Jacques Marcout - Editions Dangleseditions-dangles.fr/bibliotheque/documents/9782703310679.pdf · Dans son livre, Jacques Marcout nous explique tout cela, ... Notre inconscient qui

Jacques Marcout

Hypnose Les secrets du bonheur

Hypnothérapie et développement personnel

Un ouvrage paru sous la direction de Jean-Luc Darrigol

Piktos Hypnose Les secrets du bonheur 2.indd 3 06/08/14 21:33

Préface

Le terme d’hypnose fait peur, car il est empreint d’une impression de magie plus ou moins noire ou occulte, de prise de pouvoir.

En fait, c’est un terme inapproprié car ne correspondant pas à son étymologie grecque (hypnos = sommeil).

Le terme de transe, utilisé par les Anglo-Saxons, n’est pas très rassu-rant non plus…

En pratique, quand on parle d’hypnose, on parle de l’utilisation que l’on en fait : l’hypnothérapie.

L’hypnose est un phénomène naturel, les examens modernes (Pet Scan et surtout IRM fonctionnelle) ne l’ont démontré que récemment, il y a une quinzaine d’années ; naturel et utile, tout comme le rêve dont on sait qu’il est également indispensable à une bonne santé mentale, et même à la vie.

L’hypnose naturelle sert à « se remettre les idées en place », à s’éco-nomiser, à intégrer et trier les millions d’informations auxquelles nous sommes confrontés chaque jour.

Nous connaissons tous cet état mais ne l’identifions habituellement pas comme tel.

Cet état naturel (on parle d’état modifié de conscience ou d’état de conscience modifiée) est automatique (comme la respiration) et peut être reproduit seul (autohypnose) ou à l’aide d’une autre personne (hétérohyp-nose).

Dans cet état particulier, on devient moins logique, moins mental et plus ouvert à la créativité, à l’imaginaire, à la poésie... et plus réceptif aux


6 HYPNOSE : LES SECRETS DU BONHEUR

suggestions qui sont la base de l’hypnothérapie : l’effet de celle-ci est puis-sant et, mal utilisée ou avec des intentions peu claires, elle peut avoir des effets délétères.

La méfiance est donc justifiée et nécessite de bien choisir la personne qui va se consacrer à cet accompagnement.

Dans un esprit d’ouverture, de respect, d’amour même, cette relation « hypnotique » ne peut qu’apporter des bienfaits et du bien-être, comme l’a bien démontré Erickson, et est de plus en plus utilisée pour résoudre de nombreux problèmes psychologiques, émotionnels, affectifs, existen-tiels… L’hypnothérapie est aussi utilisée comme aide dans la prise en charge des maladies organiques, comme soutien, et aussi pour un contrôle efficace des douleurs de tous types.

Dans son livre, Jacques Marcout nous explique tout cela, nous révèle certaines techniques utilisées et illustre son propos de nombreux exemples souvent très émouvants.

Le fonctionnement hypnotique permet, comme le rêve, mais sans sommeil et avec une conscience conservée et parfois même accrue et foca-lisée, de se mettre dans les conditions de rêver et d’imaginer des solu-tions qui nous paraissaient inaccessibles avec la seule volonté : le cerveau droit (ou gauche pour les gauchers) est sollicité, on se le réapproprie, on le laisse imaginer des solutions que l’on revit par anticipation et ce « comme si » devient une réalité : les méthodes modernes de la neuroscience l’ont démontré , et ses observations se recoupent souvent avec les philosophies ancestrales, asiatiques ou autres !

C’est comme si imaginer quelque chose de bénéfique et de possible permettait de créer les conditions pour que ce bienfait se réalise : on crée un nouveau réel ! Et ça marche !

Et cela va bien plus loin…

En effet, au-delà des séances avec un hypnothérapeute, on peut apprendre, notamment avec l’autohypnose, cette nouvelle façon de fonc-tionner, de régler ses problèmes, de vivre finalement.


Préface 7

Ce qui ne va pas sans efforts, ni une certaine « hygiène de vie inté-rieure » : les miracles ne sont en effet pas la règle.

