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‘: JOURNÉE INTERNATIONALE DES INFIRMIÈRES 1996 Journée Internationale des Infirmières 1996 Améliorer la santé par la recherche en soins infirmiers Tous droits réservés au CII. Seules les associations membres du CII ont la possibilité de réviser, extraire, reproduire et traduire tout ou partie du docu- ment, et ce à condition que la source soit indiquée, que cela ne soit pas destiné à la vente ni utilisé conjointement à des objectifs commerciaux. Copyright 0 1996 par le ICN - Conseil International des Infirmières, 3. place Jean- Marteau, CH-1201 Genève (Suisse) Conseil rnternational des infirmières Recherche en soins infirmiers No44 - Mars 1996

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‘: JOURNÉE INTERNATIONALE DES INFIRMIÈRES 1996

Journée Internationale des Infirmières 1996

Améliorer la santé par la

recherche en soins infirmiers

Tous droits réservés au CII. Seules les associations membres du CII ont lapossibilité de réviser, extraire, reproduire et traduire tout ou partie du docu-ment, et ce à condition que la source soit indiquée, que cela ne soit pas destinéà la vente ni utilisé conjointement à des objectifs commerciaux.

Copyright 0 1996 par le ICN - Conseil International des Infirmières, 3. place Jean-Marteau, CH-1201 Genève (Suisse)

Conseil rnternational des infirmières

Recherche en soins infirmiers No44 - Mars 1996

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Introduction

N ÉE IL y a une Vingtaine d’années àpeine, l a r e c h e r c h e e n s o i n sinfirmiers est aujourd’hui une force

dynamique des soins de santé et présente déjà unbilan impressionnant.

Dans les pays où la recherche en soins infirmiersest bien implantée et où les fonds d’organismespublics (nationaux) et privés continuent à augmenter,un noyau solide de spécialistes en soins infirmiersmene des programmes de recherche qui ont un im-pact considérable sur les soins de santé dans lemonde entier.

Toutefois, dans les pays où la recherche en soinsinfirmiers en est encore à un stade embryonnaire, lapénurie de ressources, tant humaines que financiéres,freine le progrès.

Malgré ce développement inégal, la recherche ensoins infirmiers poursuit le même but dans tous lespays: «Contribuer à améliorer la santé».

L’importance de la rechercheLa recherche en soins infirmiers est nécessaire

pour plusieurs raisons, mais surtout parce qu’elledéveloppe les connaissances et permet d’améliorerla pratique des soins infirmiers pour le bien des pa-tients, des clients, des familles, des communautéset même, des infirmières.

La recherche en soins infirmiers permet en outred’évaluer la pertinence et l’efficacité des méthodesétablies de soins aux malades et de promotion de lasanté.

Quelles que soient les différences nationales, tousles systèmes de santé se trouvent aujourd’hui face àun défi commun: améliorer les soins de santé tout enlimitant les coûts. Les soins infirmiers sont parconséquent de plus en plus contraints de démontreret de justifier leur rentabilité.

De plus, la recherche faisant partie des obliga-tions professionnelles des soins infirmiers vis-à-visde la société, sa contribution aux soins de santé doitcontinuellement être évaluée et renforcée.

La recherche concerne toutes les infirmières.Entant que «consommatrices de recherches», foutesles infirmières sont constamment amenées à réviser

et améliorer leur pratique - foutes /es infirmièresont donc un rôle à jouer dans la recherche ensoins infirmiers.

Meme les praticiennes n’ayant pas de formationspécifique de chercheur apportent d’importantes con-tributions au processus de la recherche; de par leurproximité des patients, elles facilitent la collecte dedonnées pour les travaux de recherche en soinsinfirmiers et autres projets liés ZI la santé menés dansleur cadre de travail. Certaines praticiennes décidentaussi d’acquérir le savoir-faire nécessaire pour pouvoirmener leurs propres travaux de recherche, ou suiventun enseignement supérieur en vue d’obtenir undiplôme d’infirmière-chercheur dans un départementde soins infirmiers rattaché à une université ou dansun cadre hospitalier.

Avec l’avènement de l’informatique, les infirmièrespraticiennes seront amenées à contribuer de plus enplus à la recherche, et verront les dossier médicauxde leurs patients et leurs interventions en soinsinfirmiers devenir de véritables bases de données pourla recherche en soins infirmiers cliniques et lesactivités orientées vers la garantie de la qualité.

Un nombre croissant d’infirmières-chercheursexpérimentées travaillent aujourd’hui dans deséquipes pluridisciplinaires et mènent des pro-grammes de recherche à long terme sur des sujetsparticuliers, tels que la santé des femmes, la qualitéde la vie et la gestion de la douleur. Les résultats deleurs travaux sont utilisés par des agents de santé,infirmiers et non-infirmiers, pour améliorer la pratiqueclinique, étayer l’enseignement des soins infirmiers,et éclairer la planification des services de santé etles processus décisionnels y relatifs.

La recherche en soins infirmiers a opéré unepercée spectaculaire dans les pays où les Associa-tions nationales d’infirmières (ANIS) jouent un rôle depremier plan en matière de promotion. Les ANIS sontde plus en plus incitées à privilégier la recherche ensoins infirmiers. Le Chapitre VI propose un certainnombre de stratégies en vue d’aider les ANIS à releverce défi et de leur permettre, individuellement etcollectivement, de promouvoir l’objectif suivant:Améliorer la santé par la recherche en soinsinfirmiers.

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1. Ce qu’est la rechercheen soins infirmiers

E T E R M E d e « r e c h e r c h e » s ’ a p p l i q u eL souvent sans discrimination à toutessortes d’enquëtes ou de recherches

d’information. Bien que des paralléles aient été tirésentre le processus de soins infirmiers et le processusde recherche, il est rare qu’un projet individuel a pe-tite échelle fasse avancer les connaissances demanière significative et ce, quelle que soit la disci-pline considérée. Le terme plus formel de «recherchescientifique» traduit mieux l’approche systématiqueet rigoureuse qu’exige le développement desconnaissances.

Voici quelques définitions du processus de recherche:

> «...collecte de données dans une situationrigoureusement contrôlée =1 des fins de prévision oud’explication. )F3> «...tentative visant à enrichir les connaissancesexistantes en découvrant des relations ou des faitsnouveaux par une enquête systématique.»‘*> «...enquête rigoureuse et systématique, conduitea petite échelle avec des méthodes à la mesure dusujet, et visant à apporter aux connaissances descontributions susceptibles d’être généralisées.»1s> «...enquête systématique sur les phénomènesintéressant la science des soins infirmiers, a savoir,l’adaptation d’individus et de groupes à des problèmesde santé existants ou potentiels, les environnementsqui affectent la santé des individus, et les interven-tions thérapeutiques qui ont une incidence sur lesconséquences de la maladie et sur la promotion dela santé.»67

Malgré des différences de formulation, cesdéfinitions de la recherche en soins infirmiersprésentent des caractéristiques identiques qui sontcelles de n’importe quelle recherche scientifique: uneapproche systématique et une méthode rigoureuseen vue d’acquérir des connaissances nouvelles.

La portéeLe champ de la recherche en soins infirmiers est

aussi vaste que celui des soins infirmiers, qui estparfaitement traduit par la définition suivante donnéepar le CII, adoptée par le CRN de 1987:

«Les soins infirmiers, en tant que partie intégrante

des soins de santé, comportent la promotion de lasanté, la prévention des maladies et les soins auxpersonnes physiquement ou mentalement maladeset handicapées de tous âges, et ce dans tous lesétablissements communautaires et de soins desanté.» (Procés-verbal de la réunion du CRN de 1987,Nouvelle Zélande, annexe C)

A partir de cette définition, le CII définit la recher-che en soins infirmiers comme suit:

> La recherche en soins infirmiers se concentreessentiellement sur le développement desconnaissances en soins infirmiers et de leur pratique,y compris les soins aux personnes malades et enbonne santé. Elle a pour but la compréhension desmécanismes fondamentaux.qui affectent la capacitédes individus et des familles à maintenir ou accroîtreune fonction optimum, et de minimiser les effetsnégatifs de la maladie.> La recherche en soins infirmiers devrait aussi êtredirigée en fonction des résultats des interventions ensoins infirmiers afin d’assurer la qualité et le rapportcoût-efficacité des soins de santé.> La recherche en soins infirmiers met égalementl’accent sur l’apport de connaissances de politiqueset de systemes permettant de fournir des soins desanté réels et efficaces; sur la profession et sondéveloppement historique; sur les directivesdéontologiques pour les prestations des services desoins infirmiers et sur les systémes qui préparent demanière effective et avec compétence les infirmieresà remplir le mandat actuel et futur de la profession.> En outre, les infirmieres peuvent réaliser destravaux de recherche ou collaborer à ces travaux quiportent sur les grands problèmes relatifs à la santé,à la maladie, au développement et à la gestion desservices de santé, à la formulation des politiques et àl’enseignement.

Ainsi, la recherche en soins infirmiers recouvretous les aspects des soins infirmiers et, comme pourla pratique infirmière, met essentiellement l’accentsur le clientlpatient. La recherche en soins infirmiersvise à comprendre la nature du comportement humainen matière de santé et de maladie, et a identifier lesinterventions auxquelles peuvent recourir les

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Exemples de soinsinfirmiers

La recherche en soins infirmierscliniques se déroule généralement enmilieu hospitalier, mais peut aussi sefaire dans un contexte ambulatoire oucommunautaire; elle met l’accent sur lesproblèmes cliniques des patients et surles interventions infirmières.

En revanche, la recherche en soinsinfirmiers familiaux se déroule le plussouvent $I l’échelle communautaire etmet l’accent sur le patienticlient dans lecontexte de la cellule familiale, ainsi quesur des problemes familiaux tels que ad-ministration des soins et soins aux en-fants.

La recherche en soins infirmiers axéesur la santé au travail se déroule, quantà elle, d a n s d e s c o n t e x t e sprofessionnels et vise à comprendrel’impact de l’environnement et du travailsur la santé et le bien-etre destravailleurs, ainsi que les besoins desoins infirmiers des travailleurs.

infirmieres pour améliorer les réactions des patients(p.ex. auto-soins) ou les atténuer (p.ex. soulagementde la douleur). Elle peut Hre menée dans tous lescadres de travail des infirmiéres: hopital, clinique,domicile, écoles, entreprises, communautés.

