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106 « Un peu de temps, ce besoin du verre qu’a le vin. » Christian Bouthémy Saint-Nazaire, 20 janvier 2012 La littérature est irriguée par le vin. La prose court sous l’impulsion du rouge qui imite le sang. Un poème qu’on n’oublie pas a la vivacité du blanc qui coule dans le verre avec l’éclat de l’or. C’est à Saint-Nazaire que j’ai été initié pour la seconde fois – la bonne – à la boisson. Les initiations que ce soit à l’alcool, à la littérature, aux drogues, à la musique ou au sexe, orientent toute une vie. Il y aura par la suite des dégustations plus intenses, mais jamais ce ne sera comme la première fois. Si on veut comprendre ce qui se passe à Saint-Nazaire, ville embléma- tique de la région des Pays de la Loire, il faut fréquenter son marché et ses bars. Dans ses chantiers navals, s’est forgée une tradition rebelle et pugnace, mais aussi une grande curiosité envers les littératures les plus lointaines, le tout aiguisé par un penchant pour le vin blanc. La situation septentrionale des vignobles de la vallée de la Loire, l’argile calcaire de ses sols sont responsables du goût sexué de ses vins. Saint-Nazaire, 24 janvier 2012 Parler une autre langue n’implique pas qu’on la maîtrise. Il y aura tou- jours de nombreux chocs et des incompréhensions, car la langue que l’on connaît c’est celle des livres et des films. Le parler de la rue est bien dif- férent. Mais si on connaît la langue du vin, les obstacles disparaissent. César Vásconez Romero Journal autour d’une bouteille MP-Vin:gabarit 13/08/12 16:59 Page 106

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«Un peu de temps, ce besoin du verre qu’a le vin.»Christian Bouthémy

Saint-Nazaire, 20 janvier 2012

La littérature est irriguée par le vin. La prose court sous l’impulsion durouge qui imite le sang. Un poème qu’on n’oublie pas a la vivacité du blancqui coule dans le verre avec l’éclat de l’or. C’est à Saint-Nazaire que j’aiété initié pour la seconde fois – la bonne – à la boisson. Les initiations quece soit à l’alcool, à la littérature, aux drogues, à la musique ou au sexe,orientent toute une vie. Il y aura par la suite des dégustations plus intenses,mais jamais ce ne sera comme la première fois.

Si on veut comprendre ce qui se passe à Saint-Nazaire, ville embléma-tique de la région des Pays de la Loire, il faut fréquenter son marché et sesbars. Dans ses chantiers navals, s’est forgée une tradition rebelle etpugnace, mais aussi une grande curiosité envers les littératures les pluslointaines, le tout aiguisé par un penchant pour le vin blanc. La situationseptentrionale des vignobles de la vallée de la Loire, l’argile calcaire de sessols sont responsables du goût sexué de ses vins.

Saint-Nazaire, 24 janvier 2012

Parler une autre langue n’implique pas qu’on la maîtrise. Il y aura tou-jours de nombreux chocs et des incompréhensions, car la langue que l’onconnaît c’est celle des livres et des films. Le parler de la rue est bien dif-férent. Mais si on connaît la langue du vin, les obstacles disparaissent.

César Vásconez Romero

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Le plus attachant dans le vin, c’est que, pour vraiment l’apprécier, il fautle déguster de la même façon que les concepts philosophiques, un solo deColtrane ou le corps d’une maîtresse. C’est beaucoup plus qu’un plaisirintellectuel, car, s’emparant de tous les sens, il dissipe toute appréhension.

L’ivresse – comme le risque – c’est la vie même. Pour être lucide et actif,chaque jour exige un certain niveau d’ébriété. On peut commencer par uncafé bien serré, ou pour changer, un thé vert des plus amers. À l’heure dudéjeuner, ce qu’on attend avant tout c’est un verre de vin, deux à peine,peut-être trois, car cela ne fait que commencer. La bière appelle le vin, lavodka le whisky et le vin, le vin.

