8/17/2019 Jean Louis Blaquier, « Le Dernier Oxymore de Lacan - l’Autre Qui n’Existe Pas ».

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un pro-et de paix perp&tuel, hori$on politique tou-ours d&-! ! 3enir, t>chein/nie dira ?ant.A/n de mieux saisir les en-eux r&els de la ra'mentation, de lad&construction '&n&rale du lien social qui tra3erse toutes les modalit&s durapport ! autrui, nous examinerons quelques apports d&cisis du parcours

philosophique occidental: ?ant, @e'el, 8arx, @usserl, en/n sa reprisecontemporaine, de L&3inas ! la psychanalyse.

4e l’Autre qui existe 64ieu7 ! l’Autre qui n’existe pas 6inconscient7,d&cou3rons ! 'rands traits, le d&ploiement de l’histoire de la culture enquatre 'randes scansions, quatre di1&rents r&'imes de ci3ilisations:

• Antiquit&: polyth&isme puis, retrait des 4ieux.

• 8oyen A'e: &mer'ence du monoth&isme 58odernit& 5 ost58odernit& 5

• L’&poque de l’Autre qui n’existe pas.

• i3ilisations mortelles, oules solitaires, inexistence de l’Autre.

• Antiquité: polythéisme puis, retrait des Dieux.

•  

• Avec Platon et Aristote incontestablement, la scène fondatrice de

l'invention du discours philosophique prend se repères essentiels de

l'attention portée au rapport l'autre comme alter e!o. "'amitié selon

Aristote est précisément le miroir de cet autre moi#m$me, il est ce lien

d'identification minimal, dé% amical et politique, par lequel, deux individus

se supposent une é!ale di!nité, une communauté !raduelle d'identité

d'intér$ts et de désirs, se reconnaissant comme &$me. "a démocratie

définit le citoyen comme su%et de droit, re!roupant une série de

semblables soi puisque l'exclusion du différent, le métèque et, du tout

Autre, l'esclave, établit paradoxalement la condition de possibilité d'une

telle communauté de frères, d'é!aux en droits.

  Aucun lien social, politique, ft#ce celui de la démocratie, ne peut fairel'économie d'une relation de ma(trise et de servitude. "e lien l'autre en

!énéral suppose la vertu de la )%uste mesure) notamment lorsque liens

d'amour ou d'amitié mettent en scène un )deux ori!inaire) qui, par

définition, par l'espace du manque de l'Autre qu'il ouvre, fait ob%ection

un idéal identitaire, de complétude, de complémentarité. *i l'ami, ni

l'amant ne peut prétendre incarner la moitié perdue supposant une totalité

unaire et ori!inaire. "a relecture par +reud, puis par "acan, des Anciens

Platon, -mpédocle, ophocle.../ prend la mesure de l'impossible, du

sympt0me, )de ce qui ne va) au c1ur du rapport soi deux le couple/

ou plusieurs la société/ du fait m$me de l'Autre, maintenu comme

existant, ou du 2éel, indicible ou imparlable de la pulsion. 3oute criseamoureuse en!a!e une crise quasi#reli!ieuse d'identité personnelle: la

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croyance au )moi) est le support identificatoire ima!inaire l'autre. De

&ontai!ne 4ume la psychanalyse, le fameux )moi) %ustement doit

abandonner tout idéal ou présomption de consistance: l'identité

personnelle n'existe pas, son fond est tou%ours dé% intersub%ectif, social.

  Dans l'interro!ation platonicienne de l'amour "e 5anquet/, ou celle pluspolitique d'Aristote sur l'amitié -thique *icomaque/ le caractère

problématique d'autrui reste le 2éférent, le topos, le lieu tiers d'une

invention qui permet la question de l'6n ou de l'-tre de se déployer

comme qu$te du sens ou recherche du vrai au bénéfice d'un emblant qui,

face au 2éel, n'est pas illusion pure.

  Au centre de notre propos, indiquons ceci: l'expérience amoureuse,

forme privilé!iée, somme toute récente mais immémoriale du lien

l'autre, définit un espace de rencontre entre deux su%ets qui fait exception

et ob%ection la notion %uridique de di!nité. "es Anciens ne ran!eaient#ils

pas l'amour sous la rubrique du comique et le plaisir sexuel incompatible

avec la di!nité 7 Dans son commentaire du 5anquet des philosophes,

"acan énonce sur le mode du tra!i#comique le plus pur:

•  )Aimer, c'est donner ce qu'on a pas # quelqu'un qui n'en veut

pas).

