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Kitsch et autres discours faciles

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Cahier de notions.

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Page 1: Kitsch et autres discours faciles

Kitsch et autres discours faciles

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Le kitsch

Tendance passée et surtout dépassée. Le kitsch est ringard, le kitsch est mauvais goût, le kitsch est contre hipster.

Esthétique marchande dont l’unique objectif est de plaire à une masse la plus large possible. Le kitsch offre une illusion qui s’inscrit dans le dénie, image sécuri-sante et aseptisée que l’on accepte comme réalité en un consensus acceptable par la majorité. Célébrer l’aspect d’une chose plutôt que la chose elle même.

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La ville fleurie

Fierté locale. On récompense l’effort esthétique de l’agglomération. Merci jardinières aux géraniums flamboyants, merci buis aux courbes sensuelles, merci aux brigades de secateurs qui surveillent la feuille rebelle.

Légion d’honneur Jardiland, fleur unique qui salue l’essai non transformé ou flop-pée de quatre qui annoncent l’orgie végétale. Vitrine garnie, pastiche de verdure, on entre par la nationale, on constate et on sort par cette même national. Tra-versée dont le souvenir ne restera perenne que s’il est marquant. Faire du spectac-ulaire.

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Le cimetière

Lieu sacré où reposent les morts. Vivant, on s’y apaise en déposant quelques gerbes qui fâneront aussi sûrement que les corps s’assèchent paisible-ment enroulés dans leurs linceuls inutiles. On ne touche pas au cimetière, c’est contre morale.

Opportunité foncière que l’on se refuse de voir. Idéalement situés aux frontières fictives d’une orbite et ses satellites, ils occupent une position d’entre deux. Char-nière possible entre deux dénomination qu’on s’obstine à opposer, la ville centre et sa banlieue.

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Le lotissement

Envie égoiste et largement répandue d’un pavillon au toit plus ou moins pentu, d’un bout de jardin et d’une allée dans laquelle garer sa voiture. Envie ex-ploitée et développer à grande échelle par d’avide promoteurs qui finit par générer une architecture sans qualité, ghetto de la middle classe où l’individualité rencon-tre ses limites.

Facteur de l’étalement urbain, symptôme d’une remise en question de la frontière. Un tissu latent que l’on admet comme abouti et reproductible. Un produit de la vie quotidienne sur lequel on ne s’attarde plus que pour poser un regard conde-scendant et qui pourtant est un élément déterminant du territoire. Sans lotisse-ment, il n’y a pas de banlieue, hors sans banlieue, il n’y a ni centre, ni ville.

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La coulée verte

On mystifie l’ancien. L’acier rouillé, les briques d’antan, les machines dont l’usage est perdu, autant d’objets dont l’aspect usé raconte l’histoire qu’on veut leur faire raconter. Les gens sont heureux de flâner entre deux arbres d’essences im-portés, on leur flatte l’oeil à grands renforts de vintage. Le décrepi est tendance, la patine fait vendre. On plonge dans un univers qui se veut la représentation d’une époque révolue. Une pause dans un tissu urbain trop dense, détente. On fait ce qui plait au client.

Un joli musée dans son écrin dont on retarde la ruine. De la culture pour justifier sa conservation, oui, le clivage de l’abstrait sur une surface rugueuse et utilitaire, c’est le beau admis. Combinaison dont on se persuade de l’originalité, réponse à un contexte pleine au choix de bons sentiments ou de fainéantise intellectuelle. Le culturel retisse l’industriel désuet au maillage de la ville. Croyance commune que personne ne veut vraiment vérifier.

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Le supermarché

Apogée de la consommation de masse. Caddies qui débordent, madame en bigoudi, monsieur qui conduit. Des conserves qui s’alignent par centaines sous des néons éblouissants, les fruits servis sur moquette verte dans un pastiche maraîcher et les inutiles qui s’exhibent là sur ces portants à portée de bras. Le supermarché c’est une boite isoterme, une enclave laide crachée en dehors de la ville dont quelques illuminés s’entichent et en esthétise les entrailles.