Vin et sexualité sont synonymes. Quand on tente de les définir, ils mutentet prennent le large. Ils sont divers, insatiables, imprédictibles et souventterribles.

Saint-Nazaire, 4 février 2012

J’ai passé tant d’années entre Buenos Aires et Mexico, entre le vin et lemezcal. D’abord, il y eut les alcools âpres et nobles : toute la variété deseaux-de-vie andines, le pisco, le rhum, la vodka.

Pour savoir si dans un pays on apprécie l’alcool, il faut chercher si danssa gastronomie existent des plats contre la gueule de bois. Les diversceviches de la côte pacifique en sont de bons remèdes. En Équateur, un platsubstantiel comme l’encebollado, au Mexique les chilaquiles et au Chili lecongrio sont des remontants traditionnels après une beuverie. Dans lesautres pays du sud de l’Amérique, la culture de l’alcool est très différente,pas moins excessive, mais plus portée sur le vin.

Saint-Nazaire, 9 février 2012

J’ai pendant des mois, parcouru les bars à mezcal du quartier Roma. Jedémarrais la soirée dans la rue San-Luis-Potosi, dans le bar à mezcal LaMezcalería Vulgar, puis je me rendais rue Orizaba, où j’avais le choix entrela Mezcalería Nacional et La Botica. Le mezcal fut pendant longtemps uneboisson méprisée, considérée comme un sous-produit de la tequila, bienqu’il fût plus ancien et plus noble. Le mezcal est le fils prodigue qui aretrouvé sa place de fils aîné à la tête de la maison.

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La première fois où j’en ai goûté, c’est à Oaxaca, dans le bar El Central.Déguster un bon mezcal impose un rituel particulier, qu’on ne peut compa-rer qu’à la dégustation d’un bon vin. Bien qu’il provienne du même agaveque la tequila, sa distillation et son vieillissement sont plus complexes. Ilest élaboré à partir du jus fermenté des meilleurs plants d’agave. Son arômeet son goût diffèrent selon le récipient dans lequel il a vieilli. Patrick Devilleécrit à propos des libations mexicaines : «Mais le plus important mûrit dansl’obscurité. Quand la plante fleurit enfin, elle meurt. C’est alors le bon vou-loir des dieux. La floraison annonçait les libations.» L’industrialisation dela production du mezcal est relativement récente. Dans les bars à mezcal,on peut encore en goûter différentes variétés artisanales. Selon les experts,la vraie tequila, c’est le mezcal.

Saint-Nazaire, 12 février 2012

Il n’y eut jamais de château à Argol. Louis Poirier – jeune professeur degéographie, animateur d’un club d’échecs et en plus militant communisteen charge d’une cellule de la CGT – trouva le nom d’Argol sur un tableaud’horaires d’une ligne d’autobus. Il s’en souvint pour y situer le châteauqui est au cœur de l’intrigue de son premier roman, qu’il signa d’un pseu-donyme aux résonances stendhaliennes : Julien Gracq. Retiré à Saint-Florent-le-Vieil, un village entre Nantes et Angers, le massif armoricain etles bassins parisiens, à plus de deux heures de Saint-Nazaire. Cette partiede la Bretagne est arrosée par la Loire, l’affluent déterminant de sa littéra-ture.

Gracq était toujours anxieux quand il arrivait au terme de l’écriture d’unroman, car il était toujours saisi par un moment de blocage. Ce momentpouvait durer des mois ou se révéler encore plus désespérant et se prolon-ger pendant une année, ce fut le cas avec Le Rivage des Syrtes (1951). Inu-tile de commencer un nouveau récit dont la trame se briserait à nouveauquand s’approcherait la fin de la narration. Son dernier livre de fiction futLa Presqu’île (1970). Gracq s’était rendu compte que le roman était pour luiun genre fini.