)-n amour, soye8 sr que les sentiments sont tou%ours réciproques).

• -n fait, ce qu'ensei!ne la psychanalyse ne rompt pas, bien au contraire,

avec l'ironie de ocrate, ce )ma(tre subtil) selon "acan, puisque ces deuxaffirmations fondamentales, sur la place de l'amour, !ardent toute leur

insondable ri!ueur au temps de l'Autre qui n'existe pas.

8oyen A'e: &mer'ence du monoth&isme, cette in3ention -ui3e dont lechristianisme et l(Cslam procdent.

• La philosophie du 8oyen A'e reste suspendue ! la question de l(Dn,principe de +ranscendance identi/a#le ! la question de l(Etre pris

comme )u#stance, comme om suprFme mais imprononGa#le du4ieu de la 2&3&lation, de la +hora.

4u coup, la connaissance d(autrui re3ient au su-et sous la seule et simpleorme du raisonnement analo'ique. Je ne peux conna0tre autrui que dansl(exacte mesure oH il &3oque mes propres &tats de conscience68ale#ranche7.La psycholo'ie classique, dans le ond, ne d&passe pas ce que Lacanormalise 6a5a(7 soit la relation d(identi/cation ima'inaire ! l(autre.

• 5 La question de l(Autre reste occult&e comme schme sym#oliqueet, condition lo'ique de possi#ilit& de toutes relations

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intersu#-ecti3es. n re3anche, elle se d&ploie comme 'rand Autrea#solu qui, par di3erses 3oies, celle de la ro3idence selon la oi6ascal7 ou celle de la 2aison 64escartes7 entend d&montrerl(existence de 4ieu. 4ieu: Autre a#solu a3ec ses deux attri#uts: Dnparait, Etre in/ni.

• 5 8odernit&:identi/cation du 4ieu des philosophes a3ec la puissance del(entendement humain puis, le soupGon que le corps, l(inconscient"'ou3erne" ce sur quoi la conscience pr&cis&ment croit "r&'ner",l(irr&&chi, le spontan&, l(ori'inaire, l(autre....

Le o'ito cart&sien ne sort pas d(une solitude su#stantielle, le rapport !l(autre reste pro#l&matique, incertain, ou. )ans doute, appara0t5elle sousles traits du 4ieu des philosophes: l(Autre est soit trompeur, le 8alin%&nie, soit 'arantie de 3&rit&. &anmoins, la pens&e classique, comme lesouli'ne 8arx, reste pi&'&e dans une "ro#insonade", une conceptionsolitaire de la conscience. )euls, ?ant, puis @e'el placent au centre de laconscience humaine, le rKle constituti de l(Autre.

?ant construit le rapport ! l(Autre en ondant un a#solu lo'ique, lacat&'orie de ersonne. Ainsi d&termine5t5il, au5dessus de tout relati3isme,le plan philosophique d(une &thique laque, li#&r&e de tout ima'inaire, detoute tradition mytholo'ique. n e1et, l(imp&rati cat&'orique 3ise ununi3ersel d(essence lo'ique: le respect sans condition de la personne, au5del! de toute patholo'ie du d&sir et des passions.

L(apport lo'ique de @e'el 3ise ! saisir l(odyss&e de la conscience commeun ph&nomne essentiellement historique dont la dimensionintersu#-ecti3e cerne ondamentalement un en-eu dialectique,in3aria#lement conictuel entre deux positions, deux discours: celui du8a0tre, celui de l(escla3e.L(&quation cart&sienne, Je pense, Je suis est d&plac&e par @e'el. L(Autrede la culture, nou3elle ruse de la raison historique, transindi3iduelle ou3rela structure de la conscience de soi ! un tra3ail de tra3ers&e e1ecti3e dud&sir de l(Autre.

C'est le moment, hystérique, dira Lacan d'un désir de reconnaissance de

l'esclave par le Maître.

• e que toute conscience d&sire c(est l(asser3issement d(autrui, plusexactement d&truire son autonomie, sa li#ert&.

