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Quels enjeux pour les entreprises de Nouvelle-Aquitaine ? Climat, biodiversité Jeudi 13 juin 2019 - Hôtel de Région le rendez-vous annuel des décideurs Supplément de l’hebdo /APS n° 2139

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Quels enjeux pour les entreprisesde Nouvelle-Aquitaine ?

Climat,biodiversité

Jeudi 13 juin 2019 - Hôtel de Région

le rendez-vous annuel des décideurs

Supplémentdel’hebdo/APS

n°2139

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Cette 17e édition du "rendez-vous annuel des décideurs"revêt un caractère particulier.

Elle est la première qui suit le chan-gement de "business model" quenous avons opéré en septembre der-nier. APS, qui vient d'entrer dans sa46e année d'existence, a fait le grandsaut vers le "tout numérique". Ainsi,

comme le quotidien "le 16h d'APS", que ses abonnés reçoi-vent dans leur boîte mail, tous les jours à 16h00 depuismaintenant 18 ans, cela fait 9 mois que l'hebdomadaired'APS est adressé par mail à ses abonnés "premium", tousles vendredis à 7h00 du matin. Cette formule apporte denouvelles fonctionnalités et constitue une nouvelle étapedans la dématérialisation de nos services. La démarches'inscrit dans le sens de l'Histoire avec plus de réactivité,plus de souplesse, plus d'efficacité… Et c'est aussi une dé-marche plus écologique. L'écologie qui se retrouve cetteannée au cœur de notre forum annuel, le thème de la tableronde étant : "Climat, biodiversité : quels enjeux pour les en-treprises de Nouvelle-Aquitaine ?".Pour aborder ce thème, nous avons réuni autour d'AlainRousset, président du Conseil régional, 2 experts et 3 repré-sentants du monde économique. Les experts tout d'abord :Hervé Le Treut, climatologue, membre de l'Académie dessciences, directeur de l'Institut Pierre-Simon Laplace, édi-teur d'un chapitre du 5e rapport du GIEC et président du Co-mité scientifique régional “AcclimaTerra” ; VincentBretagnolle, biologiste, spécialiste de l'agro-biologie, di-recteur de recherche au Centre d'études biologiques deChizé (structure commune au CNRS et à l'Université de LaRochelle), président du Comité scientifique régional “Eco-biose” sur la biodiversite.Les représentants des entreprises à la tribune : Jean-Fran-çois Clédel, président de la CCI Nouvelle-Aquitaine, Domi-nique Graciet, président de la Chambre d'agriculture deNouvelle-Aquitaine et Jacques Tortos, ancien directeur etfondateur du Centre de recherche technologique Noba-

tek/INEF4 (aménagement, réhabilitation et construction du-rables) et aujourd'hui à la tête de Solution ABCD (société deconseil, émanation de Nobatek) et de Hitz@Hitz, société deconseil en stratégie opérationnelle pour le développementde nouvelles activités en Nouvelle-Aquitaine.Cette 17e édition du forum/APSn’aurait pu se tenir sans le sou-tien de nos partenaires. A commencer par EDF, présent ànos côtés sans interruption depuis 2006. Merci à MartinLeÿs, délégué EDF pour la région Nouvelle-Aquitaine, quin'a pas pu être parmi nous le 13 juin et qui était représentépar Isabelle Visentin, chargée de mission et à la délégationrégionale.Pour l'Ordre des experts-comptables d'Aquitaine, c'est la 9e

année consécutive de participation au forum/APS. Merci àson président, Alexandre Salas-Gordo et à son vice-prési-dent, Lucas Sarlange.La CCI Nouvelle-Aquitaine signait pour sa part cette annéeune 3e participation consécutive à nos côtés. Je remercie àce titre son président, Jean-François Clédel et son directeurgénéral, Benoît Cuisinier-Reynal.Aux côtés de ces soutiens que l'on peut qualifier d'histo-riques, je salue l'arrivée du Crédit Agricole Aquitaine, venurejoindre le cercle des partenaires de cet événement. Je re-mercie tout particulièrement Martine Roquet, directrice dela communication et Eric Broché, directeur entreprises surBordeaux Métropole.Un tout dernier remerciement aux vins des Côtes de Bourgqui apportent depuis des années leur soutien au forum/APSpour que l'après-débat reste - dans la modération - tou-jours aussi convivial… Et maintenant place à la table ronde. Bonne lecture ■

Joël DaugaDirecteur de la publication

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Joël Dauga : Hervé Le Treut, vous avezpiloté dès 2013, à la demande de la Ré-gion, la réalisation du rapport Acclima-Terra dont le but consistait à anticiperles changements climatiques en Aqui-taine. Ce rapport a été complété par unsecond l'an dernier pour prendre encompte la nouvelle réalité que constituela grande région Nouvelle-Aquitaine.Sur cette problématique du réchauffe-ment climatique, en quelques mots,quelles sont les menaces qui pèsent surnos territoires et notamment sur le ter-ritoire néo-aquitain ?

Hervé Le Treut : Il existe des menaces,d’ordre naturel, avec la fluctuation na-turelle du climat et des menaces addi-tionnelles liées aux activités humaines.Quand on parle de changement clima-tique, lié aux activités humaines, onpense essentiellement aux gaz à effetde serre qui empêchent le refroidisse-ment de la planète, des gaz qui restenttrès longtemps dans l’atmosphère et sepropagent un peu partout. L’ensemblede la planète est sujette à cette enve-loppe de gaz à effet de serre qui pro-voque un réchauffement. Localement,nous constatons des conséquences di-rectes de ce ré-chauffement : desvagues de chaleurassociés à des picsde pollution, parti-culièrement dansles villes Mais aussiindirectes car ail-leurs sur la pla-nète, certainséléments nous impactent directement.L’exemple le plus frappant est celui durelèvement du niveau de la mer associéà la fonte des glaciers au Groenland,dans l’Antarctique… Nous sommes audébut de tous ces effets que l’on peutdéjà voir et mesurer. Aujourd’hui, lespremiers symptômes sont discernés demanière statistique, depuis 15 ans pourles températures, depuis un peu pluspour le relèvement du niveau de la mer.Au-delà, nous avons des réponses indi-rectes car elles mettent en jeu des mé-canismes un peu plus compliqués quele réchauffement. J’ai oublié de dire quele réchauffement concerne égalementtout ce qui est lié au vivant et le vivantréagit de manière extrêmement forteaux températures, c’est un des para-mètres qui l’affecte. Nous constatonsaussi des conséquences très impor-tantes liées aux mouvements de l’atmo-sphère, un peu erratiques, un mélangede chaos et de choses prévisibles. L’eau

est un cycle compliqué, d’une année surl’autre il peut se modifier fortement,mais globalement le changements’opère de manière plutôt organisée.Nous enregistrons des étiages plus mar-qués. Mais essayer de comprendrecomment le visage et la gestion de l’eauvont changer, c’est aussi parler entermes de risques dont les consé-quences ne sont pas totalement prévisi-bles et dont il faut se préserver. On peutciter d’autres cas sur les conséquencesmultiples liées à l’eau, sur l’agriculturenotamment ou encore l’exemple de l’es-tuaire de la Gironde qui est soumis à desinfluences multiples : le relèvement du

niveau de la mer,l’eau qui provientdes montagnesavec un cycle sai-sonnier très diffé-rent, etc. Le systèmerégional est affectépar le changementclimatique de ma-nière systémique.

C’est une mauvaise idée que de le re-garder par petits bouts. Nous devonsgérer l’eau dans toutes les activités quilui sont liées, celles que j’ai citées déjà,mais aussi dans le refroidissement descentrales nu-cléaires, la fabri-cation del’hydroélectricité.Nous avons be-soin de l’eau pourdes activitésassez variées.C’est pourquoi,l’on se doit de gérer les conséquencesdu changement dans toutes ses dimen-sions. L’océan lui-même change, c’est luiqui capte la chaleur pour l’essentiel, plusde 90% de la chaleur du réchauffementclimatique part dans l’océan, les cou-rants en sont affectés et l’érosion descôtes par voie de conséquence. Ce sontde nouveaux risques qui se dévelop-pent. Dans l’océan, le vivant se modifie,

La Table rondeavec notamment des espèces de pois-sons qui migrent vers le Nord.

Joël Dauga : Face à ce constat général,avez-vous le sentiment que l’on fait cequ’il faut, que l’on se préoccupe deschoses urgentes ou pas ?

