de lafrontière et à l'intérieur du Soudan fontcraindre une nouvelle fois des risques dedéstabilisation régionale.Les deux pays voisins s'accusent desoutenir les rébellions en lutte contre leursrégimes respectifs. En 2008, les rebellestchadiens avaient déjà été repoussés auxportes de la capitale Ndjamena .Cette « zone des trois frontières » Tchad-Soudan-RCA, sous le contrôle de laMinurcat (forces de l’ONU) qui a pris la suitede l’Eufor (forces européennes) est le pointnévralgique de la région. L’instabilitéfragilise de plus en plus la Centrafrique, enproie elle aussi à une rébellion interne.L’hostilité qui persiste entre Ndjamena etKhartoum contribue fortement à empêcher larésolution du conflit au Darfour, qui a faitplus de 300.000 morts depuis sixans.Sur ces frontières fragiles et tourmentées,aucune issue de sortie de crise, pour lemoment, ne se dessine.

Des frontièressous hautetension

La lettre de l’Afrique2009

JUIN

La lettre de l’Afrique est une publication mensuelle d’actualité

Le nombre etl’importance des

élections générales quimarquent 2009 en font uneannée riche de sens en lamatière.

Au Ghana, le bondéroulement du vote et del’alternance ont confirmél’ancrage démocratique dupays.

En Afrique du Sud, uneconsultation électoralerondement menée, vient depermettre au nouveau leaderde l’ANC, d’accéder aupouvoir et d’incarner lechangement dans lacontinuité.

Le Congo est sur le pointde tenir en juin, à l’échéanceprévue, des élections ouvertes.

La Guinée et la Côted’Ivoire devraient voter à lafin de l’année. La premièrepour venir à un régime civil,la seconde pour marquerl’issue d’une très longue crise.Dans ces deux pays, parailleurs très différents, la datedes élections reste incertaine,comme est incertain le délaide réalisation des conditionsqui leur donneront toute leurportée.A travers les difficultés et audelà d’elles, relanceéconomique et sociale etrelance politique sontappelées à s’épaulermutuellement.

C’est toujours la confusiondans la grande île, trois moisaprès la prise de pouvoirmouvementée par AndryRajoelina . Les négociations desortie de crise entamées n’ont

pas encore permis de clarifier lasituation alors que le présidenten exil , Marc Ravalomanana, seconsidérant toujours comme leprésident légitime, paraît décidéà revenir s’il en a l’occasion.

La crise s’enliseMadagascar

Alors que l’effort militaire français auMoyen-Orient - Afghanistan et AbuDhabi - nécessite des redéploiements

d’effectifs et de moyens, qu’en est-il de laréorganisation du dispositif militaire français(11000 hommes) en Afrique, annoncée, il y aquelques mois, par le Président Sarkozy ?

Le dispositif pré positionné

Il s’appuie sur les bases de Djibouti ( 2900hommes), de Dakar au Sénégal (1200), deLibreville au Gabon (1000), de Ndjamena auTchad (1000), et de Port-Boué en Côte

d’Ivoire (950). La présence de ces basesrésulte d’accords bilatéraux de défense et decoopération militaire. Elles servent d’appuià la coopération avec les forces arméesnationales du pays où elles se trouvent.Elles permettent en outre de soutenir laprojection de forces françaises dans lespays voisins, à la demande desgouvernements concernés et/ou desNations Unies.

Les forces d’opérations extérieures

Ce sont les forces envoyées pour desmissions particulières de sécurité, parfoiscourtes parfois durables, à la demande des

autorités des pays concernés, où parmandat des Nation Unies. Au Tchad, il

s’agit du dispositif « Epervier », qui a étémis en place en 1986 , à la demandedes autorités tchadiennes, pour contribuer àla protection de l’intégrité territoriale dupays.

En Côte d’Ivoire, l’opération « Licorne »,destinée à constituer une zone tampon entreles forces rebelles du nord et l’arméeivoirienne au sud, et organisée sous lesauspices de Nations Unies, s’est ajoutéeaux forces pré positionnées.

