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GRATUIT YE G G LE FÉMININ RENNAIS NOUVELLE GÉNÉRATION N°24 AVRIL 2014 YEGGMAG.FR . . . FEMMES, AU - DELÀ DES FRONTIÈRES EUROPE PAGE 12

YEGG AVRIL 2014

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Féminin rennais nouvelle génération

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GRATUITYEGG L E F É M I N I N R E N N A I S N O U V E L L E G É N É R A T I O N

N°24 AVRIL 2014 YEGGMAG.FR

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FEMMES, AU- DELÀ DES FRONTIÈRES

EUROPE

PAGE 12

© CÉLIAN RAMIS

Celle qui

I MARINE COMBE

C’est une accoucheuse, Christine Barbedet. Pendant neuf mois, l’ar-tiste-plasticienne investit la MJC La Paillette, à

Rennes. Mais pas seulement. Son moteur étant la rencontre et les liens, elle a tissé sa toile dans le quartier, en vadrouillant dans le réseau du Secours catholique, de l’Institut Confucius de Bretagne, de la mai-son de retraite Léon Grimault et plus largement des réseaux européens. «  Notre rôle est de venir dans les interstices, dans les marges, pour détourer et créer des espaces de friction. Interroger, réfléchir, parta-ger, en discuter  », explique-t-elle, assise sur les marches de la ga-lerie qui surplombe l’ancien lavoir. C’est ce lieu empreint d’histoire de femmes qu’elle a choisi pour cette résidence  : «  J’aime beaucoup le domaine Saint-Cyr, qui était tenu par des bonnes sœurs pour remettre les jeunes femmes dans le droit chemin. Et là, des petites filles dansent du modern jazz dans un lieu où il était interdit de s’exprimer, j’adore ça  ». Elle aime les passerelles, le brassage des arts, ajouté au côté amateur des participants. Elle marche à la ren-contre, elle compose avec le désir. Son travail repose au départ sur les Ombres portées/déportées, expo-sées au Carré d’art à Chartres-de-

Bretagne. Une histoire de croyances qu’elle a ensuite décomposé en fa-briques d’images et de totems, qui prennent forme dans une exploration plastique et poétique, « CrÔyances, objets qui content  », et qui s’arti-culent autour de cabinets de curiosi-té constitués d’objets « qui comptent et qui content  ». Qu’elle a récupéré ou qu’elle a collecté lors de ses mul-tiples rencontres. Sur son chemin, elle a longuement discuté avec ses interlocuteurs, afin de retranscrire une partie de leur histoire et de leur lien affectif à l’objet confié. « On se livre à travers ça et l’imaginaire. On partage et une atmosphère se dé-gage, précise-t-elle. Je ne veux pas qu’on se débarrasse de ce qui nous encombre mais qu’on transmette. L’objet, en réalité, est désincarné, c’est notre regard que l’on pose des-sus qui lui donne de la valeur, de la vie ». Celle qui se décrit comme une intermittente de la plume, une journa-liste en bandoulière qui fait verbe ce qui est chair, interroge sa posture de professionnelle de l’info (journaliste depuis 30 ans, actuellement dans le comité de rédaction de la revue ren-naise Place Publique) : « La question de la vérité… Qu’est-ce qu’elle dé-gage derrière comme imaginaire ? » Concernant la réponse, rien n’est certain mais pour la restitution, c’est sûr, ce sera en juin à La Paillette.

voyage sur une terre d’histoires

Avril 2014 / yeggmag.fr / 03

© CÉLIAN RAMIS

RETROUVEZ CHRISTINE ZAZIAL DU LUNDI AU VENDREDI DE 6H À 9H SUR FRANCE BLEU ARMORIQUE (103.1 FM)

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Pas de raison qu’en avril, on ne se découvre pas d’un fil ! Et pas question d’attendre le mois de mai pour faire ce qu’il nous plait. Entre deux élections,

YEGG a choisi de s’intéresser aux femmes qui content des histoires mais aussi l’Histoire, et qui la font. Et c’est essentiel. Et en cette période où les droits des femmes sont mis à mal et sont remis en cause, quelle identité nous reste-t-il  ? Quels repères ? Quand les isoloirs sont boudés, quand la confiance en son gouvernement est fissurée, quand la crainte de l’austérité et de la radicalisation des opinions semble régnée et quand on ne parle plus que de la morosité ambiante… À Rennes, où il fait apparemment meilleur de vivre qu’ailleurs, nous ne sommes pas en panne d’inspiration. Et on pousse la réflexion encore plus loin. Alors que la campagne des élections municipales battait son plein – et faisait carton plein avec une forte abstention et une grande première historique avec deux listes de gauche en ballotage au second tour – certaines femmes (et certains hommes) avaient les yeux – plein d’étoiles ? - rivés sur un horizon lointain. Celui d’une égalité femmes-hommes pleinement défendue par les couleurs de l’Europe… Douce illusion ! (Et exagération, avouons-le) Ce qui est certain, c’est qu’elles-ils ne restent pas les bras croisés en attendant le tollé face à la montée des partis conservateurs, annoncée lors des Européennes en mai prochain, et au recul des droits des femmes, qui a évidemment démarré en trombe.

ÉDITO l AVRIL, SUR LE FIL…PAR MARINE COMBE, RÉDACTRICE EN CHEF

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UNE VIEILLE COLÈRE

SEXISME MÉDIATIQUE À LA UNE

Les femmes journalistes se mobilisent et prennent la Une. À l’initiative de Claire Alet, journaliste à Alternatives Économiques, le tumblr Prenons la Une vise à dénoncer la «  trop grande invisibilité

des femmes dans les médias  », ne représentant que « 18% des experts invités ». Un chiffre qui stagne depuis plusieurs années et qui pointe du doigt les disparités entre les sexes, maintenues par les médias. Le collectif souligne également, dans son manifeste publié le 3 mars dans Libération, le manque de considération et de reconnaissance envers les intervenantes invitées sur les plateaux (TV ou radio) et citées dans les colonnes de la presse écrite, «  trop souvent présentées comme de simples témoins ou victimes, sans leur nom de famille ni leur profession  ». À l’heure où nous écrivons ces lignes, 700 journalistes femmes ont signé le manifeste, rejoignant l’idée que les clichés et stéréotypes sexistes sont principalement véhiculés par les médias, notamment dans la représentation de la gente féminine en Une des journaux et magazines. Elles déplorent alors le manque de sensibilisation des journalistes à ce sujet ainsi que «  les inégalités professionnelles, (les) propos et attitudes sexistes au sein des rédactions ». L’étau se resserre donc sur cette profession censée représenter la société dans toutes ses composantes. Une initiative forte et poignante dans un milieu trop peu habitué à balayer devant sa porte… C’est là chose faite : prenons-la-une.tumblr.com

G r o n d e m é d i a t i q u e

SAUTES D’HUMEUR. . .

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I MARINE COMBE

I MORGANE SOULARUE

DOWN

Début mars, les artères de Rennes ont vu défiler une marée de blouses blanches. Les élèves infirmiers étaient en colère contre le système qui les prenait alors en otage dans le conflit qui

opposait l’Etat et les établissements privés de santé. Ces derniers refusant de les accueillir en stage pour signifier leur refus de voir baisser leurs tarifs facturés à la Sécu. Depuis, un accord a été trouvé et ce chantage abusif et injuste a cessé, au grand soulagement des élèves en soins infirmiers – dont la très grande majorité est féminine - déjà malmenés. Si l’on sait combien leur métier est dur, on sait moins en revanche que depuis plusieurs années ils tentent de faire réformer leur formation. Elle n’est plus, selon eux, en adéquation avec les réalités du terrain hospitalier, mais au-delà de cela, ils souhaitent voir leur statut étudiant évoluer et leurs conditions sociales s’améliorer. Étudiants de l’Enseignement Supérieur depuis 1992, ils dépendent toujours du Ministère de la Santé – il n’y a pas de cogestion concrète entre les deux ministères - et n’ont donc pas accès aux mêmes services que leurs congénères universitaires et notamment ceux du CROUS (logements étudiants, restauration universitaire…etc.). En outre, leurs bourses sont souvent 20 % moins élevées. On comprend donc leur ras le bol et qu’on puisse bientôt les revoir dans les rues pour manifester leur légitime colère.