Hervé Le Treut : La notion d’urgence cli-matique, il faut l’appréhender danscette temporalité un peu particulière quiest celle du changement climatique. J’aidit que les gaz à effet de serre se mé-langent à l’échelle de la planète. Pour-quoi ? Parce que ces gaz restent trèslongtemps dans l’atmosphère. Le CO2 aune durée de vie de 100 ans, c’est trèslong. La photosynthèse est la seulearme, qui pourrait nous permettre d’al-ler chercher le CO2 dans l’atmosphèremais on ne sait pas le faire à grandeéchelle. Nous enregistrons des quanti-tés colossales de CO2 avec des émis-sions de plus en plus rapides et non, onne fait pas ce qu’il faut, pour répondre àvotre question. Par rapport aux années50, les émissions de CO2 stockées dansl’atmosphère ont été multipliées par 10.Nous sommes confrontés à une situa-tion qui a beaucoup évolué. Je m’inté-resse aux problèmes de climat depuis40 ans et aujourd’hui il est impossibled’en parler comme il y a 40 ans. Les ob-jectifs fixés à un moment donné sonttrès difficiles à atteindre. Ne pas dépas-ser en niveau de température 1,5° ou2°est aujourd’hui un défi pratiquementinsurmontable. Il faudrait avoir pu stop-per les émissions de gaz à effet deserre, arriver à l’équilibre carbone, en2050. Etre arrivé dans 30 ans à se dé-barrasser d’une civilisation qui est celledes voitures, des avions, etc. C’est le ré-sultat du dernier rapport spécial duGIEC qui traite de comment rester sous

ce seuil des 1,5°de ré-chauffement. C’estgéo-physiquementpossible, comme ledit le rapport, maisinapplicable sociale-ment, politiquementdans notre monde.Cette impossibilité,

en tant que région, nous renvoie à lanécessité impérative de la protection,appelée quelque fois l’adaptation de larégion au changement climatique. Lerapport du GIEC propose d’arriver à lierles deux : la manière de combattre lesémissions de gaz à effet de serre àl’échelle mondiale et la protection desterritoires. Si rien n’est fait, on peutaboutir à des scénarios de réchauffe-

“Le système régional estaffecté par le changement

climatique de manièresystémique. C’est une

mauvaise idée que de leregarder par petits bouts”

“Rester sous le seuildes 1,5° de réchauffement,

c’est géo-physiquementpossible, mais inapplicable

socialement”

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ment sur le siècle de 5°, la distance entrel’âge glaciaire et la période pré-indus-trielle. De toute manière, nous n’échap-perons pas à un réchauffement qui vase développer sur les 20 prochaines an-nées et qui dépendra de ce qui a étédéjà émis en gaz à effet de serre. Acette double articulation entre ces né-cessités vient s’ajouter celle de traiter lesproblèmes sociaux, les problèmes du vi-vant. L’enjeu, c’est de tenir cet équilibre.L’augmentation des températures vaavoir lieu et déjà se multiplient les ma-nifestations, les pressions d’ordre socialsur ces problèmes climatiques, qui neferont qu’augmenter dans le futur. Il y aégalement une dimension d’éducationforte que l’on doit prendre en compte. Ilest important de se soucier de ces pro-blèmes dans leur globalité mais nous nesommes pas en capacité de les traitercomme il le faudrait. C’est une trèsmauvaise idée de vouloir les prendredans le sens des négociations, de direoù l’on ne voudrait ne pas en être en2100, et d’établir un rétro-planning.Cette attitude est un peu démoralisante.Il faut plutôt se dire : Que fait-on main-tenant ? Et essayer d’aller de l’avant leplus possible.

Joël Dauga : Vincent Bretagnolle, à l'ins-tar du rapport AcclimaTerra pour le cli-mat, vous avez été chargé par la Régionde diriger la rédaction d'un rapport surla biodiversité, baptisé Ecobiose et dontvous devez remettre les principaux élé-ments ces jours-ci.Dans ce domaine de la biodiversité,quelles sont les menaces pour le terri-toire néo-aquitain ?

Vincent Bretagnolle : Je souhaite préci-ser que ce que recouvre Ecobiose. C’estune expertise qui m’a été confiée parAlain Rousset et Nicolas Thierry, sonvice-président chargé de l’environne-ment, à l’instar de ce qui avait été réa-lisé sur le changement climatique, maisavec une différence principale. Les éco-systèmes sont extraordinairement com-plexes, on parle de centaines de milliersd’espèces. Un écosystème céréaliercomme il en existe dans le sud desDeux-Sèvres sur lequel je travaille, re-présente des dizaines de milliers d’es-pèces au total. Et aucun écologue n’aaujourd’hui la capacité de modéliser unécosystème et donc d’écrire des scéna-rios prédictifs. Nous ne pouvons pasprédire l’impact de l’évolution de la bio-diversité ni l’impact de cette évolutionsur les écosystèmes. A Ecobiose, nousnous sommes plutôt intéressés au rôlede la biodiversité dans les activités éco-nomiques et culturelles de la région, lapremière région agricole d’Europe ausens large incluant la sylviculture, laconchyliculture, des activités écono-

miques majeures reposant sur l’exploi-tation des ressources naturelles qui sontla biodiversité. Nous avons voulu, dansEcobiose, quantifier de manière scien-tifique et le plus précisément possible lerôle de la biodiversité dans ces activitéséconomiques, sans oublier non plus quela biodiversité, la nature, ont des fonc-tions culturelles, patrimoniales,éthiques. Dans quelques jours, nous re-mettons les trois premiers chapitres quiportent sur trois socio-écosystèmes. Unsocio-écosystème, c’est l’interactionentre une société humaine et un éco-système dans lequel elle vit et qu’elleexploite, qu’elle modifie donc. Ces troissocio-écosystèmes sont l’agriculture,avec les grandes plaines céréalières, lasylviculture et la viticulture. Cette ex-pertise, qui a rassemblé 130 scienti-fiques, est basée sur des articlesscientifiques publiés dans des revues in-ternationales, plus de 600 ont été com-pilés pour ces trois chapitres. Celareprésente une masse colossale deconnaissance scientifique qui nous per-met d’énoncer un certain nombre defaits indiscutables à l’échelle de la ré-gion Nouvelle-Aquitaine sur le rôle de labiodiversité dans ses activités écono-miques. J’en citerai deux ou trois, pasplus, le rapport sera disponible dans lesprochains mois pour sa version inté-grale. Un exemple parmi d’autres : nous

démontrons que la diversité des es-pèces cultivées augmente la productionet les rendements. En sylviculture, uneforêt, mélangée de deux ou trois es-pèces, au lieu d’une monoculture, aug-mente la production de biomasse de15% en moyenne. Des résultats tout à faitsimilaires sont enregistrés pour les prai-ries, permanentes ou temporaires, ouencore les grandes cultures. La biodi-versité détient également un rôle ma-jeur à travers des services indirects,

comme son rôle dans le recyclage de lamatière organique. Elle met à disposi-tion les nutriments sans lesquels lesplantes ne poussent pas. L’agriculture atendance malheureusement à oublier lerôle indispensable du sol, de la natureet de la biodiversité dans la productiondes plantes qui se manifeste principa-lement ou pour une grande partie parle recyclage de la matière organique.La biodiversité, à travers les abeilles, aégalement un rôle capital dans la pro-duction de certaines grandes culturescomme le colza ou le tournesol. Nousavons démontré expérimentalement,sur notre site d’étude dans le sud desDeux-Sèvres, que les abeilles, quandelles sont particulièrement nombreuses,sont capables d’augmenter les rende-ments de colza ou de tournesol de 40%.La sélection variétale n’est pas capablede ce résultat, mais les abeilles oui. Eco-nomiquement, cela se traduit par desaugmentations de marge et de revenusdes agriculteurs de l’ordre de 160 €pour le colza. C’est tout à fait considé-rable mais actuellement je ne dirais pasque c’est occulté mais pas très biencompris. Ecobiose, c’est la mise en évi-dence quantitative, factuelle, scienti-fique de ces effets de la biodiversité, savaleur économique mais aussi cultu-relle, patrimoniale. L’écotourisme estaussi une ressource majeure de la ré-gion Nouvelle-Aquitaine. Il reposebeaucoup sur les paysages qui consti-tuent également la biodiversité. Nousréunissons un panel de faits déclinés àl’échelle de la région, déjà connus àl’échelle mondiale, qui porte l’intérêt depouvoir fournir des chiffres, des basesquantitatives sur le rôle de la biodiver-sité. Contrairement à une idée reçue,que j’ai même entendue ce soir, la bio-diversité n’est pas une contrainte, c’est

au contraire un atout et une chance,pour l’agriculture en particulier, maisaussi pour le changement climatiqueparce que la biodiversité et la nature re-présentent pour l’instant nos meilleuressolutions pour rendre nos sociétés, nossocio-écosystèmes résilients dans toutesleurs composantes, l’adaptation, latransformation. La nature est très rési-liente et la biodiversité est l’essencemême de la résilience. La vie est appa-rue il y a 3 milliards d’années sur terreet n’a toujours pas disparu. C’est l’itemle plus résilient que l’on connaisse. Il estintéressant de s’inspirer de ce qui se

“Nous démontronsque la diversité

des espèces cultivéesaugmente la production

et les rendements”

“La biodiversité n’est pasune contrainte, c’est au

contraire un atout et unechance, pour l’agriculture

en particulier”

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passe dans la nature pour décliner nosactivités, y compris économiques. Lebémol dans cette histoire, qui fait aussipartie des résultats d’Ecobiose, c’est quecette biodiversité indispensable à l’ex-pression des activités économiques etsocio-culturelles est en déclin majeur enNouvelle-Aquitaine comme en France età l’échelle mondiale. Vous avez entenduparler de ce million d’espèces qui estprobablement appelé à disparaîtredans le monde d’ici 2050, c’est demain.Un million d’espèces, ce n’est pas rien !Nous observons le même phénomèneen Nouvelle-Aquitaine dans certainsécosystèmes plus que d’autres, les éco-systèmes agricoles et viticoles étantparticulièrement affectés par le déclinde la biodiversité, les écosystèmes fo-restiers un petit peu moins mais les éco-systèmes urbains vivent également lemême problème. Nous somme face àun déclin majeur de la biodiversité quenous sommes capables de quantifier surcertains groupes comme les oiseaux etles insectes par exemple. Un tiers des oi-seaux a disparu des campagnes en l’es-pace de moins de 20 ans. Nouspossédons des données dans les Deux-Sèvres qui confirment une étude alle-mande révélant que nous avons perdu80% de l’abondance des insectes dansun certain nombre de groupes clés,conséquence directe pour le recyclagede la matière organique. Cette biodi-versité est en recul de manière pronon-cée et continue. Un déclin tellementrégulier et linéaire qu’il est possible dedire qu’en 2030, nous ne serons pas à30% de déclin de la population des oi-seaux mais à 45%, et pour les insectes à90% puis en 2040 à 95%. Il est impossi-ble d’avoir une production agricole, syl-vicole ou viticole sans la biodiversité etsans les insectes. Si nous ne sommespas capables de réaliser des prédictionsà l’échelle des scénarios du GIEC, car-tographiés sur une région, en ne faisantrien et en continuant à cette allure, dansun certain nombre d’années, nous al-lons connaître de gros problèmes, neserait-ce que pour s’alimenter.