Forcesfrançaisesen AfriqueLa réforme dudispositif

3 questions àOlivierStirnConseiller Elysée

pour l’UPM

Point de vueLe « oui » deMayotte

GuinéeComprendre laGuinée

Télégrammes

Agenda, Livres

Sommaire

LES CAHIERS DEL’AFRIQUE

Grands Lacs

LAPOUDRIERE

DU KIVU

Rev ue trimestrielled’étude et de réf lexionsur le monde af ricainwww.lescahiersdelaf rique.f r

Tchad - Soudan

N ° 3 Juin 2009

www.lalettredelafrique.fr

(suite page 2)

2009,une annéed’élections

Militaires français du 43 ème BIMA (Abidjan)

FORCES MILITAIRES

Page 2: J U 2 0 La lettre de l’Afrique 9 AFRIQUE Juin 2009 .pdf · 2017-11-19 · en attendant, il faut renforcer les entités régionales: la CDEAO, pour l'Afrique de l'Ouest, la CEMAC

Olivier Stirn3 questions à

Juin 2009 LA LETTRE DE L’AFRIQUE page 2

La lettre de l’Afrique: L’UPM nerisque-t-elle pas de provoquer unélargissement du fossé entre leMaghreb et l’Afrique?

O. Stirn : La mission que m’a confié lePrésident de la République consiste à créerdes liens entre l’Union pour la Méditerranéeet l’Union Africaine. Il s'agit de montrer quel'Union pour la Méditerranée n'est pas unfossé entre l'Europe et l'Afrique noire maisun pont.J'ai vu le Président sénégalais Wade il y a unmois et rencontrerai le président de laCommission de l’Union africaine Jean Pinget le chef d’état libyen Mouammar Kadhafi.Je leur montrerai par des projets concretscomment on peut associer les deux Unions.Par exemple, l'énergie solaire. Un énormeeffort sera fait dans ce domaine par l'UPM,et étendu ensuite à l'Afrique noire. Je note

d'ailleurs que la Libye, qui n'est pourtant pasencore membre de l'UPM, souhaite êtreassociée à ce projet. Il en est de même pourdes liaisons routières, par exemple entreDakar et Rabat via la Mauritanie, ou pour ungazoduc entre le Nigeria et l'Algérie.

LLA : L’intégration régionale africaine,pilier fondateur du NEPAD, n’est-elle pascondamnée par l’intégration économiquerégionale de l’UPM ?

O. Stirn : Le projet des Etats-Unis d'Afriquereste un idéal vers lequel il faut tendre. Maisen attendant, il faut renforcer les entitésrégionales: la CDEAO, pour l'Afrique del'Ouest, la CEMAC pour l'Afrique centrale,l'EAC pour l'Afrique de l'Est et le SADCpour l'Afrique australe.L'Union pour la Méditerranée n'est en riencontradictoire avec ces ambitions. Uneréussite de l'UPM ne peut qu'aider leNEPAD à atteindre ses objectifs.

LLA: Quel discours la France peut-elletenir à l’Afrique subsaharienne en matière

de coopération par rapport aux effortsqu’elle fournit au lancement de l’UPM ?

O. Stirn : Les soutiens apportés par laFrance à l'Afrique subsaharienne serontaméliorés et ne sont pas concurrents avecceux faits en faveur de l'UPM. Toutel'Afrique doit bénéficier desinvestissements faits par la France etl'Europe.

LLA : Dans le contexte actuel de difficultésfinancières internationales, quel peut êtrel’avenir de l’UPM ?

O. Stirn : L'avenir de l'UPM est prometteur.Les financements sont déjà trouvés pourréaliser de nombreux projets économiques,culturels ou touristiques. Le règlement duconflit du Proche Orient sera facilité etensuite créera une dynamique nouvelle.L'avenir des pays européens et celui despays de la rive Sud de la Méditerranée sontliés. Rapprocher leur destin va dans le sensde l'histoire et découle aussi de lamondialisation.

Conseiller à la Présidence de la République française pour l’Union pour la

Méditerranée (UPM)

Forces françaises (suite)

L’UPM suscite de nombreuses inquiétudes au sud du Sahara sur les risques que le projet fait porter

à l’aide publique audéveloppement ducontinent noir.

