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JEUDI 10 AVRIL 2014 = De l’orgueil de l’homme face à la nature et à l’économie p.1 = Comment le "too big to fail" fausse la concurrence et accroît le risque de crise bancaire p.3 = Keiser Report: Egon von Greyerz sur la Fed, l'effondrement du dollar, la guerre monétaire p.5 = Poutine rit au nez d’un journaliste p.10 = Petit rappel des droits et devoirs chrétiens… (Bill Bonner) p.11 = Banques, banques centrales, crises économiques, or… tout ça, c’était avant ! p.14 = « Célébrons ensemble le retour de la Grèce sur les saints marchés !… » p.17 = Penser l’économie autrement (livre), de Paul Jorion & Bruno Colmant p.26 = LE FMI, MAUVAIS GÉNIE p.27 = Dette publique et démocratie p.29 = Un dialogue entre les Etats et l'économie marchande p.30 = Jusqu'à la ceinture... p.31 = Athènes : explosion d’une voiture piégée devant la Banque de Grèce, pas de victime p.32 = Un parfum de guerre froide monétaire p.33 = La Russie, qui remet en cause le statut du dollar, risque-t-elle la guerre ? p.36 = Les sables bitumineux du Canada sont-ils subventionnés ? p.38 = Fantasmes et réalités de la « Renzinomics » en Italie p.42 = Cette nuit en Asie : coup dur pour le commerce extérieur chinois p.45 = USA: le niveau bas de l'inflation est "inacceptable" (Evans/Fed) p.48 = La fabrication du consentement, par Noam Chomsky p.49 <> <> <> <> <> <> <> °¤° <> <> <> <> <> <> <> De l’orgueil de l’homme face à la nature et à l’économie 10 avril 2014 par par Loïc Steffan http://www.pauljorion.com/blog/?p=63914 L’actualité récente a fourni une conjonction d’événements qui rappellent la fragilité de notre système. La panique autour de la supposée fuite des bisons à Yellowstone a mis en lumière l’existence d’une caldera potentiellement dangereuse aux Etats-Unis. L’éruption solaire de classe M a fourni des images magnifiques mais une orientation légèrement différente aurait pu paralyser tous les systèmes de communication. L’éruption du Tungurahua ou même les séismes au Chili montrent qu’un aléa pouvait paralyser l’activité humaine. La Californie attend le « big one » avec une insouciance qui n’a d’égale que la gestion du nucléaire Japonais installé dans un pays à forte sismicité. Faisons comme si rien n’était mais ces événements à la fréquence statistique non négligeable indiquent, s’il le fallait, que notre système économique est non résilient. Fukushima peut se reproduire et nous ne

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JEUDI 10 AVRIL 2014= De l’orgueil de l’homme face à la nature et à l’économie p.1= Comment le "too big to fail" fausse la concurrence et accroît le risque de crise bancaire p.3= Keiser Report: Egon von Greyerz sur la Fed, l'effondrement du dollar, la guerre monétaire p.5= Poutine rit au nez d’un journaliste p.10= Petit rappel des droits et devoirs chrétiens… (Bill Bonner) p.11= Banques, banques centrales, crises économiques, or… tout ça, c’était avant ! p.14= « Célébrons ensemble le retour de la Grèce sur les saints marchés !… » p.17= Penser l’économie autrement (livre), de Paul Jorion & Bruno Colmant p.26= LE FMI, MAUVAIS GÉNIE p.27= Dette publique et démocratie p.29= Un dialogue entre les Etats et l'économie marchande p.30= Jusqu'à la ceinture... p.31= Athènes : explosion d’une voiture piégée devant la Banque de Grèce, pas de victime p.32= Un parfum de guerre froide monétaire p.33= La Russie, qui remet en cause le statut du dollar, risque-t-elle la guerre ? p.36= Les sables bitumineux du Canada sont-ils subventionnés ? p.38= Fantasmes et réalités de la « Renzinomics » en Italie p.42= Cette nuit en Asie : coup dur pour le commerce extérieur chinois p.45= USA: le niveau bas de l'inflation est "inacceptable" (Evans/Fed) p.48= La fabrication du consentement, par Noam Chomsky p.49

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De l’orgueil de l’homme face à la nature et àl’économie

10 avril 2014 par par Loïc Steffan http://www.pauljorion.com/blog/?p=63914

L’actualité récente a fourni une conjonction d’événements qui rappellent la fragilité de notre système. La panique autour de la supposée fuite des bisons àYellowstone a mis en lumière l’existence d’une caldera potentiellement dangereuse aux Etats-Unis. L’éruption solaire de classe M a fourni des images magnifiques mais une orientation légèrement différente aurait pu paralyser tous les systèmes de communication. L’éruption du Tungurahua ou même les séismes au Chili montrent qu’un aléa pouvait paralyser l’activité humaine. La Californie attend le « big one » avec une insouciance qui n’a d’égale que la gestion du nucléaire Japonais installé dans un pays à forte sismicité. Faisons comme si rien n’était mais ces événements à la fréquence statistique non négligeable indiquent, s’il le fallait, que notre système économique est non résilient. Fukushima peut se reproduire et nous ne

pourrons plus dire que nous ne savions pas.

Dans le même temps les peuples européens s’exaspèrent face à l’austérité et les dirigeants promettent la croissance qui ne vient pas et qui risque de ne jamais revenir au niveau nécessaire.

L’interrogation autour du risque systémique bancaire et autour d’un possible krach boursier est alimentée par des protagonistes en place. Fisher, membre de la FED, rappelle que depuis 2009, les indices boursiers ont triplé sans corrélation avec la réalité des bénéfices des entreprises. Réaction tardive car de nombreux observateurs moins connus dénoncent depuis dès mois la folie de la spéculation. Les capitaux se déplacent aux grès des opportunités et déstabilisent, monnaies émergentes et systèmes bancaires. Pris dans une compétition de tous contre tous, les dirigeants des Etats creusent leurs déficitset sacrifient leurs peuples pour plaire à l’argent roi malgré leurs fanfaronnades. En Europe, les banques sous-capitalisés on des LBO déraisonnables. Rappelons qu’avec un leverage (effet de levier) de 30 (la moyenne banques européennes), 95 % de l’argent prêté part en fumée en cas de problème. Les monnaies se font la guerre, les pays se font économiquement la guerre mais tous nos maux n’ont de solution que globale.La santé, la pollution et d’autres problèmes dépendront toujours du maillon leplus faible à moins de barricader nos frontières et nos existences.

Certes la situation est complexe et je ne crois pas à une volonté délibérée. Plutôt un ensemble de choix individuels supposément rationnels qui agrégés entrent en résonance et perturbent à l’extrême le système. Nous mêmes posons des actes de consommation qui participent du désordre. Nous sommesbien sur le battement d’aile du papillon…

Il y a quelques mois, les aléas climatiques ont généré des spéculations boursières qui pourraient conduire à des émeutes de la faim dans les mois quiviennent. Le Giec martèle les conséquences désastreuses d’un réchauffement climatique non maîtrisé. Il faut de l’énergie (et donc de l’émission de CO2)

pour produire de la richesse. Si les hypothèses scientifiques du Giec sont solides les conséquences seront dramatiques.

L’économie est un chemin d’hystérèse. Nous payons les choix du passé et plus nous tardons à agir et plus le coût sera important. Résister à l’immédiat est l’enjeu majeur qui nous attend. Nous sommes atteints par ce que les

économistes nomment la « non-cohérence des préférences ». Ce que je voudrais à long terme (retrouver une économie saine) ne correspond pas à ce que je souhaite à court terme (consommer à bas coût sans soucis des conséquences).

La crise de la croissance, les enjeux de ressource et les troubles géopolitiquesdoivent nous inviter à penser immédiatement le futur sans prendre systématiquement les hypothèses qui nous arrangent. Je repose l’hypothèse qui dérange : que fait-on sans croissance dans un système où toutes les régulations s’articulent autour de cette hypothèse ?

Comment le "too big to fail" fausse la concurrence etaccroît le risque de crise bancaire

Philippe Herlin, Publié le 10 avr. 2014 https://www.goldbroker.com/fr/actualites/comment-too-big-fail-fausse-concurrence-accroit-

risque-crise-bancaire-471

On connaît la problématique des banques "too big to fail" (trop grosses pour faire faillite) : leur faillite provoquerait un tel cataclysme économique qu’elles ont l’assurance d’être secourues par l’Etat en cas de déroute, et elles en profitent pour prendre encore plus de risques ! Cet effet pervers, dénommé"hasard moral", rend le système financier dans son ensemble plus instable et plus exposé à la crise.

Dans le troisième chapitre de son dernier "Rapport sur la stabilité financière" d’avril 2014, le FMI revient sur ce phénomène et tente de le mesurer. Car il ne faut pas considérer que le principe "too big to fail" n’aurait d’effets concrets que le jour où la banque se trouverait effectivement en situation de faillite. Comme l’explique fort justement le FMI, c’est en permanence que lesgrandes banques bénéficient de ce principe, cette garantie implicite leur permet en effet d’emprunter à des taux d’intérêt moins élevés, de lever plus d’argent auprès de plus de clients rassurés par cette garantie étatique, et d’aller chercher des rendements plus risqués, mais plus rémunérateurs.

Le FMI estime ainsi que cette garantie de l’Etat équivaut à une subvention implicite envers les banques de 300 milliards d'euros au sein de la zone euro, 110 milliards au Royaume-Uni, autant au Japon et 70 milliards aux Etats-Unis. Ces calculs valent pour l’année 2012. Ce ne sont bien sûr que des estimations, elles peuvent être discutées, mais leur niveau élevé démontre que

cette protection étatique représente un avantage considérable pour ces établissements financiers.

En conséquence tout le jeu de la libre concurrence qui est faussé. Les banques de taille moyenne ou petite doivent, elles, intégrer le risque de faillite et se comporter de façon plus prudente, moins agressive, avec un effet de levier moins important, avec moins de positions risquées sur les marchés. Ce faisant elles sont moins compétitives que les grandes banques systémiqueset perdent ainsi des clients à leur profit. Et au final l’instabilité globale du système financier augmente.

Le pire est que la crise de 2008 a renforcé ce phénomène. Plusieurs grandes banques ont été absorbées par d’autres (Bear Stearns par JP Morgan, Fortis par BNP-Paribas, etc.) et leur nombre a diminué. Paradoxalement, la faillite de Lehman Brothers, abandonnée par la Fed et le gouvernement (l’exception à la règle "too big to fail"), a provoqué un tel effondrement des marchés qu’elle a renforcé la croyance que les Etats feront tout pour empêcher que cela ne se reproduise à l’avenir.

Pour lutter contre cet effet pervers, le FMI suggère d’obliger à un renforcement des fonds propres et de contraindre les actionnaires et les créanciers à prendre leurs pertes en cas de faillite. Nous pourrions rajouter la nécessité de sanctionner les dirigeants fautifs et revenir à une séparation entrela banque de dépôt et les activités de marché. Le FMI assure que les gouvernements ont encore un long chemin à parcourir pour "protéger les contribuables [et les épargnants, c’est nous qui rajoutons], assurer l'égalité des chances et promouvoir la stabilité financière", nous sommes bien d’accord !

Keiser Report: Egon von Greyerz sur la Fed,l'effondrement du dollar, la guerre monétaire

Par Egon von Greyerz - Matterhorn Asset Management Publié le 10 avril 2014

Max Keiser: Bienvenue au Keiser Report, ici Max Keiser, et c’est le moment de se tourner vers Egon von Greyerz, de Matterhorn Asset Management, à Zurich. Bienvenue au Keiser Report, Egon.

Egon von Greyerz: Merci, je suis ravi d’être ici.

Max Keiser: Egon, nous venons tout juste de voir les annonces de Janet Yellen et de la Fed, et il y a toujours une connexion intéressante entre ce

qu’elle dit et le prix de l’or, qui est votre spécialité, alors commençons en parlant un peu de cela...

Egon von Greyerz: Oui... Janet Yellen ne changera rien, évidemment, à ce que Bernanke faisait. À la Fed, ils sont les plus grands créateurs de monnaie au monde, et ils continueront de l’être. À court terme, elle devrait continuer les réductions (tapering), mais cela ne durera pas. Concernant l’influence des annonces de la Fed sur l’or les six dernières fois... j’ai vérifié et, à chaque fois, l’or descend, et de façon assez violente, à l’approche de chaque annoncede la Fed. Et après, comme lors des six derniers mois, il remonte à chaque fois. Alors, c’est une bonne idée de prendre une position short avant l’annonce de la Fed, et puis de racheter ensuite.

Max Keiser: Vous venez de dire quelque chose... le tapering ne durera pas. Rappelons aux gens ce qu’est le tapering (réduction des achats de la Fed). L’assouplissement quantitatif, c’est le programme de rachat d'obligations de la Fed, qui a pour but de monétiser la dette, et maintenant que ce QE est en place depuis un bout de temps, les gens se demandent comment la Fed va sortir de ce programme, et le mot utilisé est taper, signifiant une réduction d’achats sur une base mensuelle. Ils disent qu’à terme ils vont arrêter cet assouplissement quantitatif et Yellen dit que, six mois après, les taux d’intérêt pourraient augmenter... mais vous dites qu’il ne peut y avoir de réductions (taper), pas de réductions du tout... pouvez-nous nous parler de cela ?

Egon von Greyerz: La Fed vit dans un monde virtuel. Ils croient que, comme leur Président, l’économie des États-Unis est forte, que les choses ne peuvent que s’améliorer... cela n’arrivera pas. L’économie américaine est en faillite et elle continuera de l’être, car ils doivent émettre des quantités illimitées de monnaie, seulement pour survivre. Et, bien sûr, l’impression de monnaie ne créera jamais de richesse, et ils ne survivront pas ainsi non plus, car ils ne font que retarder les échéances. Alors la Fed continuera d’imprimer de la monnaie... elle peut réduire ses achats quelques mois, mais, plus tard, il y aura des événements qui nécessiteront une impression monétaire accélérée de la Fed.

Max Keiser: Comment comparez-vous ce qui se passe avec la Fed aux États-Unis avec, par exemple, ce qui se passe ici avec la Banque d’Angleterre au Royaume-Uni ? Bien sûr, nous avons maintenant un

nouveau directeur, Mark Carney, qui vient de parler du budget… il semble que des programmes comme le ‘Help to Buy’, qui sont une façon de financer l’achat immobilier, comme Fannie Mae et Freddie Mac aux États-Unis, soient assez similaires, n’est-ce pas ?

Egon von Greyerz: Très similaires. Il y a deux secteurs de l’économie du Royaume-Uni en ébullition, et l’un d’eux est juste derrière nous, ici, la City...tout le monde est riche dans la City parce que, si vous avez de l’argent, vous pouvez faire de l’argent, parce que toutes les banques centrales mondiales vous aideront en imprimant de la monnaie et ainsi vous laisser échanger avec cette monnaie et engranger des profits très intéressants. Et l’autre secteur qui prospère est le marché immobilier. Et vous ne pouvez pas baser une économie sur le secteur financier et sur l’achat d’immobillier… surtout en ce moment, presque sans dépôt requis et avec des taux d’intérêt subventionnés. Donc, les consommateurs britanniques empruntent, l’immobilier est en hausse... cela ne durera pas.

Max Keiser: Egon, corrigez-moi si je me trompe mais, Matterhorn Asset Management, en Suisse, la société que vous dirigez, a pour but la préservation de la richesse, via l’or. Non pas l’or nécessairement pour échanger, ou l’or pour investir, mais l’or pour préserver la richesse. Qu’est-ce que cela veut dire ? Parlez-nous en un peu.