Les « étudiants » qui apprennent l’hypnose sont souvent bouleversés et découvrent un monde nouveau qui manque rarement d’induire des chan-gements dans leur vie.

Au-delà de l’hypnose (et ce n’est pas son exclusivité), c’est aussi un nouveau regard sur la vie, une sorte de philosophie, de « nouvelle donne» : plutôt que de me désoler de mon mal-être, de le refouler et le nier, de faire avec, de croire que c’est une fatalité, je deviens acteur de ma vie, je prends les choses en main, comme je peux, je commence par m’accueillir comme je suis en acceptant ce qui est là : ce qui n’est pas toujours facile et ne veut pas dire se résigner, ou alors pas durablement, et est le vrai point de départ du changement.

Mais, surtout, je reste conscient et confiant, et si je n’y crois pas, je décide de vouloir y croire. Quel autre choix ?

Docteur Jacques FUMEXGastro-entérologue, hypnothérapeute



Introduction

Quand j’ai commencé l’hypnose il y a quelques années, c’était un sujet qui intriguait beaucoup de gens. Une part de mystère, de magie, de secret entourait et entoure toujours cette discipline.

Dans un monde cartésien et ultra-matérialiste, l’hypnose était impal-pable, et trop liée à des gourous… Beaucoup d’erreurs, d’invraisem-blances, de contre-vérités et de dérives sectaires ont été associées au mot « hypnose », véhiculées par des livres, des films ou des séries de science-fiction. Entraînant par là même de la méfiance et du doute.

Pourtant, l’hypnose aide à résoudre de très nombreux problèmes, troubles comportementaux, maladies, dysfonctionnements de certains organes. Elle n’est pas apparue récemment, puisque l’on retrouve sa trace dans l’Égypte ancienne. Elle a toujours existé, associée au départ au monde des dieux, puis refoulée par certaines Églises. Elle a fait son chemin grâce à de grands initiés comme Paracelse, Mesmer, Braid, Erickson, Coué, Grin-der et Bandler… qui, avec leurs expériences, ont pu faire partager leurs recherches et leurs connaissances. Certains ont eu des histoires personnelles incroyables, comme Franz Anton Mesmer durant le siècle des Lumières, séduisant les cours royales d’Europe et attirant des milliers de personnes. D’autres, comme Milton Hyland Erickson aux États-Unis, ont tiré profit de leur handicap et de leur maladie pour pouvoir mettre au point des tech-niques largement utilisées aujourd’hui pour guérir de nombreux maux.

Nous verrons aussi comment les dernières recherches en neuros-ciences ou en sciences du comportement, aidées par l’apparition des IRM, ont permis de donner des explications scientifiques aux succès de l’hyp-nose. Ce qui a poussé de plus en plus de médecins ou de personnel médical



à utiliser ces techniques dans les hôpitaux, qui complètent la médecine traditionnelle notamment pour les accouchements sans anesthésie et les opérations sans douleur…

Maintenant, on peut enfin défendre l’hypnose avec l’aide de nom-breuses études ou expériences scientifiques.

Ces secrets, je vais vous les faire partager, d’une manière facile et accessible.

Je vous ferai aussi partager les protocoles que les hypnothérapeutes comme moi utilisent pour mettre les patients dans un état modifié de conscience. Et vous pourrez découvrir comment certains problèmes ou certaines maladies ont pu être réglés, en « assistant » à certaines séances d’hypnose à travers leur transcription !

Vous pourrez ainsi comprendre l’importance des mots et des sugges-tions sur le cerveau, le corps et notre comportement, et aussi recevoir de nombreux conseils pour éviter l’influence de certains médias ou nouveaux modes de communication comme les jeux vidéo, internet, SMS qui peuvent perturber notre équilibre intérieur et notre santé, si nous ne sommes pas vigilants.

