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Journées psychiatriques de Fontevraud Journées psychiatriques de Fontevraud « Sur le chemin. Voyage thérapeutique, « Sur le chemin. Voyage thérapeutique, voyage pathologique » voyage pathologique » Les intentions des Les intentions des expéditeurs polaires expéditeurs polaires Pascal Lièvre Pascal Lièvre Maître de conférences en sciences de Maître de conférences en sciences de gestion gestion CRET-LOG EA 881 CRET-LOG EA 881 Université Blaise-Pascal Université Blaise-Pascal

Journées psychiatriques de Fontevraud « Sur le chemin. Voyage thérapeutique, voyage pathologique » Les intentions des expéditeurs polaires Pascal Lièvre

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Journées psychiatriques de FontevraudJournées psychiatriques de Fontevraud« Sur le chemin. Voyage thérapeutique, « Sur le chemin. Voyage thérapeutique,

voyage pathologique »voyage pathologique »

Les intentions des Les intentions des expéditeurs polairesexpéditeurs polaires

Pascal LièvrePascal LièvreMaître de conférences en sciences de gestionMaître de conférences en sciences de gestion

CRET-LOG EA 881CRET-LOG EA 881

Université Blaise-PascalUniversité Blaise-Pascal

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  Allons ! Stevenson avait raison : Le dehors guérit. »Allons ! Stevenson avait raison : Le dehors guérit. »Michel Le BrisMichel Le Bris

« « Peut être allons nous vers le Nord … pour Peut être allons nous vers le Nord … pour rétablir une connexion perdue… »rétablir une connexion perdue… »

Kenneth WhiteKenneth White

« « Il faut réapprendre à marcher pour guérir nos Il faut réapprendre à marcher pour guérir nos pensées tordues. C’est pourquoi certains pensées tordues. C’est pourquoi certains

s’aventurent dans un univers de glace vide où s’aventurent dans un univers de glace vide où l’esprit ne peut s’accrocher à rien et où la l’esprit ne peut s’accrocher à rien et où la

conscience est obligée de s’ouvrir à autre chose conscience est obligée de s’ouvrir à autre chose qu’elle même. Marcher juste, pour pouvoir un jour qu’elle même. Marcher juste, pour pouvoir un jour

parler juste et, pourquoi pas, penser juste ».parler juste et, pourquoi pas, penser juste ».

Arnaud TortelArnaud Tortel

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D’où je parle ?D’où je parle ?

• Praticien des expéditions polaires Praticien des expéditions polaires depuis 10 ans et …depuis 10 ans et …

• Chercheur en logistique des Chercheur en logistique des expéditions polaires depuis 4 ansexpéditions polaires depuis 4 ans

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Un double point de vueUn double point de vue

• Une perspective classique de mise à Une perspective classique de mise à distance mais aussi…comme l’évoque distance mais aussi…comme l’évoque l’anthropologue Jeanne Favret-Saada dans l’anthropologue Jeanne Favret-Saada dans son travail sur lason travail sur la

sorcellerie dans le bocage vendéen, une sorcellerie dans le bocage vendéen, une perspective en terme de proximité…perspective en terme de proximité…

• « « Ceux qui n’ont pas été pris ne peuvent Ceux qui n’ont pas été pris ne peuvent pas en parlerpas en parler » »

• « « Se laisser prendre par le terrain …et Se laisser prendre par le terrain …et reprendre d’un point vue théoriquereprendre d’un point vue théorique » »

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« Identifier la chaîne des questions « Identifier la chaîne des questions susceptibles d’être posées au sujet susceptibles d’être posées au sujet de l’action : qui fait quoi, en vue de de l’action : qui fait quoi, en vue de quoi, comment, dans quelles quoi, comment, dans quelles circonstances, avec quels moyens et circonstances, avec quels moyens et quels résultats. »quels résultats. »

Paul RicoeurPaul Ricoeur

Rendre compte d’une Rendre compte d’une organisationorganisation

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La question du La question du pourquoi ?pourquoi ?