L’Union pour la Méditerranée

qui succède au « processus de

Barcelone » , a été fondée en

2008 à l’initiative de la France.

Elle est composée de 44 pays

membres, les 27 de l’UE et les

17 des rives méditerranéennes.

Elle vise à réaliser de grands

projets de développement,

notamment dans l’énergie et

l’environnement.

L’UPM, dont le siège est à

Barcelone, rencontre des

difficultés du fait du conflit

israélo-palestinien.

UPM

(suite)... Elle a conduit laFrance à envoyer jusqu’à 4000hommes. Paris a récemmentdécidé de réduire de moitié ledispositif Licorne, et se prépareà y mettre fin dès que possible.

La réorganisation du dispositif

Il est naturel que les missionsévoluent au fur et à mesurequ’évoluent les missions de laFrance dans le monde et lesbesoins des états africainspartenaires. Le PrésidentSarkozy a estimé, dans sondiscours prononcé àJohannesbourg , que le momentd’une révision de ces accordsétait venu.

La réorganisation des basesIl semble que l’on s’oriente

vers une réduction du nombredes bases qui pourrait passer à

trois : Dakar à l’ouest, Librevilleau centre, et Djibouti à l’est.Mais rien n’est encoredéfinitivement décidé et laquestion de la Côte d’Ivoire estencore notamment en débat.

Le rôle des forcesfrançaises

Paris insiste sur la nécessitépour elles de développer unecoopération favorisant la bonneprise en charge des questionsde sécurité par les forces arméesafricaines. Il s’agit dans ce sens,d’apporter un appui notammenttechnique et de formation, auxcomposantes régionales de laForce Africaine, dont la créationa été décidée au niveau l’UnionAfricaine, dans le cadre duprogramme RECAMP(Renforcement des CapacitésAfricaines de Maintien de laPaix.). Depuis 2007, un officier

généralfrançaisestaffectéauprèsdechacunedes organisations régionales.

L’idée du soutien à laconstitution d’une telle forceinter-africaine a été longtempssoutenue par Washington. Ellel’est encore. Cette idée est aussidéfendue par l’UnionEuropéenne, qui y voitl’avantage d’enraciner enAfrique les décisions demaintien de la paix, . Lesopérations récentes de l’Euforau Congo, puis dans le cadre dela crise soudanaise, sont desexemples significatifs de ce quiest possible et utile.Il reste qu’en tout cas enAfrique francophone, la France

est la mieux placée, après 50 ansd’une coopération active et enconstante évolution, pouraccompagner dans la modernité,le soutien à la sécurité et à lapaix.

Forces et basesmilitairesfrançaises enAfrique 2009

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Mayotte

Une transition délicate :

La Guinée va-t-elle bientôtreprendre toute sa placeen Afrique ? L’ouverture

récente d’une période detransition permet de l’espérer.Mais la communautéinternationale hésite, sur lamanière de comprendre et d’agir.

Le poids de l’histoire

Lorsqu’à l’indépendance, en1958, Sekou Toure choisit larupture avec la France etinstaura une dictature de typestalinien ; la Guinée entra alorsdans une forme d’isolement peupropice à son développement. Ala mort du leader historique en1984, des pouvoirs forts mais

peu démocratiques neparvinrent pas davantage àservir le progrès économique etsocial. Les terribles guerresciviles de Sierra Leone et duLiberia dans les années 2000,n’arrangèrent pas les choses,notamment dans les zonesfrontalières.

Une nouvelle donnepolitique

L’installation récented’un nouveau régimeà Conakry, alors quela paix s’est stabiliséeen Sierra Léone et au Libéria,change la donne politique. LeCapitaine Moussa DadisCamara, certes arrivé au pouvoir

par des voies nonconstitutionnelles, se présenterésolument comme chargéd’une transition, et déclarevouloir organiser rapidementdes élections. Plutôt que demettre en doute ses intentionset de commettre l’erreur de

l’isolerpolitiquement, ainsique de refuser l’aideéconomique etfinancière dont lesdix millions deguinéens ont besoin,la communautéinternationale ne

serait-elle pas mieux aviséed’agir en accompagnementpositif ?