Joël Dauga : Alain Rousset, après Accli-maTerra et en attendant Ecobiose,pourquoi avoir décidé l'élaborationd'une feuille de route NéoTerra, feuillede route qui sera examinée en séanceplénière du Conseil régional, le 9 juilletprochain dans cette même salle ?

Alain Rousset : C’est une très bonnequestion. Pour 34 raisons ! Aujourd’hui,ce que l’on attend des politiques, si tantest que je puisse me qualifier de poli-tique, c’est une recherche de sens mesemble-t-il. Et cette recherche de senscapillarise beaucoup dans notre so-ciété. Il n’est aujourd’hui de meilleure

bataille que de se dire que nous allonspouvoir, dans sa région, son territoire, laplanète, vivre et vivre le mieux possible.D’autant que nous l’avons bien constatéavec les manifestations des giletsjaunes, les problèmes écologiques, latransition climatique, vont de pair avecles problèmes sociaux. Même si dé-monstration a été faite par défaut : «Jerefuse de payer la taxe carbone car ha-bitant du Blayais, je me lève à 5h dumatin pour pouvoir passer le pontd’Aquitaine avant 6h30, sinon je ne peuxpas y arriver, ce qui représente desheures de déplacement matin et soirdans ma voiture ». Ce qui nous amène àune réflexion globale sur ce qu’est lacroissance, l’innovation, ce que sont lescomportements individuels… Dans tousles travaux que nous avons menés, un

des premiers éléments qui apparaît,c’est l’éducation à l’environnement oul’éducation citoyenne, un aspect quim’apparaît intéressant. D’ailleurs dansle rapport AcclimaTerra, un chapitreporte sur ce progrès démocratique quiconsiste à relever le défi climatique. Letravail que nous avons réalisé avecHervé Le Treut, depuis 10 ans mainte-nant, s’est traduit par des discussionsavec toutes les professions. Les débatsde cette journée avec la présentation deNéoTerra, la confé-rence territoriale del’action publique, quiréunit des représen-tants élus des dépar-tements, descommunes grandeset petites, des inter-communalités, etc. nous montrent bienque les décisions à prendre face à l’ac-célération de ce réchauffement clima-tique et ses conséquences, ça nematche pas ! C’est le moins qu’on puissedire. Là où ça matche peut-être le plus,c’est dans le monde de l’industrie et del’agriculture. C’est un paradoxe. Moins60% du côté de l’industrie, même sil’augmentation de la production et de lapuissance fait que nous devons prendre

tent le carbone ? Voilà des décisionsauxquelles nous allons être confrontés.Que veut dire une terre à faible valeuragronomique ? Il se trouve que dansmon jardin potager, j’ai le même sablenoir où j’arrive à faire pousser des cul-tures. Faible valeur environnementale,qu’est-ce que cela veut dire quand on aécouté Vincent Bretagnolle ? Nous ob-servons les conséquences avec notam-ment l’augmentation des stresshydriques. Il y a 200 millions de m3 de

déficit en eau sur leBassin Adour Ga-ronne, 1,2 milliarddans 20 ans et pour-tant il pleut quasimentautant. La nature nepeut pousser sanseau, sinon cela s’ap-

pelle un désert. Il n’est pas possible decontinuer avec l’agriculture telle quenous la connaissons aujourd’hui parceque sa consommation d’intrants pèsesur le revenu des agriculteurs et sur labiodiversité, comme Vincent Bretagnollel’évoquait. Et a également un impact surle réchauffement climatique. J’ai sou-haité que cette feuille de route, qui s’ap-pelle NéoTerra, s’appuie sur troisprincipes. Le premier avec le travail que

des décisions plus fortes ; moins 30%pour l’agriculture. Prenons le cas de laconsommation de l’électricité, nous si-gnons des conventions avec de grandesentreprises électro intensives, ce quin’empêche pas que la consommationd’électricité et donc la nécessité de pro-duire de l’électricité renouvelable, se faitplus important. Comment peut-on faireaujourd’hui pour produire de l’électricitérenouvelable ? Faut-il couper toute laforêt des Landes car c’est la dernièregrande plaine. On me dit parfois, dansles territoires où la qualité agraire n’estpas extraordinaire, on pourrait mettredes panneaux photovoltaïques, celarapporterait beaucoup plus aux agri-culteurs avec moins de travail à faire.Alors, doit-on supprimer la filière bois etles millions d’hectares de forêt qui cap-

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“Il n’est pas possiblede continuer avec

l’agriculture telle quenous la connaissons

aujourd’hui”

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L’énergie est notre avenir, économisons-la !

* Réduction des émissions directes. En 2017, le mix énergétique du groupe EDF était composé à 77 % de nucléaire, 10 % d’énergies renouvelables, 8 % de gaz, 4 % de charbon et 1 % de fioul. Il est à 87 % sans émissions de CO2 (émissions hors analyse du cycle de vie (ACV) des moyens de production et des combustibles) – Source EDF : « Indicateurs de performance fnancière et extra fnancière 2017 ».

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Produisant déjà une électricité faible en CO!,"grâce au nucléaire et aux énergies renouvelables,"le groupe EDF veut encore réduire ses émissions"de 40 % d’ici à 2030#. Pour cela, il développe "de nouvelles solutions qui permettent à "chacun d’agir contre le réchaufement climatique "à la maison, au bureau et en voiture.</=/4148#>?@4/932/#A72#BCD43/#E17E.

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mènent Vincent Bretagnolle et Hervé LeTreut accompagnés de centaines descientifiques. Le deuxième c’est l’ac-compagnement. Il ne s’agit pas de dési-gner les fautifs. Les fautifs ce sontd’abord les transports, puis le logement,c’est-à-dire tout ce qu’utilisent la plu-part de nos concitoyens. Ensuite il y aeffectivement l’agriculture, l’industrie, etsurtout la grande consommation deproduits fossiles. La vraie révolutiond’ailleurs, c’est lorsqu’on sera passé desénergies fossiles à d’autres énergies, cequi suppose un progrès technique im-portant et de la recherche. Je reviens à cet accompagnement, àcette relation de bienveillance, ce surquoi je peux témoigner. Nous avons no-tamment organisé avec toute la profes-sion agricole une réunion à Buzet quis’est engagé, en tant que vignoble, surl’agro-écologie. J’ai entendu, excepté

une seule personne, le monde agricoleêtre à la fois inquiet, y compris le mondedes coopératives important dans notrerégion, et en même temps partant. Il vafalloir modifier la politique agricolecommune, avancer, former. Nous avonsà notre disposition les lycées agricolesqui forment en général plus de 70% desnouveaux agriculteurs mais nousn’avons pas fait assez d’efforts pourchanger les méthodes pédagogiquesdans ces établissements. J’ai donnél’instruction pour que toutes les fermesdes lycées agricoles soient l’agriculturede demain. Autre principe, ne pas at-tendre la Saint-glinglin, cela ne veutrien dire pour moi d’attendre 2050même si moi-même je ne serai plus làet ne pourrai plus voir ce que j’ai fait.Mais mes petits enfants y seront, mesenfants aussi j’espère. A un momentdonné, quand vous vous regardez dansla glace, vous vous dites : « Commentj’embarque toute une région, commentje pense à demain ? » Pour embarquertoute une région, il y a à la fois de la for-mation, de la solidarité, de l’accompa-gnement, de l’éducation, de la volonté.Tout à l’heure, lors de cette conférencede l’action publique, les mêmes élus,deux ou trois, qui avaient écouté HervéLe Treut et Vincent Bretagnolle, disaient :« Mais moi, je ne veux pas qu’on viennetoucher à mon territoire, qu’on me laissecontinuer à faire de l’étalement urbain »alors que nous avons un problème au-jourd’hui pour sanctuariser les terresagricoles. On voit bien là la difficulté.Mais si je n’embarque pas tout lemonde, je ne suis qu’un lanceur d’alerte