Egon von Greyerz: Nous avons réalisé, il y a environ douze ans, en 2002, que le monde allait dans le mur et qu’il faudrait s’en tenir à l’essentiel pour préserver sa richesse. Et nous avons alors conseillé à nos clients d’allouer jusqu’à 50% de leurs actifs financiers en or physique...

Max Keiser: Oui, c’était un conseil vraiment agressif, car la plupart des conseillers diraient d’y allouer 5%, 10%... mais votre société, même quand l’or n’était qu’à $300, disait à vos clients d’investir 50% dans l’or ?

Egon von Greyerz: Évidemment, ce ne sont pas tous nos clients qui ont 50%de leurs actifs en or... certains en ont 100% et d’autres n’en ont que 5 à 10%. Mais, néanmoins, nous avons pressenti que la destruction de la monnaie papier s’accélérerait. Alors, pour nous, c’était une question d’acheter quelquechose au moment où cette chose n’est pas aimée et sous-évaluée et, à ce moment, l’or n’était pas aimé et il était sous-évalué, alors c’était assez facile. Maintenant, les gouvernements, comme ils l’ont fait à travers l’Histoire, vont

continuer de détruire la valeur des monnaies de papier en en imprimant des quantités illimitées. Ils l’ont fait, ils le font encore... sous Bernanke, durant son mandat à la tête de la Fed, la dette des États-Unis est passée de $8,000 milliards à $17,000 milliards... alors il a créé plus de dette en sept ans que pendant les 200 ans que cela prit aux États-Unis pour en créer autant. Cela prit 200 ans pour passer de zéro à $8,000 milliards, et il en a créé $9,000 milliards en sept ans. Et cela va continuer... ils ne peuvent rien faire d’autre!... Et le déficit budgétaire! Ils ont des déficits depuis 50 ans, des déficits commerciaux depuis la même période…

Max Keiser: Tout est lié à cette idée que les taux d’intérêt devraient être maintenus près de zéro, ce qui est comme un pari complètement fou. Mais avant de parler de taux d’intérêt, je veux savoir ce que vous pensez de ceci : À la base, les gens parlent du prix de l’or, et ils ont cette fixationsur le prix... $900, $1,400, etc... ils se concentrent vraiment sur le prix. Je voudrais introduire le concept de prix par rapport à la disponibilité, l’idée étant que, lorsque viendra le moment de récupérer l’or, à cause de l’effondrement du système bancaire, avec tout ce qui s’y passe, il se peut qu’il n’y ait pas d’or disponible, quel que soit le prix. Vous voyez où je veux en venir ? En d’autres termes, il y a des histoires en Suisse et ailleurs dans le monde où les gens veulent prendre possession de leur or qui se trouve dans une banque – et votre société n’est pas une banque, vous stockez dans un entrepôt sécurisé hors du système bancaire, ce qui fait une grosse différence – et leur or ne s’y trouve plus. Alors, c’est mon sujet : le prix vs la disponibilité... allez-y!

Egon von Greyerz: Vous savez que la taille du marché papier de l’or est environ cent fois plus grande que la taille du marché de l’or physique. Nous vivons dans un monde de papier, aujourd’hui, tout le monde croit au papier. Mais, tristement, ceux qui détiennent de l’or-papier n’auront pas accès à l’or physique. Et, quand les problèmes feront surface dans l’économie – et ils le feront – et que les gens commenceront à se demander si les bullion banks ont vraiment de l’or et qu’ils réaliseront que les banques centrales sont loin d’avoir tout l’or qu’elles disent avoir, et qu’ils commenceront à exiger la livraison de leur or, ils n’obtiendront pas d’or... ils obtiendront peut-être de l’argent liquide, s’ils sont chanceux. Et le COMEX, le marché de futures dontnous parlions, ne sera pas en mesure de faire les livraisons non plus.

Max Keiser: Alors, ces bullion banks, HSBC, JP Morgan, et d’autres... vous dites qu’elles n’ont pas l’or qu’elles disent avoir ?

Egon von Greyerz: Exactement. Elles n’ont pas l’or, les banques centrales n’ont certainement pas l’or... elles disent posséder 30,000 tonnes... je pense qu’elles n’en ont même pas la moitié... peut-être même moins. Tout le mondedans le marché de l’or sait que la Fed n’a pas fait d’audit de leur or depuis l’époque d’Eisenhower.

Max Keiser: Et cet or est en Asie ?

Egon von Greyerz: Il est en Asie, parce que ce qui est arrivé, surtout l’an passé quand l’or s’est effondré, je ne suis pas certain que vous en ayez parlé auparavant... quand le prix de l’or s’est effondré, à cause de la manipulation, cela a été fait pour que les bullion banks puissent remplir leurs coffres. Normalement, quand les bullion banks vendent ou achètent de l’or, cet or demeure sous leur garde... les acheteurs, les vendeurs, vous savez, les banques centrales, les ETF etc... Ce qui est arrivé, c’est que les Chinois ont acheté tout cet or qui est devenu disponible...

Max Keiser: ... Et la Russie ?

Egon von Greyerz: Et la Russie aussi.

Max Keiser: Dites-moi, rapidement, sur le front géopolitique, une équation... la Chine et la Russie semblent se positionner du même côté comme ce que j’appellerais les puissances de l’or-pétrole-gaz, en opposition aux puissances de « papier » des États-Unis, du Royaume-Uniet des autres. Tout ce papier... et ces guerres monétaires, comme vous dites. L’année dernière, durant la chute du prix de l’or, la Chine et la Russie ont acheté de l’or de manière agressive. Sont-ils maintenant dans une position où ils peuvent rejeter le dollar US comme monnaie de réserve internationale, se débrouiller tout seul, et cela expliquerait-il en partie ces tensions mondiales ?

Egon von Greyerz: Absolument. Selon moi, le dollar ne mérite pas d’être la monnaie de réserve internationale, malheureusement. Étant de Suisse... quandj’ai commencé à travailler en Suisse, il y a assez longtemps, en 1970 environ,le ratio franc suisse/dollar US était 4,30 pour un dollar. Aujourd’hui, il est d’environ 0,88 pour un dollar. C’est une chute de 80%. Lors des douze dernières années, le dollar a perdu 50% contre le franc suisse. Le dollar est en

perdition. C’est triste, très triste. Mais vous ne pouvez pas entretenir tous ces déficits que je viens de mentionner et constamment dépenser ce que vous n’avez pas et imprimer de la monnaie et, en même temps, être la monnaie de réserve internationale. Alors oui, le dollar, même s’ils essaient de le supporter, va s’effondrer; toutes les devises vont vers l’effondrement, vers la réalisation de leur valeur intrinsèque qui est, évidemment, zéro. Mais le dollar sera la première devise à s’effondrer. Alors, je crois que ce n’est qu’une question de temps avant que, comme vous dites, la Chine, la Russie... l’arme merveilleuse dont dispose la Russie dans cette bataille d’Ukraine pourla Crimée est qu’elle pourrait arrêter d’utiliser le dollar. Et, évidemment, c’estaux États-Unis que cela ferait le plus de mal... Alors, ces sanctions ne voudraient plus rien dire.

Max Keiser: Donc, vous parlez de cette guerre monétaire comme d’une partie de poker, et vous dites que la Chine et la Russie détiennent trois as, avec l’or, tandis que les États-Unis n’ont qu’une paire de deux ?

Egon von Greyerz: Absolument. Surtout parce qu’ils ont une monnaie très faible. Elle est sur-évaluée parce que le monde entier l’utilise pour les échanges. Si le monde arrête de l’utiliser, la Chine et la Russie seront les premiers à le faire.

Max Keiser: Et il y a le Brésil... et tous les pays du BRICS qui concluent un grand nombre d’accords bilatéraux. Je voudrais parler de la manipulation du marché, parce que c’est un sujet épineux. Un endroit oùnous voyons, sans aucun doute, la manipulation est – et on voit ceci presque à chaque jour - le prix de l’or grimpe en Asie, les Asiatiques achètent de l’or, pour se protéger d’un effondrement des monnaies et, quand le COMEX ouvre, à New York, on observe un nombre massif de ventes, presque chaque jour. Pour moi, ce ne ressemble pas au mécanisme normal de détermination des prix, il s’agit plutôt de manipulation des prix.

Egon von Greyerz: Il y a une manipulation constante du prix, et, spécialement, vous pouvez la voir se produire, parce que cela se passe toujours sur des marché relativement étroits... certaines transactions ne sont pas normales. Personne n’inonderait le marché d’or – évidemment, il s’agit ici d’or-papier, et non pas d’or physique – de cette façon, parce qu’il perdrait une fortune à chaque fois qu’il le ferait ainsi. Alors, cette manipulation... il y

a plusieurs personnes, vous avez entendu parler de Chris Powell, de GATA, etd’autres qui sont plus experts en la matière que je le suis, mais il est absolument clair qu’il y a une manipulation. Pourquoi le font-ils? Bien, premièrement, parce qu’ils n’ont pas l’or qu’ils disent avoir, et ils ont besoin de faire baisser le prix. Et, deuxièmement, l’or révèle la mauvaise gestion de l’économie, et c’est pourquoi ils veulent l’or à un bas prix. Mais je suis de ceux qui croient fortement que la manipulation ne peut durer qu’un court temps. À la longue, le vrai marché l’emportera, c’est-à-dire l’or gagnera. Ils ne peuvent pas... Lors des 14 dernières années, nous sommes passés de $250 à $1,330 aujourd’hui, et cette tendance se maintiendra. Parce que tout ce l’or fait est de refléter la destruction de la monnaie de papier.

Max Keiser: Bien! Nous sommes avertis! Merci d’avoir participé au Keiser Report.

Egon von Greyerz: Ce fut un plaisir, Max, merci beaucoup.

Poutine rit au nez d’un journalistePar Mac Slavo - ShtfPlan

Publié le 10 avril 2014

Lorsque, très récemment, un journaliste a confronté Vladimir Poutine au sujetdu bouclier antimissile américain en Europe, le président de la Fédération russe n’a pas pu s’empêcher de lui rire au nez.

Selon le journaliste, le système antimissile de l’OTAN serait destiné à protéger l’Europe de la menace nucléaire représentée par l’Iran, et non par la Russie.

La réaction de Poutine vaut d’être vue.

Interview: L’OTAN décrète que le bouclier antimissile n’a pas été élaboré contre la Russie mais contre l’Iran.

[Poutine commence à rire à n’en plus pouvoir]

Poutine: Vous me faites beaucoup rire. Dieu vous bénisse. La journée est presque terminée. A vrai dire il est presque temps d’aller se coucher. Je rentrerai au moins chez moi de bonne humeur.

Ce qui est encore plus drôle est le sérieux de la réaction du journaliste devant un Poutine hilare.

Il semblerait presque qu’il croie vraiment que l’OTAN ait construit son bouclier antimissile pour protéger l’Europe de l’Iran, un pays qui, selon des rapports des services secrets américains, n’a non seulement pas encore développé l’arme atomique, mais ne dispose pas non plus d’un système balistique intercontinental capable d’envoyer des missiles depuis l’Iran.

La propagande est amusante d’un côté comme de l’autre.

Mais la situation deviendra bien moins drôle quand l’Europe, la Russie, la Chine et les Etats-Unis utiliseront cette propagande pour se lancer dans un nouveau conflit global qui impliquera des milliards de gens.

Petit rappel des droits et devoirs chrétiens…10 avr 2014 | Bill Bonner | http://la-chronique-agora.com/droits-devoirs-chretiens/

▪ Nous sommes en train d’examiner une idée importante sur la manière dont l’économie fonctionne… dans le but de comprendre ce qui pourrait se passer ensuite. Nous y reviendrons bientôt. Aujourd’hui, nous parlons d’autre chose…

Posez la question à n’importe lequel ou presque des changos — garçons — au ranch : il vous dira que son père est "inconnu". La mère le sait sans doute. Ou pas. Mais la culture dans cette région des Andes fait que souvent, les pères ne reconnaissent pas leurs enfants.

Cela ne plaît pas à Maria. Elle est arrivée il y a 40 ans pour enseigner à l’école locale. Elle a épousé le contremaître et n’est plus repartie. A présent, au lieu de faire la leçon aux enfants sur la grammaire, elle sermonne les

adultes sur leurs responsabilités morales.

"L’Eglise catholique ne connaît que deux rôles pour une femme", a-t-elle dit sévèrement, foudroyant du regard Victorina et une autre madre soltera, Juanita. Elle donnait des instructions en anticipation du baptême. Les deux femmes ont chacune un enfant, et toutes deux voudraient que le Padre les baptise le dimanche de Pâques. Maria les envoyait au diable.

"Soit on se marie et on a des enfants… soit on entre dans les ordres. Dans les deux cas, on est censée servir Dieu et l’église".

Les deux femmes ne font ni l’un ni l’autre. Elles sont mères célibataires. L’une est la mère de Talia Natalie, âgée d’environ six mois, dont les parrain et marraine, grands et clairs de peau, observaient la scène avec un mélange decuriosité et d’appréhension. Nous nous demandions si nous faisions le bon choix en acceptant de parrainer une petite fille indienne que nous connaissonsà peine dans un langage que nous maîtrisons tout juste.

▪ Pas facile, la vie au ranch… Vivre dans la province andine de Salta, ça vous endurcit. D’abord, des yeux bleux et une peau claire sont mal adaptés aux déserts d’altitude. Mais on fait avec ce qu’on a.

Ensuite, les poumons sont mis au défi. A près de 3 000 mètres d’altitude, il y a moins d’oxygène dans l’air. Si on a passé son existence au niveau de la mer,on a de bonnes chances d’être pris d’étourdissements. Les poumons ont besoin de temps pour s’habituer et compenser ce manque d’oxygène.

Ensuite, le système digestif doit se blinder. Il y a des micro-organismes auquel il n’est pas habitué. Les standards sanitaires ne sont pas les mêmes qu’à Paris ou Baltimore. L’an dernier à Pâques, par exemple, nous sommes entré dans la cuisine. Pour la fête pascale, Jorge avait tué un agneau… et poséson corps décapité et écorché à même la table. Les mouches bourdonnaient aux alentours, se demandant s’il fallait se poser dès maintenant sur la viande… ou attendre qu’elle soit cuite. L’eau provient de ruisseaux de montagne — c’est celle qu’utilisent les chèvres, les vaches, les lamas et les humains en amont — et elle arrive non-traitée jusqu’à nos robinets. Les fenêtres n’ont pas de moustiquaire. Il n’y a pas moyen d’y échapper : le système digestif doit s’habituer à un peu de dysenterie.

Plus bas encore, les organes reproductifs sont soumis à leur propre test. La

muna muna est une infusion locale, provenant de plus haut dans les montagnes et régulièrement consommée au ranch. Notre cuisinière glousse chaque fois qu’elle nous la sert. Cette herbe est censée avoir un effet aphrodisiaque… sur lequel nous ne nous prononcerons pas.

Il y a ensuite le gluteus maximus… le fessier, de son nom scientifique. Nous arrivons au ranch après avoir passé neuf mois de l’année à voyager dans des automobiles confortables, assis dans des fauteuils d’avion rembourrés, ou installé sur des fauteuils de bureau douillets. Rebondir pendant cinq heures sur un morceau de cuir dur fermement attaché au dos d’un cheval au trot cause un choc au postérieur. Il faut des semaines avant que nous nous sentions à l’aise.

Mais il n’y a probablement rien qui mérite plus d’être endurci que notre sens moral.