Ces secrets, ces révélations, ces découvertes, je vous les livre dans les prochains chapitres à travers des cas cliniques ou des séances de thérapie en cabinet, car j’éprouve le besoin de démystifier l’hypnose et la PNL (program-mation neuro-linguistique) pour les rendre plus accessibles et attrayantes.

C’est un essai, résolument positif, dans ce monde en pleine turbu-lence. Il va vous aider à vous orienter, à trouver en vous les ressources nécessaires pour résoudre vos problèmes intérieurs.

Je souhaiterais que ce livre vous ouvre la porte intérieure vers votre « part belle », votre lumière et votre bien-être, bien loin du sectarisme ou des fanatismes religieux, et ainsi vous rapproche de l’hypnose pour connaître ses bienfaits.

Nous avons tous le pouvoir de changer notre chaîne intérieure pour nous brancher sur le canal du bonheur.


1er VOLET

DES ORIGINES AUX DERNIÈRES DÉCOUVERTES SUR L’HYPNOSE



Chapitre 1

Les origines de l’hypnose : la parole des dieux

Cela nous est arrivé à tous au moins une fois. Après avoir roulé un certain temps sur une autoroute, arrivés au péage en freinant, et au moment où nous descendons la vitre pour payer au guichet, nous avons l’impres-sion curieuse de nous réveiller. En effet, nous réalisons que nous ne nous souvenons plus de certains moments qui viennent de s’écouler sur cette route, ni des paysages qui nous ont entourés, ou de la musique qui passait à la radio. On ressent cette curieuse sensation, comme un vide ou un trou de mémoire… Ce qu’il y a de plus étonnant, c’est que nous avons bien roulé, sans accident, sans heurter la barrière de sécurité, sans écraser personne…

Ce genre de phénomène, qui nous paraît étrange et qui peut nous faire peur, est normal. Notre cerveau s’est mis en période alpha ou en transe, entre la veille et le sommeil, durant laquelle le conscient fatigué, saturé s’est mis en veille, et où notre inconscient a pris le relais en toute sécurité, car durant cette période il ne nous est rien arrivé.

Notre inconscient qui joue un rôle d’ange gardien ou de disque dur a veillé sur nous en utilisant tous les apprentissages qu’il a reçus pour faire en sorte que notre route se passe bien.

Il en est de même pour notre sommeil durant lequel notre conscient se met en veille et notre inconscient maintient les fonctions vitales de notre corps comme la respiration, la circulation du sang, la digestion… pour que notre corps continue à vivre tranquillement.

Eh bien, l’hypnose consiste à mettre le patient en période alpha, en transe ou en EMC (état modifié de conscience), pour soigner au niveau



de l’inconscient des connexions mauvaises qui se manifestent dans sa vie par le stress, des peurs, des phobies, des addictions, des problèmes rela-tionnels ou des problèmes de peau… Nous verrons au cours des chapitres suivants comment le thérapeute fait des suggestions à l’inconscient pour qu’il agisse, car ce dernier ne fait rien de lui-même !

Autrefois, il était très difficile d’expliquer ce qu’était l’hypnose… Nous verrons qu’au cours de l’histoire divers mots ont tenté d’expliquer ce phénomène.

L’hypnose, d’après Godin, « c’est un mode de fonctionnement psy-chologique dans lequel un sujet, grâce à l’intervention d’une autre per-sonne, parvient à faire abstraction de la réalité environnante, tout en restant en relation avec l’accompagnateur ».

Mais avant d’aborder la question du fonctionnement de l’hyp-nose et l’éclairage qu’elle peut apporter pour comprendre certaines pratiques de marketing ou religieuses… nous allons faire un peu d’his-toire et voir rapidement ses différentes formes.

Tout d’abord, on a retrouvé en Mésopotamie un manuscrit sumé-rien cunéiforme, c’est-à-dire formé de figures en fer de lance ou en clous diversement combinées, qui décrit, il y a plus de 6 000 ans, des guérisons obtenues par le biais de changements d’état de conscience par la parole.

