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ENTRETIEN 5 PAUL -JOËL DERIAN, Président de l'Institut Pivert «NOUS ALLONS DÉVELOPPER UNVRAI PÔLE D'ATTRACTIVITÉ DELA BIOÉCONOMIE SUR LEVERSANT SUD DEL'OISE » EXCLUSIF. Alors que le Conseil Régional peaufine sa feuille de route sur la bioéconomie qui devrait être validée à l'automne, l'Institut pour la Transition Energétique (ITE) Pivert travaille ce champ d'activités depuis six ans. Basé à Compiègne, dans l'Oise, il a fait de la chimie du végétal son d'activité et participe activement à sa démocratisation en Hauts-de-France à travers un tout nouveau pôle d'excellence. Quelle sont les activités de Pivert au- jourd'hui ? Pivert a deux activités principales. D'abord, une activité de prestations de services. En six ans, nous avons investi et monté le Biogis Center, opérationnel depuis 2016. Sur la commune de Venette, dans l'agglo- mération compiégnoise, ce centre héberge des start-ups et des activités opération- nelles de Pivert, qui monte des prestations en chimie végétale et en biotechnologies. Cette activité est destinée à des industriels qui sont, en général, dans une phase de développement ou de préparation de production de lots. Elle se développe très bien. Nous avons des clients très fidèles qui continuent à faire appel à Pivert dans la durée. Je pense, par exemple, à Deinove qui a confié à Pivert le développement de ses caroténoïdes (pigments, ndlr) pour ses applications cosmétiques. Nous héber- geons, aussi, sur le Biogis Center un cer- tain nombre de start-ups, comme Evertree qui développe des substituts végétaux aux colles chimiques destinées aux panneaux de bois. Je pense à CIMV (Compagnie In- dustrielle de la Matière Végétale) qui veut extraire des sucres du bois, ou à Oléon Biotech. J'ai, aussi, en tête BioSCO, une start-up qui émane de Pivert, développe un logiciel pour optimiser la logistique de la biomasse et travaille, actuellement, à une augmentation de capital. « En six ans, nous avons investi et monté le Biogis Center, opérationnel depuis 2016.... Il héberge des start- ups et des activités opération- nelles de Pivert qui monte des prestations en chimie végé- tale et en biotechnologies... Cette activité se développe très bien. » Un premier effet de l'accord, fin 2016, entre Pivert et FINOVAM Gestion pour créer des sociétés innovantes dans le domaine du végétal ? D'autres projets sont nés de cet accord ? L'accord avec FINOVAM a, notamment, permis le financement de cette start-up. D'autres projets sur lesquels nous travail- lons ne se sont pas encore concrétisés. Cela nous a également conduits à une réflexion sur la mise en place d'un incu- bateur/accélérateur sur le pôle techno- logique de Compiègne qui va nous servir à amplifier cette démarche de création d'entreprises. Ce projet est soutenu par les collectivités territoriales, en partenariat avec l'UTC (Université de Technologie de Compiègne) et, également, par la Région qui vient de le labelliser « parc d'innova- tion » (le nouveau label des pôles d'excel- lence en Hauts-de-France, ndlr). Quand sera inauguré ce parc d'innova- tion ? Objectivement, nous devrions être opéra- tionnels à la rentrée de septembre. Pour se différencier dans le paysage des incu- bateurs régionaux, nous avons décidé de le centrer autour de la bioéconomie, en incluant la chimie du végétal et les techno- Tous droits de reproduction réservés PAYS : France PAGE(S) : 4-5 SURFACE : 193 % PERIODICITE : Bimensuel JOURNALISTE : Jonathan Blanchet 1 juin 2018 - N°1049

-JOËL DERIAN, - BioSCO · 2020. 9. 18. · en Paul Joël Derian pour assurer la présidence de l'Institut ces trois pro-chaines années. Son directeur général, Gilles Ravot, est

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Page 1: -JOËL DERIAN, - BioSCO · 2020. 9. 18. · en Paul Joël Derian pour assurer la présidence de l'Institut ces trois pro-chaines années. Son directeur général, Gilles Ravot, est

ENTRETIEN 5

PAUL-JOËLDERIAN,Président de l'Institut Pivert

«NOUSALLONSDÉVELOPPERUNVRAIPÔLED'ATTRACTIVITÉDELABIOÉCONOMIESURLEVERSANTSUDDEL'OISE»

EXCLUSIF. Alors que le Conseil Régional peaufine sa feuille de route sur la bioéconomie qui devraitêtre validée à l'automne, l'Institut pour la Transition Energétique (ITE) Pivert travaille ce champ

d'activités depuis six ans. Basé à Compiègne, dans l'Oise, il a fait de la chimie du végétal son cœur

d'activité et participe activement à sa démocratisation en Hauts-de-France à travers un toutnouveau pôle d'excellence.