et la difficulté de l’exercice aujourd’huipour moi, au niveau de la région, c’estque cela ne m’intéresse pas de n’êtrequ’un lanceur d’alerte. Je souhaite qu’onbascule et je pense que l’on est prêt àcela. Il faut mettre les moyens d’accom-pagnement, renforcer la recherche etl’innovation. Je rappelle qu’entre 2000et 2011 l’Aquitaine a vu sa demande debrevets croître de 75%, pour 30% au ni-veau national. Que les entreprises quitravaillent sur l’alternative aux pesti-cides viennent ici, que les technologiesagraires se développent aussi ici. Unpoint que je n’ai pas évoqué en matièrede sens : Quel a été le résultat le plusspectaculaire de l’usine du futur quenous avons inventée et développée enAquitaine ? La compétitivité d’une en-treprise dépend de sa productivité etque sa productivité, c’est banal de ledire, dépende de la communauté hu-maine qui travaille dans l’entreprise.Turbomeca à Bordes - plus 50% de pro-ductivité, - n’aurait pas pu traverser lescrises sans les femmes et les hommesqui y travaillent. Toutes les entreprisesqui sont passées par l’usine du futur ontenregistré plus 30% de productivité.Quant on traite les gens comme des «bêtes », ils ne travaillent pas.Quelle est la souffrance aujourd’hui desentreprises du monde agricole, indus-triel, du numérique ? Elles n’arrivent pasà recruter. J’étais en discussion hier avecl’Académie de médecine qui me confiaitqu’ils n’arrivaient pas à recruter desmédecins, des chercheurs. Les cher-cheurs en médecine sont payés entre2000 et 2500 € par mois, c’est-à-dire lemême salaire qu’un grutier parce queles entreprises du bâtiment ont dû fairedes efforts pour attirer des personnesqui conduisent les grands engins. A l’Ae-rocampus de Latresne qui représenteun succès de la Région, nous sommespassés de 900 stagiaires à 83 000. Unedirectrice de CFA, même dans le do-maine de l’aéronautique, nous confiaitqu’elle avait 30% de jeunes dans les CFAqui disparaissaient en cours d’appren-tissage ». Où vont-ils ? Si nous étions unpeu plus solidaires, si nous inventionsdes mécanismes d’accompagnement,d’orientation, ne pourrait-on pas faireentrer ces jeunes-là dans le marché dutravail et régler le problème des entre-prises ? Les jeunes, ils veulent du senseux aussi et c’est autour de cette notionde recherche de sens que me semble-t-il se situe Neo-Terra.

Joël Dauga : Alain Rousset, un certainnombre de grandes ambitions doiventvenir structurer la feuille de route Néo-Terra. Quelles sont-elles ?

Alain Rousset : Ce n’est encore qu’undocument martyr. Pour l’instant nous

avons retenu 11 grandes ambitions...

Joël Dauga : Je vais me permettre de lesciter :- Favoriser l’engagement citoyen, no-tamment des jeunes, pour accélérer latransition écologique et solidaire ;- accélérer la transition agro-écolo-gique ;- accélérer la transition énergétique etécologique des modèles de productiondes entreprises régionales ;- mobilités propres pour tous ;- vers des bâtiments, territoires et villesdurables économes en ressources quis’adaptent aux risques naturels et auchangement climatique ;- augmenter la production des énergiesrenouvelables ;- faire de la Nouvelle-Aquitaine un ter-ritoire tendant vers le « zéro déchet » ;- préserver nos ressources naturelles etla biodiversité ;- préserver la ressource en eau : quan-tité et qualité ;- préserver les terres agricoles, fores-tières et naturelles ;- la Région, une institution exemplairedans la transition.

Alain Rousset : Mais après, il faut lesdécliner, cela ne peut pas se bâtir dujour au lendemain. Ce ne peut êtrequ’un travail co-construit avec toutes lescollectivités, je pense notamment au lo-gement et aux transports. La Régionpeut faire un geste. Nous faisons roulerpar jour 5 500 cars et près de 300 trains.

D’ici 2030 il faut trouver des solutions.J’ai toujours cette arrière pensée de dé-velopper la production de bus à hydro-gène. En ce qui concerne le bâtiment,nous avons créé tout un cluster, tout unsystème car il faut arriver à une meil-leure valorisation du bois dans laconstruction des logements. Et en direc-tion des entreprises, renforcer leur at-

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“Agro-écologie : le monde agricole est

inquiet et en même tempspartant”

“Il faut arriver à unemeilleure valorisation dubois dans la construction

des logements”

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tractivité pour l’embauche de salariésmais aussi pour leurs clients. Dans ledomaine de l’agriculture, on constatebien l’appétence pour les produits bio.C’est un défi : notre agriculture repré-sente un peu moins de 10% de produitsbio et nous en importons beaucouptrop. Même si nous ne sommes pas sûrsque le bio aille jusqu’au bout de tous lesrespects nécessaires, le bio utilise de labouillie bordelaise, mais c’est mieux enmatière de santé. Dans le même temps,il nous faut rallier les 90% des autresagriculteurs. Mon rêve est de déconflic-tualiser pour progresser. On sort desélections européennes et vous avez vucomment cela s’est passé. Déconflic-tualiser et massifier. Encore une fois, si jene suis qu’un lanceur d’alerte, j’ai intérêtà aller cultiver mon jardin. Le premier rapport d’Hervé Le Treut, en1993, faisait apparaître que la partie laplus polluée de l’Aquitaine, c’était l’ex-Nationale 10 avec 9 000 camions parjour. Je n’ai pas réussi à convaincrequ’il fallait créer une deuxième ligneferroviaire pour mettre les camions surle train. On préfère 9 000 camions surla route qui polluent massivement etquatre voies qui traversent la frontière,plutôt qu’une ligne ferroviaire alorsqu’on sait qu’une ligne ferroviaire n’im-perméabilise pas le sol. Je n’arrive pasà comprendre. « Not in my backyard ! ».Je fais pourtant des scores au Paysbasque, mais non, j’ai un obstacle. D’ail-leurs on voulait me faire sortir la LGV duSRADDET, le schéma régional d’aména-gement, de développement durable etd’égalité des territoires. Les espagnolssont à la frontière et nous, nous restonsà Bordeaux. Nous avons construit la LGVqui connaît un succès formidable au-près de toutes les catégories sociales. Ily a moins de voitures, moins d’avions, etbien non. Que faudra-t-il démontrer ?Que l’on empêche les gens de circuler ?Voilà les contradictions dans lesquellesse retrouve une action publique. VincentBretagnolle a mis en place avec leCNRS et l’INRA un centre qui travailleavec 400 agriculteurs. Il a démontréque le revenu des agriculteurs avec les-quels il travaillait augmentait grâce àde nouvelles façons de cultiver, régéné-rer les sols, etc. Nous n’arrivons pas àfaire basculer ces agriculteurs versl’agro-écologie. Nous allons créer -nous avons déjà commencé dans la vi-ticulture - un fonds de garantie pourpermettre ce passage qui, en mêmetemps, représentera une forme de ré-munération.

Joël Dauga : Jean-François Clédel, lafeuille de route Néo-Terra évoque no-tamment la nécessité d'accélérer latransition énergétique et écologiquedes modèles de production des entre-

prises régionales, avez-vous le senti-ment que cela parle aux entreprisesnéo-aquitaines et, qu'au-delà descontraintes, elles se sentent réellementconcernées, voire qu'elles pourraient ytrouver des opportunités ?

Jean-François Clédel : Tout ce quitourne autour du développement dura-ble et de la biodiversité représenteavant tout, ce que je qualifierai, d’as-pect socio-culturel. Alain Rousset le di-sait, que l’on croit ou non auphénomène de réchauffement clima-tique, et dans la capacité de l’homme àpouvoir le ralentir. La lutte contre le ré-chauffement climatique est devenue unphénomène de société. Il en est demême de la biodiversité avec l’appari-tion d’espèces menacées qui noustouche tous. Tout le monde, par exem-ple, a l’image de l’ours blanc dont l’exis-tence est menacée. De nombreuxacteurs croient aujourd’hui en la néces-sité d’agir, attendent des politiquesadaptées, s’impliquent personnelle-ment, adaptent leur comportement. Cesont de nouvelles exigences normativeset réglementaires mais aussi des chan-gements macro et micro économiquesqui affectent le business model des en-treprises. Pour parler de l’aspect écono-mique, la transition écologique,

l’émergence des nouvelles technologies,les énergies renouvelables, la motricitéélectrique, les bâtiments, la substitutiondes énergies fossiles par des énergiesrenouvelables, la lutte contre la pollu-tion, créent en fait des opportunités debusiness. La construction des routes in-telligentes, des bâtiments basseconsommation, la relocalisation d’habi-tats menacés par la hausse du niveaudes eaux ou le retrait du trait de côte,comme à Lacanau, le rehaussementdes digues, représentent des opportu-nités. Imaginez le bouleversement del’industrie automobile avec les décisionsà venir de nos parlementaires qui veu-lent arrêter la production de moteursthermiques d’ici 2030 et qu’il faudraremplacer par des moteurs électriques,à batterie ou moteurs électriques à pilesà combustible ou à hydrogène, commele suggérait Alain Rousset. Dans l’auto-mobile mais aussi dans le ferroviaireavec les trains à hydrogène. Dans l’aé-ronautique, la réduction de la consom-mation énergétique, c’est aujourd’hui lacourse principale des constructeurs

pour le renouvellement des flottes. Lenumérique représente aussi une solu-tion avec l’accroissement de la produc-tivité et de la consommation. Je peuxaussi citer le tourisme, notre région esttrès verte, qui offre des opportunités enmatière de développement écono-mique. Quant à la problématique hu-maine et RH dans l’entreprise, c’estdevenu un phénomène de société, pra-tiquement une croyance en ce quiconcerne le réchauffement climatique,la pollution et la mise en danger de labiodiversité. L’entreprise le décline enresponsabilité sociétale et environne-mentale, démarches tout autant néces-saires pour répondre à des besoins deconformités légale, réglementaire, nor-mative qu’à des exigences clients ouaussi pour satisfaire des attentes nou-velles des actionnaires, des fonds d’in-vestissement, par exemple. Je parle desbons fonds d’investissement qui impo-sent des exigences en matière de déve-loppement durable, les RSE et autres,mais aussi des salariés de l’entreprise.Nous avons de grosses difficultés de re-crutement quels que soient les secteurset les niveaux de qualification, qu’ils’agisse, comme dans mon entreprise,d’ingénieurs ou de techniciens supé-rieurs mais encore dans les secteurs dubâtiment, de l’agriculture, etc. Ce qui vafaciliter le recrutement, c’est le sens quel’entreprise apporte à ses futurs colla-borateurs : « Comment l’entreprise va-t-elle me permettre de continuer àsatisfaire mon désir de m’engager auservice de l’humanité ou au service dela terre ».