Quel que soit le contexte, la recherche en soinsinfirmiers veut comprendre comment les infirmierespeuvent exercer une influence positive sur les facteursqui contribuent à maximiser la santé et à réduire auminimum les effets de la maladie.

La recherche en soins infirmiers est égalementune importante composante de l’enseignement et dela gestion des soins infirmiers. Les infirmières-enseignantes ont besoin des résultats les plusrécents de la recherche en soins infirmiers et de santépour établir des programmes d’enseignementpertinents, tandis que les infirmières gestionnairess’appuient sur la recherche pour élaborer des plansefficaces et tournes vers I’avenir. Certaines stratégiestrès récentes applicables à la gestion de la qualitécomme critiques et protocoles ou directives depratique clinique) se fondent sur les résultats de la

recherche et ont des incidences considérable sur lessoins infirmiers, qu’il s’agisse de la pratique, del’enseignement, de la gestion ou de la recherche parexemple.

En résumé, le champ de la recherche en soinsinfirmiers est, comme nous l’avons dit, aussi vasteque celui des soins infirmiers eux-mêmes, et englobeles problèmes de la pratique, de l’enseignement etde la gestion des soins infirmiers.

Les tendances internationalesEn 1990, le CII a mis sur pied un Groupe d’étude

sur la recherche en soins infirmiers, en vue d’évaluerles progrès et d’identifier les orientations futures dela recherche en soins infirmiers.32 Deux thèmesmajeurs ont dominé les discussions:

1. La nécessité de développer les connaissancesscientifiques pour étayer la pratique des soinsinfirmiers; et2 . La nécessité de combler le fossé entre la pratiqueet la recherche, afin que les résultats des travaux derecherche parviennent aux milieux praticiens et queles sujets nécessitant des recherches soient transmisaux chercheurs par les praticiens.

Les tendances internationales de la recherche ensoins infirmiers ont été identifiees comme suit:

> Evolution de la recherche théorique vers la recher-che fondée sur la théorie.> Prise de conscience grandissante du besoin d’unethéorie et recherche culturellement spécifiques.> Evolution dans le sens d’une rechercheinterdisciplinaire sous l’impulsion du personnelinfirmier, ayant trait aux problèmes des soinsinfirmiers.> Intégration de la recherche dans l’enseignementdes soins infirmiers à tous les niveaux, en tenantcompte du role infirmier et du niveau d’enseignement.> Insistance grandissante sur la pratique des soinsinfirmiers.> Informatisation des données relatives aux soinsinfirmiers.> Participation des infirmières aux groupes d’étudesur la recherche et aux organes déterminant lapolitique de recherche.

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II. Différences induites par larecherche en soins infirmiers

P OUR mettre en lumière les contributionsqu’apporte la recherche en soins infirmiers àl’amélioration de la santé et de la qualité de

vie des populations du monde entier, nous avonssélectionné un certain nombre d’études portant surles questions suivantes:

Répondre aux besoinsII arrive souvent que les études sur la recherche

en soins infirmiers révèlent les besoins essentiels desindividus, des familles et des communautés. Nousavons sélectionné les études suivantes montrant queles résultats de la recherche en soins infirmierspeuvent aider à planifier les soins et à élaborer desprogrammes adaptés aux besoins des collectivitéshumaines.

Après des discussions avec des enfants cancéreuxde Taïwan, Martinson et Liu ont démontré que lesinfirmières devaient absolument comprendre lesespoirs et les rêves de ces enfants pour pouvoirP!anifier leurs soins.4ï En étudiant les besoins desaborigènes canadiens vivant en milieu urbain,Shestowsky a constaté un manque d’informationquant aux services de soins de santé disponibles etaux moyens d’y accéder.5g

Une étude de Nkowane, portant sur unecommunauté urbaine de Zambie, a révélé lescapacités des proches et des parents des porteursdu VIH ou des victimes du SIDA à faire face à leursbesoins médicaux et psycho-sociaux.53

Les besoins importants des femmes réfugiées duSud-Est asiatique (risque élevé de dépression, anxiétéet stress post-traumatique) entraînés par lebouleversement des liens familiaux durant la périodede guerre et de réinstallation, ont été décrits par Foxet autres, dont les recherches ont aidé à planifier desinterventions spécifiques en soins infirmiers.

Kemp, après avoir réalisé une étude sur lesproblèmes de santé des réfugiés, a proposé d’établirdes systèmes communautaires pour répondre à leursbesoins sanitaires dans les pays de deuxième asile.%

Une étude de Al-Hussein et autres3 a permisd’expliquer la qualité médiocre des soins infirmiersdispensés par les institutions gouvernementales desanté publique au Ghana. Ces chercheurs ont en effetdécouvert que le personnel infirmier occupait des

emplois supérieur ou inférieur à son niveau de forma-tion, par exemple, infirmières diplômées chargées denettoyer les salles ou infirmières auxiliaires effectuantdes sutures, installant des perfusions, etc. Unepénurie d’équipement et autres matériels de base,ainsi que des problèmes structurels affectant la qualitédes soins ont également été découverts.

Identifier des modèles efficacesLa recherche en soins infirmiers a identifié

plusieurs modèlesd’administration de soins ayant uneinfluence positive considérable sur l’état des patientstout en présentant un excellent rapport coüt-efficacité.Les études présentées ci-après sur la planificationdes sorties, la gestion de cas et le rôle des infirmièresspécialisées, témoignent de l’influence cruciale dessoins infirmiers sur l’évolution de la santé des pa-tients.

Concernant les effets de la planification des sor-ties sur les résultats des soins, l’étude la plusmarquante est peut-être celle de Brooten et autres,publiée dans le prestigieux NewEoglandJoumal ofMedicine. Cette étude a, en effet, démontré larentabilité d’un programme de sortie rapidesoigneusement contrôlé appliqué à des nourrissonsdont le poids était insuffisant à la naissance.lO Desinfirmières spécialisées ont effectué des visites àdomicile avant la sortie, puis ont dispensé, à domi-cile, les soins de suivis qui s’imposaient. Un certainnombre de nourrissons ont été choisis au hasard pourbénéficier de soins à domicile, au lieu de rester pluslongtemps à l’hôpital, comme cela se faittraditionnellement. Bilan: aucune différence notableau niveau de la santé des bébés, mais des économiesconsidérables.

Une étude a été réalisée par Neidlinger et autressur des patients hospitalisés âgés. Ce travail a révéléqu’un protocole de planification de sortie, appliquépar l’infirmière spécialisée, ,avait permis de réduireconsidérablement la durée de l’hospitalisation, etd’accroitre le temps écoulé entre la sortie etl’hospitalisation suivante.52 Cette étude a prouvé, unefois de plus, qu’une planification de sortie réaliséesous la direction d’infirmières, et des soins à domi-cile gérés par une infirmière permettaient de réaliserdes économies sur les frais hospitaliers et offraient

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une solution de remplacement sire à l’hospitalisation.Dans une étude qui englobait à la fois la gestion

de cas et les services de prévention pour les enfantsen bas âge de familles à faible revenu, Erkel et autresont découvert que les enfants qui bénéficrarent de cesdeux services avaient plus de chances d’être suivipar des services de consultation infantile pour un coûtconsidérablement réduit. Ces conclusions suggèrentque le fait d’intégrer des soins infirmiers continus desanté publique a la gestion de cas constitue uneapproche plus efficace et plus rentable des servicesintensifs de prévention infantile que l’approchetraditionnelle consistant à isoler la gestion de cas.lE

De plus, l’efficacité des infirmieres supérieuresdiplômées* continue à être prouvée dansl’administration des soins. Dans leur test cliniquealéatoire, McCorkle et autres ont découvert que lespatients soignes à domicile par des infirmieressupérieures diplomées présentaient statistiquementmoins de symptômes de détresse et une plus grandeindépendance que les patients faisant partie dugroupe qui ne bénéficiait pas de soins à domicile.4B

Les infirmières cliniciennes sont égalementnettement mieux r<notées» que les médecins dansune étude de Ramsay et autres, qui compare la qualitédes soins aux adultes hypertendus souffrant d’uneinfirmité similaire causée par la maladie.% Le groupesoigné par les infirmières cliniciennes a, en effet,présenté une baisse de poids et de pression nettementsupérieure à celle des patients traités par lesmédecins.

Un modèle de soins de santé primaires, trèsdifférent de ceux qui privilégient les infirmièressupérieures diplômées, a été signalé par Onyejiakuet Rogers, consiste à se servir des enfants d’un vil-lage pour sensibiliser leurs familles aux soins desanté.54 Les auteurs expliquent comment lesinfirmières se sont occupées des problèmes sanitairesde ces enfants tout en leur inculquant des notions desoins de santé primaires, qu’ils ont, à leur tour,fièrement retransmises à leurs parents.

L’enseignement aux patientsLes infirmières qui administrent des soins

ambulatoires et à domrcrle sont aujourd’hui de plusen plus souvent amenées à dispenser unenseignement aux patients, cette interventioninfirmière importante devenant toujours plus difficile àassurer du fait du raccourcissement considérable dela durée des hospitalisations.

-‘Le terme «infirmière supérieure diplômée» s’appliquecouramment tant aux infirmières cliniciennes titulairesd’une maîtrise qu’aux infirmières spécialisées.

Après avoir analysé des études de l’interventioninfirmière, Smith a constaté que dans près de 40%d’entre elles incluaient l’enseignement aux patientsdans cette interventionw

Lindeman, qui a analysé 120 études surl’enseignement aux patients portent davantage surles caractéristiques des «élèves» que sur lesrésultats, a montré l’importance des besoinsindividuels dans la planification de l’enseignement auxpatients.“”

Lipman a, quant à lui, signalé que des jeunesrécemment diagnostiqués comme diabétiquesauxquels une infirmiere spécialisée avait dispensé unenseignement pouvaient, en moyenne, quitter l’hôpital2,2 jours plus tôt que les enfants instruits par desinfirmières non spécialisées.

La qualité des soins”La qualité des soins est une question très large.