Malgré tout, il ne cessa pas d’écrire. Il débouche une bouteille deCoteaux du Layon, se sert un verre et ouvre son carnet de notes pour com-pléter un texte d’une grande précision géographique, un court essai ou desnotes assaillies de thèmes récurrents : Poe, Stendhal, Lautréamont, Breton.C’est ainsi que furent créés Lettrines (1967), Lettrines II (1974), En lisant

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en écrivant (1980) et Carnets du grand chemin (1992). Plus que desesquisses inachevées, ces fragments s’organisent du fait même de leurdispersion. Une écriture qui se structure à partir de notions de compositionmusicale. De même que le son est la matière première du compositeur, lalangue est celle de l’écrivain, qui se transforme en musique.

Barcelone, 4 mars 2012

Pendant des années, œnologues et experts ont considéré que la situationgéographique, le climat et les sols de l’Équateur n’étaient pas adaptés à laviticulture. Il y eut plusieurs tentatives avortées d’y implanter des cepsimportés d’Argentine et d’Europe, mais la température et le terrain desrégions choisis n’étaient pas propices. Ce point de vue est toutefois en traind’évoluer.

La production de vin en Équateur reste encore très récente et elle doitencore beaucoup se développer. Mais les premières variétés à s’acclimaterau sol calcaire de la côte et au climat commencent à se faire connaître. Endépit de ces mauvais augures, dans la province du Guayas, dans le cantonPlayas General Villamil, se trouve le village de San Miguel del Morro, oùs’étend le vignoble Dos Hemisferios (http://doshemisferios.com/). Depuispresque dix ans, ce vignoble produit cinq vins de qualité qui ont été inter-nationalement récompensés. Cabernet, Syrah et Malbec ont été bercés parle climat chaud de la côte, ses nuits fraîches et la brise de mer.

Paris, 16 mars 2012

En Europe, quelles que soient les difficultés, on peut déguster du très bonvin. Peu importe que la nourriture soit rare, que le loyer augmente, que pourse rendre à l’université ou au travail, il faille faire des détours invraisem-blables pour éviter les contrôles policiers humiliants, que le titre de séjoursoit sur le point d’expirer et qu’il soit devenu impossible de le renouveler.Il y a du bon vin. Le meilleur.Au bout du troisième verre, s’esquisse la solu-tion. Il ne s’agit pas d’une évasion, non, la situation commence à changerquand le verre est à nouveau plein. Plusieurs verres plus tard, on se rendcompte qu’il est aussi difficile d’envisager de rentrer que de rester, mais ilme suffit de déboucher une autre bouteille et je trouve ma place dans cemonde.

Traduit de l’espagnol (Équateur) par Françoise Garnier.

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César Vásconez Romero

Diario al rededor de una Botella

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“Un peu de temps, ce besoin du verre qu’a le vin.”Christian Bouthémy

Saint-Nazaire, 20 de Enero de 2012

La literatura está irrigada por el vino. La prosa corre insuflada por el tintoque imita a la sangre. Un poema que no se olvida tiene el brío del blancoque cae en la copa brillando como el oro. En Saint-Nazaire tuve mi segundainiciación – la definitiva – en la bebida. Las iniciaciones, sean en el alco-hol, la literatura, las drogas, la música o en el sexo, enrumban toda una vida.Después habrá degustaciones más intensas, pero nunca serán como esa pri-mera vez.

Si se quiere saber qué está pasando en Saint-Nazaire, ciudad emblemá-tica de la región del Pays de la Loire, hay que ir a sus mercados y sus bares.En sus astilleros se incubó una tradición rebelde y combativa, pero tam-bién una gran curiosidad por las literaturas de los lugares más alejados,aderezado por el gusto hacia el vino blanco. La situación septentrional delos viñedos del valle de la Loire, la arcilla calcárea de sus suelos, son loscausantes del sabor sexuado de sus vinos.

Saint-Nazaire, 24 de Enero de 2012

Hablar otra lengua no significa dominarla. Siempre habrá más de unchoque y una desconexión, pues lo que uno maneja es el idioma de loslibros y de las películas. El habla de la calle es muy distinta. Pero si seconoce la lengua del vino, ya no hay obstáculos.