Page 7: Journées psychiatriques de Fontevraud « Sur le chemin. Voyage thérapeutique, voyage pathologique » Les intentions des expéditeurs polaires Pascal Lièvre

Une approche par touches Une approche par touches successives avec une tentative successives avec une tentative de structurer cette thématique de structurer cette thématique

à l’aide de nos premiers à l’aide de nos premiers résultats de rechercherésultats de recherche

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Côte est du GROENLAND Côte est du GROENLAND 15 h 34 le 18 avril 199815 h 34 le 18 avril 1998

Nous sommes partis à 6 pour tenter Nous sommes partis à 6 pour tenter de rallier la baie Charcot dans le fjord de rallier la baie Charcot dans le fjord

de Scoresby Sund depuis la base de Scoresby Sund depuis la base danoise de Constable Point. Nous danoise de Constable Point. Nous

progressons à ski depuis 10 jours…progressons à ski depuis 10 jours…

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Des problèmes entre les Des problèmes entre les acteursacteurs……

•Un degré d’engagement différencié Un degré d’engagement différencié tout au long de l’expédition (avant, tout au long de l’expédition (avant, pendant, après)pendant, après)

Quelle place effective prend l’expédition Quelle place effective prend l’expédition dans la vie de l’acteur ?dans la vie de l’acteur ?

Un décalage entre le discours de l’acteur Un décalage entre le discours de l’acteur et son engagement effectif dans et son engagement effectif dans l’expéditionl’expédition

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•Des registres différenciés en Des registres différenciés en matière d’attente :matière d’attente :

la performance physique la performance physique

ou ou

le plaisir de l’exploration ?le plaisir de l’exploration ?

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Côte ouest du GroenlandCôte ouest du Groenland2 mai 2003 16h072 mai 2003 16h07

L’objectif est d’accéder à la calotte de L’objectif est d’accéder à la calotte de glaceglace

en empruntant le chemin des expéditionsen empruntant le chemin des expéditions

polaires françaises, l’expédition de Paulpolaires françaises, l’expédition de Paul

Emile Victor de 1948.Emile Victor de 1948.

Pas de neige et pas de banquise à Ilulisat,Pas de neige et pas de banquise à Ilulisat,

nous devons affréter un bateau pournous devons affréter un bateau pour

rejoindre Port Victor…rejoindre Port Victor…

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Face à cette situation Face à cette situation deux manières de la deux manières de la

vivre…vivre…

une perte de temps qui contrarie une perte de temps qui contrarie

le déroulement de l’expédition le déroulement de l’expédition

ou ou

le plaisir d’ être sur cette banquise le plaisir d’ être sur cette banquise disloquée à bord d’un bateau et disloquée à bord d’un bateau et de découvrir par la mer le front de découvrir par la mer le front

du glacierdu glacier

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Premier constatPremier constat

On peut avoir le même but On peut avoir le même but identifiable objectivement comme identifiable objectivement comme rallier la baie Charcot ou le camp rallier la baie Charcot ou le camp IV des EPF, mais ne pas avoir IV des EPF, mais ne pas avoir le le

même degré d’engagementmême degré d’engagement et et pas pas les mêmes attentesles mêmes attentes

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En terme d’intensité En terme d’intensité d’engagementd’engagement

• On peut opposer des êtres-On peut opposer des êtres-expéditeurs dont la vie est expéditeurs dont la vie est « principalement » organisée au tour « principalement » organisée au tour des expéditions : vie sentimentale, des expéditions : vie sentimentale, vie professionnelle…vie professionnelle…

• Des individus participant à des Des individus participant à des expéditions, à l’occasion, pendant expéditions, à l’occasion, pendant leurs vacances.leurs vacances.