L’étude ci-après se concentre sur la recherche ensoins infirmiers sous l’aagIe des soins infirmiers di-rects, de la sécurité du patient, de la satisfaction dupatient et de la garantie de la qualité.

0 Les soins infirmiers directsLes soins infirmiers directs forment une vaste

catégorie d’activités liée aux soins infirmiers, qui inclutl’évaluation physique ainsi que des processus telsque vaccins, soins de la peau, gestion de la douleuret aide aux activités quotidiennes. A part la gestionde la douleur, qui a bénéficié d’une attention touteparticulière, la recherche en soins infirmiers ne s’estque rarement intéressée à l’efficacité de la procédurede soins infirmiers directs.

Les infirmières sont directement impliquées dansla gestion de la douleur qui affecte les patients. Unexcellent document, intitulé Acute Pain ManagementOperative or Medical Procedures and Trauma, publieen 1992 par la US Governemenf’s Agency for HealthCare Policy Research, a démontré que les soins auxpatients hospitalisés donnent de meilleurs résultatslorsque les douleurs aigués sont bien maîtrisées:moins de complications, retour plus rapide à l’étatfonctionnel, hospitalisation plus bréve et satisfactionaccrue du patient.

On constate toutefois que les infirmières onttendance à insuffisamment gérer la douleur. Mackin-tosh a révélé que, souvent, les infirmières auraientles moyens de mieux soulager les douleurs post-

“On notera que l’enseignement aux patients et laplanification de sortie, considérés comme des activitésde soins infirmiers directs par certaines infirmières-chercheurs, sont traités dans d’autres sections du présentdocument.

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opératoires. 46 Ce fait a été confirmé par Tesler etautres, qui ont étudié un échantillon de 131 enfantset adolescents se remettant d’une interventionchirurgicale lesquels se sont plaints de douleurs post-opératoires, les infirmières ne leur ayant pasadmrnrstré suffisamment de médicaments pour calmerla douleur.62

0 La sécurité du patientSi la littérature sur la recherche en soins infirmiers

s’intéresse aux erreurs d’administration demédicaments et aux rechutes des patients, on n’ytrouve en revanche aucune étude de base sur lafréquence et l’incidence de telles situations. Certainesétudes ont essayé d’établir une corrélation entre lepourcentage d’infirmières diplomées d’Etat dans leseffectifs et les erreurs d’administration demédicaments, sans toutefois parvenir à des résultatsvéritablement concIuants.20~64.65

Les études sur les rechutes ont réussi à établirune corrélation plus évidente avec les caractéristiquesde la clientèle (âge, gravité de la maladie,médicaments administrés, etc.), qu’avec les activitésde soins infirmiers.36*65

0 La satisfaction du patientDepuis toujours, la recherche en soins infirmiers

cherche à connaître le point de vue des patients quantà la qualité des soins administrés. On sait que plusle pourcentage d’infirmières diplomées d’Etat estélevé, plus les patients sont satisfaits des soinsadministrés. Une des premières études de RisseFa,visant à établir un «barème» de satisfaction du pa-tient, a été approfondie par Hinshaw et autres28 qui,avec Mitchellso, ont découvert que la satisfaction dupatient était directement proportionnelle aupourcentage d’infirmières diplbmées d’Etat dans leseffectifs des unités de soins intensifs et réanimation.

Weisman et Nathanson ont en outre constate quela satisfaction des infirmières était liée à celle despatients.“”

Deux études ont été réalisées récemment en Eu-rope en vue d’évaluer l’incidence de la satisfaction dupatient sur la qualité des soins infirmiers. Kasalovaet autres ont rapporté que dans la République tchèque,plus les patients avaient d’échanges personnels avecles médecins, les infirmières et autres soignants, plusgrande était leur satisfaction.37

En étudiant l’impact de l’intervention infirmière envue d’améliorer la qualité des soins infirmiers dansune clinique chirurgicale en pleine phase de compres-sion de dépenses, Jakobsson et autres ont constatéque, durant cette période, la satisfaction des patientsavait augmenté en raison des efforts déployés pour

assurer la continuité de la relation infirmière-patient.35

o La garantie de la qualitéTraditionnellement, les nombreuses études

descriptives sur la garantie de la qualité axéesspécifiquement sur les soins infirmiers s’intéressentde près à la structure et aux indicateurs desprocessus de soins, sans véritablement chercher decorrélation entre ces indicateurs et les résultats dessoins. On peut citer deux projets importants,susceptibles d’avoir une influence considérable surles activités liées à la garantie de la qualité: 1) 7992ANA Report Gard, de l’Association américained’infirmières, qui est en train de mettre au point unesérie d’indicateurs de la qualité des soins infirmierset 2) Quality Assurance in European Hospifals, uneétude portant sur 262 hôpitaux, dans 15 pays, danslaquelle la garantie de la qualité des soins infirmiersest une composante des données recueillies.

L’avant-projet de Rapport d’appréciation deI’ANA (ANA Report Card) identifie des indicateurs dequalité des soins infirmiers à plusieurs niveaux:résultats centrés sur le patient, structure des soins,composition des effectifs infirmiers et processus desoins. Ce document offre, pour chaque indicateur, uneexcellente synthèse de la littérature pertinente, ense fondant principalement sur la recherche menéeaux Etats-Unis. Ce projet vise à instaurer un rapportd’appréciation national sur la qualité des soinsinfirmiers pour toutes les institutions concernées.

Publié par le Programme de Coordination de larecherche médicale et sanitaire de la Communautéeuropéenne (aujourd’hui Union européenne), le docu-ment intitulé La garantie de qualité dans /eshôpitaux européens (1990-I 992) présente la phased’évaluation préliminaire de plusieurs stratégiesorientées vers la garantie de la qualité, et expliquel’impact de ces stratégies sur l’amélioration des soins.Le personnel infirmier et les comités de garantie dela qualité constituent l’un des huit domaines étudiés,les comités étant analysés séparément pour chacundes 15 pays participants.

Ce document signale, dans 69% des hôpitauxconcernés, l’existence d’une structure officialisée pourl’ensemble du personnel infirmier, dans laquelle toutesles infirmières sont représentées. En outre, 21% deces hôpitaux possèdent un comité de garantie de laqualité des soins au niveau des services, avec unemoyenne nettement supérieure en Autriche et auxPays-Bas. On peut dire que, globalement, ce projetde recherche apportera des données importantes surles activités orientées vers la garantie de la qualitéau sein de l’Union européenne.

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Réduire la mortalitédes patients

Selon une enquete relative au taux de mortalitédes patients hospitalisés, il existe une corrélationentre le pourcentage d’infirmières diplômées d’Etatparmi l’ensemble du personnel infirmier et la qualitédes soins infirmiers. Dans une étude portant sur 3100hbpitaux, Hartz et autres ont établi que le pourcentaged’infirmi&es diplômées d’Etat était plus élevé dansles htipitaux où le taux de mortalité est le plus faiblesXDeux autres études (Flood et Scott, et Knaus etautres1s,40) ont aussi conclu que plus le pourcentage«infirmières-patients» était élevé, plus le taux demortalité était faible. La deuxième équipe a en outreétabli qu’une bonne communication entre médecinset infirmières constituait un facteur positif.

Baggs et autres ont également démontré qu’unemauvaise coordination interdisciplinaire avait une in-cidence directe sur les taux de mortalité ou deréadmission dans les services de soins intensifs5Aiken et autres ont, quant à eux, constaté que leshôpitaux considérés comme des lieux de travail«satisfaisants» enregistraient des taux de mortalitéplus faibles au niveau des soins Medicare* que ceuxconsidérés comme «peu satisfaisants».

Le rapport coût-efficacitéEn 1982, rares étaient les études établissant

une corrélation entre les interventions infirmières etles coüts, et celles qui le faisaient ne démontraientque modestement le rapport coüt-efficacité de cesinterventions4* La situation a radicalement changédepuis, et plusieurs études sont aujourd’huiconsidérées comme les plus importantes jamaisréalisées aux Etats-Unis en matiGre de coüts.

Brooten et autres, ainsi que Neidlinger et autres(1986 et 1987), ont démontré qu’une réductionsignificative de la durée de l’hospitalisation setraduisait par une réduction considérable des coQts,étant donné qu’aux Etats-Unis, les soins à domicilesadministrés par des infirmières sont nettement moinson&eux que l’hospitalisation.”

En 1991, Cohen a démontré que la gestion decas permet, entre autres, de diminuer la durée deshospitalisations, ce qui entraîne une diminution desCOùtS.‘4

Une étude de Behner et autres8 a révélé que lepourcentage de complications et la dur8e deshospitalisations augmentaient lorsque les sallesd’accouchement ne disposaient pas d’un nombresuffisant d’infirmières diplomées d’Etat. Cette étude

*Medicare: Etats-Unis, assistance médicale auxpersonnes âgées.

sur la relation entre la gestion des ressources en soinsinfirmiers, les coûts et la qualité des décisions rela-tives aux effectifs, attribue l’augmentation des coûtsinstitutionnels à la durée accrue des hospitalisationsainsi qu’à la dégradation de la qualité de la vie dueaux complications.

Deux études récentes ont élargi l’analyse descotits en tant que mesure des résultats, au-delà dela durée de I’hospitalisation.En 1991, Armstrong etautres ont découvert que si les soins intensifsreprésentaient un secteur onéreux, les soins infirmiersne constituaient pas la composante majeure de cescoûts aux Etats-Unis.4

Pour mieux comprendre les variationsconsidérables des coüts des ressources entre lesdivers groupes de diagnostic médical, Bostrom etMitchell ont suggéré de procéder à des ajustementsde risques fondés sur la gravité des cas individuels àl’intérieur des groupes de diagnostic.

Les spécialistes scientifiques en soins infirmiersont un double défi à relever: d’une part, démontrerque les interventions infirmières sont rentables et,d’autre part, travailler avec les responsables pour queleurs résultats soient pris en compte dans lespolitiques.