Musès en 1972 a découvert une stèle datant d’il y a 3 000 ans en Égypte sous Ramsès II, 20e dynastie, sur laquelle on a trouvé la description d’une séance d’hypnose. Les prêtres égyptiens demandaient à leur patient profane de fixer une sorte de disque de métal qui faisait fatiguer l’œil, baisser l’attention et plonger dans un sommeil, tout en utilisant des paroles sacrées et lancinantes auréolées de pouvoirs divins qui renforçaient cet état second. On a même trouvé, dans un très vieux papyrus égyptien, cette phrase concernant ce fameux guérisseur : « Pose tes mains sur lui, calme la douleur de ses bras et dis «la douleur disparaît»… »

Bien évidemment, pour le patient, la guérison ne venait pas de la tech-nique, mais des dieux qui avaient conféré aux prêtres ce pouvoir…


Les origines de l’hypnose : la parole des dieux 15

Puis, à travers les siècles, on trouve de nombreux personnages, comme Socrate, qui se décrit lui-même comme « un accoucheur d’âmes ».

On trouve aussi à travers les continents de nombreux druides, prêtres, sorciers, marabouts ou chamans qui, à l’aide de rituels évoquant les dieux, de paroles, de chants lancinants, de manipulation de flammes et de ges-tuels…, plongent la personne dans un état hypnotique pour faire sor-tir d’elle le mal qui la ronge… Partout, comme dans le livre des Lois de Manou, ancienne science sanscrite indienne, on retrouve ces coutumes de soins et des rituels, qui incorporent certains éléments de notre hypnose thérapeutique moderne sans utiliser ce mot d’hypnose...

Au début du xvie siècle, le célèbre médecin et alchimiste suisse Para-celse fixe les premières données scientifiques en racontant comment les moines de Kärnten guérissaient leurs malades. Ce n’était pas en leur fai-sant fixer des disques de métal, mais des boules de cristal brillantes qui les endormaient. Et quand les malades se réveillaient, leurs problèmes avaient alors disparu avec l’aide de Dieu... On ne parlait pas encore à l’époque du rôle des suggestions hypnotiques, mais « de paroles divines qui faisaient des miracles ».



Chapitre 2

Le magnétisme animal à la cour de Versailles avec Mesmer

En 1766, le médecin allemand le docteur Franz Anton Mesmer, qui avait des liens fraternels avec le célèbre musicien Mozart puisqu’ils avaient été initiés tous deux dans la même loge maçonnique de Vienne en Autriche, devient le premier « psychothérapeute » du siècle des Lumières par ses écrits1 et sa pratique inspirée de Paracelse – le « magnétisme animal ».

Mesmer est né en 1734 dans une famille d’origine modeste. La chance qui l’a servi durant toute sa jeunesse lui permet de rencontrer des personnes bien placées qui vont l’aider à progresser. Ainsi, il va devenir à 12 ans écuyer du prince archevêque de Constance à la suite d’une chasse à courre. Puis, par le fruit du hasard, ou plutôt par le fruit d’une belle ren-contre, il côtoie Walter Matteau, un sourcier de la cour de l’archevêque, qui lui apprend à utiliser des baguettes de bois de noisetier pour trouver des sources ou des points d’eau ; ce qui était très important à cette époque pour pouvoir vivre et survivre sans eau courante. Lors de cette première rencontre, le sourcier fait découvrir et prendre conscience à Franz Anton Mesmer qu’il a un don. En effet, normalement, un sourcier tient au bout de ses doigts une baguette, qui fait un mouvement vers le bas lorsqu’elle sent un point d’eau ou une source. Mesmer sent ce mouvement de la baguette, mais il perçoit aussi ce courant mystérieux qui vient de l’eau et qui arrive dans le bois de noisetier. Il sent ce fluide, et seuls ceux qui ont un fluide à l’intérieur d’eux-mêmes peuvent avoir ce don, d’après le sourcier. Mesmer,

1. Mémoire sur la découverte du magnétisme animal, imprimé chez P.Fr Didot le jeune, 1779.



qui n’est qu’au début de l’adolescence, en est très surpris et souhaite très vite le développer.