▪ La morale est-elle plus sévère en altitude ? "L’Eglise est très claire à ce sujet", a continué Maria. "En tant que chrétiennes, vous avez des droits et des devoirs. Vous avez le droit à tous les sacrements de l’Eglise. Vous êtes baptisées pour avoir la vie éternelle. C’est un droit que personne ne peut vous enlever — même si on vous tue. Vous avez le droit de confirmer votre foi, quand vous êtes adolescentes… puis de vous confesser et de communier, pour que vos péchés soient pardonnés. Et vous avez le droit de vous marier à l’église. Finalement, vous avez le droit à l’onction, à la fin de votre vie, quand vous êtes accueillies parmi la communauté des saints au paradis. Toutes ces choses sont les droits que vous avez en tant que chrétiennes".

"Mais vous avez aussi des devoirs. Vous ne pouvez pas vivre avec n’importe quel homme quand ça vous chante. Vous êtes censées vous marier. Inutile de se contenter d’aller voir le maire. On se marie à l’église. Ensuite, on a des enfants. Ensuite, on amène ses enfants à l’église pour les faire baptiser et les élever dans la vraie foi. C’est comme ça qu’on fait. L’Eglise — en tant qu’intermédiaire du Seigneur — pardonne les péchés. Mais seulement si on arrête de les commettre".

La doctrine (et les moeurs) ont peut-être — peut-être — légèrement évolué depuis que Maria a fait sa première communion. Sans doute que les derniers développements n’ont pas encore atteint cette vallée lointaine…

Aujourd’hui, les grandes religions sont plus détendues. A plus basse altitude, on ne pardonne peut-être pas exactement les péchés mais on les ignore facilement — tant que le pécheur recycle ses déchets et arrête de fumer.

"L’Eglise acceptera ces bébés dans la communauté chrétienne. Mais vous avez des devoirs en tant que parents et en tant que parrain et marraine. Le premier d’entre eux, c’est de vous conduire en bons chrétiens".

Le parrain et la marraine se sont entre-regardés, se demandant s’ils seraient à la hauteur.

Banques, banques centrales, crises économiques,or… tout ça, c’était avant !

10 avr 2014 | Simone Wapler | http://la-chronique-agora.com/banques-centrales-crises-economiques-or/

▪ Beaucoup d’encre coule actuellement sur l’inflation, la déflation, un possible changement de politique monétaire de la Banque centrale ; la nouvelle trouvaille de Christine Lagarde — mère de la "croissance négative" — est la "basse-flation". Pour la combattre, il faut obliger les banques à prêter, dit-elle.

Tout ceci est le résultat d’un système monétaire et financier corrompu sous-tendu par des postulats faux. Ce système survit exactement comme la médecine sous Molière : en rendant les choses incompréhensibles donc mystérieuses, en jargonnant, en enfumant.Ses victimes penaudes et muettes n’osent avouer leur incompréhension.

▪ La monnaieAvant, la monnaie était une marchandise, métallique, en général or ou argent.Pour commercer, échanger, il fallait avoir de cette marchandise. Les déséquilibres étaient donc limités et la question de la monnaie forte ou faible ne se posait pas.

Maintenant, la monnaie est une reconnaissance de dette, une inscription dansune mémoire d’ordinateur. Lorsque quelqu’un dépense, vous ne savez pas s’ila véritablement les moyens de dépenser (il a déjà gagné l’argent) ou bien s’il dépense à crédit (il n’a pas l’argent ; il espère, peut-être, l’avoir un jour).

▪ Les réserves monétaires

Avant, les réserves monétaires d’un pays étaient de l’or ou de l’argent. Lorsque les caisses étaient vides, les prêteurs se méfiaient. Les dirigeants de ce pays devaient alors taxer pour lever l’impôt et remplir les caisses du Trésor avant de s’engager dans des grands projets coûteux. L’autre solution consistait à faire une guerre en expliquant à des mercenaires qu’ils se paieraient sur les pillages.

Maintenant, les réserves monétaires sont des prêts, des reconnaissances de dettes (des obligations souveraines) de grands pays supposés infaillibles avec lesquels le pays détenteur de réserves commerce.

▪ Les prêtsAvant, la banque prêtait une partie des dépôts de ses clients. Ses clients étaient des riches qui entendaient faire fructifier l’argent dont ils n’avaient pas immédiatement besoin. Le banquier mettait de l’argent (son propre argent) de côté au cas où un prêt ne serait pas remboursé pour pouvoir rembourser son déposant. Manquer à une telle obligation ne serait-ce qu’une fois mettait la banque en faillite. Les prêts étaient réservés à l’investissement.On disait que "les dépôts font les crédits".

Maintenant, la banque prête les dépôts de ses clients mais aussi de l’argent qui n’existe pas. On dit que "les crédits font les dépôts". Si un prêt est accordé, l’argent — qui n’existait pas — est créé au crédit du compte de l’emprunteur. La réglementation impose aux banques de mettre de côté en fonds propres 3% du montant des prêts qu’elles accordent et au minimum 1%des dépôts qu’elles reçoivent doit être mis à la banque centrale. Ce sont les réserves obligatoires. Dès qu’une banque devient trop grosse, elle ne peut pasfaire faillite. Comme on a obligé tout le monde à avoir un compte bancaire, cela ferait trop de victimes.

Les banques peuvent accorder des crédits à la consommation — ce qui fait croire aux gens qu’ils sont riches puisqu’ils peuvent consommer de l’argent qu’ils n’ont pas gagné. Les banques n’assument pas leurs risques puisqu’ellespeuvent revendre leurs prêts (la titrisation) à des fonds et à des investisseurs institutionnels (votre compagnie d’assurance vie, par exemple).

Le vrai argent — les dépôts provenant de l’épargne, ce qui a été légitimementacquis grâce a du travail et de l’épargne antérieurs — ne se distingue plus de l’argent qui n’existe pas, les dépôts créés par le crédit. L’expansion du crédit est identifiée à de la croissance : plus on dépense, mieux c’est.

▪ Les banques centralesAvant, les banques centrales n’existaient pas.

Maintenant, comme les banques commerciales prêtent de l’argent qui n’existe pas, il faut une banque centrale pour contrôler combien les banques prêtent. La banque centrale fixe le taux directeur qui permet de contrôler le niveau possible de création du crédit. Plus il est élevé, plus le crédit devient cher. Plus il est faible, plus le crédit devient bon marché. La banque centrale sait toujours quel est le bon niveau. Ne me demandez pas comment elle le sait mais elle le sait.

▪ Les économistesAvant, les économistes étaient rares. Deux ou trois par siècle et encore.

Maintenant, les économistes sont partout et ont des idées sur tout. Comme les médecins de Molière, personne ne comprend réellement ce qu’ils racontent, leurs diagnostics sont étranges et leurs résultats ne sont pas vraiment probants, voire nuisibles. Mais comment contredire des gens qui assènent comme des vérités des croyances mystérieuses et occultes ?

▪ Les crisesAvant, il y eut 19 crises monétaires et financières en 325 ans, soit une crise tous les 17 ans.

Maintenant, on décompte 27 crises en 43 ans, soit plus d’une crise tous les deux ans.

▪ Avant, c’était quand ?Avant, c’était avant 1971 et l’abandon du système du Gold Exchange Standard, remplaçant de l’étalon or lui-même abandonné en 1931.

"Avant, c’était mieux" est en général un discours de fossile inadapté. Mais quand les crises se multiplient, les fossiles inadaptés peuvent se poser des questions. D’autant plus que les victimes sont de plus en plus nombreuses et jeunes. Certains économistes préconisent toujours plus de régulateurs. Lorsqu’une machine fonctionne mal, pourquoi vouloir lui rajouter de multiples sécurités ?

Les banques commerciales prêtent moins car on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. L’économie n’a plus soif de crédit car il y en a trop. L’expansiondu crédit ne garantit pas la croissance des activités rentables. Nul besoin de mots compliqués pour le comprendre.

« Célébrons ensemble le retour de la Grèce surles saints marchés !… »

Charles Sannat 10 avril 2014 http://www.lecontrarien.com/

Mes chères contrariennes, mes chers contrariens !

Je dois vous le dire, vous devez connaître la bonne nouvelle, l’esprit de Pâques souffle sur la Grèce et les très saints marchés, bénis soient leurs noms.Les dieux investisseurs vont donc se ruer tous en cœur sur le meilleur placement de tous les siècles des siècles et acheter massivement de la dette grecque qui n’est rien d’autre qu’un pays totalement en faillite.

La Grèce revient sur le marché obligataire

C’est une dépêche Reuters qui nous confirme aujourd’hui les rumeurs savamment distillées ces dernières semaines concernant le retour très prochain de la Grèce sur le marché obligataire avec une émission de papier à cinq ans visant à lever 2,5 milliards d’euros, comme l’a annoncé mercredi le ministère des Finances.

C’est extraordinaire mes chers amis. Lorsque vous faites des efforts considérables en divisant par deux ou trois votre niveau de vie moyen, que vous souffrez le martyre pendant 7 ans, eh bien figurez-vous qu’au bout du compte, vous accédez collectivement au nirvana suprême à savoir la possibilité de vous endetter à nouveau sur les marchés ! Si ce n’est pas une réussite européenne, je ne sais plus quoi vous dire ! Quel succès, quel bonheur.

Mais tout cela va encore plus loin que ce que vous pouvez imaginer. En effet,« des sources de Reuters avaient annoncé dans la matinée qu’Athènes ferait son retour sur les marchés, contribuant à faire reculer encore le rendement des emprunts grecs à dix ans sur le marché secondaire, tombé mercredi en séance en dessous de 6 % pour la première fois en quatre ans »… Avez-vous vu le génie dans cette situation ? Allez je vous aide. Les taux de la Grèce baissent avant qu’elle ne revienne sur les marchés, pas parce que la Grèce serait solvable et plus surendettée et plus en récession (non, la Grèce a plus de 170 % de dette sur PIB et elle est toujours en récession au moment où vous lisez ces lignes) mais simplement parce que l’on annonce qu’elle va revenir sur les marchés. Je suis peut-être le seul mais je trouve ce genre de

raisonnement absolument exquis. Les marchés et nos autorités financières relèvent du divin.

Combien va rapporter le fait de prêter à un pays en faillite l’argent des autres ?

Vous n’êtes tout de même pas naïfs, vous ne pensez pas que c’est Goldman Sachs qui va refiler ses sous à la Grèce… Non, ils les ont aidés à truquer leurs comptes publics, ils savent donc bien que c’est mort. Non, ce sont vos sous que l’on va prêter à la Grèce. Enfin, vos sous, soit à travers la BCE qui achètera ces titres obligataires (ce qui revient à dire que ce sont vos sous), soit ce seront les grandes banques et grandes compagnies d’assurance vie qui pour « faire plaisir » aux autorités de tutelle mettront quelques lignes grecques dans vos FCP ou encore dans vos contrats d’assurance vie fonds euros. N’oubliez pas que vous n’êtes pas là pour vous enrichir avec votre épargne. Nous ne sommes qu’un troupeau de bovins (de « veaux » disait le Général) destiné à l’abattoir, ce qui veut dire financièrement parlant que noussommes là pour assurer la contrepartie en liquidités à nos maîtres. Telle est notre vocation et notre rôle.

Ce placement du siècle auprès d’un pays surendetté et en récession/déflation va vous rapporter la somme, tenez-vous bien, de … (roulements de tambour) 5,25 % !! (« Des sources ont déclaré à Reuters que la mise à prix aurait lieu jeudi et deux investisseurs ont déclaré que la Grèce allait sonder l’intérêt des opérateurs en proposant des rendements indicatifs dans une fourchette comprise entre 5,25 % et 5,5 %. »)

Heu… il se pourrait que la Grèce ne soit pas « totalement » sortie d’affaire…

Attention quand même, dans un soucis louable d’objectivité, l’agence de presse Reuters indique tout de même que « cette émission sera une étape importante pour la Grèce qui, contrairement à d’autres pays aidés, comme l’Irlande ou le Portugal, est encore loin d’être tirée d’affaire, comme en a témoigné récemment l’hypothèse d’une troisième aide »…

Tiens donc, finalement la Grèce n’irait pas encore tout à fait aussi bien que cela ? Impossible !

« Le pays a été maintenu à flot par les 240 milliards d’euros d’aides reçus de

l’Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) et par les 15 milliards d’euros levés via les bons du Trésor.Le gouvernement grec, qui va toucher la dernière tranche du plan d’aide international dans le courant du mois, a exprimé le souhait de ne pas solliciterdavantage la zone euro. Mais les partenaires européens d’Athènes restent sceptiques sur sa capacité à s’autofinancer dès l’année prochaine. »

En clair, si vous voulez mon avis, vous pouvez toujours donner vos sous à la Grèce pour du 5,25 %, mais si vous n’y voyez pas d’inconvénient je vous regarde faire avant. Je vous en prie, passez les premiers.De la tragédie à la comédie grecque… l’enjeu des élections européennes !

Ne soyons pas dupes mes chers amis, d’ici un gros mois nous allons être appelé à voter pour l’Europe… enfin sans doute contre l’Europe pour un grand nombre de nos concitoyens. Évidemment, annoncer et faire croire aux gens que tout va beaucoup mieux que bien, cela va les calmer un peu et l’objectif inavoué est de peser sur le scrutin et d’essayer de limiter la casse car le rejet de l’Europe est actuellement assez partagé au sein des pays en particulier de la zone euro. Le risque est évidemment de voir débouler au Parlement européen une espèce de salmigondis d’europloucs et d’europhobesqui viendrait quelque peu gripper la belle mécanique à entubage des peuples de nos europathes.

Là encore, nous remontons au cric le « moral » des troupes, nous faisons croire, nous communiquons, nous manipulons, nous faisons de la propagande, mais derrière tout cela il n’y a aucune réalité économique. Nous avons simplement changé le sens des mots, nous avons tout simplement décidé d’utiliser des outils « non-conventionnels » et il faut comprendre par là que tout le jeu est désormais totalement truqué.

Vers un rejet massif de l’Europe ?

Il est fort probable que, dans un mois, les élections européennes soient marquées par un fort taux d’abstentionnisme mais également par une pousséequi sera vraisemblablement surprenante du Front National pour le cas spécifique de la France, et de façon général pour l’Europe entière de mouvements nationalistes. Une forte défaite des partis europhiles est à prévoir et pour plusieurs raisons.

D’abord, l’Europe ce n’est pas la richesse et la croissance comme tant vanté

mais bien l’austérité et la récession. C’est sur cette politique profondément antipeuple que ne peut que prospérer un sentiment anti-européen.

Ensuite, et c’est le cas en France, les élections européennes sont un grand défouloir démocratique. C’est assez normal, finalement, l’Europe c’est loin, cela ne nous touche pas directement et a moins d’impact qu’une élection locale comme les municipales. Résultat ? Je parierais bien un billet chez un bookmaker anglais que le FN pourrait arriver en tête en France ce qui créeraitun séisme politique majeur.

Politique fiction…

Alors que ressortent opportunément ces derniers temps les extraits du livre d’Hollande de 2006 où il déclarait qu’en cas de désaveux massif ou de crise forte à mi-mandat s’imposerait un exercice démocratique.

Imaginons un score très élevé du FN qui serait un alibi parfait.Imaginons que le gouvernement Valls ne soit qu’un gouvernement de transition et temporaire.Imaginons que François Hollande, toujours obnubilé par la méthode Mitterrand et sa réélection en 2017, décide de redonner le bébé à la droite et qu’il dissolve l’Assemblée.Imaginons que la droite l’emporte. Alors elle s’usera et s’échinera à faire la politique d’austérité dont personne ne veut. François, lui, comme celui d’avant, prendra la position du vieux sage et du vieux singe, fera la politique des petites phrases, savonnera la planche de son Premier ministre de cohabitation et apportera sans doute son soutien aux manifestants de tous poils… La droite discréditée n’aura aucune chance en 2017… François comme l’autre François en 88 se fera réélire dans un fauteuil. François le grand démocrate, celui qui n’hésite pas à consulter le peuple… tout bénef, y compris Manu qui ne sera pas en position de se présenter en 2017 puisque relégué dans l’opposition (et encore, à condition de se faire élire député, parce qu’en faisant 5 % aux dernières primaires du PS il a peu de chance d’endevenir le 1er secrétaire).

