23
“, 1 , 1,,:,) Isabelle WERQUIN, Delphine MONFROY A_’ Institut de Formation en Soins Infirmiers, Roubaix, 1946 LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE L’INCONNU(E) (Ce travail a été réalisé dans /e cadre du mémoire de fin d’études) i ,‘$u’s ~pré~lable, nous avons élabor& un cadkcpgjeptuel ; &itaht:des généralités de la colostomie aricienw~J~$q sl I $se’en charge infirmiere. ,1”’ ,,It,,i,l,‘,,‘,,x’I ‘/‘a ‘, (, ,) “,,,‘,f’;, ‘y , O, Dans un,, second temps,, les r&ultats de cette enqyq[e sont ~Glay& suivant diffé,ré@h+mes : (as ,+,> ,j ,)) ‘,‘~~(,‘,:;,,~,“, s, f+,xLa population,i’nf$$ière et sa formation p+ rap’fl0’rt à ‘IaiColos~ot~ie. I( “, a’, I ‘/lli’I,: ,( i : SS’.’ ‘A’ Les $onnaissances infirmières thboriques,ei,p@ques. - L&&~IS du seivice (protocoles, ID$@nathera- peute)!;, ,1:$” ,’ ‘,‘, 1,’ :! a,‘, - ~L~~,~,~&soins infirmiers pour un meille+!liyi ‘:y{ Une me,i[$~~~,prise en charge. a, I ,,,J’~,“;‘,I’,JI,), ‘1,11:1,,‘,‘, ,‘>, ,:n’1”,:;;,!‘, ,‘, ,k,;te’(mè~ de cette enquête, certaines di~cultési:‘ri,u~~~~,el’ :, ,~~iSoriques ont bté mises en évidence, de @me ,Y”JI,,~~~~~~~,~I,,: Slkence au niveau des protocoles dans !es servi& _,,,, O’~‘~:!l)l( $91:” 1 ,, ,,,,,,,XI,,‘,,‘,,‘,~‘,, “,:,(! ‘:iehfin, trois demandes infirmières ont &rgé;,$&$%#& ; correspondant aux difficultés citées ci dessu’s.,IL~-;~i.irfi;-:l’~ mières sont en demande d’un carnet de suivi’~d,~,,lçlo!~ost’,~, mis&, d’une grille ‘surveillance et enfin +,protqw/es,, de soins écrits. :’ I’ : ,‘; ‘, 0’1, (‘,;a j,,,,, ‘,; (,I sa,;” ,’ Ces souhaits pourra&f se voir, prCcis&s et misl ab’,p%h’,Ici& de travaux ultérieurs dans le cadre des se,ices’sP~~~~ii~~~~:i,‘. ,I:I Mots-clés : Colostomie -’ Ev,ileation’ des connaissan&s)l”l 08 Infirmière - Demande dé fo’rr@tio’ni~ ,’ ‘1 ,, : ‘, -. ~. 1 “, INTRODUCTION Etudiantes en sains infirmiers, nous avons choisi, afin d’élaborer notre mémoire, d’entreprendre une démar- che de recherche en soin infirmier. Nolre travail consiste à mettre en avant : « L’état actuel du savoir infirmier relatif aux soins cou- rants de colostomie, chez des personnes adultes ne pouvant effectuer seules les soins, et les souhaits infir- miers concernant leur prise en charge et suivi )b. Le choix de ce sujet résulte des diffkrentes expériences dont nous avons pu bénéficier lors de nos stages de formation, en milieu extra et intra hospitalier. A cette occasion, nous avons pu remarquer, que la réalisation des soins courants de colostomie par I’infir- mière n’était pas toujours en harmonie avec les dan- nées théoriques et pratiques dispensées durant notre formation. A cela, nous pouvons ajouter, la fréquente absence de protocoles écrits sur le terrain, en particulier dans les services non spécialisés libéraux. Cette absence engen- dre bien souvent des difficultés, pour une réalisation correcte des soins. Cela recoupe certaines des observa- tions faites par des infirmières stomathérapeutes . En réponse à cette situation, nous avons décidé de mener une enquête auprès des infirmier(e)s, pour pré- ciser les points suivants : - Quel est le savoir et le savoir faire infirmier, concer- nant /a colostomie et les soins courants qui s’y raaa- chent ? . . . Sachant que l’infirmier(e) doit actualiser ses connais- sances selon l’article 10 du 16 fkvrier 93 relatif aux règles professionnelles infirmières P). (*) Dbcret dt~ 16 Février 1993 « Les règles prafessionnelles des in- firrnier(e)s )l. Article 10 : « Pour garantir la qualité des soins qu’il dispense et la sécurité du patient, l’infirmier ou l’infirmière a le de- voir d’actualiser et de perfectionner ses connaissances profession- nelles j>. Recherche en soins infirmiers N” 48 - Mars 1997

LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

Embed Size (px)

Citation preview

Page 1: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

“,1, 1,,:,) Isabelle WERQUIN, Delphine MONFROYA_’ Institut de Formation en Soins Infirmiers, Roubaix, 1946

LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE L’INCONNU(E)

(Ce travail a été réalisé dans /e cadre du mémoire de fin d’études)

i ,‘$u’s ~pré~lable, nous avons élabor& un cadkcpgjeptuel; &itaht:des généralités de la colostomie aricienw~J~$q slI $se’en charge infirmiere. ,1”’ ,,It,,i,l,‘,,‘,,x’I ‘/‘a” ‘, (,,) “,,,‘,f’;, ‘y ,O, Dans un,, second temps,, les r&ultats de cette enqyq[e sont~Glay& suivant diffé,ré@h+mes : (as ,+,>,j

,)) ‘,‘~~(,‘,:;,,~,“,s, f+,xLa population,i’nf$$ière et sa formation p+ rap’fl0’rt à‘IaiColos~ot~ie. I( “, a’,I ‘/lli’I,:,( i: SS’.’‘A’ Les $onnaissances infirmières thboriques,ei,[email protected] L&&~IS du seivice (protocoles, ID$@nathera-peute)!;, ,1:$” ,’ ‘,‘,1,’ :! a,‘,- ~L~~,~,~&soins infirmiers pour un meille+!liyi ‘:y{ Uneme,i[$~~~,prise en charge. a, I,,,J’~,“;‘,I’,JI,), ‘1,11:1,,‘,‘,

,‘>, ,:n’1”,:;;,!‘, ,‘,,k,;te’(mè~ de cette enquête, certaines di~cultési:‘ri,u~~~~,el’ : ,

,~~iSoriques ont bté mises en évidence, de @me ,Y”JI,,~~~~~~~,~I,,:Slkence au niveau des protocoles dans !es servi& _,,,, O’~‘~:!l)l( $91:” 1,, ,,,,,,,XI,,‘,,‘,,‘,~‘,, “,:,(!‘:iehfin, trois demandes infirmières ont &rgé;,$&$%#& ;

correspondant aux difficultés citées ci dessu’s.,IL~-;~i.irfi;-:l’~mières sont en demande d’un carnet de suivi’~d,~,,lçlo!~ost’,~,mis&, d’une grille dè ‘surveillance et enfin +,protqw/es,,de soins écrits. :’ I ’ : , ‘ ; ‘,0’1, (‘,;a j,,,,,

‘,; (,I sa,;” ” , ’Ces souhaits pourra&f se voir, prCcis&s et misl ab’,p%h’,Ici&de travaux ultérieurs dans le cadre des se,ices’sP~~~~ii~~~~:i,‘. ,I:IMots-clés : Colostomie -’ Ev,ileation’ des connaissan&s)l”l 08Infirmière - Demande dé fo’rr@tio’ni~ , ’ ‘1 ,, : ‘,

-. ~. 1 “,

I N T R O D U C T I O N

Etudiantes en sains infirmiers, nous avons choisi, afind’élaborer notre mémoire, d’entreprendre une démar-che de recherche en soin infirmier.

Nolre travail consiste à mettre en avant :

« L’état actuel du savoir infirmier relatif aux soins cou-rants de colostomie, chez des personnes adultes nepouvant effectuer seules les soins, et les souhaits infir-miers concernant leur prise en charge et suivi )b.

Le choix de ce sujet résulte des diffkrentes expériencesdont nous avons pu bénéficier lors de nos stages deformation, en milieu extra et intra hospitalier.

A cette occasion, nous avons pu remarquer, que laréalisation des soins courants de colostomie par I’infir-mière n’était pas toujours en harmonie avec les dan-nées théoriques et pratiques dispensées durant notreformation.

A cela, nous pouvons ajouter, la fréquente absence deprotocoles écrits sur le terrain, en particulier dans lesservices non spécialisés libéraux. Cette absence engen-dre bien souvent des difficultés, pour une réalisationcorrecte des soins. Cela recoupe certaines des observa-tions faites par des infirmières stomathérapeutes .

En réponse à cette situation, nous avons décidé demener une enquête auprès des infirmier(e)s, pour pré-ciser les points suivants :

- Quel est le savoir et le savoir faire infirmier, concer-nant /a colostomie et les soins courants qui s’y raaa-chent ?

. . . Sachant que l’infirmier(e) doit actualiser ses connais-sances selon l’article 10 du 16 fkvrier 93 relatif auxrègles professionnelles infirmières P).

(*) Dbcret dt~ 16 Février 1993 « Les règles prafessionnelles des in-firrnier(e)s )l. Article 10 : « Pour garantir la qualité des soins qu’ildispense et la sécurité du patient, l’infirmier ou l’infirmière a le de-voir d’actualiser et de perfectionner ses connaissances profession-n e l l e s j>.

Recherche en so ins in f i rm iers N” 48 - Mars 1997

Page 2: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

I LA COLOSTOMIE : A LA RECHERCHE DE L’INCONNU(E)

- Y a-t-il utilisation ou non, de protocoles, d’outilsparticuliers pour un meilleur suivi du colostomisé ?

- Quels sont les besoins et les demandes expriméspar les infirmier(e)s à ce propos ?

Nous avons orienté notre enquête, sur des infirmièresréparties dans plusieurs secteurs d’activités profession-nelles. Les modalités en seront détaillées dans la mé-thodologie.

Notre mémoire s’articulera de la façon suivante :

l Dans une première partie nous établirons un cadreconceptuel, afin de replacer notre recherche empiriquedans son contexte théorique. II portera sur les générali-tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiersqui en découlent.

Nous limiterons le cadre conceptuel, à l’étude de lacolostomie ancienne (chez la personne dépendante).

l Ensuite, nous évoquerons dans une deuxième paflie,la méthodologie de notre enquête, suivie du dépouille-ment et de l’analyse des résultats obtenus. Leur inter-prétation pourra déboucher sur de nouvelles proposi-tions.

