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28 Imai 2010 Iocp magazine Quand les femmes rurales deviennent des business women Le nombre de coopératives féminines connaît une progression spectaculaire au Maroc. Basées sur des principes de solidarité, d’équité et de performances, les coopératives génèrent des emplois. Mais surtout, elles contribuent à l’amélioration des conditions de vie des femmes rurales. Comment et pourquoi ? Rencontre avec les femmes de la coopérative de Aïn Leuh. P AR SONIA BLAL Khadija El Abdi a commencé à tisser il y a 23 ans. Déterminée et visionnaire, elle dirige aujourd’hui la coopérative de Aïn Leuh. REPORTAGE Photos : Hassan Najibi

Khadija El Abdi a commencé à tisser il y a 23 ans ... · au Maroc. Basées sur des principes de solidarité, d’équité et de performances, les coopératives génèrent des emplois

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28 I mai 2010 I ocp magazine

Quand les femmes ruralesdeviennent des business women

Le nombre de coopératives féminines connaît une progression spectaculaire au Maroc. Basées sur des principes de solidarité, d’équité et de performances, les coopératives génèrent des emplois. Mais surtout, elles contribuent à l’amélioration des conditions de vie des femmes rurales. Comment et pourquoi ? Rencontre avec les femmes de la coopérative de Aïn Leuh. Par Sonia Blal

Khadija El Abdi a commencé à tisser il y a 23 ans. Déterminée et visionnaire, elle dirige aujourd’hui la coopérative de Aïn Leuh.

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29 I mai 2010 I ocp magazine

u Maroc, l’écono-mie sociale et so-lidaire est en plein d é v e l o p p e m e n t depuis une ving-taine d’années, encouragée par les

pouvoirs publics. Elle regroupe un champ d’actions très large – la réinsertion par le travail, le développement et la préserva-tion de métiers tradi-tionnels, la lutte contre l’exode rural  –, avec des statuts différents : associations, fondations ou coopératives. Ces dernières, qui connais-sent une augmentation quasi exponentielle de-puis le début des années 1990, emploient essen-tiellement des femmes rurales. Généralement analphabètes et pauvres, elles étaient exclues du tissu économique, voire marginalisées. Les coo-pératives favorisent leur réinsertion sociale en leur offrant une activité génératrice de revenus.

Depuis 1984, l’état permet la création de coopératives dans plusieurs secteurs d’ac-tivité : agriculture, production d’huile d’argan, artisanat, pêche, etc. Même si elles rencontrent encore de nombreux obstacles, il semble que les coopératives féminines soient une nouvelle alterna-tive pour sortir ces femmes de la préca-rité. Mais sont-elles pour autant plus épa-nouies, libres et émancipées ?

Esprit d’entreprise

Bienvenue à Aïn Leuh, petit village ber-bère à 40 kilomètres d’Azrou, dans la pro-vince d’Ifrane. Notre ascension s’achève à 1 300 mètres d’altitude. Quelques instants pour admirer la vallée recouverte de cèdres et de cerisiers en fleurs qui font la réputa-tion du village, puis direction la coopéra-tive des tisseuses de Aïn Leuh, la plus an-

cienne de la région, réputée pour ses tapis.Khadija El  Abdi, la présidente, nous

reçoit dans l’atelier de tissage. L’odeur apaisante de la pièce mêlée au bruit mélo-dieux des machines ne font que prolonger notre dépaysement. L’heure du déjeuner approche et seule une partie de l’équipe est présente. Les femmes, toutes voilées, lèvent à peine les yeux à notre arrivée; per-chées sur de petits tabourets, elles ont l’air

très concentrées. Le métier à tisser exige en effet une habilité manuelle quasi chirur-gicale et beaucoup de concentration. On devient une mâalma (tisseuse profession-nelle) après deux années de formation et trois à quatre  années d’expérience. Les mains et l’ifgaguen (machine à tisser les tapis en berbère) sont les seuls outils dont ces femmes ont besoin. à Aïn Leuh, les tapis sont fabriqués selon le même savoir-faire depuis des siècles, la technique du métier à tisser se transmettant de généra-tion en génération. De nombreuses heures de travail sont nécessaires pour réaliser un tapis, jusqu’à trois mois pour les modèles les plus élaborés. Chaque pièce est unique. « Les motifs et les couleurs reflètent la person-nalité et l’histoire de ces femmes », rappelle Khadija. Célibataires, mariées, divorcées et veuves se côtoient chaque jour pour pé-

renniser un savoir-faire ancestral et amé-liorer leurs conditions de vie.