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Lo más entrañable del vino es que para apreciarlo verdaderamente, hayque paladearlo al mismo nivel que las ideas filosóficas, un solo de Coltraneo el cuerpo de una amante. Es mucho más que un placer intelectual, porquedistorsiona la aprehensión invadiendo los sentidos.

La embriaguez – al igual que el riesgo – es la vida misma. Para estarlúcido y activo, cada día requiere de un cierto nivel ebriedad. Se puedeempezar con un café bien cargado, alternándolo con el té verde másamargo. Lo más esperado del almuerzo es la copa de vino, apenas dos, talvez tres, porque esto recién empieza. La cerveza lleva al vino, el vodkalleva al whisky y el vino al vino.

Vino y sexualidad son sinónimos. Cuando se los trata de definir, mutany se apartan. Son múltiples, insaciables, impredecibles y muchas vecesterribles.

Saint-Nazaire, 4 de Febrero de 2012

Tantos años de vivir entre BuenosAires y México D.F, entre el vino y elmezcal. Primero fueron los licores ásperos y nobles: toda la variedad deaguardientes andinos, el pisco, el ron, el vodka.

Para saber si en un país se disfruta de la bebida, hay que averiguar si ensu gastronomía existen platos contra la resaca. Las variedades de ceviche alo largo de la costa del Pacífico son un alivio. En Ecuador, un plato sustan-cioso como el encebollado, los chilaquiles en México y el congrio en Chileson los revitalizantes tradicionales después de la juerga. En el resto delCono Sur, la cultura de la bebida es muy distinta, no más contenida, sinodesbocada hacia el vino.

Saint-Nazaire, 9 de Febrero de 2012

Durante meses recorrí las mezcalerías de la Colonia Roma. Arrancabala noche en la calle San Luís Potosí, en la Mezcalería Vulgar, luego ibahacia la calle Orizaba, para alternar entre la Mezcalería La Nacional y laMezcalería La Botica. Durante mucho tiempo el mezcal fue una bebidamenospreciada como un subproducto del tequila, a pesar de ser más anti-guo y noble. El mezcal es el hijo pródigo que ha recuperado su lugar dehermano mayor al frente de la casa.

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La primera vez que lo probé fue en Oaxaca, en el bar de El Central.Degustar un buen mezcal tiene una ritualidad propia, solo comparable aprobar una copa del mejor vino. Aunque provenga del mismo agave que eltequila, su destilación y añejamiento es más compleja. Se lo desarrolla conel zumo fermentado de las más finas especies del agave. Su aroma y saborcambia según el material en que haya sido añejado. Escribe Patrick Devillesobre sus libaciones mexicanas: “Mais le plus important mûrit dans l’obs-curité. Quand la plante fleurit enfin, elle meurt. C’est le banal destindes monocarpiques selon les botanistes. C’était alors le bon vouloir desdieux. La floraison annonçait les libations”. La industrialización de laproducción de mezcal es relativamente reciente. En las mezcalerías aún sepuede degustar variedades artesanales de este manjar. Según los expertos,el verdadero tequila es el mezcal.

Saint-Nazaire, 12 de Febrero de 2012

En Buenos Aires descorchaba un Navarro Correas, luego un BramareMalbec, proseguía con un Monteviejo Bicentenario, reincidía en el Acha-val Ferrer Malbec. Tantas veces fui a Mendoza, a las degustaciones de losgrandes viñedos. Pero lo que más me gustaba era desviarme hacia Tucu-mán, rumbo a Amaicha del Valle y su fiesta del solsticio, regada con vinopatero, de fabricación casera y artesanal.

Las cepas del Cabernet Sauvignon, del Merlot y del Syrah que frecuen-taba tanto o más que la facultad, eran descendientes de variedades prove-nientes de Francia. Ami paladar se suman ahora los sabores del Muscadet,el vino de Anjou y de Saumur.