Quelle sont les activités de Pivert au-jourd'hui ?Pivert a deux activités principales. D'abord,une activité de prestations de services.En six ans, nous avons investi et monté leBiogis Center, opérationnel depuis 2016.Sur la commune de Venette, dans l'agglo-mération compiégnoise, ce centre hébergedes start-ups et des activités opération-nelles de Pivert, qui monte des prestationsen chimie végétale et en biotechnologies.Cette activité est destinée à des industrielsqui sont, en général, dans une phase dedéveloppement ou de préparation deproduction de lots. Elle se développe trèsbien. Nous avons des clients très fidèlesqui continuent à faire appel à Pivert dansla durée. Je pense, par exemple, à Deinovequi a confié à Pivert le développement deses caroténoïdes (pigments, ndlr) pour sesapplications cosmétiques. Nous héber-geons, aussi, sur le Biogis Center un cer-tain nombre de start-ups, comme Evertreequi développe des substituts végétaux auxcolles chimiques destinées aux panneauxde bois. Je pense à CIMV (Compagnie In-dustrielle de la Matière Végétale) qui veut

extraire des sucres du bois, ou à OléonBiotech. J'ai, aussi, en tête BioSCO, unestart-up qui émane de Pivert, développeun logiciel pour optimiser la logistique dela biomasse et travaille, actuellement, àune augmentation de capital.

« En six ans, nous avonsinvesti et monté le Biogis

Center, opérationnel depuis2016.... Il héberge des start-

ups et des activités opération-nelles de Pivert qui monte desprestations en chimie végé-tale et en biotechnologies...Cette activité se développe

très bien. »

Un premier effet de l'accord, fin 2016,entre Pivert et FINOVAM Gestion pourcréer des sociétés innovantes dans le

domaine du végétal ? D'autres projetssont nés de cet accord ?L'accord avec FINOVAM a, notamment,permis le financement de cette start-up.D'autres projets sur lesquels nous travail-lons ne se sont pas encore concrétisés.Cela nous a également conduits à uneréflexion sur la mise en place d'un incu-bateur/accélérateur sur le pôle techno-logique de Compiègne qui va nous servirà amplifier cette démarche de créationd'entreprises. Ce projet est soutenu parles collectivités territoriales, en partenariatavec l'UTC (Université de Technologie deCompiègne) et, également, par la Régionqui vient de le labelliser « parc d'innova-tion » (le nouveau label des pôles d'excel-lence en Hauts-de-France, ndlr).

Quand sera inauguré ce parc d'innova-tion ?Objectivement, nous devrions être opéra-tionnels à la rentrée de septembre. Pourse différencier dans le paysage des incu-bateurs régionaux, nous avons décidé dele centrer autour de la bioéconomie, enincluant la chimie du végétal et les techno-

Tous droits de reproduction réservés

PAYS : France PAGE(S) : 4-5SURFACE : 193 %PERIODICITE : Bimensuel

JOURNALISTE : Jonathan Blanchet

1 juin 2018 - N°1049

Page 2: -JOËL DERIAN, - BioSCO · 2020. 9. 18. · en Paul Joël Derian pour assurer la présidence de l'Institut ces trois pro-chaines années. Son directeur général, Gilles Ravot, est

logies agricoles autour du digital. Le projets'étendra jusqu'à Beauvais, implique desacteurs privés (dont Pivert), les universitésavec l'UTC d'un côté et LaSalle Beauvais del'autre et les deux communautés d'agglo-mérations du Compiégnois et du Beauvai-sis. Nous constituerons, sur le versant sudde l'Oise, un vrai pôle d'attractivité dédiéà la bioéconomie. Nous recevrons, d'ail-leurs prochainement, des représentantsde l'État et de l'ANR (Agence Nationale dela Recherche) pour rendre compte de cequi s'est développé dans les territoires cestrois dernières années. Nous ne préten-dons pas que Pivert fait tout, mais l'Instituta joué un rôle de catalyseur. Ce futur parcd'innovation n'est pas le fait de Pivert, maisil a, et y aura, un rôle clé.

Pivert intervient, également, dans ledéveloppement et le transfert de tech-nologies ?Les premières années de l'institut ontconsisté à se doter d'un réseau acadé-mique sur les Hauts-de-France. Des par-tenaires académiques sont sélectionnéspar Pivert pour leurs compétences, pourles technologies qu'ils peuvent apporter,la qualité de leurs étudiants, de leurs équi-pements... tout cela en lien avec la chimiedu végétal ou des activités utilisant desmatières premières d'origine végétale. Cespremières années ont consisté, effective-ment, à assurer le transfert de technolo-gies du monde académique vers le mondeindustriel. Depuis quelques mois, nousavons choisi de réorienter un peu la stra-tégie de l'institut en choisissant des axesplus précis comme l'alimentation animaleou le biocontrôle (méthode de protectiondes végétaux, ndlr) en partenariat avec lesindustriels membres de l'institut. Cette fo-calisation permettra à Pivert d'être centrésur des enjeux industriels plus importants,de mobiliser plus de ressources et d'allerplus vite vers le développement industriel.

Pivert aura en charge ce développe-ment industriel ?C'est une des options. Soit Pivert se char-gera du développement industriel, enpartenariat avec les entreprises en aval quivont assurer la commercialisation, soit Pi-vert reprendra la balle au moment de l'in-dustrialisation et de la commercialisation.Nous avons l'ambition de faire de Pivertun vrai acteur industriel de la bioéconomiesur les territoires. En clair, de continuer defaire de l'institut un outil de recherche etde développement des technologies, enayant, en plus, une activité resserrée surun plus petit nombre de domaines.