Plus tard, à la fin de ses études de médecine, durant la nuit de Noël 1765, il fait une autre expérience étrange qui va le marquer toute sa vie. Il est appelé pour aider son professeur Citrus Janus à pratiquer une saignée sur le vénérable Jaeger, un franc-maçon de la loge Réalité de l’Homme qui souffrait d’une apoplexie… Au cours de cet exercice qui était monnaie courante dans la médecine de l’époque, Mesmer s’aperçut que quand il s’éloignait du malade qui était allongé sur une table, en train de se vider de son sang dans une palette à saignée, ce dernier s’arrêtait de couler, et quand il revenait près du vénérable Janus, le sang se remettait à couler !

Le professeur de médecine s’aperçut aussi de ce phénomène, que d’autres malades constatèrent également par la suite. Quand Mesmer s’ap-prochait d’eux, ils sentaient des sensations curieuses, comme s’il avait une influence en émettant des ondes.

L’année suivante, Mesmer fit sa thèse de médecine, « De l’influence des planètes sur le corps humain », qu’il présenta en 1766 devant un jury. En s’appuyant sur des auteurs anciens, il mit en évidence que le corps est soumis à l’attraction universelle ou gravitation, c’est-à-dire qu’il est sous influence de la Lune et des astres… D’après Mesmer, notre corps est lié à la Lune et au Soleil, non seulement pour certaines maladies, mais aussi pour ce qui concerne notre harmonie intérieure.

Le jury donna à Mesmer son titre de docteur en médecine, afin qu’il puisse trouver un moyen d’agir sur ses forces de gravitation astrales !

Une fois médecin, Mesmer comprit qu’il pouvait soigner des malades par application de ses mains ou d’une baguette en métal sur les blessures. Par exemple, il soigna le jeune Mozart d’un torticolis en 1768. Par la simple application de ses mains, la contracture était partie… Il étonnait toutes les cours royales d’Europe par sa pratique et ses écrits.

Ce scientifique était le premier thérapeute à utiliser l’hypnose, appelée « fluide naturel et universel » apporté par le magnétiseur pour soigner les maux de son époque. Il le diffusait grâce à des « passes » sur tout le corps


Le magnétisme animal à la cour de Versailles avec Mesmer 19

des malades, provoquant des « crises salutaires », c’est-à-dire des convul-sions. Plus tard, il essaiera de rechercher dans le passé de ses malades des détails autour de l’apparition de la maladie en les faisant parler.

Tout au long de sa vie, il essaya d’expliquer ses soins par sa théorie du magnétisme animal, mais, au plus profond de lui-même, il restait étonné par son don inexpliqué. Lui-même écrivait dans son dogme composé de 27 propositions que « le mystère est comme une vérité que l’on doit croire, bien qu’on ne puisse pas la comprendre2 » !

Cette phrase résume bien la posture de Mesmer face à son don : croire, essayer de l’expliquer sans le comprendre…

Ses secrets n’étaient pas le fruit unique des sciences, mais une syn-thèse de l’ensemble des connaissances de l’époque. Il s’inspirait aussi bien de la médecine que de l’astrologie ou de la chasse, mais également de la nature, observée par les bergers ou les sourciers…

Comme il avait un physique impressionnant avec sa haute et forte sta-ture, ses yeux clairs et envoûtants, et sa voix chaude et captivante, Mesmer ne laissait pas insensibles les patients ou les personnalités qu’il rencon-trait... Il séduisait, rassurait, réconfortait.

Et, durant toute sa vie, il va impressionner les grands notables de son époque et bénéficier de leur entregent.

Toujours prêt à essayer de comprendre son don de guérisseur en trou-vant de nouvelles théories ou applications, un jour il va faire construire, après avoir bien observé des vignerons avec leurs cuves à vin, un baquet parfaitement hermétique, clos par un couvercle fermé avec des vis.