(est en r&alisant cette destruction que le su-et assure sa li#ert&, acc&dantainsi ! une position de ma0trise. ependant, pour ?ant et @e'el, ce n(estpas la "3ie pri3&e" mais la 3ie pu#lique qui rel3e et r&3le la n&cessit& dulien ondateur ! la r&alit& d(autrui. 8arx prolon'era de aGon essentielle,

ce riche dat des Lumires en remarquant que les rapports sociaux deproduction sont des marqueurs d&cisis de ce que la psycholo'ie nommera

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l(unit& de la personne, et de ce que la su#3ersion reudienne &pin'lera, aure#ours de la psycholo'ie et de l(humanisme, le su-et di3is&. A cet &'ard,la d&possession qui quali/e le prol&taire n(est pas seulement mat&rielle,mais su#-ecti3e. (est d(a3oir o#tur&, i'nor& cette dimension politique dusu-et di3is&, c&sur& par le discours de l(Autre 5l(inconscient5 que

l(alternati3e socialiste s(est enlis&e si dura#lement, et sur un mode sicatastrophique.

@usserl souli'ne que ma propre existence en tant qu(homme implique"l(existence r&ciproque de l(un pour l(autre". Nuand un su-et se met ! laplace d(un autre en pens&e, "il m(appr&hende tout aussi imm&diatementcomme "autre" pour lui que pour moi -e l(appr&hende comme "autre" pourmoi". Ainsi, il y a un de3enir in/ni de l(exp&rience ori'inaire de l(autre poursoi, et de soi pour l(autre. L(humanit& dans sa multiplicit& r&elle etpotentielle ait que les hommes s(appr&hendent comme "autres". Cl y

aurait pour @usserl, une communaut& ori'inaire des consciences au seinde laquelle chaque su-et se constitue comme tel. omme le souli'ne J.4errida dans son &tude sur @usserl: le su-et est ori'inairement tra3aill&par la /ction : /ction du sur'issement de l(autre comme deuximepersonne, et mFme l(autre comme troisime personne, le "on parle" deBlanchot, @eide''er ou oucault.

ost58odernit&: retrait du 4ieu5DnP

• &mer'ence d’un temps oH la cat&'orie de 4ieu comme alt&rit&pure, l’Autre a#solu se retire, s’e1ace pro'ressi3ement laissant leshumains ! leur identit& narcissique indi3iduelle pure et dure.

 A3ec @eide''er, iet$sche, reud puis Lacan, c’est ce dernier 3oilede l’uni3ersel, ultime 3ersion de l’Autre qui existe qui se d&chire,l’intersu#-ecti3it& ori'inaire des ph&nom&nolo'ues n’assure plus ladistri#ution d’un espace de -eu dialo'ual entre des consciences &'ales,&'alitaires. Au5del! des conits de consciences aucune r&conciliation n’est

possi#le, et rien ne peut onder l’espoir d’une intersu#-ecti3it& ori'inaired’oH se onderait le collecti, la communaut& paraitement d&mocratiquedes hommes: la contradiction reste sans synthse, le su-et est di3is&,l’Autre dispara0t comme tel. L’une des premires modalit&s dans notrer&'ime contemporain de ci3ilisation de l’Autre qui n’existe pas estparaitement d&crite par @eide''er &3oquant le "on", puissance r&elle,o#scure et anonyme que le collecti ait peser sur l’indi3idu. L’ensem#le del’Qu3re de aul 9al&ry t&moi'ne de la n&cessit& d’une attitude d’&3eil ace! cette d&tresse nou3elle qui ne peut mFme plus se dire ou se penseralors mFme qu’elle s’exhi#e depuis la seconde 'uerre mondiale, dans un

d&lu'e inormationnel sans pr&c&dant 6re m&diatique et post5m&diatique6multim&dias, Cnternet7.

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  4isons5le sans nostal'ie particulire, le terri#le re3ers collecti du retraitdes 4ieux, la /n de la transcendance d’un Autre a#solu ! l’a#ri duquel sedistri#ue le sacr&, le ta#ou, l’ensem#le des interdits constitutis del’humain, en premier desquels, l’inceste et le crime, sem#le se payer desacri/ces in&dits, de sacri/ces humains sans raison, a#surdes. eux5ci

n’ont plus aucune -usti/cation, aucun sens, le temps des holocaustes,a#surdes et des re#elles meurtriers sans cause, ad3ient. Les exemples,chacun sin'ulier, a#solument incompara#le, en ce SSme sicle n’ont pasmanqu&: la Shoah, @iroshima, le %oula'....omme si la disparition del’Autre aisait appara0tre de nou3eaux dan'ers, la tyrannie du 8Fme, latyrannie de l’identi/cation, 3&rita#le colla'e de l’ima'e du su-et au miroir,dictature de l’e1acement du su-et, de l’Autre au #&n&/ce trompeur d’unrepli communautariste identitaire. Les 'randes 'uerres de l(a3enir penseiet$sche seront 3iendront des conits de ci3ilisations.