Joël Dauga : Dominique Graciet, lemonde agricole est en première ligneface aux contraintes climatiques et auxquestions de biodiversité. Ce mondeagricole est-il prêt à voir "s'accélérer latransition agro-écologique", qui consti-tue l'une des ambitions de NéoTerra ?

Dominique Graciet : Je reviendrai surquelques mots d’Alain Rousset. Onconnaît le bon sens paysan : donner dusens parle aux agriculteurs, donner de

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“La transition écologique,les énergies renouvelables,

la motricité électrique, lalutte contre la pollution (...)

créent des opportunitésde business”

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Autourdu

forum

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la cohérence aussi. Ce qui a changédans le monde agricole, c’est l’arrivéede nouvelles générations, qui n’ont pasconnu l’âge d’or, ces années où l’on acommis pas mal de folies. Il y avait desurgences pour nourrir la population,nous l’avons nourrie avec des culturesqui appliquaient des recettes clé enmains quel que soit le terroir, quel quesoit le contexte agronomique. Al’époque, on construisait des barresHLM en bordure de ville sans se préoc-cuper de ce qu’on était en train de dé-truire, les voitures consommaient 15litres de carburant aux 100 km. L’agri-culture faisait partie de ce train de folie.L’urgence avait déterminé ces années-là. Aujourd’hui ce qui a changé, notam-ment avec les nouvelles générations,c’est que nous dressons des bilans, nousnous sentons responsables pour unepart de ce qui nous arrive mais aussivictimes du réchauffement climatiquequi provoque des remises en cause liéesaux générations passées. Les généra-tions actuelles d’agriculteurs se sententactuellement victimes mais aussi por-teurs de solutions. Il faut pouvoir com-biner ces sentiments pour être touspositif. D’une manière générale, tout lemonde se sent concerné, comme parexemple dans le Limousin qui, les deuxdernières années, à cause de la séche-resse, a mis en place les systèmes lesplus vertueux comme Bovins viande

avec pacage toute l’année. La séche-resse a nécessité la solidarité de la ré-gion et de recourir à d’autres systèmesde production pour faire venir des four-rages en complément de ceux quin’avaient pas poussé. Tous les systèmessont tributaires de ces aléas et il faut leschanger en revenant à deux principes :le premier en revenant à l’autonomiedes systèmes de production sur le planenvironnemental et économique. Il fautdevenir moins dépendants de l’exté-rieur, pour les achats par exemple, etvoir ce qu’on est capable de produirebeaucoup plus par nous-mêmes, demanière économique, sans sacrifier auxrendements ni aux exigences de qualité.Le second en s’inscrivant dans la dura-bilité : comment transmettre des entre-prises du fait de ces changements depratique. A ce sujet, l’exemple de Chizéest parlant. Ce n’est pas immédiat, il afallu 5/7 ans avant d’en voir les effetsbénéfiques et de retrouver ce bel équi-

libre. Cela nécessite de la persévérance,de l’accompagnement, pour que ce soitaccessible à tous. Face aux lanceursd’alerte, nous devons nous inscrire enporteurs de solutions. Mais il faut de-mander de la patience mais aussi de ladétermination, du sens et de la cohé-rence. L’agriculture est aussi porteusede solutions pour le stockage du car-bone car si on arrive à relever le sol d’1point de matière organique, les quanti-tés que nous pourrons stocker en plusseront énormes. Porteuse de solutionsaussi dans le domaine des énergies re-nouvelables. Les ressources à venir pourla méthanisation sont agricoles etagroalimentaires. Sur le plan environ-nemental, l’agriculture a largementparticipé à Natura 2000 et à tout cetype d’initiatives. Parlons également dela qualité des produits qu’on ne peutpas sacrifier. En Nouvelle-Aquitaine ilexiste 218 signes officiels d’origine dequalité, 1 agriculteur sur 2 travaille deprès ou de loin sur des produits qui sontdémarqués et se réfèrent au territoirepour obtenir une valeur ajoutée : le vin àBordeaux, le cognac à Cognac, le foiegras dans le Sud-Ouest. Les produc-teurs sont conscients de leur responsa-bilité. Si l’on se sert du terroir d’originepour apporter une valeur ajoutée à cesproduits, encore faut-il que ce territoirecontinue à faire rêver. Il existe, dansl’agriculture, des équilibres qui se tra-

duisent au plan écono-mique pour desagriculteurs qui vivent ettravaillent dans la na-ture, qui constitue leurpatrimoine. En matièred’agro-écologie, un cer-tain nombre d’initiativesa déjà démarré dont laplus spectaculaire estVitiREV autour du progrès

agricole qui change avec les nouvellesgénérations. Le progrès agricole avaitété pensé presque exclusivement pardes agriculteurs de la génération quinous a précédés notamment avec la ré-volution agraire des lois Pisani, la révo-lution silencieuse. Aujourd’hui VitiREVpropose une autre forme de dévelop-pement qui rassemble les agriculteurs,

mais aussi la société, les consomma-teurs, le voisinage, pour définir un mo-dèle de développement acceptable.Nous envisageons d’autres solutionspour la biodiversité. Avec Agriphone,nous travaillons avec les fédérations dechasse d’une dizaine de départements.Il existe sur les 12 départements de laNouvelle-Aquitaine entre 30 000 et50 000 hectares de terres qui n’ont pasd’usage ni agricole, ni forestier. Dans lemeilleur des cas cela devient forestierpar défaut mais ce n’est pas une forêtplantée ou cultivée, c’est un boisement.Reprendre ces terres, c’est une idée, unesuggestion, tant pour la faune que pourles abeilles, ce qu’on appelle les ja-chères mellifères. Contractualiser avecdes producteurs, mettre en place un co-mité de pilotage scientifique pour s’as-surer de ne pas planter n’importequelles variétés, pourrait représenterune solution. Agriculteurs, forestiers,chasseurs, partagent le même environ-nement. Ce qui sera important dansl’avenir, c’est l’état d’esprit de ceux quivont travailler autour de ces probléma-tiques. Nous avons toujours eu un es-pace partagé dans la ruralité. Sur lamême terre, nous avons des arbres, desagriculteurs, des chasseurs, des prome-neurs. Il faut garder et voire restaurercet état d’esprit. On ne peut pas s’oc-troyer l’espace que pour une seule utili-sation. La forêt, les bords de champssont ouverts à tous les promeneurs. Quefait-on ? On laisse les relations se dété-riorer et auquel cas on ferme la forêtparce que les promeneurs imprudentsy mettent le feu, on les empêche d’en-trer dans les champs ? Cette culture dumonde rural mérite d’être sauvegardéeet respectée et mise en positif pour leprogrès. C’est facile de dire que l’adap-tation c’est à l’autre de la faire alors quenous sommes tous concernés. Nous, onvit et on travaille dans la nature, on estconscient des problèmes, on est prêt àendosser les responsabilités, apporterdes solutions. Ce que réclament le plusles agriculteurs, c’est du bon sens, de lacohérence et du respect.

Joël Dauga : Le message est passé M.Graciet. Jacques Tortos, une des ambi-tions de Néo-Terra consiste à aller "versdes bâtiments, des territoires et desvilles durables, économes en res-sources, qui s’adaptent aux risques na-turels et au changement climatique". Onnous parle de plus en plus de "SmartCity", de "Smart building", le secteur dubâtiment n'est-il pas déjà en pointedans ce domaine ?

Jacques Tortos : Le secteur du bâtimentc’est à la fois une partie du problèmepuisqu’il représente, je parle sous lecontrôle des scientifiques, au moins 30 %

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“VitiREV propose une autre formede développement qui rassemble

les agriculteurs, mais aussi la société,les consommateurs, le voisinage, pourdéfinir un modèle de développement

acceptable”