Lhachmia Douiri, la quarantaine pas-sée, le sourire lumineux, nous confie que le métier lui a été transmis par sa mère. « Rejoindre la coopérative a été une véritable bénédiction de Allah. Je contribue à préser-ver le savoir-faire de mes ancêtres et cela me permet de gagner ma vie. ». La plus jeune d’entre elles, Fadma Helfaoui, est ap-

prentie et elle a 16 ans. La jeune femme a rejoint la coopérative il y a quelques mois pour apprendre à tisser, « gagner de l’argent, être autonome » et pour aider sa famille, tout comme sept  autres jeunes femmes de la coopérative.

Khadija, quant à elle, a commencé comme apprentie il y a 23  ans. Elle ex-plique qu’elle a toujours eu besoin de tra-vailler. « Après une formation au métier à tisser de deux ans, je suis devenue membre de la coopérative. Ensuite, j’ai dû arrêter de travailler pour élever mes enfants. Comme je ne supportais pas l’inactivité et que mon mari exerce une profession saisonnière, j’ai décidé de revenir. Quelques années plus tard, j’ai été élue présidente par les femmes de la coopérative ». Contrairement à ce que l’on pourrait penser, « nos époux nous soutien-nent, les mentalités ont changé depuis une

Les mâalmet n’ont que deux outils à leur disposition : leurs mains et le métier à tisser.

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vingtaine d’années, ils savent que l’argent que nous gagnons va améliorer notre quotidien. La réforme du code de la famille a aussi fait évoluer leurs menta-lités ».

Nous nous rendons ensuite dans le second atelier acquis il y a un mois par la coopérative grâce aux marges réalisées sur les ventes des tapis. Ce local est destiné à la confection de châles, coussins, babouches en taderazet, tissu très en vo-gue dans l’artisanat marocain depuis une dizaine d’années, qui ressemble à la soie par son aspect brillant et son toucher. Les 16 membres de la coopé-rative ont été formés pendant deux années à la technique du taderazet. Leur formation a été financée par l’association ADRAR, en partenariat avec le Service provincial des eaux et forêts, dans le cadre du pro-gramme de renforcement des capacités des coopératives et des associations locales initié par le PADEF (Programme d’appui au développement de l’entreprenariat féminin). La détermination de Khadija El  Abdi pour pérenniser la coopérative est sans limite. Visionnaire, elle a vite réalisé qu’une production qui repose uniquement sur une seule ca-tégorie de produit, à savoir les tapis, pourrait être un frein au développement de la coo-pérative. Elle a donc anticipé en misant sur la diversification des sources de revenus de la coopérative en investissant dans l’achat d’un second local et de nouvelles machines.

Composée uniquement de femmes, la coopérative de Aïn Leuh « est ouverte à toute per-sonne désireuse de travailler », souligne Imane, conseillère en entreprise du PADEF. Pour-tant, une question nous ta-

raude. Les hommes peuvent-ils rejoindre la coopérative ? « Oui, bien sûr », nous répond Khadija. « Les hommes sont ad-mis dans la coopérative, nous ne sommes pas sexistes. Mais le métier à tisser est une histoire de femmes depuis des générations dans notre village, c’est un sa-voir-faire qui se transmet uni-quement de mère en fille. Cela serait tout simplement hachou-ma pour un homme du village de travailler avec nous ».

En parlant à ces femmes et en les observant travailler, l’es-prit d’entreprise qui les anime est immédiatement palpable. Des personnalités différentes, certes, mais toutes portées par l’amour d’un métier, par le même besoin de travailler. « Travailler, c’est être libre », lâche furtivement une des ap-prenties.

Maîtriser l’artde tisser

Alors comment fonctionne la coopérative de Aïn Leuh ? Son fonctionnement est très similaire à celui d’une entre-prise, à quelques différences près. Ici, on travaille cinq jours par semaine de 8 h à 12 h 30 et de 14 h 30 à 18 h 00, à l’ex-ception du mercredi  –  jour de souk  –  et du vendredi ré-servé à la prière et au couscous. Elles sont 34 femmes au total : 16  membres, 8  apprenties et 10 adhérentes qui travaillent à domicile et qui sont payées à la tâche. Ces dernières viennent en aide à la coopérative quand les commandes sont trop im-portantes. Pour travailler dans la coopérative, il faut bien sûr habiter à Aïn Leuh ou dans ses environs. Seule la maîtrise de l’art de tisser importe, c’est votre expertise qui vous hisse " dans la hiérarchie " et pas

Khadija El Abdi commence par filer la laine afin de réaliser châles, coussins ou babouches en taderazet, un tissu brillant et soyeux.

La fabrication de ce tissu exige technique et savoir-faire, c’est pourquoi les tisseuses ont reçu une formation de deux ans.

L’étape suivante est la confection du tissu à proprement parler, sur un métier à tisser différent de celui que l’on utilise pour les tapis.