LE CADRE CONCEPTUEL

1. GÉNÉRALITÉS

1 .l . Définition de la colostomie

Stornie : Du grec stoma qui signifie bouche.

Colosromie : « Abouchement d’un segment de côlon àla peau ».

Historiques :

Historique des colosromies

C’est en 1710 que LITTRE eut le premier l’idée d’unecolostomie après avoir pratiqué l’autopsie d’un enfantmort d’une impetforation anale.

En 1776, PILLORE, chirurgien de Rouen élabora pourla première fois une caecostomie, qui à la suite del’autopsie du patient, démontra que la dérivation étaitde bonne qualité.

DURET, chirurgien, en 1793 sauva grâce à une colos-tomie iliaque, un enfant porteur d’une imperforationanale.

Les exemples se multiplient et c’est au XIXe siècle quel’on parle de plus en plus des colostomies.

En 1821, D. DRING et BATH parlent « d’artificalanus )) et émettent l’hypothèse d’une conséquence psy-chologique et sociale de la stomie. Selon certains chi-rurgiens, la « colostomie lombaire » serait la meilleureprophylaxie à la péritonite provoquée à l’occasion dela réalisation de colostomie par voie péritonéale.

En 1890, l’anglais T. PAUL, pratique une colostomieterminale gauche et y introduit un tube en verre, pouréviter l’inflammation au niveau de la plaie qui pourraitêtre causée par les selles. Ce même tube permettaitd’évacuer les matières. Le patient vécut un an.

En 1917, LOCKARDTest le premier à établir le principede la v siomathérapie » mais également à conseillerl’irrigation colique,

En 1979, SCHMITT propose la « stomie continente ».La stomie continente permet d’évacuer les selles coli-ques de façon rythmée et contrôlée.

Le perfectionnement dans l’élaboration des colosto-mies, nécessitera plus tard un enseignement infirmierspécifique : la stomathérapie.

Historique de la stomathérapie

Ruppert TURNBULL (chirurgien à Cleveland Clinic),demanda en 1958 à Norma GILL, une de ses anciennespatienles iléostomisées, de l’aider à prendre en chargedes patients portant la même sorte de stomie. Ils établi-rent alors ensemble un programme d’enseignement etcréèrent à Cleveland, en 1968, la « première formationde stomathérapie ».

C’esi également en 1968 que fut créée la « NorthAmerican Association of Enterostomatherapist ». En1969, les premières infirmières Américaines sortaientdiplômées en tant que stomathérapeute. Cependant leterme « d’entérostomathérapeute » avait déjà été crééen 1961 par Norma GILL et Suzanne MONTANDON,une lyonnaise.

Une enquête réalisée par Norma GILL auprès de chi-rurgiens colo-rectaux en 1974, mit en évidence unecertaine demande d’information ou d’aide pour faireface aux problèmes des patients stomisés.

En France, le Professeur Lyonnais Philippe CUILLEMINdût également répondre à cette enquête. Lors de sesvisites à la Cleveland Clinic Fondation, il eût l’occasiond’inviter Norma GILL à venir en France, afin qu’elle

Recherche en soins infirmiers NO48 - Mars 1997

Page 3: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

puisse effectuer une étude objective sur les soins decolostomies.

Après avoir fait son analyse dans sept grandes villes,elle démontra que les problèmes rencontrés étaient lesmêmes que ceux qu’elle avait constatés vingt ans aupa-ravant.

Le professeur GUILLEMIN lui demanda alors d’élabo-rer un projet pour pallier à ces problèmes.

La stomathérapie verra donc le jour pour la premièrefois en France en 1976, et c’est en 1978 que naît, grâceà Suzanne Montandon (première infirmière stomathé-rapeute formée aux USA) et au Professeur Guillemin, lapremière école de stomathérapie Française (à Lyon).

II existe aujourd’hui quatre écoles de stomathérapeutes(Paris, Lyon, Bordeaux, et Nîmes) et à peu près quatreceni quarante stomathérapeutes diplômées. Cepen-dant, le diplôme « d’infirmière stomatérapeute » n’està ce jour pas encore reconnu.

Historique des associations

C’est à Philadelphie, en 1949, qu’est née la premièreassociat ion de stomisés. Depuis, plusieurs associat ionsont vu le jour dont I’IAS et Ilco France. Ces deuxassociations se sont regroupées il y a peu de temps enune seule : La FSF (Fédération des Stomisés de France).

ti”,); 1.2. Anatomie, physiologie du côlon

Anatomie du côlon

Le gros intestin commence à la valvule iléo-caecale etse termine à l’anus. II entoure l’intestin grêle. Sondiamètre est de 3 à 8 cm et sa longueur d’environ1,50 m. II élimine les résidus de l’alimentation sousforme de fèces.

II est composé de différentes parties :

- le caecum,- le côlon ascendant,- le côlon transverse,- le côlon descendant,- le sigmoïde,- le rectum.

Le côlon commence donc au caecum qui est prolongévers le bas par l’appendice el remonte vers le haut ducôté droit de l’abdomen.

Cette partie de gros intestin s’appelle le côlon droit oucôlon ascendant, Une fois en haut, il traverse la cavitéabdominale ; II forme alors le côlon transverse.

Une fois ce trajet effectué, il redescend à gauche pourformer le côlon descendant ou côlon gauche.

Ces trois parties : côlon gauche, droit, et transverseconstituent le cadre colique.

La dernière partie du côlon gauche se termine par lesigmoi’de suivi du rectum. Le rec’cum devient le canalanal et les matières peuvent s’évacuer vers l’extérieurpar l’anus.

Le canal anal est doté de deux sphincters : le sphincterlisse qui est sous l’influence de système sympathique,donc, involontaire, et le sphincter strié qui est lui vo-lontaire donc commandé par le système parasympathi-que.

Comme la plupart des nutriments sont réabsorbes parl’intestin grêle, le côlon ne contient pas de villosités.Par contre il est doté de cellules fabricant du mucus, cequi permet aux matières d’évoluer vers le côlon gauchepuis vers l’anus pour être évacuées.

Physiologie du côlon

Les fibres musculaires lisses du côlon permettent, parleurs contractions, un transit colique. II existe deuxtypes de contractions coliques.

- Les contractions rythmiques : elles sont « station-naires et localisées ». Leurs mouvements de va et vientpermettent au contenu colique de rester au niveau ducaecum en contact avec la muqueuse.

- Les contractions propulsives ou contractions enmasse : elles sont en plus grands nombres au niveau ducôlon gauche et sont « circulaires », « lentes et puis-santes » ce qui fait avancer les matières vers le sig-mo’ide puis vers le rectum pour être évacuées. La pro-pulsion se fait en fonction des aliments ingérés. Plus lanourriture est à base de lipides, plus le transit est rapide.La contraction se fait en réponse à l’alimentation :30 secondes après avoir mangé. D’où la possibilitéd’une « éducation » alimentaire du colostomisé quipourrait réguler le5 exonérations.

Le côlon transverse est une « zone de transition » entrel’ascendant et le descendant.

La motricité colique a un rythme nycthéméral. Le côlongauche et le sigmoïde servent surtout à stocker lesmatiGres.

Page 4: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

- L’innervation du côlon : quand le contenu sigmoï-dien arrive au rectum, celui-ci se distend (réflexe dedéfécation) et le sphincter lisse s’ouvre sous l’influencedu réflexe médullaire (système nerveux sympathique).Le contenu atteint le canal anal et grâce à l’analyse desmatières effectuée à ce niveau (matières solides, liqui-des ou gazeuses), le sphincter strié externe peut alorss’ouvrir sous la volonté de la personne (par I’intermé-diaire du système parasympathique).

- Absorption hydrique et électrolytiques : le côlonabsorbe principalement de l’eau et des électrolytes(90 % de l’eau du chyle), contenus dans le chyle intes-tinal et arrivant au niveau du côlon droit. Cette réab-sorption se fait dans le côlon droit et transverse etpermet aux matières de devenir solides mais aussi depouvoir évoluer doucement dans le côlon par I’inter-médiaire des contractions précitées.

Contrairement à l’intestin grêle, le côlon n’absorbe paset n’élimine pas les nutriments. La régulation au so-dium et de l’eau s’établit grâce h I’aldostérone. C’estpar cette hormone que la régulation de leurs mouve-ments s’effectue.

Une selle iléale se compose de 750 cc d’eau, de so-dium, de potassium et de chlore.

Une fois passées dans le côlon, les selles ne contien-nent plus que 100 cc d’eau : et les électrolytes sont enproportions moindre.

Les bactéries que contient le côlon sont essentiellementanaérobies. Elles représentent 99 % de la flore bacté-rienne. Certaines produisent par la fermentation desglucides, des gaz dont quelques uns, comme le mé-thane, sont très odorants. Cette fermentation s’établitau niveau du caecum et du côlon droit. La putréfactionest également le résultat des bactéries comme les pro-téus et les klebsielles. Quelques-unes de ces bactériesagissent sur les protéines et d’autres sur la bile ettransforment celle-ci en stercobiline ce qui donne auxselles leurs couleurs marron.

1’1, -1 1.3. Objectifs d’une colostomie

l Permettre l’exonération des selles à la suite d’unepathologie du côlon.

l La mise au repos permet la cicatrisation de I’anasto-mose. Elle permet également à l’intestin d’être au reposlorsque celui-ci est pathologique (maladie de Crohn...).

l Permet lors d’une distension de l’intestin de « dé-comprimer D ce dernier (ex : occlusion). La stomie sefera en urgence et permettra dans un second temps letraitement de la distension.

l A l’occasion d’une péritonite, la stomie servira à« lever » provisoirement le « circuit intestinal )) aprèsune résection, lorsque le chirurgien hésite à effectuerune remise en continuité immédiatement.

1.4. Les colostomies

Nous ne traiterons ici que des colostomies, même si lesiléostomies font également partie des entérostomies etpeuvent être aussi prescrites lors d’une pathologie co-lique.

Une colostomie peut-être pratiquée dans différents casde pathologie coliques. Cependant, certaines colosto-mies sont plus ou moins indiquées selon les cas : ilexiste en effet 2 types de colostomies mises en placesuivant la maladie.

Les colostomies temporaires

Ces colostomies sont réalisées par le chirurgien quandle sphincter anal peut-être conservé et que la remise encontinuité est possible ultérieurement.

II existe trois sortes de colostomies temporaires :

- de dérivation,- de protection,- de sécurité.

Une « colostomie de dérivation » se situe en amont dela lésion colique et permet au côlon d’être au reposavant l’intervention définitive sur cette même lésion.

Une colostomie temporaire peut également protégerune anastomose, dans ce cas on l’appelle : « colosto-mie de protection ».