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des émissions de gaz à effet de serre,mais aussi une partie de la solutionparce que des bâtiments qui neconsommeraient rien, qui seraient àénergie positive, voire qui contribue-raient à stocker de l’énergie en liaisonavec la mobilité, aujourd’hui on saitfaire. En ce qui concerne la biodiversité,au cœur de nos échanges, on peut lavoir de façon négative comme parexemple le cas d’un compagnon dont lechantier est bloqué parce que tout àcoup, il faut modifier le planning car onn’a pas vu qu’il y avait des espèces àprotéger. Il faut prendre du recul et évi-ter de le voir ainsi. Le secteur du bâti-ment touche des acteurs économiqueset des agents très divers, depuis le pro-moteur, le maître d’ouvrage, l’architecte,le concepteur, le fournisseur qui travail-lent à des échelles très différentes. C’estlà-dessus qu’on peut jouer. Un bâtimentc’est d’abord une parcelle sur laquelleon va construire et se pose déjà là, laquestion de la biodiversité. Puis au-des-sus, ce qui va impacter l’acte deconstruire, ce sera l’échelle de l’aména-gement, du quartier. Et encore au-des-sus, c’est tout ce qui touche l’énergiegrise. D’où viennent les matériaux, com-ment ont-ils été extraits, transformés,transportés ? Ce qui touche directementà la question de la biodiversité. Nousavons en même temps une chaîne deproblèmes et une chaîne de solutionsqui sont aujourd’hui en train de se met-tre en œuvre. On sait faire des chosesponctuellement mais la question c’estde les généraliser. Il y a une dizained’années, nous avons investi, et je re-mercie la Région qui nous a aidés, surun projet de recherche qui paraissait unpeu fou. Il consistait à dire que si onpouvait fournir aux personnes qui tra-vaillent sur l’aménagement d’une villeou d’un quartier des éléments d’aide àla décision pour voir dans quelle mesureleurs décisions impactaient l’environne-ment, nous pourrions peut-être franchirun cap. Scientifiquement, c’est compli-qué car il faut faire l’analyse de cyclesde vie de tous les ingrédients qui vontrentrer dans un chantier. Cela a pris 7/8ans mais cela a été fait. Après deuxthèses et des prototypes, aujourd’hui

nous possédons des outils qui sont dif-fusés avec les bureaux d’étude. Ils per-mettent, quand vous devez faire bougerun quartier ou aménager une zone,d’avoir, face à différents scénarios, ceque représente l’impact environnemen-tal avec des éléments lisibles par les dé-cideurs. Mais ils nous renvoient aussi surnotre condition d’humain car parfois lesdécideurs mettent ces éléments-là decôté et privilégient d’autres choix. Onaura encore manqué une étape. Ce queje retiens de positif, c’est l’arrivée d’unenouvelle génération, on l’a vu avec le

vote aux Européennes, pour qui l’enga-gement en termes de valeur de l’entre-prise sera aussi le leur. Quand on parlede difficulté à recruter, à faire entrer lesjeunes dans une dynamique, les entre-prises qui avancent sont celles qui ontdes valeurs qui ne reposent pas que surla communication et qui, au niveau desoutils, n’attendent pas la réglementationpour mettre en place de bonnes pra-tiques. Elles bougent, elles intègrent desjeunes qui s’y investissent, c’est cela lavertu de la dynamique du terrain d’au-jourd’hui. Ce qui rend finalement un peuoptimiste quant au mouvement qu’ilfaut mettre en place.

Joël Dauga : Merci M. Tortos. AlainRousset, je sais que vous devez satis-faire à d’autres obligations et elles sontnombreuses ce soir. Avant votre départ,je souhaiterais aborder une questionplus transversale. Ne faudrait-il pasmettre en place un dispositif pousséd'écoconditionnalité des aides accor-dées par la Région aux entreprises ? Etcomment cela pourrait-il se traduire ?

Alain Rousset : Cela existe déjà. On nepeut demander des éco-socio-condi-tionnalités à toutes les entreprises. Leseuil est fixé à 200 000 € car il n'est paspossible d'exiger la même chose d'uneTPE et d'une entreprise de 100, 200 voire1 000 ou 5 000 salariés. Il faut aussi uneingénierie organisée à l’intérieur del’entreprise. Et nous avons même ajoutél’emploi d’apprentis. Il existe des condi-tions dans le dossier d’instruction desaides. J’évoquais tout à l’heure l’Usinedu futur. Ce qui nous a tous surpris, c’estce bond de productivité que peut ap-porter le fait de repenser le process,

l’organisation du travail, parfois l’écra-sement de la hiérarchie. C’est specta-culaire ! La compétitivité par la qualitéde vie au travail. Vous imaginez si c’étaitrepris à Paris, cela changerait les ma-nifs entre La Bastille et République. J’aivisité la semaine dernière l’entrepriseAigle à Châtellerault. Je leur ai proposéde travailler avec une équipe de cher-cheurs pour remplacer la colle chimiquepar de la colle biosourcée. C’est ce quiest fait à l’IUT de Mont de Marsan surles colles pour le bois. Nous avons ac-compagné, dans la vallée d’Aspe, l’en-treprise Toyal qui est passée desproduits chimiques à la peinture à l’eauet nous avons financé plusieurs thèsesdans ce domaine. Pour Aigle, le caout-chouc qui n’est pas utilisé en premièremonte est réutilisé ensuite en totalitépour faire les semelles. Dans la plupartdes entreprises métallurgiques, lessous-produits des technologies encoreabrasives, avant qu’il n’y ait des tech-nologies dites additives, sont réutiliséset refondus. C’est tout l’enjeu. Commentje m’équipe en solaire photovoltaïquepour chauffer, voire produire de l’éner-gie. Nous avons mis en place à la Ré-gion un dispositif qui permetd’accompagner les entreprises ou lesparticuliers en auto-consommationavec du photovoltaïque. J’ai inauguré, ily a quelques semaines, sur des terrainsde 900 hectares au Pont-long, près del’aéroport de Pau, un système, que laRégion a aidé, permettant de sécher lefoin, le trèfle ou la luzerne, à partir de

panneaux photovoltaïques qui produi-sent à la fois de l’électricité et de la cha-leur. La qualité de la luzerne séchéeainsi est bien meilleure pour les ani-maux. C’est le mélange des ces condi-tionnalités et en même temps de toutesces innovations qui peuvent exister.Nous sommes en train de travailler avecune plate-forme technologique qui cor-respond à la plate-forme sur les nou-veaux matériaux dirigée par JacquesTortos pendant plusieurs années pourmettre au point des matériaux compo-sites biosourcés. Après tout, on a bienfait de la poudre à explosif avec de lacellulose à Bergerac. Il faut embarquertout le monde et mobiliser les labora-toires de recherche. Dernier exemple :l’Institut des sciences de la vigne et duvin. Première décision que je prends enarrivant à la Région en 1998, c’est de re-créer une capacité de recherche sur levignoble à Bordeaux car tout était partià Montpellier. Imaginons aujourd’huiqu’il n’y ait plus de recherche sur les cé-

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“Les entreprises qui avancentsont celles qui ont des

valeurs qui ne reposent pasque sur la communication

et qui, au niveau des outils,n’attendent pas la réglemen-

tation pour mettre en placede bonnes pratiques”

“Il faut embarquer tout lemonde et mobiliser les

laboratoires de recherche”

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pages, la relation entre la vigne et le sol,son traitement, la nouvelle façon defaire du vin, etc. Que se serait-il passé ?Aujourd’hui, nous avons embarqué lecognac. Et je pense que le vignoble serala première forme d’agriculture sanspesticides.

Joël Dauga : Dans le domaine de latransition énergétique, vous allez signeren fin de semaine prochaine uneconvention avec le PDG d'EDF, Jean-Bernard Lévy. Quel est le sens de cetteconvention, notamment par rapport à lavolonté de développer les énergies re-nouvelables ?

Alain Rousset : EDF est un producteuret distributeur d’énergie. La meilleureénergie est celle qu’on ne consommepas. Il y a tout un travail à mener sur lesénergies renouvelables et sur lestockage de l’énergie. L’énergie renou-velable, par définition, est une énergiealéatoire. Que faisons-nous en termesde stockage d’énergie ? Il y a 7/8 ans,avec Hydro-Québec, nous avons prisl’initiative d’installer un laboratoire surla batterie du futur à Lacq. Aujourd’huinous importons 98% des batteries d’Asiedu Sud-Est. Imaginons, avec la batailleentre ce fou de Trump et Xi Jinping, quel’Asie du Sud-Est mette 25% dans les ba-tailles géo planétaires sur les batteries,cela signifie qu’il n’y a plus de véhiculesélectriques et plus de transition vers lesvéhicules électriques. L’Europe les alaissées partir, alors que c'est du do-

maine de notre souveraineté au mêmetitre que la défense ou la santé. Nousavons tout un travail avec EDF, Engie etd’autres entreprises engagées dans ledéveloppement de panneaux photovol-taïques. Supposez que le président Lévyvienne me dire « Nous avons une seuleentreprise en France, Photowatt, qui ar-rive à travailler sur la conception et la

fabrication de panneaux solaires. Vou-lez-vous que j’implante un site en Nou-velle-Aquitaine ? »

Joël Dauga : Il va vous le demander ?

Alain Rousset : Je pense que c’est cequ’il va me dire. Et une autre entreprised’une autre société aussi qui me feraittrès plaisir. Depuis des années, nousavons financé à l’Université, une chaired’excellence avec le professeur GeorgesHadziioannou qui travaille sur le photo-voltaïque du futur. C’est, comme le di-sait Jean-François Clédel, une sourceremarquable d’opportunités d’affaires.Mais ce qui va nous manquer enFrance, c’est traditionnel, ce sont lesfonds propres. Je suis terrorisé quand jevois que l’Etat n’a plus de projet pour lefutur. Le Canard Enchaîné l’évoquaitdernièrement. Le Téléthon accompagnepour 15 millions d’euros la mise en placed’un traitement pour une maladie or-pheline conçu par un laboratoire fran-çais. Mais comme on ne peut pas créerd’entreprise le brevet est vendu à unfonds ou une grande entreprise améri-caine. Nous avons à Bordeaux un cher-cheur de l’INSERM qui a mis au point leremède contre le retard cognitif des tri-somiques 21. Bpifrance voulait le vendreà un fonds américain. Je l’ai dit devant leprésident de Bpifrance et du ministre, etj’ai réglé le problème assez vite. C’est cequi se passe en France aujourd’hui,nous avons un problème de souverai-neté. Comme c'est aussi le cas pour lestechnologies environnementales, l’ali-mentation.