Le fait qu’il n’y ait, dans les principaux rapportsdu gouvernement des Etats-Unis, aucune rechercheen soins infirmiers orientée vers les résultats ou lerapport coût-efficacité, a amené Holzemer à poser laquestion suivante: «Quantité et coüt des soinsinfirmiers: y a-t-il quelqu’un qui nous entende?2g

Améliorer le cadre de travailLa recherche en soins infirmiers s’intéresse de

très près à la qualité de la vie professionnelle du per-sonnel infirmier. II existe même au Canada un sewicede recherche entièrement voué à cette question, dontil privilégie les quatre aspects suivants: vie/style devie professionnelle, conception du travail, contexte dutravail et monde du travaiLss Quelques conclusionsintéressantes de cette institution:

> Principaux atouts de la profession d’infirmière:travailler avec les patients, travailler en équipe,apprendre de nouveaux aspects des soins infirmierset travailler par périodes de 12 heures.> Principaux inconvénients de la profession: pénuriede personnel, nombre excessif de patients etexécution de taches non infirmieres.

Parmi les autres études, il faut citer Weisman etNathanson, qui ont découvert que le degré de satis-faction professionnelle du personnel infirmier était leprincipal élément déterminant la satisfaction du pa-tient.% Une étude descriptive portant sur la satisfac-

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tion professionnelle des infirmières de nuit enAllemagne a émis cinq recommandations en vued’améliorer leurs conditions de travail et leur satis-faction professionnelle:

> un cadre de travail stable> l’attribution d’effectifs supplémentaires pour les pa-tients nécessitant des soins infirmiers spéciaux> une certaine souplesse dans le choix des horairesde travail> la prise en compte de Mge et de la qualificationdes infirmières, ainsi que du nombre d’heures par nuitde travail et du nombre de nuits accomplies d’affilée> la suppression du travail de nuit accompli dansdes conditions d’isolement.6

L’importance du soutien desANIS

On constate, au vu des exemples qui précèdent,que les preuves ne manquent pas quant aux effetssignificatifs des soins infirmiers sur l’évolution de lasanté des patients et sur les coüts des soins. S’ilreste encore beaucoup de recherche à faire,notamment sur le lien entre la recherche et la pratique,et entre la recherche et la politique, le fait est que lesspécialistes scientifiques en soins infirmiers apportentdes contributions de taille à la qualité de vie desindividus.

Les Associations nationales d’infirmieres sontparticulièrement bien placees pourapporter un soutiendirect à la recherche en soins infirmiers, faciliterl’application pratique des résultats des travaux de re-cherche, et intégrer ces résultats dans la formulationdes politiques à l’échelon national.

Les ANIS devraient également soutenir leschercheurs de disciplines non infirmières et qui aidentà comprendre l’influence des soins infirmiers surl’évolution de la santé du patient.30

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AL SCIENCE des soins infirmiers est une branchede la connaissance qui recourt à des enquetessystématiques pour élaborer des théories

descriptives et normatives applicables à toute lagamme des réponses humaines aux problèmes desanté existants et potentiels. Cette sciences’intéresse à:> l’adaptation des individus et groupes auxproblèmes de santé existants ou potentiels> les environnements qui affectent la santé desindividus> les interventions thérapeutiques qui améliorent lasanté et ont une incidence sur les conséquences dela maladie. 61

Parmi les conditions requises pour garantir laqualité de la science des soins infirmiers figurentI’enquéte scientifique caractérisée par la signification,la compatibilité théorie-observation, la possibilité degénéraliser, la reproductibilité et la precision.61

La pertinenceOn considère que l’examen des problèmes ou

questions socialement importants fait partie du con-tact fondamental qui doit exister entre les soinsinfirmiers et la société, aux niveaux local, national etinternational.

Les grands problèmes sanitaires des collectivitésdoivent Btre résolus par des chercheurs afin depromouvoir la santé, de prévenir la maladie, etd’améliorer la qualité de vie des communautés.

Les réponses aux questions pertinentes peuventavoir une influence déterminante sur la sante et,simultanément, démontrer la contribution des soinsinfirmiers au système de santé dans sa globalité.

II est essentiel de formuler des questionsimportantes pour la recherche si l’on veut faire avancerles connaissances scientifiques en soins infirmiers.Ces questions ont la capacité de faire progresser lathéorie et la connaissance qui, en fin de compte,devraient avoir un impact sur les soins aux patients.

La rigueurL’explication scientifique est peut-être la clé de la

réalisation de l’objectif sociai des soins infirmiers.Sans la capacité d’expliquer et de prévoir. les soinsinfirmiers sont pratiquement voués à l’échec, en tant

que science aussi bien que profession. II ne faut pasoublier que l’objet de toute science est de décrire,d’expliquer et de prévoir les événements, ainsi qued’aider à approfondir la connaissance de l’univers. Lascience se distingue généralement des autres disci-plines en termes de fiabilité, de cohérence, de clarté,de précision et de portée.23

La diffusionPour que les «chercheurs» puissent communiquer

les résultats de leurs travaux à l’ensemble des«utilisateurs» potentiels, il faut qu’ils integrent,d’emblée, un programme de diffusion actif et efficacedans leur plan de recherche. Littéralement, diffusionsignifie «action de se répandre», et il va de soi que,sans diffusion efficace, la recherche en soinsinfirmiers ne saurait espérer avoir un impactquelconque.

Les résultats des travaux de recherche peuventêtre diffuses de mille et une manières, et chaque projetpeut exiger différentes méthodes pour atteindrel’ensemble des utilisateurs potentiels.

0 La publicatiohLes revues sont le moyen de diffusion le plus

couramment utilisé par les infirmières-chercheurs pourleurs rapports scientifiques, que ce soit à l’échellenationale ou internationale. Elles apprennent ainsi àrédiger des comptes-rendus de recherche accessiblesaux infirmières pratlctennes et susceptibles de lesintéresser, tout en satisfaisant aux critères de pubii-cation scientifique.

Depuis quelques années, l’éventail de revuessérieuses sur les soins infirmiers dans lesquelles destravaux de recherche sont publies, va s’élargissantdans le monde entier. Un nombre croissantd’infirmières-chercheurs publient les résultats de leurstravaux dans des revues, spécialisées ou non ensoins infirmiers, atteignant ainsi d’autresprofessionnels de la santé. En fait, le probleme quise pose aujourd’hui est plutôt une pléthore qu’unmanque d’information sur la recherche en soinsinfirmiers.

Si l’accès à la recherche internationale en soinsinfirmiers est aisé pour les infirmières maTtrisant bienla langue anglaise et ayant directement accès à des

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bases de données informatiques, il ne faut pas oublierque nombreuses sont celles qui ne disposent pas detelles facilités. L’Association nationale d’infirmièreset/ou le département gouvernemental de la santépeuvent aider à combler cette lacune en créant unecollection centrale de revues et publications et enétablissant des systèmes d’accès et de diffusion-par exemple, diffusion d’analyses documentaires,éventuellement avec traduction dans Mes langues(s)nationale(s)-afin que les recherches publiées soientaccessibles à un maximum d’infirmières.

Durant leur formation, les infirmières devraientapprendre A utiliser les bibliothèques et, en particulier,savoir comment trouver des comptes-rendus de re-cherche sur un sujet particulier, lorsqu’elles ont besoinde renseignements à jour pour améliorer leur pratique,formuler des politiques, ou préparer un projet de re-cherche.

* Les autres moyens de communication écriteLes articles de revues sont le moyen de diffusion

le plus couramment utilisé en matière de recherche,mais il en existe d’autres. On peut aussi assurer unediffusion efficace et rapide des recommandations etdes résultats de la recherche en envoyant un résuméconcis à des services et à des personnels de santébien ciblés (praticiens et cadres), à des groupesprofessionnels spécialisés (p.ex. infirmières en soinsintensifs ou infirmières de santé publique), à des ANIS,à des groupes de ‘profanes’ (p.ex. associationsd’aides familiales ou conseil local de santé), ainsiqu’aux services gouvernementaux de la santé et auxpoliticiens.

Sans en faire une opkration trop coûteuse, il nefait aucun doute que la communication directe etciblée avec des utilisateurs potentiels peut, sous utieforme ou une autre, avoir une influence beaucoup plusimmédiate que la publication de comptes-rendus derecherche dans des revues spécialisées.

Les médias constituent un autre moyen desensibilisation 8 la recherche en soins infirmiers.Aussi étonnant que cela puisse paraître, lesinfirmières-chercheurs y recourent nettement moinsque ne le font les scientifiques des autres disciplines(y compris la médecine) lesquels, aidés par desjournalistes scientifiques, se servent de la presseécrite pour informer le grand public des résultats deleurs travaux de recherche.

0 Les exposés lors de réunionskonférencesSi la communication écrite est indispensable, la

diffusion orale des résultats des travaux de recher-che peut avoir une influence encore plus directe. Lesinfirmières-chercheurs devraient trouver (et créer) desoccasions de parler de leurs travaux lors de grandes

conférences nationales et internationales, de journéesd’étude ou de réunions informelles locales avec despraticiens et/ou des responsables.

Tout exposé est une occasion de faire de la diffu-sion ciblée, surtout pour la communication bilatérale.Le chercheur peut alors clarifier certains doutes,approfondir des points particuliers, et engager unediscussion avec les utilisateurs potentiels sur les im-plications des résultats de ses travaux pour ledéveloppement de la pratique et/ou du service dessoins infirmiers.

On ne saurait trop insister sur l’importance del’interaction directe entre chercheurs et utilisateursde la recherche. Cette interaction, qui étaye leprocessus de diffusion, est indispensable pourpromouvoir l’utilisation de la recherche.

L’utilisationAussi efficace soit-elle, la diffusion de la recherche

ne saurait malheureusement garantir le transfert etl’utilisation des nouvelles connaissances transmises.II est couramment admis que «les résultats de la re-cherche sont inutiles s’ils ne sont pas utilisés».43Comme pour les autres disciplines, l’utilisation de larecherche en soins infirmiers est chose compliquée.

«Pourquoi les infirmières n’utilisent-elles pasles résultats de la recherche?», demandait Hunten 198431, laquelle estime que les facteurs sont mul-tiples, a commencer par un manque de sensibilisationet d’intérêt des infirmières à l’égard de la littératurespécialisée, auquel s’ajoute un manqued’encouragement et d’incitation, de la part desinfirmières-chefs, pour engager le personnel infirmierà tester et utiliser les résultats de la recherche dansla pratique.