Les nou3elles dimensions du symptKme dans la cliniquepsychanalytiquienne cessent au quotidien de rappeler que la 3ictoire dearcisse est un e1et certain mais atal ! l’&poque de la disparition del’Autre.

Les ra3a'es de arcisse, /'ure marqu&e de la per3ersion sontomnipr&sents. Les plaintes sont multiormes alors mFme que le antasmeest insistant: aire exister l’Autre. 6onusion entre identit& personnelle etidentit& sociale 5 communautarisme identitaires5 insta#ilit& du couple,errance atomis&e des su-ets, e1acement de l’autorit& paternelle,h&sitation dans la di1&rence des sexes, indi1&rence des '&n&rations entre

elles, suicides des -eunes de plus en plus -eunes, mont&e en puissance desph&nomnes de sectes, pr&5constitution d(un march& du clona'e humain,#anques d(or'anes... 5aux D.).A. T U d(am&ricains souhaiteraient que leclona'e de3ienne une m&thode de procr&ation.... 7

  La cat&'orie de l’Autre qui existe dans le discours philosophique etpsychanalytique d&3oile l’&ni'me polyth&iste du di3in en sa acturearchaque, la ma'ie, le &tichisme, comme en sa 3ersion monoth&iste laplus moderne, le christianisme, selon Lacan, la "dernire" des reli'ionspossi#le. La nou3elle li#ert& du su-et5roi se conond d&sormais a3ec sa

propre insularit& sans autre limite que la puissance narcissique que luidonne son assise sp&culaire. Etre le miroir de chacun de3ient le principe'&n&rateur r&'ulant les &chan'es les plus ondamentaux, les plus intimesa3ec notre prochain, notre o#li'& sem#la#leV Le r&'ime des lois est en &tatd’ur'ence, "Ga passe ou Ga craque". n e1et, aucun lien social ne peutreposer sur un tel principe de s&duction, un tel d&/ per3ers au re, 5pre53ersion, "3ersion53ers5le5pre" &cri3ait Lacan. 4ans, le ond, aucunetrans'ression n’est dura#le puisqu’elle ne cesse d’aWrmer et mFme demiliter ! son insu, au retour de l’interdit qu’elle pr&tend d&/er. arois sousses pires ormes. ’a5t5on pas 3u durant la 2&3olution maoste des /ls tuer

leur preX e 3oit5on pas des pres prostituer leur propre /lle ou desincestes #analis&s, sans culpa#ilit&, au nom de l’amourX

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L’ennui ou la distraction 3ident l’espace et le temps du su-et du d&sir, dusu-et de la parole et, de3iennent des /'ures o#scnes du sur5moi despseudo imp&ratis cat&'oriques, tant la disparition de l’Autre li3re le su-et! la mont&e en puissance de l’insi'ni/ance, aux ph&nomnes pelliculairesde la s&duction,

5la soci&t& marchande et de spectacle5! la r&3ersi#ilit& des apparences5%auche54roite: tous pareilsV,5aux 3erti'es des a#0mes super/ciels5id&olo'ie de la /n des id&olo'ies:

/n de la politique, /n de l’histoire...

lona'e et immi'ration constituent les deux aces d(une seule et mFmeh&'&monie du 8Fme appuy&e sur une lo'ique marchande de la disparitionde l’Autre. L’id&olo'ie dominante de la science repose sur la su#stitutiondu sa3oir ! la question du sens. Le nou3eau du symptKme cliniqueprocde simultan&ment du d&clin pro'ressi de l’ima'e paternelle etcons&quemment, du sur'issement de patholo'ies narcissiques5aussement d&nomm&es "#orderline".

Nuand ierre Le'endre &3oque la "prol&tarisation su#-ecti3e", croisant lesa3oir de 8arx sur le symptKme social a3ec celui de reud, il pointe ladisparition du su-et, su-et indi3is, r&i/&, chosi/&, su-et pri3& de 3ie pri3&e.Le retour symptomatique du lien reli'ieux sous ses ormes les plussectaires rel3e de la mFme lo'ique per3erse que reud explique par la

soudure de la pulsion sexuelle et de l’o#-et sexuel. A l’id&alisation,tou-ours rep&ra#le dans le champ des per3ersions s’ad-oint un m&canismede d&ni de la su#-ecti3it&, contre e1et du chaos su#-ecti, du ma'manarcissique qui si'ne la d&pendance antasmatique du su-et au phallusmaternel.