Sa mise en place est décidée quand le côlon à réséquerest de mauvaise qualité, par exemple lors d’une inflam-mation causée par une maladie de Crohn, une rectoco-lite hémorragique etc. ou bien, comme dans le précé-dent cas (colostomie de dérivation), quand l’étatgénéral du patient ne permet pas l’opération en un seultemps.

Un autre type de colostomie temporaire est envisagéquand les sutures de l’anastomose risquent de lâcher :la « colostomie temporaire de sécurité ».

Recherche en soins infirmiers No 48 - Mars 1 9 9 7

Page 5: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

Lorsque la lésion colique est trop importante, parexemple lors d’un cancer, le sphincter anal sera sacrifiéau profit d’une colostomie « définitive ».

Les colostomies définitives

Elles seront descendantes (gauches), transverses, ouascendantes (droites). Leur emplacement dépendra dela lésion colique existante.

La plupart des colostomies définitives sont situées àgauche : en dessous et à gauche de l’ombilic. Cettecolostomie est plus facile à appareiller (nous explique-rons plus loin pourquoi).

Que la colostomie soit gauche, droite ou transverse,elle nécessitera un appareillage adapté à la consistancedes matières qu’elle émet.

II nous semble donc important de décrire dans le ta-bleau ci-dessous, l’aspect que peuvent prendre les sel-les en fonction du type de colostomie.

II faut savoir que ce tableau est indicatif, car selonl’alimentation, l’aspect et l’odeur des selles sont diffé-rents. II en est de même pour les gaz dont la quantitévarie également selon le régime alimentaire du colos-tomisé.

l(,j’:” 1.5. Les complications des colostomies

Après le bloc opératoire, la colostomie doit être viola-cée, œdématrice et son calibre doit être important. Cetaspect est normal et se modifiera au cours des semai-

Les selles selon les différentes colostomies

D’une colostomie gauche (sigmoïdostomie) :

abondantes q ou quantité normale n

moulées n pâteuses 0 semi liquides q

couleur : normale (marron,l

irritantes pour la peau : Oui q N o n 4

odorantes : Peu q Beaucoup W

présence de gaz : O u i n Non q

D’une colostomie gauche (sigmo.idostomie) :

abondantes 0 ou quantité normale 0

moulées q pâteuses I semi l iqu ides H

couleur : plus claires

irritantes pour la peau : O u i W Non q

odorantes : P e u 0 Beaucoup q

présence de gaz : O u i H N o n 0

D’une droite ou caecostomie :

abondantes n ou quantité normale 0

moulées 0 pâteuses q semi liquides n

couleur : verdâtre

irritantes pour la peau : O u i n Non 0

odorantes : Peu q Beaucoup 0

présence de gaz : O u i H Non q

liquides 0

liquides 0

liquides H

Page 6: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

LA COLOSTOMIE : A LA RECHERCHE DE L’INCONNU(E)

nes. Son allure définitive appara’itra progressivementmais plus ou moins vite, selon les personnes (au boutd’à peu près six semaines). La colostomie est rosée et iln’existe plus d’œdème ; son calibre a diminué.

Lors de la cicatrisation, des complications peuventsurvenir, ce sont les complications précoces. Mais ilpeut apparaître également des complications tardives(après que la cicatrisation soit tout à fait terminée).

Nous traiterons tout d’abord des complications préco-ces puis des complications tardives.

les complications précoces

Certaines complications précoces, quelques jours ouquelques heures après l’opération, peuvent s’avérermortelles. La réintervention du chirurgien doit parfoisse faire en urgence.

Ces complications sont donc :

l La nécrose péristomiale : qui est le résultat d’uneischémie de la stomie. Ce manque de vascularisationentraîne un changement d’aspect, la colostomie de-vient noirâtre.

l L’hémorragie : qui peut arriver lors d’une lésion devaisseaux. Elle engendrera un traitement chirurgical.

l L’éviscération : survient quand la paroi abdominaleest trop lâche ou que l’orifice par lequel la colostomiea été mise en place est trop large. Une partie del’intestin ressort du ventre par l’orifice de la stomie etla reprise est alors inévitable et se fera en urgence.

l Les occlusions : les étiologies sont multiples. La sto-mie peut s’œdématier. Le traitement est chirurgical.

l Les fistules : lorsque le bout de côlon utilisé pour lasuture interne est de mauvaise qualité, cette fistule peutprovoquer un abcès, d’où le risque de péritonite. L’in-tervention chirurgicale s’impose, car cette fistule peutprovoquer un abcès, donc un risque de péritonite et parla suite la personne peut contracter une septicémie.

les complications tardives

l Prolapsus.

l L’éventration : est la plus fréquente des complica-tions tardives, elle s’accentue à l’effort (toux). L’appa-reillage peut devenir difficile. Le traitement sera chirur-gical car cette complication évolue parfois en unétranglement intestinal d’où la possibilité d’une occlu-sion ou d’une nécrose d’une partie de l’intestin.

l La sténose : peut générer des douleurs mais égale-ment une occlusion. L’élimination des selles en rubanpeut-être un des signes visibles. L’irrigation, si elle est

pratiquée devient impossible. Le traitement chirurgicals’ impose.

l L’hémorragie : le traitement est local ou chirurgical.

l Les maladies dermatologiques : la peau péristomialeétant irritée en permanence, cette agression induit lanaissance de maladies de peau comme des mycosesetc.

La consultation chez le dermatologue peut-être utiledans le cas où la stomathérapeute ou l’infirmière nepeuvent rien faire.

l Irritations cutanées péristomiales : la plupart de cesirritations sont le résultat d’un appareillage inadapté, àdes soins mal effectués, à une folliculite, etc.

Ces irritations rendent l’appareillage difficile (des fuitespeuvent apparaître...)

L’intervention de l’infirmière ou de la stomathérapeuteest utile car des soins locaux sont indispensables.

l Les plis pariétaux : quand la stomie est mal situéelors du marquage, son emplacement inadéquat (mis auniveau des plis du ventre) va favoriser les irritationscutanées, par des fuites induites par une difficulté d’ap-pareillage. D’où la nécessité d’un traitement local etd’un système de poche adapté.

l Perforation stomiale : surviennent lors des irrigationscoliques : la canule lèse le côlon. Le traitement chirur-gical s’impose. Cependant en prévention de cette com-plication, le colostomisé ne doit pas injecter trop rapi-dement son lavement.

2. L’INFIRMIER(E) ET LA COLOSTOMIE

:‘, : 2.1. L’appareillage des colostomies

L’incontinence de la colostomie nécessite un matérielétanche et fiable.

Evolution des appareillages

En 1940: un appareillage en caoutchouc, lavable munid’une ceinture de maintien est mis sur le marché.

En 1950 : début des poches adhésives simples en plas-tique ; elles sont pour la première fois à usage unique.

En 1955: découverte du Karaya, gomme naturelle dontla vertu est d’être un protecteur cutané. Son handicap

I .’ 67Recherche en soins infirmiers No 48 - Mars 7 997

Page 7: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

consiste en sa faible adhésion à la peau et son intolé-rance à la chaleur.

En 1970 : naissance des protecteurs cutanés de syn-thèse qui évitent les fuites de matière et les problèmescutanés. Ils seront employés dans les supports des sys-tèmes bibloc, dans les systèmes monobloc, et dans lespates-joint type « stomahésive ».

Propriété d’un bon appareillage

Un appareillage de qualité est étanche aux selles, gazet odeur, adapté à la colostomie et aux souhaits de lapersonne, d’une bonne tolérance cutanée, facile à ma-nipuler, sécurisant et économique.

N’oublions pas que le côté discret et confortable del’appareillage favorise un retour à une vie sociale nor-male.

les types d’appareillages et protecteurs cutanés

En France, les différents modèles sont fabriqués par 4grands laboratoires : BIOTROL, COLOPLAST, CON-VATEC, et HOLLISTER. Le choix de l’appareillage sefait selon l’emplacement de la stomie, l’état de la peau,des selles, et le désir du colostomisé.

II existe 2 systèmes d’appareillage :

l Le premier est appelé système une pièce ou mono-bloc, où la poche est solidaire de l’adhésif. Certainessont constituées uniquement d’un adhésif micropo-reux, d’autres y associent un protecteur cutané à lapartie centrale. Mais de plus en plus, le protecteurcutané occupe toute la surface adhésive. En pratique,la poche sera changée tous les jours.

l Vient ensuite le système 2 pièces ou bibloc, compo-sé d’un support ou plaque de protecteur cutané, quireçoit une poche collectrice. Ces 2 pièces s’adaptentl’une à l’autre par cliquage, pression, ou emboîtement.Le support peut rester en place 3 à 5 jours, alors que lapoche se change quotidiennement, voire plus fréquem-ment.

Avantages Inconvénients

Système hygiénique les changes fréquentsmonobloc abîment la peau

Système évite l’irritation cutanée - rigiditébibloc des décollements trop - risque de fuite,

fréquents - volumineux- compliqué- peu hygiénique

(sel les)

II existe 2 types de protecteurs cutanés :

Ils préviennent et peuvent cicatriser les lésions et irrita-tions cutanées occasionnées par les selles ou l’adhésif.

l Le karaya est une gomme végétale, cicatrisante maisfondant à la chaleur et adhérant mal à la peau. C’estpourquoi, de nos jours, on lui préfère les protecteurssynthétiques.

l f es protecteurs cutanés synthétiques sont largementutilisés car ils associent un pouvoir cicatrisant, unerésistance à la chaleur et aux sucs digestifs et unegrande adhésion à la peau. Le plus connu d’entre euxest la pâte « stomahésive » employée comme joint depâte.

Les accessoires

L’appareillage peut-être doté d’accessoires tels que fil-tre de dégazage, désodorisants, couvre poche....

Appareillage selon le type de colostomie

Coloslomie gauche

En raison de selles moulées et de gaz, on utilise le plussouvent le système monobloc à poche fermée munid’un filtre de dégazage. Mais le système bibloc estégalement employé, en particulier pour protéger lapeau de toute irritation.

Certains colostomisés pratiquent l’irrigation coliqueafin d’obtenir une vacuité intestinale, dans ce cas onappareille la colostomie avec mise en place d’un tam-pon, d’une mini-poche.

Colostomie droite

On emploie des poches vidangeables pourvues d’unprotecteur cutané, en raison de selles semi-liquides àliquides. Le système est bibloc ou monobloc. L’appli-cation complémentaire d’une pâte protectrice en péris-tomial est de pratique courante. La poche se changetous les 1 à 2 jours. Les filtres ne sont pas nécessaires,en raison de la faible quantité de gaz.

Colostomie transverse

L’appareillage est identique à celui de la colostomiedroite car les selles sont semi-liquides à pâteuses. Si lesselles deviennent solides, on opte alors pour un sys-tème fermé.