0 L’application pratique de la rechercheUn certain nombre d’études systématiques ont été

effectuées afin de comprendre pourquoi les infirmièresn’appliquent pas les résultats de la recherche dansleur travail. Dans une enquête de 1975 sur l’utilisationde recommandations largement diffusées, issuesd’une recherche sur la prise de la température,Ketefian a découvert qu’une seule infirmière dipl6méed’Etat sur les 87 interrogées savait comment prendrecorrectement la température orale (c.-à-d., comme lepréconise une recherche rigoureuse). Elle en a concluque, soit ces infirmières n’avaient pas euconnaissance de cette recherche, soit elles nesavaient pas comment l’appliquer dans la pratique.

Dans un travail de recherche visant $I identifier plusspécifiquement les facteurs qui favorisent ou, aucontraire, freinent l’utilisation de la recherche, Cham-pion et Leach ont constaté que l’accès personnel àla littérature scientifique et une attitude positive à

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l’égard de la recherche avaient une influence positivesur l’utilisation de la recherche par les praticiens. Celasouligne l’importance, d’une part, de l’accès du per-sonnel infirmier aux rapports de recherche et, d’autrepart, de la sensibilisation des infirmières à la recher-che.”

Closs et Cheater estiment que, même dans lespays où la recherche en soins infirmiers est bienétablie, il importe de continuer à encouragerl’utilisation active des résultats de la recherche dansla pratique.

0 L’évaluation du potentiel d’utilisationTous les projets de recherche n’aboutissent, de

loin pas, à des conclusions applicablesimmédiatement dans la pratique ou dans la politiquedes soins infirmiers. Pour l’essentiel, la rechercheen soins infirmiers se limite encore à des enquêteset, mëme lorsqu’un travail de recherche plus définitifaboutit à des résultats concrets, il reste généralementà vérifier leur applicabilité et à les tester sur le terrain,pour évaluer la force de la preuve et la possibilité degénéraliser ces résultats dans des contextes autresque le cadre de recherche initial.

Le potentiel d’utilisation de n’importe quel résultatou recommandation de la recherche doit être dûmentévalué par les utilisateurs concernés. Cet exerciceexige des qualités éprouvées d’appréciation critiqued’un rapport de recherche. II convient, en premier lieu,de vorifrer la pertinence des recommandations au vudu contexte local.

II s’agit ensuite d’évaluer la qua/& de la recher-che et la validité de ses conclusions, travail qui exigeune bonne connaissance des méthodes de recher-che et de statistiques.

En troisième lieu, il importe de vérifier si lesrecommandations de la recherche sont compatibles,notamment du point de vue éthique, avec les pratiqueset dispositions existantes et immuables, et demesurer la réceptivité du personnel et sa dispositionà participer pleinement au processus d’utilisation dela recherche.

Enfin et surtout, il importe de tenir compte desimplications des recommandations de la rechercheau niveau des ressources.

Ainsi, nombreux sont les facteurs qui entrent enjeu dans l’évaluation du potentiel d’utilisation de larecherche.

0 Les utilisations pratiques de la rechercheII existe divers moyens d’introduire, dans la

pratique des soins inf%rniers, des résultats sûrs etpertinents de travaux de recherche.

Les conclusions des études portant sur uneprocédure ou une intervention particulières (p.ex. tech-

nique de pansement ou d’enseignement au patientdans un groupe de clients donné), peuvent êtreintroduites de manière relativement directe en tantque «procédure recommandée», après avoir dûmentformé le personnel et obtenu son accord quant auchangement propose.

De même, les résultats de recherches concernantla gestion d’un groupe de patients particulier peuventêtre utilisés en tant que directives de pratique clinique(ou protocoles cliniques), terme utilisé dans denombreux pays pour décrire les instructions de“pratique optimum”, attestées et élaborées de façonsystématique pourdes groupes de patients donné-par exemple Lignes directrices pour la gestion et lar&ducation d’un patient aprb fracture de /a hanche.

Les changements au niveau d’un service, effectuéssur la base de recommandations de la recherche (p.ex. tâches déléguées à une infirmière en soinsprimaires ou gestionnaire) sont nettement plusdifficiles à introduire et exigent une périoderelativement longue de planification et d’éducation dupersonnel.

Le système permettant d’évaluer l’efficacité duchangement devrait, si possible, ëtre établi dès lestade de planification. Par exemple, un petit grouped’infirmières de service pourrait collaborer avecl’infirmière-chef et l’infirmière gestionnaire pourcoordonner la planification du transfert propose versle nouveau système de soins infirmiers recommandé.

II est encore plus compliqué d’introduire unchangement à l’échelle dlun hôpital ou d’unecommunauté. Par exemple, l’introduction d’unnouveau système de planification de la sortie, dont larentabilité a été prouvée par la recherche exigera:

> une consultation soigneusement planifiée de toutle personnel concerné (au niveau tant de l’hôpital quede la communauté, ainsi que des gestionnaires etpraticiens de toutes les disciplines);> l’établissement d’un calendrier de changement;> la clarification des nouveaux rôles etresponsabil ités du personnel;B la possibilité d’engager du personnelsupplémentaire (par exemple infirmière de liaison);> l’introduction éventuelle de nouvelles normesconcernant la communication de l’autorisation de sor-tie.> ‘la préparation des patients et de leur famille à uneparticipation active au nouveau système.

Comme l’illustre cet exemple, l’utilisation de larecherche est, à maints égards, un processus dechangement organisationnel plutôt qu’un effortindividuel.

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IV. La recherche en soins infirmiers etles problèmes déontologiques

TOUTE recherche scientifique faisant appel àdes sujets humains pose, a juste titre, des questions d’ordre déontologique. En soins infirmiers,

il arrive que les sujets d’un projet de recherche netirent aucun avantage direct des thérapiesexpérimentales auxquelles ils sont soumis, et quecelles-ci comportent des procédures invasives, voire,entraînent des effets secondaires désagréables.

Les infirmières cliniciennes travaillent souventdirectement avec les patients pour leur expliquercom-ment remplir les formulaires de consentement, et ontpour devoir de leur fournir des informations aussicompletes que possible.

Le travail des infirmieres-chercheurs peut ou nonimpliquer des thérapies invasives, comme il peut ounon exiger, de la part des patients, desrenseignements trés personnels et confidentiels. Enconséquence, les infirmiéres-chercheurs doiventappliquer les mêmes principes déontologiques queceux qui gouvernent la recherche orientée vers lamédecine ou la sante, en vue de garantir la recon-naissance et le respect des droits des sujets de re-cherche.

Le Code du CIITout au long de son histoire, la profession infirmière

s’est révélée extrêmement respectueuse des droitsde l’homme. La plupart des infirmières connaissentbien le Code de /‘infirmière du CII qui, dans son intro-duction, stipule: «Le respect de la vie, de la dignité etdes droits de l’homme fait partie intégrante des soinsinfirmiers».

En respectant ce principe, les infirmières-chercheurs et les associations d’infirmières se sontattachées a formuler et à faire appliquer des normesdéontologiques élevées pour la recherche en soinsinfirmiers.

Ainsi, promouvoir la recherche en vue d’élargir etd’affiner les connaissances constitue, en soi, uneresponsabilité morale fondamentale pour toute pro-fession.

En tant que professionnelles responsables, lesinfirmières sont, quant à elles, moralementresponsables de soutenir cet effort et d’utiliser la re-cherche pour la mise à jour permanente de leurspropres connaissances et pratique, pour le bien de

leurs clients/patients et de l’organisation au sein delaquelle elles travaillent.

Les principes déontologiquesde la recherche

Les principes déontologiques appliqués à la re-cherche en soins infirmiers sont essentiellement lesmêmes que ceux qui s’appliquent à la pratique dessoins infirmiers. Dans la recherche aussi bien quedans la pratique, I’infirmiere a la responsabilité deprotéger et de respecter les droits de ses patients.

Les principes déontologiques de bienveillance(vouloir du bien) et de non-malvedlance (ne pas vouloirde mal) sont des rogles fondamentales. Si lechercheur n’apporte pas forcément d’avantages di-rects aux sujets de ses recherches, le but ultime doittoujours être un avantage positif; la recherche ne doitsous aucun prétexte faire du mal ou causer dessouffrances à ses sujets.

Le principe de fidélité (confiance) sous-tend la re-lation infirmiore-patient dans toutes les situations et,en matière de recherche, il est tout aussi importantque la confiance du patient ne soit jamais abusée ouexploitée.

De méme, le principe de jusfice (être juste)s’applique à la recherche au même titre qu’à lapratique et peut, par exemple, impliquer que l’on veillea ce que les patients ne soient pas amenés àconsacrer trop de temps à un projet de recherche ensoins infirmiers, et que ce dernier ne leur cause pasd’inconvénients inutiles.

Enfin, la véracité (dire la vérité) et la confidentialité(ne pas divulguer de renseignements personnels) sontdeux principes revêtant une importance indéniable enmatière de recherche. On attend du chercheur qu’ilsoit digne de confiance, non seulement vis-a-vis dessujets, mais également en ce qui concerne le produitfinal de son travail, a savoir, son rapport de recher-che.

La confidentialité est également exigée à ces deuxégards, et implique que le chercheur veille 21 ce queles renseignements personnels recueillis dans le cadrede ses recherches ne soient pas divulgués a d’autresfins et, sauf consentement préalable de l’intéressé,soient rapportes dans le plus strict anonymat.

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JOURNÉE INTERNATIONALE DES INFIRMIÈRES 1996

Un code déontologiquepour la recherche

A partir de ces principes déontologiques, certainesassociations nationales d’infirmières ont formulé deslignes directrices ou des codes déontologiques pourla recherche en soins infirmiers. Le CII a élaboré uncode déontologique international applicable à la re-cherche en soins infirmiers, qui sera publie en 1996.

Dans le domaine médical, les premières lignesdirectrices déontologiques pour la recherche utiliséessur le plan international furent celles du Code de Nu-remberg, établi en 1947, au lendemain des procès deNuremberg, où des médecins nazis furent jugés pouravoir exploite des étres humains g des finsexpérimentales. Plus tard, l’Association médicalemondiale a élaboré des lignes directricesdéontologiques plus détaillées pour la recherchemédicale la Déclaration d’Helsinki de 1964.