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SOMMAIRE l AVRIL 2014

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Tête de rhizome . page 2Gueulante à la Une . page 6

Quand la prison bourgeonne . page 8La politique en bref . page 9Pipelettes au pair . page 10

Elles tricotent des étoiles . page 12Médée, figure de transmission . page 20

La culture en bref . page 22Lettre à la solitude . page 23Jugement dernier . page 24Les pommes ne font pas

des poires . page 25Gavottes bretonnes . page 26

LA RÉDACTION l NUMÉRO 24

MARINE COMBE l RÉDACTRICE EN CHEF, DIRECTRICE DE PUBLICATION l [email protected]ÉLIAN RAMIS l PHOTOGRAPHE, CRITIQUE CINÉMA l [email protected]

SOPHIE BAREL l MAQUETTISTE & ILLUSTRATIONS l [email protected] DE UNE l CÉLIAN RAMIS

MODÈLE DE UNE l MAËLIE TRUONGCRÉATION DE LA JUPE l ANNA LE REUN l www.underthebridge-creation.com

MARIE LE LEVIER l JOURNALISTE l [email protected] SOULARUE l JOURNALISTE l [email protected]

CHLOÉ RÉBILLARD l JOURNALISTE l [email protected]

ANNAÏG COMBE l CRITIQUE MUSIQUE & LIVRES l [email protected]

YEGG l 7 RUE DE L’HÔTEL DIEU 35000 RENNES

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LAURA LAMASSOURRE l JOURNALISTE l [email protected]

société

La 10ème édition du Printemps des Prisons se déroule du 4 au 12 avril. Un événement organisé par le GENEPI pour sensibiliser le grand public à la vie carcérale et pour décloisonner celle-ci.

DÉCRYPTAGE. . .

I MORGANE SOULARUE

« La prison c’est la privation de liberté, et non la violation des droits et le non

respect de la dignité humaine »

INTRA – EXTRA MUROS

« Tout ce qui aboutit à briser le mur de la prison, au sens intellectuel du terme, à apporter aux prisonniers la lu-mière du dehors et tout ce qui permet à ceux qui sont

dehors de mieux comprendre la prison, est incroyablement précieux. Voici la double fonction du GENEPI », ainsi Robert Badinter – qui en fut en 1976 son co-fondateur - définit-il le Groupement Etudiant National d’Enseignement aux Per-sonnes Incarcérées (GENEPI). Celui de Rennes fut l’un des premiers à voir le jour. Fort de son expérience, il met chaque année en place le Printemps des Prisons. Domitille Favreau, 25 ans, membre de son bureau, anime « 94° à l’ombre » le dimanche sur Canal B, de 12h à 14h, mainte-nant le lien entre détenus et monde extérieur au travers de messages et de dédicaces musicales. Le 6 avril l’émission se prolongera par une spéciale lors de laquelle une ex-détenue évoquera ces rapports intra-extra muros. «  Cet événement s’inscrit dans notre action générale, la-quelle s’axe autour de trois thèmes que sont l’intervention en prison, la réflexion sur la prison et la justice, et la sensibilisa-tion. Nous sommes là pour faire état de la réalité, éclairer les gens, décloisonner les institutions pénitentiaires et pourquoi pas essayer de faire bouger les choses… », confie Domitille. Inauguré vendredi 4 avril à 19h par une rencontre autour de la question de l’utilité de mener des activités socio-cultu-

relles en détention, à la médiathèque de Vezin-le-Coquet, le Printemps des Prisons vivra son moment fort le 12 avril avec l’installation d’un stand inter-associations du collectif prison de Rennes, place de la Mairie. « Nous reconstitue-rons une cellule, nous proposerons, entre autres, de cuisiner des produits cantinables sur une simple plaque électrique, et une randonnée urbaine autour des lieux en relation avec la justice », dévoile l’étudiante. Une manifestation nécessaire pour dénoncer les conditions carcérales, « 4 détenus dans 9 mètres carrés avec un wc au milieu, c’est indigne. Sans

parler de l’état des locaux », scande Domitille. Elle insiste, «  la prison c’est juste la privation de liberté normalement, et non la violation des droits, le non respect de la dignité humaine. Sauf qu’en France on hu-

milie les détenus, par des fouilles à nue, la lecture du courrier, l’inexistence de droit du travail – pas de salaire minimum, on paye à la pièce, pas de cotisation… D’ailleurs certaines entreprises, comme Bouygues, délocalisent en prison pour profiter de cette main d’œuvre docile et bon marché ». Il y a encore la difficulté à exercer sa citoyenneté, comme le droit de vote, les procédures administratives sont longues, com-pliquées et peu accessibles. Alors oui, «  la prison est une zone d’ombre, nous nous efforçons de la rendre visible, ainsi que le dit notre slogan », conclut Domitille.

© CÉLIAN RAMIS

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© CÉLIAN RAMIS

L’ACTU FÉMININE EST À SUIVRE SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX !

YEGG. . .

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@Yeggmagsur

Yegg Mag Rennessur

sociétéAU COEUR DE LA RENNES

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46,61% C’est le taux d’abstention enregistré au second tour en mars dernier lors des élections municipales à Rennes. Un

taux en légère diminution par rapport à 2008.

le tweet du mois« En Bretagne, nous n’avons pas d’identité

culinaire » Vlan ! Le chef Haissant revient sur la polémique dans @goutsdouest

@benjaminkeltz / 24-03-14 à 23h31

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sur la toile sur la toile

chiffre du mois

chiffre du mois

IVG : PAS TOUTES LES MÊMES DROITS Le 8 avril, à 19h, au 4 bis de Rennes, le Centre d’information sur les droits des femmes et des familles d’Ille-et-Vilaine, en partenariat avec le Planning familial 35, propose une conférence sur la situation comparée des législations et des pratiques, en matière d’avortement dans les différents pays européens. Cet échange clôturera la manifestation sur l’Égalité Femmes-Hommes en Europe, organisée dans le cadre de la journée internationale des femmes.

LE MAIRE EST UNE FEMMESans surprise, Nathalie Appéré a été élue maire de la capitale bretonne avec 55,83% des voies, au 2e tour le 30 mars dernier. Elle rejoint alors le 13,8% de maires femmes en France (chiffre 2008 – HCEhf). Comme annoncé lors de sa campagne, la candidate socialiste sortante maintient son mandat de députée à l’Assemblée nationale. Exceptionnellement, le conseil municipal se réunira vendredi 4 avril – au lieu du traditionnel lundi – et nommera les nouveaux adjoints et conseillers rennais.

bref

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INTRA – EXTRA MUROS

3KRISTEN LAWTONCO-FONDATRICE DE L’AGENCE PIPELETTES

À la base ma collègue, Hélène Girard, est partie au pair en Écosse et ça lui a beaucoup plu. À son retour elle est devenue enseignante et s’est également forgé une expérience dans le recrutement. Elle a alors voulu créer son entreprise et donner à d’autres la chance de partir. On était amies, elle m’a proposé le projet. Je suis bilingue et elle aussi. J’ai accepté car je suis arrivée en France en 2005 et que je comprenais ce que c’était de devoir adopter une nouvelle culture. De plus on est mamans toutes les deux, on sait donc aussi ce que c’est d’avoir besoin de garde ! Depuis trois ans maintenant nous plaçons des jeunes français et françaises dans des familles à l’étranger et nous trouvons des familles d’accueil en France pour les jeunes étrangers qui veulent venir. Notre activité est en constante augmentation. D’ailleurs depuis la mise en place de la réforme des rythmes scolaires, le nombre de familles demandeuses a triplé.

On travaille avec des clients partout en France, on prend contact par Skype si ce n’est pas possible de le faire en face à face. Malgré tout, la majorité de notre activité se fait dans le département d’Ille-et-Vilaine car c’est là que nous avons une meilleure visibilité. Notre rôle c’est d’aider les jeunes à monter leur dossier et à le rendre le plus attrayant possible. Ensuite, on envoie leur dossier à nos agences partenaires et on les prépare aux entretiens. Une fois que le jeune est «  invité  », c’est ainsi que l’on dit et pas « employé », dans une famille, on garde le contact tout au long du séjour pour vérifier que ça se passe bien. Du côté des familles d’accueil, là aussi on les aide à monter le dossier, on les aide à préparer les entretiens, car ce n’est pas toujours évident de savoir quoi demander... Ensuite on rédige la lettre d’invitation, ce n’est pas un contrat de travail, mais il y apparaît les clauses du séjour. On se charge également d’obtenir toutes les pièces qu’il faut pour faire la déclaration.