En résumé les poches collectrices sont vidables oufermées selon la consistance des sel les.

l’irrigation colique

Elle se pratique uniquement dans les colostomies termi-nales gauches. Son principe réside, en l’administration

Page 8: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

par la stomie d’un lavement évacuateur. Le résultat estune quasi-absence d’émission de selles pendant 2 à3 jours, et donc un port de poche plus petite, type mini-po-che, voire un tampon (blocage de l’émission des selles).

Les colostomisés ont à leur disposition des troussescomplètes d’irrigation colique (cf. annexe 1) Le dérou-lement de l’irrigation est détaillé dans l’annexe no 2.

L’opération dure en moyenne 45 minutes, elle est sui-vie d’un nettoyage de la stomie et de la pose d’unappareillage spécifique. Cette technique est principale-ment destinée aux personnes autonomes, soucieusesd’une plus grande liberté et discrétion. Elle se pratiqueégalement en cas de constipation importante.

:~~~~:T~ 2.2. Les soins courants de colostomie

L’infirmière, libérale ou hospitalière, peut-être amenéeà pratiquer des soins courants d’hygiène auprès d’uncolostomisé. Ceci entre d’ailleurs dans le décret decompétence du 15 mars 1993 article 3. De mêmel’appareillage, les irrigations et la surveillance relèventde l’article 4 de ce même décret.

Les aides-soignants peuvent participer aux soins decolostomie ancienne (sans complication) en collabora-tion avec l’infirmier(e) selon l’arrêté du 22 juillet 1994.

Nous aborderons dans un Ier temps, la technique duchangement de poche dit »simple », puis la conduite àtenir en cas de problèmes cutanés péristomiaux.

Le changement de poche

Les soins courants ne sont pas stériles, ils ne nécessitentpas de désinfection, d’ailleurs on n’utilisera jamais deproduits tel que : éther, alcool, dérivés iodés, colo-rants... qui sont agressifs et desséchants pour la peau.

La toilette s’effectue avec des produits d’hygiène cou-rants, elle doit être douce. Le moment adéquat auchange, se situe en général à distance des rep;is, sa-chant que la colostomie donne plus le matin quel’après-midi.

Préparation du matériel

l Un savon neutre, type savon de Marseille.

l Un point d’eau (eau du robinet tiède).

l Des compresses non stériles, ou gant de toilette.

l Un sèche cheveux.

l L’appareillage (prévoir des ciseaux si la poche n’estpas prédécoupée).

l Une pâre joint type « stomahésive » si besoin.

l Un sac plastique.

l Des gants non stériles. De nos jours, les risques decontamination à partir de maladies infectieuses, tellesque les hépatites ainsi que le sida, doivent être pris encompte dans la décision du port de gants.

Déroulement du change

Prévenir la personne, et l’installer si possible dans lasalle de bain, de préférence en position assise.

Nettoyage de la peau

l Se laver hygiéniquement les mains.

l Décoller délicatement la poche, en maintenant lapeau.

l Jeter la poche dans le sac plastique (pas dans lestoilettes).

l Si nécessaire, on passe une compresse sur le pour-tour de la stomie.

. La stomie est nettoyée à l’eau et au savon de Mar-sei l le, avec des compresses non stéri les ou à l ’aide d’ungant de toilette réservé à cet usage.

l Ne pas frotter mais tamponner.

l Rincer à l’eau claire.

l Sécher par tamponnement à l’aide d’une compresseou au sèche cheveux (air tiède à froid).

l On profite du change pour évaluer l’état cutané etl’aspect de la stomie afin de déceler d’éventuelles com-plications.

Pose de la poche

Si la poche n’est pas prédécoupée, on la découpera audiamètre de la stomie (voire 1 à 2 mm plus grand).

II existe des disques de mesure pour un meilleur calibragede la stomie. La poche ou plaque est collée en commen-çant par la partie inférieure, puis, en évitant les espaceslibres, on remonte vers le haut. Une pâte joint renforceral’étanchéité du système au niveau péristomial.

Pour une meilleure adhésion, on demande à la per-sonne de contracter l’abdomen, et on exerce une pres-sion sur l’anneau adhésif.

Le support peut demeurer en place 3 à 5 jours, lespoches fermées se remplacent quand el les sont pleines,mais au moins 1 fois par jour. Les poches vidables, sedrainent plusieurs fois par jour.

Dès qu’il y a une fuite on change l’appareillage.

Recherche en soins infirmiers No48 - Mars 1997

Page 9: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

Conduite a tenir en cas de lésions cutanéespéristomiales

Les causes

Elles peuvent être multiples (on peut évoquer l’appari-tion d’une mycose, d’un processus infectieux). Maisnous aborderons ici celles occasionnées par des soinset appareillages inadéquats tels que :

l Des changements trop fréquents de l’appareillage,en particulier dans le système monobloc.

l Un appareillage inadapté aux dimensions de la sto-mie (trop grand, responsable de fuites).

. Une allergie à un composant du matériel utilisé.

0 Un nettoyage trop agressif.

l Une application de produits agressifs et desséchantstels que l’éther, l’alcool, les colorants (éosine) etc.

l Un rasage de la peau lors d’une pilosité importante,facteur de microcoupures et de folliculites.

Prévention des lésions

II est nécessaire d’utiliser un appareillage adapté depréférence muni d’un protecteur cutané.

Les changes de poche ne doivent pas excéder 1 à 2 foispar jour. Pour le nettoyage, seuls l’eau et le savon deMarseille sont à employer. Les produits irritants citésci-dessus sont à proscrire, de même qu’un nettoyagetrop énergique. En cas de pilosité importante, ne pasraser, mais couper les poils avec des ciseaux fins.

Conduite à tenir en cas de lésions, en accord avec lemédecin et la stomathérapeute

0 Les roweurs cutanées, sans lésion

Un protecteur cutané synthétique incorporé au systèmebibloc, permettra une guérison rapide, mais pour celale maintien de la plaque durant quelques jours estnécessaire. L’association de la pâte « stomahésive »accélère le processus de guérison,

0 Lésions rouges. suintantes et douloureuses. ou lésionsavec excoriation de la peau et épaississement local

II a été préconisé, après le nettoyage :

. D’appliquer une poudre type « orahésive » sur leslésions (1).

(1) Cette poudre protège la peau, et potentialise l’effet de la pâte« stomahésive 1).

l Ensuite on applique une première couche de pâte« stomahésive » (2) autour de la stomie.

l On dispose la plaque protectrice cutanée.

On applique une 2e couche de pâte au niveau de ladécoupe de la plaque.

l On laisse sécher la pâte, avant de mettre la pochecollectrice.

0 Léger saignement en périphérie de la stomie

II suffit d’appliquer une compresse humide et froide surla stomie et d’opter pour une toilette plus douce.

0 Application de la pâte s stomahésive s

On humidifie l’index, avant de prendre une noisette depâte que l’on étale en virgule autour de la stomie,rapidement et sans repasser.

Nous nous limiterons à ces quelques rappels concer-nant les soins courants de colostomie. Une approcheplus détaillée est du ressort de la stomathérapeute.

2.3. l’infirmière stomathkapeute

Définition de la stomathérapie

« La stomathérapie est la maîtrise des connaissancestechniques et des principes de la relation d’aide quipermet au stomisé de retrouver son autonomie et dereprendre une vie personnelle, familiale, sociale etprofessionnelle aussi normale que possible » (dossier« soins » no1 70, 1995).

La stomathérapeute : exercice et fonction

Après l’annonce de l’opération, le futur stomisé béné-ficie d’une 1 re consultation avec la stomathérapeute. Acette occasion, ses besoins fondamentaux, habitudesde vie, ses éventuels problèmes physiques, psychiqueset sociaux, sont abordés et repris dans le recueil dedonnées.

Cette démarche préalable permettra de construire unplan de soin centré sur la personne, l’objectif principalétant l’autonomie du patient. Plus tard, le stomisé con-tinuera à être suivi et conseillé par la stomathérapeute,s’i l le juge nécessaire. Dans le cas de personnes dépen-dantes (psychologiquement ou physiquement), n’ou-blions pas qu’il est du ressort des infirmières d’orienter

(2) Cette pâte est protectrice, mais permet aussi de combler les pliscutanés, de majorer l’adhérence du support et de former un jointé tanche au tour de l ’appare i l l age .

Recherche en soins infirmiers N” 48 - Mars 1997

Page 10: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

la personne vers une stomathérapeute, en cas de pro-blèmes.

Comme nous l’avons déjà précisé dans la définition, lastomaihérapeute a un rôle technique primordial. Elleeffectue le repérage de l’emplacement de la futurestomie, apprend les soins locaux et l’utilisation ‘del’appareillage au stomisé ainsi que la techniqtie del’irrigation colique (dans certains cas).

Mis à part cet aspect technique, elle instaure unerelation d’aide auprès du patient, lui permettant des’informer, d’être écouté. Elle participe à son soutienpsychologique. L’accompagnement psychologique ettechnique du stomisé dans la réalisation de ces soins apour objectif un retour à l’autonomie du patient.

La stomathérapie comprend également 3 autres fonc-tions :

- l’enseignement,- la gestion,- la recherche.

Comme nous venons de le voir, la stomathérapeute nese limite pas à un rôle technique, elle prend égalementen charge avec patience les problèmes quotidiens ren-contrés par le stomisé.

“I2.4. Les problèmes quotidiens du colostomisé

I (non autonome)s,

II doit faire face à un certain nombre de contraintes etne doit pas négliger quelques précautions élémentai-res. Nous ne traiterons pas ici des problèmes concer-nant les sports, voyages, et métiers qui sont le propredes personnes autonomes.

L ‘alimentation et les troubles du transit

II n’y a pas d’altération notable de la fonction digestive,de ce fait l’alimentation du colostomisé ne comporte nirégime, ni règles diététiques particulières.

Une alimentation saine, équilibrée et régulière suffit.Toutefois, il est conseillé de prendre les repas à heurerégulière, de préférence dans le calme, de bien masti-quer les aliments, et de boire suffisamment d’eau aucours des repas.

Un colostomisé peut en théorie, manger de tout, c’està lui d’apprendre à reconnaître les aliments ou boissonsresponsables chez lui de troubles du transit, d’uneémission importante de gaz ou d’une augmentation duvolume fécal.

Pour cela chaque nouvel aliment sera introduit progres-sivement, afin de tester sa tolérance.

Dans le but de mieux conseiller le colostomisé, nouslui indiquerons quels sont les effets de tel ou tel ali-ment.

Voici un tableau récapitulatif, des aliments pouvantperturber le transit ou la production de gaz.