Un code déontologique offre des lignes directricesutiles et établit des normes, mais ne peut, bienentendu, réglementer la pratique. En fin de compte,la responsabilité déontologique de la recherche(exécution et rapport) incombe toujours au chercheur.II importe par conséquent que les infirmières quientreprennent des recherches comprennent bien lesproblèmes déontologiques susceptibles de se poseret y réfléchissent mûrement.

Les grands problèmesdéontologiques

La recherche en soins infirmiers soulève diversgrands problémes déontologiques, dont les principauxont trait à la protection des droits et de l’autonomiedes individus acceptant de servir de sujets de recher-che.

0 Le consentement éclairéLe respect de l’autonomie des individus exige leur

consentement volontaire et éclairé, demandé et obtenuà l’avance. Aucun client, patient ou membre du per-sonnel ne doit jamais partlaper à un projet de recher-che en soins infirmiers à son insu ou par la contrainte.La participation doit se faire volontairement, sur labase d’informations et moyennant un consentementexplicite.

II incombe en conséquence a l’infirmière-chercheurd’expliquer la nature et l’objet de l’étude proposée,ainsi que ce qu’elle attend des participants. Elle nedoit laisser aucun doute quant à la nature volontairede cette coopération, et quant au fait que, une foisdonné, le consentement peut être retiré à tout mo-ment. En général, un consentement écrit est obtenu.

Lorsqu’un individu est incapable de donner son

consentement, parce qu’il se trouve dans un étatd’inconscience ou que ses facultés cognitives sontatteintes, il peut être légitime de demander unconsentement par procuration-c.-à-d. à une autrepersonne agissant en son nom, par exemple, unproche.

0 Les groupes vulnérablesLes sujets de recherche dont la participation ris-

que de les exposer à une pression excessive, parexemple des prisonniers ou des groupes d’étudiants,doivent bénéficier d’une protection spécialegarantissant le respect de leurs droits.

De plus, pour les groupes vulnérables qui ne sontpas en mesure de donner leur consentement, telsque patients dans le coma, nourrissons ou jeunesenfants, aucun effort ne doit être ménagé pour obtenirles autorisations nécessaires afin de protéger lesdroits des sujets de recherche.

Les patients qui sont invités a participer à un projetde recherche mené par une infirmière qui leur prodigueaussi des soins sont particuliérement vulnérables, aumême titre que les étudiants d’une infirmiere-enseignante: ils sont dépendants et risquent de cefait de se sentir obligés de coopérer.

Cela ne signifie pas qu’il faille exclure de la re-cherche les groupes et individus vulnérables, maissimplement qu’il faut veiller tout spécialement à cequ’ils ne soient pas exploités et à ce que la procédurede demande de consentement soit particulièrementrigoureuse.

0 Le règlement des conflits d’intérêtsLes infirmières praticiennes qui menent des

recherches dans leur cadre de travail habituel setrouvent parfois prises en tenaille entre leursresponsabilités d’infirmière et de chercheur. II peutaussi arriver qu’un conflit d’intérêts se posesimplement en termes de répartition du temps.

Un conflit peut également surgir lorsque l’infirmièredécouvre qu’un renseignement donné par un patientlors d’un entretien ou dans le questionnaire de re-cherche peut-être crucial pour scn traitement maisque, s’étant engagée à la confidentialité, elle saitparfaitement qu’elle ne doit pas divulguer cette infor-mation.

II existe un moyen très simple de résoudre ce typede conflit: demander au patient s’il accepte que telou tel renseignement soit révélé. Lorsque cetterequête est fondée, le patient donne généralementson consentement. En fait, il est tout-à-fait possiblede prévoir cette stratégie des la planification de larecherche; de plus, il est généralement utile deréfléchir à l’avance aux moyens de régler les conflitsd’intérets susceptibles de se présenter.

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Une infirmière-chercheur qui entreprend un projetdans le cadre de la pratique, mais exclusivement enqualité de chercheur, n’a aucune responsabilité quantaux soins au patient et ne risque donc pas de seheurter à ce type de conflit d’intérêts.

Toutefois, si un patient requiert une assistanced’urgence ou si des tiers le voient subir des mauvaistraitements, l’infirmière-chercheur est moralement et,dans certains cas, juridiquement tenue d’intervenir,méme si cela interrompt sa recherche ou portepréjudice à ses relations avec le personnel de salleou la direction.

* Les compétences en matière de rechercheDans toutes les sphères de la société, il serait

considéré comme contraire à la morale que de de-mander à des individus de participer à un projet derecherche mené par une personne non formée, voireincompétente. Ainsi, une infirmiére occupant un posteà responsabilités est-elle moralement tenue de veillerà ce que toute recherche en soins infirmiers menéedans son secteur corresponde aux compétences duchercheur, quitte à placer le projet sous la supervi-sion d’un chercheur expérimentk.

Les responsabilités

professionnellesUne infirmière-chercheur exerce une responsabilité

morale toute particulière à l’égard de ses sujets derecherche, mais en exerce aussi d’autres vis-à-vis:de ses collègues (information réguliére sur sesrecherches), de tout organisme bailleur de fonds (rap-port final), et de la profession (publication desrésultats).

Même si un projet de recherche ne réalise pastous les objectifs prévus ou n’aboutit qu’à des résultatsmitigés, voire négatifs, le chercheur est moralementresponsable de diffuser les résultats afin de permettreau public d’évaluer le travail accompli.

Faire respecter les normesComme nous l’avons souligné plus haut, la dimen-

sion déontologique de la recherche humaine estcomplexe. II n’existe en fait aucun moyen deréglementer formellement la déontologie de la recher-che en soins infirmiers, ni d’en assurer la surveillancesystématique.

II est néanmoins possible de garantir desnormes déontologiques élevées, à condition toutefoisque les infirmières-chercheurs et toutes les autresinfirmières veillent à ce que la recherche en soinsinfirmiers respecte les exigences inhérentes auxprincipes déontologiques applicables à toute recher-che humaine.

Un moyen de garantir le respect des normesdéontologiques consiste à soumettre les propositionsde recherche en soins infirmiers à un comité chargésdes thèmes des humains. Cela permet de s’assurerque le chercheur a identifié et prévu dès le stade dela planification les implications déontologiques del’étude proposée.

Lorsqu’on lui soumet un protocole de recherche,le comité d’éthique de la recherche doit, entre autres,poser les questions suivantes:

> L’étude proposée se justifie-t-elle et est-ellescientifiquement rationnelle?> Le chercheur a-t-il les compétences et l’expériencerequises pour mener à bien son projet?> Existe-t-il, pour les sujets, un risque, une gene ouun inconvénient non nécessaires ou inacceptables?> L’exigence du consentement volontaire et éclairésera-t-elle dûment remplie?> Y a-t-il des risques de conflits d’intérêts?> Existe-t-il suffisamment de ressources (tanthumaines que matérielles) pour que ce projet puisseêtre mené à bien et diffusé?

En l’absence d’un comité chargé des thèmeshumains officiel, l’infirmière-chercheur convoquera ungroupe de colkgues afin d’étudier le protocole de re-cherche à la lumière des questions qui précèdent.

II convient en fait que le chercheur ait ces ques-tions à l’esprit au moment où il prépare sa proposi-tion de recherche, ce afin d’être sensibilisé auxproblèmes déontologiques de la recherche en soinsinfirmiers et d’&re à même de les aborder ouvertementet de manière adéquate.

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E SOUTIEN organisationnel, ainsi que lesL ressources humaines et matérielles, sontconsidérés comme des éléments essentiels

de la promotion de la recherche en soins infirmiers.

Le soutien organisationnelSe fondant sur une étude réalisee aux Etats-Unis

concernant les écoles d’infirmiéres les plusproductives en matière de recherche, Batey aconstaté que ces institutions avaient, entre autres,les caractéristiques suivantes en commun:7

1. Une tradition de recherche en soins infirmiersantérieure au financement fédéral accorde a ce typede recherche, et une insistance toute particulière surla formation du corps enseignant en matiere de re-cherche.

2. Un noyau d’enseignants bien préparés, sansengagements administratifs majeurs.

3 . L’attente de ce que le corps enseignant sollicitelui-même des fonds à l’extérieur pour ses recherches.

4. Une tendance a affecter les ressourcesdestinées au développement de la recherche auxenseignants, plutôt qu’aux cliniciens et aux étudiants.

5. Une politique administrative prévoyant desactivités de recherche et des dispositionsopérationnelles pour réaliser les objectifs de recher-che.

6 . Des fonds alloués a la promotion de la recher-che ne provenant pas exclusivement de sources desubvention de recherche.

7. La recherche constitue un service clairementétabli dans la structure officielle de l’école,responsable a la fois devant le corps enseignant etl’administration. Le service de recherche joue un r6leimportant en encourageant et soutenant les jeuneschercheurs.

8. L’attente de ce que le corps enseignantpossede au minimum des compétences de base enmatière de recherche et connaisse l’importance del’enquête scientifique.

9. Des structures officielles de gratificationincluant des critères explicites concernant la recher-che comme preuve de savoir et de créativité.

lO.Le rôle du corps enseignant englobel’enseignement, la recherche et la pratique.

Les ressources humainesUne étude sur la productivité de la recherche en

soins infirmiers après l’obtention d’un doctorat a révéléque les facilités accordées constituent un élémentdéterminant: soutien de l’employeur, durée de la miseen disponibilite, appui financier, service de secrétariat,assistants de recherche, service de consultation derecherche, tutelle, collaboration collégiale, servicesinformatiques, bibliothèque, banque de données, etaccès 3 la population faisant l’objet de la recherche.17

* Le personnelOutre les chercheurs dament formés, d’autres

membres du personnel constituent également unélément majeur et essentiel de l’efficacité des struc-tures de recherche en soins infirmiers, tels que: con-sultants scientifiques, biostatisticiens, analystes dedonnées, éditeurs scientifiques, aides administrativeset de bureau.