On a des partenaires un peu partout. En Europe, on propose l’Angleterre bien sûr, mais aussi l’Écosse, l’Allemagne, les Pays-Bas, l’Espagne, le Portugal, la Finlande, la Norvège... Hors Europe on propose l’Australie, la Nouvelle-Zélande, les États-Unis et on espère pouvoir monter un partenariat avec la Chine. Beaucoup de chinois veulent venir en France. La majorité des jeunes français qui souhaitent partir sont des filles. Cependant il y a aussi des garçons, et étonnamment ce sont souvent ceux qui souhaitent partir le plus loin, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Ce sont aussi les pays où les familles sont les plus ouvertes à accueillir des garçons car ce n’est pas évident partout. Ça tombe plutôt bien ! I CHLOÉ RÉBILLARD

À Vern-sur-Seiche, Hélène Girard et Kirsten Lawton ont créé leur entreprise, l’Agence Pipelettes. Ces deux entrepreneures se chargent de faire le lien entre les jeunes qui souhaitent partir au pair et les familles d’accueil.

« Depuis la réforme des rythmes scolaires, le nombre de familles

demandeuses a triplé.»

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Quelles sont les destinations que vous proposez ?

Que faites-vous concrètement ?

D’où vous est venue l’idée de créer cette Agence?

© CÉLIAN RAMIS

société3 QUESTIONS À

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Droits des femmes : quelle Europe pour les Rennaises ?Droits des femmes : quelle Europe pour les Rennaises ?

En mars, la capitale bretonne a profité de la journée internationale des femmes pour braquer les regards sur la question de l’égalité en Europe à l’heure où « certains gou-vernements fragilisent les droits acquis  », précise le programme proposé par la ville de Rennes. Conférences, débats, projections de documentaires, expositions… les ma-nifestations apportaient une dimension européenne et internationale sur les écarts et discriminations qui subsistent et qui creuse un fossé entre les sexes. Si l’identité euro-

I PHOTOGRAPHIES DE CÉLIAN RAMIS I INFOGRAPHIES DE SOPHIE BAREL

I PAR MARINE COMBE ET MARIE LE LEVIER

Droits des femmes : quelle Europe pour les Rennaises ?Droits des femmes : quelle Europe pour les Rennaises ?

péenne peine à s’imposer et ne se fait pas ressentir à Rennes, nombreuses sont celles qui ont souhaité interroger, comprendre et analyser les disparités ou les luttes com-munes de ces femmes qui œuvrent pour la cause. Alors que les élections européennes approchent – la France votera pour les eurodéputés le 25 mai prochain – la confusion règne, l’abstention gagne du terrain, le pouvoir de l’Europe est remis en cause, mena-çant ainsi les acquis féminins et féministes.

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« L’Europe de demain sera-t-elle encore plus populiste et

réactionnaire ? »

Elles questionnent l’égalité européenneElles questionnent l’égalité européenne

Dès le 6 mars, l’exposition «  Portraits de femmes européennes » est un des premiers événements à inaugurer la Journée internationale des Femmes à Rennes. Neuf portraits de femmes d’origine étrangère, résidant dans le quartier de Maurepas, sont présentés dans le hall de l’Espace social commun Gros Chêne. Nelly Raynal est médiatrice pour cette structure et est à l’origine de ce projet, mené en collaboration avec la photographe Elise Ruello. L’objectif : créer du lien social entre les femmes du quartier et le centre social. Pour elle, qui a passé du temps à discuter avec chacune des participantes, très peu se sentent concernées par l’identité européenne. « Quand elles arrivent à être intégrées par le pays d’accueil, c’est là le principal pour elles », explique Nelly. Un point sur lequel la rejoint Marina, 38 ans, d’origine arménienne, ayant vécu 15 ans en Russie et arrivée à Rennes en 2005. « C’est dur de créer du lien ! Surtout qu’en Russie, on fait beaucoup plus la fête entre femmes. L’avantage de ne pas avoir l’égalité des sexes, c’est que les hommes travaillent et que les femmes ont le temps de se réunir entre elles », précise-t-elle. Toutefois, elle est ravie d’avoir participé à ce projet qui lui a permis de rencontrer les habitantes de son quartier, « et maintenant on se voit très régulièrement. On mélange les cultures, c’est magnifique ! »

Un contexte social« La promotion des droits des femmes est issue des directives et lois européennes depuis plus d’un demi siècle. On s’intéresse maintenant à la poursuite de ce travail. L’Europe de demain sera-t-elle encore plus populiste et réactionnaire ? ». Jocelyne Bougeard, alors adjointe au maire, déléguée aux Droits des femmes, à l’Égalité des droits et à la Laïcité – à l’heure où nous écrivons ces lignes, le nouveau conseil municipal n’a pas encore été constitué – s’interroge et souhaite mobiliser

la population rennaise sur ce sujet. Elle renouvelle ainsi son intérêt et sa volonté d’inscrire la capitale bretonne en tant que territoire engagé par la signature de la charte européenne de l’égalité entre les femmes et les hommes depuis 2006 mais aussi en tant

que territoire participant à l’unité et la cohérence de l’Europe. Un sujet qui semble manquer de visibilité auprès des Rennais peu informés et sensibilisés à la thématique. «  L’Union Européenne n’est plus une force motrice dans ce domaine depuis plusieurs années », explique Maxime Fourest, membre du Haut Conseil à l’Égalité, présent à Rennes le 11 mars pour une conférence intitulée «  L’Europe de l’égalité est-elle en panne ? Le rôle des politiques d’égalité communautaires dans les états membres ». La pertinence de la question tombe à pic

Elles questionnent l’égalité européenneElles questionnent l’égalité européenne

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et soulève ainsi d’autres interrogations, à savoir le rôle exact et le pouvoir de cette Union politique, économique et sociale.

C’est en 1957, lors du traité de Rome (article 119 – devenu article 141), que figure pour la première fois le principe d’égalité entre les femmes et les hommes, concernant

l’égalité de rémunération. «  Un principe qui restera inaperçu pendant au moins deux décennies avant que les luttes féministes ne s’emparent de cette arme juridique », précise Maxime Fourest. Quarante ans plus tard, le traité d’Amsterdam est signé dans un contexte de renforcement de l’unité européenne. Il prévoit alors la modification de l’article 2 en incluant la promotion de l’égalité entre les sexes dans l’énumération des missions que se fixe la Communauté ainsi que la modification de l ’ a r t i c l e 3, dans lequel un alinéa est ajouté  : «  Lorsqu’elle réalise toutes les actions visées au présent article, la Communauté cherche à éliminer les inégalités, et à promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes ». Né alors le volet social de l’Union Européenne qui porte la question de l’égalité comme un levier de développement et de lutte contre les discriminations. La Communauté, en 1990,

soutient et appuie la création du Lobby Européen des Femmes, qui réunit actuellement plus de 2500 organisations dans 31 pays. Leur rôle : « Faire du lobbying au niveau européen et fournir des informations aux responsables politiques afin que les droits des femmes et leurs besoins ainsi qu’une perspective de genre soient pris en compte lors de l’élaboration des politiques et législations. Promouvoir la participation des organisations de femmes au niveau de l’UE et leur fournir les informations nécessaires à une telle participation. » Pour Maxime Fourest, si l’élargissement de l’Europe aux pays de l’Est a permis de faire naitre des politiques d’égalité dans des pays qui n’en avaient pas, il souligne toutefois le manque de leadership européen et d’investissement des États pour porter ces questions-là et les faire évoluer. « Le Parlement européen a renforcé dans les années 2000 son rôle de vigie, rend des rapports notamment sur l’IVG, pour un droit européen à l’avortement mais travaille aussi sur la prostitution, la traite des êtres humains », explique-t-il. Pourtant, les deux derniers rapports en date ont été rejetés par les élus européens. Tout d’abord le rapport Estrela, sur le droit à l’avortement en Europe, rejeté le 10 décembre dernier. Ensuite, le rapport Zuber, concernant l’égalité de rémunération