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Pour tous : une quête Pour tous : une quête d’intensité d’existenced’intensité d’existence

Un registre commun exprimé par David Le Un registre commun exprimé par David Le Breton dans sa réflexion anthropologique Breton dans sa réflexion anthropologique sur les sportifs de l’extrême : sur les sportifs de l’extrême :

« Il s’agit d’une quête d’intensité d’être « Il s’agit d’une quête d’intensité d’être pour retrouver une plénitude d’existence pour retrouver une plénitude d’existence menacée par une vie trop réglée… L’enjeu menacée par une vie trop réglée… L’enjeu n’est pas de mourir mais de vivre plusn’est pas de mourir mais de vivre plus. ». »

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D’autres dimensions D’autres dimensions liées au milieu polaire ?liées au milieu polaire ?

La dimension symbolique liée à la La dimension symbolique liée à la neige, la glace, le froid : un univers neige, la glace, le froid : un univers pur, blanc, frustre… qui permet à pur, blanc, frustre… qui permet à l’homme de côtoyer une nature l’homme de côtoyer une nature sauvage, de faire sa trace, de se sauvage, de faire sa trace, de se déplacer sur une longue période en déplacer sur une longue période en autonomie…autonomie…

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En terme d’attentes En terme d’attentes différenciées…différenciées…

• Des attentes non données mais qui se Des attentes non données mais qui se construisent au fil des expéditions et de construisent au fil des expéditions et de la vie des expéditeursla vie des expéditeurs

• Des attentes non conscientes mais qui Des attentes non conscientes mais qui peuvent faire l’objet d’une explicitationpeuvent faire l’objet d’une explicitation

• Des attentes non intentionnelles mais Des attentes non intentionnelles mais qui peuvent le devenirqui peuvent le devenir

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Des attentes aux tendances Des attentes aux tendances vitales des individusvitales des individus

• Ces attentes expriment la tendance Ces attentes expriment la tendance profonde non donnée, non consciente, non profonde non donnée, non consciente, non intentionnelle que nous mettons en œuvre, intentionnelle que nous mettons en œuvre, chacun de nous, dans notre vie pour tendre chacun de nous, dans notre vie pour tendre à l’accomplissement de notre être…à l’accomplissement de notre être…

• C’est cette tendance qui nous amène à faire C’est cette tendance qui nous amène à faire des choix qui sont « bons » pour nous des choix qui sont « bons » pour nous spontanément et qui de fait vont orienter spontanément et qui de fait vont orienter nos choix, nos apprentissages, nos nos choix, nos apprentissages, nos conduites…conduites…

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De la tendance au style de De la tendance au style de l’expéditionl’expédition

La tendance de chaque être-expéditeur va La tendance de chaque être-expéditeur va construire un style d’expédition qui développe sa construire un style d’expédition qui développe sa propre logique d’organisation : une combinaison propre logique d’organisation : une combinaison spécifique de choix techniques et de savoir-faire spécifique de choix techniques et de savoir-faire associés, un déroulement particulier d’une journée associés, un déroulement particulier d’une journée type…type…

Exemple : le montage du camp (temps d’installation Exemple : le montage du camp (temps d’installation ou confort à l’intérieur de la tente?)ou confort à l’intérieur de la tente?)

Page 20: Journées psychiatriques de Fontevraud « Sur le chemin. Voyage thérapeutique, voyage pathologique » Les intentions des expéditeurs polaires Pascal Lièvre

4 styles d’expédition4 styles d’expédition

Exploit Exploit SportifSportif

Exploration Exploration DécouverteDécouverte

Plaisir du skiPlaisir du ski Recherche Recherche ScientifiqueScientifique

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Le choix du « bon »Le choix du « bon » poids de la pulka poids de la pulka

Exploit Exploit SportifSportif

Exploration Exploration DécouverteDécouverte

Plaisir du skiPlaisir du ski Recherche Recherche ScientifiqueScientifique

Le poids est l’ennemi Le poids est l’ennemi de la performance de de la performance de

la progression. la progression. Entraînement spécifique Entraînement spécifique

lié au poidslié au poids

Pas de limite maximumPas de limite maximum car le poids élevé car le poids élevé

signifie signifie un séjour prolongé un séjour prolongé

dans le milieudans le milieu

Maximum = 30 kgMaximum = 30 kg Au-delà plus de Au-delà plus de plaisir de glisse plaisir de glisse