Joël Dauga : Merci président, nous vouslibérons et allons continuer sur le thèmedes énergies renouvelables.Hervé Le Treut, quel est l’avis quel estl'avis du climatologue sur les énergiesrenouvelables ?

Hervé Le Treut : On peut faire le constatentre la situation de l’énergie au-jourd'hui et ce qu’il faudrait qu’elle soitpar rapport au changement climatique.

Actuellement, l'énergie fossile repré-sente, au niveau mondial, 80% de l’éner-gie produite en additionnant lecharbon, le pétrole et le gaz naturel. Sur

les 50 dernières années, nous avonsmultiplié par deux la production d’éner-gie mais en conservant le même pour-centage d’énergie fossile. Globalementces combustibles fossiles augmentent etil n'existe pas de changement majeur dece côté-là. La part des gaz à effet deserre augmente aussi et le problème cli-matique n’est pas en train d’être réglé.Globalement, les indices ne sont pastrès bons. Dans la part de ce qui n’estpas combustible fossile, le nucléaire re-présente de l’ordre de 6%. Dans lesénergies vraiment renouvelables, toutce qui est lié au sol, l'éolien et le solairene représentent que quelques pour-cent. Les rapports du GIEC demandentde rendre possible la substitution des80% d’énergie fossile par d'autres éner-gies en essayant d’éviter le nucléaire. Lasituation souhaitée est loin de celled’aujourd’hui. Une de mes collèguesemploie le terme de "schisme de réalité"et nous y sommes. Quand on parle d’unréchauffement de plus de 2°, il y a debonnes chances d'y arriver et mêmed’aller au-delà. Je rappelle que 5°, c’estce qui nous sépare de la neige glaciaire.Il faut privilégier des actions positives.J’ai participé à la COP 21 et travaillé, entant que négociateur français, à l’éva-luation de la promesse des états. On saitque la part d’engagement n’a pas ététenue. Il faut des programmes incitatifsmais tenables socialement. Si on s’en te-nait à la lettre de ce qui est demandé,les fameux scénarios du GIEC qui disentqu’en 2050 il faudra s’être débarrasséde toutes les énergies fossiles, cela en-gendrerait des mutations de l’économieconsidérables. Ce n’est pas tenable. Ilfaut trouver le chemin qui permet de fa-voriser toutes les solutions. Nous avonstendance à avoir des indicateurs decourt terme mais nous aurons besoinaussi des infrastructures de moyenterme et si on veut arriver à un résultatdans quelques décennies, il ne faut pasles sacrifier.

Joël Dauga : Vincent Bretagnolle, quelleest la position du biologiste sur les éner-gies renouvelables ?

Vincent Bretagnolle : Je vais émettre unavis, plus personnel que scientifique.

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Un projet Photowatten Nouvelle-Aquitaine ?

“Sur les 50 dernièresannées, nous avons multiplié

par deux la productiond’énergie mais en conservant

le même pourcentaged’énergie fossile”

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Pour prolonger ce que vient de direHervé Le Treut, clairement on ne va pasy arriver. Avant même de penser éner-gies renouvelables, il faut penser ré-duction de la consommation d’énergie,

de manière assez drastique. C’est unleurre de penser que nous allons rem-placer les 80% d’énergie fossile par del’éolien ou de la biomasse. A raisonnerainsi, nous allons générer d’autres pro-blèmes insurmontables. Si on voulaitpar exemple créer de la biomasse éner-gie, il faudrait éliminer les forêts natu-relles au profit de forêts de plantationou recouvrir les plateaux continentauxen mer de cultures d’algues. Jouer à ceniveau-là avec la planète et les écosys-tèmes, c’est aller dans le mur à coup sûr.Dans les scénarios du GIEC, celui de 2ou 2,5 points, il serait nécessaire quechacun réduise sa consommationd’énergie de 2,5 ou 3% par an. Cela vautle coup d’essayer et personnellementj’essaie de me l’appliquer. Les énergiesrenouvelables, il faut y venir mais il fautaussi réfléchir au compromis de l’allo-cation des terres. Séparer les problèmesen se disant j’ai besoin d’électricité pourfaire fonctionner les véhicules et j'ins-talle des panneaux photovoltaïquespartout n'est pas une solution. Parcequ’en faisant cela, nous allons nouscréer d’autres problèmes. Il faut doncnon une approche sectorielle mais sys-témique. Il y a eu des discussions cetaprès-midi assez houleuses autour deséoliennes dont l’ex-Aquitaine est plutôtépargnée mais pas le Poitou-Cha-rentes. Le président du Conseil dépar-temental des Deux-Sèvres rappelaitque la moitié des éoliennes de la régionNouvelle-Aquitaine était installée dansson département. Les éoliennes posentdes problèmes pour la biodiversité, pourles oiseaux, mais aussi pour les citoyens,certains les supportant plus ou moinsbien. Il faut s’extraire du schéma clas-sique, qui a été quelque part celui del’industrie, de l’ingénierie jusqu’à main-tenant. J’ai un problème et je le résouspar une solution technico-économique.Aujourd’hui nous avons un problèmesystémique que nous allons devoir ré-soudre par un panel de solutions réflé-chies et concertées.

Joël Dauga : Dominique Graciet, il estsouvent question de concurrenceentre terres agricoles et énergies re-nouvelables. Quelle est votre position

sur le sujet ?

Dominique Graciet : Je pense que dansla concurrence terres agricoles énergiesrenouvelables, ce que n’admet pas trèsfacilement Alain Rousset, il y a de laplace pour tout et qu’il n’existe pas desolution unique. D’abord, ce qui fa-brique l’énergie, c’est la photosynthèse,que ce soit pour l’agriculture ou la forêt.La photosynthèse est une énergie natu-relle renouvelable qui permet en plus destocker du carbone, et qui donc a toutesles vertus. Ensuite, il y a des terres quin’ont que très peu d’utilité agricole ou

pas du tout puisqu’elles sont incultes, nid'utilité environnementale parcequ’elles ne sont pas pénétrables. La na-ture, nous l’avons toujours créée : il y a200 ans il n’y avait pratiquement pas depins maritimes dans les forêts d’Aqui-taine, c’est l’homme qui les a plantés. Demême que pour les réserves d’eau quiont été créées pour l’irrigation et ame-ner les changements de système deproduction. Ces éléments artificiels sontrentrés dans les paysages et nous sontdevenus familiers. La forêt fait partiedes gènes de la région, de son identité.La nature se recrée en permanence.Mais nous connaissons une accéléra-tion des problèmes en ce moment dontle monde agricole et forestier aconscience et qui mérite d’être exami-née plus profondément et de manièremoins sectorielle. La mutation est encours : les agriculteurs sont prêts àtransformer leur système et à revenirvers plus d’autonomie sans pour autantsacrifier les exigences économiques carle nerf de la guerre c’est la rentabilité dusystème. La transformation des sys-tèmes, ce sont des périodes d’accom-

pagnement certes, mais ce sont aussides investissements et actuellementdans l’agriculture nos revenus ne nouspermettent pas à la fois de vivre et d’in-vestir dans l’avenir. Mais je le maintiens,il existe une transformation des menta-lités du fait de l’arrivée des nouvellesgénérations. Et l’agriculture a des spé-cificités par rapport à d’autres secteurséconomiques, car elle représente à lafois la nourriture mais aussi l’aspectidentitaire et culturel. Certaines chosesseront acceptables, d’autres moins maisnous sommes porteurs de solutions.Entre nourriture et énergie renouvela-ble ou entre méthanisation et engraisorganique, je pense qu’il y a de la placepour tout. Les panneaux photovol-taïques requièrent de l’innovation, de larecherche. Il faut croire en l’avenir, en latransformation et en l’homme pouradapter la nature aux nouveauxcontextes. La prise de conscience estengagée aujourd'hui.

Joël Dauga : Jean-François Clédel, àl’image de votre propre groupe àl'image de votre propre groupe qui dé-veloppe une partie de ses activités dansle domaine de l'énergie, les énergies re-nouvelables représentent-elles un bonfilon pour l'industrie régionale ?

Jean-François Clédel : L’éolien n’a pasété jusqu’à maintenant une opportunitépour la région ex-Aquitaine. Dans lesénergies renouvelables, il existe diffé-rentes sources d’énergie. L’hydroélectri-cité sera certainement une énergie quicontinuera à être développée dansnotre région. Il est possible de stockerde l’énergie grâce aux barrages hydro-électriques. Je crois beaucoup à l’émer-gence d’une transformation de l’énergieautour de l’hydrogène. C’est un gaz quel’on peut obtenir par plusieurs procédésnotamment par le craquage du mé-thane, un des procédés chimiques lesplus utilisés et les plus efficaces entermes de coûts de production. Mais ilexiste aussi un autre procédé, appris aulycée, l’électrolyse. S'il n’est pas très ef-

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“Avant même de penserénergies renouvelables,

il faut penser réduction dela consommation d’énergie,

de manière assezdrastique”

“La nature, nous l’avonstoujours créée : il y a 200

ans il n’y avait pratiquementpas de pins maritimes dans

les forêts d’Aquitaine, c’estl’homme qui les a plantés”