à travail égal, l’interdiction des départs forcés en cas de maternité ou encore la lutte contre les stéréotypes sexistes, rejeté le 11 mars dernier. « Il y a une vraie volonté de remettre en cause les acquis des droits des femmes », commente Nicole Kiil-Nielsen, eurodéputée écologiste siégeant à la commission Droits des femmes et égalité des genres (lire son interview p.17). Pourtant, c’est entre autre l’abstention de certains élus de son parti qui a bloqué l’adoption de ce rapport initiative. Pour cause, «  nous sommes divisés sur la question de la prostitution au sein de notre groupe ». Les écarts se creusent, les clivages se renforcent et les forces se radicalisent. Femmes, premières victimes de la criseElisabeth Crémieu, agrégée de géographie et ancienne enseignante à Sciences Po Paris, explique dans son ouvrage Géopolitique de la condition féminine  qu’en théorie «  les droits des femmes avancent quand les partis de gauche, normalement progressistes, sont au pouvoir, et ce pour des raisons idéologiques et politiques  : le vote des femmes, conservateur dans les premiers temps, se déplace vers les partis de gauche dans de nombreux pays. Il y a alors interaction  : beaucoup de femmes votent à gauche, et la

gauche au pouvoir fait avancer les droits des femmes. Mais la réalité est plus complexe que cela. » Une réalité complexe et compliquée en effet à laquelle vient s’ajouter la peur due à la montée au pouvoir des conservateurs, comme en témoigne l’actualité espagnole,

avec le projet de loi sur l’accès à l’Interruption Volontaire de Grossesse dans seulement deux cas – à savoir en cas de viol, avec dépôt de plainte obligatoire, et en cas de danger pour la santé de la mère. Une loi qui rejoindrait l’esprit des politiques plus restrictives comme celles de la Pologne, de Chypre ou encore de l’Irlande. La belge Christine Van Den Daelen n’en démord pas : « Les femmes sont un champ d’expérimentation en terme de régression sociale ». Membre du Comité pour l’Annulation de la Dette du Tiers Monde, elle était invitée par l’association rennaise Questions d’égalité, le 13 mars, pour développer son point de vue sur l’impact de la dette publique européenne sur la population féminine. En ligne de mire, les mesures d’austérité prises en réaction à la crise de 2008. Les conséquences : la diminution des revenus du travail rémunéré des femmes, la casse de la protection sociale, la destruction du service public, la remise en cause du droit du travail et l’augmentation de la TVA. Et tout cela «  sape l’autonomie

financière et les libertés des femmes ». Elle exprime et démontre alors la féminisation de la pauvreté, qui n’apparaît pas comme un phénomène nouveau mais qui impacte les droits des femmes. « En Espagne, on

a supprimé le ministère de l’Égalité, en Italie, on a réduit de 70% les budgets des politiques familiales, en Allemagne, on débourse des sommes incroyables pour qu’un enfant soit pris en charge en crèche… » Et sa liste ne cesse de s’allonger et de tirer la sonnette d’alarme à chaque exemple et chiffre donnés.

Un argumentaire détaillé qui se veut le reflet d’une situation chaotique mais pas sans issue. Un souhait : « Annuler le côté illégitime de la dette. Les femmes sont les créancières de la dette publique, ce n’est pas normal. » En février 2011, le réseau Femmes en mouvement contre la dette et les plans d’austérité en Europe se constitue et développe un panel d’initiatives. En Grèce, les membres du collectif exigent des audits de comptes publics, d’hôpitaux, de centres

« Il y a une vraie volonté de remettre en cause les acquis

des droits des femmes »

« Les femmes sont un champ d’expérimentation en terme de régression sociale »

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sociaux, d’écoles, etc. Les actions de rue, les campagnes pour les droits à la santé des femmes mais aussi des droits sexuels et reproductifs également, se multiplient. Pour Monica Karbowska, membre de «  Initiative Féministe Européenne  », il est important de sensibiliser les femmes à ces problématiques et de mettre en lien les mouvements sociaux européens. « Il y a une multitude de mouvements et de manifestations depuis 2010/2011. Si on prend le cas de la Bulgarie, la Bosnie, la Grèce, la Slovénie, la Serbie, la Hongrie et plus récemment l’Ukraine. Mais en France, on n’entend pas beaucoup parler de tout ça  », déclare-t-elle. Ne pas rester dans son coin, sa solitude, «  il faut se sortir de la logique individualiste  ». Un message très politisé qu’elle lance à la petite assemblée réunie à la Maison internationale de Rennes. Elle poursuit : « On nous habitue à nous soumettre, on nous habitue à l’humiliation, à se dire que l’on est rien. Et quand on vit avec les minima sociaux, on a des revenus tellement bas que l’on s’isole et que l’on devient exclu de la citoyenneté ». Retrouver sa citoyenneté avant tout pour pouvoir être mobilisés, engagés, dans des causes communes, militantes. Problème identitaireEt c’est justement vers les pays de l’Est et les pays des Balkans que se sont tournés les regards lors du week-end Documentaires au féminin, organisé par l’association Comptoir du Doc en partenariat avec Les Champs Libres, à Rennes. Les 15 et 16 mars, quatre films ont été diffusés et ont fait l’objet de débats et d’échanges avec le public à l’issue de chaque projection. Parmi la sélection, Femmes des 12 frontières, de Claudine Bories, met particulièrement l’accent sur le militantisme, l’action politique et citoyenne d’une cinquantaine de femmes, qui viennent du Kosovo, de Bosnie, de Croatie, de Serbie, d’Albanie ou encore de Macédoine et qui vont se réunir et retourner sur les routes encore traumatisées par les différentes guerres et tensions pour transgresser les frontières. Un documentaire qui marque aussi l’envie de ses femmes de partager leurs expériences, leurs souvenirs et leurs engagements politiques, qu’elles souhaitent transmettre à la jeune génération. Autre regard sur la précarité des femmes, celui du réalisateur autrichien Ed Moschitz. Ce dernier s’est intéressé à la situation des femmes en Moldavie qui émigrent illégalement vers l’Europe de l’Ouest pour gagner de l’argent et s’occuper de leur famille. À l’origine, Mama illegal est un reportage proposé à la télé autrichienne sur la vie d’Aurica et de son mari. Cette femme, « c’était la nounou de mes enfants. Elle ne m’avait pas dit qu’elle était en situation illégale. Quand elle me l’a avoué, j’ai souhaité faire un reportage sur elle. J’ai alors été frappé par la découverte de la Moldavie et l’émission a passionné l’Autriche ». Ce qui ne devait être qu’un sujet de quelques minutes devient un deuxième reportage puis un sujet de documentaire. Pendant 7 ans, le réalisateur va suivre l’évolution d’Aurica et va rencontrer d’autres jeunes femmes dans la même situation, qui vont accepter de témoigner. « La plupart des femmes qui partent sont souvent assez jeunes. Elles ont souvent un métier en Moldavie. Par exemple, Aurica était maitresse en maternelle », précise Ed Moschitz. Mais le chômage et la pauvreté les font quitter leur pays pour aller travailler « vers la Russie et l’Ukraine pour les hommes et vers l’Autriche, l’Allemagne ou l’Italie pour les femmes qui vont être embauchées dans les services à la personne en général  ». Si le réalisateur met en lumière l’incroyable combat de ces femmes et leur lutte pour la survie de leurs foyers, il met le

doigt sur un point crucial de leur parcours  : la découverte de l’ailleurs et le problème identitaire. « Quand elles partent, elles n’ont aucune idée de ce qui les attend. Sur place, elles découvrent la place des femmes et les droits des femmes en Europe de l’Ouest. Cela devient un véritable problème quand elles rentrent chez elles », décrypte-t-il. À leur retour, leur vision a fondamentalement changé. Leur maison est trop petite, insalubre, leurs enfants ont grandi, sans elles. Le choc est brutal. Mama illegal montre alors des femmes bloquées entre leur pays d’origine qui ne leur correspond plus et leur pays d’accueil dans lequel elles sont clandestines. «  Elles n’ont plus de pays d’attache. Nous contribuons à la destruction de ces femmes, de ces pays, de leurs familles », précise-t-il.