La 3&rita#le prol&tarisation su#-ecti3e est un e1et de l’a1ai#lissement del’&thique. L’&mer'ence des omit&s &thiques se pr&sente comme lecorollaire de ce ait nou3eau dans la ci3ilisation 5le retrait de l’;tat, lara'mentation -urisprudentielle du droit5 l’inexistence de l’Autre. Le ait

'&n&ral d’assumer une responsa#ilit& n’est -amais autre que -uridique: ellen’est -amais &thique. La ameuse ormule "responsa#le mais pascoupa#le" trahit la colonisation 'estionnaire de l’&thique. La loi &thique4OC+ pr&cis&ment ne pas se conondre a3ec la loi -uridiqueP elle i'norel’ordre de la culpa#ilit& puisque sa 3is&e n’est autre que le #onheur, la 3ieheureuse 6picure ou )pino$a7.

La peur de la pens&e ou la haine du d&sir seraient5ils les symptKmes denos &chan'es sym#oliques d&r&'ul&s du ait de la mont&e de l(incroyanceen l(AutreX 4iWcult& psychique ! se repr&senter ou inhi#itionantasmatique trahissent l’inuence des modles cy#ern&tiques du

r&seau, tant sur nos modes de lecture du su-et 6c. 3o'ue croissante de lapsycholo'ie co'niti3isme a3ec les neurosciences7 que sur nos modes de

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3ie concret. 4e ce strict point de 3ue5l!, l’expansion des nou3ellestechnolo'ies, prothses machiniques d’un su-et ac&phale et,principalement, le ph&nomne Cnternet, &3oque la centralit& a#sente d’unsystme ou3ert 3irtuellement ! l’in/ni de la r&alisation d&mocratique nedonnant, par d&/nition, consistance ! aucun Autre.

• Au lendemain de la d>cle na$ie, @eide''er indiquait que la plus'rande d&tresse &tait l’a#sence de d&tresse. Ainsi, ce n’est plusl’&tonnement des Anciens %recs de3ant les choses du monde quia'it comme &3eil ! la philosophie, c’est plutKt, selon l’incisi3eormulation de rimo L&3i, la "honte d’être un homme" nous laissantde3ant la responsa#ilit&, la t>che aussi ur'ente que n&cessaire depenser ce qui reste d’usch!it" .

)i l(Autre, /'ure aurorale de la transcendance de l(tre5Dn, d&si'ne le4ieu, des trois reli'ions monoth&istes, comment alors caract&riser notre&poque marqu&e par l(incroyance, la disparition du tra'iqueX

L(essouZement de ces trois 'rands cultes 'roup&s autour d(un do'me,d(un +exte, d(un Li3re suppose un remaniement ondamental du lien social,concerne le rapport du su-et ! lui5mFme, au couple, ! la amille, au tra3ail,! l(tat, ! la /'ure de l(humanit& et de ses droits. La psychanalyse 5autantque la pens&e de 8arx sur le de3enir5monde du ?apital 5 annonce la /ndes soci&t&s traditionnelles et suppose la constitution moderne des oules

solitaires de non5dupes. elles5ci sont d&chir&es, d&construites par deuxtendances contradictoires: la recherche d(un id&al paternel, pur et dur,c(est la 3ersion paranoaque des soci&t&s totalitairesP soit la ra'mentationsociale, schi$ophr&nique issue de la d&aite de toute /'ure centralis&e enlieu et place de l(;tat de droit de la Loi.

• La psychanalyse n(i'nore pas le lien du symptKme de sa cliniquea3ec les impasses du 8alaise dans la ci3ilisation, cependant, lan&cessit& minimale de son champ se d&/nit par le traitement dusu-et par le si'ni/ant, sur le mode exclusi du "un par un". )i reud ainau'ur& une pratique "th&rapeutique" centr&e sur la sp&ci/cit& du

su-et, le champ du lan'a'e et de la parole: hypothse de lad&termination de l(ima'inaire par l(ordre sym#olique.