La gauche, en réalité, a déjà perdu, alors imaginons que la bonne question ne soit pas comment aller jusqu’à la fin du mandat, mais comment sauver les meubles et sauver l’essentiel, à savoir la présidence et quelques sièges de députés, car avec des triangulaires nombreuses avec le FN, la majorité de la

droite ne serait sans doute pas écrasante, loin de là…

Mais tout cela n’est que des élucubrations de conversations avec des camarades contrariens qui se reconnaîtront.

Restez à l’écoute.

À demain… si vous le voulez bien !!

La Chine dépose un appel devant l’OMC contre un amendementau Tariff Act américainBEIJING, 9 avril – La Chine a déposé un appel devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) contre un amendement au Tariff Act des États-Unis, a annoncé mercredi le ministère chinois du Commerce.

Cet appel déposé mardi à Genève vise à faire annuler une décision prise par un groupe spécial de l’OMC selon laquelle le GPX Act adopté en 2012 par les États-Unis respecte les règles de l’OMC. Cet amendement avait rétroactivement ratifié les mesures compensatoires américaines visant les pays n’ayant pas une économie de marché.

Les enquêtes antisubventions menées par les États-Unis contre les produits chinois ont débuté en 2006 sans base légale. Persuadée que l’amendement estcontraire aux règles de l’OMC, la Chine s’est tournée vers le mécanisme de règlement des différends de l’OMC en 2012.

Le 27 mars, un groupe spécial de l’OMC a jugé que les États-Unis avaient enfreint les règles dans 25 enquêtes antidumping et antisubventions contre la Chine entre 2006 et 2012.

Le ministère estime que les droits compensateurs et le Tariff Act des États-Unis constituent des mesures compensatoires doubles contre les exportations chinoises.Agence de Presse Xinhua

Analyse & décryptage

Les escarmouches protectionnistes se poursuivent dans cette guerre commerciale et économique sans répit et sans merci entre les USA et la Chine. Pour le moment, l’intensité du conflit reste très mesurée mais à mesure que les USA vont se sentir de plus en plus menacés dans leur

leadership mondial par la montée en puissance chinoise, nous devrions assister à une montée des tensions proportionnelle entre ces deux pays.Charles SANNAT

L’Allemagne enregistre la plus forte hausse de ses importations en plus de 23 ansC’est un article d’Easybourse.com qui nous apprend que « selon l’Agence fédérale des statistiques, l’excédent commercial de l’Allemagne a diminué enfévrier. Les exportations ont décliné mais les importations ont légèrement augmenté.

Sur un mois glissant, les exportations ont reculé de 1,3 %. C’est le plus fort recul depuis mai 2013. Le consensus tablait sur un fléchissement de 0,5 %, après une hausse de 2,2 % en janvier.

Sur une base non-ajustée, et sur un an, les exportations vers les pays membres de la zone euro ont augmenté de 3,7 %. Parallèlement, les exportations vers les pays non-membres de la zone euro se sont amplifiées de12,4 %.

Entre janvier et février, les importations ont crû de 0,4 % à 77,6 milliards d’euros. C’est le plus haut niveau enregistré depuis que l’Agence a commencé à compilé les données sur une base ajustée des variations saisonnières après la réunification de l’Allemagne en janvier 1991.Le consensus tablait sur un accroissement des importations de 0,1 %.

Sur un rythme annuel, les importations émanant de la zone euro se sont élevées de 8,4 %.

En conséquence, l’excédent commercial s’est replié à 15,7 milliards d’euros, contre 17,2 milliards d’euros fin janvier.Il y a un an, la première puissance européenne affichait un excédent de 16,7 milliards d’euros.

Cette contraction de la balance commerciale est à saluer au niveau de l’ensemble de la zone euro.

L’Allemagne a été souvent et longtemps critiquée pour la faiblesse de ses importations comparativement à son important volume d’exportations, signe d’une insuffisante consommation intérieure.

La chancelière Angela Merkel a déclaré devant les parlementaires allemands ce mercredi que les exportations continuaient à s’inscrire dans un trend haussier mais que désormais la consommation intérieure contribuait davantage à la croissance du pays que par le passé ».

Bon, l’idée, dans tout cela, c’est que l’Allemagne achète plus de produits à ses voisins européens afin de les faire travailler un peu plus. En réduisant ses excédants, cela profite évidemment au reste de l’Union Européenne.

Reste une question : s’agit-il d’un mouvement durable ou juste d’un accident statistique car soyons clairs, ce n’est pas Angela Merkel qui décrète de son bureau quel Allemand achète quoi et à qui…Charles SANNAT

Source EasyBourse.com ici

Bank of America ferme ses bureaux au Costa Rica, 1 400 emploissupprimésMauvais temps pour le Costa Rica puisqu’une dépêche AFP nous a appris aujourd’hui que « Bank of America (Bofa) a annoncé mardi la cessation de ses activités au Costa Rica et la suppression de 1 400 emplois.

L’entreprise a précisé dans un communiqué que la fermeture de son centre dans ce petit pays d’Amérique centrale serait menée à bien au cours des neuf à 12 prochains mois afin de concentrer ses opérations sur d’autres pays ».

« À l’issue d’analyses continues (de nos activités), nous allons fermer nos centres technologiques et d’opérations à San Jose au Costa Rica », indique le communiqué. »

« Cette annonce intervient quelques heures à peine après celle du géant américain des puces électroniques Intel, qui va également supprimer 1 500 emplois dans ce pays de 4,3 millions d’habitants. »

Le Costa Rica, petit pays d’Amérique centrale, se portait plutôt bien, néanmoins si toutes les entreprises internationales s’en vont cela va créer une profonde crise économique dans un pays structurellement fragile. Enfin, on constate que les grandes banques dont les bénéfices progressent sont toutes en train de réduire de façon importante leurs effectifs. Il faut bien poursuivre la course aux profits.Charles SANNAT

Source ici

La Chine augmentera les investissements dans les cheminsde fer en 2014BEIJING, 9 avril – La Chine augmentera de 720 milliards de yuans (117,09 milliards de dollars) les investissements en actifs immobilisés des chemins defer en 2014, a révélé Sheng Guangzu, directeur général de la Société des chemins de fer de Chine.

Dans l’édition de mercredi du Quotidien du Peuple, journal phare du Parti communiste chinois, M. Sheng a indiqué que la société augmentait ses investissements pour faire face à la demande. Ainsi, 49 nouveaux projets et plus de 7 000 kilomètres de nouvelles lignes de chemin de fer seront mis en opération au cours de l’année.

Le plan précédant, fixé au début de l’année, visait des objectifs de 700 milliards de yuans pour les investissements en actifs immobilisés, 44 nouveaux projets et 6 600 kilomètres de nouvelles lignes, selon la société.

M. Sheng a indiqué que 78 % du total des investissements pour la construction seraient alloués aux régions du centre et de l’ouest, qui verraientla mise en opération de 86 % des nouvelles voies ferrées de cette année.

Selon un plan quinquennal de 2011 à 2015, plus de 230 000 kilomètres de nouvelles lignes de chemin de fer seront construites dans les régions du centre et de l’ouest grâce à des investissements se montant à 1 850 milliards de yuans.

Le directeur général a indiqué qu’entre 2011 et 2013, plus de 1 150 milliards de yuans avaient été investis dans ces deux régions.

Une conférence du Conseil des Affaires d’État tenue mercredi dernier sous la présidence du Premier ministre chinois Li Keqiang a indiqué que la Chine accélérerait la construction des chemins de fer dans les régions du centre et de l’ouest pour renforcer l’urbanisation et réduire les inégalités régionales.

M. Li a également souligné des mesures pour approfondir les réformes dans le financement des chemins de fer, particulièrement en ce qui concerne la création d’un fonds de développement des chemins de fer.Agence de Presse Xinhua

Analyse & décryptage

Lorsque la croissance chinoise ralentit, l’État chinois annonce toujours de grands travaux. En clair, lorsque l’on vous annonce de grands travaux en Chine c’est qu’il y a besoin de stimuler la croissance en faisant intervenir la puissance publique. C’est évidemment actuellement le cas. Les Chinois, pourdes raisons de stabilité sociale, doivent impérativement occuper leurs citoyens et trouver du travail pour tous, quitte à faire faire des choses pour rien ou pour pas grand-chose comme ces dizaines de villes totalement fantômes sans aucun habitant…Charles SANNAT

La Chine construira le plus grand magasin hors taxes du mondeBO’AO, Hainan, 9 avril – La province insulaire de Hainan (extrême sud de laChine) construira le plus grand magasin hors taxes du monde, ont déclaré mercredi les autorités locales.

Hainan projette de déménager un magasin hors taxes de 10 000 mètres carrés situé dans le centre-ville de Sanya vers la baie de Haitang, a indiqué le vice-gouverneur Tan Li lors d’une conférence de presse consacrée au Forum de Bo’ao pour l’Asie. Le nouveau magasin couvrira une superficie de 60 000 mètres carrés.

Le Centre commercial international de la baie de Haitang à Sanya attirera desmarques internationales et abritera le magasin hors taxes, des hôtels, des restaurants et les lieux de loisirs.

La province prévoit également d’élargir un autre magasin hors taxes situé à Haikou, capitale de Hainan, de 3 650 à 4 880 mètres carrés.

Le Conseil des Affaires d’État (gouvernement chinois) avait autorisé la province en avril 2011 à mettre en œuvre un programme de duty-free à titre d’essai, afin de promouvoir le secteur touristique de l’île.

Le chiffre d’affaires des deux magasins hors taxes a atteint 3,29 milliards de yuans (530,6 millions de dollars) en 2013, en hausse de 40 % en base annuelle.Agence de Presse Xinhua

Analyse & décryptage

Projet pharaonique, la plus grande tour, le plus gros bateau de croisière, le plus grand centre commercial, le plus grand magasin et la plus grande stupidité humaine à l’œuvre sous vos yeux. La consommation de masse, nécessitant une masse de ressources naturelles gâchées dans des produits ni durables ni économes.

Le système capitaliste tel qu’il fonctionne actuellement est l’une des plus mauvaises allocations de ressources et de richesses jamais vue ! Nous marchons sur la tête, nous n’avons jamais été aussi tristes et désabusés et pourtant jamais nous n’avons croulé sous autant de confort.Charles SANNAT

Penser l’économie autrement, de Paul Jorion &Bruno Colmant

10 avril 2014 par Paul Jorion | http://www.pauljorion.com/blog/?p=63844

Penser l’économie autrement

(à paraître en septembre)

Quelque chose s’est fissuré dans l’économie. La crise que nous vivons aujourd’hui est la plus grave depuis celle des années 1930. Ce sont même plusieurs crises (économique, financière, environnementale) qui se combinent en une seule crise de taille gigantesque. De profondes tensions sociales se cachent derrière l’immense dette publique que nous avons

bâtie. Le chômage des jeunes atteint des niveaux insoutenables alors que l’emploi est confisqué par des ordinateurs et des robots. L’euro n’est plus un projet fédérateur, en déconnexion avec les réalités de l’économie, ses erreurs de conception apparaissent au grand jour.

Mais il ne tient qu’à nous de transformer cette crise en une véritable opportunité de changement. Paul Jorion, qui a prévu la crise des « subprimes » aux États-Unis, ne se définit pas comme économiste (il est anthropologue), mais jette depuis plusieurs années un regard alternatif sur l’économie. Bruno Colmant, avec son passé de banquier et d’ancien directeurd’une Bourse de valeurs, est plutôt catalogué à droite de l’échiquier. Ensemble, au fil de leur dialogue, ils nous prouvent que l’on peut penser l’économie autrement.

Paul Jorion est détenteur de la chaire « Stewardship of Finance » à la Vrije Universiteit Brussel et chroniqueur au journal Le Monde

Bruno Colmant est professeur de finance et membre de l’Académie Royale de Belgique

Marc Lambrechts est chroniqueur économique et financier au journal L’Echo à Bruxelles.

LE FMI, MAUVAIS GÉNIE9 avril 2014 par François Leclerc | http://www.pauljorion.com/blog/?p=63897

Dans la dernière livraison de son rapport annuel qui, à le lire, semble plus consacré à l’instabilité qu’à la stabilité financière mondiale – son titre générique – le FMI multiplie les mises en garde. Dépassant aujourd’hui le montant de 800 milliards de dollars, le stock des créances douteuses des banques de la zone euro a selon lui doublé depuis 2009, plus particulièrementdans les pays périphériques en grande difficulté financière. C’est le résultat du ralentissement économique ainsi que du poids de la dette des entreprises. En conséquence, « les dirigeants de la zone euro font face au difficile défi d’accélérer l’assainissement des banques et des bilans des entreprises sans compromettre le retour de la confiance des marchés » constate le Fonds, qui n’est pas trop disert au chapitre des solutions, si ce n’est en préconisant que la BCE s’assure de « solutions de secours ». S’il est fait référence à l’Union bancaire, c’est mal parti, le Fonds ne dissimulant pas par ailleurs son

scepticisme par rapport au mécanisme de résolution bancaire adopté et à ses capacités financières.

Outre-Atlantique, le Fonds s’inquiète de la « course au profit » qui y est enregistrée et qui s’accélère, se traduisant par « un endettement croissant » dusecteur privé. Les mauvaises habitudes d’avant 2007 réapparaissent sur les marchés de la titrisation et des junk bonds (les obligations à haut risque et haut rendement), en raison d’une forte demande des investisseurs pour à la fois les taux bas (pour emprunter) et les taux hauts (pour spéculer). Pour un peu, on en oublierait ici comme là cette terrible menace de la dette publique qu’il faut prioritairement résorber de toute urgence, et on en viendrait à reconnaître que, publique ou privée, la dette a atteint des montants insoutenables et qu’il faut pour le moins cesser d’en fabriquer en spéculant, et pour cela interdire les instruments financiers qui n’ont pas d’autre utilité.

Après Mario Draghi, Wolfgang Schäuble a été piqué au vif par les propos du FMI et « n’en peut plus » du débat qui oppose austérité et croissance. Considérant l’équilibre du budget, investissement compris, comme étant l’excellence en tout temps, les conseils de simulation de la demande intérieure et d’investissement que le FMI prodigue à l’Allemagne sont pour lui irrecevables. Tout comme l’étaient ceux qui étaient adressés à la BCE, afin qu’elle assouplisse sa politique monétaire en baissant ses taux ou en adoptant des mesures destinées à aider financièrement les PME. Là encore, leFonds reconnaît que les solutions sont « complexes », mobilisant à la fois la BCE et les États, impliquant de lutter contre la désinflation et de « préparer leterrain à une reprise plus forte et plus durable (…) tout en garantissant la stabilité financière »… Question conseils plus ou moins appuyés, cela ne manque pas, mais au chapitre des préconisations, on reste sur sa faim. On piétine !

PS : Il va être fait grand cas d’une émission à cinq ans de dette grecque qui aura lieu demain jeudi, avec pour objectif de recueillir 2,5 milliards d’euros. Un coup de pouce pré-électoral va être donné à Antonis Samaras, le premier ministre de droite, qui va pouvoir se prévaloir d’un retour sur les marchés. Il serait intéressant d’identifier les investisseurs anonymes qui vont y contribuer. Les banques grecques en service commandé, ou, plus subtil, d’autres banques de la zone euro qui se délesteront ultérieurement des titres auprès de la BCE en les utilisant comme garantie de leurs emprunts ? Les

voies de Dieu sont impénétrables.