1, 2, 3, 4, 5… vitesses C’est donc une Europe à plusieurs vitesses qui est présentée dans le cadre de ce mois des femmes et qui cristallise les nombreuses inégalités qui subsistent entre les pays mais aussi les différences entre les femmes de chaque État. Des différences dues à la culture et l’histoire de leur pays. Le mouvement HF Bretagne, qui œuvre pour l’égalité femmes-hommes dans les arts et la culture organisait le 10 mars, aux Ateliers du Vent, une lecture-conférence en présence de plusieurs artistes rennaises. Ces dernières ont choisi de sélectionner des textes d’auteures étrangères abordant des thèmes forts comme la prostitution ou les violences conjugales, en isolant des données chiffrées révélatrices du long chemin qu’il reste à parcourir. En effet, on y apprend

qu’en Italie, sur 100 femmes violées, ¼ d’entre elles le sont par leur mari. Et que 90% de ces femmes ne dénoncent pas leur violeur. Début mars, une enquête de l’Agence européenne des droits fondamentaux dévoilait qu’au sein de l’Union Européenne, 1 femme sur 3 a été victime de violences physiques ou

sexuelles au moins une fois dans sa vie et qu’une femme sur 20 a été violée. Des résultats qui font frémir et qui révèlent une proportion de femmes agressées plus élevée dans les pays de l’Europe du Nord, qui sont pourtant régulièrement pris à titre d’exemple sur la question de l’égalité des sexes. L’explication réside alors simplement dans le fait que la parole étant plus libérée, plus nombreuses sont celles qui osent dénoncer les violences subies, en opposition à la pudeur des pays du Sud.

Mari Flones, chorégraphe norvégienne installée aujourd’hui à Brest, invitée au débat du Mouvement HF Bretagne, avoue avoir été surprise, lors de sa première réunion en France, par la question d’un chorégraphe lui demandant s’il était important pour elle d’être autonome financièrement  : « J’ai eu l’impression qu’il fallait avoir un compagnon pour vivre. Je n’ai pas du tout été éduquée comme ça et je n’avais eu cette question avant… J’ai alors pensé que c’était la culture française… » Malgré cette anecdote, elle tempère le discours tenu par les médias sur l’avancée des pays nordiques  : « On aime penser qu’on est en avance en matière d’égalité femmes-hommes mais il reste encore des choses à faire, surtout maintenant que le gouvernement a changé… Certains points annoncés par l’ancien gouvernement socialiste sont actuellement remis en question ». Une nuance qui fait frémir dans l’assemblée. Et qui terrifie les Institutions qui redoutent une montée en puissance des conservateurs à l’occasion des prochaines élections européennes.

« J’ai eu l’impression qu’il fallait avoir un compagnon pour vivre. Je n’ai pas du tout été éduquée

comme ça (...) »

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Après presque 5 ans de mandat, quel état des lieux – concernant l’égalité femmes-hommes en Europe - dres-sez-vous ?Cette année a été assez chaude car il y a une peur de basculer à droite mais sinon… Le rapport sur le congé parental n’avance pas ! Il est bloqué depuis 2010. En 2009, le Parlement a voté afin de l’allonger à 20 semaines et de rendre le congé de paternité non transmissible/obligatoire. La proposition a été adoptée mais le Conseil bloque le processus. De nombreux États ne veulent pas d’une décision européenne, préférant une compétence nationale.

Comme cela a été le cas avec le rapport Estrela sur « la santé et les droits reproductifs et génésiques » en dé-cembre 2013 ? Oui, alors qu’il n’est pas révolutionnaire ! Le pire, c’est qu’au sein de la Commission, il y avait une grande majorité favorable. Mais des milliers de courriels ont été envoyés aux élus de toute l’Europe. Ils étaient fondés sur la désinformation. On parlait alors de législation de la pédophilie. De la folie ! Alors que le rapport traite de l’accès à la contraception, d’éducation sexuelle, de légalisation de l’IVG. Puis les mobilisations de certains extrémistes ont entrainés les conserva-teurs… Le Parti populaire européen et des députés UMP français ont voté contre. Ils ont regretté et ont parlé d’un problème de traduction. C’est de la bêtise ! Après ils se disent les héritiers de Simone Veil…

La situation en Espagne a beaucoup agité l’Europe en ce début d’année. A-t-on raison d’avoir peur ?C’est un des enjeux du 25 mai, j’en suis convaincue ! On sent un durcissement, une volonté de remettre en cause les acquis des droits des femmes. Quand on voit la position de la Lituanie, de Malte, de l’Espagne concernant l’IVG… Ou qu’en Italie, 85% des médecins font jouer l’objection des consciences et que c’est lé-gal ! Sans oublier les mesures d’austérité sur les financements des services publics, des hôpitaux, etc. Tout cela pèse sur les femmes. Comment agir, au niveau européen, pour faire évoluer les mentalités ?On évolue très lentement, ce n’est pas spontané. On lance des rapports d’initiative qui ne forcent pas les États à appliquer les di-rectives mais qui les conseillent avant de proposer une loi. Il faut de la pédagogie, des efforts. Quand on a défendu l’avortement, on était une minorité. Pareil pour la contraception pour les mi-neurs. Là, on ajoute à la campagne électorale la question de la traite des êtres humains, c’est une compétence de l’Union Euro-péenne. Et la question de la prostitution y est incluse. La loi fran-

© CÉLIAN RAMIS

Euro-députée écologiste depuis 2008, l’an-cienne adjointe au maire de Rennes (2001-2008) siège aujourd’hui au Parlement européen au sein de la commission des Affaires étran-gères et de la commission Droits des femmes et égalité des genres. Elle est également pré-sente dans les délégations Asie Centrale et

çaise – examinée par le Sénat en juin prochain - est très attendue. La France est souvent prise pour exemple par l’Union Européenne en matière de droits des femmes. Sinon, l’évolution passe par la sensibilisation des collé-giens et les lycéens. Ainsi que les échanges Erasmus  !

Et par le Gender mainstreaming ? Ah ! C’est un terme qui a été intégré au langage courant (rires). Oui, la Commission est vigilante à ce niveau-là et souhaite que chaque commission interne prenne en compte la question du genre. Réaliser des études genrées, c’est un point qui a été bien accepté par tout le monde.

Euro-députée écologiste depuis 2008, l’ancienne adjointe au maire de Rennes (2001-2008) siège aujourd’hui au Parlement européen au sein de la commission des Affaires étrangères et de la commission Droits des femmes et égalité des genres. Elle est également présente dans les délégations Asie Centrale et Conseil législatif palestinien. Elle revient sur le mandat encore en cours - jusqu’au 25 mai.

Entretien avec Nicole Kiil-Nielsen

Entretien avec Nicole Kiil-Nielsen

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Elles questionnent l’égalité européenneElles questionnent l’égalité européenne

Elles questionnent l’égalité européenneElles questionnent l’égalité européenne

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«  J’ai le moyen d’être informée et je vais tâcher de m’y mettre, c’est important. Le parlement européen assure une équité entre les êtres. Il est là pour arbitrer et rappeler l’égalité des droits humains. Malheureusement, on observe de grandes disparités. Je pense aux Roms qui sont des citoyens européens. Ils n’ont pas les mêmes droits que les autres  : droit au logement, de circuler ou de travailler, du fait d’une identité qui gène, d’une différence qu’ils renvoient.  »

«  Je me sens plus concernée par les problématiques locales et nationales. En plus, nous ne sommes que trop peu informés par ces élections alors que les politiques européennes engagent notre État. J’attends du Parlement européen qu’il soit un véritable lieu de discussion et de débats, en tenant compte de chacune des préoccupations étatiques. Mais comment convenir d’idées communes sur les droits des femmes quand certains États n’ont pas fait la moitié du chemin égalitaire / paritaire pour leurs propres citoyennes  ?!  »

« Je pense que nous ne sommes pas dans l’esprit d’une Europe sociale, mais financière. À cause des problèmes économiques, on constate une dégradation des conditions sociales. Les minorités, comme les femmes en sont les victimes. L’Europe, pour moi, c’est la liberté. Les européennes peuvent boire un café, se promener ou se baigner sans problème, contrairement à certaines femmes du monde. Ainsi, pour ce nouveau mandat, les députés devront être vigilants sur nos acquis et se préoccuper des gens plus que des profits. »

Sophie, 56 ans : « Je voterai car c’est un droit, non parce que c’est l’Europe »

Pauline, 29 ans  : «  Je ne voterai pas »

Fadma, 30 ans  : «  J’espère aller voter »