Aliments constipants

Aliments accélérateursdu transit

Aliments augmentantles gaz

Aliments diminuantles gazAliments entraînantdes gaz malodorants

Aliments diminuantl’odeur des gaz

Aliments irritants

- Banane, chocolat- Riz, maïs- Carotte, noix

- Lait et laitages- Légumes verts et fruits- Melon H--I- Epinard +++- Bière et boissons gazeuses- Graisses cuites- Glaces, café fort et alcool fort,

etc.- Boissons gazeuses et bière- Chewing-gum- Légumes secs- Choux, artichauts, oignons- Fromages fermentés- Viandes faisandées- Pains frais et complet

- Yaourt- Jus de groseille- CEuf- Poisson- Oignons, asperges- Champignons, ail- Yaourt- Epinard (attention diarrhée)- Sa lade ve r te- Persil- Epices- JUS de fruits (citron)- Alcool fort

l Conduite à tenir en cas de constipation(sur avis médical)

On augmente l’apport des fibres (fruits, légumes verts,céréales complètes) et les laitages frais dans I’alimenta-tion.

L’huile d’olive dans l’assaisonnement est conseillée. IIest nécessaire de boire suffisamment d’eau au cours desrepas (1,5 I par jour au moins). La prise de 2 à 3 cuillè-res à café de son naturel par jour rend les selles plusmolles.

Recherche en soins infirmiers No48 - Mars 1997

Page 11: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

En complément de la diététique, on peut pratiquerl’irrigation colique. Par contre l’usage de laxatifs est àdéconseiller, car ils sont irritants pour le colon. Seulsles mucilages qui augmentent le volume fécal sontacceptés.

Avant toutes choses, on rappellera qu’en cas de “cons-tipation ou diarrhée anormales une consultation médi-cale s’ impose.

. Conduite à tenir en cas de diarrhée (sur avis médical)

II faut supprimer les laitages et les crudités, et consom-mer des aliments constipants (riz, carottes cuites,bouillon de tapioca, fruits cuits,...).

On conseille de boire au moins 1,s I d’eau par jourpour éviter une déshydratation.

Durant cette période, mieux vaut arrêter l’irrigationcolique et utiliser un appareillage vidable muni d’unprotecteur cutané. L’application d’une pâte type « sto-mahésine » renforcera l’étanchéité du système.

En résumé, le colostomisé peut manger de tout, mais ildoit adapter son alimentation pour éviter les selles tropabondantes, les bruits gênants.

l’hygiène corporelle, vestimentaire et sexualité

- Le bain et la douche ne sont pas contre-indiqués.Ceux-ci peuvent être pris avec ou sans poche, toutdépend de la production de la stomie. Si la poche estconservée, elle devra être remplacée après la toilette.

- Pour l’habillement, il est préférable de ne pas porterde ceinture trop serrée. Chez l’obèse les vêtementsamples sont indiqués.

- Le problème d’une altération sexuelle souventd’origine psychologique peut se poser. Une prépara-tion psychologique réalisée par la stomathérapeute,incluant le partenaire est nécessaire à l’acceptation dela nouvelle image corporelle. La colostomie n’est pasun obstacle à la maternité.

La psychologie du colostomisé

Les problèmes psychologiques déjà évoqués sont réels,bien que souvent cachés. Le choc moral résulte de laperte du contrôle sphinctérien (notion Freudienne) etde l’émission involontaire des selles par un orifice situésur l’abdomen. II est pour lui « un anus contre na-ture )).L’image corporelle et l’esthétique sont fortementperturbés.

Les réactions sont multiples : réflexe de pudeur, dégoûtde son corps, complexe d’infériorité, perte de con-

fiance en soi, sentiment d’insécurité face à la prise encharge de la stomie, face à la maladie.

Une aide adéquate permet de limiter l’isolement et le« repli sur soi » de ces personnes. L’acquisition d’uneautonomie est très importante car elle conditionne unretour à la vie normale et un meilleur équilibre psycho-logique. Par ailleurs l’aide aux stomisés se répartit entreles centres de stomathérapie et les associations au rôleimportant.

Notes sur la législation sociale

- Le matériel est pris en charge par la sécurité socialeen fonction du TIPS (Tarif Interministériel des Presta-tions Sanitaires).

En général elle rembourse à 100 % du TIPS (exonéra-tion du ticket modérateur chez la plupart des colosto-misés).

- Une pension d’invalidité peut-être octroyée au sto-misé, dans ce cas il est pris en charge à 100 % pour tousles soins et appareillages par l’organisme d’assurancemaladie.

3. MÉTHODOLOGIE

Y~ 3.1. Population choisie

Afin de réaliser une analyse la plus large possible, nousavons mené une enquête auprès d’une population infir-mière en nombre significatif et diversifiée, susceptible depratiquer des soins courants de colostomie ancienne.

Cette enquête s’est portée sur 119 Infirmières DiplG-mées d’Etat dont :

- 60 % en gériatrie, réanimation et médecine interne,- 28 % en chirurgie digestive,- 12 % en libéral.

Sur les 119 infirmières sollicitées, 62 ont répondu, soitun taux de participation de 52 % dans lequel on re-trouve :

- 66 % de gériatrie, réanimation et médecine générale,- 25 % de chirurgie digestive,- 8 % de libéral.

Nous aurions souhaité un plus grand effectif en IDElibérales, car ce secteur nous semblait particulièrementintéressant (en raison de leur suivi des colostomisés àdomicile), mais peu d’entre-elles ont souhaité participer.

Page 12: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

LA COLOSTOMIE : A LA RECHERCHE DE L’INCONNU(E)

Dans l’interprétation des résultats i l ne sera pas pris encompte la provenance des réponses, en raison de I’in-égalité quantitative entre les secteurs d’activité, et de ladiversité des parcours professionnels. Toutefois, si nousobservons une donnée vraiment particulière à un sec-teur d’activité, nous la prendrons en considération.

) 3.2. Outil choisi : le questionnaire

Cette recherche axée sur l’état du savoir et savoir faireinfirmier en matière de colostomie ancienne, a néces-sité l’élaboration de questions précises et nombreuses.

La validation de notre enquête suppose des réponsesobjectives d’un nombre important d’infirmières en res-pectant leur anonymat. C’est pourquoi, l’emploi duquestionnaire comme outil de recherche est apparupréférable à l’entretien. II s’intitule : « Les soins decolostomie vus par I’IDE ».

II se compose de 33 questions : fermées, semi-ouverteset ouvertes. Ces 2 dernières formes ont permis desapprofondissements ainsi que l’émergence de deman-des spécifiques. Ce questionnaire aborde différents thè-mes :

- Un premier thème permet de mieux connaitre lapopulation infirmière étudiée et sa formation concer-nant les colostomies.

- Un deuxième thème, se rapporte aux connaissan-ces théoriques et pratiques relatives aux colostomiesanciennes et aux soins qui s’y référent.

- Un troisième thème traite de l’existence d’outilsparticuliers pour un meilleur suivi.

- Et enfin, les demandes infirmières spécifiques auxcolostomies, sont abordées dans un 4e thème.

Mode de diffusion et de restitution du questionnaire

Avant sa diffusion, nous l’avons testé auprès de 6 infir-mières dont : une IDE stomathérapeute, des surveillan-tes de chirurgie digestive, et des enseignant(e)s de I'IFSIde Roubaix.

Ce test préalable a permis d’effectuer quelques rema-niements indispensables. L’ordre initial des questions aété modifié (question 31 et 32 mises en fin de question-naire) et les questions 8 et 33 ont été ajoutées.

La distribution du questionnaire s’est faite par la sur-veillante ou surveillante chef des services, après unentretien préalable expliquant le pourquoi de notre

recherche. Dans certains cas, il fut adressé directementaux IDES. La diffusion s’est étalée de février à avril1996.

Le temps de réponse laissé aux IDES fut d’environ 1semaine. A cela nous pouvons ajouter, que la duréenécessaire à la lecture et à la formulation des réponsesest d’environ 20 minutes.

Nous avons prié les IDES de répondre individuelle-ment, ainsi un des biais du questionnaire (risque deréponses collectives) se trouve atténué. Malgré cela, onpeut remarquer certaines réponses identiques, ce quilaisse supposer, une non observance de la recomman-dation. La restitution du questionnaire s’est faite parnous-mêmes, par la surveillante du service, ou parcourrier.

4. ANALYSE

Le nombre significatif de réponses obtenues autorisel’exploitation en pourcentage des données. Leur inter-prétation par thème ne permet pas toujours le respectde l’ordre initial des questions.

1 er thème -*La population infirmière et sa formation

Ql : le lieu de travail

25 % en servicesde chirurgie digestive

L-8 % d’lDEs libérales

16IDEs en- CAO- Chirurgie viscéraleMédecine ou réanimation : 35 %22IDEs en- Réa-médicale- Réa-neurochirugicale- Médecine interneGériatrie : 30 %19 IDES de l’Institut Barbieuxet du Vert Pr65 IDES libérales

Q2:Age

20-30 ans56 %

30-40 ans32 %

40-50 ans

13 %

43 : Sexe

A 82 %, il s’agit d’infirmières.

Recherche e n soins infirmiers N” 48 - Mars 1 9 9 7

Page 13: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

4 : Infirmier(e)s diplômé[e)s depuis :

kj

7 : Formation sur les colostomies durant la formationinfirmière

5

Q8 : Formation professionnelle sur les colostomies

O u i5 %

N o n Non réponses9 3 0% 2 %

Commentaire

Les différents lieux d’exercice professionnel répertoriéssont au nombre de 8. Une majorité exerce en milieunon spécialisé en chirurgie digestive, où il est possibleque soient pratiqués des soins courants de colostomie,mais en proportion moindre.

En effet 75 % travaillent en réanimation, médecineinterne, gériatrie ou en libéral. Ce chiffre expliquera lafréquence limitée des soins pratiqués, les éventuellesdifficultés signalées et les demandes au sujel des colos-tomies. Par ailleurs, 1 infirmière sur 4 exerce en milieuspécialisé de chirurgie digestive, ce qui implique unecompétence particulière dans ce domaine, nous leverrons plus tard.

La population infirmière est relativement jeune (56 %entre 20 et 30 ans) et dispose en moyenne de moins de5 années d’expérience professionnelle. Cela peut expli-quer certaines difficultés pratiques en dépit d’une for-mation infirmière encore récente et actualisée. En effet,on remarque que les infirmières diplômées depuis peu,possèdent de solides bases théoriques, mais quelquesdifficultés dans la pratique des soins courants.

On notera également que toutes ont requ une formationinfirmière relative aux colostomies, et qu’elles sont plusen demande de formation professionnelle que les infir-mières plus expérimentées. La majorité des jeunes di-plômées exercent en médecine gériatrique, donnéeimportante, compte tenu de la fréquence de ce type desoin dans ce secteur.

A la question : « avez-vous eu un rapport théoriquesatisfaisant sur les colostomies durant votre formationIDE ? », 75 % répondent par l’affirmatif, pourcentageque l’on devrait retrouver normalement dans I’exacti-tude des réponses suivantes. Un petit nombre estimeque la formation a été trop succincte, peu pratique etpeu précise.