Nantes, 18 de Febrero de 2012

EnArgol nunca hubo un castillo. Louis Poirier – joven profesor de geo-grafía, animador de un club de ajedrez y además militante comunista alfrente de una célula de la CGT – encontró el nombre de la localidad deArgol en una hoja de horarios y rutas de autobuses. Lo retuvo para situarallí el castillo que está en el centro de la trama de su primera novela, la quefirmó adoptando un nombre de resonancia stendhaliana: Julien Gracq.Recluido en Saint-Florent-le-Vieil, comuna situada entre Nantes y Angers,el macizo armoricano y los estanques parisinos, a más de dos horas deSaint-Nazaire. Esta zona de la Bretaña está irrigada por el rio Loira, elafluente decisivo de su literatura.

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Gracq se inquietaba cada vez que llegaba al tramo final de la escriturade una novela, pues siempre le sobrevenía un periodo de bloqueo. Eseperiodo podría durar meses o tornarse más desesperante aún, prolongán-dose durante un año omás, como le sucedió con Le Rivage des Syrtes (1951).No sirve de nada empezar otro relato, el hilo narrativo vuelva a quebrarsecerca del final de la narración. Su último libro de ficción fue La Presqu’île(1970). Gracq se dio cuenta que la novela era un género agotado para él.

Pero aún así no dejó de escribir. Destapa una botella de Coteaux duLayon, se sirve una copa y abre su cuaderno de notas para proseguir unfragmento con precisiones geográficas, un breve ensayo o notas asediadaspor temas recurrentes: Poe, Sthendal, Lautréamont, Breton. Así se fueronconstruyendo Lettrines (1967), Lettrines II (1974), En lisant en écrivant(1980) y Carnets du grand chemin (1992). Más que bosquejos incompletos,estos fragmentos se concatenan gracias a su dispersión. Una escritura quese va estructurando a través de nociones de composición musical.Así comola materia prima del compositor es el sonido, la del escritor es la lengua, lacual va transformando en música.

Barcelona, 4 de Marzo de 2012

Durante años, enólogos y expertos consideraban que la ubicación geo-gráfica, el clima y los suelos del Ecuador no eran adecuados para laproducción vinícola. Hubo varios intentos fallidos de cultivar cepas impor-tadas deArgentina y Europa, pero la temperatura y el terreno de las regionesescogidas no fueron propicios. Pero esta idea ha empezado a cambiar.

La producción de vino en Ecuador es todavía muy reciente y aún lequeda mucho desarrollo por delante. Pero ya empiezan a aparecer lasprimeras variedades que se han adaptado al clima y al suelo calizo de lacosta. A pesar de los malos augurios, en la provincia del Guayas, en el can-tón Playas General Villamil, está la pequeña localidad de San Miguel delMorro, donde se encuentra el viñedo Dos Hemisferios (http://www.doshe-misferios.com/).Apunto de cumplir una década, este viñedo produce cincovariedades de calidad que ya han sido premiadas internacionalmente.Cabernet, Syrah y Malbec, acunados por el clima cálido de la playa, susnoches frías y la brisa del mar.

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Paris, 16 de Marzo de 2012

En Europa se puede degustar muy buen vino mientras se sufren penali-dades de todo tipo. No importa que falte comida, que el alquiler aumente,que para llegar a la universidad o al trabajo haya que tomar atajos invero-símiles para evitar los controles migratorios más humillantes, que el titrede séjour esté a punto de vencer y que renovarlo se esté volviendo imposi-ble. Hay buen vino. El mejor. Luego de la tercera copa se empieza avislumbrar la solución. No, no se trata de una evasión, la situación yaempieza a cambiar cuando la copa está llena otra vez. Después de variascopas más, uno se da cuenta que tratar de volver es tan difícil como que-darse, pero con solo destapar otra botella, encuentro mi lugar en el mundo.

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