À quelques semaines des élections européennes, des structures rennaises travaillent activement pour informer les électeurs. C’est le cas de la

Maison de l’Europe à Rennes. Située 10 place du Parlement à Rennes, la Maison de l’Europe « informe les citoyens sur l’Union Européenne, encourage les échanges européens, fait découvrir une Europe Unie dans la diversité et développe le sentiment d’appartenance à l’Union européenne*  ». Ouverte au grand public, elle possède 12 antennes en Ille-et-Vilaine. « On a créé cette Maison avec quelques amis fin 2001, au moment où l’Europe passait à la monnaie unique. Les rennais se posaient des questions  : on voulait y répondre et débattre », explique la présidente Jeanne-Françoise Hutin. Depuis, l’association organise des animations pédagogiques, des cours de langues, des livrets d’informations ou encore des manifestations (conférences, débats, colloques). Pour les élections européennes - le 25 mai en France - un fascicule sur le rôle du parlement européen est distribué. «  Le 24 avril prochain, on organise un forum. Les candidats répondront aux questions des électeurs sur leur motivation, leur mode de gouvernance et leur vision de l’Europe dans le monde  », explique-t-elle. Fin juin, la structure réunira aussi les députés élus avec des jeunes

- qui apporteront des propositions de lois. Malgré tout, la présidente de la Maison de l’Europe est inquiète  : « Les rennais ne s’intéressent pas trop à ces élections. Il y a 5 ans, on enregistrait 60% de taux d’abstention. D’ailleurs, durant les campagnes municipales, les élus ont peu parlé de la position de la ville par rapport à l’Europe, alors que c’est un sujet central ». Et du côté des femmes ? « Certaines se sentent très européennes et militent, mais c’est un petit nombre », dit-elle. Le droit des femmes repose bien sûr sur la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne (notamment, avec l’article 23 sur l’égalité entre hommes et femmes) mais les enjeux restent multiples  : «  L’Europe doit préconiser le respect de la femme dans son intégrité morale et physique - comme pour toutes les catégories d’ailleurs - lutter contre les violences faites aux femmes, défendre la parité, notamment au niveau des instances européennes et faire attention aux acquis  », confie Jeanne-Françoise Hutin. Concernant les sujets de société, «  les députés européens actuels pensent que c’est du ressort des États. Lorsque cela touche trop à l’anthropologie, il est difficile de faire une loi qui s’impose à tous, mais nous devons rester unis dans la diversité », souligne-t-elle. * Extrait du livret « Des maison de l’Europe de Bretagne »

À quelques semaines des élections européennes, des structures rennaises travaillent activement pour informer les électeurs. C’est le cas de la Maison de l’Europe à Rennes.

Union Européenne : Mobilisation compliquée à Rennes

Union Européenne : Mobilisation compliquée à Rennes

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Médée : Raconte-moi une histoire...Il était une fois un atelier conte uniquement ouvert aux femmes. De début novembre à fin mars, il s’est tenu, au centre social de Cleunay. Mené par la conteuse Guylaine Kasza, c’était un espace propice pour se « lâcher ». YEGG s’est mêlé à elles le temps d’un après-midi. Voyage dans l’univers merveilleux d’un groupe de femmes.

L’ambiance est détendue, les participantes sont assises en cercle autour d’un tapis. Guylaine Kasza mène la séance, sans autoritarisme. Certaines parmi les

femmes présentes se connaissaient avant la formation de ce groupe hétéroclite, d’autres s’y sont rencontrées. « La parole est plus libre ici, sans doute parce que l’on est entre femmes. Lorsqu’un homme rentre, tout change. Les choses ne sont pas dites de la même manière ou ne sont plus dites. » L’oralité est au cœur de ce lieu de transmission. Toutes ont une histoire particulière à raconter et finalement cet espace de contes n’est qu’un prétexte pour échanger, dans la bonne humeur généralisée, un espace de liberté. « Je ne peux pas concevoir mon métier sans partage, sans elles ça n’a pas d’intérêt.  » Guylaine Kasza, la conteuse, prend un ton presque lyrique pour cette confidence.

« Je crois que je suis une accoucheuse »Elle nous confiera plus tard : «  Je crois que je suis une accoucheuse. Il faut de l’enveloppement, de la douceur, savoir écouter ces femmes, les convaincre, les valoriser, leur redonner confiance... tout ça je sais le faire et j’aime ça. » Elle fait d’ailleurs le lien avec l’héroïne tragique sur laquelle elle travaille depuis quelques années : Médée. « Euripide a fait basculer l’histoire dans la tragédie, mais je ne crois pas que Médée ait tué ses

enfants. C’était une femme médecin, savante, un peu chamane. Une femme très solaire et libre. Pour les corinthiens c’était impensable, alors ils se sont réappropriés la légende et ils en ont fait une mère infanticide. La femme savante dérange. C’était une accoucheuse, en quelque sorte, elle aussi  », explique-t-elle, passionnée. Mais lors de l’atelier il n’est pas question d’héroïnes tragiques. Les femmes se sont réparties des contes, de ceux que l’on raconte aux enfants. Ils viennent des quatre coins du monde et ont été choisis par chacune en fonction de ses appétences. Il est question de sorcières, de grenouilles, de princes, de princesses et de mendiants comme dans toutes les histoires du soir. Chacune leur tour, elles prennent la parole et se racontent leurs fables, qu’elles ont travaillé ces derniers mois. Entre chaque prise de parole, Guylaine Kasza apporte un compliment ou ouvre un dialogue avec l’ensemble des participantes : « Vous avez vu comment elle a progressé ? Franchement je n’aurais jamais pensé que tu lèves un jour les yeux de ta feuille, et là, on peut te regarder dans les yeux. Tu oses, c’est magnifique ! » D’autres fois on commente le conte qui vient d’être lu et, entre deux éclats de rire, on s’interroge plus sérieusement sur le fond : « Peau d’âne ? Mais c’est une histoire d’inceste. Cela répond à la question de comment une fille peut-elle résister à son père ? »

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I CHLOÉ RÉBILLARD

La princesse et la grenouilleUn autre conte intrigue les femmes. Il a été lu par l’une d’entre elles, et raconte l’histoire d’une grenouille fort laide qui après avoir été chercher une balle au fond d’une marre, pour une jolie princesse, réclame de vivre à ses côtés. La princesse résiste mais, tenue par sa promesse, elle est obligée de céder. Or après l’avoir amené dans sa chambre elle jette la vilaine grenouille contre un mur car celle-ci l’énerve : et voilà la grenouille transformée en prince charmant. « C’est le seul conte que je connaisse où la transformation intervient après un acte de violence, je me demande pourquoi... », « C’est peut-être pour signifier qu’un dépucelage c’est toujours violent. C’est la première fois qu’elle amène la grenouille dans sa chambre... » Les idées fusent et les femmes, présentes, s’amusent visiblement.

« Mon voile il cache mes cheveux, pas mon cerveau ! »Il existe une véritable mixité sociale et culturelle dans le groupe. Des femmes se rencontrent et s’apprécient, alors que dans la vie de tous les jours, elles n’auraient pas nécessairement fait connaissance. Une femme médecin, venue de plus loin, côtoie ainsi des femmes voilées,

du quartier. À propos de ces dernières, Guylaine Kasza s’exclame : « Moi aussi j’avais un peu peur au début à cause des stéréotypes que l’on peut avoir sur le voile, je craignais qu’elles refusent de se lâcher. En fait c’est complètement faux, ces filles avec le voile elles sont d’une liberté extraordinaire ! » L’une d’elles nous dit, rieuse : « Moi c’est toujours ce que je dis : mon voile il cache mes cheveux, pas mon cerveau ! » Le groupe est également transgénérationnel : une jeune femme enceinte récite son conte à deux voix avec une femme âgée, aux cheveux blancs.