Enfin 5 % ont bénéficié d’une formation profession-nelle au sujet des colostomies, ce qui leur a permis unemeilleure connaissance des soins et de l’appareillage.Ce faible pourcentage pourra également expliquer cer-taines difficultés observées.

Concernant les formations infirmière et profession-nelle, il apparaît que certaines infirmières (en généralsituées dans la tranche d’âge 40-50 ans), n’ont reçuaucune des 2 formations. Parmi ces infirmières, lamoitié ont les connaissances adéquates pour une priseen charge du colostomisé. Nous pouvons supposer quel’acquisition de leur savoir s’est faite sur le terrain,d’ailleurs elles ne sont pas en demande de formationprofessionnelle.

Ze thème :Les connaissances infirmières théoriques et pratiques

Les connaissances théoriques

QS : définitionde la colostomie

Q6 : les différen-tes sortes decolostomies

QI 5 : nature desselles selon lesi@ de la colos-iomîe (résultatsen moyenne)l de la colostomie+ gauche

+ transverse

-t droite

Réponsescorrectes95 % (59)

5 1 % (32)

5 7 % ( 3 5 )

6 1 % (38)

5 3 % (33)

5 6 % (35)

2 6 % (16) 1 3 % (8)3 9 %

2 2 % (14) 2 4 % ( 1 5 )

4 6 %2 6 % ( 1 6 ) 1 8 % ( 1 1 )

4 4 %

Q19 : La colostomie est un soin

Propre

9 6 % ( 6 0 )

Stéri le

0

Non réponses

4 % (2)

Page 14: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

LA COLOSTOMIE : A LA RECHERCHE DE L’INCONNU(E)

Q28 L’irrigation colique est bien connue, mais peu prati-quée, car cette technique est plutôt réservée aux per-sonnes autonomes.

D’une façon générale, les connaissances théoriques nesont pas toujours en harmonie avec la formation reçue(90 %).

423 : Les produits néfastes à la stomieLes connaissances pratiques

Réponses correctes

65 % Non réponses

3 5 %

Commentaire

L’ensemble des infirmières définit exactement la colos-tomie, mais seule la moitié en connaît les différentstypes (gauche, droite, transverse, de dérivation...). Pourbeaucoup I’iléostomie, la jéjunostomie appartiennentaux colostomies. Ceci recoupe les pourcentages obte-nus dans la définition de la nature des selles, selon lesite de la colostomie : beaucoup inversent les selles dela colostomie gauche avec la droite, et la nature desselles de la colostomie transverse est souvent mécon-nue.

88 % des infirmières réalisent au moins 1 fois par andes soins courants de colostomie, dont 36 % en effec-tuent pltis de 10 par an (surtout en gériatrie et chirurgiedigestive). Cette fréquence devrait normalement s’ac-compagner d’une pratique de soin adéquate.

Nous pouvons ajouter que 66 % des soins portent sur despersonnes dépendantes et âgées de plus de 60 ans, ce quiimplique une prise en charge globale de notre part.

Notre observation porte sur les connaissances concer-nant l’appareillage, les soins courants, les conduites àtenir en cas de problèmes et les problèmes quotidiensdu colostomisé.

La consistance des selles est le plus souvent connue(moulée, pâteuse...), mais la couleur, la présence ounon de selles irritantes ou de gaz, donnent lieu à desréponses erronées.

Sur les appareillages

Connaître la nature des selles et les conséquencescutanées nous paraît indispensable au choix d’un ap-pareillage adapté (monobloc ou bibloc, vidangeableou non...) et à la surveillance de troubles du transit(diarrhée, constipation) (cf. analyse Q : 30).

QI3 : IDESestimant être bieninformées sur lesappareillages

Environ 65 % des IDES citent avec raison l’éther, I’al-cool, les colorants etc., comme produits desséchants etirritanis pour la stomie.

Q26 : un support(système bibloc) selaisse en place 3 à5 jours)

Les 35 % restant, représentent des non-réponses. Cedernier chiffre prendra toute sa signification dans le

Q18 : les pratiquesinfirmières sont

rapprochement sur les conduites à tenir en cas d’irrita- adaptées pourtion culanée et la réalisation de soins courants. décoller une poche

En effet, dans la question relative aux conduites à tenir(cf. Q16), le même pourcentage (35 %) utilisent lesproduits dits néfastes à la stomie (éosine, teinture debenjoin, etc.). Nous supposons qu’il existe un manqued’information à ce niveau.

Commentaire

Le soin de colostomie ancienne est considéré commeun soin propre, ce qui semble contradictoire avec I’uti-Iisation par certaines de produits antiseptiques.

Les infirmières s’estiment mal informées à propos desdifférents appareillages existant, en raison de leurgrande diversité et leur renouvellement fréquent. Onrappellera qu’il existe 2 systèmes d’appareillage(cf. partie Il-1 -3-l ), afin de l’adapter au type de stomieet à l’état cutané.

Oui

14 % (9)

42 % (26)

24 % (15)

Non Pas deréponses

83 % (52) 1,5 % (1)

58 %

38 % (24) 20 % (12)7 %

<37 % (23) 38 % (24)

75 -- .---.: --Y.- --. .: -. ,. I

Recherche en soins infirmiers No48 - Mars 1997

Page 15: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

Ce manque d’informations peut expliquer que 58 %des IDES connaissent mal la durée préconisée de miseen place d’un support (de 1 à 2 jours pour certaines etde 7 à 10 jours pour d’autres). De même, les nonréponses vont dans le sens de cette imprécision.

II nous a paru important de demander aux IDES, leurtechnique pour décoller une poche, en raison de I’ob-servation de grande disparité à ce sujet. La moitié desIDES tiennent simplement la peau, pour enlever lapoche, le reste ne sait pas ou utilise d’autres moyens(éther, dakin, eau chaude...), ce qui recoupe l’analysede la question 23.

Face à ces réponses, nous supposons que nos questionsétaient peut-être trop spécifiques de la stomathérapie,pourtant elles figurent dans le programme infirmier.Nous supposons que le manque de connaissance con-cernant l’appareillage s’explique par le fait que les IDESse disent mal informées.

De plus, on retrouve la présence d’une infirmière sto-mathérapeute dans 50 % des cas (cf. QlO), ce quipermet d’émettre l’hypothèse suivante : « Lés IDES nese sentent pas concernées par le problème de I’appa-reillage car elles le considèrent comme le propre de lastomathérapeute ».

Sur les soins courants de colostomieet les conduites a tenir en cas d’irritation cutanée

O u i N o n N o nréponses

Q21 : La réalisation 38 % (24) 35 7’0 (22) 26 7’0 (16)des soins courants 59 % ’de colostomie selonle protocole (étapeset matériaux)

Q20 : Mettez-vous 78 % (48) 10 % (7) 10 % (7)des gants pourle soin ?

QI 6 : Les pratiques 41 % (26) 35 % (22) 22 % (14)infirmières sont-ellesadaptées en cas d’ir-ritation de la peau ?

Q17 : La pâtestomahésiveest-elle connue ?

60 % (37) 35 % (22) 5 % (3)

- ses propriété5 ?- son application ?

2 7 %22 %

Commentaire

Dans le cadre de référence nous avons abordé leprotocole correspondant au nettoyage de la stomie.Cette pratique de soin est appliquée dans 38 % des cas(principalement chez les IDEM exerçant en entérolo-gie et bénéficiant pour 10 d’entre elles d’un protocolede service).

Dans les autres cas, le déroulement du soin est connumais les matériaux utilisés ne sont pas explicites ousont en désaccord avec le protocole d’usage (emploid’éther, de dakin, de teinture de benjoin en tant queproduits de base du soin). 22 % n’ont pas répondu,ce qui laisse supposer que le protocole leur est in-connu.

Dans les conduites à tenir en cas d’irritation cutanéepéristomiale, on retrouve la même répartition dans lesréponses.

Dans 41 % des cas, l’utilisation d’une pâte-joint typestomahésive et d’un protecteur cutané intégré à I’appa-reillage (système bibloc) se retrouve. C’est chez lesIDES diplômées depuis peu et le IDES de chirurgieviscérale, que ces pratiques sont les plus courantes.Dans les autres cas, on note une application de pâte àl’eau, d’éosine, de teinture de benjoin etc., ou des nonréponses, ce qui risque de masquer ou d’aggraver I’ir-ritation première.

Nous avons été surprises, que 60 % connaissent la pâtestomahésive, alors que seulement 40 % l’utilisent encas d’irritation ce qui semble dû à la méconnaissancedes propriétés de cette pâte et de son application.

Le rasage en périphérie de la stomie, facteur de micro-coupure et de folliculite est pratiqué par 66 % des IDES.Seules 4 infirmières nous ont parlé de couper les poilsavec des ciseaux fins et 3 de les épiler (crème dépila-toire).

Lors du soin, la majorité porte des gants non stériles, enraison du risque infectieux possible. Ce port s’expliquepar le risque de contamination actuel (en particulier parles hépatites virales et le sida), tout en rappelant que laprésence de sang au niveau de la stomie n’est pasexceptionnelle.

Les réponses à la question 24 relative au saignement enpériphérie de la stomie sont difficilement exploitablesdu fait des interprétations diverses de la question.

Page 16: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

LA COLOSTOMIE : A LA RECHERCHE DE L’INCONNU(E)

Les problèmes quotidiens

Réponses Réponses Non réponses oucorrectes incorrectes très incomplétes

Q22 : Peut-on donner a7 % 3,2 % 9,6 %un bain à un colostomisé ? (pour 38 %

s’il existe un appareillage adapté

Q29 : Quel régime 38,s % 37 % 11 %alimentaire peut-on donner un régime normal un régime sans résiduà un colostomisé ? 4,s 9'0

un régime riche en fibres8 %

un régime << spécial colostomisé »

Q30 : Que font les IDES encas de :- diarrhée 41 % 9,6 % 48 %- const ipat ion 45 % 8 % 46 %

Commentaire

Seulement 38,s % répondent juste à la question 29. Eneffet le colostomisé doit s’alimenter normalementmême si parfois son alimentation change pour cause devariation de transit.

N’ayant pas précisé cette question comme étant spéci-fique aux différents services, les IDES auraient dû opterpour le régime normal. Cependant 37 % d’entre-ellesont cité le régime sans résidu et 8 % donnent un régime« spécial colostomisé ». Ces deux régimes ne sontpourtant indiqués que dans des cas bien précis. (Prépa-ration colique avant une opération par exemple).

11 % des infirmières n’ont rien répondu.

Pour la question 30,41 % des réponses sont exactes carles IDES choisissent un régime pauvre en fibre ou cons-tipant à l’occasion d’un épisode de diarrhée.