En effet, la fabrication du taderazet nécessite un métier à tisser horizontal et à pédales.

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votre statut. Pour devenir membre de la coopérative, l’apport minimum est de 100 DH, équivalant à une part dans le ca-pital de la coopérative. Deux parts corres-pondent à 200 DH, etc. Les femmes sont libres de verser le nombre de parts qu’elles souhaitent. Les adhérentes ne sont pas membres et elles travaillent chez elles avec leur propre ifgaguen qu’elles ont acheté ou dont elles ont hérité. Les apprenties, quant à elles, sont formées à la technique du métier à tisser pendant deux ans au mi-nimum, pour ensuite devenir membre ou adhérente.

Comme dans toute entreprise, il est

possible de quitter la coopérative n’im-porte quand. Les parts versées sont récu-pérées au moment du départ. On peut aussi être licenciée si l’on ne respecte pas le règlement intérieur ou au bout de trois avertissements successifs. Mais au-cune femme de la coopérative n’a jamais été licenciée depuis sa création en 1979, rappelle Khadija El Abdi. C’est sans doute la preuve que, contrairement à une entre-prise classique, l’absence de hiérarchie et la liberté que confère une coopérative per-mettent de motiver davantage une équipe.

Le mode de rémunération suit aussi cette logique. Toutes les femmes, adhé-

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Les coopératives sont régies par la loi du 5 octobre 1984 qui fixe les moda-lités de création et d’adhésion, la ré-

munération des membres, les statuts, etc.Une coopérative est une association au-tonome de personnes réunies pour satis-faire leurs besoins économiques, sociaux et culturels communs au moyen d’une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est exercé démocratique-ment (une personne est égale à une voix). Le système coopératif repose sur des va-leurs comme la démocratie, l’égalité, la solidarité et la responsabilité sociale.

Chaque coopérative est administrée par un conseil d’administration consti-tué de 3 personnes au minimum : un(e) président(e), un(e) trésorier(e) et un(e) se-crétaire. L’Assemblée Générale comprend tous les membres de la coopérative et se réunit une fois par an.

Si la coopérative prévoit la rémunération du capital et qu’elle réalise des bénéfices, les membres ayant versé trois parts ou plus pourront percevoir des dividendes dont le taux d’intérêt ne peut être supé-rieur à 6 %.

Les bénéfices nets, obtenus après dé-duction des frais et charges, sont répartis de la manière suivante :✔ 10 % sont destinés au fonds de réserve

légale;✔ 2 % sont réservés au fonds d’éduca-

tion et de formation des membres;✔ 2 % sont affectés à une taxe versée

à l’ODCO (Office du développement de la coopération) ;✔ 86 % sont destinés à la rémunération

des membres. Rappelons que le salaire perçu par les membres est proportion-nel aux pièces réalisées, quel que soit le nombre de parts versées. Les externes qui travaillent à domicile sont payées à la tâche. Les apprentis ne touchent pas de salaire pendant la durée de leur forma-tion. Il arrive toutefois qu’ils perçoivent une gratification mensuelle ou annuelle.

C’est l’ODCO qui accorde l’agrément aux coopératives dans un délai maximum de 3 mois. (www.odco.gov.ma)

Qu’est ce qu’une coopérative ?

Pour Lhachmia Douiri, « rejoindre la coopérative a été une véritable bénédiction ».

rentes, membres, apprenties –  y compris la présidente de la coopérative  –  sont payées à la pièce et donc au rendement. Le salaire mensuel est d’environ 1 000  DH, sachant que le prix d’un tapis démarre à 500  DH et un châle, beaucoup plus rapide à réaliser, se vend à 40  DH en moyenne. Comme pour toutes les coo-

pératives du Royaume, la production en continu garantit sa survie. Aussi, quelque soit leur statut au sein de la coopérative, ces femmes sont animées chaque jour par une logique de rendement, source de stress parfois mais qui est finalement un moyen de les motiver.

Aussi surprenant que cela puisse pa-raître, il arrive que Khadija El Abdi per-çoive un salaire inférieur à celui de ses collègues, chose impensable dans une entreprise classique ! Khadija gère " son entreprise " comme n’importe quelle femme entrepreneur, mais elle a plusieurs casquettes. Cela passe par la gestion des ressources humaines, l’approvisionne-ment en matières premières, le contrôle de l’avancée des réalisations avec l’aide du PADEF. Elle doit également assurer la permanence quotidienne de la salle d’ex-position où se trouvent toutes les pièces destinées à la vente, assister à la réunion mensuelle de suivi avec le PADEF, etc. Mais Khadija El  Abdi reste sereine. Elle sait qu’en maintenant ce cap, la coopéra-tive ne peut que continuer à croître. Sa

détermination a d’ailleurs fini par payer puisque la coopérative a reçu l’année der-nière une distinction de l’ODCO (Office du développement de la coopération) et du Haut commissariat aux eaux et forêts pour sa gestion et son organisation et une attestation d’encouragements à l’occasion de la Journée mondiale de la femme rurale le 15 octobre dernier.