Lorsque l’atelier prend fin, les femmes s’attardent pour discuter. Elles se donnent toutes rendez-vous pour aller au spectacle de Guylaine Kasza, Les voyages de Médée, qui a eu lieu les 18 et 19 mars au théâtre de la Paillette. Certaines parlent d’amener leurs enfants, d’autres rigolent : « Ah non, moi quand je sors c’est pour moi, sans les enfants ! »

« Je me rends compte que ces filles avec le voile elles sont d’une

liberté extraordinaire ! »

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RETROUVEZ LES PIPELETTES AUTOUR DE CHRISTINE ZAZIAL TOUS LES JEUDIS À 18H SUR TVR ET SUR WWW.TVRENNES35BRETAGNE.FR

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3eédition du festival Zanzan se déroule à Rennes & Rennes Métropole jusqu’au 6 avril. La

manifestation met en lumière, à travers le 7e art, la différence et le handicap, la relation au corps « empêché » et à la sexualité.

yegg kiffe

FOCUS CIRQUE NORDIQUE - AY-ROOP

Du 8 au 12 avril – Rennes et sa métropole

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à l' affiche

chiffre du mois

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CONTRE-UTOPIE D’UNE IMMIGRATION AFRI-CAINE.Jusqu’au 11 mai est présentée, aux Champs Libres, l’exposition «  Soyez les bienvenus  » de Fanny Bouyagui. Fille de migrant sénégalais, elle y dresse les portraits photographiés et filmés de ces milliers de candidats qui, au départ d’Agadez au Niger, tentent la traversée épouvantable qui doit les mener aux côtes italiennes. Ceux qui y parviennent sont exploités par l’Europe qu’ils idéalisaient tant, le Vieux Continent mérite-t-il toujours son image d’Eldorado pour les travailleurs ?

LES ARTS DE LA PAROLE...AUX FEMMES !Du 15 au 21 avril se tiendra la 18e édition du festival Mythos célébrant les diverses formes de paroles  : théâtre, récit, conte, musique... et propose une programmation qui laisse la place aux artistes femmes. Pour n’en citer que quelques unes on pourra entendre la nantaise Jeanne Cherhal, la douce Emilie Simon ou le groupe Moriarty (Rosemary Stand-ley), mais Mythos ce n’est pas seule-ment la musique mais aussi des récits comme « Le Projet Canard  » d’Eno-ra Boëlle. D’ici là, à vos agendas  !

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Elles se connaissent depuis plus de 10 ans. Elles sont comédiennes et conteuses. Ensemble, elles ont imaginé divers spectacles, dont «  La Lettre,

road movie sur banc public  », leur dernière création. L’histoire de deux femmes différentes qui se rencontrent et échangent. « L’une est assez sombre, l’autre est aérée et enfantine  », raconte Myriam Gautier. Malgré tout, deux choses les rassemblent : la solitude et une lettre de menace de mort. Elles se rapprochent pour y remédier. « De là, les folies apparaissent et les carapaces tombent  », explique Myriam. Les deux protagonistes se racontent et, à travers des confidences ordinaires, se livrent. «  On voulait parler de la relation à l’autre sous l’angle du manque. Que doit-on ouvrir ou fermer pour rencontrer quelqu’un ? Nous nous sommes  tous retrouvés dans cette situation  », confie la comédienne. Et c’est dans l’improvisation que cette pièce est née  : les deux artistes jouaient spontanément et ces deux personnalités sont apparues. Le reste s’est construit au fur et à mesure. « On a écrit à 4 mains, avec le soutien du conteur Alain Le Goff », confie Hélène Mallet. Aujourd’hui l’écriture du texte est presque terminée, mais il reste à travailler la mise en scène. Elle sera sobre : avec un banc et des costumes. « On écrit aussi la chorégraphie des corps. La position des mains, du torse pour mettre en valeur le

texte et les paroles », précise la jeune femme. À l’Aire Libre, elles s’occupent de la création lumière. Deux jours pour déterminer l’éclairage et sa puissance. « On a déjà joué la pièce en extérieur. On voudrait conserver quelque chose de simple, d’intime pour aller au cœur de l’être », précise Myriam Gautier. « Pour mettre en marche cette machine de l’imaginaire », ajoute Hélène Mallet. C’est l’essence même du conte : faire voyager l’esprit. C’est d’ailleurs dans le cadre de cet art que les deux artistes se sont croisées la première fois. « Nous nous sommes  rencontrées au festival Caf’Contes, à Trémargat, dans le centre Bretagne  », expliquent-elles. Puis, elles ont intégré le collectif « Les becs verseurs » avec d’autres artistes. Pour monter des spectacles à plusieurs et créer des pièces. Comme celle de « La lettre », qu’elles présenteront – à l’occasion du festival Mythos - en lecture améliorée, le 16 avril, au café des Bricoles. Elles seront également en résidence au centre culturel Le Noroît en juin, puis en septembre prochain pour perfectionner leur travail. Des projets multiples toujours inspirés du quotidien. « On trouve notre inspiration dans notre entourage et nos vies. D’ailleurs, ces derniers personnages nous ressemblent. Ils nous font prendre du recul sur nos propres travers », conclut Hélène Mallet.

I MARIE LE LEVIER

Avril 2014 / yeggmag.fr / 23

La lettre se conte à deux voixLes 26 et 27 mars, les comédiennes Myriam Gautier et Hélène Mallet étaient en résidence à l’Aire Libre, à Saint-Jacques de la Lande. Leur objectif : parfaire leur nouvelle création « La Lettre, road movie sur banc public », un récit à deux voix sur le thème de la solitude.

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cultureVERDICT. . .

[ La sélection culturelle et subjective de la rédaction ]

Plaza Francia, c’est la rencontre de Catherine Rin-ger, chanteuse emblématique des Rita Mitsouko et Christophe H. Muller et Eduardo Makaroff, de Go-tan Project. La rencontre de deux mondes délicieu-sement envoutants et mystérieux, le tango electro rencontre le charisme fascinant de la chanteuse des Rita. Et ça fonctionne bien sûr, le résultat est élec-trisant. Les styles se marient si bien que leur union au fil des chansons devient une évidence. Catherine Ringer a laissé la folie survoltée des Rita pour une folie plus douce et hypnotique, et on se laisse por-ter et emporter dans la danse virevoltante de Plaza Francia. Le groupe sera au Cabaret Botanique dans le Jardin du Thabor, dans le cadre du Festival Mythos, le 16 avril prochain. La soirée s’an-nonce torride.

I ANNAÏG COMBE

PLAZA FRANCIAA NEW SONG BOOKAVRIL 2014

LES GAZELLESMONA ACHACHEMARS 2014

SHAMELESS USPAUL ABBOTTAVRIL 2014 LA GUERRE INVISIBLE

LEILA MIÑANO ET JULIA PASCUAL MARS 2014

musiquecinéma

SérieLivreLivre

Marie et Eric sont deux trentenaires vivant en couple depuis le lycée. Le quotidien ayant rongé la romance, Marie se voit prise d’un violent doute qui la pousse à claquer la porte et quitter son amour de toujours. Mais voilà, où aller ? Que faire ? Et vers qui se tourner ? L’héroïne un brin loufoque et globalement perdue dans sa vie tentera de donner une nouvelle impulsion à celle-ci grâce à la rencontre d’un groupe de filles. Célibattantes à 100%, ces filles revendiquent leur statut à coup de nuits endiablées, d’ivresse d’alcool et de mecs d’un soir. Avec le concours de conseils frôlant le sexisme mais plus souvent la bêtise des stéréotypes, Marie va tenter de remonter la pente. Sous le vernis d’une vie assumée, le célibat est un monde sans pitié. Tel est le propos de l’auteur. Un film loin d’être à la hauteur de ses prétentions qui nous décrit plus une crise d’adolescence tardive qu’une fable moderne de la femme d’aujourd’hui.