Elles pensent aussi à changer l’appareillage puisque ladiarrhée induit des selles plus fréquentes donc plusirritantes pour la peau. L’appareillage devra être adaptéaux selles émises. (Cette action tient du rôle propre del’infirmière). D’autres hydratent la personne, ‘ceci estexact et nécessaire puisque la perte d’eau et d’électro-lytes aura tendance à déshydrater le patient.

Par contre l’intervention du médecin n’est que peucitée, alors que tout changement de régime doit se faireuniquement sur prescription médicale.

D’ailleurs 96 % des IDES administrent d’elles mêmesdes médicaments (à visée constipante comme I’lmmo-dium@).

Enfin 48 % ne répondent pas ou de manière incom-plète. En ce qui concerne la constipation les réponsessont correctes à 45 %.

Les infirmières donnent un régime riche en fibres etpensent aussi dans ce cas à hydrater la personne. C’esteffectivement utile afin de faciliter le transit. Dans cecontexte, peu font appel au médecin.

Question : La constipation leur paraît-elle moinsgrave ? Pourtant, une constipation prolongée peut avoirdes conséquences graves.

- 46 % des réponses sont incomplètes ou des nonréponses.- 8 % répondent mal en émettant de donner un mé-dicament laxatif (par exemple de la paraffine@).

l 87 % de bonnes réponses ont été comptabiliséespour la question 22 (traitant du bain chez le colostomi-sé), dont 38 % précisent qu’il faut un appareillageadapté.

3e thème :Les outils du service

O u i N o n

QI 1 : Existe-t-il un protocoledans le service ?

Est-il écrit ?

Q12 : Est-il efficace ?

QI0 : Faites-vous intervenirla stomathérapeute pourun patient colostomisé ?

16 % 82,2 yo

8 0 % 20 %

80 % 20 %

45 % 50 %

i . ..‘.. 77 -.. -- z.: .:-..:Y-:. -.. “ , * ” _* ___ _, . “ _ - -.. I.. --.. .-

Recherche en soins infirmiers No48 - Mars 1997

Page 17: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

Commentaire

Seulement 16 % des personnes ont un protocole dansleur service. Les seuls protocoles existants sont dans lesservices de chirurgie digestive. Sur 10 protocoles 8 sontécrits et 2 non écrits. Par contre tous ne sont pasefficaces : 8 protocoles sur 10 sont dits « efficaces ».

Questions :

- Les protocoles utiles (efficaces) sont-ils les protoco-les écrits puisque les chiffres se recoupent 1

- Le nombre de non-réponses à la question 12 est de2 nous pouvons supposer que les deux seules nonréponses sont celles des personnes n’ayant qu’un pro-tocole non écrit ?

Là où les protocoles sont efficaces, le personnel soi-gnant ne rencontre pas de problème de peau, ni degêne dans les étapes de soins. Elles estiment égalementque ces protocoles sont utiles pour les stagiaires. Au-cune IDE libérale n’a de protocole de soins.

La stomathérapeute

45 % des IDES font appel à la stomathérapeute contre50 % qui ne la font jamais intervenir. Les IDES libéralesn’ont jamais recours à une stomathérapeute.

Nous pouvons remarquer que les IDES ayant 1 proto-cole efficace (selon elles) font quand même appel à lastomathérapeute de leur service alors que la fiche (leprotocole) traite des problèmes de peau, de fuite, desétapes de soin. Cependant la stomathérapeute de cesservices prend en charge ( à la demande de 32 %d’lDEs) les difficultés d’appareillage (poche ou plaque).

Ce résultat peut recouper celui de la question 13 ounous avons mis en évidence que 83 % des IDES ne sesentent que moyennement informées sur l’appareillagedes colostomies.

La deuxième raison également importante, pourlaquelle la stomathérapeute intervient, est l’éducation,citée à 24 %. Cette réponse est logique puisque le rôlede cette professionnelle en stomathérapie est aussid’éduquer la personne avant la sortie. -

14,5 % font appel à la stomathérapeute pour un doutedevant l’état de la colostomie. Ce qui est un chiffreimportant. La demande au niveau d’un problème depeau ou de selles est moindre (8 % pour un problèmede peau et 4,8 % pour les selles).

de thème :Besoins infirmiers

Oui Non Peut- Non&tre réponses

Q31 : Aimeriez- 50 % 12,9 % 29,l % 8 %vous avoir un 7protocole ? propositions

Q32 : Aimeriez- 58 % 30 % Il,2 %vous avoir une 10grille de suivi ? p ropos i t ionsQ33 : Aimeriez- a7 s 4,8 % 8 %vous avoir unCarnet ?QS : Etes-vous 19,3 Yo 80 %demande de for- si enmation profes- ensei-sionnelle ? gnement

prat iqueen petitgroupe

Commentaires : les besoins /DE

50 % des IDES sont réellement à la demande d’unprotocole et 29 % doutent. Cependant cette réponsen’est pas vraiment négative car nous comptons 12,9 %de non (francs) et 8 % de non réponses.

Hypothèse

Les infirmières ayant répondu « non » sont prob-ablement les mêmes que celles qui ont affirmé que leurprotocole était efficace ou peut-être que certaines ne sesentaient pas vraiment concernées.

Nous avons tout de même 7 propositions de protocoleaxées sur la surveillance de selles, de peau ; les étapesde soins à suivre, les produits à util iser, les conduites àtenir en cas de problème, les différents appareillages etl’alimentation.

A l’analyse, les demandes que nous retrouvons le plussont les conduites à tenir en cas de problèmes, les typesde selles selon la colostomie ; peut-être pouvons nousfaire le rapprochement avec les résultats de la question15 qui ont démontré que peu d’infirmières connais-saient la colostomie droite et transverse donc les répon-ses au niveau des selles de ces colostomies étaient enmajorité fausses.

La demande d’un protocole sur les soins courants et lesproduits à employer est souvent réapparue, il est vraique peu de personnes (38 %) connaissent à la fois ledéroulement et les matériaux à util iser.

Page 18: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

LA COLOSTOMIE : A LA RECHERCHE DE L’INCONNU(E)

L’émergence de demande d’une grille de surveillanceest particulièrement forte : 58 % des IDES sont en de-mande de celle-ci. Par contre il nous est apparu que lamajorité (85 %) des IDES des services digestifs n’expri-maient pas de besoin à propos de cet outil.

Quelques IDES intéressées nous ont apporté des idéesde grille, dont les thèmes étaient souvent similaires.Exemple : La qualité des selles, l’appareillage, la tech-nique de soins, les problèmes du jour etc. Ces proposi-tions sont presque identiques à celles faites pour lesprotocoles.

Le carnet de suivi du colostomisé a été accepté etdemandé à 87 % contre 8 % de non et 4,8 % qui nerépondent pas.

Le contenu du carnet est en accord avec les besoinsexprimés auparavant (431 et 32) peut-être est-ce pourcela que la demande est si forte ?

Malgré l’importante demande d’outils de soins, 19,3 %seraient d’accord pour suivre une formation profession-nelle sur les colostomies contre 80 % qui ne le dkirentpas.

Hypothèse

Ce dernier chiffre qui nous parait plus qu’élevé, estpeut-être en rapport avec la présence d’une stomathé-rapeute dans le service qui pourrait leur paraître utilelorsqu’elles sont face à un problème de colostomie.Peut-être préfèrent-elles se décharger sur la profession-nelle en stomathérapie plutôt que de mal effectuer leursoin. Une autre hypothèse est que la question 8 est audébut du questionnaire, donc les IDES n’ayant pasencore fini de répondre estiment être parfaitement aupoint au niveau des soins.

5. CONCLUSION DE L’ANALYSE

Au cours de cette enquête nous avons rencontré desdifficultés tant dans la manière d’élaborer le question-naire que dans son étude.

Nous avons analysé certaines questions qui après le testpréalable nous apparaissaient essentielles, en particu-lier la question no 28 à propos de l’irrigation colique.En fait, cette question n’était pas indispensable puisquele sujet traitait des soins de colostomie ancienne chezles personnes dépendantes alors que l’irrigation coli-que est destinée aux personnes ne nécessitant pas desoins infirmiers particuliers.

Les questions ouvertes ont posé des problèmes au ni-veau de leur exploitation. Les réponses étant extrême-ment diversifiées, certaines, peu citées, nous ont con-duit à les éliminer.

La question portant sur la conduite à tenir au cas où lacolostomie saignotte, n’a pu être exploitée, car la plu-part des IDES l’ont comprise comme une question trai-tant de I’hémorragie. Par contre nous aurions dû de-mander quel était leur nombre d’années dans leurservice afin de faciliter notre interprétation des pour-centages. II est vrai qu’une IDE travaillant depuis long-temps dans un même service est plus apte à réaliser lessoins spécifiques à celui-ci. Ici I’IDE de chirurgie estplus à même de connaître la prise en charge optimaled’une colostomie contrairement aux IDES en prove-nance de néphrologie (par exemple).

Dans l ’ensemble, les formulat ions des quest ions ont étécomprises, cependant nous aurions dû éviter pour cer-taines la possibilité d’un peut-être (431) ou « moyen-nement » (Q13).Un manque de précision dans la ré-ponse nous a fait hésiter à les classer dans les cases denos tableaux ; ce qui était essentiel pour calculer lespourcentages. Nous avons donc décidé de les compta-biliser avec les réponses OUI (pour le peut-être) etNON (pour le moyennement).

52 % des infirmières ont répondu, ce qui paraît tout àfait correct puisque ce questionnaire était lié aux con-naissances, et l’interprétation sur les compétencesthéoriques et pratiques des IDES aurait pu induire unecertaine réticence a répondre.

Au terme de cette analyse, nous avons fait des constats :à la fois sur les connaissances pratiques mais aussi théo-riques des IDES. Nous avons aussi, et c’était notre but, misen évidence une forte demande d’outils de travail.

Tout d’abord cette étude a été basée sur une populationdiversifiée d’infirmières et dont (c’est notre constat) I’ex-périence professionnelle était récente puisque la plupartavaient peu d’années de diplômes (53 % moins de 5 ans).

Cela peut expliquer le fait qu’une minorité connaissaitles appareillages des colostomies, mais aussi la ma-nière d’effectuer les soins courants, surtout au niveaudes produits à utiliser. L’alimentation du colostomisén’est pas une notion acquise pour beaucoup d’lDEs(II % de non réponse + 50 % de régime autre que lerégime normal). Cette acquisition serait utile afin demieux apprécier l’aspect des selles de la personne maisce sujet n’est pas bien connu également.

Face à ces réponses, nous pensons que notre question-naire était trop spécifique de la stomathérapie, pour-tant, certaines bases du programme d’enseignementdans les IFSI sont axées sur ces soins et 36 % disentréaliser plus de 10 soins par an.