L(apport de Lacan a &t& d(insister sur le -eu intra psychique du symptKmea3ec son partenaireP l(o#-et a, le r&el. Le su-et en sa c&sure radicale estt&moin d(une dialectique r&elle celle du conit destinal des pulsions qui,entre 3ie et mort, d&termine son mode de -ouissance.

  L(hypothse de l(impasse du sym#olique de3ant le 2&el est le dernierapport de l(ensei'nement de Lacan au champ clinique reudien. Le su-et

est c&sur& par l(Autre mais l(Autre n(existe pas autrement que sur le mode/cti du sem#lant. +romperie, menson'e, illusion, sem#lant supposent la

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cat&'orie de /ction mais ne la r&sume pas. es termes indiquent quel(hori$on de 3&rit&, de 3&racit& 5ou de non 3&rit&, de non53&racit&5 d(unepsychanalyse touche ds son dut, -usqu(! sa /n, le point d(&ni'me dusu-et dans son apparition\disparition au lan'a'e, ! la parole. n e1et, ladimension de cr&ati3it&, la dimension lo'ique, scienti/que de la

psychanalyse implique sin'ulirement un paradi'me &thique oH l(&l&mentcr&ationniste discret, le pi3ot axial de l(ordre sym#olique ! contretemps dela #lessure ori'inelle du 2&el, par quoi pr&cis&ment la seule ha#itationpossi#le du psychisme pour un su-et, requiert la /ction. )u#-ecti3ation etd&su#-ecti3ation dessinent les limites ormatrice du su-et contemporainqui, de l(existence de l(Autre a#solu, ! l(Autre #arr& 5 lieu du code dulan'a'e, tr&sor de si'ni/ants 5 ou3re ! ce paradoxe lo'ique &pocaln&cessaire:

l(Autre n(existe pas.

La mont&e en puissance d(un orme cynique de l(indi3idualisme, del(id&olo'ie du su-et5roi selon l(expression de ierre Le'endre participe del(insi'ni/ance nou3elle de la 3aleur de 2&&rence ou de +ranscendance !partir de laquelle s(ordonnait l(ensem#le des lo'iques su#-ecti3es,institutionnelles, sociales notamment celles qui scandaient les relationsa3ec autrui. ependant, la ph&nom&nolo'ie et, surtout, la psychanalyseont orient& pro'ressi3ement le phare de la raison de l(intersu#-ecti3it&ori'inaire 3ers l(intra su#-ecti3it& ori'inaire r&duisant la /'ure de l(Autre !celle du discours, du lan'a'e, au champ de la parole et du si'ni/ant. Ainsi,c(est toute la lo'ique du rapport ! autrui qui #ascule le statut du su-et et

de la 3&rit&M 3ers un r&el plus ant&rieur, plus radical. (est du "discours del(Autre" que s(&claire la structure du procs su#-ecti depuis le nua'eori'inaire de l(enance, le reoulement issu de la con/'uration amiliale, lecomplexe Qdipien.

ette lo'ique du su-et ainsi di3is& par ce qu(il i'nore 5 la cause de sond&sir5 indexe l(Autre scne 6reud7: les ormations de l(inconscient, lerF3e..., le symptKme oH le su-et cart&sien, dans le ond, trou3e une de sescles ondamentales celle de l(union entre la conscience et le corps.L(inconscient, en son ond, est le cha0non manquant qui &claire la couture,la s&paration du su-et d(a3ec lui5mFme, de son ma'ma narcissiqueori'inaire.

• Le premier statut de l(alt&rit& n(est pas le sem#la#le, le petit autremais l(Autre, le su-et ali&n& et s&par& de ce qui constitue sa matricepsychique primaire, m&moire ou#li&e de l(enance.

Le mou3ement psychanalytique le plus repr&sentati de l(ensei'nement de J. Lacan &nonce a3ec J. A. 8iller le lien ! la cause reudienne par une thsequi renou3elle l(a#ord clinique de la psychose et de la n&3rose: l(Autren(existe pas. 4&3eloppons quelques cons&quences de cette a3anc&e.

  La psychanalyse se distin'ue de la philosophie pour a3oir rep&r&

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 2econnaissons ! %iacomo L&opardi dans son oeu3re centrale lourde desens,5 la+h&orie de la soci&t& et de la i3ilisation et la +h&orie du plaisir5 d(a3oir paraitement pronostiqu& l(apparition d(une /'ure de l(hommesans int&rieur, ni ext&rieur.

et homme sans nom, sans 3isa'e et sans qualit&, lapidairement d&critpar 2o#ert 8usil, plaGant "le d&sir illimit& de plaisir", la pulsion au poste decommandement, annonce une issue catastrophique du ait de lacontention de l(indi3idu par le li#&ralisme contemporain.

i3ilisations mortelles, oules solitaires, inexistence de l(Autre.