Des ressources minièresconsidérablesLa bauxite, l’alumine, l’or et lediamant, une nature puissanteet riche en eau, et, par-dessustout, une population à l’âmeforte, constituent le socle d’unretour à la prospérité perduedepuis cinquante ans. Mais leconcours de la communautéinternationale est indispensableà la relance urgente dudéveloppement économiquecomme au succès de l’évolutionpolitique.

Pour la France, comprendrela Guinée et aider l’Europe et lacommunauté internationale à lacomprendre, est un devoir moralet un impératif historique.

Au-delà du vote des Mahorais, le 29mars dernier, en faveur de ladépartementalisation, avec 95,2% de

« oui » et de la satisfaction affichée par lesautorités nationales et locales, se profilentdes difficultés qu’il faudra affronter ettenter de résoudre.

Le « non » de Doha

La départementalisation éloigne encoreplus Mayotte de la Fédération Comorienneet il était inévitable que les dirigeants des 22membres de la Ligue arabe, dont larépublique des Comores, proclament ausommet de Doha, leur « rejet del'occupation française et demandent à laFrance de poursuivre le dialogue avec legouvernement comorien pour parvenir àun règlement garantissant le retour de l'îleMayotte sous la souveraineté desComores ».

Le gouvernement des Comores, avecégalement le soutien de l'UA, considèrecette consultation dans un « territoireoccupé » comme « nulle et non avenue ». Ilest vrai que l’UA se trouve dans uneposition difficile affirmant toujours« l’intangibilité des frontières héritées de

la colonisation », elle voit après laséparation de l’Erythrée et de l’Ethiopie (ils’agissait d’une affaire interne) ce principecontourné. Le groupe de travail mis enplace entre les Comores et la France, pourdiscuter des nouvelles relations entre lesîles comoriennes et Mayotte, aura à releverun défi particulièrement ardu.

Les incertitudes locales

Il est à craindre que la fracture entre lesîles s’approfondisse, tout au moins pendantun certain temps, car le statut départementalva apporter à Mayotte de nouveauxavantages qui stimuleront encore plus les

tentations à l’émigration des voisinsComoriens et aggraveront les rancœurs.

Il est à prévoir que l’île de la Réunion vadevenir une sorte de « tuteur » dans cette

évolution, ce qui rapprochera les deuxdépartements mais participera aussi àl’éloignement de Mayotte de la Fédérationvoisine. Déjà, quatre partis politiquesmahorais de gauche se sont réunisrécemment à l’Etang-Salé (Réunion) pours’informer sur la départementalisation etSaïd Ahamadi (Parti Socialiste Mahorais) anoté l’importance de La Réunion, « traitd’union entre Mayotte et la Métropole ».

Enfin, il faudra du temps et des effortsaux autorités comme aux populations, pourréaliser l’adaptation des modes de vie engénéral et de droits coutumiers enparticulier, aux lois de la république.

Mais la difficulté même de l’enjeu luidonne son meilleur sens : une fois de plus,la France a l’occasion de s’affirmer plurielle.

Juin 2009 LA LETTRE DE L’AFRIQUE page 3

GUINEE- CONAKRY

Le concours dela communautéinternationaleestindispensable...

Le changementde statut estporteurd’incertitudes

«»

Une intégration à réussir

101 ème département français

entre pouvoir militaire et élections annoncées

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LIVRES

Afrique du Nord

Mauritanie L'élection présidentielle prévue le 6 juin 2009 enMauritanie, boycottée par l'opposition, a été reportée au 18 juillet pourpermettre la participation de toutes les forces politiques et mettre unterme à la crise née du coup d'Etat du 6 août dernier ;

Afrique subsaharienne

Guinée Bissau La Cour suprême a retenu 12 candidats pourl’élection présidentielle du 28 juin, qui désignera le successeur duprésident Nino Vieira, assassiné par des militaires en mars dernier.Huit candidatures ont été rejetées, dont celles de deux ex Premiersministres ;