Dette publique et démocratiePosté le 10 avril 2014 par Bcolmant

Une dette publique n'est tolérée que parce que des créanciers l'autorisent.

C'est ainsi qu'il doit y avoir une lointaine corrélation entre le niveau d'endettement public et celui de l'épargne domestique, puisque des créanciers exclusivement étrangers mettraient une limite naturelle à la capacité d'emprunt d'un pays.

Mais vers quel système politique une dette publique excessive entraîne-t-elle ?

L'économiste libéral Friedrich Hayek suggérait qu'elle conduit à une restriction des libertés individuelles et donc à une nationalisation sournoise de l'économie. Cette dernière serait destinée à ordonnancer la pression fiscalemise en œuvre pour assurer l'ordre social associé à des dépenses publiques excessives.

Quel est, en effet, l'aboutissement de ce mouvement de fuite dans lequel l'Etats'engouffre au travers de l'endettement public ? Est-ce vers une étatisation insidieuse de toute l'économie et/ou vers la perte de pouvoir d'achat entraînéepar l'inflation qui découle de l'arme monétaire ? La réponse se situe sans doute dans une complexe chimie de ces deux éléments qu'on pourrait qualifier, dans la logique d'Hayek, d'étatisation inflationniste.

Certains auteurs pencheraient plutôt pour une ploutocratie, c'est-à-dire un système politique au sein duquel les plus riches gouvernent….au motif qu'ils sont les plus gros créanciers de l'Etat.

D'autres économistes suggèrent que la morphologie démographique de nos communautés conduit plutôt à une gérontocratie.

Enfin, la jeunesse peut aussi se manifester et établir de nouvelles bases au contrat social et fiscal afin de ne pas suffoquer sous la dette.

C'est alors la révolution En Belgique, la dette publique est indirectement détenue par la classe moyenne qui affecte une grande partie de son épargne à des placements bancaires et des investissements dans des produits d'assurance.

Quoiqu'il en soit, l'exercice de la démocratie est difficile lorsqu'elle est financée par un Etat grevé de dettes.

La vraie question centrale sera désormais de savoir quelle majorité ou génération va imposer sa loi à quelle minorité ?

Qui sera le garant de la propriété privée ?

Comment les marchés vont-ils composer avec les pouvoirs souverains ?

Le chemin sera sinueux entre le libéralisme de l’économie de marché et le socialisme redistributif mais l’instant de vérité de notre modèle social est proche.

Un dialogue entre les Etats et l'économie marchandePosté le 9 avril 2014 par Bcolmant

Et si, imperceptiblement, nos économies européennes changeaient d'orientation idéologique, dégrisées du vent du libéralisme des années quatre-vingt ?

J'ai l'impression que cette crise de 2008 est un choc de conscience.

Dans un premier temps, elle fut perçue comme une fracture de marché.

Mais, force est de le constater : seuls les Etats ont sauvé l'économie de

marché.

C'est la collectivité qui a sauvé l'entreprise privée. Ce sauvetage était justifié, en ce que les banques "fabriquent" le flux monétaire au travers de leur propreexistence.

Elles sont donc consubstantielles à la formulation de la monnaie elle-même. Un abandon des banques se serait assimilé à une démonétisation des dettes et une répudiation des dettes publiques. Les Etats ont aussi mis en œuvre ce qu'on qualifie de stabilisateurs économiques, c'est-à-dire la fonction contre cyclique qui consiste à augmenter les dépenses publiques et à encaisser moins de recettes en période de retournement conjoncturel.

Si les Etats sont intervenus, la question est de savoir quel équilibre va s'installer entre le rôle de l'Etat et l'économie marchande, sachant que ces deux acteurs sont interdépendants.

Il s'agit donc d'un véritable débat idéologique portant sur le modèle de société. Le centre de gravité de ce débat n'est pas ancré.

Il ne s'agit plus de savoir s'il faut moins d'État à tout prix, mais de savoir comment l'Etat, c'est-à-dire notre collectivité, s'intègre dans des relations sociales collectives et individuelles harmonieuses.

A cet égard, il faut être lucide: même si le poids de l'Etat dans l'économie est trop élevé, il n'est pas prêt de diminuer drastiquement.

L'absence de croissance dans un contexte économique désinflaté freine tellement la croissance que les équilibres exigeront un ordonnancement de l'économie par l'Etat.

Jusqu'à la ceinture...Patrick Reymond 10 avril 2014 http://lachute.over-blog.com/

Servage, la réintroduction a lieu en Allemagne. Les chômeurs devront travailler 6 mois sans être payé sauf le Harz IV (391 euros + allocation logement).Lamy, ou plutôt l'ennemi ne rêve que d'écraser le populo. Lui, le fonctionnaire a la situation statutaire béton, et qui, il n'y a pas si longtemps, réclamait 32 % d'augmentation, alors qu'il était déjà très bien payé, et pas imposable...

Tout d'un coup, une chanson m'a trotté dans la tête.

Ecosse : jusqu'à la ceinture aussi...Patrick Reymond 10 avril 2014

C'est franchement bizarre, cette musique qui n'arrête pas de me trotter dans latête. A propos du referendum écossais cette fois. C'est l'OTAN (en emporte levent), qui fait des siennes et qui avertit les écossais qu'en cas de oui, la voie lactée va être avalée par un trou noir, la terre va se fendre en deux, les épidémies dévasteront le monde, et ... Je me souviens plus. Quelqu'un à une idée pour compléter le tableau ???

Grâce à l'hystérie maladive de l'UE et de l'OTAN, les indépendantistes écossais progressent à chaque sondage. , encore un effort et le but sera atteint.

Athènes : explosion d’une voiture piégée devantla Banque de Grèce, pas de victime

Boursorama et Les Moutons enragés 10 avril posté par Benji

Ils commencent à vouloir faire sauter les banques en Grèce? Allez savoir,d’ici quelques temps, les banques de ce pays finiront peut-être par être comprises dans la liste des vestiges grecs à visiter non?

Une voiture piégée a provoqué une forte explosion devant le siège de la Banque de Grèce dans le centre d’Athènes, sans faire de victime, jeudi matin, jour de lancement de la première émission de dette de la Grèce depuis le début de la crise, a-t-on appris de source policière.

L’explosion est intervenue vers 02h55 GMT dans un véhicule garé sur le trottoir face au siège de la banque centrale, à proximité immédiate d’un bureau de la troïka UE, BCE, FMI des bailleurs de fond internationaux du pays, selon les premiers éléments de police.

La déflagration n’a pas de fait de blessé, selon la même source. Les dégâts étaient en cours de recensement.

Selon la police, la voiture de marque Nissan, un véhicule volé, était chargée de 75 kilos d’explosifs. Un appel téléphonique au site internet d’actualité Zougla et au journal Efymerida ton Syndakton avait prévenu les forces de l’ordre une heure avant le déclenchement du mécanisme.

La Grèce lance jeudi matin sa première émission de dette à moyen terme depuis 2010 et depuis son exclusion des marchés financiers enraison de la crise des dettes souveraines.

L’opération préparée depuis des mois, porte, selon une source gouvernementale, sur une obligation de 2,5 milliards d’euros et sa réussite, basée sur la confiance des investisseurs, représente une étape politique et économique hautement importante pour le gouvernement de coalition conservateurs-socialistes d’Antonis Samaras.

Vendredi, le Premier ministre reçoit à Athènes la chancelière allemande Angela Merkel pour sa deuxième visite en Grèce depuis le début de la crise.

Les attentats, généralement sans victime, visant des cibles économiques, institutionnelles, politique, sont fréquents en Grèce et généralement attribués à la mouvance anarchiste dont les organisation revendiquent fréquemment ces opérations.

Source: Boursorama

Un parfum de guerre froide monétairePar The Wolf le 09/04/2014 • Par Andreas Höfert

Un parfum de guerre froide monétaire Le dernier film adapté de Tom Clancy met en scène Jack Ryan, qui veut empêcher un oligarque russe d’inonder le marché avec les bons du Trésor américains accumulés dans les réserves de change russes. Loufoque? Pas forcément, explique Andreas Höfert, chef économiste d’UBS Wealth Management

Le cinéma d’action adore les scènes où un ou plusieurs héros doivent arrêter

un méchant avant qu’il ne commette un crime de dimension apocalyptique. Ilarrive que la catastrophe planifiée soit d’ordre monétaire. Ce fut le cas en 1964, quand James Bond désamorce in extremis une bombe atomique qu’Auric Goldfinger avait placée à côté des réserves d’or des Etats-Unis à Fort Knox. Le but du «méchant»: réduire l’offre du métal précieux en espérant une multiplication de sa propre fortune.

En 2010, l’«Agence tous risques», dans le film du même nom, cherche à récupérer des planches à billets volées au Trésor américain, et qui pourraient être utilisées par les ennemis des Etats-Unis pour fabriquer à très grande échelle des «dollars non couverts». Les scénaristes ont sans doute oublié que la monnaie américaine officielle, comme toutes les monnaies actuellement, n’est plus couverte.

Enfin, cette année, les amateurs de Tom Clancy ont pu voir son personnage principal, Jack Ryan, affronter un oligarque russe qui veut inonder le marché avec les bons du Trésor américains accumulés dans les réserves de change russes. Par ce biais, le dollar et l’économie américaine s’écrouleraient et finiraient en «Grande Dépression». C’est en tout cas ce que Jack Ryan explique à son supérieur (et au public qui peine à suivre l’intrigue). Pourtant, ce dernier scénario n’est pas forcément tiré par les cheveux, et se révèle même prémonitoire à bien des égards. N’avons-nous pas entendu, il y a deux semaines, un des collaborateurs de Vladimir Poutine, Sergueï Glaziev, s’exprimer ainsi: «Nous trouverons un moyen […] de réduire notre dépendance financière à l’égard des Etats-Unis. […] Les tentatives de prendre des sanctions contre la Russie mèneront au krach du système financier américain»?

Les Russes disposent-ils de cette arme de destruction monétaire qui fait trembler Hollywood? Je ne le crois pas. Certes, leurs réserves de change de plus de 500 milliards de dollars semblent imposantes. Cependant, la Russie a toujours mis un point d’honneur à les diversifier au niveau des monnaies. Selon les statistiques du Trésor américain, elle ne détenait, fin 2013, que 138,6 milliards de dollars d’obligations de cet Etat, soit moins que ce que la Fed achète en quatre mois d’assouplissement quantitatif. Il faudrait le concours de la Chine, propriétaire de dix fois plus de bons du Trésor, pour, peut-être, créer une menace crédible.

Cela dit, il convient de ne pas prendre les propos de M. Glaziev à la légère.

Ils démontrent que l’Occident, croulant sous des montagnes de dettes publiques et dépendant de certains marchés émergents pour son financement, n’est de loin plus aussi impressionnant et hégémonique qu’il y a vingt ans. Les scénarios de catastrophes monétaires ont donc encore de beaux jours devant eux. En tout cas au cinéma.Andreas Höfert Chef économiste/ UBS Wealth Management/ Le Temps 17/3/2014

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/c200d03c-ad43-11e3-8440-67a1961e730b%7C1

Alors que la tension monte à la suite du référendum controversé qui donne le feu vert à l’annexion de la Crimée à la Russie, des preuves circonstancielles indiquent que l’État russe a peut–être retiré des dizaines de milliards d’actifs d’un compte de dépôt de la Réserve fédérale américaine afin d’éviter que ceux–ci soient gelés par les autorités américaines si jamais le conflit en Ukraine s’intensifiait, selon Bloomberg Businessweek.

La Fed détient des titres du Trésor américain pour le bénéfice de banques centrales étrangères et d’autres institutions. Dans un tableau, Bloomberg Businessweek illustre ce qui est décrit comme « la plus forte baisse en pourcentage de ces actifs appartenant aux étrangers depuis 2002 », c’est-à-dire une chute de 105 G$ US ou 3,5% enregistrée entre le 2 et 12 mars 2014.

La Réserve fédérale américaine ne mentionne pas qui sont ces clients qui conservent des avoirs dans leurs coffres. Toutefois, l’éditeur économique de Bloomberg Businessweek, Peter Coy rapporte avoir parlé avec Marc Chandler, responsable de la stratégie monétaire mondiale chez la banque et firme d’investissement en valeurs mobilières, Brown Brothers Harriman, qui soupçonne la Russie d’être responsable en bonne partie de cette baisse.

« Ce n’est pas une protestation contre les États-Unis, mais plutôt unemanière d’éviter que les avoirs soient gelés. Un État ne laisse pas la politique gérer ce genre de décisions », a dit Marc Chandler en entrevue avec Bloomberg Businessweek

Dans un mémo envoyé à ses clients, ce dernier a également écrit : «

Il est logique de croire que la Russie se prépare à une prochaine imposition de sanctions à son endroit. » Marc Chandler rappelle de plus que cela s’est déjà produit dans le passé. En 1957, la Russie a transféré de l’argent des États-Unis vers Londres, de crainte que les Américains la punisse pour son invasion de la Hongrie.

Un autre reporter de Bloomberg, Susanne Walker, rapporte que MarcChandler n’est pas le seul à croire que la Russie ait causé la chute observée dans le volume des titres détenus par la Fed pour des institutions étrangères.

La journaliste cite notamment Wrightson ICAP, firme de recherche qui observe les actions de la Fed : « L’intensification des discussionsconcernant les sanctions qui pourraient découler du conflit en Ukraine donnerait de bonnes raisons à la Russie de déplacer ses avoirs chez un "gardien offshore". »

Marc Chandler est, quant à lui, d’avis que la Russie n’est pas en train de vendre ses bons du Trésor américan. Elle tenterait plutôt, selon lui, de les déplacer quelque part, loin des autorités américaines.

Selon des données compilées par Bloomberg, en date du mois de décembre, la Russie possédait 139 G$ en bons du Trésor américain, la plaçant au 9e rang des pays détenteurs de ces titres avec un avoir représentant 1% du montant total conserve par la Fed.

http://www.finance-investissement.com/des-actifs-russes-sortis-des-tats-unis-en-catimini/a/55468

La Russie, qui remet en cause le statut du dollar,risque-t-elle la guerre ?

Le blog de la résistance 10 Avril

Encore un papier bien visé de or et argent eu , bien visé et bien ficelé ! Un des seuls sites à parler des vrais enjeux ; hé oui c’est une question que j’ai encore posé hier : Dumper le $ , créer un système concurrent a swift, trader en yuan ou en roubles etc ne sont pas des “casus belli” directs, mais les américains ont leur puissance militaire, et ils s’en servent ! la question est de savoir si ils iront jusqu’a une 3e guerre mondiale pour préserver leur hégémonie … Revue de presse 2013-2014 Z@laresistance

Le moins que l`on puisse, c`est que les nations qui ont tenté de faire l`impasse sur le dollar pour vendre leur pétrole l`ont payé très chèrement. De la Libye de Kadhafi à l`Irak de Sadam Hussein, les velléités de remplacer le roi dollar se sont terminées par un champ de ruines. La Russie risque-t-elle le même sort ?

Pour Stephen Leeb (source), s`il fut aisé pour les États-Unis de mater les armées modestes de la Libye et de l`Irak, s`attaquer à la Russie ou à la Chine est une autre paire de manches. Ces 2 pays disposent d`une armée performante, et surtout d`armes nucléaires. Des atouts que ne possédaient pasles « tyrans » de Libye et d`Irak (où le parlement émanant de la magnifique démocratie occidentale souhaite faire voter un projet de loi permettant le mariage de fillettes à partir de 9 ans…).