Une véritable success story

Comparée à certaines autres coopéra-tives marocaines, la coopérative des tis-seuses de Aïn Leuh est une véritable success story. Elle est bénéficiaire depuis trois ans, c’est-à-dire qu’elle s’autofinance grâce aux marges dégagées par ses ventes qui servent à couvrir les différentes charges et à payer les maâlmet (maîtres tisseuses profession-nelles), externes et apprenties. Le chiffre d’affaires de la coopérative est généré à 60 % par les commandes et à 40 % par les ventes directes.

C’est dans la salle d’exposition, située à quelques mètres des deux ateliers, que

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Les apprenties sont formées à la technique du métier à tisser pendant deux ans avant de devenir adhérentes ou membres de la coopérative.

✔ En 1995, l’ONU proclame la Journée inter-nationale des coopératives. Elle est célébrée chaque premier samedi de juillet. ✔ L’ACI (Alliance coopérative internationale) est une association indépendante et non gou-vernementale qui regroupe, représente et as-siste les coopératives du monde entier. Fondée à Londres en 1895, l’ACI compte 240 membres dans 90 pays (Maroc y compris). à l’échelle mondiale, les coopératives représentent près de 800 millions de personnes. ✔ La Journée mondiale de la femme rurale a lieu le 15 octobre.

Le saviez-vous ?

869 Le nombre de coopératives

féminines au Maroc.

20 282 Le nombre d’adhérentes à

travers le Royaume.

193Le nombre de coopératives

féminines dans la seule région du Souss-Massa-Drâa.

Les chiffres

sont exposés les produits destinés à la vente. Les touristes de passage, locaux ou étrangers, sont les principaux clients. Le PADEF est aussi un partenaire précieux pour les coopératives de la région puisqu’il les aide à trouver de nouveaux points de vente de manière à élargir leur réseau de distribution. En l’espace d’un an, 10 éta-gères solidaires ont été déposées dans les principaux gîtes, auberges et hôtels de la région d’Azrou-Ifrane. Les foires et sa-lons nationaux et internationaux sont également un moyen de commercialiser et de faire connaître les produits (SIAM, Maison du commerce, ECOSS, Foire de Tanger). Enfin, au niveau national, des boutiques du commerce solidaire visent aussi à promouvoir la commercialisation des produits des coopératives et acteurs de l’économie sociale et solidaire. La plus récente a été inaugurée le 30  mars der-nier à Mohammedia, après Chaouen et Khmiss Anjra. D’ailleurs, les coopératives ne viennent pas concurrencer les artisans et producteurs indépendants car les prix sont généralement plus élevés en raison de leur qualité. Le consommateur final a donc le choix.

Le principal frein au développement

des coopératives féminines marocaines reste la capacité de production trop faible qui est due soit à un manque de ressources humaines, soit à une insuffisance de finan-cements.

Au-delà des coups de pouces dont bé-néficient les coopératives, via notamment les organisations nationales et internatio-

nales, les groupements d’intérêts écono-miques (GIE) semblent être une solution pour pallier à cette contrainte. Les GIE permettent en effet d’autonomiser et de professionnaliser le secteur, de mettre à disposition des moyens humains qualifiés et des matériaux adéquats et professionna-liser la commercialisation des produits des coopératives. Avec l’aide du PADEF, la coopérative de Aïn Leuh travaille actuelle-ment à la mise en place d’un GIE dans le but de mutualiser les compétences en ma-tière de commercialisation avec neuf coo-pératives environnantes.

« La porte de la coopérative est ouverte à toute personne désireuse de travailler », as-sure Khadija El Abdi. Fermez les yeux une minute et imaginez que cette phrase s’ap-plique à toutes les entreprises du monde. Imaginez le nombre de personnes qui retrouveraient leur sourire et leur dignité dans un monde où nous sommes sans cesse jugés pour notre valeur marchande. « Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice, le besoin » (Voltaire, écrivain et philosophe). Quelle que soit leur durée de vie, les coopératives fémi-nines ont l’avantage de redonner espoir en la vie et en soi.

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Artisanat36%7499

Argan18%4415

Denréesalimentaires5%572

Autres1%

443

Agriculture40%

7353

SecteursRépartition en %Nombre d’adhérentes

Les coopératives féminines par secteur d’activité(mars 2010)

Chaque tapis réalisé au sein de la coopérative est une pièce unique.