Les propositions de recherche peuvent êtresoumises a un groupe de pairs pour examen et cri-tique préalables. La consultation des pairs joue unr&le déterminant dans l’établissement de la structuredestinée à assurer la productivité de la recherche etaugmente les chances d’obtenir des résultatsprobants.24

* L’établissement de réseaux de rechercheS’il existe un modele universel de développement

des ressources de la recherche, Gortner suggere qu’ilinclue l’organisation de réunions et de conférencespour développer les réseaux de recherche et qu’ilreconnaisse l’université en tant que cadre de forma-tion en matiere de recherche.

Par exemple, les réunions du Groupe de travaildes infirmières-chercheurs européennes, WENR), laFédération nordique des infirmières et l’Associationaméricaine d’infirmières, ainsi que d’autresconférences sur la recherche tenues au Canada etau Royaume-Uni, privilégient les sujets de rechercheaussi bien généraux que spécifiques, et offrent auxchercheurs des occasions de sensibiliser un publicnational et international à la recherche.

La tendance plus récente consistant à organiserdes conférences internationales sur la recherche ensoins infirmiers dans le cadre d’universités, de

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sociétés et d’organisations, témoigne de l’évolutioninternationale de la recherche en soins infirmiers.

0 L’encadrementBien que la recherche, i’education et la formation

jouent un rôle essentiel dans le développementd’infirmieres-chercheurs efficaces, le mentor joueaussi un rôle primordial dans ce processus etconstitue un véritable gage de productivité de la re-cherche après l’obtention du doctorat.17

0 La collaboration interdisciplinaireVu la complexité des situations humaines, il n’est

pas rare qu’un projet de recherche d’une certaineenvergure réunisse des spécialistes de plusieurs dis-ciplines. Par exemple, une étude sur les besoinssanitaires d’enfants sans foyer vivant dans un contexteurbain peut inclure une infirmiere-chercheur enpédiatrie, une assistante sociale et un psychiatre,qui mettront leurs connaissances complémentairesau service de ce projet particulier.

0 La collaboration entre chercheurs etpraticiensUne étude sur la phase de formulation des thèmes

de recherche par les infirmières scientifiquesexpérimentées a révélé que la source d’idees la plusfréquemment citée était la pratique [email protected]

Pour que la recherche en soins infirmiers influ-ence véritablement la pratique, il est indispensableque des liens de partenariat solides se nouent entrechercheurs et praticiens, afin que les grandsproblèmes du domaine clinique puissent être poseset testés, et que les connaissances accumulées parla recherche en soins infirmiers soient transféréesdans l’environnement de la pratique.

Les ressources matérielles0 Le temps

Elément clé de la productivité, le temps refletel’engagement à l’égard de la recherche. Aussi biendoté soit-il en ressources financières, en effectifs ouen laboratoires, aucun projet ne saurait réussir si letemps fait défaut.24

* L’espaceEn matière de recherche, le manque d’espace peut

constituer un obstacle majeur et peut mème avoir uneffet dissuasif.z4 Etant donné l’espace limité et souventinextensible dont disposent nombre d’universitéssituées en ville, on peut dire que l’espace est devenuune denrée rare pour beaucoup d’infirmières-chercheurs.

Les projets de recherche en soins infirmiersexigent de l’espace non seulement pour le person-

nel, mais aussi pour stocker les données et logerl’équipement. Un manque d’espace peut porterpréjudice aux projets de recherche planifiés et encours.

0 Les fournitures et le matérielSi l’on veut établir une structure de recherche en

soins infirmiers, il est indispensable de disposer defournitures et de matériel, sans oublier l’entretien etles travaux de rénovation nécessaires.24

* Bibliothèquelappui informatiqueLa bibliothèque, le soutien de l’employeur, l’accès

à la population faisant l’objet du projet de recherche,et les services informatiques sont considérés commedes éléments essentiels de la productivité de la re-cherche.”

II apparaît que, mis à part I’acces aux ressourcesdu corps enseignant, l’utilisation d’ordinateurs est laseule expérience directement liée à la productivité dela recherche pour les jeunes chercheurs venantd’obtenir leur doctorat.17

0 Le soutien financierPour la recherche en soins infirmiers, les fonds

généraux de recherche ainsi que les dons et dotationsconstituent les sources de financement les plusflexibles et les mieux appropriées.24

Le plan stratégiqueSi l’on veut établir et maintenir un cadre de re-

cherche solide et productif, il peut ètre utile d’établirun plan stratégique pour le développement de la re-cherche et l’acquisition de ressources.zz

Les objectifs d’un plan quinquennal de recherchepeuvent être l’établissement d’un cadre de recherchesolide, le renforcement de la contribution de la re-cherche en soins infirmiers aux secteurs clés du pro-gramme et l’élargissement des possibilités de forma-tion en matière de recherche.

Gortner (1985) donne certaines indications desuccès et de productivité pour la mise en oeuvre d’unplan stratégique visant à promouvoir un cadre solidede recherche en soins infirmiers:22

> encourager et soutenir, tout au long de l’annéeacadémique, les travaux de recherche menés parle corps enseignant;> libérer ou décharger le corps enseignant pour luipermettre de mener des recherches;> fournirdu personnel de soutien pour la recherche;> permettre aux équipes de chercheurs de passerd’un projet à l’autre afin de garantir la cohérence dela recherche;> obtenir un engagement ferme vis-à-vis de la re-

Recherche en soins infirmiers NO44 - Mars 1996

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cherche, de la part aussi bien de l’administration quedu corps enseignant.

Un plan stratégique de recherche en soinsinfirmiers devrait envisager la recherche dans lesdomaines hautement prioritaires a l’échelon national.II est en outre possible d’accroître la productivité dela recherche en sélectionnant les domaines danslesquels les spécialistes scientifiques en soinsinfirmiers possèdent des compétences et enétablissant un service de recherche. De plus,apprendre a préparer et rédiger correctement lesdemandes de subvention permet d’accroïtre lesressources disponibles pour la recherche. Enfin, lacollaboration avec des chercheurs renommés,rattaches ou non aux soins infirmiers, peut aider àaccélérer l’élaboration d’un programme de recherche.

La structure organisationnelle peut constituer lecadre de base permettant à des esprits créatifs dedevenir actifs, et offre un mécanisme qui permet deréunir les personnes partageant des intérêts communsen matière de recherche.24

Avec des structures différenciées etcomplémentaires, l’attention peut se concentrer surles produits des travaux de recherche en soinsinfirmiers (ce qu’ils sont, quelle est leur importancepour la science des soins infirmiers, et quelle inci-dence ont-ils sur les soins de santé en général).24

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VI. Le rôle des ANIS

T OUTES les Associations nationalesd’infirmieres (ANIS) peuvent, dans leurs paysrespectifs, jouer un rôle considérable en

matiere de sensibilisation a la recherche en soinsinfirmiers, ,de promotion de l’éducation en matiere derecherche, et d’élaboration de normes déontologiquesélevées pour la recherche en soins infirmiers. De plus,la collaboration entre les ANIS et en leur seinconstitue l’un des mécanismes les plus efficaces dela mondialisation de la recherche en soins infirmiers.

En 1993, le Conseil des représentantes nationales(CRN) du CII a adopté la Résolution34 dans laquelle ilest décidé que le Conseil international des infirmieres:

> Encourage les ANIS à faciliter la collaboration entreles différents pays en vue d’une meilleure communi-cation et d’un meilleur échange des résultats destravaux de recherche ou des expériences réaliséessuite à ces résultats, ainsi que le développementd’activités de recherche conjointes;> Invite ses associations membres à entreprendredes travaux de recherche en soins infirmiers, àrechercher des sources de financement-permettantd’aider au développement de la recherche et à faciliterla diffusion des resultats des travaux de recherche ouleur utilisation;> Etablira des directives en vue d’aider les associa-tions membres à élaborer des normes déontologiquespour la recherche en soins infirmiers.

II y est en outre décide que les ANIS doivent en-courager et faciliter la recherche en soins infirmiers,créer des centres d’excellence et des mécanismespermettant de donner sa vraie place à la recherchedans la structure des carrières en soins infirmiers.

Créer une infrastructureA l’instar de toute autre science, la recherche en

soins infirmiers a besoin d’une infrastructure solidepour se développer et s’épanouir. Si la science peutëtre une activité individuelle, la promotion de la sci-ence et l’utilisation de ses produits appellent uneactivité collective. La force des ANIS réside dans leuraptitude à promouvoir l’activité et l’action collectives.

II s’agit en premier lieu d’établir un comité de re-cherche en soins infirmiers au sein de l’associationou, si cela se révè!e impossible, de charger un membredu Bureau d’établir une base pour déterminer lapolitique etl’action de l’association en matière de re-cherche en soins infirmiers.

Une section ou société d’infirmieres-chercheurspeut également ètre établie pour les membres del’association, comprenant non seulement deschercheurs actifs, mais aussi des infirmièresintéressées appartenant à tous les secteurs pratique,gestion et enseignement. Ce groupe peut offrir uncadre de discussion sur les besoins de la recherche,la planification des projets de recherche et la diffu-sion des résultats.

En entretenant un réseau d’infirmieres-chercheurssur l’ensemble du territoire national, une ANIS peutservir de pont entre les chercheurs, et entre cesderniers et les cliniciens, renforçant ainsi les liensentre la recherche et la pratique et, avec le temps,facilitant l’articulation de la recherche autour d’intérètscommuns et de thèmes centraux.

Par ces moyens, les ANIS aideront egalement àétablir un‘e infrastructure qui favorisera ledéveloppement de la recherche en soins infirmiers.

Fournir un appuiLes ANIS peuvent jouer un rôle essentiel, tout

particulièrement lorsque la recherche en soinsinfirmiers commence à se développer dans leur pays,et ce, en offrant soutien et conseils aux jeuneschercheurs. Ces derniers peuvent ainsi, en utilisantle réseau de I’ANls ou d’une société de chercheurs,entrer en contact avec des chercheurs plusexpérimentés travaillant dans le mème domaine etdisposés à les aider et à les orienter.

Fournir des informations sur les possibilités deformation en matière de recherche a l’échelle nationaleest, pour une ANI, un autre moyen d’aider sesmembres.

De même, les ANIS peuvent réunir et diffuser desinforinations sur les fonds disponibles pour la recher-che en soins infirmiers ou de santé.