"Le monde contemporain nous a dé#$ retiré le dialo%ue, la li&erté etl'espérance, les #eu et le &onheur( il s'apprête $ descendre au centre de

notre vie pour éteindre le dernier )oyer, celui de la *encontre... +... -osatouts sont perpétuels, comme l'ora%e et comme le &aiser, comme les

)ontaines et les &lessures qu'on y lave." 2en& har

ous sommes pr&3enusP l(humain 3it et meurt au risque de l(inhumain. "La&onté &ête" selon le mot de )ol-enitsyne est5elle l(ultime lien ! l(autre pouraider l(escla3e ace ! un ma0tre de3enu ouX 2ousseau misait sur un liende piti& naturel ace aux misres du prochain mais nous ne sa3ons pasencore ce qu(est un corps interro'eait )pino$a. Le cap des six milliards estranchi ! )ara-e3o en date du ==octo#re =]]], mais la multitude humaine

reste incommensura#le, hors de toute statistique. La masse des autres&3oque plutKt un trou noir de sorte que toute socialit& reste en sou1rance,nous laissant 3entriloques ou mutiques. )euls, l(amour, le d&sir donnentl(occasion d(&clairer ces multiples a#0mes super/ciels que repr&sentent lechamp de nos rencontres a3ec les autres. "Les personnes auquelles nosamours ont dédiées, y compris les personnes parentales, n'interviennent

que comme points de conneion, de dis#onction, de con#onction de u

dont elles traduisent la teneur li&idinale d'investissement proprement

inconscient. ... c'est tou#ours avec des mondes que nous )aisons l'amour.

/t notre amour s'adresse $ cette propriété li&idinale de l'être aimé, de se

re)ermer ou de s'ouvrir sur des mondes plus vastes, masses et %randsensem&le."

Autrui, cet &tran'er si amilier, si loin, si proche, reste un 2&el, un Autre ennous mFme et ! nous5mFme plus m&connu que la ace cach&e de la luneVaul 9al&ry sa3ait que les ci3ilisations sont mortelles, depuis les sciencesdites humaines ont d&cou3ert que les 'randes oules modernes de l(reconsum&riste &taient solitaires et, les dernires a3anc&es de lapsychanalyse indiquent qu(! l(hori$on du d&clin de l(ima'o paternelle sepro/le d&sormais une soci&t& de r&seaux oH l(id&al du ontrKle sesu#stitue ! celui de la 4iscipline. 4&sormais, nos soci&t&s aux millepou3oirs ra'ment&s s(ou3rent sur une errance, une dispersion de

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8/17/2019 Jean Louis Blaquier, « Le Dernier Oxymore de Lacan - l’Autre Qui n’Existe Pas ».

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l(indi3idu -amais atteinte dans les sicles pr&c&dents, dou#l&e d(unemassi/cation, d(une "st&r&otypisation" -amais mFme ima'in&e etinima'ina#le -adis.

 Jamais la 3i'ilance philosophique contre la mont&e des simulacres, la

duplication du r&el, son orGa'e mFme, la dou#lure des apparences n(a d^autant s(imposer. La psychanalyse elle5mFme, celle qui ne d&missionnepas contre l(ordre anarchique du sicle, con3oque d&sormais un su-et, unhomme prFt ! toute &3entualit&"T . i Aristote a3ec son &thique deprudence, en un autre espace social et un autre temps, ni @amlet,l(important, est d(Ftre prFt 6``+he readyness is all7 n(auraientdiscr&dit& une telle orientation &thique:

• L(inexistence de l(Autre traduit pour un tel su-et, le deuil a#solu durF3e de la transparence entre l(ordre des mots et du corps, l(ordre

des mots et des choses. ependant, le 'este essentiel de l(&thiquereste de )ophocle ! Lacan, la rellion d(Anti'one. Latranscendance minimale que requiert la pr&sence r&elle d(autrui,des autres en leur pure immanence, c(est le 9isa'e, pr&sence enl(autre de l(homme de cet "a#solument autre".