Les tensions entre l`Arabie Saoudite et les États-Unis, auparavant copains comme cochons, sont de plus en plus palpables, alors que la monarchie du Golfe, cela dit en passant l`un des régimes les plus rétrogrades du monde que les élites occidentales se gardent bien de dénoncer, est furieuse que Bachar ElAssad n`est pas subi le même sort que ses anciens collègues laïcs de la région.

Pourraient-ils changer d`alliance ? D`après Stephen Leeb, ils auraient tout

intérêt à le faire afin de diversifier leur panier de devises en vendant leur pétrole en roubles, en yuans et en or. Mais sachant ce qu`il arrive lorsqu`on procède de la sorte, cela signifierait se rapprocher de ces pays afin d`éviter toute agression américaine (en cas de besoin, les Américains pourraient soudainement sortir de leurs décennies de torpeur et dénoncer le régime saoudien qui trimbale une véritable batterie de casseroles).

Stephen Leeb est certain que la diplomatie saoudienne est déjà en contact avec son homologue russe afin de discuter. C`est probable, mais pas sûr que les Russes souhaitent s’acoquiner avec un tel régime, qui finance et inspire denombreux groupes terroristes dans la région et à travers le monde. Cela nous permettra de toute façon de jauger l`intégrité russe, qui est pour le moment le pays le plus honnête quand il s`agit de commenter les crises internationales.

Les États unis sentent le vent tourner, d`où la multiplication d`opérations aux 4 coins du monde afin de tenter de sauver les meubles. Il semble que les carottes sont déjà cuites, le renversement de régime en Ukraine ayant tourné au fiasco, la Russie récupérant la Crimée, et peut-être demain d`autres régions de l`est de l`Ukraine, tandis que les Russes accélèrent leurs préparatifs pour faire la transition vers des relations économiques dans lesquelles le dollar ne jouera plus un rôle majeur. Dans ses tentatives désespérées de sauver le roi dollar, les États-Unis ne font qu`accélérer leur chute, que ce soit lorsqu`ils manipulent le cours de l`or ou qu’ils défient aux échecs le Grand Maître qu’est Poutine avec Obama, le joueur de bilboquet.http://or-argent.eu/la-russie-qui-remet-en-cause-le-statut-du-dollar-risque-t-elle-la-guerre/#.U0aOMah_uSo

Les sables bitumineux du Canada sont-ils subventionnés ?Un article du Minarchiste. Publié le 9 avril 2014

L’idée répandue que l’industrie pétrolière est davantage subventionnée que les autres au Canada est sans fondement.

Suite à mon article de la semaine dernière sur le mal hollandais du Canada, jesuis tombé sur ce billet publié sur le blog de l’Institut de Recherches et d’Informations Socio-Économiques (IRIS).

Tout d’abord, l’auteur avance les arguments simplistes et mal documentés voulant que le pétrole de l’Alberta détruit des emplois au Québec :

« En augmentant les exportations de pétrole, cela augmente la valeur du dollar, ce qui a un effet à la baisse sur la capacité du secteur manufacturier canadien à vendre sur les marchés extérieurs.C’est l’un des symptômes de ce que l’on nomme le mal hollandais. »

Nous avons vu dans mon billet de la semaine dernière que les données empiriques invalident ce genre d’affirmation. Mais il évoque aussi un mythe souvent colporté par la gauche québécoise (par exemple ici) voulant que les sables bitumineux albertains soient subventionnés par le gouvernement fédéral canadien. L’auteur indique une source qui nous amène vers un rapport du Bureau du Vérificateur Général du Canada. Ce rapport mentionne quelques chiffres intéressants.

Tout d’abord, l’industrie de l’énergie fossile aurait reçu $508 millions en paiement directs entre 2007/08 et 2011/12. Quand on fouille un peu plus loin dans le rapport, on constate que $314 millions, soit environ 62% de la somme, est provenu de Ressources Naturelles Canada, qui subventionne la recherche scientifique dans le domaine de l’énergie, des forêts, des minéraux et des métaux. Sans disposer des chiffres, on peut prendre comme hypothèse que cet organisme ne subventionne pas que la recherche sur les sables bitumineux, mais aussi sur d’autres industries. Cependant, le montant de $508 millions ne concerne que la part de son budget allouée aux énergies fossiles (incluant le charbon). Par ailleurs, on constate que $216M de cette somme, soit 69% de celle-ci, a été octroyé à des universités de Calgary et de Nouvelle-Écosse pour faire de la recherche scientifique sur des « technologies propres »! Quel scandale! Et ce n’est pas tout, le rapport du vérificateur mentionne que cette somme a été utilisée pour la recherche sur le captage de carbone émis par les usines d’électricité au charbon; il n’est donc pas du tout question de sables bitumineux ni même de pétrole!

Je ne suis évidemment pas en faveur de ces dépenses, j’en parlais d’ailleurs dans un de mes premiers billets. Ceci dit, les sables bitumineux sont loin d’être l’industrie la plus subventionnée au Canada…

En second lieu, on constate que la grande part du soutien fédéral à l’industrie pétrolière est sous forme de « dépenses fiscales », qui auraient totalisé $3.5 milliards entre 2006/07 et 2010/11. Ce chiffre se divise essentiellement en deux postes.

Premièrement, il s’agit de $1.9 milliards en déductions pour actions accréditives reliées aux secteurs énergétiques, miniers et des énergies propres. De cette somme, le gouvernement ne sait pas quelle proportion visaitexpressément les entreprises impliquées dans les combustibles fossiles, il y a donc une part de ce montant qui a financé la construction d’éoliennes. En fait, je ne connais pas d’entreprise impliquée dans les sables bitumineux qui ait émis de telles actions. Les actions accréditives sont émises par des entreprises qui ont accumulé des déductions fiscales non-utilisées (comme par exemple des pertes financières) et leur permettent de les transférer directement aux actionnaires. Il faut bien comprendre que si ces entreprises avaient émis des actions ordinaires et s’étaient mises à faire des profits, elles auraient pu utiliser ces déductions et économiser ces montants d’impôts. Les actions accréditives ne sont donc pas une véritable subvention fiscale, elles ne font que transférer une déduction d’une entreprise à un individu. Le but deleur existence est d’aider de petites entreprises non-rentables à trouver du financement, pas à financer de gros projets pétroliers.

Deuxièmement, le rapport mentionne une déduction fiscale pour

l’amortissement accéléré qui a totalisé $1.5 milliards sur les 5 ans de la période étudiée. J’avais brièvement fait allusion à cette politique dans ce billet. Elle fut introduite durant la récession pour stimuler l’investissement et relancer l’économie en permettant aux entreprises de reporter l’impôt dans le temps lorsqu’elles font des investissements. À cet égard, permettez-moi de citer directement le rapport du gouvernement :

« La plupart des dépenses fiscales en faveur des combustibles fossiles recensées par le Ministère aux fins de l’établissement de la présente étude correspondent à des déductions accélérées. Ces déductions favorisent les investissements en permettant aux entreprises d’amortir certains actifs plus rapidement que si leurs coûts étaient amortis sur toute la durée de vie utile des actifs, ce qui leur permet de réduire les impôts qu’elles doivent payer à court terme. Ces déductions n’ont aucune incidence sur le montant total de l’impôt que doit payer une entreprise à long terme, mais elles lui permettent de le reporter à une période d’imposition ultérieure. »

Il faut mentionner que toutes les entreprises étaient éligibles à cette déduction, pas seulement les entreprises de sables bitumineux. Mais plus important encore, cette mesure ne réduira pas les impôts payés par ces entreprises, elles ne feront que modifier leur répartition dans le temps! La subvention n’est donc pas équivalente à ce montant total, mais plutôt au manque à gagner du gouvernement en termes d’intérêts. En fait, c’est un peu comme un prêt sans intérêt, donc en utilisant une somme de $300 millions par année au taux de 3% on obtient un coût de $9 millions…

Conclusion

Je suis évidemment contre toute subvention aux entreprises, peu importe l’industrie. Ceci dit, il est faux de prétendre que l’industrie pétrolière est davantage subventionnée que les autres. En fait, l’industrie aéronautique Québécoise ou l’industrie automobile Ontarienne ont reçus bien plus de cadeaux du fédéral que les sables bitumineux albertains. Par ailleurs, comme je l’ai démontré ci-haut, la mesure de ce soutient étatique est nettement exagérée par la gauche. L’amortissement accéléré ne fait que déplacer l’impôtdans le temps, il ne le réduit pas, tandis que la recherche universitaire sur la capture du carbone n’a rien à voir avec les sables bitumineux. La réalité est que l’industrie pétrolière reçoit bien peu d’aide de l’État et c’est très bien

comme ça.

Fantasmes et réalités de la « Renzinomics » en ItaliePar Pierre de Gasquet | 10/04 | Les Echos

Si le nouveau président du Conseil italien tranche par son style, il n'y a pas de rupture fondamentale avec son prédécesseur, Enrico Letta, sur le plan des réformes économiques. Tout juste une manière radicalement différente de mettre en scène sa politique.

On ne pourra plus dire que Matteo Renzi brasse de l'air. C'est bien pourquoi, mardi soir, son air dégagé tranchait avec le visage soucieux de son ministre de l'Economie, Pier Carlo Padoan. Certes, deux semaines après son arrivée auPalazzo Chigi, rien n'est gagné. La plupart de ses réformes restent encore « sur le papier ». Le chômage a atteint la barre des 13 % en février et Rome a même dû réviser à la baisse sa prévision de croissance du PIB de 1,1 % à 0,8 % pour 2014. Mais, depuis ce 8 avril, le financement de la baisse des impôts pour les quelque 10 millions de salariés italiens dont le revenu mensuel n'excède pas 1.500 euros net est désormais acquis. Et, n'en déplaise aux sceptiques, il n'est pas exclu que la « méthode Renzi » commence à faire école en Europe. « Matteo Renzi nous a donné une bonne leçon politique. Aujourd'hui, c'est la France qui apparaît comme le principal homme malade de l'Europe », résume un diplomate. En trois conférences de presse et une tournée européenne, le successeur d'Enrico Letta a réussi à se poser en chef de file duparti anti-austérité en Europe, à ringardiser une bonne partie de la classe politique traditionnelle et à fédérer les « forces vives » de la troisième économie de la zone euro. Déjà un exploit de taille. Hormis son niveau massif d'endettement, à 133 % du PIB (le deuxième plus élevé d'Europe après

la Grèce), l'Italie - avec son excédent primaire (hors intérêts sur la dette) et saprévision de déficit de 2,6 % en 2014 - semble désormais sur une trajectoire budgétaire (presque) plus « vertueuse » que Paris. Les investisseurs internationaux, BlackRock et la People's Bank of China en tête, sont de retour. « Le ciel s'éclaircit », titre même une récente étude de Credit Suisse sur l'Italie, en notant que « la dynamique de la dette s'oriente dans la bonne direction », sous réserve d'un réel rebond de la croissance. Il est un peu tôt pour parler d'un retour de la confiance, mais le frémissement est palpable.

La « Renzinomics » prend corps. Même si l'effort semble plus modeste que prévu (avec 4,5 milliards d'euros d'économies structurelles prévues en 2014), la réduction des dépenses publiques n'en reste pas moins un début de révolution dans la péninsule. A ce stade, la principale mesure phare annoncée par Matteo Renzi porte sur la baisse des prélèvements pour les 10 millions desalariés dont les revenus annuels ne dépassent pas 25.000 euros. « A travers cette mesure paieront ceux qui n'ont jamais payé et recevront ceux qui n'ont jamais rien reçu », a résumé, le 8 avril, Matteo Renzi, dans le cadre de la présentation du Document d'économie et finances (DEF), en décrivant la manoeuvre comme une « opération de justice sociale ». Déjà annoncée à la mi-mars, cette dernière va se traduire concrètement par une économie de 1.000 euros par an pour les salariés concernés (soit 80 euros de plus sur leur feuille de paie mensuelle). Coût de l'opération : 6,5 milliards d'euros en 2014 (et 10 milliards d'euros en année pleine) qui seront financés pour partie par la réduction du train de vie de l'Etat et pour partie par les banques.

C'est vrai : rien ne dit que l'électrochoc de la « Renzinomics », basé sur la relance de la demande, sera couronné de succès. Hormis cette opération de « justice sociale », il n'y a rien de particulièrement original, ni de très radical, dans son cocktail de mesures blairistes et de réformes du travail Hartz-Schröder de 2003. Or, face au doublement en six ans du taux de chômage desjeunes (à 42 %) dans la péninsule, nul doute que le succès de la réforme de l'emploi sera un test crucial. Sur ce terrain à haut risque, Matteo Renzi vise clairement à s'inspirer du « modèle allemand » en facilitant l'enchaînement des contrats à durée déterminée (de douze à trente-six mois) et en simplifiant le régime de l'apprentissage. Mais, en dépit de l'enthousiasme qu'il suscite ici ou là, le « modèle Renzi » reste surtout un double pari sur la reprise et le recul de la bureaucratie. Pour la plupart des observateurs, il n'y a pas de rupture fondamentale avec son prédécesseur, Enrico Letta, sur le plan des

réformes économiques. Tout juste une manière radicalement différente de mettre en avant les objectifs concrets de la réduction du train de vie de l'Etat et les bénéfices d'une nouvelle approche fiscale.

Aux yeux des analystes, la vraie marque de fabrique de la « Renzinomics » est surtout la gestion serrée de son calendrier. L'idée même d'une accélérationde la politique tient du miracle dans la péninsule. « Son risque majeur est qu'il perde le rythme », confie le patron d'un grand groupe industriel du nord de l'Italie. Habile tacticien, Matteo Renzi n'hésite pas à changer de pied le caséchéant. Contre toute attente, après avoir critiqué l' « anachronisme » du pacte de stabilité européen, il s'est bien gardé de remettre en cause l'objectif d'un déficit limité à 2,6 % du PIB pour 2014. Pas question de s'aligner sur les « mauvais élèves » de la zone euro ou de dilapider le précieux acquis de ses prédécesseurs. C'est plutôt sur le rythme de réduction de la dette qu'il entend obtenir du lest au second semestre. Même si les doutes subsistent sur la vigueur de la reprise italienne, l'ancien maire de Florence a réussi à modifier l'équilibre des forces en Europe.

Pour l'heure, sa grande force reste de tenir son échéancier. Ce n'est plus un « bateleur », c'est un marathonien. Au moindre essoufflement, il risque de perdre sa crédibilité. Mais si elle tient la distance, la méthode Renzi pourrait encore réserver des surprises.

Pierre de Gasquet

Correspondant à Rome

Les points à retenirEn quelques semaines, le successeur d'Enrico Letta a réussi à se poser en chefde file du parti « anti-austérité » en Europe, et à ringardiser une bonne partie de la classe politique traditionnelle.Avec son excédent primaire et sa prévision de déficit de 2,6 % en 2014, l'Italie semble désormais sur une trajectoire budgétaire (presque) plus vertueuse que la France.Même si l'effort paraît plus modeste que prévu, la réduction des dépenses publiques n'en reste pas moins un début de révolution dans la Péninsule.

Cette nuit en Asie : coup dur pour le commerceextérieur chinois

Par Gabriel Gresillon et Yann Rousseau | 10/04 | Les Echos

Les exportations chinoises ont cédé 6,6% sur un an en mars, à 170 milliards de dollars. Le solde extérieur de la Chine est toutefois excédentaire, après un déficit en février.