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ficace en matière de production d’éner-gie, il peut représenter une solution pourle stockage des énergies renouvelables.Le solaire produit 7/8 heures dans lajournée, l’éolien - quand il y a du vent -25% du temps. Au moment de la pro-duction, le réseau est saturé et pose des

difficultés pour la distribution del’électricité. Nous sommes doncconfrontés à des problèmes destockage. L’hydrogène représentepeut-être la solution car elle pourraitêtre stockée à proximité des sourcesde production et en la produisant par-tout où il y a de la production d’éner-gie renouvelable, on pourrait lapositionner sur tout le territoire pouralimenter ensuite, par exemple, les vé-hicules qui ont besoin d’hydrogènepour circuler. Les véhicules à hydro-gène sont des véhicules à moteurélectrique équipés de piles à combus-tible qui transforment l’hydrogène enélectricité. Je pense qu’il y a là une op-portunité intéressante. Ce n’est pasune voie très explorée pour l’instantmais pour laquelle nous avons déve-loppé ici quelques activités. Depuistrès longtemps, les verrous technolo-giques étaient difficiles à franchir maisaujourd'hui c’est résolu et on saitstocker de l’hydrogène dans descontainers sûrs. Issu du monde agri-cole, je suis très réservé sur les solu-tions qui vont vitrifier les surfacesagricoles et aussi sur les éoliennes carimpactant pour les animaux. On saitdécompter les gros animaux quand ilssont au sol mais pas les petits ani-maux. Comme cela a été dit ce soir àplusieurs reprises, il ne faut pas mini-miser les impacts de toutes ces nou-velles solutions sur notre écosystème,notre environnement, sur la biodiver-sité. Une terre agricole, qui n’est pasbonne à grand-chose, peut êtrebonne pour la biodiversité. Sur uneterre non entretenue, se développentdes tas d’espèces animales, visibles ounon visibles. Il faut donc mixer les so-lutions les plus intelligentes et se mé-fier de la belle solution pour résoudretous les problèmes. Les solutions setrouveront dans une approche systé-mique. Sur la part du mix énergétiqueévoquée par Hervé Le Treut, avec laprépondérance du fossile, on constateque l’Inde et la Chine développenténormément le nucléaire pour com-penser leurs productions en énergiefossile. Qu’est-ce-que cela donnera

dans des décennies en part d’énergiesfossiles, je ne sais pas, mais c’est entrain d’évoluer et là on parle d’énergiedécarbonée.

Joël Dauga : Jacques Tortos, l’intégra-tion des énergies renouvelables dans lebâtiment, en construction neuve ou enrénovation, où en est-on aujourd'hui etquelles sont les perspectives?

Jacques Tortos : Actuellement, le prix dukilowatt en énergie renouvelable atteintcelui du nucléaire, ce qui ouvre devraies perspectives. Aujourd’hui l’inté-gration ne se pose pas techniquementmais économiquement et là le modèlede la construction appelle réflexion.D’un côté, nous avons une société pourlaquelle le contrôle des gaz à effet deserre et de la biodiversité représententun vrai enjeu et d’un autre côté, un mo-dèle économique qui engage les inves-tisseurs à amortir sur les économiesréalisées. C'est faux. On n’amortit pasdes énergies renouvelables ni l’isolationd’un bâtiment uniquement sur les éco-nomies. Cela reste extrêmement difficileà réaliser sauf dans quelques cas parti-culiers. Il est donc nécessaire de pour-suivre une réflexion globale sur lemodèle économique qui a un impact surtoute la société. Il existe aujourd'hui unfrein sur un des principaux enjeux : laréhabilitation des bâtiments. La maîtrisedes gaz à effet de serre et des consom-mations énergétiques passeraient parun vrai changement de dimension.Techniquement, nous sommes prêtsmais le modèle d’accompagnementpour celui qui décide d’investir, estconfus. Mais cela va bouger parce quec’est un levier particulièrement fort etque nous avons, à portée de main, dessolutions. La grande révolution, c’est lesprix de kilowatt équivalent. Mais la pre-mière des économies à réaliser c’estcelle des énergies renouvelables. Au-jourd’hui, on suit des habitats qui ont étéconçus sans consommation et ons’aperçoit que ces derniers temps les

consommations repartent. Pourquoi ?Les écrans plats, le téléphone, le data.Nous générons aujourd’hui de nou-veaux besoins électriques là où par lepassé l’on a réussi, pour les besoins dechauffage, d’électricité et d’éclairage,etc. à traiter la question. Nos comporte-ments doivent évoluer. Si chacun faitl’effort de se poser la question : Où puis-je économiser année par année, c’estpeut-être déjà un début de réponse.

Joël Dauga : Nous arrivons au bout dutemps que nous nous étions donnéspour cette table-ronde et il est temps devous passer la parole. Pour faire la tran-sition avec la salle, tout en restant dansle domaine de l'énergie, je vais peut-être demander à Isabelle Visentin, quireprésente ce soir la délégation régio-nale EDF, un rapide commentaire sur laconvention qui va être signée le 21 juinprochain avec la Région.

Isabelle Visentin : Nous sommes trèsfiers à EDF d’être les plus anciens par-tenaires du forum APS. Avec la conven-tion qui sera signée la semaineprochaine par le président de la région,Alain Rousset, avec Jean-Bernard Lévy,président d’EDF, nous sommes sur desthématiques très variées : les énergiesrenouvelables mais aussi, il ne faut pasoublier qu’EDF est un acteur écono-mique extrêmement fort dans la région,des actions sur le développement terri-

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“Nous sommes confrontésà des problèmes

de stockage. L’hydrogènereprésente peut-être

la solution...”

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torial, l’innovation, le stockage, et toutce qui concerne l'orientation, l'emploi, laformation, sujet sur lequel nous rencon-trons également des problèmes de re-crutement dans nos centrales deproduction. Nous essayons de travailleravec la Région sur l’ensemble de cesspectres.

Joël Dauga : Des questions dans lasalle ?

Kiryl Cousew : Ce qu’on vient d’enten-dre n'est pas très positif. Il y a deschoses évidentes sur lesquelles onn’insiste pas assez parce que noussommes tous concernés par ce pro-blème et aussi coupables. On le voitpar rapport aux nouvelles généra-tions, à nos enfants qui se battent pourfaire en sorte que l’on vive mieux et cesont eux qui nous donnent des leçons

enfants. Là, on parle des consé-quences sur notre région, noussommes dans un domaine où les gaz àeffet de serre sont mélangés et tou-chent toute la planète de la mêmemanière : 1% de gaz français ici enNouvelle-Aquitaine, 1% en Nouvelle-Zélande. Nous ne vivons pas dans lespays les plus touchés comme dans lazone inter tropicale où les habitantspourront avoir des difficultés à survi-vre sur leurs territoires, ce qui n’est pastout à fait notre cas.

Joël Dauga : Jean-François Clédel,vous vouliez intervenir sur cette re-marque.

Jean-François Clédel : C’est aussi unequestion d’ignorance. Combien ce té-léphone portable consomme d’éner-gie ? Enormément, parce que chaquefois que nous envoyons un message, ilest copié, recopié, stocké, etc. dansdes data center. Ce n’est pas tellementla consommation de l’appareil lui-même mais la consommation induitepar son utilisation. Quand on voit lesjeunes dans le tram utiliser leur télé-phone, j’ai pris le tram pour venir etj’avais devant moi une personne, je nesais pas si c’était une influenceuse, quin’arrêtait pas de faire défiler, d’en-voyer, de twitter à toute vitesse, c’étaitimpressionnant. Moi, je voyais le tra-vail des ordinateurs derrière, elle de-vait faire chauffer je ne sais pascombien de boîtes à elle toute seule.Ce sont des centaines de watts quisont dépensés. Ce qu'on ne le mesurepas. Passer à la 5G puis à la 6, à la 7nous fait consommer énormément.C'est donc aussi par ignorance quenous n’arrivons pas à réduire la

aujourd’hui. Il y a une forme de déca-lage car eux se sentent impliqués. Ilfaut diminuer notre consommation àtous pour que cela puisse aller mieuxmais ce que je ne comprends pas, c'estpourquoi on ne le fait pas. Si chacundiminue sa consommation de 3,5points par an, on pourrait arriver à se sortir de cette impasse plus facilement.Mais pourquoi ne le faisons-nous pas ?C’est la question bête et méchante queme poserait mon fils.

Joël Dauga : Hervé Le Treut, voulez-vous réagir à cette question ?

Hervé Le Treut : Il faut allumer sa télé-vision pour s’apercevoir qu’il existe uneforme de schizophrénie par rapport àces problèmes. On peut voir en suivantune séquence dans laquelle on se la-mente sur le fait d'avoir continué àémettre plus de CO2 cette dernièreannée et juste après, une séquencequi se réjouit parce que la vente devoitures a augmenté en France. Cha-cun de nous a des habitudes et sou-vent, les plus vigilants, ce sont mes

consommation réelle d’énergie, il y acelle qu’on voit sur la facture puis ré-glée par d’autres acteurs que nouspayons indirectement par la publicité,lorsqu’on achète des produits oulorsqu’on s'acquitte de l’impôt toutsimplement.

Joël Dauga : Avant de vous inviter àrejoindre le cocktail qui vous attend, jetiens une nouvelle fois à remercier lesintervenants, nos partenaires et voustous mesdames, messieurs. Merci àtous, le débat peut se poursuivre au-tour du buffet. Bonne soirée ■

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Reportage photographique :Jean-Marie Laugery

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Alain RoussetPrésident du Conseil régionalde Nouvelle-Aquitraine

Martin LeÿsDélégué régionalEDF Nouvelle-Aquitaine

Jean-François ClédelPrésidentde la CCI Nouvelle-Aquitaine

Martine Roquetresponsable de la communicationet du développement coopératifau Crédit Agricole Aquitaine

Alexandre Salas-GordoPrésident de l’Ordre régionaldes experts-comptables d’Aquitaine

Les partenaires

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