• Le 3isa'e est un op&rateur de transcendance, tou-ours d&-! prisdans un de3enir5impercepti#le, un de3enir5in3isi#le, un de3enir5intoucha#le. Le respect du 3isa'e, extrFme nudit& de l(humain, aito#-ection ! la r&'ression in/nie 3ers l(animalit&, ma'ma narcissique,n&'ation de l(humain, possi#ilit& de l(impossi#le, olle pr&sence del(inhumain, du non5humain.

Etre prFt ! toute &3entualit& implique ceci: de3ant l(inexistence de l(Autrenous de3ons prFter la plus 'rande attention ! la responsa#ilit& du su-etpour l(autre, selon la orte ormulation &thique de L&3inas: " utrui commeautrui se rév0le dans le 1u ne commettras pas de meurtre inscrit sur son

visa%e".Le 9isa'e, dans le ond, atteste d(une modalit& particulire de l(Autre quise retranche de l(existence: il reste intoucha#le, in3isi#le, se d&siste etr&siste ! tout Autre qui existerait.

Au5del! du cli3a'e tou-ours ima'inaire des croyants ou des incroyants, 5l(ath&isme pou3ant Ftre la pire des reli'ions 5 il s(a'it de comprendre quela reconnaissance d(autrui, le respect in/ni du plus in3isi#le dans la3isi#ilit& de l(homme 5son 3isa'e5 de3ient la seule marque possi#le et, leseul 6re7trait n&cessaire du t&moi'na'e de l(autre, pour l(autre. L(autremFme a#sent, mFme disparuP l(Autre pr&sent en son inexistence mFme.

rimo L&3i a ormul& un paradoxe inexora#le en sa orce &thique, uneterri#le aporie ! propos du t&moi'na'e int&'ral qu(aucun sur3i3ant ourescap& d(Auschbit$ n(a pr&cis&ment pu dire, lire ou parler. ertes &crire,

parler de l(horreur 3&cue &tait n&cessaire mais dans le ond, le seult&moin, le t&moin `int&'ral, celui qui a 3&ri/&, `touch& le ond du 2&el

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8/17/2019 Jean Louis Blaquier, « Le Dernier Oxymore de Lacan - l’Autre Qui n’Existe Pas ».

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de l(horreur, celui5l! mFme qui n(en est pas re3enu, est le seul t&moinauthentique mais in3isi#le, impossi#le.

4&sormais, il s(a'it de 3i3re, de penser a3ec autrui en sachant quel(autre du t&moi'na'e reste tou-ours ! 3enir, con/& ! une m&moire de lanomination qui ne recule pas de3ant l(innomma#le. L(&poque de l(Autre qui

n(existe pas doit nous permettre de prendre au s&rieux et mFme, dere3endiquer la non existence du ``t&moin int&'ral. omme le pr&ciseA'am#en, l(int&moi'na#le porte un nom: der 8uselmann, le `musulmancelui qui, dans l(ar'ot na$i des `camps, se soumet non par l(e1et d(une3olont& mais atteste que le principe humain du 3ouloir53i3re est #ris&irr&m&dia#lement. Le de3enir inhumain de l(humain, le orGa'e du 2&el parle de3enir possi#le de l(impossi#le reste une des caract&ristiquesessentielles du si'ni/ant de la d>cle historique que ut Auschbit$.%oe##els l(a paraitement illustr& en d&/nissant la politique comme "l(artde rendre possi#le ce qui paraissait impossi#le".

• L(Autre de la philosophie, l(Autre de )ocrate pourrait #ien Ftrereud, cet antiphilosophe notoire. )i la philosophie s(honore depens&es contraires et contradictoires du 2&el, de "s'arrêter sur leschoses qui $ premi0re vue paraissent inconcilia&les" 6@eide''er7,alors l(o#-et de la pratique psychanalytique se rassem#le autourd(une lo'ique paradoxale oH les contraires peu3ent s(allier, autantque s(alt&rer. Ainsi, Loi et -ouissance, Loi et 4&sir en constantealt&ration r&ciproque instruit le 3iatique de toute rencontre a3ec lesautres.

L(oxymore

8/17/2019 Jean Louis Blaquier, « Le Dernier Oxymore de Lacan - l’Autre Qui n’Existe Pas ».

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• 4u re au pire se scelle le destin de l(issue d(une cure, sa'essenou3elle qui r&cuse son nom, nom innomma#le qui, tel une /'urede Janus, atteste de l(exp&rience de l(Autre, t&moi'ne du possi#lede son impossi#le, de l(inexistence de l(Autre.

=M