Une ANI qui dispose de personnel dûment formépeut offrir des consultations directes à ses membrespour les aider 5 présenter leurs propositions de re-cherche à des organismes ou à des fondations.

Etablir des banques de donnéesUn répertoire des infirmières-chercheurs, une liste

des cours de formation en matière de recherche etd’information sur les sources de financement de larecherche figurent parmi les exemples de banquesde données que les ANIS peuvent établir et gérer pouraider la recherche.

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Autre banque de données utile, s’il n’en existepas encore au sein du Service de santégouvernemental: une liste des projets de rechercheen soins infirmiers en cours. Un registre de ce typeest tres facile à établir mais devient de plus en plusdifficile à gérer, à mesure que le volume des projetsde recherche augmente.

Pour qu’un tel systéme soit véritablement utile, ildoit permettre non seulement d’enregistrer desdonnées, mais aussi de les mettre à jour et de lesproduire efficacement sur demande.

Promouvoir l’éducationLes ANIS peuvent promouvoir la recherche au sein

de la profession infirmière et du gouvernement, enexpliquant pourquoi il importe que la recherche soitenseignée à toutes les infirmières, en prévoyant, pourun certain nombre, une formation plus officielle et pluslongue dans ce domaine.

Le fait d’inscrire la recherche dans tous les pro-grammes d’enseignement de base et supérieur dessoins infirmiers peut aider à généraliser lasensibilisation à la recherche. Les ANIS peuvent aussicollaborer avec des enseignants à cette fin et, en at-tendant, peuvent très bien organiser elles-memes descours de brève durée et des ateliers sur la rechercheà l’intention de leurs membres.

De plus, les ANIS peuvent tenir à jour une listedes possibilités qui existent, dans leurs paysrespectifs, pour les infirmières souhaitant suivre uneformation en matière de recherche, que ce soit auniveau de la maîtrise, du doctorat ou au-delà.

Accroître le financementDans nombre de pays, les fonds disponibles pour

la recherche en soins de santé sont très limités, et ilarrive meme qu’aucun fonds spécifique ne soit prévupour la recherche en soins infirmiers.

II importe en conséquences que les ANIS fassentpression sur les services de santé de leursgouvernements respectifs pour les inciter à financerla recherche en soins infirmiers, tout en sollicitantl’appui d’autres organisations des secteurs public etprivé.

Les ANIS peuvent aussi s’adresser aux nombreuxorganismes de financement bénévoles/de bienfaisanceet commerciaux qui, depuis longtemps, soutiennentla recherche médicale dans les pays occidentaux,en essayant de les inciter à élargir leur soutien à larecherche en soins infirmiers. Idéalement, quel quesoit le pays, la recherche en soins infirmiers doitdisposer d’une base de financement diversifiée, quidoit ëtre établie progressivement en sollicitant desressources auprès d’organismes de financementgouvernementaux, commerciaux, bénévoies/de

bienfaisance, privés et internationaux. Les ANIS ontpour rôle d’identifier les sources potentielles definancement et d’aider leurs membres à formuler leursdemandes de financement.

Une ANI peut elle-mème être en mesure deconsacrer une partie de ses propres ressources oude lancer un projet spécial d’appel de fonds poursoutenir la recherche en soins infirmiers.

Les fonds de recherche peuvent ensuite êtreversés, par le truchement du comité de recherche,aux membres ayant soumis des propositions de re-cherche recevables, ou encore être utilisés pour desbourses de formation ou pour financer la participationde membres à des conférences sur la recherche.

Dans les rares pays ayant la chance de disposerd’une association d’infirmières bien nantie, I’ANIconstitue une source de financement essentielle pourla recherche en soins infirmiers durant les premiersstades de son développement.

Promouvoir l’utilisationLes associations d’infirmières peuvent (beaucoup

le font), promouvoir activement la diffusion desrésultats des travaux de recherche en soins infirmierset encourager leur utilisation. Dans nombre de pays,la premiére conférence nationale sur la recherche ensoins infirmiers s’est tenue 8 l’initiative de I’ANI et,dans certains pays, cette conférence a maintenantlieu chaque année.

Nationales ou locales, les conférences sont unexcellent moyen de diffuser les résultats des travauxde recherche en soins infirmiers et d’en discuter, carelles réunissent des infirmieres praticiennes,enseignantes, gestionnaires et chercheurs.

Les ANIS peuvent aussi encourager la diffusionpar le biais de publications, que ce soit simplementen publiant de brefs comptes-rendus de recherchedans leur bulletin interne ou des documents de re-cherche dans leurjournal sur les soins infirmiers, ouencore en publiant des monographies de rechercheen soins infirmiers.

Outre ses propres publications, une ANI peut en-courager les éditeurs de revues spécialisées en soinsinfirmiers à jouer leur rôle en publiant des articlessérieux sur la recherche. L’association peut aussiencourager les bibliothèques spécialisées à acquérirdes revues étrangères comportant des articles sur larecherche.

Encourager l’utilisation des résultats des travauxde recherche est également le rôle des ANIS. Lecomité de recherche peut se charger de rassemblerles résultats et les recommandations ayant une im-plication politique et de les porter directement àl’attention du gouvernement et/ou des cadresinfirmiers dans l’ensemble du pays.

Recherche en so ins in f i rm iers No44 - Mars 1996

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Si les infirmières praticiennes sont toutesdésignées pour utiliser les résultats de travaux derecherche particuliers, il incombe aux ANIS d’organiserdes groupes de discussion afin d’étudier les moyensde traduire ces résultats dans la pratique, voire deles utiliser comme base pour l’élaboration de normesou autres activités liées à la garantie de la qualité, ouencore pour la formulation de lignes directrices ou deprotocoles cliniques.

Encourager la coopérationinter-organisations

Etant donne les contacts réguliers qu’elleentretient, l’Association nationale d’infirmières est bienplacée pour encourager la coopération avec d’autresgroupes concernes par la recherche en soinsinfirmiers et de santé.

Divers organismes sont directement intéressésd a n s l a r e c h e r c h e , t e l s q u e a g e n c e sgouvemementales,organisations professionnelles, in-stitutions pédagogiques, instituts de recherche etfondations.

La coopération inter-organisations favorise les ini-tiatives conjointes de recherche, de même que lepartage des connaissances et des compétences.

Fixer les prioritésDans de nombreux pays, le développement de la

recherche en soins infirmiers est entravé par l’absencetotale de consensus quant aux objectifs, orientationset priorités d’ensemble de la recherche au niveau na-tional. Les ANIS devraient s’attacher à faire démarrerun plan de recherche soigneusement articule etcoordonné, ou du moins à l’encourager.

Une initiative intitulée the National Nursing Re-search Agenda (NNRA) (Programme national de re-cherche en soins infirmiers), lancée en 1988 auxEtats-Unis, témoigne de l’utilité d’une approchecoordonnée de la recherche à l’échelle nationale.Chose étonnante. avant cette rnrtiative, la rechercheen soins infirmiers qui existait pourtant de longue dateet était déjà bien développée, ne bénéficiait que d’unecoordination tr$s,iimitée sur le plan national.

Le NNRA a ete soutenu par le National Institute ofNursing Research (Institut national de recherche ensoins infirmiers), ainsi que par des Instituts nationauxde santé, et divers groupes d’intérêts ont participe àl’établissement des priorités de recherche, y comprisles associations d’infirmieres d’Etat du pays.

Les objectifs du NNRAsont d’attirer l’attention surles travaux scientifiques des infirmières de l’ensembledu pays, et d’identifier les ressources disponibles pourla recherche en soins infîrmiers.27

Depuis lors, l’utilité d’une approche coordonnée à

l’échelle nationale en matière de recherche en soinsinfirmiers a été reconnue par d’autres pays. AuRoyaume-Uni, par exemple, le gouvernement a missur pied un groupe d’étude charge de formuler uneStratégie nationale pour la recherche en soinsinfirmiers, en obstétrique et en soins a domicile (Na-tional Strategy for Research in Nursing, Midwifery andHealth Visiting).15 Dans ce même pays, le Royal Col-lege of Nursing (RCN) a joué un role de premier plandans le travail de fond et continue à soutenirl’application de la stratégie.

Le RCN ainsi que tous les autres secteurs de laprofession infirmière au Royaume-Uni ont aujourd’huiune idée nettement plus précise de ce que représentela direction collective du développement de la recher-che en soins infirmiers.

Dans les pays qui n’en sont pas encore la,l’association nationale d’infirmieres est peut-être lamieux placée pour lancer des initiatives visant à établirun programme national de recherche en soinsinfirmiers et pour engager un débat sérieux sur lespriorités futures de la profession en matiere de re-cherche.

Promouvoir l’internationalismeDans le monde moderne, la recherche scientifique,

quelles que soient les disciplines, est essentiellementune activité internationale. Pour la recherche en soinsinfirmiers, les Associations nationales d’infirmierespeuvent faciliter la collaboration avec d’autres ANISen partageant des stratégies d’appel de fonds et deformation des futures infirmières-chercheurs.

En Europe, les associations nationales participentdepuis longtemps au développement stratégique dela recherche en soins infirmiers sur le plan interna-tional, et ce dans le cadre du Groupe de travail desinfirmières-chercheurs européenes (WENR). Cetorganisme, qui se réunit chaque année depuis 15 ans,est de plus en plus influent en matiere de rechercheen soins infirmiers. Composé de représentantes d’unebonne vingtaine d’associations européennesd’infirmières, le WENR organise, tous les deux ans,une conférence internationale publique sur la recher-che en soins infirmiers.

Les ANIS pourraient aussi envisager d’établir detels réseaux dans les régions qui n’en ont pas en-core.

Les initiatives «multicentres» de recherche en soinsinfirmiers sont encore rares sur le plan international,mais à mesure que ce type d’expérience sedéveloppera à l’échelle nationale, les projetsinternationaux de recherche se généraliseront, etc’est alors que les ANIS entreront en jeu, pour en-courager la collaboration entre les infirmièresscientifiques et les chercheurs du monde entier.

Recherche en soins infirmiers NO44 - Mars 1996

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JOURNÉE INTERNATIONALE DES INFIRMIÈRES 1996

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