Un questionnement souvent brumeux et un dénouement plein d’incohérence servent au plus mal le second film de Mona Achache. Si l’idée semblait bonne, le résultat est décevant par sa teneur. Une comédie polluée par une énergie contre-productive donnant une image de la femme superficielle et méprisante, parfois à la frontière du ridicule. Malgré un casting dense, la galerie de personnages ne rattrapera pas la fragilité du discours et l’aus-térité du récit qui agace par son manichéisme. I CÉLIAN RAMIS

Deux ans d’enquête rondement menée pour que Leila Minano et Julia Pascual publient leur ouvrage, co-édité par Les Arènes et Causette. Une bombe lâchée dans les rangs de l’armée française… 289 pages de révélations ef-frayantes sur les violences sexuelles dont sont victimes les femmes engagées dans les forces militaires de l’Hexagone. Mais les deux auteures ne font pas que relater horreurs et scandales, elles retranscrivent les parcours de celles qui ont dû déserter pour s’en sortir, se taire pour éviter les re-présailles ou se battre, seules, en espérant que justice soit faite, sans jamais rien voir venir. À travers de nombreux té-moignages, elles décrivent un milieu terriblement sexiste et archaïque, quasi entièrement hostile au sexe féminin. Avec

humilité, justesse, profession-nalisme et précision, les deux belles plumes de Leila Miñano et Julia Pascual s’unissent pour faire bouger les lignes. Pour preuve, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian a ouvert une enquête interne sur les violences sexuelles dans l’armée, dont les recommandations devraient être rendues publiques mi-avril. I MARINE COMBE

Shameless est un poing dans la figure, un cri de rage et un crachat sur tes pompes. L’excellente série et adaptation US de la série britan-nique du même nom est le produit d’un imaginaire délirant mêlé au très fin regard critique de la société américaine d’aujourd’hui. La créa-tion de Paul Abbott observe avec cynisme la cinglante chronique des laissés-pour-compte des quartiers pauvres. En banlieue de Chicago vit la famille Gallagher. 5 enfants et pas de parents. Pire que l’aban-don il y a la charge de ce père alcoolique au 4ème degré qui rivalise contre chaque instant de sa vie à produire des ennuis tous plus graves et dangereux les uns que les autres. Fiona, l’aînée assure la survie de la meute. Une vie anti-système qui semble d’abord assez misérable mais qui se laisse voir comme pleine de beauté, d’instants de grâce et d’humanisme exacerbé. Dans cette 4ème saison, les ennuis pas-sés semblent bien dérisoires face à ce que sont contraints de traver-ser nos personnages. Entre maladie, prison et services sociaux, les Gallagher devront être plus forts que jamais. Mais qu’on ne s’y trompe pas ! Si violence, pauvreté et addiction absorbent les personnages de ce conte moderne, l’expérience de la vie propulse souvent les Gallagher au plus profond du sens réel de la comédie… celle de la vie. Une écriture brillantissime et une réalisation néo-réaliste irrésistible et sévère qui font sans au-cun doute de Shameless US l’une des meilleures séries américaines de ces 5 dernières années. I CÉLIAN RAMIS

Avril 2014 / yeggmag.fr / 24

Pour 8 personnes Pour la pâte sucrée

aux

amandes200 g de farine70 g de sucre glace50 g de poudre d’am

andes

125 g de beurre ramolli

1 œuf

DANS LE FRIGO DE.... . .

Tarte pommes-poires, crumble de sarrasin

Avril 2014 / yeggmag.fr / 25

Pour 8 personnes Pour la pâte sucrée

aux

amandes200 g de farine70 g de sucre glace50 g de poudre d’am

andes

125 g de beurre ramolli

1 œuf

Pour la compotée 4 pommes4 poires100 g de sucre rouxCannelle (facultatif)40 g de beurre dem

i-sel

Pour Le crumble 125 g de beurre150 g de farine de sarrasin

50 g de farine de froment

125 g de sucre roux

Pâte sucrée aux amandes : Mélangez la farine, le sucre glace et la poudre d’amandes. Incorporez le beurre en petit dès. Faites un puits au milieu de la pâte et cassez-y l’œuf. Réservez au frais au moins 1h. Préchauffez le four à 200°. Beurrez et farinez un moule. Étalez la pâte et couvrez-la de papier sulfurisé, déposez-y des billes de cuisson. Enfournez 15-20 minutes jusqu’à ce qu’elle soit bien dorée.

Compotée pommes-poires : Coupez les fruits en petits dès. Dans une cocotte, faites fondre le beurre et revenir les fruits quelques minutes à feu vif. Ajoutez le sucre à feu moyen et laissez compoter une vingtaine de minutes. Réservez au frais.

Crumble sarrasin : Mélangez les farines et le sucre. Incorporez le beurre ramolli jusqu’à obtenir une consistance sableuse. Versez la pâte sur une plaque recouverte de papier sulfurisé en formant de petits rochers, en pressant la pâte puis en l’émiettant. Enfournez 15 minutes. Démoulez le fond de pâte, étalez la compotée et recouvrez de crumble !

I RECETTE RECUEILLIE PAR MORGANE SOULARUE

Avril 2014nombre de clopes : 195nombre de verres : 24 Il m’aime, un peu, beaucoup, passionnement...poids : 65 kilos

© CÉLIAN RAMIS

La Kitchenette 2, rue Jules Simon

- Rennes

09 81 72 76 60

Yummy!

On s’met au vert !

LUCIE HOUBART

&YEGG & THE CITYÉpisode 8 : Quand j’ai dansé à la Bretonne.

Dans le cadre de la 14ème édi-tion des Rencontres cultu-relles Sevenadur, le Cercle celtique de Rennes organi-

sait jeudi 20 mars une soirée Fest’n Breizh, à la résidence Mirabeau. L’occasion pour le club de danse de l’ASCREB – Association socio-cultu-relle des résidents et étudiants de Beaulieu – de proposer une initiation aux danses bretonnes. Pendant 45 minutes, participantes et participants découvrent et décortiquent les pas et mouvements à effectuer lors de diffé-rentes rondes folkloriques. Et on ouvre le bal par la ronde de Saint-Vincent. Simple et efficace. Quatre pas faciles à retenir et à intégrer, synchronisés aux mouvements des bras, qui s’ef-fectuent en quatre temps : « On lève les bras tendus à 45°, puis à 90°, on ramène et on déroule ». En quelques minutes, les danseurs en herbe que nous sommes nous saisissons de la base chorégraphique et pouvons, pe-tits doigts dessus, petits doigts des-sous, donner vie au cercle traditionnel de la culture bretonne, tandis que crachent dans les enceintes les notes aigues des binious. On augmente en-

suite la difficulté avec le rond paludier, qui utilise la même base que la pre-mière ronde effectuée avec succès, mais qui ajoute des temps sur les-quels les danseurs courent en cercle, sans toutefois se lâcher les mains. C’est là que l’ambiance se détend. Forcément, s’emmêler les pinceaux et être complètement largués consti-tuent deux actions qui apportent une touche de légèreté et permettent de faire retomber la pression. Le mo-ment est idéal pour enchainer sur une danse en couple. En position danse de salon, avec des pas qui pourraient se rapprocher de ceux de cha-cha, un tour de valse, et c’est parti, avec tou-jours en fond, les bombardes. Pour terminer l’initiation, les membres de l’association nous proposent un rond de tour qui reprend les mouvements de la danse en duo et de la ronde de Saint-Vincent. Une fin de cours qui se conclut sur un cercle qui tourne un peu en boucle... Pour autant, il faut bien avouer que le côté danse folklorique, sur musique folklorique, ça soulève en nous un sentiment de fierté régionaliste !

Avril 2014 / yeggmag.fr / 26

I MARINE COMBE

© CÉLIAN RAMIS

LES FEMMES QUI COMPTENT,CHAQUE MOIS DANS YEGG

DORIS MADINGOU

NATHALIE APPÉRÉ

ANNE CANAT

VALÉRIE LYSNADINE CORMIER

ANA SOHIER

ANNE LE HÉNAFF

FRÉDÉRIQUE MINGANT

CAROLE BOHANNE

GÉRALIDINE WERNER

YUNA LÉONANNE-KARINE LESCOP

CATHERINE LEGRAND

ÉVELYNE FORCIOLIBRIGITTE ROCHER

ÉMILIE AUDREN

FANNY BOUVETGAËLLE ANDRO

GWENAËLE HAMON

GAËLLE AUBRÉEBÉATRICE MACÉ

CHLOÉ DUPRÉMARIE HELLIO

SYLVIE BLOTTIERE

LAURENCE IMBERNON

ARMELLE GOURVENNEC

ISABELLE PINEAU

ESTELLE CHAIGNE

CÉLINE JAUFFRET

MARINE BACHELOT

CÉLINE DRÉAN

VÉRONIQUE NAUDINKARINE SABATIER

JEN RIVAL

NATHALIE APPÉRÉ ANOUCK MONTREUIL

MARIE-LAURE COLAS

MATHILDE & JULIETTE

MARIA VADILLO

DOMINIQUE IRVOAS-DANTEC

MARION ROPARS

ANNE LE RÉUN

DOROTHÉE PETROFF

ALIZÉE CASANOVA

YEGG. . .

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