Malgré ces difficultés pratiques, la majorité répondjuste aux questions théoriques. D’ailleurs 90 % ont euun apport théorique lors de leur formation infirmière.

I*‘::, ,. .-. -.-. - -. -... ..-- 79Recherche en so ins in f i rm iers N” 48 - Mars 1997

Page 19: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

Le nombre impqrtant de non réponses (environ 40 %)est sûrement lié au manque de temps dans les services,ou alors, les IDES ne se sentaient pas concernées parcertaines questions.En ce qui concerne nos propositions d’outils de travailpouvant faciliter la prise en charge du colostomisé ; lesréponses ont démontré que leurs besoins étaient ceuxauxquels nous nous attendions lorsque nous avons élabo-ré notre questionnaire. Nos propositions les ont séduites :plus précisément et hiérarchiquement le carnet de suividu colostomisé, suivi de la gril le de surveillance et enfinle protocole de soins. Quels qu’ils soient, ces outils sontdemandés au moins par la moitié des personnes sondées.

C’est pour cette raison que nous leur proposerons uncarnet de suivi du colostomisé car celui-ci les intéresseplus particulièrement. Ce carnet existe déjà et lors denotre entretien avec la stomathérapeute de Roubaix, nousavons remarqué que ce carnet pourrait être plus fonction-nel. Son contenu permettra une prise en charge optimaledu malade colostomisé à domicile ou à l’occasion d’unehospitalisation imprévue. C’est pour cela que nous tra-vaillerons en collaboration avec la ou les stomathérapeu-tes qui semblent être intéressées par cet outil.

La grille de surveillance est également très demandéeet les propositions des IDES pourront nous aider àl’élaborer.

II nous paraît plus judicieux de proposer des protocolesouverts composés de recommandations de qualité,c’est-à-dire que ceux-ci doivent s’adapter à tous lesproblèmes pouvant être rencontrés suite au port d’unecolostomie. Chaque protocole sera spécifique à cha-que demande de I’IDE. Les apports pourront alors éviteraux IDES de joindre systématiquement la stomathéra-peute puisque la moitié fait appel h celle-ci pour cesproblèmes. Mais aussi pallier à un manque de proto-cole dans les services puisque seulement 10 IDES sur62 disent avoir un protocole.N’oublions pas que tous ces outils sont à mettre enplace avec l’ensemble des équipes soignantes.

CONCLUSION

Cette enquête menée auprès de différents groupes d’in-firmier(e)s, avait pour but, dans le domaine précis dessoins de colostomie, d’apprécier les connaissances pra-tiques et théoriques et d’en dégager quelques proposi-t ions.

Elle a nécessité en préalable la présentation d’un cadreconceptuel détaillé, pour orienter les objectifs et définirles concepts.

Le nombre des non-retours, quelles qu’en soient lesraisons, doit faire interpréter, avec réserve, les pourcen-tages relevés.

La fréquence de réponses erronées ou non-réponsesdans le domaine des conduites à tenir, par exemple,suscite des interrogations et justifie la mise en place deprotocoles simples et pratiques déjà en vigueur danscertains services, de grilles de surveillance et d’uncarnet de suivi du colostomisé.

Ces souhaits et projets pourraient se voir précisés et misau point lors de travaux ultérieurs dans le cadre desservices spécialisés.

BIBLIOGRAPHIE

- « Aujourd’hui la vie recommence », LaboratoireConvalec, 1989.

- Cahier de chirurgie « spécial stomie », no 54, année1985, no 71, année 1989.- Cours de 1 re et 2e année de I’IFSI de Roubaix.

- Forum infirmier organisé par ARDASI [email protected] Vivat, 29, 30, 31 mars 1994.- Forum infirmier organisé par ARDASI Valencien-nes, Octobre 1992.- L’infirmière magazine no 67, année 1992, no 13,février 1988.- « Précis d’anatomie et de physiologie humaine »,M. LACOMBE.

- Protocole du C.H. de Roubaix, du service de chirur-gie digestive, concernant les soins courants de colosto-mie par les : Docteur FLORIN, Docteur BOURNE-VILLE, Docteur GUIDEZ (angéiologie).- Recherche « savoir infirmier, concernant la plaquecomfeel », année 1991.

- « Revue de l’infirmière », no 17, année 1993.

- « Soins chirurgie », no 583, avril 1994 no1 62/163,septembre 1994 no 170, année 199.5.

- « Spécial stomies », par N. GILL-THOMPSON,tome 85 no 2, année 1989.

- « La slomathérapie », de Suzanne MONTANDON,etc., édition le Centurion.

- « Les s tomies digest ives de l ’adulte », deM. ADLOFF et T. Cl. OLLIER.- « Vivre avec une stomie », de H. BAUMEL etJ.-F. LOUIS, édition SIMEP.

Page 20: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

LA COLOSTOMIE : A LA RECHERCHE DE L’INCONNU(E)

ANNEXE 1

SYSTÈME COMPLET POUR IRRIGATION

81Recherche en soins infirmiers N” 48 - Mars 1997

Page 21: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

ANNEXE 2

L’IRRIGATION COLIQUE

par Bernadette FABRÉCA et coll.,infirmière stomathérapeute, hôpital Louis-Mourier de Colombes

Cette technique permet aux colostomisés d’éliminerleurs selles en une fois tous les trois à quatre jours afind’éviter le port d’une poche de recueil sur l’abdomen.

DÉFINITION

L’irrigation colique est une technique de lavement sim-ple. Le but recherché est de permettre la régulation dutransit intestinal tout en contrôlant l’évacuation du cô-lon. Celle-là va suspendre l’émission de selles pendantdeux à trois jours et dispenser le malade du port d’unepoche de recueil.

INDICATIONS - un manchon ;

Uniquement sur les personnes ayant une colostomieterminale gauche. Le plus souvent, suite à une amputa-tion abdomino-périnéale ou à une intervention de typeHartman où le côlon est abouché en iliaque gauche, lemoignon rectal restant enfoui. II faut également que lessel les soient pâteuses voir moulées.

- eau, savon de Marseille, serviette éponge, gant detoilette, haricot ;

- un pied à sérum ;

- un fauteuil pour asseoir le malade.

DÉROULEMENT DE L’IRRIGATIONCONTRE-INDICATIONS

- Pour tous les autres types de stomies ;

- diarrhée chronique ;

radiothérapie ;-

chimiothérapie augmentant le risque de diarrhée.-

MATÉRIEL

J Préparation du matériel

- Fermer le régulateur de débit (4) ;

-emplir le réservoir d’eau tiède à 32 ou 33 OC ;

- le suspendre à la potence de manière à ce que la basedu réservoir soit située à hauteur d’épaule du malade ;

- purger la tubulure.

Une trousse d’irrigation contenant :

- un réservoir de deux litres (fig. 1) ;,,

* Préparation locale

- un raccord ;- un embout en mousse permettant l’abouchement àla stomie sans créer de traumatisme ;

- deux pinces à linge ;

- Oter l’appareillage présent, nettoyer à l’eau et ausavon, sécher. Un toucher est pratiqué pour repérer letrajet de la stomie de manière à ce que l’irrigation soitefficace ;

Page 22: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

- coller le manchon en l’orientant de façon à le faires’évacuer dans les toilettes si le malade est assis sur les WCou du moins dans un bocal où l’on aura mis de l’eau (300à 400 cc) ce qui diminue le reflux des odeurs (fig. 2) ;

.-...*___

-.. ,: .,: I

It*- ..‘. :,.-

-..

.*

. I

~~

. . -.*

( - ,, *-., ‘-.

-Al

2. ..a I_ . _.

- passer la canule à bout conique (1) dans la partiesupérieure du manchon (fig. 3).

‘“. Irrigation et évacuation1. .”

- Faire couler en cinq minutes 750 cc d’eau tiède enprenant soin d’arrêter en cas de colique ;

- attendre quelques minutes puis retirer l’embout ;

- fermer le haut de la poche avec deux pinces à linge(fig. 4) ;

- laisser évacuer les selles. Un premier jet vient spon-tanément, une deuxième trente à quarante minutes

c

après. Entre-temps, afin que la patient soit libre devaquer à quelques occupations, on roulera le manchonet on le fermera avec la seconde pince à linge ;

- le malade peut se masser l’abdomen de manière àmieux évacuer toutes les selles.

,[ 31~: Temps de réfection

- Après quarante-cinq minutes, on considère que lecôlon est propre. Le manchon est alors retiré et jeté aprèsavoir été glissé dans un sac papier prévu à cet effet ;

- la stomie, nettoyée à l’eau et au savon, puis bienséchée, est alors apparei l lée avec un tampon obl i térateurou une minipoche selon le choix du malade (fig. 5) ;

,.. -...- --- , , “~ ..--.-----.- 8 3 1_:_1:__~-_:-_~-:--.------- -y :--- :_-_-:--:_~__:..-‘-:‘ITT.-~.I_: * s ,-,a” ,?” “<,,”

Recherche en soins infirmiers No48 - Mars 1997

Page 23: LA COLOSTbMIE : A LA RECHERCHE DE …fulltext.bdsp.ehesp.fr/Rsi/48/62.pdf · tés de la colostomie et sur les soins et rôles infirmiers ... éviter l’inflammation au niveau de

- les incidents particuliers et l’efficacité sont réguliè-rement notés.

En cas de crampes

- Fermer le régulateur.

- Respirer calmement et profondément.

- Masser doucement l’abdomen.

- Vérifier que l’eau n’est pas trop froide.

- Vérifier que le réservoir se trouve bien à hauteurd’épaule.

- Après disparition des crampes, reprendre l’irrigationen ouvrant progressivement le régulateur.

UN CONFORT POUR LE STOMISÉ

L’irrigation terminée, l’utilisation d’une poche de re-cueil devient superflue. Toutefois l’émission de gazn’est pas éliminée. II existe des obturateurs adhésifsavec filtre intégré désodorisant les gaz et supprimant lesbruits accompagnant leur émission. Son aspect exté-rieur est celui d’un petit pansemenl de couleur chair.Imperméable et invisible, il autorise la baignade, ilpermet l’autonomie en toute sécurité. L’irrigation neprésente pas de danger si l’on respecte les règles habi-tuelles d’utilisation de matériel et de l’hygiène. La répé-tition de lavements ne provoque pas d’irritation sur lamuqueuse colique. Le malade évalue lui-même sa du-rée de tenue sans poche. En moyenne de quarante-huilheures, celle-ci peut aller jusqu’à soixante-douze heu-res. L’initiation à l’irrigation peut débuter très rapide-ment, après l’intervention chirurgicale. Elle a lieu dansces conditions en milieu hospitalier. Elle peut se faire àtout moment sur les conseils d’une stomathérapeutepour une colostomie plus ancienne.