À l’intérieur de cet appareil étrange, il mélangea du verre pilé, du sable et de la limaille avec de la sidérite. Il installa au fond une vingtaine de bouteilles, remplies d’eau magnétisée, en forme de cercle et reliées entre elles. Dans le couvercle, il perça neuf trous pour mettre neuf tiges en fer qui touchaient le fond avec les métaux. Chaque canne se terminait en

2. Jean Thuillier, Franz Anton Mesmer ou l’extase magnétique, Robert Laffont, 1988.



angle droit avec une boule au bout. Enfin, une corde reliait chaque boule de chaque tige, pour bien faire communiquer le magnétisme intérieur du baquet aux patients, qui s’installaient tout autour, en appliquant le bout de chaque canne sur les parties malades de leur corps. Le fluide circulait entre les patients, grâce à la corde et les cannes en fer, reliées aux métaux du fond du baquet…

Baquet de MesmerAvec l’aimable autorisation du Musée d’Histoire de la Médecine et de la Pharmacie de Lyon


Le magnétisme animal à la cour de Versailles avec Mesmer 21

Le succès est tel que Mesmer n’arrive plus à soigner tous les patients, nobles, bourgeois, commerçants ou pauvres de la Cour des miracles qui se présentent à lui. Il doit faire des séances collectives dites du « baquet », au cours desquelles des femmes de haut rang entrent dans des fous rires hystériques, ou tombent en convulsion.

Ces séances du baquet sont assez impressionnantes, et les nobles de la cour de Versailles voudront tous s’y soumettre quand Mesmer s’installera à Paris.

En effet, en 1778, à l’aube de la Révolution française, le docteur Franz Anton Mesmer quitte Vienne, pour s’arrêter chez une aristocrate alsacienne, la baronne d’Oberkirch, muni d’une lettre de recommandation du prince Kaunitz, ministre autrichien des Affaires étrangères.

Comme il n’y a pas de hasard, mais seulement de belles rencontres, la baronne lui ouvre son carnet d’adresses, ainsi que l’avaient déjà fait auparavant d’autres personnalités viennoises, en lui recommandant d’aller à Paris, dans la Maison Bourret, place Vendôme, pour s’y installer.

On est en plein siècle des Lumières et les Parisiens sont plus attirés par les sciences, la franc-maçonnerie, l’alchimie ou les superstitions que par l’Église…

Mesmer, qui a compris les règles de la communication avant tout le monde, utilise des moyens originaux pour l’époque, comme la distribution de tracts en plein Paris ou bien la publication dans le Journal de Paris, nouvellement créé, d’annonces qui informent de « l’arrivée dans la capitale d’un célèbre médecin de l’Académie de Vienne, inventeur du magnétisme animal » !

Et c’est le succès assuré. Comme il offre les consultations aux pauvres et les fait payer très cher aux nobles ou aux grands bourgeois, Mesmer attire le Tout-Paris. Tout autour de la Maison Bourret, il y a des files d’attente impressionnantes qui attirent l’œil des passants et créent l’événement. Sa renommée et ses guérisons le font connaître dans tous les milieux parisiens…



Par la suite, il s’installe dans le même cabinet que le docteur Charles Deslon qui soignait personnellement le comte d’Artois, frère du roi régnant Louis XVI et futur Charles X.

Certains le louent, comme la comtesse du Barry, ancienne favorite de Louis XV, qui a pu, grâce à une séance de magnétisme animal, faire dispa-raître ses cauchemars d’emprisonnement au couvent qu’elle traînait avec elle depuis qu’elle avait été bannie par la Cour, le lendemain de la mort de son roi amant.

Madame de Malmaison ou la princesse de Lamballe apprécient les dons de Mesmer. Tout comme le marquis de La Fayette, un des héros français de l’indépendance américaine, qui essaya même de convaincre George Washington, le premier président de l’histoire des États-Unis, des bienfaits du mesmérisme. Depuis cette époque, l’expression You mesmerize me, qui veut dire en anglais « vous m’hypnotisez », ou « vous m’épatez », est restée dans le langage populaire...

Face à ces louanges, d’autres le traitent de charlatan. En 1784, le roi Louis XVI ne sait qu’en penser et il demande la création de deux commis-sions à l’Académie des sciences et à la Société royale de médecine pour évaluer son travail.