Fait urbain qui appartient à un tissu urbain. Le supermarché est le bouc émissaire de ceux qui ne veulent pas ouvrir les yeux. Retour au local, non à la franchise, défiguration du paysage. Ceux là, lisent l’enclave depuis son incompatibilité avec les tissus qui l’entourent. Or ces tissus sont peut être incompatibles avec l’enclave. Interroger la capacité de l’environ à intégrer le supermarché.

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Le monument

Elément fort et porteur de sens dans la conscience commune. Le mon-ument prend une valeur d’icone autour duquel viennent se greffer des intérêts d’échelles diverses, de la carte postale au lieu de rendez vous. C’est un facteur d’urbanité.

Cristallisation d’un temps t par un individu béta, le monument est un élément subjectif qui simule l’urbanité par sa position de force dans la fabrique urbaine. On s’applique à faire du vide autour, pour faire croire qu’il est un accident, on simule sa valeur en le posant en situation de contraste. Le monument s’éteind dès lors que le contexte y devient compatible et l’incorpore. Tout peut être monument du moment que son contexte immédiat est élagué.

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Le Made in France

Lutter pour le maintien des entreprises françaises sur le territoire français. Produire local et avec le label national bien en évidence c’est faire preuve de re-connaissance envers la mère Patrie. Un devoir citoyen qu’il est odieux de refuser, de contourner ou d’ignorer.

Acharnement thérapeutique sur des industries en phase terminal, refus d’affron-ter une époque globalisant en se réfugiant dans un terroir, un patrimoine fictif porté par la conscience commune, manne financière le made in france fait ven-dre. Chauvinisme interessé, le made in France n’est pas un devoir citoyen, mais bien une excuse pour ceux qui le brandissent fièrement. Accepter le changement et s’adapter à la nouvelle donne économique, c’est aussi ça faire du durable.

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Le développement durable

Des lamelles de bois, du photo voltaique, des termes barbares, des toits qui verdissent et une bonne conscience citoyenne qui croit en chacun. Etre durable, c’est sortir du reférentiel nombrillique et agir pour les générations futures. Laisser un patrimoine exploitable derrière soi, réduire son impact. Effet de serre, fonte des glaces et pathétique ours polaire qui dérive vers un avenir incertain. Sauvons la Terre, le papier dans le jaune. Merci.

Manipulation culpabilisante de grande échelle qui vise d’une part à déléguer une partie des opérations alors effectuées par des entreprises spécialisées à l’in-dividu-citoyen et d’une autre à pretexter un besoin imminant d’une architecture responsable. Oui responsable, assumer ce que nos ancètres ont fait et réparer les pots cassés des démeusures passées. Restreindre ceux qui émergent pour mieux gérer les ressources, et s’assurer une assise forte. Le durable est une valise dans laquelle chacun met ce qu’il veut pour justifier son action sur un terme long. Or qui a dit que le jetable, c’était anti-durable ?

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L’art démocratisé

L’art est necessaire. Les banlieues, ces friches humains dont les occupants s’entassent sur un canapé bas de gamme défoncé et s’abrutissent devant une lu-carne passablement franchisée. L’art est solution. Un contenair que l’on balance là dans l’impasse aux effluves douteuses sera musée. L’art vient à vous. On simule un e besoin pour justifier un élan de complaisance.

Acte de mépris. On établit l’archétype crétin du banlieusard sans culture, ou plutôt sans la culture qu’un consensus reconnait comme étant celle là même avec un grand C. Agiter un picasso sous le nez d’un individu en le tenant ferme-mant par la main n’a jamais sensibiliser personne à developper une conscience quelconque. Et que dire de ces interventions, qu’on appelle performances pour appuyer l’aspect évènementiel. Ces biennales qui excitent les bobos, interrogent les curieux, indiffèrent certains et agacent d’autres. L’art dans l’espace urbain, de la banlieue comme de la ville, c’est un acte gratuit qui résulte de bons sentiments mal traduits.

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Le parking

Lieu fonctionnel où l’on gare son véhicule le plus près possible de l’es-pace-objectif de l’utilisateur. Sans qualité, le parking est une flaque de bitume, zébré de lignes blanches.

Le parking est une collection d’individualités qui s’exhibent à différents degrés. Générateur de caricature, il y a celui qui conduit vite, celui qui est à contre sens, celui qui dépasse la ligne, celui qui est dans les règles et celui qui en sort délibére-ment. Espace de petites transgressions dans des tissus contraignants.