Les exportations chinoises ont chuté de 6,6% sur un an en mars, à 170 milliards de dollars - AFPLes économistes n’anticipaient qu’un chiffre maussade, celui publié ce jeudi matin est franchement mauvais. Les exportations chinoises ont chuté de 6,6%sur un an en mars, à 170 milliards de dollars, tandis que les importations, elles, reculaient de 11,3%, à 162 milliards. Si le pays affiche à nouveau un excédent mensuel, contrairement au scénario de février, c’est bien un coup defroid qu’a connu, le mois dernier, le secteur exportateur chinois. L’administration des douanes ne s’en cache pas, reconnaissant dans un communiqué que «la Chine voit ses avantages compétitifs dans les échanges commerciaux traditionnels éclipsés par des facteurs négatifs, dont la concurrence montante des pays voisins».

Mais elle invite à ne pas dramatiser la situation, car un effet de base biaise leschiffres du premier trimestre. En effet, début 2013, une fraude s’était développée rapidement : de fausses transactions commerciales permettaient de faire rentrer sur le territoire des yuans afin de spéculer à la hausse sur la devise chinoise. Cette pratique avait artificiellement gonflé les chiffres du commerce extérieur, ce qui accentue l’effet négatif, un an plus tard. Pour Pékin, le commerce extérieur chinois devrait donc se redresser dans les prochains mois, car la fraude de l’année dernière avait rapidement été

éradiquée. L’objectif d’une croissance de 7,5% du commerce extérieur sur l’année serait encore tenable, veut croire Pékin. Ce mauvais signal intervient malgré tout dans un contexte défavorable pour l’économie chinoise, dont le secteur manufacturier traverse une mauvaise passe, obligeant Pékin à opter pour des mesures de relance ciblées .

Face à la menace chinoise, du beach-volley et de la bière

A moins qu’un typhon ne vienne jouer les trouble-fêtes, comme ce fut le cas l’année dernière, les Philippines et le Vietnam s’apprêtent à organiser, sur unepetite île située dans l’archipel des Spratleys, une rencontre amicale entre dessoldats de leurs marines respectives. Au menu des festivités, une compétition de beach volley, des boissons et de la musique. Symbolique, ce projet en dit long sur l’évolution des rapports de force diplomatiques à l’œuvre en Asie dusud-est.

Alors que l’île sur laquelle se déroulera la rencontre fait l’objet d’un contentieux persistant entre Manille et Hanoi - et qu’elle fut reprise par le Vietnam aux Philippines en 1975 -, les deux pays ont décidé d’afficher une volonté d’apaisement. Ce geste trouve son explication dans le souhait, de plus en plus palpable dans la région, de faire front commun face aux ambitions territoriales de la Chine . L’archipel des Spratleys illustre la complexité du sujet, puisque les Philippines, la Malaisie et Brunei en revendiquent certaines parties, tandis que la Chine, Taïwan et le Vietnam veulent les incorporer intégralement à leur propre territoire. Mais la Chine finit par se mettre à dos l’intégralité de ses voisins du sud, puisqu’elle ne revendique pas moins de 90% de la surface de la mer de Chine du Sud. Particulièrement intransigeante sur l’ensemble de ces dossiers, maniant un discours qui prétend prôner le dialogue mais qui pose comme axiome de départ que ses revendications territoriales ne sont pas négociables, elle incite de plus en plus les pays de son pourtour à faire front commun.

Le match de beach-volley qui se prépare n’est que l’une des illustrations du rapprochement à l’œuvre entre Manille et Hanoi. Ainsi, le chef des armées philippines se rendra à Hanoi en mai, tandis que les marines des deux pays sesont entendues pour renforcer leur coopération. Les deux pays intensifient également leurs discussions avec la Malaisie pour tenter de trouver une approche unifiée face à Pékin. Paradoxalement, la menace chinoise pourrait

donc agir comme une puissante incitation à trouver un terrain d’entente sur les litiges territoriaux qui empoisonnent constamment les relations entre ces pays du sud-est asiatique.

La limite de cette dynamique pourrait être imposée par Pékin lui-même. Le régime chinois veut à tout prix maintenir ses discussions territoriales sur des bases bilatérales, et pourrait utiliser sa puissance économique pour exercer des pressions fortes sur chacun de ses voisins afin qu’ils n’aillent pas trop loin dans leur stratégie du front commun.

Séoul prévoit un aéroport près des îles revendiquées par Tokyo

Cherchant à affirmer plus fermement sa souveraineté sur des îlots isolés de la mer du Japon, que revendique aussi Tokyo, les autorités sud-coréennes viennent de révéler qu’elles prévoyaient de bâtir un nouvel aéroport près de cette zone contestée pour notamment accroître le flux de touristes sud-coréens dans ces îles. Un aéroport, capable d’accueillir de petits avions de 50 places, pourrait être construit d’ici à 2020 sur l’île inhabitée d’Ulleungdo ou sur l’île Heuksando tout au sud de la péninsule.

«Si les aéroports sont construits, ils seront accessibles en moins d’une heure de n’importe quel autre aéroport du pays», a expliqué le ministère sud-coréendes Transports, qui veut réduire les temps de voyage entre son territoire et lesîles Dokdo - baptisées Takeshima au Japon. Il faut actuellement près de sept heures en bus puis dans différents navires pour rejoindre ces îlots depuis Séoul. Encouragées par le gouvernement, plus de 250.000 personnes avaient fait le voyage l’an dernier. Si Tokyo n’a pas encore réagi à cette nouvelle initiative, le Japon avait récemment annoncé une ré-écriture de certains manuels scolaires pour rappeler à ses enfants que les îles Takeshima sont bienjaponaises et qu’elles sont illégalement occupées par des troupes sud-coréennes.

L’heure de vérité pour le géant chinois de la viande de porc

Le géant chinois WH a lancé, jeudi matin à Hong Kong, une introduction en Bourse qui pourrait être la deuxième plus importante de l’histoire de l’industrie agroalimentaire, après celle effectuée par Kraft Food en 2001. WH, qui s’appelait auparavant Shuanghui et s’était illustré, l’an dernier, par l’acquisition, pour plus de 7 milliards de dollars, du groupe américain

Smithfield, pourrait lever jusqu’à 5,3 milliards de dollars, d’après l’agence Reuters. A titre de comparaison, Kraft avait obtenu 8,7 milliards de dollars en2001.

WH ne s’en cache pas : l’essentiel de ces fonds devrait précisément servir à digérer l’acquisition de Smithfield. La dette se situait à 236% de la valeur desfonds propres à la fin décembre, contre 7% un an plus tôt… La levée de fonds de WH pourrait donc constituer l’heure de vérité de l’acquisition ambitieuse réalisée l’année dernière. Quoique celle-ci semble pertinente au plan stratégique, puisqu’elle a permis à WH de sécuriser ses approvisionnements de porc ainsi que la qualité de sa production, elle reste extrêmement lourde au plan financier. WH compte sur la croissance de la consommation de viande de porc, qui semble se confirmer dans un pays qui représente déjà plus de la moitié du marché mondial, pour balayer les inquiétudes éventuelles des investisseurs.

USA: le niveau bas de l'inflation est "inacceptable"(Evans/Fed)

09/04 | Les Echos

Un responsable de la Réserve fédérale américaine (Fed) s'est inquiété mercredi du niveau trop bas de l'inflation aux Etats-Unis qui exige encore, selon lui, une politique monétaire "fortement" accommodante.Charles Evans, président de l'antenne régionale de Chicago de la Réserve fédérale, membre non-votant cette année au sein du Comité de politique monétaire (FOMC), estime que le niveau de l'inflation est "inacceptable". La hausse des prix sur un an en février s'est établie à 0,9% aux Etats-Unis, selon l'indice PCE.Dans ces conditions, "nous devons poursuivre une politique monétaire fortement accommodante pour pousser l'inflation jusqu'au niveau de 2% dansun laps de temps raisonnable", affirme M. Evans dans un discours prononcé lors d'une conférence à Washington."Cette inflation basse est un phénomène mondial et il est difficile de dire si tous les dirigeants dans le monde ont pris pleinement acte de ce défi", ajoute ce responsable. Il explique qu'une médiocre évolution des prix est "très coûteuse" pour les économies puisqu'elle renchérit l'endettement et va de pairavec une faible croissance.

M. Evans fait partie des "quelques" membres du Comité de politique monétaire (FOMC) de la Fed soucieux d'une inflation trop basse. "Certains sont inquiets du fait que l'inflation ne revienne pas à 2% dans les deux ans qui viennent", ont rapporté mercredi les minutes de la Fed qui rendaient compte de la réunion du FOMC des 18 et 19 mars.La Fed vise un objectif d'inflation de 2% à moyen terme. Une majorité des responsables du Comité monétaire a confiance dans le fait que la hausse des prix atteindra cet objectif et que l'économie peut supporter une réduction progressive du soutien financier exceptionnel de la Fed.Un seul membre du FOMC, Narayana Kocherlakota, avait voté, le 19 mars, contre les décisions du Comité monétaire estimant qu'il ne faisait pas assez cas de cette inflation "basse de façon persistante".

La fabrication du consentement, par NoamChomsky

Blog de Olivier Berruyer 10 avril 2014

Les plus fidèles du blog savent l’intérêt que je porte à l’oeuvre de Noam Chomsky, en particulier sur le domaine de la “fabrication de l’opinion publique” par les médias. C’est tellement d’actualité !

Je reprends donc sur ce thème ce billet de l’excellent blog www.noam-chomsky.fr.

Extrait du livre La fabrication du consentement, par Noam Chomsky et Edward Herman, Editions Agone.

La fabrication du consentement, 2002

L’ouvrage de Noam Chomsky et Edward Herman, Manufacturing consent, vient de reparaître dans sa version intégrale sous le titre La fabrication du consentement : une nouvelle édition revue et actualisée, une nouvelle traduction [1] aux Editions Agone.

On lira ci-dessous, précédé d’une rapide présentation du livre, de très larges extraits de l’analyse de l’un des filtres du « modèle de propagande » proposé par les auteurs : le filtre constitué par les

sources d’information.

Présentation de l’éditeur

« Dans cet ouvrage, désormais un classique outre-Atlantique (1988, rééd. 2002), les auteurs présentent leur « modèle de propagande », véritable outil d’analyse et de compréhension de la manière dont fonctionnent les médias dominants. Ils font la lumière sur la tendance lourde à ne travailler que dans le cadre de limites définies et à relayer, pour l’essentiel, les informations fournies par les élites économiques et politiques, les amenant ainsi à participer plus ou moins consciemment à la mise en place d’une propagande idéologique destinée à servir les intérêts des mêmes élites.

En disséquant les traitements médiatiques réservés à divers événements ou phénomènes historiques et politiques (communisme et anticommunisme, conflits et révolutions en Amérique Latine, guerres du Vietnam et du Cambodge, entre autres), ils mettent à jour des facteurs structurels qu’ils considèrent comme seuls susceptibles de rendre compte des comportements systématiques des principaux médias et des modes de traitement qu’ils réservent à l’information. Ces facteurs structurels dessinent une grille qui révèle presque à coup sûr comment l’inscription des entreprises médiatiques dans le cadre de l’économie de marché en fait la propriété d’individus ou d’entreprises dont l’intérêt est exclusivement de faire du profit ; et comment elles dépendent, d’un point de vue financier, de leurs clients annonceurs publicitaires et, du point de vue des sources d’information, des administrations publiques et des grands groupes industriels. »

En attendant de proposer ici même une présentation plus détaillée, on se bornera à ajouter que La fabrique du consentement propose une modélisation de la propagande – ce que les auteurs appellent « Le modèle de propagande »– qui repose sur l’identification de cinq filtres : 1. Tailles, actionnariat, orientation lucrative – 2. La régulation par la publicité – 3. Les sources d’information – 4. Contrefeux et autres moyens de pressions 5. L’anticommunisme.

Extrait

(sous-titres d’Acrimed)

Chapitre I. Un modèle de propagande3. Troisième filtre : Les sources d’information

Les médias sont en symbiose avec de puissantes sources d’information pour des raisons économiques et du fait d’intérêts partagés. Ils ont impérativement besoin d’un flux continu et stable d’information brute. Ils sont confrontés à une demande d’information quotidienne et à une grille horaire qu’ils doivent remplir. Pour autant, ils ne peuvent se payer le luxe de maintenir en permanence reporters et caméras partout où un événement important peut se produire. Les limites de leurs budgets leur imposent donc de concentrer leurs moyens là où les événements significatifs sont les plus fréquents, où abondent fuites et rumeurs, et où se tiennent régulièrement des conférences de presse.

Des sources officielles

La Maison-Blanche, le Pentagone, et le département d’État à Washington sont des épicentres de ce type d’activités. Au niveau local, la mairie et le siège de la police jouent le même rôle. Les grandes entreprises et sociétés commerciales sont également des producteurs réguliers et crédibles d’informations jugées dignes d’être publiées. Ces bureaucraties produisent enmasse un matériel idéal pour alimenter la demande d’un flux régulier et planifié d’information, qui est celle des salles de rédaction : selon

ce« principe d’affinité bureaucratique, seules d’autres bureaucraties peuventsatisfaire aux besoins d’une bureaucratie de l’information [2] ».

Les sources proches du gouvernement ou des milieux d’affaires ont aussi le grand avantage d’être reconnues et crédibles sur la seule base de leurs statut et prestige – ce qui est très important pour les médias. Mark Fishman observeque « les travailleurs de l’info sont prédisposés à prendre les déclarations des bureaucrates pour argent comptant car ils participent au renforcement d’un ordre normatif accréditant les experts officiels de la société. Les journalistes se comportent comme si les personnes autorisées savaient ce qu’il est de leur responsabilité professionnelle de savoir.[…] En particulier, un journaliste tiendra les allégations d’un responsable, non pour de simples allégations, mais pour des faits crédibles et établis. Cela revient à une division morale du travail : les responsables connaissent et communiquent les faits, les journalistes les relaient pour l’essentiel [3] ».

Autre raison du poids considérable accordé aux sources officielles : les médias prétendent dispenser « objectivement » l’information. Afin de préserver cette image d’objectivité, mais surtout pour se mettre à l’abri de toute accusation de partialité et d’éventuelles poursuites pour diffamation, ils ont besoin de sources qui puissent être données comme a priori au-dessus de tout soupçon [4]. C’est aussi une question de coût : tirer des informations de sources tenues pour crédibles réduit d’autant les frais d’enquêtes ; tandis que les autres informations impliquent de minutieux recoupements et des recherches coûteuses.

La taille des services de communication des bureaucraties gouvernementales comme privées qui sont les sources primaires d’information est immense ; et elle assure un accès privilégié aux médias. Le service de presse du Pentagone, par exemple, emploie plusieurs dizaines de milliers de personnes et dépense annuellement des centaines de millions de dollars. En comparaison, les groupes ou individus dissidents sont des nains – pris individuellement mais également si on additionne les capacités de communication de toutes les organisations de ce type. Pour 1979-1980, au cours d’une très éphémère période d’ouverture (bien révolue), l’US Air Force(USAF) détailla l’ensemble de sa communication, soit :

• 140 journaux, tirant à 690 000 exemplaires par semaine ; • Airman Magazine, mensuel tirant à 125 000 exemplaires ;

• 34 radios et 17 chaînes de télévision émettant principalement à l’étranger ;

• 45 000 communiqués de QG et d’unités ; • 615 000 communiqués concernant des personnels [5] ; • 6 600 interviews avec des médias d’information ; • 3 200 conférences de presse ; • 500 vols de repérage pour des journalistes ; • 50 rencontres avec des rédactions ; • 11 000 discours [6] .