Pourtant, Mesmer n’était pas un imposteur, mais plutôt un surdoué, bardé de diplômes : docteur en théologie, en philosophie, en droit et méde-cine. Il était aussi un habile alchimiste et un musicien passionné, l’ami de Haydn, Gluck et Mozart. Il les accompagnait même au clavecin, à l’har-monica ou au piano forte lors de concerts privés en Autriche.

Dans ces commissions royales, Louis XVI nomma plusieurs person-nalités comme le docteur Guillotin, inventeur de la future guillotine, l’am-bassadeur américain en France Benjamin Franklin, inventeur du fameux paratonnerre, diplomate, homme politique influent en France tout en étant l’un des plus grands francs-maçons aux États-Unis, le botaniste Antoine Laurent de Jussieu qui inventa la classification des plantes ou Lavoisier, bien connu pour ses travaux en chimie et en économie.


Table des matières

Remerciements . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

Préface . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9

1er VOLET

DES ORIGINES AUX DERNIÈRES

DÉCOUVERTES SUR L’HYPNOSE

Chapitre 1

Les origines de l’hypnose : la parole des dieux . . . . . . . . . . . . . . 13

Chapitre 2

Le magnétisme animal à la cour de Versailles avec Mesmer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

Chapitre 3

L’hypnose comme anesthésiant au xixe siècle . . . . . . . . . . . . . . . 25

Chapitre 4

L’hypnose, la psychothérapie et la suggestion verbale . . . . . . . 27

Chapitre 5

L’influence des mots ou des sons sur le cerveau avec Coué et Pavlov . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31



Chapitre 6Erickson et les autres formes d’hypnose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 35

Chapitre 7Les dernières découvertes des trésors du cerveau . . . . . . . . . . . 45

2e VOLET

LA MAGIE DE L’HYPNOSE :

SOIGNER LES MAUX AVEC DES MOTS,

À TRAVERS DIFFÉRENTS CAS

Chapitre 8 Cas cliniques de l’utilisation de l’hypnose . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59

Chapitre 9Quelques clefs psychologiques pour réussir l’hypnose . . . . . . . 75

Chapitre 10Surmonter sa peur du changement . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 87

Chapitre 11Comment entrer dans un état d’hypnose ? . . . . . . . . . . . . . . . . . 93

Chapitre 12L’hypnose pour cicatriser nos mauvais souvenirs . . . . . . . . . . 101

Chapitre 13Vivre mieux en réduisant le pouvoir des médias sur notre cerveau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 109

Chapitre 14Les outils de la PNL avec le « VAKOG » pour mieux se comprendre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127


Table des matières 205

Chapitre 15Le dégoût de la cigarette par hypnose . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 135

Chapitre 16La musique contre les crises d’angoisse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 141

Chapitre 17L’hypnose aide à faire nos propres réglages . . . . . . . . . . . . . . . 145

Chapitre 18Une méthode naturelle contre les chocs émotionnels . . . . . . . . 149

Chapitre 19La déprime du businessman soulagée par l’hypnose . . . . . . . . 155

Chapitre 20L’imagination et l’humour contre la phobie des tunnels . . . . 161

Chapitre 21L’hypnose au secours de certaines pannes sexuelles . . . . . . . . 167

Chapitre 22L’hypnose pour arrêter les troubles obsessionnels compulsifs ou TOC . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171

3e VOLET

LA QUÊTE DU BONHEUR INTÉRIEUR

AVEC NOTRE INCONSCIENT

Chapitre 23Le fabuleux pouvoir de résistance de notre cerveau face à la souffrance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 175



Chapitre 24Savoir mieux vivre avec de vraies valeurs face à la publicité 181

Chapitre 25Les clefs d’accès pour résister à la pression extérieure . . . . . . 187

Chapitre 26Retrouver l’envie d’avoir envie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 191

Chapitre 27Pardonner pour être mieux . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 195

Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 199

Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 201


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