De quels résultats peut se prévaloirPivert ?Les différentes activités de l'institut sont,aujourd'hui, d'égales importances. Aterme, un tiers de notre chiffre d'affaires(Pivert ne communique pas sur les mon-tants de son C.A et de son budget, ndlr)sera plutôt lié aux prestations de servicesautour du Biogis Center. Nous pensons

duits », en partenariat avec les industriels,a, elle, un potentiel beaucoup plus impor-tant. Nous devrions percevoir ce décollageà horizon 2022-2023, à la fin du plan stra-tégique actuel.

« Pivert et les autres Institutspour la Transition Énergé-tique (ITE) qui ont été crééssouffrent un peu, actuelle-

ment, d'un État qui a du malà contractualiser ses engage-ments... Les actionnaires pri-vés prennent le relais, mais ilest important que l'État et laRégion soutiennent ce déve-

loppement. »

Le Programme d'Investissementsd'Avenir demeure conséquent dans vosfinancements?Absolument, même si l'État devient moinsclair dans ses positions. Pivert et les autresInstituts pour la Transition Énergétique(ITE) qui ont été créés souffrent un peu,actuellement, d'un État qui a du mal àcontractualiser ses engagements... Lesactionnaires privés prennent le relais,mais il est important que l'État et la Régionsoutiennent ce développement. Ces nou-veaux objets que sont les ITE ont besoind'un soutien public avant de pouvoir vivreseuls. C'est important de camper sur sesengagements dans la durée. En 2016,l'évaluation de l'ANR a été très positivepour Pivert. Depuis, beaucoup de chosesont été réalisées. Une nouvelle évalua-tion interviendra à la fin de la deuxièmepériode, mais l'État ne l'a toujours pascontractualisée. Les Régions devraient semobiliser pour rappeler à l'État l'impor-tance de ces contrats. Aujourd'hui, Pivert acréé presque une cinquantaine d'emplois,EverTree en compte vingt-cinq, chez OléonBiotech, ils sont une vingtaine... Tous desemplois directs. L'écosystème Pivert pèsequand même 200 emplois sur la région.Au sein de Pivert, nous avons pris l'enga-gement d'être le plus rapidement possibleautonome financièrement. La prestationde service permet un résultat immédiat,les partenariats préparent l'avenir. Il n'enreste pas moins que le soutien de l'Étatdemeure important. Nous nous rappro-chons tous les jours de notre autonomiefinancière, mais nous la voyons encore àquelques années.

On ne peut pas parler d'ITE sans en évo-quer un autre, emblématique de la ré-gion, qui partageait des préoccupationsproches de Pivert : l'IFMAS (InstitutFrançais des Matériaux Agro-Sourcés,basé à Villeneuve d'Ascq) récemmentplacé en liquidation judiciaire (1).. Desprojets de recherche vont vous revenir,

Les ITE sont des entreprises nées d'uncontrat avec l'État. Chacun était sur sonterritoire, son domaine et son projet. Desprojets originaux ont pu se développer.Bilan : chaque ITE n'a pas du tout le mêmetype de contrat avec l'État et le mêmetype de fonctionnement. Nous avionsavec IFMAS des relations d'entreprise àentreprise... mais sans plus. Bien entendu,comme tout le monde, nous regrettonsl'échec de l'IFMAS, mais cela fait aussi par-tie de la vie d'une entreprise...

La démarche Rev3 met un focus parti-culier sur la bioéconomie et la chimiedu végétal. Comment Pivert intègre-t-ilRev3 dans sa stratégie ?Nous avons toujours été très en lien avecla Région et les événements autour deRev3 en accueillant notamment JeremyRifkin venu visiter un certain nombred'entreprises. Au-delà de Rev3, je diraisque nous sommes un partenaire privilé-gié de la Région sur tout ce qui a trait ànos domaines d'activités. Les premièresassises de la bioéconomie ont eu lieu àLille, en avril, nous y étions présents etnous y étions acteurs. Nous sommes uneentreprise sollicitée, impliquée et nous leserons probablement encore plus dans lafeuille de route sur la bioéconomie qui esten train de voir le jour en Hauts-de-France.

Propos recueillis parJonathan Blanchet

lvLes raisons de cet échec n'ont pas encoreété tirées au clair, ndlr.

PIVERTCHERCHEUNDGLe Conseil d'Administration de la SASPivert vient de renouveler sa confianceen Paul Joël Derian pour assurer laprésidence de l'Institut ces trois pro-chaines années. Son directeur général,Gilles Ravot, est sur le départ. « LePrésident assurera, avec le soutien duComité de Direction, le déploiement de lastratégie mise en place pour accélérer ledéveloppement de l'entreprise » assurePivert dans un communiqué. Le recru-tement d'un Directeur général est encours et devrait être finalisé d'ici la findu troisième trimestre 2018.

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JOURNALISTE : Jonathan Blanchet

1 juin 2018 - N°1049