Côte d’Ivoire La date de l’élection présidentielle ivoirienne a étéfixée au dimanche 29 novembre prochain, a annoncé le présidentGbagbo, alors que le recensement est avancé et que les ex rebelles onttransféré leurs pouvoirs auxpréfets ;

Somalie De violents affrontements entre islamistes radicaux et legouvernement de transition du président Sharif Sheikh Ahmed, on faitplus de 200 morts depuis 1 mois ;

RDC Tensions dans le Kivu où les populations fuient les violencesqui se poursuivent malgré une opération militaire conjointe FARDC (Forces armées congolaises ) et Monuc ( Mission de l’organisationdes Nations unies au Congo ) contre près de 6 000 combattants FDLRdans les deuxKivus ;

Niger Après avoir dissous l’assemblée nationale, le présidentTandja a crée un comité pour réécrire la Constitution, en vue d’unréférendum populaire. Le président nigérien souhaite briguer untroisième mandat.

Guinée 1958-2008L’indépendance et ses conséquencesA. Oumar Sy Savane L'Harmattan 2009

La première partie traite la période de1958 à la paire de gifles de Sékou Touréau général de Gaulle et à la ségrégationde la Guinée par l'Occident. La deuxièmepartie traite de la lutte menée pourl'intégration africaine, et enfin desquestions d'actualité complétent cepaysage historico-politique.

Défis agricoles africainsJ.C Deveze Ed. Karthala 2008Comment faire de l' Afrique un futur

géant agricole ? Tel pourrait être lesous-titre de cet ouvrage , centré surle rôle des agricultures subsahariennesdans le développement du sous-continent et qui montre que, à l‘heureoù la crise alimentaire sévit, l’Afriqueréunit toutes les ressources nécessairespour devenir un géant agricole.

Afrique, passion et résistanceNJ.P. Ndiaye, L'Harmattan 2009

100 articles de presse et de chroniquesde Jean-Pierre Ndiaye : plus de trenteans de l'histoire de l'Afrique, mais aussiles relations entre l'Afrique et le reste

du monde et la recherche de solutionspolitiques qui s'appuient sur la notionde concorde et sur l'éthique d'uneconduite sociale humaniste.

Le Darfour 2003-2008 Organisationsinternationales et crise régionaleMarc Frontier Bibliothèque Peiresc

En un peu plus de cinq ans, la crisedu Darfour est devenue l'une des pluscomplexes de la planète, débordant surdes pays voisins eux-mêmes instables.Cet ouvrage propose une explicationdu mécanisme qui a conduit à lasituation d'aujourd'hui.

30 mai -4 juin : 42 ème Foire internationale d’Alger ;

30 mai -6 juin : 13 ème Ecrans noirs 2009 sur le thème

« Economie et cinéma » à Yaoundé, Cameroun ;

4-12 juin : Festival du film environnemental d’Accra

(EFFA) au Ghana ;

22-23 juin : Conférence sur les conséquences de la

crise financière mondiale sur la banque africaine à

l’auditorium de la Fédération bancaire française à Paris ;

27 -28 juin : Festival de l’Oh ! Conférences itinérantes

sur le thème de l’eau sur les bords de la Seine et de la

Marne avec cette année l’invitation du fleuve Niger

Site : http://www.festival-oh.cg94.fr

29-30 juin : Salon international de la coopération sur le

thème : « Mesures envisagées pour éradiquer la faim et

la pauvreté dans le monde à l’horizon 2025 » à Dakar ;

29-30 juin : Conférence sur le thème « G8 de

l’investissement des infrastructures en Afrique »,

organisée par Corporate Africa à Londres.

T E L E G R A M M E SAgenda

Ce club de réflexion et d’initiative dans le domaineinternational accompagne la lettre de l’Afrique danssa volonté de contribuer aux échanges et à lasolidarité entre la France, l’Europe et l’Afrique.

Le club du faubourgFC

La lettre de l’Afrique : 72, rue du Faubourg Saint Honoré 75008 Paris Publication de la SARL Les Cahiers de l’Afrique Siren: 504 846 361 RCS

Paris INSEE: G75537161286

Juin 2009 LA LETTRE DE L’AFRIQUE page 4