Mais cela exclut encore de vastes domaines où s’exercent aussi les efforts d’information du public de l’USAF. En 1970, le sénateur J. W. Fulbright écrivait qu’en 1968 les services d’information de l’USAF employaient à pleintemps 1 305 personnes, auxquels s’ajoutaient plusieurs milliers d’autres ayant« des fonctions de représentation parallèlement à d’autres responsabilités [7] ». À l’époque, l’USAF proposait aux télévisions une séquence filmée par semaine et enregistrait un programme destiné à être diffusé trois fois par semaine par 1 139 stations de radio. Elle produisit en outre cent quarante-huit films de cinéma, dont vingt-quatre furent distribués pour le grand public [8]. Selon des données plus récentes, l’USAF publiait deux cent soixante-dix-sept journaux en 1987 contre cent quarante en 1979 [9].

Encore ne s’agit-il là que de l’armée de l’air. Les trois autres armes sont dotées de moyens tout aussi énormes, auxquels s’ajoute un programme globald’information tous publics sous la responsabilité d’un secrétaire-adjoint à la Défense pour les relations publiques au Pentagone. En 1971, une enquête de l’Armed Forces Journal révéla que le Pentagone éditait au total trois cent soixante et onze magazines, dont le coût de publication se chiffrait à quelque cinquante-sept millions de dollars, soit un budget représentant seize fois celuidu plus grand éditeur américain. Lors d’une remise à jour, en 1982, le même journal des forces armées indiquait que le Pentagone publiait 1 203 périodiques [10].

Pour donner une meilleure idée, comparons avec les moyens de l’American Friends Service Committee (AFSC) et du National Council of the Churches of Christ (NCC), soit deux des plus grandes ONG qui font entendre un point de vue défiant celui du Pentagone. Le secrétariat central des services

d’information de l’AFSC disposait pour l’année 1984-1985 d’un budget inférieur à cinq cent mille dollars, pour une équipe de onze personnes. Annuellement, il publiait environ deux cents communiqués de presse, organisait environ trente conférences de presse et produisait un film et deux ou trois montages audiovisuels. Il ne proposait aucune séquence filmée ni programme radio préenregistrés aux médias. Le bureau d’information du NCC dispose, lui, d’un budget de quelque trois cent cinquante mille dollars, produit une centaine de communiqués et quatre conférences de presse par an [11]. Le ratio des communiqués de presse pour les deux ONG par rapport à l’USAF est de un pour cinquante (ou, si l’on compte aussi les communiquéssur les personnels de l’USAF, de un pour deux mille deux cents) ; celui des conférences de presse est de un pour quatre-vingt-quatorze – mais si on pouvait tenir compte de l’ensemble des services de communication du Pentagone, le différentiel se creuserait encore considérablement.

En matière de relations publiques et de propagande, seul le monde des affaires dispose des moyens de rivaliser avec le Pentagone et les autres services gouvernementaux. Ainsi, à la différence de l’AFSC et du NCC, Mobil Oil peut-il se permettre de dépenser des dizaines de millions de dollarspour acheter de l’espace dans différents médias et imposer ses vues [12].

En 1980, le budget relations publiques de Mobil Oil s’élevait à vingt et un millions de dollars et employait soixante-treize personnes. Entre 1973 et 1981, ce service produisit plus d’une douzaine de documentaires télévisés surdes sujets comme les fluctuations du prix de l’essence, allant jusqu’à payer des journalistes vedettes de la télévision pour interviewer les responsables de Mobil entre autres experts. Fréquemment diffusés à la télévision, ces documentaires l’étaient généralement sans aucune mention de leur financement par Mobil.

Le nombre d’entreprises qui disposent de budgets de communication et de lobbying excédant ceux de l’AFSC et du NCC se chiffre en centaines voire en milliers. Un regroupement d’entreprises comme la Chambre de commerce des États-Unis se prévalait d’un budget de recherche, communication et activités politiques d’environ soixante-cinq millions de dollars [13] . À partir de 1980, la Chambre publia leNation’s Business, tirant à 1,3 million d’exemplaires, et un hebdomadaire comptant 740 000 abonnés. Elle produisait en outre une émission hebdomadaire dont quatre cents stations de

radio assuraient la diffusion et sa propre émission de débats télévisés, retransmise par cent vingt-huit chaînes commerciales [14].

Mis à part ce célèbre organisme, des milliers d’autres chambres de commerce, régionales ou fédérales, et d’associations commerciales se sont engagées dans des activités de promotion et de lobbying. Le réseau qu’elles ont tissé avec les industriels « compte bien plus de 150 000 professionnels [15] » et les moyens qu’il réunit sont proportionnels aux revenus et bénéfices de l’industrie et au retour sur investissement des campagnes promotionnelles et du lobbying. Les profits avant impôt de l’industrie pour 1985 étaient d’environ 295,5 milliards de dollars. Lorsque la situation politique inquiète les milieux d’affaires, comme ce fut le cas dans les années 1970, ils ne manquent assurément pas de moyens de faire face. Les seuls fonds consacrés à la promotion de l’industrie et de ses objectifs sont passés de 305 millions de dollars en 1975 à 650 millions en 1980 [16]. Les campagnes directes par courriers, sous forme de concours et autres prospectus, la distribution de films éducatifs, de brochures, de pamphlets, les dépenses dans le cadre d’initiatives populaires et de référendums et les investissements dans les sondages, le lobbying politique et les think tanks ontsuivi la même progression. Additionnés, les investissements promotionnels des entreprises et de leurs associations commerciales dans la publicité politique et visant les citoyens de base étaient déjà estimés à un milliard de dollars par an en 1978, et avaient passé le cap des 1,6 milliard de dollars en 1984 [17].

Des médias subventionnés

Afin de renforcer leur prédominance comme sources d’information, les fabricants gouvernementaux et commerciaux d’information se donnent beaucoup de peine pour faciliter la vie des médias. Ils mettent à leur disposition des locaux, font parvenir à l’avance aux journalistes les textes desdiscours et des rapports, ajustent les horaires des conférences de presse en fonction des délais de bouclage [18] ; rédigent leurs communiqués dans un langage qui peut être facilement repris ; veillent à la mise en scène de leurs conférences de presse et de leurs séances photo [19]. C’est le travail des chargés de communication que de « répondre aux besoins et à la temporalité journalistique en leur livrant un matériel préparé clés en main par leurs services [20] ».

Dans les faits, les grandes bureaucraties des puissantssubventionnent les médias et s’y assurent un accès privilégié en réduisant les coûts des nouvellesbrutes et de production de l’information. Elles deviennent ainsi des sources d’information « de routine » et ont libre accès aux médias tandis que les autres sources doivent se battre pour obtenir un accès et peuvent être ignoréespour cause d’arbitraire des gate-keepers [portiers de l’information].

S’agissant des largesses du Pentagone et du bureau de relations publiques du département d’État, ces subventions aux médias sortent de la poche du contribuable de telle sorte qu’en fin de compte ce dernier paye pour être endoctriné dans l’intérêt de puissants groupes d’intérêts comme ceux qui bénéficient de contrats d’armement et autres sponsors du terrorisme d’État.

Du fait des services qu’ils rendent, de contacts quotidiens et de leur dépendance réciproque, les puissants peuvent compter sur des relations personnelles, recourir à la carotte et au bâton pour influencer et contrôler un peu plus les médias. Ceux-ci se sentiront obligés de colporter les nouvelles les plus douteuses et de taire les critiques pour ne pas froisser leurs sources ou ternir des relations aussi privilégiées.

Le 16 janvier 1986, l’American Friends Service Committee publia une dépêche indiquant qu’on avait dénombré, entre 1965 et 1977, trois cent quatre-vingt-un accidents graves et « incidents » liés aux manipulations et fonctionnement d’armes nucléaires, un chiffre nettement supérieur à celui officiellement avancé jusque-là. Ces informations avaient été obtenues grâce à une requête s’appuyant sur le Freedom of Information Act. Les médias couvrirent ce sujet brûlant uniquement à travers la réponse des porte-parole de la marine américaine, qui firent de leur mieux pour minorer la portée significative de cette découverte et occulter ou noyer dans des généralités la majorité des faits mis à jour. Ainsi ce titre – particulièrement significatif – d’un article, « La Marine dresse la liste des dysfonctionnements nucléaires : selon ses services, aucun des six cent trente incidents ne mettait la populationen danger » (Washington Post, 16.01.86).

Il est assez difficile, même lorsqu’elles soutiennent des énormités, de contredire les autorités dont on tire les mensonges quotidiens qui alimentent le journal du soir. Et les sources critiques peuvent être écartées non seulementparce qu’elles sont moins accessibles et plus difficilement vérifiables mais aussi parce qu’on pourrait froisser les sources primaires – qui pourraient

même se faire menaçantes.

Ces sources puissantes peuvent aussi utiliser leur prestige et leur importance comme un levier pour interdire aux critiques l’accès aux médias. Le département de la Défense, par exemple, refusait de prendre part à des débatsradiophoniques à propos de questions militaires si des experts du Center for Defense Information comptaient parmi les invités [21]. Elliott Abrams [22] refusait d’apparaître au programme d’une série de conférences sur les droits humains en Amérique centrale – à la Kennedy School of Government de l’université de Harvard – si l’ancien ambassadeur Robert White n’était pas exclu de la liste des intervenants. Enseignant à Harvard et superviseur l’émission, Harvey Mansfield déclara que, de toutes façons, inviter Robert White avait été une erreur car « c’était un représentant de la gauche ultra » tandis que le forum avait pour objet de lancer un débat « entre libéraux et conservateurs » [23]. La journaliste Claire Sterling refusait de participer à desdébats télévisés au sujet de la « filière bulgare » où ses critiques auraient eu un droit de parole [24]. Dans ces deux derniers cas, les autorités et experts officiels parvinrent à monopoliser l’accès à l’espace public par la menace.

Plus essentiellement, ces sources puissantes tirent avantage des routines médiatiques (l’accoutumance et la dépendance à leur égard) pour pousser les médias à suivre un agenda et un angle prédéfini [25]– ainsi que nous pourrons le voir en détail dans les chapitres suivants. Ce mode de management consiste à inonder les médias de nouvelles qui peuvent servir à imposer une ligne particulière ou un angle spécifique (le Nicaragua supposé livrer illégalement des armes aux rebelles salvadoriens) ; ou, dans d’autres cas, pour concurrencer les nouvelles indésirables, voire les occulter purementet simplement (comme la prétendue livraison de Mig au Nicaragua la semaine des élections nicaraguayennes de 1984). On trouve trace de ce type de techniques au moins à partir du Committee on Public Information, chargé de coordonner la propagande durant la Première Guerre Mondiale : celui-ci « découvrit, en 1917-1918, que l’un des meilleurs moyens de contrôler l’information était de saturer les canaux de “faits” ou de tout ce qui pouvait ressembler à des informations officielles [26] ».

Des experts

La relation entre pouvoir et sources d’information dépasse le simple

approvisionnement en nouvelles quotidiennes par les autorités et les entreprises incluant la livraison d’« experts ». La prédominance des sources officielles demeure vulnérable face à l’existence de sources non-officielles extrêmement respectables qui délivrent les points de vue dissidents avec une grande autorité. Le problème est contrôlé grâce à « la cooptation des experts [27 » – c’est-à-dire en les rémunérant comme consultants, en finançant leurs recherches, en organisant des think tanks qui les emploieront directement et aideront à diffuser leur message. De la sorte, on peut créer des biais structurels en orientant la mise à disposition d’experts dans la direction souhaitée par les autorités et « le marché » [28]. Comme le soulignait Henry Kissinger, dans cet « âge des experts » la « communauté » des experts est constituée par « ceux qui ont un intérêt particulier dans les opinions communément admises, élaborant et définissant ces consensus à un haut niveau ; c’est ce qui en fait, en dernière analyse, des experts » [29]. Une telle évolution est tout à fait logique pour permettre aux opinions les plus communément admises (à savoir celles qui servent au mieux les intérêts des élites) de continuer à prévaloir.

Cette technique de création d’une communauté d’experts a été mise en œuvreen toute connaissance de cause et à grande échelle. En 1972, le juge Lewis Powell (qui devait plus tard être nommé à la Cour suprême) écrivit un mémo à l’attention de la Chambre de commerce américaine, pressant les milieux d’affaires « d’acheter les universitaires les plus réputés du pays afin de crédibiliser les recherches des entreprises et de leur donner davantage de poids sur les campus universitaires [30] ». On les achète et on s’assure que – selon les propres termes d’Edwin Feulner, de la Heritage Foundation – le domaine des politiques publiques soit « inondé de solides études scientifiques » aux conclusions adéquates. Dressant le parallèle avec Procter & Gamble vendant du dentifrice, Feulner expliquait qu’on peut « le vendre etle revendre jour après jour, en gardant simplement le produit toujours présent à l’esprit du consommateur ». Par un effort commercial, notamment en disséminant les idées appropriées dans « des milliers de journaux différents »,on peut limiter le débat « à des limites convenables » [31].

Conformément à cette formule, tout au long des années 1970 et au début des années 1980, on mit en place une série d’institutions, en réactivant de plus anciennes au passage, à seule fin d’imposer la propagande des industriels. Des milliers d’intellectuels furent attachés à ces institutions, qui financèrent

leurs recherches et assurèrent la diffusion de leurs analyses dans les médias au travers d’un système de propagande très élaboré. Leur financement par lesindustriels et l’orientation clairement idéologique de la démarche d’ensemblene nuisaient pas le moins du monde à la crédibilité de tels « experts » : bien au contraire, leurs soutiens financiers et la mise en exergue de leurs idées les catapultèrent dans les médias [32]. […]

Enfin, les médias produisent aussi leurs propres « experts », lesquels ne font en général que reprendre à leur compte la version officielle. John Barron [33]et Claire Sterling devinrent des références maison faisant autorité en matière de KGB et de terrorisme dès que leReader’s Digest eut financé, publié et vendu leurs ouvrages à grand renfort de publicité. De même le transfuge soviétique Arkady Shevchenko fut-il décrété expert en armement et services secrets soviétiques aussitôt que Time, ABC-TV et le New York Timeseurent décidé de le tenir pour tel (en dépit d’une crédibilité sévèrement ternie) [34]. En mettant massivement en avant ces prosélytes de la version officielle, les médias consacrent leur statut et les qualifient indiscutablement pour donner leur opinion et leurs analyses [35]

Autre catégorie d’experts dont l’omniprésence tient en grande part à leur servilité au pouvoir : les anciens radicaux pour qui, un beau jour, « tout est devenu clair »… Les raisons qui les ont fait basculer d’une divinité à l’autre, de Staline ou Mao à Reagan et à la « libre entreprise » sont diverses. Mais aux yeux de l’industrie de l’information, la raison de ce changement tient seulement à ce qu’ils ont finalement eu la révélation de leurs erreurs. Dans unpays où les citoyens accordent de la valeur aux notions de révélation et de repentance, ceux qui retournent leur veste y gagnent une auréole de pécheurs pénitents. Il est intéressant d’observer comment ces repentis, dont les engagements antérieurs étaient sans intérêt (sinon l’objet de railleries dans lesmédias) se trouvent subitement promus au titre d’authentiques experts. On pourra rappeler comment, à l’époque du maccarthysme, transfuges et ex-communistes rivalisaient, entre autres affabulations effrayantes, d’absurdités au sujet de l’imminence d’une invasion soviétique [36] . Ils trouvaient dans les médias un job sur mesure, brodant à la demande sur les mythes du moment. Le flux ininterrompu d’ex-radicaux propulsés de la marginalité aux feux de la rampe médiatique montre que nous sommes témoins d’une méthode durable de production d’experts, prêts à dire tout ce que l’establishment souhaitera. […]

© Noam Chomsky et Edward Herman