Maximum = le poids deMaximum = le poids del’expéditeur, c’est ce quel’expéditeur, c’est ce quepeut tracter un hommepeut tracter un hommemoyen sans problème moyen sans problème

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Des réalités empiriques Des réalités empiriques identifiablesidentifiables

Nous avons pu identifier quatre personnes qui Nous avons pu identifier quatre personnes qui radicalisent ces différents styles d’ expédition. radicalisent ces différents styles d’ expédition. Ces styles d’expédition se sont construits dans Ces styles d’expédition se sont construits dans le temps, dans l’histoire de vie des individus et le temps, dans l’histoire de vie des individus et aussi des expéditions. Nous pouvons considérer aussi des expéditions. Nous pouvons considérer chacun de ces styles comme des mondes chacun de ces styles comme des mondes propres développés par chaque acteur ayant propres développés par chaque acteur ayant leur propre cohérence interne. On ne peut pas leur propre cohérence interne. On ne peut pas extraire un choix technique sans associer extraire un choix technique sans associer d’autres choix techniques, des apprentissages d’autres choix techniques, des apprentissages liés entre eux.liés entre eux.

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Une recherche en coursUne recherche en cours

Nous suivons quatre expéditions qui Nous suivons quatre expéditions qui s’inscrivent dans ces différents styles s’inscrivent dans ces différents styles pour rendre compte au plus prés de pour rendre compte au plus prés de leur déroulement, dans une posture leur déroulement, dans une posture d’observation-participante, en d’observation-participante, en mettant en œuvre des dispositifs mettant en œuvre des dispositifs innovants d’investigation à partir de innovants d’investigation à partir de caméras embarquées, d’entretiens caméras embarquées, d’entretiens approfondis…approfondis…

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Labrador 5 avril 1996, Labrador 5 avril 1996, 10h2510h25

Nous venons de quitter le village de Nain. Nous Nous venons de quitter le village de Nain. Nous

avançons sur la banquise dans ce monde blanc avançons sur la banquise dans ce monde blanc

quelque peu effrayant. Il fait déjà froid. Peut-être quelque peu effrayant. Il fait déjà froid. Peut-être

moins 15 °C.moins 15 °C.

Le vent se lève…Le vent se lève…

Nous avons le vent contre nous ce qui ne facilite pas Nous avons le vent contre nous ce qui ne facilite pas

notre progression. Un vent d'une quarantaine de notre progression. Un vent d'une quarantaine de

kilomètres à l'heure. Un vent à remuer des arbres.kilomètres à l'heure. Un vent à remuer des arbres.

Et nous arrivons devant la fameuse faille de Frazer : un Et nous arrivons devant la fameuse faille de Frazer : un

couloir de froid. Je suis à ce moment devant. Le vent couloir de froid. Je suis à ce moment devant. Le vent

est tellement fort que nous nous relayons souvent en est tellement fort que nous nous relayons souvent en

tête pour progresser sans nous épuiser. tête pour progresser sans nous épuiser.

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Labrador 5 avril 1996, 13h…Labrador 5 avril 1996, 13h…

Un moment d'inquiétude. Jusqu'à quelle Un moment d'inquiétude. Jusqu'à quelle

température pouvions-nous tenir ?température pouvions-nous tenir ?Nous avions le visage en feu. Le froid brûle le Nous avions le visage en feu. Le froid brûle le visage. Et puis dès que nous avons quitté la gueule visage. Et puis dès que nous avons quitté la gueule du lac : la température s'est mise à remonter du lac : la température s'est mise à remonter progressivement, comme si de rien n'était. Quel progressivement, comme si de rien n'était. Quel soulagement! soulagement! Voila trois heures que nous étions partis, et déjà Voila trois heures que nous étions partis, et déjà c'était l'ambiance grand Nord. La cure de froid avait c'était l'ambiance grand Nord. La cure de froid avait commencé et déjà j'allais mieuxcommencé et déjà j'allais mieux.

Extrait du journal de bord : Psychanalyse du froid, 1996, Pascal Lièvre

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En vous remerciant de votre attention…